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814. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Il en fit presque un nouvel ouvrage, et lui donna par degrés cette étendue que la plupart des hommes ne pardonneraient pas même à une satire.

815. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Cette révolution s’était faite lentement et par degrés dans l’espace de trois siècles, et il était impossible qu’elle n’arrivât point.

816. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il faut accepter l’influence des oeuvres au même degré que l’influence de la vie, dont elles sont l’expression ; il ne faut ni la fuir, ni la chercher volontairement. […] Exempt d’art, à un degré inconcevable, Port-Royal cultiva, quoi que dise Renan, une rhétorique spéciale, et glaciale, où la ferveur de la foi se congèle en des phrases immobiles, en des épithètes paralysées. […] Les cinq degrés de l’antithèse L’élève de M.  […] A aucun degré l’indélicatesse de sa femme   ne doit retomber sur lui. […] Après tout, le Dante cela ne montre qu’un certain degré d’ignorance.

817. (1890) Dramaturges et romanciers

Nous croyons et nous ne nous sommes jamais lassé de soutenir que les écrivains doivent être classés, non d’après le genre qu’ils ont adopté, mais d’après le degré d’excellence des œuvres qu’ils ont produites, à quelque genre que ces œuvres appartiennent. […] Si la Révolution française avait développé les sentiments nobles au degré où le critique auquel nous soumettons ces observations croit qu’elle les a développés, il est une foule d’institutions dont nous pourrions dégrever notre budget. […] Celui qui n’a pas à un degré quelconque le sentiment du divin dans le monde, celui qui ne sait pas rapporter à une force qu’il ne peut nommer son amour et sa reconnaissance, fera bien de ne jamais prendre un pinceau, un ciseau ni une plume. […] Lui aussi ne demande à ses sujets que le degré de consistance et de vérité nécessaire pour assurer un terrain solide à son talent et n’être pas poussé hors de la justesse. […] Sardou a gagné à cette assimilation si complète une unité d’action et de ton, une simplicité de plan, une logique de déduction que ses œuvres précédentes n’ont jamais présentées à ce degré.

818. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

En outre, par suite des nouvelles institutions que la Restauration apportait à la France, la littérature acquit une importance qu’elle n’avait jamais eue au même degré : au nombre de ces institutions figuraient deux formes littéraires, la tribune et la presse. […] On eût dit que ces vives polémiques chargeaient l’atmosphère d’une électricité passionnée qui, arrivée à un certain degré d’intensité, faisait éclater la foudre. […] La perte de la nationalité, qui est la mort des peuples, vient la dernière, comme la peine capitale attend le crime au dernier degré de l’échelle pénale. […] C’est une chose incontestable qu’à cette époque véritablement neuve et peut-être unique dans les annales de la critique, elle excita une attention que jusque-là elle n’avait point obtenue, du moins au même degré. […] La science de l’esprit humain aura été portée au plus haut degré de perfection qu’elle puisse atteindre, elle sera complète, quand elle saura dériver l’ignorance de sa source la plus élevée. » La même pensée revient quand M. 

819. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Ici le général Bonaparte n’a point d’effort illégitime à faire pour franchir ces degrés successifs qui mènent d’une magistrature républicaine à vie au pouvoir suprême ; il n’a qu’à se laisser glisser sur la mobilité et sur la versatilité de la France, pliée d’avance à tous ses désirs. […] Le consulat n’était qu’un degré provisoire qui laissait attendre ou une anarchie en redescendant, ou une monarchie en montant ; s’arrêter au milieu de ce degré ce n’était pas fonder, c’était attendre.

820. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

La liberté dans une société organisée est toujours relative, limitée, et elle comporte une infinité de degrés. […] Le romantisme et le naturalisme représentent, sous des formes diverses et à deux degrés différents, l’entrée de la démocratie dans la littérature. […] J’en ai dit assez pour montrer combien il importe de noter en chaque période la forme et l’essence du gouvernement, le degré de liberté atteint, les grands événements intérieurs ou extérieurs.

821. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Le théâtre est un spectacle de vie su fictif par les spectateurs qui le contemplent et conséquemment d’une sensation moins éparse, plus homogène, plus intense que le spectacle de la vie réelle ; le théâtre est le premier degré de l’art parmi la vie… Après dix ans de luttes et de souffrances lointaines, voilà que las et triomphant de ses armes rouillées de sangs, le roi-guerrier revient à la couche de son épouse, et l’attend l’adultère, et le trappe, qui un jour par le vouloir d’Atè et l’acte filial sera puni ; telle, dans l’amplitude sereine et introublée des portiques, entre les colonnades haut ornées des figures de dieux, l’action humaine apparaissait, et libre de soucis étrangers, toute drue d’elle-même, la sensation des divinités implacables aux Atréides surgissait, véhémente plus que d’aucune réalité, terrifiante et sûre, art, dans les âmes spectatrices. […] Tel sera atteint le second degré du fictif dans la vie, le second degré de l’art, après la primitive élimination des sensations étrangères à l’objet artistique, par la restriction des sensations à un seul ordre sensitif ; et, après l’art théâtral, les arts séparés de la peinture, de la littérature et de la musique seront acquis, quand sera démontré le pouvoir de chacun de ces arts de donner à lui seul l’impression d’une chose vivante.

822. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Tous ces traits, la simplicité, la permanence, la puérilité de nature, l’outrance du dessin, la vérité de la charge qui distinguent les personnages de Dickens, caractérisent également au plus haut degré les scènes où le récit de leurs actions, la reproduction de leurs conversations, la description des lieux où ils se trouvent, s’unissent pour constituer les épisodes par lesquels l’action chez Dickens s’achemine au dénouement avec les détours les plus longs et les plus invraisemblables. […] À un degré de complexité moindre, on trouve à citer certains types de fous et d’enfants, l’excellent M.  […] Elles peuvent s’affaiblir et se renforcer, elles ne cessent qu’après avoir atteint le degré d’intensité requis par la circonstance et toléré par la nature de celui qui les éprouve.

823. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

La prière du matin, celle de la troisième heure du jour, celle du soir, semblaient autant de degrés de cette vie laborieuse toujours aspirant à Dieu et à la vertu. […] » Il y a dans la gravité laborieuse de ces vers, dans ces distinctions subtiles peut-être, qui sont comme les degrés d’une réflexion plus profonde, il y a dans ce travail de méditation un accent vrai d’enthousiasme, une ardeur et une souffrance de foi qui persuade. […] De là, descendu dans le monde, le chœur des rois immortels célèbre la gloire du Père et le premier-né, sa divine image ; elle le célèbre, cette armée des anges qui ne vieillit pas ; et tantôt, les regards fixés sur l’intelligence suprême, elle se repaît à la source de la beauté, tantôt, regardant les sphères, elle gouverne les profondeurs de l’univers, s’abaissant du monde supérieur jusqu’à l’infime matière, où la nature, à son plus bas degré, enfante la tourbe bruyante et insidieuse des démons, d’où le héros divin, d’où l’esprit céleste, répandu à l’entour de la terre, en a vivifié les parties sous des formes diverses.

824. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Mme de Maintenon avait dû plus d’une fois songer, dans les degrés divers de son élévation, à cette histoire romanesque de Marianne, et elle savait gré sans doute à Lassay d’avoir osé mettre un jour la sagesse de conduite et la vertu au-dessus du rang. […] C’est ce talent de juger et de discerner les hommes qu’il croyait avoir et qu’il avait à un très remarquable degré, qui l’a conduit à dire de lui une chose singulière dont Voltaire s’est, moqué, et dont l’expression ne saurait en effet, raisonnablement, échapper à la raillerie.

825. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Je me suis permis d’exposer ce détail qui laisse voir en une sorte de conflit deux noms célèbres, ou du moins j’ai voulu l’indiquer en renvoyant aux vraies sources, aux Mémoires de la guerre de la succession, pour qu’on ne dise pas en deux mots que Villars a miné et supplanté Catinat à l’armée du Rhin, tandis que réellement Catinat, quelque respect que l’on doive à son caractère, s’y mina lui-même par une inaction et une circonspection excessive qu’il n’avait sans doute pas toujours eue à ce degré, mais qui s’était accrue avec l’âge, au point de devenir elle-même un danger. « Il y a des temps où les Fabius sont de bon usage, et des temps où les Marcellus sont nécessaires. » Le mot est de M. des Alleurs, un des amis de Villars, lequel l’accepte volontiers et s’en décore. […] On saisit bien la nuance et le degré du tort où Villars put être à l’égard de M. de Magnac ; il le nomme, il lui rend aussi, justice : mais il ne va pas sur son compte au-devant de l’entière et éclatante vérité : seulement, si on la lui demande, il la dira.

826. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Mais il revient, mais il s’assoit, mais il sait le point de vue d’où l’univers contemplé apparaît dans son plus beau jour ; et lui-même, toutes les fois que nous voulons nous représenter l’esprit critique à son plus haut degré d’intelligence et de compréhension réfléchie, nous nous le figurons spectateur attentif et vigilant, curieux au loin, à l’affût de toute découverte, de tout ce qui se passe, de toute voile à l’horizon, mais du haut d’un Sunium. […] Maintenons, messieurs, les degrés de l’art, les étages de l’esprit ; encourageons toute recherche laborieuse, mais laissons en tout la maîtrise au talent, à la méditation, au jugement, à la raison, au goût.

827. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Et c’est l’auteur de l’Histoire de la Grande Armée, c’est un brave et éloquent guerrier dont la jeunesse s’est prodiguée sur les champs de bataille, c’est lui-même qui, depuis vingt ans et plus, a donné ainsi ses soins scrupuleux, minutieux, à compulser, à peser les actions d’humbles filles, de pauvres domestiques, à tâcher que rien d’essentiel n’échappe, que chaque mérite atteigne juste à son degré de rémunération. […] Ce spectacle même, à s’en donner un moment la vue, est consolant et beau : sur le trône la bonté dans sa magnanimité ou dans sa grâce ; sur les marches du trône et dans les plus hauts rangs de la société, intelligence, générosité, discernement et activité pour le bien, pour l’allégeance des misères ; à tous les degrés de l’échelle, des associations utiles et secourables : et malgré tout il y a des problèmes insolubles ou non résolus encore, des intérêts rivaux qui semblent ennemis, qui sont certainement contraires et qu’il n’est pas donné aux meilleures intentions, aux résolutions les plus louables, d’accommoder ni de trancher.

828. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Cette Correspondance nous initie parfaitement à l’esprit et au cœur de Tocqueville ; elle nous indique aussi avec assez de précision le degré de croyance religieuse où il était resté et auquel il se fixa pour toujours. […] Son esprit n’était satisfait que lorsqu’il avait élevé son observation jusqu’à un degré d’abstraction supérieure ; il atteignait parfois au tableau, mais c’était ce tableau sans personnages et sans figures dont parle M. 

829. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

On n’a jamais eu à un plus haut degré que Saint-Évremond le sentiment vif des ridicules, ni une manière plus légère de les exprimer. […] Mais surtout le plaisir de la conversation lui paraît augmenter avec les années et devenir supérieur même à celui de la lecture : il en indique les conditions, il en mesure les agréments et les degrés ; il le différencie selon les sexes.

830. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

., et les Progrès de la Révolution), possède au plus haut degré la beauté propre, je dirai presque la vertu inhérente au sujet ; grave et nerveux, régulier et véhément, sans fausse parure ni grâce mondaine, style sérieux, convaincu, pressant, s’oubliant lui-même, qui n’obéit qu’à la pensée, y mesure paroles et couleurs, ne retentit que de l’enchaînement de son objet, ne reluit que d’une chaleur intérieure et sans cesse active. […] Tout cela se fit par degrés, selon les temps et les pays ; il y eut chez nous une ère transitoire qui eut sa splendeur sous Louis XIV, sa mourante lueur sous la Restauration, et durant laquelle, tout en reconnaissant la puissance spirituelle, en lui rendant hommage en mille points, en se signant ses fils aînés, on se posa en face d’elle comme pouvoir indépendant, à jamais légitime de père en fils sur la terre.

831. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

De là jusqu’à Ausone ou Delille, il y a bien des degrés que l’ensemble d’une poésie parcourt comme fatalement. […] Nisard, il a de plus en plus, en effet, accru ses qualités sérieuses, ses connaissances diverses ; il prend intérêt à toutes sortes de choses, peinture, machines, histoire, etc., et y porte une expression abondante, redondante quelquefois, mais facile, claire, sensée, une foule d’observations morales qui plaisent à beaucoup d’esprits modérés et distingués, qui enchantent beaucoup d’esprits solides, qui ne satisfont peut-être pas toujours au même degré quelques délicats, subtils et dédaigneux.

832. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

D’autres auraient pu croire qu’il suffisait, en commençant, d’exposer la situation du royaume, l’état de l’administration, le système des lois politiques, civiles et pénales, au moment où saint Louis arriva au trône ; l’Académie n’en demandait pas davantage ; mais l’esprit du jeune écrivain était plus exigeant : de bonne heure attentif à remonter aux causes, à suivre les conséquences, à ne jamais perdre de vue l’enchaînement, il se dit que l’influence et la gloire de saint Louis consistaient surtout dans l’abaissement et la subordination du régime féodal, et il rechercha dès lors quel était ce gouvernement féodal dans ses origines et ses principes, comment il s’était établi, accru, et par quels degrés, ayant atteint son plus grand développement, il approchait du terme marqué pour sa décadence. […] Celle-ci, au milieu des rapports complexes qu’elle embrasse, affecte par moments une régularité savante et une ingénieuse symétrie de mécanisme que les choses en elles-mêmes, dans leur cours naturel, ne sauraient présenter à ce degré.

833. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Le seul problème des constitutions est donc de connaître jusques à quel degré on peut exciter ou comprimer les passions, sans compromettre le bonheur public. […] Supposez d’abord un très petit nombre d’hommes extraits d’une nation immense, une élection combinée, et par deux degrés, et par l’obligation d’avoir passé successivement dans les places qui font connaître les hommes et exigent, et de l’indépendance de fortune, et des droits à l’estime publique pour s’y maintenir.

834. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Il n’est guère possible de conduire sûrement un dialogue sans avoir en quelque degré le sens psychologique : Musset l’a eu plus qu’aucun romantique. […] Même Musset a eu dans un degré supérieur le sens de la caricature artistique, qui ramasse et déforme un type par une simplification vigoureuse : dame Pluche, Blazius, Bridaine, le prince de Mantoue, le podestat Claudio sont de charmants grotesques.

835. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Songez donc qu’à moins d’un mensonge sacrilège, qui ne doit guère se rencontrer, tout prêtre, quelles qu’aient pu être ensuite ses faiblesses, a accompli, le jour où il s’est couché tout de son long au pied de l’évêque qui le consacrait, la plus entière immolation de soi que l’on puisse imaginer ; qu’il s’est élevé, à cette heure-là, au plus haut degré de dignité morale, et qu’il a été proprement un héros, ne fût-ce qu’un instant. […] Il a, au même degré peut-être que Balzac, le don de s’absorber en eux, de s’en éprendre, de s’en émerveiller.

836. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

  Si nous appelons génie l’instinct que traduit une parole spontanée et nouvelle et talent la faculté d’ordonner, d’harmonier les mots, les images et les sons, on décidera que tout écrivain créateur, s’il veut faire œuvre pérennelle, doit avoir à un égal degré talent et génie, qu’il doit être à la fois artiste et poète, subjectif puisqu’il est trouveur et conscient aussi des masses objectives pour douer sa trouvaille d’une forme aux justes proportions. […] Celle de M. de Régnier diffère infiniment de celle-ci ; pourtant, — outre la sympathie, — elles ont toutes deux, sinon au même degré, au moins une qualité commune : la « santé », par laquelle je n’entends pas précisément ce qu’appelle ainsi, dans Pro Arte, M. 

837. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

D’âge en âge, et degré par degré, à travers, les générations successives, qui ne sont que des ébauches, un type accompli d’homme nouveau ne cesse de s’élaborer dans ses moelles.

838. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Cette perfection ne saurait aller sans un certain degré de bien-être matériel. […] Au fond, la hiérarchie des hommes selon leur degré de perfection n’est pas plus choquante.

839. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Le scepticisme s’échelonne ainsi aux divers degrés de l’intelligence humaine, alternant avec le dogmatisme selon le développement plus ou moins grand des facultés intellectuelles. Au plus humble degré est le dogmatisme absolu des ignorants et des simples, qui affirment et croient par nature et n’ont pas aperçu les motifs de douter  Quand l’esprit, longtemps bercé dans cette foi naïve, commence à découvrir qu’il a pu être le jouet de sa croyance, il entre en suspicion et s’imagine que le plus sûr moyen pour ne pas être trompé, c’est de rejeter toute chose : premier scepticisme qui a aussi sa naïveté (sophistes, Montaigne, etc.)  

840. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

tout cela, en effet, aurait été fort déplacé à Versailles ; mais Mme de Pompadour aurait voulu les y voir pourtant, et que la liaison se fît à quelque degré dans l’opinion entre le monarque et les hommes qui étaient l’honneur de son règne. […] Pour avoir le degré précis des fautes commises par chacun à cette date, il faut attendre la publication, qui ne saurait tarder bien longtemps, de toutes les pièces diplomatiques relatives au ministère du cardinal de Bernis et à celui du duc de Choiseul.

841. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Ce qu’il voulait alors, c’était le gouvernement de la France par les royalistes purs, par ceux qui n’avaient trempé à aucun degré dans les régimes précédents, par ceux qui étaient tout à Dieu et au roi (et Dieu sait ce qu’on entendait alors sous cette formule !)  […] Si M. de Chateaubriand n’avait pas écrit cette partie politique de ses Mémoires, et s’il eût laissé le souvenir public suppléer à ses récits, on lui eût trouvé sans doute des écarts bien brusques et des inconséquences ; mais la grandeur du talent, la chevalerie de certains actes, la beauté historique de certaines vues, auraient de loin recouvert bien des fautes ; je ne sais quel air de générosité aurait surnagé, et jamais on n’eût osé pénétrer à ce degré dans la petitesse des motifs et des intentions.

842. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

La pensée d’ailleurs est juste, et certes, s’il y avait moyen d’établir la proportion entre le degré de liberté qui peut être accordé par les lois et le degré de vertu qu’indiquent les mœurs, on aurait résolu le problème social ; mais les hommes sont peu bons juges dans cet examen d’eux-mêmes, et Saint-Just, tout le premier, commence par se trouver une très grande dose de vertu ; il se pose dès l’abord en sage : N’attendez de moi, dit-il, ni flatterie, ni satire ; j’ai dit ce que j’ai pensé de bonne foi.

843. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il est bien vrai qu’on peut l’être à divers degrés, et que les vérités progressives semblent se succéder, comme dit Pascal, du pour au contre1. […] Il continue chaque jour l’œuvre de la création, subordonnant à la pensée les choses inertes, et les faisant monter ainsi à un plus haut degré de vie.

844. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Nous soutenons et nous allons démontrer que les positions respectives de la parole intérieure et de la pensée dans le temps, bien loin d’être déterminées par une loi unique, varient, d’une part selon le degré de l’effort personnel déployé par l’intelligence, et, d’autre part, suivant que cet effort est un effort d’invention pure ou un effort d’assimilation. […] Au degré où on la remarque, cette heureuse qualité est un privilège assez rare ; on l’a dit : beaucoup d’esprits bien faits ne trouvent la formule vraie qu’en descendant l’escalier ; les habiles la conservent dans un coin de leur mémoire ; elle servira pour une seconde visite.

845. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

A ce degré, une opinion politique est une foi. « Il a joué son salut, nous dit Paul Desjardins, sur une promesse unique : savoir, que la vraie vie spirituelle qui seule explique le monde et contente l’homme, est fille, non des loisirs élégants comme les sociétés aristocratiques l’ont cru, mais du normal labeur ». […] Ami, laisse ta logique, tes systèmes naïfs et bornés ; à ce degré, c’est un chant qui seul te traduirait.

846. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Nous distinguions des durées à tension plus ou moins haute, caractéristiques des divers degrés de conscience, qui s’échelonneraient le long du règne animal. […] Si fort qu’on en diminue l’intensité, on risquera d’y laisser à quelque degré la variété et la richesse de la vie intérieure ; on lui conservera donc son caractère personnel, en tout cas humain.

847. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Ce qui nous frappe seulement, d’après un débris conservé dans un reste de traduction latine, c’est que ce dernier Prométhée d’Eschyle présentait au plus haut degré une de ces péripéties, que réclame Aristote. […] Au vrai, sans chercher un autre genre de tragédie lyrique chez les Grecs que leurs premiers essais tragiques, il faut reconnaître que pour eux le drame, à tous les degrés, depuis la tragédie surnaturelle, l’allégorie fantasque, jusqu’aux Silles et aux parodies bouffonnes, garda toujours beaucoup de l’instinct lyrique et parcourait tous les tons de l’hymne religieux, du chant de victoire, de la plaintive élégie ou de la chanson insultante.

848. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

1833 Dans les dernières années de la Restauration, quelques jeunes hommes, attachés à ce régime par leur naissance, leur éducation et leurs premières doctrines, mais aussi empreints, à un certain degré, de l’esprit du siècle, ou du moins comprenant et appréciant cet esprit avec une impartialité remarquable, fondèrent, sous le titre de Correspondant, un journal qui, avec moins d’éclat et d’influence, suivit, dans l’école religieuse et royaliste, une ligne assez analogue à celle du Globe dans l’école libérale et philosophique.

849. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Quant aux récriminations sur la rupture des traités, sur 16 degré de bonne ou de mauvaise foi des parties contractantes, elles ne sont pas moins vaines et futiles, que si l’on disputait pour savoir qui commença la première, de la Gironde ou de la Montagne au 31 mai, de la Montagne ou de la Plaine au 9 thermidor.

850. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Le degré de culpabilité indécise et négative de Moreau dans la conspiration de Georges est fort justement saisi et indiqué par M. 

851. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

Lerminier ces mots rapides échappés aux hasards d’une plume ardente, c’est qu’ils sont assez rares pour pouvoir aisément disparaître ; et c’est qu’au degré d’autorité croissant qu’acquiert l’écrivain, ils tombent de plus haut et sont remarqués davantage.

852. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Heine est plutôt celui d’un poète que celui de tout le monde ; il n’a pas seulement de ces traits inattendus, saisissants, courts, de ces rapports neufs et piquants qu’un mot exprime et enfonce dans la mémoire ; il a, à un haut degré, l’imagination de l’esprit, le don des comparaisons singulières, frappantes, mais prolongées, mille gerbes, à tout instant, de réminiscences colorées, d’analogies brillantes et de symboles.

853. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

La suprême entrevue des deux torturés arrive à un tel degré d’émotion qu’il n’y a rien par-delà, ou pas grand’chose : tant le sentiment des obscures fatalités humaines y est douloureux et accablant !

854. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

C’est la mesure de cette nécessité, de l’effort qu’on fait pour s’y soustraire, de la douleur qu’on éprouve en s’y soumettant, qui devient la mesure du caractère moral de l’homme, qui, plutôt que de s’y soumettre, consent à s’immoler lui-même (en n’immolant toutefois que lui-même et non ceux dont le sort lui est confié), et s’élève par-là au plus haut degré de vertu auquel l’humanité puisse atteindre.

855. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

S’il n’en était ainsi, l’homme, en s’éloignant toujours de son origine, serait devenu une sorte de monstre ; mais, par une loi de la Providence, plus il se civilise, plus il se rapproche de son premier état : il advient que la science au plus haut degré est l’ignorance, et que les arts parfaits sont la nature.

856. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Ce sont précisément ceux-là qui me paraissent avoir eu, plus que d’autres et à un degré suréminent, le don suprême de l’écrivain : la vie qui est la chose nécessaire, supérieure à la correction, à l’harmonie, à l’élégance, à toutes les qualités possibles, comme nous l’avons proclamé cent fois dans nos livres.‌

857. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Seulement il fait quelquefois des phrases comme celle-ci, qui ne sont pas de tout le monde : « La France fit de son échine adulatrice le premier degré de cette unité de foi où le monarque voyait pour lui l’échelle du ciel. » Quand on veut être insolent pour Louis XIV, il ne faut pas être grotesque, ou l’on manque l’insolence… Le sens d’historien, qui est très vif chez de Lescure, le fait entrer en plein dans l’histoire, et sur La Grange-Chancel il en a partagé les émotions.

858. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Pour sept fois, je n’en sais absolument rien, mais poétiquement parlant, le cœur, le pectus de M. le Conte de L’Isle est trempé dans le néant ; ce peut être une situation aux Indes, mais pour nous qui sommes d’ici et qui avons la prétention de vivre encore, ce néant soi-disant divin ne vaut pas le plus humble degré de la vie que le poète se donne les tons de mépriser !

859. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Il nous a rappelé cette torture sublime… Il ne l’aurait pas eue que sa Vie inquiète n’aurait plus été la Vie inquiète, au même degré du moins, et que sa poésie aurait manqué de ce qui touche le plus en elle : Heureux l’homme qui, jeune et le cœur plein de songes Meurt sans avoir douté de son cher Idéal, À l’âge où les deux mains n’ayant pas fait de mal Nos remords les plus vrais sont de pieux mensonges.

860. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Mais ces différences de degré elles-mêmes correspondent à celles qui nous ont semblé séparer les deux manifestations de l’égalitarisme ; elles confirment donc, bien loin qu’elles le bouleversent, le parallélisme découvert.

861. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

Nous suivons Socrate de l’œil ; nous ne perdons pas un de ses mouvements, pas un de ses discours ; nous le voyons quand on lui amène ses deux enfants, quand il donne ses derniers ordres pour sa maison, quand il fait éloigner les femmes ; quand ses amis mesurent avec effroi la course du soleil, qui bientôt va se cacher derrière les montagnes, et quand la coupe fatale arrive, et lorsqu’avant de la prendre, il fait sa prière au ciel pour demander un heureux voyage, et l’instant où il boit, et les cris de ses amis dans ce moment, et la douceur tranquille avec laquelle il leur reproche leur faiblesse, et sa promenade en attendant la mort, et le moment où il se couche sur son lit dès qu’il sent ses jambes s’appesantir, et la mort qui monte et le glace par degrés, et l’esclave qui lui touche les pieds que déjà il ne sent plus, et sa dernière parole, et son dernier, et son éternel silence au milieu de ses amis qui restent seuls.

862. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Détaché du degré suprême, qui est Dieu, il faut que, de pente en pente, l’homme roule jusqu’au plus bas degré, qui est son individualité. […] Mais toujours est-il que ces degrés divers n’ont pas leur mesure dans le développement de la raison. […] Il parvint à un haut degré de faveur auprès de grands personnages. […] Peut-être, en parlant du degré d’autorité de l’Ancien Testament en fait de morale et d’institutions sociales, ai-je sacrifié la précision à la concision. […] Beaucoup d’hommes, restés chrétiens par leurs affections et leur volonté, se trouvent dispersés sur les degrés intermédiaires entre la foi et l’absolue négation.

863. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

L’ordre naturel est de présenter d’abord les ouvriers habiles qui, ne possédant pas au même degré les autres parties du poète, doivent être loués surtout pour la forme ; M.  […] Doué au degré le plus rare de délicatesse, de pureté et du sens de l’exquis, il possède aussi le sens de la beauté, j’entends la beauté noble, grande, dont M.  […] Pour elle, la mesure du goût est dans le degré d’indifférence qu’un critique peut avoir pour ce qu’on appelle en art les motifs, et dans le degré d’enthousiasme dont il est susceptible pour la seule exécution. […] Ce ne sont plus des mers, des degrés, des rivières. […] Il semble manquer de ce que l’école contemporaine possède à un si haut degré : l’oreille musicale.

864. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

A tout moment de l’existence du groupe humain, les manifestations du plus haut degré de l’intelligence humaine sont possibles. […] On saura beaucoup degré à M.  […] Tout le monde sait que la température moyenne de l’homme varie de trente-six à trente-sept degrés environ. […] A un degré moindre, l’inspiration ne sera que de l’entrain, de la facilité. […] Un degré d’intelligence de plus et nous arrivons aux premiers faits humains de culture et de domestication.

865. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Cette curiosité désintéressée et ironique du présent, que la génération précédente, institutrice respectueuse et pondérée, était loin d’avoir connue au même degré, il semble qu’elle doive surtout porter ses fruits dans la critique spontanée, parlée. […] Ce genre de la leçon de vulgarisation, de la conférence, qui est incorporé aujourd’hui à la respiration même de notre vieille rive gauche, il n’existe à aucun degré, et on n’en éprouve nullement la nécessité. […] Un professeur n’a pas à tenir compte du génie, un critique, lui, doit vivre dans un monde où le génie existe, au même degré que le corps nu existe pour le sculpteur ou la lumière pour un peintre. […] Treize Égaux marquent « les cent degrés du génie », ce sont Homère, Job, Isaïe, Ezéchiel, Lucrèce, Juvénal, Tacite, Jean de Patmos, Paul de Tarse (les deux noms sont laïcisés), Dante, Rabelais, Cervantès, Shakespeare. […] Ce serait le prendre dans un courant antérieur aux idées de la critique, et qui déposerait sur son chemin cette réalisation du premier degré que sont les œuvres, cette réalisation du second et du troisième degré, que sont ces idées.

866. (1929) Amiel ou la part du rêve

Pareillement l’échange des sexes, avec tous les degrés de l’inversion, est un phénomène sinon normal, du moins fréquent. […] Il y a des degrés dans les natures faustiennes, d’où le comique n’est pas exclu. […] La Genève de Calvin et la Genève de Mme de Staël contractent ici le même degré de fusion que dans la création du presbytérien Wilson. […] On songe à ce mot d’élevé qui prend un son spécial dans la société genevoise : lectures élevées, conversation élevée, et qui l’avait mieux encore ; au temps où les degrés de noblesse de Genève étaient les escaliers de sa ville haute. […] Je mets un soin extrême à mesurer ces degrés, et à ne pas m’attacher… Et que m’importe ce que je sais bien ! 

867. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Depuis cette mort, un saint homme descendit en esprit aux enfers, et aperçut le susdit comte, placé sur le degré le plus haut d’une échelle. […] À quel haut degré vat-elle porter la puissance de l’esprit humain ! […] Cette langue qu’il parlait, et qui portait le nom de langue limosine, de provençale, de catalane, était alors à son plus haut degré de perfection poétique, naturelle, forte. […] Nous avons déjà rappelé que, dans le mélange de plusieurs peuples, l’influence d’un idiome était proportionnée, non seulement au nombre, mais au degré de culture de ceux qui le parlaient. […] Mais à certaines époques, c’est l’imagination publique, courante, qui est poëte ; et personne en même temps n’est grand poëte, et ne réalise à un plus haut degré cette pensée, pour ainsi dire, vulgaire.

868. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Supposez un ou deux degrés de plus dans la franchise très relative dont nous usons à l’égard d’autrui : ce serait la fin brusque et violente de toutes nos relations sociales. […] On conçoit, d’ailleurs, des degrés dans l’éclat d’une gloire nominale ; à côté des soleils, il y a place au firmament pour la poussière d’or des étoiles de dernière grandeur. […] Un jeune homme est réellement aussi incapable de les trouver tout seul que d’inventer les beautés du texte, et ce sont ces jugements, et presque uniquement eux, qui servent à mesurer son degré de culture littéraire. […] Il a tort de ne voir qu’une différence de degré dans l’abîme naturel qui sépare du génie non la médiocrité seulement, mais la plus grande science elle-même. […] J’imagine qu’il y a en lui le Politique, le Penseur, le Législateur, le Philosophe ; à un degré ou à un autre, il aurait pu être, il est tous ces hommes-là… Le grand caractère fondamental est cela pour un grand homme : que l’homme soit grand.

869. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Au fond, les Normands n’apportaient pas avec eux une nouvelle civilisation ; ils n’apportaient qu’un degré supérieur de culture. […] Le temps, qui lentement polit toute chose, avait amené à leur dernier degré de perfection les mœurs et les manières féodales. […] C’est donc un fruit exquis, mais qui fait demander ce que serait celui qui aurait un degré de maturité de plus. […] quel était son degré de culture ? […] Or Sterne ne possède au plus petit degré aucune de ces qualités.

870. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Ces ouvrages n’ont pas tous, à nos yeux, le même degré d’intérêt. […] À chacun de ces ouvrages, cette admirable littérature grecque, dont ils sont le faible et dernier produit, semble baisser d’un degré. […] L’inspiration s’élève et monte à son plus haut degré, en approchant d’Éden, où le beau feu du poète s’épure sans s’affaiblir, et jette une si douce lumière. […] Il ne semble pas non plus que Pope ait connu au même degré que Boileau cet art d’une louange noble et délicate, cette ingénieuse urbanité de langage qui rehausse même la flatterie. […] Il représente au plus haut degré ce qu’après de grandes destructions sociales les âmes devaient éprouver d’agitation et de doute.

871. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Bourget soit d’instinct un moraliste, qu’il ait à un haut degré, pour lui-même et pour les autres, le goût du bien et le désir du progrès, on n’en saurait douter. […] Il passe cependant pour un original, et cela parce que, ayant à un haut degré le goût de la vérité et toujours sincère avec lui-même, il ne s’exprime jamais sur rien qu’avec de prudentes réserves. […] Elle existe à tous les degrés de l’échelle sociale : elle joue ou a joué un rôle dans la vie de chacun, peu de familles ont échappé à ses ravages ; elle est un danger national aussi bien qu’un danger privé. […] Brunetière trouve réalisée à un haut degré cette unité de la métaphysique et de la morale, dont il a besoin. […] Et voici s’élever d’un degré — d’un degré seulement — le niveau de la morale publique et de la morale privée.

872. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Pour les qualités de l’esprit, Louis XIV eut au plus haut degré toutes celles que demande la royauté, et, dans une mesure marquée par les devoirs du rang, la plupart de celles qu’on admire dans un homme privé. […] Jamais homme, selon lui, ne fut si naturellement poli, ni d’une politesse si fort mesurée, si fort par degrés, ni qui distinguât mieux dans ses réponses l’âge, le mérite et le rang201. […] Après Bossuet, parut, comme à propos, pour accommoder la parole chrétienne à l’attention plus forte du roi entrant dans l’âge viril, un prédicateur doué du talent de raisonnement et d’analyse au même degré que Bossuet possédait le talent de peindre. […] Ce lui fut donc, de la part de ce prince, un double secours, de ne lui rien retrancher des privilèges de la parole évangélique, et de se rendre lui-même si respectable par tant de belles qualités, la majesté constante, la droiture, la naturelle grandeur, que cette parole ne pût jamais être tentée de dépasser ce juste degré où la leçon faite à une personne, dans un temps, profite éternellement à tous.

/ 1943