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851. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

Ces Idylles prussiennes, sur lesquelles je veux particulièrement insister, ne sont pas seulement les plus belles poésies du volume, mais elles portent avec elles un caractère de nouveauté si peu attendu et si étonnant, qu’en vérité on peut tout croire de la puissance d’un poète qui, après trente ans de vie poétique de la plus stricte unité, apparaît poète tout à coup dans un tout autre ordre de sentiments et d’idées, — et poète, certainement, comme, jusque-là, il ne l’avait jamais été !

852. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

C’est là que lui apparaît … au moment où, morne, à notre approche.

853. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Jules Sandeau apparaissent, et ils sont les bienvenus !

854. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Toute action qui a un but en dehors d’elle-même, toute action utile ne peut-elle nous apparaître comme belle sous le même rapport ? […] Le beau, au lieu de rester quelque chose d’extérieur à l’être et de semblable à une plante parasite, nous apparaît ainsi comme l’épanouissement de l’être même et la fleur de la vie. […] Bien plus, le « besoin de mystère et d’inconnu » qu’éprouve l’imagination humaine, si on l’analyse jusqu’au bout, apparaît lui-même comme une forme déguisée du désir de connaître. […] Plus d’un philosophe cesserait d’aimer le pays où il est né, et plus d’un poète hésiterait à le chanter si, par impossible, sa conservation leur apparaissait comme nuisible à l’humanité entière. […] Aussi l’amour humain ne lui apparaît-il plus que comme un effet de l’éternelle solidarité qui unit tout dans l’univers et qui joint l’univers à notre âme.

855. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Le roi Joas apparaît sur son trône. « — Lâche ! […] Elle n’apparaît qu’au bout d’une longue file de trinomes inutiles et d’équations superflues, à couvrir tout le tableau noir. […] Dépourvu de vergogne et tout gonflé de vanité, il m’apparaît encore comme un insupportable pédant. […] Tel m’apparaît, dans la pièce de Théodore Barrière, le journaliste idéal d’il y a quarante ans. […] Jorgan laisse les deux hommes aux prises, pendant que Marcelle apparaît au balcon… Gérard tire le premier et blesse Philippe au bras.

856. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Surtout, il apparaît de plus en plus nettement que l’inconnu et le connu ne sont pas séparés par une frontière ou démarcation. […] Joseph, manœuvra si bien que le roi de France apparut comme le protecteur des « libertés germaniques ». […] À chaque instant, il vous apparaît comme un grand esprit et qui a des petitesses. […] Nous les verrons apparaître bientôt, et assez nettes. […] La figure de Napoléon III apparaît, dans L’Empire libéral, sous un jour neuf et qui l’éclaire favorablement.

857. (1923) Nouvelles études et autres figures

Ils apparaissent comme les fragments éclatants et incompréhensibles d’un passé fantastique, et ils rentrent dans les ténèbres avec tout leur mystère. […] Brusquement, à partir du xie  siècle, d’autres légendes apparaissent plus précises, plus complètes, plus systématiques dans la distribution des peines et des récompenses, et révélant une culture plus raffinée. […] Plus haut, des hommes lui apparaissent tout blancs et très beaux, qui exhalent un parfum exquis : ce sont les amis de Dieu, les martyrs et les saints. […] Williams était un poète et un auteur dramatique aussi passionné pour la mer que Shelley lui-même ; et Shelley reconnut dans Jane Williams la dame qui, l’année précédente, lui était apparue en rêve lorsqu’il écrivait son célèbre poème de La Sensitive. […] La Révolution, simplement ; la Révolution durant, laquelle a travaillé l’influence allemande ; la Révolution qui a fait apparaître toute la portée de ce petit livre et qui lui a donné une actualité aussi redoutable que séduisante.

858. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Quelquefois aussi nous dansons avec les jeunes filles de Bizaccio, un des divertissements qui lui fait le plus de plaisir ; mais plus souvent nous restons assis au coin du feu, et nous y revenons souvent sur l’esprit qu’il prétend lui être apparu à Ferrare ; et véritablement il m’en parle de telle sorte que je ne sais trop qu’en dire et qu’en penser. » Pendant cette douce détente de l’âme et de l’adversité du poète, son poème, revu et perfectionné, se multipliait en Italie et en France avec la rapidité surnaturelle d’une œuvre qui correspondait précisément au siècle, aux mœurs, à la religion, aux contrées de l’Europe, dans lesquelles il devenait, en naissant, national. […] C’est l’histoire imaginaire, l’histoire altérée par les fables, l’histoire encadrée dans la poésie, mais enfin l’histoire, c’est-à-dire le récit, conforme aux temps, aux mœurs, aux costumes, aux événements, d’une des grandes races qui ont apparu sur la scène du monde, ou d’un des grands faits qui ont imprimé leur trace profonde sur la terre. […] Leurs ombres n’apparaissent-elles pas quelquefois sous les cèdres et parmi les pins ?

859. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

La nuit suivante, mon père m’apparut en songe ; il me disait avec des larmes pleines de tendresse : Au nom de Dieu, mon fils, entre dans la musique du pape ! […] Pendant la nuit, m’apparut en songe un jeune homme d’une beauté merveilleuse, qui me dit, en ayant l’air de me gronder : Tu sais qui t’a donné la vie, et tu veux la quitter avant le temps. […] Je vis alors que cet ange m’avait dit la vérité ; et ayant jeté les yeux sur des morceaux de brique que j’aiguisai en les frottant l’un contre l’autre, et avec un peu de rouille que je tirai des ferrures de ma porte avec les dents, et dont je fis une espèce d’encre, j’écrivis sur le bord d’une des pages de ma Bible, au moment où la lumière m’apparut, le dialogue suivant entre mon corps et mon âme : Le Corps.

860. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

On croit à chaque instant que l’on va voir apparaître sur la prairie un cerf ou un chevreuil. […] Goethe tourna ses regards vers les nuages, les promena sur la verdure naissante qui, partout autour de nous, des deux côtés du chemin, dans la prairie, dans les buissons, aux haies, commençait à bourgeonner, puis il dit : « Une chaude pluie d’orage, comme cette soirée nous la promet, et nous allons revoir apparaître le printemps dans toute sa splendeur et sa prodigalité !  […] Si les années de guerre, en ne permettant pas à la poésie d’attirer sur elle un grand intérêt, ont été par là pour un instant défavorables aux muses, il s’est cependant, pendant cette époque, formé une foule d’esprits libres, qui maintenant, pendant la paix, se recueillent et font apparaître leurs remarquables talents.

861. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Mais fussent-ils poètes, fussent-ils peintres, fussent-ils même lettrés, même fussent-ils artistes, ils ne sont point des wagnéristes ceux à qui le mythe n’apparaît point en sa signifiance symbolique, et le drame en sa philosophie… Et qu’importe ? […] Inondé d’ineffables promesses et d’ardents effluves, il tombe, délirant, dans les bras des polluantes Nuées qui l’enlacent ; sa personnalité mélodique s’efface sous l’hymne triomphant du Mal — puis la démoniaque tempête de la chair qui rugit, les éclairs sulfureux et les jets phosphoriques qui grondent dans l’orchestre s’apaisent ; l’incomparable éclat de ces grands cuivres qui semblent une transposition des aveuglantes pourpres et des somptueux ors de Delacroix, s’affaissent — et un susurrement d’une ténuité délicieuse, un frôlement presque deviné de sons adorablement bleus et aériennement roses, frissonne dans l’éther nocturne qui déjà s’éclaire. — Puis l’aube apparaît, le ciel hésitant blanchit comme peint avec des sons blancs de harpe, se teint de couleurs encore tâtonnantes qui peu à peu se décident et resplendissent dans le magnifique alléluia, dans la fracassante splendeur des timbales et des cuivres. […] Avec une extrême clairvoyance raisonnée, il note les défauts de la musique contemporaine ; et la musique logique, la musique de l’avenir, lui apparaît bientôt, par la critique même des œuvres actuelles.

862. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

C’est la loi universelle ; s’il est très vrai de dire que les idées font le tour du monde, et qu’elles aillent, de peuple en peuple et de siècle en siècle, cherchant leur vie jusqu’au jour où elles revêtent définitivement la forme lumineuse qui les fait éternelles, un temps arrive, beaucoup plus rapide, où dans un certain lointain, favorable à la poésie autant qu’à la réalité, les choses humaines vous apparaissent sous un jour tout nouveau. […] La retraite et la mort de Mademoiselle Mars Ainsi il entrait dans le plan de ce tome II, consacré à la comédie et à toutes sortes d’essais dont le théâtre est le prétexte, que mademoiselle Mars régnât en chef et sans partage, dans ces pages où son souvenir apparaît, à chaque ligne, avec la grâce et le charme que nous trouvons encore à contempler quelqu’un de ces frais pastels du siècle passé, à demi effacés par le soleil des printemps envolés ! […] En ce moment elle m’apparaît comme cette loi suprême dont il est parlé dans un dialogue de Cicéron ; écoutez !

863. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

C’est comme une sainte du moyen-âge qui nous apparaît, une sainte du Nord, du treizième siècle, une sainte Élisabeth de Hongrie, ou encore quelque sœur du Grand-Maître des Chevaliers porteglaive, qui, du fond de sa Livonie, attirée sur le Rhin, et longtemps mêlée aux délices des cours, ayant aimé et inspiré les illustres minnesinger du temps, ayant fait elle-même quelque roman en vers comme un poëte de la Wartbourg, ou plutôt ayant voulu imiter notre Chrestien de Troyes ou quelque autre fameux trouvère en rime française, en cette langue la plus délitable d’alors, serait enfin revenue à Dieu, à la pénitence, aurait désavoué toutes les illusions et les flatteries qui l’entouraient, aurait prêché Thibaut, aurait consolé des calomnies et sanctifié Blanche, serait entrée dans un Ordre qu’elle aurait subi, qu’elle aurait réformé, et, autre sainte Claire, à la suite d’un saint François d’Assises, aurait remué comme lui des foules, et parlé dans le désert aux petits oiseaux. […] En ces moments de craquement universel, il arrive, j’imagine, que l’idéal, qui est derrière ce monde terrestre, se révèle, apparaît rapidement à quelques yeux, et l’on croit qu’il va s’introduire : mais la fente se referme aussitôt, et l’œil qui avait vu profondément et juste un instant, en continuant de croire aux rayons disparus, s’abuse et n’est plus rempli que de sa propre lumière.

864. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Une grande timidité, beaucoup de réserve, une sorte de sauvagerie ; une douceur habituelle qu’interrompait parfois quelque chose de nerveux, de pétulant, de fugitif ; le commerce très-agréable et assez prompt, l’intimité très-difficile et jamais absolue ; une répugnance marquée à vous entretenir de lui-même, de sa propre vie, de ses propres sensations, à remonter en causant et à se complaire familièrement dans ses souvenirs, comme si, lui, il n’avait pas de souvenirs, comme s’il n’avait jamais été apprivoisé au sein de la famille, comme s’il n’y avait rien eu d’aimé et de choyé, de doré et de fleuri dans son enfance ; une ardeur inquiète, déjà fatiguée, se manifestant par du mouvement plutôt que par des rayons ; l’instinct voyageur à un haut degré ; l’humeur libre, franche, indépendante, élancée, un peu fauve, comme qui dirait d’un chamois ou d’un oiseau73 ; mais avec cela un cœur d’homme ouvert à l’attendrissement et capable au besoin de stoïcisme : un front pudique comme celui d’une jeune fille, et d’abord rougissant aisément ; l’adoration du beau, de l’honnête ; l’indignation généreuse contre le mal ; sa narine s’enflant alors et sa lèvre se relevant, pleine de dédain ; puis un coup d’œil rapide et sûr, une parole droite et concise, un nerf philosophique très-perfectionné : tel nous apparaît Farcy au sortir de l’École normale ; il avait donc, du sein de sa vie monotone, beaucoup senti déjà et beaucoup vu ; il s’était donné à lui-même, à côté de l’éducation classique qu’il avait reçue, une éducation morale plus intérieure et toute solitaire. […] Son stoïcisme se serait réfugié encore plus avant dans la contemplation silencieuse des choses ; la réalité pratique, indigne de le passionner, ne lui apparaîtrait de jour en jour davantage que sous le côté médiocre des intérêts et du bien-être ; il s’y accommoderait en sage, avec modération ; mais cela seul est déjà trop : la tiédeur s’ensuit à la longue ; fatigué d’enthousiasme, une sorte d’ironie involontaire, comme chez beaucoup d’esprits supérieurs, l’aurait peut-être gagné avec l’âge : il a mieux fait de bien mourir ! 

865. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Au retour, un autre homme apparut ; la nature, Les amis revenus, les haltes ici, là, La paix du soir avaient apaisé sa torture. […] » …………………………………………………………… …………………………………………………………… …………………………………………………………… …………………………………………………………… Un jour la parabole apparaîtra plus grande, Au fond du clair-obscur doré d’une légende, Des souvenirs confus dans le cœur des petits, Comme au fond des ravins de bleus myosotis.

866. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Que Moïse, Isaïe, apparaisse en nos champs, Les peuples qu’ils viendront juger, punir, absoudre, Dans leurs yeux pleins d’éclairs méconnaîtront la foudre         Qui tonne en éclats dans leurs chants. […] VI Telle est la majesté de tes concerts suprêmes, Que tu sembles savoir comment les anges mêmes Sur les harpes du ciel laissent errer leurs doigts : On dirait que Dieu même, inspirant ton audace, Parfois dans le désert t’apparaît face à face,         Et qu’il te parle avec la voix !

867. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

C’est une doctrine mauvaise, et qu’il importe de combattre du plus loin qu’elle apparaît dans la critique française. […] On blâmait Ronsard D’apparaître trop haut au simple populaire.

868. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Après l’éclat des premiers ouvrages de Chateaubriand, apparaissent des talents plus grands que les œuvres, Mme de Staël, de Bonald, Lamennais, Joseph de Maistre. […] Cuvier comparait ces vers, apparus pour la première fois vers 1820, à un chant qu’entendrait tout à coup un promeneur solitaire et qui répondrait à ses secrets sentiments.

869. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Ambroise Thomas ; mais pour nous l’œuvre de Richard Wagner domine excellemment ; elle apparaît vivante, grande, forte, née pour régner : c’est bien l’œuvre d’art complète, qui n’est ni poésie, ni musique, ni plastique, mais qui, étant tout cela ensemble, est le drame. […] Depuis que le maître est couché pour les siècles sous sa pierre de Wahnfried, la place immense qu’il tenait parmi nous apparaît davantage ; sa gloire monte comme un soleil, éblouissante et féconde, et l’oiseau mystérieux dont Siegfried entendit la voix dans la forêt chante incessamment au-dessus des lauriers de sa tombe.

870. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Alors retentit dans l’orchestre l’appel désespéré qui a traversé toute l’ouverture, et, au milieu de la tempête renouvelés, apparaît un navire, aux voiles couleur de sang, qui jette l’ancre avec un bruit formidable. […] » Alors s’abîme au loin dans la mer le vaisseau du damné, et bientôt on voit apparaître dans les nues Senta et le Hollandais, couple transfiguré et glorieux, tandis que se déroule, plus éclatante, dans l’orchestre, la mélodie angélique du salut !

871. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Là vivent, d’une équivoque existence, les êtres dont la destinée d’honneur est perdue : femmes sans mari, grandes dames déchues, aventurières travesties, gentilshommes d’industrie, joueurs tarés, viveurs frauduleux, tout cela végète, fleurit, brille, s’éteint, monte, descend, apparaît et disparaît au hasard, les uns ressaisis par l’abîme de la chute ou de la misère, les autres parvenant à regagner la terre ferme, sinon les hauteurs. […] Les plus belles, les plus exquises, celles qui font les délices des princes de la jeunesse et de la fortune, ont souvent traversé des mondes d’amours obscurs avant d’apparaître et de parvenir, comme les diamants illustres qui, de la main du mendiant indien ou du nègre qui les déterre, passent par des milliers de trocs et d’achats subalternes, avant d’arriver à la couronne des rois ou à l’aigrette des sultans.

872. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Quelques années encore et l’universalité, la nécessité des rapports qu’elle exprime, leur interdépendance, apparaissaient comme les caractères de la vérité scientifique et la différenciaient de la vérité historique. […] La science, dans la pensée de Renan, n’apparaît-elle pas comme destinée à « remplacer » la religion ?

873. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Le ton solennel y domine trop ; il y a trop de mélancolies d’étalage pour qu’on ne croie pas à quelque modulation de vengeance dans tout cela, mais, quant au droit, le droit n’apparaît dans cette fumée de larmes que sous la forme d’un cauchemar, et à travers l’indécision d’un ménagement. […] Il les a bien ramassés, il les a bien ouverts tout grands, ces fruits cruels, ces fruits funestes, pour qu’on vît mieux l’immonde poussière qui emplit la bouche qui y mord… C’est là le mérite de ce livre d’une immoralité inconsciente, ou Dieu elle devoir n’apparaissent une seule fois dans la pensée de personne, et qui, par là, n’est plus qu’un daguerréotype, l’exact daguerréotype, peut-être, de la triste société de l’auteur, Maîtrisé par son sujet beaucoup plus qu’il ne le maîtrise, l’auteur de Fanny a de la force et beaucoup de talent quand il est dans son sujet, mais il n’en a point quand il faudrait être au-dessus.

874. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

. — Il faut l’avoir vue, me dit-on, au milieu de cette enfance, partout ailleurs aimable, ici disgraciée, qui n’a que des laideurs et des misères à offrir : elle apparaît et console. — Sa maison est une sorte de ministère des grâces.

875. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

… », ce son matinal du cor, et qu’on mette en regard cet admirable et affligeant sonnet final, toute la carrière poétique d’Alfred de Musset m’apparaît comprise entre deux : gloire et pardon !

876. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Bertrand : il parcourut la ligne des grand’gardes ; l’horizon, vers la forêt de Soignes, « apparaissait comme un incendie. » C’étaient les Anglais qui se séchaient, à leurs feux de bivouac, car le bois ne leur manquait pas.

877. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

« Et les savants se troubleront dans leur science, elle leur apparaîtra comme un petit point noir quand se lèvera le soleil des intelligences. 

878. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

pour revenir m’apparaître si belles, Quand vous ne pouvez plus me prendre sur vos ailes, Que vous ai-je donc fait ?

879. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Le sot lieutenant frivole n’a, durant toutes les conversations où il apparaît, qu’une seule parole à la bouche, la Clélie.

880. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Cousin de cette philosophie première, mais on sent qu’elle a des ailes. » Elle en eut en effet dès sa naissance ; dans ce premier Discours d’ouverture du 7 décembre 1815, où Reid très-amplifié apparaît comme un grand régénérateur et comme celui qui est venu mettre fin au règne de Descartes, dans ce Discours où éclatent à tout instant une parole et un souffle plus larges que la méthode même qui y est proclamée, on croit entendre encore les applaudissements qui durent saluer cette péroraison pathétique par laquelle, au lendemain des Cent-Jours et avant l’expiration de cette brûlante année, le métaphysicien ému se laissait aller à adjurer la jeunesse d’alors : « C’est à ceux de vous dont l’âge se rapproche du mien que j’ose m’adresser en ce moment ; à vous qui formerez la génération qui s’avance ; à vous l’unique soutien, la dernière espérance de notre cher et malheureux pays.

881. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Quelle est la limite de l’une à l’autre, et pourquoi dans certains cas de désordre la confusion des deux vies apparaît-elle par les signes les plus étranges ?

882. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

En France, le mouvement de la société et l’importance réelle des choses apparaissent de plus en plus en dehors des cadres constitutionnels qu’on a tracés si à l’étroit.

883. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Placés entre les Tatars et les Turcs qu’ils abhorrent comme païens, et les Polonais presque aussi détestés d’eux à titre de catholiques, les Zaporogues, fidèles à la pure religion grecque, apparaissent comme une tribu et une république de chevaliers grossiers et indomptables, en croisade perpétuelle, campés dans leurs steppes, et prêts à se lever au moindre signal.

884. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Le grand lustre qui flamboie à Paris n’apparaît là-bas que comme une chandelle ; toutes les lumières amoncelées au centre laissent le reste dans un demi-jour.

885. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Tous ces objets tenaient du prodige : l’enfant courut vers un des pigeons et regarda bovine en souriant ; le pigeon secoua ses ailes et brilla au soleil au travers d’une fine poussière de neige, et un parfum de pain chaud se répandit par la fenêtre où apparurent les saïkis.

886. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Brunetière y fait apparaître une plus ou moins forte perturbation de l’évolution du genre ; il y a eu addition d’éléments imprévus ou réorganisation des éléments connus, élévation soudaine d’intensité ou création spontanée de beauté, et dans tous ces phénomènes s’est révélée l’originalité individuelle, que l’on atteint alors par leur exacte description.

887. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Wolff vous sera profondément indifférente et que, ainsi prévenu, la vanité de beaucoup d’autres choses vous apparaîtra très clairement.

888. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Ils parlent sans doute avec élégance : mais, en somme, ils ont peu d’idées ; ce ne sont point des critiques ; leur culture philosophique est médiocre, et nulle part il n’apparaît qu’ils aient lu Darwin, Stendhal, Hartmann et Anatole France… Bref, la dualité de Jacques Dechartre me déconcerte.

889. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

» Tel est le singulier travestissement sous lequel apparut d’abord parmi nous le fameux Convié de pierre, qui devait si merveilleusement inspirer le drame, la poésie et la musique.

890. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Telle m’apparaît, Monsieur, la morale à déduire de l’histoire littéraire do nos trois derniers siècles.

891. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Elle n’apparaît dans les théories morales que comme les statues du Bouddha dans les temples chinois.

892. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Quand il fut mort, la forme sous laquelle il apparaissait au pieux souvenir de ses disciples était celle de président d’un banquet mystique, tenant le pain, le bénissant, le rompant et le présentant aux assistants 860.

893. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Il avait l’air d’abord de ne vouloir donner que des textes plus corrects, quelques lettres ou papiers retrouvés au fond des bibliothèques, et voilà qu’il a fait apparaître, dans toute leur hauteur, de grandes figures, ou qu’il a ranimé avec feu des physionomies charmantes.

894. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

On est long à venir ouvrir ; à la fin, un domestique apparaît et nous conduit à un petit atelier dans le jardin, éclairé par le haut et tout souriant.

895. (1902) L’humanisme. Figaro

Vous le proclamez jeune et hardi, il m’apparaît très racorni, très timide.

896. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Tel d’entre nous qui se refuse encore à comprendre les bonnes pages de Zola, si admiré en Russie et relativement si classique dans les grandes lignes, goûtera sans résistance le naturalisme désordonnée sauvage des Tolstoï et des Dostoiewsky ; au contraire, ces crudités et ces violences lui apparaîtront comme le ragoût naturel de l’« exotisme ».

897. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

De là cette parole : Délivrance, qui apparaît au-dessus de tout dans la lumière, comme si elle était écrite au front même de l’idéal.

898. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Tels sont donc les deux aspects sous lesquels nous apparaît la théorie classique ; tels sont les principes qui guideront notre critique dans la discussion qui va suivre.

899. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Et cependant, pour que la nature nous apparaisse dans son entière vérité, son élément poétique doit nécessairement être reproduit.

900. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Je voyais les révolutions successives des empires ; les âges de l’esprit humain m’apparaissaient ; j’assistais, en quelque sorte, à ces grandes crises qui viennent, de loin en loin, saisir toutes les nations à la fois.

901. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Elle l’a faussée en elle, mais elle ne la point supprimée…, et dans sa théorie, prétentieuse de cerveau, apparaît encore cette mamelle de la femme que les odieuses Amazones du bas-bleuisme contemporain se coupent, pour mieux combattre contre nous !

902. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Les autres, moins persuadés que le Céleste Empire soit céleste, ont fait du peuple-phénomène qui l’habite une nation de la date de beaucoup d’autres dans la chronologie asiatique, malgré ses prétentions exorbitantes à l’antiquité ; ni plus grand, ni plus fier, ni plus sage que tous les idolâtres de la terre, que toutes les races tombées et dispersées aux quatre vents de la colère de Dieu, abominablement corrompu, — ce qui lui donne ce petit air vieux qui nous fait croire à sa vieillesse, car la corruption vieillit le multiple visage des peuples comme la chétive figure de l’homme, — laid jusqu’à la plus bouffonne laideur, et, si l’on s’en rapporte aux œuvres qui sortent des mains patientes et industrieuses de ce peuple stationnaire, encagé dans son immuable empire du Milieu, ces œuvres de prisonnier qui s’ennuie et qui apparaissent comme des prodiges à notre fougue occidentale, ayant l’intérieur de la tête aussi étrangement dessiné que le dehors, le cerveau conformé comme l’angle facial !

903. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Il n’apparaît pas à l’état lucide.

904. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

A côté de celle-là, toutes les autres civilisations disparaissent, ou plutôt elles apparaissent toutes, et même celles que les esprits comme Faliés estiment les plus grandes, comme des Barbaries plus ou moins glorieuses, plus ou moins savantes, plus ou moins artistes, mais, au fond, sous cette fleur de gloire, de science ou d’art, d’épouvantables Barbaries.

905. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Elles ressemblent aux enfants, dont la supériorité réelle apparaît moins à la classe qu’aux récréations.

906. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Sans doute, quand il en est aux premières pages de son histoire, ou plus tard, quand il touche à cette phase historique où le génie, désintéressé de tout ce qui n’est pas l’effet esthétique, apparaît dans sa plus pure splendeur, sous Élisabeth, par exemple, — car le despotisme des rois n’a jamais empêché le génie de croître et il l’a quelquefois fait fleurir, — Odysse Barot ne peut point ne pas signaler les beautés des œuvres qu’il rencontre, surtout quand ces œuvres sont celles d’hommes comme Chaucer, Marlowe, Shakespeare, Et il les signale, et je crois même qu’il les sent avec énergie ; mais l’intérêt supérieur pour lui n’est pas là.

907. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Dans ses Études sur le Combat, le colonel Ardant du Picq nous apparaît comme un esprit doué tout à la fois de réflexion et d’initiative, et, tour à tour, comme un historien, et, en matière de science et d’art militaire, comme un homme d’idées et un réformateur.

908. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Il y a un mot heureux de Guizot, et que je souligne parce que Guizot, que je voudrais entraîner, ne se permet guère l’imagination : « Comme un fanal, dans la nuit, brille au milieu des airs sans laisser apercevoir ce qui le soutient, même l’esprit de Shakespeare nous apparaît dans ses œuvres, isolé de sa personne. » Mais c’est justement à cause de la difficulté de saisir la vie de Shakespeare, d’empoigner le pied du fanal caché sous sa lumière, que la pensée la veut, cette vie, et qu’elle s’y obstine.

909. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Si, comme on devait naturellement le croire d’après son titre, ce livre sur les femmes d’Amérique n’avait été que de l’observation consciencieuse et exacte, nous n’avons jamais assez aimé, dans les lointains où elle nous apparaît, la société américaine, pour nous irriter contre un daguerréotype impassible et cruel, qui nous montre les femmes de New-York ou de Philadelphie dans leur effroyable réalité.

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