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1045. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Ballanche, disciple plus encore qu’ami de M. de Chateaubriand, leur apprit son passage à Lyon. […] Le 4 juillet, nous apprîmes qu’elle était finie. […] Nul ne s’aviserait d’apprendre la philosophie historique à ses enfants, d’après la généalogie de la maison de David sur une montagne de l’Idumée.

1046. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Il n’y avait dans la maison qu’un jeune garçon de douze ou treize ans, neveu de Kermelle, que celui-ci avait recueilli, et auquel le vicaire, digne homme s’il en fût, apprenait ce qu’il savait : le latin. […]  » Au milieu de cet éclat public, le vicaire ne put éviter d’apprendre la vérité sur une foule de points qu’il se dissimulait. […] Quand il apprit que le roi était parti, il comprit mieux que jamais qu’il avait été de la fin d’un monde.

1047. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Mais nous pouvons apprendre qu’elles sont les lois de la vie et les lois de la pensée. […] Mais que nous apprend la psychogenèse sur cette question ? […] Et l’habitant de Saturne répond : « Soixante-douze, mais tous les jours nous nous lamentons d’en avoir si peu. » L’Européen a si bien appris à se contenter de cinq sens, qu’il regarde comme une absurdité, d’essayer d’en changer ou d’en augmenter le nombre.

1048. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Elle soigne le linge, elle surveille la cuisine, elle gronde sa bonne comme une épouse légitime, et elle apprend le piano et l’anglais. […] * * * — Leboucher dit à Chabouillet, venu chez lui pour prendre sa première leçon de savate : « Mon petit, donne-moi 60 francs et je t’apprendrai à crever un homme !  […] Dutillard, rue des Fossés-du-Temple, pour apprendre l’architecture, et qu’il en faisait, monté sur une chaufferette, tant il était encore petit.

1049. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Voilà ce que nous ont appris nos prédécesseurs, nos maîtres dans l’art dramatique. […] C’est ce que l’avenir nous apprendra. […] Tout innocent que j’étais je fus donc obligé de me cacher ; et c’est pendant ma retraite dans une province que j’appris que mon vieil ami Emmanuel Dupaty, auteur d’un opéra-comique qui était encore moins séditieux que mon drame, venait d’être conduit à Brest par la gendarmerie, renfermé sur un vaisseau-ponton, pour être de là déporté dans nos colonies17.

1050. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

La longévité des nations qui traversent le temps et qui ont toutes cherché à défendre le mariage et la légitimité paternelle comme la source même de leur double vie, l’Antiquité, par l’eunuchat, cette invention du désespoir, dégradante et terrible, et le Christianisme, qui a transfiguré toutes les institutions antiques par un autre eunuchat volontaire qui retranche, avec la volonté, la convoitise du cœur de l’homme et crée une atmosphère de pudeur inconnue avant Jésus-Christ, cette longévité relative des nations ne lui a rien appris pour, dans cette occasion, s’en souvenir ! […] C’est ce que madame Fanny va apprendre, mais nous pensons qu’elle aurait déjà dû s’en douter. […] Il n’y avait dans l’auteur de Fanny rien du tout… qu’un écrivain qui cherchait, n’importe où, le sujet d’un livre, et qui, ennuyé et dégoûté (avec juste raison) de cette éternelle tombola littéraire où l’adultère gagnait toujours, s’était dit : « Mais si je renversais la thèse pour faire du neuf… » et qui l’a renversée, qui a tout simplement retourné ce vieux gant sali… Daniel nous apprend aujourd’hui que dans l’auteur de Fanny il n’y avait pas davantage.

1051. (1925) Portraits et souvenirs

N’apprenons-nous pas aussi à le connaître ? […] Chassé apprendra surtout certains détails matériels que la discrétion du poète laissait volontiers dans l’ombre, ne fût-ce que la leçon dont il débuta dans le professorat. […] C’est ce que nous apprend le poète André Fontainas qui fut, en 1876, élève de Mallarmé, à Condorcet. […] A son retour en France, il chercha à tirer parti de ce qu’il avait appris d’anglais au cours de ses pérégrinations londoniennes. […] Mais, si elles nous apprennent, ces pages, l’énigme du Greco et le secret de Tolède, elles nous renseignent aussi sur celui par lequel M. 

1052. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Molière apprend, en voyage les mœurs, les habitudes, et les allures bourgeoises ; il s’essaie à faire rire avec le vieil esprit français, avant de trouver des ressources inouïes dans sa propre comédie ; il est comédien avant d’être un poète comique. […] Il n’y a rien de parfait ici-bas, heureusement pour les critiques, surtout pour ceux qui, de bonne heure, ont appris à contempler le grand, le beau, l’excellent, le parfait. […] Et quand bien même vous lui apprendriez toutes ces choses, à quoi bon ? […] Qui pourra me donner des leçons d’élégance, de politesse, et m’apprendre à jouer convenablement Le Misanthrope ?  […] Dans ces airs étudiés avec tant de soin, la dame en adoptait quelques-uns, en rejetait quelques autres : c’étaient de petites façons qu’on aurait pu noter, et apprendre comme on apprend un air de musique.

1053. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

» Et nous apprenons aussitôt comment il entend la vivre. […] Tout le monde est comme ça chez nous, je vous l’apprends si vous ne le savez pas. […] Simone apprend toutes ces choses le lendemain matin, chez son Valaque. […] Mais ce qu’il vient d’entendre, comme confesseur, de la bouche de Frédégonde, il l’apprendra tout à l’heure de Néra, en qualité d’oncle. […] Je m’efforcerai de vous rendre heureuse : j’apprendrai à vous aimer.

1054. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Rien n’égalait son appétit d’apprendre et sa friandise de savoir. […] » Il avoue quelque part qu’il voudrait apprendre les dialectes ougro-fïnnois, mongols et tougouses. […] En un temps qui n’est pas très éloigné, nous apprenions, par les petits livres bleus de l’excellent M.  […] Si elle ne répond pas à toutes les questions que lui adressent les avides et les empressés, du moins ce qu’elle apprend est sûr. […] Taine avait lu et appris toute une bibliothèque.

1055. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Je crois que les comédiens devraient faire l’essai très intéressant de l’apprendre et de la reprendre. […] C’est Lekain lui-même qui se donne la peine de nous l’apprendre et en détail. […] Des Arcis apprend ce qu’est sa femme. […] Qu’il m’aime, qu’il m’épouse, qu’il ignore tout et qu’il me garde, qu’il apprenne tout et qu’il me tue. […] Il lut et il apprit par cœur, car pour lui c’était absolument la même chose, toute la bibliothèque de l’École, qui, alors, était restreinte.

1056. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Après vous avoir longuement entretenu un soir de ses travaux, de ses projets, des Oupanichads, des Pouranas et du Chou-King, il vous apprend au moment de vous quitter, déjà debout, en vous serrant la main, — en grande confidence, — qu’il doit faire de tout cela un jour une immense composition en vers qui enrichira notre poésie, un seul et unique bouquet de toutes les fleurs à la fois de l’Orient ! […] J’aurai du moins appris en tout ceci à le connaître. […] Il apprend un jour que M.  […] Royer-Collard répétait avec jubilation : « Villemain est un instrument, il a appris l’esprit, il le sait maintenant, il le parle à jour fixe. » — Ou encore : « Il sait son esprit, car il l’a appris. » Et M.  […] — Lorsqu’il arrivait à de Vigny de parler de la grande fortune de sa famille ruinée par la Révolution, sa mère l’interrompait en lui disant : « Mais, Alfred, tu oublies qu’avant la Révolution nous n’avions rien. » — De Vigny a demandé à l’empereur à Compiègne, devant témoins, d’être le professeur qui apprendrait à lire au prince impérial, alors tout enfant.

1057. (1925) Dissociations

Ils enseignent mécaniquement ce qu’ils ont appris mécaniquement. […] À quelle école Rembrandt ou Titien avaient-ils appris leur métier ? […] Pour avoir parlé mal à propos ou pour avoir négligé d’apprendre ses leçons, un enfant n’en a pas moins besoin de se reposer, de jouer, de prendre l’air. […] On m’avait apprit dans mon enfance qu’il y avait une herbe qui guérissait les coupures des charpentiers et était sans effet sur les serruriers et autres gens qui ne sont pas charpentiers. […] Est-ce qu’on apprend aux architectes à construire pour l’industrie ?

1058. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

A cette époque déjà on ne manquait pas (lui-même nous l’apprend) de gens de mauvaise humeur et occupés d’intérêts positifs, qui disaient que c’était bien assez pour tous d’un seul Homère. […] Il souhaite à cet objet un heureux départ, moyennant certaine condition pourtant : il lui prédit une navigation heureuse, même au cœur de l’hiver ; et lorsqu’il apprendra son arrivée à bon port, ce jour-là, par réjouissance, il se promet bien le soir, auprès d’un feu où grillera la châtaigne, accoudé sur un lit de feuillage et buvant à pleine coupe, de se faire chanter par Tityre toutes sortes de belles chansons, et l’amour du bouvier Daphnis pour une étrangère, et Comatas enfermé dans un coffre. […] Tout à l’heure il a fait le modeste exprès, pour engager l’autre et entamer le jeu ; maintenant qu’il a réussi à le faire chanter, il se montre tel qu’il se sent, et il relève à son tour son front de poëte : « Cher Lycidas, à moi aussi pasteur sur les montagnes, « les Nymphes m’ont appris bien d’autres belles choses « que la Renommée peut-être a portées jusques au trône de « Jupiter ; mais en voici une, entre toutes, de beaucoup supérieure, « avec quoi je prétends te récompenser. […] elle apprendrait aux flambeaux eux-mêmes à luire brillamment !

1059. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

. — Sans doute, aujourd’hui, nous en savons davantage ; l’optique et l’acoustique nous ont appris qu’à tel son correspond tel nombre de vibrations aériennes, qu’à telle couleur correspond tel nombre de vibrations éthérées. […] Nous apprenons par l’expérience que, dans beaucoup de cas, ces deux sensations distinctes sont les signes du même mouvement ; en cela, elles s’équivalent. […] Par là, nous apprenons promptement à nous représenter la Nature comme composée seulement de ces groupes de possibilités, et nous concevons la force active dans la Nature comme manifestée par la modification de quelqu’une d’elles au moyen d’une autre. […] L’enfant apprend les mots table, bâton, viande, pierre, arbre, et les autres ; peu à peu, ils équivalent pour lui au groupe d’images animales qui faisait d’abord toute sa perception.

1060. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

— Vous ne vous trompez pas, mon père, lui dis-je, je suis triste, et cependant il ne m’est rien arrivé de mal ; mais je viens vous confier mes peines habituelles, vous les connaissez : mon cœur n’a jamais eu de replis pour vous ; vous savez ce que j’ai fait pour me tirer de la foule et pour acquérir un nom, mais je ne sais pourquoi, dans le moment même où je croyais m’élever peu à peu, je me sens retomber tout à coup ; la source de mon esprit est tarie ; après avoir tout appris, je vois que je ne sais rien ; abandonnerai-je l’étude des lettres, entrerai-je dans une autre carrière ? […] « Apprenez, dit-il à un de ses admirateurs, une chose incroyable et pourtant vraie : c’est que j’ai livré aux flammes (vulcano) plus d’un millier de poèmes épars ou de lettres familières ; non pas que je n’y trouvasse de l’intérêt et de l’agrément, mais parce qu’ils contenaient plus d’affaires publiques ou domestiques que d’agrément pour le lecteur !  […] Je crois que cette grotte ressemble à cette petite salle souterraine au bord de la mer de Gaëte, où Cicéron allait quelquefois déclamer ses discours pour apprendre à lutter avec les bruits de la multitude. […] « Les uns font passer en revue devant moi les événements des siècles passés ; d’autres me dévoilent les secrets de la nature ; ceux-ci m’apprennent à bien vivre et à bien mourir ; ceux-là chassent l’ennui par leur gaieté, et m’amusent par leurs saillies ; il y en a qui disposent mon âme à tout souffrir, à ne rien désirer, et me font connaître à moi-même.

1061. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Sa taille était élégante ; sa tête, dégagée de ses épaules minces, semblait s’incliner de peur d’humilier la foule ; son œil était limpide, sa bouche ferme ; sa physionomie intéressait avant qu’on eût appris son nom ; il y avait dans ses traits cette dignité qui survit aux éclipses du sort. […] Ils venaient d’apprendre que le ministre de France et sa suite avaient été renvoyés comme eux, sans égards, des portes du couvent, et qu’ils cherchaient en vain un toit de berger pour y reposer leur tête. […] Quand la fatalité amena ici son jeune frère, qui avait été renvoyé de Rome comme suspect, ces deux jeunes gens, ayant appris que leur mère (la reine Hortense) partait de Rome pour venir les rejoindre à Florence, à cause des troubles de la Romagne, voulurent aller au-devant d’elle ; ils furent reçus à Perugia, à Foligno, à Spoleto, à Terni, avec de si vives démonstrations de joie, on leur fit tant d’instances pour se joindre aux insurgés et pour leur prêter l’appui d’un grand nom, qu’ils se laissèrent entraîner, Napoléon par faiblesse. […] J’en éprouve une peine mortelle, et c’est le jour des Morts que j’ai appris cette triste nouvelle.

1062. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

C’est par lui que j’appris que l’Arioste, dans un voyage qu’il fit à Florence, vers l’âge de quarante-cinq ans, conçut un amour sérieux et durable pour une charmante veuve florentine à laquelle il adressait mentalement toutes les louanges qu’il donne aux femmes belles et vertueuses, et dont il retraçait quelques souvenirs dans chacun des délicieux portraits de femmes dont son poème est illustré. […] « Apprends d’abord, lui dit-elle, qu’à la première fleur de mes années enfantines, je fus admise au service de la fille du roi, dont, en grandissant avec elle, je devins la compagne et l’amie plus que la suivante. […] Un ermite chez lequel il s’était réfugié pour sécher ses vêtements lui avait appris la condamnation de Ginevra et son péril de mort ; il avait pris la résolution de combattre contre son propre frère pour l’innocence de son amante. […] je vous retrouve pour pleurer : car, peu de jours après que j’eus quitté les collines euganéennes pour retraverser les Alpes, une maladie rapide comme celles des enfants, un vent glacé, tombant des Alpes sur la villa, emporta Thérésina au séjour des plus beaux fantômes, et il y a peu de jours qu’une lettre d’un inconnu, à cachet noir, m’apprit la mort de la comtesse Léna, qui s’était souvenue jusqu’au tombeau de nos belles jeunesses.

1063. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

« Le troglodyte d’hiver ressemble tellement au troglodyte d’Europe, que j’ai cru longtemps à leur identité ; mais des comparaisons faites avec soin sur un grand nombre d’individus m’ont appris qu’il existe entre eux certaines diversités constantes de coloration ; toutefois j’hésite encore, et n’oserais dire, avec une entière certitude, qu’ils sont spécifiquement différents. » III. […] C’est dans ce lieu que, pour la première fois, je vis, sous son vrai jour, toute la force de la tendresse paternelle chez les oiseaux ; c’est là que j’étudiai les mœurs du pewee ; c’est là que j’appris, de manière à ne plus l’oublier, que détruire le nid d’un oiseau ou lui arracher ses œufs et ses petits, c’est un acte d’une grande cruauté. […] M’étant informé au fils du fermier, j’appris qu’effectivement il l’avait tuée avec quatre de ses petits, pour servir d’appât à ses hameçons. […] Alors il m’apprit que, sur mon chemin pour revenir à la ville, il s’en trouvait un dont il m’enseigna la place, et qui était remarquable, entre tous, par le nombre immense de ces oiseaux qui s’y retiraient. — M’étant remis en route, j’arrivai bientôt au lieu indiqué et n’eus pas de peine à reconnaître l’arbre en question : c’était un sycomore presque sans branches, portant de soixante à soixante-dix pieds de haut sur huit de diamètre à la base ; il pouvait en avoir encore près de cinq, même à une hauteur de cinquante pieds, où le tronçon d’une branche brisée et creuse, d’environ deux pieds de diamètre, se séparait de la tige principale.

1064. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Voilà tout le roman, ou plutôt c’est l’histoire ; une légende du bas peuple, pour lui apprendre à détester la guerre et à aimer la justice, la paix, le travail et l’honnête contentement. […] Comme je paraissais faible et que je boitais un peu, ma mère avait voulu me faire apprendre un métier plus doux que ceux de notre village ; car, au Dagsberg, on ne trouve que des bûcherons, des charbonniers et des schlitteurs. […] Goulden ne rentrait qu’après le Te Deum ; il ôtait son grand habit noisette, remettait sa perruque dans la boîte et tirait de nouveau son bonnet de soie sur ses oreilles en disant : « L’armée est à Vilna, — ou bien à Smolensk, — je viens d’apprendre ça chez M. le commandant. […] J’avais toujours bonne confiance, lorsqu’à trois lieues de Fulde, sur la route de Salmunster, pendant une halte, on apprit que cinquante mille Bavarois venaient se mettre en travers de notre retraite, et qu’ils étaient postés dans de grandes forêts où nous devions passer.

1065. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Le roi du monde, assis dans son palais, apprend la défaite de ses guerriers : il lance des regards indignés, et saisit l’épée de son père. […] Sans doute, il vient à Balclutha, à la tête de son armée, puisque Clessamor est si hardi. » « Apprends, lui dis-je, que mon âme brûle de son propre feu ; que je reste intrépide entouré de milliers d’ennemis, quoique les braves soient absents. […] Pourquoi n’a-t-il pas appris aussi ta blessure ? […] Mais les chants d’Alpin sauveront ton nom de l’oubli ; les siècles futurs apprendront ta gloire, ils entendront parler de Morar.

1066. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Lisons-le donc un peu pour lui, un peu pour revenir, plus charmés par la comparaison, au divin poète chez qui la rime n’est qu’une grâce de plus qui nous invite à apprendre par cœur les vers que nous venons de lire. […] Molière apprit à Piron qu’il valait mieux que ses épigrammes ; à Gresset, que l’art sérieux du Méchant ne ferait pas tort aux aimables mignardises de Vert-Vert et de la Chartreuse. […] L’effet a confirmé mon jugement. » Soyez-en témoins, lecteurs, vous à qui j’apprends sans doute qu’il a existé un auteur au nom de Bret et une pièce appelée le Faux Généreux 64. […] Ces gens là n’ont rien à s’apprendre ; leur père ne leur a rien caché de ce qu’ils ont à penser les uns des autres.

1067. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Ayant appris que le territoire où siégeait son camp portait le nom de « Neuf-Voies », il y fit enterrer vifs neuf jeunes garçons et neuf jeunes filles du pays. […] Les noirs augures des sacrifices du matin avaient déjà signalé à Léonidas l’approche de la catastrophe ; des sentinelles debout sur les collines lui apprirent que la montagne était envahie. […] Apprenez-le donc, si vous l’ignorez : tant qu’il restera un Athénien au monde, nous ne ferons jamais alliance avec Xerxès. […] Au moment où ils allaient attaquer, une Déesse rare dans leur mythologie et dans leur histoire, comme un météore à longs intervalles, vola par les rangs et leur apprit la grande nouvelle de Platée.

1068. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Point d’amis, point de relations, tout fermé… Ce silence si bien organisé contre tous ceux qui veulent manger au gâteau de la publicité, ces tristesses et ces navrements qui nous prenaient pendant ces années lentes où nous battions l’écho, sans pouvoir lui apprendre notre nom ! […] 22 juillet Nous allons pour un voyage d’affaires à Breuvannes, à nos fermes des Gouttes… Breuvannes, la maison d’été de notre enfance, devenue une fabrique de limes et de tire-bouchons, toute pleine de cris et de grincements de machines ; les lucarnes du grenier, d’où mon père canonnait les polissons du village à coups de pommes, sont bouchées ; le mirabellier, toujours plein de guêpes et qui a fourni à tant et de si bonnes tartes, est remplacé par un appentis vitré ; et la chambre à four où le maître de danse apprenait des entrechats à l’aîné de nous deux, nous ne savons plus ce qui s’y fait. […] Un homme admirable, après tout, ce Paul de Kock, pour avoir appris au public la révolution des légendes Pitt et Cobourg, pour avoir immortalisé poncivement tous ces types consacrés qui traînent dans les mémoires idiotes, toutes ces vieilles connaissances du préjugé populaire, tous ces personnages du drame salé de gros rires et de larmes bêtes : l’émigré hautain, le jeune républicain sentimental, platonique et honnête, la femme, adultère déesse de la liberté, le portier dénonciateur dont le caractère moral est une queue de renard à son bonnet… Oh ! […] On s’apprend les mariages et les morts, et l’on vous gronde doucement d’avoir oublié d’anciens amis… Et nous voilà dans la maison du docteur Fleury, causant avec Banville, quand tombe dans notre conversation le vieux dieu du drame, le vieux Frédérick Lemaître… Dans tout cela, par tous ces chemins, en toutes ces rencontres, dans ce que le hasard fait repasser devant nous de notre vie morte, dans ces revenez-y de notre jeunesse qui semble nous promettre une vie nouvelle, nous roulons, écoutant et regardant tout comme un présage, tantôt bon, tantôt mauvais, pleins de pensées qui se heurtent autour d’une idée fixe, prêtant aux choses un sentiment de notre fébrilité et croyant, dans un air d’orgue qui passe, entendre l’ouverture de notre pièce.

1069. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

* * * — Comme témoignage de la toute-puissance de ce Jupiter-Prudhommerie de son temps, le Bertin des Débats, Sainte-Beuve nous apprenait que c’est le seul mortel, non académicien, dont les registres de l’Académie aient mentionné la mort avec regret. […] Une femme qu’on voit dans une fête de Barras et dans un portrait de Pagnest… Boitelle m’apprend que c’est le dos de Mme de P… Une autre. […] Dans la soirée, à la première chandelle qu’elle voit allumée, il faut qu’elle se couche, disant : « Si j’étais riche, j’apprendrais à ne pas dormir le soir !  […] C’est du peuple qui semble avoir appris, tout à l’heure, la victoire d’Austerlitz… Il y a là, le dernier sauvage, sous son diadème de plume, un tapeur de grosse caisse nostalgique, aux paupières lourdes et lassées, exécutant sa musique avec une sorte de suprême indifférence mélancolique.

1070. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Le malheureux Patin oublie tous les jours, au bas de l’escalier, la physiologie que le physiologiste lui a apprise dans son cabinet. […] Et il apprit depuis que son avant-dernier propriétaire, un officier d’artillerie, avait été tué, en le montant. […] * * * — M. de Sacy racontait, ce matin, que lorsqu’on apprit au général Sébastiani l’assassinat de sa fille, Mme de Praslin, le général arrêta celui qui lui apportait la nouvelle, par un : « Ah ! […] Nous apprenons ici la mort de Sainte-Beuve.

1071. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Dimanche 6 mars Rosny parle du curieux pesage qui se fait du calorique, produit dans une cervelle, par l’effort d’un travail, et cite ce fait curieux d’un savant italien, qui se croyait aussi fort en grec qu’en latin, et auquel on a appris, qu’il possédait beaucoup mieux la langue latine, en opposant le poids du calorique qu’avait développé chez lui une traduction grecque, au poids du calorique développé chez le même par une traduction latine. […] Dimanche 13 mars Rosny nous apprend cette chose amusante : c’est que les collectivistes répudient le vol, le repoussent comme une manifestation bourgeoise du sentiment de la propriété. […] Drumont, à dîner, nous apprend qu’il fait des conférences antisémitiques, place Maubert et ailleurs. […] Impossible d’y trouver un chapitre intéressant, une ligne qui nous apprenne quoi que ce soit… ………………………………………………………………………………………… « Voulez-vous devenir auteur ?

1072. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Mais si on leur avait appris que le mort avait son compte chez Rothschild, qu’il était le plus fort actionnaire de la Banque belge, qu’en homme prévoyant, il avait placé ses fonds hors de France, où l’on fait des révolutions et où l’on parle de brûler le Grand livre, et qu’il ne se départit de sa prudence et n’acheta de l’emprunt de cinq milliards pour la libération de sa patrie, que parce que le placement était à six pour cent ; si on leur avait fait entendre que le poète avait amassé cinq millions en vendant des phrases et des mots, qu’il avait été un habile commerçant de lettres, un maître dans l’art de débattre et de dresser un contrat à son avantage, qu’il s’était enrichi en ruinant ses éditeurs, ce qui ne s’était jamais vu ; si on avait ainsi énuméré les titres du mort, certes les honorables représentants de la Cité de Londres, ce cœur commercial des deux mondes, n’auraient pas marchandé leur adhésion à l’importante cérémonie ; ils auraient, au contraire, tenu à honorer le millionnaire qui sut allier la poésie au doit et avoir. […] Baudelaire, cet esprit mal venu dans ce siècle de mercantilisme, ce mal appris qui abominait le commerce, se lamentait de ce que lorsque : Le poète apparaît en ce monde ennuyé, Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes, Crispe ses poings vers Dieu qui la prend en pitié. […] L’oncle et le père de Hugo nourrissaient de nombreux griefs contre l’empereur, qui refusa de confirmer ce dernier dans son grade de général, conféré par Joseph Lahorie, qui pendant sa réclusion de 18 mois aux Feuillantines, apprenait au jeune Victor à « lire Tacite », ne devait pas non plus, lui inculquer l’amour de Bonaparte, contre lequel il conspirait. […] Les Châtiments, l’ouvrage le plus populaire de Victor Hugo, apprit à la jeunesse de l’Empire la haine et le mépris des hommes de l’Empire.

1073. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Il apprit le français sous Brunetto Latini, qui professait en cette langue ; il apprit l’italien vulgaire dans les sonnets et dans les canzone de quelques poètes toscans qui commençaient à régulariser et à polir cet idiome naissant comme pour le préparer à un plus grand qu’eux. […] Ma passion précoce pour l’Italie poétique l’intéressa à moi ; il m’ouvrit le sanctuaire du Dante ; il m’apprit à épeler vers à vers ce grand poème ou cette grande énigme dont il était le sphinx depuis tant d’années. […] Lorsque Dante parcourt les cercles du paradis, écoutant le bruit harmonieux des astres et cherchant des yeux au fond de l’espace la terre imperceptible ; lorsqu’il apprend de son bisaïeul, Caccia-Guida, sa mission périlleuse et son exil, on reconnaît le récit du Songe de Scipion.

1074. (1903) La renaissance classique pp. -

Ces gens de lettres ne savaient rien, n’avaient rien appris. […] Ils ne se doutent pas que le solide bon sens de l’homme du peuple se moque de leur pédantisme, et que vouloir adapter une morale d’emprunt à des gens qui n’en ont cure, c’est apprendre aux petits chiens à courir avec des souliers. […] Au vrai, quand on s’est une fois mis en garde contre leur badauderie descriptive, on reste stupéfié du peu que les naturalistes nous apprennent. […] Jadis tu apprenais à nos pères à ne pas mésuser de la force, à faire de la vie une fête généreuse où chacun est convié.

1075. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Le cardinal de Richelieu, « appliqué à découvrir, nous dit d’Olivet, tout ce qu’il y avait de mérites cachés dans les galetas de Paris », apprit en même temps le nom, les projets, la maladie du jeune historien, et sur-le-champ lui envoya cinq cents écus d’or (d’autres disent deux cents) dans une bourse ornée de ses armes (1640). […] Ce n’est pas en des temps de Fronde qu’il eût appris à les concevoir, et c’est pour avoir, en ses jeunes années, en sa saison de verve et d’entreprise, vu réunies entre les mains de Richelieu les pièces merveilleuses de cet assemblage, c’est pour lui avoir vu reconquérir ce Roussillon aliéné depuis un siècle et demi, et lui avoir vu refaire en tous sens une France, qu’il a su mêler lui-même à son Histoire cet esprit français étendu, cette intelligence d’ensemble qui y subsiste à travers les remarques plus ou moins libres et les réflexions conformes à notre vieux génie populaire.

1076. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne a écrit neuf lettres à la marquise de Coigny ; c’est un bulletin de féerie et d’enchantement, à l’usage de ce monde de Paris et de Versailles, que l’Assemblée des notables travaillait déjà : La flotte de Cléopâtre est partie de Kiovie dès qu’une canonnade générale nous a appris la débâcle du Borysthène. […] Pourtant, quand la guerre éclate, quand la Turquie (elle le pouvait alors) se pique la première, et lorsqu’on apprend que l’ambassadeur russe a été mis aux Sept-Tours, Catherine, rentrée dans sa capitale, reçoit ces événements d’un air moins joyeux qu’elle ne les avait provoqués : elle redevient ce qu’elle était en réalité, une souveraine pour l’histoire bien plus que pour le roman, et ne songe plus qu’à se procurer le moins difficilement quelques résultats possibles et solides.

1077. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Malgré tout, malgré le soin qu’elle mettait à se concilier le peuple de Paris, elle avait peine à réussir ; et lorsqu’on apprit subitement, au milieu des fêtes de la mi-carême (12 mars 1597), qu’Amiens venait d’être surpris par les Espagnols, l’indignation fut grande dans la ville. […] Il accourait de Fontainebleau à toute bride pour voir la malade, lorsque la nouvelle de la mort, qu’il apprit en chemin à Villejuif, le fit retourner à Fontainebleau.

1078. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Non : il connaît trop bien le caractère particulier de ces doutes et de ceux qui les forment, ou plutôt qui les ont appris et qui les répètent tout vulgaires et usés déjà. […] Massillon, dès ce temps-là, montre que, sans avoir vu les Childe-Harold et les René, et tant d’autres illustres dégoûtés à leur suite, il en savait sur leur mal aussi long que personne, et qu’il en avait appris le secret de Job et de Salomon, sinon de lui-même.

1079. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

C’est ainsi qu’en 1388 il profite d’une paix qui venait de se conclure dans le Nord, pour aller dans le Midi à la cour de Gaston Phœbus, comte de Foix et de Béarn : car il sait qu’il trouvera là nombre de guerriers qui lui apprendront les choses d’Espagne, de Portugal et de Gascogne, dont il a affaire. […] Voyez-le courir à Bruges, puis en Zélande, dès qu’il apprend qu’il y a là un chevalier portugais qui pourra lui donner sur les affaires d’Espagne des renseignements, qui seront la contrepartie de ceux qu’il tient déjà des Gascons et des Castillans.

1080. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Elle répondit que son parti était pris, et qu’elle n’avait que faire d’y penser davantage ; et puis elle rentra dans la chambre où était la compagnie pour prendre congé de M. de Lorraine qui, ayant appris de quoi il était question, se mil dans des transports de colère effroyables ; après l’avoir calmé autant qu’elle put, elle donna la main à M.  […] En m’éveillant, il vient se saisir de moi, et me serre le cœur avant que ma raison soit encore éveillée et m’ait appris la cause de ma douleur. » Tout cela est très vrai, d’un accent très senti, et vaut mieux que toutes les railleries du monde qui a commencé par en sourire, et qui a triomphé ensuite quand cette grande résolution n’a pas duré.

1081. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Cependant, ce n’était pas là du temps tout à fait perdu ; car cet exercice m’apprenait à manier ma langue, et à me servir avec aisance d’un instrument dont j’ai eu plus tard grand besoin. Lorsque les affaires sont venues, j’ai eu beaucoup à apprendre ; mais, cette seconde éducation une fois faite, j’ai pu sans effort rendre ma pensée.

1082. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Et en effet, lorsque Buffon âgé de quarante-deux ans publia en 1749 les premiers volumes de son Histoire naturelle, malgré les dix années qu’il avait mises à la préparer, il avait beaucoup à apprendre : il n’était nullement botaniste, il n’était point anatomiste ; il avait contre la méthode et contre toute classification scientifique des préventions qu’il exprime tout d’abord d’un air de bon sens, et qui soulevèrent bien des réclamations fondées. […] Cette absence se prolongeant de la sorte, Linné apprit, non sans étonnement, qu’un perfide ami cherchait à en profiter pour lui enlever le cœur de sa fiancée ; il revint sans trop se presser, à temps encore pour déjouer cette machination anticonjugale, et il retrouva la jeune fille restée fidèle.

1083. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

L’amiral de Coligny, retiré à Châtillon-sur-Loing avec ses frères et autres principaux du parti, hésitait encore : ce vieux capitaine trouvait le passage de ce Rubicon si dangereux qu’il avait résisté un soir par deux fois à toutes les raisons que lui avaient apportées les siens de s’émouvoir et de tirer l’épée, quand il arriva, nous dit d’Aubigné, ce que je veux donner à la postérité non comme un intermède de fables, bienséantes aux poètes seulement, mais comme une histoire que j’ai apprise de ceux qui étaient de la partie. […] Savez-vous aussi les différentes leçons qu’ils apprennent en l’un et en l’autre parti ?

1084. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Interrogé par Voltaire en 1776 sur la valeur de l’opinion énoncée au tome Ier de l’Histoire de l’astronomie, il répondait : « Le rêve de Bailly sur ce peuple ancien qui nous a tout appris, excepté son nom et son existence, me paraît un des plus creux qu’on ait jamais eus ; mais cela est bon à faire des phrases, comme d’autres idées creuses que nous connaissons et qui font dire qu’on est sublime. » D’Alembert aigre, exact et sec, détestait Buffon et n’épargnait point Bailly qu’il considérait alors comme un satellite du grand naturaliste pour les systèmes. […] J’apprenais la nouvelle de la réunion à tous ceux à qui je pouvais parler, et je me rappelle qu’ayant arrêté à Sèvres, où je vis quelques-uns des soldats qui y étaient de poste et au nombre de ces troupes que l’Assemblée voulait repousser au loin, je leur criai la nouvelle de ma voiture : ces soldats étaient des Suisses, et j’aperçus qu’ils ne comprenaient rien à ce que je leur disais.

1085. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Les Romains pouvaient faire cela, ajoute Montluc, mais non pas les chrétiens. » C’est dans cet état qu’on vint apprendre à M. d’Enghien que cette victoire qu’il tenait pour perdue était à lui et aux siens. […] C’est au retour seulement de cette poursuite qu’il apprit à combien peu il avait tenu que la bataille ne se perdît ; il ne s’en était pas douté jusque-là.

1086. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Dès ce moment, monsieur, je vous mis au nombre de trois ou quatre personnes que j’aime et que j’honore sur tout le reste du monde… De telles paroles s’ajoutent bien au peu que nous en apprend l’histoire, pour laisser en nous l’idée de M. de Puylaurens comme n’étant ni un factieux ni un favori vulgaire. […] Mais lorsque, dans deux cents ans, ceux qui viendront après nous liront en notre histoire que le cardinal de Richelieu a démoli La Rochelle et abattu l’hérésie, et que, par un seul traité, comme par un coup de rets, il a pris trente ou quarante de ses villes pour une fois ; lorsqu’ils apprendront que, du temps de son ministère, les Anglais ont été battus et chassés, Pignerol conquis, Casal secouru, toute la Lorraine jointe à cette couronne, la plus grande partie de l’Alsace mise sous notre pouvoir, les Espagnols défaits à Veillane et à Avein, et qu’ils verront que, tant qu’il a présidé à nos affaires, la France n’a pas un voisin sur lequel elle n’ait gagné des places ou des batailles : s’ils ont quelque goutte de sang français dans les veines, quelque amour pour la gloire de leur pays, pourront-ils lire ces choses sans s’affectionner à lui ?

1087. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Quelques vieux papiers retrouvés, et qui souvent, si on les lit bien (mais rien n’est plus difficile que de bien lire, surtout ce qui n’est pas imprimé), n’en apprennent pas plus que ce qui est connu déjà ; quelques documents inédits qui, dans tous les cas, doivent se combiner avec les notions déjà certaines et acquises, sont des prétextes à bouleversement ; on casse les jugements reçus, on refait des réputations à neuf ; chacun embouche des trompettes pour la découverte qu’il veut avoir faite, et, dans l’empressement de réussir, volontiers on accorde tout à son voisin pour qu’en retour il vous accorde tout à vous-même. […] Je plains la plus belle et glorieuse entreprise dont on ait jamais ouï parler… occasion que je ne verrai jamais, pour le moins sous un si grand capitaine, ni avec tant de désir d’y servir et d’y apprendre mon métier… N’est-ce pas à moi un assez grand sujet de plaindre la seule occasion qui m’était jamais arrivée de témoigner à mon roi (mais, ô Dieu, à quel roi !)

1088. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

En vain je me suie tourmentée pour avoir de vos nouvelles ; je ne puis en apprendre. […] Quand il apprit cette mort trop prévue, il entra dans un deuil sombre : « Jamais je ne vis tant d’affliction, dit son lecteur M. de Catt dans des mémoires encore inédits ; volets fermés, un peu de jour éclairant sa chambre, des lectures sérieuses : Bossuet, Oraisons funèbres ; Fléchier, Mascaron ; un volume d’Young, qu’il me demanda. » Il a consacré à sa mémoire une noble page dans son Histoire de la guerre de Sept Ans.

1089. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Le moment n’est pas loin où une jeune dame bien apprise et convenablement sentimentale devra se choisir pour ami de cœur un des beaux officiers suisses de Versailles, et faire au moins une fois le pèlerinage de Zurich pour visiter Gessner. […] Là seulement, disait Bonstetten, j’appris à connaître l’ignorance.

1090. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Destailleur a profité plus amplement des travaux de ses devanciers ; il a complété sa Notice biographique sur La Bruyère, et y a introduit ce qu’avaient appris, dans l’intervalle, les recherches du très habile fureteur, M.  […] Qu’ont appris de nouveau sur lui les actives investigations dont il a été récemment l’objet ?

1091. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

J’apprends que M.  […] On a eu à apprendre à épeler le nom de M. 

1092. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Il arrivait pourtant à Sismondi, dans le beau temps de Coppet, et quand la conversation, à certains jours, était des plus vivement engagées entre Jean de Muller, Benjamin Constant et Schlegel, d’être si fort émerveillé de tout ce qui se disait d’étonnant, qu’il en était comme abasourdi ; c’est Bonstetten qui nous l’apprend, et qui l’en raillait avec bien de la légèreté et de la grâce : « Le bon Sismondi est complètement abasourdi ; il m’avouait hier que tout lui semblait maintenant d’une crasse ignorance ; je dus le consoler. […] c’en est fait de cette société vivifiante, de cette lanterne magique du monde, que j’ai vue s’éclairer là pour la première fois, et où j’ai tant appris de choses !

1093. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

J’apprends avec un plaisir fort vif que ses impressions ont été en tout conformes aux miennes. […] Enfin, une lettre de Mme de Souza à Mme d’Albany, du 26 mai 1814, nous apprend que la réouverture du salon de Mme de Staël à Paris donna dès les premiers jours de l’ombrage : « Mme de Staël est ici, et son salon (ceci entre nous ; ne me répondez même pas là-dessus) est déjà devenu un objet d’inquiétude.

1094. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Saint-Évremond, l’épicurien à l’âme ferme, avait appris à ce jeu où il semble n’être entré que pour mieux voir, à connaître de près le caractère des grands personnages de l’histoire et à deviner, presque en homme pratique, le génie des anciens peuples. […] La Bruyère, déjà plus éloigné, avait pourtant assez appris et oui de ce temps-là pour se dire que rien n’est plus ordinaire que de voir un même homme changer du tout au tout dans sa vie, et en moins de vingt années, sur les points les plus importants et les plus sérieux.

1095. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

C’était l’étude de la nature qui lui avait appris la large méthode ; la nature avait été son livre : « Avec elle, disait-il, nous avons affaire à la vérité infinie, éternelle, et elle rejette aussitôt comme incapable tout homme qui n’observe pas et n’agit pas toujours avec une scrupuleuse pureté. […] Gœthe, à ses débuts, est un homme du xviiie  siècle ; il a vu jouer dans son enfance le Père de Famille de Diderot et les Philosophes de Palissot ; il a lu nos auteurs, il les goûte, et lorsqu’il a opéré son œuvre essentielle qui était d’arracher l’Allemagne à une imitation stérile et de lui apprendre à se bâtir une maison à elle, une maison du Nord, sur ses propres fondements, il aime à revenir de temps en temps à cette littérature d’un siècle qui, après tout, est le sien.

1096. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Mais bientôt, quand Dieu a pris en pitié et en gré les époux et qu’on apprend qu’Anne est enceinte, ces mêmes bergers expriment leur joie et se promettent de grandes réjouissances : Melchi, l’un des bergers. […] Il n’existe rien de cette gradation dans l’esprit de Judas, qui reste dans l’ignorance jusqu’au moment où il apprend tout ; et en ce qui est de Cyborée, la gradation est très-courte et de peu d’intérêt.

1097. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

On apprit bientôt que l’ode n’était pas du célèbre lyrique, mais d’un élève de Saint-Cyr. « N’importe ! […] Si l’on vient sur ces bords pour voir et pour apprendre, Quelle leçon plus haute, à qui saura l’entendre, Que l’aspect saisissant de la double cité, De ce peuple brillant et de ce peuple sombre, Dans la lumière et l’ombre L’un sur l’autre porté !

1098. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Son père, tenant à lui donner une éducation libérale, le mit bien jeune au collège des Jésuites ; mais l’enfant ne voulait pas apprendre. […] « C’était une tâche pénible, a dit Jomini, d’aller à la rencontre de ces vétérans de l’Europe avec une escadre novice et à laquelle il fallait apprendre en voguant les manœuvres nautiques. » On n’avait pas encore aperçu le convoi lorsqu’on rencontra lord Howe ; on résolut par honneur de le combattre.

1099. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Pourtant, je ne crains pas de le dire, chez aucun peut-être des écrivains de ce temps-ci, la faculté impersonnelle, dramatique, narrative, cette qualité que nous avons appris à goûter et à révérer dans Shakspeare, dans Walter Scott, comme dans ses représentants suprêmes, et de laquelle, à l’origine du mouvement romantique, on se promettait ici tant de miracles encore à naître, — nulle part, je le crois, chez nous, cette qualité-là ne s’est produite par des échantillons plus complets et plus purs, plus exempts de faux mélange, que chez l’écrivain réputé si sobre. […]  — En tout, cet ingénieux volume sur la Conjuration de Catilina soulève plus de questions qu’il n’en résout, et il apprend à douter de ce qu’on croyait savoir.

1100. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Né d’un savant ingénieux et d’une Grecque brillante, André quitta très-jeune Byzance, sa patrie ; mais il y rêva souvent dans les délicieuses vallées du Languedoc, où il fut élevé ; et lorsque plus tard, entré au collège de Navarre, il apprit la plus belle des langues, il semblait, comme a dit M.  […] On peut se demander si son libertinage ne s’appuyait pas d’une impiété systématique, et s’il n’avait pas appris de quelque abbé romain l’athéisme, assez en vogue en Italie vers ce temps-là.

1101. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Au dedans, cette œuvre est une image plus ou moins vague, celle d’une ligne élancée, puis épanouie ; au dehors, elle est l’attitude et le geste imitatif du corps ; dans le langage primitif, chez les peuples enfants, à l’origine de la parole, elle est une autre imitation poétique et figurative, dont nous retrouvons çà et là des fragments ; aujourd’hui, elle est un simple mot appris, pure notation, reste desséché du petit drame symbolique et de la mimique vivante par laquelle les premiers inventeurs, véritables artistes, traduisaient leurs impressions. […] Comme tous les chats se ressemblent fort et diffèrent beaucoup de nos autres animaux, nous avons aisément appris leur nom commun et remarqué leurs caractères communs.

1102. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Il dévore toutes sortes de livres, il apprend le grec, malgré les cordeliers. […] Eminemment raisonnable, il compte que l’homme naturellement se conduira selon la raison, que la raison lui apprendra à être bon, à préférer les plaisirs nobles aux basses jouissances, à faire servir la science à l’action, et l’action au bien général.

1103. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Beaumarchais se fâche ; le conseiller apprend l’affaire, essaie de faire mettre le plaignant à la Bastille par lettre de cachet, et, n’y ayant pu réussir, lui intente un procès en tentative de corruption et calomnie. […] Le Barbier surtout est une merveille d’agencement, et l’on y apprendra à construire, à emboîter toutes les parties d’une intrigue, à renoncer aux dénouements postiches.

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