Cela ne fait pas le même effet sur vous, parce que ceci n’est rien, dénué des circonstances et du détail de la chose… « Vous dire mes bons mots, mes apostrophes, mes invectives, ce serait vouloir arranger les combinaisons des atomes. » (Lettres de Piron.) […] Piron, à qui tout sujet était bon, vécut d’abord là-dessus et broda le thème en cent et une façons qui pourront paraître des plus plaisantes en effet, pour peu que l’on se prête à la circonstance et que l’on consente à entrer dans le jeu. […] Malgré cette petite guerre, il paraît que Piron voyait Des Fontaines, qu’il le visitait même, et l’on raconte qu’à cette occasion il trouva moyen, en contrefaisant le bonhomme, d’amener l’abbé à écrire sous sa dictée la sanglante épigramme dirigée contre lui ; ce fut un vrai tour d’adresse ; les circonstances nous échappent : il est permis d’y suppléer.
Les particularités et les circonstances extérieures de la première moitié de sa vie n’ont été bien démêlées que dans ces derniers temps. […] Malherbe est monarchique ; il est par nature homme d’ordre et d’autorité ; il est d’avis qu’il faut laisser les affaires d’État à ceux qui y sont commis ; et ce n’est pas seulement dans une Épître dédicatoire qu’il disait : « Pour moi qui ai toujours gardé cette discrétion de me taire de la conduite d’un vaisseau où je n’ai autre qualité que de simple passager, le meilleur avis que je puisse donner à ceux qui n’y sont que ce que je suis, c’est de s’en rapporter aux mariniers et se représenter que la voie ordinaire que tiennent les factieux pour exciter les peuples à mal obéir, c’est de leur faire entendre qu’ils ne sont pas bien commandés. » Il pensait et s’exprimait ainsi en toute circonstance. […] L’honnête conseiller avait cru devoir prendre, à cette occasion, un visage de circonstance, « pour un deuil, disait-il, qui regardait tous les gens de bien »
Dans quelle circonstance et à quelle occasion ? […] Sans pédanterie, connaissant le monde, ne le haïssant point, et sachant pardonner suivant les circonstances, vous sûtes mes fautes sans me mésestimer. […] Mignet de vouloir bien la faire vérifier encore d’après les dépêches, et j’ai reçu la réponse suivante, qui confirme pleinement nos premières conjectures et y apporte l’appui de plusieurs circonstances très-importantes.
Il y aboutit, il le brise, il se passe de lui, selon les circonstances ; mais, quoi qu’il fasse, il le traite en inférieur ; il ne lui reconnaît de sainteté que celle qu’il lui donne, et le juge impie s’il s’en trouve exclu. […] Il les a considérées comme des forces, et, jugeant que la force est belle, il les a soutenues de leurs causes, entourées de leurs circonstances, développées dans leurs effets, poussées à l’extrême, et agrandies jusqu’à en faire des monstres sublimes, plus systématiques et plus vrais que la vérité. […] Vous ne pouvez que changer les circonstances où il se trouve ; vous ne le changez pas lui-même ; il reste immobile, et, à tous les chocs qui le frappent, il rend le même son.
Elle ne survit pas à la circonstance ou à la passion qui la fait naître, à l’orateur qui la profère, au peuple qui l’écoute, ou plutôt elle n’y survit qu’à condition que l’orateur soit en même temps un écrivain accompli, tel que Démosthène, Eschine, Cicéron, Bossuet, Chatham, Sheridan, Mirabeau, Vergniaud, hommes qui, en parlant au jour, gravent pour l’éternité. […] Sa situation était très embarrassée et donne une apparence d’inconséquence à ce discours aux yeux de ceux qui ne connaissent pas parfaitement la circonstance. […] Ni les prières, ni les circonstances politiques, ni les difficultés, ni le temps, ne peuvent nous dispenser de la reconnaissance ; ses droits sont imprescriptibles.
En de telles circonstances, leur vitesse de vol peut souvent être de trente-cinq milles à l’heure ; et quelques auteurs l’estiment à plus encore. […] Il est certain que les phénomènes de convergence des caractères doivent se présenter plus rarement que les phénomènes contraires de divergence, parce qu’ils exigent un concours de circonstances plus compliqué, et sans nul doute moins fréquent ; mais ils peuvent servir à expliquer les quelques exceptions que l’on peut signaler à la grande loi de distribution géographique, selon laquelle les barrières naturelles tendent à diviser plus ou moins profondément les types de l’organisation. […] Cependant, il faut avouer que, grâce aux relations complexes d’organisme à organisme, cette équivalence des circonstances locales doit être extrêmement rare.
Voilà les circonstances physiques qui, dès l’origine, ont été propices à l’éveil de l’esprit. […] Un village tout entier, parèdre en tête, interroge et écoute curieusement des voyageurs. « Ce qui est le plus remarquable, c’est l’application infatigable des écoliers, petits ou grands ; des domestiques trouvent le loisir, tout en faisant leur service, de passer leurs examens d’avocats ou de médecins. « On rencontre à Athènes toutes les espèces d’étudiants, excepté l’étudiant qui n’étudie pas. » A cet égard nulle race n’a été si bien dotée par la nature, et il semble que toutes les circonstances se soient assemblées pour délier leur intelligence et aiguiser leurs facultés. […] Vingt circonstances du sol et du climat se réunissent pour l’achever. […] Certainement le spectacle était beau lorsque ces grands jeunes gens, les plus forts et les mieux faits de la Grèce, avec leurs cheveux longs et soigneusement rattachés au sommet de la tête, avec leur tunique rouge., leurs larges boucliers polis, leurs gestes de héros et d’athlètes, venaient chanter des vers comme ceux-ci : « Combattons avec courage pour cette terre notre sol, — et mourons pour nos enfans sans épargner nos âmes. — Et vous, jeunes gens, combattez ferme l’un à côté de Fautive ; — que nul de vous ne donne l’exemple de la fuite honteuse ni de la peur, — mais plutôt, faites-vous un grand et vaillant cœur dans votre poitrine… — Pour les anciens, les vieillards dont les genoux ne sont plus agiles, — ne les abandonnez pas, ne fuyez pas, — car il est honteux de voir tomber au premier rang, devant les jeunes gens, — un homme vieux qui a déjà la tête et la barbe blanches ; — il est honteux de le voir gisant, exhalant dans la poussière sa vaillante âme — et serrant de ses mains sa plaie sanglante sur sa peau nue. — Au contraire, tout convient aux jeunes — quand ils ont la fleur éclatante de l’adolescence. — Admirés par les hommes, aimés par les femmes, — ils sont encore beaux s’ils tombent au premier rang… — Ce qui est laid à voir, c’est un homme gisant dans la poussière, — percé par derrière, le dos traversé par la pointe d’une lance. — Que chaque homme après l’élan reste ferme, — fixé au sol par ses deux pieds, mordant sa lèvre avec ses dents — les cuisses, les jambes, les épaules au-dessous, la poitrine jusqu’au ventre, tout le corps, — couvert par son large bouclier ; — qu’il combatte pied contre pied, bouclier contre bouclier, — casque contre casque, aigrette contre aigrette, — poitrine contre poitrine, tout proche, — et que de tout près, corps à corps, frappant de sa longue pique ou de son épée, — il perce et tue un ennemi. » Il y avait des chants semblables pour toutes les circonstances de la vie militaire, entre autres des anapestes pour aller à l’attaque au son des flûtes. […] De plus, la loi fixe l’âge des mariages et choisit le moment et les circonstances les plus favorables pour bien engendrer.
Cette circonstance singulière lia bientôt ces deux esprits éminents, beaucoup plus que le rapport assez inégal des âges et même le désaccord des opinions ne l’eussent probablement permis sans cela. […] Celle qui, à vingt-cinq ans, avait débuté par se faire personne d’un certain âge ou même douairière du Marais, entre non moins exactement, à mesure qu’elle vieillit, dans les divers personnages de ce petit monde de dix à quatorze ans, en y apportant une morale saine, la morale évangélique, éternelle, qui s’y proportionne sans s’y rapetisser. « Son idée favorite, son idée chérie, est-il dit dans la préface d’une Famille, c’était que la même éducation morale peut et doit s’appliquer à toutes les conditions ; que, sous l’empire des circonstances extérieures les plus diverses, dans la mauvaise et dans la bonne fortune, au sein d’une destinée petite ou grande, monotone ou agitée, l’homme peut atteindre, l’enfant peut être amené à un développement intérieur à peu près semblable, à la même rectitude, la même délicatesse, la même élévation dans les sentiments et dans les pensées ; que l’âme humaine enfin porte en elle de quoi suffire à toutes les chances, à toutes les combinaisons de la condition humaine, et qu’il ne s’agit que de lui révéler le secret de ses forces et de lui en enseigner l’emploi. » Comment Mme Guizot, de raison un peu ironique, d’habitudes d’esprit un peu dédaigneuses qu’elle était, se trouva-t-elle conduite si vite et si directement à cette idée plénière de véritable démocratie humaine ?
Voyez comme cet instinct de politique, par antipathie de nation, se trahit régulièrement à chaque circonstance dans la diplomatie, même amicale, de l’Angleterre envers nous ! […] Monarque d’une si riche péninsule, chef courageux d’une si imposante armée, présent par l’ubiquité du nom de roi d’Italie dans mes cinq ou six capitales, maître de mille lieues de côtes couvertes de ports militaires sur la Méditerranée, pouvant à mon gré les ouvrir ou les fermer aux escadres ou aux débarquements de l’Angleterre, je veux faire compter l’Autriche et au besoin la France avec moi ; c’est un terrible poids à placer ou à déplacer dans la balance du continent que trente millions d’âmes, cinq cent mille hommes, l’alliance nécessaire de l’Angleterre et un drapeau qui sera, à mon gré, selon les circonstances, celui de la monarchie absolue, celui de la dictature soldatesque, ou celui de la révolution !
XXXIV La philosophie est absolue, la politique est relative : république, fédération, aristocratie, théocratie, démocratie, oligarchie, monarchie, dictature, tyrannie même, tout cela est bien ou mal selon les circonstances, les convenances, les nécessités du peuple, qui adopte ou qui répudie tour à tour ces formes bien ou mal appropriées à l’usage que le peuple veut en faire. […] Si Platon avait eu à lui donner un gouvernement, il aurait dû lui donner le gouvernement des circonstances, la constitution de l’à-propos, un costume aussi varié et aussi souple que l’air élastique qui l’environne, un manteau de pourpre sans forme et sans couture comme celui dont se vêtaient les Arabes, ces Français d’Asie, se pliant à toutes les saisons et à toutes les attitudes pour le jour et pour la nuit, pour la paix et pour la guerre, pour l’autorité ou pour la liberté, devant elle-même et devant l’ennemi.
Vie de Pascal S’il est inutile pour comprendre le théâtre de Corneille d’étudier les circonstances de sa vie, la biographie de Pascal est inséparable de son œuvre ; il n’y a pas d’écrivains qui soit plus engagé dans ses livres de toute sa personne et de toutes les parties de son humanité. […] Par là ce pamphlet est demeuré un des livres que lira toujours quiconque, chrétien ou non, cherchera sa règle de vie : il a réalisé cette loi des grandes œuvres d’art, de dépasser les circonstances contingentes qui lui ont donné l’être, et de revêtir un intérêt absolu, universel.
L’un est la suite de l’autre ; tous deux se réunissent en certaines circonstances ; la congrégation qui fournit les maîtres est la même. […] Une circonstance rendait de telles créations faciles et sans danger pour l’État, c’est qu’elles n’avaient pas de professorat intérieur.
Et une nouvelle peinture fut essayée, rendue possible par de naturelles circonstances. […] Une autre circonstance que vos lecteurs ne doivent pas oublier, c’est que l’Angleterre, qui jusqu’à Cromwell avait eu une magnifique école nationale de musique, n’en a possédé aucune trace depuis la restauration de Charles II.
Monsieur le Rédacteur, j’ai l’honneur de vous informer et je vous prie d’annoncer que, dans les circonstances actuelles, j’ai décidé l’ajournement de la représentation de Lohengrin. […] Je n’ai pas voulu, en de pareilles circonstances, laisser aux adversaires de mon œuvre l’occasion de faire du bruit ; on aurait pu compromettre aussi les négociations du gouvernement et compliquer les difficultés de notre pays.
Il est inutile de rendre compte des circonstances qui l'ont démasqué aux yeux de celui qui s'est laissé surprendre par des artifices. […] De là vient qu'on ne le trouve jamais le même, qu'il a changé de façon de penser selon les circonstances, que le pour & le contre se débattent dans la Collection de ses Œuvres, qu'il détruit & qu'il édifie, qu'il décide & qu'il rétracte, & qu'après avoir passé par toutes les nuances, il finit par être sans couleur & sans forme déterminée.
Il faut certaines circonstances exceptionnelles pour que l’instinct se libère des contingences, circonstances qui dépendent des événements et qui rapportent tout à coup l’état sauvage.
» Mais ce qui pouvait me faire douter, c’est que ce mot, dont je faisais une espérance, ne s’appliquait qu’à la manière générale de procéder de l’esprit humain dans toutes les circonstances de la vie, et non au cas particulier d’une vérité surnaturelle en qui l’auteur des Guise, probablement, ne croyait point ; car, s’il y avait cru, son histoire, qui a des beautés incontestables, aurait la beauté contestée, qui est la beauté suprême dans le monde où la Vérité, cette beauté des beautés, a toujours été crucifiée, — mais pour ressusciter ! […] Par exemple, il a mieux vu que personne, jusqu’ici, dans la confusion des événements, la grandeur de Catherine de Médicis, pour laquelle il a fait ce qu’Urbain Legeay — cet historien d’initiative dont le livre nous frappa tant quand il parut — a fait récemment pour Louis XI1, ce Louis XI que Catherine de Médicis a continué, mais dans des circonstances encore plus grandes et plus funestes.
Parlant de l’évêque politique en Bossuet, et des considérations de cabinet qui influèrent si fort sur sa conduite, sur ses discours officiels en toute circonstance, cet homme d’esprit disait il y a plus de trente ans : « Après tout, c’est un conseiller d’État. » Tout récemment, et se reportant à ce trésor de beaux lieux communs qui sont le fonds inépuisable de son éloquence, il l’appelait encore « le sublime orateur des idées communes ».
Entre tant de poëmes de circonstance, où le faste des mots et des ornements cachait mal la disette de l’inspiration, les Oiseaux du Sacre se distinguaient par leur originalité naïve, touchante, convenable à une délicatesse de femme, d’une femme qui savait aussi faire entendre des accents de liberté.
Quand je dis que c’est un plaisir, je vais bien pourtant un peu loin : c’en serait un certainement dans toute autre circonstance, mais dans celle-ci, nous pouvons en faire l’aveu, la satisfaction de démontrer clairement son bon droit se trouve très-mélangée par l’affliction que tout esprit vraiment littéraire éprouve à voir de telles scènes dégradantes et les noms connus du public qui y figurent.
Aussi, en les abordant, en écoutant cette grande voix du passé par la bouche du chantre que la Muse s’est choisi, on n’a à gagner en toute sécurité qu’un je ne sais quoi de grandeur morale, une impulsion élevée de sentiments et de langage, un accès de retour vers le culte de ces pensées trop désertées qui restaurent et honorent l’humaine nature : c’est là, après tout, et la part faite aux circonstances éphémères, ce qu’il convient d’extraire des œuvres durables, et l’âme vivante qu’il y faut respirer.
Dire qu’une nouvelle religion est impossible parce qu’elle ne saurait plus offrir ces phénomènes singuliers qui ont entouré le berceau des religions anciennes, c’est se prendre aux apparences et ne pas tenir compte des circonstances différentes ; c’est comme si l’on objectait aux philosophes eux-mêmes que toute philosophie est désormais impossible, parce que Socrate, leur père, croyait à un démon familier, et que pareille chose probablement n’arrivera plus.
On peut considérer les Grecs, relativement à la littérature, comme le premier peuple qui ait existé : les Égyptiens qui les ont précédés ont eu certainement des connaissances et des idées, mais l’uniformité de leurs règles les rendait, pour ainsi dire, immobiles sous les rapports de l’imagination ; les Égyptiens n’avaient point servi de modèles à la poésie des Grecs ; elle était en effet la première de toutes13 ; et loin qu’il faille s’étonner que la première poésie ait été peut-être la plus digne de notre admiration, c’est à cette circonstance même qu’est due sa supériorité14.
Il n’est rien de plus insensé que de se mêler dans des circonstances tout à fait indépendantes de la volonté individuelle, c’est attacher bien plus que sa vie, c’est livrer toute la moralité de sa conduite à l’entraînement d’un pouvoir matériel.
Bientôt après le règne de la terreur, on voyait la vanité renaître, les individus les plus obscurs se vantaient d’avoir été portés sur des listes de proscriptions : la plupart des Français qu’on rencontre, tantôt prétendent avoir joué le rôle le plus important, tantôt assurent que rien de ce qui s’est passé en France ne serait arrivé, si l’on avait cru le conseil que chacun d’eux a donné dans tels lieux, à telle heure, pour telle circonstance.
Ils s’efforceraient de dégager la pensée, le sentiment de toutes les circonstances personnelles et locales.
« Il n’y a ici comme partout qu’un problème de mécanique : l’effet total est un composé déterminé tout entier par la grandeur et la direction des forces qui le produisent866. » Ainsi, la littérature anglaise est le produit de la race anglaise, sous tel climat, dans telles circonstances historiques, telles croyances religieuses : Shakespeare, Milton, Tennyson, sont des « résultantes », qui représentent diverses forces appliquées en divers points.
Notre maître, en ceci, est La Bruyère, qui a écrit : « L’étude des textes ne peut jamais être assez recommandée… Ayez les choses de la première main, puisez à la source ; maniez, remaniez le texte ; … songez surtout à en pénétrer le sens dans toute son étendue et dans ses circonstances. » (Les Caractères, ch. xiv : De quelques usages.)
Il n’y a dans le roman de Benjamin Constant que deux personnages ; mais tous deux, bien que vraisemblablement copiés, sont représentés par leur côté général et typique ; tous deux, bien que très-peu idéalisés, selon toute apparence, ont été si habilement dégagés des circonstances locales et individuelles, qu’ils résument en eux plusieurs milliers de personnages pareils.
Si les circonstances renaissaient, les phénomènes reparaîtraient, et nous verrions encore des Christ, non plus probablement représentés par des individus, mais par un esprit nouveau, qui surgira spontanément, sans peut-être se personnifier aussi exclusivement en tel ou tel.
La circonstance relevée par l’évangéliste ferait croire qu’elle n’était pas très voisine du Jourdain.
Ce nom, ce serment, les souvenirs de persécution religieuse attachés à ces circonstances avaient tait sur l’âme du jeune Agrippa une de ces impressions qui dans les familles se transmettent de général ton en génération, forment dans l’esprit des enfants qui se succèdent une idée fixe autour de laquelle les premières notions et les premiers sentiments de morale se rangent et s’impriment en caractères ineffaçables75.
Le livre commence par une préface sous forme de lettre adressée à un ami ; cette préface apologétique a pour objet d’excuser l’auteur, qui sent, malgré tout, l’inconvenance d’une publication romanesque dans les circonstances graves où il s’est placé et où il a tout fait pour placer son pays.
Les circonstances n’étoient pas favorables à Fénélon.
Guizot, qui n’a pas craint de défendre en beaucoup de circonstances la cause de l’Église catholique, se croit aussi le droit de signaler dans la conduite de cette Église ce qu’il appelle « un certain manque de clairvoyance religieuse autant que de prudence politique », et il reconnaît que, « tant que le gouvernement de l’Église n’aura pas accepté et accompli cette œuvre de conciliation, les amis de la liberté auront sujet et raison de se tenir envers ce gouvernement dans une réserve vigilante, au nom des principes moraux et libéraux qu’il désavoue. » Cette défiance toutefois n’est autorisée qu’envers une seule Église.
Lorsque quelque circonstance permanente, quelquefois même passagère, a associé certaines idées dans la tête des peuples, elles ne s’y séparent plus ; et s’il arrivait à un libertin de retrouver sa maîtresse sur l’autel de Vénus, parce qu’en effet c’était elle, un dévot n’en était pas moins porté à révérer les épaules de son dieu sur le dos d’un mortel quel qu’il fût.
Il doit indiquer l’esprit général d’un temps d’après tout ce qu’il sait d’histoire proprement dite ; l’esprit littéraire et artistique d’un temps, ce qui est déjà un peu différent, d’après tout ce qu’il sait d’histoire littéraire et de l’histoire même de l’art ; mesurer, ce qui du reste est impossible, mais c’est pour cela que c’est intéressant, les influences qui ont pu agir sur un auteur ; s’inquiéter de la formation de son esprit d’après les lectures qu’on peut savoir qu’il a faites, d’après sa correspondance, d’après les rapports que ses contemporains ont faits de lui ; s’enquérir des circonstances générales, nationales, locales, domestiques, personnelles dans lesquelles il a écrit tel de ses ouvrages et puis tel autre ; chercher, ce qui est encore une manière de le définir, l’influence que lui-même a exercée et c’est-à-dire à qui il a plu, les répulsions qu’il a excitées et c’est-à-dire à qui il a déplu.
La maison du procureur, son intérieur, son mobilier, son jargon, ses plaisirs, le caquet de sa femme, et jusqu’au menu de ses repas et de ses festins, y sont pour la première fois décrits avec la fidélité et la minutie d’un procès-verbal ; les personnages s’y montrent non pas tels qu’il a plu au romancier de les faire, mais tels qu’ils ont dû être rigoureusement par rapport à leur époque et à leur fonction, et l’on sent parfaitement, à la façon dont ils se conduisent, que l’auteur se préoccupe bien moins de leur faire jouer un rôle que d’accuser scrupuleusement jusqu’aux moindres circonstances de leurs habitudes et jusqu’aux moindres détails de leur physionomie.
Or, cet être inouï n’était pas une femme préservée par l’amour ardent d’un mari ou par ces tendresses des enfants qui suffisent aux mères : ce n’était ni une mère, ni même une épouse, quoiqu’elle fût mariée, mais une mariée dont les circonstances les plus exceptionnelles avaient fait une Édith mondaine, une Édith dont la sainteté n’expliquait pas, comme pour l’autre, la virginale pureté.
restée : « Littérature facile », il n’entendait parler que des inventions de ce temps-là, que des compositions dans lesquelles cependant l’imagination s’efforçait de tenir sa place encore ; mais assurément il ne prévoyait pas que, grâce à toutes sortes de circonstances, une littérature plus facile que celle qu’il déshonorait de ce nom éclorait au sein de la première, déjà si aisément épanouie, et la panacherait du foisonnant éclat de ses facilités nouvelles !
Au lieu d’ouvrir la psychologie par la définition des facultés, ils nous mettent dans les circonstances où la notion des facultés doit se développer dans notre esprit.
Néanmoins il avoue son ignorance sur trois circonstances essentielles : d’abord il ne sait sous quels consuls, Annibal, vainqueur de Sagonte, quitta l’Espagne pour aller en Italie, ni par quelle partie des Alpes il exécuta son passage, ni quelles étaient alors ses forces ; il trouve sur ce dernier article la plus grande diversité d’opinions dans les anciennes annales.
On sait dans quelles circonstances fut jouée la Fille d’Eschyle. […] Ponsard : rappelons les circonstances qui précédèrent et qui expliquèrent son succès : reconnaissons les difficultés que ce succès même devait soulever sur sa route, et dont, après dix années de lutte, il n’a pas encore complètement triomphé. […] Mais la société est-elle aussi mauvaise, aussi ingrate envers le bien qu’on nous la représente, surtout dans une de ces circonstances solennelles, éclatantes, où l’homme qui pousse la loyauté jusqu’à l’héroïsme appelle nécessairement l’attention publique ? […] Villemain nie ce dernier propos comme indigne à la fois de l’homme et de la triste gravité des circonstances. […] N’y a-t-il pas quelque chose de piquant dans ces fortunes diverses d’un même principe, placé, sous trois générations successives, en face de circonstances si différentes, qu’il semble lui-même modifié et transformé à chacune de ces vicissitudes ?
et le courant du siècle, favorisé par les circonstances, allait-il invinciblement à l’héroïque et au passionné ? […] Mais, s’il y a une loi d’histoire naturelle qui s’applique en littérature, c’est celle qui veut que, de deux espèces voisines, comme le roman et le drame, il y en ait toujours une qui s’adapte mieux aux circonstances, et dont la concurrence détruise l’autre, ou l’oblige à se modifier pour continuer de vivre et de prospérer auprès d’elle. […] Je me bornerai donc à dire, sans les vouloir mettre en parallèle, que, comme Corneille avait retrouvé, dans le caractère de sa propre volonté, la grande loi du théâtre, la loi fondamentale — qui est de nous montrer la volonté de l’homme luttant contre les circonstances, — Le Sage, lui, a trouvé la loi du roman — qui est de nous montrer les circonstances maîtresses de la volonté, — dans une certaine paresse d’esprit et dans une certaine incapacité qu’il avait lui-même de composer. […] Nous dirons donc seulement que, de 1625 à 1629, il ne passa pas impunément quatre années à Paris, et que, si ce n’est point alors qu’il « trouva », c’est alors du moins qu’il « arrêta » quelques-unes de ses principales idées, ou, si l’on aime mieux, c’est alors qu’il en adapta l’expression aux circonstances. […] Il en résulte que, s’il y a des écrits qu’on ne puisse pas détacher de leur cause ou de leur occasion, dont le sens et la portée ne dépendent pas moins de la date et des circonstances de leur publication, en dépendent même davantage, que de l’effet qu’ils peuvent produire encore aujourd’hui sur nous, ce sont les siens.
Vous entendez toujours dire dans la rue, en ces circonstances-là : « Ces pauvres petits ! […] Il paraît qu’on est très bête dans ces circonstances-là. […] Jules Simon dans ces circonstances est mémorable, comme bien l’on pense, et M. […] Mais je ne sais quelle circonstance, extérieure ou intérieure, l’en empêche. […] J’aurais mieux aimé, comme il est arrivé à tant d’autres dans des circonstances semblables, que M.
Le Sganarelle du Médecin volant, comme plus tard celui du Médecin malgré lui, est un figurant, un faux docteur, un médecin improvisé pour la circonstance ; de là son nom de Médecin volant. […] Paul Adam, apôtre, en cette circonstance, du bourgeoisisme et du mariage d’argent2. […] Ceux mêmes qui ont fait ou qui se préparent à faire un mariage de ce genre ne songent qu’à plaider pour eux la circonstance exceptionnelle et ne voudraient pas que la chose fût érigée en règle générale. […] Je tiens pour absolument impossible à un homme de ne pas parler un peu, dans toutes les circonstances de sa vie, le langage de sa profession. […] Au plus bas degré il y a les hommes qui n’ont pas de caractère du tout, qui n’ont pas de personne et qui sont ce que les circonstances les font.
IV Il faut lire son histoire de Cromwell pour comprendre jusqu’à quel degré ce sentiment du réel le pénètre, de quelles lumières ce sentiment du réel le munit ; comme il rectifie les dates et les textes, comme il vérifie les traditions et les généalogies ; comme il visite les lieux, examine les arbres, regarde les ruisseaux, sait les cultures, les prix, toute l’économie domestique et rurale, toutes les circonstances politiques et littéraires ; avec quelle minutie, quelle précision et quelle véhémence il reconstruit devant ses yeux et devant nos yeux le tableau extérieur des objets et des affaires, le tableau intérieur des idées et des émotions ! […] Par exemple, les théologiens1423, ayant voulu se représenter avec une netteté et une certitude entière les personnages du Nouveau Testament, ont supprimé l’auréole et la brume dans lesquelles l’éloignement les enveloppait ; ils se les sont figurés avec leurs vêtements, leurs gestes, leur accent, avec toutes les nuances d’émotion que leur style a notées, avec le genre d’imagination que leur siècle leur a imposé, parmi les paysages qu’ils ont regardés, parmi les monuments devant lesquels ils ont parlé, avec toutes les circonstances physiques ou morales que l’érudition et les voyages peuvent rendre sensibles, avec tous les rapprochements que la physiologie et la psychologie modernes peuvent suggérer ; ils nous en ont donné l’idée précise et prouvée, colorée et figurative1424 ; ils les ont vus non pas à travers des idées et comme des mythes, mais face à face et comme des hommes. […] Nous avons ses paroles, nous pouvons entendre son accent ; nous saisissons autour de chaque action les circonstances qui l’ont fait naître ; nous le voyons sous sa tente, au conseil, avec le paysage, avec sa physionomie, avec son costume ; tout le détail y est, jusqu’aux minuties. […] Ce sont les circonstances violentes qui produisent les états extrêmes ; il faut de grands maux pour susciter de grands hommes, et vous êtes obligé de chercher des naufrages quand vous souhaitez contempler des sauveurs.
Moréas, qui ne négligeait pas « sa gloire » et savait fort bien tirer parti des circonstances, avait demandé à Maurice Barrès et à moi de signer les invitations à ce banquet qu’il avait provoqué et organisé lui-même avec un certain sens pratique de la réclame qui s’alliait en lui, je me plais à le reconnaître, avec une haute et stricte conscience littéraire. […] Le vêtement, la coiffure, la chaussure étaient, sans une faute de goût, ce que comportaient la saison et la circonstance. […] Ils avaient perdu leurs deux fils en des circonstances particulièrement douloureuses. […] Il contait avec des détails amusants ou pittoresques les circonstances de la trouvaille qui l’avait rendu possesseur de telle estampe d’Outamaro, de tel album de Hokusaï, de tel crayon de Fragonard, de telle sanguine de Boucher, et comment il avait découvert à quelque étalage en plein vent ou dans quelque boutique de bouquiniste cette gouache de Moreau le jeune ou cette « préparation » de La Tour.
En voilà un qui peut se vanter d’avoir pris, un peu par son mérite, puisqu’il a été résolu et brave, mais surtout par les circonstances, une grande place dans l’histoire ! […] Tarde en a fait la remarque, s’y manifeste aisément et dans maintes circonstances ; mais il ne faut pas voir dans ce phénomène le triomphe d’une idée ralliant tous les esprits par le pouvoir de la vérité ; c’est le simple entraînement d’une file de créatures humaines analogue à celui qui précipite les uns sur les autres les capucins qu’on fait avec des cartes. […] Mais en voulant être agréables à l’auteur du livre, ils sont tous invariablement partis de cette idée, que j’avais soutenu avec quelque talent une gageure audacieuse, et que le seul bien qu’on pût dire d’une thèse aussi singulière, c’était d’exposer sympathiquement les circonstances atténuantes de mon paradoxe. […] En tout cela, Thomas Corneille suivait la fortune ; il ne développait pas son talent par un progrès logique ; il allait au hasard des circonstances, n’ayant d’autre méthode que d’arriver à propos et de s’accommoder au goût du jour. […] Arbre commande marbre ; crêpe a besoin de guêpe ; astre appelle désastre ou pilastre, car comment compter, en toute circonstance, sur piastre et sur cadastre ?
dans mille circonstances. […] De plusieurs circonstances : d’abord il tue Duncan de sa propre main, dans son sommeil, à l’heure des ténèbres, à l’heure « où la chauve-souris et la chouette sont les seuls êtres éveillés, où le loup hurle en attendant sa victime ». […] On voit quelle combinaison de circonstances il a fallu pour former la poésie du Macbeth. […] Il était convaincu que toute tentative poétique est vaine lorsqu’elle n’a pas ses racines dans la vie présente de l’artiste ou qu’elle ne se rapporte pas à quelque circonstance de son passé. […] Parmi ses combinaisons infinies et toujours changeantes, la réalité, si vous savez bien l’observer, vous présentera telle association de personnes et de circonstances qui vous fera comprendre les splendeurs historiques du passé et les œuvres les plus merveilleuses de l’art.
« Que feront de lui les circonstances ? […] Elle avait eu, pendant le séjour de File d’Elbe, l’occasion de rendre service à l’Empereur dans une circonstance singulière que rappelle M. […] Les royalistes servent dans ses antichambres, par habitude, et en attendant que les circonstances leur ramènent le prince qu’ils n’ont pas su conserver. […] Les circonstances de sa vie vont lui ouvrir d’autres horizons. […] C’était bien là le concours de circonstances paradoxal, absurde, « amusant », qui constitue un « événement parisien » et déchaîne la célébrité.
En résumé, lorsque pour des raisons supérieures on croira nécessaire d’augmenter l’effet représentatif d’une œuvre dramatique, la dérogation aux principes essentiels de la mise en scène trouvera dans le milieu théâtral soit des circonstances atténuantes, soit des circonstances aggravantes. […] C’est ainsi, les mains et la figure nues, mais couverts de leurs vêtements habituels ou de costumes de circonstance, que se fixent dans notre souvenir toutes les personnes qui appartiennent à notre vie intime, à celle de notre âme. […] Dans la réalité, au moment où le mari apparaît, l’amant a pu être surprisse livrant à tels ou tels actes plus ou moins caractéristiques ; mais ce sont là des cas particuliers et des circonstances accidentelles qui n’ajoutent rien au fait fondamental, qui est la trahison de la femme. […] Toutefois, il ne faut pas que la tradition soit un esclavage, car nous avons vu précisément que quelques rôles peuvent changer d’aspect avec le temps dans la mesure où les idées elles-mêmes des spectateurs se modifient sous l’influence de circonstances fatales ou fortuites. […] Le public actuel s’intéresse donc moins à l’homme en général qu’aux hommes en particulier, et ne conçoit pas plus ceux-ci soustraits à toutes les conditions de climat, de race, de tempérament et de milieu social, qu’il ne les conçoit dégagés des influences extérieures, des circonstances et des faits.
Voyez comme les plus petites circonstances sont pour lui l’origine des plus touchantes observations. […] Il lui suffisait d’apprendre à sa patrie que ses opinions ne changeaient point avec les circonstances, et qu’il était resté immuable au milieu des bouleversements du siècle. […] Mais ce que je trouve encore de plus étrange, c’est que madame de la Tour a fait, cette même nuit, un songe accompagné des mêmes circonstances. » Je lui répondis: « Mon amie, je crois que rien n’arrive dans le monde sans la permission de Dieu.
Et la lutte qu’eut à soutenir le Naturalisme présente cette particularité, par quoi elle se distingue des précédentes querelles littéraires, que son retentissement immédiat fut considérable, et que, dans cette circonstance, à l’émotion des lettrés se mêla le grondement populaire. […] Elle tient plutôt à l’état actuel de nos mœurs, aux funestes méthodes de notre enseignement philosophique, à une infinité de petites circonstances secondaires, enfin, qui ne sont point négligeables. […] Originellement, un être contient donc un groupe défini de penchants, de sentiments et de désirs, lentement élaborés dans la suite des dégénérations ancestrales, il les contient en puissance, mais l’éducation, l’atmosphère morale, le milieu physique où sa vie s’accomplit, modifieront ses facultés premières, lui fourniront des circonstances favorables ou nuisibles à l’éclosion de ses aspirations latentes.
Le clergé, le militaire, la magistrature, les finances, devroient successivement se prêter aux circonstances, & cela s’opéreroit avec facilité, d’une maniere irrévocable, pour peu qu’on chargeât de ce soin des ministres éclairés. […] Nous convînmes unanimement de la justesse de cette réflexion, en reconnoissant néanmoins qu’il y avoit des circonstances où il falloit changer, & faire des essais ; mais ce fut sur l’article du luxe, que nous opinâmes gravement pour de grandes réformes. […] Elles commandent aux pleurs, elles commandent aux ris, & il n’y a point de sentiment qu’elles n’étouffent, ou qu’elles ne fassent naître, quand la circonstance le requiert. […] Il n’y a point de prince, qui par des circonstances critiques, ne se trouve forcé de faire arrêter quelque coupable sur-le-champ. […] On aime à voir les grands hommes dans leur vie privée ; & souvent si l’on en rapportoit toutes les circonstances, on les trouveroit bien petits.
Savez-vous spectacle plus noble et plus exaltant pour l’esprit que celui d’un beau talent s’adaptant ainsi aux circonstances sans se renoncer, et faisant de l’obstacle, comme le voulait le sage antique, la matière de son action ? […] En les forçant à la lutte avec les gens et les circonstances, elle les arrache au péril de la Tour d’ivoire, aux jeux stériles de l’esthéticisme. […] Puissent ces quelques réflexions suggérer à ceux qui les liront un peu de cette sagesse vis-à-vis des circonstances présentes. […] Il en est d’économiques, de politiques, — de physiologiques même dans les circonstances présentes. […] C’est la preuve qu’à travers la variété mouvante des mœurs et des circonstances, l’homme est resté, en son fond, pareil à lui-même, également capable des déchaînements les plus brutaux et des exaltations les plus sublimes.
« Ce que je sais, c’est que le concours le plus extraordinaire de circonstances favorables, et, en quelque sorte, la plus admirable conjonction d’étoiles propices, était nécessaire pour créer, sous sa constellation passagère, la fécondité merveilleuse et la prodigieuse beauté de ces grands siècles de l’art. […] De telles circonstances ne se sont rencontrées que deux fois dans l’histoire : la première fois, elles ont porté à la gloire les noms de Phidias, de Polyclète, de Praxitèle ; la seconde fois, elles ont élevé au-dessus de toutes les renommées contemporaines les noms de Léonard de Vinci, de Titien, de Raphaël et de Michel-Ange.
Soumise, bien qu’à un moindre degré que les plantes et les animaux, aux circonstances du sol et aux conditions météorologiques de l’atmosphère, par l’activité de l’esprit, par le progrès de l’intelligence qui s’élève peu à peu, aussi bien que par cette merveilleuse flexibilité d’organisation qui se plie à tous les climats, notre espèce échappe plus aisément aux puissances de la nature ; mais elle n’en participe pas moins d’une manière essentielle à la vie qui anime notre globe tout entier. […] Mais cette circonstance même prouverait plutôt qu’il n’y a là aucune transmission réelle d’un fait, aucun fondement vraiment historique, et que c’est tout simplement l’identité de la conception humaine, qui partout a conduit les hommes à une explication semblable d’un phénomène identique.
Pour cacher vos desseins dans cette circonstance, prenez le maintien qui convient à la circonstance ; que vos yeux, vos gestes, votre langue donnent la bienvenue ; paraissez tel que la fleur innocente, mais que le serpent soit caché dessous.
Il le dit pour justifier son Tartufe, mais ce n’est point un argument de circonstance. […] Boursault (1638-1701), serait moins connu s’il n’avait été l’ennemi de Boileau, de Molière et de Racine : circonstance fâcheuse pour son esprit, car son caractère est d’un très honnête homme. — Édition : Théâtre, 3 vol. in-12, Paris, 1694 et 1725.
Elle eut à cet égard à résister à quelques superstitieux de son principe, qui voulaient immoler en toutes circonstances l’écrivain au public, et se montraient plus académiciens que l’Académie. […] Elle met l’homme en liberté et en franchise à l’égard de l’individu et de toutes les circonstances extérieures dont il dépend, le temps, les pays, le tempérament particulier.
Les circonstances qui nous font citoyen d’un pays, membre d’une famille, qui nous font naître catholique ou musulman, riche ou pauvre, vigoureux ou faible, enfin notre choix même sur un certain nombre de points, viendront ensuite compléter, préciser et développer ce premier système d’obligations. […] Et l’on n’entend point par là que, à un moment donné, dans des circonstances données, une manière d’agir correspond mieux que les autres à la situation, qu’un devoir unique et précis s’impose, résultante de la combinaison des devoirs, de leur accord et de leur opposition, qu’il faut calculer avec soin.
« Remarquez bien, cependant, que, si je ne suis pas l’instigateur d’une manifestation, je n’en suis pas moins persuadé qu’elle aura lieu ; je connais trop les élèves de l’Ecole des beaux-arts, pour douter un moment de la conduite qui sera la leur en cette circonstance. […] … Il convient d’ajouter que la critique berlinoise fait preuve en cette circonstance de beaucoup d’esprit et de tact.
Telle est la théorie des marées : quand on ne considère que les causes générales de ce phénomène, on peut le prédire avec certitude ; mais les circonstances locales ou accidentelles (comme la configuration des côtes ou la direction du vent) le modifient de façon à rendre inexacts les résultats du calcul général. […] L’histoire d’un peuple et la biographie d’un homme ne se composent pas seulement de ce qui vient d’eux, mais aussi de l’action des circonstances extérieures sur eux.
XI Une des circonstances qui grandit en moi ce vague sentiment littéraire m’est encore présente à l’esprit ; j’aime à me la retracer quand je me demande à moi-même d’où m’est venu l’instinct et le goût des choses intellectuelles. […] Emprisonné, proscrit, puis amnistié par les mobilités des circonstances révolutionnaires, il avait été enfin laissé à sec sur la rive, comme un débris après la tempête, dans le petit domaine de ses pères.
Ils se taisent, ou se sont vus détournés de leur voie sacrée par des circonstances plus fortes qu’eux. […] Vous voyez que je sais, au besoin, prendre dans Virgile des comparaisons appropriées à la circonstance et agréables pour ceux dont j’ai l’honneur de parler.
Stuart Mill explique comment les volitions sont consécutives à des antécédents moraux avec la même uniformité et ; quand nous avons une connaissance suffisante des circonstances, avec la même certitude que les effets physiques sont consécutifs à leurs causes physiques. […] C’est à tel point qu’un esprit, un caractère, un tempérament moral quelconque étant donné, on peut presque toujours prévoir ce qu’un homme fera dans telles ou telles circonstances.
Les croisés, au contraire, ont pour principe de ne jamais attaquer l’ennemi sans lui avoir porté un défi, c’est-à-dire une déclaration fière et franche : Quènes de Béthune et Villehardouin, entre autres, sont chargés dans une circonstance critique d’aller faire ce défi préalable à toute hostilité, et de le signifier en plein palais au jeune empereur Alexis, devenu traître et ingrat.
Il adressa donc, soit à la Convention, soit aux membres du Comité de salut public, une lettre dont il existe quantité de brouillons de sa main ; aucune rédaction ne lui paraissait assez républicaine, assez emphatique, et à la hauteur, comme on disait, des circonstances.
Au fond, il ne s’agit que d’un ou plusieurs moulins à prendre et à brûler, et Montluc, qui a bien de l’esprit, au moment d’entrer dans ce récit tout sérieux, comme s’il avait deviné que don Quichotte faisait quelque chose de pareil vers le même temps, se permet par précaution un petit sourire : « Or, pour déduire cette entreprise, dit-il, encore que ce ne soit pas la conquête de Milan, elle pourra servir à ceux qui en voudront faire leur profit. » Après cette légère précaution, il n’omet plus rien du détail et des circonstances du stratagème, et en fait un parfait modèle et un exemple à suivre.
À la fin d’une tournée en Écosse, et après en avoir noté en vers les principales circonstances pittoresques, le poète des lacs, revenant au monde du dedans et maintenant à l’esprit sa prédominance vivifiante, disait pour conclusion : Il n’y a rien de doux comme, avec les yeux à demi baissés, de marcher à travers le pays, qu’il y ait un sentier tracé ou non, tandis qu’une belle contrée s’étend autour du voyageur sans qu’il s’inquiète de la regarder de nouveau, ravi qu’il est plutôt de quelque douce scène idéale, œuvre de la fantaisie, ou de quelque heureux motif de méditation qui vient se glisser entre les belles choses qu’il a vues et celles qu’il verra.
Il y a bien des années, et avant qu’une critique investigatrice eût rassemblé autour de cette figure de Bossuet tous les éclaircissements et toutes les lumières, un écrivain de beaucoup d’esprit, s’essayant à définir le grand évêque gallican, disait : « Bossuet, après tout, était un conseiller d’État. » Si par là on ne voulait dire autre chose, sinon qu’il y avait en Bossuet un homme politique, un homme capable d’entrer dans le ménagement des personnes et la considération des circonstances, on avait raison ; mais si l’on prétendait aller plus loin, toucher au fond de sa nature et infirmer l’idée fondamentale du prêtre, on se tromperait : car au fond de cette nature, telle qu’elle ressort aujourd’hui de tous les témoignages et qu’elle nous apparaît dans une continuité manifeste, il y a avant tout et après tout un croyant.
Je ne vous dis pas à quel point j’aurais été flatté d’être compté parmi ceux qui serviront la province dans ces circonstances ; je crois que vous ne doutez pas de mes sentiments.
De même dans la vie et la destinée des hommes, — des grands hommes —, quand les circonstances y prêtent, il est de ces heures où ils paraissent tout d’un coup se retrouver tels qu’au début pour les qualités les plus vives, pour celles même que l’âge et la fatigue avaient nécessairement diminuées. 1814 fut pour Napoléon général une de ces merveilleuses saisons de rajeunissement.
Il ne faut pas oublier, en le jugeant, cette circonstance qu’il n’a pas sucé le christianisme peu à peu, à diverses reprises et dès l’enfance.
Biot, dans son impartialité froide et calculée, affecte trop de plaider les circonstances atténuantes, de la persécution : il n’a pas un moment d’indignation pour tant de bêtise, sinon de cruauté ; il n’a pas un mouvement à la Pascal !
Chaque ouvrage d’un auteur vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre et entouré de toutes les circonstances qui l’ont vu naître, acquiert tout son sens, — son sens historique, son sens littéraire, — reprend son degré juste d’originalité, de nouveauté ou d’imitation, et l’on ne court pas risque, en le jugeant, d’inventer des beautés à faux et d’admirer à côté, comme cela est inévitable quand on s’en tient à la pure rhétorique.
Oui, oui, mon bon, ce n’est pas seulement en faisant des poésies et des pièces de théâtre que l’on est fécond ; il y a aussi une fécondité d’actions qui en maintes circonstances est la première de toutes… Génie et fécondité sont choses très-voisines… » Et une fois lancé, il ne s’arrêtait pas dans cette veine d’idées ; il montrait dans tous les ordres la force fécondante comme le signe le plus caractéristique du génie : Mozart, Phidias et Raphaël, Dürer et Holbein, il les prenait tous, et celui qui a trouvé le premier la forme de l’architecture gothique, et qui a rendu possible par la suite des temps un munster de Strasbourg, un dôme de Cologne ; et Luther, ce génie de la grande race, et dont la force d’action sur l’avenir n’est pas épuisée.
Toutes ces circonstances de l’histoire de Jésus, tous ces personnages si connus de nom et montrés aux yeux, semblables aux gens d’à présent, devaient toucher les simples, les ignorants, qui étaient alors le grand nombre, et devenaient un enseignement vivant, parlant à tous.
Il nous apprend, dans une circonstance assez singulière où il était placé entre les deux, et, comme on dit, entre le marteau et l’enclume, comment il s’y prit pour esquiver le choc, pour ne pas déplaire ni désobéir : « Au mois de décembre 1674, j’ai proposé à M. de Louvois de ne point mettre des gens de guerre en quartier d’hiver dans Négrepelisse, appartenant à M. de Turenne ; il m’a mandé que l’intention du roi était que, sans distinction, je distribuasse les troupes dans toutes les paroisses, il était brouillé avec M. de Turenne.
Il eut une première victoire brillante, gagnée à la faveur d’une marche imprévue et hardie à travers l’embouchure d’un fleuve, le Macar, qui n’était ensablé et guéable que par de certains vents : Hamilcar, qui avait remarqué cette circonstance singulière, en usa pour tourner et surprendre l’ennemi.
» Il ne se ressouvenait pas seulement d’Alger quand il écrivait ceci, il se reportait à tant d’autres circonstances qui avaient suivi cette ancienne infortune, et où il lui avait été dur de monter l’escalier et de manger le pain d’autrui ; mais il n’y mettait rien de l’amertume de Dante : génies égaux, mais différents et plutôt contraires ; incompréhensible variété de la nature !
Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin.
Tous les prophètes, à sa suite, prédisent et dépeignent à l’avance ce mystère du Messie, et non seulement ils étaient les prophètes de Jésus-Christ, ils en étaient la figure par diverses circonstances de leur propre vie.
Quand j’ai dit qu’il ne remplit jamais ses devoirs de directeur, il y eut pourtant une circonstance où il en fit les fonctions : c’est lorsqu’on songea à réunir les différentes fondations successives, destinées à des prix d’académie, et à les constituer en un seul fonds pour un prix annuel qui subsiste encore sous cette forme, et qui est alternativement d’éloquence et de poésie.
Je m’arrête ; quelques lecteurs croiraient peut-être que je confonds la fermeté, la tenue, la constance avec la chaleur, l’enthousiasme, la fougue : Amène cède aux circonstances, à la raison, et croit pouvoir offrir quelques sacrifices à la paix, sans descendre des principes dont il fait la base de sa morale et de sa conduite… » La morale d’Amène, pas plus que celle de Laclos, gardons-nous d’en trop parler !
Mais indépendamment des circonstances particulières qui favorisèrent le premier succès, et sur lesquelles nous reviendrons, il faut reconnaître que Racine a su tirer d’un sujet si simple une pièce d’un intérêt durable, puisque toutes les fois, dit Voltaire, qu’il s’est rencontré un acteur et une actrice dignes de ces rôles de Titus et de Bérénice, le public a retrouvé les applaudissements et les larmes.
Les circonstances de publicité l’entravent autant que les dispositions intellectuelles du temps présent.
— Je vous avais dit, Monsieur, lui répondis-je, que la reine me l’avait dit ; mais que les circonstances avec lesquelles elle me l’avait dit m’obligeaient à avertir Votre Altesse Royale qu’elle n’y devait faire aucun fondement.”
Au contraire, que sous la pression de circonstances durables ou passagères, elle ressente le besoin d’imposer à tous un conformisme rigoureux, tout ce qui peut provoquer outre mesure l’initiative des intelligences sera proscrit63. » Ainsi donc, il y aura d’après M.
Du moment que la pensée est obligée de s’arrêter sur des circonstances particulières aussi désagréables, on a droit de s’étonner lorsqu’on entend tout à coup cette femme matérialiste déclamer contre l’abjecte nature des sensations, et faire appel à une pureté surnaturelle : « … Vous trouveriez ce que vous appelez un bonheur, dit-elle à son amant ; mais ce bonheur serait une faute pour vous !
L’inimitié de Colbert, le peu d’habileté de La Fontaine à faire sa cour, un talent peu fait pour être apprécié par le roi, de petites pièces qui paraissaient successivement, ne pouvaient avoir l’éclat d’un grand ouvrage, et semblaient manquer de cette importance qui frappait Louis XIV ; des contes un peu libres, dont on avait le souvenir dans une cour qui commençait à devenir dévote : toutes ces circonstances s’étaient réunies contre La Fontaine, et l’avaient fait négliger.
La premiere raison, c’est que Tacite immédiatement après les mots que je viens de citer, ajoute une circonstance qui prouve bien que Neron n’avoit pas fait fermer les théatres.
Tel est, par exemple, à mon avis, ce passage de la vie d’Agricola, où Tacite oppose la rougeur du visage de Domitien à la pâleur des malheureux qu’il faisait exécuter en sa présence, et où il remarque que cette rougeur étant naturelle, préservait le visage du tyran de l’impression de la honte ; circonstance petite et frivole, qui ne me paraît digne ni du génie de l’historien, ni du tableau odieux et touchant que présente le spectacle de tant d’innocentes victimes, et du tyran qui les voit expirer.
Il n’était point inutile de voir deux doctrines contraires naître en lui tour à tour du développement de deux facultés diverses, une faculté plus faible, fortifiée d’abord par les circonstances, prendre l’empire, fléchir lorsque le temps emporte les causes qui la soutenaient, et s’effacer enfin devant la véritable souveraine, qui essaye d’anéantir tout ce que sa rivale a produit.
Une circonstance même des essais dramatiques, à Rome, favorisait cet essor de la tragédie.
Il conte sa vie, la vie des autres, et donne les dates, les chiffres, les lieux ; il abonde en anecdotes, en petites circonstances sensibles, capables d’entrer dans l’imagination et de réveiller les souvenirs de chaque auditeur. […] Pour moi, avec tout ce que je pus apprendre par une recherche exacte, je crus en conscience que la femme n’était pas coupable, toutes les circonstances bien considérées. […] Il y a un millier de circonstances et de nuances dans chaque événement ; et elles sont toutes enfermées dans des mots vivants comme ceux que voici : « J’ai vu les gouttelettes d’une source suinter à travers le fond d’une digue, et amollir la lourde maçonnerie, jusqu’à la rendre assez ployante pour garder l’empreinte d’un pied d’enfant ; on dédaignait cette petite source, on ne s’en inquiétait pas plus que des perles déposées par une matinée brumeuse, jusqu’au moment où elle eut frayé sa route et fait un courant assez fort pour entraîner les ruines de sa rive minée, et envahir les jardins voisins ; mais alors les gouttes dédaignées s’étaient enflées jusqu’à devenir une rivière factice et une calamité intolérable. […] Les circonstances en lui développèrent le naturel ; son genre de vie aidait son genre d’esprit. […] Appauvri d’idées, rempli d’images, livré à une pensée fixe et unique, plongé dans cette pensée par son métier machinal, par sa prison et ses lectures, par sa science et son ignorance, les circonstances, comme la nature, le font visionnaire et artiste, lui fournissent les impressions surnaturelles et les images sensibles, lui enseignent l’histoire de la grâce et les moyens de l’exprimer.
Il y a aussi des hommes qui dans la conversation s’animent & produisent les plus heureuses pensées, pensées quelquefois plus fines & plus applicables aux circonstances & aux évènemens que celles qui sont imprimées(25). […] L’Ecrivain est payé en critiques injurieuses, ou en éloges stériles : il n’a d’autre propriété sur son Livre que de s’en avouer le père, & dans certaines circonstances il est obligé de taire jusqu’à l’aveu cher & précieux de cette paternité. […] Qui lira dans ce point de vue ses Comédies avec attention, trouvera que les caractères, tout fortement prononcés qu’ils soient, s’expriment dans la plus grande partie de leurs rôles exactement comme les autres, & ne développent leurs qualités essentielles & dominantes, qu’occasionnellement, suivant que les circonstances naturelles y donnent lieu, sans paroître jamais forcés. […] Par l’exposition de la nature générale de l’homme, le Philosophe apprend donc comment les évenemens qui résultent du contrepoids de certaines inclinations & passions opposées à d’autres, doivent être ; c’est-à-dire, qu’il apprend la marche principale de tel ou tel caractère ; mais pour savoir d’une maniere claire & certaine jusqu’où & à quel dégré de force tel ou tel caractère, dans certaines circonstances, se montrera de la maniere la plus vraisemblable ; cette découverte est uniquement le fruit de la connoissance du monde. […] Molière semble donner la préférence à Philinte sur Alceste, & faire du premier un modèle à suivre pour les manieres & le langage ; il semble dire : soyez, dans certaines circonstances, plutôt un peu faux avec politesse, que bourru avec probité ; ménagez tout ce qui vous environne, pourquoi choquer imprudemment les vices d’autrui ?
Tandis donc que les héros de roman, formés, pour ainsi dire, et comme façonnés par les circonstances extérieures, soumis à la pression du « milieu » ou du « moment », obéissent toujours à quelque fatalité, dont même il leur arrive parfois de n’être que le symbole, et sont agis, selon un barbarisme énergique, bien plutôt qu’ils n’agissent ; au contraire dans le drame, bien loin d’accepter la loi des circonstances, ce sont les personnages qui la leur font, jusqu’à en mourir, s’il le faut, plutôt que de ne pas la leur faire, et qui les subordonnent ainsi aux exigences de leur volonté. […] C’est ce qui ne pouvait se faire davantage avant que les différentes classes de la société française, rapprochées les unes des autres par les circonstances, se fussent mêlées plus intimement, et qu’en achevant de se mieux connaître, elles fussent devenues les unes pour les autres je ne sais quoi de moins vague et de moins général. […] Venus eux-mêmes plus tard, en d’autres temps, ou formés à d’autres habitudes, par d’autres circonstances, en eussent-ils bien pu valoir de plus heureux, peut-être, et quarante ou cinquante ans plus tard, s’appeler Regnard ou Le Sage ? […] On nous l’a dit sans doute assez, mais je ne craindrai pas de le redire une fois de plus, c’est justement quand il apparaît dans une famille, sous l’action des circonstances, un être plus fort, plus vigoureux, plus beau que les autres, mieux doué, plus capable de vivre et, pour vivre, de combattre victorieusement le combat de la vie. […] Elles s’appellent en effet : la Désolation des joueuses, la Foire de Besons, les Vendanges de Suresnes, le Retour des Officiers, les Eaux de Bourbon, le Moulin de Javelle… et ceci, Messieurs, c’est la pièce de circonstance ou d’actualité, comme nous dirions aujourd’hui, le fait-divers du jour ou le scandale de la veille transportés tout vifs sur la scène.
C’est cette vie une et variée, émanation de l’âme à travers les écrits, et qui ne circulait pas moins à l’entour et dans les circonstances de leur composition, que nous voudrions essayer d’évoquer, de concentrer par endroits, pour rendre aux autres l’impression sensible que nous nous en sommes formée. […] En un chapitre de l’Allemagne, elle y reviendra d’un ton de moralité et comme de reconnaissance qui pénètre, lorsque surtout on rapproche cette page des circonstances secrètes qui l’inspirent. […] Ces dernières s’imprimaient quelquefois à Paris, pour qu’on pût ensuite apprendre plus commodément les rôles ; l’intérêt qu’on mettait à ces envois était vif, et quand on avisait à de graves corrections dans l’intervalle, vite on expédiait un courrier, et, en certaines circonstances, un second pour rattraper ou modifier la correction déjà en route. […] Six années d’études et d’espérances détruites, un redoublement de persécution au moment où elle avait lieu de compter sur une trêve, et d’autres circonstances contradictoires, pénibles, faisaient de sa situation, à cette époque, une crise violente, une décisive épreuve, qui l’introduisait sans retour dans ce que j’ai appelé les années sombres.
par un livre étrange et désordonné, l’Essai sur les Révolutions, commencé à vingt-six ans, publié à vingt-neuf, en 1797, à Londres, pendant qu’il était émigré : livre sceptique, libre-penseur — et même athée, dans une seconde édition préparée qui ne parut point. — Voilà le premier jet de sa pensée, voilà ce qui était sorti de son fond, avant qu’il eût pu concevoir la possibilité d’un rôle politico-religieux, offert par des circonstances nouvelles. Mais ces circonstances s’étant présentées lui suggérèrent l’idée d’un ouvrage bien différent, qui devait s’intituler d’abord : Des Beautés poétiques et morales de la Religion chrétienne, et de sa supériorité sur tous les cultes de la terre, et qui s’intitula enfin : le Génie du Christianisme. […] La phrase de Fontenelle emprunte à ces circonstances une valeur précise toute particulière. — Tallemant des Réaux parle dans le même sens que Fontenelle au sujet des sentiments du Cardinal à l’égard du Cid : « Il eut, dit-il, une jalousie enragée contre le Cid, à cause que les pièces des cinq auteurs n’avaient pas trop bien réussi. » Eh quoi ! […] Comme on demandait un jour à Corneille l’explication d’un certain passage dont les vers sont énigmatiques, « Tout ce dont je peux vous assurer, dit-il, c’est que, quand je les ai écrits, je les ai compris. » — Vous connaissez le mot attribué par plaisanterie à un autre grand poète dans une circonstance analogue : « Lorsque j’ai écrit ces vers, il n’y a que Dieu et moi qui les ayons compris. […] Ces circonstances et d’autres nous expliquent comment le public du temps se porta en foule aux représentations de Nicomède, y trouvant des allusions auxquelles l’auteur n’avait pas songé.
À ce besoin correspond d’ordinaire une circonstance fortuite, une voix du dehors qui nous rappelle à nous-mêmes, un ami, un Guido Cavalcanti qui nous tend la main. […] C’est dans de telles circonstances que Dante paraît pour la première fois sur la scène politique avec le grand prestige qui s’attachait au nom de poëte, avec l’autorité d’un caractère éprouvé déjà dans les guerres civiles. […] En cette circonstance, je dis avec Gœthe : « La passion supplée le génie. » D’ailleurs, je ne saurais quelle version préférer, n’ayant de choix que dans l’insuffisance. […] Vous rappelez-vous en quelles circonstances ? […] Dans les temps et dans les circonstances les plus diverses, elles gardent toutes néanmoins un caractère particulier et en quelque sorte typique.
Il démontrait à Jouffroy que Jouffroy s’était mal conduit dans telle circonstance, et il goûtait une joie de supériorité ; il laissait entendre ceci : « Ai-je jamais, moi, fait chose semblable ? […] Il conçoit fortement des hommes qui ont tel caractère et qui agiront, sans doute, d’après leur caractère et en raison des circonstances où se heurtera leur caractère et il les laisse agir ainsi. […] Il a été servi par les circonstances. […] Les circonstances sont pour beaucoup dans ces sortes d’affaires. […] Qu’un enfant à elle, une fille à elle, qui a maintenant quatorze ans, est devenue, par suite de circonstances romanesques, l’esclave d’Eschine.
Toutes, au contraire, se développent, croissent et déclinent par l’effet du temps et des circonstances, comme les végétations organiques par la nature du sol et les accidents de la température. […] Édouard Rod a choisi la méthode qui est si souvent mise en pratique par les critiques anglais et que Sainte-Beuve, qui souvent la suivait lui-même, recommandait avec instance : faire une biographie intelligente (tout simplement) de votre auteur ; le suivre de sa naissance à sa mort ; expliquer ses actes par son caractère, les modifications de son caractère par les circonstances où il s’est trouvé ; quand vous rencontrez une de ses œuvres, l’expliquer, comme un de ses actes, par son caractère, et les circonstances qu’il traverse ou vient de traverser ; et le conduire ainsi jusqu’au tombeau sans jamais séparer sa vie de son œuvre, sans jamais cesser de le tenir sous votre regard, tout entier. […] Mais, tout compte fait, Goethe fut-il si cruel en cette circonstance ? […] Il était l’homme qui a dit que toutes les œuvres poétiques sont des ouvrages de circonstances, et toutes les siennes l’étaient, à bien peu près, peut-être absolument toutes. […] Tiersot a profité de la circonstance pour faire une étude complète sur Rouget, sa vie et ses œuvres.
Alors le ministre a donné habilement sa retraite, pour conserver ses amis dont l’opinion est intérieurement la sienne, et pour se tirer du pas difficile où les circonstances l’avaient engagé. […] Remarquez toutes les circonstances. […] Quelquefois cependant il interrompt son journal pour décrire une scène de la nature, ou les mœurs des sauvages ; mais il n’a pas toujours l’art de faire valoir ces petites circonstances si intéressantes dans les récits de nos missionnaires. […] Sans doute, et nous avions fait valoir cette circonstance même en faveur de notre opinion, puisque les nations qui n’ont point connu les dieux de la Grèce ont entrevu cette belle et simple nature que masquait le système mythologique. […] Le hasard lia ces effets locaux à quelques circonstances heureuses ou malheureuses de ses chasses.
Ces poèmes, qui sont l’enchantement commun de l’humanité, furent d’abord des œuvres de circonstance : ils ont emprunté à la vie actuelle et ils ont assimilé la substance qui est leur chair et leur âme. […] Mais il fallait aussi que ne disparût point, du visage de notre littérature, un sourire que les autres littératures n’ont pas, le plus adorable sourire et auquel les circonstances donnaient une fierté quasi héroïque de défi, d’impertinence et de grâce. […] Elles sont les symboles du rêve qu’ont favorisé, en un coin de la terre, et le paysage, et les circonstances, et les hasards, et les souvenirs de la race, élaborés lentement. […] Ce jour-là, le jour singulier dont je parle, admettons qu’il était de loisir et que les circonstances se prêtaient à sa gaieté : le coquelicot dans les blés lui fit l’effet de la crête d’un coq, oui, d’un beau coq prétentieux, tête levée, qui serait là immobile un instant, parmi la gloire de l’été. […] Et, sans doute, les circonstances se prêtèrent à l’activité de ces héros : ils auraient pu avoir des âmes de héros et, parmi d’autres circonstances, ne rien produire ; mais il y a un mysticisme bien falot à prétendre que ce sont les circonstances qui, eux, les ont produits.
Leurs traits durent se graver profondément dans son esprit, car tels ils se sont montrés à lui en réalité, tels, et à peu près dans les mêmes circonstances, ils apparaissent dans le neuvième chapitre du Coureur des bois. […] Étant admis que tout ce qui vient du cœur est banni du livre, l’enchaînement des circonstances est des plus logiques et les tableaux physiques ne laissent rien à désirer. […] Même les faits secondaires, même les circonstances accessoires, demandent à être logiquement motivés. […] On conçoit dès lors que l’intérêt secondaire du récit du prisonnier menacé se fortifie du puissant attrait résultant des circonstances au milieu desquelles il est fait. […] Chavette a imaginé un assassinat dont les circonstances extérieures sont telles qu’on peut croire : tantôt le mari en fuite coupable du meurtre de sa femme, tantôt celle-ci disparue coupable du meurtre de son mari.
Condamner les Réflexions morales, c’étoit en effet condamner le cardinal de Noailles qui leur avoit donné l’approbation la plus authentique ; mais les circonstances étoient favorables aux jésuites. […] Dès-lors la religion eût été perdue sans retour, à la Chine, sans l’habileté des jésuites & le bon sens qu’eut le légat de se prêter à la fin aux circonstances. […] Il n’est personne qui n’ait entendu parler de l’accusation de ce vol littéraire ; mais on en ignore bien des circonstances. […] Ce contraste n’étoit pas à l’avantage de la religion ; mais que pouvoient faire les capucins dans de pareilles circonstances ? […] Les seules circonstances l’ont tiré de la foule.
Mais leurs progrès furent insensibles sous les successeurs de ce sage Monarque, soit par les malheureuses circonstances des temps ; soit parce qu’ils ne sentirent pas comme lui, l’utilité de la culture des Lettres, ni combien elles contribuent à rendre un Royaume florissant. […] Les hommes ne sont, que ce que les circonstances veulent qu’ils soient. […] Quoiqu’il ait assez travaillé pour sa gloire, il auroit enrichi davantage le Théâtre François, sans de malheureuses circonstances qui l’en éloignèrent trop longtemps pour les progrès de l’Art.
Et je le revois, son doux et triste visage, avec les changements de physionomie, que ne donne pas un portrait, dans trois ou quatre circonstances, laissant en vous, on ne sait comment, un cliché de l’être aimé, en son milieu de ce jour-là. […] Et je me rappelle — je ne sais dans quelles circonstances, j’avais couché deux ou trois nuits chez ma tante — la jouissance physique que j’avais, dans ce cabinet aux lueurs féeriques, à me laver, les mains jusqu’aux coudes, dans de la pâte d’amande : le lavage des mains à la mode, des femmes distinguées de la génération de Louis-Philippe. […] Antoine, que je retrouve à la sortie, est tout à fait d’accord avec moi, pour rapprocher la représentation de : À bas le Progrès, qui me semble absolument de circonstance, dans l’effondrement politique actuel.
Il y a, dans cette destinée d’artiste dont l’âme sensible et toujours brûlante outrepasse le souci exclusif de la forme, mais qui est, pourtant, si bien douée et si fertile pour le jeu des apparences qu’elle ne peut se dérober à leur mobile inspiration, il y a dans cette destinée, une unité, une fermeté, un abandon aussi et une hospitalité tellement vastes et tellement solides que les circonstances et les vicissitudes ne l’ont jamais altérée. […] Ce qui caractérise les poèmes de cabaret, l’esprit d’atelier, c’est leur asservissement aux circonstances. […] Personne n’est moins esclave que Mas Jacob des circonstances et du passager.
Le général se prend de goût et d’amitié pour ce lieutenant de grenadiers si vif, si spirituel et si amusant ; il le mettra plus tard à l’épreuve et en vue dans toute circonstance de guerre, et le traitera comme son élève préféré. […] Il ne songe plus à quitter cette terre d’Afrique ; « plus il y réussit, plus il y est enchaîné » ; c’est une bonne école ; il se fait petit à petit général : « Je m’aperçois avec plaisir qu’en face des circonstances les plus difficiles je prends un calme et un sang-froid que je n’avais pas autrefois : je me sens commander, je m’écoute, je me trouve de l’aplomb, et tout marche.
Ainsi parée, et tandis qu’on apprêtait le char, « la jeune fille, est-il dit, tournant çà et là dans le palais, foulait le sol dans l’oubli des maux qui s’ouvrent déjà sous ses pieds en abîmes, et de tous ceux qui vont s’amonceler dans l’avenir. » — Après un détail approfondi de l’herbe magique qu’elle prend pour donner à Jason, et des circonstances où elle l’a autrefois cueillie, le poëte, continuant de s’inspirer d’Homère, poursuit par des comparaisons enchanteresses que Virgile a ensuite imitées de tous deux : « Elle mit, dit-il, l’herbe magique à la ceinture odorante qui serrait son beau sein, et, sortant à la porte, elle monta sur le char rapide. […] Et c’est bien tard et à grande peine que la jeune fille parla… » Ce premier discours de Médée, si lentement amené, débute et se déroule avec un naturel infini : elle va droit au fait du premier mot : « Écoute bien à présent, lui dit-elle, comment je viendrai à bout de te secourir… » ; et elle entre immédiatement en matière sur l’herbe magique, sur l’usage qu’il en faut faire et sur les diverses circonstances de l’épreuve à laquelle le héros s’est soumis.
Les lettres de l’incomparable amie, qui vont d’une manière ininterrompue précisément à partir de ce temps-là, permettent de suivre toutes les moindres circonstances et jusqu’à l’heureuse monotonie de cette habitude profonde et tendre : « Leur mauvaise santé, écrit-elle, les rendoit comme nécessaires l’un à l’autre, et…leur donnoit un loisir de goûter leurs bonnes qualités qui ne se rencontre pas dans les autres liaisons… A la cour, on n’a pas le loisir de s’aimer : ce tourbillon qui est si violent pour tous étoit paisible pour eux, et donnoit un grand espace au plaisir d’un commerce si délicieux. […] La plus invraisemblable circonstance, celle du pavillon, quand M. de Nemours arrive singulièrement à temps pour entendre derrière une palissade l’aveu fait à M. de Clèves, cette scène que Bussy et Valincour relèvent, faisait pourtant fondre en larmes, au dire de ce dernier, ceux même qui n’avaient pleuré qu’une fois à Iphigénie.
Il s’agit ici comme ailleurs de faire voir et comprendre l’objet, c’est-à-dire de marquer les petites circonstances par lesquelles notre observation le découvre, et de les rassembler sous une impression dominante par laquelle notre raison le concevra. […] La Fontaine montre d’où vient le lien, et cette petite circonstance ramène notre pensée au bord du marécage : Un brin de jonc en fit l’affaire.
Pendant que Brutus se plongeait son épée dans le corps, Horace jeta la sienne, ainsi que son bouclier, pour s’éloigner plus légèrement du champ de carnage ; le poète Alcée, son modèle, en avait fait autant dans une circonstance semblable. […] XXIII La mort précoce du grand Virgile, qu’Horace aimait et célébrait sans envie dans toutes les circonstances, jeta une ombre sur l’âme d’Horace.
« Mes concitoyens m’excuseront donc, ou plutôt me sauront quelque gré si, lorsque la république a été à la merci d’un seul, je ne me suis ni caché, ni enfui, ni découragé, ni conduit en homme vainement irrité contre le pouvoir ou les circonstances ; si enfin je ne me suis montré ni flatteur ni adulateur de la fortune d’un autre, jusqu’au point d’avoir honte de la mienne. […] La législation, selon lui, n’était que la nature morale de l’homme bien interrogée, bien écoutée, bien rédigée selon les circonstances spéciales et les vrais intérêts du peuple romain.
Rousseau semblait préparé par les circonstances, par le temps, par sa nature au rôle de tribun des sentiments justes et des idées fausses qui allaient se livrer dans le monde la lutte révolutionnaire à laquelle nous assistons encore depuis soixante ans. […] On conçoit que des esprits sains, exercés par de longues années de vie publique, écrivent dans leur maturité des tables de la loi, des codes sociaux, des commentaires sur les gouvernements des nations, appropriés aux caractères, aux mœurs, aux traditions, aux âges, à la situation géographique des États, aux circonstances, même politiques, des peuples dont ils éclairent les pas dans la route de leur civilisation.
Le philosophe, au contraire, ne conçoit en aucune circonstance ni la rétractation absolue ni l’immobilité prédécidée. […] Mais rien n’est supérieur à la science et à la grande civilisation purement humaine, et il n’y a qu’un esprit superficiel qui puisse comparer cette grande forme de la vie complète à ces siècles factices où l’on ne pouvait avoir un noble sentiment qu’avec une réminiscence de rhétorique, où l’on faisait venir un philosophe pour s’entendre lire une Consolation quand on avait perdu un être cher et où l’on tirait de sa poche en mourant un discours préparé pour la circonstance.
Car ces deux faits sont : un artiste né peintre, fait littérateur par les circonstances, et tourmenté dans ses littératures du besoin de sensations picturales, et torturant les mots pour leur exprimer des concrétions ; encore, un artiste charmé uniquement des difficiles technicités, et s’usant à ce que les mots sonnent musicalement, comme des musiques, pour les sentimentalités imprécisées ; et, s’il existe un art définissable des noms de « décadence » et « déliquescence », que ce soit celui-là. […] Mais, voilà que lui apparaissent les œuvres de Beethoven ; voilà qu’il entend les derniers quatuors, et qu’une signifiance merveilleuse à lui s’en transissue ; et voilà qu’il se plonge en ces poèmes, les Symphonies, les Sonates, les Ouvertures, et qu’un univers nouveau naît à lui ; « maintenant se révèle une vie toute faite d’esprit, une sensibilité douce tantôt, tantôt effrayante ; fiévreusement, le trouble, puis la paix, et les soupirs et l’angoisse, et la plainte et le transport ; tout cela semble avoir été pris au sol le plus profond de l’âme, et lui être rendu » ; et il comprend que la musique est, non plus l’élargissement d’autres modes de vie artistique, mais le spécial langage du monde spécial de l’âme… « Tirésias avait vu se fermer, devant lui, le monde de l’apparence ; et il avait pu aussi contempler avec ses yeux intérieurs le fond même de toutes les apparences. » Alors qu’importent les jeux des circonstances vaines, et que veut cette chimère, l’action d’un drame extérieur ?
Sa conduite, dans toutes les circonstances difficiles de ces temps de contrastes et de revirements de fortune, fut aussi noble que ses sentiments. […] Soit raisonnement, soit instinct, il y avait, en 1829 et en 1830, un véritable génie des circonstances dans ce parti pris.
Le succès est toujours assuré, soit en tragique, soit en comique, à ces sortes de scènes qui représentent la passion la plus chère aux hommes dans la circonstance la plus vive. […] On a depuis représenté la Princesse d’Élide à Paris ; mais elle ne put avoir le même succès, dépouillée de tous ses ornements et des circonstances heureuses qui l’avaient soutenue.
La politique, on vient de le voir, n’était pas absente ici même, à cette date de la quatrième croisade, et elle achève de se dessiner dans les diverses circonstances et dans le cours de l’entreprise.
Au milieu des exposés les plus scientifiques et les plus désintéressés, s’il s’offre de côté quelque allusion possible à des circonstances politiques, à des émotions bruyantes et passagères, et qui seront demain oubliées, il ne dédaigne pas de faire une sortie et de la marquer avec vigueur.
Il en énumère les circonstances, il la commente, la suit pas à pas en l’accompagnant de ses cris d’aigle ; et quand il a amené les Romains et l’empereur Tite devant Jérusalem, quand il est bien sûr qu’elle est investie, qu’elle est entourée de murailles par l’assiégeant, qu’elle est plutôt comme une prison que comme une ville, et que pas un du dedans, comme un loup affamé, n’en peut échapper pour chercher de la nourriture : Voilà, voilà, chrétiens, crie-t-il, en triomphant, la prophétie de mon Évangile accomplie de point en point.
Il décrit dans un curieux détail les mœurs et le gouvernement des petits cantons ; il n’a rien gardé du vague et de la fougue qui dominaient dans ses précédents ouvrages ; la partie positive et commerciale l’occupe ; il ne néglige aucune des circonstances physiques des lieux qu’il parcourt ; il y mêle des considérations morales qui le montrent affranchi des lieux communs de son siècle, ou plutôt devançant l’esprit du siècle prochain.
Que de choses indispensables, de particularités à apprendre sur les usages, les habitudes, les circonstances journalières de la vie !
Saint-Évremond au fond est un épicurien, et il est cela avant tout ; les circonstances tournant autrement, il aurait pu paraître un tout autre personnage sans doute, mais il avait en lui essentiellement l’étoffe d’un philosophe d’indifférence et de plaisir, d’un observateur souriant et ferme qui compare, qui apprécie la valeur des choses et s’en détache autant qu’il lui sied.
Vous quitterez tout de suite en disant que les circonstances vous y obligent, et vous ferez cette même réponse à tout le monde sans autre explication.
[NdA] On peut lire pourtant encore une Lettre à une dame de Dijon touchant les dogmes de l’Église romaine, où il y a bien des choses justes et fines : comme on oppose toujours aux protestants l’Exposition de la foi catholique, par Bossuet, Abauzit fait très bien remarquer que ce livre si vanté, auquel on renvoie toujours et qui fut publié dans des circonstances et dans des vues qu’on n’ignore pas, « est moins une exposition qu’un adoucissement de la foi catholique », que l’on s’efforce de rapprocher de la protestante : « Ainsi le livre de M. de Meaux ne nous regarde pas, mais il est excellent pour son Église qui devrait en profiter ; et ce n’est pas tant une apologie dans les formes que des excuses qu’il nous fait.
Une circonstance cruelle est l’entrée de l’hiver pour aller au loin, dans mon état, chercher un gîte.
… La question générale ainsi posée, en ces termes abstraits, serait d’une solution peut-être trop commode ; mais la vraie solution pratique consiste à savoir si telle nation, dans telles circonstances données, avec son humeur, son génie, son passé récent, son culte de souvenirs, ses besoins d’ordre et de réparation, ses autres besoins innés et non moins réels d’initiative, de prépondérance et de grandeur, peut et veut se gouverner de la première manière, si elle en est avide, désireuse et capable, si ce gouvernement de soi par soi-même n’aboutirait pas à la ruine de tout gouvernement, à l’anarchie et à la subversion.
Il aimait à parler de ce temps-là, des circonstances qui précédèrent et suivirent la bataille.
. — Catherine II. » A part ce début et comme ce frontispice digne d’Aristote, de Polybe ou de Machiavel, il n’y a rien de dogmatique ni de raisonné dans le récit, qui porte tout entier sur des faits, des circonstances positives, et dans lesquelles les réflexions même n’interviennent que sobrement.
Patin, prenant au sérieux la gageure et se piquant d’émulation, se mirent de leur côté à l’œuvre, et composèrent un petit opéra de Pygmalion, qui alla jusqu’à être mis en répétition à je ne sais quel théâtre, mais que diverses circonstances leur firent laisser là, puis oublier.
Calemard de Lafayette était, il y a une quinzaine d’années, un jeune littérateur de Paris ; il s’occupait de poésie et de critique ; il était du groupe de l’Artiste et en train de se faire un nom, tout en se livrant à ses goûts préférés, lorsque, vers ce temps, des circonstances de famille et de fortune l’enlevèrent à la vie parisienne : il avait le bonheur et l’embarras d’être propriétaire foncier ; il se retira dans ses terres aux environs du Puy, dans la Haute-Loire, et se mit à les exploiter lui-même ; il prit goût à l’agriculture, à l’amélioration du sol et des colons ; l’amour de la poésie l’y suivit, et il combina ces deux amours, celui des champs et celui des vers : il en est résulté le poème dont j’ai à parler et qui a paru il y a quelques mois.
Dans la vie d’un homme, il y a toujours des circonstances décisives qui l’enlèvent à la génération dont il procède, pour le placer au milieu de celle dont il fait partie.
Il n’existe pas de circonstances atténuantes, et l’on n’est pas admis à dire d’un pareil être : « Il fera mieux une autre fois. » C’est sur les pensées, sur les occupations historiques et morales du grand captif qu’il faut se rejeter pour n’avoir pas le cœur trop serré par ce supplice et cette lente agonie de près de six années à Sainte-Hélène.
Ce qui me frappe dans l’Évangile selon saint Matthieu, et qui, s’il n’est pas l’original même de cet apôtre, est traduit de l’hébreu et rédigé en grande partie d’après lui, c’est moins le récit des actions, l’encadrement des circonstances, que les discours, les dires et sentences de Jésus qu’on saisit ici dans tout leur jet primitif et toute leur fraîcheur.
Il eût pu, tout au plus, se faire écouter en plaidant pour son client les circonstances atténuantes.
M. de La Chapelle s’empare de l’idée de Velleius et l’applique aux circonstances (page 177) : c’était le cas sur cette fin d’un grand siècle et le lendemain de la mort de Racine.
Lefebvre, pour l’arrêter dès le premier effort qu’il tenta en ce sens (17 mars 1808) : « Les circonstances doivent vous rendre extrêmement circonspect dans vos démarches, et Sa Majesté ne peut approuver toute la peine que vous vous donnez pour nouer une négociation : n’en prenez aucune.
Il avait débuté à Bordeaux, de dix-sept à vingt ans, par des pièces représentées avec assez de succès, des parodies de circonstance, notamment Lucrèce ou la Femme sauvage, parodie de la Lucrèce de Ponsard, « ornée de chant et de danse », et une autre parodie des Mousquetaires.
Buchon pour la Franche-Comté, cette circonstance de changer de patois, d’un pays et d’un clocher à l’autre, était vraie dans un temps pour toute la France.
Il ne lui avait jamais été donné sans doute de tenir toutes ses promesses ; il n’était jamais allé au bout de toutes ses entreprises ; mais il n’avait jamais non plus subi d’échec éclatant, et les circonstances les plus critiques avaient tourné encore à son honneur.
Ce mal de faiblesse, d’indifférence, parfois de lâcheté, dans le caractère politique, dont semble travaillé le pays ; ce mal, dont 1814 et 1815 ne furent qu’une des circonstances les plus aggravantes, et dont les causes profondes remontent à des crises bien antérieures, et jusqu’en 91, en 93, au 18 fructidor, au 18 brumaire, etc. ; ce mal-là se concentre tout entier pour M.
Les Discours en vers de Millevoye, ses Dialogues rimés d’après Lucien, ses tragédies, ses traductions de l’Iliade ou des Églogues selon la manière de l’abbé Delille, nous semblent, chez lui, des thèmes plus ou moins étrangers, que la circonstance académique ou le goût du temps lui imposa, et dont il s’occupait sans ennui, se laissant dire peut-être que la gloire sérieuse était de ce côté.
Les beautés qui immortalisent les poètes italiens appartiennent à la langue, au climat, à l’imagination, à des circonstances de tout genre qui ne peuvent se transporter ailleurs, tandis que leurs défauts sont très contagieux.
On ne songe plus à se composer et à se contraindre, à garder sa dignité en toute circonstance, à soumettre les faiblesses de la nature aux exigences du rang.
Jadis le seigneur de Blet percevait dans cette circonstance le droit de rachapt, mais on l’a laissé tomber en désuétude.
Nous avons vu, dans un triton ou une grenouille, le train postérieur, séparé du reste, exécuter des mouvements complexes, adaptés à un but, et capables, si les circonstances changent, de s’adapter à un autre but.
« — Puisque vous me le dites vous-même, lui répliquai-je, je ne vous dissimulerai pas qu’en effet le vote et la conduite parlementaire d’un homme de votre loyauté et de votre importance me semblent inexplicables dans les circonstances où la monarchie des Bourbons, vos amis, se trouve engagée.
Elle renvoie à chaque génération un pâle écho de la génération précédente, sous le contrôle des circonstances, à l’émission comme à la réflexion.
La bohème est une tare d’esprit et une dégradation de caractère ; la bohème n’est imposée à aucun être par les circonstances.
A ne regarder que les circonstances principales, une noblesse abattue par Richelieu, et qui se relève à la faveur d’une régence ; un premier prince du sang qui veut régner comme Richelieu, ne comprenant pas que ce qui est possible à un évêque, séparé du trône par un abîme, ne l’est pas à un prince du sang, qui peut être tenté d’y monter ; des grandes dames excitant la guerre civile pour éloigner leurs maris ; de jeunes seigneurs qui s’y jettent par galanterie, et qui prennent pour drapeau l’écharpe d’une maîtresse ; un Parlement étourdi de sa puissance, et défendant l’ordre par la sédition ; des princes de l’Eglise organisant l’émeute armée, comme la dernière sorte de guerre que leur permettent les mœurs ; à ne regarder, dis-je, la Fronde que par ce côté extérieur et local, cette longue échauffourée n’est qu’un événement particulier.
Ce n’était pas là une circonstance humiliante ou fâcheuse.
Nous avons été lié avec une personne à qui nous n’avons point pensé depuis longtemps ; une lettre d’elle, une remarque qu’elle aimait faire et qui est répétée à notre oreille ; ce sont là des circonstances associées avec l’idée de la personne et qui nous la remettent en mémoire.
Au reste, ce poëme ne pouvait paraître dans des circonstances plus malheureuses : nous sommes trop près ou trop loin de son sujet.
Les interruptions, les repos, les sections, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur… Et il continue sa critique, ayant en vue L’Esprit des lois de Montesquieu, ce livre excellent par le fond, mais tout morcelé, où l’illustre auteur, fatigué avant le terme, ne put inspirer tout son souffle et organiser en quelque sorte toute sa matière.
Ces circonstances sont désormais prouvées d’une manière irréfragable et par les dépositions des témoins, et par les confessions des acteurs, et par les propres lettres de Marie Stuart, dont M.
L’abbé Edgeworth, en leur donnant ses soins, avait contracté cette maladie, une espèce de typhus ; et c’est en ces circonstances extrêmes que Mme d’Angoulême ne voulut jamais l’abandonner : « Moins il a connaissance de ses besoins et de sa position, disait-elle, plus la présence d’une amie lui est nécessaire… Rien ne m’empêchera de soigner moi-même l’abbé Edgeworth ; je ne demande à personne de m’accompagner. » Elle voulait lui rendre, autant qu’il était en elle, ce qu’il avait apporté de consolation et de secours à Louis XVI mourant.
Tandis que dans ses premiers livres, l’organisme humain reste à peu près intact, dans ses derniers il le doue d’étranges timidités, d’une mollesse constante, d’un acquiescement résigné à toutes les vicissitudes, d’une absolue dépendance des circonstances extérieures, qui se traduit autant par l’incapacité d’André à travailler dans un appartement neuf, que par l’intolérable malaise qu’il ressent à vivre seul, sans le bruissement d’un jupon de femme autour de lui.
Les hommes ont commencé par améliorer leur situation sur la terre, soit par un instinct plus ou moins semblable à celui des animaux, soit par une sorte de tâtonnement empirique, se développant au jour le jour, en raison des circonstances et des besoins : c’est ainsi que se formèrent les premières industries et les premières sociétés ; puis un premier degré de réflexion survint.
Il y a seulement quelques circonstances où il n’est ni contre la vérité ni contre l’intérêt de rappeler l’instant qui n’est plus ou d’annoncer l’instant qui va suivre.
N’y a-t-il pas des circonstances où le fait seul dépose et où il ne faut pour ainsi dire aucun témoin ?
Même il est très possible d’employer concurremment plusieurs critères, suivant les circonstances.
On n’a pas vu assez combien Bonaparte a été favorisé par les circonstances ; on n’a pas vu assez combien il lui eût été possible de relever l’autel des croyances sociales, dont les débris n’étaient pas encore enfoncés dans la poussière des décombres ; et combien on allait au-devant de lui pour l’accomplissement de l’œuvre de la régénération.
Elle veut être le génie inconscient qui ne fait, à proprement parler, ni ceci ni cela, après méditation laborieuse et volonté déterminée ; mais qui vibre divinement sous le doigt de la circonstance, parce qu’il a été créé pour vibrer !
C’est un sensuel que Droz, et si de sensuel, comme il arrive parfois sous l’influence des circonstances qui ennoblissent la vie, il se transforme tout à coup en sentimental, son sentiment n’est, après tout, que de la sensation transformée.
Dans la circonstance d’un tel sujet, on pouvait craindre, n’est-il pas vrai ?
Nous le connaissons, et l’intérêt que nous lui portons est surtout fait de la curiosité de savoir comment il sortira des difficultés où l’ont jeté ses passions ou les circonstances de la vie.
Il faut adapter une règle aux circonstances et au moment.
D’abord, parce qu’il est toujours pénible de voir un homme de talent se fourvoyer sans ressource ; et puis, parce qu’il est plus pénible encore de le voir compromettre avec lui, dans son aventure, ce qu’il pouvait y avoir de justesse et de vérité dans les théories d’art auxquelles les circonstances avaient attaché son nom.
Il nomme toutes les prieures, il expose en style ecclésiastique leurs caractères tous divers, mais tous également saints ; il marque leur famille, il donne des détails sur la généalogie, il explique les circonstances qui les ont retirées du monde.
Si le lecteur daigne regarder autour de lui, il verra cent exemples de ces vocations contrariées par les circonstances, de ces esprits prématurés ou tardifs, de ces hommes de talent qui eussent été des hommes de génie s’ils étaient venus à temps.
et de là, son souci de l’opinion ; de là, dans son œuvre, tant de pièces de « circonstance », — l’événement du jour transposé sur le mode lyrique ; — de là, aussi, dans sa vie, tant de défaillances et de palinodies. […] Les anecdotes caractéristiques y abondent : sur Hugo lui-même, sur les circonstances de la publication de ses œuvres, sur ses familiers, sur ses contemporains, sur ses rivaux de gloire et de popularité. […] En quel temps donc ou dans quelles circonstances a été composé l’Hexateuque ? […] La raison s’en trouve-t-elle peut-être dans quelque circonstance que nous ne savons point ? […] dans quelles circonstances ?
Tout serait parfait, s’il suffisait, dans la vie, de s’abandonner au gré des événements ; or, il est des circonstances où l’on se trouve contraint de prendre une initiative. […] Dans la pièce, Jules Renard est contraint de nous montrer un Poil de Carotte plus cohérent, parmi des circonstances qui s’enchaînent selon une logique aisément perceptible. […] Il est vertueux, mais il croit à une vertu indépendante des circonstances ; il est bon, mais il croit à l’efficacité de la bonté, quels que soient le temps et l’occasion. […] Lucien Corpechot nous fait assister aux progrès de leur art, qui avait besoin, pour atteindre son plein épanouissement, de la volonté des hommes et de l’agrément du sort, des circonstances sociales et de l’intervention du génie : la France eut Louis XIV, et. […] Il n’aura point la naïveté de croire que nul avant lui n’en éprouva d’aussi forte, mais il pensera — et chacun de nous, en de semblables circonstances, peut à bon droit penser de même — que personne jusqu’à lui n’en fit une description parfaitement exacte.
Même, leur entrain dogmatique les empêchait d’examiner les circonstances atténuantes et de reconnaître à l’auteur de Serge Panine ce don qui manque à de meilleurs écrivains, le don de raconter… Qu’importe ? […] Peut-être y a-t-il des idées, et les plus belles et pures, qui n’ont jamais leurs circonstances favorables et dont l’univers ne profite pas. […] Tito s’attriste, jusqu’à une circonstance heureuse où il débite au comte et à la comtesse de Vallarciero une harangue latine, joliment redondante, et célèbre leurs noces d’argent. […] Elle ne la choisit même pas ; elle la subit telle que les circonstances la lui donnent. Les circonstances ne lui sont pas du tout particulières.
Enfin, au lieu d’une conclusion abstraite et vague sur le beau, nous avons une conclusion très concrète et précise sur les circonstances historiques qui ont favorisé l’éclosion des divers génies poétiques. […] Sainte-Beuve avait cherché avec plus de rigueur l’explication des œuvres littéraires dans les circonstances de la vie des écrivains et du temps où ils avaient vécu. […] Il comptait y ajouter l’histoire de l’Empire, mais les circonstances vinrent encore ici disposer de lui. […] Le père et la mère représentent auprès de l’enfant deux tendances diverses et pourtant concordantes ; « lui, la justice exacte, la loi en action, énergique et austère ; elle, la douce justice des circonstances atténuantes, des ménagements équitables que conseille le cœur et qu’autorise la raison ». […] Mon journal nous initie à ce travail intérieur et aux circonstances décisives qui en ont été l’occasion.
Sainte-Beuve aurait dû alors, forcé par les circonstances, adresser à Victor Hugo une lettre de rupture à laquelle celui-ci répondit par le billet qu’on vient de lire. […] À côté de ce monde lugubre, fétide et grotesque des malfaiteurs, elles lui ont presque semblé, dans beaucoup de circonstances, constituer, elles aussi, un monde assez peu digne d’émouvoir. […] Péladan ; le tort causé à ce dernier n’équivaut pas, dans la circonstance, à cette certification de l’intérêt de ses œuvres auxquelles elle donne une véritable plus-value. […] De fait, il y eut un moment où, si le général Boulanger l’avait voulu, il serait entré à l’Élysée tout comme un autre ; il ne le voulut pas, et Rochefort reproduit les raisons qu’il donna de son inaction en cette circonstance. […] Néanmoins, j’avoue que, sans me préoccuper du bien où du mal fondé des opinions de M. de Persigny en cette circonstance, je ne puis me défendre de trouver une certaine grandeur à cette maladresse.
Il faut avoir désormais égard à la condition, au temps ou à la circonstance, à l’âge, au sexe. […] I, Paris, 1872], que « le privilège de la France de Louis XIV consiste à s’être trouvée placée dans des circonstances où son mouvement propre était dans le sens du mouvement général de l’Europe… de manière à la rendre l’interprète ou le véhicule des idées communes », on aurait jeté sans doute une vive lumière sur un temps de l’histoire de notre littérature, et particulièrement on en aurait assez bien expliqué la rapidité de propagation. […] Ne présentez jamais de basse circonstance. […] Fontenelle, Éloge de Claude Perrault] ; — Charles Perrault ; — ses premières études et ses premiers vers ; — le « travestissement » du VIe livre de l’Énéide ; — et à ce propos de la renaissance du burlesque. — Colbert fait de Perrault le secrétaire de l’Académie des inscriptions ; — Perrault lui suggère l’idée de la première Académie des sciences ; — il travaille avec Chapelain à la « Liste des bienfaits du Roi ». — Le contrôleur des Bâtiments ; — ses travaux ; — il inspire à son frère l’idée de la colonnade du Louvre ; — ses dégoûts et sa retraite. — Les pièces de circonstance. — Le Saint Paulin, 1686 ; — et à cette occasion, de la renaissance de l’épopée. — Le Siècle de Louis le Grand, 1687 ; — et des deux titres de l’ouvrage à notre attention, qui sont : — d’avoir donné à Voltaire l’idée du Siècle de Louis XIV ; — et d’avoir déchaîné la querelle des Anciens et des Modernes. […] 3º Les Œuvres. — Les Œuvres de Perrault se composent : 1º d’un certain nombre de pièces de circonstance, telles que le Discours sur l’acquisition de Dunkerque par le Roi, 1663, ou Le Parnasse poussé à bout, sur la difficulté de décrire la conquête de la Franche-Comté, 1668 ; — 2º de son Poème sur la peinture, 1668 ; de son Saint Paulin, 1686 ; de son Siècle de Louis le Grand, 1687 ; — 3º de ses Parallèles, cinq dialogues en quatre volumes, publiés, ainsi qu’il a été dit, de 1688 à 1696 ; et auxquels il faut joindre, comme tendant au même but, son recueil des Hommes illustres, 1696-1700 ; — et enfin, 4º de ses Contes de fées, qui sont : — La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon Rouge, La Barbe bleue, Le Chat botté, Les Fées, Cendrillon, Riquet à la houppe, Le Petit Poucet, en prose ; — et Griselidis, Peau d’âne, et Les Souhaits ridicules, en vers.
Notre vouloir est un pronostic de ce que nous ferons dans toutes les circonstances ; mais ces circonstances nous saisissent d’une manière qui leur est propre. […] On y observe des hommes qui sans doute n’étaient pas mauvais dans le cours ordinaire de la vie, et qui, déconcertés par des circonstances exceptionnelles, devinrent féroces à force d’être lâches. […] Ainsi donc, il y a des « circonstances fatales » qui peuvent contraindre sept honnêtes gens à condamner un homme sans le croire coupable ! […] M. de Gelder, étant Hollandais, savait garder, dans toutes les circonstances de la vie, un calme que les révolutions politiques ne parvenaient pas à troubler. […] Van de Poll, haranguant l’ancien consul Lebrun, devenu Altesse Sérénissime et prince architrésorier, ne parlait pas autrement que n’eût fait, en pareille circonstance, le maire de Lyon ou de Nantes.
On y voyait Paul Léautaud-Boissard qui, pour la circonstance, portait un pantalon de velours beige, une capote bleu marin et coiffait son chef d’un képi rouge. […] L’Homme dans le rang, qui parut en 1913, est un essai sur la matière psychologique que développent les institutions militaires ; les circonstances devaient lui donner une actualité que son auteur sans doute était, comme nous, dans le fond de son cœur, loin de désirer : l’Homme dans le rang, qui contient un récit de la mobilisation, d’un accent singulièrement prophétique, devint ainsi le manuel littéraire des intellectuels suisses mobilisés. […] Il avait autrefois appris la patience, il a bien voulu se soumettre à la nouvelle épreuve que les circonstances lui ont injustement imposée. […] Hébrard, le directeur du Temps, qui lui avait demandé sa collaboration hebdomadaire et qui l’avait obtenue, Anatole France s’écrie soudain sur un ton badin, du moins je l’espère encore, bien qu’à tout prendre, en la circonstance, le badinage soit aussi insupportable qu’un aveu sans artifice : « Quel écrivain vous feriez si vous aviez moins d’idées ! […] La littérature, pour Drieu, n’est donc pas un jeu : ses premiers ouvrages le prouvent où il veut s’engager tout entier ; du même coup, c’est sa génération qu’il s’efforce d’y faire témoigner, notamment aux dernières pages de Mesure de la France où apparaît celui que tout désignait, Drieu l’affirme, sans doute un peu vite, pour être son jeune maître, Raymond Lefèvre128, qui périt dans des circonstances encore bien obscures, au retour d’un voyage en Russie.
Un homme entre dans une église, s’agenouille aux pieds d’un confesseur et lui raconte sa vie sans omettre une circonstance, sans voiler ses bassesses ni ses fautes, sans cacher ses sentiments ni atténuer ses mauvaises actions. […] Il est vrai qu’ils ne procèdent ni comme Balzac, ni comme Zola, qui ont créé des personnages logiques, agissant conformément à des antécédents indiqués par le romancier, et allant où les conduisent la fatalité de leur complexion et la tyrannie des circonstances. […] Même sans le concours de cette circonstance, toutes les œuvres de Daudet émeuvent, parce qu’il sait pratiquer le si vis me flere, discrètement comme l’exige l’art contemporain, sans exclamations ni apostrophes. […] Il est clair qu’un homme seul, pour si remarquable que soit son génie, n’improvise pas un mouvement littéraire ; mais pour que nous l’appelions chef, il suffit que les circonstances ou ses propres entraînements l’amènent à commander, comme Zola, commande avec un grand éclat les armées de ce que tout le monde appelle déjà le naturalisme. […] Ce problème, comme presque tous les problèmes, se résout dans chaque cas d’après les circonstances, parce qu’il existe autant de caractères différents que de jeunes filles et que ce qui convient à l’une serait peut-être funeste à l’autre.
Nous donnons dans les pages qui suivent tous les renseignements, tous les documents qui peuvent éclairer le lecteur sur les circonstances dans lesquelles Vinet écrivit les divers articles de ce volume. […] Il conviendrait sans doute ici de rappeler les différentes circonstances de la nomination de Sainte-Beuve à l’Académie de Lausanne, mais ce sont les relations de Vinet et de Sainte-Beuve qui, seules, nous intéressent. […] Quelque faveur que les circonstances paraissent promettre à la poésie des choses modiques, peu de gens sauront qu’il valait poétiquement la peine de traiter tel ou tel sujet que M. […] Mais on ne peut pas se représenter tous les esprits d’une époque se rencontrant dans une invention concrète, qui ne saurait être jamais qu’individuelle ; il faut les voir cherchant pour un sentiment populaire, né à la fois chez tous de circonstances communes à tous, un symbole, une enveloppe, et la trouvant dans quelque fait ou dans quelque personnage éclatant, qui se rencontre fort à propos pour prêter une forme à l’idée, mais qui aurait fort bien pu vêtir la nudité, je veux dire l’abstraction, de telle autre idée, différente ou même opposée. […] De là une position contradictoire et fausse ; de là la nécessité, finalement obéie, d’une transaction ; ainsi par exemple, l’âme, déplacée d’un poste qu’elle n’a pas su défendre, l’abandonne, et va concentrer, exagérer ses forces sur un point différent, qu’elle a choisi sous l’inspiration du caractère ou même des circonstances.
Littré, qui depuis des années était en estime auprès des savants et de tous les hommes instruits, est devenu, grâce à une circonstance imprévue (son échec à l’Académie par suite de la dénonciation de l’évêque d’Orléans), des plus célèbres tout d’un coup et presque populaire. […] Je n’ai point attendu ces circonstances pour exprimer les sentiments de déférence et de respect que m’a toujours inspirés l’auteur ; mais je profiterai du moment favorable pour parler de lui avec l’étendue qu’il mérite, pour caractériser quelques-uns de ses travaux, et le présenter au public tel que je l’ai vu constamment et que me le peignent les hommes qui l’ont le plus cultivé et qui l’ont suivi de plus près.
Le discours de M. de Vigny, avec les circonstances du débit, fut la principale causé du succès de l’orateur rival, devenu tout d’un coup adversaire. […] Une circonstance particulière et que j’allais oublier avait contribué, dès les premiers moments du discours de M.
Je fus touché de ce voyage, surtout dans la circonstance où je me trouvais et où j’avais grand besoin, pour soutenir mon courage, des consolations de l’amitié. […] La publication de ces articles sur Mme de Verdelin m’a valu d’intéressantes communications de son arrière-petit-neveu, le comte Anatole de Bremond d’Ars, ancien sous-préfet de Quimperlé : c’est de lui que j’ai appris la date et le lieu de la mort ainsi que d’autres circonstances bonnes à noter et qui, pour peu qu’on le voulût, permettraient de joindre au portrait une Notice biographique.
Des circonstances particulières étaient venues accroître encore sa tristesse naturelle. […] « Outre le plaisir et la surprise de mon arrivée imprévue, il y avait une circonstance antérieure qui rendait cette surprise et ce bonheur infiniment plus frappants pour lui, car ce jour-là était précisément le second jour du mois de novembre ou le jour des Morts, fête funèbre particulièrement solennisée dans tous les pays catholiques.
Littérature, philosophie, et politique de la Chine I Les circonstances aujourd’hui nous commandent le sujet. […] Toutes ces délégations de la volonté générale ou du gouvernement sont arbitraires, locales, contestables, systématiques, abstraites, affirmées ou niées selon les temps, les lieux, les circonstances.
Il épousa légalement plus tard la jeune et charmante compagne qu’il s’était donnée, et il l’épousa dans des circonstances qui donnent un grand prix d’honnêteté et de désintéressement à son amour. […] Le prince de Talleyrand fut en France dans ces derniers temps le Goethe de la politique ; Goethe fut le prince de Talleyrand de l’Allemagne en littérature ; tous les deux très supérieurs au vulgaire, très dédaigneux des événements, peu soucieux de ces doctrines soi-disant immuables que les partis appellent des principes et que l’histoire appelle des circonstances.
Voilà quelle était la vie habituelle des habitants du Cayla, avec les modifications que l’âge, les circonstances, les petits événements intérieurs apportaient dans ces habitudes. […] Mais l’absence complète et volontaire de fortune ne lui laissait pas l’illusion d’être recherchée, et l’espèce de langueur désintéressée d’amour qui suit ces circonstances l’avait détachée de toutes ces espérances, sinon de tous ces désirs.
Si beaucoup d’érudits l’ont entendu autrement, et si Marot notamment, qui en a donné une édition ou plutôt une version, a vu dans la rose, soit « l’état de sapience » soit « l’état de grâce », soit « le souverain bien infini », soit enfin la glorieuse vie de Marie elle-même, c’est que le plan, fort peu clair dans la première partie, est encore plus obscur dans la continuation de Jean de Meung, et que parmi ces personnages allégoriques, il en est plusieurs dont le rôle ne correspond pas toujours à une circonstance bien déterminée, soit de l’amour, soit des passions dont il est le mobile. […] C’est le tort de ces poésies qui ne se sont pas fait jour d’elles-mêmes, ou des circonstances qui les ont étouffées.
Les Fausses Confidences ne sont que la même situation, avec des circonstances qui la diversifient. […] s’écrie Diderot, que de circonstances !
Je conçois idéalement un révolutionnaire vertueux, qui agirait révolutionnairement par le sentiment du devoir et en vue du bien calculé de l’humanité, de telle sorte que les circonstances seules seraient coupables de ses violences. […] Il faut partir de ce principe que l’homme ne naît pas actuellement bon, mais avec la puissance de devenir bon, pas plus qu’il ne naît savant, mais avec la puissance de devenir savant, qu’il ne s’agit que de développer les germes de vertu qui sont en lui, que l’homme ne se porte pas au mal par son propre choix, mais par besoin, par de fatales circonstances, et surtout faute de culture morale.
Ce qui est du moins indiscutable, c’est qu’en certaines circonstances la pénétration de la poésie par la musique peut se produire et qu’en pareil cas les œuvres poétiques d’une dizaine d’années en gardent l’ineffaçable empreinte. […] Les mariages des grands de la terre, les naissances d’enfants royaux, la célébration d’une victoire ou d’un traité de paix, l’érection d’une statue, commémorative d’un grand homme ou d’un grand événement, ont fait éclore par centaines les poésies et les pièces de circonstance.
Et puisque de bienheureuses circonstances le tenaient forcément éloigné de tout grand théâtre, ses vues sur la nature du drame et sa propre individualité créatrice purent mûrir lentement à travers les années, sans le trouble de banales et hâtives réalisations. […] IV « … Et lorsque le discours est écrit, il erre par le monde : parmi ceux qui le comprennent et parmi ceux à qui il ne s’adressait pas et qui ne peuvent le comprendre. » Platon J’ai parlé des circonstances extérieures qui ont accompagné la conception et la création de Tristan et Isolde ; et en mentionnant la littérature dans laquelle l’auteur a puisé le sujet et l’emploi qu’il en a fait, je crois être resté strictement dans les limites de ce même cadre.
Nous le voyons, par exemple, jeter sur le papier — quand on le lui demande — des thèmes musicaux qui n’acquièrent leur plein développement qu’un quart de siècle plus tard, lorsque les circonstances lui permettent de faire la partition. — Je crois que pour Wagner le poème était — pour ainsi dire — une chose bien plus fortuite que la musique ; celle-ci, au contraire, était nécessaire, elle ne pouvait être autrement, elle répondait à un ordre de vérité plus vague dans un certain sens et pour lequel la fable dramatique pouvait en conséquence varier, mais de vérité plus profonde dans sa généralité, plus certaine, plus absolue. […] Mais on n’oubliera jamais que c’est là une chose qui dépendait le plus souvent de circonstances tout extérieures et accidentelles, et que toute conclusion psychologique ou autre qu’on voudrait déduire de telles dates est donc sujette à caution.
Cette inclination fut mutuelle, quoique contrariée par les circonstances de famille. […] Le poète qui allait venir avait donc sa place marquée dans le temps. » « Être conçu dans l’exil et y mourir », ajoute Ozanam, « remplir de hautes magistratures et subir les dernières infortunes, ce destin a été celui de beaucoup d’autres ; mais d’autres circonstances avaient ménagé à Dante une autre vie que la vie publique, une vie de cœur dont il faut, pour le comprendre, pénétrer les mystères.
Le sujet, revenu à la vie, déclare avoir vu défiler devant lui, en peu de temps, tous les événements oubliés de son histoire, avec leurs plus infimes circonstances et dans l’ordre même où ils s’étaient produits 85. […] Ramassant, organisant la totalité de son expérience dans ce que nous appelons son caractère, il la fera converger vers des actions où vous trouverez, avec le passé qui leur sert de matière, la forme imprévue que la personnalité leur imprime ; mais l’action ne sera réalisable que si elle vient s’encadrer dans la situation actuelle, c’est-à-dire dans cet ensemble de circonstances qui naît d’une certaine position déterminée du corps dans le temps et dans l’espace.
Mais les circonstances les empêchent de paraître comme eux ; en attendant examinez l’esprit, la beauté de leurs yeux, la vivacité ou la noblesse même de leur langue grecque vulgaire.
Il y aurait à dresser un historique de ses principaux sermons, à en fixer la date avec les circonstances mémorables qui s’y rattachent.
Toutefois, Massillon n’a été si célèbre par son Petit Carême que parce qu’en cette circonstance il s’est trouvé l’organe d’un sentiment social longtemps comprimé, qui se faisait jour pour la première fois.
Ce que le Prince Noir fit à Poitiers auprès du roi Jean, Froissart le fait en toute circonstance à l’égard des personnages qu’il introduit et dont il expose les actions.
Au moment de la première charge, voyant qu’on ne s’ébranlait pas, ils s’arrêtèrent à vingt ou trente pas des escadrons et bataillons allemands, sauf un petit nombre qui poussèrent à fond : Dans ce moment, dit Lassay, nos petites pièces de canon ayant commencé à tirer, et les bataillons à faire un feu prodigieux, on leur vit faire un mouvement quasi pareil à celui que fait le blé qui est agité par le vent ; et ensuite ils tournèrent, mais assez lentement ; toute notre ligne s’ébranla pour les suivre, mais fort lentement aussi, craignant de se rompre… En un mot, toutes les particularités et les circonstances de cette victoire de Gran se comprennent à merveille par le récit de Lassay.
Dans les questions de presse, qui étaient une des grandes préoccupations d’alors, il avait repris en la bonne direction de l’esprit public livré à ses propres lumières cette confiance qu’il n’avait sans doute pas eue toujours, que ceux qui ont vécu dix et vingt ans de plus n’ont pas conservée, tant il est difficile aux plus judicieux de s’isoler des circonstances générales et des courants d’opinion à travers lesquels on juge.
Je sais bien qu’il y en a qui gémissent de cet attentat… Il est à remarquer, en effet, que l’Académie française qui, depuis, a été une sorte de sanctuaire classique et d’où sont partis en sens inverse, d’où sont tombés sur des têtes que nous savons bien des anathèmes, était alors un lieu beaucoup plus neutre et dans lequel les adversaires et les contradicteurs de Despréaux, et, ce qui était plus grave, les contempteurs d’Homère, avaient eu pied en toute circonstance : J’avertis ici Mme Dacier, disait La Motte dans sa réponse, qu’elle a une idée fausse de l’Académie française.
Le malheureux combat d’Oudenarde, avec les circonstances qui l’accompagnèrent et qu’exploitèrent si bien en leur sens les amis de M. de Vendôme, fut un mortel échec à la réputation du duc de Bourgogne, et aussi un coup de poignard pour l’âme délicate et fière de Fénelon.
Je ne me charge pas de répéter ici l’historiette de cet amour de Maucroix, raconté au long par Tallemant jusque dans ses circonstances les plus naïves.
Et ce n’est que le centre et le pivot de la description ; il faut en suivre le détail et les circonstances chez l’auteur, sans oublier cette belle page sur l’absence totale de vie, sur la fuite ou l’anéantissement de tous êtres vivants dans ces mortelles solitudes dès cette époque de la saison : deux papillons seuls, non pas même des papillons de montagnes (ils sont trop avisés pour cela), mais de ceux des plaines, le Souci et le petit Nacré, aventuriers égarés on ne sait comment, avaient précédé les voyageurs jusqu’en ce vaste tombeau, « et l’un d’eux voletait encore autour de son compagnon naufragé dans le lac ».
Le père Gourdan, dans cette circonstance, avait un peu faibli et s’était laissé aller à présenter les explications et les excuses de ses autres confrères.
Sénecé, auteur d’opéras et d’intermèdes de circonstance, avait eu probablement affaire à Lulli et savait par où il péchait.
Les circonstances s’étant opposées à ce premier dessein, il se rabattit à se promener par la chrétienté et en Europe (1600-1601)42.
M. de Rohan est souvent resté aux deux tiers du chemin, et il n’a pas triomphé à nos yeux de toutes les obscurités qui pouvaient résulter des replis de son caractère autant que de la conjuration des circonstances.
Je ne crois pas, madame, que M. le marquis de Torcy ait quelque difficulté à me rendre ce bon office, avec les circonstances que je dis, comptant assez sur l’honneur de son amitié pour espérer tous ceux qui lui seront possibles.
Mes prisonniers affamés, supposant à mon absence et à leur réclusion quelque grave motif qui les concernait, étaient demeurés cois pendant toute la nuit, mais en proie aux alarmes les plus folles et les plus excusables eu égard aux circonstances.
Ainsi, à cette même comtesse de Senfft, après qu’il a franchi son Rubicon et qu’il a pris pied sur l’autre rivage : « Plus je vais, plus je m’émerveille de voir à quel point les opinions qui ont en nous les plus profondes racines dépendent du temps où nous avons vécu, de la société où nous sommes nés, et de mille circonstances également passagères.
Sa mort si brusque, précédée et accompagnée de circonstances particulièrement touchantes, excita un sentiment de regret universel.
Mazères semble avoir pour lui l’ancienneté des titres, leur parfaite convenance dans la circonstance présente, une collaboration heureuse avec des maîtres illustres de la scène, et, en son propre et seul nom, des pièces agréables, dont une, faite de verve, le Jeune Mari, est restée au répertoire ; ce qui était fort compté en d’autres temps.
Mais voici le piquant de la circonstance.
Je sais qu’il ne pouvait guère en être autrement dans la circonstance et du moment que tout se faisait sous les auspices et de concert avec la famille ; et cet accord ici était de stricte convenance, sinon de nécessité.
Or, c’est dans ces circonstances que Mme de Staël, sollicitée sans doute par ses amis de Paris, adressa un certain nombre de lettres à M.
On sait qu’après l’opération, si bien faite par le chirurgien Félix, et couronnée d’un plein succès, l’infirmité royale était devenue à la mode parmi les courtisans : « Plusieurs de ceux qui la cachaient avec soin avant ce temps, nous dit le chirurgien Dionis, n’ont plus eu honte de la rendre publique ; il y a eu même des courtisans qui ont choisi Versailles pour se soumettre à cette opération, parce que le roi s’informait de toutes les circonstances de cette maladie… J’en ai vu plus de trente qui voulaient qu’on leur fît l’opération, et dont la folie était si grande, qu’ils paraissaient fâchés lorsqu’on les assurait qu’il n’y avait point nécessité de la faire. » La platitude humaine est alerte à prendre toutes les formes et toutes les postures.
La bonté est essentielle, selon lui, et dans la nature de Dieu ; la sévérité n’a été qu’accidentelle et en raison des circonstances : Ita prior bonitas Dei, secundum naturam ; severitas posterior, secundum causam ; illa ingenua, hæc accidens ; illa propria, hæc accommodata ; illa edita, hæc adhibita ; et ainsi de suite.
. — À mes rêveries et à mes créations poétiques je dois mon vrai bonheur ; mais combien de troubles, de limites, d’obstacles n’ai-je pas rencontrés dans les circonstances extérieures !
Et ces cruautés exercées comme des gentillesses par d’indignes soldats nous sont décrites de point en point, j’en fais grâce : « C’était là, nous dit la Relation protestante, le plus fort de leur étude et de leur application que de trouver des tourments qui fussent douloureux sans être mortels, et de faire éprouver à ces malheureux objets de leur fureur tout ce que le corps humain peut endurer sans mourir. » Je fais la part des exagérations et des invectives vengeresses chez des âmes ulcérées, et pourtant on n’invente pas absolument de pareils actes dans leur détail et avec toutes leurs circonstances.
Tout, dans les sociétés humaines, la liberté comme le reste, nous paraît essentiellement relatif et dépendant d’une foule de circonstances.
C’est dans ces circonstances que M.
« Enfin il y a un troisième jugement, souvent commandé et dicté, au moins dans la forme, par les circonstances, les convenances extérieures ; un jugement modifié, mitigé par des raisons valables, des égards et des considérations dignes de respect : c’est ce que j’appelle le jugement déposition ou d’indulgence.
L’Antiquité ne perd pas au point de vue historique ; là-dessus je suis tranquille ; la Grèce, ainsi considérée comme un anneau d’or dans la chaîne des temps, se classe et se coordonne de plus en plus ; mais, au point de vue du goût et pour le sentiment direct, pour la familiarité véritable entretenue avec les sources, je suis moins rassuré, et je ne m’en prends de cela à personne ; je considère simplement les circonstances où nous vivons.
En admettant que l’anecdote de Mme de Motteville ait quelque fondement, et si dans sa vieillesse, à un moment quelconque, cette aimable femme d’esprit eut besoin, en effet, d’être vengée, il est tout simple qu’on se soit emparé, ce soir-là, des vers de Corneille déjà publiés et connus, et qu’on les ait accommodés à la circonstance présente en supprimant la stance du grison ; c’était une manière d’à-propos.
Si, étant né prince, il eût reçu une bonne éducation, s’il se fût trouvé surtout dans des circonstances qui l’eussent obligé d’employer avec un peu d’énergie les facultés que la nature lui avait données, il est vraisemblable que peu de princes eussent mieux mérité du genre humain par la bonté qui aurait sûrement dirigé ses actions, si ses actions avaient été à lui. » C’est là qu’en était venu le Louis XV des derniers temps, celui qui disait : « Après moi le déluge !
Quelques-uns sont une exception heureuse ; on les distingue, on les compte, la plupart, ni bons ni mauvais, à la merci des impressions, ont un premier mouvement naturel ; mais le temps, les années, les circonstances et les intérêts qui changent et s’éloignent, les changent aussi.
Ce mot de La Fontaine : Notre ennemi, c’est notre maître, mot terrible et décisif s’il était réversible sur tout l’ancien régime de la France, lui a paru un cri particulier à la Champagne, et qui s’expliquait, selon lui, par les circonstances propres à cette province.
Les Romains ne montraient jamais, dans quelque circonstance que ce fût, une agitation violente ; lors même qu’ils désiraient d’émouvoir par l’éloquence, il leur importait encore plus de conserver la dignité calme d’une âme forte, de ne point compromettre le sentiment de respect, qui était la base de toutes leurs institutions politiques, comme de toutes leurs relations sociales.
Mais les circonstances de cette passion, les actes des êtres qui en sont possédés, font de cette rare passion une réalité.
I Des circonstances uniques ont contribué à former le talent de Pierre Loti.
Le poète, chez lui, était à bout de souffle, qui ne se manifestera plus qu’à longs intervalles par des sonnets de circonstance.
Cette circonstance rend assez difficile de deviner qu’elle est la belle à qui Boileau en voulait ; dans un espace de seize années, il se rencontre bien des contemporaines entre lesquelles Boileau a pu choisir.
a-t-il monologué en tremblant, selon les circonstances, j’aurais pu aller loin.
Dès 1745, l’abbé d’Estrées avait prouvé, sur cette question de généalogie, que la famille des Anfrie, seigneurs de Chaulieu, était d’épée avant d’être de robe (circonstance réputée honorable), et qu’elle servait sur un bon pied du temps de Charles VII.
Que nous importe après tout telle ou telle circonstance de sa vie, si les traits du caractère se dénoncent ?
Grâce à lui, ce qu’il appelle les trois phases de la vie politique de Mirabeau depuis 89 jusqu’à sa mort, les circonstances particulières et les vicissitudes de ses relations avec la Cour, sont aussi éclaircies désormais qu’il est permis de l’espérer22, et, quelque jugement qu’on porte sur le caractère de l’homme, le génie de Mirabeau en ressort plus grand, il est piquant de voir cet esprit juste, droit et pur de M.
Mais je m’étonne d’y voir M. de Bonald célébré comme caractère, quand cet honnête homme était, en général, très asservi aux circonstances domestiques, qui en firent, en plus d’un cas, un instrument de pouvoir, sincère, mais non pas désintéressé.
Dans une circonstance délicate, Retz eut recours à sa plume pour répondre à un pamphlet que le poète Sarasin avait lancé au nom du prince de Condé contre lui (1654).
Nous saisissons, dès ce premier écrit de circonstance, la forme et le fond du discours habituel de Portalis, cet enchaînement et cette suite de maximes sages, miséricordieuses, appropriées, où respire comme un souffle du génie de Numa, aphorismes tout de réparation, tout de consolation et de santé, et qui allaient faire la plus salutaire impression sur le corps social si longtemps soumis à ces autres aphorismes de Saint-Just, concentrés et mortels comme le poison.
qu’il a été favorable à leur cause dans telle ou telle circonstance ?
Si l’un ou l’autre des trois professeurs s’était décidé ensuite à reprendre son cours isolément et dans des circonstances si différentes, il lui aurait certes fallu, avant tout, faire un sacrifice d’amour-propre ; le mérite n’en eût été que plus grand, et bientôt le succès sérieux l’aurait payé.
C’était assez, avec l’ensemble des circonstances, pour donner explosion à la malice.
Mérimée a essayé d’expliquer autrement encore que par ces circonstances générales l’apparition du faux Démétrius, âgé de vingt à vingt-deux ans, et qui prétendait fils d’Ivan le Terrible et le populaire.
Le poète, dans sa préface, reconnaît lui-même qu’il est un peu sorti ici du pur genre d’Ésope, « qu’il a cherché d’autres enrichissements, et étendu davantage les circonstances de ses récits ».
Il gémit, il pleura sur notre crime, nous peignit comme de bons jeunes gens, un peu faibles d’esprit, un peu toqués, et ne trouva pas à faire valoir, pour notre défense, de circonstances atténuantes, plus atténuantes, que de déclarer que nous avions une vieille bonne qui était depuis vingt ans chez nous.
Quoique Weber soit mort, circonstance atténuante pour ceux qui sont coupables de génie, on se moque de lui en Allemagne, et depuis trente-trois ans un chef-d’œuvre est exécuté par un calembour ; l’Euryanthe s’appelle l’Ennuyante.
Mais il resterait à savoir si les idées qui se produisent dans ces circonstances sont vraiment des idées originales et profondes ou si ce ne sont pas de simples lieux communs, des réminiscences qui se réveillent avec une certaine vivacité sous l’empire de la fièvre, et qui étonnent les assistants par leur contraste avec les accidents antérieurs beaucoup plus que par leur valeur propre.
Nous avons souvent rimé par des mots consonants semblablement mais à voyelles finales différentes : « Jules Romains tendrait à codifier qu’il faut mettre à la place de la rime un rapport de sonorité plus inédit, plus frais, plus approprié aux circonstances métriques. » C’est dire, en somme, qu’il suffit de suggérer la rime pour qu’elle existe, et cela est vrai ; les poèmes libres en offrent de nombreux exemples.
Quoi qu’il en soit, le lecteur d’Horace est un homme sur qui ses premières études, grâce à telle circonstance ou à telle autre, grâce à l’abstention de ses professeurs à l’égard de la littérature antique, ou grâce, au contraire, à un professeur exceptionnel qui savait faire goûter les auteurs anciens, ont eu une influence très forte et très prolongée.
Non seulement ils ne vont pas à la découverte, ce qui est un des plus grands plaisirs de la lecture, mais ils lisent dans un temps où, de quelque caractère durable que soit le livre et dût-il être immortel, il n’a plus sa nouveauté, sa fraîcheur, son duvet, sa concordance avec les circonstances qui, sans l’avoir fait naître, ont contribué du moins à sa formation et surtout lui ont donné en partie sa couleur.
Un peuple léger, frondeur, impatient, sans prévoyance de ce que peut produire une démarche inconsidérée ; un peuple passionné, toujours disposé à vivre dans le présent, et à ne pas tenir compte des circonstances antérieures qui ont pu influer sur la conduite des hommes soumis à son éloge ou à sa critique ; un peuple enfin qui, avec un sentiment très vif de la justice, peut être si souvent entraîné à l’injustice par la violence et la spontanéité de ses passions, ou même par l’ascendant de ses caprices ; qui, avec le tact le plus exquis de la mesure et des convenances, est trop souvent jeté hors de toute mesure et de toute convenance par je ne sais quel besoin de plaisanterie, je ne sais quel attrait de frivolité : un tel peuple devrait plus qu’aucun autre être contenu dans les voies de la décence et de la modération, car il est toujours près d’en sortir.
Un grand artiste qui respecterait sa pensée ne ramasserait pas à ses pieds ces feuilles d’un jour, qui n’ont plus le mérite qu’elles pouvaient avoir quand elles furent écrites sur le sable de la circonstance, maintenant effacé.
La langue des Indiens Cherokee, qui possède trente verbes exprimant toutes les façons de « lave » relatives à la personne, au lieu, à la circonstance, ne possède pas l’idée générale de « laver ». […] Ils ne sont donc point, comme les invertébrés, les jouets passifs de circonstances qui les dominent, mais, pour une part, les maîtres des conditions foncières, inhérentes à leur prospérité. […] Les circonstances nous dirigent. […] En variant selon les circonstances les matériaux de son nid, il intervient dans un acte instinctif par un acte intelligent, voilà tout. […] Il s’agit de mettre une bête aussi remuante qu’un charançon ou un grillon à la libre disposition d’un petit vers entièrement désarmé ; de plus, circonstance qui semble rendre le problème insoluble : la mère ne sera plus là quand l’œuf aura éclos, quand la larve commencera à s’agiter et à vouloir manger.
Il peut vous donner sur chaque événement et sur chaque objet un procès-verbal de circonstances sèches, si bien lié et si vraisemblable qu’il vous fera illusion. […] Quelle partie de la nature ou de la vie humaine peut subsister grande et belle devant un esprit qui, pénétrant tous les détails, aperçoit l’homme à table, au lit, à la garde-robe, dans toutes ses actions plates ou basses, et qui ravale toute chose au rang des événements vulgaires, des plus mesquines circonstances de friperie et de pot-au-feu ? […] Je le vois à la cour, chez lui et quelquefois chez moi, car j’ai l’honneur de recevoir ses visites ; et quand cet écrit sera public, il est probable qu’il me dira, comme il l’a déjà fait dans une circonstance semblable, « qu’il vient d’être diablement éreinté », puis, avec la transition la plus aisée du monde, me parlera du temps ou de l’heure qu’il est.
Karr et son épouse ; cette circonstance donnait plus de piquant peut-être à ma première rencontre avec le jeune écrivain. […] Le calemboura y abonde, et cette seule circonstance sauve M. […] Peut-être est-ce à cette dernière circonstance qu’on doit ces gracieuses nouvelles, le Croup, Rog, etc., où les larmes viennent aux yeux quand il parle des petites filles « moitié fruit, moitié chair », comme il dit lui-même quelque part. […] Le fait est que plusieurs circonstances fort importantes sommèrent l’écrivain de se produire et qu’il n’en fit rien.
On a chargé Alphonse, non seulement de ce qu’il fait, mais de ce qu’on le sent capable de faire, telle circonstance étant donnée. […] Il est clair, en tout cas, que la bizarrerie cherchée de certaines circonstances n’est, dans la Princesse de Bagdad, qu’un ornement. […] Si, dans un an, dans deux ans, dans dix ans, si, — demain, — les circonstances vous forçaient à vendre cet hôtel où nous sommes en ce moment, rappelez-vous cette maison des Champs-Élysées que je n’ai jamais habitée. […] Il a montré, en plus d’une circonstance publique, une incontestable bravoure. […] Et elle plaide, avec une adresse qui ressemble à de la franchise et à de l’humilité, les circonstances atténuantes.
Henri IV aimait à consulter Rosny dans les circonstances décisives, et il le faisait d’ordinaire en secret pour ne pas donner trop d’ombrage et de jalousie aux témoins.
Duclos répond par un éclat de rire, et se refuse d’abord à croire à la duperie de tant de gens plus ou moins considérables qu’on a nommés : Il me répondit, continue Duclos, que j’étais jeune et ne connaissais encore ni les hommes ni Paris ; que dans cette ville où la lumière de la philosophie paraît se répandre de toutes parts, il n’y a point de genre de folie qui ne conserve son foyer, qui éclate plus ou moins loin, suivant la mode et les circonstances.
Il me serait aisé aujourd’hui d’exposer dans une note les circonstances antérieures et peut-être les motifs de ce très petit démêlé dans lequel on m’a payé d’un bon procédé par un mauvais.
Ces qualités et ces agréments, nous en entrevoyons quelque chose, bien moins encore par les vers qu’a laissé échapper La Fare et qui sont faibles, privés aujourd’hui des circonstances de société qui les ont fait naître74, que par ses mémoires fins, sérieux, piquants et qu’on regrette seulement de trouver trop courts et inachevés.
Mais en même temps qu’on se rendra mieux compte de la circonstance et du tour d’esprit naturel qui l’ont fait naître, il s’y joindra un regret : c’est qu’il soit arrivé à cette jolie pièce d’esprit un malheur qui arrive à toute chose nouvelle qui réussit, elle est devenue le point de départ d’une mode et d’un genre.
Après avoir relevé la fadeur et le vague des tons, quelques beaux vers perdus dans une foule de vers communs, la vie champêtre vue de trop loin, regardée de trop haut, sans étude et sans connaissance assez précise, il se demande comment M. de Saint-Lambert, qui passe une partie de sa vie à la campagne, n’a pas mieux vu, n’a pas mieux saisi et rendu tant de scènes réelles, de circonstances familières et frappantes : Pourquoi M. de Saint-Lambert n’a-t-il pas trouvé tout cela avant moi ?
Il vint un moment, je l’ai dit déjà, où Cowper sentit que de faire des cages, des serres ou des dessins ne lui suffisait plus : il se remit à la poésie, et à une poésie qui naissait de sa vie même et des circonstances qui l’environnaient.
Il avait l’habitude de s’exprimer à ce sujet sous la forme, à lui si familière, de l’apologue, et il disait : Il y a dans l’humanité un inexplicable préjugé en faveur des anciennes coutumes et habitudes, qui dispose à les continuer même après que les circonstances qui les avaient rendues utiles ont cessé d’exister.
Elle veut parler de Jacques, roi d’Écosse, fils de Marie Stuart, et qui dut cette crainte, dit-on, à la circonstance de l’assassinat de Riccio, tué sous les yeux de sa mère enceinte.
» Aucune circonstance de sa vie, pas même l’inclination qui détermina son mariage, n’est venue démentir ce jugement qu’il portait sur lui-même ; il n’aima jamais qu’à la surface et, pour ainsi dire, devant le premier rideau de son âme : le fond restait mystérieux et réservé.
Par une conjecture toute contraire, et qui éloigne l’idée de disgrâce, cette mort, arrivée dans les circonstances les plus malencontreuses et au fort d’une guerre, fit dire de lui « qu’il aurait fallu ou qu’il ne fût point né, ou qu’il eût vécu plus longtemps », lui seul étant en état, par ses talents, de porter le poids d’une si grosse affaire qu’il avait préparée et suscitée.
. — On exécute un bandit ; il assiste à ce spectacle, en relève toutes les circonstances, et l’ancien conseiller au Parlement de Bordeaux ne manque pas de faire la comparaison avec ce qui se pratique en France.
Mais toutes les circonstances du dehors ont beau être favorables, elles restent vaines lorsqu’on a l’aiguillon au-dedans.
« Ainsi finit, écrivait son fidèle majordome après l’avoir vu expirer, le plus grand homme qui ait été et qui sera. » En tout sa fin, on le voit, a sa marque bien à elle ; elle est toute particulière, monacale, strictement catholique, conforme par les circonstances et l’appareil au génie espagnol dans lequel, sans y appartenir de naissance, il était entré si profondément.
Malgré de très légères erreurs qu’un des rivaux les plus compétents et non des moins malins s’est amusé à y relever, et qui me prouvent précisément combien il y a peu à y reprendre, elle est généralement irréprochable sur tous les faits essentiels, et elle porte avec elle, sur l’œuvre et le caractère du grand comique, toutes les circonstances élevées et justes qu’on peut désirer.
L’historien de Port-Royal, qui élève fort haut la valeur de tous les habitants de l’abbaye, me paraît en cette circonstance peu « logique, car il dément constamment le jugement porté par les pieuses amies de Mme de Sablé, et qui doivent cependant ici éclairer l’opinion et la former.
Pas un mot ne sera dit entre eux de ces circonstances en quelque sorte étrangères ; les difficultés ne naîtront pas du dehors ni d’aucun événement contraire, et c’est en cela que le roman est d’une grande délicatesse : elles sortiront uniquement du cœur et de l’esprit des personnages, et viendront de la femme en particulier.
Il mourut en février 1650, à l’âge de soixante-cinq ans environ, et dans des circonstances domestiques fâcheuses qui n’ont pas été parfaitement éclaircies.
On a pu faire, en 1791, une brochure sur l’autorité de Rabelais dans la Révolution présente et demander des vérités hardies, des armes de circonstance à son Pantagruel et à son Gargantua.
Buzot nous parle à son tour de ses relations d’amitié avec Roland, et ce n’était pas un homme à jouer avec l’un et avec l’autre deux rôles aussi opposés, Je sais bien que lorsque Buzot apprit à Saint-Émilion la mort de Mme Roland, il en perdit l’esprit pendant quelques jours ; mais l’intimité dans laquelle il vécut avec elle, l’estime qu’il eut pour ses talents, peuvent facilement expliquer cette circonstance, de la part d’une âme ardente. » Honorable héritier du nom et des sentiments de l’un des hommes les plus purs de l’ancienne Gironde, ce même M.
Au moment le plus beau et le moins endommagé encore de son règne, Louis XVI, pénétré de la lecture des Voyages de Cook et jaloux pour la France de cette gloire des conquêtes géographiques, voulut donner lui-même à Laperouse, en le chargeant d’une expédition lointaine, des instructions en quelque sorte morales, et, dans sa sollicitude de philanthrope, il les rédigeait ainsi : « Si des circonstances impérieuses, qu’il est de la prudence de prévoir, obligeaient jamais le sieur de La Peyrouse à faire usage de la supériorité de ses armes sur celles des peuples sauvages, pour se procurer, malgré leur opposition, les objets nécessaires à la vie, telles que des subsistances, du bois, de l’eau, il n’userait de la force qu’avec la plus grande modération et punirait avec une extrême rigueur ceux de ses gens qui auraient outrepassé ses ordres.
Il rendait compte assez gaiement de ces circonstances à Louvois, dans une lettre du 6 septembre : « Je suis arrivé ici le 3e du mois, et j’y serais même arrivé le 2e, sans les mesures que j’ai prises avec M. de Saint-Mars pour y entrer secrètement.
De même les Arabes du désert, les indigènes, ont donné un nom à chacune des formes, des circonstances ou des particularités de cette mer de sable.
Je n’ai jamais été dans la politique, ni témoin de ces sortes d’intrigues ; mais la littérature a aussi ses compétitions, ses jalousies et ses roueries, et il est telle rencontre particulière, telle circonstance intime et avérée qui m’a suffi pour me former une idée exacte sur la moralité et le degré de délicatesse de certains hommes de talent que chacun vante et que je connais.
Je me hasarde peut-être un peu trop dans les circonstances critiques où nous sommes ; mais si vous ne croyez pas la chose possible, mandez-le-moi avec votre franchise ordinaire.
Chaque fait du xviiie siècle est pour eux un fait contemporain qui vit, qui fourmille de mille incidents, qui chatoie de mille reflets, qui s’anime de mille circonstances ; ils le voient comme s’ils y étaient ; ils s’en souviennent comme d’un souvenir à eux ; ils en veulent tout rendre à la fois. — Présentez-leur un tableau quelconque de cette époque, signé ou non signé, et ils vous diront aussi sûrement que personne de qui il ne peut pas être, de qui probablement il est.
. — Le nouveau commentateur s’empare ainsi de toutes les circonstances connues de la vie de La Bruyère ; il les rapproche de son livre : on trouvera de l’esprit dans ces rapprochements, mais c’est serré de trop près ; c’est excessif.
écrivait-il au sortir de là à la princesse de Guise ; il est aimable comme s’il n’était qu’un particulier… Je crus n’y voir qu’un prince et j’y rencontre un homme. » Le comte de Clermont dut à cette circonstance de se voir nommé dans les premières éditions du Temple du Goût ; mais cette mention de faveur disparut et tomba, comme tant d’autres noms éphémères, à l’édition définitive.
Mais c’était le drame de la Passion, dans toutes ses circonstances, qui devenait particulièrement l’objet de ces préoccupations mentales, de ces représentations intérieures.
Il est une seule circonstance où l’on ne peut s’empêcher de regretter que Mme de Sévigné se soit abandonnée à ses habitudes moqueuses et légères ; où l’on se refuse absolument à entrer dans son badinage, et où, après en avoir recherché toutes les raisons atténuantes, on a peine encore à le lui pardonner : c’est lorsqu’elle raconte si gaiement à sa fille la révolte des paysans bas-bretons et les horribles sévérités qui la réprimèrent.
Le père Hilario nous informait toutes les semaines, en remontant au monastère, de toutes ces circonstances.
Zola) par la lenteur puissante, par l’énormité et la simplicité de la plupart des personnages enfin par le retour régulier de sortes de refrains, de leitmotiv : descriptions de la cathédrale et du Clos-Marie à toutes les heures du jour et dans les principales circonstances de la vie d’Angélique ; énumérations des vierges du portail de Sainte-Agnès, et discours qu’elles tiennent à la jeune fille, selon les cas ; énumérations des ancêtres de Félicien de Hautecœur et de ses aïeules, les mortes heureuses ; énumérations d’outils de chasublier ; douleur secrète d’Hubert et d’Hubertine ; longueur du cou d’Angélique ; nez de monseigneur, etc.
Si l’individu n’est pas, de lui-même, originairement et physiologiquement, un Unique, au sens qu’a ce mot chez Stirner, c’est-à-dire un être animé d’une personnelle volonté d’indépendance et résolu à ne pas se laisser aveuglement absorber par la société où les circonstances l’ont jeté, ni la loi de l’entrecroisement des groupes, ni aucune loi sociologique quelle qu’elle soit, n’aura la vertu de faire de lui un Unique.
L’un des trois écrivains qu’il met en scène est un honnête homme, mais la finance n’obtient pas cette circonstance atténuante, et le spectre de M.
Au reste, pour se figurer la ligne de hardiesse et à la fois de modération qu’eût affectionnée et suivie Vauvenargues dans des circonstances différentes et dans les conjonctures publiques qui ont éclaté depuis, il me semble que nous n’avons qu’à le considérer en un autre lui-même, et à le reconnaître dans André Chénier.
En cette circonstance toutefois, et quelle que fût la réalité des motifs qu’il a exposés lui-même en toute nudité, il viola ce que les anciens appelaient la conscience du genre humain, et il coopéra à l’un de ces scandales qui ébranlent toujours la confiance des peuples dans le droit protecteur des sociétés.
Ajoutez chez La Fontaine à cette liberté et à cette fantaisie de composition une poésie perpétuelle de détail, et des aperçus d’élévation, de grandeur, toutes les fois qu’il y a lieu, et tout à côté des circonstances les plus simples.
Pour admirer, il lui suffit qu’il y ait de l’esprit, de l’habileté, de l’éclat, et une appropriation heureuse aux circonstances et à la société du moment.
Je n’ai pas oublié, dans le détail que j’ai pris la liberté d’écrire au roi (à Louis XIV), que je ne mangeais que deux vieux œufs par jour ; j’ai cru que cette circonstance l’exciterait à avoir pitié d’une fidèle sujette qui ne mérite, ce me semble, par aucun endroit un pareil mépris.
Ce qui toucha d’Antin en cette circonstance, c’était moins encore la chose que la manière ; et, repassant tous les événements si contraires qui s’étaient succédé depuis son affront en avril 1707, jusqu’à ce retour bienveillant en septembre de la même année, il écrivait naïvement dans son Journal : « Jamais le cœur humain n’a reçu tant de secousses différentes. » Ce n’est pas la vie de d’Antin que j’écris, je ne fais que profiter de l’ouverture et du jour que lui-même, par ses aveux, nous a donné sur ses pensées.
On sait peu de choses de ses premières années et des circonstances de sa première éducation, sinon qu’elle fut toute libre, agreste et assez irrégulière.
On a des portraits de saint François de Sales, mais aucun n’a pu rendre cette circonstance singulière de teint et de transparence, et dans le temps on disait, en effet, qu’il n’y avait pas de bon portrait de lui.
Nous naissons disposés pour tels ou tels sentiments, et pour tels mouvements consécutifs : les circonstances ne font qu’amener à l’acte nos virtualités, comme la rencontre d’un acide révèle les affinités de la base.
Son mariage à Rome Rappelons les circonstances de son mariage, qui ne sont connues que de ses intimes.
Avec le tems, par une marche lente et pusillanime, par un long et pénible tâtonnement, par une notion sourde, secrette, d’analogie, acquise par une infinité d’observations successives dont la mémoire s’éteint et dont l’effet reste, la réforme s’est étendue à de moindres parties, de celles-cy à de moindres encore, et de ces dernières aux plus petites, à l’ongle, à la paupière, aux cils, aux cheveux, effaçant sans relâche et avec une circonspection étonante les altérations et difformités de nature viciée, ou dans son origine, ou par les nécessités de sa condition, s’éloignant sans cesse du portrait, de la ligne fausse, pour s’élever au vrai modèle idéal de la beauté, à la ligne vraie ; ligne vraie, modèle idéal de beauté qui n’exista nulle part que dans la tête des Agasias, des Raphaëls, des poussins, des Pugets, des Pigals, des Falconnets ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont les artistes subalternes ne puisent que des notions incorrectes, plus ou moins approchées que dans l’antique ou dans leurs ouvrages ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie que ces grands maîtres ne peuvent inspirer à leurs élèves aussi rigoureusement qu’ils la conçoivent ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie au-dessus de laquelle ils peuvent s’élancer en se jouant, pour produire le chimérique, le sphinx, le centaure, l’hippogriphe, le faune, et toutes les natures mêlées ; au-dessous de laquelle ils peuvent descendre pour produire les différents portraits de la vie, la charge, le monstre, le grotesque, selon la dose de mensonge qu’exige leur composition et l’effet qu’ils ont à produire, en sorte que c’est presque une question vuide de sens que de chercher jusqu’où il faut se tenir approché ou éloigné du modèle idéal de la beauté, de la ligne vraie ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie non traditionelle qui s’évanouit presque avec l’homme de génie, qui forme pendant un tems l’esprit, le caractère, le goût des ouvrages d’un peuple, d’un siècle, d’une école ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont l’homme de génie aura la notion la plus correcte selon le climat, le gouvernement, les loix, les circonstances qui l’auront vu naître ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie qui se corrompt, qui se perd et qui ne se retrouveroit peut-être parfaitement chez un peuple que par le retour à l’état de Barbarie ; car c’est la seule condition où les hommes convaincus de leur ignorance puissent se résoudre à la lenteur du tâtonnement ; les autres restent médiocres précisément parce qu’ils naissent, pour ainsi dire, scavants.
Mais dans les circonstances et dans l’époque où sont jetés les personnages de Murger, cette médiocrité tranquille et rangée, qu’ils envient peut-être, ils ne peuvent guère y atteindre.
— Comme tous les êtres animés et conscients, le guinné est tantôt bon, tantôt méchant et même l’un et l’autre en même temps et selon les circonstances.
Il n’y a pas jusqu’aux circonstances de leur publicité qui n’aient porté bonheur aux Mémoires du duc de Saint-Simon et fait faire coup double à leur renommée.
sur le Byron d’Aubryet et sur sa superbe notion de la supériorité poétique de l’Angleterre, qui est de la beauté la plus vraie et de la plus belle vérité… IX Dans les circonstances actuelles de la vie d’Aubryet, de telles pages, dignes d’être admirées en tout temps, deviennent prodigieuses.
Patiens quia æterna… Il n’y a en ce monde, après la sympathie dans la sottise, qui fait, elle, les succès les plus rapides et les plus sûrs, il n’y a que la passion pour le succès d’un livre, la passion et la circonstance, à laquelle parfois le talent ne dédaigne pas d’attacher sa pensée, comme Samson attacha la torche à la queue de ses renards, pour tout incendier !
Chaque fait révèle celui qui a précédé, prophétise celui qui va suivre… Ce qui est arrivé, arrivera dans les mêmes circonstances : le passé peut être affirmé de l’avenir ; aussi longtemps que la nature sera vivifiée par les mêmes forces, elle sera régie par les mêmes lois qui reproduiront les mêmes connexions… Ainsi l’avenir entre dans la pensée de l’homme, et avec lui, toute prévoyance, toute prudence, toute philosophie. » Le lecteur a déjà distingué le ton dominant de ce style.
Donc, dans la psychologie comme dans la chimie, en décrivant les caractères des faits et leurs circonstances, les observateurs pourront s’entendre, s’instruire et se contrôler.
Scribe a connu et perçu le merveilleux de la vie, le charme profond de la bonne honnêteté quotidienne, la sorcellerie qu’exercent les circonstances fortuites les plus minces sur le déroulement des destinées. […] Et ce n’est pas tout : en dehors de la reine-mère, — plus près des Guises, plus loin des huguenots (à moins que ce ne soit le contraire, car tout cela varie avec les circonstances), — il y a le roi. […] Ce bon procédé, j’en userai aujourd’hui, comme j’ai déjà fait dans des circonstances pareilles. […] Si le châtiment de Réboval sort de sa faute même, c’est par suite de circonstances impudemment exceptionnelles et ourdies par M. […] Son « acquis » de comédien le sert étonnamment dans ces circonstances solennelles.
Comme il comportait une notion du lyrisme plus large que les précédentes, le vers libre, aboutissant de la révolution romantique, était le moyen d’expression qu’imposaient les circonstances. […] Clerfeyt : « Je pense, étant donné les circonstances présentes et l’actuelle situation des esprits, qu’une intelligence où filtrent des rayons d’idéal doit tendre son activité vers ce but : être utile. » M. […] Si la sainte Vierge les inspira, il faut avouer qu’elle fit preuve, en cette circonstance, d’un manque de perspicacité tout à fait déplorable. […] Le péché originel, c’est l’hérédité terrible, renaissante chez chaque créature, et qui n’admet pas, comme la science, les correctifs de l’éducation, des circonstances et du milieu. […] Il n’y a que les gens de la Révélation pour accorder, a priori, et en toutes circonstances, la supériorité à l’homme.
À tout prix, en toute circonstance, nous nous voulons, nous nous construisons autres que nous sommes. […] Mais il se débat trop loin, trop confusément ; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond l’insaisissable tourbillon de couleurs remuées ; mais je ne peux distinguer la forme, lui demander, comme au seul interprète possible, de me traduire le témoignage de sa contemporaine, de son inséparable compagne, la saveur, lui demander de m’apprendre de quelle circonstance particulière, de quelle époque du passé il s’agit. […] Le premier est celui-ci : même du point de vue le plus objectif, il ne me paraît pas possible d’admettre que la nature propre d’un être, que sa qualité (je ne dis pas ses qualités, ce serait tout autre chose, et Proust a certainement complètement raison de prétendre que lu valeur morale n’entre pour rien dans l’amour qu’il déclenche) mais il ne me paraît pas possible d’admettre que sa qualité physique et morale n’ait aucune influence sur le choix que nous faisons de lui pour l’aimer, et que l’amour qu’il récolte soit déterminé uniquement par des circonstances extérieures, par l’inquiétude qu’il nous donne, par son absence au moment où nous avons besoin de lui, etc… Qu’il y ait une influence spécifique des êtres les uns sur les autres, cela ne me paraît pas pouvoir être nié. […] Combien de fois, et dans des instants où vraiment on a à sa disposition toute la quantité de désir nécessaire, combien de fois ne cherche-t-on pas à en faire l’application à un être donné et combien de fois, malgré toutes circonstances favorables, le sentiment ne refuse-t-il pas de se faire jour et de s’attacher à l’objet qu’on lui propose. […] Je crois pourtant à sa réalité, dans certains cas, dans certaines circonstances données, et j’y crois non pas d’une façon vague et mystique ni pour avoir cru l’éprouver, mais pour avoir constaté dans l’expérience certains actes qui ne pouvaient pas s’expliquer autrement que par lui.
Mais l’usage ne permet pas qu’on dise, ce marchand, ce fermier s’est conduit avec grandeur ; à-moins que dans une circonstance singuliere & par opposition on ne dise, par exemple, le fameux négociant qui reçut Charles-Quint dans sa maison, & qui alluma un fagot de canelle avec une obligation de cinquante mille ducats qu’il avoit de ce prince, montra plus de grandeur d’ame que l’empereur. […] C’est elle qui fait le charme de la conversation ; car elle présente sans cesse à l’esprit ce que les hommes aiment le mieux, des objets nouveaux ; elle peint vivement ce que les esprits froids dessinent à peine, elle emploie les circonstances les plus frappantes, elle allegue des exemples, & quand ce talent se montre avec la sobriété qui convient à tous les talens, il se concilie l’empire de la société. […] Après ce prélude sur son exactitude historique, il dit que l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, nommée Nazareth, à une vierge nommée Marie, épouse de Joseph, de la famille de David ; que César ayant ensuite ordonné par un édit, que chacun se feroit inscrire, selon sa famille, dans les registres publics dressés à cet effet : Joseph & Marie monterent en Judée, & allerent à Betheléem se faire inscrire, parce que c’étoit dans cette ville que se tenoient les registres de ceux de la famille de David ; que le tems des couches de Marie arriva précisément dans cette circonstance ; que les bergers de la contrée furent avertis par un ange de la naissance du Sauveur ; qu’ils vinrent aussi-tôt l’adorer ; que huit jours après on circoncit l’enfant, qui fut nommé Jesus ; qu’après le tems de la purification marqué par la loi de Moïse, c’est-à-dire sept jours immondes & trente-trois d’attente, on porta l’enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, & faire l’offrande accoûtumée pour les aînés ; que ce précepte de la loi accompli, Joseph & Marie revinrent en Galilée avec leur fils, dans la ville de Nazareth leur demeure, in civitatem suam Nazareth ; que l’enfant y fut élevé croissant en âge & en sagesse ; que ses parens ne manquoient point d’aller tous les ans une fois à Jérusalem ; qu’ils l’y perdirent lorsqu’il n’avoit que douze ans ; & qu’après l’avoir cherché avec beaucoup d’inquiétude, ils le trouverent dans le temple disputant au milieu des docteurs, & ut perfecerunt omnia secundum legem Domini, reversi sunt in Galileam in civitatem suam Nazareth. […] Ce seroit nier le fond de l’histoire pour en défendre une circonstance. […] La foi & la morale, c’est-à-dire le culte que nous devons à Dieu par la soumission du coeur & de l’esprit, sont l’unique & le principal objet de la révélation, &, autant qu’il est possible & raisonnable, les faits & les circonstances historiques qui en accompagnent le récit.
Cela a existé, par un concours de circonstances étonnantes qui ne se sont produites qu’une fois. […] Il est bien certain, que les différents temps imposent à l’humanité des devoirs différents, comme les différentes circonstances imposent à l’homme de différentes obligations. […] On ne change jamais, parce que les premiers principes d’un homme sont des tours non seulement de son esprit, mais de son tempérament ; seulement on se développe, logiquement encore, naturellement encore, dans un sens ou dans un autre, selon la poussée des circonstances et la pression des obstacles. […] Ils aiment à penser en commun, parce que, forcés de vivre en société, ils sentent qu’ils leur faut agir en commun, et qu’ils sentent confusément aussi que, les actes étant des pensées qui marchent et les pensées des actes qui se mettent en route, celui qui doit agir en commun est à peu près obligé de penser en commun tout de même ; ou que, sinon, les actes ne seront plus des pensées, n’auront plus rien d’intellectuel, seront un je ne sais quoi déterminé par les circonstances, où l’entendement humain n’interviendra point, et marqueront une dégradation de l’humanité. […] Il fut éminemment conciliateur ; christianisme, progrès, liberté et démocratie, étant idées qui circulaient dans le monde en son temps, se sont donné rendez-vous dans son esprit et dans ses œuvres, cherchant à s’ajuster les unes aux autres, prenant chacune plus ou moins de place selon les temps et les circonstances, mais ne s’excluant jamais les unes les autres, et semblant toujours à ses yeux sur le point de s’accorder pour jamais dans une synthèse définitive et triomphante.
À côté de la folie morale et de l’émotivité, on observe chez le dégénéré un état d’adynamie et de découragement intellectuels qui revêt, selon les circonstances, la forme du pessimisme, d’une crainte vague de tous les êtres humains et de tout le phénomène du monde, ou le dégoût de soi-même. […] Chez les criminels, il conduit à la réunion de bandes, ainsi que Lombroso le constate expressément45 ; chez les aliénés déclarés, à la « folie à deux », dans laquelle l’un des malades impose complètement son délire à son compagnon ; chez les hystériques, à ces amitiés vives qui font répéter à Charcot en chaque circonstance : « Les nerveux se recherchent46 »; chez les écrivains enfin, à l’établissement d’écoles. […] On sait que chez les hystériques la symétrie des mouvements se manifeste d’une manière très caractéristique dans de nombreuses circonstances. […] La circonstance que la seule sensation organique normale à nous connue, qui soit semblable aux sensations de l’extase, est la sensation de la volupté, explique que les extatiques relient par l’association d’idées des représentations érotiques à leurs aperceptions extatiques ; ils interprètent l’extase elle-même comme une espèce d’acte d’amour supra-terrestre, comme une union d’espèce indiciblement élevée et pure avec Dieu ou la Sainte Vierge.
Et quelle fâcheuse circonstance que le ciel de M. de Vigny rappelle le monde d’anges sorti de la grande imagination de Milton, et que les amours d’Éloa fassent relire les amours d’Ève et d’Adam, avant le péché, quand ils n’appartiennent pas encore à notre monde défiguré et corrompu, et qu’ils ne sont pas tout à fait de purs habitants du ciel ! […] Il n’y a plus, de ce temps-ci, de positions fixes pour les hommes qui ont quelque supériorité d’esprit ; nul d’entre eux ne peut dire si les événements ne disposeront pas de lui, à l’heure même où il croira s’appartenir ; nul n’est assuré que ce qu’il veut aujourd’hui, il pourra le vouloir demain ; ce ne sont plus les goûts instinctifs, mais les événements qui font les vocations, et il y a une telle domination dans les choses, qu’un homme qui sera né avec une âme de poète, et qui aurait tranquillement suivi sa pente sous l’empire de circonstances moins troublées et moins mobiles, ne se connaît plus au premier bruit du dehors, ne croit plus à son art, et s’en sépare pour se mêler à la foule. […] Nous ne voulons pas prendre parti exclusivement pour l’époque contre l’écrivain ; loin de là, nous consentons à tirer du caractère même de cette époque des circonstances atténuantes, pour expliquer les défauts de l’écrivain.
Il est en face d’œuvres que le hasard des circonstances, sans doute, mais beaucoup plus leur perfection de style, a conservées. […] Il a été beaucoup trop un poète de circonstances et comme un poète local. […] La pièce de vers courtisanesque est essentiellement une pièce de circonstance, et qui ne peut pas dépasser les limites de la circonstance qui l’a fait naître. […] Tirer de ces incidents les choses d’intérêt universel qui transforment la pièce de circonstance en poème véritable est impossible ici, et même ne l’est guère qu’ici. […] Inutile d’ajouter qu’en pareille affaire le caractère est toujours pour beaucoup plus que les circonstances.
Le milieu, c’est-à-dire les circonstances enveloppantes qui ajoutent leurs « plis accidentels et secondaires » au « pli primitif et permanent ». […] Quand le caractère national et les circonstances opèrent, elles n’opèrent pas sur une table rase, mais sur une table où des empreintes sont déjà marquées. » En d’autres termes, l’œuvre faite concourt à déterminer l’œuvre à faire. […] Ils ont soupçonné l’ami de Rarahu de se composer une attitude de circonstance, un air de Lieux Saints. […] Car fils d’avocat, Berryer vint au monde à l’heure de la plus grande débauche de paroles qu’on vit jamais, et rarement les circonstances extérieures concoururent mieux à la formation d’un homme éloquent. […] Outre qu’en plus d’une circonstance le monarchiste avait inspiré l’avocat, le jeune Berryer avait fréquenté les bureaux de la Quotidienne et du Conservateur.
Elle-même en a raconté dans une lettre quelques circonstances piquantes : « Le chagrin et le désir de me distraire me firent écrire les Lettres Neuchàteloises. […] La moindre circonstance de société, une lecture, une conversation du soir, fait naître un opuscule de quelques matinées, et qui s’achève à peine : ainsi se succèdent sous sa plume les petites comédies, les contes, les diminutifs de romans.
Tous ses écrits de cette époque ne furent plus composés qu’en vue de quelque circonstance particulière et en quelque sorte domestique ; moins que jamais le public apparut à sa pensée, ce grand public prochain qui allait être le seul juge. […] Je ne fais qu’indiquer d’autres opuscules latins, tous également de circonstance, ses cinq thèses médico-littéraires, agréables réminiscences du doctorat237, espèces d’étrennes et de cartes de visite qu’il envoyait à des amis anciens ou nouveaux ; son traité de la Bibliographie politique, adressé au Père Gaffarel, qui l’avait consulté sur ces sortes d’écrits.
On est tout étonné de le voir prendre sérieusement à partie Alexandre, et le morigéner en deux ou trois circonstances, comme civil et galant hors de propos ; il essaye tout aussitôt de se justifier de l’étrange idée : « Que si l’on m’allègue que c’étoit la bienséance de ce temps-là, ce n’est rien à dire ; les grâces d’un siècle sont celles de tous les temps. […] La lettre est adressée à Madame la maréchale***, qui est probablement Mme de Clérembaut, fille de M. de Chavigny, personne d’esprit et qui passait pour extrêmement savante : « Puisque vous êtes si curieuse, madame, que de vouloir apprendre tout ce qui se passa au rendez-vous d’avant-hier, j’aurai tantôt l’honneur de vous voir et de vous en dire jusqu’aux moindres circonstances.
écrit à son tour le père à sa femme le 29 décembre 1770 ; la première représentation de l’Opéra a eu lieu le 26 avec un plein et universel succès, et avec des circonstances qui ne se sont jamais présentées à Milan, à savoir que, contre tous les usages de la première sera, un air de la prima donna a été répété, tandis que d’habitude, à la première représentation, on n’appelle jamais fuora ; et, en second lieu, que presque tous les airs, sauf quelques airs delle vecchine parti , ont été couverts d’extraordinaires applaudissements, suivis des cris : Evviva il maestro ! […] Tout dépend de ta raison d’abord, et tu as certainement de la raison, quand tu veux la consulter ; puis des circonstances plus ou moins heureuses.
L’audience qu’il reçoit du pape le jeudi saint, pour être relevé de l’excommunication, est une des circonstances les plus pittoresques de ses Mémoires : « Nous nous acheminâmes donc vers le palais, c’était un jeudi saint ; et, comme il y était connu, et moi attendu, nous fûmes introduits dans la chambre du pape sans attendre l’audience. […] Il m’ajouta ce que je devais faire et dire en cette circonstance ; ce que je répétai devant lui.
Si le peuple est vaincu, il n’est plus peuple, il est esclave, c’est un mal ; si le peuple est vainqueur, les circonstances seront extrêmes, il sera entraîné à l’anarchie : à l’anarchie, il y a un remède ; à la servitude, il n’y en a plus. […] Et bien que je ne me repente nullement des services énergiques que les événements m’ont entraîné à rendre à mon pays en 1848, et que je ne rougisse pas de la part de vigueur et de prudence que j’ai pu apporter alors, avec d’autres, à ces événements historiques, retirons-nous, pendant le peu d’années que les circonstances politiques nous laissent avant notre mort, dans le domaine des lettres où vous brillez et où je m’éteins.
Quinte-Curce dit la même chose ; mais il ajoute plusieurs circonstances et ne manque pas de saisir cette occasion pour mettre dans la bouche d’Hermolaüs et dans celle d’Alexandre des discours où il cherche à faire briller son éloquence. […] L’excellence de la loi peut du reste s’entendre de deux façons : la loi est, ou la meilleure possible relativement aux circonstances, ou la meilleure possible d’une manière générale et absolue.
Ses intentions sont toujours bonnes, mais ce qui manque, c’est la réunion des circonstances nécessaires pour que l’intention puisse se réaliser parfaitement. […] Mais quelle foule de circonstances favorables ne faut-il pas voir combinées pour que la nature réussisse une fois à le produire dans sa vraie beauté !
Or, le magnus seclorum nascitur ordo n’est qu’un des traits gentiment hyperboliques d’une pièce de circonstance, d’un « compliment » de bienvenue au nouveau-né d’un riche protecteur, Asinius Pollio. […] Enfin, je ne vous donne pas cet homme pour une âme hésitante et douce ; et, au surplus, ce serait l’offenser que de trop plaider pour lui les circonstances atténuantes.) — Quelques années après, il démolit une statue de la République Un peu plus tard, ayant réfléchi, il met sa main dans celle de Gambetta.
Ponson du Terrail, qui eût été capable d’écrire avec goût des récits de peu d’étendue et d’y encadrer des études de mœurs et de caractères, avait été conduit par les circonstances et par l’amour du gain à dérouler d’interminables suites d’aventures héroïques ou criminelles. […] « … On voyait, reprenait-il, des têtes d’amphibies, dix, vingt têtes, émergeant de l’eau, la gueule ouverte… Mais, circonstance à laquelle les justiciers n’avaient pas songé, c’était pour les alligators le temps des amours, et, poussés par un doux attrait vers les caïmanes, les caïmans laissaient glisser au fil de l’eau la planche sur laquelle le misérable pantelait d’effroi.
Nous ne parlerons pas, en cette étude, des articles de critique, ou de circonstance de Wagner, les principaux sont : les programmes d’ouvertures, la lettre à Berlioz (1860), la lettre sur la représentation de Tannhaeuser à Paris, les souvenirs sur Schnorr, le programme pour la neuvième symphonie de Beethoven, les plans pour le théâtre de Bayreuth, la juiverie en musique, les articles des Bayreuther Blaetter, etc. […] On pourrait proposer une autre lecture mais Dujardin ne s’intéresse qu’aux éléments esthétiques et laisse de côté les écrits de critique et de circonstance.
Mais s’il est certain que de la simple action réflexe par laquelle l’enfant tette, jusqu’aux raisonnements compliqués de l’homme adulte, le progrès se fait chaque jour par degré infinitésimal ; il est certain aussi qu’entre les actes automatiques des êtres les plus bas et les plus hautes actions conscientes de la race humaine, on peut disposer toute une série d’actions manifestées par les diverses tribus du règne animal, de telle façon qu’il soit impossible de dire à un certain moment de la série : Ici commence l’intelligence. » Si du savant qui poursuit ses recherches avec la pleine conscience des procédés de raisonnement et d’induction qu’il emploie, nous descendons à l’homme d’une éducation ordinaire, qui raisonne bien et d’une manière intelligente, mais sans savoir comment ; si de là nous descendons au villageois, dont les plus hautes généralisations ne dépassent guère les faits locaux ; si de là nous tombons aux races humaines inférieures qu’on ne peut considérer comme pensantes, dont les conceptions numériques dépassent à peine celles du chien ; si nous mettons à côté les plus élevés des primates, dont les actions sont tout aussi raisonnables que celles d’un petit écolier ; si de là nous arrivons aux animaux domestiques ; puis des quadrupèdes les plus sagaces à ceux qui le sont de moins en moins, c’est-à-dire qui ne peuvent plus modifier leurs actions selon les circonstances et sont guidés par un immuable instinct ; puis si nous remarquons que l’instinct, qui consistait d’abord en une combinaison compliquée de mouvements produits par une combinaison compliquée de stimulus, prend des formes inférieures dans lesquelles stimulus et mouvements deviennent de moins en moins complexes ; si de là nous en venons à l’action réflexe et « si des animaux chez qui cette action implique l’irritation d’un nerf et la contraction d’un muscle, nous descendons encore plus bas chez les animaux dépourvus de système nerveux et musculaire, et que nous découvrions qu’ici c’est le même tissu qui manifeste l’irritabilité et la contractilité, lequel tissu remplit aussi les fonctions d’assimilation, sécrétion, respiration et reproduction ; et si, finalement, nous remarquons que chacune des phases de l’intelligence, énumérées ici, se fond dans les voisines par des modifications trop nombreuses pour être distinguées spécifiquement, et trop imperceptibles pour être décrites, nous aurons en une certaine mesure montré la réalité de ce fait : qu’on ne peut effectuer de séparation précise entre les phénomènes de l’intelligence et ceux de la vie en général. » L’autre base de la doctrine, c’est la corrélation nécessaire de l’être et de son milieu, que l’auteur exprime en disant que la vie est une correspondance, « un ajustement continu des rapports internes aux rapports externes. » L’être vivant quel qu’il soit, arbre, infusoire ou homme, ne peut subsister s’il n’y a harmonie entre son organisme et son milieu ; et si à la vie physique s’ajoute la vie psychique, l’ajustement deviendra plus complexe. […] Comprise sous sa forme courante, l’hypothèse expérimentale implique que la présence d’un système nerveux, organisé d’une certaine manière, est une circonstance sans importance, un fait dont on n’a pas besoin de tenir compte !
Or, on reconnoît dans le récit magnifique qu’il fait de cet évenement, toutes les principales circonstances du tumulte qui arriva dans Rome quand le sénat voulut après la mort de Caligula rétablir le gouvernement republiquain, et quand ses partisans se cantonnerent contre les cohortes prétoriennes qui vouloient avoir un empereur. Quinte-Curce caracterise si bien toutes les circonstances de l’avenement de Claudius à l’empire qui calma le tumulte, il parle si nettement de la famille de ce prince, qu’on ne sçauroit hésiter sur l’application de ce passage, d’autant plus que l’exposé qu’on y trouve ne peut être appliqué à l’avenement à l’empire d’aucun des trente successeurs immédiats de Claudius.
Pour nous, donc, le succès d’Eugène Sue dans ses Mystères de Paris, qui produisirent Les Mystères de Londres, paraît être la circonstance qui précipita l’esprit de Paul Féval du haut de sa vocation réelle vers un genre de composition qu’il aurait dédaigné s’il avait été plus mûr et plus mâle ; et peut-être aussi faut-il y ajouter une vieille et tenace admiration d’école pour un autre célèbre roman d’aventures qu’on s’étonne qu’il ait conservée, mais dont il nous a donné tout récemment la preuve en intitulant un de ses derniers ouvrages : Madame Gil Blas. […] Une circonstance inouïe dans ces Merveilles du Mont Saint-Michel, c’est que les prêtres du Dieu qui y apparaît tant n’y sont que des néants de prêtres, et l’historien le voit, et il le dit, malgré ses tempes brûlantes et l’illusion qui pour lui devait sortir du sacerdoce.
L’homme qui a écrit Il Fuoco, en y ajoutant ou en retranchant des pages dans les circonstances qu’on sait, cet homme peut avoir de grandes qualités artistiques, il n’a pas le respect de son art. […] Puisque le drame est par définition un conflit fatal (de deux volontés, ou d’une volonté avec les choses, ou d’un caractère avec une situation), il est évident que le conflit sera d’autant plus dramatique qu’il sera mieux débarrassé des circonstances accessoires, des hasards, de tout ce qui ne le montre pas directement en action57.
Il l’a vue telle qu’elle était, tout occupée du salut du roi, de sa réforme, de son amusement décent, de l’intérieur de la famille royale, du soulagement des peuples, et faisant tout cela, il est vrai, avec plus de rectitude que d’effusion, avec plus de justesse que de grandeur ; enfin, il a résumé son jugement sur elle en des termes précis, au moment de l’accompagner dans son œuvre de tendresse et de prédilection : Mme de Maintenon, dit-il, n’a donc pas eu sur Louis XIV l’influence malfaisante que ses ennemis lui ont attribuée : elle n’eut pas de grandes vues, elle ne lui inspira pas de grandes choses : elle borna trop sa pensée et sa mission au salut de l’homme et aux affaires de religion ; l’on peut même dire qu’en beaucoup de circonstances elle rapetissa le grand roi ; mais elle ne lui donna que des conseils salutaires, désintéressés, utiles à l’État et au soulagement du peuple, et en définitive elle a fait à la France un bien réel en réformant la vie d’un homme dont les passions avaient été divinisées, en arrachant à une vieillesse licencieuse un monarque qui, selon Leibniz, « faisait seul le destin de son siècle » ; enfin en le rendant capable de soutenir, « avec un visage toujours égal et véritablement chrétien », les désastres de la fin de son règne.
Lorsqu’à cette époque d’union, de confraternité sincère, dans ces intervalles de Marengo et du camp de Boulogne, Andrieux qui savait bien le latin, Picard qui ne le savait guère, mais qui aimait à en placer quelques mots96, Campenon, Roger, Alexandre Duval, tous ces académiciens présents ou futurs se réunissaient avec Daru le dimanche à déjeuner, lorsqu’on récitait quelque ode d’Horace, redevenue comme d’à-propos et de circonstance, l’ode Ad sodales ou quelque autre (le sentiment de tous s’y joignant), il ne manquait rien, presque rien, à la traduction de Daru pour faire passer l’esprit de l’original dans tous les cœurs.
Si vaste et rapide est le coup d’œil de l’esprit, qu’en peu de moments je me retrace (comme sur une carte le voyageur, les pays parcourus) tous les détours de mon chemin à travers maintes années… Il poursuit de la sorte, et, par une association insensible, il arrive à se retracer quelques circonstances émouvantes de son passé ; une allusion directe nous ramène à la perte de son père, dont il se reproche de n’avoir pas assez apprécié l’amitié sous sa forme un peu sévère : « Un ami est parti, peut-être le meilleur ami de son fils, un père dont l’autorité, même quand elle se montrait en apparence le plus sévère et qu’elle rassemblait toute sa force, n’était que la contenance plus grave de la tendresse… » Puis tout d’un coup, et sans autre transition, il se met à tracer cet exquis et mémorable tableau qui a donné son titre au sixième livre, La Promenade d’hiver à midi.
Nous avons vu de nos jours de ces hommes d’esprit, témoins de tout, consultés sur tout, qui faisaient au besoin les mots spirituels des grands jours et des circonstances d’apparat ; qui écrivaient sous main les discours, les déclarations solennelles, et quelquefois rédigeaient des chartes : ces hommes-là ont trop vu, trop regardé la tapisserie par l’envers ; ils ne prennent les choses ni les personnages bien au sérieux, et ne s’y prennent pas trop eux-mêmes ; éclairés d’ailleurs, serviables, indulgents, d’un amour-propre aussi commode que d’autres l’ont ombrageux et cruel.
Le maréchal de Thémines commandait l’armée que le roi opposa à Rohan ; il se présenta devant Castres, où la duchesse de Rohan, qui avait laissé son mari, avec un conseil ou abrégé d’assemblée, dut prendre sur elle, dans l’embarras de ses conseillers, de donner des ordres ; et la circonstance l’élevant au-dessus d’elle-même, cette personne mondaine, mais de courage, sut pourvoir à tout.
On a cité sa réponse aux magistrats d’une ville, qui lui présentaient les clefs d’argent, en lui disant humblement que M. de Turenne, dans une circonstance pareille, les leur avait rendues : « Messieurs, leur répondit gravement le maréchal, M. de Turenne est un homme inimitable » ; et il prit les clefs. — Il eût désiré parfois plus de résistance et de rencontrer une sérieuse action de guerre, afin de pouvoir rétablir dans ses troupes un peu de discipline ; car lui-même ne parvenait plus à être obéi.
Une autre circonstance de sa vie où elle paraît auniveau ou plutôt au-dessus de tous les éloges, c’est, bien des années auparavant (1834), lorsqu’elle reçutbrusquement la nouvelle du rappel de Paris et de l’exildu général Swetchine : l’empereur de Russie, par uncaprice inexplicable de bon plaisir, l’ordonnait ainsi.
Mais pourtant, dans le drame original, les circonstances sont mieux ménagées, surtout plus espacées, et de façon à justifier la conduite et les mouvements divers de Chimène.
Les curieux sauront bien d’eux-mêmes trouver les plus jolies ; quelques-unes des plus gaies, comme celle de Marotte, sont inséparables de l’à-propos et de la circonstance.
Je sais que, toutes les fois qu’on parle de Catinat, il est de mode de dire beaucoup de mal de Feuquières ; Catinat n’eut pas à se louer de lui en deux circonstances, et il est plus que possible que Feuquières, en effet, par son caractère, et dans la pratique, ait eu quelques-uns des inconvénients qu’on lui a reprochés ; il faut bien croire, puisque tous l’ont dit, qu’il avait des vices de cœur : il n’en est pas moins vrai que, comme écrivain militaire, Feuquières est un esprit supérieur, et que la lecture de ses Mémoires ne soit un des livres qui donnent le plus à réfléchir.
Les hommes en général, même les meilleurs, n’ont qu’un temps, soit par le ressort même de leur nature, soit par le concours et le rapport bien ajusté des circonstances.
Sa demande au ministre de l’intérieur est apostillée (circonstance unique) par M. d’Argenson qui n’a peut-être jamais apostillé que cette requête, et surtout dans les termes où il le fit.
. — Les premières lettres sont remplies de ces prescriptions qui tiennent au corps, à la santé, et qui ont des conséquences morales aussi pour les personnes en évidence et dont toute la vie se passe en public : « Je vous prie, ne vous laissez pas aller à la négligence ; à votre âge cela ne convient pas, à votre place encore moins ; cela attire après soi la malpropreté, la négligence et l’indifférence même dans tout le reste de vos actions, et cela ferait votre mal ; c’est la raison pourquoi je vous tourmente, et je ne saurais assez prévenir les moindres circonstances qui pourraient vous entraîner dans les défauts où toute la famille royale de France est tombée depuis longues années64 ; ils sont bons, vertueux pour eux-mêmes, mais nullement faits pour paraître, donner le ton, ou pour s’amuser honnêtement, ce qui a été la cause ordinaire des égarements de leurs chefs qui, ne trouvant aucune ressource chez eux, ont cru devoir en chercher au dehors et ailleurs.
Il ne lui avait jamais été permis de développer et de perfectionner comme il aurait fallu son premier talent, ce don d’expression dramatique qu’elle possédait pourtant à un degré supérieur, mais qui dépendait trop du cadre, des circonstances, et aussi des moyens physiques.
Le procédé d’exécution répond tout à fait à ce qu’on peut attendre : une simplicité parfaite, une force continue ; point de pomposo ni de bavardage ; point de réflexions ni de digressions ; quelque chose de droit qui va au but, qui ne se détourne ni d’un côté ni de l’autre, et pousse devant, en marquant chaque pas, comme un bélier sombre ; point de vapeurs à l’horizon ni de demi-teintes, mais des lignes nettes, des couleurs fortes dans leur sobriété, des ciels un peu crus, des tons graves et bruns ; chaque circonstance essentielle décrite, chaque réalité serrée de près et rendue avec une exactitude sévère ; chaque personnage conséquent à lui-même de tout point ; vrai de geste, de costume, de visage ; concentré et viril dans sa passion, même les femmes ; et derrière ces personnages et ces scènes, l’auteur qui s’efface, qu’on n’entend ni ne voit, dont la sympathie ni l’amour n’éclatent jamais dans le cours du récit par quelque cri irrésistible, et qui n’intervient au plus que tout à la fin, sous un faux air d’insouciance et avec un demi-sourire d’ironie.
Je dis que cela est touchant, parce que cela est désintéressé ; et c’est l’honneur éternel des lettres, de ce que les Anciens appelaient studia, d’entretenir en ceux qui les aiment de ces piétés qu’on appellera, si l’on veut, des manies : les hommes qui ne visent qu’au présent et à user à leur profit des circonstances sont incapables, je l’avoue, de telles illusions, qui supposent le rêve d’immortalité, et c’est pourquoi, avec toute sorte de considération pour ces hommes utiles, je préfère les autres.
si je raisonnais un peu moins, et si les circonstances m’étaient un peu plus favorables, tête bleue !
Les circonstances extérieures étant données, l’état politique et social étant connu, on conçoit quelle dut être sur une nature comme celle de Boileau l’influence de cette première éducation, de ces habitudes domestiques et de tout cet intérieur.
Il souffrait de ce mal vague qui est celui du siècle, et qui se compliquait pour lui des circonstances particulières d’une position gênée.
De l’expression Au-dessous de la grande action principale, il y a de petites actions subordonnées qu’elle comprend, et chaque phrase en contient une ; la grande représentait la mort de l’agneau, la chute du chêne ; les petites représentent les circonstances de cette mort et de cette chute ; ce sont autant de menus événements découpés dans l’événement total.
Le hasard lia ces effets locaux à quelques circonstances heureuses ou malheureuses de ses chasses ; des positions relatives d’un objet ou d’une couleur le frappèrent aussi en même temps : de là le manitou du Canadien et le fétiche du nègre, la première de toutes les religions.
En réalité, à moins d’une vocation spéciale et de circonstances exceptionnelles, un fils de paysan qui se fait bourgeois et qui embrasse, comme on dit, les professions libérales, y perd presque toujours, et de plusieurs façons.
Bourget s’est étudié à rendre Claudius le moins odieux qu’il se pouvait et, d’autre part, à accumuler autour d’Hamlet toutes les circonstances propres à le paralyser et à ne lui rendre l’action possible que par un miracle d’énergie… Pour toutes ces raisons, André Cornélis ne m’intéresse guère que comme une belle composition de « psychologie appliquée » sur un sujet donné.
L’épopée de son oncle, l’étrangeté merveilleuse de sa propre aventure, lui étaient une sorte d’opium, d’autant mieux qu’il avait été extraordinairement servi par les circonstances, qu’on avait beaucoup agi pour lui et qu’il avait passé d’une extrémité de fortune à l’autre sans être proprement un homme d’action.
Comme le disait Lamartine27 : « Chaque époque adopte et rajeunit tour à tour quelqu’un de ces génies immortels qui sont toujours ainsi des hommes de circonstance ; elle s’y réfléchit elle-même ; elle y retrouve sa propre image et trahit ainsi sa nature par ses prédilections. » Comment se fier à une mobilité aussi intéressée ?
Thiers, il me semble qu’il entrait essentiellement dans le génie et le caractère de l’homme quelque chose de gigantesque, qui, en chaque circonstance, tendait presque aussitôt à sortir et qui devait tôt ou tard amener la catastrophe.
Mme de La Tour avait pourtant bien mérité de lui dans une circonstance mémorable, et lui-même avait paru apprécier son dévouement.
La dernière maladie de Mme Geoffrin présenta des circonstances singulières.
Elle ne citait jamais pour citer, mais ce qu’il fallait lui revenait juste à propos et s’appliquait avec nouveauté à la circonstance : il y avait de l’imagination jusque dans sa mémoire.
Toutes ces circonstances de la vie de M. de Bonald sont racontées avec simplicité, et avec un sentiment très vif de religion domestique, dans une Notice écrite par l’un de ses fils, M.
On a trouvé ces réflexions trop multipliées et trop longues, ce qui peut être vrai pour la dernière partie des Mémoires ; mais elle sait d’ordinaire les entremêler aux circonstances mêmes qui les lui inspirent.
Gourville commence ses Mémoires par nous dire naïvement en quelles circonstances il a eu l’idée de les écrire.
Il comparut devant la justice, il s’y traîna, n’avouant d’abord qu’à demi ; mais bientôt, pressé par les magistrats et par sa conscience, sa déposition se rapprocha de plus en plus de celle de la fille Grivault, au point de n’en plus différer que sur des circonstances très secondaires.
Les circonstances de sa fin et les obsessions qui la signalèrent ont été souvent racontées.
Lorsqu’un autre avançait quelque chose que je croyais une erreur, je me refusais à moi-même le plaisir de le contredire brusquement et de démontrer à l’instant quelque absurdité dans sa proposition ; et, en répondant, je commençais par faire observer que, dans certains cas ou circonstances, son opinion pouvait être juste, mais que, dans le cas présent, il me paraissait, il me semblait qu’il y avait quelque différence, etc.
Il est même, à cet égard, en contradiction avec lui-même : car il a très bien remarqué quelque part qu’une des différences qui distingue le plus les modernes des anciens, c’est que, pour connaître ces derniers, « c’était beaucoup d’avoir acquis la connaissance de leurs lois, de leurs coutumes et de leur religion », tandis que l’on connaîtrait fort imparfaitement les modernes, si on ne les considérait que par ces relations-là : notre manière de penser et de sentir dépend de bien d’autres circonstances : « On en jugerait bien mieux, ajoute-t-il, par l’esprit de notre théâtre, par le goût de nos romans, par le ton de nos sociétés, par nos petits contes et par nos bons mots. » Sur de telles nations, sur la nôtre en particulier, les livres donc, les bons livres et surtout les mauvais, ont grande influence.
Mais, lorsqu’il s’agit d’un être vraiment intelligent et supérieur, ayant une individualité véritable, il ne saurait être question de lui prêter l’expression d’autrui, celle du vulgaire, celle de tous ; car il a son expression à lui, toute personnelle, qu’il conservera partout et toujours, de quelque nature que soient les circonstances et les émotions.
VII Et ce n’est pas seulement un grand historien que Saint-Simon, c’est le légiste du droit monarchique de la France, dans toute la vérité et la majesté de sa tradition… C’est le tout-puissant jurisconsulte du droit coutumier de la monarchie ; car, excepté une seule loi, cette fameuse loi salique promulguée par Clovis et même peut-être avant Clovis, qui établissait l’hérédité de mâle en mâle, il n’y a jamais eu en France qu’un vaste ensemble de coutumes solidifiées par le temps, les circonstances, et cette hérédité sans laquelle les nations ne seraient plus que de confuses et tourbillonnantes multitudes.
Est-ce à cette circonstance du séminaire et de l’éducation qu’il y reçut, que l’on doit de rencontrer dans les écrits de Rivarol un fonds d’idées qui n’est pas du xviiie siècle ?
Il tenait aux circonstances et aux passions d’un temps qui s’en allait en guerre, comme Marlborough, contre toutes les grandes et respectables choses établies, et qui ne connaissait pas la céleste rêverie que, depuis, nous avons appris à connaître… La gloire de Voltaire, c’est le bruit de toutes les ruines qu’il a faites.
Renan se prête lui-même à la circonstance.
Seuls, des signaux lancés à travers l’éther répondent à cette exigence : toute transmission par la matière pondérable dépend de l’état de cette matière et des mille circonstances qui le modifient à chaque instant.
— Si tout ce monde-là votait encore pour lui dans la circonstance présente ! […] C’est à peine une circonstance atténuante pour Restif que la difficulté des temps où il a vécu, ce ne peut être son absolution. […] Je n’y ai ajouté que quelques circonstances indifférentes, mais qui, m’étant personnelles, ont encore en cela même de la réalité. » Telle est l’excellente intention de l’écrivain, le scrupule de sa conscience. […] Des circonstances personnelles à quelques-uns de nos rédacteurs ont exercé sur eux une pression qui les oblige à cesser de travailler à cette œuvre, au moins sous cette forme. […] Chaix d’Est-Ange plaiderait sa cause en prouvant que, dans bien des circonstances, les tribunaux sont appelés à décider dans des questions d’expertises, dans des appréciations du domaine des arts… » Je n’ai pas le temps de suivre ce livre pas à pas.
S’il est né vers l’embouchure du Rhône, c’est par circonstance ; sa vie s’écoulera sur les bords de la Seine ; sa mère est du Pas-de-Calais : toutes circonstances rassurantes, pronostics d’un cœur sincère. […] Ajoutez à cela qu’on en vient à ne plus compter sur son mérite, mais sur les protections, les influences, les intrigues, les circonstances favorables. […] N’oublions toujours pas que l’auteur n’avait aucun grief personnel, aucune vengeance à exercer, ce qui est une circonstance très atténuante. […] Il ne groupe pas artificiellement les circonstances, il n’ajoute rien, n’enjolive pas, ne dramatise pas ; il dit, ou pour mieux parler, il peint fidèlement ce qu’il a vu — ce qu’il a vu plus que ce qu’il a jugé ou conclu, car il ne tient pas à nous influencer et il veut laisser la parole aux faits. […] C’est, en effet, un tel concours de circonstances romanesques, dans un milieu tellement disposé à plaisir, sur une scène tellement remplie de trucs et de machines comme n’en comporte pas la vie réelle, que nous nous récrions tous : Mais pareille chose ne m’arrivera jamais !
Ce serait un roman tout intérieur, d’où les circonstances contingentes seraient exclues, et qui se passerait dans un cœur. […] Mais les circonstances ont d’ironiques tentations ; elles tissent autour de nos volontés des pièges inextricables et subtils. […] Il a été dans des circonstances mémorables témoin du déchaînement de la passion parmi les hommes. […] Comment, où, dans quelles circonstances a eu lieu la trahison ? […] Grace à ce concours de circonstances heureuses, il est passé chez nous auteur à la mode.
Ils sont très actifs littérairement ; cela veut dire que l’ambition par la littérature a remplacé chez eux l’ambition par les armes, qui leur fut interdite ; et viennent, du reste, les circonstances favorables, tous, poètes, historiens, romanciers et professeurs de littérature française, se jetteront avec ardeur dans l’ambition politique. […] Je hais pour ma part ces systèmes absolus qui font dépendre tous les événements de l’histoire de grandes causes premières se liant les unes aux autres par une chaîne fatale et qui suppriment pour ainsi dire les hommes de l’histoire du genre humain… Je crois, n’en déplaise aux écrivains qui ont inventé ces sublimes théories pour nourrir leur vanité et faciliter leur travail, que beaucoup de faits historiques importants ne sauraient être expliqués que par des circonstances accidentelles et que beaucoup d’autres restent inexplicables, qu’enfin le hasard entre pour beaucoup dans ce que nous voyons dans le théâtre du monde. […] Ce sont les circonstances qui nous imposent ou l’un ou l’autre, ou la combinaison des uns avec les autres. « La fatalité nous mâche », et nous ne pouvons pas être mâchés par autre chose. […] On dirait que mon travail et mon temps ne sont pas des choses réelles, sont des riens, qu’on prend quelquefois seulement, selon les circonstances, pour quelque chose. […] En cette incertitude, il sera toujours comme tiré en deux sens contraires : par la crainte de ne produire pas assez et de manquer l’occasion où le travail fait aurait une grande valeur et, jeté en abondance sur le marché, l’enrichirait ; par la crainte de produire trop et de se trouver dans des circonstances où il serait forcé de livrer la marchandise à perte pour s’en débarrasser et de se ruiner.
Viola profite tout de suite de la circonstance : « Consolez-vous, dit-elle au duc, une autre vous aimera. — Ah ! […] Le mécanisme des passions de l’amour est-il donc si précis, si déterminé et si clairement connu qu’on puisse prévoir, avec cette imperturbable certitude, ce qu’un homme éprouvera et fera, telle circonstance étant donnée ? […] Croyez, d’ailleurs, que j’accorde au bon Léon Laya toutes les circonstances atténuantes que vous réclamerez pour lui. […] Et il ne faut pas trop s’en plaindre, car ce pharisaïsme est du moins un hommage à la lettre de la loi, et il importe beaucoup à la société que la règle soit observée extérieurement ; d’autant mieux que cela peut entraîner insensiblement l’obéissance intérieure, et qu’en mille circonstances la forme emporte le fond. […] Enfin, il m’a paru amusant que la lettre anonyme écrite par la femme fût, à l’acte suivant, envoyée par le mari… Mais je m’aperçois queje plaide ici, en somme, les circonstances atténuantes.
Il appartient à une génération qui atteint présentement l’âge d’homme, et qui est située entre des aînés dont les généreuses intentions furent amorties par un fâcheux concours de circonstances, et des cadets sur qui les faiseurs de réformes ont peut-être essayé trop de systèmes prétendus perfectionnés. […] Georges Renard, a remarqué, avant moi, que la matière de ce récit est contenue dans cette phrase de la Littérature anglaise : Si Shakespeare avait fait une psychologie, il aurait dit avec Esquirol : « L’homme est une machine nerveuse, gouvernée par un tempérament, disposée aux hallucinations, emportée par des passions sans frein, déraisonnable par essence, mélange de l’animal et du poète, ayant la verve pour esprit, la sensibilité pour vertu, l’imagination pour ressort et pour guide, et conduite au hasard par les circonstances les plus déterminées et les plus complexes, à la douleur, au crime, à la démence et à la mort. » M. […] Et, comme il avait coutume de réduire toutes ses impressions en maximes, il a dû conclure de ce spectacle que, pour se frayer un chemin dans la vie et parvenir à son but, l’on doit se plier aux circonstances, tourner les obstacles que l’on ne peut briser et suivre sa pente, tout en ayant l’air de s’en écarter. […] Et pourtant, si je voulais invoquer de lointains exemples, je pourrais trouver, au temps même de Pascal, des précédents capables de me faire accorder les circonstances atténuantes. […] Chasse Theophanô de ton lit, de ton palais, de ta capitale, sinon tu ne régneras point. » Jean n’avait pas coutume d’hésiter lorsque les circonstances l’obligeaient de choisir entre l’amour et l’ambition.
Cette bluette de circonstance fait honneur à l’Odéon et à M. […] » d’écouter sa « voix » en toute circonstance. […] Pour qu’il éclate, il faut des circonstances, des cas extraordinaires. […] Son refus, d’ailleurs, en pareilles circonstances, n’avait rien que de légitime. […] Je passe sur Naissance, fortune et mérite, qui n’est guère qu’une pièce de circonstance.
Nous ne saurons jamais si Helbig a été acquitté ou puni avec d’infinies circonstances atténuantes ; et que nous importe, en effet ? […] Les Margès, bons vieux commerçants retirés, demi-riches, vivent à Epinay-sur-Orge ou à Epinay-sur-Marne, très heureux, en somme, entre leur vieil ami Bouif, dit le baron, sans qu’on sache pourquoi, et la belle-mère de leur fils, Mme Deguingois ou de Guingois, selon les circonstances. […] Il a épousé Christiane de Guingois qui est éperdue de mondanité et de luxomanie et en passe, pour cette cause, de devenir une coquine si les circonstances la favorisent. Vous allez voir précisément, dans un instant, les circonstances favorisantes.
On a eu soin d’indiquer, à propos de chacun de ces chapitres, la date et les circonstances où ils ont été écrits. […] Que de prétextes à s’insurger contre des circonstances si durement hostiles ! […] Car s’il avait les mêmes besoins que les autres hommes de la faveur des circonstances ou du secours de l’éducation, il ne leur serait pas supérieur… » Toute la différence entre la vieille France et la nouvelle est là. […] Plus tard, quand le déchu entreprend de se réhabiliter vis-à-vis de sa conscience, par le travail, c’est parmi les plus vulgaires circonstances que son effort s’exerce. […] cela m’apprendra à me condenser, je sauterai dans ce cerceau… » C’est là, dans cette force de résistance, railleuse en sa forme, héroïque en son fond, opposée aux plus cruelles circonstances, qu’il faut chercher le secret des bizarreries tant reprochées à Barbey d’Aurevilly.
Mais d’autre part, cette attitude très nette n’excusait en aucune façon les racontars ridicules que les poètes de sa génération colportèrent sur son compte, ni les arguments sans esprit, dont ils ne manquèrent pas d’user en la circonstance. […] Lorsque Proudhon, en effet, résolut d’écrire ce livre, dont tant de circonstances et d’événements ont retardé la parution, lorsqu’il prononça sa menace implacable et surtout téméraire : Delebo eum de memoriâ hominum , on était au lendemain du coup d’État du Deux Décembre. […] Camille Lemonnier, et je regrette vivement que d’affligeantes circonstances m’interdisent aujourd’hui de réaliser ce projet.
Montaigne, dans une lettre à son père, a raconté en détail les principales circonstances de cette mort à la fois stoïque et chrétienne : surtout il nous a tracé, dans son chapitre sur l’amitié, un admirable portrait de sa liaison avec celui qu’il appelait presque dès le premier jour du nom de frère.
C’est ici que commence, à proprement parler, le roman : chaque événement va y être détaillé, analysé dans ses moindres circonstances, et la quintessence morale s’ensuivra : « Je ne sais point philosopher, dit Marianne, et je ne m’en soucie guère, car je crois que cela n’apprend rien qu’à discourir. » En attendant et en faisant l’ignorante et la simple, elle va discourir pertinemment sur toutes choses, se regarder de côté tout en agissant et en marchant, avoir des clins d’œil sur elle-même et comme un aparté continuel, dans lequel sa finesse et, si j’ose dire, sa pédanterie couleur de rose lorgnera et décrira avec complaisance son ingénuité.
Les horreurs dont il est témoin, et dont il s’estime préservé tout exprès par une sollicitude particulière de la Providence, ne l’émeuvent qu’assez légèrement, et n’interrompent qu’à peine le cours de ce qu’il appelle sa délicieuse carrière spirituelle : En réfléchissant, dit-il en un endroit, sur les rigueurs de la justice divine qui sont tombées sur le peuple français dans la Révolution, et qui le menacent encore, j’ai éprouvé que c’était un décret de la part de la Providence ; que tout ce que pouvaient faire dans cette circonstance les hommes de désir, c’était d’obtenir par leurs prières que ces fléaux les épargnassent, mais qu’ils ne pouvaient atteindre jusqu’à obtenir de les empêcher de tomber sur les coupables et sur les victimes.
Les langues sont nées de la race, et de tout ce qui affectait les sens à l’entour, du sol, du ciel, du paysage ; toutes ces circonstances se sont réfléchies indirectement dans les mots, dans les sons qui les composent. « Est-il bien vrai, se demandait-il, que notre langue soit inférieure à la langue grecque ?
Laboulaye aurait pu faire quelque chose de plus utile encore que ce qu’il a fait, c’eût été de montrer l’homme complet en Benjamin Constant, de nous expliquer en quoi il avait de belles lumières et de grandes faiblesses ; en quoi il faillit ou varia même dans la défense des idées justes ; comment il manqua toujours d’autorité et d’une certaine considération qui ne suit pas toujours la popularité ; quelles circonstances indépendantes de sa volonté, et quels incidents (il y a toujours des incidents) reculèrent l’application de ses théories générales et absolues.
On ne voit d’ailleurs dans ces pièces où il parle de Bon Temps rien de cet esprit ou de cet à-propos de circonstance qui popularise un nom. il y a quelque gaieté et de la facilité, c’est tout.
Après la messe pontificalement célébrée, au moment du baisemain, on remarqua les moindres circonstances.
Cependant Corneille, qui tenait à éluder sur ce point et à ne pas trop faire remarquer les déplacements, s’abstient, dans le dialogue, de ce qui obligerait trop directement à les apercevoir : ses personnages raisonnent, agissent, mais sans tirer parti de quantité de petites circonstances qui localisent, qui précisent, et sans que jamais le cadre des lieux leur donne plus de relief ou leur serve de point d’appui.
Le maréchal rêva un instant pour elle le rôle d’une duchesse de Bourgogne auprès de Louis XV : les circonstances s’y prêtèrent encore moins que le caractère de la princesse.
Bien qu’il ait annoncé précédemment qu’il ne tracerait pas l’idée complète et exemplaire du poète, il va pourtant le dépeindre et le présenter dans les conditions qu’il estime les plus favorables pour entreprendre une telle œuvre, c’est-à-dire doué d’une excellente félicité de nature, instruit dès l’enfance de tous les bons arts et sciences, versé dans les meilleurs auteurs de l’Antiquité, nullement ignorant avec cela des offices et devoirs de la vie humaine et civile, pas de trop haute naissance surtout ni appelé au régime public, ni non plus de lieu abject et pauvre, afin d’être exempt des embarras et des soucis domestiques, mais tranquille et serein d’esprit par tempérament et aussi par bonne conduite : il est touchant de lui voir définir cette heureuse médiocrité de condition et de circonstances, qui permet mieux en effet toute sa franchise de vocation et tout son essor au génie.
En 1816, après la seconde Restauration, Victor composa, dans ses moments de loisir, une tragédie classique de circonstance sur le retour de Louis XVIII, avec des noms égyptiens : elle avait pour titre Irtamène.
La circonstance mystérieuse, et cependant naturelle, qui fait qu’Arthur retrouve Julie et son enfant, introduit le léger intérêt romanesque qui, avec la conversion, compose la seule action de ce livre où pourtant l’attrait ne cesse pas.
— « Je dois à la vérité d’avouer, répondait-il un jour en souriant à quelques-unes de mes questions d’origines, que dans cet espace de temps j’ai fait consciencieusement la vie de garnison sans songer à écrire et assez rarement à lire ; il est probable que vous n’auriez jamais entendu parler de moi sans la circonstance indiquée dans mon Voyage autour de ma chambre, et qui me fit garder les arrêts pendant quelque temps30. » Avant ce voyage ingénieux, il en avait fait un autre plus hardi et moins enfermé, un voyage aéronautique ; il partit d’une campagne près de Chambéry, en ballon, et alla s’abattre à deux ou trois lieues de là.
Pour les gens du métier qui savent combien ces jugements portés sur les livres du jour par les critiques compétents sont utiles à l’histoire littéraire, et combien, à une certaine distance, il devient difficile de se les procurer dans des feuilles si vite disparues, il semblera tout naturel qu’un homme qui connaît autant les circonstances et les destinées des livres que M.
Ailleurs prêtre contre prêtre, à qui dupera l’autre : plus avare sera le moine, ou l’évêque, plus rusé le simple curé, investi pour les circonstances du caractère sympathique.
Bourget fait l’éducation de son « disciple », notant toutes les circonstances et influences qui déterminent le caractère, de la première enfance à l’âge d’homme.
Si l’anecdote était authentique, nous craindrions bien que, dans cette circonstance, Molière n’eût encore été qu’imitateur : ces fausses lettres, faisant succéder rapidement les impressions de chagrin et de joie, fournissaient un trop excellent prétexte à la pantomime, pour n’avoir pas été exploitées par les artistes italiens.
Ces différences de caractère et de condition dans des circonstances analogues, tourneront au profit de notre poésie.
On résiste aux Maximes et aux Pensées comme à l’autorité d’une raison individuelle, aigrie par des circonstances personnelles à l’auteur ; mais on reçoit volontiers les leçons de la Bruyère, parce que sa raison est libre de ressentiments et de souffrances, et que, comme il le dit si délicatement, il ne fait que rendre au public ce que le public lui a prêté.
Quelques pièces ont le tort d’avoir été écrites trop près de la circonstance qui y donne sujet.
… » Circonstance aggravante, dans un milieu réactionnaire, Baju ne cachait pas ses préférences pour l’idéal politique de Jules Guesde.
Bourget pour avoir tendu à dénaturer ainsi le caractère du roman, il serait injuste néanmoins de ne pas lui savoir tenir compte de cette circonstance, qu’il a su faire qu’on en prit son parti, à son égard, non sans plaisir ; sans compter qu’il n’aurait pas trouvé différemment l’occasion de ces formules, dont on doit dire que le nombre est grand, parmi elles, qui pourrait servir à un recueil de pensées détachées d’une saveur unique.
Elle a élevé et soigné neuf enfants ; la famille à laquelle elle est attachée ayant perdu toute sa fortune, elle refuse de la quitter ; elle sert gratuitement avec un courage que de pénibles circonstances mettent à de rudes épreuves (médaille de mille francs).
Les Bohémiens sont une de ces ballades ou fantaisies philosophiques, d’un rythme vif, svelte, allègre, enivrant ; c’est la meilleure peut-être, la plus belle et la plus parfaite de ses chansons que j’appelle désintéressées, et qui ne doivent rien aux circonstances.
Bettina revient donc près de la mère de celui qu’elle vénère et qu’elle adore ; et ce sont des conversations sans fin sur cette enfance de Goethe, sur ce qu’il annonçait de bonne heure, sur les circonstances de sa naissance, sur le poirier que planta son grand-père pour marquer ce beau jour, et qui prospéra si bien, sur la chaise verte où s’asseyait sa mère quand elle lui contait les histoires sans fin qui l’émerveillaient, sur les présages et les premiers indices de son génie en éveil.
Cette fin malheureuse et les circonstances touchantes qui l’accompagnèrent, le long deuil, le mérite et la beauté de sa noble veuve, cette pitié et cette indulgence mutuelle dont chacun avait besoin après tant d’erreurs et tant d’excès, ont pu recouvrir les torts de ses dernières années et faire remonter peu à peu son nom au rang d’où il n’aurait jamais dû le laisser déchoir.
L’abbé de Choisy a consigné les circonstances et les motifs de sa conversion dans quatre Dialogues sur l’Immortalité de l’âme, l’Existence de Dieu, la Providence et la Religion, qu’il publia dès l’année suivante (1684) : c’était ne pas perdre de temps.
Elle montre que, depuis qu’on les a raillées sur cette prétention à l’esprit, les femmes ont mis la débauche à la place du savoir : « Lorsqu’elles se sont vues attaquées sur des amusements innocents, elles ont compris que, honte pour honte, il fallait choisir celle qui leur rendait davantage, et elles se sont livrées au plaisir. » Ce petit écrit de Mme de Lambert ; où plus d’une idée serait à discuter, ne doit point se séparer des circonstances qui l’inspirèrent : il fut composé pour venger et revendiquer dans son sexe l’honnête et solide emploi de l’esprit en présence des orgies de la Régence.
C’était le prince de Conti qui, après Le Barbier de Séville, avait porté à l’auteur le défi de reprendre ainsi son Figaro et de le montrer une seconde fois dans des circonstances plus développées, plus fortement nouées et agrandies.
Rollin n’était pas seulement janséniste pour la morale et pour la doctrine, il l’était pour sa créance et sa crédulité à des circonstances trop chères au parti.
Adressons, avant tout, nos remerciements à la Société de l’histoire de France, qui, au milieu des circonstances pénibles où les lettres ont passé depuis 1848, n’a pas désespéré un seul instant de la patrie, je veux dire des études historiques sérieuses, et qui n’a pas fait trêve à ses publications.
Libera nos, Domine. » L’attitude de Fréron vis-à-vis de Voltaire a, devant la postérité, pour circonstance atténuante l’attitude de Voltaire vis-à-vis de Shakespeare.
Sans doute les aristocraties dirigeantes, qui mettent la nuit sur les yeux des masses, sont les premières coupables, mais, en somme, la conscience existe pour un peuple comme pour un individu, l’ignorance n’est qu’une circonstance atténuante, et quand ces dénis de justice durent des siècles, ils restent la faute des gouvernements, mais deviennent la faute des nations.
Vous verrez d’autres femmes embrasser les piés du saint, l’entourer et lui faire un rempart de leurs corps ; car dans ces circonstances les femmes ont bien une autre violence que les hommes.
D’autres hommes, moins coupables que Châteaubriand, il est vrai, sont traités dans cette histoire avec une indulgence qui n’est pas la forte miséricorde du pardon, comme on la rencontre parfois sous une plume chrétienne… L’auteur de l’Histoire de la Littérature sous la Restauration n’a fait d’exception à la règle de la mansuétude que le tempérament de son esprit ou les circonstances lui ont imposées que pour deux hommes, assez dignes, du reste, de cette exception redoutable, Paul-Louis Courier, le pamphlétaire, et Béranger, le chansonnier.
Et voici comment Cydalise s’y est prise pour tout gâter : Elle savait trop qu’il était impossible d’accuser directement l’Église, en une circonstance où l’Église avait été si admirablement maternelle.
C’est un artiste de circonstance et un patriote exclusif, deux empêchements au génie.
C’est de lui rappeler, en chaque circonstance, les conséquences avantageuses ou nuisibles qui ont pu suivre des antécédents analogues, et de le renseigner ainsi sur ce qu’il doit faire.
Il faut se garder, sans doute, de tenir pour démontré dès à présent que la démocratie soit forcément l’aboutissant de toute évolution sociale : ce serait se méprendre étrangement sur le caractère des lois sociologiques que d’y voir on ne sait quelles « lois d’évolution » qui prédestineraient, par exemple, — quelles que dussent être les circonstances variées de leur développement, — toutes les sociétés à la démocratie.
Son âge, ses fréquentations, les circonstances de sa vie sentimentale, tout l’y poussait. […] * … Ma mémoire a toujours gardé minutieusement le souvenir des circonstances et du décor qui entourent la naissance de mes divers ouvrages poétiques. […] C’est là que se place une aventure parfaitement banale, mais qui, à cause des circonstances comme de mon âge, m’a laissé un souvenir et plaisant et tendre. […] J’attends anxieux le lever du jour, et cette impression n’est pas toute de circonstance : déjà, j’ai senti, plus d’une fois, comme la sombre nuit, que j’ai tant aimée, me pèse à présent. […] Pourtant à les bien observer, leur âme porte si lourdement la gravité des circonstances qu’à chaque minute un air de veuvage vient glacer sur leurs figures de gamines l’essai de la plus modeste gaîté… Au loin, mais si proche de notre vue à cause de l’air subtil, se dresse l’Acropole d’Athènes.
Que de circonstances dans la vie, où les yeux, les mains, la bouche muette sont plus éloquents que toutes paroles5 ! […] Il est bien évident que, hors de ces circonstances heureuses, vous n’auriez jamais songé à entrer en littérature ; l’état ridicule d’un écrivain réduit à gagner sa vie ne peut plus séduire un homme bien né ; et même je ne suis pas éloigné de croire que tous ces poètes pauvres de jadis (histoire ou légende) ne se trouvèrent que par incapacité intellectuelle dans la nécessité de préférer la gloire au coffre et la triste fréquentation des Muses à une solide installation dans la vie. […] Souscrivez à toutes les œuvres de charité qui présentent une chance de réclame, aux livres de vos confrères pauvres, aux statues de poètes défunts, mais ayez soin, chaque fois que vous pourrez le faire avec décence, de refuser la quittance de recouvrement ; en beaucoup de circonstances, car il y a peu d’ordre en ces sortes d’entreprises, cela passera inaperçu ; dans les autres cas, mettez la faute sur le compte de la poste. […] XII N’adoptez pas un costume particulier, et si vous laissez reproduire votre portrait, que cela soit d’après un dessin très beau, mais très inexact : il y a dans la vie bien des circonstances où il est agréable de ne pas être reconnu par les imbéciles. […] Les considérations historiques qui expliquaient dans une large mesure cette situation privilégiée — création de nombreuses églises wallonnes et d’écoles françaises — ont forcément perdu, par suite des circonstances, beaucoup de leur valeur.
Ici nous assistons au phénomène d’une vocation au génie pour ainsi dire formée et conduite par les circonstances même en apparence les plus hostiles. […] Le Chant du Sacre nous représente une de ces productions de circonstance qui ne survivent guère à leur prétexte. […] l’on oublie trop aisément que la vie n’est qu’un enchaînement de circonstances, et que, si la chaîne est dorée, on est bien redevable à celui qui en a forgé le premier anneau. […] Mais ce que le jeune homme doit toujours faire, s’il est imbu du sentiment civique, s’il a l’âme républicaine, c’est de prendre en toute circonstance où il est appelé à parler ou à agir, dans sa famille même, comme l’y exhorte Michelet, la défense et nous dirions presque la tutelle du peuple, du faible, du pauvre, « du frère cadet ». […] Au contraire la plupart des vers de circonstance, fort bien frappés pourtant, de Béranger, de Barthélemy, de Méry, d’Hégésippe Moreau, étaient destinés à périr ou à s’éclipser ; car l’idée éternelle du droit ne s’en dégage pas.
Mais ce qui me fait le plus de peine, c’est qu’Andromaque va devenir plus célèbre par la circonstance de ma mort, et que désormais il n’y aura plus de poète a qui ne veuille avoir l’honneur de crever un comédien en sa vie. » Ce qu’il y a de vrai dans tous ces récits populaires, c’est que Montfleury, après avoir joué le rôle d’Oreste, s’en retourna chez lui avec une fièvre qui l’emporta en peu de jours. […] Dans le temps où l’on admettait le principe qu’une passion fait le destin de la vie, une déclaration devait être une circonstance importante et un incident du plus grand intérêt. […] Ce concours de circonstances est à peu près le même que celui qui est produit par la fausse nouvelle de la mort de Mithridate, et par le retour imprévu de ce monarque très peu désiré de sa femme et de ses enfants. […] Une circonstance fort indépendante du mérite de la pièce, répandit sur cette représentation un charme particulier : Louis XV avait alors le même âge que Joas ; comme lui il restait le dernier d’une famille nombreuse ; on avait tremblé pour ses jours. […] Boursault a pris de La Fontaine la circonstance de l’appétit qui n’est pas encore ouvert, et le tour heureux qui termine la fable ; mais il n’a pu lui emprunter son génie poétique, ses coups de pinceau, sa légèreté, sa grâce, son enjouement : peut-être même le style commun de Boursault est-il plus favorable pour l’acteur qui débite.
J’avoue que ma table des matières est très incomplète et composée au gré des circonstances. […] Descartes reprend l’avantage sur Platon par la puissance de son génie scientifique, d’ailleurs mieux servi par les circonstances, étant venu après Copernic et contemporain de Galilée. […] Et pourtant, cette gloire sans négateurs ne repose, en dehors de quelques lettres et opuscules, que sur deux volumes, dont l’un est un ouvrage de circonstance, l’autre un simple recueil posthume de notes éparses et de fragments inachevés. […] Par la faute des circonstances, ou par manque de vocation, le grand Pascal ne laisse pas un seul ouvrage strictement composé ; et peut-être les dons de synthèse, d’ordonnance, d’architecture intellectuelle, n’étaient-ils pas ceux qu’il possédait au plus haut degré. […] Les circonstances peuvent-elles faire un péché de la vertu ?
(« Il était absurde de songer à une démocratie sans une révolution complète du côté de la morale. ») Et dans quelles circonstances ! […] Chateaubriand a écrit un livre imposé par les circonstances, un livre nécessaire, inévitable, et que Jean-Jacques Rousseau, dégoûté du protestantisme dans la dernière partie de sa vie, repris par le catholicisme vague et tendre de madame de Warens, épouvanté et dégoûté par la Terreur, eût pu — qui sait ? […] Ce novateur persistait, docilement, à regarder l’épopée comme « le premier des genres », dans un temps où personne je crois, ne réclamait d’épopée, et où les circonstances sociales avaient cessé depuis longtemps (mettons depuis trois siècles) d’être favorables à une composition de cette espèce. […] L’auteur lui-même nous en a donné les raisons, du moins quelques-unes, dans ses Mémoires : « … Les circonstances qui contribuèrent au succès du Génie du Christianisme n’existaient plus ; le gouvernement, loin de m’être favorable, m’était contraire. […] Les circonstances ont centuplé l’effet des productions de son esprit.
Même dans les circonstances anormales d’une guerre, ils agissent conformément à l’âme que leur a lentement élaborée l’usage de toute leur existence et un usage qui est plus ancien qu’eux. […] Au surplus, dit le préfacier, l’ouvrage est imparfait : le temps était mesuré ; les circonstances n’étaient pas faciles. […] Lui Potterat, si sûr de lui ordinairement, et qui sait parler aux hommes et aux femmes en toutes circonstances, fût-ce pour les incarcérer, tremble et doute de son attrait, du moment qu’il est amoureux. […] Il ne conteste pas que cet « homme illustre » ait bien agi en maintes circonstances et, de sa fortune et de ses talents, secondé des malheureux : orgueil ? […] Les circonstances de la vie qu’il a menée l’excuseraient et, cette fois, l’honorent grandement et, en tout cas, donnent à sa pensée, à son œuvre, une signification plus vraie.
Il a été secondé par les circonstances, et s’il a réussi, il le doit moins à son génie qu’à sa fortune41. […] Aussitôt qu’on abandonne les régions élevées de la pure poésie, et qu’on descend sur la terre, dès qu’on même aux fictions idéals de l’imagination l’imitation prosaïque de la vie réelle, ce n’est plus le génie et le sentiment des arts qui décident seuls du succès ; mais les circonstances plus ou moins heureuses.
Retirez-vous comme lady Stanhope, dans la solitude d’un monde désert, regardez le monde qui passe, et qu’un jeune homme vous apparaisse tout à coup dans une nuit de surprise et d’anxiété ; causez une nuit entière avec lui, et vous verrez tout à coup le point de conjonction et la destinée de cet homme avec la destinée de son pays : sauf la date que Dieu s’est réservée, parce que les révolutions sont des horloges détraquées qui avancent ou qui retardent par une circonstance inappréciable à nos faibles intelligences. […] « Pétrarque, ce grand maître dans la science du cœur et dans le mystère de l’amour, a dit au commencement de son Traité sur la Vie solitaire : « Je crois qu’une belle âme n’a de repos ici-bas à espérer qu’en Dieu, qui est notre fin dernière ; qu’en elle-même et en son travail intérieur ; et qu’en une âme amie, qui soit sa sœur par la ressemblance. » C’est aussi la pensée et le résumé du petit livre que voici : « Lorsque, par un effet des circonstances dures où elle est placée, ou par le développement d’un germe fatal déposé en elle, une âme jeune, ardente, tournée à la rêverie et à la tendresse, subit une de ces profondes maladies morales qui décident de sa destinée ; si elle y survit et en triomphe ; si, la crise passée, la liberté humaine reprend le dessus et recueille ses forces éparses, alors le premier sentiment est celui d’un bien-être intime, délicieux, vivifiant, comme après une angoisse ou une défaillance.
La totalité des soixante-dix années sera par conséquent de vingt-six mille deux cent cinquante jours, et cependant il n’y a pas un seul de ces jours qui soit, dans toutes ces circonstances, exactement semblable à un autre. […] Que pensez-vous actuellement de ces diverses circonstances ?
Bref, elle escompte et exploite la magnanimité de son ami, tout en prétendant garder elle-même les apparences de la générosité dans le moment où elle est le moins généreuse… Elle est hypocrite et faible, — avec circonstances atténuantes, je ne l’ignore pas, — mais elle l’est enfin ; et ce qui me choque, c’est que l’auteur n’a vraiment pas assez l’air de s’en douter. […] Lorsque dans la chambre de Bobette, au petit jour, Costard raconte à son amie dans quelles circonstances il a « pincé » sa femme, et que, durant dix minutes, charmée par ce récit, Bobette, en chemise de nuit, fait des sauts de carpe parmi le désordre des draps et des couvertures, ce tableau d’extrême intimité nous effarerait peut-être un peu, si nous ne nous souvenions que nous sommes à Guignol et que nous assistons aux ébats de deux marionnettes.
Dans toutes les circonstances c’est Louis, l’orateur, l’orateur déjà sérieux, ratiocinant, syllogistique, qu’il sera plus tard. […] « — Un chef-d’œuvre, monsieur… oui, un chef-d’œuvre, pour ceux qui ont confessé en province. » Samedi 20 novembre Ce soir, en causant avec Jacquet, le peintre « de la femme à la robe de velours rouge » de cette année, j’étais plus que jamais confirmé dans l’idée qu’il n’y avait qu’une manière de faire un salon : un salon où l’homme de lettres confesserait le peintre, le forcerait à retrouver toute l’origine embryonnaire de son œuvre, lui ferait dire les circonstances dans lesquelles elle est née, les révolutions qu’elle a subies, lui arracherait, pour ainsi dire, la genèse psychologique et matérielle de sa toile.
Comme les membres de classes distinctes se sont souvent adaptés, par suite de modifications légères et successives à vivre sous des circonstances presque semblables, et à habiter, par exemple, la terre, l’air ou l’eau, il n’est peut-être pas impossible d’expliquer comment il se fait qu’on ait observé quelquefois une sorte de parallélisme numérique entre les sous-groupes de classes distinctes. […] Or, on ne peut rendre compte de ce fait que, si l’on considère les formes aberrantes comme autant de groupes en décadence, vaincus par des concurrents plus heureux, et qu’un petit nombre de membres, protégés par un concours de circonstances exceptionnellement favorables, représentent seuls aujourd’hui.
Concluons donc que ni dans la Grèce ni dans l’Inde antique il n’y eut de mysticisme complet, tantôt parce que l’élan fut insuffisant, tantôt parce qu’il fut contrarié par les circonstances matérielles ou par une intellectualité trop étroite. […] Elle se manifeste par le goût de l’action, la faculté de s’adapter et de se réadapter aux circonstances, la fermeté jointe à la souplesse, le discernement prophétique du possible et de l’impossible, un esprit de simplicité qui triomphe des complications, enfin un bon sens supérieur.
Ni toutes les circonstances extérieures, ni surtout toutes les époques ne le favorisent. […] Il édifie sur la part des circonstances, des hasards, des fatalités dans les destinées humaines ; ces cent explications dont se divertissent déplorablement de belles facultés stérilisées par quelque défaut d’adaptation inné ou accidentel aux conditions extérieures. […] Le bonheur, idée d’un certain rapport permanent entre ces deux facteurs essentiellement mobiles : la sensibilité et les circonstances, est la plus inconsistante des abstractions. […] L’âme humaine, sujette à cette fatale habitude, au lieu d’être un foyer persistant et vivant, devient bientôt comme une machine ingénieuse qui s’électrise contrairement en un rien de temps, au gré des circonstances diverses. […] Cette circonstance relève la splendeur des plus éclatantes mais elle rehausse parfois jusqu’au grandiose les plus futiles.
— Mais vous savez bien, répondit Boris, surpris de cette remarque, vous savez bien que les circonstances m’obligent à ce genre de vie. — Quelles circonstances ? […] — Je déclare solennellement que j’y consens », répondit le cordonnier, à qui les grands mots ne faisaient pas défaut dans les circonstances les plus critiques.
Dans ces circonstances, je crois qu’il n’y a que la République pour nous sauver, mais une République, où on aurait en haut un Gambetta pour la couleur, et où on appellerait les vraies et rares capacités du pays, et non une République, composée presque exclusivement de tous les médiocrates et de toutes les ganaches, vieilles et jeunes, de l’extrême gauche. […] Car si les généraux ont été incapables, si les officiers n’ont pas été à la hauteur des circonstances, si… si…, ce n’est pas la faute de l’Empereur. […] Une salle de danse, à la décoration pareille à celle de toutes les salles de danse de ce boulevard : une salle aux peintures du plafond, arrêtées dans des lambrequins de papier rouge velouté, aux petites glaces étroites filant le long des colonnes, aux lustres de zinc et de verre, dont trois becs sont seulement allumés pour la circonstance. […] Il finit, en déclarant tout haut, que M. de Bismarck est le premier des hommes d’État de tous les temps, se demandant toutefois, s’il eût fait de si grandes choses, ayant rencontré les difficultés et les circonstances contraires, que trouva Pitt.
Par quel concours de circonstances s’est-il engagé dans la voie où il est entré ? […] S’ils ont commis quelques fautes, on ne saurait trop plaider les circonstances atténuantes. […] Il lui arrive (c’est parfois un devoir pénible de la critique) d’avoir à dire aux gens des vérités désagréables ; non seulement il les exprime avec une mesure et une courtoisie qui ne sont pas communes, voire même à la Revue des Deux Mondes, en ce temps de langage cru et violent ; mais encore il plaide souvent les circonstances atténuantes pour ceux qu’il condamne ; on sent en lui une bienveillance naturelle ou acquise, qui n’est pas tout à fait de tradition dans le monde littéraire. […] Les héros des histoires qu’il nous conte ont aussi d’ordinaire des candeurs, des défaillances et des nervosités de jeunes filles ; ils sont timides, presque éthérés ; ce sont des âmes à peine vêtues d’un corps ; amoureux, ils sont plus souvent conquis que conquérants (voyez Hubert Liauran ou René Vincy) ; et même, quand ils ont l’air d’être forts, quand ils accomplissent un acte qui exige de l’énergie, comme André Cornélis ou le Disciple, ils apparaissent hésitants, inquiets, douloureusement ballottés au vent des circonstances, roseaux pensants bien plus que volontés vigoureuses et décidées. […] Bourget a pu puiser dans les circonstances environnantes bien des motifs de mélancolie.
Car Rachilde a reçu des dons considérables et, malgré les circonstances déformantes et enlaidissantes, elle conserve de beaux restes. […] Et, frémissante encore, elle balbutie les circonstances atténuantes : « Il est bien certain qu’en dehors de son cercle d’habitudes on peut être exposé à ces menues erreurs — pourtant gênantes, puisqu’elle vous font l’exception. » Les inquiétudes de la mondaine ne nuisent jamais aux pensées maternelles. […] Je ne suis pas de ceux à qui ces circonstances paraîtront atténuantes. […] Elle profite de toutes les circonstances pour nous enseigner les petites vertus domestiques, le respect des lois et, — sauf, bien entendu, quand la patrie est en danger, — la prudence. […] On m’affirme que ma méthode ne vaut rien, que les académiciens (circonstance atténuante) ne lisent pas ce qu’ils applaudissent, et que, si je veux connaître les raisons de leur choix, je dois, au lieu d’étudier les volumes prétextes à récompenses, m’informer des relations des lauréats.
En le saisissement de ce mortel « Oui, sans circonstances atténuantes », de ce « Oui » redouté, mais non attendu — du froid passe dans tous les dos, et le frisson des spectateurs remonte jusqu’aux impassibles exécuteurs de la loi. […] Ces premiers essais, dont j’avais oublié jusqu’à l’existence, ont eu pour moi, quand je les ai relus, un charme qu’ils n’auront pas pour le lecteur nouveau ; ils m’ont fait revivre quelques heures de mon insoucieuse jeunesse en évoquant les circonstances au milieu desquelles je les écrivais, si heureux et si fier alors d’être imprimé. […] La citoyenne Grivault mettait ses touffes comme on met ses décorations : dans les grandes circonstances seulement. […] Quelle circonstance mit fin à sa carrière politique ? […] Seulement son cœur, dans cette circonstance, n’avait pas eu assez d’esprit.
Ce qu’il entend rechercher, c’est le comment, ou enchaînement relatif des circonstances, au milieu desquelles, nous vivons. […] Par là-dessus, est arrivé le divorce, qui, dans les circonstances les plus favorables, fait de l’enfant un petit paria moral, déchiré entre des tendances contraires. […] Quand le pitre bien doué mourut des suites d’une balle de revolver, tirée au cours d’une scène de faux ménage, ses prétendus adversaires le pleurèrent, autant que ses partisans, et jetèrent naïvement un voile pudique sur les circonstances vraies de ce sale trépas. […] Le cœur du faux grand homme, à la suite de circonstances bizarres, demeurait conservé, à part de sa dépouille, dans un bocal d’alcool, comme une pièce anatomique. […] Nous savons seulement qu’elle varie en intensité, qu’il y a un indice psychoplastique et physioplastique, et que ces variations sont fonction de la personnalité elle-même, et des circonstances qu’elle traverse.
Le hasard académique, qui a ses ironies, lui ayant un beau jour confié le soin d’apprécier l’œuvre de deux poètes, il profita de la circonstance pour faire les plus étonnantes déclarations. […] Dumas, — par l’entremise de Cygneroi, qui pour la circonstance est son porte-parole, — va soumettre à une analyse physiologico-philosophico-chimique. […] Il s’en est défendu en toute circonstance, à l’aide d’arguments d’inégale valeur. […] Ensuite le milieu. — Le milieu général, formé par l’ensemble des circonstances historiques : le cadre étant fourni par la période du second Empire. — Le milieu spécial, formé par les habitudes de profession de chacun des personnages. […] C’est un héroïsme qui en vaut d’autres, et qui a même, sur des formes d’héroïsme plus souvent célébrées, cet avantage qu’il ne s’entoure pas de circonstances romanesques et qu’il est de mise dans un plus grand nombre de cas.
Je veux croire que, dans cette nouvelle circonstance, ce qui doit être fait sera fait, et qu’un hommage public attestera bientôt que les innombrables lecteurs de Maupassant savent ce que les lettres françaises ont perdu en le perdant, alors que sa plume était encore capable de tracer des pages comme celles de ce roman ébauché. […] S’abandonner à ce génie dans ce moment de sa vie, en pleine maturité, quand les circonstances et sa valeur faisaient de lui, sans rivalité possible, le premier chirurgien du Sud-Est, c’était une résolution héroïque. […] Pour eux, le fait seul existe, indépendamment des circonstances où il a été découvert. […] Vous n’auriez pas été logique avec votre propre doctrine, si, pensant de la sorte, vous ne vous étiez pas préoccupé des circonstances parmi lesquelles vous l’élaboriez et de son retentissement immédiat. […] Son trône est en jeu, plus que son trône : les sept millions d’âmes, — quelle éloquence prennent les vulgaires termes de statistique dans certaines circonstances !
En étudiant les divers systèmes des philosophes, on s’aperçoit que la réflexion philosophique a, suivant les temps et les circonstances, procédé de deux manières différentes. […] L’opinion de sens commun est nécessaire à l’homme pour se guider dans les circonstances ordinaires de la vie. […] Mais il est loin d’en être ainsi, et le corps en transmettant les faits physiques à l’âme les modifie beaucoup, et différemment, suivant les circonstances et les individus. […] Il en est de même de l’esprit humain ; sa prétendue causalité n’est qu’une illusion, et notre volonté ne fait qu’obéir à des circonstances dont nous ne nous doutons pas. […] Il en résulte immédiatement qu’une même cause, toutes les circonstances étant les mêmes, doit produire les mêmes effets.
Encore n’y a-t-il rien là de très grave ; mais il est telle circonstance où, sous prétexte de fidélité toujours, on altère profondément la pensée même de Pascal, comme par exemple quand on nous donne cette seule ligne : « Je ne demande pas de vous une créance aveugle. » Pascal l’a barrée, cette ligne encore ; et pourquoi l’a-t-il barrée ? […] Et plus tard enfin, la critique naturelle, à son tour, cette critique savante, mais parfois aventureuse, qui veut soumettre les grands hommes à la dépendance étroite, nécessaire, absolue des circonstances extérieures, de la « race », du « milieu », du « moment », s’empare du sujet, l’étend, l’anime, le renouvelle. […] Bazin, que non seulement la protection royale aurait toujours, en toute circonstance et contre toutes les cabales, couvert et par suite encouragé les audaces de Molière, mais encore qu’il se serait établi dès les Fâcheux, entre le comédien et le roi, « comme une sorte d’association tacite qui permettait à celui-là de tout oser sous la seule condition de toujours amuser et respecter celui-ci ». […] Fidèle à cette sage tactique, il commençait en toute circonstance par faire appel au bras séculier. […] Il faut prendre parti : l’applaudir, si vraiment il a mis les plus rares facultés qu’un homme ait jamais reçues de la nature au service de la justice et de la vérité ; le blâmer et le condamner, s’il n’en a, presque en toute circonstance, usé que dans son intérêt, dans l’intérêt de sa sécurité, de sa fortune, de sa réputation avant tout et par-dessus tout.
C’est une circonstance notable dans la vie d’un homme de génie, que la tradition au sein de laquelle il a été élevé. […] Aussi quelques-uns de ses écrits sont-ils par un côté des œuvres de circonstance sans être moins pour cela des œuvres de doctrine. […] Il fallait avoir demandé conseil à Ballanche dans quelque circonstance difficile et délicate pour apprécier tout ce qu’il y avait de connaissance parfaite des hommes et du monde sous cette apparence de distraction et de rêverie. […] Sitôt qu’une image vient s’offrir à de pareils esprits, elle éveille inévitablement toutes celles que l’habitude ou les circonstances lui ont associées. […] La forme lui apparaît dans ce qu’elle a de plus abstrait, de plus dégagé de toute circonstance locale.
Ce vice ou ce malheur est-il inhérent à la littérature même, ou tient-il à des circonstances que l’on puisse conjurer ? […] il y a presque de la malice à indiquer ainsi à la critique le parti qu’elle pouvait tirer des circonstances, quand on songe à ce qu’elle en a fait. […] En voyant ce galérien incompris, si amoureusement choyé par le romancier, on se souvient, malgré soi, que, dans une circonstance mémorable, M. de Balzac, sans doute par zèle réaliste, se passionna pour un vrai Vautrin en chair et en os, et prit la poste pour aller défendre un époux incompris qui avait assassiné sa femme. […] Cette faute, M. de Balzac l’a commise sous toutes les formes, avec toutes les circonstances aggravantes, et sur des personnages qui ne valent ni Elvire ni Amélie. […] C’est sur cette image que nous voulons, en finissant, nous reposer de nos fatigues et de nos rigueurs : nous ne trouvons pas d’autre circonstance atténuante à ce livre des Contemplations.
Si le jeune roi est malade, il faut voir comme Gui Patin s’intéresse aux moindres circonstances de sa santé : il aime le roi de toute la haine qu’il porte au Mazarin et à ses entours, et de quelque chose de plus encore, d’un vieux sentiment français héréditaire.
J’en demande pardon à Saint-Simon : mais il est fâcheux, lorsqu’après tant de langueur et de médiocrité dans la conduite des armées, on apprend qu’on a enfin gagné une bataille, et qu’on l’a gagnée dans des circonstances difficiles et par un général nouveau qui se déclare, il est fâcheux de ne la prendre aussitôt que par un petit côté et par le ridicule.
Le plus remarquable fut celui d’Italie qu’il refit en 1802-1803, en compagnie de Mme Brun, dans des conditions et des circonstances bien différentes de celles de sa première visite trente ans auparavant.
c’est trop fort, respectable serait assez. » Et il me raconta alors des particularités singulières, telles qu’on ne les savait bien que dans la famille des Débats, sur cet homme original, timide, fier, ennemi de tout joug, même conjugal, amoureux avant tout de sa liberté, jaloux de la reprendre au moment de la perdre, et qu’une circonstance fatale de jeunesse avait dû rendre plus réservé encore et plus retiré.
Trois cents chevaliers, emmenez-les tous avec vous ; et à l’entrée de Zamora, seigneur, donnez-les-moi. » Un bien menu détail et assez curieux : ces trois cents amis de don Diègue et de Rodrigue se retrouvent en mainte autre circonstance dans les poèmes du Cid, et le chiffre a traversé la légende.
Pendant une nuit d’insomnie, de jour en courant, sur un quai, pendant une pluie sous une porte cochère, dans les circonstances les plus vulgaires ou les plus tristes de la vie, quelque chose se mettait à chanter en elle, et elle se le rappelait ensuite comme elle pouvait.
Mais, pour ce qui est de sa vie et de sa carrière en France, on en a tous les détails, avec les accessoires et toutes les circonstances sociales qui peuvent l’éclairer et y donner intérêt.
Aussi, quand l’Avenir parut après Juillet, beaucoup d’honnêtes gens s’étonnèrent, comme d’une volte-face, de ce qui n’était que la conséquence naturelle d’une doctrine déjà manifeste, une évolution conforme aux circonstances nouvelles qu’avait dès longtemps prévues l’œil du génie.
Vinet a été ramené dix ans après par les circonstances à discuter les mêmes questions ; il s’y est cru plus obligé peut-être qu’il n’était besoin ; on peut du reste trouver sa théorie complète, reprise et déduite, dans son Essai sur la manifestation des convictions religieuses (1842).
. — Mettez-vous à la place de la femme auteur à qui on refuse une loge ; il y a là, à ses torts envers Racine, une circonstance atténuante.
Tout son art est critique, et consiste, pour les ouvrages où il se déguise, à dispenser mille petites circonstances, à assortir mille petites adresses afin de mieux divertir le lecteur et de lui colorer la fiction : il prévient lui-même son frère de ces artifices ingénieux, à propos de la Lettre des Comètes.
La philosophie peut quelquefois considérer les souffrances passées comme des leçons utiles, comme des moyens réparateurs dans la main du temps ; mais cette idée n’autorise point à s’écarter soi-même, en aucune circonstance, des lois positives de la justice.
Mais ce qu’il y eut de plus beau dans une circonstance si triste, ce fut le tableau de ce père qui, de son côté ne voulait pas, par sa tristesse, aggraver la tristesse de son fils, se faisait un autre visage, contenait ses larmes dans ses yeux, et ne laissait aucunement paraître son âme brisée, tant que son fils était sous son regard : ainsi, tous deux faisaient violence à leur affection et s’efforçaient de rentrer leurs larmes, l’un par piété filiale et l’autre par piété paternelle.
La plus fantastique et idéale légende, il la rapetisse, l’aplatit, y pique de petits détails communs et vrais, il la conte comme il ferait un fait divers de la vie champenoise, si bien qu’il en fait une prosaïque absurdité par le contraste criard de son impossibilité radicale et de ses circonstances minutieusement vulgaires.
Dans ce second cas, ils seront pour ainsi dire indiscernables par convention, je veux dire en convenant de faire abstraction des circonstances qui pourraient les faire distinguer.
N'a-t-on pas vu, dans mille circonstances, des maux occasionnés par la corruption des penchans désavoués ensuite par le regret, & réparés par un sincere retour vers le bien, aussi-tôt que la Religion a repris son empire dans le cœur du Coupable ?
Il est très probable que, sans cette circonstance, et s’il eût été retardé de quelques années dans sa carrière de magistrat, il eût fait son entrée dans la vie littéraire par quelque publication d’ouvrage ; car, dans chaque ordre d’études, il aimait à se rendre compte par écrit de ses pensées.
Du reste, disons-le, jamais les exécutions n’ont été accompagnées de circonstances plus atroces que depuis cette révocation du sursis de juillet, jamais l’anecdote de la Grève n’a été plus révoltante et n’a mieux prouvé l’exécration de la peine de mort.
En droit, la société est maîtresse d’elle-même ; nul n’est exclu du droit social, par conséquent de la souveraineté, et quelque distance que la sagesse conseille d’établir entre la théorie et la pratique, c’est une loi des sociétés qui s’éclairent de faire une part de plus en plus grande, suivant les circonstances, à la souveraineté populaire.
Les faits, leurs circonstances, leur arrangement sont les mêmes dans l’histoire que dans le Poëme.
Si les membres de l’Académie, en raison des circonstances, ne peuvent honorer de leur présence cette solennité, ils sont priés de s’y faire représenter au moins par l’envoi de quelques ouvrages et de quelques mémoires.
Voyageurs retenus loin de leur pays par l’effet de circonstances obstinément hostiles à leur retour ; voir : Ibrahima et les haffritt.
Je m’en tiens ici à la connaissance de la valeur des mots, de leur signification précise, de la nature des tours et des phrases, des circonstances et des genres de style dans lesquels les mots, les tours, les phrases peuvent être employées ; et je dis que pour arriver à cette connaissance, il faut avoir vu ces mots, ces tours et ces phrases, maniés et ressassés, si je puis m’exprimer ainsi, dans mille occasions différentes ; qu’un petit nombre de livres, quand même on les aurait lus vingt fois, est absolument insuffisant pour cet objet ; qu’on ne saurait y parvenir que par des conversations fréquentes dans la langue même, par un usage assidu, et par des réflexions sans nombre, que cet usage seul peut suggérer.
Et voici qu’aujourd’hui, des compatriotes, des voisins, des enfants de notre formation placés dans des circonstances qui émeuvent tout l’être, sentent et raisonnent comme cet Anglais, et mon ami Hassler, plus âgé qu’eux et qui ne partage pas leur foi, regardant autour de lui, écrit : « Il ne faut pas se dissimuler que beaucoup d’hommes… sont soutenus par l’idée d’un être supérieur auquel ils se confient. » (Ma campagne au jour le jour, par le capitaine Hassler.
La première conception, qui se présente sous la forme de l’impératif catégorique privé de son âme vivante qui est la sympathie, provoque à juste titre chez nous tous un élan chaleureux de révolte, révolte intérieure ou extérieure suivant les circonstances et les êtres.
La même érudition croyait découvrir dans d’autres circonstances des fêtes et des jeux grecs une fréquente imitation de l’histoire et de la poésie d’Israël36 ; elle étendait cette hypothèse au mythe de Bacchus, dont elle trouvait le type dans Noé ; enfin elle supposait les Lacédémoniens une colonie des Juifs et dérivait leur nom même du mot hébreu lekadmoni.
La faute, c’est aux circonstances, aux préjugés, à la société, à la nature qui s’est faite mauvaise mère10. » La faute de la fatalité… Une ébauche de la malheureuse qu’est Emma Bovary. […] Il fallut une certaine collaboration des circonstances pour que chez Flaubert la vocation de la gourmandise (c’est-à-dire de la grande vie, celle de Garçon), assez naturelle aux hommes, devînt vocation de la cuisine, c’est-à-dire de la littérature. Et cette collaboration des circonstances avec son caractère, nous la voyons à l’œuvre bien avant Madame Bovary. […] D’Emma à Frédéric, la différence est d’ailleurs moins dans le caractère que dans les circonstances, moins dans leur nature que dans leur chance. […] Les circonstances qui contribuent à l’éloigner de la passion sont pour elle des circonstances heureuses.
La comparaison méthodique entre les divers éléments des documents analysés et les éléments correspondants des documents similaires dont la provenance est certaine a permis de démasquer un très grand nombre de faux83, et de préciser les circonstances où la plupart des documents sincères ont été produits. […] Mais rien ne justifie mieux la répartition des travailleurs en « érudits » et en « historiens » (et celle des érudits entre les diverses spécialités de la critique d’érudition) que la circonstance suivante : certains individus ont une vocation naturelle pour certaines besognes spéciales. […] On doit donc commencer par étudier les renseignements qu’on possède sur l’auteur et sur la composition du document, avec la préoccupation de chercher dans les habitudes, les sentiments, la situation personnelle de l’auteur, ou dans les circonstances de la composition, tous les motifs qui peuvent l’avoir incliné à procéder incorrectement ou au contraire à procéder avec une correction exceptionnelle. […] Les règles rigides imposées pour la rédaction de tout document authentique semblent une garantie de sincérité ; elles sont au contraire une incitation au mensonge, non sur le fond des faits, mais sur les circonstances accessoires. […] Un récit, même mensonger, ne peut pas se composer exclusivement de mensonges ; l’auteur, pour localiser ses faits, a besoin de les entourer de circonstances exactes.
Il leur est aisé d’apprendre tout ce qu’ils veulent ; ils entendent parfaitement la politique, ils sont « sobres et laborieux lorsqu’il le faut… On trouve de grandes qualités parmi eux, de la générosité, du secret, de l’amitié, de la bravoure » en un mot ces « beaux sentiments de l’âme qui font le parfait honnête « homme. » Nul peuple n’a reçu de la nature et des circonstances un lot si magnifique de prospérités et d’espérances. […] Boutmy a pris pour type le Parthénon dans l’architecture grecque, et, parcourant tour à tour la géographie, l’histoire et la psychologie de la race, il a montré comment ces causes générales, jointes à des circonstances temporaires, avaient déterminé, assemblé, distribué tous les traits du chef-d’œuvre dont nous pouvons encore contempler les restes. […] En cette circonstance, elle agit de son chef, elle n’est point le mandataire de la France ; l’initiative et la responsabilité lui appartiennent tout entières. […] Des choses qui l’intéressent : cela veut dire des situations et des passions assez durables pour qu’après cent ans elles soient encore de circonstance. […] En cela il est unique : rien de plus rare en tout temps, et surtout en ce temps-là, que la compétence politique, et, par un singulier concours de circonstances, Mallet, en politique, était compétent.
Et le mot n’était pas mal dans la circonstance. […] Sévère fait ce que font en pareille circonstance les jeunes gens bien nés : il s’engage dans un régiment d’Afrique. […] Malandran rappelle à Fanette avec quelle joie il l’a épousée et les circonstances de la cérémonie… Pouvais-je faire plus ? […] Il est enfin de bons sceptiques qui ont joué leur rôle dans la comédie tout en sachant bien ce qu’elle valait, et qui ont souri dans leur barbe des grands mots que la circonstance leur avait fait lâcher. […] Jamais, dans une circonstance pareille, un bon prêtre n’hésitera.
Bourdeau plaide les circonstances atténuantes. […] L’amour romain, à Rome, en vers latins, c’est l’humanisme vécu, c’est l’atavisme amené par les circonstances à son plein effet, c’est l’illusion chère à l’humanisme portée à son dernier point de perfection, jusqu’à une manière d’hallucination charmante. […] Au fond, le code pénal d’alors était si confus à la fois et si élastique, le droit laissé au juge d’aggraver la peine selon les circonstances du procès était si étendu et s’étendait si facilement jusqu’à la mort, que c’était une chose reconnue universellement que la justice pénale était absolument arbitraire et que le magistral avait droit de vie et de mort sur les citoyens. […] Mais les sottises du despotisme sont telles et compensent si bien ses bienfaits qu’on peut au moins se demander si les réformes plus lentement obtenues par le système de la nation se gouvernant elle-même ne sont point préférables aux progrès rapides mais suivis d’abominables désastres ou de terribles langueurs, qui sont le fait d’un gouvernement tantôt bon, tantôt exécrable, selon le hasard de la naissance et des circonstances accidentelles. […] Je souhaite une maladie de ce genre, une maladie assagissante, venant très à propos, à mes meilleurs amis, dans des circonstances pareilles.
Il faut que l’écrivain puisse tout dire, mais il ne saurait lui être permis de tout dire de toute manière, en toute circonstance et à toutes sortes de personnes. […] Elle garde peu de chose de tout ce qu’on lui envoie, et elle préfère souvent un ouvrage de circonstance aux œuvres qu’on lui destinait spécialement. […] On ne pourrait dire pourtant sans injustice que c’est une œuvre de circonstance. […] L’éditeur allemand, dont nous avons le travail sous les yeux, a soin de remarquer que cette somme n’était pas petite, eu égard au temps et aux circonstances. […] Les lettres anecdotiques qu’elle écrivit dans cette circonstance sont des plus curieuses.
Tant il est vrai, monsieur Faguet, que les paroles sont des actes et tirent toute leur force des circonstances ! […] » C’est ainsi que des circonstances fortuites, qu’il est impossible de prévoir, entraînent la chute d’une œuvre dramatique. […] Goethe a dit une parole profonde : « Les seules œuvres durables sont des œuvres de circonstance. » Mais il n’y a, à tout prendre, que des œuvres de circonstance, car toutes dépendent du lieu et du moment où elles furent créées. On ne peut les comprendre et les aimer d’un amour intelligent si l’on ne connaît le lieu, le temps et les circonstances de leur origine. […] Arène lui annonça pour le lendemain une consultation de six médecins, et lui dit ce qu’on peut dire en pareille circonstance, pour rassurer le malade.
L’homme infidèle, la femme infidèle, est un être qui, soit par hasard, soit par suite des circonstances, n’avait pas épousé son contraire ou l’homme suffisamment différent d’elle ; et qui maintenant le cherche. — Ou encore et peut-être plus souvent, c’est un être qui, normalement, avait bien épousé son contraire, mais qui s’y est si complètement habitué que son contraire n’a plus d’intérêt pour lui. […] Il devra savoir, non seulement ce que c’est que l’âme en général, mais ce que sont les différentes âmes et par conséquent les différents discours qui leur conviennent, chacun à chacune ; « il dira comment on peut agir sur elles, appropriant chaque genre d’éloquence à chaque auditoire, et il montrera comment certains discours doivent persuader certains esprits et n’auront aucune action sur les autres… Ceux qui ont écrit de nos jours certains traités de rhétorique sont des fourbes » qui ne connaissent pas la nature des âmes humaines ou « qui dissimulent l’exacte connaissance qu’ils en ont… Puisque l’art oratoire est l’art de conduire les âmes, il faut que celui qui veut devenir orateur sache combien il y a d’espèces d’âmes… Il est des hommes que certains discours persuaderont dans certaines circonstances par telle et telle raison, tandis que les mêmes arguments toucheront fort peu d’autres esprits. […] L’idée de justice n’est que l’idée de faiblesse triomphant par artifice ou par un concours de circonstances. […] Nous savons ce qu’il y a à dire et ce que nous avons dit nous-même contre les lois, qui ne sont pas souples, qui n’ont pas d’intelligence particulière, d’intelligence pour chaque cas, qui, en d’autres termes, ont comme une intelligence générale et abstraite et qui ne valent certainement pas un homme d’intelligence vivante, ployable à toute circonstance et du reste supérieure ; mais comme, d’une part, cet homme est difficile à trouver, et comme, d’autre part, les lois antiques et respectées sont un élément de conservation, le principe même le plus fort de conservation, nous nous attacherons aux Lois ; nous les considérerons comme nous l’avons fait autrefois dans le Criton, un peu par fiction, mais avec un sentiment profond de l’utilité sociale, comme des mères nourrices du citoyen, tout en reconnaissant que le citoyen, s’il se sent lésé par ses nourrices au point d’avoir la tentation de les battre, a toujours le droit de changer de patrie ; et de cette façon nous serons essentiellement et régulièrement conservateurs, non pas conservateurs par passion, par archaïsme, par régressions capricieuses, mais par sentiment précis et inscrit quelque part de la continuité de la cité.
Mais il avait un double tort ; il apportait une méthode nouvelle et, circonstance aggravante, une méthode qui exige une culture scientifique ; et puis, surtout, il était socialiste, quoique économiste ! […] Un roman, un pamphlet, un écrit polémique, a le droit de ne pas tenir grand compte des circonstances atténuantes en faveur d’une institution mauvaise : une étude de sociologie n’a pas ce privilège. […] Retiré dans son cabinet de travail, il voit dans ce concours de circonstances matière à beaux effets dramatiques et il écrit d’enthousiasme, en les transfigurant, les scènes qu’il vient de vivre. […] Peut-être aussi qu’il aurait trouvé les contradictions de Voltaire moins énormes et plus explicables, en les rattachant aux circonstances qui les ont produites. […] IV On peut dire aussi que c’est un pamphlet déguisé, ce qui n’est pas une circonstance atténuante.
Je les passe sous silence, parce que ce sont de trop horribles histoires ; je dirai seulement que le traître Cotzia fut tué aussi en trahison, et que peu après ses assassins le furent aussi à la bataille de Chicaris, qui est un gros village à la vue de Scander, forteresse d’Imirette, où l’armée de ce pays et celle du prince de Mingrélie se rencontrèrent ; et qu’il y a une Providence toute visible dans les histoires modernes de ces méchants peuples, en ce que Dieu y fait de rudes et brèves justices ; les assassins y sont presque toujours assassinés, et avec des circonstances qui font bien connaître que c’est Dieu qui s’en mêle, et qui emploie ainsi les uns pour punir les autres. […] Tous les musulmans croient que les moindres circonstances de la vie de chaque homme sont écrites de toute éternité dans un livre déposé au ciel, où, suivant le texte même d’Al-Bédaouy, célèbre commentateur, « elles sont décrétées et écrites sur une table conservée avant leur existence. » Il est inutile d’accumuler les citations pour prouver que les musulmans nient toute espèce de libre arbitre ; leur fatalisme absolu et sans bornes est connu de tous ceux qui connaissent l’existence de la religion musulmane.
Parfois, au moment où nous accomplissons machinalement un acte, comme de remuer la jambe ou de nous gratter la tête, quelque circonstance fixe tout d’un coup notre attention sur cet acte ; nous nous apercevons bien alors que nous le faisions et que nous avions conscience de le faire ; mais nous comprenons en même temps que, si nous ne l’avions pas remarqué au passage, il n’aurait laissé aucune trace en notre souvenir. […] Gurney en conclut la possibilité d’une communication à distance, dans des circonstances exceptionnelles, entre des personnes qui sont reliées par les liens de l’affection.
Et aux politiciens de circonstance, aux Thiers, il oppose Lamartine, un politique aux grandes vues, aux envolées de la pensée à travers l’avenir, et qui fut un prophète miraculeux de tout ce qui est advenu depuis sa mort, dans notre vieille société. […] Et l’un des grands banquiers de Paris, auquel mon cousin reprochait amicalement sa bêtise, lui répondait : « Nous sommes tous des c… et ce qu’il y a de beau, c’est que dans toutes les circonstances, c’est toujours comme cela !
Loin de moi la pensée, en cette circonstance, de nier le mérite de M. […] J’espère que nos musiciens et que nos peintres comprendront la leçon et nous donneront eux aussi bientôt d’admirables spectacles… Quand le ballet et la féerie auront justifié cette folie de mise en scène qui règne, sans goût encore, sur nos théâtres parisiens, alors, le drame, dans une ambiance plus sobre, pourra peut-être à son tour refleurir12… Conclusions Ces quelques études de circonstance n’ont pas eu d’autre objet que de proposer aux dramaturges de demain un certain nombre d’exemples13 typiques, divers, peut-être même contradictoires entre eux, mais tous utiles à méditer. […] Quand nous aurons cité son livre de début les Musardises69 , quelques pièces de circonstance (sur la Grèce, Hernani, le président Krüger, l’impératrice de Russie) et enfin ce Bois Sacré qui fit notre étonnement l’hiver dernier, nous aurons épuisé la nomenclature de ses productions lyriques. Vraiment, et quoi qu’ait pensé Goethe, de la légitimité d’une poésie de circonstance — les circonstances, lui, savait les transfigurer — M.
Mais François Ponsard n’est pas homme à soutenir le rôle dont les circonstances l’ont investi presque malgré lui et, en réalité, tout en ayant beaucoup moins de prétentions que l’auteur de Lucrèce à la « littérature », c’est Eugène Scribe, et c’est Alexandre Dumas qui ramènent le théâtre à l’intelligence de ses vraies conditions. […] Les trois manières de Victor Hugo ; — et, avant tout, que la succession en a bien moins été déterminée par une « volonté » du poète, — que par une force intérieure dont il ne s’est jamais entièrement rendu maître ; — par le mouvement des idées de son temps ; — et par les circonstances. 1º L’inspiration lyrique ; — et que, dès son premier recueil, les Odes de 1822, — sous une phraséologie déclamatoire et surannée, — on reconnaît le lyrisme au caractère déjà personnel, actif et combatif de ses vers. — Que les Orientales ne démentent pas ce caractère ; — si les descriptions qui en font la splendeur, — les plus belles peut-être qu’il y ait dans la langue française, — ne répondent à rien que le poète ait vu de ses yeux ; — ni son Égypte [Le Feu du ciel], ni sa Turquie [Les Têtes du Sérail], ni sa Russie [Mazeppa] ; — et sont donc ainsi purement subjectives. — Le même caractère se retrouve et se précise encore dans Les Feuilles d’automne ; — dont toutes les pièces ne sont que des « pièces de circonstance », selon le mot de Goethe [Cf. […] — Que si l’on ne peut pas le dire, — et si l’on doit au contraire les appeler des romans personnels ou « lyriques », — c’est donc en cela qu’ils sont romantiques, — ou même byroniens. — Il convient d’ajouter que, comme ils le sont sans décor exotique ; — ni recul historique ; — ils le sont d’une autre manière que Cinq-Mars ou Notre-Dame de Paris ; — et toutes ces circonstances réunies expliquent assez, — pour ne rien dire du sexe de l’auteur, — que deux romans : Indiana et Valentine, aient suffi pour rendre illustre en deux ans le nom de George Sand ; — qu’un an plus tard Lélia rendait fameux ; — et plus fameux encore, l’année suivante, ce que l’on pourrait appeler l’aventure des « amours de Venise ». […] On a encore de lui quelques essais dramatiques, notamment des livrets de ballet, et une foule de publications de circonstance.
Cependant on ne le dit point ; et la raison en est qu’on sait bien quel est l’objet de la géométrie et qu’il consiste en preuves, et quel est l’objet de la médecine et qu’il consiste en la guérison ; mais on ne sait ce que c’est que ce modèle naturel qu’il faut imiter ; et à faute de cette circonstance, on a inventé de certains termes bizarres, siècle d’or, merveille de nos jours, etc. ; et on appelle ce jargon beauté poétique. […] L’éducation, l’entourage, les intérêts modifient les idées et la manière d’agir ; chaque classe a ses croyances, ses vertus, ses vices, ses préjugés imposés dès l’enfance ; aussi deux individus de rangs différents, mais de même tempérament, ayant les mêmes instincts, ne se conduiront-ils pas de même dans les mêmes circonstances ? […] Dans telle ou telle circonstance, un homme ne peut agir que d’une manière ; il prend une détermination d’après les forces relatives de sa raison, de ses instincts, de ses préjugés. […] Quand le romancier veut décrire une ou plusieurs classes, il en choisit les caractères principaux et les analyse séparément ; à force d’étudier son sujet, l’observateur s’identifie avec lui, il connaît ses habitudes, sait quand et comment il est heureux, il devine ses antipathies et ses amitiés ; d’avance il peut dire comment il se conduira en face de tel ou tel individu, dans telle ou telle circonstance.
Joignez à cela que ses idées sont originales et assez éloignées des opinions reçues : autant de circonstances qui expliquent, mais ne justifient pas, le silence ou l’inattention. […] Un père et son fils, une mère et sa fille, des frères et des sœurs sont soumis à des douleurs pareilles, dans des circonstances pareilles, (et ils ne soupçonnent pas ces similitudes de leurs destinées intimes. […] À l’aide de ces éléments traditionnels, Jean-Jacques Rousseau, servi et par les circonstances et par son génie, put introduire et faire agréer des nouveautés qui, sans cette parure et ce fard, eussent assurément révolté la société française. […] Il comprend à merveille tout le parti que peut tirer des circonstances un homme de sa souplesse.
Et cette « machine » que les circonstances l’obligeaient d’écrire, il paraît bien qu’il l’expédia très vite. […] Le poète s’est appliqué à accumuler en sa faveur les circonstances atténuantes. […] Il le tue comme il devait le tuer, sans préméditation et dans des circonstances qu’il n’avait pas prévues. […] Et voyez avec quelle innocente habileté le poète a réuni, autour de la faute de cette pauvre petite, les circonstances atténuantes ! […] Vacquerie s’est demandé : — Dans quelles circonstances un gentilhomme, pour qui l’honneur est réellement une religion, souffrira-t-il le plus ?
Ils ont une valeur indépendante de toutes les circonstances temporelles, — une valeur éternelle et qui doit être sentie pour elle-mêmez ». […] Shelley — et c’est peut-être le trait essentiel de sa nature, celui par lequel il apparaît unique — ne se débat jamais : on ne peut même pas concevoir de circonstance où il se débatte. […] Dans l’être humain il excelle à montrer le malaise : un malaise sourd, toujours présent, que le moindre contact exacerbe, rend rétif et crispé, — qui en toute circonstance voue ceux qu’il travaille à un demi-échec et qui n’en constitue pas moins, sans que l’on voit toujours comment, leur point de supériorité. […] Bref un volume qui fait grand honneur à Proust et aux lettres anglaises, et dont il faut souhaiter qu’en des circonstances analogues nous serions en mesure de fournir l’équivalent. […] En toutes circonstances pour Maurois resurgit la question : « Qu’est-ce qui est possible ?
La vérité, c’est que depuis qu’il existe il a eu un fond d’esprit irréligieux que les circonstances ont longtemps comprimé, que les circonstances ont ensuite comme libéré et affranchi. […] Reste qu’il ne fait rien et traîne d’expédients en expédients en rêvant toujours des grands rôles auxquels il était destiné et que les circonstances l’ont empêché de jouer. […] Combes, très peu séparatiste au début de son ministère, très peu séparatiste encore en mai 1903, comme on vient de le voir, inclina très rapidement vers la séparation, comme un homme que mènent les circonstances interprétées par un tempérament colérique. […] Les républicains despotistes y ont été amenés au gré de circonstances interprétées tout de travers par des frénétiques, et, maintenant qu’ils l’ont faite, ils ne sont pas tout à fait sûrs qu’elle ne soit pas contre eux. — Et de même ceux qui l’ont repoussée ne sont pas tout à fait sûrs qu’elle ne leur soit pas favorable et se demandent un peu s’ils n’auraient pas dû la proposer. […] Ils ne se font pas nommer députés pour faire des lois — si ce n’est des lois de circonstance, qui sont précisément des actes de gouvernement et de gouvernement despotique — ils se font nommer pour gouverner, par l’intermédiaire de leurs ministres, d’une manière conforme à leurs intérêts ; et, d’autre part, pour peser, chacun chez eux, sur l’administration de leur département et pour y être de petits rois.
Les chants de la Grèce sauvée auraient pris soudainement un intérêt de circonstance, et trouvé dans le sentiment public éveillé un écho inattendu. […] Il n’était pas de force individuelle capable de changer les éléments et de prévenir les événements qui naissaient de la nature des choses et des circonstances. […] On a, au reste, sur les circonstances de ce rapport, plus que des conjectures.
I Tout vient du dedans chez lui, je veux dire de son âme et de son génie ; les circonstances et les dehors n’ont contribué que médiocrement à le développer174. […] La pure nature est violente, emportée ; elle n’admet pas les excuses, elle ne souffre pas les tempéraments, elle ne fait pas la part des circonstances, elle veut aveuglément, elle éclate en injures, elle a la déraison, l’ardeur et les colères des enfants. […] Si Shakspeare avait fait une psychologie, il aurait dit avec Esquirol : L’homme est une machine nerveuse, gouvernée par un tempérament, disposée aux hallucinations, emportée par des passions sans frein, déraisonnable par essence, mélange de l’animal et du poëte, ayant la verve pour esprit, la sensibilité pour vertu, l’imagination pour ressort et pour guide, et conduite au hasard, par les circonstances les plus déterminées et les plus complexes, à la douleur, au crime, à la démence et à la mort.
» J’avoue franchement que je doute fort qu’en pareille circonstance la mère Agnès ait répondu : — Vous plaisantez, Monsieur ! […] » Ces amoureux petits discours, si jolis et si bien placés dans cette chapelle des carmélites et dans une circonstance si solennelle, ne touchent pas, le moins du monde, la sœur Louise de la Miséricorde. […] Le poète était trop jeune pour la circonstance !
L’incendie qui suit m’a été inspiré par un épisode de l’histoire de Massi-nissa, par un autre de l’histoire d’Agathocles et par un passage d’Hirtius, — tous les trois dans des circonstances analogues.
Et encore peut-on dire aujourd’hui qu’Insidieux est entré dans la langue littéraire plutôt qu’il n’est passé dans l’usage courant : c’est qu’il est de sa nature un mot savant, dont le sens, dans toute sa force et sa beauté, n’est bien saisi que des latinistes, et qu’il n’a trouvé dans notre langue aucun mot déjà établi, approchant et de sa famille, pour « lui frayer le chemin. » Toutes ces circonstances propres et comme personnelles à chaque mot sont démêlées à merveille par Vaugelas.
Une seule circonstance heureuse en rompt la note uniforme et triste : le mariage de sa fille Ondine, si tôt suivi d’une fin funeste.
Évidemment l’Académie française au xixe siècle a tenu de plus en plus avec les années, et les circonstances y aidant, à se distinguer de l’Académie du xviie , adoratrice idolâtre de Louis XIV, et à marquer son indépendance.
Les Regrets, dans l’œuvre de Du Bellay, si on les compare surtout à ses précédentes poésies à demi allégoriques et fictives de l’Olive, justifient tout à fait ces paroles de Goethe à Eckermann, qui sont un article essentiel de la poétique moderne : « Tous les petits sujets qui se présentent, rendez-les chaque jour dans leur fraîcheur ; ainsi vous ferez de toute manière quelque chose de bon, et chaque jour vous apportera une joie… Toutes mes poésies sont des poésies de circonstance : elles sont sorties de la réalité, et elles y trouvent leur fonds et leur appui.
La religion, la poésie, la monarchie, durant ces trente années, dominèrent, chacune plus ou moins, selon les circonstances, dans cette vie qui marcha comme un long poëme.
Oui, certes, les grands hommes qui aboutissent sont marqués, je le crois, par la Providence et peuvent se dire en ce sens prédestinés ; mais toutes les graines de grands hommes n’éclosent pas, ou du moins toutes ne viennent pas dans les circonstances propres à les faire valoir.
On avait dit aux auteurs dramatiques : Conservez à chacun son propre caractère… Des siècles, des pays étudiez les mœurs ; mais en leur prescrivant sur ce point la plus rigide exactitude, on leur avait laissé, en ce qui concerne les circonstances des événements, une assez grande liberté.
Mais choisir les grandes circonstances, rejeter les superflues, en un mot dire ce qu’il faut, et ne dire que ce qu’il faut !
D’une prédisposition naturelle, les circonstances, le milieu firent un caractère déterminé, d’où la réflexion dégagea une « pose » solennelle.
Quelle circonstance fit de ce médecin l’auteur de Gargantua ?
il touche à toutes les circonstances de la vie, il connaît tout, il dit tout, ou, comme il s’en rend le témoignage à la fin d’un chapitre sur l’honnêteté du lit nuptial, « il fait entendre sans le dire ce qu’il ne voulait pas dire172. » En tout ce qui regarde les actes de la vie secrète, il y a une grande différence entre Charron et lui.
Aucune circonstance ne lui échappait, aucune apparence ne lui dérobait les vrais mobiles.
Mais ils étaient plus critiques ; ils jouissaient du bénéfice du temps et des connaissances acquises ; ils profitaient des heureuses circonstances amenées par les événements.
Doutes et nécessité (pour un jugement strict) de discerner les circonstances que rencontra, au début, l’effort du Maître.
C’est pendant ce travail que, le jour du Vendredi Saint, 1857, grâce à un ensemble de circonstances fortuites, Wagner se ressouvint de la figure divine poétisée par lui dans son Jésus de Nazareth ; il entendit ce soupir de la plus profonde pitié qui, jadis, retentit de la croix sur Golgotha, et qui, aujourd’hui, s’échappe de notre propre poitrine » (R.
Il semble qu’il devait être la fin de toutes les contradictions que j’ai éprouvées, et que toutes les circonstances se sont réunies pour dissiper ce fonds de mélancolie qui se reproduisait trop souvent.
De là, mon souvenir est allé à ma première jeunesse, à mes séjours chez cet oncle Alphonse, né pour être un oratorien, et que les circonstances avaient fait négociant en Angleterre, et qui, après avoir été à peu près ruiné par un associé, tout à coup parti pour les Grandes Indes, s’était retiré avec un Horace et une giletière, dans une petite propriété du Loiret.
Mais le fait même que, dans les cas de passion, la parole intérieure s’anime sans raison et devient extérieure contre toute raison, ce fait nous indique qu’il y a des circonstances où la parole intérieure doit rester intérieure sans tendre aucunement à l’extériorité et sans simuler l’extériorité.
La Fontaine l’a été, une fois aussi, et, vous y songez bien, c’est dans l’épilogue des Deux Pigeons, qu’il est absolument superflu de citer, qu’il est inutile de lire, puisqu’il est dans toutes les mémoires, mais qu’il est indispensable pourtant de produire ici, de lire en cette circonstance, parce que c’est un hommage à rendre à La Fontaine comme poète de l’amour.
Être la maîtresse reconnue d’un roi corrompu, qui donna fastueusement à toutes les familles d’un pays l’exemple honoré de l’adultère, voilà un de ces crimes irréductibles pour lequel on n’a pas le droit de réclamer les circonstances atténuantes devant l’histoire : car rien ne saurait atténuer, pas même la passion, que n’eut d’ailleurs jamais Mme Du Barry pour Louis XV, le crime de l’adultère public et royal.
Mais le cerveau, justement parce qu’il extrait de la vie de l’esprit tout ce qu’elle a de jouable en mouvement et de matérialisable, justement parce qu’il constitue ainsi le point d’insertion de l’esprit dans la matière, assure à tout instant l’adaptation de l’esprit aux circonstances, maintient sans cesse l’esprit en contact avec des réalités.
Vive la philosophie pour connaître l’air du bureau et se prêter aux circonstances ! […] Voilà pourquoi, du moment où la lettre fatale est arrivée, tout l’intérêt de Zaïre s’évanouit pour moi : Orosmane ne fait plus rien de ce qu’il est naturel qu’un amant fasse dans la circonstance ; sa conduite artificieuse et lâche dément son caractère ; sur une lettre anonyme, il outrage Zaïre par des soupçons odieux, au lieu de les éclaircir sur-le-champ, comme il peut et doit le faire ; enfin, il se contredit sans cesse, et n’a pas la logique de la passion. […] Il n’y a que les véritables chefs-d’œuvre fondés sur la raison et la nature, qui franchissent les siècles et restent supérieurs aux révolutions : les pièces de circonstance, les ouvrages de parti s’évanouissent avec les passions et les préjugés qui leur ont donné la vogue. […] J’ai voulu, ajoute-t-il, faire penser les hommes comme ils pensent dans les circonstances où ils se trouvent. […] On peut d’abord en accuser l’insipidité des trois premiers actes, l’abus ridicule d’un merveilleux puéril, et le défaut total d’intérêt ; mais les circonstances ont sans doute beaucoup contribué au froid accueil que reçut alors du public un auteur gâté, qu’on avait enivré d’éloges et d’encens.
Pendant vingt ans, elle a conformé sa vie à l’idéal chrétien du devoir, et cela dans des circonstances exceptionnellement douloureuses. […] Elle confie à son fils un secret qu’elle lui a caché jusque-là : son mari n’est pas mort, il l’a quittée il y a vingt ans, elle ne veut pas dire dans quelles circonstances. […] Un ouvrier, avec une figure de circonstance, vient apporter, au nom de ses camarades, une de ces couronnes funéraires en perles, monumentales, compliquées, hideuses, qui feront dans mille ans l’ahurissement des archéologues. « Il n’y a rien pour le commissionnaire ? […] Deux invités arrivent, deux amis de Henri Mirelet, également avec des têtes de circonstance. […] Le décor et les circonstances diffèrent, voilà tout.
Pour déterminer les époques d’une littérature, c’est apparemment la méthode la moins appropriée, que d’aller chercher des points de repère en dehors d’elle, et dans des circonstances même qui peuvent n’avoir eu sur elle aucune action, comme l’avènement d’un roi ou l’éclosion d’une constitution politique. […] On put voir en cette circonstance l’absolue opposition qui existe entre l’état d’esprit du politicien et celui de l’homme de lettres ou du savant. […] 56 » Certes, les circonstances sont graves, la situation est grosse de difficultés. […] Il a en plusieurs circonstances, couvert de son autorité des écrivains dont les idées étaient considérées comme avancées. […] Du Lac à l’école de la rue des Pestes et qui en a gardé un « souvenir enthousiaste. « Le Père nous adressait de petites allocutions dans toutes les circonstances de notre vie scolaire.
Êtes-vous curieux d’observer l’effet que produit à la scène cette circonstance de ressembler à la nature ajoutée à un chef-d’œuvre ? […] 40 Ne craignez rien toutefois, au milieu du vif intérêt de nos circonstances politiques, je tiens que toute brochure qui a plus de cent pages, ou tout ouvrage qui compte plus de deux volumes, ne trouvera jamais de lecteurs.
Il est tout plein d’anecdotes, contées avec un amusant frétillement du facies, et entremêlées de jolies images, comme celle-ci, où à propos de l’émotion de Villemessant, dans une circonstance quelconque, il compare cette émotion, à l’envie de pleurer d’un monsieur, qui s’arrache un poil dans le nez. […] Là-dessus, Daudet se met à parler des gens de valeur, que des circonstances, la paresse, n’ont jamais laissé se produire, et qui meurent tout entiers, faute d’un Eckermann, et le nom d’un ami lui vient à la bouche, comme celui d’un de ces hommes, tout plein de choses délicates, et qui aura passé dans la vie, sans laisser de trace.
Or, qu’on y prenne garde : le concours de toutes ces circonstances, en contribuant au succès passager, constitue un gros danger pour l’artiste, pour les qualités de l’œuvre. — Puis il y a les conventions ; le théâtre ne saurait vivre sans elles ; mais elles sont fort diverses selon les temps. […] Ce qui a fait la France, c’est une collaboration de circonstances naturelles, un ensemble d’éléments durables, dont les effets sont nécessaires ; d’où la logique de son histoire.
Quant aux jurés, c’étaient des individus médiocres, quelconques, ni meilleurs ni pires que d’autres, simples jouets des circonstances. […] Dans les Olivades, une petite pièce de circonstance, « les Adieux des Tarasconaises au 11e régiment de dragons qui partait pour Belfort », se termine par ces deux sixains. […] Elle était déterminée à la fois par une évolution naturelle, par un progrès ininterrompu de la culture depuis Giotto, Dante et Pétrarque, et par des circonstances adventices : invention de l’imprimerie, qui vulgarisa les auteurs anciens ; arrivée des savants grecs que les Turcs avaient fait fuir de Constantinople.
Dès lors, il faudra des circonstances extraordinaires pour que cette pièce ressuscite et soit reprise devant un autre public, qui cassera le jugement du premier, s’il y a lieu. […] Mille circonstances modifient le jugement. […] Enfin les plus mauvais plaident les circonstances atténuantes. […] Mais encore faut-il expliquer les circonstances qui entretiennent et qui accroissent chaque jour un pareil mouvement. […] Il y a, en outre, le milieu et les circonstances extérieures, qui au contraire agissent sur les personnages.
Il va de soi qu’elle variera avec le tempérament de chacun, avec les circonstances, avec le genre de vie que nous menons par choix ou par nécessité. […] Ou bien encore, on pense aux heures exceptionnelles, où par un concours de circonstances particulièrement favorable, bien-être physique, quiétude morale, impressions de nature, stimulation artistique, on s’est trouvé porté en pleine rêverie. […] Tout dépend évidemment de notre tempérament, de notre caractère, de notre âge, de notre humeur du jour, des circonstances. […] Mais d’autre part, il est impossible de déduire, du caractère que l’on a prêté au personnage, le détail des pensées qu’il concevrait, des sentiments qu’il éprouverait et qu’il exprimerait dans cette circonstance.
XI Il était d’une ancienne famille, alliée à de grandes maisons, ami de Sidney et de Raleigh, les deux chevaliers les plus accomplis du siècle, chevalier lui-même, du moins de cœur, ayant trouvé dans sa parenté, dans ses amitiés, dans ses études et dans sa vie toutes les circonstances qui pouvaient l’élever jusqu’à la poésie idéale. […] Mais c’est le cœur en lui qui est le vrai poëte ; chez lui tout sort de là ; les circonstances n’ont fait que lui fournir sa matière ; il les a transformées plus qu’il n’a été transformé par elles, et il a moins reçu que donné. […] Deux écrivains surtout manifestent cet état d’esprit, le premier, Robert Burton, ecclésiastique et solitaire d’Université, qui passa sa vie dans les bibliothèques et feuilleta toutes les sciences, aussi érudit que Rabelais, d’une mémoire inépuisable et débordante ; inégal d’ailleurs, doué de verve et gai par saccades, mais le plus souvent triste et morose, jusqu’à confesser dans son épitaphe que la mélancolie a fait sa vie et sa mort ; avant tout original, amateur de son propre sens et l’un des premiers modèles de ce singulier tempérament anglais qui, retirant l’homme en lui-même, développe en lui tantôt l’imagination, tantôt le scrupule, tantôt la bizarrerie, et fait de lui, selon les circonstances, un poëte, un excentrique, un humoriste, un fou ou un puritain. […] C’est ici que la puissance des alentours se manifeste ; l’homme croit tout faire par la force de sa pensée personnelle, et il ne fait rien que par le concours des pensées environnantes ; il s’imagine suivre la petite voix qui parle au dedans de lui, et il ne l’écoute que parce qu’elle est grossie de mille voix bruissantes et impérieuses qui, parties de toutes les circonstances voisines ou lointaines, viennent se confondre avec elle en vibrant à l’unisson.
Gazier un petit livre intitulé : Relation de plusieurs circonstances de la vie de M. […] Il fut, dans bien des circonstances, quelque chose comme sa conscience morale et sa conscience littéraire. […] Mais à peine se fut-il agenouillé, que les autres éléphants, dressés à cette manœuvre, s’agenouillèrent aussi : circonstance qui livra au vainqueur Porus et sa suite. […] J’ai été obligé de changer quelques circonstances. […] Le poète s’est appliqué à accumuler en sa faveur les circonstances atténuantes.
« Comme elles sont, dit-il, le produit de circonstances particulières, je leur constitue dans la famille, un état civil particulier, à peu près celui des enfants reconnus, relativement aux enfants légitimes. » Mais en tête de chacune de ces trois pièces, il raconte, dans la forme la plus exquise, comment elles ont vu le jour et comment elles ont donné lieu parfois, entre leurs premiers auteurs et lui, à des conflits que personne ne regrette maintenant. […] Un dénouement doit toujours être la résultante mathématique, fatale, des circonstances, des passions, des caractères présentés et développés dans le courant de l’action. […] Il connaissait et reconnaissait leur supériorité de génie, et cependant, tous trois ont subi son ascendant ; tous trois l’ont pris, dans les circonstances les plus délicates de leur vie, pour confident, pour conseiller, pour arbitre, pour intermédiaire. […] Tout le monde est réuni dans l’église, poussant les cris, les hurlements accoutumés en cette circonstance : « Jamais la superstition n’a pu s’offrir sous de plus effroyables traits, sous des couleurs plus dégoûtantes.
C’est un souvenir qu’a le poëte d’un site de la Clyde, qu’il a visité autrefois, et que quelque circonstance, dans son second voyage, l’empêche de revoir.
Elle a produit sur moi un effet que je n’avais pas éprouvé encore, et ce matin une circonstance y a ajouté.
Mais il se trouve qu’une circonstance favorable nous met à même d’introduire sur son compte la seule nouveauté possible, c’est-à-dire quelque chose de positif.
» Il sourirait à notre fantaisie de croire que la scène suivante se rapporte à quelque circonstance fugitive de la liaison dont elle aurait marqué le plus vif et le plus aimable moment.
» VI Son amitié ambiguë pour M. d’Aurevilly se révèle en toute occasion et en toute circonstance.
J’y fus particulièrement bien reçu, et son fils, Anatole Demidoff, enfant alors, m’a conservé et témoigné depuis des sentiments survivant à toutes les circonstances heureuses ou malheureuses de ma vie.
Il attache du prix aux plus fades bagatelles dont il est l’auteur, un mot dit tel jour au roi, une saillie faite à Bâville en telle circonstance, une épigramme, une chanson, un sonnet.
Ce sont des aventures singulières, qui à la rigueur se peuvent expliquer par un concours de circonstances naturelles, qui laissent pourtant une sorte de saisissement dont on ne peut se défendre, comme devant une apparition authentique du surnaturel.
Les sujets de ces poésies sont, outre ces circonstances solennelles, des imitations, soit de Pétrarque, soit des imitateurs de Pétrarque ; des traits d’esprit de société, reproduits et quelquefois délayés en quatre, six, dix, onze ou douze vers ; quelques pensées amoureuses, avec ce tour de galanterie propre à notre nation.
Il put apprécier, dans ces deux circonstances, à quelles interprétations incertaines et diverses sont sujettes les actions publiques, et il apprit, par les jugements qu’on faisait de sa conduite, ce qu’il faut penser de l’opinion et des réputations qu’elle fait ou détruit.
Nietzsche a prêché l’orgueil et l’égoïsme et il a eu raison dans les circonstances où il l’a fait, dans une époque de socialisme effroyable et dans un renouveau de christianisme humble et pleurnichard.
On vit bien dans cette circonstance la fidélité qui est le fond du caractère breton.
Alors il arrivera, selon les circonstances, ou bien qu’elles changeront d’une manière marquée le patron de vagues stationnaires, ou qu’elles ne le modifieront que très légèrement.
La publicité a fait de réels progrès et, sauf de rares circonstances, nos agents, très pratiques, considèrent comme perdue toute ligne qui n’est pas employée à louer.
Moi-même, dans une circonstance suprême où toutes les institutions monarchiques étaient sondées pour les remplacer par des institutions républicaines, quand des voix s’élevèrent en dehors du gouvernement pour demander l’abolition de cette aristocratie élective des lettres, je ne la défendis que par ce mot : « C’est plus qu’une institution, c’est une habitude de la France ; respectons les habitudes d’un peuple, surtout quand elles sont morales, littéraires, glorieuses pour la nation.
Il convient tout d’abord de se demander à propos de quoi et dans quelles circonstances ce voyage a été fait, même au point de vue artistique, et non pas seulement au point de vue biographique, car même au point de vue artistique cela a quelque importance, comme vous allez le voir.
XI Mais ce fut là une circonstance vaine.
Il ne devait rien, celui-là, aux circonstances qui ont porté souvent Victor Hugo sur tous les pinacles !
J’ai, je crois, plus profité des circonstances que de mon mérite.
Certes, nous pourrons toujours rattacher la réalité, une fois accomplie, aux événements qui l’ont précédée et aux circonstances où elle s’est produite ; mais une réalité toute différente (non pas quelconque, il est vrai) se fût aussi bien rattachée aux mêmes circonstances et aux mêmes événements, pris par un autre côté. […] Mais d’abord ces prolongements mêmes pourront être des additions de qualités nouvelles, créées de toutes pièces, absolument imprévisibles ; et ensuite un « côté » du présent n’existe comme « côté » que lorsque notre attention l’a isolé, pratiquant ainsi une découpure d’une certaine forme dans l’ensemble des circonstances actuelles : comment alors « tous les côtés » du présent existeraient-ils avant qu’aient été créées, par les événements ultérieurs, les formes originales des découpures que l’attention peut y pratiquer ? […] On alléguera que j’ignorais le détail des circonstances, que je ne disposais pas des personnages, de leurs gestes, de leurs attitudes, et que, si l’ensemble m’apporte du nouveau, c’est qu’il me fournit un surcroît d’éléments. […] Artisans de notre vie, artistes même quand nous le voulons, nous travaillons continuellement à pétrir, avec la matière qui nous est fournie par le passé et le présent, par l’hérédité et les circonstances, une figure unique, neuve, originale, imprévisible comme la forme donnée par le sculpteur à la terre glaise. […] Comment ne pas voir que si l’événement s’explique toujours, après coup, par tels ou tels des événements antécédents, un événement tout différent se serait aussi bien expliqué, dans les mêmes circonstances, par des antécédents autrement choisis — que dis-je ?
qu’il se fît, comme Cherbuliez en une circonstance après tout analogue, naturaliser Français, qu’au moins il allât vivre chez le « peuple du On ». […] Il continua de publier des livres, des vers, des poèmes de circonstance pour les événements genevois. […] Conviendrait-il d’oublier que, chez Berthe Vadier, la plume d’Amiel enfantait indéfiniment et quotidiennement des acrostiches ou des énigmes, ou des vers de circonstance, qu’on jetait dans une boîte verte, et qui nous rappelleraient — pourquoi pas ?
Votre cœur est le même pour moi, mais les circonstances sont changées. […] C’était un esprit de la meilleure trempe et qui était des plus faits pour marquer parmi ceux de sa génération ; des circonstance personnelles le poussèrent vers l’Orient, où il vécut nombre d’années.
Cette circonstance explique et justifie en quelque sorte sa haine pour la révolution française, et l’amertume qu’on remarque dans tous les articles qu’il dirigea contre Voltaire, Chénier, Fabre d’Églantine, Beaumarchais, et même contre MM. […] Réduit à se faire maître d’école dans un village, après avoir professé dignement la rhétorique dans les premiers collèges de Paris, Geoffroy subit cette épreuve avec une philosophie digne d’être remarquée : aussi se plaisait-il à raconter cette singulière circonstance de sa vie. […] Il a eu le rare bonheur de se trouver dans des circonstances en harmonie avec son genre de talent : il était né pour écrire des feuilletons. […] Il court à sa perte, lorsqu’il croit aller à la fortune : il est bon de nous offrir des exemples de ces funestes calculs, dans le temps surtout où l’ambition, plus exaltée par les circonstances, se livre davantage à d’affreuses spéculations, et se flatte de fonder sa puissance sur le malheur public et le bouleversement général. […] Cette bassesse , dit-il, est si naturelle dans les circonstances où il se trouve, qu’il n’y a qu’un cœur de héros qui s’en pût garantir, et même elle représente les premiers mouvements du cœur d’un héros.
Certaines circonstances le conduisirent à faire avec un ami un voyage à Naples (1811). […] De propos ferme Lamartine en écartait tout fait, tout incident, toute circonstance qui, en limitant, en arrêtant sur un certain point l’impression, l’eût déterminée. — C’était risquer de ne plus rien peindre du tout. — C’était, si l’on avait du génie, arriver à exprimer l’âme même dans sa nature intime. […] Au contraire, dans l’Isolement, de fait, de circonstance pas de trace : « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. […] C’est dans ces poésies de circonstance, où le poète orateur monte à la tribune avec sa lyre, bien pins que dans les Harmonies, que Lamartine est véritablement lyrique. […] » — « L’emphase frissonna dans sa fraise espagnole. » — « J’ai de la périphrase écrasé les spirales. » — « Sur le Racine mort le Campistron pullule » (excellent). — On rencontre encore souvent cette forme de la satire par le grotesque dans Napoléon le Petit, livre qu’on ne lit déjà plus, parce que c’est une œuvre de circonstance ; mais dont il faudrait tirer quelques pages, superbes de vraie éloquence, ou étincelantes d’ironie.
Ainsi le souvenir d’une lecture peut se conserver dans le cerveau en même temps que s’y trouve abolie toute trace des circonstances qui localisaient cette lecture, la situaient dans la réalité ; le souvenir prend la forme de l’inspiration, de la création subconsciente et l’auteur croit recueillir à sa source l’eau pure et nouvelle d’un poème jaillissant, alors qu’il ne fait que transvaser des liquides antiques. […] Il explique par le somnambulisme l’oubli des circonstances où a eu lieu ta lecture, ce qui donne au récit une possibilité immédiate ; mais l’étude des maladies ordinaires de la mémoire suffirait à justifier les gestes de son héros grotesque. […] » Macaulay, et ici c’est le mécanisme même du plagiat innocent, avait, devenu vieux, une mémoire littérale très vive et une mémoire localisatrice très faible ; « si on lui lisait quelque chose dans la soirée, il se réveillait le lendemain matin l’esprit plein des pensées et des expressions entendues la veille ; il les écrivait de la meilleure foi du monde, sans se douter qu’elles ne lui appartenaient pas. » Une forme plus fréquente et moins dangereuse de la mémoire tronquée est celle où l’on garde le souvenir des circonstances locales et secondaires tout en oubliant le principal, ce qui fut le but même et le centre de l’acte dont nous n’avons gardé entre nos doigts que l’enveloppe. […] Il y a des circonstances où il vaut mieux consulter le dictionnaire que son cœur.
C’est souvent une des occupations des hommes de chercher à créer dans leur vie des circonstances qui les replongent pour un instant dans les joies du passé, même s’ils doivent payer de quelque souffrance cette résurrection momentanée. […] Voilà un mot, qui, dans la circonstance, est difficile à justifier. […] La première période achevée, Madeleine accomplit la seconde, qui est de repentir,, de regret ou de ressouvenir, selon les circonstances et les âmes ; on ne peut, sans fausser la notion même de la vie humaine, supprimer ce retour ou ce déclin. […] Ses aphorismes ne le sont pas moins : « Ce que nous devons faire, voilà la seule chose dont nous soyons certains. » Mais comment peut-on être certain de ce que l’on doit faire, a priori, sans avoir examiné les circonstances, à mesure qu’elles se présentent. […] Dans un temps prochain, quand les présentes réformes auront été acceptées, on se remettra à la besogne, et l’on décrétera « que le c et le g ont en toute circonstance la prononciation gutturale ».
Au chant xiii de l’Odyssée, Ulysse, trop longtemps retenu à son gré chez les Phéaciens, a obtenu un vaisseau ; il doit partir le soir même, il assiste au dernier festin que lui donnent ses hôtes ; mais, impatient qu’il est de s’embarquer pour son Ithaque, il n’entend qu’avec distraction, cette fois, le chantre divin Demodocus, et il tourne souvent la tête vers le soleil comme pour le presser de se coucher : « Comme lorsque le besoin du repas se fait sentir à l’homme qui, tout le jour, a conduit à travers son champ les bœufs noirs tirant l’épaisse charrue : il voit joyeusement se coucher la lumière du soleil pressé qu’il est d’aller prendre son souper, et les genoux lui font mal en marchant ; c’est avec une pareille joie qu’Ulysse vit se coucher la lumière du soleil. » La passion de l’exilé sur le point de revoir sa patrie, comparée à celle du pauvre journalier pour son souper et son gîte à la dernière heure d’une journée laborieuse, ne se trouve point rabaissée en cela ; elle n’en paraît que plongeant plus à fond, enracinée plus avant dans la nature humaine ; mais rien n’est compris si cette circonstance naïve des genoux qui font mal en marchant est atténuée ou dissimulée ; car c’est justement cette peine qui est expressive, et qui aide à mesurer l’impatience même, la joie de ce simple cœur.
Pour remettre les choses de l’esprit, dans notre idiome vulgaire, en digne et haute posture, il était besoin d’un sursaut, d’un assaut, d’un coup de main vaillant dont Marot et ses amis n’étaient pas capables, d’un coup de collier vigoureux ; car c’est ainsi que j’envisage, c’est par ces termes expressifs que j’aime à caractériser la Poétique de Du Bellay et de Ronsard, Poétique toute de circonstance, mais qui fut d’une extrême utilité.
Toutes ces circonstances impriment à la marche de la nature un équilibre parfait et un caractère de majestueuse simplicité. » II « Au point du jour, le ciel est le plus souvent sans nuages.
Je m’approchai avec un visage gracieux, compatissant, de la loge de la femme du galérien qui donnait le sein à son nourrisson ; je la plaignis, je la flattai d’une prochaine délivrance, de la certitude de retrouver son amant après sa peine accomplie ; je la provoquai à me raconter toutes les circonstances que déjà je connaissais de ses disgrâces ; je fis vite amitié avec elle, car ma voix était douce, attendrie encore par l’émotion que j’avais dans l’âme depuis le matin ; de plus nous étions du même âge, et la jeunesse ne se défie de rien, pas plus que l’amour et le chagrin.
apportez-les-moi la première fois que vous descendrez du monastère à la ville ; je vous en rendrai bon compte après les avoir examinées, et si elles me paraissent suspectes dans leur texte, comme elles le sont déjà à mes yeux dans leurs circonstances, rapportez-vous-en à moi pour faire une enquête secrète et gratuite chez les prétendus parents ou ayants droits de votre pauvre aveugle.
Il ne pouvait être publié dans des circonstances plus favorables.
Mais la mort de Bègue est un récit d’un grand effet dans sa couleur grise, avec cette accumulation rapide de petits détails pressés d’une si exacte et précise notation : la vie paisible de Bègue dans son château de Belin, entre sa femme et ses enfants, l’ennui qui prend à la fin ce grand batailleur, sourde inquiétude, désir de voir son frère Garin qu’il n’a pas vu depuis longtemps, et son neveu Girbert qu’il n’a jamais vu, désir aussi de chasser un fort sanglier, fameux dans la contrée du Nord ; la tristesse et la soumission douce de la femme ; le départ, le voyage, la chasse si réelle avec toutes ses circonstances, l’aboi des chiens, le son des cors, la fuite de la bête, l’éparpillement des chasseurs, qui renoncent ; Bègue seul âpre à la poursuite, dévorant les lieues, traversant plaines et forêts et marais, prenant ses chiens par moments sur ses bras pour les reposer, jusqu’à ce qu’il se trouve seul, à côté de la bête morte, ses chiens éventrés, en une forêt inconnue, sous la pluie froide de la nuit tombante : il s’abrite sous un tremble, allume un grand feu, prend son cor et en sonne trois fois, pour appeler les siens.
Outre que la première faute de Racine (contre ses anciens maîtres) a été effacée par un repentir éclatant et courageux, n’y trouverait-on pas des circonstances atténuantes ?
Il t’aime et t’honore, et fera tout dans des circonstances indiquées pour te servir… » — « M.
Et c’est pourquoi, parmi la banalité ou la hâte forcée des panégyriques que cette mort a suscités, il y a eu — chose rare en telle circonstance — de la tendresse, une émotion non jouée, des larmes ou, comme le disaient les Grecs, pères lointains d’Alphonse Daudet, « un désir de larmes ».
Il faut causer en mangeant, en prenant le thé, en bien d’autres circonstances.
Ceux que des circonstances particulières ont amenés à soutenir sur ce terrain un duel à la vie à la mort ont des raisons pour n’être pas si commodes.
— De même (p. 146) l’impression que Sachs traduit par « wie Vogelsang un süssen Mai » se retrouve dans Parsifal, modifiée par les circonstances, mais identique au fond, quand Parsifal chante, pendant le motif si voluptueusement printanier de la prairie en fleurs : « Wohl traf ich Wunderblumen… » Et enfin ne trouve-t-on pas, aux pages 272, où Sachs recommande à Walther de briller au milieu de la fête, et 371-372, où il va chanter, entouré de l’admiration et des faveurs de la foule, la même griserie de lumière, de bonheur et d’enivrante suavité dont bercent les Filles-fleurs le jeune Parsifal, « holder Knabe » en dansant mollement autour de lui ?
La circonstance atténuante, cette commisération de la loi moderne, adoucissait déjà leurs sentences.
Vous auriez pu, ce me semble, y joindre les circonstances qui ont accompagné ce vol, et les soupçons légitimes que raisonnablement vous pouvez former.
Confondue dans une foule tumultueuse, elle est dispensée de rougir : elle a d’ailleurs si peu de chose à faire ; l’illusion théâtrale est si frêle et si facile à troubler ; les jugemens des hommes rassemblés sont dépendans de tant de circonstances, et tiennent quelquefois à des ressorts si faibles ; l’impression exagérée d’un défaut se répand si aisément sur les beautés qui le suivent, que toutes les fois qu’il y a eu un parti contre un ouvrage de théâtre, le succès en a été troublé ou retardé.
Il a montré, en racontant cette conspiration dans ses plus menus détails, comment s’est formée des éléments les plus impurs, les plus abjects et les plus atroces, cette cristallisation révolutionnaire qui s’est appelée « le Jacobinisme », et il a prouvé que ce n’était pas là une circonstance, un accident, un phénomène momentané de l’Histoire, mais une horrible loi de la nature humaine !
ce titre, connu déjà et même profané par la plaisanterie qui profane tout, me donnait beaucoup à rêver, retrouvé sous la plume d’un homme qui, par malheur, aurait dit Voltaire, n’était pas né plaisant, ce qui, du reste, dans la circonstance de ce livre, n’était pas un malheur pour moi.
Dans de telles circonstances, un livre de Balzac, un livre presque inconnu, et qui ne se rattachait par aucun lien à l’ensemble de La Comédie humaine, pouvait-il passer sous les yeux de la Critique sans les attirer ?
Il n’en résulte pas que le digne et janséniste Boileau modifiât ses jugements selon les circonstances et les gens à qui il parlait. […] Certains sont des poèmes de circonstance, par exemple l’hommage à Théodore de Banville qui fut dit à la Comédie-Française pour le centenaire de l’auteur des Odes funambulesques. […] Ce sont des causes générales, de vastes ensembles, des mouvements de masses, des concours de circonstances impossibles à dénombrer et encore plus à produire ou à déjouer, qui déterminent d’une façon inéluctable les guerres et les révolutions des empires. […] Ce n’était probablement pas un grand homme de guerre, mais c’était un homme de bon sens, servi par des circonstances exceptionnelles. […] Il sera en quelque sorte plus équitable que la postérité, parce qu’il sera mieux instruit des circonstances et qu’il aura respiré le même air que les écrivains dont il parle. » Chance d’erreur, au contraire !
C’est son valet Frontin qu’il a déguisé en gentilhomme pour la circonstance. […] Mais, tout à coup, il se ressouvient de la réalité et reprend son air de circonstance : c’est qu’il sait qu’il y a des choses qu’on ne dit pas et qu’on n’a même pas le droit de penser. […] M.Vacquerie s’est demandé : — Dans quelles circonstances un gentilhomme, pour qui l’honneur est réellement une religion, souffrira-t-il le plus ? […] Les circonstances, non seulement le servent, mais le sollicitent, le provoquent, semblent le tenter. […] Nous la supposons connue, et nous ne la montrons dans notre pièce que là où elle se trouve renouvelée par la situation, les circonstances ou le milieu.
Une circonstance imprévue dérangea tous ses projets et tout son avenir. […] Je n’en conclus pas pour le premier une supériorité absolue ; mais je note cette circonstance comme un résultat naturel des deux procédés. […] Au milieu de pareilles circonstances, Pelham, par le choix du sujet, le talent des détails, et la position personnelle de l’auteur, membre de la chambre des communes, devait avoir tous les caractères d’une réaction, et en effet la réaction se fît ; on vit éclore à la suite de M. […] Il n’y a dans le roman de Benjamin Constant que deux personnages ; mais tous deux, bien que vraisemblablement copiés, sont représentés par leur côté général et typique ; tous deux, bien que très peu idéalisés, selon toute apparence, ont été si habilement dégagés des circonstances locales et individuelles, qu’ils résument en eux plusieurs milliers de personnages pareils. […] Mais je crois qu’en de certaines circonstances, l’homme importe à l’explication de l’artiste ; et, par exemple, à moins de supposer à Sainte-Beuve un caractère spécial, choisi, exceptionnel, il est impossible de comprendre ses pèlerinages et ses dévotions.
Et, soit dit en passant, cela justifie à merveille notre tragédie classique qui ne retenait de la vie d’un homme que les circonstances indispensables à l’intelligence de son caractère. […] Goethe n’avait pas tort lorsqu’il prétendait que, parmi les œuvres de l’esprit, les plus remarquables n’avaient souvent été que des œuvres de circonstance. […] Aucune n’a autant souffert des circonstances. […] Ceux qui ne conçoivent même pas qu’on ose les séparer, et dont l’admiration pour le poète veut lui chercher à tout prix des circonstances atténuantes, ne demandent pas mieux que de faire retomber sur l’exil la cause de son aveuglement ou de son impiété.
N’est-il pas déterminé par beaucoup de circonstances étrangères au contenu de cet ouvrage, dont la principale est l’esprit d’imitation, si puissant chez l’homme et chez l’animal ? […] Il sut rassembler les meilleures troupes de l’Italie ; et toutes ces circonstances, jointes à une fortune insolente, font de lui un victorieux et un formidable. » Nul doute que César Borgia n’ait été un des plus habiles hommes de son temps. […] Ce conte, que cette seule circonstance rend intéressant, est par lui-même d’un très beau style et d’une tournure vraiment épique. […] Tous les héros des vieux contes montrent, dans des circonstances analogues, une semblable dureté. […] Il écrit, d’après les extraits que ses amis lui font, un livre de circonstance qui ne devait pas survivre à la querelle de moines dont il traite et que la perfection de l’art rend immortel.