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1375. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Car, s’il les avait aperçues, averti par tout ce qui eût répugné à sa pensée dans cette philosophie dont il est un des derniers disciples malgré lui, il aurait certainement à relier une donnée économique, qui ne peut jamais être qu’une conclusion, à un système plus élevé que la philosophie du xviiie  siècle.

1376. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Mais j’avoue que je n’ai vu nulle part rien de mieux réussi, de mieux aperçu, de pensé plus avant que cette notice, qui est mieux qu’un portrait, et où toutes les causes de l’élévation de madame de Maintenon et de son empire sont expliquées avec une si éloquente sagacité.

1377. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Lorsque je lis le reste de cette Histoire de France qui n’a que le druidisme pour tout aperçu, M. 

1378. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

C’est peut-être la meilleure raison à donner de la médiocrité d’aperçu d’un ouvrage sur un sujet qui, plus que tout autre, aurait exigé de l’écrivain, assez hardi pour y toucher, cette sagacité supérieure, qui est le vrai génie de l’histoire.

1379. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Mais le myope heureux ne s’aperçoit pas que l’unité nationale, qu’il croit resserrée, n’en était pas moins rompue, et que l’Hérésie, en France, n’en avait pas moins son peuple.

1380. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

et Madame Geoffrin s’en apercevait assez pour en souffrir.

1381. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Ils croiront que ce Nicolas Gogol, au nom si harmonieusement sauvage, est quelque Edgar Poe… ukrainien ou zaporogue, et ce sera une erreur dont ils s’apercevront bien vite, pour peu qu’ils ouvrent ces deux volumes, dont la prétention, au contraire, est d’être cruellement réels.

1382. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Il se tient si loin de la forge aux réputations, il fait si peu antichambre dans les boutiques où nous brassons la renommée ; moitié aigle et moitié colombe, c’est un esprit si haut et si chaste dans la solitude de sa province, qu’on est obligé de rappeler qu’à vingt-trois ans il achevait son ouvrage de L’Unité spirituelle, trois volumes, étonnants d’aperçus, malgré leurs erreurs, et qui donnaient du moins la puissance de jet et le plein cintre de cet esprit qui s’élançait, et que plus tard il s’élevait d’un adorable Traité de la douleur, jusqu’à cette Restauration française, l’ouvrage le plus fort d’idées qu’on ait écrit sur notre époque.

1383. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Le Saint Anselme d’aujourd’hui est bien de la même main qui écrivit l’Abailard, et il y a quelques années, cet Essai de philosophie en plusieurs volumes qui, erreurs à part, accusait plus d’aperçus et de verve cérébrale que les livres publiés depuis par l’auteur.

1384. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

on ne s’en aperçut même pas.

1385. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Balzac, qui a monté le diamant de Beyle, ramassé sous les pieds du public trop myope pour l’apercevoir, n’avait point de reconnaissance et n’en devait nullement à Beyle.

1386. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Non pas qu’avant Balzac, il est vrai, les mœurs de l’époque à laquelle appartenaient les personnages d’un roman ne s’aperçussent bien à travers ces personnages.

1387. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée voulut refaire, en la variant, — on n’ose pas dire en la nuançant, — la grandiose figure de Mathilde de la Môle du Rouge et Noir, de Stendhal ; — de Stendhal, qu’il imita toujours et dont il avait beaucoup de choses, mais dont il n’eut jamais ce que j’estime le plus en Stendhal : l’aperçu et le piquant d’idées.

1388. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Elle a une profondeur de pudeur qui cache bien des choses passionnées aperçues seulement à travers le nuage rougissant qui perpétuellement, dans le livre, couvre son front et ses belles joues d’un voile lumineux.

1389. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Mais la mort comme Gravillon nous la représente, si Rancé l’avait aperçue il se fût détourné d’elle comme de la tentation dernière, et il eût renfoncé son crâne chauve dans la poussière du lit de cendres sur lequel on l’avait étendu pour y rendre son âme à Dieu.

1390. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Je crois même qu’on aperçoit encore quelques toitures dans le fond.

1391. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il est difficile de s’entendre autant que Malherbe s’est entendu avec Ronsard, sans s’en apercevoir, comme il arrive. […] Le pauvre Faust de Lenau s’en aperçoit assez vite : « Je me suis arraché à Dieu et à la Nature ; j’ai voulu, dans ma haine orgueilleuse, m’enfermer en moi-même. […] Vous n’êtes pas sans vous apercevoir que M.  […] Déjà avec Bel-Ami on s’aperçoit que Maupassant n’est plus aussi fermement dans le parti des honnêtes gens. […] Mais ce dont on s’aperçut surtout, c’est que personne ne se trompait plus que M. 

1392. (1929) Amiel ou la part du rêve

Elle lui dit : « Il me semble déjà être une âme, et regarder les choses de ce monde comme on les verra dans l’au-delà. » Là est sa place, bien aperçue par les intuitions féminines : le secrétariat de Dieu, un poste sans éclat, recruté dans les services auxiliaires, parmi les inaptes, mais où l’on voit tout, où l’on est la conscience des combattants. […] Il n’appartient à aucun parti. « Dans nos radicaux, écrit-il quelques semaines après sa nomination, je ne goûte ni les personnes ni les théories ; dans nos conservateurs, j’apprécie les personnes, mais peu les maximes. » De leur côté, les conservateurs se refusent à apprécier sa personne à cause des maximes de ceux qui l’ont mis en place, et ceux qui l’ont mis en place s’aperçoivent bientôt qu’il n’est pas des leurs. […] Nous avons aperçu deux familles d’esprits parmi les cinq promeneurs du Salève, deux plateaux de la balance séparés par le sage fléau de Heim. […] Personne n’aperçut ces grains de mil. […] Cet amour du mariage, tel qu’il l’aperçoit sans peine chez Philine, contribue à modérer la température sentimentale d’Amiel.

1393. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Rêveur subtil et passionné, inégal et vain, si je n’apercevais pas sa figure en tête d’un in-folio du moyen âge, je la chercherais au frontispice d’un poëme de l’école de Gœthe ou de Byron. […] Mais, grâce à l’élévation de leurs aperçus et à la bonne foi de leurs jugements, un lecteur catholique peut en rapporter cette impression, et ne se croire, en la constatant, ni leur contradicteur, ni leur adversaire. […] Derrière ce simulacre de christianisme et d’orthodoxie, j’aperçois la déesse Raison. […] Que d’aperçus ingénieux à propos des Questions constitutionnelles de M. de Barante, brochure qui, paraissant en mars 1849, ressemblait à un mémoire archéologique recomposé avec des ruines ! […] Il ne songeait déjà plus aux grandeurs passées ; il était heureux de vivre, et il n’était rappelé aux soucis que par les larmes qu’il apercevait quelquefois dans les yeux de sa mère.

1394. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

La raison, elle s’aperçoit bien vite. […] Il y a entre les deux instruments un rapport étroit, un lien nécessaire qu’un papa n’aperçoit pas immédiatement, mais qu’un enfant discerne tout de suite. […] Et mettre à nu ces thèmes, apercevoir ce permanent, c’est la vie même de la critique. […] L’auteur du Petit Duc saura sortir de lui où plutôt découvrir en lui des pays nouveaux que, de certains sommets de son œuvre, nous apercevons déjà. […] Il faut un effort pour s’en apercevoir : supposez le même thème traité par Fragonard et par Rembrandt, par Banville et par Baudelaire !

1395. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

À peine y a-t-il deux ou trois fous, deux ou trois enthousiastes gratis dans un parti, et si le hasard vous les fait rencontrer, c’est bien extraordinaire, si vous ne vous apercevez pas que ce sont des imbéciles. […] On aperçoit encore aux murs des cartons de vitraux religieux, une horrible ronde-bosse argentée de Rudolfi, représentant le Miracle des roses de sainte Élisabeth, et à contre-jour, entre deux fenêtres, apparaît l’aigle de Pologne, brodé en argent au plumetis, et entouré d’une couronne d’épines sur fond de peluche amarante, avec au-dessus : Offert par les Dames de la Grande Pologne à l’auteur d’« Une nation en deuil ». 1861. […] Une lampe, à l’abat-jour baissé, laisse vaguement apercevoir un mobilier, où l’acajou se mêle à des objets d’art, à des glaces sculptées, et qui, enseveli dans la pénombre, a l’apparence du mobilier d’un bourgeois, habitué des Commissaires-priseurs. […] Louis XV, un homme d’esprit, mais un néant, un néant… Les grandes choses de ce temps-ci saisissent moins, elles échappent… On ne voit pas l’isthme de Suez, on ne voit pas le percement des Alpes… Un chemin de fer, on n’aperçoit qu’une locomotive qui passe, un peu de fumée… et ce chemin de cent lieues ?

1396. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Racine les y a donc aperçues, avec le moyen de les en tirer, pour les mettre en valeur ! Et ne me dites pas qu’il n’y avait rien de plus facile ; que les beautés d’une œuvre s’aperçoivent et se sentent d’abord ; qu’un autre les eût vues comme lui ! […] Mais les sentiments sont si justes, l’accent en est si pénétrant, le contour ou le dessin psychologique en est si naturel, l’âme humaine enfin y est si bien aperçue et rendue en son fonds qu’un barbare seul pourrait songer au reste, et qu’aussi longtemps qu’il y aura des veuves séparées d’un mari par une brusque surprise de la mort, elles rediront dans leurs lamentations les vers immortels d’Andromaque. […] Le caractère nous échapperait ; nous n’en aurions aperçu que des manifestations isolées ou accidentelles, qui le masquent souvent bien plutôt qu’elles ne le révèlent. […] Mais, apercevez-vous aussi la conséquence ?

1397. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Mais je m’aperçus que, chaque fois, il en citait les mêmes phrases. […]   Mais je n’ai pas envoyé cette liste, car je me suis aperçu qu’elle n’était pas sincère. […] Je vous prie seulement de ne pas trop vous arrêter à notre état politique et de ne pas nous juger sur ce que vous pourrez en apercevoir. […] Je m’aperçois que des choses qui passionnent là-bas nos politiciens n’intéressent en aucune façon mes voisins les paysans ; je songe qu’ils sont comme cela vingt-cinq millions en France, … et alors j’apprécie mieux, pour ses artifices stupéfiants, la beauté du régime parlementaire. […] Un valet de chambre, en serrant dans la table de jeu les jetons d’argent (nous sommes dans le plus grand monde), s’aperçoit que le compte n’y est pas.

1398. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Toutefois, si le premier poète a été un habile homme, un charlatan adroit, à présent ses successeurs sont les derniers farceurs ; on commence à s’en apercevoir, et il se passe un fait curieux d’économie politique qui en est la conséquence : la poésie se lit mais ne se vend presque plus. […] L’esprit de critique qui fait apercevoir dans toutes choses des côtés mauvais, qui ne respecte rien et fait joujou avec les convictions les plus pures est la dégénérescence futile et pointilleuse de ce railleur esprit gaulois, dont l’excuse était la franchise et que la gaieté n’abandonnait jamais. […] Une observation me frappa surtout, Schann qui est payé pour le savoir me dit que des moutons parfaitement imités ne se vendraient pas et que les enfants qui ont peur lorsqu’ils aperçoivent une apparence de vie dans leurs jouets, ne les supportent que quand ils sont bien raides, bien faux, et que les couleurs en sont impitoyablement crues. […] Il arrive qu’un jour cet homme croit s’apercevoir, à certains indices que son entourage ne peut deviner comme lui, qu’il s’est trompé de chemin, aura-t-il la force de laisser là sa suite et de revenir à grands pas vers son point de départ ? […] Vacquerie s’étonne que lors de l’enfantement « des Ruy Blas ignorés, vivants, debout, entiers, la chair sur les os, le style sur l’idée, immenses inconnus » qu’il a trouvés dans « le beau secrétaire chinois » de son patron, la nature elle-même ait eu l’air de ne s’apercevoir de rien.

1399. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Ici elle ne s’aperçoit pas très nettement qu’il y a sept vers et non pas huit. […] Le jeune homme s’aperçut qu’il était né savant, c’est-à-dire curieux et pourvu d’une mémoire exorbitante. […] Il y a même, relativement au scepticisme aperçu déjà, ou prévu, une scène grave et presque solennelle dans ce livre bouffon. […] On s’en aperçoit surtout quand on prend garde à ne pas l’admirer pour ses défauts. […] Le plus souvent, et il semble qu’il n’y eût qu’à lire pour s’en apercevoir, le style de Rabelais est court, rapide, succulent et nerveux.

1400. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

La réponse est également négative, car, loin d’apercevoir dans cette symphonie des sentiments qui unissent les hommes, je n’y vois qu’une œuvre artificielle, longue et obscure, où quelques courts passages, relativement nets, sont noyés dans l’incompréhensible et qui ne dit absolument rien aux hommes sains, non préparés par une longue hypnotisation. […] Lui qui malmène si vivement les critiques — « les sots jugeant les sages » — il ne s’aperçoit pas qu’il tombe dans un de leurs plus fâcheux travers, celui de parler des choses de l’art malgré une préparation insuffisante, avec une assurance toute doctorale. […] Il est vraiment curieux que Nietzche ne se soit pas aperçu que la démonstration vivante de sa subtile et profonde analyse du tragique, c’était justement Wagner. […] Ce qui ne l’empêche pas de nous donner ailleurs, sur les mêmes maîtres et d’autres, des aperçus d’une subtilité et d’une grâce enchanteresses. […] Nietzsche ne s’aperçoit même pas que, d’un livre à l’autre, il change complètement d’idées : comment Beethoven pourrait-il être à la fois de la Révolution et de l’époque de Louis XV ?

1401. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

La conscience qui aperçoit les représentations-frontières spectralement transparentes, informes, cherche en vain à les saisir et les interprète sans sûreté, comme on attribue aux contours des nuages des ressemblances avec les choses ou les êtres. […] Il croit voir en elles cent choses à la fois, et il met toutes les formes qu’il se figure apercevoir, en rapport avec l’aperception principale qui les a provoquées. […] Et s’il veut se rendre compte à lui-même de ce que contient son jugement, de quelles aperceptions particulières il se compose, il s’aperçoit que ces aperceptions n’en sont pas en réalité, mais des ombres méconnaissables d’aperceptions auxquelles il cherche en vain à donner un nom. […] Il est également compréhensible, pour citer un autre exemple, que le malheureux torturé par des désirs de suicide ne puisse bannir de son esprit une « fleur de l’âme damnée » aperçue au cours d’une promenade nocturne, et dont la représentation répond à la disposition de son âme. […] Une malade dont la peau était, complètement insensible sur une moitié du corps ne s’apercevait de rien quand on la piquait avec une épingle, sans être vu d’elle ; mais à l’instant de la piqûre surgissait dans sa conscience l’image d’un point noir (d’un point clair chez d’autres malades).

1402. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

À travers les brouillards accumulés par l’esprit d’adulation et par la manie du dénigrement, nous apercevons enfin la réalité, trop flexible et multiforme pour entrer dans l’armature des systèmes préconçus. […] « Dis-moi, Constant, demanda-t-il, crois-tu qu’on s’est aperçu de l’accroc fait au programme ?  […] C’est seulement vers sept heures du soir que les premiers uhlans de Blücher furent aperçus par les lorgnettes des états-majors. […] Ils souhaitent silencieusement de ne jamais apercevoir de trop près les boutons de cristal, les vestes de soie jaune ou les plumes de paon. […] Voilà un des multiples tableaux modern style que j’ai aperçus dans la galerie très mouvementée et très humoristique de M. 

1403. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Le fait est qu’à un certain jour toutes ces belles dames de cœur, ces nobles et chevaleresques valets de carreau, avec lesquels on jouait si franc jeu, se retournent ; on s’était endormi en croyant à Hector, à Berthe ou à Lancelot ; on se réveille dans ce cabinet même dont parle Mme de Sévigné, et on n’aperçoit de tous côtés que l’envers. […] Le moment est dur où l’on s’aperçoit clairement qu’on n’a pas fait son chemin dans le monde à cause d’une qualité ou d’une vertu.

1404. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Je me suis aperçu que le bonheur, comme il faut l’entendre, n’est autre chose, quand on n’en est plus aux idylles, que le parti pris de s’attendre à tout et de croire tout possible. […] Et que n’eût-il pas fait en peu d’années à travers ce fonds, toujours renaissant, que n’en eût-il pas tiré avec son talent dispos, sa facilité d’excursion et son abondance d’aperçus ?

1405. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

« Tes ennemis élèvent leur drapeau contre tes propres drapeaux pour qu’on les aperçoive de loin, comme le bûcheron qui élève la cognée au-dessus de sa tête dans une épaisse forêt. […] XXIX Mais bientôt un autre concert nocturne vint me distraire de cette pastorale ; j’apercevais, à travers le crépuscule, un petit groupe de peuple qui défilait, sombre et muet comme une apparition funèbre, dans le sentier creux, à quelques centaines de coudées au-dessous de moi.

1406. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

La soudaineté de la chute, l’incertitude prolongée, les vicissitudes de crainte et d’espérance, la bataille qui se livrait aux portes et dont ils étaient le prix sans même voir les combattants, les coups de canon, la fusillade retentissant dans leur cœur, s’éloignant, se rapprochant, s’éloignant de nouveau comme l’espérance qui joue avec le moment, la pensée des dangers de leurs amis abandonnés au château, le sombre avenir que chaque minute creusait devant eux sans en apercevoir le fond, l’impossibilité d’agir et de se remuer au moment où toutes les pensées poussent l’homme à l’agitation, la gêne de s’entretenir même entre eux, l’attitude impassible que le soin de leur dignité leur commandait, la crainte, la joie, le désespoir, l’attendrissement, et, pour dernier supplice, le regard de leurs ennemis fixé constamment sur leurs visages pour y surprendre un crime dans une émotion ou s’y repaître de leur angoisse, tout fit de ces heures éternelles la véritable agonie de la royauté. […] Mais, sous l’extérieur d’un soldat du peuple, on apercevait au fond de son regard une arrière-pensée de prince du sang.

1407. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

« En débouchant de l’escalier sur la cour, elle aperçut la charrette des condamnés, vers laquelle les gendarmes dirigeaient sa marche. […] À l’exception des premières agitations populaires de Paris, on n’aperçoit clairement ni son nom, ni sa main, ni son or dans aucune des journées décisives.

1408. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

On n’entendait sortir des fenêtres démantelées de ces maisons que les voix criardes des Transtévérines qui s’appelaient d’un grenier à l’autre, les pleurs d’enfants qui demandaient le lait de leurs mères, et le bruit sourd et cadencé des berceaux de bois que ces pauvres mères remuaient du pied pour les endormir ; on n’apercevait çà et là sur le seuil des maisons ou sur les balcons que quelques figures pâles et amaigries de femmes élevant leurs bras grêles au-dessus de leurs têtes pour atteindre le linge que le soleil avait séché ; de temps en temps une jeune fille demi-nue, à la taille élancée, au profil antique, au geste de statue, à la chevelure noire et aussi lustrée que l’aile du corbeau, apparaissait sur un de ces balcons sous des nuages flottants de haillons parmi les pots de basilic et de laurier-rose, comme ces giroflées qui pendent aux murailles en ruine, trop haut pour être respirées ou cueillies par le passant. […] On apercevait au-dessus du mur d’enceinte de ce couvent les cimes vertes de quelques orangers qui contrastaient avec la teinte sale et grisâtre des pierres, et qui faisaient imaginer entre les murs du cloître un petit pan de terre végétale, une oasis de prière, une ombre, une fraîcheur, peut-être une fontaine, peut-être un jardin, peut-être le cimetière du couvent.

1409. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Tout à coup, cependant, voilà qu’elle s’aperçut que les chèvres s’égaraient, par habitude, hors de la bruyère, sous les châtaigniers qui étaient à nous ; elle lança de la voix et du doigt le petit chien après les animaux pour qu’il les ramenât, comme il avait coutume, à leur devoir. […] Ainsi travestie, je poussai doucement la porte au crépuscule du matin, espérant que mon père et ma tante, éloignés du seuil de la maison ou endormis dans les larmes, ne s’apercevraient pas de mon dessein.

1410. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Nous tendons à lier nos perceptions, nos idées : nous ne pensons connaître et nous ne croyons réel ou vrai que ce dont nous apercevons les relations. […] Dans cet emploi de Dieu et du miracle, pas plus que dans celui des magiciens et des enchantements, je n’aperçois la fraîche naïveté des âmes primitives : ce sont presque toujours des ficelles de littérateurs sans conscience et sans génie.

1411. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

On s’aperçoit que cette impartialité, dont on lui sait gré malgré tout, lui était facile : il écrit pour des gens qui ne reconnaissent que la chevalerie, et qui sentent leur cœur plus près de l’ennemi qu’ils combattent que du peuple dont ils se disent les défenseurs. […] Tous ces mots n’ont pas été consacrés par l’usage : nos érudits, dès lors, comme plus tard au xvie siècle, les jetaient dans la langue avec une facilité un peu téméraire, effrayés et comme étourdis qu’ils étaient de la disproportion qu’ils apercevaient entre la pensée antique, si riche, si complexe, si élevée, et notre pauvre vulgaire, bornée jusque-là aux usages de la vie physique et des intérêts matériels.

1412. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Dans Maison de poupée, Norah s’aperçoit que son mari ne la comprend pas et que, par conséquent, leur union repose sur un mensonge. […] Là, une femme qui s’aperçoit que son mari ne la comprend pas ou que son fils est atteint d’une maladie incurable se demande instantanément si Martin Luther n’a pas été trop timide, si c’est le paganisme ou le christianisme qui a raison, et si toutes nos lois ne reposent pas sur l’hypocrisie et le mensonge.

1413. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Puis, Valmore s’aperçut qu’il aimait sa grande amie d’autrefois… C’était de ces comédiens qui se piquent de lettres, — et c’était un romantique. […] Au bout de treize ans, il s’aperçut que certains vers de ces élégies étaient tout de même diablement brûlants, que ça n’était pas naturel, qu’il devait y avoir quelque chose là-dessous.

1414. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

* * * « Intimes », oui, puisqu’il y découvre ou y laisse apercevoir souvent le fond même de sa pensée sur la vie. […] Les aperçus systématiques sur une époque, il les relègue honnêtement dans ses préfaces.

1415. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

La condition essentielle d’un spectacle de marionnettes, c’est de ne pas apercevoir le fil. […] Mais si les demi-habiles ont le malheur de l’apercevoir, ils ont bien soin de se moquer du spectacle, pour prouver qu’ils ne sont pas dupes.

1416. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Et pour revenir à Shakespeare, qui ne s’aperçoit pas maintenant que les imitations de Ducis, toutes utiles, toutes hardies même qu’elles ont été, ne sont réellement que des lambeaux mutilés d’un géant ? […] Ils dépensent tout ce qu’ils ont de poésie dans leur mémoire pour faire raconter un détail vulgaire, par un personnage subalterne, et lorsqu’arrivent les scènes de passion, ils n’ont plus que des lieux communs à nous débiter dans un style éteint, comme cet avocat des Plaideurs, Qui dit fort longuement ce dont on n’a que faire, et qui glisse sans qu’on s’en aperçoive sur le point essentiel.

1417. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Elle lui sert enfin, non seulement pour communiquer sa pensée aux autres, non seulement pour s’en rendre compte à lui-même, non seulement pour l’apercevoir, si l’on peut parler ainsi, mais sans elle il ne penserait pas, comme sans ses yeux il ne pourrait pas voir, comme sans ses mains il ne pourrait pas toucher, comme sans ses oreilles il ne pourrait pas entendre. […] Cela seul me dispense d’analyser ce roman, d’ailleurs plein d’aperçus très fins et très spirituels.

1418. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Je l’y aperçois bien un peu ; je pressens bien un peu, en lisant cet accumulateur à la charge de l’Ancien Régime, les conclusions d’ensemble que devra plus tard tirer l’historien. […] Un seul l’avait aperçue, — un seul, qui n’était pas Français, avait vu à travers les décrets, les législations, les discours, la coupe réglée des échafauds, toute cette politique de la Révolution, qui la cache dans les histoires, la France tout entière dans le bas-fond où elle s’agitait, abominable et terrible !

1419. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Comme ils se laissaient accabler, elle éprouvait une joie secrète, la joie des lâches quand ils s’aperçoivent qu’ils avaient bien tort de trembler. […] Quand la popularité des premiers jours, que les gouvernements lui créèrent d’autant plus aisément qu’ils s’accordaient avec les multitudes, se fut évanouie, Clément XIV put s’apercevoir du néant de ses espérances, si jamais il en avait conçu.

1420. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

La mère Agnès la rassurait ou du moins essayait de la consoler en lui citant son propre exemple ; car privée de l’odorat, disait-elle, dès l’âge de dix-huit ans, elle avait fort bien vécu depuis sans s’apercevoir de la privation.

1421. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Au moyen âge, dans les chansons de gestes, n’en déplaise aux Wace et aux Rutebeuf, on n’a pas eu d’Homère, et l’on s’en aperçoit bien.

1422. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Le Nord a été plus vite affranchi que la France de ce genre recherché, dont on aperçoit des traces dans les anciens poètes anglais, Waller, Cowley, etc.

1423. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

L’air et les aliments font le corps à la longue ; le climat, son degré et ses contrastes produisent les sensations habituelles, et à la fin la sensibilité définitive : c’est là tout l’homme, esprit et corps, en sorte que tout l’homme prend et garde l’empreinte du sol et du ciel ; on s’en aperçoit en regardant les autres animaux, qui changent en même temps que lui, et par les mêmes causes ; un cheval de Hollande est aussi peu semblable à un cheval de Provence qu’un homme d’Amsterdam à un homme de Marseille.

1424. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

voilà ce qui grandit démesurément à la proportion des choses infinies cette petite fourmilière inaperçue sur ce petit globe à peine aperçu lui-même dans cette poussière de mondes lumineux que l’astronomie nous dévoile à travers la nuit !

1425. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Et cependant trente ans encore s’écouleront après Paul et Virginie (1787) ; une grande intelligence et un génie supérieur, Mme de Staël et Chateaubriand, se dépenseront sans que l’on aperçoive encore le port où l’on paraissait toucher.

1426. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Larroumet aimait mieux induire lentement de faits multiples, emboiter le pas tranquillement à des jugements antérieurs qu’il reconnaissait vrais, que de jeter des aperçus mal vérifiés, ou d’étaler des fantaisies brillantes.

1427. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Voyageur des contrées qui sont par-delà l’histoire, soudain transporté ici et qui, à peine dépaysé, exempt d’étonnements, continue d’apercevoir, à travers les choses présentes, l’enchantement de la patrie primitive, toujours ouverte à son souvenir… Venu comme pour clore une époque, alors qu’on s’imaginait assister à la disparition progressive du romantisme, il en concentra les suprêmes lueurs défaillantes, plus intenses de leur sûre agonie, et nous laissa ce spectacle imprévu d’un trophée d’artifice merveilleux.

1428. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Ou bien ils observent un phénomène astronomique tel qu’une éclipse de lune et ils admettent que ce phénomène est aperçu simultanément de tous les points du globe.

1429. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

L’erreur de l’école néo-féodale est de ne pas s’apercevoir que les défauts de la société moderne sont nécessaires à titre de transition, que ces défauts viennent d’une tendance parfaitement légitime, s’exerçant sous une forme partielle et exclusive.

1430. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Le souci des petites choses empêche souvent d’apercevoir les grandes ; un aigle ne s’amuse pas à prendre des mouches, disaient nos anciens.

1431. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

On peut lui reprocher des erreurs dans le choix de ses exemples, une confusion entre les actes volontaires et des actes purement réflexes, qu’une physiologie plus avancée eût évitée ; mais ce qui est fondamental, c’est d’avoir aperçu la méthode.

1432. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin se plaît aux antithèses morales, et il en fait jaillir les aperçus.

1433. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Les tragédies de Voltaire avaient fait des républicains de la veille de ceux-là même qui avaient goûté Le Mondain ; ils purent s’apercevoir plus tard de la contradiction, trop tard pour se corriger.

1434. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Le tout est enveloppé dans une sorte de circulation vive qui ne laisse apercevoir aucun intervalle, et qui fait que les jets du moment, les pensées méditées ou notées, les morceaux tout faits, se rejoignent, s’enchaînent avec souplesse, et se meuvent comme les membres d’un même corps.

1435. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Les chapitres qui traitent de la Morale sexuelleou de la Dissociation des Idéesouvrent sur ce point les aperçus les plus neufs.

1436. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Taine a le mérite d’avoir aperçues le premier et qui sont débattues dans ses œuvres les plus considérables, L’Histoire de la littérature anglaise, et La Philosophie de l’art.

1437. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Or, dans nos recherches, cet enchantement n’est pas moindre de nous apercevoir ici que notre formule est aussi une définition de l’amour.

1438. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Il y a bien de la différence entre une erreur d’ignorance ou d’inadvertance et une erreur faite d’industrie ; celle-ci tient en garde l’élève : s’il l’aperçoit, sa petite vanité est satisfaite, elle l’habitue à se méfier, elle le forme insensiblement à la recherche de la vérité, elle lui inspire l’esprit d’invention ; l’autre perd le temps et ne rend que du mépris.

1439. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Mais voici ce qu’a fait le Poussin ; il a tâché d’ennoblir les caractères ; il s’est assujetti selon les convenances de l’âge, aux proportions de l’antique ; il a fondu avec un tel art la bible avec le paganisme, les dieux de la fable antique avec les personnages de la mythologie moderne, qu’il n’y a que les yeux savans et expérimentés qui s’en aperçoivent, et que le reste en est satisfait.

1440. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Cette image de la beauté divine que nous portons en nous-mêmes est d’abord quelque peu obscure ; il faut que les traits de cette beauté, aperçus par des yeux plus clairvoyants et reproduits dans les écrits qu’elle a inspirés, habituent peu à peu nos yeux à la distinguer.

1441. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

J’ai cru m’apercevoir que le phénomène de la pensée ne s’opérait pas de la même manière dans tous les hommes de cet âge, et cela me suffit, la supposition que je fais devant ensuite être remplacée par ce que je crois être la vérité, ou même par tout autre système que mes lecteurs voudraient lui substituer.

1442. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Jusque-là, l’ouvrage en question sera moins un jalon qu’un Terme dans le champ de nos connaissances sur l’Asie, et c’est autour de ce livre, qui a la consistance d’un monument, que viendront nécessairement se grouper les aperçus nouveaux, les faits autrement observés, soit pour en confirmer ou en contredire les assertions, soit pour y ajouter les changements que les mœurs, la législation, les choses chinoises enfin, auront subis, si elles en subissent, si le pouce du Temps, malgré son ongle, — un ongle chinois pour la longueur, — ne glisse pas, sans le rayer, sur le vernis de coutumes qui enduit ce peuple, et qui est plus lisse encore que l’autre vernis qu’il a inventé.

1443. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Seulement Napoléon n’apercevait dans le lointain que la forme de la République.

1444. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Les trois sommets de l’île de la Trinité, aperçus par lui et répétant à leur manière le nom projeté de cette île, qu’il devait appeler la Trinidad avant de l’avoir découverte, l’histoire de la croix plantée de sa main à la Vera-Cruz et dont le bois produisit pendant tant d’années des guérisons si extraordinaires et si désespérées, le compte inouï de tous les grands événements de la première expédition de Colomb, lesquels, tous heureux, tombèrent à point nommé le vendredi, depuis le vendredi du départ jusqu’au vendredi du retour, tous ces faits que le très commode hasard, inventé pour faire substitution et pièce « à la Providence », n’explique et n’éclaire plus, parce que le hasard est essentiellement solitaire et que des faits nombreux et continus lui ôtent son caractère de hasard, M. 

1445. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Assurément, l’auteur de La Religion romaine a trop l’habitude de l’histoire pour ne pas savoir où il tend et où il va ; mais il a la finesse ou l’hypocrisie de ne pas le dire, et c’est la route faite que vous apercevez enfin où cet insinuateur vous a mené !

1446. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Ceux-là, on les trouve sans les chercher dans ce qu’ils ont fait et dans les influences qu’ils ont laissées après leur passage, tandis que déjà, et à la distance d’une moitié de siècle, il nous faut chercher Saint-Martin, pour l’apercevoir.

1447. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Enfin, comme tous les utopistes de ce temps et de tous les temps, qui ont renversé le grand aperçu chrétien, M. l’abbé Mitraud semble prendre la société pour un état définitif, au lieu de la concevoir comme un état de passage, et alors la question devient pour lui ce qu’elle fut, par exemple, pour Fourier, Saint-Simon et tant d’autres réformateurs, c’est-à-dire — qu’elle consiste à trouver des institutions qui établissent le ciel sur la terre, — ce qu’on cherchera probablement longtemps encore, — au lieu de faire monter la terre dans le ciel, comme la Religion nous l’enseigne, et, dans son affranchissement des âmes, sait l’exécuter tous les jours !

1448. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Quant à Jules Soury, qui a vraiment un nom providentiel pour un rat de bibliothèque, — et l’on m’a dit qu’il en était un, — je ne l’aurais pas encore aperçu dans la poussière des endroits où il gîte, si la Revue des Deux Mondes ne lui avait pas jeté sa vieille serpillière saumon sur le dos.

1449. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Encore une fois, nous ne tenons pas grand état d’une pareille donnée, inspirée plus par les études et les préoccupations littéraires de l’auteur que par son propre génie ; mais ce que nous estimons infiniment, ce sont deux ou trois courants d’aperçus, d’observations et de pensées, qui se rencontrent, se croisent et se mêlent dans ce livre, taillé trop à facettes et à pans coupés, et que nous eussions voulu plus large et plus simple.

1450. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.

1451. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

si vous vous apercevez que je vous trompe, si le moindre mensonge se mêle à mes paroles, élevez tous votre voix contre un lâche orateur ; repoussez-moi du sanctuaire de la sagesse, et ne permettez plus à celui qui l’outrage, d’oser en donner des leçons ; mais si toutes les fois que je louerai, je dis la vérité, ne regardez pas comme une vile flatterie ce qui est un juste éloge.

1452. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il fut porté, en quelque sorte, par la solennité d’une diction qui lui permit d’amplifier son débit, et personne ne s’aperçut qu’il était bègue. […] Je connaissais de vue, l’ayant aperçu quelquefois sur le boulevard, le légendaire Catulle, tanguant du ventre, le menton bien assis sur sa poitrine romantique de faux Christ digérant et repu. […] Je me suis aperçu, en faisant mes visites, que presque aucun de ces messieurs n’avait lu mes vers. […] Je me suis aperçu, en faisant mes visites, que presque aucun de ces messieurs n’avait lu mes vers. […] Me trouvant un hiver en visites à Antibes chez Mme Franklin-Grout, j’aperçus en entrant dans le grand salon l’impeccable dominicain assis au milieu de quelques dames attentives et ferventes.

1453. (1898) Essai sur Goethe

(Tout en repoussant l’image, elle aperçoit tout à coup la figure réelle qui traverse la chambre à coucher. […] On est en tout cas fondé à en conclure que l’auteur, pris de doutes sur son œuvre, n’en ignorait point les imperfections : il s’aperçut qu’il était plus facile de les reconnaître que de les corriger. […] Héro aperçut Léandre dans une fête brillante, et soudain l’amant enflammé s’élança dans le flot nocturne . […] Quand il s’en aperçut — parce qu’on le lui fit voir —, son œuvre était achevée et circulait déjà : elle ne fut plus pour lui qu’une source d’angoisses. […] Goethe et Schiller s’étaient élevés bien au-dessus de la rivalité : ils avaient porté leur amitié à une hauteur où les intrigants ne pouvaient plus l’atteindre, d’où même elle ne les apercevait plus.

1454. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Cette circonstance de la vie de Sénèque n’est pas la seule où je me sois aperçu que, quelque parti que le philosophe, l’instituteur et le ministre eût pris, il n’aurait pas échappé à la censure de la malignité. […] A l’instant elle aperçoit Anicet, accompagné du triérarque Herculéus et du centurion de flotte Oloaritus. « Si vous me visitez de la part de Néron, leur dit-elle, allez lui apprendre que je suis guérie ; si vous venez m’assassiner, je ne croirai point que mon fils ait ordonné un parricide. » Elle était dans son lit : les meurtriers l’environnent, le triérarque lui décharge un coup de bâton sur la tête. […] Il ne fallait pas, ce nous semble, être trop pénétrant pour apercevoir les désordres de la maison de Claude. » Moins il fallait de pénétration pour apercevoir les désordres de la maison de Claude, plus un observateur très-fin était à redouter. […] car une femme du commun ne s’aperçoit pas que ses enfants soient des sots ; ou si elle s’en aperçoit, elle ne prend pas les devants avec un si grand dépit, pour s’en disculper et pour traiter cela d’une production qui a été négligée, à moitié faite. […] « Je ne m’aperçois, dit-il ailleurs, de l’absence de mes richesses que par celle des embarras qu’elles me causaient. » ( Ibid.

1455. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Comme la nuit était close quand l’audacieux équilibriste exécuta ce tour périlleux, il prit à la main un flambeau allumé, afin qu’on le pût bien apercevoir. […] Tout étant prêt pour jouer la Passion, on s’aperçut qu’on n’avait pas de vêtements assez beaux pour l’acteur chargé du rôle du Père Éternel. […] Il ne fut pas longtemps à s’apercevoir qu’il faisait fausse route, et il s’empressa d’en changer. […] Du plus loin que le cardinal les aperçut, il leur cria : — « Eh bien ! […] Votre Éminence a dû s’apercevoir qu’ils ne savaient pas leurs rôles et même qu’ils étaient ivres ?

1456. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Quand on a un peu réfléchi on s’aperçoit qu’il n’y a qu’une chose qui soit évidente, c’est que rien n’est évident. […] Un roi philosophe, antichrétien et ami des philosophes, il a cherché cela toute sa vie et a mis toute sa vie à s’apercevoir qu’il ne l’avait pas trouvé et à déplorer de ne l’avoir trouvé jamais. […] Le gouvernement n’a pas à s’occuper de cela. » Mais le Français raisonne rarement ainsi, et dès qu’il s’est aperçu que par une loi de liberté il a fortifié l’Église ou l’a mise en état de se fortifier, il prend peur. […] C’est enfin la dispersion, destruction et suppression de l’Église libre elle-même, quand on s’apercevra, ce dont on ne pourra pas manquer de s’apercevoir, qu’elle est un élément de liberté ; qu’elle ne dit pas exactement et littéralement ce que le gouvernement pense et veut qu’on pense et que, par conséquent, elle rompt « l’unité morale » de la France et est contraire à la formule de Louis XIV, reprise par M.  […] Ce que vous me signalez comme le défaut de mon système en est le principe. » Tout de même, de nos jours, où l’instinct despotique reparaît sous une nouvelle forme et sévit de toutes ses forces, ce qui paraît le défaut de chaque mesure, générale ou particulière, dont on se plaint, en est le principe inspirateur, que ceux, du reste, qui prennent cette mesure s’en aperçoivent ou qu’ils ne s’en aperçoivent point.

1457. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

La vieille l’aperçoit, la rejoint, l’empoigne par ses cheveux défaits, la traîne à travers le pont. […] (Mais je m’aperçois que, depuis quelques instants je trahis M.  […] Mais elle souffre tant que Marthe s’en aperçoit. […] … Plus tard, tu dis que tu ne t’es pas aperçu tout de suite que tu aimais la jeune Canadienne, que cela t’est venu sans y songer. […] » Et tout à coup, le vieux aperçoit le sac, les hardes, le chapelet : « Ah !

1458. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Considérations générales et aperçu rétrospectif I. […] Comme je m’ennuie fort ici, après y avoir assez mal dîné, je vais tâcher de laisser fuir une heure et demie sans m’en apercevoir, en barbouillant un papier que j’ai demandé… Ceux qui ne sont pas heureux aiment et cherchent la solitude. […] Il se sent seul sur la terre ; « une langueur secrète s’empare de son corps. » Il ne s’aperçoit plus de son existence que par un profond sentiment d’ennui. […] On aperçoit maintenant l’unité qui préside à l’existence et à l’œuvre de Senancour. […] Ici j’aperçois deux poètes que je puis placer sur le même rang.

1459. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Quand il approfondit ensuite les penseurs qui l’avaient entraîné, il dut s’apercevoir qu’il avait faussé leurs directions. […] Pour lutter contre l’entraînement général, pour infuser un sang nouveau au sentiment social et sociable, la contrainte n’est pas un remède, on s’en apercevra bien vite. […] Deschanel nous donne, et c’est la partie la plus neuve et la plus, intéressante de l’ouvrage, des aperçus ni des extraits de ses principaux discours. […] Lisez cet aperçu des provinces : quelle connaissance profonde des caractères, des relations et des divergences formées entre le nord et le midi, l’est et l’ouest ! […] Il ne s’aperçoit pas qu’il a, lui aussi, ses idoles, ses dogmes, ses articles de foi, ses fétiches.

1460. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Mais il n’est pas sans s’apercevoir lui-même qu’elle y est mal assise. […] Le beau militaire, de retour au village, s’aperçoit que la disgrâce qu’il a tant de fois infligée aux autres maris ne lui a pas été épargnée à lui-même. […] Un jour que la flottille de l’expédition remontait le Nil, il aperçut des ruines et dit : « Il faut que j’en fasse un dessin ». […] S’il était réduit tout à coup aux dimensions d’une tête d’épingle, il nous serait impossible de nous en apercevoir. […] Qu’ils se mettent à aimer la patrie comme elle veut être aimée, et ils s’apercevront bientôt qu’on peut mettre dans cet amour toutes les subtilités de l’esthétique moderne.

1461. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Et comment ne vous apercevez-vous pas que vous commettez ici l’inaltérable impartialité de la justice divine dans les évaluations relatives de la justice des hommes ? […] lui dit Massillon, vous n’apercevez pas ce jésuite et ce père de l’Oratoire qui jouent aux boules ensemble ? […] Seulement ce ne sont pas les contemporains qui s’aperçoivent qu’un genre s’épuise. […] Malheur au poète qu’on aperçoit dans son drame ! […] Mais écoutez le même peintre encore, et ce qu’il nous dit du sujet dans l’école hollandaise : « Dans leur peinture proprement pittoresque et anecdotique, on n’aperçoit pas la moindre anecdote.

1462. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Il me suffit de vous dire, en général, que je trouve dans le cours de cette comédie, qui est d’un goût tout nouveau, autant de génie que d’esprit, et, si je l’ose dire, autant de jugement que d’imagination ; c’est ce que bien des gens sont incapables d’apercevoir ; car enfin tout y est préparé, amené, combiné, filé, contrasté, raisonné, conduit, comme dans les ouvrages des plus grands maîtres. […] Quand il m’aperçut : « Ah ! […] Mais, en y regardant mieux, on s’aperçoit que la pièce si osée n’est qu’une imitation libre de l’épigramme de Martial : Uxor, vade foras, aut moribus utere nostris… Piron n’avait nul besoin d’être marié pour trouver cette leçon-là.

1463. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

C’est d’abord l’évasion de Carmen suivie de l’emprisonnement du dragon : « Dans la prison, je ne pouvais m’empêcher de penser à elle… Ses bas de soie tout troués qu’elle me faisait voir tout entiers en s’enfuyant, je les avais toujours devant les yeux… Et puis, malgré moi, je sentais la fleur de cassie qu’elle m’avait jetée, et qui, sèche, gardait toujours sa bonne odeur. » C’est la dégradation, c’est la faction humiliante comme simple soldat, à la porte du colonel, un jour où précisément Carmen vient danser dans le patio : « Parfois j’apercevais sa tête à travers la grille quand elle sautait avec son tambour. » C’est la journée folle chez Lillas Pastia. […] La destinée des romanciers, et de tous les écrivains, est de prendre beaucoup les uns aux autres ; quelquefois ils s’en aperçoivent et, de la meilleure foi du monde, s’écrient avec Rossini : « Vous croyez que cette phrase n’est pas de moi ? […] Paesiello ne méritait pas de l’avoir trouvée. » — D’autres ne s’en aperçoivent même pas ; tous pourraient s’approprier la prière fameuse du paysan normand : « Mon Dieu, je ne vous demande pas de bien, donnez-moi seulement un voisin qui en ait. » 66.

1464. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Comme il est très difficile d’établir la consanguinité entre les diverses branches de quelques familles nobles très anciennes, même à l’aide de leur arbre généalogique, et qu’il est presque impossible d’y réussir sans un pareil secours, on peut concevoir la difficulté invincible que les naturalistes ont dû rencontrer quand ils ont voulu représenter, sans l’aide de figures, les affinités diverses qu’ils aperçoivent entre les nombreux membres éteints ou vivants d’une même grande classe naturelle. […] Les Cirripèdes en offrent un frappant exemple : l’illustre Cuvier lui-même ne s’est pas aperçu qu’une Balane était en réalité un crustacé, bien qu’un seul coup d’œil jeté sur la larve ne puisse laisser aucun doute à ce sujet. […] C’est un fait de haute importance que les organes rudimentaires, tels que les dents de la mâchoire supérieure des Baleines et des Ruminants, s’aperçoivent souvent chez l’embryon, et disparaissent totalement ensuite.

1465. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Une bataille, peinte telle qu’un Fabrice peut l’apercevoir de son coin ou même un général de son observatoire, remplit souvent fort mal l’idée que nous nous en faisions par avance. […] Alors, vers le xiiie  siècle, où peut apercevoir clairement comme les faces, les ombres et les rayons du nouvel esprit. […] Diderot s’en aperçut, il annonça l’intention de n’en négliger aucun. […] Les romantiques en ont tantôt l’amour, tantôt le dégoût : ou bien ils ne voient que lui, ou bien ils le fuient si loin et si haut qu’ils ne l’aperçoivent plus. […] Chevauchant sur le chemin de Lissy-Gory, il aperçoit deux petites filles : elles s’arrêtent court à son approche.

1466. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Nous n’y voyons rien de semblable ; nous n’apercevons là comme ailleurs que des successions constantes ; nous ne constatons point là deux faits dont l’un engendre l’autre, mais deux faits dont l’un suit toujours l’autre. […] Les deux effets se pénètrent tellement qu’on n’en peut isoler aucun pour le rapporter à sa source. — Pour apercevoir séparément chaque effet, il faudrait considérer des mouvements dirigés dans un autre sens, c’est-à-dire supprimer le mouvement donné et le remplacer par d’autres. […] Ramenée à ces termes précis, la proposition nous laisse une certaine inquiétude ; sans doute, au premier aspect, voyant une oblique sensiblement inclinée et deux parallèles médiocrement distantes, nous avons jugé que l’oblique, après avoir rencontré la première, rencontrerait la seconde ; c’est que le point de rencontre n’était pas loin ; nous l’apercevions avec les yeux, ou nous le marquions d’avance par l’imagination ; sur ces indices, nous avons induit avec vraisemblance que, si petite que fût l’inclinaison et si grande que fût la distance, la proposition serait toujours vraie. […] Il nous a suffi partout d’examiner avec attention notre construction mentale, pour y démêler des conditions sous-entendues, l’identité latente d’une donnée et d’une autre, l’indifférence latente d’un caractère qui semblait séparer les deux données, identités et indifférences non aperçues par nous, parce que notre supposition ne les avait pas expressément énoncées, mais qui n’en étaient pas moins incluses tacitement dans notre hypothèse et qui, avant d’être mises à nu, révélaient leur présence secrète par l’inclination invincible qu’elles imprimaient à notre croyance et par l’évidence complète dont elles illuminaient notre jugement.

1467. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Avec cet art involontaire d’apercevoir et d’isoler du premier coup et nettement chaque partie de chaque objet, on peut parler, même à vide et toujours. […] Rien de plus clair que le style de ses vieux contes et de ses premiers poëmes ; ou ne s’aperçoit pas qu’on suit le conteur, tant sa démarche est aisée, tant le chemin qu’il ouvre est uni, tant il se laisse glisser doucement et insensiblement d’une idée dans l’idée voisine ; c’est pour cela qu’il conte si bien. […] On s’en aperçoit vite à la façon dont ils célèbrent la Madone ; rien de plus différent du sentiment saxon, tout biblique, que l’adoration chevaleresque de la Dame souveraine, de la Vierge charmante et sainte qui fut le véritable dieu du moyen âge. […] On s’en aperçoit aux plaintes et à l’indignation des chroniqueurs, aux grondements et aux menaces de révolte populaire, aux longues amertumes avec lesquelles ils se remettent incessamment sous les yeux la liberté antique, à la faveur dont ils accueillent les audaces et la rébellion des outlaws.

1468. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Lorsqu’on se décide à reproduire partout et toujours la même idée, il faut au moins que cette idée soit vaste, féconde en points de vue divers, et que le poète en la présentant sans cesse, puisse y faire apercevoir des richesses encore inconnues. […] Soudain il s’aperçoit qu’il est suivi par un fantôme gigantesque, armé d’une hache, qui, attentif à ses paroles, prompt à suivre ses regards, ne le quitte pas d’une minute. […] Ce ne fut donc pas sans un certain battement de cœur qu’il aperçut tout à coup à quelques pas de lui, une femme largement taillée, aux formes admirablement prononcées. […] D’abord il emploie, pour vous les faire apercevoir, un procédé contre lequel on pourrait réclamer.

1469. (1927) Des romantiques à nous

Mais pour un Eugène Delacroix qui ne veut voir dans les poèmes du même Hugo que « les brouillons d’un homme de génie » ; pour un Balzac qui appelle ses Burgraves « du Titien peint sur un mur de boue » ; pour un Henri Heine qui, frappé de l’insincérité de son lyrisme, le compare au diable dans les légendes de sorcellerie, « incandescent en surface, glacé en dedans », je n’aperçois pas qu’on ait jamais fait, à cause de ces sentences dures et emportées, le procès de ces grands esprits. […] Si les femmes qui sont femmes lui paraissaient affectées, dans la partie la plus en vue de l’élite sociale de nos jours, de certaines dispositions intellectuelles délétères, on s’apercevrait que leur cas n’était pas à ses yeux aussi détestable ni aussi désespéré que celui de leurs congénères masculins. […] Sainte-Beuve, dans un admirable aperçu, indique comment un grand artiste qui s’attacherait à l’entreprise de la ressusciter par la poésie devrait accorder cette divine enfance d’une âme toute mystique avec cette verdeur et ce primesaut rustique du tempérament, avec cette acuité naïve de l’esprit. […] Calcovoressi, et un aperçu de Camille Bellaigue, d’une poésie pénétrante. […] Mais, à la longue, on s’apercevait qu’elles n’étaient que deux, comme ces deux soldats que les metteurs en scène font repasser indéfiniment sur les planches pour figurer une armée de vingt mille hommes.

1470. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

D’une époque à une autre, s’il aperçoit bien quelques différences, il ne les impute qu’à la lenteur du « progrès des lumières ». […] Quelque désordre de composition que l’on aperçoive dans son livre, et quelque bizarrerie dans cette variété de lois qui en fait la matière, nous n’avons qu’à rapporter la variété de ces lois au « bien de la société » pour en voir les raisons apparaître, et en même temps son livre s’éclairer d’une lumière nouvelle. […] Où ils n’aperçoivent pas la différence, ils la nient sans plus de scrupule ; et quand par hasard ils l’entrevoient, ce sont, disent-ils alors, « des cheveux coupés en quatre ». […] En ce qu’elle a de philosophique, d’abord, — elle substitue dans le jugement des hommes et des choses l’autorité d’un critérium abstrait au sentiment de la diversité des époques ; — elle ramène donc toutes les histoires sur le même plan ; — et par conséquent elle les déforme ou elle les fausse. — Elle ne les fausse pas moins en tant que littéraire ; — si l’importance des événements historiques n’a rien de commun avec l’agrément de la forme dont on peut les revêtir ; — si cette importance, en tout cas, n’a pas pour mesure leur intérêt actuel ; — et si rien d’autre part n’est plus propre à brouiller la signification des temps que le souci de les représenter d’une manière qui plaise à nos contemporains. — Elle a enfin des inconvénients en tant que narrative ; — si le choix des faits à mettre en lumière ne saurait dépendre du caprice de l’historien ; — s’il y a des « matières qui demandent de l’attention » et qu’on ne « puisse pas faire que l’attention ne soit une chose pénible » ; — et s’il n’y a pas enfin en histoire de faits inutiles ou encombrants, — mais seulement des faits dont on n’a pas aperçu la signification. […] IV, p. 433]. — De là l’ordre qu’il suit dans la distribution de sa matière ; — passant des animaux « domestiques » aux animaux « sauvages » ; — et des animaux « sauvages » aux animaux « carnassiers » ; — ou encore de l’Europe au reste de l’ancien continent ; — et de l’ancien continent au nouveau ; — ce qui revient à subordonner l’évolution entière de la nature à la formation de l’homme ; — et au développement de la civilisation. — Mais de 1757 à 1764, en étudiant les animaux du nouveau monde, — et en fondant, chemin faisant, la géographie zoologique, — il s’aperçoit que les animaux du nouveau monde ne sont pas les mêmes que ceux de l’ancien ; — que, s’ils ne sont pas les mêmes, ils sont cependant analogues ; — et qu’ils sont enfin généralement plus petits. — Il ne voit alors de moyen de l’expliquer que de recourir à l’influence du climat, de la nourriture, de la concurrence des espèces entre elles ; — et d’attribuer à la nature une plasticité plus grande qu’il n’avait fait jusqu’alors. — C’est le moment où ses idées ressemblent le plus à ce que seront un jour celles de Darwin ; — et quoique d’ailleurs il persiste toujours à faire de l’homme un être à part dans la nature [Cf. sa nomenclature des singes]. — Enfin de 1764 à 1787 de nouvelles idées lui viennent encore ; — qu’il oppose à celles de Rousseau [Cf. t. 

1471. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Le lendemain au Toledo, avec X…, je me suis aperçue qu’il avait du genre. […] Ainsi, je vous assure qu’on s’aperçoit si la scène se passe dans un appartement ou à l’air, le jour ou le soir— rien qu’en entendant la musique. […] Je m’aperçois, à la fin, que ce que j’exige de vous est insensé. […] Je vous ai donc écrit en me montant la tête à froid et j’ai fini par vous dire des « inconvenances » et même des choses désobligeantes en admettant que vous ayez daigné vous en apercevoir. […] Il vous plaît de rimer, rimez pourvu que je ne m’en aperçoive pas.

1472. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Loisy sur l’enseignement biblique lui font apercevoir l’importance des problèmes historiques. […] Une telle biographie fait comprendre quelle vue superficielle représente cette apothéose du mécanisme proclamée ou déplorée par ceux qui n’aperçoivent pas la continuation du travail spirituel exercé sur les âmes et par les âmes dans le monde religieux. […] Elle sort cependant, et elle aperçoit, à travers la buée qui se fait moins épaisse, des silhouettes de bateaux sur la rivière qui mène à la mer libre : « Oh !  […] Généralisez-la et vous apercevez par-delà ces deux études de mœurs surgir cette question de la nocivité possible de la pensée, qui préoccupait déjà Balzac. […] C’est une reprise de la gloire, quand les curieux de documents s’aperçoivent que, parmi ces livres « démodés », quelques-uns sont, comme Julia de Trécœur et Monsieur de Camors, je l’ai dit déjà et je le répète avec la certitude de ne pas me tromper, des chefs-d’œuvre tout court.

1473. (1896) Études et portraits littéraires

Apercevez-vous comme cela se tient ? […] On a aperçu dans l’homme et ses œuvres l’élément irréductible qui ne s’exprime point en chiffres. […] Que l’obsession du « pensum » s’y sente, comme quelqu’un l’a écrit, ou, si vous voulez, la commande de l’éditeur, je ne m’en suis pas aperçu. […] Lintilhac aperçoit-il si tard, dans l’âme de Santillane, la pointe du remords ? […] Et la vanité n’est-elle pas chez ceux qui croient apercevoir le monde autrement que par des lueurs d’une minute40 ?

1474. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

. — En Angleterre, elle s’aperçoit très vite du danger. […] Le petit groupe de sceptiques qu’on apercevait à peine sous Louis XIV a fait ses recrues dans l’ombre ; en 1698, la Palatine, mère du Régent, écrit déjà « qu’on ne voit presque plus maintenant un seul jeune homme qui ne veuille être athée505 ».

1475. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Vérité ou sophisme, il n’y avait rien à répondre au premier aperçu à cet axiome, du moment qu’on admettait pour convenu cet autre axiome très contestable : L’homme est égal à l’homme devant le champ ; l’enfant plus avancé en âge et en force est égal à l’enfant nouveau venu, dénué d’années, de force, d’éducation, d’expérience de la vie ; l’enfant du sexe faible et subordonné par son sexe même est égal à l’enfant du sexe fort, viril et capable de défendre l’héritage de tous dans le sien ; l’enfant inintelligent est égal à l’enfant doué des facultés de l’esprit et du cœur, privilégié par ces dons de la nature ; l’enfant vicieux, ingrat, rebelle, oisif, déréglé, est égal au fils tendre, respectueux, obéissant, actif, premier sujet du père, premier serviteur de la maison, etc., etc. […] La famille en effet est une puissance, l’individu n’est qu’un néant ; l’État le foule aux pieds sans l’apercevoir ; la dynastie de la famille détruite par l’égalité et par la mobilité des héritages, la dynastie royale devient facilement tyrannique ; la conquête même devient plus facile dans un pays où l’esprit de la famille a été anéanti par la dissémination sans bornes de l’égalité des biens.

1476. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

« Lady Stanhope portait un manteau de drap jaune foncé ; une tunique rayée, de couleur violette et blanche, descendait jusqu’à ses pieds ; de longues manches ouvertes laissaient apercevoir la blancheur de ses bras ; des babouches en cuir jaune s’élevaient jusqu’à la moitié de ses jambes ; un cachemire blanc couvrait entièrement sa tête, et un mouchoir peint de mille couleurs, ainsi qu’on les fabrique à Smyrne, entourait son visage : les deux bouts de ce mouchoir tombaient sur ses épaules. […] « Lady Stanhope m’avait quitté un instant dans le cours de la nuit ; je la vis revenir bientôt, et je m’aperçus qu’elle boitait ; je lui en demandai la cause.

1477. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

« Comme nous nous dirigions de ce côté, Polémarque, fils de Céphale, nous aperçut de loin, et dit à son esclave de courir après nous et de nous prier de l’attendre. […] « Dès que Céphale m’aperçut, il me salua, et me dit : « Ô Socrate, tu ne viens guère souvent au Pirée ; tu as tort.

1478. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Tout lui étant cause et effet, là où il n’apercevait pas de cause, il ne redoutait pas d’effet, et il n’attendait pas la maladie de la santé, ni de la maladie la mort. […] Les imitateurs ne font pas ainsi : ils n’avouent pas celui qu’ils imitent, l’imitation n’étant qu’une médiocrité d’esprit, mêlée de beaucoup de vanité, qui cache ses emprunts, ou quelquefois ne s’aperçoit même pas qu’elle emprunte.

1479. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

On en a quelques aperçus en considérant les gens développés partiellement, et en somme déformés par l’abus de certains sports, comme la bicyclette ou quelques formes de gymnastique. […] Se borner à répondre : c’est bien parce que c’est bien, c’est ne pas apercevoir les conditions du bien et se refuser à en admettre ; c’est parfois que l’on est mal renseigné, ou que l’on a la vue courte, mais cela tient parfois aussi à ce que les idées que l’on a reçues et acceptées sur le bien sont tout à fait injustifiables.

1480. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

laissez-moi, laissez-moi. » Il s’aperçut que le trait avait porté juste. […] J’aperçus l’insuffisance de ce qu’on appelle le spiritualisme ; les preuves cartésiennes de l’existence d’une âme distincte du corps me parurent toujours très faibles ; dès lors, j’étais idéaliste, et non spiritualiste, dans le sens qu’on donne à ce mot.

1481. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Il n’a donc pas écrit cette page véritablement unique en application directe de son système, mais à côté, presque à rebours, puisque les mobiles intérieurs sur lesquels il prétendait se guider échappaient à l’art musical et qu’il en arrivait, sans s’en apercevoir, à ne plus exprimer qu’un sentiment très banal, qu’une situation très ordinaire. […] A Meyerbeer de clore cet aperçu.

1482. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Gounod : Mon cher Meyer, plus je pense à ce que vous êtes venu me demander hier, plus j’aperçois de raisons et de convenances de m’en abstenir. […] Chaque fois qu’un événement wagnérien a lieu, on s’aperçoit avec terreur, par l’examen des comptes-rendus, que les plus autorisés de nos critiques n’ont absolument rien compris à ce dont il était question, qu’ils ont lu les poèmes comme pourraient le faire des aveugles, et écouté la musique à la façon des sourds.

1483. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

À l’horizon d’azur que rien ne vient changer, Elle aperçoit la ville aux murailles de briques, Avec les aqueducs gonflés d’eaux pacifiques, Et la tour sarrasine, et les bois d’orangers ; Plus loin, la même mer baigne les mêmes rives, Et Béatrice songe en regardant par là À l’amant qui partit du port de Malaga Sur un vaisseau chargé d’oranges et d’olives. […] Souvent tout un poème séduisant dès l’abord, ne résiste pas à une seconde lecture, on aperçoit cette originalité qui est à l’art original ce qu’une toilette de café-concert est à une toilette de bon goût.

1484. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Il est impuissant comme imagination spontanée dans le style, comme grand aperçu et vue pleine dans la pensée, mais il est resté viril et vigoureux par ailleurs. […] Mais, né après Rousseau et de Rousseau, fou de sciences folles, né ouvrier, — dans un temps où la révolution des ouvriers se prépare contre les bourgeois avec la logique vengeresse des révolutions, — ouvrier lui-même, ayant mis la main à la pâte, il a été la victime de son siècle, le déforme de son siècle et de son berceau, qui n’ont pas tué son génie mais qui l’ont horriblement gauchi, mais pas encore de manière, cependant, qu’on n’aperçoive ces deux belles lignes qui, en talent, font les camées : le bon sens et la pureté de cœur, XVI Il les a retrouvées — intégralement retrouvées — dans le livre que voici, où il ne s’agissait plus des progrès chimériques de l’esprit humain, — la griserie des cerveaux modernes, — mais de la morale éternelle, — mais du rapport éternel de l’homme et de la femme, — mais de la famille, base, pour Proudhon comme pour Bonald, de toute société.

1485. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Il se vante même d’entendre bien les indécences de cette fonction mythologique : Le brin d’herbe devient familier avec moi, Et, sans s’apercevoir que je suis là, les roses Laissent faire aux bourdons toutes sortes de choses ! […] Et, quand ils seront près des degrés de lumière,         Par nous seuls aperçus, Tous deux seront si beaux, que Dieu, dont l’œil flamboie, Ne pourra distinguer, père ébloui de joie,         BÉLIAL DE JÉSUS !

1486. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

En ouvrant leur livre, on croit encore qu’ils vont y tomber, mais peu à peu ils s’en détournent, et plus on avance dans l’exécution du roman plus on y trouve de délicatesse et d’élévation, et plus on s’aperçoit que le grand progrès et la maturité sont venus aux auteurs. […] Il a découvert une maladie des plus rares, qui se termine par ce qu’il appelle une agonie sardonique, et c’est pendant cette agonie de son amant — lord Annandale — que la Faustin, qui a renoncé à la scène et reprise par la rage de l’art, par l’ogre qui dévore la nature et qui mange toujours la femme au profit de la comédienne, étudie, mime et répète devant une glace, avec la passion de l’artiste qui ne voit plus rien, ce rire affreux de son amant qui meurt, quand, dans un de ces retours de connaissance comme il en revient parfois aux mourants, le lord s’aperçoit du rire de sa maîtresse et la fait jeter à la porte par ses valets.

1487. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

La France était lasse décidément et voulait en finir ; on s’aperçut comme soudainement alors que la raison était de son côté, « tant la justice et le droit ont de puissance sur les hommes, selon la remarque judicieuse de Villeroi, spécialement après que les maux les ont faits sages ».

1488. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Il faut l’entendre, au sortir de ce beau fleuve romain et cicéronien où il vient de s’abreuver pour la centième fois, célébrer cette ampleur et cette finesse de parole, cette transparence lumineuse, cette riche abondance de mots, et cet art savant qui les épand si nombreux, si faciles sans qu’il y en ait jamais un d’inutile ou de perdu : Quand on se laisse simplement entraîner, dit-il, par la lecture, c’est une musique délicieuse qui vous flatte : l’esprit sent la justesse des accords sans se rendre un compte exact de son plaisir, et ne fait qu’apercevoir instinctivement une nuance délicate de la pensée sous chacune des expressions dont la phrase s’embellit.

1489. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

J’aurais eu regret cependant que l’auteur eût complètement supprimé dans le volume offert à notre public deux ou trois morceaux. « La crise de la foi » est un beau chapitre intérieur, et qui rappelle, à quelques égards, le touchant monologue de Jouffroy au moment où il s’aperçut que la foi première sur laquelle il s’appuyait s’était écroulée dans son cœur.

1490. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Arrivés dans mon cabinet, un petit chien de Bologne, que j’avais, vint au-devant de nous et se mit à aboyer fortement contre le comte Horn ; mais, quand il aperçut le comte Poniatowsky, je crus que le chien allait devenir fou de joie.

1491. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

L’important, avec Bossuet, est de bien saisir la forme particulière à son esprit, à cette intelligence si vaste d’ailleurs et si complète pour l’ordonnance et pour l’expression ; je voudrais me la représenter mieux que par des aperçus, et la réfléchir dans son plein.

1492. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Se rappeler aussi, dans la Lettre de Chateaubriand à M. de Fontanes sur la Campagne romaine, le beau passage : Aujourd’hui je m’aperçois que je suis beaucoup moins sensible à ces charmes de la nature, etc.

1493. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

A peine nommé, on s’aperçut qu’il n’avait pas tout à fait l’âge.

1494. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

La précision même des détails nuit peut-être à une plus libre intelligence ; l’auteur suit trop pas à pas son chemin ; on s’aperçoit bien qu’on n’a point avec lui affaire à une pure fantaisie, mais on ne sait trop où il en veut venir.

1495. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Si l’étude réfléchie s’y mêla un peu plus peut-être, s’il surveilla un peu plus du coin de l’œil ce qui avait d’abord ressemblé à de pures distractions, on ne s’en aperçut pas auprès de lui : il demeura l’homme du foyer, de l’institution domestique, le maître et l’ami de ses élèves.

1496. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Cet article était précédé, dans le Temps, de la lettre suivante : « Mon cher Nefftzer, ma santé décidément (je ne m’en aperçois que trop à la dernière heure) m’interdit d’aller prendre part au Sénat à une discussion pour laquelle je m’étais fait inscrire.

1497. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Examinons cependant pourquoi, depuis les premières années de la révolution, l’éloquence s’altère et se détériore en France, au lieu de suivre les progrès naturels dans les assemblées délibérantes ; examinons comment elle pourrait renaître et se perfectionner, et terminons par un aperçu général sur l’utilité dont elle est aux progrès de l’esprit humain et au maintien de la liberté.

1498. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

D’une part, dans un monde fondé sur la conquête, dur et froid comme une machine d’airain, condamné par sa structure même à détruire chez ses sujets le courage d’agir et l’envie de vivre, il avait annoncé « la bonne nouvelle », promis « le royaume de Dieu », prêché la résignation tendre aux mains du père céleste, inspiré la patience, la douceur, l’humilité, l’abnégation, la charité, ouvert les seules issues par lesquelles l’homme étouffé dans l’ergastule romain pouvait encore respirer et apercevoir le jour : voilà la religion.

1499. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Enfin il faut prendre garde que l’esprit, dans l’activité de l’invention, ne se rend pas toujours un compte exact de ce qu’il crée : il produit plus de formes que d’idées, et ne s’aperçoit pas que des images, des tours qui lui plaisent ne sont en somme que les enveloppes différentes de la même chose.

1500. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Il n’y aperçoit plus cette nature intérieure que le xviie  siècle étudiait surtout, dont Descartes croyait l’existence plus assurée et la connaissance plus facile que de la nature extérieure.

1501. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Vous commencez à apercevoir la richesse de cette nature.

1502. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

» et aussi, ma foi, des aperçus qui feraient presque dire : « Le coquin ! 

1503. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Quand je m’aperçois de leur intention, la colère gronde en moi ; ma chair, mes nerfs, mes os se tendent ; mon sang tourbillonne dans les veines ; mon visage s’obscurcit comme le ciel en temps d’orage ; mon poil, mes cils se dressent comme des piques ; mes yeux roulent dans leurs gonds sous les arcades sourcilières ; mon nez se méduse ; ma bouche se cerbérise ; mon cou se lestrigonne ; ma main se panthérise ; toute la machine enfin se gonfle, écume, fait un bruit terrible, retentissant de caverne en caverne… LE PÉDANT.

1504. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Il peut naître chez les races fortes et aux époques de crise des monstres dans l’ordre intellectuel, lesquels, tout en participant à la nature humaine, l’exagèrent si fort en un sens qu’ils passent presque sous la loi d’autres esprits et aperçoivent des mondes inconnus.

1505. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

C’est avec ce premier noyau d’Église qu’il annonce hardiment, dès son retour en Galilée, la « bonne nouvelle du royaume de Dieu. » Ce royaume allait venir, et c’était lui, Jésus, qui était ce « Fils de l’homme » que Daniel en sa vision avait aperçu comme l’appariteur divin de la dernière et suprême révélation.

1506. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

D’un cœur moins pur que les autres, Juda aura pris, sans s’en apercevoir, les sentiments étroits de sa charge.

1507. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Si l’on pose sur la main immobile et appuyée un poids de 32 onces, on peut faire varier la quantité de ce poids de 8 à 12 onces, sans que le sujet s’en aperçoive ; au contraire, si les muscles de la main sont en action, la variation n’est plus possible que de 1 1/2 à 4.

1508. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Électre aperçoit d’abord la tresse de cheveux qu’Oreste a déposée sur la tombe, elle reconnaît l’empreinte de ses pas.

1509. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Mais je m’aperçois que, si je n’y prends garde, je vais m’engager dans un récit de roman, ce qui n’est point de mon fait ici.

1510. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Mais son talent particulier était d’attraper le ridicule et les discours des gens, et de les contrefaire en leur présence sans qu’ils s’en aperçussent.

1511. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Nos sens, dit-il, aperçoivent un ciel apparent, un ciel phénoménal ; les astronomes nous décrivent un ciel réel, un ciel nouménal : ces deux ciels ne se ressemblent pas, et cependant on peut conclure de l’un à l’autre.

1512. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Elle est nue sans s’en apercevoir.

1513. (1761) Apologie de l’étude

En suivant une route contraire, cette étude aurait été pour vous une source intarissable de plaisir et d’instruction ; vous y auriez admiré les ressources de la nature, celles de tant de grands génies, soit pour la forcer à se découvrir, soit pour la mettre en œuvre dans les différents arts, monuments admirables et sans nombre de l’industrie des hommes, soit enfin pour apercevoir la liaison et l’analogie des phénomènes dont vous vous plaignez d’ignorer les premières causes.

1514. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

On devine à ce brusque revirement une de ces natures impétueuses, irascibles, passant d’une extrémité à l’autre, et incapables, au lendemain de l’insulte, d’apercevoir une seule des qualités de l’homme dont elles ne voyaient pas la veille les défauts.

1515. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Une surtout nous a beaucoup frappé, et nous la citerons parce qu’elle grandit, dans un aperçu juste, celle des Mancines à qui l’histoire attache l’intérêt romanesque du premier amour de Louis XIV.

1516. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

le voyage qui la lui a donnée ; mais c’est le voyageur, le voyageur qui n’avait pas besoin de courir le monde pour trouver en soi ce qui fait les livres vivants, c’est-à-dire de l’aperçu pour les éclairer et de l’expression pour les écrire.

1517. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

C’est la femme comme il faut, ce n’est pas la femelle moderne et ornementée de littérature orgueilleuse qui a pu écrire cette noble phrase, qui est un aperçu : « Quand, par la mort ou un changement dans les rôles qui échoient à chacun ici-bas, la femme devient chef de famille, elle perd de ses qualités sans acquérir celles qui lui seraient indispensables.

1518. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Elles vous portent et vous font avancer d’elles-mêmes ; on n’a pas besoin d’effort, on pense sans le vouloir, et l’on ne s’aperçoit de son progrès et de ses découvertes qu’au plaisir paisible dont insensiblement on se trouve pénétré.

1519. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Voltaire n’a eu garde de placer de telles idées dans son Commentaire ; il n’était pas assez philosophe pour approfondir ainsi les choses ; il aimait trop le théâtre pour en laisser apercevoir le vide et la frivolité ; surtout il était prévenu en faveur de ces combats du cœur, qui lui paraissaient le chef-d’œuvre du pathétique. […] La morale n’est plus qu’un jeu, si on n’y aperçoit que les spéculations creuses des philosophes, ou les lois intéressées des législateurs. […] L’honnête et modeste Corneille ne voulut pas même s’apercevoir d’un larcin dont le larron n’avait pas su profiter ; il imita le cuisinier suisse, qui, voyant qu’un chien lui avait enlevé une pièce de gibier, se consola en disant qu’il n’avait pas emporté la sauce. […] Il est vrai que, dans ses constructions précipitées, rien ne sent l’antiquité ; mais l’élégance y brille aux dépens de la solidité ; on y aperçoit déjà des lézardes, comme dans la coupole du Panthéon, tandis que l’éternité semble être le partage des voûtes antiques. […] Le commentateur n’aperçoit dans toute la fable de Rodogune qu’un mauvais échafaudage pour fonder le dénouement.

1520. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

C’est ce qui est arrivé pour le foie, qu’on a analysé bien souvent, sans avoir aperçu cependant qu’il contenait des quantités énormes de sucre. […] Nous apercevons le canal cholédoque superficiellement placé dans le point où il vient s’insérer obliquement dans l’intestin, à 3 centimètres environ au-dessous du pylore ; nous reconnaissons ce conduit à son aspect nacré. […] Si l’on vient alors à retirer du bain le cœur muni de ses deux thermomètres, et qu’on le laisse se refroidir à l’air, on s’aperçoit que le thermomètre placé dans le ventricule droit s’abaisse plus rapidement que celui qui est placé dans le ventricule gauche. […] On s’aperçoit que l’on est dans le cœur lorsque le thermomètre transmet les battements du ventricule dans lequel il se trouve. […] Nous apercevons la veine immédiatement sous la peau, et nous la dénudons et passons au-dessous d’elle une double ligature.

1521. (1885) L’Art romantique

J’aperçois M.  […] C’est cet admirable, cet immortel instinct du Beau qui nous fait considérer la Terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du Ciel. […] Il ne nous le fait point apercevoir dans son imposante et réelle structure, mais, comme ménageant nos faibles sens, il nous le montre d’abord reflété dans quelque onde azurée ou reproduit par quelque nuage irisé. […] Cette persistance systématique est jointe à un art de distribution qui offrirait, par la finesse des aperçus psychologiques, poétiques et philosophiques dont il fait preuve, un intérêt de haute curiosité à ceux aussi pour qui les croches et doubles croches sont lettres mortes et purs hiéroglyphes. […] Mais voilà qu’en poursuivant je m’aperçus que la sagesse y était incessamment abreuvée de sucreries, la méchanceté invariablement ridiculisée par le châtiment.

1522. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

C’est au bord d’un des grands fiords de la Norvège septentrionale, dans un décor singulièrement paisible, un grand salon nu et, au fond, un jardin d’hiver vitré qui laisse apercevoir le fiord mélancolique à travers un voile de pluie. […] Quand Scapin s’aperçoit de son erreur : « Comment, s’écrie-t-il, je ne peux pas gagner à la loterie, même en volant les billets qui ont gagné !  […] Une fausse nouvelle lui apprend que le Gaulois a été tué dans les jeux : elle s’aperçoit qu’elle l’adore. […] … Je m’aperçois ici que ce Gaulois est un Franc ; mais aussi pourquoi M.  […] Elle est bonne : quand elle s’aperçoit que le vieux qu’elle avait emmené s’est laissé prendre son porte-monnaie, elle ne le maltraite point ; au contraire, elle s’apitoie sur lui, et le garde tout de même.

1523. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Une idée neuve apparaît comme une relation nouvelle ou inattendue que l’esprit aperçoit entre les choses. […] Un homme ignorant, qui ne connaîtrait pas la théorie, serait, en effet, sous ce rapport, dans de meilleures conditions d’esprit ; la théorie ne le gênerait pas et ne l’empêcherait pas de voir des faits nouveaux que n’aperçoit pas celui qui est préoccupé d’une théorie exclusive. […] Les hypothèses ont pour objet non seulement de nous faire faire des expériences nouvelles, mais elles nous font découvrir souvent des faits nouveaux que nous n’aurions pas aperçus sans elles. […] Mais si je désire appeler plus particulièrement l’attention sur ce troisième exemple, c’est qu’il nous offre encore un enseignement important, à savoir que, sans cette hypothèse directrice de l’esprit, le fait expérimental qui la contredit n’aurait pas été aperçu. […] Il était cependant des plus simples à apercevoir, et, depuis que je l’ai signalé, tous les physiologistes sans exception l’ont constaté et vérifié avec la plus grande facilité.

1524. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Certainement un étranger, peu versé dans la langue française, s’apercevrait facilement que la diction de Montaigne, c’est-à-dire du seizième siècle, approche plus de celle des bons écrivains du siècle de Louis XIV, que celle de Geoffroy de Villehardouin, qui écrivait dans le treizième siècle. […] L’orateur exercé aperçoit d’un coup d’œil la succession la plus harmonieuse des mots, comme un bon lecteur voit d’un coup d’œil les syllabes qui précèdent et celles qui suivent. […] Il ne suffit pas au style de l’orateur d’être clair, correct, propre, précis, élégant, noble, convenable au sujet, harmonieux, vif et serré, il faut encore qu’il soit facile, c’est-à-dire, que la gêne de la composition ne s’y laisse point apercevoir. […] Il est vrai qu’un écrivain satirique, après avoir outragé les hommes célèbres pendant leur vie, croit réparer ses insultes par les éloges qu’il leur donne après leur mort ; il ne s’aperçoit pas que ses éloges sont un nouvel outrage qu’il fait au mérite, et une nouvelle manière de se déshonorer soi-même.

1525. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

L’artiste moderne Mon cher M***, quand vous m’avez fait l’honneur de me demander l’analyse du Salon, vous m’avez dit : « Soyez bref ; ne faites pas un catalogue, mais un aperçu général, quelque chose comme le récit d’une rapide promenade philosophique à travers les peintures. » Eh bien, vous serez servi à souhait ; non pas parce que votre programme s’accorde (et il s’accorde en effet) avec ma manière de concevoir ce genre d’article si ennuyeux qu’on appelle le Salon ; non pas que cette méthode soit plus facile que l’autre, la brièveté réclamant toujours plus d’efforts que la prolixité ; mais simplement parce que, surtout dans le cas présent, il n’y en a pas d’autre possible. […] La première fois que j’aperçus son tableau, j’étais avec notre ami commun, M.  […] Dès lors, le tableau, privé d’unité, ressemble à ces mauvais drames où une surcharge d’incidents parasites empêche d’apercevoir l’idée mère, la conception génératrice. […] Mais j’aperçois les marionnettes accrochées à la selle.

1526. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Derrière ces murailles de granit, on aperçoit le Cabaliros et le Monné dont les flancs nus sont desséchés par le soleil, enfin l’Hourmigas. […] Si l’on tourne le dos à Cauterets, on aperçoit dans le fond du paysage un immense rideau de sapins et la cascade de Pisse-Aros. […] Déjà il aperçoit la clarté de la lampe qui brille comme une étoile à la fenêtre de sa cabane. […] Château-Neuf-du-Pape est assis sur une colline ; tout autour grimpent les échalas fameux de la Nerthe, et des terrasses où Mathieu rêvait, l’on aperçoit, vers la fontaine de Vaucluse, Château-Neuf de Gadagne. […] Nous sommes ainsi faits, nous autres Français, qu’il faut que le mérite aveugle les yeux pour nous décider à l’apercevoir.

1527. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Sa psychologie s’est étendue dans un domaine tellement vaste qu’on a fini parfois par ne plus l’apercevoir, et que certains ont conclu de ce chef qu’elle n’existait pas. […] Entre l’école d’où sont sorties les Orientales ou Albertus et l’auteur de Salammbô, il semble n’avoir aperçu que les ressemblances extérieures ; d’autres traits communs, et d’une nature infiniment plus grave, sont cependant à noter. […] Attaqué de son vivant, il a eu, après sa mort, cette rare fortune d’être regardé comme un dieu par des écoles rivales, qui chacune l’ont revendiqué avec une admiration exclusive, et ne se sont pas aperçues qu’il les englobait toutes. […] Par malheur, il ne s’aperçoit pas qu’il verse dans les mêmes errements, et, qui pis est, sans obtenir les résultats, vulgaires sans doute, mais souvent amusants auxquels ont atteint ses irréconciliables adversaires. […] Où sera la surprise de la rime si nous ne sentons ni n’apercevons l’ingénieux travail qu’il a fallu accomplir pour amener et joindre entre eux, par le sens de la phrase, plusieurs mots disparates ?

1528. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Il aperçoit « la reine couchée entre des fleurs » ; elle est « dans les Champs-Elysées, elle y goûte mille charmes, conversant avec ceux qui sont saints comme elle. » Bien mieux, il a du tact ; il fait parler « à la digne moitié » du monarque un langage noble, conjugal, délicat. […] On s’en aperçoit à leurs fêtes et à leurs noces ; ils s’emplissent et mangent en une journée le gain d’un mois ; ils se disent qu’il faut jouir au moins une fois dans la vie. […] Nous savons leurs conditions, leurs caractères, leur langage ; nous voyons leurs habits, leurs demeures ; nous entendons les inflexions de leurs voix ; nous suivons les mouvements de leurs âmes ; nous les connaissons, nous nous intéressons à eux ; j’étais tout à l’heure involontairement plein d’irritation, de mépris, de pitié, de gaieté ; j’aimais ou je haïssais ; La Fontaine nous menait à Versailles ; nous apercevions par une échappée Louis XIV en manteau royal, les seigneurs pliés en deux dans les antichambres, les courtisans accrochant une pension ou une survivance, les bourgeois à leur comptoir et dans leur hôtel-de-ville, le curé expédiant sa messe, le paysan au travail, las et roidi dans sa souquenille trouée.

1529. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Le préfet en avait adroitement jeté la clef dans les broussailles lorsqu’il avait aperçu ces troupes ; et quelque violence qu’on lui fît, il nia toujours qu’il l’eût, et ne la voulut jamais donner. […] Un calme perpétuel et une douceur engageante régnaient dans ses yeux et sur son visage ; et, bien loin d’y apercevoir aucune de ces marques d’un esprit occupé, qui couvrent celui de la plupart des grands ministres, on y voyait briller toutes celles d’un esprit débarrassé, tranquille et qui se possède parfaitement, de manière qu’à le regarder sans le connaître, on ne se serait douté ni de son rang ni de ses occupations. […] Le taureau, dès qu’il l’aperçoit venir, se jette à la fuite ; la bête le poursuit, et si vite, qu’en trois ou quatre sauts elle l’attache et l’accule.

1530. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

C’est par le goût qu’il apercevait les travers aussi vite que Molière, et qu’il laissait aux autres à en faire des railleries204. […] Le caractère insinuant de la censure aidait l’auguste auditeur à apercevoir son vice le plus caché. […] Il ne paraît pas avoir aperçu La Bruyère, dans ses modestes fonctions auprès de M. le Duc, d’où l’auteur des Caractères observait la cour sans s’y faire voir, et la ville sans s’y mêler.

1531. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

On aurait dit toutes les corruptions et toutes les canailleries de Paris, filtrées dans ce petit monstre de l’âge de la première communion ; oui, dans cet enfant, où tout le mal, tout le vice d’une capitale de deux millions d’âmes, s’apercevait, comme en une effrayante miniature. […] Cela durait bien depuis huit jours… Hier matin, plus de rideaux à la fenêtre, un déménagement brusque… Et je m’aperçois que c’est triste, un appartement vide, et le papier tout nu, et le dessus de la cheminée où il n’y a plus rien, et les persiennes entr’ouvertes avec des gestes de travers. […] Marchal nous raconte, ce soir, dans la chambre de Giraud, que, pêchant à la ligne, sur les quatre heures du matin, à Sainte-Assise, chez Mme de Beauvau, il aperçut se baignant deux jeunes filles ; l’une brune, l’autre rousse.

1532. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Rigaud Kair ajoute, qu’il ne serait pas impossible, que lorsque je me suis trouvé à Croisset, j’aie aperçu un trois-mâts, saluant trois fois, avec son pavillon amené bas, très bas, comme on salue un souverain, l’excellent maître Gustave Flaubert, que cette petite manœuvre étonna d’abord, puis ravit ensuite. […] Moi, au milieu de cela, il me semble m’apercevoir dans une glace, avec sur la figure un doux hébétement, quelque chose d’un bonheur bouddhique. […] À la maison quand j’y mets les doigts et les yeux, je m’aperçois que c’est un tas de petits bouquets, destinés à fleurir les boutonnières des membres du comité… Est-ce bête… est-ce bête !

1533. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Chez les Chauves-Souris qui ont la membrane de l’aile étendue depuis le sommet de l’épaule jusqu’à la queue, de manière à embrasser les membres postérieurs, on aperçoit peut-être encore les traces d’un appareil originairement construit pour se soutenir dans l’air plutôt que pour y voler. […] Celle-ci a besoin d’être accumulée pour que sa présence soit dévoilée au moyen de nos instruments et c’est ainsi que nous nous sommes rendu compte du manque de chaleur des animaux dits à sang froid… » Quant aux autres cas de phosphorescence animale, il ajoute : « On sait que l’on aperçoit pendant la nuit sur la mer de grandes traînées lumineuses, et que ce fait, attribué autrefois à l’entre-choquement des vagues, à l’électricité, aux gaz phosphorés formés par la putréfaction des mollusques, paraît aujourd’hui dépendre de la présence d’un grand nombre d’animalcules microscopiques phosphorescents. […] « Il existe dans les annales de la médecine des faits bien constatés de flammes aperçues sur le corps de certains malades ; on a parlé de transpiration phosphorescente aux pieds, et il est curieux d’avoir à noter l’analogie qui se présente entre l’odeur de la substance phosphorescente du ver luisant et celle de la sueur ordinaire des pieds.

1534. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Ne va-t-il point s’apercevoir qu’on le dupe, qu’on le vole et qu’on l’avilit ? […] Les pillards étaient toujours sûrs d’apercevoir l’ancien brigadier, son revolver à la ceinture, le fusil sur l’épaule, l’œil au guet. […] Une nuit, le garde se disposait à faire sa ronde coutumière, quand on ouvrant sa porte, il aperçut un grouillement de foule et, au-dessus, des canons de fusil qui reluisaient. […] Chacun s’efforce à le hisser si haut au-dessus de tous les conteurs passés, présents et futurs, que bientôt on n’apercevra plus de lui que des rayons. […] Du grand bras de la Seine, caché par le niveau de l’île, on n’aperçoit que la rive droite plate, nue, découvrant par places, les écorchures blanchâtres d’un terrain marneux.

1535. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

C’est seulement en ces circonstances-là, et pour quelques instants, que l’on peut, parfois, apercevoir dans le cœur de la société, au centre des familles ou entre deux parties d’un ménage, leur armature à nu, le lien d’argent. […] J’eus la joie de n’apercevoir sur son énergique visage et dans son regard résolu pas une ombre de dégoût, pas un signe d’abattement. […] Dès qu’il m’aperçut : — Ah ! […] Melchior de Voguë s’aperçut alors qu’il avait trop parlé. […] Et, chaque fois qu’il apercevait un visiteur, cigarette aux lèvres, il se levait, se précipitait sur lui et criait, avec d’étranges mimiques : — Toi, monsir, pas fumer !

1536. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Je me retourne, et, pour la première fois de mon existence, j’aperçois la mâle figure de Thessein. […] Cherchant ce qu’il pourrait bien me faire encore, il aperçoit, blottie au fond du cachot, ma petite chienne. […] — Le coupable, désormais facile à suivre, comme dit la chanson, ne pourrait mettre le nez à la fenêtre de son wagon sans apercevoir dans les nues sa figure dénonciatrice. […] On a daigné s’apercevoir que si je lisais les vers des autres, je ne lisais pas les miens. […] Les réalités basses sont autour de lui comme des choses qu’il ne voit pas, ou, s’il les aperçoit, ce n’est que de très haut, très vagues, très confuses, et dépouillées par l’éloignement de leurs tristes laideurs.

1537. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Essaie-t-il de juger d’autres écrivains : il écrit des pages brillantes, il a des aperçus lumineux, des clairvoyances singulières, quand il rencontre sur sa route des talents de même nature que le sien ; il pénètre dans leur essence intime plus avant qu’on n’avait fait jusqu’alors, parce que c’est encore lui qu’il retrouve dans de glorieux rivaux ou prédécesseurs. […] Sully Prudhomme, on s’aperçoit vite qu’en ce temps-là il avait des convictions, littéraires tout au moins, qu’il ne se piquait pas d’être si détaché de ses idées. […] Il est à la campagne ; il aperçoit de sa fenêtre des batteurs qui arrachent le grain aux gerbes blondes ; il n’a garde de manquer l’occasion de dérouler en passant quelques scènes de la vie au village. […] L’artiste est de sa nature exclusif : « Son œil est construit et exercé de telle sorte qu’il n’aperçoit qu’une partie de la réalité. » Ainsi parle M.  […] Taine, et voici tout à coup que l’autre aperçoit une jolie Parisienne qui feuillette, nonchalamment étendue sur une chaise longue, un de ses poètes favoris.

1538. (1891) Esquisses contemporaines

Isis soulève le coin de son voile, et le vertige de la contemplation foudroie celui qui aperçoit le grand mystère. […] Je crois que le cahier qui les renferme est encore là, mais je n’ose l’ouvrir, certain que l’écart serait trop grand entre la lumière aperçue et les mots tracés alors par la plume. […] Il ne s’aperçoit pas que cette innovation amène ou suppose une révolution radicale dans la science chrétienne, et, si, ce n’est dans la foi, du moins dans la manière de la concevoir et de la fonder. […] Je m’aperçus bientôt qu’il était d’une orthodoxie rigide qui ne se ressentait pas précisément du piétisme un peu doucereux de son patron. […] Scherer lui-même n’est pas sans l’apercevoir.

1539. (1900) Molière pp. -283

Au bout, on apercevait une petite scène, avec une petite rampe éclairée ; — dans le fond de la scène se dressait un orgue qui laissait supposer qu’on y faisait de la musique ; plus près, au premier plan, une petite table, avec son petit verre d’eau classique, attendait un conférencier. […] (Elle aperçoit son amant : elle fait un cri.) […] Jourdain, une de nos vieilles connaissances, s’est poussé dans le monde, et il veut qu’on s’en aperçoive, peu soucieux toutefois de passer pour gentilhomme, depuis qu’il est certain de tenir soigneusement enveloppée dans ses sacs la seule noblesse qui ne soit plus une chimère. […] NAPOLÉON On s’aperçoit qu’il fréquente des pamphlétaires. […] ——— Orgoluroule a gagné quelque part dans les Grandes Indes quarante mille livres de rente dont on ne sait pas bien l’origine, et il commence à tout propos des discours dont on n’aperçoit jamais la fin.

1540. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Jusqu’à lui on ne se doutait pas de tout ce que pouvaient fournir d’intérêt, de vie, de drame mouvant et sans cesse renouvelé, les événements, les scènes de la Cour, les mariages, les morts, les revirements soudains ou même le train habituel de chaque jour, les déceptions ou les espérances se reflétant sur des physionomies innombrables dont pas une ne se ressemble, les flux et reflux d’ambitions contraires animant plus ou moins visiblement tous ces personnages, et les groupes ou pelotons qu’ils formaient entre eux dans la grande galerie de Versailles, pêle-mêle apparent, mais qui désormais, grâce à lui, n’est plus confus, et qui nous livre ses combinaisons et ses contrastes ; jusqu’à Saint-Simon on n’avait que des aperçus et des esquisses légères de tout cela ; le premier il a donné, avec l’infinité des détails, une impression vaste des ensembles. […] Saint-Simon a parlé en bien des endroits de sa femme, et toujours avec un sentiment touchant de respect et d’affection, l’opposant à tant d’autres femmes ou inutiles ou ambitieuses quand elles sont capables, et la louant en termes charmants de « la perfection d’un sens exquis et juste en tout, mais doux et tranquille, et qui, loin de faire apercevoir ce qu’il vaut, semble toujours l’ignorer soi-même, avec une uniformité de toute la vie de modestie, d’agrément et de vertu ».

1541. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Le large espace qui s’étend entre le sol et le ciel, et sur lequel nos yeux comptent comme sur leur domaine, manque tout d’un coup ; il n’y a plus d’air, on n’aperçoit plus que du brouillard coulant. […] À mesure que le wagon avance, vous apercevez, parmi les fermes et les cultures, le long mur d’un parc, la façade d’un château, plus souvent quelque vaste maison ornée, sorte d’hôtel campagnard, de médiocre architecture, avec des prétentions gothiques ou italiennes, mais entouré de belles pelouses, de grands arbres soigneusement conservés ; là vivent les bourgeois riches ; je me trompe, le mot est faux, c’est gentlemen qu’il faut dire ; bourgeois est un mot français et désigne ces enrichis oisifs qui s’occupent à se reposer et ne prennent point part à la vie publique ; ici, c’est tout le contraire ; les cent ou cent vingt mille familles qui dépensent par an mille livres sterling et davantage gouvernent effectivement le pays.

1542. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Montesquieu a de la prétention dans les aperçus ; Bossuet a de la poésie dans les vues : c’est un épique plus qu’un historien ; leur style se ressent de leur nature : l’un veut frapper, l’autre veut éblouir ; Machiavel ne veut que comprendre et fait comprendre. […] Les marquis de Montferrat et les comtes de Savoie, princes des montagnes des Alpes, descendaient de temps en temps sur l’Italie, tantôt vainqueurs, tantôt vaincus par ces républiques, à peine aperçus des grands États de la péninsule.

1543. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

C’était la chambre qu’avait habitée ma sœur, et je n’y étais plus rentré depuis sa mort : son fauteuil était encore placé comme lorsque je l’en avais retirée pour la dernière fois ; je sentis un frisson de crainte en voyant son voile et quelques parties de ses vêtements épars dans la chambre : les dernières paroles qu’elle avait prononcées avant d’en sortir se retracèrent à ma pensée : « Je ne t’abandonnerai pas en mourant, me disait-elle ; souviens-toi que je serai présente dans tes angoisses. » En posant la lampe sur la table, j’aperçus le cordon de la croix qu’elle portait à son cou, et qu’elle avait placée elle-même entre deux feuillets de sa Bible. […] Sa complexion faible et délicate ne pouvait résister à tant de maux réunis : depuis quelque temps, je m’apercevais que sa perte était inévitable, et tel était son triste sort, que j’étais forcé de la désirer.

1544. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

À travers la grande variété de rythmes que les romantiques innovent ou restaurent, on aperçoit que leurs préférences vont à l’octosyllabe et à l’alexandrin : l’alexandrin, tantôt continu, tantôt assemblé en quatrains ou sizains, tantôt alternant avec le vers de six ou de huit ; ou bien quatre alexandrins suivis d’un vers de huit ; ou cinq alexandrins suivis d’un vers de six ; ou deux alexandrins, un vers de six ou de huit, deux alexandrins encore suivis d’un vers de six ou de huit, ces six vers formant une stance741, etc. ; l’octosyllabe, tantôt disposé en quatrains, sizains, dizains ou douzains, tantôt mêlé selon diverses lois au vers de quatre742. […] Il a fait assez pour être un maître : aujourd’hui que nous voyons se dérouler toute son œuvre, nous apercevons qu’il tâtonne encore et cherche ses voies.

1545. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ces connaissances, sous leur forme abstraite et philosophique, à cette hauteur où mon œil les aperçoit à peine, pareilles à ces lumières qui brillent dans les espaces infinis et qui ne percent pas l’ombre où nous sommes, de quel usage me sont-elles dans les détails de mes actions ? […] La sincérité de ces solitaires qui sont sans complaisance pour l’ouvrage de leur ami ; l’auteur qui s’en aperçoit et les en loue ; Pascal prié d’entreprendre un travail où Arnauld n’a pas réussi, et qui accepte la tâche par déférence et dévouement ; ce grand succès produit par des causes si pures ; où y a-t-il un plus bel exemple et un meilleur enseignement ?

1546. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Soudain la jeune fille aperçoit Walter et elle frissonne : « J’ai oublié mon écharpe au dossier de mon banc », dit-elle à Madeleine. […] À droite, nous apercevons l’échoppe du cordonnier Hans Sachs, surmontée de son enseigne, ombragée de guirlandes de lilas et de sureau en fleur ; l’imposante maison de Pogner s’élève juste en face, exhaussée sur un perron.

1547. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Mercredi 8 février Ce livre de La Faustin, mes confrères ne s’aperçoivent pas que c’est un livre, autre que ceux que j’ai déjà publiés. […] Si je m’en aperçois, quoi qu’il advienne des vertiges, je reviens au tabac.

1548. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Ceux qui parlent ainsi n’avaient pas présent au souvenir le remarquable passage où Vicq d’Azyr commente ce mot de Buffon : « Voilà ce que j’aperçois par la vue de l’esprit », et où il le montre dans ses diverses théories faisant en effet tout ce qu’on peut attendre de l’esprit, devançant l’observation, et arrivant au but sans avoir passé par les sentiers pénibles de l’expérience.

1549. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Pour lui, laissant là en arrière ses compagnons et son guide, et retrouvant son sentiment allègre des hautes Alpes, il se met à gravir seul et en droite ligne vers la cime : « Je l’atteignis en peu de temps, et, du bord d’un précipice effroyable, je vis un monde à mes pieds. » C’est ici qu’il entre dans une description parfaite et de ce que la vue embrasse du côté des plaines, et des rangées de monts qui s’étagent en amphithéâtre au midi, et des collines et pâturages plus rapprochés qui s’élèvent du fond du précipice vers la pente escarpée du Pic et forment un repos entre sa cime et sa base : Là, dit-il, j’apercevais la hutte du berger dans la douce verdure de sa prairie ; le serpentement des eaux me traçait le contour des éminences ; la rapidité de leur cours m’était rendue sensible par le scintillement de leurs flots.

1550. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Bossuet, combattant en évêque Richard Simon et les principes de socinianisme qu’il voit poindre de toutes parts dans ses écrits, s’aperçoit bien qu’un ennemi formidable approche ; il appelle et convoque tant qu’il peut les défenseurs sur toute la ligne, mais il se trompe sur le point menacé.

1551. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Ce ne sont là que des aperçus ; ils ont leur vraisemblance, et je ne les crois pas dénués de vérité.

1552. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il s’en aperçoit et en convient.

1553. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Que ferais-je si j’apercevais que j’ai pris des inspirations vagues pour des idées précises, des notions vraies mais communes pour des pensées originales et neuves ?

1554. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

À peine arrivé à l’armée, il s’en aperçut trop.

1555. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Il est en diligence avec deux de ces Messieurs catholiques ou néo-catholiques, qui sont bien décidés à se moquer des progrès du siècle en sa personne ; il s'aperçoit qu’ils ne sont pas du même bord que lui : « Vous êtes comme cela, dit-il, je suis autrement ; chacun ses goûts, chacun ses opinions. » Mais ce bourgeois est plus tolérant que vous, qui n’êtes occupés qu’à le draper, à le mépriser.

1556. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Dans l’histoire des guerres comme dans celle des littératures, il y a des moments et des heures plus favorisées ; le rayon de la gloire tombe où il lui plaît ; il éclaire en plein et dore de tout son éclat certains noms immortels et à jamais resplendissants : le reste rentre peu à peu dans l’ombre et se confond par degrés dans l’éloignement ; on n’aperçoit que les lumineux sommets sur la grande route parcourue, on a dès longtemps perdu de vue ce qui s’en écarte à droite et à gauche, et tous les replis intermédiaires : et ce n’est plus que l’homme de patience et de science, celui qu’anime aussi un sentiment de justice et de sympathie humaine pour des générations méritantes et non récompensées, ce n’est plus que le pèlerin de l’histoire et du passé qui vient désormais (quand par bonheur il vient) recueillir les vestiges, réveiller les mémoires ensevelies, et quelquefois ressusciter de véritables gloires.

1557. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Paulin Paris, que cette scène, ainsi que celles de Lazare et de la Madeleine et quelques autres encore, où l’on apercevrait tout au plus des tronçons de drame, appartiennent à « l’art le plus élevé. » C’est le fond moral tenant au christianisme même, qui fait, ici l’élévation.

1558. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

On s’en est aperçu, et cela lui a fait tort.

1559. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Je le vis, et je remarquai combien, dans cet état, ce qui nous est inutile nous devient indifférent. » Lemontey255 croit apercevoir dans ces quelques mots une révélation qui échappe ; c’est être bien fin.

1560. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

C’est ne plus voir qu’une idée, lui rapporter tout, et n’apercevoir que ce qui peut s’y réunir : il y a une sorte de fatigue à l’action de comparer, de balancer, de modifier, d’excepter, dont l’esprit de parti délivre entièrement ; les violents exercices du corps, l’attaque impétueuse qui n’exige aucune retenue, donne une sensation physique très vive et très enivrante : il en est de même au moral de cet emportement de la pensée qui, délivrée de tous ses liens, voulant seulement aller en avant, s’élance sans réflexion aux opinions les plus extrêmes.

1561. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

C’est là surtout qu’on apercevra quelle part ont le discernement et la réflexion dans ces chefs-d’œuvre.

1562. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Rochefort joue la comédie, il veut bien qu’on s’en aperçoive, mais il ne souffre point qu’on le dise.

1563. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Cependant, peut-être parce qu’il est pessimiste et par une réaction inconsciente de ce qu’il sent vivre en lui, M. de Régnier prête parfois à ses poèmes l’héroïque splendeur qui faisait défaut aux choses aperçues.

1564. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Je m’aperçus qu’il le voulait pour pouvoir dire après, qu’il aurait fait des merveilles, si on ne l’avait retenu.

1565. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

On s’aperçut qu’il n’est pas malaisé ni très intéressant de vagir : Punition !

1566. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Or, j’aperçois tout de suite deux sortes de clartés.

1567. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Il s’apercevra de la contradiction qui existe entre les idéaux scolaires et la vie réelle.

1568. (1890) L’avenir de la science « XII »

Nous, de même, nous chercherons à enrichir l’esprit humain par nos aperçus, bien plus qu’à faire lire l’expression même de nos pensées.

1569. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Quand un homme est accusé de « séduction », on aposte deux témoins, que l’on cache derrière une cloison ; on s’arrange pour attirer le prévenu dans une chambre contiguë, où il puisse être entendu des deux témoins sans que lui-même les aperçoive.

1570. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Si l’on compare une époque idéaliste à une autre époque idéaliste, dont elle est séparée par un large intervalle où le réalisme a eu son tour, on s’aperçoit vite qu’il y a entre les deux époques similitude, mais non identité ; on constate que l’idéal de la seconde n’est pas exactement celui de la première ; que, si nous considérons l’idéal comme ayant continué à vivre obscur durant son interrègne, il a subi, au cours de cette éclipse, de notables changements.

1571. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Aussitôt que Louis XIV l’aperçut, il lui adressa ces paroles accablantes : Ne me dîtes rien ; j’ai donné mes ordres pour qu’on prépare au château un logement pour madame de Montespan.

1572. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Nous qui n’y étions pas, nous ne pouvons parler qu’avec une extrême réserve de cette époque comme mythologique de Mme Récamier, où elle nous apparaît de loin telle qu’une jeune déesse sur les nuées ; nous n’en pouvons parler comme il siérait, non pas qu’il y ait rien à cacher sous le nuage, mais parce qu’une telle beauté tendre et naissante avait de ces finesses qui ne se peuvent rendre si on ne les a du moins aperçues.

1573. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Mais le temps marche si vite de nos jours, qu’on peut, dès à présent, apercevoir ses effets divers sur des œuvres qui, à leur naissance, paraissaient également vivantes.

1574. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Bien qu’elle ne vît jamais toute l’étendue de ces inconvénients, elle en aperçut pourtant quelque chose ; elle sentait que là où elle cherchait le repos et le délassement du rang suprême, elle retrouvait encore une obsession intéressée, et quand on lui faisait remarquer qu’elle témoignait souvent trop de préférence à des étrangers de distinction qui passaient en France, et que cela pouvait lui nuire auprès des Français : « Vous avez raison, répondait-elle avec tristesse, mais ceux-là du moins ne me demandent rien. » Quelques-uns des hommes qui, admis dans cette intimité et cette faveur de la reine, étaient obligés à plus de reconnaissance et de respect, furent les premiers à parler d’elle avec légèreté, parce qu’ils ne la trouvaient pas assez docile à leurs vues.

1575. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Âgé de trente-cinq ans, il se tourna à cette œuvre avec le feu et la précision qu’il mettait à toute chose : de nouveaux désordres plus graves, qui survinrent dans sa santé, l’empêchèrent de l’exécuter avec suite, mais il y revenait à chaque instant dans l’intervalle de ses douleurs ; il jetait sur le papier ses idées, ses aperçus, ses éclairs.

1576. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Dans un cheval blanc promené le soir aux lumières dans un manège, il saisit « un flottement de soie au milieu duquel s’apercevaient des yeux humides ».

1577. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Mais s’il a fallu beaucoup de temps et une attention très-particulière pour s’apercevoir que la nature a changé, il est au contraire une classe d’êtres où le changement est si visible et où le passé joue un rôle si considérable, que l’on a dû être de très-bonne heure frappé d’un fait si éclatant.

1578. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Nul poète n’est plus hardi que La Fontaine ; mais ses hardiesses sont si naturelles, que très-souvent on ne s’en aperçoit pas, ou du moins on ne voit pas à quel point ce sont des hardiesses.

1579. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Les romanciers se sont bien vite aperçus du danger de monotonie qui résulterait de semblables titres.

1580. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Les peuples refusent de s’associer à ceux-là, parce que leurs opinions adoptives ne sont plus que des opinions de raisonnement ; mais les hommes sages doivent les accueillir avec quelque respect, surtout lorsque la bonne foi se laisse apercevoir ; et elle est toujours sentie dès qu’elle existe.

1581. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Une juste réaction se manifeste à ce sujet chez les anthropologistes eux-mêmes : ils abandonnent les ambitions dangereuses de l’ancienne anthropologie, Ils s’aperçoivent enfin que la prétention est abusive qui veut trouver, dans une préformation anatomique, la cause d’actes sociologiquement définis, comme le vol ou le meurtre37, a fortiori d’idées nées dans et pour la société, comme l’idée de l’égalité des hommes.

1582. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

a Le siècle de nos pères, pire que nos aïeux, nous a produits plus méchants encore, pour donner une descendance plus vicieuse que nous188. » Quelle que fût la bonne intention d’Horace pour la gloire d’Auguste, peut-on, dans le tour original même de cette ode, ne pas apercevoir ce qui manquait à cette gloire ?

1583. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

» On aperçoit une grande étendue de terrain sauvage et désolé, sur lequel quelques plants de pommes de terre essaient de percer la terre qui forme la base du terrain. […] sur la pente où les voilà engagés, on s’arrête malaisément, et le jour où ils voudront déposer leur masque, peut-être s’apercevront-ils que ce masque adhère si étroitement, qu’il est tout simplement devenu la peau du visage. […] Alexandre Weill aura, sans doute, pris cette fantaisie de son imagination pour une idée neuve et hardie, — sans s’apercevoir qu’il n’était que l’éditeur de seconde main d’un paradoxe de M.  […] Quand elles s’aperçurent que cette union, où elles s’offraient tout entières, menaçait de devenir une union purement abstraite et métaphysique ; quand elles eurent constaté l’insuffisance et la nullité croissante du romantisme, elles lui tirèrent leur révérence et le mirent à la porte, Il leur fâchait d’être femmes de moins en moins, et de tourner à l’ange d’une façon par trop complète. […] La muse moderne, on devrait s’en apercevoir, ne fait que suivre leur exemple.

1584. (1864) Le roman contemporain

Cuvillier-Fleury, au remarquable travail duquel7 je dois plusieurs aperçus, fait remarquer que la symétrie que nous avons essayé de mettre, M. de Pontmartin et moi, dans la vie et l’histoire du talent de madame Sand, en partageant cette vie en plusieurs époques, dominées chacune par un esprit différent, ne se trouve pas confirmée par la lecture de ses Mémoires. […] Il est d’une haute noblesse, à la vérité ; il est riche, il est jeune, il est beau ; mais le lecteur ne tarde pas à s’apercevoir qu’il lui manque, au milieu de tant de supériorités, la supériorité personnelle. […] Sur les roses qu’il effeuille d’une main si insoucieuse, est-ce une goutte de rosée, que j’aperçois, n’est-ce pas plutôt une larme ? […] Je cherche en ce moment la chrétienne et je cesse de l’apercevoir. […] Vous n’apercevez qu’une princesse gaie, simple, affectueuse et bonne.

1585. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Je les ai trouvés tous d’accord sur ce point, c’est que jamais il ne sera possible d’établir une souveraineté grecque… Je ne demande qu’à me tromper ; mais aucun œil humain ne saurait apercevoir la fin du servage de la Grèce, et s’il venait à cesser, qui sait ce qui arriverait ?  […] qui se monte d’autant plus fort et qui tombe dans l’excentrique, dans le particulier, dans le paradoxe spirituel, étincelant, mystique et hautain, encore semé d’aperçus, de lueurs merveilleuses, mais non plus fécond ni frappant en plein dans le but. […] Je n’ai pas assez lu ni étudié Bacon pour avoir droit d’exprimer sur son compte une idée complète ; mais toutes les fois que dans ma jeunesse curieuse, provoqué, harcelé par les éloges en quelque sorte fanatiques que je voyais décerner invariablement à Bacon en tête de chaque préface, dans tout livre de physique, de physiologie et de philosophie, j’essayai de l’aborder, je fus assez surpris d’y trouver un tout autre homme que celui de la méthode expérimentale stricte et simple qu’on préconisait213 ; j’y trouvai un heureux, abondant et un peu confus écrivain, plein d’idées et de vues dont quelques-unes hasardées et même superstitieuses, mais surtout riche de projets ingénieux, d’aperçus attrayants (hints, impetus), d’observations morales revêtues d’une belle forme, dorées d’une belle veine, et capables de faire axiome avec éclat. […] Vers la fin de décembre 1820, de graves symptômes se déclarèrent ; sa démarche, ordinairement si ferme et si rapide, devint chancelante, et on n’osait plus le laisser sortir seul : « Nous nous apercevions bien qu’il perdait ses forces, écrivait un témoin ami, mais nous étions loin de le croire en danger ; nous supposions plutôt cet affaiblissement dû à l’âge, dont les effets se hâtaient plus que d’ordinaire et s’accumulaient plus rapidement.

1586. (1842) Discours sur l’esprit positif

On peut dès lors apercevoir comment la notion prépondérante de l’Humanité doit nécessairement constituer, dans l’état positif, une pleine systématisation mentale, au moins équivalente à celle qu’avait finalement comportée l’âge théologique d’après la grande conception de Dieu, si faiblement remplacée ensuite, à cet égard, pendant la transition métaphysique, par la vague pensée de la Nature. […] Dans l’évolution préliminaire de l’esprit positif, il a dû s’attacher partout aux questions quelconques qui lui devenaient accessibles, sans trop s’enquérir de leur importance finale, dérivée de leur relation propre à un ensemble qui ne pouvait d’abord être aperçu. […] On peut les résumer en cet aperçu général : il n’a pu exister jusqu’ici une politique spécialement populaire, et la nouvelle philosophie peut seule la constituer. […] Sous cet aspect, ainsi qu’à tout autre titre, les philosophes positifs se sentiront toujours presque aussi intéressés que les pouvoirs actuels au double maintien continu de l’ordre intérieur et de la paix extérieure, parce qu’ils y voient la condition la plus favorable à une vraie rénovation mentale et morale : seulement, du point de vue qui leur est propre, ils doivent apercevoir de plus loin ce qui pourrait compromettre ou consolider ce grand résultat politique de l’ensemble de notre situation transitoire.

1587. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Dites-moi où est la synthèse par vous aperçue dans ces deux nouveaux volumes. […] Je crois m’apercevoir qu’elle ressemble à la bonne Marguerite. […] Je lance un regard furtif, et j’aperçois l’officier de police s’avancer à cheval. […] Comme il n’apercevait pas le caporal qui me tenait par mon habit, il me supposa libre ! […] Il s’aperçut que le peuple pleurait en regardant ses fers, et il secoua les fers de ses pieds comme pour montrer à la foule qu’il pouvait les porter.

1588. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Le premier soir où je vis Mallarmé où nous causâmes très rapidement de tout, de notre art, du but de l’art, des contemporains, du passé, du présent, Mallarmé s’aperçut très vite que je connaissais assez peu Aloysius Bertrand, parcouru trop vite à la Bibliothèque, et presque pas Villiers. […] Le Monsieur n’aperçoit, lui, que le monde monotone, sans spectateur éternel. […] À cette constatation quasi désespérée dans sa noblesse, — à savoir qu’il n’est nul but que l’existence même, à condition qu’elle soit cérébrale, — pour adoucir le dur chemin solitaire, Villiers offre la foi, la loi en des êtres de limbes, semi-existants vers la limite du monde réel, fantômes de bonté, anges perceptibles à qui les peut apercevoir. […] Là, Rimbaud est comme sur le seuil de sa personnalité : sorti des limbes et des éducations, il s’aperçoit et s’apparaît en grandes lignes, d’un coup. […] On repasse mille fois par ses sentiers de jeunesse, sans s’apercevoir que c’est le même sentier, car l’humeur du matin y a, comme une nature prodigieusement vivace et rapide, disposé d’autres fleurettes.

1589. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Si vous rencontrez un intestin propre à digérer de la chair seulement et de la chair récente, l’animal a des mâchoires construites pour dévorer une proie, des griffes propres à la saisir et à la déchirer, des dents propres à la couper et à la diviser, un système d’organes moteurs propres à l’atteindre, des sens capables de l’apercevoir de loin, l’instinct de se cacher pour la surprendre, et le goût de la chair. […] On arrive ainsi à considérer les sciences de construction comme un exemplaire préalable, un modèle réduit, un indice révélateur de ce que doivent être les sciences d’expérience, indice pareil au petit édifice de cire que les architectes bâtissent d’avance avec une substance plus maniable, pour se représenter en raccourci les proportions et l’aspect total du grand monument qu’ils sont en train d’élever et que peut-être ils n’achèveront jamais. — En effet, si l’on met en regard le monde idéal et le monde réel, on s’aperçoit que leur structure est semblable. […] Ayant constaté dans tel cas tel caractère, nous ébauchons sans le vouloir une construction mentale ; nous imaginons vaguement un autre cas absolument semblable et tel que les différences par lesquelles il se distingue du premier, notamment celles de moment et de lieu, soient sans influence sur la production du caractère et, par suite, puissent être considérées comme nulles à cet égard ; alors le second cas se confond avec le premier, et nous apercevons la liaison du caractère et de ses conditions, non plus comme un fait fortuit et isolé, mais comme une loi absolue et universelle.

1590. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Crispin, lui, existe toujours, Crispin chez lequel j’ai acheté un splendide lit, provenant du château de Rambouillet, et qui passait pour le lit, dans lequel couchait la princesse de Lamballe, quand elle habitait chez son beau-père, le duc de Penthièvre ; Crispin, dont le rez-de-chaussée, autrefois tout plein d’une flamboyante rocaille dorée, de marbres, de bustes en terre cuite, d’objets de la plus haute curiosité, laisse apercevoir maintenant des meubles en imitation de l’ancien, des pendules en lyre, des feux aux sphinx du premier Empire. […] Ils ne voient pas sur une tête de faux cheveux, dans une bouche, de fausses dents, n’aperçoivent pas même une légère déviation de l’épine dorsale, chez une femme bien habillée, mais perçoivent les moindres mouvements moraux de la physionomie, percent sur une figure, — ce qui se passe dans sa cervelle ou son cœur. […] Car parfois vous êtes un peu dur même avec Augier, Dumas et les autres… et n’aviez-vous pas près de cinquante ans, quand vous vous êtes aperçu du talent de Victor Hugo, et que vous avez bien voulu vous montrer bonhomme, à son égard ?

1591. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Et pour cette opération, ayant obtenu un beau complet gris perle, et suivi d’un vacher, il courait les foires, mais aussitôt qu’on l’apercevait, on s’écriait : « C’est le gars aux vaches robinières !  […] » Et il s’écrie après un silence, qu’il n’a pas la faculté de la parole, qu’il n’éprouve pas la jouissance de l’inspiration, qu’il est gêné par la peur des choses communes… laissant apercevoir le désir passionné de greffer sur son talent, pour la complète réussite de sa carrière, l’éloquence d’un Lamartine, et de doubler sa littérature, de la publicité d’un homme politique. […] Et aussitôt, que ma tante m’eut embrassé, son premier mot à sa femme de chambre, était : « Donne-moi un mouchoir. » Et je m’apercevais, qu’elle lui tendait le mouchoir de la nuit, plein de sang, et que ces maigres mains cherchaient à cacher.

1592. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Mais pourquoi, Max, m’attarder à une appréhension et à un avertissement que le lecteur le moins expert, au premier fumet de ton ouvrage, à moins qu’il n’ait une arrière-pensée d’ordre politique, apercevra, aussitôt, l’inutilité. […] Oui, quand on lit, parmi les œuvres burlesques et mystiques de Matorel philosophique comme celle-ci : « On apercevait les hangars éclaires à l’électricité et pareils à du machines de guerre romaines. […] Les aperçus contenus dans cette préface attireront, ils ont déjà attiré l’attention des critiques professionnels.

1593. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

On s’en aperçoit ; les notions de devoir et de sacrifice s’effacent devant celles des droits ; et c’est, comme autrefois, le droit du plus fort ; le socialisme oppose la brutalité du nombre à celle du capital ; les Universités rivalisent à développer le prolétariat intellectuel ; les droits de la femme se heurtent aux droits de l’homme et soulèvent un problème qui est peut-être le plus essentiel de tous, le plus fécond pour l’avenir. — À côté du fétichisme scientifique, de l’alexandrinisme, on voit refleurir naturellement les superstitions, des religions abracadabrantes, sous le nom de spiritualisme. […] Non pas que ces poètes manquent de théories ; ils n’en ont que trop dans leurs pompeuses préfaces ; plusieurs sont très cultivés, d’autres ont une éloquence qui les illusionne ; quand on passe de la théorie à l’œuvre même, on s’aperçoit que ces artistes n’ont rien de bien neuf à dire ; ils font de grands gestes, se querellent sur des procédés, parce qu’ils n’ont pas de discipline intime, ni la simplicité d’une vision puissante. […] Il s’aperçoit que tous les efforts de sa vie ont tendu à réaliser une destinée, logique sans doute mais imprévue.

1594. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Ce fut durant la participation de Nodier, comme secrétaire, aux travaux du chevalier, que celui-ci fit paraître son Horace éclairci par la ponctuation, ouvrage curieux et subtil, dont le titre seul promet, parmi les hasards de la conjecture, bien des aperçus piquants. […] Ses pieux amis, les éditeurs, plus versés dans saint Augustin que dans Montaigne, ne s’aperçurent pas qu’ils avaient affaire par endroits à des extraits de ce dernier, et négligèrent naturellement d’en avertir.

1595. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Ce doit être une étrangère, car comment une pareille figure existerait-elle en France sans que son nom la devançât partout comme une célébrité, et sans que je l’eusse jamais aperçue dans les salons ou dans les spectacles de Paris ? […] Son apparition faisait événement et attroupement partout où l’on pouvait l’apercevoir.

1596. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

C’était un homme modeste, timide, ayant peur du son de sa propre voix, mais plein de bon sens et d’aperçus justes, un des hommes qui n’aiment pas à paraître en scène, mais qui ont, comme spectateurs, le sens le plus parfait des situations. […] Le Scythe et le Breton, de leurs climats sauvages Par le bruit de ton nom guidés vers tes rivages, Jetant sur tes cités un regard de mépris, Ne t’aperçoivent plus dans tes propres débris.

1597. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Dans les comédies d’intrigue, on apercevait, sortant de la coulisse, la main du poète faisant mouvoir par un fil tous ses personnages ; sous leurs intonations diverses on entendait sa voix. […] Les esprits cultivés en aperçoivent seuls les nuances ; les autres ou la contestent, ou ne la comprennent pas.

1598. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Au terme, seulement, de sa complète évolution, nous pouvons apercevoir en quelle manière sa nature l’a poussé à la pleine contemplation intérieure de lui-même, à cette claire voyance du Rêve Universel le plus profond. […] Maintenant, il aperçoit la Forêt, le Ruisseau, la Prairie, l’Ether azuré, les calmes Troupeaux, les Couples amoureux, et la chanson des Oiseaux, et la procession des Nuages, et les mugissements de la Tempête, et le charme du beau Soleil bienheureux qui revient au Monde.

1599. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Il ne nous le fait point apercevoir, dans son imposante et réelle structure, mais comme ménageant nos faibles sens, il nous le montre d’abord reflété dans quelque onde azurée, ou reproduit par quelque nuage irisé, C’est au commencement une large nappe dormante de mélodie, un éther vaporeux qui s’étend, pour que le tableau sacré s’y dessine à nos yeux profanes ; effet exclusivement confié aux violons, qui, après plusieurs mesures de sons harmoniques, continuent dans les plus hautes notes de leurs registres. […] Mais le prisonnier, sous l’influence d’idées nouvelles, voit ses chaînes tomber ; il se retourne, cherche derrière lui la cause terrifiante des fantômes ; et c’est toujours les fantômes qu’il aperçoit.

1600. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

L’autre jour, dans un salon, cette femme a tout à coup aperçu son doucheur, qui est celui du maître de la maison, invité par hasard à la soirée, alors elle s’est mise à rougir, et est devenue tout à coup embarrassée, comme une femme, qui se verrait soudainement déshabillée. […] Et il s’apercevait à peine de la panne, dans laquelle il vivait, la cervelle, prise par un immense poème, en trois parties : « La Genèse, l’Humanité, l’Avenir », et qui était l’histoire cyclique et épique de notre planète, avant l’apparition d’une humanité, pendant ses longs siècles d’existence, et après sa disparition.

1601. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Cet art est merveilleux ; il survit aux atténuations des traductions ; il ne peut s’analyser, car il se compose autant des tournures caractéristiques et baroques dont le romancier fait se servir ses interlocuteurs que des idées qu’il leur prête, des singuliers aperçus, des digressions bizarres, des surprenantes réponses qu’il met dans leur bouche. […] Quand il lui faudra donc représenter ses semblables, il les décrira par leurs gros côtés, des tics, des grimaces, des paroles, et outrera immanquablement ce par quoi ils l’ont attiré ou repoussé, s’arrangeant d’ailleurs de façon qu’on ne puisse se tromper sur le jugement que l’auteur porte sur eux et qu’ainsi le lecteur s’en forme une opinion aussitôt qu’il les aperçoit.

1602. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Aussi ne l’aperçoit-on pas du premier coup ; — ses voisins l’assomment. — La composition est excellente ; — elle a quelque chose d’inattendu parce qu’elle est vraie et naturelle ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ P. […] Calame et Diday Pendant longtemps on a cru que c’était le même artiste atteint de dualisme chronique ; mais depuis l’on s’est aperçu qu’il affectionnait le nom de Calame les jours qu’il peignait bien… Dauzats Toujours de l’Orient et de l’Algérie — c’est toujours d’une ferme exécution !

1603. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Nul doute que, dans la Grèce indigène ou transplantée, de Corinthe à Alexandrie, d’Antioche aux sept villes aperçues par l’apôtre, le génie même de la langue grecque, excité par le zèle religieux, n’ait singulièrement multiplié les chants à l’honneur du culte chrétien, de ses dogmes, de ses fêtes, de ses martyrs. […] Avec l’attrait de curiosité qui nous fait épier et réunir les mille rayons épars, à longues distances, dans les vastes cieux de l’imagination, il nous serait aisé d’apercevoir un rapport d’émotions entre ces élans de mystique amour et les prières de plus d’un pieux sectaire moderne.

1604. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

il n’était pas question de cela ici, et comme je l’ai déjà dit, si je n’avais pas eu un peu de goût naturel, un peu de sentiment, j’aurais pu m’y méprendre et je ne me serais aperçue de rien.

1605. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Il manquait encore, malgré tout, une énorme somme : « Et de cela furent extrêmement joyeux, nous dit Villehardouin, ceux qui ne voulaient rien y mettre ; car maintenant ils pensaient bien que l’armée devrait se rompre. » Le fait est qu’à tout moment on aperçoit dans le récit de Villehardouin le regret d’une partie des croisés de s’être engagés si légèrement dans une si rude entreprise et le désir de la faire échouer.

1606. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Rodriguez sur sa station élevée, dans sa cabane montée tout exprès et avec ses miroirs et réverbères, revint trouver son compatriote ; mais d’abord les signaux désirés ne s’apercevaient pas mieux qu’auparavant.

1607. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Au reste, il a tracé un premier aperçu de ce tableau des Vendanges dans une page qui découvre bien sa manière à la fois philosophique et précise de composer : Je vous ai parlé de la Toscane pour y placer le sujet de mon troisième tableau, qui est Les Vendanges.

1608. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Ses animosités, ses rancunes personnelles et ses haines, ses indignations patriotiques et généreuses, ses tendres souvenirs des amis, des maîtres et des compagnons regrettés et pleurés, il y introduisit successivement tout cela par une suite d’épisodes coupés et courts, la plupart brusquement saillants avec des sous-entendus sombres, et il était permis à ceux qui restaient en chemin dans la lecture et qui ne la poussaient point au-delà d’un certain terme, de ne pas apercevoir dans l’éloignement la figure rayonnante de Béatrix et de ne pas lui faire la part principale et souveraine qui lui revient.

1609. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Par malheur, aucun de nos grands prosateurs d’alors, ni Montesquieu, ni Voltaire, ni Buffon, ni Jean-Jacques, n’ont lu directement Homère : il n’est entré pour rien dans la composition ni dans la trempe de leur talent ; on s’en aperçoit à leur cachet. — Ce n’est pas la bonne volonté pour Homère qui a manqué à Diderot, et, sans guère le lire, il a dû plus d’une fois en causer de près et par bouffées avec son ami l’Allemand Grimm, l’ancien élève d’Ernesti. — Celui qui l’a lu (j’entends toujours lu à la source), dans tout ce monde du xviiie  siècle, ce n’est ni d’Alembert, ni Duclos, ni Marmontel, ni même le critique La Harpe, dont ce serait pourtant le devoir et le métier ; ce n’est pas même Fontanes, d’un goût si pur, mais paresseux.

1610. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Dans la figure d’un vieux prince de l’Église, au nez rouge et boursouflé, au visage sensuel, aux yeux petits mais perçants, il n’apercevait rien de laid ou de repoussant, cherchait la nature, l’admirait dans sa réalité, se gardait d’y rien changer, et n’y mettait du sien que la correction du dessin, la vérité de la couleur, l’entente de la lumière, et ces mérites, il les trouvait dans la nature bien observée, car dans la laideur même elle est toujours correcte de dessin, belle de couleur, saisissante de lumière.

1611. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Le charmant portrait que Voltaire a tracé du héros de Denain dans Le Siècle de Louis XIV est bien plus celui qui nous semble juste, sauf l’indispensable teinte de flatterie, laquelle encore est si transparente qu'elle laisse bien apercevoir les défauts.

1612. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Saint-Évremond, en parlant ainsi d’un homme qui avait plus d’un rapport avec lui par les talents comme par la disgrâce, nous laisse cependant bien apercevoir les différences.

1613. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Ce n’est point un improvisateur perpétuel comme Voltaire, ni un coquet sérieux, un limeur et un polisseur de tous les instants, comme Rousseau : il ne prend aucune peine quand il écrit à ses amis, et l’on s’en aperçoit, bien que son style garde du bel air et de l’épigramme.

1614. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Napoléon s’aperçut bientôt qu’il ne pouvait monter à cheval sans être suivi et gardé à vue.

1615. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

— Je m’aperçois que j’ai très peu parlé du livre même qui a été l’occasion et le point de départ de cette digression sur l’Évangile.

1616. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

C’était en effet une sorte de pèlerinage où se portaient dévotement les fidèles ; on courait les provinces, on se dirigeait aux bords du Rhin ; de Strasbourg à Cologne, on saluait du plus loin, à l’horizon, chaque ville qui laissait apercevoir un clocher, une flèche « montrant comme du doigt le ciel » ; c’était une vraie course au clocher et à l’ogive.

1617. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

A vrai dire, si j’oublie tout ce que la critique a fait de raisonnements et de théories à ce sujet, si je me laisse tout simplement aller à l’impression de ma lecture, je n’aperçois rien de si mystérieux ni de si profond.

1618. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Il embrassa toute la littérature allemande, passée et présente ; il y marcha à pas de géant, peignant tout à grands traits, d’une manière rapide, mais avec une touche si vigoureuse et des couleurs si vives, que je ne pouvais assez m’étonner ; il parla de ses ouvrages peu et avec modestie, beaucoup des chefs-d’œuvre en tout genre de la France, des grands hommes qui l’avaient honorée, du bonheur de sa langue, des beaux génies qui l’avaient maniée, des littérateurs présents, de leur caractère et de celui de leurs productions ; enfin, j’étais un Français qui était allé pour rendre hommage au plus beau génie de l’Allemagne, et je m’aperçus bientôt que M. 

1619. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Il aurait pu cependant, avant de mourir et pour peu qu’il eût l’esprit tourné aux tristes présages, s’apercevoir et reconnaître que son autorité avait subi un échec et qu’une partie de sa domination lui avait échappé.

1620. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

69 Celui-ci paraît l’avoir adorée fidèlement et sans qu’on puisse apercevoir ombre de distraction ou de faiblesse, durant ses années de voyage ou de guerre.

1621. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Emile Beaussire très-compétent sur les questions de philosophie, a contesté l’exactitude de cet aperçu.

1622. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Le premier jour se lève, et l’on n’aperçoit rien encore ; Colomb a le cœur qui bat, et ici le poëte décrit en vers élégants ce cœur Qui s’élève, et retombe, et languit dans l’attente, Ce cœur qui, tour à tour brûlant ou sans chaleur, Se gonfle de plaisir, se brise de douleur, etc.

1623. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Il causa quelque temps avec le prélat qui, l’ayant aperçu, l’avait fait appeler par politesse.

1624. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Comme Shakespeare, Wagner n’avait certainement pas aperçu les éléments d’exacte beauté qu’enfermaient ses tableaux.

1625. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Celui qui n’aperçoit dans les mines où les métaux se préparent, que le feu dévorant qui semble tout consumer, ne connaît point la marche de la nature, et ne sait se peindre l’avenir qu’en multipliant le présent.

1626. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Pour trouver de ces lutteurs, ils font chercher trois ou quatre hommes de race ou d’éducation différente, tous ayant roulé et pâti, un plébéien brutal comme l’abbé Maury, un satyre colossal et fangeux comme Mirabeau, un aventurier audacieux et prompt comme ce Dumouriez qui, à Cherbourg, lorsque la faiblesse du duc de Beuvron a livré les blés et lâché l’émeute, lui-même hué et sur le point d’être mis en pièces, aperçoit tout d’un coup les clés du magasin dans les mains d’un matelot hollandais, crie au peuple qu’on le trahit et qu’un étranger lui a pris ses clés, saute à bas du perron, saisit le matelot à la gorge, arrache les clés et les remet à l’officier de garde en disant au peuple : « Je suis votre père, c’est moi qui vous réponds des magasins322 ».

1627. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

C’est pourquoi, si nous embrassons d’un regard la nature et si nous chassons de notre esprit tous les fantômes que nous avons mis entre elle et notre pensée, nous n’apercevons dans le monde que des séries simultanées d’événements successifs, chaque événement étant la condition d’un autre et en ayant un autre pour condition.

1628. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

On s’aperçut qu’il était mort dans l’acte le plus fervent de sa piété.

1629. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Ronsard venait à peine de rivaliser avec Pindare que Henri Estienne imprimait Anacréon (1554) : Ronsard y applaudit sans s’apercevoir que ces grâces alexandrines et gréco-romaines allaient éclipser la naïve grandeur des purs classiques.

1630. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Mais il est comme la conscience de son siècle : j’aperçois chez lui nettement ce qu’il faudrait beaucoup de peine et de temps pour analyser dans la société et dans la littérature du temps ; il révèle certains dessous, qui expliquent les caractères apparents.

1631. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

C’est aussi que parmi toutes ces bonnes volontés qui s’empressent au service de la poésie et de la langue, j’aperçois trop d’étrangers, dont la prose ou les vers sonnent trop souvent comme feraient des traductions fâcheusement littérales d’un anglais déjà contourné.

1632. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

On s’en aperçoit çà et là dans ce petit bréviaire.

1633. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

En outre, s’il saisit dans une œuvre quelque côté qui n’ait pas encore été aperçu ou signalé, il le met si violemment en lumière, il oublie si bien tout le reste que sa découverte prend tout de suite je ne sais quel air d’élégante impertinence et semble un défi à la sécurité des bonnes gens qui croient ce qu’on leur a dit et qui n’inventent rien.

1634. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

(Vous me direz : Qui s’en apercevra ?)

1635. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Il est temps d’en venir aux conclusions que nous avons eues principalement en vue en traçant cet aperçu historique, et de préciser ce que cet art exotique, après avoir si longtemps habité et vécu parmi nous, a transmis et pour ainsi dire infusé à la comédie de Molière et par conséquent à notre comédie française.

1636. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Et quand il vient de s’apercevoir du chef-d’œuvre qu’est le Sermon sur la Mort, M. 

1637. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Un esprit commun, qui n’a qu’une première vue, peut en être choqué, et quelque déclamateur vulgaire y verra des injures contre la nature humaine, mais quiconque sait lire au fond de son cœur, sans crainte d’y apercevoir, sur les indications si sûres de la philosophie chrétienne, ce fond de corruption où sont les tentations et tout le prix de l’innocence, reconnaîtra dans les plus sévères de ces maximes un avertissement menaçant donné par un des penseurs qui ont le mieux connu ce fond.

1638. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

C’était La Jeunesse qui nous avait aperçus du fond du café aux glaces ouvertes.

1639. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

On rappelle les passages des anciens qui en ont parlé ; au besoin on se fait apporter les livres ; sans s’en apercevoir, l’élève devient aussi savant qu’un Pline, « et n’étoit médecin alors qui en sût la moitié autant qu’il faisoit ».

1640. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

On y célébrait la chèvre et le chien qu’on lui avait accordés dans les derniers temps, et que, des fenêtres voisines, on apercevait avec elle dans le jardin de la prison.

1641. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

De là l’originalité de Ducis, originalité sincère, généreuse, dont les contemporains ne tardèrent pas à s’apercevoir en écoutant ses tragédies, et qui aujourd’hui ne nous échappe qu’à cause du mauvais goût général, du style banal et convenu où elle est noyée.

1642. (1903) Zola pp. 3-31

Mais ce dont on s’aperçut surtout, c’est que personne ne se trompait plus que M. 

1643. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

L’interprétation des émotions sera simple et directe s’il s’agit d’œuvres évidemment et franchement passionnées ; il faudra recourir à des détours quand, par impassibilité, par ironie ou par toute autre cause, l’auteur semble s’efforcer d’empêcher que l’on aperçoive quelles émotions il a voulu suggérer, ou même que l’on en ressente une.

1644. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

C’est une attention de tous les instants, à mettre si bien toutes les circonstances à leur place, qu’elles soient nécessaires où on les met, et que d’ailleurs elles s’éclaircissent et s’embellissent toutes réciproquement ; à tout arranger pour les effets qu’on a en vue, sans laisser apercevoir de dessein ; de manière enfin que le spectateur suive toujours une action et ne sente jamais un ouvrage : autrement l’illusion cesse, et on ne voit plus que le poète au lieu des personnages.

1645. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Outre le génie de l’écrivain, elle avait l’idée, l’aperçu, le trait, l’étincelle.

1646. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Ce n’est pas tout que des aperçus inattendus qui viennent tout à coup casser les glaces dans lesquelles chacun vient bêtement mirer son absence de pensée, comme, par exemple, cette théorie de la volonté spirituelle opposée par Babou à cette idée déjà commune, déjà décrépite, de l’influence fataliste des tempéraments.

1647. (1887) La banqueroute du naturalisme

Mais quiconque en ce temps-là se permettait d’y voir et d’y reprendre cette même grossièreté de langage, ou cette même insuffisance et banalité de l’observation, ou ce même manque enfin de sens moral, dont il semble que tout le monde s’aperçoive aujourd’hui, celui-là se faisait, en moins de vingt-quatre heures, une solide réputation d’étroitesse et de timidité d’esprit.

1648. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

On ne sait plus ce qu’est devenue la raison raisonnante ; des formes, des couleurs se tracent sur le champ décoloré où la pensée abstraite ordonnait ses syllogismes ; on aperçoit des gestes, des attitudes, des changements de physionomie ; peu à peu le personnage ressuscite ; il semble qu’on l’ait connu ; on prévoit ce qu’il va faire, on entend d’avance le cri de sa passion blessée ; on ne le juge pas, on l’aime ou le hait, ou plutôt on sent avec lui et comme lui ; on quitte son siècle, on devient son contemporain, on devient lui-même.

1649. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Vous apercevez ici une des causes et un des caractères de l’histoire de la philosophie, telle que M. 

1650. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Mais, si quelque étincelle du feu divin de l’âme était là, cette poésie de la geôle cependant ne faisait guère penser à l’art sublime de la Grèce ; elle ne renouait pas, non plus, la tradition brisée et bien fabuleuse pour nous de ces bardes héroïques aperçus dans les nuages par le génie de Gray, rêvant aux pieds des montagnes d’Écosse.

1651. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Ils ont tous la tête dans un nœud coulant qu’on n’aperçoit pas et dont le bout est là-bas, à Bagdad. […] Et c’est Bottom que Titania aperçoit d’abord en s’éveillant. « Ô mon cher amour, que tu es beau ! […] Et ce n’est pas tout : quand il s’aperçoit que son frère aime aussi la jeune fille, il se sacrifie, il s’immole, le sourire aux lèvres, et c’est lui qui les marie. […] 4º Ou bien Troppa, après avoir cédé Lydia, s’apercevrait qu’il l’aime éperdument. […] À Paris il s’aperçoit, à l’attitude d’un ami, qu’il a fait sans le savoir une situation difficile à cette enfant.

1652. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Le pessimisme final, le pessimisme d’aboutissement que contient la doctrine de Socrate, oui, vraiment Socrate l’a aperçu et il l’a magnifiquement exprimé dans sa dernière parole, la plus pessimiste assurément qui ait jamais été dite. […] « Nous nous apercevons, un jour, en traversant une place publique, que quelqu’un se moque de nous… Selon l’espèce d’homme que nous sommes, ce sera un événement très différent. […] On s’était, sans doute, tellement aperçu qu’il y avait danger social à faire juger les criminels par des gens habitués au crime, qu’on avait inventé un détour et une fiction. […] Il s’est aperçu que peut-être il n’a, comme quelques autres, que rêvé une morale, une sociologie et même une théodicée, seulement une morale particulière, une sociologie qui lui était propre et une théodicée originale. […] Peut-être nous autres philosophes sommes-nous tous aujourd’hui en fâcheuse posture vis-à-vis du savoir humain : la science grandit et les plus savants d’entre nous sont prêts à s’apercevoir qu’ils connaissent peu de choses.

1653. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Voltaire s’en aperçut. […] » Mais dans l’application et dans le détail on s’aperçoit bien que Voltaire est trop intelligent pour ne pas voir qu’une religion indépendante, qu’une religion qui n’est pas une religion d’Etat, est, presque malgré elle, quoi qu’elle en dise et quoi qu’elle en ait, un obstacle ou une gêne au despotisme, et tout ce qui est gêne, obstacle ou limite au despotisme ne peut pas être vu d’un très bon œil par Voltaire. […] Pour qu’ils ne voient pas leur ambition, ils ne lui parlent que de sa grandeur ; pour qu’il n’aperçoive pas son avarice, ils flattent sans cesse la sienne… Il se forme de petits tyrans qui ont tous les vices d’un seul. […] On ne reçoit pas une religion nouvelle ; on s’aperçoit qu’elle existe quand déjà elle est « établie ». […] Montesquieu me paraît plus dans le vrai, quand, — parce qu’il a eu, depuis les Lettres Persanes, sa conception des corps intermédiaires, garanties et gardiens des libertés publiques, — il s’aperçoit que les Eglises sont précisément au nombre de ces corps intermédiaires si précieux : « Autant le pouvoir du clergé est dangereux dans une République, autant est-il convenable dans une Monarchie, surtout dans celles qui vont au despotisme.

1654. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Ceux qui cherchent trop l’ornement dans le discours tombent souvent dans ce défaut, sans s’en apercevoir ; ils se savent bon gré d’une expression qui leur paroit brillante et qui leur a couté, et se persuadent que les autres en doivent être aussi satisfaits qu’ils le sont eux mêmes. […] Ces façons de parler figurées sont si ordinaires, qu’on ne s’aperçoit pas même de la figure. […] Quand on dit la lumière de l’esprit, ce mot de lumière est pris métaphoriquement ; car come la lumière dans le sens propre nous fait voir les objets corporels, de même la faculté de conoitre et d’apercevoir éclaire l’esprit et le met en état de porter des jugemens sains. […] Les allusions doivent être facilement aperçues. […] Je croi qu’il vaut mieux répéter le mot, que de se servir d’un pronom dont le raport n’est aperçu que par ceux qui savent dèja ce qu’ils lisent.

1655. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Je ne sais pas ce que Sainte-Beuve pensa de ces images bovines, mais il s’aperçut bientôt que les deux genres de critique étaient incompatibles. […] Saintsbury, ni à aller chercher les origines de la critique chez les Grecs, à distinguer le visage qu’elle prend dans les humanistes de la Renaissance, à suivre le genre au cours d’une évolution qui a beaucoup plus la figure de méandres indécis que celle de ce Grand Canal aperçu par Brunetière, et sur lequel on a fait jouer, de Villemain à Brunetière lui-même, tant de grandes eaux oratoires. […] Ces essences, j’en aperçois trois. […] « L’autorité, dit très justement Faguet, est faite pour une partie de la compétence que le public sent et reconnaît en vous ; pour une partie, de l’impartialité dont vous savez faire preuve ; pour une partie, et celle-là plus importante qu’on ne croit, de la puissance sur vous-même, de la maîtrise de vous-même, que le public finit par apercevoir en vous et, pour tout dire, l’autorité sur le public, c’est surtout, transformée et transportée, l’autorité que vous avez sur vous-même. » Notez qu’il en est de l’autorité d’un père, d’un maître, d’un supérieur comme de l’autorité d’un critique. […] * * * Ce que nous venons d’apercevoir en Taine nous mettrait peut-être dans la voie que longe plus ou moins ce courant créateur.

1656. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Nous apercevons, en effet, dans la presque totalité des corps naturels, une faculté manifeste de perception et même d’élection, en vertu de laquelle ils se joignent aux substances amies et repoussent les autres (90). […] Un tel état intellectuel a un inconvénient pratique, celui d’incliner l’esprit à des critiques ou à des approbations simultanées dont les hommes, qui sont malins, aperçoivent aussitôt la contradiction apparente. […] Sur l’un de ces arbres j’aperçus une fourmi chargée de butin et grimpant tout droit vers le sommet. […] Mais cette idée de style, aperçue en chemin, m’a entraîné un peu loin. […] Charlevoix, par exemple, lui suggérait une vision très nette des paysages du nouveau monde, dont il avait lui-même aperçu quelques échappées : et il transcrivait Charlevoix, non pas seulement en corrigeant son texte, mais en adaptant ce texte à la vision qui lui était suggérée.

1657. (1881) Le naturalisme au théatre

Dans les familles riches, on a une gouvernante anglaise ou allemande qui est chargée de parler sa langue aux enfants, pour que ceux-ci l’apprennent sans même s’en apercevoir. […] le personnage va s’asseoir » ; ou bien, quand on apercevrait une carafe sur un meuble : « Tiens ! […] Poignand ne s’aperçoit peut-être pas que le drame dont il parle serait le drame historique naturaliste. […] Alors, elle referme la porte et la fenêtre, elle l’endort un instant par ses paroles douces ; puis, quand il s’aperçoit qu’elle veut mourir avec lui, elle s’oppose violemment à ce qu’il la sauve. […] Pourquoi nous intéresserions-nous à elle, puisqu’elle est une poupée dont nous apercevons toutes les ficelles ?

1658. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

C’est en lisant ces morceaux de forte et savante structure et dont rien ne donnait l’idée avant lui, qu’on aperçoit aisément, pour peu qu’on soit au fait de ces questions, quel pas M.  […] La ville prise, elle et sa mère se hâtaient sur la route de Lyon, quand elles rencontrèrent quelqu’un de leur connaissance qui leur annonça que Johannot était mort dans les prisons : cette nouvelle leur perce le cœur ; la mère refuse de faire un pas de plus, la fille veut aller chercher le corps de son père ; elle chemine pleurant ; puis au loin, sur la route, elle aperçoit… son père lui-même vivant et délivré ; qu’on juge des émotions de ces tragédies !

1659. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

« Et quand tu l’apercevras seul, tout doucement fais-lui signe et dis : « Simétha t’appelle », et mène-le par ici. — Ainsi je parlai, et elle alla et amena dans ma demeure le brillant Delphis ; mais moi, du plus tôt que je l’aperçus franchissant le seuil d’un pied léger ; « (Écoute mon amour, d’où il m’est venu, auguste Diane !)

1660. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Je ne saurais prétendre sans doute à faire la part exacte des uns et des autres et à distribuer les rangs ; mais, par cela même que je caractériserai à peu près le rôle principal de chacun et le genre de service rendu, je vous aurai déjà donné bien des idées préalables et des aperçus du sujet que nous aurons à parcourir à leur suite dans les leçons prochaines. — Ce sera la seconde partie, le second point de cette première leçon. […] Ampère (dont une première partie seulement a été imprimée) le mérite qui tient à la justesse des vues et des directions, à l’ingénieuse fertilité des aperçus.

1661. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Rousseau, mais plus candides, plus naturels, moins sophistiqués et moins déclamatoires, on s’aperçoit qu’après ses relations avec Mozart, le goût, ou du moins le regret de la vertu, respire dans cet homme d’aventures qui a respiré de près l’âme d’un homme de régularité et de piété. […] En me réveillant le matin avec le soleil levant, je m’aperçus que j’étais seul dans le lit ; il s’était levé doucement avant le jour, et il était allé de bonne heure au marché de la ville pour acheter à temps les plus beaux fruits et les mets les plus recherchés de la saison pour le déjeuner et pour la collation du jour.

1662. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« Je désirais la mort », écrit-il ; « j’étais tenté de me la donner ; je redoutais de rencontrer Laure comme le pilote craint l’écueil ; je me sentais défaillir quand j’apercevais cette chevelure dorée, ce collier de perles sur un cou plus éclatant que la neige, ces épaules dégagées, ces yeux dont la nuit même de la mort ne pouvait éteindre le rayonnement ; l’ombre seule de Laure me donnait en passant un frisson ; le son de sa voix ébranlait tous mes sens !  […] Si j’aperçois une petite fente dans les murs nouveaux, je gronde les maçons ; ils me répondent que tout l’art des hommes ne saurait rendre l’argile plus solide, qu’il n’est pas surprenant que des fondements récents se tassent un peu, que les mains mortelles ne peuvent construire rien de durable ; enfin, que ma maison durera encore plus que moi et mes neveux.

1663. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Nous savons qu’une telle assertion fera sourire au premier aperçu notre orgueil européen et notre ignorance populaire, toujours prêts à sourire et à railler quand on prononce le nom de la Chine ; mais nous ne nous laisserons pas intimider par ce mépris préconçu contre la plus vaste et la plus durable agrégation d’êtres humains qui ait jamais subsisté en unité nationale ou en ordre social sur ce globe. […] VIII Eh bien, il y a eu et il y a encore les vestiges d’un gouvernement humain qui accomplit toutes les conditions que nous venons d’énumérer ici : un gouvernement qui régit un cinquième de l’espèce humaine dans un ordre, dans un travail, dans une activité et en même temps dans un silence à peine interrompu par le bruit des innombrables métiers, industries, arts qui nourrissent l’empire ; un gouvernement qui méprise trop pour sa sûreté les arts de la guerre, parce que en soi la guerre lui paraît être le plus grand malheur de l’humanité ; un gouvernement qui a été conquis à cause de ce mépris des armes, mais qui s’est à peine aperçu de la conquête, et qui, par la supériorité de ses lois, a subjugué et assimilé à lui-même ses conquérants.

1664. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Si, malgré toutes mes intentions, lorsque je serai parvenu à l’âge de quatre-vingts ou même de soixante-dix ans, je m’aperçois que mon esprit ou mes forces s’affaiblissent, de manière à ne pas me permettre de gouverner avec les mêmes soins que j’ai apportés jusqu’à présent à cette grande affaire, alors, me regardant comme incapable de tenir sur la terre la place du Ciel, j’abdiquerai l’empire. […] XII Tel est l’aperçu de cette littérature politique et morale prodigieuse qui a fait la Chine et qui la résume.

1665. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

… Mystérieuse même en plein jour, la nature ne se laisse pas dépouiller de ses voiles, et, ce qu’elle veut cacher à ton esprit, tous tes efforts ne l’arracheront pas de son sein. » Il aperçoit une fiole d’opium qui se trouve sur les tablettes de son laboratoire ; à l’instant l’ivresse d’un bonheur imaginaire s’empare de ses sens, et il chante des félicités inouïes. […] je l’aperçois en bas qui monte !

1666. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

” Et quand il s’aperçut que mes yeux étaient remplis de larmes, il les ferma et il ajouta : “Du calme ! […] Plus tard nous nous voyions tous les jours ; elle m’apprit à lire avec réflexion ; elle voulait aussi m’enseigner l’histoire, mais elle s’aperçut bientôt que j’étais beaucoup trop occupée du présent pour que le passé eût le pouvoir de m’enchaîner pendant longtemps.

1667. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

À l’instant où les carbonari l’aperçurent en armes en Lombardie, elle devint l’objet des craintes et des imprécations des carbonari ; leur cri unanime fut : Guerre à l’Autriche ! […] Nous prenons nos précautions contre ce danger enfin aperçu, et nous faisons bien ; la Savoie et le comté de Nice sont deux sûretés légitimes, mais deux sûretés bien insuffisantes contre la création d’une sixième grande puissance dans le monde, création qui enceindra la France d’une ceinture de périls partout, et même du seul côté où elle avait de l’air pour ses mouvements et rien à craindre.

1668. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

« Pendant qu’il court le monde, la comtesse d’Albany passe l’été et l’automne à Genzano, dans une retraite enchantée d’où elle aperçoit devant elle les sommets du mont Albano et à ses pieds le lac de Némi, Le beau lac de Némi qu’aucun souffle ne ride. […] En effet, sur les huit heures, on s’aperçut qu’il était en danger, et quand on vous rappela près de lui, madame, vous le trouvâtes qui respirait à peine et à demi suffoqué.

1669. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il n’était pas grand, bien que le rayonnement de son visage et la mobilité de sa stature empêchaient de s’apercevoir de sa taille ; mais cette taille ondoyait comme sa pensée ; entre le sol et lui il semblait y avoir de la marge ; tantôt il se baissait jusqu’à terre comme pour ramasser une gerbe d’idées, tantôt il se redressait sur la pointe des pieds pour suivre le vol de sa pensée jusqu’à l’infini. […] « Je suis plus engoué que jamais de ma carrière par une foule de raisons dont je ne déduirai que celles que tu n’aperçois peut-être pas.

1670. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Il s’en aperçoit, en relisant son livre, et il s’en accuse ; grande preuve de la difficulté d’une confession, puisque l’effort qu’elle coûte à l’orgueil humain n’en chasse pas le bel esprit qui n’est au fond que l’amour déréglé de notre esprit. […] Ses descriptions ne sont pas des tableaux où l’auteur a concentré sur lui toute la lumière, et s’est placé de façon que de tous les côtés du paysage on n’aperçût que sa personne.

1671. (1909) De la poésie scientifique

Gustave Kahn a créé une évidente indétermination Rythmique  qu’entre autres apercevait M* Albert Mockel… Or, l’on a reproché au « Symbolisme » de manquer du sens, moderne et général, de la Vie… Fondé pour la plupart des « Symbolistes » et des plus en vue, chez qui la poursuite musicale et rythmique ne laissa place à des préoccupations d’Idée, et dont les œuvres se présentent comme des illustrations de leurs recherches en la prosodie et l’analogie Symbolique, ce reproche tombe dès qu’il s’agit de Verhaeren et de Viélé-Griffin. […] Cette action, d’autres maladroitement ont voulu la céler  qui l’ont subie, ou en elle ont recherché quelques éléments à être originaux sans s’apercevoir qu’ils en devenaient incohérents.

1672. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

C’est ainsi que l’œil s’applique au verre étroit du télescope pour rapprocher l’étoile lointaine ou découvrir l’étoile invisible ; certes ce n’est encore guère la connaître que de l’apercevoir ainsi, mais n’est-ce pas déjà beaucoup de ne plus ignorer son existence ? […] — « C’est cet admirable, cet immortel instinct du beau, continue Baudelaire, qui nous fait considérer la terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du ciel.

1673. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Un ciel d’été, d’un bleu sombre comme un plafond de lapis, s’apercevait par ma fenêtre au-dessus de la rue étroite, entre ma chambre haute et les murs monumentaux du palais Corsini. […] Dix ans après cette soirée, j’ai revu souvent la veuve du dernier des Stuarts et d’Alfieri, et j’ai connu intimement tous les hommes distingués d’Italie qui m’avaient aperçu, dans mon obscurité, sans prévoir mon nom futur.

1674. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

« Aucun oiseau n’a connu ces sentiers ; l’œil du vautour ne les a pas aperçus. […] S’il se désintéresse de lui-même pour se dévouer, en vue de Dieu, à l’amélioration de sa race, au progrès de la raison et des institutions humaines, il a la dérision ou le martyre pour récompense ; il s’aperçoit que les hommes, formés, depuis le premier jour jusqu’au dernier, de la même fange, changent de forme sans changer de nature ; qu’on peut les pétrir différemment de limon, mais jamais transformer ce limon en bronze ; que le progrès indéfini sur cette terre est le rêve de l’argile qui veut être Dieu et qui ne sera jamais que poussière.

1675. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Les créations infinies et de dates immémoriales de Dieu dans les profondeurs sans mesure de ces espaces qu’il remplit de lui seul par ses œuvres ; les firmaments déroulés sous les firmaments ; les étoiles, soleils avancés d’autres cieux, dont on n’aperçoit que les bords, ces caps d’autres continents célestes, éclairés par des phares entrevus à des distances énormes ; cette poussière de globes lumineux ou crépusculaires où se reflétaient de l’un à l’autre les splendeurs empruntées à des soleils ; leurs évolutions dans des orbites tracées par le doigt divin ; leur apparition à l’œil de l’astronomie, comme si le ciel les avait enfantés pendant la nuit et comme s’il y avait aussi là-haut des fécondités de sexes entre les astres et des enfantements de mondes ; leur disparition après des siècles, comme si la mort atteignait également là-haut ; le vide que ces globes disparus comme une lettre de l’alphabet laissent dans la page des cieux ; la vie sous d’autres formes que celles qui nous sont connues, et avec d’autres organes que les nôtres, animant vraisemblablement ces géants de flamme ; l’intelligence et l’amour, apparemment proportionnés à leur masse et à leur importance dans l’espace, leur imprimant sans doute une destination morale en harmonie avec leur nature ; le monde intellectuel aussi intelligible à l’esprit que le monde de la matière est visible aux yeux ; la sainteté de cette âme, parcelle détachée de l’essence divine pour lui renvoyer l’admiration et l’amour de chaque atome créé ; la hiérarchie de ces âmes traversant des régions ténébreuses d’abord, puis les demi-jours, puis les splendeurs, puis les éblouissements des vérités, ces soleils de l’esprit ; ces âmes montant et descendant d’échelons en échelons sans base et sans fin, subissant avec mérite ou avec déchéance des milliers d’épreuves morales dans des pérégrinations de siècles et dans des transformations d’existences sans nombre, enfers, purgatoires, paradis symbolique de la Divine Comédie des terres et des cieux ; Tout cela, dis-je, m’apparut, en une ou deux heures d’hallucination contemplative, avec autant de clarté et de palpabilité qu’il y en avait sur les échelons flamboyants de l’échelle de Jacob dans son rêve, ou qu’il y en eut pour le Dante au jour et à l’heure où, sur un sommet de l’Apennin, il écrivit le premier vers fameux de son œuvre : Nel mezzo del cammin di nostra vita , et où son esprit entra dans la forêt obscure pour en ressortir par la porte lumineuse. […] Du haut du temple céleste, au milieu des âmes justes qui vont et viennent par la voie lactée, Scipion écoute les sept notes de cette musique éternelle que forment les astres ; il contemple les espaces où ils roulent, et, quand enfin il aperçoit la terre si petite, et sur la terre le point obscur qui est l’empire romain, il a honte d’une puissance qui trouve si tôt ses limites, il aspire à une félicité que rien ne circonscrive.

1676. (1926) L’esprit contre la raison

C’est au milieu de considérations bien particulières au cours de la résolution d’un problème poétique, à l’heure, il est vrai, où la trame morale de ce problème se laisse apercevoir, qu’André Breton, en 1919, en s’appliquant à saisir le mécanisme du rêve, retrouve au seuil du sommeil le seuil et la nature de l’inspiration. […] Ils aperçoivent soudain une grande unité poétique qui va des prophéties de tous les peuples aux Illuminations et aux Chants de Maldoror.

1677. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Au fond de cette poétique pauvreté, on croit apercevoir déjà, comme un fruit sous une fleur indigente, l’ordre et l’économie qui produiront tout à l’heure la richesse, et l’on aime ce jeune homme de vingt-trois ans, ce Caleb commercial de bonne humeur, qui cache les vides de sa boutique avec ses chers livres de chevet pour faire honneur à la maison qu’il veut élever. […] Il s’est détourné pour ne pas être sévère, et il a regardé dans les vertus du prêtre et dans les lumières de l’homme, pour ne pas apercevoir les faiblesses du Pontife-Roi.

1678. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Les aperçus que donne L’Estoile sur les parures et toilettes de Gabrielle ne sont point exagérés.

1679. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Si l’on surmonte à la lecture l’espèce de monotonie inévitable qui tient au genre, si l’on y entre par l’esprit, on s’aperçoit qu’on est dans une suite de chefs-d’œuvre.

1680. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Les côtés excessifs et disparates du caractère de Madame sont déjà assez visibles et assez connus : je voudrais ne pas négliger de faire apercevoir les parties fermes et élevées de son âme.

1681. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Sans qu’il soit besoin de plus de détails, il suffit de savoir que le ministre de la Police générale, le duc de Rovigo, transmit de Paris, pendant la campagne de Russie et vers le moment de la bataille de la Moskova, une note dressée par l’habile préfet de police de Paris100, exposant tout un nouveau système relatif aux subsistances des grandes villes, et contenant des aperçus sur ce qu’il conviendrait de faire en France pour arriver à une bonne administration des grains.

1682. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

À cette date de 1715, il célébrait déjà dans les Français une nation philosophe, une nation chez qui l’illusion pouvait prendre, mais durait moins que chez tout autre peuple : « La philosophie fait, pour ainsi dire, l’esprit général répandu dans l’air, auquel tout le monde participe sans même s’en apercevoir. » S’il avait écrit cinquante ans plus tard, l’abbé Terrasson n’eût pas dit autrement.

1683. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

À mesure qu’on avance dans la correspondance et dans les lettres voisines de la fin, il s’y aperçoit comme une lueur, il s’y ressent comme une allégresse.

1684. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

On aime à savoir où ce grand écrivain et ce grand esprit s’est trompé et a décidé trop à la légère avant de bien savoir ; où il a été épigrammatique et injuste envers des prédécesseurs illustres et considérables ; où il a donné dans l’hypothèse pure et hasardée ; où il a deviné juste par étendue d’esprit et par aperçu de génie ; on aime à saisir avec précision sa marche progressive, à mesurer sa prise de possession graduelle de son sujet, à noter l’endroit certain où il devient complètement naturaliste, de physicien qu’il était en commençant.

1685. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

» Dans une Histoire contemporaine comme celle qu’il écrit et où il est témoin et quelquefois acteur, il lui est difficile de ne point parler de soi ; il n’évite pas ces sortes de digressions ou d’épisodies, selon qu’il les appelle ; il s’y complaît même ; toutefois, malgré le coin de vanité et d’amour de gloire, qui est sa partie tendre, il a soin le plus souvent de ne pas se nommer, et ce n’est qu’avec quelque attention qu’on s’aperçoit que c’est lui, sous le nom tantôt d’un écuyer, tantôt d’un mestre de camp, qui est en cause dans ces endroits, et qui donne tel conseil, qui tient tel discours.

1686. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

J’apprenais la nouvelle de la réunion à tous ceux à qui je pouvais parler, et je me rappelle qu’ayant arrêté à Sèvres, où je vis quelques-uns des soldats qui y étaient de poste et au nombre de ces troupes que l’Assemblée voulait repousser au loin, je leur criai la nouvelle de ma voiture : ces soldats étaient des Suisses, et j’aperçus qu’ils ne comprenaient rien à ce que je leur disais.

1687. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

J’ai choisi un effet trop difficile à rendre ; et d’ailleurs je m’aperçois qu’une Corinne est trop élevée pour moi qui n’ai jamais fait que des brigands et des paysannes… C’est un sujet trop difficile.

1688. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

La guerre s’ouvre avec vigueur ; le fils du roi, Monseigneur, est mis à la tête de l’armée du Rhin : « Le roi et Monseigneur se sont fort attendris en se séparant (25 septembre 1688). » Louis XIV dit à son fils une belle parole : « En vous envoyant commander mon armée, je vous donne des occasions de faire connaître votre mérite ; allez le montrer à toute l’Europe, afin que quand je viendrai à mourir, on ne s’aperçoive pas que le roi soit mort. » Monseigneur se conduit bien et vaillamment ; il a un éclair d’ardeur : cela même lui donne une étincelle d’esprit ; il écrit à son père devant Philisbourg : « Nous sommes fort bien, Vauban et moi, parce que je fais tout ce qu’il veut. » — « Mais Vauban pourtant, ajoute Dangeau qui s’anime et s’aiguillonne à son tour, n’est pas si content de Monseigneur, qui va trop à la tranchée et y demeure trop longtemps. » On prend Philisbourg, on prend Manheim et Frankendal : après quoi Monseigneur revient.

1689. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Or ce grand bouillon de colère et indignation étant aucunement refroidi, et là-dessus ayant ouï parler des gens de toute sorte, consultant à part moi souvent de ce qu’en conscience il en faut tenir et croire, enfin je me suis aperçu bien changé… Il est à remarquer que la date de cette lettre, qui est d’avril 1589, coïncide avec les premiers temps de la connaissance que fit Charron de Montaigne37 : je n’irai pas jusqu’à conjecturer que, dès les premiers entretiens, Montaigne fut pour quelque chose dans ce changement de Charron.

1690. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Or, en ces mêmes années, étudiant de mon côté le xvie  siècle français et notre ancienne poésie à un point de vue critique, je ne fus pas longtemps à m’apercevoir d’un certain rapport entre ce qu’on avait voulu alors et ce qu’on désirait dans le présent.

1691. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Je vous avoue, monsieur, qu’en ce temps-là, vous voyant tous les jours marcher sur des précipices avec une contenance gaie et assurée, et ne jugeant pas que la constance pût aller jusque-là, je trouvais quelque sujet de croire que vous ne les aperceviez pas tous.

1692. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Il roulait comme il pouvait, quelquefois trois mois durant, avec ces troupes sans paye, tenant tête aux armées ennemies, faisant plusieurs sièges, et il était forcé après cela de se désister de ce qu’il était près d’atteindre, « tant à cause de la mauvaise humeur de ses mestres de camp, que parce que les moissons approchaient, qui est un temps où les pauvres gens gagnent gros au bas Languedoc. » Ce ne sont là que des aperçus, mais qui donnent idée de la nature de génie et de constance qu’il lui fallut pour faire si bonne mine en un tel genre de guerre : je laisse à d’autres à l’en admirer.

1693. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Mme des Ursins écrit bien ; elle écrit d’un grand style, sa phrase a grande tournure, et pourtant on s’aperçoit à certains mots, à certaines locutions qui échappent à sa plume, qu’elle est, depuis des années, absente de France et qu’elle est rarement venue s’y retremper.

1694. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

En entrant à mon tour dans la chambre d’où sortait le prélat, en m’asseyant sur la chaise de paille où l’avait fait asseoir M. de Lamennais, je m’aperçus que celui-ci était très-agité ; il ne me laissa pas même commencer : « Mon cher ami, me dit-il sans plus de préambule, il est temps que tout cela finisse ; je vous ai prié de venir.

1695. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Simple employé dans les bureaux de l’Université, il craintdéjà l’envahissement du parti prêtre dans l’instruction publique : c’est le seul indice qu’on aperçoive de son opposition future.

1696. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Les femmes d’esprit sont bien capables d’apercevoir ce qu’un valet de chambre ne soupçonne pas. — Ô vérité nue, ô vérité vraie, qu’on a donc de peine à vous trouver et de difficulté à vous dire !

1697. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Dans la poésie la plus vantée, elle ne retrouvait pas d’idée, et dans la conversation point de sentiment. » Car elle voulait du sentiment aussi et avant tout, mêlé aux idées, avec des éclairs de gaieté fugitive, quantité de rapports fins, subtils, déliés, des anecdotes d’une application spirituelle et imprévue, de soudains essors et comme des flammes vers les plus hauts sommets ; mieux que des aperçus, des considérations politiques et historiques, fortement exprimées, mais sans s’y appesantir ; des images même, qui peut-être n’auraient point paru des images en plein soleil, mais qui en faisaient l’effet dans un salon ; puis tout à coup (car c’était une femme toujours) un soupir romanesque jeté en passant, et quelque perspective lointaine vaguement ouverte sur la destinée, les peines du cœur, les mystères de la vie ; un coin mélancolique à l’horizon.

1698. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Le roi et feu Monsieur aimaient beaucoup les œufs durs. » Fagon nous donne l’aperçu d’un souper du roi déjà vieux (1709), qui répond bien à un tel dîner ; il est vrai que cela avait toutes les peines du monde à passer : « La variété, dit-il, des différentes choses qu’il mêle le soir à son souper avec beaucoup de viandes et de potages, et entre autres les salades de concombres, celles de laitues, celles de petites herbes, toutes ensemble assaisonnées comme elles le sont de poivre, sel, et très fort vinaigre en quantité, et beaucoup de fromage par-dessus, font une fermentation dans son estomac, etc. » Si tel était un souper ou un dîner ordinaire de Louis XIV, il est curieux de voir quelles étaient ses diètes, quand on le mettait au régime ; par exemple (1708) : « Le roi, fatigué et abattu, fut contraint de manger gras le vendredi, et voulut bien qu’on ne lui servit à dîner que des croûtes, un potage aux pigeons, et trois poulets rôtis ; le soir, du bouillon pour y mettre du pain, et point de viandes… Le lendemain, il fut servi comme le jour précédent, les croûtes, un potage avec une volaille, et trois poulets rôtis, dont il mangea, comme le vendredi, quatre ailes, les blancs et une cuisse ! 

1699. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan est un peu plus grande que lui, et dans ce cadre limité, sur cet échiquier que je possède à fond, j’aperçois quelques-uns des défauts de la méthode employée et de cette interprétation trop idéale des faits.

1700. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Je m’apercevais bien qu’on nous observait, qu’on nous mesurait de l’œil, qu’on me tâtait en particulier ; mais qu’importe à cet âge ?

1701. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Le drame recommença au sein de l’Église sans que celle-ci, pour ainsi dire, s’en aperçût, et sans qu’elle s’avisât que c’était le drame qui renaissait.

1702. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

On put s’en apercevoir dès le premier jour.

1703. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Je sens qu’au fond je suis indisciplinable… Je ne peux ni sentir sur parole, ni écrire d’après autrui… » Poète, il n’aspire qu’à manifester la nature dans ses ouvrages en vers, et il ne s’aperçoit pas qu’il ne la manifestera jamais plus pleinement, avec plus de couleur et de chaleur, qu’à ce moment même où il en forme le dessein et où il en parle ainsi.

1704. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

J’ai essayé de donner un aperçu de ce talent aimable et vif, de ce comique sincère et touchant que chacun aime à se représenter sous le nom de Térence ; j’achèverai de le définir en quelques traits assemblés sans beaucoup d’ordre, mais qui se rejoindront d’eux-mêmes.

1705. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

A voir ces réveils d’enthousiasme sans cause suffisante, on s’apercevait bien que l’esprit humain est toujours le même, promptement inflammable, aisément crédule.

1706. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

que d’idées, que d’aperçus, que de bon sens sous air de boutade, que d’inspirations heureuses ainsi dispersées en germe et jetées au vent !

1707. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Des notes fréquentes ouvrent des aperçus à droite et à gauche et varient la route sans trop retarder la marche.

1708. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Les effets en furent lents, il est vrai, et deux siècles se passèrent avant qu’on se ressentît et qu’on s’aperçût des résultats :  « Mais alors arriva le Génie du mal, Richelieu ; il commença l’application de ces édits, application malheureusement continuée par Louis XIV.

1709. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Il y joint comme pendant, et dans un parallèle que la science n’a pu rendre encore aussi égal et aussi avancé qu’elle le voudrait, l’aperçu de ces empires non moins gigantesques, mais plus mobiles et ruineux, qui s’élevèrent à Ninive et à Babylone, sur le Tigre et sur l’Euphrate, créations magnifiques, mais trop voisines de la Perside et de ses pauvres montagnards pour ne pas attirer et tenter incessamment des recrues de vainqueurs.

1710. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Or voici ce qui ressort pour moi le plus clairement de cette longue étude multipliée, qui a mis successivement en relief tant de moments et ravivé ou réhabilité avec plus ou moins de critique tant de figures ; voici l’aperçu et le résumé total, après qu’on a rabattu les exagérations et réduit les partis de chaque historien.

1711. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

tandis que M. de La Mennais luttait ainsi et se croyait sûr et ne doutait pas, il dériva sans s’en apercevoir d’abord, et ne se tint plus.

1712. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Cet article, qui avait pour but de rallier à la Revue des Deux Mondes un groupe d’écrivains et de critiques, présente sur la plupart des personnages littéraires une suite d’aperçus qui tiennent au courant et qui sont comme des appoints aux précédents portraits.

1713. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

D’abord, par exemple, on étudiait peu ou du moins on entendait mal le théâtre grec ; on l’admirait pour des qualités qu’il n’avait pas ; puis, quand, y jetant un coup d’œil rapide, on s’est aperçu que ces qualités qu’on estimait indispensables manquaient souvent, on l’a traité assez à la légère : témoin Voltaire et La Harpe.

1714. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Mais, après tout, le ciel est toujours le ciel, et rien n’en peut abaisser la hauteur. » Ajoutez, pour être juste, que le ciel qu’on voit du milieu du paysage d’André Chénier, ou qui s’y réfléchit, est un ciel pur, serein, étoilé, mais physique, et que la terre aperçue par le poète sacré, de dessus son char de feu, toute confuse qu’elle paraît, est déjà une terre plus que terrestre pour ainsi dire, harmonieuse, ondoyante, baignée de vapeurs, et idéalisée par la distance.

1715. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

On a dit de Montesquieu qu’on s’apercevait bien que l’aigle était mal à l’aise dans les bosquets de Gnide : nous sera-t-il permis de dire que l’auteur d’Éloa a souvent dû être fort empêché en voulant déployer ses ailes de cygne dans la biographie de l’auteur de Joconde et des Deux Gendres ?

1716. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

L’on n’aperçoit encore que dans un lointain obscur cette combinaison de l’expérience et des principes, qui amènerait des résultats tellement positifs, qu’on pourrait parvenir à soumettre tous les problèmes des sciences morales à l’enchaînement, à la conséquence, à l’évidence pour ainsi dire mathématique.

1717. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

CXLVII, résumé. « Un lecteur sage s’apercevra aisément qu’il ne doit croire que les grands événements qui ont quelque vraisemblance, et regarder en pitié toutes les fables dont le fanatisme, l’esprit romanesque, la crédulité ont chargé dans tous les temps la scène du monde. » 340.

1718. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Le comte Almaviva met la justice au service de ses caprices amoureux : à travers son grand air, sa dignité de façade, on l’aperçoit immoral et berné.

1719. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

La philosophie n’aperçoit pas la morale, et se hâte d’appliquer ses principes à la religion, dans laquelle elle se confond bientôt ou contre laquelle elle va se briser.

1720. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

N’empêche que tant d’aperçus contraires créaient des tiraillements, nous ancraient mal dans la certitude.

1721. (1890) L’avenir de la science « V »

Elle est, elle est, cette beauté infinie que nous apercevons dans ses vagues contours et que nous essayons de rendre par de mesquines images.

1722. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Mais il ne voyait rien venir et s’inquiétait, quand il aperçut sa bonne, qui le cherchait, et qui ramena au logis, moitié content et moitié fâché, l’aventureux bambin.

1723. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Et ce ne sont pas des velléités ni des éclairs d’aperçus ; il y insiste et embrasse l’idée moderne dans sa portée.

1724. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Chaulieu put s’apercevoir, dès lors, de ce que valent, au fond, les protections et les promesses de cour : Tout le monde, écrit-il à sa belle-sœur, va à son intérêt, sans songer à ceux des autres ; et les services et les bienfaits ne sont, ma belle dame, que de fort méchants titres pour obliger les gens à faire quelque chose qui choque, de fort loin seulement, le moindre de leurs desseins.

1725. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

À celle-ci, une enfant de dix ans, elle voudra un jour apprendre la harpe ; mais la harpe est trop lourde, et, au bout de six mois, la maîtresse s’aperçoit que l’enfant devient bossue ; ce que voyant, elle lui redresse la taille moyennant un corps baleiné et une plaque de plomb qu’on fait venir de Paris.

1726. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

« La Cambrai alors était toute seule dans la boutique, et, l’ayant aperçu, elle le pria d’entrer ; lui, qui la vit si jolie, y entra fort volontiers ; les voilà à causer.

1727. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

D’autre part, je n’ai pas voulu me mêler des changements et des réformes projetées par les premiers révolutionnaires, parce que je me suis aperçu qu’on voulait former un nouveau ciel et une nouvelle terre, et qu’on avait l’ambition de faire un peuple de philosophes, lorsqu’on n’eut dû s’occuper qu’à faire un peuple d’heureux.

1728. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Mais je m’aperçois que j’ai laissé le journaliste dans sa guerre ouverte contre le ministère Périer, et nous ne sommes, ce me semble, avec lui qu’à mi-chemin.

1729. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Bien des gens se souciaient médiocrement de l’Église quand ils ne la voyaient que comme un obstacle qui les gênait dans leurs idées de progrès et d’élargissement de la voie publique ; mais, le jour où la société a été en danger d’être envahie, on s’est aperçu que l’Église faisait partie des fortifications et des remparts de la place, et c’est alors que bien des indifférents qui, la veille encore, auraient voulu la diminuer, sinon la détruire, ont compris l’importance de la défendre.

1730. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Il s’y mêlait de la déclamation également naturelle, et qui ne s’apercevait pas parce qu’elle se puisait dans les livres du jour.

1731. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Dans ce voyage extrême de Laponie, après avoir aperçu du haut d’une montagne la mer Glaciale et toute l’étendue de la contrée, après avoir laissé sur une pierre une inscription en vers latins, signée de ses compagnons, et de lui, et destinée à n’être jamais lue que des ours, Regnard, qui s’est frotté, comme il dit, à l’essieu du pôle, songe au retour ; il ne revient point pourtant en France directement, et il achève le cours de ses pérégrinations instructives par la Pologne et par l’Allemagne.

1732. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Frédéric aime une jeune fille, et elle-même l’agrée et l’accueille du premier jour ; mais ils se prennent, se quittent plus d’une fois, puis se retrouvent encore avant de s’apercevoir qu’ils s’aiment réellement et de passion.

1733. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

L’homme de génie est celui qui voit plus clair que les autres, qui aperçoit une plus grande part de vérité, qui peut relier un plus grand nombre de faits particuliers sous une idée générale, qui enchaîne toutes les parties d’un tout sous une loi commune, qui, lors même qu’il crée, comme dans la poésie, ne fait que réaliser, par le moyen de l’imagination, l’idée que son entendement a conçue.

1734. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Moi, je voudrais que la société vît ces périls comme un homme ferme qui sait que ces périls existent, qu’il faut s’y soumettre pour obtenir le but qu’il se propose, qui s’y expose sans peine et sans regret, comme à une condition de son entreprise, et ne les craint que quand il ne les aperçoit pas dans tout leur jour. » Dans une lettre de la même époque à un autre de ses amis, trop longue pour être citée, il exprime encore avec plus de précision la vraie pensée du livre de la Démocratie.

1735. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Le génie est essentiellement créateur : il consiste à découvrir une part de vérité non encore aperçue et à l’exprimer dans une forme non encore essayée.

1736. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Vous vous en apercevez toujours, sourdement.

1737. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Certainement nulle institution n’est réclamée plus impérieusement par l’opinion que la liberté de la presse, et même on peut dire que nulle n’est plus dans les besoins actuels de la société ; néanmoins nulle n’est plus repoussée par les mœurs françaises : si nous ne nous en apercevons point, c’est que nous cherchons à nous aveugler sur ce qui est dans une tendance contraire à nos opinions.

1738. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Peu à peu, ils s’aperçoivent qu’on les enlève les uns après les autres pour toujours.

1739. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Ici nous n’apercevons plus le pied de la montagne ; la vie particulière a disparu de nos regards ; nous ne voyons plus que l’ensemble de Paris, sa personne collective, pareille à un Océan de lumière.

1740. (1904) Zangwill pp. 7-90

L’air et les aliments font le corps à la longue ; le climat, son degré et ses contrastes produisent les sensations habituelles, et à la fin la sensibilité définitive : c’est là tout l’homme, esprit et corps, en sorte que tout l’homme prend et garde l’empreinte du sol et du ciel ; on s’en aperçoit en regardant les autres animaux, qui changent en même temps que lui, et par les mêmes causes ; un cheval de Hollande est aussi peu semblable à un cheval de Provence qu’un homme d’Amsterdam à un homme de Marseille. […] Épuiser l’immensité, l’indéfinité, l’infinité du détail pour obtenir la connaissance de tout le réel, telle est la surhumaine ambition de la méthode discursive ; partir du plus loin possible, cheminer par la plus longue série possible ; parvenir le plus tard possible ; à peine arrivés repartir pour un voyage intérieur le plus long possible ; mais si du départ le plus éloigné possible à l’arrivée la plus retardée possible et dans cette arrivée même une série indéfinie, infinie de détail s’interpose immense, comment épuiser ce détail ; un Dieu seul y suffirait ; et dans le même temps que les professeurs d’histoire et que les historiens renonçaient à devenir des rois et des empereurs, et qu’ils s’en félicitaient, ils ne s’apercevaient point que dans le même temps cette même nouvelle méthode, cette méthode scientifique, cette méthode historique moderne exigeait qu’ils devinssent des Dieux. […] Il y aurait des êtres qui se serviraient de l’homme comme l’homme se sert des animaux. » C’est alors peut-être que l’homme s’apercevrait que l’homme se sert mal des animaux.

1741. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Il aperçoit son nom précédé d’un petit numéro. […] Ceux qui lui adressent ces reproches appartiennent à cette espèce de gens, impuissants parce qu’ils aperçoivent le risque de toute action, ou qui courent au-devant de lui en voulant l’éviter. […] Un catalogue n’est pas une publication ; il n’est pas vendu mais distribué4. » C’est pourquoi tel peintre, tel penseur, tel acteur, restent impuissants lorsqu’ils aperçoivent un groupe de badauds arrêtés dans la rue, devant une vitrine où sont exposées, au milieu d’images de la Révolution, d’une signature de Louis-Philippe, d’une tache d’encre de Napoléon, aussi bien une lettre de réclamation à leur propriétaire parce que le chien de leur voisin dépose des ordures à l’entrée de la porte cochère de leur domicile, qu’une missive où ils font part à un psychiatre de leurs angoisses et de leurs doutes.

1742. (1898) La cité antique

Si, en remontant aux premiers âges de cette race, c’est-à-dire au temps où elle fonda ses institutions, on observe l’idée qu’elle se faisait de l’être humain, de la vie, de la mort, de la seconde existence, du principe divin, on aperçoit un rapport intime entre ces opinions et les règles antiques du droit privé, entre les rites qui dérivèrent de ces croyances et les institutions politiques. […] Plus tard encore, quand on fit de ce mythe du feu sacré la grande Vesta, Vesta fut la déesse vierge ; elle ne représenta dans le monde ni la fécondité ni la puissance ; elle fut l’ordre ; mais non pas l’ordre rigoureux, abstrait, mathématique, la loi impérieuse et fatale, ἀνάγκη, que l’on aperçut de bonne heure entre les phénomènes de la nature physique. […] Pour tous les actes de cette religion il fallait le secret, sacrificia occulta, dit Cicéron96 ; qu’une cérémonie fût aperçue par un étranger, elle était troublée, souillée par ce seul regard. […] C’est que le même agent physique, aperçu sous des aspects divers, reçut des hommes différents noms. […] Enfin les hommes devaient arriver insensiblement à s’apercevoir que le Jupiter d’une famille était, au fond, le même être ou la même conception que le Jupiter d’une autre ; ce qu’ils ne pouvaient jamais croire de deux Lares, de deux ancêtres ou de deux foyers.

1743. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Sue, dont je m’informai, n’était pas là, mais mon ami, l’auteur d’un acte de vaudeville, m’assura l’avoir aperçu dans la salle ; il me promit de me le montrer bientôt et de m’en donner l’explication. […] Ne pouvant rien apercevoir dans cette loge, de la place où nous étions, nous attendîmes respectueusement la fin du trio pour monter à la galerie. […] Sainte-Beuve, que nous avons aperçu un instant au foyer de l’Opéra, est un homme de 35 ans. […] car je m’aperçois d’une chose assez bouffonne, c’est que je parle autant de moi dans ces lettres sur toutes les célébrités de la plume et de la pensée, que j’ai parlé des plus célèbres d’entre elles.

1744. (1887) Essais sur l’école romantique

Je ne m’en suis que trop aperçu en relisant pour l’impression ces articles que l’éminent et excellent rédacteur en chef du Journal des Débats, Bertin l’aîné m’avait permis de placer à côté de ceux de Sylvestre de Sacy, l’âme et le nerf du journal, et de Saint-Marc-Girardin, sa brillante parure. […] J’aperçois un enfant qui dort au sein des flots,         Comme on dort au sein de sa mère ! […] C’est que, dans le Livre saint, on n’aperçoit pas trace d’école, ni de législation littéraire. […] Le vieux roi manque un peu de naïveté ; il dit au lecteur : « Je suis Louis XI » ; il n’attend pas qu’on s’en aperçoive. […] Il ne manque pas de signes qui témoignent de cette révolution dans le goût du public, et les écrivains qui en sont le plus menacés ne sont pas les derniers à s’en apercevoir.

1745. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Je ne sais si les critiques du temps ont remarqué que l’action va d’abord si lentement, que le premier acte tout entier se passe sans qu’on s’aperçoive, sans qu’on se doute de ce lui formera le sujet de la tragédie. […] Il n’y a point, dit-on, de héros pour son valet de chambre : Mahomet ne peut être le héros d’Omar, qui le voit en déshabillé, et n’aperçoit en lui que le plus odieux et de plus scélérat des hommes. […] Il y a des usages très respectables qu’il est non seulement injuste, mais très dangereux de mépriser : le sage est modeste, il se défie de ses lumières ; il ne croit pas avoir plus de sens et d’expérience que les anciens ; il est porté à croire qu’un usage même dont il n’aperçoit pas l’utilité, n’a cependant pas été établi sans de bonnes raisons. […] L’auteur de cette flatteuse épître ne tarda pas à s’apercevoir qu’à Paris on le prenait au mot, que ses éloges y étaient regardés comme des jugements littéraires ; ses compliments de cour passaient pour de la bonne monnaie. […] Aujourd’hui on aperçoit un peu plus le ridicule d’exposer avec une emphase tragique des aventures très bourgeoises.

1746. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Henri, dès qu’il l’aperçut, lui ordonna de mettre ses arquebusiers à pied afin qu’ils servissent d’éclaireurs et d’enfants perdus ; il le plaça, lui, avec sa compagnie de gens d’armes à son aile droite, et, l’emmenant un moment sur la ligne : « Tenez avec moi, dit-il, car je vous veux montrer toute la disposition des deux armées, afin de vous instruire à votre métier. » Rosny, même à la guerre, n’est qu’un élève de Henri IV.

1747. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Il faut que cela soit, car je ne le sais que sur ce qu’on m’en a dit ; je ne m’en suis jamais aperçu moi-même.

1748. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru le 1er février 1807, que, sur mon simple aperçu, vous ayez aussi bien senti, approuvé et deviné mon sujet ; il semble à votre lettre que nous avons longtemps causé ensemble.

1749. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

On s’aperçoit pourtant, à mesure qu’on avance dans cette lecture, et quand on est sorti du service avec La Fare, que sa narration languit et devient vague, inexacte.

1750. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Ils ont l’œil si clairvoyant qu’ils aperçoivent le faible de toutes les idées et de tous les styles, aucun prestige ne les éblouit, aucune renommée ne les abuse ; leur goût est un crible qui ne laisse passer que le pur froment ; c’est une de ces balances d’une sensibilité infinie qui ne pèsent que l’or.

1751. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Après quelques idées et souvenirs personnels relatifs aux études mathématiques de l’empereur Napoléon : « Permettez-moi de terminer par un dernier aperçu philosophique, dit le prince.

1752. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

On se demande comment, en jugeant ou plutôt en révélant si à nu son ami, Besenval ne s’aperçoit pas qu’il se décèle lui-même et qu’il se fait remettre aussi à sa véritable place, lui le confident de telles méchancetés et qui n’y voyait qu’un sujet de rire.

1753. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Dans tout ceci je m’attacherai à présenter le Voltaire, non pas le plus complet, mais le plus honorable et le plus souhaitable, sans pourtant dissimuler l’autre, et en laissant apercevoir l’homme dans sa vérité.

1754. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

A peine le prince de Condé se fut aperçu de l’absence de son fils et de celle du duc de Longueville, qu’oubliant pour ainsi dire, si l’on ose parler ainsi du plus grand homme du monde, son caractère de général, et s’abandonnant tout entier aux mouvements du sang et de l’amitié tendre qu’il portait à son fils et à son neveu, accourut ou pour les empêcher de s’engager légèrement, ou pour les retirer du mauvais pas où leur courage et leur peu d’expérience auraient pu les embarquer ; il les trouva avec tous les volontaires aux mains avec les ennemis, qui, se voyant pressés et profitant du terrain qui leur était favorable, avaient tourné brusquement… « Cette action fut fort vive et fort glorieuse ; mais la blessure du prince de Condé au poignet, la mort du duc de Longueville et les blessures des ducs de La Rochefoucauld, de Coislin et de Vivonne, du jeune La Salle, de Brouilly, aide-major de mes gardes du corps, etc., et de plusieurs autres gens de qualité, en diminuèrent fort le prix et me donnèrent une grande mortification, particulièrement la blessure de M. le Prince, tant à cause de sa naissance et de son mérite singulier que de la faiblesse de son tempérament, exténué par la goutte, que j’appréhendais ne pouvoir pas résister à la violence du mal.

1755. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

En repassant l’autre jour en idée les abdications forcées ou volontaires de rois et d’empereurs, j’ai été naturellement amené à penser à Charles-Quint, le plus mémorable exemple que l’histoire nous offre antérieurement à notre temps, et un simple coup d’œil m’a fait apercevoir à quel degré de précision et d’intérêt les travaux récents ont porté l’examen et l’exposé de ce curieux épisode.

1756. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Malgré ce léger défaut d’action et de composition qui ne s’aperçoit qu’en y repensant et à l’analyse, l’effet de lumière est si vrai, si large, si bien rendu, si pleinement harmonieux ; la bonté, l’intelligence et les vertus domestiques peintes sur toutes ces figures sont si parfaites et si parlantes, que l’œuvre attache, réjouit l’œil, tranquillise le cœur et fait rêver l’esprit.

1757. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Dites-lui bien que ma grande sagesse est un profond mépris pour ce qu’on appelle la sagesse humaine ; que je n’en fais aucun cas ; que je ne l’ai jamais estimée, et que je me suis aperçu que, les trois quarts du temps, ce n’est qu’une vanité triste et tourmentante.

1758. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Était-ce donc la peine de tant aller chez Mme de Sablé pour prendre tout à coup, et sans même s’en apercevoir, une expression à la bohème ?

1759. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Elle ne tarda pas à s’apercevoir qu’elle avait trop présumé.

1760. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Enfin un mauvais mot, parce qu’il est aisé à remarquer, est capable de faire plus de tort qu’un mauvais raisonnement, dont peu de gens s’aperçoivent, quoiqu’il n’y ait nulle comparaison de l’un à l’autre. » Le grand adversaire de Vaugelas, l’antique et docte La Mothe-Le-Vayer s’est fort récrié sur cette parole ; il la tient pour un blasphème et se révolte contre une telle légèreté.

1761. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Louvois, mieux avisé, en présence de ce naturel fermé de si bonne heure et de cette précoce dissimulation du jeune duc, et quand on lui parlait des variations de physionomie et de sentiments qu’il laissait apercevoir pour ce mariage de Portugal, écrivait à son agent : « Je crains également le chagrin et la gaieté de M. le duc de Savoie. » Le jeune prince, une fois majeur, n’eut plus qu’une pensée : prendre le pouvoir, mais aussi cacher ses desseins.

1762. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Sans tomber dans le machiavélisme, on peut assurer que si les sauvages, qui sont fins en tout pays, s’aperçoivent d’abord et viennent à soupçonner qu’on ne fera usage de ses armes qu’à la dernière extrémité, ils en abuseront.

1763. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Sans doute avant Wolf, il s’était élevé plus d’un doute sur l’origine et la forme première de l’Iliade ou de l’Odyssée, sur l’unité de composition ou d’auteur applicable à des longs poëmes venus de si loin et transmis dans l’obscurité des âges ; mais ce n’avait été que des aperçus, des mots dits en passant, des boutades de gens d’esprit sans autorité, comme l’abbé d’Aubignac, — une phrase sagace et perçante de Bentley, — une conception philosophique de Vico ; Wolf, le premier, donna à la question tout son poids, se livra, en la serrant de près, à une démonstration méthodique, et mit le siège en règle devant la place.

1764. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Celui-ci s’en aperçut à temps et l’exila.

1765. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Il semble que ce prince est en grande partie cause lui-même de cette négligence : il n’est pas prévenant ; sa contenance est très-mauvaise ; il parle peu et mal, et reconnaît la supériorité de la reine et le lui laisse trop apercevoir.

1766. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Le mieux serait assurément de tout concilier, de garder du passé les vues justes, les pensées ingénieuses et sensées, nées d’un premier et d’un second coup d’œil, impressions de goût qu’on ne remplacera pas, et d’y joindre les aperçus que suggèrent les faits nouveaux, d’accroître ainsi le trésor des jugements, sans en détruire une partie à mesure qu’on en construit une autre ; mais cette sagesse est rare ; la mesure n’est la qualité et le don que de quelques-uns.

1767. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

J’avais cependant pu espérer, depuis, qu’il m’avait pardonné ce qui avait été de ma part un acte de conviction et, j’oserai dire, de sagesse, lorsque j’ai cru m’apercevoir que sa plume ardente avait bien envie en quelques occasions de m’atteindre, et quand je dis atteindre, il faudrait dire de me flétrir, car la plume de M. de Montalembert, en fait d’attaques, n’y va jamais à demi.

1768. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Au moment où André Chénier commença, j’aperçois dans l’air une multitude de papillons plus ou moins brillants : on eut une abeille.

1769. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Entre toutes les scènes si finement assorties et enchaînées, la principale, la plus saillante, celle du milieu, quand, un soir d’été, à Faverange, pendant une conversation de commerce des grains, Édouard aperçoit Mme de Nevers au balcon, le profil détaché sur le bleu du ciel, et dans la vapeur d’un jasmin avec laquelle elle se confond, cette scène de fleurs données, reprises, de pleurs étouffés et de chaste aveu, réalise un rêve adolescent qui se reproduit à chaque génération successive ; il n’y manque rien ; c’est bien dans ce cadre choisi que tout jeune homme invente et désire le premier aveu : sentiment, dessin, langue, il y a là une page adoptée d’avance par des milliers d’imaginations et de cœurs, une page qui, venue au temps de la Princesse de Clèves, en une littérature moins encombrée, aurait certitude d’être immortelle.

1770. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Le comte Hervé était trop occupé de ce qu’il recevait pour s’apercevoir d’autre chose ; il sortit en saluant, et lorsqu’il passa devant les fenêtres, Christel vit qu’il avait déjà brisé l’un des cachets, et qu’il commençait à lire avidement ce qui semblait si pressé de l’atteindre.

1771. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

De ce site on aperçoit les deux mers, les caps de l’Ionie, les sommets neigeux de l’Olympe, les plages dorées des îles, les voiles se repliant en entrant dans les anses ou se déployant en sortant des ports.

1772. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Mais en ne regardant que la technique, il ne s’apercevait pas que ni l’évolution d’un art ne coïncide toujours avec le progrès de la technique, ni le génie d’un artiste et la valeur d’une œuvre ne sont constamment proportionnés à la perfection des moyens mécaniques et de procédés matériels que l’artiste emploie à réaliser sa pensée.

1773. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

« Il y a des lieux, dit Pascal, où il faut appeler Paris Paris, et d’autres où il le faut appeler capitale du royaume. » La condition essentielle sans laquelle la périphrase n’est pas recevable, c’est qu’elle désigne si vivement l’objet qu’on ne s’aperçoive même pas de l’absence du mot propre.

1774. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

« Mais le jour même de ses noces, comme elle sortait de la messe, elle mourut, sans s’en apercevoir, en embrassant son mari. » Ceci est un conte bleu, tout ce qu’il y a de plus bleu.

1775. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

On s’aperçut bientôt, hélas !

1776. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Mais, d’acte en acte, on s’est aperçu que ce grand fouet claquait dans le vide, et l’enthousiasme désappointé s’est éteint dans un froid sensible.

1777. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Mais allez donc aujourd’hui demander l’hospitalité intellectuelle, l’accueil pour vos idées, pour vos aperçus naissants, à des esprits pressés, affairés, tout remplis d’eux-mêmes, vrais torrents tout bruissants de leurs propres pensées !

1778. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Je ne sais si sa tentative d’ordre réussira ; mais du moins, on put s’en apercevoir dès le premier jour, sa robe blanche de dominicain ne lui nuisait pas.

1779. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Il est vrai que, lorsque j’en donnais de si favorables aperçus en avril 1834, je ne parlais que de ce que je connaissais et de ce qui était terminé à cette date ; mais on avait déjà l’idée de l’ensemble.

1780. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Cette rareté de bonnes gens, qui lui paraît être la honte du genre humain le ramenait d’autant plus à aimer les amis choisis qu’il s’était faits : « La comparaison ne fait que trop sentir le prix des personnes vraies, douces, sûres, raisonnables, sensibles à l’amitié, et au-dessus de tout intérêt. » Une seule fois, on lui surprend encore une curiosité d’esprit, c’est pour le prince Eugène, en qui il a cru apercevoir un vrai grand homme.

1781. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

En un mot, pour suivre mon image toute physique et anatomique, je dirai : Quand il tient la carotide de son sujet, il l’injecte à fond avec fermeté et vigueur ; mais quand il est à faux, il injecte tout de même et pousse toujours, créant, sans trop s’en apercevoir, des réseaux imaginaires.

1782. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Quoi qu’il en soit, ce premier article que j’ai donné avant les découvertes dernières, n’est pas encore trop faux, et les aperçus qu’on vient de lire sur le caractère et la vocation du personnage ont été plutôt confirmés que contrariés.

1783. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Ajoutez chez La Fontaine à cette liberté et à cette fantaisie de composition une poésie perpétuelle de détail, et des aperçus d’élévation, de grandeur, toutes les fois qu’il y a lieu, et tout à côté des circonstances les plus simples.

1784. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Si l’on voulait s’égayer, il faudrait rappeler l’histoire de cette fameuse puce que, pendant la tenue des Grands Jours de Poitiers (1579), Pasquier aperçut, un matin qu’il la visitait, sur le sein de la belle Mlle Des Roches, et qui fournit matière à tout un volume de vers plus ou moins anacréontiques, grecs, latins et français, gentillesse et récréation des graves sénateurs.

1785. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

L’agrément et la bonté, qui y sont aussi, ne paraissent à des yeux pénétrants que l’effet d’un extrême désir de plaire, et ces expressions séduisantes laissent trop apercevoir le dessein même de séduire.

1786. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Il faut lire dans le bel Éloge que Montesquieu a esquissé du maréchal, l’aperçu de cette campagne et de la précédente : « Les Portugais vont à Madrid, et le maréchal, par sa sagesse, sans livrer une seule bataille, fit vider la Castille aux ennemis, et rencoigna leur armée dans le royaume de Valence et l’Aragon.

1787. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Une fenêtre légèrement entrouverte près de son lit a montré qu’après avoir éteint sa lumière et s’être plongé dans l’obscurité, il avait fait effort pour apercevoir un peu du jour qui naissait et qui ne devait plus éclairer que son cadavre… Enfin, il a senti qu’il était seul, bien seul, abandonné de tout sur la terre ; qu’il n’y avait plus autour de lui que les fantômes créés par ses derniers souvenirs.

1788. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Foisset, on fut obligé de le faire monter sur un escabeau, sans lequel il n’eût point été aperçu derrière le pupitre affecté aux récipiendaires.

1789. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Et il y a mieux : quand on lit les Mémoires de Richelieu, on s’aperçoit à tout moment qu’au milieu des choses les plus éloignées et les plus anciennes qu’il raconte, il parle tout à coup au temps présent ; il est à croire que, de très bonne heure, il avait pris des notes sur les choses et sur les événements, et ces notes, tantôt vives, tantôt un peu longues, passèrent ensuite à peu près intégralement dans le corps de son ouvrage.

1790. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Les deux volumes, qui embrassent cette littérature française à l’étranger durant tout le cours du xviie  siècle, nous fourniront plus d’un secours et d’un prétexte pour revenir nous-même vers quelqu’un de ces personnages que l’auteur nous fait mieux connaître, et qu’il éclaire par ses recherches nouvelles ou par ses fins aperçus.

1791. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

I Dans l’antiquité, Pythagore, Platon et Aristote avaient soutenu que les plaisirs de l’ouïe s’expliquent par des harmonies de sons, conséquemment par des rapports numériques dans la simplicité desquels l’âme se complaît, comme en des perfections confusément aperçues ; on a étendu cette explication esthétique à tous les plaisirs, à toutes les peines, et on a voulu les ramener à la perception de rapports harmoniques ou désharmoniques.

1792. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Là, Hugo a un morceau de la plus haute éloquence, qu’il termine par ces mots : « Oui, je le sais, le défaut c’est l’élection par les membres en faisant partie… Il y a dans l’homme une tendance à choisir son inférieur… Pour que l’institution fût complète, il faudrait que l’élection fût faite sur une liste présentée par l’Institut, débattue par le journalisme, nommée par le suffrage universel. » Sur cette thèse, qui semble un de ses habituels morceaux de bravoure, il est, je le répète, très éloquent, plein d’aperçus, de hautes paroles, d’éclairs.

1793. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

mais il y a toujours un moment où l’on s’en aperçoit, et l’évolution assez prolongée est devenue suffisamment nette, pour s’appeler une transformation.

1794. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Sarcey n’y connut absolument rien et il est possible qu’il ne s’en serait jamais aperçu, s’il n’eût, à cette occasion, reçu quelques lettres élogieuses.

1795. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Or, le juge, pour bien faire, doit être toujours au-dessus de celui qui est jugé… La critique littéraire peut voir des choses plus ou moins réussies dans cette Histoire de la Comédie chez tous les peuples, des aperçus plus ou moins ingénieux, plus ou moins artistement présentés.

1796. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mon impression fut excessivement vive quand je lus le livre d’enfilée, et l’enthousiasme me prit au point que j’eus besoin de réflexion et d’une seconde lecture pour en apercevoir les défauts.

1797. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

J’y éprouvais une sensation de gêne, car de très gros obus éclataient assez près, quand devant une tombe toute fraîche, j’aperçus un prêtre, sale, en bonnet de police, avec un écusson 79 sur ce bonnet, à la figure jeune et énergique, étonnamment énergique, qui priait à genoux, en pleurant.

1798. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Cet homme hardi et brillant, fait pour éblouir le peuple, pour subjuguer les grands, pour opprimer le roi, courant à la grandeur par les factions, et à la renommée par l’avilissement de son maître ; qui s’occupait de le détrôner sans daigner le haïr ; et qui, par mépris, ne s’apercevait pas même qu’il s’en était fait craindre, vivant pouvait être coupable, mais assassiné ne parut qu’un héros.

1799. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Quelle grandeur alors auraient eue ses tableaux, épurés de cette mythologie qu’il méprise, mais remplis de cette présence divine que ses yeux trompés n’ont pas aperçue dans l’univers !

1800. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

L’air manque, la vue se trouble ; on n’est plus en pays humain, on n’aperçoit d’abord qu’un entassement d’abstractions formidables, solitude métaphysique où il ne semble pas qu’un esprit vivant puisse habiter ; à travers l’Être et le Néant, le Devenir, la Limite et l’Essence, on roule, la poitrine oppressée, ne sachant si jamais on retrouvera le sol uni et la terre. […] Vitet, étaient en même temps des romans fort bien écrits et d’excellents aperçus historiques. […] Quand ils s’émeuvent, on s’aperçoit bien que l’auteur les souffle. […] Il semblait qu’en regardant autour d’elle, elle n’eût jamais aperçu que des hommes. […] Faust y aperçoit dans un miroir l’image de la beauté féminine, du féminin éternel, comme il l’appelle.

1801. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Ses intimes seuls eussent aperçu le masque, encore chacun aurait-il pu, comme il arrive, garder pour lui seul la découverte. […] En Benjamin Constant je crois apercevoir non comme en Rousseau un romantique né, du moins l’être moral le moins défendu contre cette fièvre émotionnelle, et comme un malaise originel qui le condamne à y chercher son apaisement. […] Un fils ne peut s’empêcher d’apercevoir, de ressentir, dirai-je même, que sa mère est belle : mais que ce sentiment se fonde dans celui d’une douce influence générale et ne constitue pas un élément séparé ! […] Et on commençait par s’en retrancher en quelque sorte ; on n’apercevait l’Humanité, la Société, la Civilisation, l’Histoire et Dieu lui-même, on n’en recevait plus les rayons, que par la fenêtre misérable de l’égoïsme. […] On aperçoit comment le second nous mettra en présence des rapports directs du romantisme avec la Révolution.

1802. (1881) Le roman expérimental

Et l’on éprouve une surprise, lorsqu’on s’aperçoit, au bout d’un quart de siècle, que le romantisme agonise, mourant lentement de sa belle mort. […] On ne s’en est pas aperçu tout de suite. […] Chacun l’apercevra sous une couleur dominante ; un la poussera au jaune, un autre au violet, un troisième au vert. […] Que de romanciers croient voir la nature et ne l’aperçoivent qu’à travers toutes sortes de déformations. […] Et remarquez qu’il n’a pas même l’air de s’en apercevoir, car il va escamoter ce point, lui si prolixe dans ses grâces du commencement.

1803. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

On ne s’aperçoit pas que ce scepticisme procède encore d’une naïveté énorme. […] À côté de la duchesse, j’aperçois madame Blavatska flanquée de ses élèves en prestidigitation spiritico-fakiriste. […] Et je me suis aperçu qu’il était très tenté de lectures dans ces dernières années… surtout dans le sens de ceux qui l’inquiètent le plus… Il a toujours très bien profité de ses lectures, d’ailleurs. […] L’allitération est un charme que le poète emploie sans s’en apercevoir, que le lecteur subit sans s’en rendre compte non plus. […] Seulement, tout cela, on s’en aperçoit après.

1804. (1911) Nos directions

Là, la nature, ici la thèse primeront, supprimeront l’art ; — le pire sera qu’« eux » ne s’en aperçoivent. […] Quand on aura fini d’en rire, un beau jour on s’apercevra que ce fut comme le réveil, un peu trouble sans doute, de l’éternel esprit classique qui accepte le vrai, mais exige le beau. […] Ecoutez-le : Ne parle pas des pauvres, Gygès ; Je peux les faire riches comme des rois Sans même apercevoir une diminution de ma fortune. […] — de quel espoir joyeux celle-ci : « Je l’apercevrai du pont de notre navire », et dans quelle détresse la dernière s’éteint ! […] Ceux qui proclamaient contre nos aînés « vers libristes » l’intangibilité du mètre traditionnel, s’aperçurent tardivement que, tout en s’en servant, ils ne le connaissaient encore guère.

1805. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Lorsqu’on entre au Vatican, qu’aperçoit-on en effet dès la grande salle d’antichambre ? […] Ses amis, au retour, s’aperçurent d’un changement en lui.

1806. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

dussiez vous de loin, si mon destin m’entraîne, M’oublier, ou de près m’apercevoir à peine, Ailleurs, ici, toujours, vous serez tout pour moi : — Couple heureux et brillant, je ne vis plus qu’en toi. […] En partant de ce lieu pour aller à Mantoue, lorsqu’on arrivait à l’endroit où le Mincio s’étend en un lac uni, on était à mi-chemin ; c’est ce que nous apprend le Lycidas de la neuvième églogue, en s’adressant au vieux Mœris, qu’il invite à chanter : “Vois, le lac est là immobile, qui te fait silence ; tous les murmures des vents sont tombés ; d’ici, nous sommes déjà à moitié du chemin, car on commence à apercevoir le tombeau de Bianor.”

1807. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Ils furent installés dans le pavillon du jardin ; on pouvait les apercevoir par les portes ouvertes, et leur chant à cette distance faisait bon effet. […] Mais, en regardant d’un œil attentif, il était impossible de ne pas apercevoir en lui une gêne semblable à celle d’une personne revenant dans une situation qui, par un concours de diverses circonstances, se trouve changée.

1808. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Hagene les aperçut ; il se glissa invisible jusque près d’elles. […] Avant que le Roi s’en aperçût, les Hiunen animés par la haine se réunirent au nombre de deux mille ou même plus.

1809. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je m’aperçus bientôt qu’ils étaient l’un et l’autre parfaitement étrangers au reste de la compagnie, et n’en avaient jamais entendu parler. […] Swift racontait l’histoire d’un duc qui, jouant à un jeu de hasard, entassait devant lui des monceaux d’or, et tout entier au jeu, n’apercevait pas derrière lui un voleur qui, passant la main sous son bras, faisait tomber l’or dans son chapeau.

1810. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

D’abord uniquement musicien, il s’aperçoit que la musique, sous la forme de l’opéra, est un genre illogique. […] De même que dans le drame il voit, au-dessus de l’expression dramatique, le symbole religieux à interpréter, de même en Beethoven, il aperçoit, sans cesse plus clairement, l’interprète de l’intime vérité religieuse.

1811. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Samedi 3 mai Je ne connais rien de bête, comme ces reconstitutions d’un monument historique dans un lieu autre, que celui où il a été élevé jadis, et cette Tour du Temple, refaite au bas de Passy, pour la grande Exposition de l’année dernière, jette un complet désarroi dans ma cervelle d’historien de la Révolution, quand un peu somnolent, je l’aperçois à travers la buée de la vitre du fiacre qui me ramène, le soir, chez moi. […] Mercredi 4 juin Lavisse répétait devant moi, ce soir, une phrase à peu près dite ainsi par Bismarck à quelqu’un de sa connaissance : « J’ai cru que j’en étais arrivé à l’âge, où l’existence de gentilhomme campagnard remplit notre vie… Non, non, je m’aperçois que j’ai encore des idées, que je voudrais émettre… je ne ferai pas d’opposition… seulement si on m’attaque, je me défendrai… parce que lorsque l’on me bat, il me faut battre ceux qui me battent… ou sans ça, je ne peux pas dormir, et j’ai besoin de dormir. » Jeudi 5 juin Déjeuner chez le père La Thuile qu’a choisi Antoine, pour la lecture de La Fille Élisa, pièce faite entièrement par Ajalbert, d’après mon roman.

1812. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Béranger a trop d’esprit pour avoir tant d’enthousiasme ; il possède son enthousiasme, il n’en est pas possédé ; il le conduit avec un fil imperceptible, mais sûr, partout où il veut passer, comme le conducteur des chars, aux jeux Olympiques, conduit au mouvement du doigt ses coursiers qui ne s’emportent jamais dans la carrière : « Rasant la borne, et ne la touchant pas. » Il n’y brise jamais son essieu, il n’y fait même ni bruit ni poussière ; il arrive sans qu’on s’aperçoive qu’il est arrivé juste, et court au but qu’il s’est proposé. […] Les regards très exercés comme les nôtres aux ouvrages d’art s’aperçoivent seuls de ces limures assidues du doigt de Béranger sur ses vers.

1813. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

En même temps qu’on y sent chez Duverney la grandeur d’âme accompagnée de bonté et même de bonhomie, le caractère modéré, noble, humain et assez élevé de Bernis s’y dessine naturellement ; son esprit y laisse échapper des nuances et des aperçus qui ont de la finesse.

1814. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

De très bonne heure, Henri s’aperçoit du parti qu’il peut tirer de Sully pour les sièges, pour l’industrie des mines, pétards, pour le logement et service des pièces d’artillerie (quand il en a).

1815. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Deyverdun prend feu et lui répond (10 juin 1783) par l’aperçu d’une vie heureuse faite pour tenter ; il connaît bien son ami, il veut l’arracher à une condition politique qui n’est pas faite pour lui, et où sa nature véritable a dû nécessairement souffrir : « Rappelez-vous, mon cher ami, lui dit-il, que je vis avec peine votre entrée dans le Parlement, et je crois n’avoir été que trop bon prophète : je suis sûr que cette carrière vous a fait éprouver plus de privations que de jouissances, beaucoup plus de peines que de plaisirs.

1816. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Un autre esprit, bien meilleur et plus sûr, Mme de Glapion, était elle-même légèrement atteinte : « Je me suis bien aperçue, lui écrivait Mme de Maintenon, du dégoût que vous avez pour vos confesseurs : vous les trouvez grossiers ; vous voudriez plus de brillant et plus de délicatesse ; vous voudriez aller au ciel par un chemin semé de fleurs. » Mme de Glapion trouvait le catéchisme un peu terre à terre, un peu court sur de certains points ; il lui semblait ridicule « que le maître fît des demandes dignes d’un écolier, et que l’écolier fît des réponses d’un maître ».

1817. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Voici, au reste, un léger aperçu des titres de chapitres dans ce dernier ouvrage de Girac : « Que M. 

1818. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Ce n’est que dans la seconde guerre que Rohan rencontra en face l’ascendant de ce glorieux cardinal, en qui il crut ne voir d’abord qu’un favori de plus : « À cette faveur, dit-il en parlant du marquis de La Vieuville, succéda celle du cardinal de Richelieu, introduit par La Vieuville dans les affaires ; voilà comme tous ces favoris se servent fidèlement les uns les autres… L’appui que le cardinal trouve en la reine mère fait durer sa faveur plus longuement que celle des autres, et aussi la rend plus insolente. » Il paraît avoir été quelque temps avant de s’apercevoir qu’il avait rencontré en lui son grand et fatal adversaire.

1819. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

C’est un maître admirable de logique, et qui fait apercevoir, quand on se familiarise avec sa dialectique, combien le vulgaire des hommes est inconséquent, raisonne mal, et est susceptible d’être trompé ou de se tromper lui-même.

1820. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Au sujet de ces agitations, de ces énergies de cœur et d’esprit qu’elle lui marquait, il lui disait encore : « Votre âme se porte trop bien, elle vous use ; vous n’aurez jamais un corps sain. » — À la paix, après quelques années passées à observer les riches héritières, le marquis de Créqui se maria avec Mlle du Muy ; cette union, tout en vue de la fortune, fut sans bonheur, et les zizanies, les chicanes qu’elle engendra rejaillirent jusqu’à Mme de Créqui, et lui causèrent bien des ennuis et même des pertes d’argent considérables ; mais ce qui l’atteignait plus que tout, c’était l’indifférence et l’ingratitude de cœur de son fils, qui ne parut jamais s’apercevoir des sacrifices et de l’affection de sa mère.

1821. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Marie-Joseph Chénier continuait de tout admirer de Voltaire, et l’épître qu’il lui adressa put devenir le programme brillant du peuple des voltairiens : mais les gens de goût et dont en même temps l’esprit s’ouvrait à des aperçus d’un ordre plus élevé, des hommes tels que M. de Fontanes, par exemple, savaient fort bien concilier ce que méritait en Voltaire l’auteur charmant, et ce qui était dû au satirique indécent, au philosophe imprudent, inexcusable.

1822. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Enfin il l’aperçoit, et lui voit faire sa disposition pour l’attaquer ; et dans le moment, il jugea le retranchement perdu et forcé.

1823. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Les jeunes neveux ne parlaient pas : l’abbé de Beaumont soutenait la conversation, qui roula fort sur le voyage de M. de Cambrai ; mais cet abbé était très honnête, et je n’aperçus rien, ni envers personne de ces airs hautains et méprisants que j’ai tant de fois éprouvés ailleurs47 : j’y ai trouvé en vérité plus de modestie et de pudeur qu’ailleurs, tant dans la personne du maître que dans les neveux et autres.

1824. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Il trouve des expressions significatives pour rendre l’espèce de répulsion et de frayeur qu’il avait produite : « Un silence profond de ceux qui étaient auparavant mes amis dans les lettres, et qui m’ont abandonné depuis, comme si je les avais offensés de leur avoir donné de mes livres, m’a fait assez apercevoir du sentiment public sur ce sujet26. » Je ne sais si l’on trouverait un autre exemple, un autre cas aussi caractérisé de discrédit que celui de Marolles ; c’est un phénomène à étudier dans son genre.

1825. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Son successeur, M. de Noailles, y aida lorsque, après la première lune de miel passée, on s’aperçut de son insuffisance et de ses petitesses.

1826. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

S’il croit apercevoir chez nous, vers la fin de sa vie (1842), corruption et décadence, il s’en attriste ; il a beau être redevenu Genevois ou cosmopolite, la France, à ses yeux, est comme le cœur de l’humanité.

1827. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Au moment d’entrer dans le vrai désert, dans le Sahara brûlant, mais n’y ayant pas encore atteint, il se prend à contempler ce pays qui, à cause de son élévation, garde quelque chose encore de la végétation du Nord et offre l’aspect d’une steppe, où des champs d’alfa se dessinent vaguement : « Cette tache lointaine d’alfa s’aperçoit à peine, nous dit-il, dans l’ensemble de ce paysage que je ne sais comment peindre, mais dont il faudrait faire un tableau clair, somnolent, flétri.

1828. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Il aurait pu dès lors s’en apercevoir.

1829. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Catinat s’en aperçut ou s’en douta ; le soupçon seul, une fois entré dans son esprit, devait achever de le déconcerter et le rejeter à l’excès du côté de la prudence.

1830. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Necker, après son premier ministère, une très haute idée : en le retrouvant à la tête des affaires et en s’entretenant avec lui, il dut en rabattre, et, en ne cessant de rendre justice à ses intentions, il s’aperçut de toute l’hésitation de son caractère, qui se conciliait avec une opinion très exagérée de son crédit et de son ascendant sur les esprits.

1831. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Le lendemain nous fûmes assez tranquilles, et n’entendîmes que les coups de fusil qu’on tirait par intervalle aux Cosaques ; accoutumés à voir ceux-ci s’avancer et fuir aussitôt qu’ils apercevaient des soldats armés, leur présence ne nous donnait plus d’inquiétudes : ainsi, ou goûtait dans le calme le plus parfait les douceurs d’un jour de repos ; et quelques provisions que le général Jomini avait réservées pour le passage de l’armée nous furent d’autant plus agréables, que depuis Smolensk nous n’avions reçu aucune distribution… »

1832. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Au moment où ce navire Argo qui portait les poëtes, après maint effort, maint combat durant la traversée contre les prames et pataches classiques qui encombraient les mers et en gardaient le monopole, — au moment où ce beau navire fut en vue de terre, l’équipage avait cessé d’être parfaitement d’accord ; l’expédition semblait sur le point de réussir, mais on n’apercevait guère en face de lieu de débarquement ; les principaux ouvraient des avis différents, ou couvaient des arrière-pensées contraires.

1833. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Né, j’imagine, avec une sensibilité profonde, il s’est bientôt aperçu qu’il y aurait duperie à l’épandre au milieu de l’égoïsme et de l’ironie du siècle ; il a donc pris soin de la contenir au dedans de lui, de la concentrer le plus possible, et, en quelque sorte, sous le moindre volume ; de ne la produire dans l’art qu’à l’état de passion àcre, violente, héroïque, et non pas en son propre nom ni par voie lyrique, mais en drame, en récit, et au moyen de personnages responsables.

1834. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Mais son adolescence surtout est très-compromise ; on aperçoit par de trop clairs aveux comme nt il l’employa dans ce premier séjour à Paris, avant l’âge de vingt ans ; et les lettres qu’il écrit durant son escapade en Angleterre, que montrent-elles ?

1835. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Encore un coup, chez Boileau la métaphore évidemment ne surgit presque jamais une, entière, indivisible et tout armée : il la compose, il l’achève à plusieurs reprises ; il la fabrique avec labeur, et l’on aperçoit la trace des soudures8.

1836. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Une multitude de femmes et d’enfants de l’âge le plus tendre franchissent les lignes des brigades, et, d’un autre côté, des troupeaux de chiens conduits dans le pays libre, après y avoir été enfermés quelque temps sans aucune nourriture, sont chargés de sel, que, pressés par la faim, ils rapportent promptement chez leurs maîtres. » — Vers ce métier si lucratif, les vagabonds, les désespérés, les affamés accourent de loin comme une meute. « Toute la lisière de Bretagne n’est peuplée que d’émigrants, la plupart proscrits de leur patrie, et qui, après un an de domicile, jouissent de tous les privilèges bretons : leur unique occupation se borne à faire des amas de sel pour les revendre aux faux sauniers. » On aperçoit comme dans un éclair d’orage ce long cordon de nomades inquiets, nocturnes et traqués, toute une population mâle et femelle de rôdeurs sauvages, habitués aux coups de main, endurcis aux intempéries, déguenillés, « presque tous attaqués d’une gale opiniâtre », et j’en trouve de pareils aux environs de Morlaix, de Lorient et des autres ports, sur les frontières des autres provinces et sur les frontières du royaume.

1837. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Mais ne voir dans l’univers physique que l’enveloppe, le symbole de quelque chose d’inconnu, pressentir un abîme sous chaque forme visible, se croire entouré de forces insaisissables et inintelligibles, dégager le rêve de chacune de ses impressions, jouir des apparences et néanmoins s’apercevoir à chaque instant que nous ne comprenons rien au monde…, c’est être éminemment poète.

1838. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Je pense que, à son insu peut-être, il sera presque toujours symboliste au moment où il sent l’œuvre s’agiter en lui, et c’est alors que dans les choses aperçues il recherche l’Idée.

1839. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Ils abusèrent de la pacotille ; et la rue Saint-Denis elle-même commence à s’apercevoir qu’on lui vendait de la camelote, et rechigne à accepter les drames brûlés et les vaudevilles mauvais teint.

1840. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Ils abusèrent de la pacotille ; et la rue Saint-Denis elle-même commence à s’apercevoir qu’on lui vendait de la camelote, et rechigne accepter les drames brûlés et les vaudevilles mauvais teint.

1841. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Pour être apte à jouir de ces vérités, qu’on aperçoit, non de face, mais de côté et comme du coin de l’œil, il faut la culture variée de l’esprit, la connaissance de l’humanité, de ses états, divers, de ses faiblesses, de ses illusions, de ses préjugés, à tant d’égards fondés, en raison de ses respectables absurdités ; — il faut l’histoire de la philosophie, qui parfois rend religieux, l’histoire de la religion, qui souvent rend philosophe, l’histoire de la science, qui devrait toujours rendre modeste ; — il faut la connaissance d’une foule de choses qu’on apprend uniquement pour voir que ce sont des vanités ; — il faut, par-dessus tout, l’esprit, la gaieté, la bonne santé intellectuelle d’un Lucien, d’un Montaigne, d’un Voltaire.

1842. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Malheureusement on s’aperçut un jour que ces règles étaient en grande partie arbitraires, qu’elles étaient du moins la cristallisation d’un goût éphémère, l’expression d’une seule époque, un effort stérile et dangereux pour mettre l’éternel dans le passager ; qu’elles ne pouvaient s’appliquer sans injustice au passé, en même temps qu’elles devenaient des entraves pour l’avenir.

1843. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

On s’apercevra de temps en temps que tel ouvrage, ayant eu un médiocre succès dans sa patrie, a brillamment réussi au dehors.

1844. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Du haut de la colline où il est monté, Danaos aperçoit une barque sinistre qui vogue vers le rivage à force de rames.

1845. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Elle rapproche ces deux indices et s’aperçoit, avec effroi, qu’ils forment presque une preuve ; elle pâlit, elle frissonne comme à l’approche d’un péril.

1846. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Le cœur pur, les procédés nets, la conduite uniforme, et partout des principes ; exigeant peu, justifiant tout, saisissant toujours le bon, abandonnant si fort le mauvais, que l’on pourrait douter s’il l’a aperçu.

1847. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Mais, vers la fin, Mme Du Deffand, qui se levait tard et n’était jamais debout avant six heures du soir, s’aperçut que sa jeune compagne recevait en son particulier chez elle, une bonne heure auparavant, la plupart de ses habitués, et qu’elle prenait ainsi pour elle seule la primeur des conversations.

1848. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Jeune alors et beau, et très préféré d’elle entre tous les capitaines, parce qu’il était gendre du duc d’Orléans prisonnier, à la cause duquel elle s’était vouée, il témoignait avoir souvent bivouaqué à côté d’elle ; il avouait même l’avoir vue se déshabiller quelquefois, et avoir aperçu ce que la cuirasse avait coutume de cacher (« aliquando videbat ejus mammas, quae pulchrae erant ») : « Et pourtant, disait-il, je n’ai jamais rien eu de désir charnel à son égard. » Elle avait cette simplicité d’honneur et de vertu qui éloigne de telles pensées.

1849. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Ils s’en aperçoivent eux-mêmes à leur tour, à l’heure où ils perdent leurs amis les plus chers.

1850. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Mais, de souvenir en souvenir, Jasmin s’aperçoit, dans son propre clos, de plus d’une haie épaisse qu’enfant il a trouée, de plus d’un pommier qu’il a ébranché, de plus d’une vieille treille où on lui a fait la courte-échelle pour atteindre le fin muscat, et il se promet, à son tour, de ne pas être plus dur aux autres qu’on ne l’a été pour lui : Que voulez-vous ?

1851. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Après ces quatre premières années de la régence, durant lesquelles le mouvement d’impulsion donné par le cardinal de Richelieu continua de pousser le vaisseau de l’État sans qu’il fût besoin d’imprimer de secousse nouvelle, après ces quatre années de calme parfait, de sourire et d’indulgence, on entre, sans s’en apercevoir d’abord, dans de nouvelles eaux, et un nouveau souffle peu à peu se fait sentir : c’est le souffle des réformes, des révolutions.

1852. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Un jour que, voulant reconduire une dame dans un escalier sombre, il s’aperçut qu’il avait trop présumé de son reste de vue, il improvisa à l’instant ces vers : Las !

1853. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Ce discours nous livre à nu Louis XIV jeune, dans son premier appareil d’ambition : « Il me semble, dit-il, qu’on m’ôte de ma gloire quand on en peut avoir sans moi. » Ce mot de gloire revient à chaque instant dans sa bouche, et il finit lui-même par s’en apercevoir : « Mais il me siérait mal de parler plus longtemps de ma gloire devant ceux qui en sont témoins. » Dans cette exaltation et ce commencement d’apothéose où on le surprend, on le trouve pourtant meilleur et valant mieux que plus tard : il a quelques mots de sympathie pour les amis, pour les serviteurs qui s’exposent et se dévouent sous ses yeux : « Il n’y a point de roi, dit-il, pour peu qu’il ait le cœur bien fait, qui voie tant de braves gens faire litière de leur vie pour son service, et qui puisse demeurer les bras croisés. » C’est pourquoi il s’est décidé à sortir de la tranchée et à rester exposé au feu à découvert : dans une occasion surtout, dit-il, « où toutes les apparences sont que l’on verra quelque belle action, et où ma présence fait tout, j’ai cru que je devais faire voir en plein jour quelque chose de plus qu’une vaillance enterrée ».

1854. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Il s’en tire à merveille durant une page, mais à la longue cela s’aperçoit ; durant tout un livre, ce serait intolérable.

1855. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Les plus éloquents avaient à profiter de ses aperçus, et l’on sortait d’auprès de lui plus aiguisé chaque fois et plus fin.

1856. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Quoiqu’il eût perdu presque entièrement un œil, et que l’autre eût toujours été très faible, on ne s’en apercevait point ; sa physionomie réunissait la douceur et la sublimité.

1857. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Dans les voyages qu’il fait à Paris, où il vient prêcher quelquefois et prendre l’air de la Cour, il s’aperçoit qu’il lui faut un pied-à-terre ; il voudrait une maison à lui, par convenance et décorum, plutôt que de prendre des chambres garnies.

1858. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il y avait des années qu’écrivant à Mlle Volland, l’amie de Diderot, et lui parlant de la vérité et de la vertu comme de deux grandes statues que Diderot se plaisait à voir élevées sur la surface de la terre et immobiles au milieu des ravages et des ruines : « Et moi je les vois aussi, s’écriait-il ; … mais qu’importe que ces deux statues soient éternelles et immobiles s’il n’existe personne pour les contempler, ou si le sort de celui qui les aperçoit ne diffère point du sort de l’aveugle qui marche dans les ténèbres ! 

1859. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Un métier de tapisserie, qu’on peut avancer ou reculer sans peine, est habituellement devant elle, et ses bras posés sur une tenture toujours commencée, afin qu’on n’y aperçoive aucun motif, elle passe et repasse une aiguille avec une noble nonchalance.

1860. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

On y trouve des aperçus déliés en masse.

1861. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Ces considérations qu’il présente ont de l’étendue et de la portée ; ne soupçonnant pas que Voltaire est derrière ces questions, il croit répondre à l’arrière-pensée dans laquelle Frédéric l’avait consulté, quand il insiste sur les fortes qualités du soldat russe et sur les circonstances militaires du pays : « Je tiens cet État invincible sur la défensive. » Le moment alors était glorieux pour la Russie ; c’était l’heure des victoires du comte de Münnich, de la prise d’Otchakov ; Frédéric, en sa retraite de Remusberg, en est ému ; il a beau faire l’indifférent et le sage, on s’aperçoit que le sang des Alexandre et des César commence à bouillonner en lui : J’ai reçu, mon cher, voire belliqueuse lettre ; je n’y vois que les triomphes du comte de Münnich et la défaite des Turcs et des Tartares.

1862. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Au fond, toutes ces notions de figures parfaites sont des notions incomplètes, tenant à l’imperfection même de notre vue, qui n’aperçoit pas les réelles sinuosités d’une ligne droite ou d’un cercle, ni les vagues montantes et descendantes de la mer lointaine.

1863. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

De nos jours, nous étant aperçus que notre milieu même avait des doubles fonds inconnus de nous, nous nous intéressons à quoi que ce soit, près ou loin, pourvu que notre imagination intelligente y trouve son compte.

1864. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

De la maison on apercevait, à droite, à l’horizon, sur une colline et dans un petit bois, une tour qui passait pour hantée ; à gauche, on voyait le dick.

1865. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Dans le désert pas une goutte d’eau, soif horrible, la misérable file des pèlerins en marche se traîne accablée ; tout à coup, à l’horizon, au-dessus d’un pli des sables, on aperçoit un gypaète qui plane, et toute la caravane crie : Il y a là une source !

1866. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Il était beau, et ce n’est pas pour lui que Jean-Paul eût fait son mot célèbre : « On ne s’aperçoit pas plus de la laideur d’un homme éloquent, qu’on ne voit la corde de la harpe quand elle commence à résonner. » III Tel fut Rivarol.

1867. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Essai de critique, écrit par un poète, on y chercherait en vain la fermeté de jugement et la profondeur d’aperçu qui doivent, avant tout, distinguer un livre d’appréciation philosophique ou littéraire.

1868. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Aujourd’hui que le tigre est sorti de ses jungles, nous nous apercevons qu’il a fait ses humanités en Allemagne et qu’il n’est qu’un chat assez moucheté, car il a du style par places, mais cachant sous sa robe fourrée et ses airs patelins la très grande peur et la petite traîtrise de tous les chats, — ces tigres manqués !

1869. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Ces braves gens laissaient passer à côté d’eux la comédie de Robert Macaire sans y apercevoir de grands symptômes moraux et littéraires.

1870. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

L’organisation de la cité est certes une besogne sacrée, dont il serait puéril de contester l’importance ; mais cependant un jour viendra où il faudra bien s’apercevoir qu’une autre besogne, dont dépend la première, est celle de l’organisation de l’humanité.

1871. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Si le bruit cesse, il s’en aperçoit, preuve qu’il percevait le bruit sans en avoir conscience. […] Nous l’apercevons directement par l’œil de la conscience. […] Mais c’est en nous seulement que nous apercevons une cause produisant son effet. […] La succession n’est plus alors aperçue ni réglée par le moi, mais elle n’en existe pas moins. […] Si l’on demeure quelque temps dans une salle à une température bien au-dessus de la moyenne, on finit par ne plus s’apercevoir que cette chaleur est anormale.

1872. (1901) Figures et caractères

De Montauban, on aperçoit déjà les Pyrénées. […] Nul doute qu’il s’en aperçut ; de là, l’amertume. […] Alphonse Daudet, en ses aperçus saisissants sur les hommes et les choses ; pas non plus la paradoxale beauté oratoire des propos de M.  […] Sans en apercevoir le sens profond, il en distinguera le décor superficiel et, s’il ne pénètre qu’à demi les assises, il en admirera l’édifice et y rencontrera le souvenir de celui qui l’a construit. […] Restons donc à la distance suffisante où les figurés sont visibles sans qu’on aperçoive les fragments inégaux qui les composent.

1873. (1894) Critique de combat

Il faut être aujourd’hui par trop simpliste pour constater les unes sans apercevoir les autres. […] J’aperçois bien, en tête du bataillon, une vieille fille dont la bonté se cache sous des moustaches viriles et sous une enveloppe piquante comme celle d’une châtaigne (Le filleul d’un marquis). […] Mais une vieille tutrice clairvoyante s’aperçut de la chose, et elle résolut qu’on tuerait le pauvre bœuf, voué décidément au rôle de bouc émissaire. […] Voltaire aperçoit dans l’histoire de grands courants qui entraînent une époque entière ; mais il admet en même temps que les volontés individuelles ne sont pas une quantité négligeable dans l’évolution d’un siècle. […] Elle est si visible, si éclatante, cette idée maîtresse, qu’il faut vraiment fermer les yeux pour ne la point apercevoir.

1874. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Celui de Darwin eut vite un succès immense ; mais on ne tarda pas à s’apercevoir qu’il présentait des lacunes. […] La conception cartésienne est très nette, mais elle engendre des difficultés qui furent vite aperçues. […] A la suite de Reid, Jouffroy croit apercevoir, sous les phénomènes, les facultés qui y président et, sous les facultés, la substance même qui possède ces facultés. […] Toutes ces démonstrations reposent, en définitive, sur l’argument de Spinoza, suivant lequel la conscience ne serait au fond que la transformation en finalité des causes efficientes et mécaniques non aperçues comme telles.

1875. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il venait assister aux jugements des tribunaux ; et, s’il croyait apercevoir faveur ou corruption dans les juges, il les réprimandait : mais ce qu’il faisait ainsi pour la justice, il pouvait le faire au profit de la tyrannie ; et il ne tarda pas. […] Sénèque eut Néron pour élève ; et peut-on s’en étonner, lorsque dans les livres du philosophe pour l’empereur, on aperçoit toute l’abjection de la servitude asiatique ? […] On dirait de ce guerrier d’Arioste qui, tué dans un combat, continua de combattre quelque temps par habitude, avant de s’apercevoir qu’il était mort. […] Mais, au milieu de disputes, on aperçoit que, sous la ferveur de parti dont Milton est obsédé, il nourrit une autre pensée, un autre enthousiasme. […] On aperçoit, dans le Paradis perdu, des traces fréquentes de fatigue et de négligence, qui peuvent expliquer ce défaut particulier, dont un étranger n’est pas juge.

1876. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

On l’aperçoit, la terrible machine ; dressée sur toutes les routes de la vie humaine ; les petites y conduisent comme les grandes. […] À proprement parler, le spectateur est comme un homme qu’on promènerait le long d’un mur percé de loin en loin de petites fenêtres ; à chaque fenêtre, il embrasse pour un instant, par une échappée, un paysage nouveau avec ses millions de détails ; la promenade achevée, s’il est de race et d’éducation latines, il sent tourbillonner dans sa tête un pêle-mêle d’images, et demande une carte de géographie pour se reconnaître ; s’il est de race et d’éducation germaniques, il aperçoit d’ensemble, par une concentration naturelle, la large contrée dont il n’a vu que des fragments. […] Hippolyte, qui a perdu sa maîtresse60, l’aperçoit rayonnante dans le ciel comme une vision bienheureuse. « Elle est là-haut, sur ces tours d’étoiles, debout, les yeux fixés sur moi pour savoir si je lui reste fidèle. » Arétus, pour se venger de Valentinien, l’empoisonne après s’être empoisonné lui-même, et, râlant, se fait porter devant le lit de son ennemi pour lui donner un avant-goût de l’agonie.

1877. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Bernis ne pouvait, sans être pédant et ridicule, paraître s’apercevoir de toutes les irrévérences de son confrère et encore moins s’en choquer : il lui suffisait de les détourner indirectement d’un mot, et quelquefois, s’il allait trop loin, de le rappeler à la convenance en déguisant le conseil en éloge.

1878. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

C’est un épisode de la vie de Gui Patin qui mériterait un éclaircissement dans une bonne édition de ses lettres ; j’en donnerai ici un aperçu.

1879. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Ballanche, c’est-à-dire comme une noble nature, une douce et belle âme qui a de sublimes perspectives dans le vague, des éclairs d’illumination dans le nuage ; qui excelle à pressentir sans jamais rien préciser, et sait atteindre en ses bons moments à des aperçus d’élévation et de sagesse.

1880. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

M. de Chateaubriand, par exemple, qu’il eut occasion de voir vers l’époque d’Atala et du Génie du christianisme, et à qui il adressa de belles observations critiques dans son Ministère de l’homme-esprit (observations que M. de Chateaubriand ne lut jamais), n’avait gardé de Saint-Martin qu’un souvenir inexact et infidèle ; il lui est arrivé de travestir étrangement, dans un passage des Mémoires, la rencontre qu’il eut avec lui ; et lorsqu’il eut été averti par moi-même que Saint-Martin avait parlé précisément de cette rencontre et en des termes bien différents, il ne répara qu’à demi une légèreté dont il ne s’apercevait pas au degré où elle saute aujourd’hui à tous les yeux.

1881. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Le président de Longueil disait quelquefois en montrant la tête de son jeune élève : « Il y a du monde au logis. » Dans la conversation, M. de Meilhan devait être brillant, imprévu, fertile, plein de coup d’œil, ouvrant à tout moment des perspectives, donnant le sentiment et l’aperçu de grandes choses qu’il ne s’agissait plus que d’exécuter.

1882. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Mais il était souvent mal servi par les siens propres ; il ne s’en aperçut que trop au siège de Paris, au siège de Rouen.

1883. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

» Vivement impressionné par cette étrange apparition, j’allais répondre, lorsque je m’aperçus que ma fée avait disparu… Le lendemain, je recevais trente coups de sabre (plus cinq coups de baïonnette), et j’étais sauvé par un miracle.

1884. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

L’éminent critique crut devoir défendre de tout point l’aperçu de Boileau et l’appuya par des raisons réfléchies : il voyait dans Villon un novateur, mais utile et salutaire, un de ces écrivains qui rompent en visière aux écoles artificielles, et qui parlent avec génie le français du peuple ; contrairement à l’opinion qui lui préférait l’élégant et poli Charles d’Orléans, il rattachait à l’écolier de Paris le progrès le plus sensible qu’eût fait la poésie française depuis le Roman de la rose.

1885. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Pour un petit nombre d’arbres qui s’élèvent de quelques pieds au-dessus de terre et qui s’aperçoivent de loin, il y a partout, en littérature, de cet humus et de ce détritus végétal, de ces feuilles accumulées et entassées qu’on ne distingue pas, si l’on ne se baisse.

1886. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Celui même qui trouvera à redire qu’on donne trop sera le premier à s’apercevoir si vous oubliez quelque chose. « Comment, dans les notices de la fin, me fait remarquer le même correspondant, comment a-t-on omis une des plus importantes notices, celle de Paul le Silentiaire (celle de Philétas manque aussi) ?

1887. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Le suffrage de ce représentant a d’autant plus de prix à mes yeux qu’il a de grandes connaissances de ce métier, et que son aperçu en marine est aussi juste que celui qu’il a constamment déployé dans toutes les affaires qu’il a traitées. » — Extrait du rapport du contre-amiral Villaret-Joyeuse à la Commission de Marine sur les journées des 10, 11, 12, 13 prairial (29, 30, 31 mai et 1er juin).

1888. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

La justesse de son esprit lui faisait apercevoir tout ce qu’exigeait sa position ; mais la faiblesse de son caractère ne lui permettait aucune mesure forte et décisive ; et la reine entretenait son indécision par l’exagération de ses espérances dans l’influence et les plans de l’empereur son frère et du roi de Prusse, quoique Louis xvi eût de l’inquiétude sur le résultat de leur intervention et beaucoup de répugnance à mêler les étrangers aux affaires de la France.

1889. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

L’auteur, qui ne se montre pas seulement ici un homme sentimental, comme il l’était dans ses élégies, mais qui sait le monde, qui a le ton de la raillerie, l’aperçu exquis des ridicules, des travers, des médisances, et tout ce bon goût rapide et chatouilleux que donne, hélas !

1890. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Dans tous ces monuments majestueux et diversement continus des Bossuet, des Fénelon, des La Bruyère, dans ceux de Montesquieu ou de Buffon, on n’aperçoit pas de porte qui mène à l’arrière-boutique du libraire.

1891. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

La Rochefoucauld l’a dit : « Les occasions nous font connaître aux autres, et encore plus à nous-mêmes. » Combien d’aperçus comiques ainsi dépensés, que l’étude et un lieu meilleur auraient pu agrandir !

1892. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Revenu en France dès 1824, on l’aperçoit à quelques années de là en Portugal, y promenant son humeur vagabonde, non plus en gentilhomme de la chambre, mais avec le louable dessein d’y servir la cause de Dona Maria, par reconnaissance pour don Pedro, son bienfaiteur.

1893. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Je ne trouve pas que l’ingénieux critique se soit rendu compte ainsi de la différence des situations, et cela a pu jeter quelque indécision sur des aperçus toujours piquants de détails et si heureux d’expression.

1894. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Il la put voir quelques instants du fond de l’entrée, avant qu’elle l’aperçut.

1895. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Je ne sais si je m’abuse, mais je crois déjà voir en cette nature sensible, résignée et sobre, une naïveté attendrissante qui me rappelle le bon Ducis et ses amours, une vertueuse gaucherie pleine de droiture et de candeur comme je l’aime dans le vicaire de Wakefield ; et je me plais d’autant plus à y voir ou, si l’on veut, à y rêver tout cela, que j’aperçois le génie là-dessous, et qu’il s’agit du grand Corneille15.

1896. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Le Romain l’a donc adoucie et affaiblie. » Mais je m’aperçois que je me rengage. — Nul livre, en résumé, ne couronnerait mieux que celui de M. 

1897. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Elle ne devait pourtant pas être tout à fait sans se rendre compte et sans jouir déjà de son premier succès dans cette vie de Venise ; et lorsque son biographe nous l’y représente entourée, encensée du monde, mais sans s’en apercevoir , il la suppose un peu trop absorbée, je le crois, par son affection pour son mari.

1898. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Les courtisans qui ne voyaient plus de degrés entre le trône et le duc de Bourgogne, commencèrent à tourner leurs regards vers celui-ci, et à apercevoir de nouveau Fénelon devant lui.

1899. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Si l’on essaie d’analyser l’ironie voltairienne, on s’aperçoit qu’elle a un caractère rigoureusement mathématique.

1900. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Cécile s’aperçoit bientôt que son mari ne l’aime pas et, dans une heure de folie, se livre au premier fat qui lui fait la cour.

1901. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Mais en réalité, et quoiqu’ils ne s’en aperçoivent pas toujours, ils sont véritablement, corps et âme, les esclaves de leur nom.

1902. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Pandolfo est tout en colère de la calomnie de Fabio ; il l’aperçoit, il lui reproche son impudence.

1903. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Non ; car, de la même vue dont il regarde ces avantages, il aperçoit ceux qui leur manquent.

1904. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Si on s’apercevait que la concordance des deux effets mécanique et chimique n’est pas constante ?

1905. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Quand Verlaine eut achevé les présentations, nous fûmes ravis d’apercevoir que nous abondions en idées communes.

1906. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Je pousse si loin le respect de l’individualité que je voudrais voir les femmes introduites pour une part dans le travail critique et scientifique, persuadé qu’elles y ouvriraient des aperçus nouveaux, que nous ne soupçonnons pas.

1907. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

S’adressant à une foule encore mal dégrossie, ils s’abaissent volontiers à sa taille au lieu de l’élever à leur niveau, ils se gaspillent en œuvres bâclées ; ils ressemblent à cet homme à la cervelle d’or dont parle quelque part Alphonse Daudet : ils s’arrachent chaque matin un morceau du trésor qu’ils ont dans la tête et, quand ils ont durant des années éparpillé ainsi leur pensée, ils s’aperçoivent un peu tard qu’ils sont parvenus au bout de leurs forces et de leur vie sans avoir rempli leur mérite, sans avoir condensé le meilleur d’eux-mêmes en un ouvrage élaboré avec amour.

1908. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

. — Quand on regarde de haut l’histoire religieuse de la France, on s’aperçoit bien vite de deux grands faits qui s’en dégagent : l’un, c’est que du moyen âge à nos jours l’Église catholique perd peu à peu sa puissance, ses privilèges, son autorité sur les esprits ; l’autre, c’est qu’elle passe par des alternatives de grandeur et de décadence qui se succèdent avec une parfaite régularité.

1909. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

. ― Je ne pousse pas plus loin cet aperçu, destiné simplement à donner une idée de ce que peut et doit contenir la formule générale d’une époque.

1910. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Berlioz, meurt, honni : et tout à coup l’on s’aperçoit que c’est lui le victorieux ; Manet s’en va, dans la force de son talent, et, en réalité, c’est M. 

1911. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Par là elle s’apercevait fort bien si le roi avait fait de ses tours ordinaires139. » Plus loin, Madame rapporte que « la reine crut avoir des obligations infinies à madame de Maintenon de ce qu’elle avait chassé la Montespan.

1912. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Il le célèbre et il l’entretient ; il l’adore et il le dessert ; il lui sacrifie tout, son temps, sa renommée, son talent, qu’il dépense, pour le nourrir, en travaux vulgaires, tout, jusqu’à son amour pour Frédérique, une jeune et belle orpheline recueillie dans l’atelier fraternel, qu’il fiance lui-même à son ami, dès qu’il s’aperçoit qu’elle en est aimée.

1913. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

C’est un crescendo de colère, d’exaltation et d’amour qui s’enfle et bouillonne, mettant à nu son coeur déchiré… Tout à coup Raymonde se retourne, aperçoit le regard de son mari fixé sur elle, avec une stupeur douloureuse.

1914. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

La galanterie, le bel esprit, la philosophie, la théologie elle-même, ne sont que des manières de jeux savants et subtils que les hommes ont inventés pour remplir et pour animer ce temps si court et pourtant bien long de la vie ; mais ils ne s’aperçoivent pas assez que ce sont des jeux.

1915. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Boileau s’en aperçut un jour qu’il différait de sentiment avec lui : « Dorénavant, disait-il, je serai toujours de l’avis de M. le Prince, surtout quand il aura tort. » En général, les descendants du Grand Condé (l’histoire aujourd’hui peut le dire, puisque la race est éteinte) ne furent pas bons.

1916. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Plus tard, et seulement après son retour, Choisy s’aperçut qu’il n’avait joué là-bas qu’un rôle de parade, et que le père Tachard, jésuite, était celui qui avait noué avec Constance la négociation secrète et réelle.

1917. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Il tranche du prophète et n’est pas lui-même sans s’apercevoir de ce tic de son esprit.

1918. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Un ami me fait apercevoir que cette pensée, qui m’étonnait un peu de la part de Mme de Lambert, n’est autre en effet qu’une citation, un extrait un peu arrangé de ses lectures.

1919. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Mme Necker s’était formé une idée des auteurs et des gens d’esprit de Paris uniquement par les livres, et elle vit que le monde où elle avait à se gouverner était bien autrement divers, varié et plein de nuances : « En arrivant dans ce pays-ci, dit-elle, je croyais que les lettres étaient la clef de tout, qu’un homme ne cultivait son esprit que par les livres, et n’était grand que par le savoir. » Mais le genre de conversation qui s’accommodait avec cette idée n’était guère de mise que dans le tête-à-tête, et elle ne tarda pas à s’apercevoir de sa méprise : Je n’avais pas un mot à dire dans le monde, ajoute-t-elle ; j’en ignorais même la langue.

1920. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

On l’en louait si fort dans le moment autour de lui, qu’il fut assez longtemps à s’apercevoir que cette flatterie des uns allait donner un redoublement de pâture à la calomnie des autres.

1921. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Mais bientôt, si l’on remontait à la source, on s’apercevait que la lettre n’était point adressée à un duc et pair, et Beaumarchais en convenait lui-même, ce qui rabattait fort de la hardiesse et de l’insolence ; elle était tout simplement adressée au président Dupaty, ami de l’auteur, et écrite « dans le premier feu d’un léger mécontentement ».

1922. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Cet agréable épisode des Mémoires de Choisy était connu dès le milieu du xviiie  siècle, et je conçois que, sur cet aperçu, on ait eu envie de lire les vrais Mémoires de Cosnac.

1923. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Les lettres que nous annonçons au public sont déjà recommandables, comme on le voit, par le nom des personnages qui les ont écrites, et dont nous possédons les originaux ; mais quand on apprendra qu’elles renferment tout ce qu’il y a de plus instructif à la fois, de plus original et de plus piquant ; quand on saura que la science, la politique, la littérature, y ont leur compte avec de nouveaux aperçus, quand on y verra le vieux philosophe Adanson, l’homme le plus scientifique et le plus profond qui fût jamais, s’enivrer des regards d’une Dervieux, et tourner le fuseau presque à ses pieds ; Noverre, déployer toutes les ressources de l’imagination la plus riche ; Mme Beaumarchais, effacer presque les Ninon et les Sévigné ; et cette brillante Sophie Arnould, parer tour à tour son style de tout ce que l’esprit a de folle gaieté, de tout ce que le cœur a de sentiments les plus exquis, révéler avec cet abandon séduisant toutes les petites indiscrétions du boudoir et nous initier aux mystères de l’alcôve, c’est alors surtout que nos lecteurs nous sauront gré de notre entreprise. 2 vol. in-8, 12 francs.

1924. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

En résumé, l’utile n’est beau que par l’élément intellectuel de finalité aperçue et par l’élément sensible de satisfaction éprouvée d’avance ; il est une anticipation de l’agréable la par perception d’un ensemble de moyens bien ordonnés pour cette fin ; il satisfait donc l’intelligence et la volonté, et il peut aussi, dès à présent, satisfaire la sensibilité ; quand ce triple résultat se produit, quand l’utile nous transporte d’avance au terme et au but, la finalité devient beauté.

1925. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Résumant enfin ces procédés de synthèse et les considérations antérieures sur l’analyse, nous avons aperçu dans l’esthopsychologie complète, le moyen le plus puissant que nous possédions pour connaître des individus ou des groupes humains, et la science par conséquent dont il faut attendre rétablissement de lois valables pour l’homme social.

1926. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Alors ce n’est plus un siècle seulement que leur clarté illumine ; c’est l’humanité d’un bout à l’autre des temps, et l’on s’aperçoit que chacun de ces hommes était l’esprit humain lui-même contenu tout entier dans un cerveau, et venant, à un instant donné, faire sur la terre acte de progrès.

1927. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Descartes a exprimé d’une manière définitive le principe de la liberté de penser lorsqu’il a déclaré « qu’on ne doit reconnaître pour vrai que ce quiparaît évidemment être tel, c’est-à-dire ce que l’esprit aperçoit si clairement et si distinctement qu’il est impossible de le révoquer en doute. » On a dit que cette méthode de Descartes, cet appel au libre examen, avait répandu dans le monde le scepticisme, qui en est le fruit naturel ; car si chacun est juge de la vérité, dit-on, rien n’est plus ni vrai, ni faux ; l’un juge d’une manière, l’autre juge d’une autre ; l’un trouve évident ce que l’autre trouve absurde ; tous se réfutent réciproquement.

1928. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Ils ne s’aperçoivent pas que cette volonté souveraine, sans l’intelligence, n’est que le hasard lui-même, car le hasard n’est autre chose qu’une cause vide, une cause nue, une cause dans laquelle rien n’est prédéterminé, et où il n’y a pas de proportion entre la cause et l’effet.

1929. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Entre le bien et le mal, il n’apercevait plus d’opposition irréductible.

1930. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Derrière ces femmes, le reste des auditeurs dont on n’aperçoit que les têtes.

1931. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Pourquoi n’en aperçoit-on pas le moindre reflet ?

1932. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

une bataille. à droite, tout à fait dans la demi-teinte, c’est un château couvert de fumée ; on n’en aperçoit que le haut qu’on escalade, et d’où les assiégeans sont précipités dans un fossé où on les voit tomber pêle-mêle.

1933. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

J’attendais un remerciement : il avait dû s’apercevoir que j’interrompais ma lecture par pure déférence pour son âge.

1934. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

» Elle aussi, elle est gigantesque, et, comme le duc de Guise, nous l’avons balafrée… Mais elle est debout, malgré ses blessures ; mais elle combat toujours ; mais elle lutte pour l’empire ; et l’Europe, qui la croyait vaincue et qui la sent maintenant agiter son sol à tous les points de sa surface, s’aperçoit qu’il faut de nouveau compter avec elle, comme aux jours où elle poussa sa furieuse croissance à travers le sang, la boue et les larmes.

1935. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Il a des aperçus qui rappellent l’ancien Chasles, le gaillard éblouissant qui pensait plus à plaire et à sourire qu’à pleurer ; qui se jouait des ridicules des hommes plus qu’il ne les moralisait.

1936. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

……………………………………………… Je lus dans leur regard, j’écoutai leur parole, ……………………………………………… Tel qu’un enfant, au pied d’une haie et d’un mur, Entendant les passants vanter un figuier mûr, Une rose, un oiseau qu’on aperçoit derrière, Se parler de bosquets, de jets d’eau, de volière, Et de cygnes nageant dans un plein réservoir, Je leur dis : « Prenez-moi dans vos bras, je veux voir ! 

1937. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

On n’a guère aperçu, dans sa tentative, que la gageure d’un esprit ardent et robuste, et l’exécution rythmique, plus ou moins réussie, d’une idée qui n’est plus de ce temps.

1938. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Pénétrons toutefois dans l’intimité de leurs créations, dans ce qui est visible ou sensible du cœur de leur pensée, et peut-être nous apercevrons-nous que ce prodigieux repliement sur soi-même, qui provoque notre admiration, n’a peut-être pas été sans laisser sa trace au fond de leur individu.

1939. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Et pour que des résultats directs s’en laissent apercevoir, il n’en faudrait pas beaucoup, je crois, apportant autant de puissance, de véracité, de grandeur intime et de forte humanité que ce chef-d’œuvre.

1940. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Mais ce n’est pas seulement sur la façon dont se produisent les richesses, c’est sur la façon dont elles se distribuent, ce n’est pas seulement sur la technique, c’est sur le droit qu’on a aisément aperçu l’action de la quantité sociale.

1941. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Et il ne s’aperçoit pas qu’à moins d’une accentuation iroquoise, qui amuse dans des vers burlesques mais qui serait déplaisante ici, la rime, à laquelle il a tout sacrifié, disparaît elle-même par cette suppression du rythme traditionnel. […] Un homme comme Olivier ne peut plus aimer d’une certaine façon que littérairement et, s’il s’en aperçoit (ce qui n’est pas assez marqué dans le poème), le sentiment de son impuissance ne saurait être aussi horriblement douloureux qu’il nous est montré. […] Renan, un peuple d’aristocrates, un public tout entier composé de connaisseurs, une démocratie qui a saisi des nuances d’art tellement fines que nos raffinés les aperçoivent à peine54 ». […] Mais il met sa coquetterie à ce qu’on ne s’en aperçoive point ; et puis il ne les a pas toujours  Sa plus grande douleur a été la mort de sa sœur Henriette ; mais le spectacle au moins lui en a été épargné et la longue et terrible angoisse, puisqu’il était lui-même fort malade à ce moment-là. […] Nous n’apercevons que les Grégoire, de petits actionnaires, de bonnes gens à qui les mangés tuent leur fille.

1942. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

« Cette nuit encore, comme la fatigue avait écarté de moi le sommeil, j’ouvris à l’aube la fenêtre du grenier où je reçois l’hospitalité comme les voyageurs d’Homère : à travers le feuillage pâle des oliviers, j’apercevais les eaux du port, le double rocher qui en ferme l’enceinte, et derrière eux le mont Nérite que ne couronnent plus, comme au temps d’Ulysse, de vertes forêts… Aucun bruit ne troublait le silence de la nuit… Peu à peu l’aurore éclaira de lumières plus vives ce paysage si simple et si calme, les coqs chantaient, et des portes entrouvertes, les gens du faubourg s’en allaient lentement achever la vendange dans les champs de pierres où le vieux Laërte cultivait de ses mains de jeunes arbres… « Adieu ! […] Le public, qui jouit couramment d’une lecture facile et charmante, ne se doute pas de tout ce qu’ont souvent exigé de soins et donné de peine ces éditions d’ouvrages ou de correspondances posthumes : une famille à satisfaire, des scrupules sans nombre à ménager, la vérité à ne point fausser ni trahir, les convenances pourtant à respecter, celles du moins qui eussent paru telles à l’auteur lui-même s’il avait vécu, c’est là le revers de la toile, et ce n’est pourtant qu’un faible aperçu de la tâche morale et littéraire qui était échue aux éditeurs dévoués de Maurice et d’Eugénie de Guérin.

1943. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

On n’a qu’à fermer les yeux pendant une ou deux générations, et, en regardant après devant soi, on n’aperçoit plus qu’une ou deux grandes figures debout de toute leur hauteur. […] Ce petit livre est l’image fidèle de mon âme ; les doutes et les bonnes intentions y luttent encore ; l’étoile qui scintille dans le crépuscule semble par instants près de s’éteindre ; la voile blanche que j’aperçois à l’horizon m’est souvent dérobée par un flot de mer orageuse ; pourtant la voile blanche et l’étoile tremblante finissent toujours par reparaître. — Tel qu’il est, ce livre, je vous l’offre, et j’ai pensé qu’il serait d’un bon exemple.

1944. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il a le procédé de ce maître, puis le procédé de cet autre maître, tout cela naïvement, sans qu’il s’en aperçoive, parce qu’il est né pour cela. […] Quand l’auteur de Valentine, dans ses plaidoyers contre le mariage, veut perdre une héroïne, elle la fait descendre jusqu’à la faute en la poussant, par toutes sortes de circonstances indépendantes de sa volonté, sur une pente si douce, si insensible, qu’on ne s’en aperçoit pas ; de sorte que lorsque la femme honnête est devenue adultère, elle garde tout son charme et toute sa vertu aux yeux du lecteur ; chacun la plaint, la trouve malheureuse, et se dit : « A sa place, j’aurais fait comme elle ! 

1945. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

. — Ce qu’il y a de terrible dans cette peinture, c’est qu’elle se fait voir ; on l’aperçoit de très-loin. […] Néanmoins ils s’appliquent à la couleur avec une ardeur inconcevable, et ne s’aperçoivent point de leurs contradictions. […] Ary Scheffer s’est aperçu, — un peu tard sans doute, — qu’il n’était pas né peintre.

1946. (1923) Paul Valéry

Voilà des mots qui d’abord ne concordent pas avec ce monde de mélange, de flux et de transformation, avec cette disponibilité indéfinie que nous avons aperçue au principe de l’effort de Valéry. […] Nul ne s’apercevait, devant une masse délicatement allégée, et d’apparence si simple, d’être conduit à une sorte de bonheur par des courbures insensibles, par des inflexions infimes et toutes puissantes ; et par ces profondes combinaisons du régulier et de l’irrégulier qu’il avait introduites et cachées, et rendues aussi impérieuses qu’elles étaient indéfinissables ; elles faisaient le mouvant spectateur, docile à leur présence invisible, passer de vision à vision, et de grands silences au murmure du plaisir, à mesure qu’il s’avançait, se reculait, se rapprochait encore, et qu’il errait dans le rayon de l’œuvre, mû par elle-même, et le jouet de la seule admiration. […] » je rencontre l’Eleate qui fait du changement et du mouvement un non-être, — ces arguments de Zénon derrière lesquels on aperçoit, comme derrière un drapeau permanent, tous les bataillons de la métaphysique et des métaphysiciens.

1947. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Mais je m’aperçois qu’au lieu d’un mot c’est deux qu’il me faut maintenant. […] Au bout d’efforts sans nombre et d’un temps infini, je m’aperçus que faucille à son tour ne pouvait absolument pas disparaître. […] Ce que je reprochais l’autre fois à l’écrivain en question reposant sur le même ordre de choses, c’est-à-dire, pour tout résumer en deux mots, sur le passionisme et l’inspirantisme transcendantaux de ce critique consciencieux, mais égaré, je prendrai la liberté de vous renvoyer pour toute appréciation générale des doctrines au n°1 du présent journal et me contenterai, dans ce court aperçu, de relever quelques détails par trop gais.

1948. (1886) Le naturalisme

Us riaient à se démancher la mâchoire des trois unités d’Aristote ; ils envoyaient promener les préceptes d’Horace et de Boileau, — sans s’apercevoir que beaucoup d’entre eux sont des vérités évidentes dictées par une logique inflexible et que le préceptiste ne put les inventer pas plus qu’aucun mathématicien n’invente les axiomes fondamentaux qui sont les premiers principes de la science. […] Le costume en question se composait d’un gilet de satin cerise, très collant, comme un justaucorps, d’un pantalon vert d’eau très pâle avec une bande noire, d’un habit noir à revers de velours, d’un pardessus gris doublé de satin vert et d’un ruban de moire autour du cou, sans que ni cravate ni col blanc se laissassent apercevoir. […] cet homme singulier, ayant publié des livres scientifiques et ayant vu que personne ne les achetait, eut l’idée d’inculquer au public les mêmes connaissances, mais d’une manière telle qu’elles le divertissent et qu’il les absorbât sans s’en apercevoir. […] Bien peu d’entre les critiques qui crient le plus fort contre le naturalisme, s’aperçoivent des mauvaises herbes déterministes qui croissent dans le jardin de Zola.

1949. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Qui s’aperçoit que le troisième des vers que voici n’a que onze syllabes accentuées ? […] Les hommes veulent que les hommes qu’on leur raconte soient logiques, sans s’apercevoir que la logique est la négation même d’une existence particulière. […] Enfin, les poètes ayant réintégré leur campement, aux sources de l’Hippocrène, on s’aperçut de la disparition de celui qui taillait, avec un soin délicieux, la proue vierge d’un navire en partance pour les Atlantides : peu de temps après, nous fûmes informés de la naissance de Jehan Rictus et des Soliloques du Pauvre. […] Presque aucun de ses poèmes où ne se répète la plainte de l’orgueil et de l’ennui ; ce n’est pas l’ennui de vivre ― il vécut si peu ; ce n’est pas l’ennui de ne pas vivre ― il n’eut pas le temps de s’apercevoir que la vie donne moins qu’elle promet ; c’était un ennui maladif et invincible, l’ennui des prédestinés qui sentent obscurément, comme l’eau glacée d’un fleuve gonflé, monter le long de leurs membres les vagues de la mort ; et c’était aussi l’orgueil de ne pas avouer ses pressentiments et de chercher des causes vaines à une tristesse plus forte que l’âme qui la portait.

1950. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Le seul évangélisme qu’il leur doive, c’est de les forcer à lever les yeux s’ils veulent l’apercevoir. […] Les Romantiques ne s’apercevaient pas que cette sorte de contre-règle : « Tu feras, en tout, le contraire de ce que firent ceux qui te précédèrent », supprimait le libre arbitre de l’artiste aussi sûrement que pouvait faire l’étiquette elle-même. […] Taine a le mérite d’avoir aperçues le premier ». […] Plus d’une fois il se surprend à dégager du personnage qui la subit la sensation, pour l’étudier plus profondément, et, s’il s’aperçoit qu’il risque ainsi de compromettre la vérité générale de son personnage, se hâte alors de le jeter, par un procédé tout romantique, dans l’action. — René est peut-être plus faux, parce qu’il se préoccupe moins des causes que des effets ; mais il y a plus de vérité dans Phèdre que dans Renée, parce que les causes psychiques sont plus graves et plus profondes que les causes physiologiques. — Les Naturalistes nous affirment hautement le contraire, et pour eux, ces myopes ! […] Au fond, la vraie Religion de Balzac, c’est son Art, et sa vraie Vérité, c’est celle qu’il aperçoit dans l’humanité et qu’il tâche de dégager.

1951. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Et pour que rien ne manque à cet épisode assez piquant du cardinal, ajoutez qu’au moment où il s’en retourne à Poitiers, plusieurs de ses gens, de ceux de son hôtel, l’abandonnent et s’en viennent, alléchés par l’honneur du combat, se mettre en l’armée des Français, sous le châtelain d’Amposte ; ce dont le bon cardinal ne s’aperçoit point.

1952. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Il semble y rêver pour la France dans un avenir idéal le gouvernement et le régime anglais, moins les passions et la corruption ; il se prononce contre les conquêtes et n’admet la guerre que dans les cas de nécessité ; il a, sur la milice provinciale, sur la liberté individuelle, sur le droit de paix et de guerre déféré aux assemblées, sur un ordre de chevalerie accordé au mérite seulement, et à la fois militaire et civil, sur l’unité du Code et celle des poids et mesures, sur le divorce, enfin sur toutes les branches de législation ou de police, toutes sortes de vues et d’aperçus qui, venus plus tard, seraient des hardiesses, et qui n’étaient encore alors que ce qu’on appelait les rêves d’un citoyen éclairé ; il est évident que M. de Lassay, s’il avait pu assister soixante ans plus tard à l’ouverture de l’Assemblée constituante, aurait été, au moins dans les premiers jours, de la minorité de la noblesse.

1953. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Mais, dès qu’il se fut aperçu que l’ennemi ne songeait pas à pousser à bout son succès, Rodrigue, qui était porte-étendard ou général en chef des Castillans, releva le courage de son roi et lui dit : « Voilà qu’après la victoire qu’ils viennent de remporter, les Léonais reposent dans nos tentes comme s’ils n’avaient rien à craindre : ruons-nous donc sur eux à la pointe du jour, et nous obtiendrons la victoire. » Son conseil fut suivi ; les Léonais, surpris dans le sommeil, furent la plupart égorgés, quelques-uns à peine échappèrent ; le roi Alphonse, qui était de ceux-là, fut pris bientôt après et jeté dans un cloître, d’où il ne se sauva que pour l’exil.

1954. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

On s’est aperçu, à un certain moment, que l’édition de Heyne ne répondait plus à tout, que sur bien des points il y avait à dire, soit pour la constitution du texte, soit pour l’orthographe ancienne à rendre plus conforme aux meilleurs manuscrits, soit pour la part d’autorité à attribuer aux premiers commentateurs.

1955. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Un jour, au printemps de 1827, autant qu’il m’en souvient, Victor Hugo aperçut dans le jardin du Luxembourg M. de Chateaubriand, alors retiré des affaires.

1956. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Outre qu’il ne discernait pas alors le côté sensé, pur et légitime de l’opposition libérale, et lui faisait injure sur ce point, il lui faisait trop d’honneur sur un autre, en lui imputant une portée philosophique, une conception analogue à celle du dernier siècle ; chez elle encore, il aurait pu apercevoir justement, même à travers les quolibets antijésuitiques (malheureusement utiles) du plus populaire de ses journaux, une nuance un peu crue, parfois un peu sale, une variété épaisse et grossière de l’indifférence.

1957. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Le début, exact de position et d’aperçu, semble un peu court et insuffisant ; la fin, un peu languissante, non terminée net, trahit dans les jugements et les classements quelque indécision, quelque concession indulgente.

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