On ne peut alors espérer rien de pur que dans les sujets où une cause morale agit par elle-même, indépendamment des causes temporaires.
Littérature, travail, style, morale, philosophie, pudeur, libre arbitre, M. de Gourmont n’admet rien, ne résout rien, il agite tout et tranche tout.
Mais si l’homme peut secouer enfin le joug de la fatalité, il n’échappera point cependant au malheur ; car le malheur est une chose trop morale et trop utile pour qu’il nous soit ôté.
le tableau hardi, violent, brûlant, rachèterait la morale, en vengerait !
Nous nous efforcerons de la faire rentrer dans sa double tradition morale et historique.
Franz de Champagny a beau nous dire avec raison, dans sa préface, que la question pour le monde et l’histoire n’est ni la question économique, ni la question politique, ni même la question sociale, mais la question morale, la question de l’homme, de sa vie terrestre et de sa vie au-delà de la terre : « L’homme est-il souverain ou subordonné ?
Moraliste et politique tout à la fois, ainsi qu’il l’a supérieurement prouvé dans son beau fragment sur Paul-Louis Courier, ce faux canonnier à cheval, ce faux vigneron, ce faux républicain, ce faux bonhomme et ce faux écrivain, qui fit de la vieille prose française comme Vanderburgh fit de vieux vers, Auguste Vitu n’a pas, vous le voyez, en dépouillant Courier de sa morale et de sa politique, craint d’attaquer une de ces idoles qui prennent racine sur les piédestaux du préjugé ou des partis.
Magnier a été plus long, et il devait l’être, sur le livre immense dont la beauté intellectuelle a créé au profit de la personne morale du Dante une si grandiose illusion ; c’est là que le jeune critique a ramassé tout son effort pour être juge, et il a jugé le livre.
Or, qu’est-ce que l’ironie, si ce n’est pas l’hypocrisie transférée de la sphère morale dans la sphère intellectuelle, si ce n’est le cant même de la plaisanterie quand la pensée se sent trop hardie en face de la Convenance impérieuse et veut cependant l’outrager !
Il nous a donné une analyse très exacte de la théodicée, de la métaphysique et de la morale de l’illustre auteur de la Somme.
Quand nous en sommes aux Dames Bovary, comme nous voilà maintenant, pour toute observation, il serait curieux d’examiner un livre de la beauté spirituelle et morale de Lionel d’Arquetenay.
La pureté de l’expression, qui est une partie de la Beauté poétique, touche par un point à la Beauté morale, et c’est cette pureté de l’expression qui est surtout celle de M.
L’auteur des Idylles héroïques, qui a fait un poème intitulé Konrad, lequel est un Manfred vertueux, un Manfred retourné, car, de fait, il retourne au monde et à la vie morale en sortant de la solitude, l’auteur n’a pas besoin de s’appuyer sur lord Byron pour justifier ce que j’appelle nettement un défaut de composition permanente.
Socrate dans chaque scène prêche la morale ; et le dénouement, c’est la ciguë.
Ainsi sous un autre aspect, la science nouvelle devient une philosophie de l’autorité, source de la justice extérieure, pour parler le langage de la théologie morale.
Si donc, comme le dit Aristote, de bonnes lois sont des volontés sans passion, en d’autres termes, des volontés dignes du sage, du héros de la morale qui commande aux passions, c’est dans les républiques populaires que naquit la philosophie ; la nature même de ces républiques conduisait la philosophie à former le sage, et dans ce but à chercher la vérité.
Mais bientôt l’élévation morale reparaît dans le vœu du chrétien, pour que le nouveau jour qui lui est accordé passe irréprochable, que la langue n’y fasse pas de mensonge, que la main, que les yeux n’y pèchent pas.
Souhaitons seulement que nos prières en fassent sortir des païens tels que Pythagore, Socrate, et Caton, qui, pensant que l’idée de Dieu est la religion universelle, que la morale en est le dogme, et que les vertus en sont le culte, ne me paraissent, en vérité, ni damnés ni damnables. […] Partout la force de cette morale tendante à égaliser les humains, reluit dans chaque épisode. […] Ne sommes-nous pas contraints d’abjurer notre présomption devant ce monument poétique, auquel il nous faut revenir sans cesse, pour apprendre les secrets de la haute poésie, de la nature, de la législation, de la morale et de la grandeur humaine et divine. […] Vous voyez quelle est sa grandeur morale ; regardez maintenant la grandeur matérielle de cette expédition, en énumérant les forces dont elle se composait, et celles qui lui furent opposées. […] Je reviens aux preuves de l’excellence d’une telle action pour l’épopée, la plus instructive, la plus morale et la plus gracieuse qu’on pût jamais choisir.
Il faut qu’une conclusion morale se dégage de chaque chanson. […] La morale la plus pure s’y allie à la plus vive piété. […] Ses livres sont évidemment destinés à développer, chez ceux qui les lisent, le goût du travail, l’horreur du vice, le respect de la morale. […] Ni plus, ni moins… Et maintenant si vous me demandez quelles peuvent être la portée et l’influence morale de ce roman : je le crois inoffensif. […] De ses méditations il pouvait tirer un traité d’économie politique, ou un livre de morale.
Politique, religion, éducation, morale, à quoi ne touchez-vous pas ? […] L’allusion aux tergiversations intéressées de Julius Martialis n’était que de la morale historique. […] De leurs discours mémorables il n’en est guère dont je n’aie gardé, comme d’un bon sermon, quelque vérité qui ajoutait à ma valeur morale. […] Il faut donc connaître son esprit comme son cœur ; c’est là la morale de l’histoire des deux Quintius. […] Le mal avait à peine pâli ce beau visage où se révélaient à la fois le génie du savant et l’élévation morale de l’homme.
Et il y avait là peut-être une œuvre à accomplir, un milieu à féconder, une bataille littéraire et morale à mener, les pages blanches, large ouvertes, d’une saine activité. […] L’influence allemande, s’exerçant de plus loin, comportant une langue et une culture étrangères à repenser et à’ transformer, lui paraissait moins dangereuse pour l’originalité intellectuelle et morale de son pays que l’abandon sans fin à la culture française. […] En serai-je à l’épicurisme fataliste, par faiblesse morale ? […] Et la conscience, tous les plans de conscience, et psychologique, et morale, d’Amiel, la posent, vont la poser interminablement pendant dix ans, les dix ans qui le séparent de la cinquantaine. […] Si le biographe d’Amiel travaillait ici à la loupe, il montrerait sa vie parfois prise et tiraillée dans les problèmes genevois de l’élévation, matérielle et morale, aussi compliqués alors que ceux de l’étiquette mondaine pour les personnages de Marcel Proust.
Louis Veuillot commence par examiner l’homme dans Molière, et il le trouve au point de vue de la morale très inférieur à Bourdaloue. […] Il faut très résolument le dire : la comédie n’est point du tout un cours de morale. […] Les sermons sur ce point sont aussi inutiles que les livres de morale ou les comédies. […] Là est la vérité morale ; la ressemblance physique, ce n’est qu’une vérité de fait, une vérité matérielle. […] Mais, encore une fois, mettons qu’à la comédie la morale soit du luxe ; voyons le nécessaire.
Faut-il croire cependant que le pouvoir pontifical, et, au-dessous, le pouvoir ecclésiastique fût alors la seule force morale qui dominât les esprits ? […] Les Romains du quatrième siècle par l’ascendant de leur religion et de leur supériorité morale, conservèrent aussi leur langue. […] C’est en langue vulgaire que commence à se manifester l’esprit de réforme morale et d’émancipation, qui devait amener plus tard cette guerre sanglante des Albigeois, où l’humanité fut défendue par les troubadours avec tant de courage. […] Le bon temps, comme on l’a dit, le siècle de nos bons aïeux ne fut pas toujours, ne fut jamais un temps de pureté morale. […] Ces maximes sévères, cette morale pure, cette religion simple et s’exprimant en langue vulgaire, étaient communes à un grand nombre d’habitants du diocèse d’Albi ; d’où vint le nom d’Albigeois.
Or, la coutume du plus grand nombre, c’est proprement la morale. […] En morale, M. […] Il a tout produit, mais sans esprit, sans morale, sans intelligence. […] Peut-on, par contre, dégager de la science nouvelle une nouvelle morale ? […] Mais la philosophie et la morale ne sont point les parties essentielles de l’art de l’historien.
La morale du roman, la voilà. […] Il faut conclure de là, somme toute, que la susceptibilité publique se modifie, non la morale, mais la susceptibilité morale, l’idée de la délicatesse, le sentiment d’une élégance de l’esprit. […] Dans la morale ? […] Famille, droit, morale sont, dans le texte d’Homère, constitués. […] Son esthétique, d’une part ; sa morale et sa religion, d’autre part.
En général, tout ce qui constitue l’art, la morale, et la science était mort avec le Polythéisme. […] En même temps que l’Aphrodite Anadyomène du Corrège sort pour la seconde fois de la mer, le sentiment de la dignité humaine, véritable base de la morale antique, entre en lutte contre le principe hiératique et féodal. […] Ce n’est pas que je veuille insister ici sur la valeur morale du Polythéisme dans l’ordre social et religieux. […] Je demanderai avant tout à chacun d’eux ses titres d’artiste, certain de rencontrer un penseur et une haute nature morale, mais non comme l’entend la plèbe intellectuelle, là où j’admirerai la puissance, la passion, la grâce, la fantaisie, le sentiment de la nature et la compréhension métaphysique et historique, le tout réalisé par une facture parfaite, sans laquelle il n’y a rien.
Liébeault et Bernheim, plus aptes à recevoir la suggestion de l’idée que les cerveaux raffinés, qui opposent une certaine résistance morale, souvent inconsciente. […] Les anormalités de la conduite sont proportionnelles à l’affaiblissement de l’idée du libre choix ; l’idée de liberté, cette constante auto-suggestion qui se réalise elle-même, fait donc partie des conditions normales de la conduite : elle est par excellence, comme nous l’avons montré, l’idée-force normale et aussi l’idée-force morale. […] Si on s’intéresse aux généralisations de la physique moderne, comment ne s’intéresserait-on pas davantage encore aux grandes conclusions de la psychologie, qui touchent de si près à la morale, à la science sociale, enfin à la métaphysique et à la religion ? […] De la Suggestion morale, p. 258.
Les chansons de table ou de jeunesse dont ce premier volume est enrichi suivant les uns, maculé selon nous, ne sont pas de la compétence de la critique ; elles sont de la compétence de la morale. […] Je me suis dit de bonne heure : l’homme sensé ne peut pas vivre sans Dieu et sans religion : ce serait un effet qui voudrait subsister sans relation avec sa cause ; mais la foi en Dieu suppose un culte qui l’adore, une morale qui se conforme à ses perfections, une action qui concourt à sa divine et souveraine volonté. […] Cette morale qui se modèle de si loin sur ses perfections ineffables, je la trouve écrite par lui-même dans ma conscience. […] Chantez une de mes chansons puisqu’elles vous consolent, mais surtout suivez ma morale : le bon Dieu, le travail et les honnêtes gens !
puis sa flamme rapide, son naïf et irrésistible abandon, son attache soudaine et forcenée ; le caractère de Raymon surtout, ce caractère décevant, mis au jour et dévoilé en détail dans son misérable égoïsme, comme jamais homme, fût-il un Raymon, n’eût pu s’en rendre compte et ne l’eût osé dire ; une certaine amertume, une ironie mal déguisée contre la morale sociale et les iniquités de l’opinion, qui laisse entrevoir qu’on n’y a pas échappé ; tout, selon nous, dans cette production déchirante, justifie le soupçon qui a circulé, et en fait une lecture doublement romanesque, et par l’intérêt du récit en lui-même, et par je ne sais quelle identité mystérieuse et vivante que derrière ce récit le lecteur invinciblement suppose.
Ma curiosité, mon désir de tout voir, de tout regarder de près, mon extrême plaisir à trouver le vrai relatif de chaque chose et de chaque organisation m’entraînaient à cette série d’expériences, qui n’ont été pour moi qu’un long Cours de physiologie morale.
Et quant à la direction morale à indiquer aux travaux de l’esprit, il suffirait peut-être d’une fondation annuelle par laquelle on proposerait des sujets à traiter soit pour la poésie, soit pour la prose, des sujets nationaux, actuels, pas trop curieux ni trop érudits, mais conformes à la vie et aux instincts de la société moderne.
Les succès ou les revers ne donnent à la conscience des dévots ni contentement ni regret ; la morale religieuse ne laissant aucun vague sur aucune des actions de la vie, leur décision est toujours simple.
votre récente victoire a dû vous détendre), je vous répéterais, sans ombre d’ironie, ce que je disais il y a un an : « La susceptibilité des hommes de lettres est, quand on y réfléchit, bien misérable… Pourquoi tant souffrir d’appréciations qui ne nous atteignent ni ne nous diminuent dans ce qui nous devrait seul importer, j’entends notre valeur morale ?
Je vois à l’énormité de son succès deux causes, dont l’une (la plus forte) est son excellence, et dont l’autre est, sans doute, une lassitude du public et comme un rassasiement, après tant d’études psychologiques, tant d’historiettes d’adultères parisiens, tant de pièces féministes, socialistes, scandinaves ; toutes œuvres dont je ne pense, à priori, aucun mal, et parmi lesquelles il y en a peut-être qui contiennent autant de substance morale que ce radieux Cyrano, mais moins délectables à coup sûr, et dont on nous avait accablés ces derniers temps.
L’avarice était le péché capital 495 ; or il faut bien remarquer que le péché « d’avarice », contre lequel la morale chrétienne a été si sévère, était alors le simple attachement à la propriété.
Tout ce qui a pu donner lieu à des réflexions intéressantes, à des critiques utiles, à des réfutations nécessaires, à des discussions de morale ou de littérature ; en un mot, tout ce qui a été une occasion de rappeler aux vrais principes & de répandre de la variété, n’a pas été regardé comme étranger à notre Ouvrage.
Les détail dans lesquels il est entré sur la Physique & la Morale, n’ont point frustré son Poëme des éloges de la plupart des Poëtes ses contemporains, & de ceux qui sont venus après lui*.
En effet, au-delà de cette barrière de feu qu’on appelle la rampe du théâtre, et qui sépare le monde réel du monde idéal, créer et faire vivre, dans les conditions combinées de l’art et de la nature, des caractères, c’est-à-dire, et nous le répétons, des hommes ; dans ces hommes, dans ces caractères, jeter des passions qui développent ceux-ci et modifient ceux-là ; et enfin, du choc de ces caractères et de ces passions avec les grandes lois providentielles, faire sortir la vie humaine, c’est-à-dire des événements grands, petits, douloureux, comiques, terribles, qui contiennent pour le cœur ce plaisir qu’on appelle l’intérêt, et pour l’esprit cette leçon qu’on appelle la morale : tel est le but du drame.
M. de Montcrif, auteur de plus d’un ouvrage en prose sur la morale & sur la littérature, & de quelques poësies, soutint la négative dans une dissertation lue à l’académie Françoise.
Elle était l’amie de Saint-Évremond, exilé qui remplissait tout de sa personne absente, philosophe qui prenait son égoïsme pour de la sagesse, et qui était bien digne de s’accointer à Ninon, plus égoïste que lui encore, espèce de Fontenelle en femme, qui cachait sa monstruosité morale sous cette beauté sans grandeur qui conseille aux hommes l’insolence.
Il s’agissait de ce sublime de grandeur morale, de pathétique et de beauté, qui, dans le drame de l’Histoire, a précisément commencé par ce joli inconnu à Corneille, — le charme et la grâce de la vie !
II Cela dit brusquement à Wey, pour l’honneur d’une conception première qui me plaisait excessivement, mais qui supposait la chose la plus rare : l’impersonnalité, ou plutôt la personnalité caméléonesque d’un poète dramatique, je n’ai plus qu’à louer un livre vrai, spirituel, érudit, attentif à tout, et qui, sous prétexte de voyage, nous parle tour à tour politique, art, histoire, morale, société, avec une originalité qui n’a pas le profond, le mordant, la couleur étrange de l’originalité anglaise, mais qui, après tout, a la sienne.
Il s’agissait de ce sublime de grandeur morale, de pathétique et de beauté, qui, dans le drame de l’histoire, a précisément commencé par ce joli, inconnu à Corneille, — le charme et la grâce de la vie !
oui, je ne connais que trop ces natures dangereusement sensibles, qu’une notion morale, qu’une vue d’impartialité et de justice n’arrête jamais sur la pente de leur exécrable sensibilité, et, pour mon compte, je n’y crois pas et je n’en veux plus !
Par le ton, par la vie morale qui y circule, par le dédain de tout ce qui n’est pas la vérité de Dieu, ce recueil de lettres est au-dessus de toute critique.
Par le ton, par la vie morale qui y circule, par le dédain de tout ce qui n’est pas la vérité de Dieu, ce recueil de lettres est au-dessus de toute critique.
C’est un livre de médiocrité sérieuse, voilà tout, une espèce d’almanach du Bonhomme Richard, qui paraîtra de l’économie politique, domestique ou morale, à tous les esprits qui s’imaginent que, dès que l’élévation manque dans les choses de la pensée et du caractère, il y a immédiatement du bon sens.
Qu’a la morale à gagner à de tels livres ?
II C’est qu’en réalité, — au fond, — Henri Heine n’est qu’un poète, et que, comme tous les poètes, il porte dans la vie morale des impuissances particulières à ces enfants terribles et charmants.
Leur gaieté même est âpre, quand ils plaisantent, et l’on voit, à travers la jeunesse de l’un et la maturité de l’autre, la tête de mort d’un siècle vieux… Enfin, — et c’est là le plus grand reproche qu’on puisse leur adresser, — observateurs de la vie sensible et descripteurs acharnés et presque chirurgicaux du défaut et du vice humain, pour tout ce qui tient à la vie morale, ce sont d’indifférents sourds-muets.
Nous avons donc eu dans ces Contes, au prix d’un plaisir, deux leçons : la leçon morale que doit aux enfants tout conteur, et qui est le pain de la confiture, disait Bernardin de Saint-Pierre, et la leçon de langue que le conteur ne devait pas et qu’il nous a donnée, sans avoir l’air d’y toucher, — la seule chose, cette finesse (j’aurai la brutalité de le dire en finissant), qui sente la diplomatie et qui nous rappelle à quel diplomate nous avions affaire, puisque, dans tout ce carnaval de contes d’enfant et de grand-père, il s’est si parfaitement et si délicieusement déguisé.
En Égypte, où la politique était liée à la religion, on se proposait surtout de faire régner la morale dans toutes les classes de citoyens : dans la Grèce, composée de républiques libres et guerrières, on s’attachait à élever les âmes et à nourrir le mépris des dangers et de la mort.
Ils tâchent d’étendre et d’agrandir la raison universelle ; de reculer les limites de toutes les connaissances ; d’élever la nature morale ; de dompter et d’assujettir à l’homme la nature physique ; d’établir pour nos besoins une correspondance entre les cieux et la terre, entre la terre et les mers, entre leur siècle et les siècles qui ne sont plus, ou ceux qui seront un jour ; de contribuer, s’il est possible, à la félicité publique, par la réunion des lumières, comme ceux qui gouvernent y travaillent par la réunion des forces.
D’où il résulte que c’est de la place d’Athènes que sortirent les principes de la métaphysique, de la logique et de la morale.
Là où nulle représentation dramatique n’était admise, bien qu’il y eût un théâtre, là où les vers d’Homère, apportés par Lycurgue, n’avaient point inspiré d’imitation épique, la poésie ne devait être qu’un instrument passager de discipline morale et d’enthousiasme.
Pourtant, sa morale était abominable. […] Et croyez-vous que vos découvertes en physiologie et en chimie vous aient mis sur la voie d’une seule vérité morale ? […] Ils ont peut-être une morale plus sévère ; ils sont, je le sais, moins polis. […] C’est là une morale, et une morale considérable, une vieille morale. […] Il a présenté artistement une réelle détresse morale.
Cette pièce, qui donne le degré de chaleur de ses opinions politiques d’alors, est curieuse dans sa vie morale : on peut la rapprocher de celle des Destinées qui a pour titre les Oracles et qui semble une leçon à l’adresse de tous les rois : Et nunc, reges, intelligite. […] Nous eûmes là sous les yeux, comme matière de méditation, au besoin, et comme sujet d’étude morale, la plaie exposée à nu, l’image d’une mortification froide et incurable. […] Le Christ demande à son père le prix de sa venue : il pose les éternels problèmes du bien et du mal, de la vérité et du doute, de la vie et de la mort, de la Providence et du Hasard, tous les pourquoi possibles, en philosophie naturelle, en philosophie morale, en politique : Et si les nations sont des femmes guidées Par les étoiles d’or des divines idées, Ou de folles enfants sans lampe dans la nuit, Se heurtant et pleurant, et que rien ne conduit ?
Caractère moral de la critique D’où vient celle grâce morale répandue sur les traits et sur toute la personne d’Uranie ? […] Pour ceux qui suivent la nature, cette intimité a la plus salutaire influence morale. […] Uranie ne tardera pas à reconnaître, pour la justification du genre humain, qu’un souffle de moralité inspire ce poème qui ruine la morale, et que cet athée faisant honneur aux plus nobles sentiments de la nature humaine, atteste sa divine origine.
L’école matérialiste moderne, qui parle de l’art pour l’art, qui prétend le réduire à un calque servile de la nature, belle ou laide, sans préférence et sans choix, qui trouve autant d’art dans l’imitation d’un crapaud que dans la transfiguration de la beauté humaine en Apollon du Belvédère, qui admire autant un Téniers qu’un Raphaël, cette école ment à la morale autant qu’elle ment à l’art ; elle place le beau en bas au lieu de le placer en haut : c’est un sophisme ; le beau monte et le laid descend ; l’art véritable est le Sursum corda des sens de l’homme comme la vertu est le Sursum corda de l’esprit et du cœur. […] On peut dire qu’elle ne devint véritablement digne du nom d’art que quand le christianisme, parvenu lui-même à son âge de virilité, de puissance morale et de conquête universelle, régna à Rome sur l’univers. […] XXXVI Cet amour pour une femme d’un rang supérieur, vers laquelle la morale comme l’honneur lui interdisait d’élever sa pensée, n’était encore dans l’âme de Léopold Robert qu’une respectueuse admiration et une modeste familiarité.
C’est un phénomène qu’on n’a pas assez étudié, et qui ne s’explique, selon nous, que par deux causes : d’abord la prodigieuse fécondité morale de la race italienne ; ensuite la sève nouvelle, vigoureuse, étrange, que les lettres grecques et latines, renaissantes et greffées sur la chevalerie chrétienne, donnèrent à cette époque à l’esprit humain en Italie. […] Il y a bien plus : on s’intéresse à Roland, et personne ne s’intéresse à Don Quichotte, qui n’est représenté dans Cervantès que comme un insensé à qui on fait continuellement de mauvais tours....… Il y a dans le Roland furieux un mérite inconnu à toute l’antiquité, ce sont les exordes de ses chants ; chaque chant est comme un palais enchanté dont le vestibule est toujours dans un goût différent : tantôt majestueux, tantôt simple, même grotesque ; c’est de la morale, de la gaieté, de la galanterie et toujours du naturel et de la vérité. » (Ici Voltaire traduit en vers, mais traduit faiblement, quelques-uns des délicieux exordes que j’essayerai, à mon tour, de vous traduire en prose.) « Il a été donné au seul Arioste, continue-t-il, d’aller et de revenir des descriptions les plus terribles aux peintures les plus gracieuses, et de ces peintures, à la morale la plus sage.
Balzac était digne de se comprendre ainsi lui-même et de se mesurer tout entier devant Dieu et devant sa sœur en 1820 ; il avait tout en lui : grandeur de génie et grandeur morale, immense aristocratie de talent, immense variété d’aptitudes, universalité de sentiment de soi-même, exquise délicatesse d’impressions, bonté de femme, vertu mâle dans l’imagination, rêves d’un dieu toujours prêts à décevoir l’homme…… tout enfin, excepté la proportion de l’idéal au réel ! […] Le buste que David a fait de mon frère, alors âgé de quarante-quatre ans, a reproduit fidèlement son beau front, cette magnifique chevelure, indice de sa force physique égale à sa force morale, l’enchâssement merveilleux de ses yeux, les lignes si fines de ce nez carré, de cette bouche aux contours sinueux où la bonhomie s’alliait à la raillerie, ce menton qui achevait l’ovale si pur de son visage avant que l’embonpoint en eût altéré l’harmonie. […] mais il est si fier, à bon droit, de sa force morale, que je n’osais même le consoler, et la douleur du vieillard fait autant souffrir que celle d’une femme !
» Diderot paraît ainsi avoir encouragé une peinture théâtrale, philosophique, morale, littéraire. […] Au début du xive siècle, la littérature, représentée surtout par la seconde partie du Roman de la Rose, est hardie, sensuelle, en pleine révolte contre l’Eglise, contre la morale chrétienne, contre la chasteté. […] Ici, comme on voit, les modes, ainsi qu’il est arrivé souvent au cours de notre histoire, provoquent et alimentent directement la verve des orateurs sacrés et des prêcheurs de morale.
Les ténèbres se répandirent sur l’intelligence pendant qu’une nouvelle morale et une nouvelle théologie s’emparaient des opinions et des cœurs. […] Le ciel païen, les héros fabuleux, l’Olympe, la terre, la mer, la guerre, les naissances et les chutes d’empires, la nature physique et la nature morale avaient été décrites et chantées par les poètes prédécesseurs de l’époque chrétienne. […] Les créations infinies et de dates immémoriales de Dieu dans les profondeurs sans mesure de ces espaces qu’il remplit de lui seul par ses œuvres ; les firmaments déroulés sous les firmaments ; les étoiles, soleils avancés d’autres cieux, dont on n’aperçoit que les bords, ces caps d’autres continents célestes, éclairés par des phares entrevus à des distances énormes ; cette poussière de globes lumineux ou crépusculaires où se reflétaient de l’un à l’autre les splendeurs empruntées à des soleils ; leurs évolutions dans des orbites tracées par le doigt divin ; leur apparition à l’œil de l’astronomie, comme si le ciel les avait enfantés pendant la nuit et comme s’il y avait aussi là-haut des fécondités de sexes entre les astres et des enfantements de mondes ; leur disparition après des siècles, comme si la mort atteignait également là-haut ; le vide que ces globes disparus comme une lettre de l’alphabet laissent dans la page des cieux ; la vie sous d’autres formes que celles qui nous sont connues, et avec d’autres organes que les nôtres, animant vraisemblablement ces géants de flamme ; l’intelligence et l’amour, apparemment proportionnés à leur masse et à leur importance dans l’espace, leur imprimant sans doute une destination morale en harmonie avec leur nature ; le monde intellectuel aussi intelligible à l’esprit que le monde de la matière est visible aux yeux ; la sainteté de cette âme, parcelle détachée de l’essence divine pour lui renvoyer l’admiration et l’amour de chaque atome créé ; la hiérarchie de ces âmes traversant des régions ténébreuses d’abord, puis les demi-jours, puis les splendeurs, puis les éblouissements des vérités, ces soleils de l’esprit ; ces âmes montant et descendant d’échelons en échelons sans base et sans fin, subissant avec mérite ou avec déchéance des milliers d’épreuves morales dans des pérégrinations de siècles et dans des transformations d’existences sans nombre, enfers, purgatoires, paradis symbolique de la Divine Comédie des terres et des cieux ; Tout cela, dis-je, m’apparut, en une ou deux heures d’hallucination contemplative, avec autant de clarté et de palpabilité qu’il y en avait sur les échelons flamboyants de l’échelle de Jacob dans son rêve, ou qu’il y en eut pour le Dante au jour et à l’heure où, sur un sommet de l’Apennin, il écrivit le premier vers fameux de son œuvre : Nel mezzo del cammin di nostra vita , et où son esprit entra dans la forêt obscure pour en ressortir par la porte lumineuse.
Chute sans fond d’où l’on ne remonte que le cœur brisé et par un effort surhumain de vigueur morale. Mais où est la vigueur morale quand toute foi dans sa propre nature manque à l’âme ? […] Tout sophisme de morale entraîne au sophisme de composition.
S’il n’avait pas été à l’époque inférieure de la vie morale où l’on est perméable à son temps ; si, devant un des mille ruisseaux de sang qui sillonnent l’histoire, il avait eu cette fermeté de raison qui écrit pour les gens d’État, non pour les têtes poétiques, les enfants et les femmes, il aurait laissé la chimère d’un crime uniquement politique, et il aurait fait de la Saint-Barthélemy ce qu’elle est réellement, une action catholique, à laquelle nul historien n’a encore osé donner son nom. […] Il se proposait de commencer par les réformateurs d’une époque où la révolte naissait de la révolte, et réalisait, dans la sphère morale, la divisibilité impossible de la matière à l’infini. […] … Les matérialistes des vieilles civilisations les magnifient parce qu’elles filent des suaires brodés d’or et de pourpre aux nations sur le bord de leur tombe ; — mais la moindre vertu morale les empêcherait de s’y coucher !
J’y substituerai les livres que je lis vraiment et d’où me vient presque toute ma substance intellectuelle et morale. […] Profondément admirée des ouvriers et des petits bourgeois, elle représentait, au café-concert, la littérature morale et élevée. […] Et remarquez, encore une fois, que ce que je fais ici avec vous, ce n’est ni de la morale, ni de la politique. […] Et si, comme je crois, ce mot mystérieux signifie pour vous, entre autres choses, une certaine élégance morale, c’est bien plutôt, Dieu me pardonne ! […] C’étaient des sermons de morale chrétienne, très généreuse et très virile.
Cette note fort curieuse montre quelle sorte d’autorité — toute morale — avait, jusqu’en ces années d’art à la belle étoile, celui qui allait devenir Molière. […] Bref, pour résumer cette physionomie morale de Molière, je doute qu’on rencontre un être meilleur, plus grave, plus ferme et plus doux à la fois. […] Ce misérable Kotzebue, par exemple, qui écrivit Misanthropie et repentir, était un chantre de l’humanité heureuse, parfaite, morale ; il se disait plein de mansuétude pour toute chose, et au fond, on sait trop ce qu’il aimait : l’argent et l’intrigue. […] On pouvait croire qu’il n’était plus rien qu’un type historique appartenant à ce qu’on nommerait volontiers l’archéologie morale, le fantôme d’un temps disparu ; point du tout, il vit encore et toujours. […] Il avait déjà fait alors imprimer, — en Hollande sans doute, — un petit livre en prose et en vers, sous ce titre : Morale galante, ou l’Art de bien aimer, dédié à Mgr le Dauphin (à la Sphère), à Paris, chez Claude Barbin, au Signe-de-la-Croix, 1669 (petit in-12).
C’est la voix des professionnels de la morale, lesquels, comme vous savez, sont toujours des maris absolument exquis. […] C’était à vous dégoûter de la morale. […] Je ne prétends pas que cette morale, essentiellement pratique, soit spéciale aux puritains anglicans. […] La morale y trouvera son compte, puisqu’il est prouvé que l’amour rend toutes les corvées faciles et tous les « devoirs » légers. […] Notre morale consiste principalement à enseigner l’art de se passer des choses.
Prenons-les en eux-mêmes, à la source, et non chez ceux qui s’en sont fait une arme de guerre ; laissons au refus son vrai caractère primitif, qui est moins d’opposition que de nature et de tempérament, et qui respire la plus saine énergie morale. […] Avec Ducis, l’enfant des montagnes, tout a changé : nous sommes dans un air pur, nous avons monté bien des degrés en honneur et en dignité morale comme en poésie.
« Vous regrettez que je n’aie point introduit parmi les Grecs un philosophe, un raisonneur chargé de nous faire un cours de morale ou commettant de bonnes actions, un monsieur enfin sentant comme nous. […] J’ai, depuis des années, une dette morale à payer et je ne veux pas tarder plus longtemps à le faire.
L’Académie a tout fait pour étendre, pour interpréter, sans la fausser, l’esprit de cette dernière fondation ; elle y a vu un moyen d’encourager la littérature non seulement morale, mais élevée et sérieuse : à ce titre, elle a couronné le grand livre de Tocqueville sur l’Amérique, un bel exemple et l’application la plus mémorable du prix. […] L’Académie, dans ces derniers temps, sous prétexte de morale et de sérieux, a sans doute trop penché du côté de l’Université : il en faut, mais il n’en faut pas trop, de l’Université dans l’Académie.
A mesure donc que le tumulte des souvenirs, qui redouble pour d’autres, s’éclaircit pour moi et s’apaise, je me replie de plus en plus vers ces figures nobles, humaines, d’une belle proportion morale, qui s’arrêtèrent toutes ensemble, dans un instinct sublime et avec un cri miséricordieux, au bord du fleuve de sang, et qui, par leurs erreurs, par leurs illusions sincères, par ces tendresses mêmes de la jeunesse que leurs farouches ennemis leur imputaient à corruption et qui ne sont que des faiblesses d’honnêtes gens, enfin aussi par le petit nombre de vérités immortelles qu’ils confessèrent, intéressent tout ce qui porte un cœur et attachent naturellement la pensée qui s’élève sans sophisme à la recherche du bonheur des hommes. […] Du moment que tuer est devenu l’un des moyens devant lesquels le fanatisme ne recule pas, toute sociabilité périt ; ce qui faisait la limite de la morale humaine, de la nature en civilisation, est violé, et la première garantie qu’on est, qu’on cause et qu’on discute avec quelqu’un de ses semblables, n’existe plus.
Si Chateaubriand eût été un grand poëte au lieu d’être un grand prosateur, et s’il eût conçu son poëme rationnel sur les vérités les plus acceptées de son siècle, en morale, en politique, en religion ; s’il eût vulgarisé quelque vérité nouvelle, pleine de Dieu, comme elles le sont toutes, et qu’il eût popularisé et divinisé ces vérités par un style en vers digne de Dieu et des hommes, il est à croire que le genre humain posséderait un poëme épique de plus, et la France un véritable et immortel poëte épique. […] Lamartine, dans cette belle pièce de l’Homme où il faisait la leçon morale à lord Byron, a dit : Hélas !
Le trait caractéristique de sa physionomie morale est une aversion déclarée pour la foule, considérée comme souverainement stupide et plate. […] Pour le moment, il est permis de constater qu’il n’y a rien en eux de bien spécial à notre génération : ce dédain des sentiments qui constituent le fond de la vie morale, ce névrosiaque besoin de s’isoler du reste des hommes, cette façon d’entendre l’art comme un dilettantisme à la portée exclusive de quelques raffinés, ces affectations de corruption et d’horreur, tout cela est en germe dans les Jeune-France de 1835.
Les passions étudiées, analysées, et décrites dans le détail le plus rigoureux, avec le dessein de les mieux signaler à la conscience qui doit les combattre et les régler ; la vérité philosophique subordonnée à la vérité morale ; la connaissance pour arriver au devoir tel est le fonds de l’esprit français. […] Et, dans l’ordre des vérités de devoir, quels espaces n’a-t-il pas ouverts à la morale ?
Le mot étudier est trop faible pour peindre cette ardeur de curiosité avec laquelle il se jeta sur tout ce qui avait été retrouvé de l’antiquité, philosophie, morale, médecine, anatomie, astronomie, marine, guerre, jeux, gymnastique, tout jusqu’à ces raretés de bibliographie qui ont été le produit de quelques cerveaux malades. […] De grands défauts l’en écartent aux yeux de quiconque ne sépare pas la supériorité intellectuelle de la supériorité morale, et ne veut pas reconnaître le beau là où il ne se montre pas toujours sous les traits de l’honnête.
* * * — Tous ces temps-ci, détente complète de l’activité physique et morale ; une somnolence qui irait à des nuits de dix-huit heures ; — dans l’éveil les yeux paresseux à voir, à observer ; — notre regard, sans notre pensée, feuilletant les livres et se traînant de l’un à l’autre ; — un grand effroi de faire moins que rien ; — la tête vide et pourtant lourde ; — le sang comme envahi par la lymphe ; — un lâche ennui ; — le remuement de la cervelle et du corps aussi durs pour nous que pour l’aï, qui passe une journée à se dérouler de son arbre ; — un état de l’âme sur lequel tout passe sans la secouer : les distractions, l’orgie, les grattements de vanité. — C’est la maladie qui vient aux activités retraitées, aux têtes qui restent trop longtemps à se reposer, à nous qui, depuis cinq mois, ne vivons pas dans une œuvre et pour une idée. 2 août Par la littérature qui court, c’est vraiment un noble type littéraire que ce Saint-Victor, cet écrivain dont la pensée vit toujours dans le chatouillement de l’art ou dans l’aire des grandes idées et des grands problèmes, couvant de ses amours et de ses ambitions voyageuses la Grèce d’abord, puis l’Inde qu’il vous peint sans l’avoir vue, comme au retour d’un rêve haschisché, et poussant sa parole, ardente et emportée et profonde et peinte, autour de l’origine des religions, parmi tous les grandioses et primitifs rébus de l’humanité : curieux des berceaux du monde, de la constitution des sociétés, pieux, respectueux, son chapeau à la main devant les Antonins, qu’il appelle le sommet moral de l’humanité, et faisant son évangile de la morale de Marc-Aurèle, ce sage et ce si raisonnable maître du monde.
Je le demande, quand je remonte cette existence qui n’a plus que quelques heures, qui n’a eu de la littérature et de la recherche laborieuse de la gloire, que des mépris, des insultes, des sifflets, qui depuis cinq ans se débat dans de la souffrance quotidienne, qui se termine par cette agonie morale et physique, où partout et tout le temps, je trouve comme la poursuite d’une Fatalité assassine. […] * * * Plus je le regarde, plus j’étudie ses traits, plus je trouve sur cette figure un air de souffrance morale, que je n’ai vu persister sur aucune physionomie dans la mort, plus je suis frappé de sa navrante tristesse.
Toute cette partie du travail de Sainte-Beuve est empreinte d’une grandeur morale qu’on est moins accoutumé à rencontrer en cet écrivain que ses qualités d’un autre ordre, précieuses aussi, mais moins relevées, et elles prouvent merveilleusement à quel point cette organisation, qu’on ne croyait que fine, pourrait devenir large et forte quand elle touche à des sujets grands. […] … C’est qu’il n’était critique que de pure description et d’infatigable analyse niant les principes tout aussi bien en esthétique qu’en morale et en gouvernement, cet homme que des esprits qui ne connaissant pas plus Goethe que lui, appelaient hier le plus grand critique qui ait existé depuis Goethe… Sainte-Beuve a toujours repris toutes ses idées en sous-œuvre pour y ajouter ou y retrancher, tant elles lui semblaient incertaines !
Nous l’espérions pour l’honneur de la morale et du philosophe. […] Cousin exagère les mérites de beauté physique ou de beauté morale d’une personne aussi insignifiante, aussi engloutie dans l’oubli que Mme de Hautefort, c’est une fantaisie !
Boissier, qui croyait que le monde pouvait très bien se passer de la morale chrétienne et que le stoïcisme suffisait. […] Renan, qui l’appelle le meilleur des princes ayant jamais régné sur terre pour l’honneur et le bonheur du genre humain, et la quintessence rectifiée de la pure essence des Antonins, après laquelle il aurait fallu briser le flacon, car c’était le Commode incommode, le monstrueux Commode qui était au fond, n’a trouvé rien de mieux à faire que d’entourer des arabesques de son admiration et de son style les Pensées dans lesquelles Marc-Aurèle nous a révélé les supériorités de sa belle âme, une de ces âmes à la Boissier, qui pouvaient dispenser le monde de la morale chrétienne si elles avaient pondu et multiplié.
D’un côté, elle s’attache surtout à la peinture du vice, à la laideur morale, à la maladie répugnante à voir du corps ou de l’âme ; de l’autre, elle emprunte de préférence les sujets de ses peintures aux classes inférieures de la société. […] La république n’a pas de raison d’être, si elle n’est pas le gouvernement où les âmes sont le plus vraiment fières et libres : une démocratie qui n’aurait pas la passion de la beauté et de la grandeur morale serait la plus honteuse déchéance de l’humanité.
Le fait grave, aux yeux de toute morale qui n’est ni turque ni asiatique, ce n’est pas la déposition, c’est la strangulation et la mort de Pierre III.
Dès l’âge de la première communion, il regimbait à ce qu’on lui enseignait d’histoire ou de morale évangélique.
Barbier a voulu nous montrer à quelles conséquences dernières, en politique, en morale, en art, descend, malgré quelques élans brisés, une société sans croyances, une terre qui n’a pas de cieux ; il pousse à l’extrémité cette idée de néant, il décharne son squelette, il le traîne encore saignant au milieu de la salle du festin, et l’inaugure dans les blasphèmes pour nous mieux effrayer.
Toutes ces impressions d’une âme sympathique avec l’esprit nouveau des temps, cette croyance à une philosophie plus réelle et plus humaine, cette liberté morale reconquise, cette spontanéité reconnue, cette confiance accordée aux facultés les plus glorieuses et les plus désintéressées de notre être, toutes ces qualités et ces vues de madame de Staël, en passant dans les livres d’art qu’elle composa, leur donnèrent un tour unique, une originalité vraiment moderne, des trésors de chaleur, d’émotion et de vie, une portée immense quoique parfois hors de mesure avec la réalité.
On se garderait de les négliger, non plus que les écrits appartenant à cette philosophie morale moins systématique et plus libre, qui s’honore des noms de Montaigne et de Charron.
L’état de grossièreté où reste, chez nous, par suite de notre vie isolée et tout individuelle, celui qui n’a pas été aux écoles est inconnu dans ces sociétés, où la culture morale et surtout l’esprit général du temps se transmettent par le contact perpétuel des hommes.
Dans tout ce que j’ai lu de histoire littéraire et morale du xviie siècle, je n’ai rencontré d’autres paroles attribuées à madame de Rambouillet que celles-ci : « Les esprits doux, et amateurs des belles lettres, ne trouvent jamais leur compte à la campagne26. » Aucune biographie, même la plus riche eu noms inconnus et dignes de l’être, n’a trouvé de quoi faire un article de qu’être lignes sur cette femme dont la maison fut si célèbre : preuve incontestable qu’elle n’a jamais fait parler d’elle.
Ils savent encore que la profusion des pensees brillantes, l'intempérance des réflexions, le ton dogmatique dans la morale, le cliquetis des antitheses, l'appareil de l'érudition, ne sont rien moins que des moyens sûrs de captiver & d'intéresser, sur-tout quand la chaleur & le sentiment ne les animent point.
Aucun souci sans doute ne fut plus éloigné de son esprit et son parti pris d’art pur, excluant, comme subalterne, toute préoccupation morale ou scientifique, est une garantie de son indifférence à cet égard.
Un jour, avec l’emphase propre aux Quinet, mari et femme, ce bon ménage en tout, même en amphigouri, elle dit : « Mon mari vient d’écrire, sous les obus, sa Victoire morale » (c’est un article de journal), comme si on écrivait autrement que sous les obus dans ce temps-là, quand on écrivait à Paris !
Mme Swetchine, qui n’est pas auteur, — qui en a un jour couru le danger, mais qui y a échappé par cette conversion qui la jeta dans le grand sérieux de la vie et qu’elle n’a jamais racontée (trait caractéristique de la discrétion sur elle-même de cette sympathique femme du monde), Mme Swetchine, ne peut avoir eu que deux buts en écrivant sa pensée : — ou la fixer mieux en la parlant, pour la connaître et lui donner sa forme, pour qu’elle cessât d’être une rêverie et fût bien une pensée, — ou entrer par là dans la pratique morale, dans le conseil, dans le soulagement.
Malgré ce titre qui nous prévient et auquel l’auteur a ajouté ces mots : Épisode de l’Histoire du Hanovre, pour qu’on ne pût pas s’y tromper, est-ce vraiment de l’histoire dans sa notion pure et respectée que ce livre sans gravité, sans profondeur, sans vue morale ?
On peut dépenser avec eux beaucoup de morale, beaucoup de brochures et beaucoup de modération parlementaire, mais l’épée de Napoléon, la cravache de Louis XIV ou la botte de Charles XII sont meilleures que tous ces orviétans, et je m’y fierais davantage.
— gagnerait à ce que la morale, qui est la sainteté de l’histoire, fût plus énergiquement affirmée dans la sienne, et M.
Journaliste qui défendit pendant toute une vie, qui fut longue, la Religion, la Royauté, la Morale dont on ne voulait plus, dans la démence universelle, on lui coupa, on lui hacha son journal avec les ciseaux d’une censure qui a déshonoré Malesherbes, lequel tenait, pour le compte des encyclopédistes, et faisait aller ces ciseaux, tombés depuis et lavés dans son sang, heureusement pour sa gloire !
Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale, aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté, et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes, borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie, cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité.
la Métaphysique et la Morale, est comme toutes les femmes de son temps une incrédule, dont le bon sens, très sûr, mais circonscrit, n’est jamais monté jusqu’à Dieu.
Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes : borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité.
Ce Fantasio, ce gracioso, ce rêveur qui a des vivacités, ce misanthrope riant, ce Chamfort qui sourit, ce désabusé qui plaisante, n’était pas fait pour les coteries doctrinaires, la morale protestante et les cultes académiques d’un salon où plane beaucoup plus l’ombre épaisse et gourmée de l’aïeul Necker que l’ombre lumineuse de la grand-mère Madame de Staël… Pour ce salon, des Rémusat et des Villemain sont de bien plus grands hommes que de Maistre et de Bonald… L’Académie y est regardée comme le but suprême où doit, en France, viser le grand esprit humain ; et on s’y étonnait que Doudan, aimé de ces doctrinaires encravatés et pédants, mais qui l’aimaient pour ce qui se fait aimer même des ennemis, — la grâce, — ne voulût pas faire quelque petite chose pour y entrer.
Les mortifications de Rama, son ascétisme, ses tentations, ses luttes, sa victoire, toute cette partie morale et religieuse du livre, que M.
On assure que la secte publie des brochures mystérieuses, pleines d’informations et d’instructions du plus haut intérêt au point de vue de la pathologie morale, mais de l’effet le plus bizarre sur les lecteurs qui ne sont pas initiés.
Qu’ils se taisent donc et dévorent leur mépris, mais qu’ils comprennent enfin qu’où il n’y a plus de religion d’État, il n’y a plus d’indissolubilité religieuse possible ; et puisque nous n’avons su la défendre, cette religion d’État qui fit la force morale et la gloire de la France, ce n’est pas sans elle que nous sauverons le mariage chrétien.
La vie par le fer, ense et aratro, car la guerre, c’est la vie, malgré la mort qu’elle sème autour d’elle ; c’est la vie morale qui importe bien plus que la vie physiologique !
Cette différence dans la composition de ce qui n’est qu’un dialogue à ce qui est un livre — de ce qui n’est qu’une joute de morale entre deux interlocuteurs, et un feu roulant d’épigrammes littéraires dont le temps a émoussé la pointe ; d’anecdotes obscures et de commérages, à ce qui est l’histoire d’un siècle, liée autour d’un homme, — à ce qui est une question de société et de nature humaine, — cette différence doit produire mille autres conséquences différentes de celle-là qui est fondamentale, et elle n’a pas manqué de les produire.
C’est moi qui vous ai formés à la haute vie morale.
Tour à tour guerrier et philosophe, il écrivit dans son exil plusieurs ouvrages de politique, de morale et d’histoire.
Il semble qu’il y ait pour eux une autre morale que pour le reste des hommes : on cherche toujours s’ils ont été grands, et jamais s’ils ont été justes ; celui même qui voit la vérité craint de la dire.
, Ainsi, et seulement ainsi, la critique fait une œuvre supérieure. « Mon métier est de semer des doutes » Ce mot de Pierre Bayle confient toute une méthode et toute une morale. […] Sur la Rochefoucauld : « Il ouvre son livre en jetant un regard inquiet vers la Sorbonne … Au dix-septième siècle, toutes les fois qu’on entamait un sujet de philosophie ou de morale, on se tournait vers l’Église, … et l’on entrait en matière en examinant de temps en temps les quatre coins de l’horizon, pour voir à temps s’il ne s’amassait pas, en quelque endroit, un orage théologique. » La période est un peu haletante, mais comme elle vit, comme elle transforme en gestes naturels une inquiétude toute morale ! […] Le premier est un poète tantôt lyrique, tantôt sensuel ; le second est un esprit religieux qui, tout en cherchant une nouvelle forme de poésie, reste imprégné des vieilles croyances et de la morale traditionnelle. […] Ce jeune homme, mort à vingt-sept ans, fut un des héros de l’esprit français ; rien de biblique ne l’avait touché ; sa morale était charmante, instinctive et libre ; une vie d’art et de cœur s’épanouissait en lui. […] Les Quatrains de Pierre Mathieu et ceux de Pibrac, qui versifient, admirablement d’ailleurs, la morale usuelle, ont eu une fortune moins longue, mais longtemps solide.
Il vivait à l’avance la vie morale de toutes les générations théâtrales de l’avenir. […] Il n’y a pas eu de révolution morale plus complète. […] Rocafort, toute cette théorie, chère au dix-huitième siècle, et que le siècle précédent avait complètement ignorée, ou repoussée, de l’utilité morale de l’art. […] Humanité, morale, Jurons par vous d’écrire pour la halle ! […] C’était une satire ou une épître encadrée dans un vaudeville ; c’était une dissertation de morale, en vers, encadrée dans un vaudeville.
Le genre de beauté des pièces sans action, c’est la beauté morale. Il y a dans les Suppliantes, dans Prométhée enchaîné, dans Œdipe à Colone, une beauté morale extraordinaire. […] La composition matérielle du drame n’est pas moins belle que sa composition morale, si je puis m’exprimer ainsi. […] À cet égard l’unité du drame, l’unité morale du drame c’est le spectre du roi assassiné. […] C’est une époque très particulière et comme essentielle de la vie d’Hugo, de sa vie littéraire et de sa vie morale.
Cent sortes de chaînes, cent mille sortes de liens, la religion, la morale et le savoir-vivre, toutes les législations qui règlent les sentiments, les mœurs et les manières, viennent entraver et dompter l’animal instinctif et passionné qui palpite et se cabre en chacun de nous. […] Le catholicisme, réduit aux pratiques extérieures et aux tracasseries cléricales, vient de finir ; le protestantisme, arrêté dans les tâtonnements ou égaré dans les sectes, n’a pas encore pris l’empire ; la religion disciplinaire est défaite, et la religion morale n’est pas encore faite ; l’homme a cessé d’écouter les prescriptions du clergé, et n’a pas encore épelé la loi de la conscience. […] Qu’on regarde de près à toute cette histoire, aux bûchers de Marie, aux piloris d’Élisabeth, et on verra que la température morale de ce pays, comme sa température physique, est âpre entre toutes. […] Elles peuvent se contenter des sensations ternes, se passer d’excitations, supporter l’ennui, et, dans cette monotonie de la vie réglée, se replier sur elles-mêmes, obéir à une pure idée, employer toutes les forces de leur cœur au maintien de leur noblesse morale. […] En épousant Bassanès, elle a péché contre Orgilus ; l’infidélité morale est pire que l’infidélité légale, et, désormais, elle est déchue à ses propres yeux96 : « Tuez-moi, mon frère, je vous en prie ; dites, le voulez-vous ?
Cette doctrine, que Kant laissa en chemin pour se jeter au secours de la morale naufragée, est si belle et si souple qu’on la transpose sans en froisser la libre logique de la théorie à la pratique, même la plus exigeante, principe universel d’émancipation de tout homme capable de comprendre. […] Une telle morale, laissant aux misérables lois humaines le soin des jugements inutiles, arrache à la vie l’essence même de la vie et la transporte en des régions supérieures où elle fructifie à l’abri des contingences, et des plus humiliantes, qui sont les contingences sociales. La morale mystique ignore donc toute œuvre qui n’est point marquée à la fois du double sceau humain et divin ; ainsi fut-elle toujours redoutée des clergés et des magistratures, car niant toute hiérarchie d’apparence, elle nie, au moins par abstention, tout l’ordre social : un mystique peut consentir à tous les esclavages, mais non à celui d’être un citoyen. […] La gravité n’est pas nécessaire à l’expression de ce que l’on croit être la vérité ; l’ironie pimente agréablement la tisane morale ; il faut du poivre dans cette camomille ; affirmer avec dédain est un moyen assez sûr de n’être pas dupe, même de ses propres affirmations. […] Unique ce livre le demeurera, et dès maintenant il reste acquis à la liste des œuvres qui, à l’exclusion de tout classicisme, forment la brève bibliothèque et la seule littérature admissibles pour ceux dont l’esprit, mal fait, se refuse aux joies, moins rares, du lieu commun et de la morale conventionnelle.
Enfin elle joue un rôle puissant même dans la morale ; car, permettez-moi d’aller jusque-là, qu’est-ce que la vertu sans imagination ? […] Legros est un esprit vigoureux, c’est que l’accoutrement vulgaire de son sujet ne nuit pas du tout à la grandeur morale du même sujet, mais qu’au contraire la trivialité est ici comme un assaisonnement dans la charité et la tendresse. […] Les personnages français, bottés, éperonnés, hautains, insultaient presque du regard des diplomates humbles et embarrassés ; et le texte louait l’artiste d’avoir su exprimer chez les uns la vigueur morale par l’énergie des muscles, et chez les autres la lâcheté et la faiblesse par une rondeur de formes toute féminine ! Mais laissons de côté ces puérilités, dont l’analyse trop longue est un hors-d’œuvre, et n’en tirons que cette morale, à savoir, qu’on peut manquer de pudeur même dans l’expression des sentiments les plus nobles et les plus magnifiques. […] Mais, en faisant un pas de plus à gauche ou à droite, vous découvrez le secret de l’allégorie, la morale de la fable, je veux dire la véritable tête révulsée, se pâmant dans les larmes et l’agonie.
Et nous ne craignons pas de répéter avec Michelet, le Michelet d’avant 1840, celui que l’on rencontrait partout où il y avait à exprimer une idée neuve et vraie sur le moyen âge : « Nous pouvons nous enorgueillir à bon droit de tant de progrès accomplis, et cependant le cœur se serre quand on voit que, dans ce progrès de toutes choses, la force morale n’a point augmenté42 ». Mais cette concession, ou plutôt cette juste part une fois faite à la vérité, cette hauteur et cette beauté morale de l’idéal du moyen âge une fois signalées, nous en revenons à ce que nous disions. […] Il y a dans le Barbier de Séville une réplique célèbre : le comte Almaviva explique brièvement à Figaro le service qu’il rend à la morale en enlevant Rosine au docteur Bartholo. « Chef-d’œuvre de morale en vérité, monseigneur ! […] Les Robespierre et les Saint-Just renonceront à la morale et à la gravelure pour devenir les législateurs sanglants de la Terreur.
» C’est là, pour le voyageur qui cherche ici des impressions d’un tout autre ordre, une surprise morale aussi grande que celle qu’il éprouve, s’il n’est pas prévenu, au premier aspect de ces lieux qu’il rêvait tragiques et qu’il trouve gracieux et riants. […] La morale qui se dégage de la forme religieuse donnée à notre légende est une de celles que le Moyen Âge a le plus aimées, et il l’a souvent, comme ici, appliquée à des histoires auxquelles elle était d’abord tout à fait étrangère. […] Pierre Alphonse emploie ce conte à mettre en lumière une morale qui s’en dégage plus naturellement que celle du Barlaam et Joasaph. « Ne désire pas ce qui, appartient aux autres et ne te chagrine pas pour les choses que tu as perdues, parce que la douleur ne les fait pas recouvrer. » C’est cet enseignement qu’on en a généralement tiré. […] Il y a là une fine ironie qui n’est pas sans une réelle portée morale. […] On n’en a cependant pas signalé d’imitation ancienne dans les langues étrangères, qui adoptaient si volontiers ce qui avait été composé en français, et en France même on a reproduit d’habitude le récit du Barlaam ou celui de Pierre Alphonse, qui ne mêlaient pas à la piquante morale du conte les éléments étrangers ajoutés par notre lai.
Ce sont des fragments lyriques mêlés à des comptes rendus purement militaires, qui expriment le conflit d’Unruh avec ses chefs, avec lui-même, avec tout son passé étouffé sous la morale d’un Kant législateur du militarisme. […] D’une vie morale pleine de complications, il devient l’auteur et le maître. […] Tout le monde sait que la morale n’intervenait jamais ; une humanité vraie n’animait pas davantage les personnages principaux qui faisaient figure de monstres redoutables. […] Les noms de Rousseau, de Voltaire, viennent aussitôt sous ma plume ; je ferai allusion à Byron également, bien que la figure de ce romantique évoque une atmosphère toute chargée de violence et de passion dans laquelle un professeur de culture morale comme M. […] Mais une excessive rigidité morale le prive de la souplesse indispensable qu’il faut pour ne pas froisser le sentiment français.
., ne rentre pas sans doute dans cette voie de réforme ; elle est peu grave, peu morale, à l’italienne, et comme une répétition affadie de la littérature des Valois. […] C’est lui aussi qui, causant avec Chapelle de la philosophie de Gassendi, leur maître commun, disait, tout en combattant la partie théorique et la chimère des atomes : « Passe encore pour la morale. » Molière était donc simplement, selon moi, de la religion, je ne veux pas dire de don Juan ou d’Épicure, mais de Chrémès dans Térence : Homo sum. […] Qu’il ait été en progrès dans l’observation morale et ce qu’on appelle le haut comique, celui du Misanthrope, du Tartufe et des Femmes savantes, le fait est trop évident, et je n’y insiste pas ; mais autour, au travers de ce développement, où la raison de plus en plus ferme, l’observation de plus en plus mûre, ont leur part, il faut admirer ce surcroît toujours montant et bouillonnant de verve comique, très-folle, très-riche, très-inépuisable, que je distingue fort, quoique la limite soit malaisée à définir, de la farce un peu bouffonne et de la lie un peu scarronesque où Molière trempa au début. […] Chapelle, resté pur gassendiste par souvenir de collège, comme quelque ancien barbiste de nos jours qui, buveur et paresseux, est resté fidèle aux vers latins, Chapelle disputait à tue-tête dans le bateau sur la philosophie des atomes, et Molière lui niait vivement cette philosophie, en ajoutant toutefois, dit l’histoire : Passe pour la morale !
Que ce soit dans une intention d’hygiène morale ou physique, ou bien par appétition instinctive, cette vie simpliste l’eût passionné. […] La vie du poète a des courbes harmonieuses et ce sont ces inflexions, musicalement exprimées, qui douent les races de beauté morale. […] Et nul ne s’élève à une haute beauté morale. […] Cette théorie universelle et frémissante, comme un tressaillement du vieux Pan, aura, en morale et en sociologie, d’importantes et prochaines conséquences.
Il parle quelque part de la « présence des idées générales à notre esprit, présence qu’éveillent en nous les idées particulières51. » Pour lui, tout enseignement est une maïeutique52, et « le but de la philosophie morale est moins d’apprendre aux hommes ce qu’ils ignorent que de les faire convenir de ce qu’ils savent53. » Ce n’est pas tout : entre les idées et les réalités, il y a le même rapport qu’entre les mots et les idées ; à toute idée correspond un être ; le mot, en révélant l’idée, révèle l’être ; par exemple, Dieu existe, puisque nous le nommons. […] De ces choses il y en a sans nombre dans la morale, sans nombre dans la poésie, sans nombre dans les beaux-arts…. […] De ces choses, il y en a sans nombre dans la morale, sans nombre dans la poésie, sans nombre dans les beaux-arts. […] Morale)] 106.
Enfin, il existe dans la nature morale, comme dans la lumière du soleil, un certain nombre de rayons qui produisent des couleurs tranchantes ou distinctes : vous variez ces couleurs par leur mélange, mais vous n’en pouvez créer une entièrement nouvelle.
« Si quelqu’un s’étonne de ce fragment, il n’a qu’à me le dire, et, parlant de la définition de la vertu, qu’il me donnera, je lui prouverai par écrit, aussi clairement que l’on prouve que toutes nos idées arrivent par nos sens, c’est-à-dire aussi évidemment qu’une vérité morale puisse être prouvée, que mon père à mon égard a eu la conduite d’un malhonnête homme et d’un exécrable père, en un mot d’un vilain scélérat. » Ce défi est assez bizarre.
Quelle fraîcheur de ne plus trouver des débuts de chapitre de cette grâce : « Après une douleur intense, physique ou morale, l’homme éprouve une stupeur très douce où il semble qu’il abdique sa volonté et qu’il s’abandonne à sa chance.
Je ne sais pas, même dans La Force de l’infâme Paul Adam, de phrase plus puante et plus coulante de saine morale.
Dans ces circonstances, Monsieur Despreaux, pour dire poetiquement que malgré le goût regnant, il s’attachoit à l’étude de la morale préferablement à celle de la physique, sentiment très-convenable à un poete satirique, écrit à son ami, qu’il abandonne aux recherches des autres plusieurs questions que cette derniere science traite.
vii de mon livre, la Morale dans le drame, dont la 2e édition est sous presse.
Il était, au contraire, une sublimité de faiblesse, un phénomène — et un phénomène prodigieux — de pusillanimité morale et de défaillance, on ne sait quelle chimérique merlette de blason, sans bec ni sans ongles, et comme il était cela et n’était que cela, tout fut dit : le monde, dont il était l’ironique clef de voûte, s’affaissa.
Mais un tel piédestal ne le grandit pas, car le xviiie siècle, qui n’a point de morale, ne peut avoir de moraliste, et Chamfort, l’enfant naturel d’un siècle sans mœurs, ne fut jamais, ne nous y trompons pas !
… Et voilà pourquoi, ici, — comme toujours et partout, — la question morale domine la question littéraire.
… Tout cela a dû nécessairement ajouter à l’admiration morale et littéraire que M.
M. d’Héricault s’est contenté de nous faire une grande anatomie morale.
Sainte-Beuve, le critique littéraire et le poète, a bien montré le côté intime et curieux de cette vie, mais la beauté morale qu’elle révèle plus que tout l’a-t-elle assez frappé ?
Si l’amour qu’elles inspirent est la gloire de la vie pour les femmes, on ne conçoit pas très bien le scrupule de convenance qui, pendant trente ans, a empêché la publication de ces lettres… Au point de vue de leur contenu et de la morale vulgaire, la seule que généralement on invoque, elles sont sans aucun inconvénient pour la mémoire de Madame Récamier, qui reste en ces lettres ce qu’elle fut toute sa vie, c’est-à-dire la plus pure et la plus vertueuse des mondaines de son siècle.
Malgré une politique que n’approuvait pas Vincent, et que son historien juge avec la même rigueur que lui, Richelieu — par cela seul qu’il était Richelieu — connaissait l’importance morale et politique de ce clergé dont il faisait partie.
Elle fut, en somme, bien plus morale que politique.
Plume appuyée, mordante, solidement éclatante, même quand elle appuie sur les choses vulgaires, procédant d’habitude par comparaisons plus pratiques que poétiques, mais qui font entrer l’objet comparé dans l’esprit du lecteur comme un coup de cette bûche emmanchée — le marteau des fendeurs de bois — qui enfonce le coin de fer dans le tronc noueux de l’arbre abattu… Vous voyez qu’ici, dans l’homme aux opinions et aux créations antiviriles de ce roman à petite morale, puisqu’elle est vide de Dieu, se retrouve le mâle que nous connaissions.
Elle vit seule avec cet abbé, — qui devrait être d’une beauté morale bien supérieure à Dominus Sampson, puisqu’il est catholique, et qui non-seulement a du Sampson gâté, mais aussi du Caleb, car les teintes de M.
Hector Malot, qui est la Leone Leoni en femme, a-t-elle sur sa figure, morale ou physique, un signe quelconque, grand comme une mouche, qui la distingue de toutes ces plates drôlesses qui sont partout et pour lesquelles on s’est épuisé d’invention quand on a dit qu’elles étaient belles comme Antiope, dans leur crinoline ?
… A-t-il au moins l’autre, encore plus utile et plus nécessaire, cette sincérité morale qui nous empêcherait de douter de la vérité et de la moralité de son livre contre son pays ?
Ne pouvant encore s’autoriser contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveurs, ni de fortune aux dépens de sa probité. » Je pourrais encore citer d’autres endroits qui ont une beauté réelle ; mais le discours en général est au-dessous de son sujet ; on y trouve plus d’esprit que de force et de mouvement ; on s’attendait du moins à trouver quelques idées vraiment éloquentes sur l’éducation d’un dauphin, sur la nécessité de former une âme d’où peut naître un jour le bonheur et la gloire d’une nation ; sur l’art d’y faire germer les passions utiles, d’y étouffer les passions dangereuses, de lui inspirer de la sensibilité sans faiblesse, de la justice sans dureté, de l’élévation sans orgueil, de tirer parti de l’orgueil même quand il est né, et d’en faire un instrument de grandeur ; sur l’art de créer une morale à un jeune prince et de lui apprendre à rougir ; sur l’art de graver dans son cœur ces trois mots, Dieu, l’univers et la postérité, pour que ces mots lui servent de frein quand il aura le malheur de pouvoir tout ; sur l’art de faire disparaître l’intervalle qui est entre les hommes ; de lui montrer à côté de l’inégalité de pouvoir, l’humiliante égalité d’imperfection et de faiblesse ; de l’instruire par ses erreurs, par ses besoins, par ses douleurs même ; de lui faire sentir la main de la nature qui le rabaisse et le tire vers les autres hommes, tandis que l’orgueil fait effort pour le relever et l’agrandir ; sur l’art de le rendre compatissant au milieu de tout ce qui étouffe la pitié, de transporter dans son âme des maux que ses sens n’éprouveront point, de suppléer au malheur qu’il aura de ne jamais sentir l’infortune ; de l’accoutumer à lier toujours ensemble l’idée du faste qui se montre, avec l’idée de la misère et de la honte qui sont au-delà et qui se cachent ; enfin, sur l’art plus difficile encore de fortifier toutes ces leçons contre le spectacle habituel de la grandeur, contre les hommages et des serviteurs et des courtisans, c’est-à-dire contre la bassesse muette et la bassesse plus dangereuse encore qui flatte.
Ce livre, où les idées morales sont souvent profondes, où l’expression est quelquefois négligée, mais vigoureuse, où l’on voit partout une âme pleine d’humanité jointe à un caractère plein de force, peut à plusieurs égards être comparé à nos meilleurs livres de morale.
Au lieu du christianisme, l’Église ; au lieu de la croyance libre, l’orthodoxie imposée ; au lieu de la ferveur morale, les pratiques fixes ; au lieu du cœur et de la pensée agissante, la discipline extérieure et machinale : ce sont là les traits propres du moyen âge. […] La beauté sensible est parfaite chez tous les deux, mais leur premier culte est pour la beauté morale. « Conduisez-moi, dit-il aux Muses, dans la retraite cachée où la Vertu habite avec vous, berceau d’argent qui la cache aux hommes et aux méchants mépris du monde. » Il encourage son chevalier quand il le voit faiblir. […] De la peinture on passe à l’anatomie, du drame à la philosophie morale, des grandes divinations poétiques aux grandes vues scientifiques ; les unes continuent les autres, et c’est le même esprit qui perce dans toutes les deux ; car ce que l’art avait représenté et ce que la science va observer, ce sont les choses vivantes, avec leur structure complexe et complète, remuées par leurs forces intérieures, sans aucune intervention surnaturelle. […] Même les croyants, les sincères chrétiens, comme Bacon et Browne, écartent tout rigorisme oppressif, réduisent le christianisme à une sorte de poésie morale, et laissent le naturalisme subsister sous la religion. […] En musique, métaphysique, philosophie naturelle et morale, philologie, politique, chronologie, dans les généalogies, dans le blason, etc. : il y a de grands volumes ou ces traités des anciens, etc.
Impulsif, généreux, avide d’activité nouvelle, il donne l’impression de la santé physique et morale. […] Dans Le Trésor des Humbles, livre de miséricorde et d’amour, Maeterlinck cherche encore sa loi morale. […] Il est intéressant de comparer la courbe morale et littéraire de Maeterlinck à celle de Verhaeren. […] Le monde repose sur des idées et non sur du fer et du coton, et le fer du fer, le feu du feu, l’éther et la source de tous les éléments, c’est la force morale. […] Bruxelles, imprimerie de Hayez, 1898. — La Belgique morale et politique (1830-1900), préface d’Émile Faguet.
Ou la responsabilité n’est qu’un vain mot, ou les paroles de Ponce Pilate sont un blasphème contre la loi morale. […] Bulwer, à compléter l’éducation morale d’Ernest Maltravers, sont plus heureusement inventées que les trois personnages dont nous venons de parler. […] Michelet ne porterait pas dans la philosophie morale, dans la philosophie politique les habitudes de son esprit, que nous connaissions depuis longtemps ? […] Assurément, il serait difficile de trouver dans la philosophie, dans la morale évangélique, une question d’un intérêt plus sérieux. […] Mucarade, malgré sa passion pour Clorinde, ne peut songer à profaner la pureté morale de sa fille.
Un mâle d’hypocrite, celui-là, ne reculant devant rien, promettant l’impossible de sa voix de stentor, enflée par la trompette de la foire, mentant à des millions de naïfs qui lui donnent un sou chacun sur le prix de leur pain, pour abattre tout pouvoir, pour démolir toute loi, pour miner toute morale, parce que tout pouvoir le gêne, toute loi l’entrave, toute morale le condamne. […] Contester la morale et la moralité de Molière ! […] Au point de vue de la morale et au point de vue des lettres, la comparaison entre ces deux hommes ne sera pas sans utilité. […] Sauf les lieux communs d’une morale qui n’appartient ni à l’auteur ni à sa philosophie, et qu’il contredit au contraire partout, aucune pensée ne peut soutenir l’examen. […] Dans la morale, la bonne volonté est tout ; mais dans l’art, elle n’est rien.
Nos admirations donnent ordinairement la mesure de notre valeur morale et intellectuelle. […] Presque toute la somme de vie intellectuelle et morale dont est capable notre nation s’est réfugiée dans ces deux corps, si différents d’ailleurs l’un de l’autre. […] Ses affaires de famille ne vont pas mal… Il consent presque à voir, dans l’Église nationale de France, la forme morale et idéale de la patrie. […] Sa morale fut surtout une esthétique. […] La morale de cette histoire, c’est qu’on est bien fou de courir le monde ou de se laisser happer, entraîner, meurtrir par l’engrenage de Paris.
Ils appartiennent bien plutôt à des temps de vie molle et d’une excitation morale à la fois vive et oisive, quand les âmes sont jetées hors de leur repos et dépourvues de toute occupation forte et obligée. […] Après cette grande peinture morale, vient la seconde des beautés supérieures de Shakespeare, l’effet dramatique. […] Mais il suffirait, pour y reconnaître Shakespeare, de quelques traits de morale qui attestent sa profonde connaissance du cœur humain. […] Le poëte devait aux vertus d’Hélène et à la morale de le punir ; mais il avait peut-être malgré lui de l’indulgence pour le fils de cette comtesse si bonne et si aimable, et que sa sagesse et sa tendresse pour Hélène élèvent au-dessus de tous les préjugés ridicules de la naissance. […] Il a ainsi donné à sa pièce, sauf la liberté de quelques expressions, une couleur beaucoup plus morale que celle des récits où il a pu puiser, et où le mari finit toujours par être dupe, et l’amant heureux.
Quelques politiques le regardent, en récompense, comme la première nation du monde en fait de morale & de police. […] A ce respect, les Chinois joignent celui que méritent leurs premiers maîtres de morale, & surtout Congfoutsé ou Confucius. […] Il a pratiqué les plus pures leçons de la morale, tandis que l’Europe étoit dans l’erreur & dans la corruption. […] Son objet n’a d’abord été que de mettre en évidence les fautes du dictionnaire, par rapport à la métaphysique, à la morale & à la religion. […] La lecture de l’écriture sainte & de quelque traité de morale, voilà toute la science qu’il disoit leur convenir.
Et cela, je le répète, de bien des façons : amour, dévouement, commencement d’une vie morale plus haute, initiatives de tout genre et dans tous les ordres de vocations ; adaptation, héroïque souvent, mais toujours laborieuse, de tout l’être au modèle que l’inspiration lui a montré. […] nombreux points de contact possibles (j’eusse dit de souterrains ou d’escaliers) entre le premier état et le troisième ; aucun entre le troisième et le second ; ni, me semble-t-il, entre le premier et le troisième. ces nombreux rapprochements entre le premier et le troisième, l’évangile les a marqués avant nous : " si vous ne devenez semblable aux enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume de Dieu. " comme le ciel aux pharisiens de la morale ou des rites, la poésie est fermée aux rationalistes. […] L’appui des savants en « psychodynamique » distinction d’une force à caractère de simple « impulsion » (logique) ; — « induction » (morale) ; — « irradiation » (esthétique). […] la logique, la raison est une force psychique dont le dynamisme est « impulsif », (au sens mécanique), la morale par éléments de sympathie, est une autre force psychique dont le dynamisme est « inductif » (au sens électro-technique)… etc : ces « convergences » sont très séduisantes. […] Le passage de l’état liquide à l’état gazeux, ou vice-versa, a lieu par voie de résonance de « rotation-expansion »… etc : nous arrivons en biodynamique à la physiologie où, d’un tourbillon vital d’éther, par la prépondérance de l’éther gazeux naîtraient et agiraient divers organes, les uns et les autres créateurs des sens, et, par leur entremise, des sensations. ces sensations obéiraient : les unes, par le toucher, par l’ ouïe à des modes de vibration, correspondant, comme les courants galvaniques de conduction ou comme la chaleur sensible, à des mouvements longitudinaux de translation ; — auxquels se rattacheraient, au degré psychologique individuel, les émotions, les réflexes ; au degré philosophique, l’action extérieure de la volonté, c’est-à-dire l’ autorité exercée et subie ; les secondes, par le goût, à des modes de rotation correspondant, comme les flux d’ induction magnétique ou comme la chaleur latente, à des mouvements de conservation ; — auxquels se rattacheraient, au degré psychologique individuel, les phénomènes de la mémoire, des habitudes, des instincts ; au degré philosophique, la sympathie, base de la morale ; les troisièmes, par la croissance, la génération, la vue (l’auteur donne aux yeux des pouvoirs multiples plus complexes qu’aux autres organes des sens), à des modes de déformation élastique, correspondant, comme les effluves électrostatiques ou comme la chaleur rayonnante, à des mouvements de distorsion transversale et d’ expansion volumique ; — auxquels se rattacheraient, au degré psychologique individuel, en même temps que les jugements et les conceptions, les sentiments et les intuitions ; au degré philosophique, avec l’ éducation, tous les faits esthétiques, tous les faits éminemment psychiques et religieux, les faits de création. la manière est remarquable dont M.
On a cherché à expliquer par des circonstances accidentelles cette révolution morale dans un homme d’une pensée supérieure et d’une sensibilité exquise, comme si l’esprit human, quand il s’élève et que l’orage du cœur s’en mêle, avait un si grand nombre de chances entre les solutions. […] Il recueillit et publia, en 1827, ses Essais de morale (Operette morali, Milan), dont la plupart avaient précédemment paru dans divers journaux ; c’est le livre de prose auquel Manzoni décerne un si bel éloge. […] Dans la préface qu’il mit au discours de Gémiste Pleton, il conteste l’opinion de son ami Giordani qui avait parlé de ce genre d’exercice comme n’étant profitable que dans l’enfance des littératures ; pour lui il pense, dit-il, que « les livres des Anciens, Grecs ou Latins, non-seulement sur toute autre matière, mais en philosophie, en morale, et en de tels genres dans lesquels les Anciens sont réputés si inférieurs aux modernes, que ces livres, s’ils étaient, moyennant de bonnes traductions, plus généralement répandus qu’ils ne le sont et ne l’ont jamais été, pourraient améliorer beaucoup plus qu’on ne croit les habitudes, les idées, la civilisation des peuples, et à certains égards plus efficacement que les livres modernes. » — Dans la liste des écrits publiées ou inédits de Leopardi nous trouvons, en conséquence, bon nombre de traductions.
A voir l’anarchie morale qui régnait durant le premier tiers du siècle, et l’impuissance d’en sortir en continuant la tradition, on apprécie l’importance de cette brusque réforme cartésienne à titre d’institution publique de la philosophie. […] Son voyage d’Italie et le long séjour qu’il y fît achevèrent vite de l’aiguiser et de lui donner toute sa finesse morale. […] Telle philosophie, telle politique, ou, pour parler plus exactement, telle morale, telle politique.
XXV Toute la philosophie morale et politique de M. Thiers, résumée à la fin de ses livres les plus sanglants et les plus cadavéreux, sur des plaines changées en sépulcres pour la gloire d’un homme ; toute cette philosophie et toute cette morale se bornent à un léger avertissement, timidement adressé à son héros, de se modérer un peu dans l’excès de son ambition et de craindre les retours de fortune, ces vengeances voilées de la destinée. […] C’est une grande et salutaire leçon de la nécessité et de la sainteté du gouvernement donné au peuple ; c’est la réhabilitation de l’autorité par l’histoire ; l’autorité est la force exécutive de la loi morale ; mais il faut la recevoir et non la prendre cette autorité, et quand on l’a reçue, il faut l’employer au bien de ses semblables et non à la gloire étroite de son propre nom.
Mais, en dehors de cette sphère plus ou moins régulière et plus ou moins morale de la diplomatie, il y a la sphère des passions, des cours, des républiques, des cabinets, des conquérants ; sphère où se meut une diplomatie plus ou moins intéressée, égoïste, ambitieuse, immorale, quelquefois perverse, qui laisse un libre jeu aux diplomates, selon que leurs caractères, leurs pensées, leurs vues, se proposent des succès plus légitimes ou plus illégitimes, par des moyens plus consciencieux ou plus coupables. […] VI Cette étude, souverainement intéressante et souverainement morale, serait une admirable histoire de l’Europe par sa diplomatie, si je pouvais, sans fatiguer l’attention du lecteur, la faire remonter jusqu’aux premières transactions diplomatiques connues entre les grands cabinets et les grands ministres de l’Europe ; ce serait un livre, vous ne me permettez qu’un entretien. […] C’est cette pensée honnête, persévérante, patriotique et européenne, la paix, qui surnage sur la tombe de M. de Talleyrand ; elle donne une signification véritablement morale à une vie grosse de petites immoralités, mais pure de crimes ; elle fait extraire, avec un respect au moins politique, le nom de M. de Talleyrand de la gémonie des vices où M. de Chateaubriand l’avait enseveli sous ses invectives.
Ce poëme doux et élevé ne conviendrait-il pas exactement à cette situation mixte où se trouve la famille par rapport à la religion et à la morale ? […] Bref, cette séparation consommée, Jocelyn, qui a passé deux ans de convalescence morale et d’épreuve dans une maison de retraite ecclésiastique, reçoit la cure de Valneige, petit village situé tout au haut des Alpes ; et c’est de là que (vers 98) il écrit à sa sœur, revenue avec sa mère de l’exil, les détails que tout le monde a lus, de son pauvre presbytère, de ses laborieuses journées, de ses nuits troublées encore.
Le poëme devait avoir trois chants, à ce qu’il semble : le premier sur l’origine de la terre, la formation des animaux, de l’homme ; le second sur l’homme en particulier, le mécanisme de ses sens et de son intelligence, ses erreurs depuis l’état sauvage jusqu’à la naissance des sociétés, l’origine des religions ; le troisième sur la société politique, la constitution de la morale et l’invention des sciences. […] André Chénier rentrerait ici dans le système de l’optimisme de Pope, s’il faisait intervenir Dieu ; mais comme il s’en abstient absolument, il faut convenir que cette morale va plutôt à l’éthique de Spinosa, de même que sa physiologie corpusculaire allait à la philosophie zoologique de Lamarck.
Cette justice rémunératoire que Dieu a placée dans nos actes mêmes comme une conscience plus sainte que la fatalité des anciens ne se manifesta jamais avec plus d’évidence ; jamais la loi morale ne se rendit à elle-même un plus éclatant témoignage et ne se vengea plus impitoyablement. […] Bien que je ne me dissimule rien des difficultés de cette séparation des deux autorités, elle triomphera un jour ; la religion en sera plus pure et plus efficace, plus morale, la conscience plus fière d’elle-même, l’État plus irresponsable des fureurs ou des persécutions des pouvoirs humains.
Toute la poésie contemporaine est faite, semble-t-il, d’inquiétude morale et d’esprit critique mêlé de sensualité. […] Victor Hugo écrit l’histoire, non seulement pittoresque, mais morale de l’humanité.
La religion, la morale, la vertu, ne sont plus les sources où le poète va puiser ses inspirations ; il s’abreuve trop souvent aux eaux corrompues du vice et de l’impiété, où le goût se perd, où la raison périt. […] C’est à une critique morale autant que littéraire que nous aurons recours pour nous conduire et nous éclairer.
Consciemment ou non, ils professent une même morale artistique. Les critiques ont dit tant de sottises sur les rapports de l’art avec la morale qu’une précision est ici nécessaire.
C’est Cendrillon vieille et mère, mais transfigurée, elle aussi, et rayonnante, par moments, de beauté morale. […] Lucien Tenancier et la marquise Galeotti auraient pu être des types saillants et fouillés à vif de l’épidémie morale que voulait peindre l’auteur ; ils n’en sont que des pastels effacés.
Aujourd’hui que le Roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la forme sérieuse, passionnée, vivante, de l’étude littéraire et de l’enquête sociale, qu’il devient, par l’analyse et par la recherche psychologique, l’Histoire morale contemporaine ; aujourd’hui que le Roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises. […] Préface de la première édition (1877)8 Mon frère et moi, il y a treize ans, nous écrivions en tête de Germinie Lacerteux : Aujourd’hui que le roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la grande forme sérieuse, passionnée, vivante de l’étude littéraire et de l’enquête sociale, qu’il devient par l’analyse et la recherche psychologique l’Histoire morale contemporaine ; aujourd’hui que le roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises.
Les sept sages furent admirés pour avoir commencé à donner des préceptes de morale et de politique en forme de maximes, comme le fameux Connaissez-vous vous-même ; mais, auparavant, Ésope avait donné de tels préceptes en forme de comparaisons et d’exemples, exemples dont les poètes avaient emprunté le langage à une époque plus reculée encore. […] Il existe ici un homme qui, à la suite d’une violente attaque d’apoplexie, se souvenait bien des noms, mais avait entièrement oublié les verbes. — Les verbes qui sont des genres à l’égard de tous les autres, tels que : sum, qui indique l’existence, verbe auquel se rapportent toutes les essences, c’est-à-dire tous les objets de la métaphysique ; sto, eo, qui expriment le repos et le mouvement, auxquels se rapportent toutes les choses physiques ; do, dico, facio, auxquels se rapportent toutes les choses d’action, relatives soit à la morale, soit aux intérêts de la famille ou de la société, ces verbes, dis-je, sont tous des monosyllabes à l’impératif, es, sta, i, da, dic, fac ; et c’est par l’impératif qu’ils ont dû commencer.
Tantôt, avec Thieriot, son correspondant littéraire à Paris, il est en veine et comme en verve de corrections sans fin pour ses vers passés et présents, pour Œdipe, pour La Henriade, pour ses discours en vers ; il fait la guerre aux mots répétés, il est docile comme on ne l’est pas ; il ne se donne, dans l’épître morale, que pour le successeur modeste de Boileau : « L’objet de ces six discours en vers, dit-il, est peut-être plus grand que celui des satires et des épîtres de Boileau.
Un autre élément très-positif de la fatalité, dans ces quatre journées glorieuses et sinistres de juin 1815, ç’a été la lenteur de rédaction et l’ambiguïté de parole du maréchal Soult comme major-général ; — ç’a été la circonspection morale des chefs, toujours braves et plus braves que jamais dans l’action, mais peu confiants désormais en la fortune, et qui, entre deux suppositions possibles, inclinaient toujours pour la plus défavorable, la plus fâcheuse et la plus timide : témoin Ney, Reille, Vandamme, d’Erlon, surtout Grouchy.
Thiers a le droit d’appeler une véritable « cécité morale » pour ne pas mieux entrer dans l’esprit de sa mission.
La poésie alors, orale, vivante, forme naturelle et souveraine, support et enveloppe de tout, de la science, de l’histoire, de la morale, du culte, tenait au fond même de l’existence d’une race, et enserrait, comme en un tissu merveilleux, mœurs, exploits, souvenirs, les dieux et les héros d’une nation.
Mais d’assez récentes tracasseries ecclésiastiques l’ayant ramené à Paris, il y vit de près cette tiédeur et ce relâchement publics qui enhardissent un pouvoir sans morale à tous les envahissements rusés ou grossiers ; il y vit, sous cette couche corrompue d’une société en décadence, une masse jeune et populaire, impétueuse, frémissante, au sang chaud et vierge, mais mal éclairée, mal dirigée, obéissant à des intérêts aussi et à des passions qui, certes, courraient risque de bientôt corrompre la victoire, si un souffle religieux et un esprit fraternel n’y pénétraient d’avance à quelque degré.
Il est pourtant vraisemblable que le censeur austère qui se repentait d’avoir loué Voiture, qui sentait peu Quinault, et appelait Saint-Évremond un charlatan de ruelles, ne coulait pas toujours avec assez d’indulgence sur la fadeur galante, la morale lubrique, les restes de faux goût et les négligences nombreuses du charmant poëte200.
Kant avouera qu’il lui doit sa morale.
La valeur morale de certaines émotions, la noblesse de certaines pensées peuvent faire illusion : or ni la tendresse ni l’éloquence ne sont proprement poésie.
Le moribond a employé sa nuit de noces à enseigner à sa femme sa corruption morale et sa corruption politique.
C’est ce qu’exprime avec force le poète Choulette, donnant en peu de mots la morale de cette histoire. « Les fautes de l’amour seront pardonnées, dit-il.
À l’écriture même, simple et franche, ne s’informât-on pas de l’absolue compétence de l’auteur, on s’assure que cette histoire, d’un intérêt ethnique réel et de profit, est évoquée dans une atmosphère morale et sensuelle d’incontestable exactitude.
. — Aucun mécanisme passionnel à la Fourier, aucune morale intellectualiste, aucune religion de l’humanité selon la formule comtiste ne palliera ni n’atténuera sérieusement la discordance du jeu interne et externe des passions.
Jean est venu ; des publicains et des courtisanes ont cru en lui, et malgré cela vous ne vous êtes pas convertis 527. » On comprend combien le reproche de n’avoir pas suivi le bon exemple que leur donnaient des filles de joie, devait être sanglant pour des gens faisant profession de gravité et d’une morale rigide.
Du reste, nulle trace, dans l’enseignement de Jésus, d’une morale appliquée ni d’un droit canonique tant soit peu défini.
Aucune révolution ne fera que nous ne nous rattachions en religion à la grande ligne intellectuelle et morale en tête de laquelle brille le nom de Jésus.
Les enseignements directs, toutefois, et les rapprochements avec nous-mêmes n’y manquent pas ; ils ressortent presque à chaque page, et nous pouvons y apercevoir, sous un costume et un langage qui le déguisent à peine, notre même mal social, notre maladie morale, sinon notre remède.
La morale des chansons populaires est à la fois très légère et très sombre : le peuple y apparaît comme uniquement en quête du plaisir, et principalement de l’amour.
C’est donc aux littérateurs, non moins qu’aux philosophes, qu’il convient d’appliquer le précepte par excellence de la morale : aimez-vous les uns les autres41.
Ce qui brouilla ces deux caustiques écrivains, que la même humeur & le même caractère avoient unis, c’est l’insipide roman de Macarise, ou la Reine des isles fortunées, histoire allégorique contenant la philosophie morale des stoiques, sous le voile de plusieurs aventures agréables.
Si je viens à ressentir une grande douleur morale dans le moment où je suis occupé d’un travail intellectuel, je deviens incapable de le continuer, et si je veux m’y forcer, je ne sens mes idées ni si vives, ni si faciles, ni si suivies qu’auparavant.
Bersot (Libre philosophie, morale et politique) associe la philosophie aux libres mouvements de la philosophie du dehors.
Il connaît seul les secrets de cette admirable alliance de la liberté de l’homme, fondement de toute morale, et de cette nécessité providentielle, résultat des lois mystérieuses de l’harmonie générale qui régissent le monde.
avec cette érudition de troisième main qu’on nous donne pour de l’érudition de première, la Chine restera donc ce qu’elle a été jusqu’ici : une espèce de rêve, entrecoupé de réalités étonnantes pour les penseurs et pour les poètes, et, pour les curieux, les historiens et les observateurs, une espèce de mystification colossale en permanence dans l’Histoire… Olla podrida morale de toutes choses, depuis la piété filiale jusqu’à l’infanticide, attendant toujours, mais vainement encore, pour cette fois, son chimiste et son analyse, la Chine va continuer d’être la pierre de scandale dans Israël, le sujet pris, quitté et repris, des vaines disputes de nos sagesses.
elle a été une école de force morale, une discipline de l’âme militaire de la France.
Les leveurs d’empreinte qui viendront après nous et qui voudront prendre le plâtre de cette grande Morte du xixe siècle, de cette époque qui aura vécu dans la turbulence et dans l’inquiétude, trouveront sur son front deux caractères ineffaçables, à travers lesquels il sera toujours aisé de la reconnaître : — l’individualisme dans la vie morale, et, dans la vie intellectuelle, la fureur de généraliser.
Mais Yolande d’Aragon, Isabelle de Lorraine, Marie d’Anjou, la femme de Charles VII, furent des reines dans toute la majesté morale de ce mot ; et la mystérieuse puissance qui mène le monde voulut qu’elles fussent, toutes les trois, de la famille même de René, pour qu’il fût, lui, victime de sa race autant que des événements de sa vie et des souvenirs de l’histoire.
… Seulement, pour ceux qui ne croient pas que la solution du problème économique soit à fleur de terre, mais à fond d’âme, dire simplement et superficiellement que les maux qui affligent l’homme, et par l’homme l’enfant et la femme, viennent uniquement de ce que la richesse n’est pas encore montée au degré qu’elle atteindra plus tard et qu’elle doit nécessairement atteindre, c’est répondre à une question morale par une raison économique, et c’est là bouleverser, en les mêlant, toutes les notions.
Le génie chrétien de sa race assista Montmorency à son heure suprême, et lui communiqua une idéale beauté morale dont le beau superficiel ne se doutait pas !
La comtesse de Dalet fut une malheureuse femme battue par son mari, mais autrement qu’avec la cravache morale du marquis de Sévigné.
Sainte-Beuve, l’entomologiste des riens, comme le plus grand critique qui ait jamais existé, parce qu’il n’a pas un principe de morale dans la tête et que sa critique, c’est de la description d’histoire naturelle.
« Craindre l’enfer et la police correctionnelle, c’est de la morale de portier !!!
Il le couvre de sa dignité personnelle, — de sa propre autorité morale, — et un prêtre, et un bon prêtre comme l’abbé Maynard, doit en avoir une immense… Il ne se ravale pas et ne ravale pas l’homme dont il a écrit la vie parce qu’il l’admire ; il ne le justifie pas des calomnies (qu’on ne fait d’ailleurs pas cesser en y répondant) ; il dédaigne les accusations des partis, dont tout homme d’action est victime dans ce monde infâme, et qui, pour les fortes épaules, sont toujours faciles à porter.
Au contraire, c’était une réponse victorieuse et morale aux mauvaises langues philosophiques qui disaient que les Rois ne pouvaient pas avoir d’amis, et dans un temps où les Rois passaient de rudes quarts d’heure avec les philosophes.
… A-t-il au moins l’autre, encore plus utile et plus nécessaire, cette sincérité morale qui nous empêcherait de douter de la vérité et de la moralité de son livre contre son pays ?
La métempsychose ou la transformation successive de l’humanité emporte la morale humaine dans sa visible absurdité.
A-t-il tremblé dans sa conscience logique ou dans sa conscience morale, en voyant les conséquences terribles, dégagées enfin de ce qu’il crut la vérité si longtemps ?
IV C’est que, pour comprendre Sainte Térèse, la suprême beauté morale de Sainte Térèse, il faut avoir au moins la notion de la beauté chrétienne.
Une chose qui nous paraît, du reste, encore plus considérable et plus nouvelle que la méthode inductive elle-même, que ce passage du fini à l’infini dont l’abbé Gratry décrit le mouvement dans l’intelligence avec une si rare précision, c’est la disposition morale de la volonté exigée pour que le mouvement de l’esprit s’opère aisément et s’accomplisse : « Le mouvement intellectuel vers l’infini, c’est-à-dire vers Dieu, est toujours vrai, — a dit l’auteur de la Connaissance de Dieu ; — il est toujours possible, dès que l’homme est doué de raison ; mais il ne s’exécute pas dans l’âme sans un mouvement de cœur correspondant. » Et c’est ainsi que l’abîme entre l’homme moral et l’homme intellectuel est comblé, cet abîme que n’avait pas franchi l’audacieuse pensée de Kant !
En d’autres termes plus sérieux, nous nous disions, et nous avons toujours pensé, que l’existence de Dieu, créateur du monde, sa providence dans l’histoire, et l’immortalité de l’âme, ces trois vérités de bon sens et d’instinct, n’étaient pas — du moins telles que l’école du spiritualisme moderne a l’habitude de les poser — absolument tout ce qu’il fallait pour apaiser les esprits noblement affamés de certitude, et, ce qui importe bien davantage, pour s’emparer impérieusement de la direction morale de la vie.
Or, ce qui explique la tristesse de la physionomie de ce Fort, qui n’était pas fait naturellement pour la tristesse, a nui jusqu’à sa beauté morale dans la mort.
En morale, la maudirait-il moins ?
En vain l’a-t-il fait aussi, comme Christian, victime de l’absence d’éducation morale, cette plaie du siècle, et le ramène-t-il à l’ordre et à la vraie destinée par le sentiment paternel, comme il y a ramené Christian par l’amour ; en vain la scène du verre de champagne accepté, qui l’introduit dans le roman, est-elle charmante et attendrie, ce personnage de Chambornay nuit plus qu’il ne sert au développement du livre, et, avec le talent mâle, sobre et qui se ménage si peu de l’auteur, avec ce talent qui sait revenir si courageusement sur lui-même pour s’opérer de ses propres mains, on est étonné qu’il n’ait pas sacrifié et remplacé cette figure selon nous malvenue à travers toutes les autres qui le sontsi bien.
Je ne puis le comprendre ni en déterminer positivement la raison ; mais souvent nous trouvons dans l’histoire, et même dans plus d’une partie moderne de l’histoire, la preuve de l’immense puissance des contagions, de l’empoisonnement par l’atmosphère morale, et je ne puis m’empêcher de remarquer (mais sans affectation, sans pédantisme, sans visée positive comme de prouver que Brueghel a pu voir le diable en personne) que cette prodigieuse floraison de monstruosités coïncide de la manière la plus singulière avec la fameuse et historique épidémie des sorciers.
Ce sont alors des paraphrases et des lieux communs de la morale la plus commune : on croit voir un grand homme qui fait le catéchisme à des enfants ; à la vérité il se relève, mais il faut attendre.
La poésie morale, ce correctif de toutes les autres, qui d’abord semblait réduite au mètre élégiaque de Théognis, se joua dans des rhythmes divers et parcourut toutes les cordes de la lyre.
Il a exprimé les sentiments et les idées conformes à la morale ou à la mode de son public ; même quand il en avait personnellement d’autres, il a déformé les faits de façon à les adapter aux passions et aux préjugés de son public. […] Pour reconnaître ces affirmations de convenance il faut deux études d’ensemble : l’une porte sur l’auteur pour savoir à quel public il s’adressait, car dans un même pays il y a d’ordinaire plusieurs publics superposés ou juxtaposés qui ont chacun son code de morale ou de convenance ; l’autre porte sur le public pour établir en quoi consistait sa morale ou sa mode. […] 1° Il ne s’applique pas aux faits sociaux intérieurs, à la morale, à l’idéal artistique ; la conception morale ou esthétique d’un document exprime tout au plus l’idéal personnel de l’auteur ; on n’a pas le droit d’en conclure la morale ou le goût esthétique de son temps. […] Il devra être plus grand pour les faits où l’initiative individuelle a plus de part (art, science, morale) ; et même, pour la conduite privée, toute généralisation sera d’ordinaire impossible. […] On ne demande plus guère à l’histoire des leçons de morale ni de beaux exemples de conduite, ni même des scènes dramatiques ou pittoresques.
On y pose en principe que le peuple allemand est la nation élue, qu’étant le plus vertueux, le plus éclairé et le plus grand de tous, il doit avoir la suprématie dans le monde, que sa primauté intellectuelle et morale doit être complétée par son ascendant politique. […] Nous arrivons aux cours qui touchent de plus près la vie morale. […] Ribot s’est fié à la science, et la science aboutit à la morale, en ne cherchant que la vérité. […] Un autre mérite soutiendra son œuvre : c’est que tous ses livres ont pour fond une idée générale, une thèse philosophique, religieuse ou morale, un problème de cœur, de conscience ou d’éducation. […] Pendant plusieurs mois, il abandonnait sa narration, il s’enfermait avec les feudistes ou les économistes, il étudiait le droit féodal, la tenure de la propriété, l’état des justices, la théorie des physiocrates, les plans de Turgot ; puis, comme toute question en suggère une autre, il passait de Quesnay à Bentham, de la morale physiocratique à la morale spiritualiste, de la vieille France à la France moderne.
Entre ces deux extrémités viendront alors se placer les sciences de la vie morale, de la vie sociale, et même de la vie organique, celles-ci plus intellectuelles, celles-là plus intuitives. […] Disons, pour nous contenter d’une approximation, que c’est le sentiment d’une coïncidence entre l’acte par lequel notre esprit connaît parfaitement la vérité et l’opération par laquelle Dieu l’engendre, l’idée que la « conversion » des Alexandrins, quand elle devient complète, ne fait plus qu’un avec leur « procession », et que lorsque l’homme, sorti de la divinité, arrive à rentrer en elle, il n’aperçoit plus qu’un mouvement unique là où il avait vu d’abord les deux mouvements inverses d’aller et de retour, — l’expérience morale se chargeant ici de résoudre une contradiction logique et de faire, par une brusque suppression du Temps, que le retour soit un aller. […] Personne non plus, après avoir examiné de près la conception de la vérité qui s’y rattache, n’en méconnaîtra l’élévation morale.
J’en reviens, dans cette histoire de la formation intellectuelle et morale de notre ami, à ce qui devait durer et prédominer. […] On le ramena bien faible encore à Marseille ; mais au milieu même de ses dangers et de son épuisement sa noble fièvre morale ne le quitta pas un instant, et il ne songeait qu’à ne pas laisser perdre les trésors de connaissances et d’observations qu’il venait de conquérir. […] L’établissement du second empire mit, on doit le dire, Ampère hors de lui ; qu’on l’en loue ou qu’on l’en blâme, il n’y a pas un autre mot pour rendre la disposition morale dans laquelle il entra désormais. […] Je me serais peut-être fait un scrupule d’indiquer cet épisode délicat de la vie morale d’Ampère ; mais dans son premier article du Correspondant, Léon Arbaud, c’est-à-dire Mme Lenormant, nous montrant Ampère accueilli dans le salon de M.
Si, comme nous le pensons, la moralité de la poésie ne consiste pas dans l’expression explicite, mais bien dans l’expression implicite d’un conseil applicable à la pratique de la vie, l’histoire de Manon Lescaut est éminemment morale. […] Les leçons contenues dans ce livre, pour n’être pas exprimées sous la forme dogmatique, n’en sont pas moins claires ; chacune des tortures subies par l’amant de Manon parle plus haut que les préceptes de la loi morale déduits avec toute la rigueur du syllogisme. […] Il y a, j’en conviens, plus de nouveauté, plus d’originalité si l’on veut, dans le personnage d’Habibrah ; mais cette originalité, ramenée à sa plus simple expression, n’est, à tout prendre, que l’union de la laideur morale et de la laideur physique. […] Quoique je ne songe pas à confondre la loi morale et la loi poétique, je ne puis m’empêcher de signaler cette coïncidence et d’en relever toute la valeur. Bien que l’une de ces lois régisse la volonté tandis que la seconde régit l’imagination, c’est toujours un avantage pour les créations de la fantaisie de satisfaire aux prescriptions de la loi morale, ou du moins de les rappeler.
Pour lui, tout coupable est un détraqué ; il l’est ordinairement par sa faute, parce qu’il veut l’être, mais le détraquement n’en est pas moins évident, et le fait seul de violer la loi morale, comme on la viole dans un crime, prouve, pour lui, une rupture et un déséquilibrement : « Le criminel, s’il n’était pas inexact d’en faire une race, pourrait se diviser en deux espèces, et nous apparaît, en effet, sous deux aspects : le criminel par absence de sensibilité morale, et le criminel par exaltation de cette même sensibilité, l’« anesthésié » et l’« hyperesthésié ». […] Il y a comme une erreur dans sa constitution morale, comme un oubli ; il lui manque une muqueuse ; il ressemble à ces cataleptiques dans la chair desquels on enfonce des épingles, sans qu’ils les sentent. […] Parlant de la beauté physique et morale d’une femme, il nous montre une beauté qui laisse passer l’âme sans jamais l’interrompre, qui « éteint autour d’elle tout ce qui n’est pas vrai ». […] Le dénouement de ce drame fiévreux se produit par l’apaisement des âmes — je devrais dire des sens — par la guérison d’une horrible maladie morale. […] Chansons ironiques On demandait dernièrement pourquoi la mode des fables était passée ; la seule réponse à cette question me semble être celle-ci : c’est que la fable vivant surtout par le sous-entendu, la malignité cachée dans une morale plus ou moins moralisante, n’a plus de raison d’être dans un temps où l’on a le droit de tout dire ou de tout écrire.
Mon but, dans cette introduction, sera surtout d’amener tous les esprits qui daigneront me suivre à comprendre que ces Mémoires sont tout à fait d’accord, et pour le fond et pour le ton, avec ce qu’on pouvait attendre de la jeunesse de Fléchier ; qu’ils ne la déparent en rien ; qu’ils font honneur à l’esprit de l’auteur, à sa politesse, sans faire aucun tort à ses mœurs, ni à sa prochaine et déjà commençante gravité ; que dans ce léger et innocent ouvrage, il a tout simplement le ton de la société choisie où il vivait ; et qu’on ne saurait, même au point de vue de la morale et de la religion, trouver cela plus étonnant que de voir saint François de Sales ouvrir son Introduction à la vie dévote en nous narrant de la bouquetière Glycera. […] Par exemple, le chapitre sur « L’esprit critique et satirique » est d’un homme qui préférait de beaucoup la morale insinuante de La Fontaine fabuliste à la franche satire de Boileau et même de Molière ; on dirait que l’auteur continue de faire, à l’égard de ces derniers, quelques-unes des restrictions et des réserves de M. de Montausier.
Ce qu’il dit de la responsabilité, de l’abnégation, est d’une belle et sombre profondeur ; il a touché, en sceptique respectueux, en artiste pathétique, à des mystères de morale qui ont par moments troublé sans doute bien des cœurs guerriers. […] Pour moi, sans généraliser autant que M. de Vigny mes espérances, je me contente de dire : Jamais une société ne sera si désespérée pour la morale, si ingrate pour l’art, que cela ne vaille encore la peine d’y vivre, d’y souffrir, d’y tenter ou d’y mépriser la gloire, quand on peut rencontrer en dédommagement sur sa route des hommes d’exception comme le capitaine Renaud, des poëtes d’élite comme celui qui nous l’a retracé.
Le sophisme en chiffre ne la tue pas moins que le sophisme en morale. […] Le dévouement coupable de Charlotte Corday est du nombre de ces actes que l’admiration et l’horreur laisseraient éternellement dans le doute, si la morale ne les réprouvait pas.
Il y eut assez d’unité morale, d’homogénéité sociale, pour que l’épopée, cette expression synthétique des époques primitives, se développât puissamment. […] Mais dans sa grossièreté, notre France féodale et chrétienne a un principe de grandeur morale que la Grèce artiste et mythologue n’a pas connu.
De chaque côté de cette souveraineté, pour en assurer le jeu et en restreindre l’abus, il institue l’inamovibilité des juges694, représentation de l’éternelle morale, et la liberté de la presse695, représentation de l’irrésistible démocratie. […] La révolution de Juillet le fit pair de France, membre du conseil supérieur de l’instruction publique, directeur de l’École normale, ministre de l’instruction publique.Éditions : Cours de philosophie professé à la Faculté des Lettres pendant l’année 1818, 1836, in-8 (Du vrai, du beau et du bien, 1853, in-8) ; Cours d’histoire de la philosophie, 1826 (revu 1810 et 1863) ; Cours d’hist. de la phil. moderne, 1841, in-8 ; Cours d’hist. de la phil. morale au xviiie s., 1810-41 ; Fragments philosophiques, 1826, in-8 ; édition de Descartes, 11 vol. in-8, 1826 ; traduction de Platon, 1825-1840, 13 vol. in-8.
Il n’est point civilisé ; il ignore les codes et la morale reçue. […] Il lui préfère « le moyen âge énorme et délicat » ; il voudrait y avoir vécu, avoir été un saint, avoir eu Haute théologie et solide morale.
Cette incroyable patience du public français, cette basse curiosité pour tout ce qui touche aux potins, aux cabrioles, à l’esbroufe du Théâtre sont, aux yeux de beaucoup de gens, les plus graves indices d’une mauvaise santé morale et intellectuelle. […] Cette « basse curiosité est, aux yeux de beaucoup de gens, le plus grand indice d’une mauvaise santé intellectuelle et morale », déclare M.
. — Leur transfiguration plastique et morale. […] Toute sa vie sociale et morale s’empreint de l’image qu’il se forme d’eux.
Si la morale de la pièce est quelque part, elle est, à coup sur, dans le spectacle de cet amour haletant, fou, forcené, qui fait curée d’un moment de bonheur, dans une chambre d’auberge ouverte à tous ceux qui passent, et qui se jette aux bras de l’amant, à deux pas du mari soupçonneux et courroucé. […] Je ne veux pas scruter trop à fond sa morale, ni le questionner de trop près pour savoir son mot.
Votre exemple, mon cher ami, m’a instruit plus que les traités de morale. […] [NdA] Je prie de remarquer cette belle expression, qui se rapporte à la maladie physique et morale dont j’ai parlé.
Après avoir chanté dans sa jeunesse des refrains qu’ont répétés les échos de l’Helvétie, il a pris, en vieillissant, une vocation de plus en plus prononcée pour la poésie intérieure et morale.
Cousin, en effet, était tout à la française, et le fond de sa philosophie, tel qu’il était dès lors et qu’il se dégagea de plus en plus avec les années, consistait dans des doctrines de déisme, de spiritualité de l’âme, de liberté morale, etc., qui se tiennent à plus grande distance encore du panthéisme proprement dit que du christianisme.
Aucune idée fausse ne me blesse plus que celle qui considère le genre humain comme incapable d’avoir trouvé et fixé la vraie morale s’il n’avait eu l’Évangile.
. — Telle est cette race, la plus attique des modernes, moins poétique que l’ancienne, mais aussi fine, d’un esprit exquis plutôt que grand, douée plutôt de goût que de génie, sensuelle, mais sans grossièreté ni fougue, point morale, mais sociable et douce, point réfléchie, mais capable d’atteindre les idées, toutes les idées, et les plus hautes, à travers le badinage et la gaieté.
Il s’est trompé quand il a cru s’assurer le bonheur par la morale facile.
Sa hauteur d’esprit et son patriotisme lui représentaient l’union morale des Français comme un objet désirable ; déposant les rancunes après la victoire de ses principes, il ne voulait pas retenir indéfiniment les mots d’ordre et les moyens de combat qu’imposaient les nécessités provisoires île la politique.
Il leur donna le sentiment de la beauté littéraire et de la vertu morale qu’elle recèle souvent. « Il nous formait à la précision et à la simplicité ; il nous donnait le goût du style net et franc, la haine de l’emphatique et du tortillé. » M.
Leconte de Lisle, avec un sens très sûr des nécessités du moment, opposa la forme châtiée, austèrement belle, et l’impassibilité morale.
Quand j’essaye de faire le bilan de ce qui, dans ces rêves d’il y a un demi-siècle, est resté chimère et de ce qui s’est réalisé, j’éprouve, je l’avoue, un sentiment de joie morale assez sensible.
Ces prêtres épicuriens n’avaient pas la violence des Pharisiens ; ils ne voulaient que le repos ; c’étaient leur insouciance morale, leur froide irréligion qui révoltaient Jésus.
Elle apprendra de plus en plus à se défier des lumieres qui égarent l’esprit & alterent le sentiment ; à réprouver une morale où tout s’évapore en maximes, & livre l’ame à ses passions ; à distinguer ceux qui l’aiment & la servent, de ceux qui la dégradent & la jouent.
Ici Sainte-Beuve revient à son ambiguïté du début, et dit tout d’une haleine : « Chaque ouvrage d’un auteur, vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre, et entouré de toutes les circonstances qui font vu naître, acquiert tout son sens, son sens historique, son sens littéraire… Être en histoire littéraire et en critique, un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. » Sainte-Beuve développe plus loin l’idée exprimée dans ce second membre de phrase, et conseille, pour apprécier un auteur, de le comparer à ses antagonistes et à ses disciples, de distinguer les diverses manières de son talent, de déterminer ses opinions sur certains sujets d’ordre général, enfin de résumer sa nature morale dans une formule exacte et concise.
Quelle est cette incompréhensible rencontre de la sublimation matérielle et de la sublimation morale en l’atome, indivisible au point de vue de la vie, incorruptible au point de vue de la mort ?
Qu’on ne l’oublie pas, le socialisme, le vrai, a pour but l’élévation des masses à la dignité civique, et pour préoccupation principale, par conséquent, l’élaboration morale et intellectuelle.
La morale d’ailleurs vient ici au secours de la métaphysique : ce que celle-ci déclare simplement possible, l’autre le proclame comme nécessaire.
Ils sont rivaux par état de la puissance séculière, et la morale de ces rigoristes est étroite et triste.
restez chez vous. » Ces dédaignés sont irrités de la réponse, mais ils ne savent pas en extraire une morale.
La morale elle-même a besoin d’emprunter un autre langage pour être entendue.
L’âge de l’établissement du christianisme fut pour le genre humain l’âge de l’émancipation morale, qui avait succédé à celui de l’empire absolu de l’imagination.
Délicieux de souplesse et d’inanité morale, les Russes cultivés sont les Alcibiades de l’Europe.
Les autres, qui ont essayé de la singer, — qui lui ont rendu ce flatteur honneur de la singerie, — ont pu se croire de la même force d’ennui, et l’étaient peut-être, mais l’Opinion, cette reine du monde, qui a ses favoris, a toujours trouvé ses bâillements infiniment plus savoureux quand ils lui venaient par la Revue des Deux Mondes que par les autres recueils, créés, à son exemple, pour entretenir les mâchoires humaines dans cette vigoureuse et morale gymnastique du bâillement.
V C’est que, pour comprendre sainte Térèse, la suprême beauté morale de sainte Térèse, il faut avoir au moins la notion de la beauté chrétienne.
Le peuple, menacé au xvie siècle dans tout ce qui était sa vie, sentait absolument cette identité que les historiens devraient montrer davantage pour expliquer une action qui ne fut point une révolte dans le sens que les révolutions modernes ont donné à ce terrible mot, et pour l’expliquer aux penseurs politiques de nos jours qui ont rayé, il est vrai, les questions de foi de leurs programmes, c’est-à-dire toute l’économie de la vie morale, mais qui, en présence des intérêts matériels, comprendront peut-être que la Ligue, c’est-à-dire la société même, courût aux armes pour se sauver !
On était si las de la rhétorique de ce lâche menteur trop admiré, qu’on trouva d’une sensation délicieuse un livre rapide, de courte haleine, où la passion, la bavarde passion, savait en finir, et avalait ce verre d’eau du suicide, comme dit Stendhal, sans même penser à cette vieillerie de l’enseignement chrétien qui avait été la loi morale de l’Europe.
Et, d’ailleurs, il ne s’agit ici ni de guérison ni de description : il s’agit uniquement et exclusivement de critique, — et d’une critique qui, pour être complète, pour mériter ce nom de critique, doit être tout à la fois esthétique et morale, parce que toute œuvre de littérature ou d’art s’adresse nécessairement, et du même coup, à l’intelligence et au cœur.
Mais il ne paraît pas avoir remarqué que le processus de notre activité libre se continue en quelque sorte à notre insu, à tous les moments de la durée, dans les profondeurs obscures de la conscience, que le sentiment même de la durée vient de là, et que sans cette durée hétérogène et indistincte, où notre moi évolue, Il n’y aurait pas de crise morale.
Dans la leçon morale, quelle grandeur poétique !
Mais pour n’être pas un traité de morale à l’usage des jeunes filles, le livre de M. […] Mais il ne s’agissait là que d’une déchéance physique, et c’est d’une déchéance morale qu’est né le roman qui nous occupe et qui est intitulé : la Cendre. […] Ces confessions, variées en apparence, se réduisent toutes au manque de pain, de gîte, d’éducation morale, de croyance, aux mauvais contacts. […] On y trouvera des observations très exactes et spirituellement rapportées sur l’aspect du pays, sa race, ses mœurs, les femmes et l’amour, sa vie morale et ses tendances. […] Le lendemain, le docteur Yvan, M. de Turenne et d’autres se présentèrent au lever de l’Empereur qu’ils trouvèrent à peu près remis de cette violente secousse physique et morale.
Je demande de quel côté est la vraie morale. » — Il fait un magnifique éloge des vertus des Pères Jésuites : « Pendant des années j’ai vécu dans leurs maisons et qu’ai-je vu chez eux ? […] En effet, il importe bien à l’Etat que chaque citoyen ait une religion qui lui fasse aimer ses devoirs ; mais les dogmes de cette religion n’intéressent ni l’Etat ni ses membres qu’autant que ces dogmes se rapportent à la morale… « Chacun peut avoir au surplus telles opinions qu’il lui plaît sans qu’il appartienne au souverain d’en connaître. » Par exemple, vous êtes juif, protestant, bouddhiste (je ne dis pas catholique, et l’on verra tout à l’heure pourquoi). […] Il y a, je l’avoue, une sorte de profession de foi que les lois peuvent imposer ; mais, hors les principes de la morale et du droit naturel, elle doit être purement négative, parce qu’il peut exister des religions qui attaquent les fondements des sociétés, et qu’il faut commencer par exterminer ces religions pour assurer la paix de l’Etat. […] Auguste Comte, encore, fait très ingénieusement remarquer que l’ordre extérieur est notre régulateur intellectuel, et que si par exemple l’ordre astronomique nous apparaissait comme irrégulier, nous en prendrions une conception morale et sociale très irrégulière aussi, et ne serions pas choqués de l’incohérence dans notre organisation politique (Système de politique positive ; Statique sociale, ch. […] … Le prince doit être le maître absolu de toute police ecclésiastique, sans aucune restriction, puisque cette police ecclésiastique est une partie du gouvernement ; et de même que le père de famille prescrit au précepteur de ses enfants les heures de travail, le genre des études, etc., de même le prince peut prescrire à tous ecclésiastiques, sans exception, tout ce qui a le moindre rapport à l’ordre public… Le prince encouragera la religion, qui enseigne toujours une morale pure et très utile aux hommes ; il empêchera qu’on ne dispute sur le dogme, parce que ces disputes n’ont jamais produit que du mal. » « Le plus absurde des despotismes, le plus humiliant pour la nature humaine, le plus contradictoire, le plus funeste est celui des prêtres, et de tous les empires sacerdotaux, le plus criminel est sans contredit celui des prêtres de la religion chrétienne… Nous avons institué des prêtres afin qu’ils fussent uniquement ce qu’ils doivent être, des précepteurs de morale pour nos enfants.
… Une préparation à la morale, les idées de Fichte : le Beau utile ! […] Héroïsme, passion, morale sans précise date : la vérité sur l’homme intérieur, sur un type caractéristique de l’âme humaine, voilà ce que prétend dire le Poëte et ce que les spectateurs prétendent entendre. […] Cette triste morale, ce fond noir et mauvais d’un génie si charmant, peut-être est-il injuste d’en faire La Fontaine seul comptable. […] Mais combien méprisable cette infamie morale si elle n’a pas même de sincérité profonde ! […] Leconte de Lisle, avec un sens très sûr des nécessités du moment, opposa la forme châtiée, austèrement belle, et l’impassibilité morale.
Il y a là un principe de morale en même temps qu’une règle d’esthétique, et d’une inspiration très élevée. […] Le thème des Stances est quelquefois une idée morale, très simple, très nette, sans incertitude ni casuistique, — stoïque plutôt, le stoïcisme étant la doctrine philosophique la plus propre à de beaux vers bien frappés. […] Aux Débâcles, Verhaeren a donné ce sous-titre : déformation morale ; c’est le cauchemar de l’imagination terrifiée de son trouble, prise de vertige, et qui chavire. […] Parfois, le symbole prend une valeur morale, sociale même. […] … C’est encore une idée morale qui anime le drame du Cloître83 , si poignant et d’une telle force de tragique intérieur.
Mais il y a une plus haute critique qui touche à la morale et qui est, pour ainsi dire, la conscience du genre humain ; c’est celle qui s’attache à l’histoire et qui, au lieu d’être une grave controverse de mots, est une sévère correction de principes. […] Il écrivait au point de vue du succès, non au point de vue de la morale. […] En un mot, je voulais, comme le veut la Providence, que l’histoire fût un cours de morale et que l’honnêteté des moyens fût la légitimité des innovations.
Maintenant, c’est l’anecdote, une anecdote de morale en action, imaginée par des imbéciles et traduite par des acteurs sans talent ou d’un talent tout mécanique. […] Même il ne posait pas la question, il affirmait, il disait : « J’ai la certitude morale que Stendhal, etc… » Et le malheureux donnait ses raisons. […] Voilà encore un savant qui a été ébloui par la morale et qui s’est demandé avec anxiété ce qu’elle deviendrait si on soumettait la volonté au déterminisme des motifs.
Au premier mot, elle le renverse, elle le frappe, elle accumule sur le malheureux, les épithètes les plus infamantes, elle l’accuse de détruire toute littérature, de corrompre le goût, de fausser l’histoire, la philosophie, la morale, de pervertir les esprits, d’avilir les mœurs ; elle assène en guise de coup de grâce, aux auteurs de ces œuvres proscrites, une verte semonce sur les conséquences funestes de l’amour de l’argent, et toutes ses injures dites, la critique s’en va ; mais elle n’a pas encore tourné le dos que la victime consolée, part, au bruit des fanfares, pour parcourir la France entière, passer sous les yeux de plus de cent mille lecteurs, franchir ensuite les frontières, recueillir les applaudissements de l’Angleterre, de l’Allemagne, de l’Espagne, tous pays qui consomment avec fureur nos produits littéraires et les trompettes de la Renommée ne cessent de répandre la gloire du feuilleton si maltraité que lorsqu’un rival heureux lui est né. […] Son ami, mieux inspiré, entame la correspondance et, pour débuter, il conçoit la fantaisie de faire de la morale à la jeune fille, et de lui remontrer combien une lettre adressée à un homme de lettres, qu’on ne connaît point, peut entraîner d’inconvénients. […] L’homme mis en regard de cette beauté ne change pas davantage et sa nature morale n’est pas plus riche. […] Nous ne savons pas si pour être peintre il est indispensable d’approfondir la nature morale ; nous sommes peut-être disposés à croire que le Titien connaissait encore mieux le coloris d’un beau visage que les mouvements d’un noble cœur, mais nous sommes persuadés qu’un écrivain se passe à merveille de juger sainement en peinture ou en sculpture ; qu’il peut fort bien, comme Molière, comparer Raphaël à Mignard, et cela pour faire honneur au Sanzio ; mais, dans tous les cas, ce même écrivain ne peut se dispenser de savoir manier dans ses livres et les sentiments et les passions de l’homme.
Cette idée, toute cruelle qu’elle est, donne du prix à tous les instants ; chacun de ceux dont nous jouissons est autant d’arraché au sort, et on éprouve une sorte de frémissement et d’agitation physique et morale qu’il serait également faux d’appeler un plaisir sans peine ou une peine sans plaisir. […] La morale et la politique sont trop vagues, et les hommes trop plats et inconséquents. […] « Que la morale soit vague, que l’homme soit méchant, faible, sot et vil, et de plus destiné à n’être que tel », il le croit très-habituellement, il ose l’écrire, et pourtant… Voici des pages beaucoup trop démonstratives de ce que nous avançons : « Vendredi, ce 6 juillet 1791. […] À de certains moments, lui-même il se relève le mieux qu’il peut, il est tenté de s’améliorer, de croire à l’inspiration morale ; il s’écrie (17 mai 1792) : « … Une longue et triste expérience m’a convaincu que le bien seul faisait du bien, et que les déviations ne faisaient que du mal, et je combats de toutes mes forces cette indifférence pour le vice et la vertu qui a été le résultat de mon étrange éducation et de ma plus étrange vie, et la cause de mes maux. […] On se demande, on s’est demandé sans doute plus d’une fois comment, avec des talents si éminents, une si noble attitude de tribun, d’écrivain spiritualiste et religieux, de vengeur des droits civils et politiques de l’humanité, avec une plume si fine et une parole si éloquente, il manqua toujours à Benjamin Constant dans l’opinion une certaine considération établie, une certaine valeur et consistance morale, pourquoi il ne fut jamais pris au sérieux autant que des hommes bien moindres par l’esprit et par les services rendus.
car, outre la souffrance qui lui est infligée, la persécution l’atteint dans sa personne morale, presque toujours la persécution fausse l’esprit et rétrécit le cœur. […] Esprit faible, prétentieux et fat, incapable de penser et de réfléchir par lui-même, d’ailleurs ignorant et sans connaissances d’aucune sorte sur aucun sujet, il oppose, à son malheureux père, des foules de difficultés contre la morale, la religion, et le christianisme en particulier, comme s’il avait le droit d’avoir une opinion sur des matières dont l’étude demande tant de lumières et consume tant d’années.
Ses calculs sont faits ; il va acheter des terres ; dans un an, il sera député, et pair de France l’année suivante… en février ou en mars 1848, au plus tard… Ainsi finit, par un excellent trait, cette ingénieuse et piquante comédie, à laquelle je ne saurais reprocher qu’une impartialité si régulière et si symétrique que son mouvement de scène ressemble parfois à un jeu de bascule comique et morale. […] Vous le voyez, ce qui manque à cette comédie, c’est la fermeté de l’idée, la logique de l’action, le parti pris de sa morale.
Huysmans fut attiré vers l’Église par le prestige de sa grandeur morale et par le culte qu’il portait en lui de la beauté mystique. […] Dans la plupart de ses romans récents, qui sont d’une inspiration singulièrement probe et vibrante, dans l’Eau courante comme dans l’Incendie, dans Un vainqueur comme dans l’Indocile, il a su joindre, à une grande fidélité de peinture et à la simplicité classique des moyens, une connaissance profonde de la vie morale contemporaine.
Il crée l’amour idéal, vainqueur de la mort même, il crée la science, il crée la justice, le dévoûment, le martyre ; il transforme la douleur même, la grande calomniée, et lui fait produire la dignité de l’homme, la perfection morale, la bonté ; c’est Le pire par le mieux sans cesse combattu. […] Donc, pas de paradis dans ces étoiles dont la substance est en tout semblable à celle qui compose notre pauvre globe ; pas même de ciel idéal à conquérir sur cette terre par la perfection morale : cette perfection n’est qu’une autre illusion ; elle est impossible, car le fatalisme qui règne au plus profond des firmaments doit régner aussi dans mon cœur ; ainsi le veut l’universalité des lois qui régissent le monde. — Ici nous devons citer quelques vers d’une habileté rare, malgré quelques obscurités, dans lesquels l’ingénieux et subtil auteur a réussi à enfermer tout le problème du libre arbitre : Seul le plus fort motif peut enfin prévaloir ; Fatalement conçu pendant qu’on délibère, Fatalement vainqueur, c’est lui qui seul opère La fatale option qu’on appelle un vouloir.
Ils ont eu je ne sais quelles vagues lueurs sur la méthode de conversion des Jésuites, mais sans se douter seulement de la profondeur et de la beauté morale du procédé de ces Maîtres des Ames, en confession. […] C’eût été, après l’effet esthétique, la portée morale de ce roman de La Faustin s’il avait été un chef-d’œuvre, s’il avait été, sous la plume implacable du romancier, comme une tête de Méduse d’une beauté sublime, mais fatale et mortelle à tous les sentiments de la femme, et particulièrement à l’amour.
C’est ainsi que nous rions du prévenu qui fait de la morale au juge, de l’enfant qui prétend donner des leçons à ses parents, enfin de ce qui vient se classer sous la rubrique du « monde renversé ». […] Un mot suffira parfois, pourvu que ce mot nous laisse entrevoir tout un système de transposition accepté dans un certain milieu, et qu’il nous révèle, en quelque sorte, une organisation morale de l’immoralité.
Scherer est à lire (pages 368-370 et page 343), et si dans cette conclusion l’impression morale qui surnage semble un peu en contradiction avec la conséquence intellectuelle, si on s’étonne de trouver l’une beaucoup plus favorable que l’autre, je me l’explique très bien par la situation personnelle du critique lui-même, qui fait un retour sur son propre passé, et qui, lui aussi, a osé se modifier, varier (toute proportion gardée) dans le degré de sa foi, et l’avouer sincèrement à son monde. — Et je me rappelle à ce sujet un dernier entretien que j’eus avec Lamennais.
Je viens de dire que je plaisais, par conséquent la moitié du chemin de la tentation était faite, et il est en pareil cas de l’essence de l’humaine nature que l’autre ne saurait manquer ; car tenter et être tenté sont fort proches l’un de l’autre, et malgré les plus belles maximes de morale imprimées dans la tête, quand la sensibilité s’en mêle, dès que celle-ci apparaît, on est déjà infiniment plus loin qu’on ne croit, et j’ignore encore jusqu’ici comment on peut l’empêcher de venir.
Toute sa science morale, qui est si grande et si consommée, trouvera en effet à s’y loger et à s’y verser.
Modelon, un de ses neveux du côté maternel, qui a dit très bien de lui : La France a ses Gilbert, il est de leur famille ; et qui se propose, un jour ou l’autre, de faire de ses œuvres une réédition plus complète, précédée d’une étude où tous les détails de sa vie morale intime seront exposés avec fidélité et affection : il est bien, il est convenable de ne laisser aucune ombre sur cette figure poétique la plus caractérisée et la plus intéressante que la Savoie ait produite dans ces derniers temps.
Comme le dit son ami Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, d’un mot expressif à la fois et indulgent, « ce jour-là et à cette heure-là, Frochot fut frappé d’une sorte d’apoplexie morale. » Il n’en revint, une demi-heure après, que par un autre mouvement excessif, et qui peint bien le désordre de sa pensée ; lorsqu’il apprit que tout ce qu’il avait cru d’abord n’était qu’une déception et qu’un rêve, quand les écailles tout à coup lui tombèrent de dessus les yeux : « Ah !
Ce n’est point à cette révolution même que je l’impute, mais au manque absolu de direction morale qui a suivi, et auquel les hommes d’État les mieux intentionnés n’ont pas eu l’idée, ou le temps et le pouvoir, de porter remède.
Cette conception nouvelle qui doit instituer sur des bases inconnues la politique, la morale, l’art, etc., etc., M.
Pendant cette singulière maladie qui ravage les races à bout de sang, de soudaines accalmies succèdent aux crises. » La liste est longue, des traitements suivis : hydrothérapie, suppression des alcools, du café et du thé, régime lacté, promenades et exercice, assa fœtida, valériane et quinine, sans compter l’emploi d’une thérapeutique morale où « il essaya des lectures émollientes, tenta, en vue de se réfrigérer le cerveau, des solanées de l’art, lut ces livres si charmants pour les convalescents et les mal à l’aise… les romans de Dickens ».
Après avoir chanté les plus douces leçons de la morale et de la philosophie, Sapho se précipita du haut du rocher de Leucade ; Élisabeth, après avoir dompté les ennemis de l’Angleterre, périt victime de sa passion pour le comte d’Essex.
Le jour où ils s’intéresseront à Homère sans grimace et de bonne foi, ils auront beaucoup gagné : ils auront compris l’extrême simplicité, et qu’en art comme en morale la perfection est dans l’abnégation, dans l’entier oubli de soi-même.
Dans une étude récente sur la Vie morale selon les Essais de Montaigne (Revue des Deux Mondes, 1er-15 février 1924), j’ai essayé de distinguer nettement la pensée de Montaigne, telle qu’elle peut apparaître quand on l’étudie historiquement selon les règles d’une exacte critique, et l’interprétation qu’une conscience d’aujourd’hui, se plaçant dans une attitude analogue à celle de Montaigne, mais développant sans embarras ou dépassant selon les besoins et selon les lumières du temps présent les indications des Essais, pourrait en tirer pour l’usage présent de la vie.
C’est une sensibilité reposée, méditative, avec le goût des mouvements et des spectacles de la vie, le génie de la solitude avec l’amour des hommes, une ravissante volupté sous les dogmes de la morale universelle.
Des systèmes et des codes de morale sont doués de sa magnificence lyrique.
Il jouit tour à tour des systêmes élevés & profonds de la Métaphisique, des sublimes préceptes de la Morale, des immuables vérité de la Géométrie, des tableaux attachans de l’Histoire, du pinceau de Rubens, du cizeau de Bouchardon, du charme inexprimable de l’éloquence, & de celui de la Poësie le premier, le plus beau des Arts, qui frappant par excellence le cœur de l’homme, lui procure le plaisir d’être délicieusement ému, & embellit à ses yeux tous les objets de l’Univers.
On pourrait toutefois trouver que leur destinée n’est point la même, puisque Epidicus gagne par son astuce la liberté, et que Chrisoforo, au contraire, engage la sienne ; ce qui, aux yeux de quelques-uns, pourrait rétablir les droits de la morale qu’on a tant accusé Plaute d’avoir méconnus.
Or il y a dans ce livre une vertu singulière et presque magnétique qui nous attire et nous appelle chaque fois que nous sommes témoins ou acteurs dans une crise morale de quelque importance.
Klein sait bien qu’il n’a donné là qu’un aperçu : toujours est-il qu’il n’a pas hésité à le publier ; et il croyait probablement y trouver sinon une démonstration rigoureuse, du moins je ne sais quelle certitude morale.
Il faut observer que, quand Josèphe expose les doctrines secrètes et plus ou moins séditieuses de ses compatriotes, il efface tout ce qui a trait aux croyances messianiques, et répand sur ces doctrines, pour ne pas faire ombrage aux Romains, un vernis de banalité, qui fait ressembler tous les chefs de sectes juives à des professeurs de morale ou à des stoïciens.
La conscience morale de l’homme du peuple est vive et juste, mais instable et inconséquente.
Elle s’avoua, se déclara attachée aux principes de la morale religieuse plutôt que pieuse, et surtout et le ne se fil point dévote.
Admire qui voudra ce caractère métallique qui roule dans la vie, comme sur une voie ferrée, sans qu’aucune chose morale puisse le faire dérailler de sa ligne droite ; je ne le trouve, pour ma part, pas plus vrai qu’il n’est sympathique.
Concluons donc hardiment que sur ce point de morale nous valons mieux.
Mais ces accusations parurent, dans la suite, très-injustes, malgré tout ce qui déposoit contr’eux ; malgré des lettres interceptées, où le langage de l’amour étoit traité de la manière la plus tendre & la plus vive ; malgré l’exposition d’une morale qui présente sans cesse à l’imagination des images indécentes, des idées de lubricité.
On trouve dans cet ouvrage l’histoire naturelle, ecclésiastique, militaire, morale & civile des contrées du nouveau monde.
Jules Lemaître, l’ironiste bien connu, qui n’a pas craint de prononcer les paroles suivantes : « Ce qui ressort de cet exposé52 aussi convaincant que lamentable, c’est l’immense supériorité sociale, politique, commerciale, industrielle, financière et morale de la race anglo-saxonne ; et c’est notre faiblesse, notre misère, notre néant.
qu’il fut beaucoup plus philosophe dans son gouvernement, et sa conduite que dans ses idées ; que son imagination fut extrême, et que cette imagination égara souvent ses lumières ; qu’ayant renoncé à croire une révélation générale et unique, il cherchait à chaque instant une foule de petites révélations de détail ; que, fixé sur la morale par ses principes, il avait, sur tout le reste, l’inquiétude d’un homme qui manque d’un point d’appui ; qu’il porta, sans y penser, dans le paganisme même, une teinte de l’austérité chrétienne où il avait été élevé ; qu’il fut chrétien par les mœurs, platonicien par les idées, superstitieux par l’imagination, païen par le culte, grand sur le trône et à la tête des armées, faible et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu’il eut, en un mot, le courage d’agir, de penser, de gouverner et de combattre, mais qu’il lui manqua le courage d’ignorer ; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs, les païens durent l’admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que, dans tout pays où la religion, cette grande base de la société et de la paix publique, sera affermie ; ses talents et ses vertus se trouvant séparés de ses erreurs, les peuples et les gens de guerre feront des vœux pour avoir à leur tête un prince qui lui ressemble.
Il travaillait dans une solitude morale, ne recherchant que l’essentiel et le décisif. […] Peut-être la poésie forme-t-elle un moyen terme entre la prose et la musique, comme la morale entre la nature et la volonté. […] Des rêveries de Mallarmé sur la poésie, par-delà tout, inexistante et pure, de la ferveur, de l’orgueil qui l’y conduisent, on ne saurait, je crois, donner une plus juste idée qu’en rappelant telle page de Kant où se respire aussi l’air d’un sommet, et qu’en la transposant intacte, de la morale à la parole : « Lors même qu’il n’y aurait jamais eu d’actions qui fussent dérivées de ces sources pures, il ne s’agit néanmoins ici en aucune façon de savoir si ceci ou celaalieu, mais que la raison commande par elle-même et indépendamment de tous les faits donnés ce qui doit avoir lieu116. » Chapitre XVIII. […] De même, dans l’intellectualisme qui fournit au philosophe sa morale professionnelle, tout se définit et s’étage selon l’intelligence, pour l’économiste selon l’utilité, pour l’âme religieuse selon Dieu.
… J’ai de la trilogie dont il est question en cette lettre très curieuse, et amusante (Verhaeren, un peu émacié et voûté d’épaules, avec ses longues moustaches, était un peu alors ce vieux chat roux au visage nerveux), dit qu’elle était l’expression d’une crise esthétique autant que morale. […] Aux « Ecrits pour l’art » la tendance est d’une sociocratie améliorante par voie d’évolution intellectuelle et morale, et c’est également sur l’évolution que s’appuie le concept social à la « Revue Indépendante ». Les « Entretiens » venus a de mêmes préoccupations, mais dédaigneux de ces « naïfs qui aiment à dire que la morale et les sentiments progressent » (Paul Adam), s’en vont plutôt vers quelque prédilection d’aristocratique Anarchie. « L’Anarchie au nom de l’Idée pure », dira à quelque temps de là Camille Mauclair. […] Chemin de fer, usine, cités, petites villes provinciales (les campagnes demain), luttes politiques et sociales, rêves de morale et de Bonheur, foules grouillantes dans le fer et la pierre des constructions géantes, en une vie surchauffée et comme à plusieurs atmosphères cela accuse une beauté puissante et tragique, et l’on pense à un Whitman non morcelé, mais de successions de fresques reliées par la longue théorie des aperçus sociologiques, des espoirs de demain, des stupres du présent, et surtout par cette doctrine évolutive algrébrée par M. […] Pour nous la quantité d’Absolu que comporte l’idée d’Humanité et de Morale humaine altruiste, nous est assez.
Sachons ce que leur morale pratique confère ou retire d’autorité aux doctrines que célèbre et professe avec éclat leur talent. […] Cousin n’a fait consister sa morale à réfréner sa passion principale et actuelle : il n’a été sobre que des choses qu’il ne désirait pas. […] CCVI Il n’existe pas proprement de biographie pour un homme de lettres, tant qu’il n’a pas été un homme public : sa biographie n’est guère que la bibliographie complète de ses ouvrages, et c’est ensuite l’affaire du critique-peintre d’y retrouver l’âme, la personne morale. […] [NdA] Ceci n’est qu’un trait ; voici une variante plus développée et plus étudiée : car ces messieurs les savants ou demi-savants frottés de rhétorique, qui se prodiguent en écrits, en harangues, en cours publics, ne sauraient être privilégiés ; ce sont des auteurs ; ils relèvent, eux aussi, de la critique littéraire et de la peinture morale.
Dans Armide même, cette morale est développée d’une façon neuve et frappante. […] Il semble que les anciens se soient plus attachés à exciter la terreur directe que l’autre ; et que leur but ait été même de guérir plutôt de la pitié et de la terreur qu’ils regardaient comme des faiblesses, que de donner des leçons de morale par leur moyen. […] La terreur réfléchie se joint à la terreur directe, et elle devient plus morale et plus fructueuse pour le spectateur. […] Titus fredonnant un cours de morale, ferait tomber nos jeunes gens en léthargie.
Persuadez-vous qu’il n’y a ni réalisme, ni idéalisme, ni bon ni mauvais sujet (je ne dis pas : ni morale, bien entendu) ; mais que, à part la morale, condition primordiale de toute œuvre, la grande question est celle-ci : « Y a-t-il du talent dans un ouvrage ? […] Le style abstrait vit surtout d’idées, d’intellectualité, de compréhension, de tours, de rapports, de nuances : histoire, philosophie, morale, métaphysique, maximes, critique, psychologie. […] C’est peut être la morale de M. de La Palisse ou des quatrains de Pibrac ; mais il n’y a pas là ce travail de concentration qui transforme le parfum d’une fleur en une essence. […] Le Napolitain a la liberté matérielle ; l’Allemand a la liberté morale. […] Ce ne sont ni des dissertations, ni des épigrammes ; on y raisonne sans argumenter, on y plaisante sans jeux de mots, on y associe avec art l’esprit et la raison, les maximes et les saillies, l’ingénieuse raillerie et la morale austère.
Replié sur lui-même par la tristesse et la rudesse de son climat, il a découvert la beauté morale pendant que les autres découvraient la beauté sensible. […] Que va devenir entre ses mains la noble morale platonicienne, l’adroite interprétation imitée de Jamblique et de Porphyre ? […] Car quiconque, avec une pleine volonté, tourne son âme vers les vices qu’il avait auparavant quittés, et les pratique, ils lui agréent pleinement, il ne pense jamais à les quitter, et il perd tout son ancien bien, si derechef il ne s’amende. » Le sermon est approprié à son auditoire de thanes ; les Danois, qu’Alfred venait de convertir par l’épée, avaient besoin d’une morale claire.
J’ai souvent demandé aux Orientaux le sens vrai de ce mot : « Tchilibi, me répondaient-ils, ne signifie officiellement aucune dignité positive, aucun emploi précis dans l’empire ; mais il signifie plus : cette expression représente une dignité intellectuelle et morale, une distinction qui n’est point accordée par le sultan, mais par le concours libre, spontané, incontestable et inaliénable de l’opinion publique. […] « Il peut, s’il a de la force, se faire soldat, et passer sa vie sous les armes ; une vie agitée, grossière, où l’activité physique tuera l’activité morale. […] Je ne crois pas que personne la réduise à une plus simple expression que moi-même je ne vais le faire : — C’est l’histoire d’un homme qui a écrit une lettre le matin, et qui attend la réponse jusqu’au soir ; elle arrive, et le tue. — Mais ici l’action morale est tout.
8 janvier J’ai comme une courbature morale de toute l’occupation qu’on a eue de nous. […] * * * — La méchanceté dans l’amour, que cette méchanceté soit physique ou morale, est le signe de la fin des sociétés. […] 28 août À l’enterrement de Roger de Beauvoir, ce qui me frappe : c’est la laideur morale de mes camarades littéraires.
Est-ce bien l’esthétique, l’art, le goût, la morale qu’ils défendent ? […] C’est une conclusion scientifique, philosophique et morale. […] Tel est, en résumé, ce roman hardi qui ne froisse pas tant la véritable morale qu’il en a l’air. […] Fille d’un père qui a tué l’amant de sa femme, élevée sans aucune notion de la morale la plus élémentaire, trop dénuée de bon sens, pour la deviner, la pauvre Claude ne sait ni ce qu’elle veut, ni ou elle va, flottant dans la vie comme dans l’air un brin de duvet qui va à droite, à gauche, monte ou descend, attiré, repoussé par la porte qu’on ouvre ou la fenêtre qu’on ferme. […] Mais les Anglais, et, en général, des chrétiens d’une nation quelconque, n’auront jamais aucune influence morale sur les populations musulmanes indigènes.
Si la morale y gagne, la fantaisie y perd beaucoup. […] Sans doute c’est un tableau affligeant pour le moraliste, mais à Londres la morale se couche à neuf heures. […] Les salons sont divisés en compartiments, — ce qui rend l’isolement absolu à peu près impossible. — Mais ce que la morale y peut gagner, elle le perd dans les parcs qui restent ouverts toute la nuit […] C’est une espèce de suie morale qui s’attache à toutes vos idées. […] Mais on ne peut nier que nous traversons une époque de décadence morale, et que le temps est mauvais pour faire de la scène comique un pâturage où brouterait le troupeau des blancs moutons de madame Deshoulières.
Un des plus grands charmes du Campo Vaccino, c’est l’alliance à peu près constante du caractère pittoresque et de l’interprétation morale du paysage. […] Ces puérilités n’ont pas même le mérite de l’invention ; car, longtemps avant M. de Chateaubriand, la morale avait été soumise à l’arithmétique et à l’algèbre. […] Une fois pénétré de ces vérités prétendues dont se compose la morale mondaine, il avait devant lui une route longue et facile. […] Delavigne, on aperçoit clairement une morale constante : le bonheur dans le repos et la médiocrité. […] Or, la tragédie, ramenée à son expression la plus générale, ne se propose-t-elle pas l’analyse et la peinture de la douleur morale, des passions qui agitent l’âme humaine, et qui la poussent au désespoir et au crime ?
Sans doute, il resta au fond quelqu’un qui s’amuse, mais la morale l’intéressa plus que les extériorités de l’histoire, et au lieu d’enfiler des anecdotes, il jongla, adroit et grave, un peu soucieux parce que ça peut tomber, avec des doctrines fragiles et des thèses cassantes. — Les différences entre les deux Daudet sont plus naturelles. […] Elle professe d’un ton oratoire qui atteint parfois le comique, et nous enseigne pêle-mêle la vie de Benjamin Constant et la morale. […] La brusquerie de son allure, son « dédain superbe pour la morale bourgeoise et pour les petites vertus », toutes les apparences d’une brutale franchise la font prendre d’abord pour une nature énergique, en dehors, point toujours « commode », mais toujours sincère et parfois cruellement spirituelle, une sorte d’Alceste aux jupons verts. On s’intéresse à lui voir démolir les préjugés et étaler les contradictions qui composent « la morale factice ». […] Nous avons vu déjà des couronnes récompenser le déroulédisme de Simone Arnaud, de Jean Rolland, de Daniel Lesueur ; l’érudition potinière de Lucien Pérey ; la morale grise et protestante de Mme de Witt, la morale grise et catholique de Bentzon ou l’ambition romanesque d’Hélène Vacaresco, cette Bérénice roublarde.
Lorsque cette vie intellectuelle et morale du monde grec a pour centre les grandes cités cosmopolites, Alexandrie et Syracuse, naît de ces cités la poésie pastorale. […] Il a en tout cas assumé clairement en poésie, porté à une bonne conscience poétique (je ne dis pas morale !) […] En somme, depuis l’âge de quinze ans, il a vécu en état de rupture morale avec les siens, et il prévoit le moment où cette rupture deviendra complète. […] Mais il ne sert même pas à cela, et la vie morale se développe sur un autre registre. […] Il a été élevé par une génération dont la vie civique et morale a subi le joug de la France, un joug que la force militaire imposait et que le cœur n’acceptait pas.
Mené par ses impressions il s’attarde aux détails qu’il aperçoit et qui le blessent, il insiste sur eux à raison de la contrariété qu’ils lui infligent, non pas en proportion de leur réelle difformité morale et de son importance. […] Mais on aperçoit cependant un lien subtil entre cette morale individualiste à l’excès, et cette poésie qu’alimente l’unique considération de soi. […] S’acharnant contre eux en ennemi, il étale en pleine lumière leur hideur morale. […] Mais, au contraire, ces aventures choisies si loin de la vie sont conduites avec si peu de logique que l’on est incapable de s’y intéresser, impuissant à en tirer morale, contraint de ne les point goûter. […] Il ne craint pas de nous répéter ses préceptes, et ne se lasse point de nous enseigner les règles d’une morale pratique qu’il institue.
Quant à la morale à tirer de cet ouvrage, qu’en dire, sinon rien ? […] Et c’est au chant très efficace des oiseaux, en face de l’éclat et du baume discrets des dernières fleurs d’hiver, que j’expérimente, et non dans un lit d’hôpital très dignement acquis certes, mais entre des bons draps intimes et en toute dignité également, une guérison plus morale au fond, encore que physique ! […] Sa morale lui en paraissait rehaussée. […] En effet, l’art violent ou délicat prétendait régner presque uniquement dans les précédents et il devient dès lors possible de discerner des vues naïves et vraies sur la nature matérielle et morale. […] L’exception morale dont il s’agit est, depuis l’avènement du christianisme, devenue un problème douloureux, une question absolument digne d’attention et des réflexions les plus profondes, de simple lieu commun et de léger paradoxe qu’elle se trouvait être dans l’antiquité païenne, depuis l’Iliade pour parler de temps déjà héroïques, jusqu’aux dialogues de Lucien, en passant par le Banquet, jusqu’à l’empire romain et la décadence.
Ce livre du Prince n’en restera pas moins le texte d’une éternelle et équivoque controverse entre les amis et les ennemis de la morale politique. […] Constantinople se souvient que Rome est sa mère ; mais ces expéditions lointaines avortent ; il n’y a bientôt plus rien de romain dans Rome que le pontificat, tantôt humble délégué municipal de l’empereur d’Orient, tantôt joignant une souveraineté morale à une magistrature urbaine, autour duquel se groupent les restes de nationalité romaine.
C’est ce que ce grand observateur, Challemel-Lacour, a dit excellemment : « Il pense comme un homme, il sent comme une femme, il agit comme un enfant. » Je ne m’en plains pas, puisque cette constitution morale m’a procuré les plus vives jouissances intellectuelles qu’on puisse goûter. […] Le trait caractéristique de la race bretonne, à tous ses degrés, est l’idéalisme, la poursuite d’une fin morale ou intellectuelle, souvent erronée, toujours désintéressée. jamais race ne fut plus impropre a l’industrie, au commerce.
La vérité est que le personnage comique peut, à la rigueur, être en règle avec la stricte morale. […] Si l’homme s’abandonnait au mouvement de sa nature sensible, s’il n’y avait ni loi sociale ni loi morale, ces explosions de sentiments violents seraient l’ordinaire de la vie.
Tel fut l’apologue dont usa Montluc devant le roi pour résumer toute sa conduite morale à Sienne : cet apologue ne vaut-il pas celui de Menenius ?
Brizeux, dans son dernier recueil, s’applique à tirer des simples histoires de la vie privée leur fleur de morale et de poésie.
Et dans la politique, par exemple, lorsqu’il se trouve en présence de M. de Chateaubriand, en rivalité sourde avec lui, et qu’il est, le premier, évincé du ministère, quelle supériorité morale il garde sur ce brillant et orageux émule !
M. de Luynes, tout homme pieux qu’il est et de morale sévère, est bien obligé de nous initier à tout ce manège et à cet imbroglio d’intrigues qu’il lui est plus facile de traduire à l’extérieur, jour par jour et successivement, qu’il ne l’est à nous de le résumer avec convenance.
Il souffrait de plus, et avec toute l’intensité morale qui lui était propre, de la marche des choses publiques, qui allaient à l’encontre de son rêve, de la fondation idéale de toute sa vie.
Chevrier vient de publier et qui sont tirées des papiers de famille, achèveront de le dessiner heureusement et de l’entourer d’une lumière morale complète.
En un mot ; il y a dans la masse de la société des résultats généraux qui viennent de très-loin, qui sont le produit de plusieurs siècles de raisonnement, d’analyse et de bon sens émancipé, de morale religieuse sécularisée, le produit des découvertes positives en astronomie, en physique, etc.
C’est là une mauvaise disposition morale pour juger des illustres Anciens.
Fervel est très juste et d’une haute appréciation morale.
Si la première partie de la scène est méthodique et un peu compassée, cette fin est belle, belle de la beauté morale de l’Évangile même.
Une lettre de Colbert (18 octobre 1680) dictait à Foucault sa ligne de conduite ; mais celui-ci n’avait pas besoin d’y être poussé : « Sa Majesté, était-il dit dans cette lettre que Colbert écrivait sans doute à contre-cœur, m’a ordonné de déclarer aux fermiers qu’elle voulait qu’ils les révoquassent (les commis qui étaient de la Religion) ; elle leur a donné seulement deux ou trois mois de temps pour exécuter cet ordre, et Sa Majesté m’ordonne de vous en donner avis et de vous dire, en même temps que vous pourriez vous servir de cette révocation et du temps qu’elle ordonne, pour les exciter tous à se convertir, Sa Majesté étant convaincue que leur révocation de leur emploi peut beaucoup y contribuer. » C’était la morale administrative avouée en ce temps là ; Foucault l’affiche et la professe avec la plus grande ingénuité dans ce Journal, écrit pourtant dans les premières années du xviiie siècle et sous la Régence.
On sait, en effet, qu’à peine mis à la tête de son armée du Nord, Richelieu, pressé d’en finir et poussant le duc de Cumberland qu’il surprenait dans un état de lassitude et de décomposition morale, se hâta de conclure avec lui, par l’entremise d’un ambassadeur de Danemark, le comte de Lynar, espèce de fou mystique, la Convention dite de Kloster-Zeven, en vertu de laquelle toute l’armée ennemie alliée devait se disperser.
Ackermann conclut en terminant : « Pour nous, nous croyons fermement qu’un nouveau dix-septième siècle est réservé à la littérature française ; mais il faut le préparer par les idées, par la force morale et la science artiale.
Geoffroy remarque avec raison que Titus serait sifflé, s’il agissait ainsi au théâtre, « et Rousseau, ajoute-t-il, mérite de l’être pour avoir consigné cette opinion dans un livre de philosophie. » Tout se tient en morale : c’est pour n’avoir pas senti cette délicatesse particulière, cette religion de dignité et d’honneur qui enchaîne Titus, que Jean-Jacques a gâté certaines de ses plus belles pages par je ne sais quoi de choquant et de vulgaire qui se retrouve dans sa vie, et que l’amant de madame de Warens, le mari de Thérèse, n’a pas résisté à nous retracer complaisamment des situations dignes d’oubli.
On reviendra, si je ne me trompe, à ces femmes du xvie siècle, à ces contemporaines des trois Marguerite, et qui savaient si bien mener de front les affaires, la conversation et les plaisirs : « J’ai souvent entendu des femmes du premier rang parler, disserter avec aisance, avec élégance, des matières les plus graves, de morale, de politique, de physique. » C’est là le témoignage que déjà rendait aux femmes françaises un Allemand tout émerveillé, qui a écrit son itinéraire en latin, et à une date (1616) où l’hôtel Rambouillet ne pouvait avoir encore produit ses résultats253.
Ne déplaçons pas les vrais points essentiels de la justice et de la morale humaine.
Cette étude approfondie produisit un ouvrage en deux volumes qui enterra le drame, ou du moins le fit rentrer dans le tiroir, au grand regret de ceux qui croient qu’il y a autant et plus de vérité dans la peinture morale d’une âme que dans la sèche et épineuse analyse d’une atroce méthode de philosophie scolastique.
Avec les trois œuvres qui l’ont précédé, jointes aux romans antérieurs des deux frères, il semble que l’on peut maintenant définir, en ses traits essentiels, la physionomie morale de l’auteur de Chérie, le mécanisme cérébral que ses écrits révèlent et dissimulent, comme un tapis de fleurs la terre.
De pareilles anecdotes, fussent-elles sûres, contrastent horriblement avec un livre où l’on prétend détruire tous les préjugés, & donner des règles de morale & de politique.
Préjugé de traducteur à part, comme il est sans comparaison le plus grand historien de l’antiquité, il est aussi celui dont il y a le plus à recueillir ; mais ce que j’offre aujourd’hui suffira, ce me semble, pour faire connaître les différents genres de beautés dont on trouve le modèle dans cet auteur incomparable, qui a peint les hommes avec tant d’énergie, de finesse et de vérité, les événements touchants d’une manière si pathétique, la vertu avec tant de sentiment ; qui posséda dans un si haut degré la véritable éloquence, le talent de dire simplement de grandes choses, et qu’on doit regarder comme un des meilleurs maîtres de morale, par la triste, mais utile connaissance des hommes, qu’on peut acquérir par la lecture de ses ouvrages.
Il faut donc éviter soigneusement de faire entrer ce fatal interrègne dans notre chronologie morale et politique : malgré l’importance dont il a été par ses suites et ses résultats, un si triste événement ne doit être considéré que comme récapitulation de faits antérieurs, et non point comme étant lui-même un fait nouveau.
La poésie, sans cesser de se consacrer à célébrer les attributs de Dieu, doit entrer davantage dans les affections de l’homme, et surtout dans la liberté morale ; car, comme nous le dirons tout à l’heure, le règne du fatalisme va finir aussi dans les royaumes de l’imagination, et cela seul change beaucoup toutes les données poétiques.
Ce qui reste, c’est qu’à cette heure du xixe siècle, un bas-bleu sans génie, sans considération morale, et même sans hauteur révolutionnaire, ait pu faire croire à la plus grande partie de l’Europe, qu’il était quelque chose et quelqu’un !
Le catholicisme apporte au monde une métaphysique et une morale en désaccord absolu avec les conceptions helléniques de l’époque classique. « Avec l’humilité, avec le mépris de la chair, avec la haine terrifiée de la nature, l’abandon des jouissances terrestres, la passion de la mort qui délivre et ouvre le paradis, un autre monde commençait104 », a-t-on dit, et nulles paroles ne caractérisèrent mieux cette étrange apothéose du non-être qu’amena le christianisme.
Nous avons résumé leurs théories sur ce point dans un article de la Revue de Métaphysique et de Morale du 15 mai 1897 : Anthropologie et Démocratie.
L’une et l’autre caste sont lentement et sournoisement éliminées par la société qui les déteste, les jalouse, s’irrite de les deviner rétives à toute assimilation et libérées de sa morale conventionnelle, et ne songe qu’à les reléguer comme indésirables hors de ses frontières. " c’est exact.
Ce fut un mérite surtout d’avoir apprécié la morale inflexible et la franchise sévère de Montausier dans une cour où la volupté se mêlait au faste, et où l’excès de la flatterie corrompait la gloire.
délicieuse morale !
Le problème de la signification des lois naturelles Nous nous proposons d’étudier l’idée de loi naturelle telle qu’elle se présente à nous aujourd’hui, de l’interpréter philosophiquement, d’en déterminer la signification métaphysique et morale. […] Cette vue se relie facilement à la conception téléologique, en vertu de laquelle Dieu meut et gouverne l’ensemble des choses ; et ainsi elle apparaît comme favorable à la morale et à la religion. […] On passe, sans dire de quel droit, de la notion de force morale ou métaphysique à la notion de force mécanique. […] Et, comme rien ne prouve que le support réel des phénomènes dits mécaniques soit lui-même mécanique et soumis au déterminisme, il n’y a point de chaîne à rompre pour faire pénétrer une influence morale dans ce qu’on appelle le monde de la matière et du mouvement. […] À ce compte, lorsque Pascal proclamait que l’homme est plus grand que la nature parce qu’il sait qu’il meurt, il exposait une vue, non seulement métaphysique et morale, mais aussi scientifique.
C’est ce qui fait que cet art de « farceur » est, par essence, populaire, d’autant qu’il émet des pensées conformes au bon sens moyen, et qu’il prête à ses personnages des réactions communes et prévues, dans le fil des mœurs courantes et de la morale de tous les jours. […] Il ne saurait s’entendre mieux sur la pièce qu’on lui présente que sur la morale et la politique. […] Mais ce qu’il conviendrait de souligner surtout, c’est la portée à la fois technique et morale de son effort initial. […] L’échange ne sera pas facile ; car l’anarchie morale et intellectuelle n’a fait que croître et embellir.
Et pourtant il peut passer pour le premier en date des écrivains proprement genevois, avec les qualités et les défauts que comportent toutes les branches de cette famille littéraire : Considérations à la manière de sa fille (Essai sur l’Importance des opinions religieuses) ; prêche de pasteur qui a appris le beau style dans Thomas (Cours de morale religieuse) ; humour un peu laborieux, mais agréable et fin comme celui de Töpffer et de Petit-Senn (Le Bonheur des sots). […] Mais les trois autres parties, De la littérature et des arts, la Philosophie et la Morale, la Religion et l’Enthousiasme, si les erreurs et les légèretés y abondent, ont créé ou mis en lumière, pour les Français, un pays du romantisme, ou un climat du romantisme. […] La troisième partie, sur la Philosophie et la Morale, est nécessairement superficielle, et Charles Villers présentait mieux Kant au lecteur français que la châtelaine de Coppet. […] Sans se tromper ou être trompée beaucoup sur leur métaphysique, Mme de Staël a, en vraie Genevoise, compris et fait comprendre les philosophes allemands, du point de vue de leur contribution à la doctrine morale et à la vie religieuse ou aux substituts de la vie religieuse. […] — C’est, répondit Sainte-Beuve (ou Sainte-Beuve dit en 1845 qu’il répondit..) que M. de Lamartine part toujours d’un sentiment commun, moral, et d’une morale dont tous ont le germe au cœur, et presque l’expression sur les lèvres.
De la thèse morale de M. […] Certes, un sens moral s’en dégage, mais la matière morale n’y a été incorporée qu’une fois assimilée par l’art, comme un animal n’incorpore qu’assimilées par le végétal les substances chimiques dont il vit. […] Il est naturel aussi qu’un très grand poète soit tenu pour une source d’inspiration politique et morale. […] Est-ce un bon principe de morale ? […] Idées, politique, morale, mystique, esthétique, ne sont que des coupes sur des romans, sur les enfants vigoureux d’un faiseur de romans.
… Les sciences, la logique, la métaphysique, la morale, la physique, les mathématiques, sont donc, selon vous, de stériles spéculations ? […] Il appella les jésuites faux, ambitieux, politiques, vindicatifs, assassins de rois, corrupteurs de la morale, perturbateurs des états de Venise, d’Angleterre, de Suisse, de Hongrie, de Transilvanie, de Pologne, de Suède, de l’univers entier. […] Ses Essais de morale sont l’effort d’un génie original. […] On se flatta même de tracer la marche qu’ils avoient tenue, pour réussir dans le renversement de la bonne morale & de la saine doctrine(*). […] Ils ne purent pas faire mettre à l’index sa Morale pratique, tandis que le livre du père Le Tellier, sur les chrétiens de la Chine, y fut mis.
Funeste Morale ! […] Le bel-esprit est en Littérature, ce que sont en Morale les Casuistes relâchés. […] où il suffit seulement d’avoir l’imagination fantasque & l’esprit Romanesque, où il ne faut qu’étudier quelques effets singuliers, & les dessiner, compasser le jeu des Interlocuteurs, pour en composer une pantomime, & se guindant sur les échasses d’une morale commune, étaler d’un ton emphatique des tirades, des maximes, & des sentimens préparés de loin & cousus après coup au Roman : genre où le style est ce qu’on soigne le moins, dont la lecture, dénuée de l’illusion & de l’appareil du Théâtre, n’est pas supportable ; monstre, en un mot, qu’Horace, dans son Art Poëtique, auroit eu peine à décrire, pour en donner l’idée.
On pourrait y voir une leçon morale, et le poëte l’a même indiqué : une première faute peut entraîner à tous les regrets, à tous les crimes. Mais cela est plus utile à apprendre en morale qu’agréable à voir en poëme ; et d’ailleurs ici on n’entrevoit cette seconde destinée qu’incomplétement.
Ampère, différent d’eux et plus libéral en ceci, n’omettait jamais, dans son zèle de savant, la pensée morale et civilisatrice, et, en ayant espoir aux résultats, il croyait surtout et toujours à l’âme de la science. […] Au milieu de ses travaux continus à Bourg, de ses leçons à l’École centrale, et des leçons particulières qu’il y ajoutait, on se figurerait difficilement à quel point allait la préoccupation morale, la sollicitude passionnée qui remplissait ses lettres de chaque jour.
Morale ou physique, la forme que nous appelons régulière a beau être la plus fréquente, c’est à travers une infinité de déformations possibles qu’elle se produit. — On peut comparer la sourde élaboration dont l’effet ordinaire est la conscience à la marche de cet esclave qui, après les jeux du cirque, traversait toute l’arène un œuf à la main, parmi les lions lassés et les tigres repus ; s’il arrivait, il recevait la liberté. […] Par conséquent, la loi mentale qui lie nos deux pensées est générale comme la loi physique ou morale qui lie les deux faits.
Cela est bon, car, sous une aristocratie plus ou moins forte, la souveraineté ne l’est plus assez. » Le sacre des monarques par l’autorité de Dieu, l’extinction de la liberté civile dans le monde, l’administration morale par le sacerdoce, la suppression des schismes par la puissance armée de l’unité dans la main du souverain pontife, de tristes et éloquentes prophéties contre l’indépendance de la Grèce à moins qu’elle ne reconnaisse l’autorité du pape, une adjuration aux protestants pour recomposer l’unité en sacrifiant leur liberté usurpée par la révolte contre Rome, des imprécations contre toute philosophie non orthodoxe, une hymne à Rome, véritable Te Deum d’un autre Ambroise, complètent ce livre. […] Il s’efforcera de donner aux dogmes de la religion révélée l’expression la plus admissible par la raison pieuse de l’esprit humain ; il rejettera sur la barbarie des âges de ténèbres les actes coupables ou les pratiques regrettables dont l’intolérance et les supplices ont déshonoré, par la main des rois, des peuples ou des pontifes, la sainteté morale de la religion chrétienne ; il ne rendra pas le culte solidaire de la politique ; il ne fera pas de Dieu le complice de l’homme ; il ne bravera pas à chaque phrase la raison humaine par des défis de foi ou de servilité d’esprit qui révoltent l’homme, qui scandalisent l’intelligence et qui le repoussent par l’excès de superstition dans l’impiété.
Horace est plus Gaulois que Romain ; mais cette prédilection des Français pour Horace, comme pour l’ingénieux corrupteur de la morale et de l’âme qu’ils appellent le bon La Fontaine, m’a toujours fait une certaine peine au cœur. […] Soigneux de sa santé morale après quelques débauches de jeunesse, il s’était mis au régime des sentiments qui n’ont point de lie.
Elle se mit à marcher à pas précipités, en s’étonnant de respirer un air plus pur, de sentir les rayons du soleil plus vivifiants, et d’y puiser une chaleur morale, une vie nouvelle. […] « Dans la vie morale, aussi bien que dans la vie physique, il existe une aspiration et une respiration : l’âme a besoin d’absorber les sentiments d’une autre âme, de se les assimiler pour les lui restituer plus riches.
Cette horreur du pouvoir capable, cette folie de l’envie, cette médiocrité des présidents, cette vulgarité des élus dans le congrès et dans les chambres, jointes à une ambition de grandir sans morale et à une vanité de supériorité sans fondement, faisaient prévoir depuis longtemps aux esprits sains de l’Europe et même à Jefferson une catastrophe telle que Rome elle-même n’en avait pas présenté au monde dans ses craquements, une leçon aux peuples trop démocratiques, donnée par Dieu lui-même pour leur apprendre qu’il n’y a point d’avenir pour les nations qui croient à la seule force du nombre et à la brutalité de la conquête ! […] Enfin la force physique et la force morale se réveillèrent en moi.
Quelle que soit notre pensée sur les dogmes, si diversement interprétés, du christianisme, il nous est impossible de ne pas reconnaître que, comme corps de philosophie pratique et de philosophie morale, le christianisme a franchement, énergiquement et saintement promulgué ou adopté la philosophie réelle, c’est-à-dire la philosophie de la douleur méritoire ou expiatoire ; et ajoutons ici la plus belle, car le sacrifice est plus beau que la jouissance, excepté aux yeux d’un épicurien. […] Cet homme était Gerson, qui fit faire un pas à ses frères, et qui, en disant à l’homme : « Tu n’es qu’un homme », lui fit accomplir l’évolution morale qui en fait presque un Dieu !
Telle était ma situation morale après tant de vicissitudes de cœur, et après la perte, par la mort ou autrement, de tant de personnes adorées. […] Les liaisons sont des serments tacites que la morale peut désapprouver, mais que l’usage excuse et que la fidélité justifie.
On y voit en particulier une harengère qui fait office de docteur en droit et donne à ses compagnes des leçons de politique et de morale. […] Laissant là ta morale, Tu peux, comme au vieux temps, chanter la pastorale, Les roses, le sainfoin, le pasteur Corydon, La belle Amaryllis et son mol abandon, Le miel de l’Age d’or, les jeux dans les prairies Tous nos hommes d’Etat aiment les bergeries Rien de tel pour calmer les noires passions Et nous donner l’horreur des révolutions.
Nous recommandons vivement l’étude approfondie de cet article, dont nous n’avons pu donner qu’un résumé fort imparfait, à tous ceux qui pensent avec Wagner, que « la philosophie de Schopenhauer doit servir dorénavant de base à toute culture intellectuelle et morale. » 2° Hans von Wolzogen : — L’Idéalisation du théâtre. […] Golther, l’idée-mère, morale, de cette tragédie, se personnifie dans Marke.
De là la réaction qui a commencé à se produire au siècle dernier : de là Rousseau : de là l’aspiration à la nature et le débordement de la sensibilité si longtemps contenue ; de là le grand essor de la musique, cette expression pure du sentiment, cette langue naturelle de l’homme ; de là enfin la révolution et la crise de la morale, ou plutôt d’une morale imaginaire et fausse.
Parmi les œuvres glorieuses de Wagner — je nomme ici la Tétralogie, Tristan et les Maîtres, les pièces symphoniques, enfin le Parsifal — m’apparaît une marche en avant, un progrès continu que je définirai ainsi : D’abord l’œuvre théâtrale, c’est-à-dire l’œuvre amalgamant tous les modes d’expression sous l’unité du drame théâtral ; l’œuvre théâtrale, une action morale symbolisée sous une action légendaire et s’exprimant par le complexe moyen de littératures, de musiques et de cette très grossière et primitive forme des arts plastiques, le trompe-l’œil des décors et de personnages animés (époque des écrits théoriques de 1849 et 1852) ; Puis une transition, l’œuvre théâtrale où prédomine largement un mode d’expression aux dépens des autres ; le drame moral plus net symbolisé par un drame légendaire atténué ; la musique accaparant toute importance, la littérature s’effaçant, les décorations se faisant inutiles ; le drame moral devenant drame de musique ; Enfin l’œuvre musicale, sous la glose des additions littéraires et décoratives ; l’œuvre de pure musique, où le texte littéraire et le spectacle n’ont plus d’autre valeur que d’être les commentaires à l’intelligence des musiques ; l’action purement morale, sous le symbole quelconque d’une fable (époque initiée au Beethoven af et accomplie à Art et Religion).
D’autres, pris, semble-t-il, avec une particulière conscience, au plein milieu de l’humanité courante, Charles Bovary, cet être essentiellement médiocre et chez qui une bonté molle ajoute à l’insupportable pesanteur morale, — Jacques Arnoux, plus canaille et plus réjoui, mais non moins irresponsable, béat, et odieux, traduisent tout ce que le type humain social de la moyenne contient de lourde bassesse et de haïssable laisser-aller. […] C’est dans cette idée narquoise et amère, qu’est le fond de la philosophie de Flaubert, la morale de ses romans et la signification de ses poèmes.
Il y a cinq manières principales d’exprimer sa pensée pour la communiquer aux hommes : La chaire sacrée qui parle aux hommes, dans les temples, de leurs premiers intérêts : la Divinité et la morale ; La tribune aux harangues qui parle aux hommes, dans les assemblées publiques, de leurs intérêts temporels de patrie, de liberté, de lois, de formes de gouvernement, d’aristocratie ou de démocratie, de monarchie ou de république, et qui remue leurs idées ou leurs passions par l’éloquence de discussion, l’éloquence parlementaire ; La place publique, où, dans les temps de tempête, de révolution, de sédition, le magistrat, le tribun, le citoyen monte sur la borne ou sur les marches du premier édifice qu’il rencontre, parle face à face et directement au peuple soulevé, le gourmande, l’attendrit, le persuade, le modère et fait tomber de ses mains les armes du crime pour lui faire reprendre les armes du patriotisme et des lois. […] Il faut que, non seulement la nature morale, mais encore la nature physique leur obéisse comme la note obéit au musicien sur l’instrument, comme la teinte obéit au peintre sur la palette.
Au sortir du collège, il reçut de ce philosophe les principes d’une morale plus utile que sa physique, et il s’écarta rarement de ces principes dans le cours de sa vie. […] Aujourd’hui bien des gens regardent comme une leçon de morale cette même pièce, qu’on trouvait autrefois si scandaleuse.
Sous le titre de Renart le Novel (le Nouveau Renard), un poète des dernières années du xiiie siècle, Jacquemard Gieslée, de Lille en Flandre, a fait un ouvrage de morale et d’allégorie dans lequel il a réuni toutes ces inventions de la fin, qui s’écartent de ce qu’il y avait d’abord de vif et d’enjoué dans les simples branches en apologues.
Pascal a distingué trois ordres divers, et, dans chaque ordre, des princes : il y a, selon lui, l’ordre de la politique et des conquêtes, des grandeurs et des puissances terrestres ; il y a celui de l’intelligence pure et de l’esprit ; il y a enfin l’ordre de la beauté morale et de la charité.
Sans esprit, on peut faire un livre sur l’administration, sur la morale, faire des vers, des couplets, des comédies.
Là même où il a son cours rigide et son flot impérieux, il y roule des trésors d’éternelle morale humaine.
Jugé digne de succéder à Buffon pour son fauteuil à l’Académie française, choisi pour son médecin par la reine Marie-Antoinette, Vicq d’Azyr embrasse dans sa courte et brillante carrière tout l’espace qui fut accordé à ce règne de Louis XVI depuis Turgot jusqu’au 21 janvier : après en avoir partagé et secondé dans sa mesure toutes les réformes et les espérances, il survit peu à cette ruine, à celle des académies dont il était membre, et de la société savante dont il était l’âme ; il périt comme une victime morale, sous une impression visible de deuil et de terreur.
» Ces pensées nous ouvrent un jour sur ce qu’il est, en général, si important de connaître lorsqu’on veut juger d’un écrivain, sur la religion philosophique et morale de Ramond.
Il n’y mêle aucune idée morale ni aucun sentiment fait pour toucher, et lorsqu’il s’écrie en terminant : Oh !
Les imaginations vives se flattaient de voir réaliser les plus belles chimères, ou se dépouillaient avec satisfaction de ce qu’on croyait abusif, pensant naïvement s’élever ainsi à une hauteur morale que les masses auraient la générosité de comprendre et de respecter.
On voudrait que, dans tout résultat d’étude littéraire, l’idée morale dominât ou, du moins, entrât pour quelque chose, que l’intérêt humain y eût sa part, et que l’âme de celui qui cherche s’adressât de temps en temps par quelque reflet à l’âme de celui qui ne demande pas mieux que de le suivre.
Il vaudrait mieux peut-être ne pas s’en rendre compte et se faire illusion sur son prix ; mais si je suis amené, par ce sentiment même de ma décadence intellectuelle et morale, à chercher plus haut que moi une consolation et un appui, la réflexion et la raison m’auront rendu sans doute, après avoir été cause de souffrances, le plus grand service qu’il soit possible d’en retirer.
Si chaque homme sensé, et qui a senti ou qui a vu, laissait ainsi son petit livre à son image, la science morale en serait plus avancée.
Ce fut un rude coup pour le jeune homme, de qui Bonnet se plaisait à dire : « Il a du génie, un cœur droit, la passion de la vertu et du savoir. » On brisait sa vocation au moment où il croyait l’avoir rencontrée ; on intervenait brusquement dans sa crise morale au moment où elle allait trouver sa solution intérieure.
. — Mais pour nous qui n’avons ici qu’à parler de littérature, il est impossible de ne pas noter un tel moment mémorable dans l’histoire morale de ce temps, de n’y pas rattacher le talent de Guérin, de ne pas regretter que l’éminent et impétueux esprit qui couvait déjà des tempêtes n’ait pas fait alors comme le disciple obscur, caché sous son aile, qu’il n’ait pas ouvert son cœur et son oreille à quelques sons de la flûte pastorale ; qu’au lieu de se déchaîner en idée sur la société et de n’y voir qu’enfer, cachots, souterrains, égouts (toutes images qui lui reviennent perpétuellement et qui l’obsèdent), il n’ait pas regardé plus souvent du côté de la nature, pour s’y adoucir et s’y calmer.
Il classe volontiers le monde en honnêtes gens et en ceux qui ne le sont pas ; sa morale sociale admet essentiellement le bien et le mal, dont les noms reviennent sans cesse à sa bouche d’une manière qui, à la fin, devient provocante : les instincts conservateurs, à ses yeux, sont les seuls bons ; les autres instincts plus actifs et plus remuants sont vite déclarés pervers.
Sur le chapitre de la politique, sur celui de l’éducation et de la morale, l’opposition entre leur principe d’inspiration et leur humeur se marque très bien, et Rousseau ne paraît pas trop sacrifié.
Sous ce dernier rapport, il était plus qu’imitateur, il était le singe du maître… « C’était un être tout factice, nerveux et cérébral, affiné, affaibli par sa grande précocité morale et sexuelle.
Qu’on se figure en effet quelle dut être la situation morale d’un écrivain modeste, mais consciencieux et savant autant que ferme et convaincu, qui était avec prudence de l’école de Montesquieu, qui méditait longtemps ses matières avant d’en offrir un tableau suivi, concentré, définitif, quel dut être son désappointement cruel et son mécompte, lorsque la grande Histoire du Consulat et de l’Empire de M.
Esprit amer et coquet qui distillait douloureusement des vers érotiques ; qui, en politique, passait aisément à l’extrême ; qui combinait les lascivetés de boudoir avec la haine des rois, et insinuait à plaisir un coin de priapée dans le républicanisme, il n’était pas fait pour comprendre le sentiment libéral, sincère et modéré, le sentiment religieux, également sincère et philosophique, le talent simple, élevé, et toute l’âme morale de celui qu’il croyait avoir suffisamment accablé en l’appelant un doctrinaire, et en faisant une pointe digne de Brunnet sur son nom.
Il serait trop pénible d’être amené à devoir les énumérer et en informer le public, et de se voir forcé, pour sa défense morale, de prendre à témoin l’opinion, seul juge cependant et bon juge en dernier ressort de ce qui constitue la ligne de conduite d’un véritable homme de lettres, fût-il sénateur.
La célébrité qu’on peut acquérir par les écrits est rarement contemporaine, mais alors même qu’on obtient cet heureux avantage, comme il n’y a rien d’instantané dans ses effets, d’ardent dans son éclat, une telle carrière ne peut, comme la gloire active, donner le sentiment complet de sa force physique et morale, assurer l’exercice de toutes ses facultés, enivrer enfin par la certitude de la puissance de son être.
Pour y être admis, il faut deviner une énigme, répondre à une question morale, faire un discours sur une vertu.
. — Portions obscures ou claires de la face morale. — Aux portions claires de l’une correspondent les portions obscures de l’autre, et réciproquement. — Chacune d’elles par ses clartés éclaire les obscurités de l’autre. — Comparaison des deux faces à un texte incomplet accompagné d’une traduction incomplète.
La grandeur des objets qui mettaient les hommes aux prises — c’était la religion avec la morale — faisait que l’actualité échauffait la poésie sans la rapetisser, la précisait sans la dessécher.
Il a solidement parlé sur la politique et sur la morale.
La morale nous défend de céder à la tentation et ne nous console pas toujours d’y avoir résisté.
Ils veulent tous absolument que Dante soit la partie animale, ou les sens ; Virgile, la philosophie morale, ou la simple raison ; et Béatrix, la lumière révélée, ou la théologie.
Il en résulte chez elle deux ou trois élans de vérité, auxquels cet état de contrainte morale donne toute leur force.
Mais ici la méfiance, déjà propre à cette jeune nature, se marqua à l’instant ; sa physionomie se ferma : « Mais je ne connais personne à Paris », répondit-il ; — et après une pause d’un instant : « Je n’y connais plus que la colonne de la place Vendôme. » Puis s’apercevant qu’il avait interprété trop profondément une parole toute simple, et pour corriger l’effet de cette brusque réponse, il envoya le surlendemain à M. de La Rue, qui montait en voiture, un petit billet où étaient tracés ces seuls mots : « Quand vous reverrez la Colonne, présentez-lui mes respects. » Au maréchal Marmont, comme à toutes les personnes avec qui il parlait de la France, le jeune prince exprimait l’idée qu’il ne devait, dans aucun cas, jouer un rôle d’aventure ni servir de sujet et de prétexte à des expériences politiques ; il rendait cette juste pensée avec une dignité et une hauteur déjà souveraines : « Le fils de Napoléon, disait-il, doit avoir trop de grandeur pour servir d’instrument, et, dans des événements de cette nature, je ne veux pas être une avant-garde, mais une réserve, c’est-à-dire arriver comme secours, en rappelant de grands souvenirs. » Dans une conversation avec le maréchal, et dont les sujets avaient été variés, il en vint à traiter une question abstraite ou plutôt de morale, et comparant l’homme d’honneur à l’homme de conscience, il donnait décidément la préférence à ce dernier, « parce que, disait-il, c’est toujours le mieux et le plus utile qu’il désire atteindre, tandis que l’autre peut être l’instrument aveugle d’un méchant ou d’un insensé ».
En récompense, voici un charmant et naïf tableau d’une autre disgrâce un peu antérieure, de celle du comte d’Argenson, ancien ministre de la Guerre sous Louis XV, et renvoyé en 1757 pour avoir pris parti contre Mme de Pompadour au moment de l’assassinat de Damiens ; la page qu’on va lire de Marmontel est un renseignement précieux pour la peinture de la maladie morale que nous étudions : Dans l’un de ces heureux voyages que je faisais à Saumur, dit-il en ses Mémoires, je profitai du voisinage de la terre des Ormes pour y aller voir le comte d’Argenson, l’ancien ministre de la Guerre, que le roi y avait exilé.
Tout en s’accommodant avec bonheur de cette condition bourgeoise, il y faisait entrer sans trop d’effort de hautes pensées, et sa modestie domestique prenait un caractère de grandeur morale : Mon père, dit-il quelque part, à propos de je ne sais quel détail de conduite, mon père, qui était un homme rare et digne du temps des Patriarches, le pratiquait ainsi ; et c’est lui qui, par son sang et ses exemples, a transmis à mon âme ses principaux traits et ses maîtresses formes.
En même temps, il a le bon sens de regretter que la science morale ne soit pas dans une voie de perfectionnement parallèle, et qu’elle fasse si peu de progrès parmi les hommes.
C’est ainsi que, vers la fin, dans le séjour à Délos, il n’a pu s’empêcher de se donner carrière : l’homme s’est révélé ; il a placé dans la bouche de Philoclès ses propres idées sur le bonheur, sur la société, sur l’amitié, et a introduit par extraits cet ancien petit Traité de morale qu’il avait composé bien des années auparavant pour le neveu de M. de Malesherbes.
Il se construisit, pour soutenir et étayer ses nouvelles tendances, une philosophie très sommaire, faite de croyance en la science considérée comme devant renouveler l’essence morale de l’humanité et devant mener le genre humain à la moralité et au bonheur.
Huysmans aucune compassion pour leurs semblables : « Comme toute impression morale est pénible à l’hypocondriaque, dit Griesinger dans son Traité des maladies mentales, il se développe chez lui une disposition à tout nier et à tout détester. » Aussi M.
S’il s’agit surtout d’une science toute jeune, et qui commence à peine à se constituer en science positive, de la science la plus complexe et la plus délicate d’entre les sciences physiques, de celle qui nous touche de plus près, puisque par un côté elle confine à la médecine, par l’autre à la psychologie et à la morale, on attachera plus d’importance encore à cette entreprise.
La profonde philosophie chrétienne avait depuis longtemps avec saint Paul distingué l’homme extérieur et l’homme intérieur, le vieil homme et l’homme nouveau, la chair et l’esprit ; mais cette distinction mystique et morale n’avait point pénétré en métaphysique.
Les peintres font servir encore ces compositions à peu près au même usage que les égyptiens emploïoient leurs figures hierogliphiques ; c’est-à-dire pour mettre sensiblement sous nos yeux quelque verité generale de la morale.
Mais cette haute doctrine, qui fait la base de toutes les religions, qui a été si admirablement perfectionnée dans le christianisme, qui a toujours subsisté comme sentiment primitif parmi les hommes, qui est si morale, puisqu’elle explique à la fois le sacrifice, le dévouement et le malheur, cette haute doctrine ne doit pas, en ce moment, attirer notre attention.
Dans sa Gloriette, dans son Curé de Minerve, dans son Hercule chrétien et dans son Histoire de Pierre Azam, ce qui le préoccupe, c’est la couleur locale et morale, et les personnages de ses récits presque légendaires ne sont guères que des figures, pour la plupart, connues, et parfois d’une physionomie fatiguée.
Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique Mémoire lu au Congrès de Philosophie de Genève en 1904 et publié dans la Revue de métaphysique et de morale sous ce titre : « Le paralogisme psychophysiologique ».
Appelez l’éloquence à votre aide, faites des panégyriques, prononçez des oraisons funèbres, enseignez la morale au public, établissez des théories sur le beau, rassemblez des documents inédits ; soyez orateur, professeur, prédicateur, tout ce qu’il vous plaira : vous ne parviendrez qu’à écrire longuement une histoire froide.
Cousin une doctrine capitale sur laquelle il établit sa théodicée, qui lui semble le fondement de la morale et de la science, avec laquelle il réfute les sensualistes, la seule entre toutes les siennes qui renferme autre chose que les maximes du sens commun : la théorie de la raison ; elle est sa place d’armes.
Il faut remercier la critique allemande, et en particulier Bouterwek, d’avoir établi nettement la différence qui sépare l’art, sous toutes ses formes, de la morale dogmatique. […] Une fois bien assurés de l’originalité intellectuelle et morale de ses ouvrages, nous ne pouvons pas attacher un bien vif intérêt aux analogies prochaines ou lointaines qui l’unissent à d’autres poètes de la même nation. […] À mesure que la civilisation enlace dans son réseau un plus grand nombre de familles, la douleur morale et le bien-être matériel se multiplient dans une proportion à peu près égale. […] Or il y a dans ce livre une vertu singulière et presque magnétique qui nous attire et nous rappelle chaque fois que nous sommes témoins ou acteurs dans une crise morale de quelque importance. […] Aujourd’hui la religion ne vit plus guère que par la morale ; le dogme et le mystère ne rencontrent plus que de rares crédulités : ce n’est plus le prêtre qui flétrit l’adultère, c’est la société.
En religion, en philosophie, en politique, dans l’art, dans la morale, chacun de nous doit s’inventer ou se choisir un système : invention laborieuse, choix douloureux, bien différent de l’heureuse insouciance qui jadis installait chacun dans la soumission à l’Église et dans la fidélité au roi. […] Comprend-on qu’en expliquant la religion des Vaudois, il parle ainsi des Alpes : « Leurs glaciers bienfaisants dans leur austérité terrible, qui donnent à l’Europe les eaux et la fécondité, lui versent en même temps la lumière, la force morale » ? […] Il considère l’histoire comme une école populaire de patriotisme et de morale. […] La nature humaine ne s’est pas en lui, comme chez nous, développée toute d’un côté ; elle est encore en équilibre ; elle jouit de ses sensations autant que de ses sentiments, et de sa vie physique autant que de sa vie morale. […] C’est l’invention qui mesure la force morale.
Il ne séparait pas la science de la morale, et il n’était pas non plus de ceux qui ensevelissent leurs débuts pénibles et leurs origines ; il avait eu la vie rude et même misérable ; il avait été pauvre, et il lui arrivait de le rappeler à son fils en des termes qui ne s’oublient pas : « Il m’est arrivé de manquer de pain, toi déjà né. […] Quand donc ne placerons-nous la morale que là où elle est réellement ?
Recueillant tout ce qui avait été pensé, chanté ou dit de plus beau avant lui sur la terre, pour se former à lui-même dans son âme un trésor intarissable de vérités, d’exemples, d’images, d’élocution, de beauté morale et civique, il se proposait d’accroître et d’épuiser ensuite ce trésor pendant sa vie, pour la gloire de sa patrie et pour sa propre gloire, immortalité terrestre dont les hommes d’alors faisaient un des buts et un des prix de la vertu. […] La tyrannie, qui n’avait été jusque-là qu’une éclipse de la liberté, devint une institution ; elle dispensa le peuple de toute vertu ; elle fit aux Romains, selon le hasard des vices ou des vertus de leurs maîtres, tantôt des temps de servitude prospère, tantôt des règnes de dégradation morale et de sang, qui sont l’ignominie de l’histoire et le supplice en masse du genre humain.
Dès les premières pages, voilà des développements de morale imités des anciens, des dissertations spéciales sur l’amour, l’amitié, la jeunesse et la vieillesse, relevées d’allusions hardies aux mœurs et aux abus de l’époque ; voilà des épisodes en langage burlesque, de l’histoire sacrée et profane, qui viennent comme exemples à l’appui des raisons morales. […] On vient de voir Gerson le calquant pour l’attaquer, et subissant son influence littéraire au moment même où il veut détruire son influence morale.
[autorité morale…] autorité morale est d’autant plus précieuse chez notre auteur que les démonstrations scientifiques et l’exposé de la doctrine sont d’une difficile assimilation.
Le tyran qui les épie à leur insu, et qui, les perçant à la fois du même glaive, confond dans un même ruisseau leur sang sur la terre et dans un même soupir leur première et leur dernière respiration d’amour ; Le ciel qui les châtie avec une sévérité morale, mais avec un reste de divine compassion, dans un autre monde, et qui leur laisse au moins, à travers leur expiation rigoureuse, l’éternelle consolation de ne faire qu’un dans la douleur, comme ils n’ont fait qu’un dans la faute ; La pitié du poète ému qui les interroge et qui les envie (on le reconnaît à son accent) tout en les plaignant ; Le principal coupable, l’amant, qui se tait, qui sanglote de honte et de douleur d’avoir causé la mort et la damnation de celle qu’il a perdue par trop d’amour ; la femme qui répond et qui raconte seule pour tous les deux, en prenant tout sur elle, par cette supériorité d’amour et de dévouement qui est l’héroïsme de la femme dans la passion ; Le récit lui-même, qui est simple, court, naïf comme la confession de deux enfants ; Le cri de vengeance qui éclate à la fin de ce cœur d’amante contre ce Caïn qui a frappé dans ses bras celui qu’elle aime ; Cette tendre délicatesse de sentiment avec laquelle Francesca s’abstient de prononcer directement le nom de son amant, de peur de le faire rougir devant ces deux étrangers, ou de peur que ce nom trop cher ne fasse éclater en sanglots son propre cœur à elle si elle le prononce, disant toujours lui, celui-ci, celui dont mon âme ne sera jamais « désunie » ; Enfin la nature du supplice lui-même, qui emporte dans un tourbillon glacé de vent les deux coupables, mais qui les emporte encore enlacés dans les bras l’un de l’autre, se faisant l’amère et éternelle confidence de leur repentir, buvant leurs larmes, mais y retrouvant au fond quelque arrière-goutte de leur joie ici-bas, flottant dans le froid et dans les ténèbres, mais se complaisant encore à parler de leur passé, et laissant le lecteur indécis si un tel enfer ne vaut pas le ciel… Quoi de plus dans un récit d’amour ? […] Le beau dans la douleur ; le pathétique, le serrement de cœur par la pitié au spectacle de la douleur d’autrui ; la consonance sublime entre le sanglot d’autrui et notre propre sanglotement intérieur ; la jouissance douloureuse, mais enfin la jouissance morale, de notre sympathie humaine pour la peine d’un être humain comme nous, l’ homo sum, humani nihil a me alienum du poète latin ; cette sympathie désintéressée qui fait à la fois la nature, la vertu et la dignité de l’être humain, sont partout dans cette scène poétique.
Il a la morale de son temps, celle des seigneurs et chevaliers qu’il hante et qu’il sert ; il a le culte de ce qui paraît beau et brillant autour de lui, de ce qui rapporte profit, honneur et renommée à travers le monde.
Sans doute il y avait des contradictions dans l’Essai, et ces contradictions pouvaient être une porte entrouverte pour que l’auteur remontât par là jusqu’à la lumière, comme cela est arrivé ; sans doute il se séparait, jusque dans son incrédulité, des encyclopédistes et des philosophes proprement dits, jaloux d’établir leur domination sur les esprits, puisqu’il leur disait : Vous renversez la religion de votre pays, vous plongez le peuple dans l’impiété, et vous ne proposez aucun autre palladium de la morale.
Mais, malgré ces traits à noter et bien d’autres, ce second sermon pour la Toussaint est pénible, je le répète, un peu obscur, et, si l’on veut retrouver Bossuet tout à fait grand orateur, il faut passer au troisième : ou plutôt, dans une lecture bien faite et bien conseillée de cette partie des œuvres de Bossuet, on devra omettre, supprimer et le premier sermon et le quatrième, qui ne sont que des canevas informes, ne pas s’arrêter à ce second, qui est difficultueux, et alors on jouira avec fraîcheur de toute la beauté morale et sereine de cet admirable troisième sermon prêché en 1669 dans la chapelle royale, et où Bossuet réfutant Montaigne, achevant et consommant Platon, démontre et rend presque sensibles aux esprits les moins préparés les conditions du seul vrai, durable et éternel bonheur.
Je sais bien que Fontenelle a dit : « Les mouvements les plus naturels et les plus ordinaires sont ceux qui se font le moins sentir : cela est vrai jusque dans la morale.
Le Tourneux n’eut que l’influence la plus morale, la plus directement chrétienne, et j’en ai pour preuve des lettres mêmes, inédites, adresséés par lui au poète devenu néophyte et un moment repentant.
D’ailleurs Voiture n’avait d’Horace ni la justesse morale, ni l’élévation, ni le noble souci de l’immortalité et ce qui fait qu’on a droit à chanter son Exegi monumentum, rien de solide, ni même cette libéralité d’âme qui achève le goût, et qui fait qu’Horace, par exemple, en toute occasion, a parlé si honorablement de son père : Voiture, on le sait, était embarrassé du sien30.
Frédéric revient et insiste sur cette disposition fondamentale du cœur de son frère, en des termes qui ne laissent rien à désirer pour l’explication morale : Vous savez avec quel soin j’ai recherché votre amitié ; que je n’ai épargné ni caresses, ni ce qui se peut appeler des avances, pour gagner votre cœur.
Elle apprenait à lire et enseignait la culture morale aux enfants des villageois souvent épars à de grandes distances.
le changement de gamme poétique et morale est-il assez sensible ?
C’est dangereux dans ce moment… » La conclusion à tirer de tout ceci, à ce qu’il me semble, c’est que, dans cette succession si rapide d’événements et dans cette mobilité d’impressions souvent contraires, l’impossibilité morale de la lettre en question n’existe pas.
On sourit à lire ce Journal qui est vraiment de morale autant que de médecine : quelquefois le roi tient bon contre les tentations, contre celle des beaux muscats, par exemple, qu’on lui présente un jour sans qu’il veuille en goûter ; d’autres fois, et le plus souvent, il fait comme nous, il cède.
Je vous prie aussi de donner un écu à la nourrice de Nanette, qui lui a envoyé des biscuits… » Tout cela est bien, sans doute, et prouve une grande vertu morale et domestique chez l’homme de génie.
Térence peintre de l’homme, ce n’est rien d’absolu dans la morale ni dans la vie : c’est croire qu’on a toujours quelque chose à apprendre, toujours à modifier et à corriger selon l’âge, le moment, la pratique et l’expérience.
Quand on ouvre les Évangiles pour les lire sans parti pris, et en ayant passé l’éponge en soi sur toute doctrine préconçue, il en sort, au milieu de mainte obscurité, de mainte contradiction qu’on y rencontre, un souffle, une émanation de vérité morale toute nouvelle ; c’est le langage naïf et sublime de la pitié, de la miséricorde, de la mansuétude, de la justice vivifiée par l’esprit ; l’esprit en tout au-dessus de la lettre ; le cœur et la foi donnant à tout le sens et la vie ; la source du cœur jaillissante et renouvelée ; les prémices, les promesses d’une joie sans fin ; une immense consolation assurée par-delà les misères du présent, et, dès ici-bas, de la douceur jusque dans les larmes.
Incontestablement, il y avait utilité ; mais ou est la morale ?
» Il était loin encore de cette profonde démission morale, mais il était déjà sur le chemin, au moment où cette épouse de vingt-deux ans lui fut donnée.
» — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ?
Zeller en résume ainsi les préceptes, qui tiennent à la fois de la culture ou de l’hygiène locale et de la morale universelle : « Entretenir avec un soin religieux le feu, chose sacrée, dans le temple et au foyer domestique ; respecter l’eau qui coule et qu’on ne doit jamais souiller par un contact impur, surtout celui d’un cadavre ; couvrir, purifier, embellir la terre en multipliant, par le travail et les arrosages, la moisson jaunissante, la forêt qui tamise les rayons du soleil, et les arbres qui portent les doux fruits ; élever, nourrir les animaux nobles et faire une guerre sans relâche aux impurs, voilà comme le sectateur de Zoroastre combat le mal physique dans la nature.
Ce que je fais en ce moment n’est pas de la politique, c’est de l’histoire morale et littéraire.
Sa manière de philosophiser le christianisme est-elle tout simplement, avec plus de ferveur et d’impulsion, un pur déisme avec morale évangélique, comme par exemple la religion de MM.
Des auteurs d’esprit s’y sont trompés ; ils ont mis en action, selon le précepte, des animaux, des arbres, des hommes, ont caché un sens fin, une morale saine sous ces petits drames, et se sont étonnés ensuite d’être jugés si inférieurs à leur illustre devancier : c’est que La Fontaine entendait autrement la fable.
Il est vrai que c’est par ses douleurs physiques et par les aiguillons de ses maux qu’il semble surtout amené à la contrition morale.
En parlant avec élévation et chaleur du sentiment de l’admiration, de cette source de toute vie et de toute grandeur morale, M.
Il donnait déjà ses études biologiques pour une « séries d’expériences » formant « un long cours de physiologie morale ».
Une littérature, enfin, psychologique et morale, claire, précise, régulière, intéressante, appuyée sur le réel et délassant du réel, joie des esprits légers et nourriture des intelligences actives, voilà ce que réclame le goût français ; et voilà pourquoi il y aura longtemps encore quelque chose de Boileau, et quelque chose d’essentiel, dans toutes les œuvres qui réussiront chez nous.
Personne ne s’est avisé de les guider ni de leur imposer une discipline morale.
Depuis quelques années déjà, l’auteur de l’Ami des femmes exerce la morale comme une chirurgie ; il lui prête l’impudeur tranchante d’une science expérimentale qui a le droit de tout éventrer et de tout décrire.
Il y a là dans sa morale un côté faible que je ne prétends pas dissimuler.
Nous continuerons de le suivre hors de France, en faisant remarquer un seul point pour l’explication morale de sa conduite ; c’est que Mallet du Pan n’était point Français.
» Enfermé à Pignerol, il se livra, dit-on, à la contemplation des choses spirituelles, et l’on dit même qu’il composa quelques traités de morale.
. — Peignant la vieillesse de Pâris-Duverney assiégée de collatéraux avides, il en tirera argument contre le célibat et fera une allocution vertueuse et morale aux célibataires : « Amants du plaisir !
Franklin, vieux, lisait peu les poètes ; il en est un pourtant qui, par son naturel, sa grâce simple, et la justesse de ses sentiments, sut trouver le chemin de son cœur : c’était William Cowper, l’humble poète de la vie morale et de la réalité.
Et il y avait des relations non encore brisées entre Rouland et les Passy, qui parlaient chaudement en notre faveur, et le samedi 19 février, le président de la 6e chambre donnait lecture, à la fin de l’audience, du jugement dont voici le texte : « En ce qui touche l’article signé Edmond et Jules de Goncourt, dans le numéro du journal Paris, du 11 décembre 1852 ; « Attendu que si les passages incriminés de l’article présentent à l’esprit des lecteurs des images évidemment licencieuses et dès lors blâmables, il résulte cependant de l’ensemble de l’article que les auteurs de la publication dont il s’agit n’ont pas eu l’intention d’outrager la morale publique et les bonnes mœurs ; « Par ces motifs : « Renvoie Alphonse Karr, Edmond et Jules de Goncourt et Lebarbier (le gérant du journal) des fins de la plainte, sans dépens. » Nous étions acquittés, mais blâmés.
L’extrême petitesse de chacun comparé au tout décourage et désarme la force morale : il semble même que la disproportion d’une âme forte et d’une situation faible a quelque chose d’inconvenant ; on craint de jouer au héros, et, chacun se diminuant ainsi par faiblesse et par scrupule, il en résulte une diminution générale, qui, en se perpétuant et en s’aggravant de génération en génération, pourrait avoir de tristes effets.
Si l’on ne s’explique plus devant des Claude Monet ou des Renoir les rafales de rire des anciennes expositions d’impressionnistes, encore moins peut-on s’imaginer comment en 1875 des personnes amoureuses de musique se dirigeaient vers le Châtelet avec des sifflets quand on y devait donner la Danse macabre, comment Carmen échoua, comment jadis des hommes d’intelligence pratique réelle eurent horreur d’Hernani, comment Baudelaire scandalisa, comment Flaubert froissa ; et je ne cite que des nouveautés où l’élément d’art était le seul en question, admettant que le naturalisme fut d’abord discuté simplement au nom de la morale, et que le patriotisme seul amena les Parisiens à manifester contre Lohengrin… En tout cas, le jour de Tannhauser ils n’avaient encore d’autres raisons que l’horreur du nouveau.
Réfléchir sur une œuvre d’imagination consiste surtout en ceci : se demander si les personnages sont vraisemblables et naturels et goûter leur vérité, comme en lisant l’on a goûté la beauté, l’intensité de leur vie morale.
» VIII Mais ce n’est là encore que la moitié de cette physionomie morale que le livre de Ratisbonne nous donne intégrale.
C’est un art enfin qui trouve dans la réalité et dans la vie, mille fois plus de beauté que dans la fiction et dans le rêve avec leur morale, leurs artifices et leurs évangiles, mille fois plus d’éclat, de variété, d’unité, d’harmonie, de grandeur, de méthode, de liberté, de fantaisie, de noblesse, et pour lequel il n’y a pas de sujets nobles ou ignobles, dignes ou indignes, mais seulement des artistes dignes ou indignes de les créer.
Je viens examiner l’utilité morale, l’utilité religieuse qu’il peut y avoir à établir une église à Montmartre… Lorsqu’il s’agit d’établir à Paris, dans ce grand foyer de la Révolution et de la libre pensée, sur le point culminant de la capitale, sur ce point qui se voit de tous côtés et de si loin, un monument qui le couronne et dans le quartier qui est, à vos yeux, l’un des centres les plus ardents de l’insurrection, l’effet que vous attendez est celui-ci : Mettre là un symbole du triomphe de l’Église sur la Révolution.
Quant à moi, si j’avais à écrire, à parler du bon Jean-Paul ou d’un quelconque de ses compatriotes, si je me mettais seulement à lire ses pareils ou lui pour mon propre plaisir, je commencerais par oublier quelques-uns des goûts de ma patrie, notre amour pour les idées générales nettes, moyennes, accessibles, pour les lieux communs de morale mondaine, les sentences fines et brèves, l’unité, la rapidité, la précision, la mesure, la délicatesse et la logique ; j’oublierais notre aversion pour le vague et pour toute fantaisie qui n’est point réductible à une idée claire ; je me ferais allemand ; je m’échaufferais, je m’élèverais par enthousiasme à la hauteur de ces imaginations poétiques et philosophiques tout ensemble, qui jettent à la raison vulgaire de superbes défis, et je mesurerais l’altitude de leurs pensées et de leurs œuvres d’après leur degré de mystère et de vénérable obscurité. […] Le voilà lancé sur un sujet grave : il parle de morale, de philosophie, de religion ; cela vous inquiète ? […] Ce qui me charme en lui, ce n’est pas seulement cette perfection des procédés de l’art, mais surtout cet aimable naturel, cette haute valeur morale du poète… Ce que Schlegel dit de Molière m’a profondément affligé… Pour un être comme Schlegel, une nature solide comme Molière est une vraie épine dans l’œil ; il sent qu’il n’a pas une seule goutte de son sang, et il ne peut pas le souffrir, etc., etc. » Voyez les Entretiens de Goethe et d’Eckermann.
Il est le personnage le plus important de l’Angleterre, je le sais, et je vois bien qu’il le mérite ; car il fait partie de la constitution, il est le gardien de la morale, il juge en dernier ressort dans toutes les questions, il remplace avec avantage les préfets et les gendarmes dont les peuples du continent sont encore encombrés. […] Comme d’ailleurs la vôtre est utile, voulue et morale, elle ne vous révolte pas ; vous lui restez soumis sans difficulté, vous lui êtes attachés de cœur ; vous craindriez, en la touchant, d’ébranler la constitution et la morale.
Avons-nous à étudier, nous proposons-nous d’étudier La Fontaine ; au lieu de commencer par la première fable venue, nous commencerons par l’esprit gaulois ; le ciel ; le sol ; le climat ; les aliments ; la race ; la littérature primitive ; puis l’homme ; ses mœurs ; ses goûts ; sa dépendance ; son indépendance ; sa bonté ; ses enfances ; son génie ; puis l’écrivain ; ses tâtonnements classiques ; ses escapades gauloises ; son épopée ; sa morale ; puis l’écrivain, suite ; opposition en France de la culture et de la nature ; conciliation en La Fontaine de la culture et de la nature ; comment la faculté poétique sert d’intermédiaire ; tout cela pour faire la première partie, l’artiste ; pour faire la deuxième partie, les personnages, que nous ne confondons point avec la première, d’abord les hommes ; la société française au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; le roi ; la cour ; la noblesse ; le clergé ; la bourgeoisie ; l’artisan ; le paysan ; des caractères poétiques ; puis les bêtes ; le sentiment de la nature au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; du procédé poétique ; puis les dieux ; le sentiment religieux au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; de la faculté poétique ; enfin troisième partie, l’art, qui ne se confond ni avec les deux premières ensemble, ni avec chacune des deux premières séparément ; l’action ; les détails ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope et Phèdre ; le système ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope, Rabelais, Pilpay, Cassandre ; l’expression ; du style pittoresque ; les mots propres ; les mots familiers ; les mots risqués ; les mots négligés ; le mètre cassé ; le mètre varié ; le mètre imitatif ; du style lié ; l’unité logique ; l’unité grammaticale ; l’unité musicale ; enfin théorie de la fable poétique ; nature de la poésie ; opposition de la fable philosophique à la fable poétique ; opposition de la fable primitive à la fable poétique ; c’est tout ; je me demande avec effroi où résidera dans tout cela la fable elle-même ; où se cachera, dans tout ce magnifique palais géométrique, la petite fable, où je la trouverai, la fable de La Fontaine ; elle n’y trouvera point asile, car l’auteur, dans tout cet appareil, n’y reconnaîtrait pas ses enfants. […] « Déjà nous participons à la vie de l’univers (vie Voire il faut que je me résolve à découper ici mon exemplaire : « (vie bien imparfaite encore) par la morale, la science et l’art. […] Nous autres, nous disons : “Donc cela sera” ; et ce raisonnement a sa légitimité, puisque nous avons vu que les rêves de la conscience morale peuvent fort bien devenir un jour des réalités.
Se sentir l’outrance morale que nous avons, et être trahis par des nerfs, par une faiblesse maladive, une lâcheté du creux de l’estomac, une chifferie du corps. […] c’est bien malheureux de n’avoir pas une force physique adéquate à sa force morale… Se dire qu’il est insensé d’avoir peur, qu’une poursuite, même non arrêtée, est une plaisanterie ; se dire encore que le succès immédiat nous importe peu, que nous sommes sûrs d’avoir été agrégés et jumellés pour un but et un résultat, et que ce que nous faisons, tôt ou tard sera reconnu… et pourtant passer par des découragements, avoir les entrailles inquiètes : c’est la misère de nos natures si fermes dans leurs audaces, dans leurs vouloirs, dans leur poussée vers le vrai, mais trahies par cette loque en mauvais état, qui est notre corps. […] Elle est le moyen de transporter le lecteur dans un certain milieu favorable à l’émotion morale qui doit jaillir de ces choses et de ces lieux.
Il est le personnage le plus important de l’Angleterre, je le sais, et je vois bien qu’il le mérite ; car il fait partie de la constitution, il est le gardien de la morale, il juge en dernier ressort dans toutes les questions, il remplace avec avantage les préfets et les gendarmes dont les peuples du continent sont encore encombrés. […] Comme d’ailleurs la vôtre est utile, voulue et morale, elle ne vous révolte pas ; vous lui restez soumis sans difficulté, vous lui êtes attachés de cœur ; vous craindriez, en la touchant, d’ébranler la constitution et la morale.
Il existe, dans le cercle humain qui lui est contingent, une vieille usurière, fille desséchée, procureuse rapace, synthèse de toute difformité morale. […] Ce dénouement, ce concept de l’expiation par le châtiment visible et complet, concept qui dérivait autrefois de l’idée religieuse basée sur la sanction, et qui voulait que l’âme se mit en état de grâce devant les hommes, pour paraître devant un juge, est ici conclu au nom d’une morale indépendante. […] De même pour la moralité de la poésie, c’est le caractère didactique et prêcheur de la morale courante et philosophique que Poe lui interdit, car qui dit vérité dit moralité, le bien pour l’individu comme pour l’espèce consistant simplement à mettre de la logique et de l’accord entre sa destination perpétuelle et les phases momentanées de sa vie. […] Tout artiste qui ne plaide ni ne prêche l’allocution morale, l’exemple, le conseil pratique, est un féal de l’art pour l’art. […] C’est en faisant ressortir, avec une intensité toute nouvelle et particulière, le sens et l’allure d’événements quotidiens que Tolstoï fut grand par ce livre, et non par la solution qu’il offre et la morale qu’il prêche, car elle est simple et n’était pas inédite.
Il avait trouvé poète en pleine crise morale. […] De tous ces instincts, celui que Balzac a analysé et mis en scène le plus puissamment, c’est la lutte pour l’argent ; Les hommes d’argent et les drames de l’argent sont peints admirablement dans Balzac et forment le grand ressort de la vaste encyclopédie sociale, morale et psychologique que veut être la Comédie humaine. […] Une des plus considérables d’alors, la Revue des Deux Mondes, avait si bien senti la qualité exceptionnelle et le caractère spécial des vers du poète de l’Invitation au voyage et de la Vie antérieure qu’en accueillant en 1855 une série de ses poèmes, elle avait cru devoir les accompagner d’une note courtoisement, mais prudemment explicative, par laquelle elle déclinait la responsabilité morale de la publication qu’elle en faisait. […] Elle tendait à isoler l’art de la morale ou plutôt à lui donner sur elle une telle supériorité qu’elle se soumît à lui pourvu que le poète sût trouver dans le mal, soit par un jeu d’imagination, soit par observation intérieure, des éléments de beauté. […] Rien alors ni nous empêche d’admettre aussi que cette œuvre exprime certains sentiments « fictifs » auxquels le poète a le droit et le devoir de façonner son esprit, ainsi que Baudelaire en a posé le principe, dans la note explicative dont il a fait précéder son Reniement de saint Pierre, mais si cette « composition » rigoureuse ne nous paraît pas manifeste, rien ne nous permettra de ne pas juger que ces affirmations théoriques, dont nous ne trouvons pas la trace suffisante, étaient plutôt destinées à étonner le public et à servir d’excuse morale au poète pour certaines hardiesses qu’on lui avait reprochées.
» Et plus tard devait venir l’homme qui n’a en affaires d’argent aucune espèce de sens moral, pur et simple forban en cela, pouvant être bon père, bon ami, généreux même, mais partout où il peut dire : « il y a de l’argent à gagner là dedans », ne songeant même pas à aucune espèce de considération morale. […] Même bonté, même générosité, même indépendance, même propreté morale, le tout avec un peu plus de raffinement, d’une part, et aussi un peu plus d’ardeur. […] Mme de Raguais devrait peut-être ne point parler ; car les infamies des pères et mères n’ont rien à voir dans ces choses-là, et la loi morale, c’est que ceux qui s’aiment doivent être époux ; Mme de Raguais devrait ne point parler ; mais son caractère veut qu’elle parle. […] Ça doit bien vous impatienter de ne pouvoir rien expliquer, et précisément devant des hommes qui, n’ayant pas le temps de réfléchir, auraient besoin qu’on leur expliquât tout. » Ces six pages sur la formation intellectuelle et morale de Michel Aubier, c’est par quoi M. […] Au second acte, qui est le meilleur comme vérité et comme précision d’observation psychologique et morale, Soindres est chez Mme de Gerberoy et ils sont tous deux, cela se voit, très amoureux l’un de l’autre.
Cette morale en temps de guerre, même chez des voisins et des compatriotes, ne faisait pas un pli.
À ces causes, considérant que les sciences et les arts n’illustrent pas moins un grand État que font les armes, et que la nation française excelle autant en esprit comme en courage et en valeur ; d’ailleurs désirant favoriser le suppliant et lui donner le moyen de soutenir les grandes dépenses qu’il est obligé de faire incessamment dans l’exécution d’un si louable dessein, tant pour paiement de plusieurs personnes qu’il est obligé d’y employer que pour l’entretien des correspondances avec toutes les personnes de savoir et de mérite en divers et lointains pays ; nous lui avons permis de recueillir et amasser de foules parts et endroits qu’il advisera bon être les nouvelles lumières, connaissances et inventions qui paraîtront dans la physique, les mathématiques, l’astronomie, la médecine, anatomie et chirurgie, pharmacie et chimie ; dans la peinture, l’architecture, la navigation, l’agriculture, la texture, la teinture, la fabrique de toutes choses nécessaires à la vie et à l’usage des hommes, et généralement dans toutes les sciences et dans tous les arts, tant libéraux que mécaniques ; comme aussi de rechercher, indiquer et donner toutes les nouvelles pièces, monuments, titres, actes, sceaux, médailles qu’il pourra découvrir servant à l’illustration de l’histoire, à l’avancement des sciences et à la connaissance de la vérité ; toutes lesquelles choses, sous le titre susdit, nous lui permettons d’imprimer, faire imprimer, vendre et débiter soit toutes les semaines, soit de quinze en quinze jours, soit tous les mois ou tous les ans, et de ce qui aura été imprimé par parcelles d’en faire des recueils, si bon lui semble, et les donner au public ; comme aussi lui permettons de recueillir de la même sorte les titres de tous les livres et écrits qui s’imprimeront dans toutes les parties de l’Europe, sans que, néanmoins, il ait la liberté de faire aucun jugement ni réflexion sur ce qui sera de la morale, de la religion ou de la politique, et qui concernera en quelque sorte que ce puisse être les intérêts de notre État ou des autres princes chrétiens.
L’habitude de ce genre de beautés renouvelait ses jouissances au lieu de les diminuer, ce qui est le grand signe en toutes choses qu’on aime : « Je m’aperçois tous les jours de plus en plus, disait-il, qu’on ne se lasse pas du beau spectacle de la nature. » Pour conclure avec lui sur les jardins, sa morale pratique en ce genre est qu’il faut « en chercher et n’en pas faire », reconnaître et trouver les points de vue existants, les mouvements de terrain naturels, se contenter de les dégager, et non vouloir les créer à toute force ni les construire.
Daru écrivait à Picard sur sa comédie et dans lesquelles il lui faisait les vraies objections dont l’auteur, malgré son effort, n’a pu triompher, ont à mes yeux une valeur morale et plus que littéraire, si l’on songe qu’elles sont du même homme qui, vers le même temps, disait dans une lettre de Berlin adressée à Mme Daru : « Je t’écris d’une main fatiguée de vingt-sept heures de travail. » On le comprend, c’est moins le détail des conseils et ce qu’ils pouvaient avoir de plus ou moins motivé, que le sentiment même qui les inspire, cet amour et ce culte des lettres, tendre, délicat, fidèle, élevé, que je me plais à observer et à poursuivre en M.
Il mérite que Mme d’Épinay, étonnée, lui dise : « Vous, monsieur, qui êtes poète, vous conviendrez avec moi que l’existence d’un Être éternel, tout-puissant, souverainement intelligent, est le germe d’un plus bel enthousiasme. » Au reste, Saint-Lambert a lui-même exposé dans sa vieillesse, et sans plus y mêler la mousse du champagne, la série et le système complet de ses réflexions sur tous sujets dans ce fameux Catéchisme universel qui parut une œuvre philosophique si morale sous le Directoire.
Je sais bien que Socrate, en son temps, se détournait des sophistes, des prétendus sages qui raisonnaient à perte de vue sur le principe des choses, sur les vents, les eaux, les saisons ; Socrate avait raison de se passer de la mauvaise physique de son temps, de ses hypothèses ambitieuses et prématurées, pour ne s’occuper que de l’homme intérieur et lui prêcher le fameux « Connais-toi toi-même ». « C’est une grande simplesse, a dit Montaigne tout socratique en ce point, d’apprendre à nos enfants “Quid moveant Pisces…”, la science des astres et le mouvement de la huitième sphère, avant les leurs propres. » À cela je répondrai encore que Montaigne n’avait pas tort de préférer de beaucoup l’étude morale à celle d’une astronomie compliquée et en partie fausse.
Pendant que l’Église voit avec édification dans ces sages règlements la vérité de la doctrine, la pureté de la morale, l’intégrité de la discipline, l’autorité de la hiérarchie, établies, soutenues et conservées dans le diocèse de Noyon depuis l’heureux temps de votre épiscopat, nous y voyons encore ces divisions exactes, ces justes allusions, ces allégories soutenues, et surtout une méthode qu’on ne voit point ailleurs, et sans laquelle on suivrait difficilement des idées aussi magnifiques que les vôtres !
Ce qui est singulier, ce n’est pas qu’on ait fait une telle déclaration, qui a dû ressembler à beaucoup d’autres, et qui roule sur un éternel lieu commun de morale facile ; mais c’est que trente ans après on prenne la peine de se la rappeler en propres termes, et de l’enregistrer comme mémorable au milieu des remarques philosophiques ou politiques qu’on tire de ses lectures.
Séduit par l’esprit de Voltaire, Frédéric tient bon tant qu’il peut contre les tracas et les zizanies qu’a engendrées son séjour ; il exprime pourtant à ce sujet plus d’une pensée de pur bon sens et de morale pratique, et qui peut servir de leçon aux littérateurs de tous les temps : Après avoir goûté de tout et essayé de tous les caractères, écrit-il à sa sœur (29 décembre 1751), on en revient toujours aux personnes de mérite : Il n’y a que la vertu de solide, mais elle est rare à trouver.
[NdA] Voici le récit de Mme Campan, qui, par le ton de morale exemplaire qu’elle y met, ne paraîtra peut-être pas exempt de quelque arrangement : En me parlant (un jour) de l’étrange présomption des hommes, et de la réserve que les femmes doivent toujours observer avec eux, la reine ajouta que l’âge ne leur ôtait pas l’idée de plaire quand ils avaient conservé quelques qualités agréables ; qu’elle avait traité le baron de Besenval comme un brave Suisse, aimable, poli, spirituel, que ses cheveux blancs lui avaient fait voir comme un homme sans conséquence, et qu’elle s’était bien trompée.
Cette dernière expérience paraît avoir été pour lui décisive, et après quelques saisons de convalescence morale en Alsace, dans les Vosges, entre deux montagnes, il comprit qu’il était temps de prendre ses quartiers de vieillesse et d’indépendance.
quelle prud’homie morale, jointe à une habileté sans pareille dans son art !
» Je vous demande si un tel conteur s’est allé aviser de haute morale et de métaphysique.
Pour l’un, c’est la littérature morale et haute, sévère et abstraite, ce qu’il appelle l’esprit pur, qui lui fait illusion ; pour l’autre, c’est la littérature négligente, aimable et facile, la seule joyeuse et vraiment heureuse ; pour un autre, c’est la marotte d’une noble cause dont il se figure être la personnification vivante et le représentant tout chevaleresque.
Quand les religions et les intérêts de ce monde, si nombreux, si divers, criaient autour de moi à me rendre sourd, dans ces rues tortueuses de cette vie de nos jours, dans les corridors de cette Babel où nous sommes, j’envoyais l’oiseau dans quelque point de l’espace d’où il pût voir tout ce qui se fait, tout ce qui s’est fait, dit, édifié, détruit, refait, redit, depuis qu’on agit et qu’on parle en ce monde, et l’oiseau revenait me dire : Les sociétés sont folles ; partout Dieu n’est et n’a été que l’enseigne d’une boutique ; la morale n’est qu’un comptoir ; le bien et le mal sont des faits ; le devoir est une mesure.
Là où d’autres seraient rudes et blessants d’expression, même sans le vouloir, il a des délicatesses qui tiennent à une qualité morale ; il a des égards de confrère.
Introduit dans la Cour d’Apollon et trouvant tous les sièges occupés par les poëtes ses confrères, Cervantes se plaint d’être seul sans place au Parnasse ; Apollon, après quelques lieux communs de morale, lui dit : « Si tu veux pourtant mettre fin à ta plainte, te contenter et te consoler, plie en deux ton manteau et t’assieds dessus.
Mais ce n’est point ce que je préfère de Pope ; là où il a excellé avec originalité et sans dépasser le champ d’observation qui était véritablement le sien, c’est dans l’Épître morale, et M.
» Et voilà aussi comme la plume reprend ses avantages en regard du pinceau, et comment la fine analyse morale, la propriété, la concision et le choix des termes, une certaine distribution et un ordre naturel de pensées, une certaine marche graduelle en si petit espace, réussissent, presque en jouant, à faire un Portrait qui a sa beauté et tout son effet.
Il y avait déjà une saisie opérée à la poursuite du ministère public pour ce volume et quelques autres d’une même collection, sous l’imputation d’outrage à la morale publique.
Tout considéré, et sauf quelques ombres, quelques grains plus marqués çà et là dans la physionomie, nous verrons le même Catinat, le vrai Catinat déjà connu, le plus vertueux des hommes de guerre de son temps, obéissant pourtant à sa consigne, et docile de point en point à Louis XIV, à Louvois ; puis, le guerrier une fois quitte de son service, nous aurons le philosophe et le sage, non pas absolument celui qu’on a arrangé au xviiie siècle, et sur lequel on avait répandu une légère teinte de liberté de pensée, mais enfin un modèle de modestie, de raison, de piété morale, et un bon citoyen, celui qui disait ; « J’aime mon maître et j’aime ma patrie. ».
Prêtres, juges, professeurs, ils représentent dans cette société élémentaire toute une force civile et morale d’autant plus puissante qu’elle est moins définie.
n’avez-vous pas cédé, sans le vouloir tout à fait, au plaisir d’opposer la protestante un peu verte, un peu roide, bien, portante d’une bonne grosse santé morale, à la catholique pleine de grâce et de nonchaloir, touchante par sa timidité, discrète, effarouchée, souffreteuse peut-être, mais humble et toute pénétrée de charme ?
L’épithète morale et métaphysique a souvent sa magie que des milliers d’adjectifs chatoyants ne produiraient pas.
Un certain nombre de prédicateurs reviennent décidément, comme le Père Monsabré, à l’exposition pure et simple du dogme et de la morale chrétienne d’après la Somme de saint Thomas, qui est comme on sait, en grande faveur auprès de Léon XIII.
Vous avez la haine de la foule et de tout ce qui est vulgaire, mais votre haine est mêlée de terreur : « Quand je suis dans la foule, j’en fais partie, et c’est parce que je sais ce que j’y deviens que je dis que je hais la foule. » Votre morale, M.
Il lui répète cette vérité de la morale et de l’amitié sous toutes les formes : il aurait voulu apaiser, ralentir en elle cette activité qui la dévorait et qui usait ses frêles organes.
Dans cette haute ambition morale qu’il avoue et qui est celle de conquérir le plus d’esprits et le plus de cœurs à ce qu’il croit la vérité, il s’était dit : « Ma parole est utile ; pourquoi ne serait-elle pas perpétuelle ?
Il prend plaisir, en regard des romans exaltés et des inventions systématiques du jour, à rappeler ce livre tout naturel, qui résume la morale de l’expérience.
Mais c’est l’impression morale qui, dans le jugement public, l’a emporté de beaucoup sur l’effet du style.
Religion et morale à part, il n’y a qu’à s’incliner, convenons-en, devant l’expression d’une si désolée et si suprême mélancolie.
Ce n’est pas de la délicatesse chevaleresque que je parle, c’est de la véritable, de l’intérieure, de celle qui est morale et humaine.
Frédéric est d’ailleurs dans le vrai du cœur humain, dans la réalité de l’observation morale et de la prophétie pratique, quand il ajoute : Le temps, qui guérit et qui efface tous les maux, rendra dans peu sans doute aux États prussiens leur abondance, leur prospérité et leur première splendeur ; les autres puissances se rétabliront de même ; ensuite d’autres ambitieux exciteront de nouvelles guerres et causeront de nouveaux désastres ; car c’est là le propre de l’esprit humain, que les exemples ne corrigent personne ; les sottises des pères sont perdues pour leurs enfants ; il faut que chaque génération fasse les siennes.
Son instruction était le plus volontiers tournée à la morale pratique et à l’application sociale ; en cela il se rapprochait de Voltaire, qui était aussi pratique lui-même qu’un écrivain peut l’être, et il aurait pu dire comme lui : « Je vais au fait, c’est ma devise. » De la littérature allemande, il en est à peine question avec Frédéric ; il en sent très bien les défauts, qui étaient encore sans compensation à cette date, la pesanteur, la diffusion, le morcellement des dialectes, et il indique quelques-uns des remèdes.
Le talent de Florian s’y montre au complet, avec son naturel gracieux, sa diction facile et spirituelle, avec une morale aimable et bienveillante, mais qui n’exclut ni la raillerie, ni la malice.
Telle Mme de Maintenon était chez ses amies, Mme d’Heudicourt, Mme de Montchevreuil, telle à l’hôtel d’Albret et à celui de Richelieu ; d’une attention à plaire à tout le monde, et d’une complaisance industrieuse que Saint-Simon a notée avec raison et qu’il a peinte aux yeux comme il sait faire : car, au milieu de ses exagérations, de ses injustices et de ses inexactitudes, il y a (ne l’oubliez pas) de grands traits de vérité morale dans ce qu’il dit de Mme de Maintenon ; mais l’explication qu’il donne de ce zèle empressé a plus de dureté qu’il ne convient, et je m’en tiendrai à celle qui nous est indiquée par Mme de Maintenon elle-même.
Mais l’Abbé, plus judicieux, remarquera que les modernes ont perfectionné l’analyse en tout genre, et que, comme l’anatomie a trouvé dans le cœur des valvules, des fibres, des mouvements et des symptômes qui ont échappé à la connaissance des anciens, la morale y a aussi trouvé des inclinations, des aversions, des désirs et des dégoûts que les mêmes anciens n’ont jamais connus.
La poésie, cultivée ainsi en secret et pour elle seule, dans les courts intervalles d’un travail pénible et d’une profession souvent ingrate, tourne au profit de la morale intérieure et devient une délicatesse de l’âme et une vertu.
La publication des pièces officielles et des dépêches des ambassadeurs de France, pendant la durée de l’influence de Mme des Ursins à Madrid (si cette publication se fait un jour), pourra seule achever de déterminer avec précision toute l’importance et la qualité de son action politique ; nous en savons déjà assez pour porter sur elle une appréciation morale ; et quant à son mérite littéraire, nous osons dire qu’il ne manque à ce qu’on a de Mme des Ursins que des éditeurs moins négligents pour qu’elle devienne un de nos classiques épistolaires.
J’ai évité jusqu’ici de traiter la question de moralité positive en Beaumarchais, et je dirai simplement pourquoi : il appartient à cette famille d’esprits que nous connaissons très bien pour l’avoir déjà étudiée chez Gourville et chez d’autres encore, famille en qui la morale rigide tient peu de place, et qui, dans l’âge de l’activité et des affaires, se sert du oui ou du non, selon l’occasion, et sans trop de difficulté.
À la vérité, je n’aurai jamais une grande connaissance de l’histoire, qui exige bien plus de lectures, mais je gagnerai autre chose qui vaut autant, selon moi… Il veut parler sans doute de la connaissance morale de l’homme.
Car il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise, ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries intéressées ou des alliances ; c’est le grand nombre.
Mais précisément, c’est que Richelieu n’est rien moins qu’un Robert Walpole : c’est un homme qui croit à Dieu, au caractère des rois, à une certaine grandeur morale dans les choses publiques, à une vertu propre en chaque ordre de l’État, à une rectitude élevée dans le clergé, à la générosité et à la pureté du cœur dans la noblesse, à la probité et à la gravité dans les parlements ; voilà ce qu’il veut à tout prix maintenir ou restaurer, tandis que l’autre ministre n’a que beaucoup d’habileté, un art de manipulation humaine et de corruption consommée, et de la bonne humeur
Dès le matin, la compagnie se rassemblera dans la chambre de Mme Oisille pour assister à sa leçon morale, et de là ira entendre la messe ; puis on dînera à dix heures ; après quoi, s’étant retiré chacun en sa chambre pour ses affaires particulières, on se réunira sur le pré à midi : Et s’il vous plaît que tous les jours, depuis midi jusques à quatre heures, nous allions dedans ce beau pré, le long de la rivière du Gave, où les arbres sont si feuillés que le soleil ne saurait percer l’ombre ni échauffer la fraîcheur ; là, assis, à nos aises, dira chacun quelque histoire qu’il aura vue ou bien ouï dire à quelque homme digne de foi.
Il explique assez au long à Jordan les raisons qu’il a eues de faire sa paix séparément de la France, et il lui donne la clef de sa morale de souverain : chez un souverain, c’est l’avantage de la nation qui fait la règle et qui constitue le devoir : « pour y parvenir, il doit se sacrifier lui-même, à plus forte raison ses engagements, lorsqu’ils commencent à devenir contraires au bien-être de ses peuples ».
Sans doute la mémoire, en ajoutant l’attente de l’avenir et le souvenir du passé à l’horreur du présent, ajoute la douleur morale à la douleur physique ; mais celle-ci est entière sans celle-là44.
Ces vignettes representent des hommes, des animaux, des bâtimens, des chasses, des ceremonies et plusieurs points de l’histoire morale et naturelle de l’égypte ancienne.
En effet, et c’est ma seconde réponse à l’objection tirée de la perfection de l’art de penser, nous ne raisonnons pas mieux que les anciens en histoire, en politique et dans la morale civile.
Monsieur Saint-Marc, faites-nous une leçon de critique morale sur Lui, Elle et Lui — et Eux tous, et Elles toutes !
-F.) le charognard de Fatouma Siguinné ; l’hyène et le lion gardiens de la morale ; les enfants animaux de la reine des guinné (Hammat et Mandiaye) etc., etc.
Ce sont des pensées, des réflexions et des maximes sur la condition humaine, l’homme, la femme, la vie morale, le cœur, l’esprit, l’éducation, le temps présent, les arts et les lettres, l’aristocratie, la bourgeoisie, le peuple et la religion des contemporains.
Comparez-le à un autre idyllique-élégiaque, — André Chénier, par exemple, — et malgré tout, malgré l’inspiration sensuelle et païenne, la vieille mythologie usée, tout un monde connu et l’imitation archaïque d’André qui se fait Grec, et aussi malgré l’inspiration chrétienne au contraire, qui donne toujours un accent profond, malgré des mœurs neuves en poésie, et supérieures en morale, enfin malgré tous les détails du pays moins connu et moins classique de ce Breton qui se défait Breton, voyez si l’originalité, l’inoubliable originalité, n’est pas du côté de celui qui devrait être, à ce qu’il semble, le moins original des deux !
Ne reste-t-elle pas en arrière des autres nations européennes tant par la civilisation matérielle que par la civilisation morale ?
Après avoir suivi le genre des éloges chez les peuples barbares, ou ils n’étaient que l’expression guerrière de l’enthousiasme qu’inspirait la valeur ; chez les Égyptiens, où la religion les faisait servir à la morale ; chez les anciens Grecs, où ils furent employés tour à tour par la philosophie et la politique ; chez les premiers Romains, où ils furent consacrés d’abord à ce qu’ils nommaient vertu, c’est-à-dire, à l’amour de la liberté et de la patrie ; sous les empereurs, où ils ne devinrent qu’une étiquette d’esclaves, qui trop souvent parlaient à des tyrans ; enfin, chez les savants du seizième siècle, où ils ne furent, pour ainsi dire, qu’une affaire de style et un amas de sons harmonieux dans une langue étrangère qu’on voulait faire revivre ; il est temps de voir ce qu’ils ont été en France et dans notre langue même.
Par la vérité, la raison fine, la justesse élégante et parfois la délicatesse morale, Térence avait devancé les écrivains de cette époque.
On les voit croître d’âge en âge en beauté, en vertu, en grandeur morale. […] L’antiquité est unanime à glorifier leur sainteté sacramentelle leur efficacité religieuse, leur vertu morale. — « Heureux, s’écrie Pindare, qui, après avoir vu ce spectacle, descend dans les profondeurs de la terre ! […] On suit pour ainsi dire sa croissance vers la perfection ; on le voit grandir en héroïsme, en justice, en beauté morale : il monte au sommet de la vertu humaine par des degrés de sublimité. […] Son testament hérissé de clauses, de restrictions, de réserves équivaut à une autopsie morale.
Quoi qu’il en soit, les prédications de Maurice, dans le petit entresol, sur les questions de morale et d’art ne laissaient pas de produire de l’effet sur la masse des élèves de David. […] Celle-ci, copiée fidèlement d’après l’antique, porte ce caractère de calme que les anciens imprimaient sur la figure des personnages dont ils voulaient relever la dignité morale. […] « Sous les lois barbares du despotisme, les hommes avilis et sans morale ne conservent pas même la forme altière que leur donne la nature ; partout ils portent la dégradation et le découragement ; la voix de la patrie ne se fait plus entendre. […] Au berceau du christianisme, pendant le moyen âge et jusqu’à l’aurore de la renaissance, on vit tous les grands esprits s’épuiser en efforts pour arriver à cette unité d’action par les sciences, les lettres, les arts et la morale réunis. […] Tout en rendant justice à la supériorité avec laquelle le nu y est rendu, ils insistèrent sur ce que ce défaut de costume avait d’invraisemblable, et combien il choquait à la fois les habitudes reçues et surtout la morale.
Après avoir exposé la morale toute positive et utilitaire de Sydney Smith et des bourgeois anglais, morale qui peut se résumer dans ces deux mots : Travaillez ! […] Taine auraient-ils jugé cette morale avec la même faveur s’ils l’avaient rencontrée chez des Français, par exemple chez les hommes de la Révolution, ou encore du Premier Empire ? […] Et c’est, en trente pages, parmi des détails d’une étrange gaîté, c’est toute la vie morale du littérateur d’à présent. […] * * * Mais j’aime surtout ce livre pour l’idée morale qui l’anime, encore une de ces vieilles idées qui, aujourd’hui, nous paraissent nouvelles, tant on a mis de soin à nous les faire oublier. […] Abandon de toute propriété, haine de l’argent, retour à l’absolue pauvreté de corps et d’esprit, indifférence pour les lois civiles, oubli de soi-même dans la charité et l’amour : ce sont les principes essentiels de la morale franciscaine et de la morale de Tolstoï.
Ni la morale publique ni la science publique n’ont gagné quelque chose à ces trois siècles de culture. […] Déjà paraît la conception du monde propre aux peuples du Nord, toute triste et morale. […] Cette idée des types s’applique dans toute la nature physique et morale.
Il peint des cavaliers brutalement vicieux, coquins par principes, aussi durs et aussi corrompus que ceux de Wycherley : un Beaugard, qui étale et pratique les maximes de Hobbes ; le père, vieux drôle pourri, qui fait sonner sa morale, et que son fils renvoie froidement au chenil avec un sac d’écus ; un sir Jolly Jumble, espèce de Falstaff ignoble, entremetteur de profession, que les prostituées appellent « petit papa », qui ne peut dîner à côté d’une femme sans « lui dire des ordures, et tracer avec son doigt des figures obscènes sur la table » ; un sir Davy Dunce, animal, dégoûtant, « dont l’haleine est pire que de l’assa fœtida, qui déclare le linge propre malsain, mange continuellement de l’ail, et chique du tabac743 » ; un Polydore qui, amoureux de la pupille de son père, tâche de la violer à la première scène, envie les brutes qui peuvent se satisfaire, puis s’en aller, et fait le propos de les imiter à l’occasion prochaine744. […] Il faut, comme Horace, être penseur et homme du monde pour écrire de la morale agréable, et Dryden, non plus que ses contemporains, n’est homme du monde ou penseur. […] Impossible de voir ensemble plus de coquinerie morale et de correction littéraire.
Lundi 25 février Je trouve Daudet dans son lit, avec des yeux tristes, tristes, et les mains dépassant les draps, serrées l’une dans l’autre, en ce mouvement de constriction que fait l’inquiétude morale. […] Mercredi 22 mai De même que les banquiers ont un choisisseur de tableaux, d’objets d’art, de même les princes devraient avoir un avertisseur, pour les éclairer sur la propreté morale des gens qui approchent d’eux. […] Non, il n’y a décidément qu’un siècle où l’on prie, qui puisse donner la figuration morale de la montée amoureuse d’une pensée humaine au ciel.
La vivacité du sens historique s’y substitue presque partout à la sévérité morale des jugements ; sur ce point il n’y a pas de système, il y a de l’oubli. […] Dans ce qu’il nous a été donné de lire, il n’est pas un point qui ne porte sur un fait, sur une notion précise ; quelques réflexions sobres, quelques maximes d’expérience et de morale sociale, jetées à propos, ne font que donner jour aux idées qui naissent en foule dans l’âme du lecteur.
Il y a d’abord Richardson, l’imprimeur puritain, avec son chevalier Grandisson, personnage à principes, modèle accompli du gentilhomme chrétien, professeur de décorum et de morale, et qui par-dessus le marché a de l’âme. […] Les titres de leurs ouvrages indiquent assez leurs caractères : l’un écrit un poëme « sur les plaisirs de l’imagination », l’autre des odes sur les passions et la liberté, celui-ci une élégie sur un cimetière de campagne et un hymne à l’adversité, celui-là des vers sur un village ruiné et sur le caractère des civilisations voisines, son voisin une sorte d’épopée sur les Thermopyles, un autre encore l’histoire morale d’un jeune ménestrel.
Tout fut complet, excepté la morale, dans cette œuvre. […] L’étourderie brutale est le caractère de ces enfants de la rue qui n’ont d’autre morale que leur instinct railleur à tout prix, et qui se croient des héros parce qu’ils ont entendu dire qu’il suffisait pour cela de tuer ou d’être tué.
L’imagination peut représenter l’idéal par des formes, par des sentiments, par des actions : de là naissent l’art, la religion, la morale même, car c’est un art en action que la moralité : les génies créateurs et inventeurs dans la morale sont ceux qui ont pu trouver et représenter dans leurs actions les formes les plus hautes de la bonté, du courage, de la force d’âme, de l’empire sur les passions, de la sagesse.
» — « Il paraît, dit mon père en souriant et en regardant ma mère, que la cuisine est aussi antique que la morale dans le monde ; car n’est-ce pas précisément ainsi que le cuisinier Joseph prépare les rôtis et les grillades de porc frais ? […] Ce n’est pas seulement le plus beau poème de paysage qui existe dans toutes les langues ; c’est le cours le plus complet, le plus vivant et le plus familier de morale qui ait jamais été chanté aux hommes depuis l’origine du monde.
Despreaux avant que de mourir, vit prendre l’essort à un poëte lyrique né avec les talens de ces anciens poëtes, à qui Virgile donne une place honorable dans les champs élisées, pour avoir enseigné les premiers la morale aux hommes encore féroces. Les ouvrages de ces anciens poëtes qui furent un des premiers liens de la societé, et qui donnerent lieu à la fable d’Amphion, ne contenoient pas des maximes plus sages que les odes de l’auteur dont je parle, à qui la nature ne sembloit avoir donné du génie que pour parer la morale et pour rendre aimable la vertu.
Il a dressé pour ce fils une Instruction publiée depuis peu11, et qui n’est pas, comme on pourrait croire, une instruction morale, mais un état de biens, une pièce de précaution et de défense en cas de procès de famille : l’esprit normand, par un coin, s’y retrouve.
J’aime à croire que si Richelieu avait poursuivi ses Mémoires jusqu’à l’année de la mort de Sully, laquelle ne précéda que de peu la sienne, il aurait trouvé d’autres paroles pour rendre justice à un si méritant prédécesseur, et que la pensée morale et humaine exprimée par lui, et qui redouble de valeur sous sa plume, n’aurait pas étouffé les autres considérations d’équitable et haute louange que le nom de Sully rappelle.
Il l’entreprend volontiers après dîner sur la morale ou sur le symbole ; il s’amuse parfois à le mettre aux prises avec Robert de Sorbon et autres gens de scienceak ; puis il intervient à la conclusion comme arbitre, et le catéchise avec agrément.
Il dut faire quelques sacrifices au ton du jour et entrer plus ou moins en composition avec le libéralisme, bientôt général et dominant : il sut pourtant se soustraire et résister à l’espèce d’oppression morale que cette opinion d’alors, en tant que celle d’un parti, exerçait sur les esprits les plus distingués ; il sut être indépendant, penser en tout et marcher de lui-même.
À ces conseils littéraires il en joignait un supérieur, et qui est de morale sociale : « Vous êtes heureux d’avoir embrassé un état qui vous donne du loisir.
D’autre part, l’héroïsme et la résignation morale des assiégés et des affamés de La Rochelle égala tout ce qu’on sait des plus patients et des plus généreux sièges.
Richer d’Aube, neveu de Fontenelle à la mode de Bretagne, auteur d’un Essai sur les principes du droit et de la morale, esprit rectiligne des plus rigides5, et l’un des plus terribles disputeurs de son temps.
Cette mélancolie est antérieure à la crise morale qui suivit la mort de son mari, et je n’en découvre pas la cause.
M. de Lévis, qui ne fit que la connaître en passant, a recueilli d’elle, pour les avoir vues encadrées dans la chambre d’une personne qui en faisait sa méditation quotidienne, une suite de Maximes qui sont tout un code de morale mondaine et de sagesse féminine, — pas trop féminine pourtant, car il y en a dans le nombre quelques-unes de viriles, et même d’un peu romaines ; voici au complet ce petit manuel de bienséance et de stoïcisme : « Dans la conduite, simplicité et raison.
C’est un bon esprit plus qu’un esprit supérieur, un écrivain laborieux autant qu’éclairé, d’une vaste lecture, d’une sincérité parfaite, sans un recoin obscur ni une arrière-pensée ; c’est surtout une riche nature morale, sympathique, communicative, qui se teint des milieux où elle vit, qui emprunte et qui rend aussitôt.
Elle espère bien qu’il sera vainqueur, elle veut qu’il l’espère aussi ; elle va lui faire voir qu’elle le désire, mais par degrés et comme sous le coup d’une contrainte morale : et lui qui a le soupçon, et plus que le soupçon, de ce désir qu’elle forme, il vient, je le répète, moins pour s’en assurer (car au fond il en est sûr) que pour s’en donner l’émotion, la joie et l’orgueil, et il est résolu à le lui faire dire nettement.
Pour ce qui est de Catinat, il n’y a aucun reproche à lui faire au point de vue de la morale de son temps ; il fut militaire, et bon militaire dans une expédition injuste ; il fit son devoir, et avec zèle.
Toutes les fois qu’une vertu morale éclate dans les camps, un désintéressement parfait, une abnégation simple — et, par exemple, ce qu’on a vu de nos jours, un général en chef remplacé et servant avec dévouement, avec joie, sous son successeur ; — toutes les fois que le guerrier, heureux ou malheureux, pensera plus à son pays qu’à lui-même et qu’il s’oubliera en servant, on dit et l’on dira par une appellation bien méritée et toute française : C’est du Catinat 86.
Coulmann a une nature morale assez riche, et c’est assurément un homme d’esprit ; mais son pinceau est mou ; on voit bien qu’au collège il se plaisait à lire en allemand les romans d’Auguste Lafontaine auxquels il avait collé un titre d’ Histoire romaine pour mieux tromper le maître d’étude.
. — Carat a appelé Raynal le grand maître des cérémonies de la philosophie au xviiie siècle : sur la fin il s’en croyait bonnement le grand pontife ou le plénipotentiaire en titre, et s’exagérait sa puissance morale.
Valmore père et fils61 m’ont permis de jeter les yeux sur le trésor domestique tout intime, qu’ils ont pieusement conservé et mis en ordre, des papiers, notes et correspondance de cet autre tendre et passionné poète, Mme Desbordes-Valmore, qui unissait une délicatesse morale si exquise à un don de chanter si pénétrant, ou plutôt chez qui cette sensibilité et ce don ne faisaient qu’un.
L’anxiété où il était alors, — où il fut durant tout cet été et cet automne de 1810, — sa fièvre morale nous est vivement représentée dans des lettres écrites à un ami, le baron Monnier, qui occupait un poste assez important auprès du duc de Bassano.
Quelque obstiné que soit votre silence, je l’attribue plutôt à votre souffrance morale qu’à l’oubli de ceux qui vous aiment… (Et après quelques conjectures sur la vie de Paris :) En revanche, mon cher Bertrand, nous avons des promenades à travers champs qui valent peut-être les soirées d’Emile Deschamps.
La répétition des rimes est une musique sourde, qui rappelle à l’esprit par la ressemblance des sons la ressemblance des idées, et simule par une union physique leur union morale.
Ce qui est poésie dans la nature physique ou morale, et ce qui n’est pas poésie se fait reconnaître à des caractères que l’homme ne saurait définir avec précision, mais qu’il sent au premier regard et à la première impression, si la nature l’a fait poëte ou simplement poétique.
Son inspiration morale est sublime.
Une confession n’est pas tenue d’être morale ; il suffit qu’elle soit sincère, et ici la sincérité vous pénètre.
Thiers est arrivé, sur ce point de l’entreprise d’Espagne étudiée dans son origine, à un résultat des plus curieux et des plus satisfaisants pour l’histoire comme pour la morale.
En écrivant cette lettre, dictée par le cœur, elle ne se doutait pas de l’élévation morale où elle se place, et cette élévation est grande, surtout si l’on vient à songer quelle est la femme (digne sœur de Mme de Tencin, c’est tout dire) à qui elle s’adresse : (Paris, 22 mars 1721.)
C’est alors qu’elle place des maximes sages, des contes piquants, de la morale anecdotique et en action, ordinairement aiguisée par quelque expression ou quelque image bien familière.
Cependant, après avoir lu ce morceau d’une exactitude inexorable, et l’avoir goûté en ce qu’il a de sobriété piquante, je n’ai pu m’empêcher d’écrire en marge cette impression plutôt morale que littéraire : « C’est très bien, mais pourquoi cette âcreté mal dissimulée pour des choses si simples ?
En écrivant ceci, M. de Talleyrand croyait faire une bonne œuvre ; il faisait une œuvre agréable du moins aux personnes de sa société, mais il mentait, et il mentait sciemment, ce qui est toujours fâcheux quand on veut faire un acte public au nom de la morale.
Il n’était content que quand il avait ramené aux champs son jeune Monsieur égaré, et quand il lui avait fait dire : « La campagne fut mon berceau, maintenant elle sera ma tombe : car j’ai compris la terre, j’ai sondé ce qu’elle vaut. » Ce jeune homme, égaré par les idées modernes, pourrait être caractérisé dans sa maladie morale avec plus de particularité sans doute et plus de ressemblance ; l’intention suffit pourtant ; l’auditeur achève la pensée.
De même, dans mainte réflexion morale qu’il entremêle à la politique, Louis XIV se montre un digne contemporain de Nicole et de Bourdaloue.
Son père ne négligeait point la portion morale, et il imprimait des préceptes mâles et sains dans cette jeune nature.
Necker ne ressemblent ni aux Maximes de La Rochefoucauld ni aux Pensées de Vauvenargues ; elles n’ont ni la généralité ni la grandeur, excepté quelques-unes qui semblent plutôt des chapitres détachés et qui iraient aussi bien dans un ouvrage de morale ou de religion.
Est-ce du socialisme pour ce soir ou de la morale pour demain ?
C’était la paternité souillée de la chair et du sang qui se retournait contre l’auguste paternité morale qui est la vertu de l’homme et la vie même des nations.
Son génie a pu tout faire, hormis de varier la perfection morale et de passionner la béatitude.
Ils craignent que la liberté morale puisse être compromise si l’on admet le déterminisme physiologique absolu. […] Personne ne contestera qu’il y ait un déterminisme de la non-liberté morale. Certaines altérations de l’organe cérébral amènent la folie, font disparaître la liberté morale comme l’intelligence et obscurcissent la conscience chez l’aliéné. Puisqu’il y a un déterminisme de la non-liberté morale, il y a nécessairement un déterminisme de la liberté morale, c’est-à-dire un ensemble de conditions anatomiques et physico-chimiques qui lui permettent d’exister. […] Le déterminisme, en un mot, loin d’être la négation de la liberté morale, en est au contraire la condition nécessaire comme de toutes autres manifestations vitales20.
Aux yeux du peuple, votre morale est détestable ; c’est de la petite morale, moitié vraie, moitié fausse, moitié étroite aux yeux du philosophe. […] Je dirai que vous avez fait le plus grand abus de l’esprit qu’il était possible de faire ; cette religion étant à mon sens la plus absurde et la plus atroce dans ses dogmes ; la plus inintelligible, la plus métaphysique, la plus entortillée et par conséquent la plus sujette à divisions, sectes, schismes, hérésies, la plus funeste à la tranquillité publique, la plus dangereuse pour les souverains par son ordre hiérarchique, ses persécutions et sa discipline, la plus plate, la plus maussade, la plus gothique et la plus triste dans ses cérémonies, la plus puérile et la plus insociable dans sa morale considérée non dans ce qui lui est commun avec la morale universelle, mais dans ce qui lui est propre et ce qui la constitue morale évangélique, apostolique et chrétienne, la plus intolérante de toutes ; je dirai que vous avez oublié que le luthéranisme débarrassé de quelques absurdités est préférable au catholicisme, le protestantisme au luthéranisme, le socinianisme au protestantisme, le déisme, avec des temples, des cérémonies, au socinianisme : je dirai que puisqu’il faut que l’homme superstitieux de la nature ait un fétiche, le fétiche le plus simple et le plus innocent sera le meilleur de tous. […] Quelle est la morale de sa comédie ? […] Peut-être eussiez-vous moins rabaissé ces sublimes leçons de morale qui ne s’adressent qu’à la portion opulente, oisive et corrompue de la société, si vous eussiez considéré l’influence bonne ou mauvaise, mais nécessaire, des mœurs des citoyens distingués sur la multitude qui les environne et qui les imite sans presque s’en apecevoir.
qui ne sortent jamais de chez eux sans être munis de leurs principes de morale religieuse et sociale, — comme un maçon de son mètre ou de sa toise, — et s’en servent avec un sérieux bouffon pour mesurer des badineries littéraires. […] Je vous le dis, de compte à demi avec la morale d’une fable qu’on a fort reprochée à La Fontainef : Quiconque est loup, agisse en loup. […] C’est une mauvaise action que la morale condamne ; c’est un délit que la loi devrait réprimer aussi sévèrement que l’autre. […] M. de Prémaray a dit là assurément une chose juste et morale en soi mais nous voici bien loin du tribunal de la critique.
Donc, pour prendre un exemple, d’ailleurs périodique comme les phases de la lune, la foule (et dans la foule il y a pas mal d’hommes qui font figure dans le monde), la foule, guidée par les maîtres qui sont dignes de la conduire, s’obstine à unir dans un même concept, dans une même vision, l’art et la morale. […] Si l’œuvre était très médiocre, si elle n’avait vraiment aucun rapport avec l’art, cela ne choquerait personne, mais étant d’art elle doit être également de morale. […] Morale, aussi, car je ne compterais pas pour rien l’assurance donnée à tous qu’ils cessent de participer à ce qu’on a appelé le meurtre légal.
Enfin, dans la physique, on bâtit à sa mode un système du monde ; on y explique tout ou presque tout ; on y suit ou on y réfute à tort et à travers Aristote, Descartes et Newton : on termine ce cours de deux années par quelques pages sur la morale, qu’on rejette pour l’ordinaire à la fin, sans doute comme la partie la moins importante. […] Dans la philosophie, on bornerait la logique à quelques lignes ; la métaphysique, à un abrégé de Locke ; la morale purement philosophique, aux ouvrages de Sénèque et d’Épictète ; la morale chrétienne, au sermon de Jésus-Christ sur la montagne ; la physique, aux expériences et à la géométrie, qui est de toutes les logiques et physiques la meilleure.
Charron dans la morale et l’éducation, Gassendi dans la philosophie, et que proposait Port-Royal dans l’éducation aussi et dans l’art de penser.
[NdA] Mémoires d’économie publique, de morale et de politique, t.
De tout cela il lui a résulté peu de soif de la justice, et comme il ne se commande rien à lui-même, par facilité de vivre et par habitude de suivre ses penchants, il ne s’est formé aucuns principes de morale, de justice, ni de droit public ; il ne voit ces règles qu’à mesure des occurrences et de l’offre de chaque espèce, ce qui rend nécessairement cette conduite fautive et peu profonde, n’étant conduite que par l’esprit.
Il est très avancé dans la science politique ; il a tout manié, morale surtout et politique ; mais les défauts de son caractère percent à la vérité quelquefois dans ce qu’il prise, dans ce qu’il admire et dans ce qu’il rejette.
La morale moyenne de son temps et les usages de la guerre, invoqués à titre de circonstances atténuantes, ne fourniraient que de faibles réponses : il vaut mieux passer condamnation.
Mœurs, caractères, il traite tout cela avec le même esprit de simplification. « Le mot de mœurs, appliqué singulièrement aux personnages du poème, n’est autre chose que les penchants habituels et les sentiments qui constituent le caractère du personnage. » Le but moral comme l’entend Mme Dacier, le but d’instruction expresse, le dessein prémédité de former les mœurs, il ne le voit pas, — pas plus dans Homère que dans Racine : Racine, dit-il, n’a pas blessé la morale dans ses tragédies ; je vois bien des gens qui les envisagent comme des poèmes favorables aux mœurs, mais ils ne font pas pour cela honneur à Racine de ne s’être proposé aucune autre fin que l’instruction.
Je parle au point de vue du public, et je ne doute pas que de ces trois volumes qui sont presque inédits on n’en pût tirer un qui plairait à tout le monde, et qui placerait à un bon rang dans notre littérature morale le nom de Mme de Tracy.
Pour moi, sans me faire plus indifférent ni plus sévère qu’il ne me convient sur Villon, je me contenterai, après cette lecture, de reconnaître en lui un des plus frappants exemples de ces natures à l’abandon, devenues étrangères à toute règle morale, incapables de toute conduite, mais obstinément douées de l’étincelle sacrée, et qui sont et demeurent en dépit de tout, et quoi qu’elles fassent, des merveilles, presque des scandales de gentil esprit, et, pour les appeler de leur vrai nom, des porte-talents ; car ne leur demandez pas autre chose, elles ne sont que cela.
Ce personnage original et unique, en un temps où il y en a si peu de parfaitement entiers, était, comme on sait, sorti de souche janséniste ou plutôt d’une famille imbue des principes et des maximes de Port-Royal, ce qui est, à mes yeux, un peu différent ; c’était, en un mot, de la sévérité morale chrétienne plutôt encore que de la théologie qui l’avait environné et nourri dès l’enfance, et il n’avait eu sous les yeux que l’exemple des justes dans son petit pays de Sompuis en Champagne, où, par hasard, la bonne et forte semence du pur Port-Royal était allée tomber.
Émile Deschanel, dans un article du Journal des Débats, et qui me semble en effet d’une grande signification morale et d’un sentiment bien profond.
Le Ménagier de Paris, traité de morale et d’économie domestique, composé vers 1393 par un bourgeois parisien, et publié par M.
Et puisque j’ai nommé Auguste Colbert, j’indiquerai, au tome III des Mémoires publiés par son fils, la belle Instruction envoyée par lui au ministre de la guerre, ce compte rendu de la situation morale de son régiment au moment de la paix d’Amiens et de la rentrée en France.
Peut-être enfin n’était-il pas sans utilité pour la morale de remarquer qu’en soufflant dans cette occasion une sorte de flétrissure publique pour une production qui n’était pas de lui, Raynal avait en quelque sorte été puni d’avoir usurpé seul la gloire d’un grand ouvrage où il avait eu tant de collaborateurs. » 99.
Sa vue déchire et l’on croit être près d’entendre des cris sortir de cette bouche ouverte par une convulsion de souffrance morale.
Je partis donc avec mon fidèle cheval isabelle, que tant de fatigues ne décourageaient pas plus que son maître, et qui avait de moins l’inquiétude morale de ne pouvoir bien accomplir des missions si singulièrement données… » On conviendra que, si les plans de campagne étaient admirablement bien combinés, le détail laissait fort à désirer.
Lenient, De la Satire en France ou de la Littérature militante au xvie siècle (1866) ; mais surtout la forme nouvelle de la satire philosophique, politique, morale, y est suivie de près dans les œuvres de Du Bellay, Ronsard, Grévin, Jean de La Taille, Rapin, Passerai, d’Aubigné, jusqu’à Vauquelin de La Fresnaye et Mathurin Régnier.
Mais ici, à l’insistance, à la vivacité de son attaque, on sent une sorte d’inspiration morale, une conviction qui n’est peut-être autre que le mépris très-cordial de ceux qu’il met en jeu.
Oui, mon amie, le Ciel a voulu que ces idées, que cette morale plus pure se répandissent en France, où ces idées sont moins connues… » En écrivant ainsi, elle avait déjà oublié ses propres ressorts humains, et elle rendait grâce de tout à Dieu.
Il lui écrivit pour lui indiquer, avec une bonté divine, les passages scandaleux pour la raison ou dangereux pour la morale.
C’est, dans l’esprit, une férocité de carabin, et une douceur mâle, sans illusions, dans la conduite de la vie : le caractère particulier que prend la distinction morale chez un médecin ou un chimiste.
On apprend en même temps ce qu’il peut y avoir quelquefois d’originalité intellectuelle et morale sous la misère et l’humilité des apparences.
Même pendant le sommeil, le souvenir amer des maux pleut autour de nos cœurs ; et, même malgré nous, la sagesse arrive, présent du Dieu assis sur les hauteurs vénérables. » De cette foi profonde jaillit la sève vertueuse qui circule partout chez Eschyle, sa flamme morale, son souffre sublime, son zèle de la justice, sa haine ardente de l’iniquité.
Puis, avec l’usage et le temps, il en vint à exprimer plus encore, et à ne pas signifier seulement une qualité du langage et de l’esprit, mais aussi une sorte de vertu et de qualité sociale et morale qui rend un homme aimable aux autres, qui embellit et assure le commerce de la vie.
Cette place est réservée aux œuvres saines, à celles qui sont pures de ces amalgames étranges et de ces indignités de pensée comme de langage, à celles où le patriotisme et l’humanité ne souffrent aucune composition avec les hommes de sang, et ne se permettent point, comme passeport et comme jeu, de ces goguettes de Régence et de Directoire ; aux œuvres dans lesquelles la conscience morale plus encore que le goût littéraire n’a pas à s’offenser et à rougir de voir Loustalot et Marat, par exemple, grotesquement, impudemment cités entre Tacite et Machiavel d’une part, et Thrasybule et Brutus de l’autre.
De telles dispositions, quelle que soit la forme dont elles s’enveloppent, sont à jamais précieuses, et elles mènent dans tous les temps à la sublimité de la morale.