A-t-il pû taire certaines circonstances connues de son action, qui font peu d’honneur à Charles VII.
nous avions rétrogradé jusqu’à Évreux. » Encore une fois, nous aimons qu’on rappelle ces détails et qu’ils soient signés par un homme de bien, témoin et dans l’action, pour qu’on les croie.
Toujours est-il que, ce génie manquant, tout manque à l’esprit qui cherche le mot de ce grand mystère : le pouvoir politique, soit dans l’action, soit dans la contemplation de l’histoire.
III Césara, le héros du roman que Paul Meurice soude à toute cette étincelante philosophie, est donc un Chevalier de l’Esprit, mais dans l’ordre et l’action politiques.
qu’il égale les grandes actions d’Auguste !
L’histoire ramène souvent les mêmes actions et la même audace dans des hommes et des siècles différents.
Si nous examinons maintenant son caractère et ses qualités personnelles, nous lui trouverons cette ambition sans laquelle un homme n’a jamais donné un grand mouvement à ce qui l’entourait ; cette activité nécessaire à tous les genres de succès, à la guerre surtout, et dans un empire qui embrassait cent provinces ; cette férocité qui était le vice général du temps, et qui lui fit commettre des crimes, tantôt d’une barbarie calme, comme le meurtre de son beau-frère, celui de son neveu, et celui des rois prisonniers qu’il fit donner en spectacle et déchirer par les bêtes, tantôt des crimes d’emportement et de passion, comme les meurtres de sa femme et de son fils ; cet amour du despotisme presque inséparable d’une grande puissance militaire et de l’esprit de conquête, et surtout de l’esprit qui porte à fonder un nouvel empire ; un amour du faste, que les peuples prennent aisément pour de la grandeur, surtout lorsqu’il est soutenu par quelques grandes actions et de grands succès ; des vues politiques, sages, et souvent bienfaisantes, sur la réforme des lois et des abus, mais en même temps une bonté cruelle qui ne savait pas punir, quand les peuples étaient malheureux et opprimés.
Le droit des nations civilisées, humanarum, comme dit Ulpien, ayant succédé au droit des nations héroïques, il se fit une telle révolution, que le contrat de vente, qui anciennement ne produisait point d’action de garantie, si on n’avait point stipulé en cas d’éviction la cause pénale appelée stipulatio duplæ, est aujourd’hui le plus favorable de tous les contrats appelés de bonne foi, parce que naturellement elle doit y être observée sans qu’elle ait été promise.
Il devenait un Ennius, un Homère, et des torrents d’éloquence épique s’échappaient des lèvres d’un esclave poltron qui, dès avant l’action engagée, avait égalé, disait-il, Par son ardeur à fuir l’ardeur des combattants380. […] À les en croire, l’homme trouble l’harmonie de l’univers, plus qu’il n’en fait partie ; il a sur ses actions, ses passions, ses œuvres un pouvoir absolu, et ses déterminations ne relèvent que de son arbitre ; la Nature, de son côté, est sans lois ; non seulement l’homme lui échappe, mais elle peut, en quelque façon, s’échapper à elle-même ; les accidents historiques ne sont pas des phénomènes naturels, et les phénomènes naturels ne sont point des faits nécessaires. […] Nulle liberté, nulle action, nulle situation même. […] De même que ses paroles, toutes ses actions, même les belles, ont un tour aisé qui les orne418. […] Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention.
Pendant qu’il témoignait sa surprise d’un pareil procédé, Barasdine s’emportait contre ce qu’il appelait hautement une action indigne ; mais le général, sans daigner lui répondre, ordonna au cocher de partir et laissa les deux jeunes gens exhaler leur colère. […] Pour lui, sans cesse en action, il bêchait le jardin avec Domingue, ou, une petite hache à la main, il le suivait dans les bois ; et si, dans ces courses, une belle fleur, un bon fruit ou un nid d’oiseau se présentaient à lui, eussent-ils été au haut d’un arbre, il l’escaladait pour les apporter à sa sœur. […] Ils firent ce repas frugal, remplis de joie par le souvenir de la bonne action qu’ils avaient faite le matin, mais cette joie était troublée par l’inquiétude où ils se doutaient bien que leur longue absence de la maison jetterait leurs mères. […] — Nous venons, dit Virginie, de la Rivière-Noire, demander la grâce d’une pauvre esclave marronne, à qui j’ai donné, ce matin, le déjeuner de la maison, parce qu’elle mourait de faim ; et voilà que les noirs marrons nous ont ramenés. » Madame de la Tour embrassa sa fille sans pouvoir parler ; et Virginie, qui sentait son visage mouillé des larmes de sa mère, lui dit: « Vous me payez de tout le mal que j’ai souffert. » Marguerite, ravie de joie, serrait Paul dans ses bras, et lui disait: « Et toi aussi, mon fils, tu as fait une bonne action. » Quand elles furent arrivées dans leurs cases avec leurs enfants, elles donnèrent bien à manger aux noirs marrons, qui s’en retournèrent dans leurs bois, en leur souhaitant toute sorte de prospérités. […] et avec quel art l’action se trouve liée au fond du paysage !
Ceux qui lui adressent ces reproches appartiennent à cette espèce de gens, impuissants parce qu’ils aperçoivent le risque de toute action, ou qui courent au-devant de lui en voulant l’éviter. […] C’est là d’ailleurs leur véritable champ d’action, extrêmement vaste et où leur liberté serait entière. […] C’est ainsi qu’une guerre catastrophique apparaît comme une suite d’actions glorieuses et désirables ; un régime tyrannique devient une époque idyllique. […] L’action et la révolte ne se comprennent justement que dans le but de rejeter les erreurs et les préjugés d’un monde imbécile et pour maintenir ses trésors les plus purs. […] C’est probablement là le point de vue légal, et il serait urgent de nous concerter en vue d’une action commune contre la pratique qui consiste à se passer de l’autorisation de l’auteur.
On suivait, sans la quitter des yeux, cette action si vivement engagée, et l’on sacrifiait plus d’une fois le plaisir de chuter ou d’interrompre à celui d’entendre. […] Dans Chatterton, le drame est tout intime et ne se compose que d’une idée ; de fait, d’action, il n’y en a pas, si ce n’est le suicide du poète deviné dès le premier mot. […] Cette explication suffit, et l’action continue sa marche. » Ce qui faisait la force de Bouchardy, c’était son sérieux profond, sa conviction inébranlable. […] Le premier qui écrivit cloche fit donc une action énorme : il s’exposait à ne plus être salué par ses meilleurs amis et risquait d’être exclu de partout. […] Il croyait, ainsi que Glück, qu’au théâtre, la parole et la note devaient être étroitement unies, et il n’admettait pas ces coupes d’airs, de cavatine, qui arrêtent l’action.
Cependant il y aura toujours la différence de la contemplation à quelque chose qui est à la fois contemplation et action. […] Car c’est quelque chose qu’une belle mort et c’est chose triste qu’une vie souillée par une seule action cruelle et basse. […] Vous avez raison ; car il y a un grand attrait dans les actions ridicules. […] Or elle n’admet pas la vie idéale sans beauté morale ou plutôt, pour elle, la beauté morale est le genre de beauté attaché aux actions sérieuses. […] De forts et de doux, évidemment, c’est-à-dire de « chefs énergiques, excellents dans l’action, mais qui laissent à désirer du côté de la justice », et de « chefs modérés qui ont des mœurs prudentes, justes et conservatrices ; mais qui manquent de décision et de cette prompte audace que réclame l’action ».
Un homme tout uni, ou un homme de génie qui sait condescendre à l’humaine faiblesse, un Fénelon par exemple, commencerait bonnement par montrer l’action bienfaisante de Dieu sur le monde, puis arriverait aux objections tirées de l’existence du mal sur la terre, et chercherait à les résoudre. […] Une cause : le roi ; — un moyen d’action : le patriciat ou les patriciats ; — un effet : conservation et reproduction du peuple […] L’art antique, qu’elle n’a jamais bien aimé, sacrifié encore, à autre chose que jadis, mais sacrifié toujours ; le besoin d’action sur les hommes, la littérature populaire pour être efficace et contribuer au bonheur commun ; le grand fait de la révolution devant avoir son action sur l’art, la littérature, la pensée et l’imagination ; tout cela, c’est bien Mme de Staël telle que nous la connaissons, quoique arrivant, par un détour, à des conclusions inattendues. — Ce sont ces conclusions qu’il reste à examiner. […] Il n’a pas assez d’imagination et a trop le goût de l’action pour cela ; d’où il suit que de ses sensations multiples il n’a que la jouissance rapide, et le dégoût. […] Ses actions ont eu souvent quelque chose de tortueux ou de saccadé, sous les influences contradictoires de telle amitié ou de telle tendresse
Le poste difficile où il se trouvait placé, donnait à toutes ses actions je ne sais quoi d’équivoque, dont la haine de toutes les factions a pu profiter contre lui avec trop d’avantage. […] Ils ne blâment ni n’approuvent ; ils transmettent les vérités morales comme les faits physiques, les beaux discours comme les mauvaises actions, les bonnes lois comme les volontés tyranniques, sans analyser ni les caractères ni les principes. […] L’action de la Providence leur paraissait marquée dans tous les mouvements des empires, et surtout dans l’âme des héros. […] Elle s’arrête ou se prolonge comme l’action, se varie avec toutes les incertitudes de la fortune, et se précipite avec les derniers mouvements qui la décident. […] Tout est poids et contrepoids, force et levier, action et réaction.
C’est là qu’est la partie la plus émouvante du livre, et rien ne peut peindre l’effarement du financier quand il sait que tout est perdu et que les actions montent toujours ! […] L’action est des plus simples, car il s’agit de savoir si un brave garçon, un marin du nom de Sylvestrick, gardera son amour à sa Douce, qui vient d’être frappée par une cruelle maladie, la petite vérole. […] Zola, je n’aurais pas interrompu l’action du roman pour raconter un orage ; j’aurais tout simplement dit : une forte tempête éclata sur Paris, et j’aurais continué mon récit ! […] Tout le feu de l’action s’y retrouve et je ne sais pas d’appareil photographique qui puisse reproduire plus fidèlement les grandes et cruelles choses que l’œil perçoit et enfonce dans la mémoire à certains moments suprêmes de la vie. […] Voilà le moment de l’action choisi par l’artiste.
L’enseignement du Collège de France ne permet à peu près aucune action réelle. […] Carrère, aime Mistral, considère Mistral comme un centre d’intelligence et d’action, formule une discipline mistralienne. […] La mémoire pourtant a pour rôle d’éclairer l’action présente. Oui, mais à condition qu’elle tende à l’action présente, qu’elle ne soit pas cultivée et aimée pour elle-même, qu’elle s’incorpore au sens du présent qui fait l’homme d’action et non au sens du passé qui fait l’historien. […] Mais d’autre part la vitesse implique action, tension, foudroyante précision.
Cet attardé, comme il arrive naturellement, dans le jeu des actions et réactions littéraires, devenait un précurseur ; et il s’est trouvé juste à point une école réaliste pour faire qu’il devînt un ancêtre. […] Que ce temps soit proche ou lointain, d’ici à lui, les seules aristocraties qu’on voie se former et vivre sont la richesse et l’administration, l’une d’action assez faible, l’autre d’influence et de prise assez puissantes. […] C’est la rapidité des communications qui a transformé la volonté nationale de force latente en force toujours sentie, ou de force à action lente en force à action rapide et instantanée. […] Si vous voulez donc un principe d’action parmi les hommes, consentez à ce qu’ils se laissent conduire à un sentiment. […] Qu’est-ce qu’une jouissance en numéraire, une action sur une entreprise agricole ou industrielle, un coupon de grand livre, à côté du charme infini d’être maître dans sa maison et dans son champ, sous sa vigne et sous son figuier ?
Bref, « il n’a vécu que pour l’action : c’est vivre pour la poésie… Artiste enfin, dans un temps où personne ne l’est, et puisqu’il n’est plus d’autre moyen de dominer sur le chaos, où s’avilit l’action ». […] Il s’intitule « vrai condottière de la beauté » ; il s’est croisé « pour servir l’art véritable et la cause de la grande action » : la grande action, la beauté. […] L’action véritable, c’est l’empire de l’ordre sur le désordre. […] Il a, quant à lui, substitué à l’action le rêve, au service des armes la littérature. […] C’est pour cela qu’il n’y a pas beaucoup d’action dans ses comédies.
Disgracié, mais sa disgrâce ignorée encore, il rencontre une de ses créatures, qui se répand en actions de grâces et en protestations de dévouement. […] Ils suspendent l’action et la reposent, juste au moment où il est utile. […] L’action, sans se précipiter, domine, prend le roman tout entier. […] — En histoire est-il fataliste, ou croit-il à l’action de la volonté individuelle sur le cours des destinées ? […] Il attribue une immense importance aux hommes d’action, aux rois, aux grands ministres, aux gouvernements.
… Une qualité permanente de l’âme, qui est la raison elle-même en action ! […] L’unité, l’infinité et l’incorporéité de Dieu y sont démontrées comme la Providence elle-même ; cette divinité en action y devient évidente. […] Jamais, je vous en atteste, le souvenir de l’excellent ami, de l’invincible héros qui a illustré le nom des Scipions, ne quitte un instant mon esprit… « Je m’informai ensuite de son royaume, il me parla de notre république, et la journée entière s’écoula dans un entretien sans cesse renaissant… « Après un repas d’une magnificence royale, nous conversâmes encore jusque fort avant dans la nuit ; le vieux roi ne parlait que de Scipion l’Africain, dont il rappelait toutes les actions et même les paroles.
Sans doute, ce n’est pas ainsi que l’envisagent les supernaturalistes modernes, lesquels, forcés par la science, qu’ils n’osent froisser assez hardiment, d’admettre un ordre stable de la nature, supposent seulement que l’action libre de Dieu peut parfois le changer et conçoivent ainsi le miracle comme une dérogation à des lois établies. […] Pour les hommes primitifs, au contraire, le miracle était parfaitement naturel et surgissait à chaque pas, ou plutôt il n’y avait ni lois ni nature pour ces âmes naïves, voyant partout action immédiate d’agents libres. […] La science n’étant guère apparue jusqu’ici que sous la forme critique, on ne conçoit pas qu’elle puisse devenir un mobile puissant d’action.
L’esprit commun qui unit entre elles ces nombreuses populations est d’aimer la vie intérieure, celle de l’imagination, du sentiment ou de la pensée solitaire comme celle de la famille, de préférer ou de mêler la rêverie à l’action, et d’emprunter à l’ame, à quelque chose d’idéal et d’invisible, la direction de la vie extérieure, le gouvernement de la réalité. […] Je prends les deux exemples donnés par Kant. — Dans tout changement du monde matériel, la quantité de matière doit rester la même ; dans toute communication du mouvement, l’action et la réaction doivent être égales. — Ce sont évidemment là des jugemens synthétiques, car l’idée de matière n’implique pas le moins du monde que dans tous les changemens la quantité de matière est la même ; de même on peut avoir l’idée de mouvement sans en déduire que l’action et la réaction sont toujours égales.
C’est cette maîtresse difficulté qui a réduit le cardinal de Richelieu à une duplicité d’action inévitable et nécessaire, et permis aux langages les plus opposés d’aller leur train sur ce grand homme. […] Il n’y a rien de plus clair, rien de plus aisément intelligible, au contraire, que l’action de Richelieu dans l’histoire. […] Lui, le cardinal de Richelieu, l’homme écarlate de pensée, de dessein, d’action comme de robe, un génie fourbe qui cache son secret !
Leur parlant déjà comme à un peuple-roi, leur prouvant que, du moment qu’ils l’ont été une fois, ils ne peuvent reculer et sont condamnés à l’être toujours ou à ne plus être du tout, à n’espérer plus même, s’ils tombent, la condition ordinaire des cités sujettes, il professe, à leur usage, les plus fermes maximes publiques et politiques : « Être haï, être odieux dans le présent, ç’a été le lot de tous ceux qui ont aspiré à l’empire sur les autres ; mais quiconque encourt cet odieux pour de grandes choses, il prend le bon parti et il n’a pas à s’en repentir. » Et certes, si l’on entendait toujours le Périclès de Thucydide, ce Démosthènes non seulement en parole, mais en action, on ne permettrait plus aux Romains de se vanter, comme ils l’ont fait, d’avoir ajouté de la solidité au génie charmant des Grecs. […] Je ne dis pas qu’il ne serait pas extrêmement curieux aujourd’hui d’avoir ces notes si, par hasard, elles s’étaient conservées, mais je dis que, dans le système qui tendrait à prévaloir et qui prévaut déjà, on en viendrait à les préférer décidément à la composition même, à cette histoire de la guerre du Péloponèse si parfaite, si épique ou dramatique, et d’une si austère unité d’action ; on en viendrait en tout à préférer les matériaux à l’œuvre, l’échafaudage au monument.
Il fait prisonnier dans une action mémorable le comte de Barcelone lui-même : sa rentrée dans Saragosse fut un véritable triomphe. […] Cette action du Cid d’avoir trompé les deux Juifs gênait les poètes des âges suivants ; ils y sont revenus plus d’une fois pour la pallier, pour l’excuser.
L’indisposition de son mari, mais surtout la beauté, la jeunesse et l’esprit galant de cette dame n’ont fait aucun tort à sa vertu, et quoique les personnes qui soupiraient pour elle fussent des plus riches du royaume et de la plus haute qualité, elle a mérité l’estime générale de tout le monde par la sagesse de sa conduite ; et on lui doit même cette justice de dire qu’elle s’est piquée d’une belle amitié conjugale sans en pratiquer les principales actions. » Certes, c’est là un témoignage qui compte de la part d’un contemporain, d’un homme qui ne passe pas pour trop scrupuleux et qui s’exprime en général assez librement. […] Mais bientôt ses actions, à lui aussi, baissèrent.
Dans l’action que ton génie épouse, Si, du champ clos sentinelle jalouse, Prompt au clairon, et, pour trêve aux assauts, Ne l’égarant qu’aux plus voisins berceaux, Tu hantais peu les ombres des vallées, L’esprit lointain des cimes non foulées, Silence ! […] Plein d’excellents conseils en tous genres, que viennent réclamer des clients bien divers, consolateur aimable, grâce à cette gaieté, nous dit-il, qui n’offense pas la tristesse, trouvant de crédit ce qu’il en faut pour les bonnes actions non bruyantes, il est peut-être, avec M.
Les systèmes mitoyens n’ont d’autre effet que de tourner contre lui tout ce qui dans l’État est doué de quelque action… Trouverait-on, quelle que soit d’ailleurs la nature de ses opinions, un homme, un seul homme qui veuille ce qui est, et ne veuille que ce qui est ? […] Mais l’action lui parut un devoir, il se l’imposa, et il attribue à l’effort violent qu’elle exige de lui l’espèce d’irritation, d’emportement involontaire, qu’on a remarqué en plusieurs endroits de ses ouvrages, et qu’il est le premier à reconnaître avec candeur.
On l’accusa pourtant d’une action presque odieuse, d’avoir pillé son idylle des Moutons dans le recueil de Coutel. […] C’est la mise en action de ce mot de La Rochefoucauld : On pardonne tant que l’on aime.
Nourri des livres sacrés, partageant les croyances du peuple de Dieu, il se tient strictement au récit de l’Écriture, ne se croit pas obligé de mêler l’autorité d’Aristote à l’action, ni surtout de placer au cœur de son drame une intrigue amoureuse (et l’amour est de toutes les choses humaines celle qui, s’appuyant sur une base éternelle, varie le plus dans ses formes selon les temps, et par conséquent induit le plus en erreur le poëte). […] Au reste, comme nul sentiment profond n’est stérile en nous, il arrivait que cette poésie rentrée et sans issue était dans la vie comme un parfum secret qui se mêlait aux moindres actions, aux moindres paroles, y transpirait par une voie insensible, et leur communiquait une bonne odeur de mérite et de vertu : c’est le cas de Racine, c’est l’effet que nous cause aujourd’hui la lecture de ses lettres à son fils, déjà homme et lancé dans le monde, lettres simples et paternelles, écrites au coin du feu, à côté de la mère, au milieu des six autres enfants, empreintes à chaque ligne d’une tendresse grave et d’une douceur austère, et où les réprimandes sur le style, les conseils d’éviter les répétitions de mots et les locutions de la Gazette de Hollande, se mêlent naïvement aux préceptes de conduite et aux avertissements chrétiens : « Vous avez eu quelque raison d’attribuer l’heureux succès de votre voyage, par un si mauvais temps, aux prières qu’on a faites pour vous.
Les gens qui en parlaient se contentaient de dire que c’était bien, mais les trois quarts n’en parlaient ni n’y pensaient ; et cette indifférence, ce froid pour une action réellement aussi belle, aussi touchante, que l’on eût tant goûtée et vantée de particuliers, ne venait pas de l’occupation où était toute la Cour de la maladie du roi ; elle n’était produite que par la plate et mince existence de Mesdames, que l’on connaissait sans envie du bien, sans âme, sans caractère, sans franchise, sans amour pour leur père. […] Il faut qu’ils sachent que, comme nous sommes obligés malgré nous de leur donner des marques extérieures de respect et de soumission, nous jugeons à la rigueur leurs actions, et nous nous vengeons de leur autorité par le plus profond mépris, quand leur conduite n’a pas pour but notre bien et ne mérite pas notre admiration ; et, en vérité, il n’était pas besoin de rigueur pour juger le roi comme il l’était par tout son royaume.
Ainsi montrait-il son « pas naturel et ordinaire, aussi détraqué qu’il est » ; comme, de plus, « la relation et la conformité ne se trouvent point en telles âmes que les nôtres », comme nos actions, toujours « doubles, bigarrées, et à divers lustres », ne se peuvent « attacher les unes aux autres », la vérité voulait qu’il « prononçât sa sentence par articles décousus232 ». […] Je ne sais si on l’a assez remarqué, les plus fragiles ou fausses morales ont toujours été proposées par de très honnêtes gens qui ont pris dans l’instinct et dans le plaisir la règle fondamentale de la vie, parce que leur instinct et leur plaisir ne les écartaient pas sensiblement des actions sans lesquelles il n’y a plus de morale, partant plus de société : ainsi Helvétius, ainsi Montaigne.
Ferdinand Fabre quelque chose de très particulier : ses personnages, qui sont des prêtres ou des paysans primitifs ; le théâtre de l’action, un âpre canton des Cévennes, une petite ville ecclésiastique à deux cents lieues d’ici ; sa manière enfin, qui rappelle celle de Balzac et dont s’est déshabitué le roman contemporain. […] Une maladie, un déménagement, un pèlerinage, un acte de charité imprudente et candide, voilà donc toute l’action ; mais de quelle adorable façon se révèle l’innocence du bon curé !
Un homme peut advenir, en tout oubli — jamais ne sied d’ignorer qu’exprès — de l’encombrement intellectuel chez les contemporains ; afin de savoir, selon quelque recours très simple et primitif, par exemple la symphonique équation propre aux saisons, habitude de rayon et de nuée ; deux remarques ou trois d’ordre analogue à ces ardeurs, à ces intempéries par où notre passion relève des divers ciels : s’il a, recréé par lui-même, pris soin de conserver de son débarras strictement une piété aux vingt-quatre lettres comme elles se sont, par le miracle de l’infinité, fixées en quelque langue la sienne, puis un sens pour leurs symétries, action, reflet, jusqu’à une transfiguration en le terme surnaturel, qu’est le vers ; il possède, ce civilisé édennique, au-dessus d’autre bien, l’élément de félicités, une doctrine en même temps qu’une contrée. […] Mon avis, comme public ; et, explorateur revenu d’aucuns sables, pas curieux à regarder, si je cédais à parader dans mon milieu, le soin s’imposerait de prendre, en route, chez un fourreur, un tapis de jaguar ou de lion, pour l’étranger, au début et ne me présenter qu’avec ce recul, dans un motif d’action, aux yeux de connaissance ou du monde.
Point de détails, point de réflexions, quelques descriptions rapides, et toujours une action entraînante. […] Il y a des caractères bien tracés, entre autres celui de Boris ; mais, pour s’être astreint à suivre de trop près l’histoire officielle, il a sacrifié souvent l’action et les effets dramatiques.
Mais de même que, parmi les vérités simples et philosophiques, bon nombre lui ont été inconnues, dont la forme des sociétés ne lui fournissait même pas la matière ; de même, dans l’ordre des vérités de devoir, elle a été bornée à cette sagesse d’instinct qui dirige les actions de l’homme pour le pays et pour le temps où il vit, et qui satisfait, par la même conduite, à la justice des dieux et à celle des hommes. […] À défaut de cette présence continuelle et sans sommeil de la conscience, avertissant chacun et à chaque moment de la moralité de ses actions, et prévenant ainsi la chute, il institua une sorte de conscience extérieure et publique dans la personne de censeurs des mœurs, lesquels s’introduisaient dans les maisons à tous les instants du jour et principalement aux heures des repas, alors que les plus rigides se relâchent, et que la sainteté des élus courait quelque risque.
Enfin l’Esprit des lois parut, et entre l’éclat de son apparition et la mort de Montesquieu quelques années s’écoulèrent, pendant lesquelles il connut qu’il avait fait un chef-d’œuvre, comme on connaît qu’on a fait une bonne action, presque plus par l’ingratitude que par la reconnaissance de ceux qui devaient en profiter. […] Depuis lors, cette action bienfaisante de l’Esprit des lois n’a pas cessé.
J’aurais pu mettre dans la classification que je faisais tout à l’heure une catégorie de plus : ceux qui ne voient rien au-dessus de l’action et prennent le christianisme comme un moyen d’action, esprits communs, si on les compare au penseur.
L’action se passe sous Louis XIII. […] Augier, c’est l’unité, l’ensemble, l’ordonnance, et cette liaison intime des événements sans laquelle une action s’éparpille en épisodes et en hors-d’œuvre.
Les voici, négligeant tous les actes où leur énergie eût pu réussir et s’évertuant à des modes d’action, de sentiment, de pensée qu’ils ont bien pu concevoir et admirer, mais qu’ils ne peuvent reproduire, en sorte que toute leur énergie, détournée des buts accessibles et stimulée vers l’impossible, se dissipe en vains efforts, avorte et fait faillite. […] Rien n’a d’action sur elle qui ne soit image, qui n’ait été préalablement déformé et transposé à son usage par un acte de son imagination.
Il est temps que les hommes de l’action prennent leur place derrière et les hommes de l’idée devant. […] Sans doute, pour rendre ce que nous disons ici sensible par les faits, il est utile qu’un homme puissant ait marqué le temps d’arrêt entre l’écroulement du monde latin et l’éclosion du monde gothique ; il est utile qu’un autre homme puissant, venant après le premier comme l’habileté après l’audace, ait ébauché sous forme de monarchie catholique le futur groupe universel des nations, et les salutaires empiétements de l’Europe sur l’Afrique, l’Asie et l’Amérique ; mais il est plus utile encore d’avoir fait la Divine Comédie et Hamlet ; aucune mauvaise action n’est mêlée à ces chefs-d’œuvre ; il n’y a point là, à porter à la charge du civilisateur, un passif de peuples écrasés ; et, étant donnée, comme résultante, l’augmentation de l’esprit humain, Dante importe plus que Charlemagne, et Shakespeare importe plus que Charles-Quint.
La réputation ressemble à nos locomotives, qui vont longtemps encore après qu’on a suspendu l’action de la vapeur. […] Sans préjudice des cultes particuliers, que ses membres professent ou révèrent, elle a un culte général, commun à tous, comme son dogme, c’est d’établir le règne de Dieu sur la terre comme au ciel , de faire passer dans les faits l’action des lois que l’intelligence a découvertes dans le domaine des idées.
Les feuilletonistes ont, presque tous, un sens exact du mouvement dramatique ; une science de l’horrible et du terrifiant ; une adresse à démêler les écheveaux ; une habileté à laisser pour morts, sur le champ de bataille de l’action, des héros qui ressuscitent pour de longues destinées ; un doigté dans l’usage du point de suspension ; une fidélité au type honorable des bonnes mères, des petites ouvrières laborieuses et des amours éternelles, qui ne sont pas des qualités si méprisables qu’on le croit. […] Cette race, toute portée à l’action, se représente le roman comme une biographie.
Dans son jugement de Rhadamiste, qui parut en brochure, le critique, après avoir reconnu qu’il y a dans la pièce des traits hardis, heureux, et des situations intéressantes, se met à la suivre scène par scène et à démontrer les invraisemblancesk, les incohérences du sujet, l’action peu liée, les caractères peu soutenus ; il n’en laisse à peu près rien subsister : Enfin, dit-il, je n’ai pas d’idée d’avoir jamais lu une tragédie plus embarrassée, plus fausse, et moins intelligible ; j’ai l’avantage de pouvoir dire ici tout ce que je pense, sans crainte de faire tort à l’auteurl ; car, ou je m’égare dans le jugement que j’expose, et en ce cas le public le vengera de moi, ou le public déférera à mes remarques, et en ce cas même il en rejaillira beaucoup de gloire à M. de Crébillon : on estimera à la vérité un peu moins sa pièce, mais il paraîtra d’autant plus grand, qu’il aura mieux trouvé l’art de fasciner les esprits, en leur cachant les défauts de sa tragédie à force de splendeur et de magnificence.
Quand nous intervenons, nous d’une génération déjà autre, au milieu des jeunes gens avec nos souvenirs, nous faisons plus ou moins l’effet de Nestor revenant avec ses éternels combats des Épéens et des Pyliens, au moment le plus intéressant de l’action entre les Troyens et les Grecs, et coupant l’intérêt qui ne demande qu’Achille et qu’Hector.
L’action de la France contre l’Europe était si violente qu’elle devait détruire rapidement tous ses ressorts.
« Faisons en sorte, mon amie, que notre vie soit sans mensonge ; plus je vous estimerai, plus vous me serez chère ; plus je vous montrerai de vertus, plus vous m’aimerez… J’ai élevé dans mon cœur une statue que je ne voudrais jamais briser ; quelle douleur si je me rendais coupable d’une action qui m’avilît à ses yeux !
Est-il impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de peindre la réalité comme elle est, transporterait l’action dans un monde fantastique, donnerait à des idées abstraites une existence réelle, aux êtres réels une vie, en quelque sorte, idéale, un corps, une voix à des nuages, une constitution politique aux habitants de l’air ?
Parmi les exemples auxquels on peut recourir, il est une catégorie où il faut s’arrêter un moment : ce sont ceux qu’on tire des actions de l’homme même qu’on veut persuader.
Soyons doux, amusons-nous, travaillons aussi (comme disait si judicieusement Renan), ne nous effrayons pas de notre action.
Tel est le point de vue original de cet écrivain, tel que chacun peut le vérifier dans son œuvre : dans ses chroniques et ses critiques ; dans ses romans : Mal éclos, histoire d’un répétiteur, — Une belle journée, poème des adultères ratés, roman en trois cents pages dont l’action dure six heures, petit chef-d’œuvre de psychologie bourgeoise, — la Saignée, intéressante évocation des laideurs secondaires du Siège de Paris ; dans son théâtre : mise en drame de Renée Mauperin, — La Pêche, une ironique pochade, — Les Résignés, sa maîtresse œuvre, d’une valeur suprascénique, un oratorio philosophique.
Isolé au milieu d’une nature où tout pour lui était mystère, effaré à chaque manifestation inattendue de forces incompréhensibles, il était incapable de voir dans la conduite de l’univers autre chose que le caprice ; il attribuait tous les phénomènes à l’action d’une multitude de petits génies fantasques et exigeants, et, pour agir sur le monde, il cherchait à se les concilier par des moyens analogues à ceux qu’on emploie pour gagner les bonnes grâces d’un ministre ou d’un député.
Là, au point d’apparition du christianisme et au centre d’action de son fondateur, devrait s’élever la grande église où tous les chrétiens pourraient prier.
Elle est, dans le domaine des idées, une époque d’action, de combat.
Les Lettres de la nouvelle Héloïse, considérées comme un Roman, n’ont presque rien de commun avec les regles qu’on doit observer dans ces sortes d’Ouvrages ; plan mal ordonné, intrigue vicieuse, développement pénible & trop lent, action foible & inégale, caracteres hors de nature, personnages dissertateurs, & par-là même ennuyeux.
On peut dire même que ce n’en est pas un, puisqu’un apologue doit offrir une action passée entre des animaux, qui rappelle aux hommes l’idée d’une vérité morale, revêtue du voile de l’allégorie.
Sur le devant, une autre danseuse qui tient son enfant par la main ; l’enfant danse aussi, mais il a les yeux attachés sur l’horrible tête, et son action est mêlée de terreur et de joie.
Il ne les opposa point à ses belles actions : Cesar fut saisi.
Mais comme il faut du talent et du travail pour animer le marbre d’une figure antique, et pour faire d’une statuë un personnage vivant, et qui concoure à une action avec d’autres personnages, on est loüé de l’avoir fait.
Mais à côté et au-dessous de ces colosses, à côté et au-dessous de ces dramaturges complets de la double action humaine et du double récit, il y a le tragique, comme Tacite, par exemple, et le comique, beaucoup plus rare.
C’est l’âme humaine dans son action, dans son jaillissement, l’âme humaine frappant sur l’âme humaine sans autres moyens qu’elle-même ; car Shakespeare se souciait bien du décor, du costume, et de toutes ces recherches byzantines d’un art qui se fait savamment petit, depuis qu’il a cessé d’être grand !
Enfantin qui, s’il n’a pas été Dieu, en a été bien près, condamne la guerre, par amour et respect de la chair, avec ces lâchetés d’humanitaire, qui auraient fait reculer le droit humain de plus d’un siècle, si elles avaient eu dernièrement de l’action à Sébastopol.
C’est un grand poète d’action dans la vie, avant de l’être de contemplation dans ses écrits.
Mais au fond, on le voit très bien, c’est un faux indien, un faux mystique, qui ne croit pas du tout que « toute action soit un péché », même celle d’imprimer chez Malassis tout un gros volume de poésies.
Je sais bien qu’il y a, dans Cicéron même, de ces petits détails de vanité ; mais, dans l’orateur romain, ces faiblesses d’amour-propre sont relevées par la beauté du style, par une éloquence harmonieuse et douce, par une certaine fierté de sentiment républicain qui s’y mêle, enfin par le souvenir de ses grandes actions, et le parallèle qu’il fait souvent de lui-même et de ses travaux, avec ces grands de Rome, endormis sous les images de leurs ancêtres, fiers d’un nom qu’ils déshonoraient, inutiles à l’État et prétendant à le gouverner, rejetant tous les travaux et aspirant à toutes les récompenses.
Enfin, Renan est un exemple particulièrement intéressant et curieux de la réciprocité d’action que l’esprit du siècle et le génie d’un grand écrivain peuvent exercer l’un sur l’autre. […] Mais les minorités doivent remplacer la force que le nombre ne leur donne pas, par celle qui se tire du mouvement et de l’action. « Si tôt qu’un pays s’agite, écrit l’admirable auteur de l’Avenir de la Science 32, nous sommes portés à envisager son état comme fâcheux. […] L’action à distance des grands solitaires est possible, mais rare. […] » L’inimitié d’un homme puissant peut prolonger durant des siècles son action meurtrière. […] Peu ou prou, tous, nous en sommes atteints, nous qui tenons une plume, depuis qu’il y a une profession d’hommes de lettres, depuis que le mandarin a succédé au patriote, au citoyen, au soldat, au héros de l’action, qui voulait être un homme avant d’être un auteur, à l’exemple du poète Eschyle, assez grand pour ne se souvenir, dans son épitaphe, que d’avoir fait son devoir à Marathon.
J’ajouterai, pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de ce beau roman historique, que son action évolue pendant les guerres de la fin du premier empire et qu’il pourrait presque être considéré comme une suite de documents politiques contenus dans une action des plus intéressantes. […] Examinez bien ceux qui craignent tant les journalistes et ne croyez pas que ce qu’ils redoutent d’eux soit le récit des bonnes actions qu’ils ont faites, font ou doivent faire ; bien au contraire ! […] L’action de la nouvelle intitulée : la Casserole, se passe dans un tapis-franc où une fille publique va être égorgée. […] J’ai dit qu’il était courageux ; il l’est à ce point qu’il risque sa vie pour sauver toute une famille d’un incendie, et qu’un prix de 3 000 francs lui est décerné par l’Académie pour sa belle action. […] Lorsque commence l’action, les deux amis sont séparés par les nécessités de leurs carrières.
Et somme, il continua à faire toutes actions d’homme de bon jugement, et peu à peu cette cogitation mélancolique lui passa. […] L’unité d’action y est fort abandonnée. […] Celle de Corneille ne réussit pas, non plus que la pièce d’Othon, donnée par lui en 1664, et qui manque d’action. […] Il y a plus d’esprit que d’art, et peu de cette verve, de ce pathétique qui enlève le spectateur, le passionne pour les personnages et pour l’action. […] Le plus sérieux reproche qu’on puisse lui faire, c’est de donner trop au récit, quelquefois au détriment de l’action.
« La principale cause des changements esthétiques est un simple jeu d’action et de réaction. […] Elle consiste à montrer les sentiments en marche et en action. […] Un bon plan est nécessaire, aussi bien pour un roman d’action que pour un roman psychologique. […] Je dis seulement que la description archéologique, devenue désormais une condition du roman historique, ne doit ni submerger l’action ni être plaquée ou distribuée par morceaux. […] La conversation publique y fut d’abord religieuse, et prit très vite une tournure politique qui élargit son champ d’action et son auditoire.
Quelle terrible et saisissante figure que celle de ce mari qui, portant dans sa main gauche le code, et dans sa main droite un pistolet, plane sur toute l’action comme une redoutable énigme ou comme une vivante menace ! […] Dumas fils, l’action marche à son dénouement avec la rapidité d’une flèche. […] C’était l’heure par excellence de l’action, et de l’action toute seule. […] — Il releva momentanément les âmes, mais ce fut pour les jeter peu à peu dans cette sorte de surexcitation fiévreuse et de tristesse factice qui est devenue la maladie chronique de la première moitié de ce siècle, et où se sont émoussées tant de qualités de force, d’énergie d’action, de vertus d’esprit. […] Par quelle étrange privauté d’une critique prude et sermonneuse, mettiez-vous dans le grand romancier un malhonnête homme, et une mauvaise action dans chacun de ses ouvrages ?
Aussi sa vue faisait rêver de bonnes actions, et on ne se souvenait pas d’elle sans avoir envie d’être meilleur. […] je le répète, mon cœur le sent vivement, mais il m’est impossible de l’exprimer : mon art ne consiste pas en paroles, mon art est tout en action. […] « Ce sont, dit l’artiste en cette occasion, de telles actions que j’aime à retracer. […] Sous son règne, toutes les pensées, toutes les actions se rapportent à la patrie : mourir pour elle, c’est acquérir l’immortalité ; les sciences et les arts sont encouragés. […] Aussi, dans les actions ordinaires de la vie comme dans sa carrière d’artiste, ne put-il jamais supporter une contradiction.
Mais, en proclamant l’indépendance de l’Église à l’égard des formes de gouvernement, comme en s’occupant des questions ouvrières avec une sollicitude particulièrement active, et comme en travaillant à préparer dans un lointain avenir la réconciliation en une des diverses communions chrétiennes, il a fait trois grandes choses, — dont la première conséquence a été de rendre au catholicisme, et généralement à la religion, leur part d’action sociale. […] Il faut vivre d’abord, et la vie n’est pas contemplation ni spéculation, mais action. […] Dans son Abrégé de l’histoire de France, écrit pour le Dauphin, et en partie par le Dauphin lui-même, dont Bossuet se contentait parfois de corriger la « rédaction d’histoire, voici comment il est parlé de la Saint-Barthélemy : « Pour imprimer davantage la conspiration dans les esprits, on rendit à Dieu des actions de grâces publiques sur la prétendue découverte. Ces grimaces n’imposèrent à personne, et l’action qu’on venait de faire fut d’autant plus détestée de tous les gens de bien qu’on ne put trouver un prétexte qui eût la moindre apparence.
Dans quelque temps que vécût le héros, il pouvait tracer pour le costumier un dessin exact des vêtements qu’il portait ; dans quelque lieu que se passât l’action, il pouvait donner au décorateur un croquis fidèle du lieu où s’accomplissait la scène. […] Il est question non seulement d’une belle ode, mais d’une sainte action. […] Mais, que voulez-vous, mon cher ami, j’en suis à ne plus compter les bonnes actions qui ne me coûtent que 1 500 fr. J’en étais donc là, me reposant sur ma bonne action, quand j’appris que la pauvre Revue de Paris avait revêtu le cilice politique.
XVI En philosophie comme en amour, il est de ces esprits grossiers qui vont droit au fait, ils pensent aussitôt à réaliser ; c’est supprimer le plus délicat des plaisirs, qui est de connaître le vrai, de le goûter, et de savoir qu’il s’altère aussitôt qu’on le veut mettre en action parmi les hommes.
Les corps académiques actuels, par la manière dont ils sont composés et dont ils se recrutent, sont voués pour longtemps peut-être à la bouderie ou à une médiocre action publique.
Les esprits médiocres sont, en général, assez satisfaits de la vie commune ; ils arrondissent, pour ainsi dire, leur existence, et suppléent à ce qui peut leur manquer encore, par les illusions de la vanité ; mais le sublime de l’esprit, des sentiments et des actions doit son essor au besoin d’échapper aux bornes qui circonscrivent l’imagination.
Tout était jeu d’esprit en France, hors les arrêts du conseil du roi : tandis qu’en Angleterre, chacun pouvant agir d’une manière quelconque sur les résolutions de ses représentants, l’on prend l’habitude de comparer la pensée avec l’action, et l’on s’accoutume à l’amour du bien public par l’espoir d’y contribuer.
Don Juan, au milieu du naufrage de toutes ses croyances, s’aperçoit qu’il conserve encore le sentiment de l’humanité, et, au nom de ce sentiment, fait la seule bonne action de sa vie.
Ils contemplent avec lui les ruines du passé ; ils savent qu’en se retrouvant là, le Maître oubliera la vie d’apparence et d’action qu’avec eux il a menée, qu’il ne lui en restera que des regrets.
Il a la flamme, l’action et la virtuosité : il a 29 ans !
À la fin de cette pièce du Triomphe de la médecine, lorsque Scaramouche avait consenti au mariage de sa fille avec Cintio, à condition qu’on le fera recevoir docteur en médecine, on en faisait la cérémonie et l’on récitait les vers macaroniques composés par Molière, en les amplifiant beaucoup et en y ajoutant la bastonnade qui était traditionnelle sur le théâtre italien « et inséparable de l’action ».
Un beau sentiment vaut une belle pensée ; une belle pensée vaut une belle action.
L’Auteur a trop oublié que, dans un Poëme comme dans un Tableau, tout doit se rapporter au personnage principal ; que les figures du second ordre ne doivent avoir d’action, d’attitude, & d’énergie, que pour faire ressortir la figure essentielle.
Et je me mis à fouiller mes albums, et je trouvai le recueil qui porte pour titre : Sei tû Guishi deu (Les Chevaliers du devoir et du dévouement), ou le peintre Kouniyoshi nous représente les ronins dans l’action de l’attaque du yashki de Kotsuké : l’un portant une bouteille d’alcool « pour panser les blessures et faire de grandes flammes afin d’épouvanter l’ennemi », l’autre « tenant deux chandelles et deux épingles de bambou pour servir de chandeliers », celui-ci éteignant avec de l’eau les lampes et les braseros, celui-là ayant aux lèvres le sifflet « dont les trois coups prolongés » doivent annoncer la découverte de Kotsuké ; et presque tous dans des poses de violence et d’élancement, brandissant à deux mains des sabres et des lances, et tous enveloppés d’un morceau d’étoffe de soie bleue, avec leurs lettres distinctives sur leurs uniformes, leurs armes, leurs objets d’équipement, et tous ayant sur eux un yatate, écritoire de poche, et dans leur manche un papier expliquant la raison de l’attaque57.
Son zèle le mena quelquefois trop loin : mais il en racheta les fougues & l’imprudence par des actions du meilleur des citoyens.
Mais l’homme étant oblige de mettre la moralité dans toutes ses actions, il cesse, lorsqu’elles n’en ont pas, de faire un bon usage de sa raison.
Dans une contrée où le culte oblige à la confession, qui est assez bonne quand elle est faite par un pénitent sincère et entendue par un honnête homme, et où l’on va demander au premier venu l’absolution qui est toujours mauvaise, il faut deux professeurs de la science des conseils, du jugement des actions et de la nature des réparations et expiations.
Un homme plus savant sur la Grèce que Debay, malgré son séjour dans le Péloponèse, et dont le talent a pour caractère distinctif une sagacité redoutable, Prosper Mérimée, a regretté quelque part, avec le sentiment d’une curiosité indigente et trompée, cette absence de mémoires, qui nous enlève d’un seul coup la moitié du monde grec sans espoir de la retrouver, et précisément la moitié dans laquelle se produisaient, en se variant, l’influence et l’action des courtisanes.
Ainsi, un Macbeth manqué et dépareillé, un Macbeth bourgeois, qui n’a jamais senti, comme l’autre, entre ses deux épaules, l’inflexible bras tendu de la vigoureuse femme qui le pousse à l’action, voilà le Louis-Philippe que Crétineau-Joly a entrevu, mais qui, s’il l’avait regardé plus longtemps, lui aurait expliqué ce piètre règne qu’on a appelé le règne du juste milieu pour en dissimuler, sous ce nom-là, les pusillanimités et les tristesses !
Il rappelle, par la variété des connaissances et des aptitudes, un autre Italien de son siècle, monstrueux, il est vrai, dans l’ordre physique de l’action, mais charmant dans l’ordre de l’esprit, l’aventurier Casanova, dont on dit aussi : que ne fut-il pas et que n’aurait-il pas pu être ?
Jules Simon n’est pas, comme on pourrait le croire, un ignorant en christianisme ; et malgré la simplicité, chère aux esprits vulgaires, de sa religion naturelle dont il nous donne les preuves humaines, psychologiques, individuelles et par conséquent peu obligatoires, ce qu’il y a d’illusionnant et de dangereux dans cette religion, à portée de toutes les faiblesses, c’est encore ce que le christianisme, dont l’action nous pénètre comme la lumière, y a versé d’influence secrète et démentie !
Martin Doisy catholique, aussi à l’aise dans son sujet que les protestants le sont peu, par la raison naturelle que pour juger l’Église qui n’a jamais varié, il ne faut pas être devenu — si tard que cela ait été — l’ennemi de cette Église, Martin Doisy a montré par tous les développements de son ouvrage que la charité, qui a sauvé et nourri le monde, n’a pas concentré son action dans les premiers temps du christianisme.
Nature nerveuse et contemplative, si nerveuse, sous les placidités extérieures de la force, qu’il ne pouvait rester dans les ténèbres, et si contemplative, que jusqu’à plus de moitié de sa vie il porta à son insu la puissance de l’action dans le fond mystérieux de son être, comme il y portait aussi la puissance des passions charnelles qui éclatèrent si tard en lui et qui finirent par dégrader sa calme et grande physionomie.
La coupe de porcelaine fine et transparente se fêle sous l’action des substances empoisonnées qu’on y verse… Gérard, fou un instant, et qui nous a donné, dans Le Rêve et la Vie, une photographie de son état de fou, enlevée par un procédé de mémoire rétrospective sur lequel on peut juger de ce qu’était en lui la faculté de la mémoire, retomba fou, après avoir guéri une première fois.
C’est le sublime de la bonté conçue, presque égal à celui de la bonté de l’action… Seulement, comme un palais qui serait taillé dans une perle, il faut voir les détails de cette création inexprimable à tout autre qu’au poète qui a su en faire trois chants, qu’on n’oubliera plus tant qu’il y aura un cœur tendre et un esprit poétique dans l’univers, mais qui n’en sont pas moins trop purs et trop beaux pour cette grossièreté de lumière, de bruit et d’éclat qu’on appelle la Gloire !
Sans doute, avec le mécanisme de notre langue, l’action de la rime et du rythme sur la pensée est incontestable, mais on est allé beaucoup trop loin à cet égard et on a renversé toute hiérarchie de fonction et toute ordonnance de résultats.
» Évidemment, chez ce M. de Châtillon, beaucoup de pensées, — celles-là que le cœur garderait, — sont venues sous l’action de ce vin, quoique, hélas !
Néanmoins dans le temps même où le gouvernement romain était déjà devenu démocratique, les formules d’actions étaient suivies si rigoureusement qu’il fallut toute l’éloquence de Crassus (que Cicéron appelait le Démosthène104 romain), pour que la substitution pupillaire expresse fût regardée comme contenant la vulgaire qui n’était pas exprimée.
Tel est cet hymne d’actions de grâces que le chantre Arion, sauvé des flots par un dauphin, aurait adressé au dieu Neptune : « Dieu de la mer, ô le plus grand des dieux, Neptune au trident d’or, toi qui de tes ondes embrasses la terre !
Il est certain qu’il n’en déduira pas d’application prochaine, et qu’il ne donnera pas au pauvre de recours ou d’action contre le riche. […] Les personnages se présentent par couples, et l’action marche par scènes pour ainsi dire parallèles. […] La concession du privilège, l’approbation du censeur, l’autorité du directeur de la librairie ne pouvaient pas avoir pour effet d’arrêter l’action du ministère public. […] L’erreur de l’abbé napolitain, d’ailleurs, est assez familière aux hommes d’État, ou pour mieux dire aux hommes d’action. […] Cependant, de droite et de gauche, l’action se déroule par le développement de deux groupes symétriques ; ils contiennent chacun cinq personnages, dont les attitudes se balancent et s’équilibrent ; les couleurs aussi se répondent.
Elle semble manquer de proportion avec les faits, car elle n’est jamais réglée par l’action. […] Morris a toujours mieux aimé le roman que la tragédie, et place le développement de l’action au-dessus de la concentration de la passion. […] Résoudre l’action en pensée, et la pensée en abstraction, tel était son but criminel et transcendant. […] Il sait que de même que les meilleurs propos sont ceux qu’on ne tient jamais, de même la meilleure action est celle qu’on n’accomplit jamais. […] Il ne tente jamais de « réaliser ses bonnes actions. » Il ne se dépense jamais en effort.
Mais ces peintures mélancoliques ne le montraient point tout entier ; on allait avec lui dans le pays du soleil, vers les molles voluptés des mers méridionales ; on revenait par un attrait insensible aux vers où il peint les compagnons d’Ulysse qui, assoupis sur la terre des Lotos, rêveurs heureux comme lui-même, oubliaient la patrie et renonçaient à l’action. […] La guerre vient, la guerre libérale et généreuse, la guerre contre la Russie, et le grand cœur viril se guérit par l’action et par le courage de la profonde blessure de l’amour. […] Il leur a fait mettre leurs mains dans les siennes, jurer de respecter leur roi comme s’il était leur conscience, et leur conscience comme si elle était leur roi ; de ne point dire de calomnie et de n’en point écouter ; de passer leur douce vie dans la plus pure chasteté ; de n’aimer qu’une jeune fille, de s’attacher à elle ; de lui offrir pour culte des années de nobles actions. » Il y a une sorte de plaisir raffiné à manier un pareil monde ; car il n’y en a point où puissent naître de plus pures et de plus touchantes fleurs.
. — Tai-tsong était si frappé que l’histoire fît mention des paroles, des actions et des fautes de ses prédécesseurs, qu’il s’observait avec beaucoup de soin, et s’effrayait lui-même par la pensée de ce qu’on dirait de lui dans la suite des siècles. « Je me juge moi-même, disait-il, par les choses que je blâme et que j’improuve dans mes prédécesseurs. […] « Toutes mes actions ont leur temps déterminé. […] La France le compense par mille chefs-d’œuvre d’imagination et de raison ; son génie a plutôt les formes du drame, parce que ce génie est surtout en action.
V Nul ne peut nier que ceci ne soit le résumé parfaitement historique de l’institution de la papauté, et de son action séculaire pour rassembler autour d’un centre commun les débris de l’Italie, pour la défendre des barbares, pour la disputer à l’empire germanique et pour faire de ses membres épars une unité papale, au lieu d’une unité romaine : à ce titre, les historiens philosophes les moins chrétiens, tels que Gibbon, Sismondi, Ginguené, Voltaire lui-même, constatent les services réels rendus par la papauté à l’Italie dans le courant des siècles. […] » répondit-il en soupirant et après un long silence, « un homme peut s’estimer heureux quand il réussit à faire une belle action, bien que les apparences n’en soient pas toutes également belles. […] Trahi par un Piémontais son complice, il subit le supplice, malgré les injonctions du duc de Savoie, qui avoua sa propre complicité dans l’action, et qui menaça la république de sa vengeance.
Elle est le songe du matin des grandes vies ; elle contient en ombres toutes les réalités futures de l’existence ; elle remue les fantômes de toutes choses avant de remuer les choses elles-mêmes ; elle est le prélude des pensées et le pressentiment de l’action. […] Ils étudiaient ensemble : l’acteur, à imiter les intonations, les attitudes et les gestes que la nature inspirait d’elle-même à Cicéron ; l’orateur, à imiter l’action que l’art enseignait à Roscius ; et, de cette lutte entre la nature qui imite et l’art qui achève, résultait, pour l’acteur et pour l’orateur, la perfection, qui consiste, pour l’acteur, à ne rien feindre au théâtre qui ne jaillisse de la nature, et, pour l’orateur, à ne rien professer à la tribune qui ne soit avoué par l’art et conforme à la suprême convenance des choses, qu’on nomme le beau. […] La destinée semblait lui donner tout à la fois, au commencement de sa vie, cette dose de bonheur et de calme qu’elle mesure à chacun dans sa carrière, comme pour lui faire mieux savourer, par la comparaison et par le regret, les années de trouble, d’action, de tumulte, d’angoisse et de mort dans lesquelles il allait bientôt entrer.
Non, il lui fallait un tragique, un tragique digne d’elle, un tragique aussi riche d’imagination que Shakespeare, aussi grandiose et aussi forcené que Corneille, aussi surnaturel que Goethe, aussi tendre que Schiller, et de plus il fallait que toutes ces supériorités de poète se rencontrassent confondues avec une supériorité de caractère et de volonté, que cet homme à la fois littéraire et politique allumât la torche de ses actions à l’étincelle de son génie, et fît glorieusement agir l’Italie après l’avoir fascinée ! […] De cette méthode, que j’ai voulu caractériser avec détail, il est peut-être résulté une chose : c’est que mes tragédies dans leur ensemble, et malgré les nombreux défauts que j’y vois, sans compter tous ceux que peut-être je n’y vois pas, ont du moins le mérite d’être, ou, si l’on veut, de paraître pour la plupart venues d’un seul jet et rattachées à un seul nœud, de telle sorte que les pensées, le style, l’action du cinquième acte s’identifient étroitement avec la disposition, le style, les pensées du quatrième, et ainsi de suite, en remontant jusqu’aux premiers vers du premier, ce qui a du moins l’avantage de provoquer, en la soutenant, l’attention de l’auditeur, et d’entretenir la chaleur de l’action.
À chaque instant il s’incline, la gorge en bas, de manière à toucher presque l’objet sur lequel il se tient ; puis, étendant tout d’un coup son pied nerveux que seconde l’action de ses ailes concaves et à moitié tombantes, il se redresse et s’élance, en portant sa petite queue constamment retroussée. […] Quand je parus dans la grotte, le mâle se précipita violemment à l’entrée, fit claquer plusieurs fois son bec avec un bruit strident, accompagnant cette action d’une note prolongée et tremblante dont je ne tardai pas à deviner le sens. […] Je courus reprendre ma place et j’écoutai, réellement stupéfait de ce bruit du dedans, que je ne puis mieux comparer qu’au sourd roulement d’une large roue sous l’action d’un puissant cours d’eau.
Les génies purement d’art et de forme, et de phrases, dénués de ce germe d’invention fertile, et doués d’une action simplement viagère, se trouvent en réalité bien moins grands qu’ils ne paraissent, et, le premier bruit tombé, ils ne revivent pas. […] — Vous avez pleinement raison, dit Goethe, et voilà pourquoi le livre encore maintenant a sur un certain moment de la jeunesse la même action qu’il a eue autrefois. […] « — Je veux à l’avenir, dit-elle, éviter soigneusement toute action injuste, et, sur les actes injustes d’autrui, je dirai hautement dans le monde et à la cour mon opinion.
Telles étaient les grandes actions de Toscar ; mais Toscar est maintenant sur le nuage qui vole dans les airs, et je suis resté seul à Lutha. […] CARTHON Événements des siècles passés, actions des héros qui ne sont plus, revivez dans mes chants ! […] Deux guerriers fameux, ô Malvina, reposent dans cette vallée… Revivez dans mes chants, événements des siècles passés, actions des héros qui ne sont plus !
On a le lieu de la scène, le pays, dessiné à grands traits, de quoi s’y orienter et voir de la meilleure place ce qui va se passer ; les personnages introduits au bon moment ; l’action, les grands mouvements, les manœuvres qui décident ; la tactique intelligible pour tout le monde, sans cette affectation de stratégie qui, sous la plume d’un homme de lettres, dénote la prétention et inspire la défiance. […] Il y a d’autres historiens pour nous donner les suprêmes beautés du genre, les motifs secrets des actions, le fond des affaires et des cœurs, et cette science de la vie humaine dont nous sommes plus curieux à mesure que la nôtre s’écoule ; mais aucun n’a possédé plus que Voltaire le don de peindre et d’être expressif en restant simple. […] Sa description n’est que le récit même de ses pensées ; elle n’est pas un hors-d’œuvre ; elle . est l’action au moment même où le goût du lecteur la voulait sous cette forme.
Les mathématiques elles-mêmes, bien que n’apprenant rien sur la réalité, fournissent des moules précieux pour la pensée et nous présentent, dans la raison pure en action, le modèle de la plus parfaite logique. […] L’action spontanée n’a pas besoin d’être précédée de la vue analytique. […] Il y a des lois, mais des lois très profondes ; on n’en voit jamais l’action simple, le résultat est toujours compliqué de circonstances accidentelles.
Malheureusement la pensée, quand elle n’est pas supérieure ou très originale, c’est embêtant, tandis qu’une action même médiocre se fait accepter, et amuse par son mouvement. […] Hier, c’était le divorce, dont nous parlions, le divorce, ce tueur du mariage catholique, ce radical métamorphoseur de la vieille société, dont il comparait l’action, en un temps prochain, à la trouée, au-dessous de la flottaison, dans les flancs d’un navire en train de couler. […] Il vient de la mêlée de la délicatesse des sentiments, du style et de l’action, avec son réalisme théâtral.
Ces personnages ne concourent à aucune action une ou collective ; ils passent, comme une revue de fantômes, devant les yeux du poète et du lecteur ; c’est la procession des ombres dans la nuit des temps ; c’est comme la Danse des Morts des peintres allemands du moyen âge. […] Dans la Divine Comédie, au contraire, il n’y a, comme on voit, ni unité de personnages, ni unité d’action ; c’est une succession d’épisodes sans rapport les uns avec les autres, où l’intérêt se noue et se brise à chaque nouvelle apparition de personnages devant l’esprit, et où cet intérêt, sans cesse noué, sans cesse brisé, finit par se perdre dans la multiplicité même de personnages, et par donner au lecteur l’éblouissement d’une foule. […] » XXV En effet, jusqu’à la fin du dernier chant, son poème, sans action, sans drame, et par conséquent sans dénouement, n’est plus qu’un éblouissement d’étincelles, de feux, de flammes, de lueurs, d’ailes, de fleurs volantes, de trinités lumineuses, resplendissantes dans une seule étoile, de visages rayonnants d’auréoles, de cercles inférieurs se fondant dans d’autres cercles supérieurs, comme les plans superposés de bienheureux échelonnés par tous les peintres d’apothéoses dans les dômes des cathédrales ; saint Bernard, la Vierge Marie, Rachel, Sara, Rebecca, Judith, saint Jean, saint Benoît, saint Augustin, saint Pierre, sainte Anne, Ésaü, Jacob, Moïse, sainte Lucie, patronne de Palerme, y chantent des Hosanna éternels.
L’action ? […] L’action est la première chose à ses yeux ; il ne la sépare point de la vie, et il n’a point tort. […] Rod ne dément point les promesses du titre : c’est du Schopenhauer en action, et, si l’on veut, par endroits, du Schopenhauer de premier ordre. […] À ses qualités d’analyse et d’observation, il joint l’attrait d’une action piquante et mouvementée » ; — M. […] Ohnet étaient écrits en slave, que l’action se passât à Saint-Pétersbourg ou à Nijni-Novogorod, et qu’enfin M.
L’action se passait chez un marquis. […] C’est là un de ces petits traits qui vous renseignent sur un caractère aussi bien que de grandes actions. […] Vous rêviez, dans votre Homme libre, la vie d’action, qui vous permettrait de faire sur les autres et sur vous un plus grand nombre d’expériences et, par là, de multiplier vos plaisirs. […] Après l’ironie écrite, vous pratiquerez l’ironie en action. […] Cela prouve que nous sommes un très vieux peuple, et qui fut puissant par l’action et par la parole.
« Il a fait aussi plus d’un emprunt à la comédie espagnole ; mais avec quel art infini il a su franciser ces figures, et les faire se mouvoir dans une action nouvelle ! […] » Ce que Molière a emprunté surtout aux Italiens, c’est l’action dramatique, l’art d’embrouiller adroitement une intrigue et de faire agir ses personnages au lieu de les laisser trop longuement parler. […] Elle affecte une nonchalance dans son parler et dans ses actions. […] Ou bien encore : Tu ne naquis jamais que pour faquiniser ; Ces rôles d’amoureux ont l’action trop tendre. […] À dire vrai, il est peut-être clément et modéré dans ses calomnies, ce maître drôle, comparé à l’illustre inconnu qui n’est passé à la postérité que grâce à une mauvaise action.
En action, c’est autre chose. […] Ne l’oublions jamais : l’art n’a d’action que s’il est sincère. […] Le sujet, c’est la figure principale ; le verbe, c’est l’action qu’elle accomplit ; le complément, ce sont les figures accessoires sur lesquelles se porte son action. […] Essaie-t-on de les maintenir de force en action, ils se contracteront à l’excès. […] Nous voulons que chacun d’eux exprime par une émotion particulière la part qu’il prend à l’action.
L’action est en Italie, surtout à Rome, sous Marc-Aurèle. […] Ce grand homme d’action avait toutes les rudesses de l’emploi. […] On sait qu’il mena d’abord une vie d’action. […] Telle est l’action prépondérante de Schiller sur l’œuvre de celui que M. […] C’est son principe de pensée et d’action.
Que deviendront quatre pages charmantes, écrites dans un feuilleton, entre le catalogue des actions vertueuses des quatre-vingt-six départements et le narré d’un vaudeville d’avant-hier ? […] C’est aussi une généreuse action, dont peu de gens seraient capables. […] C’est commettre une action dangereuse et coupable que de jeter une question si haute dans la rhétorique d’un programme électoral. […] Vous me jugerez mal, mon action est folle, on ne se livre pas ainsi à un inconnu. […] L’action y est aussi simplifiée que dans les comédies de M. de Curel ou de M.
« Souvent toute une ville est châtiée à cause du crime d’un homme qui a ourdi de mauvaises actions. » (Entendez-vous, gens de Thespies ? […] Lorsque dans le monde tu servais Dieu et que tu priais et jeûnais jour et nuit, Dieu ordonnait à ton ange Riduan de m’emporter sur ses ailes, afin que, des hauteurs célestes, je pusse contempler tes bonnes actions. […] Rien ne nous prouve mieux la force du rêve sur l’action. […] Ce n’était plus par leur naturalisme métaphysique ni par leur science que les Allemands menaçaient la culture française, c’était par l’action directe. […] Dès cette époque commençait son admirable intimité que la mort seule devait interrompre, avec une mère dont la droiture, l’intelligence virile, la culture exceptionnelle, la tendresse, eurent tant d’action sur son caractère et son talent.
Dans une autre lettre de date postérieure, également adressée à Delaroche, c’est le peintre, l’artiste qui reparaît, et avec un sérieux, un bon sens, un commencement de résignation qui montre que les années ont produit leur effet, leur action raisonnable : « 15 avril 1852. […] À côté des actions, il avait des mots fins, spirituels.
Voici un tableau résumé des prix, encouragements et récompenses dont l’Académie française est la dispensatrice et l’organe ; on verra mieux par ce détail de quels moyens d’action elle dispose. […] La première fondation est affectée aux prix de vertu : il s’agit, aux termes du testament, de récompenser annuellement le Français pauvre ayant fait dans l’année l’action la plus vertueuse.
Si l’on demeure à ce point de vue stérile, il n’est aucune raison pour se remuer davantage, et l’on cesse toute action confiante et suivie à l’âge même où le génie déploie la sienne. […] L’action était finie, et les Anglais continuaient de canonner.
On a pourtant acquis des résultats incontestables de bien-être sinon de gloire, l’égalité dans les mœurs sinon la grandeur dans les actions, les jouissances civiles sinon le caractère politique, la facilité à l’emploi des industries et des talents, sinon la consécration de ces talents à l’intérêt général d’une patrie. […] Ses Mémoires contiennent de brillants et véridiques portraits de ses amis, un peu à la Plutarque ; mais il est plus curieux de les retrouver saisis par elle dans l’action même et sous le feu de la mêlée, confidentiellement et non plus officiellement, dans le privé et non pour la postérité.
Quant à Voltaire, meneur infatigable, d’une aptitude d’action si merveilleuse, et philosophe pratique en ce sens, il s’inquiéta peu de construire ou même d’embrasser toute la théorie métaphysique d’alors ; il se tenait au plus clair, il courait au plus pressé, il visait au plus droit, ne perdant aucun de ses coups, harcelant de loin les hommes et les dieux, comme un Parthe, sous ses flèches sifflantes. […] La tête haute et un peu chauve, le front vaste, les tempes découvertes, l’œil en feu ou humide d’une grosse larme, le cou nu et, comme il l’a dit, débraillé, le dos bon et rond, les bras tendus vers l’avenir ; mélange de grandeur et de trivialité, d’emphase et de naturel, d’emportement fougueux et d’humaine sympathie ; tel qu’il était, et non tel que l’avaient gâté Falconet et Vanloo, je me le figure dans le mouvement théorique du siècle, précédant dignement ces hommes d’action qui ont avec lui un air de famille, ces chefs d’un ascendant sans morgue, d’un héroïsme souillé d’impur, glorieux malgré leurs vices, gigantesques dans la mêlée, au fond meilleurs que leur vie : Mirabeau, Danton, Kléber.
Le parquet subitement s’avise d’intenter cette action en masse contre les journalistes sous prétexte de compte rendu ! […] Je parlerai donc de l’article il comme j’en ai pensé le jour où il a inopinément surgi et où il a été si subitement accepté : Cet article (à l’attaquer au fond, et sinon dans l’esprit particulier qui l’a dicté, du moins dans les conséquences qu’il recèle) me paraît une garantie assurée sans doute contre l’indiscrétion des écrits, mais une garantie qui sera tout à l’appui et en faveur du dérèglement des actions.
De là les lois sur la génération pure de l’espèce, sur l’autorité paternelle, sur la piété filiale ; instincts changés en devoirs de tous les côtés ; spiritualisme de cette trinité plus morale que charnelle ; sollicitude pour l’enfant, assistance dans l’âge mûr, tendresse et culte pour la vieillesse, le plus doux des devoirs, la justice en action, la reconnaissance, mille vertus en un seul devoir ! […] Partout la fraternité en action imposant aux forts la tutelle des faibles, aux riches la responsabilité des pauvres par l’assistance, obligatoire quoique volontaire, du travail et de la charité.
« Ranime, ô mon esprit, tes facultés endormies ; chasse de tes yeux ce sommeil perfide qui leur dérobe la vérité ; réveille-toi enfin, et reconnais combien est vaine, inutile et trompeuse toute action qui n’est pas dirigée par une raison supérieure à nos désirs. […] de quel bonheur nous jouirions si la raison, qui doit régler toutes nos actions, avait eu sur nous plus d’empire !
L’enseignement moderne, seul, nous procurera de bons industriels. » Mais, si maintenant, il est démontré que cet enseignement moderne, que l’absence de culture générale, est plutôt nuisible qu’utile aux ingénieurs, aux hommes d’action, à tout le monde, que restera-t-il donc de cet argument-là ? […] C’est la vertu de notre nourriture, c’est la force de notre sang qui nous arrête au moment de commettre une mauvaise action littéraire.
En effet, l’action dramatique tout entière se concentre autour de sa personne, et en dehors d’elle il n’y a qu’Ortrud, sa rivale, qui soit vivante ; Lohengrin n’est guère qu’un spectateur. […] Le second acte fait, en partie, exception ; les thèmes énoncés dans l’ouverture forment la trame ; ceux exprimant les motifs d’action d’Ortrud sont si puissamment « Beethovéniens », que, divisés, intervertis, subdivisés (même réduits à deux notes), ils se prêtent aux plus subtiles nuances, et impriment au tout le sceau de l’unité.
Cette action d’Hamilcar, qui fut le chef-d’œuvre et la couronne de son savoir dans l’art militaire, et le salut d’une république très puissante tombée dans les extrémités les plus tristes, cette action, dis-je, se trouve dépouillée d’une infinité de circonstances très importantes pour l’intelligence d’un événement si mémorable.
Qu’on ne me blâme point en ceci ; j’aurai le courage d’agir et d’achever mon action. » Un nouveau drame semble commencer avec ces paroles ; Eschyle l’a brusquement arrêté à son premier pas, et il ne paraît point qu’il l’ait remis en action dans une autre pièce.
C’est la poésie de l’âme qui inspire les nobles sentiments et les nobles actions comme les nobles écrits. […] Beaucoup de réflexions profondes sont jetées en passant par le poète. « Ce serait faire du bien aux hommes que de leur donner la manière de jouir des idées et de jouer avec elles, au lieu de jouer avec les actions, qui froissent toujours les autres.Un mandarin ne fait de mal à personne, jouit d’une idée et d’une tasse de thé « Ailleurs, l’hégélianisme se traduit en belles formules : « Chaque homme n’est qu’une image de l’esprit général. — L’humanité fait un interminable discours dont chaque homme illustre est une idée. » Vigny a des remarques fines et profondes sur les défauts de l’esprit français : « Parler de ses opinions, de ses admirations avec un demi-sourire, comme de peu de chose, qu’on est tout près d’abandonner pour dire le contraire : vice français. » 88.
Dans ces conditions, on n’a plus le droit de dire que la pensée est inutile à l’action. […] Notre méthode a, d’ailleurs, l’avantage de régler l’action en même temps que la pensée.
L’ordre des événements n’est troublé ni interverti ; au contraire, c’est l’ordre des événements qui s’achève par ces conversions et qui se complète de lui-même, sans l’action directe d’un homme entre tous et d’une circonstance déterminée, mais avec cette puissance anonyme qui laisse voir plus à nu la main de Dieu. […] En assistant au spectacle singulier et pourtant naturel qu’offre l’Angleterre depuis plusieurs années, un observateur profane dirait — et croirait avoir tout dit — qu’il y a des syllogismes au fond de toutes les situations comme au fond de toutes les pensées ; mais où l’homme met la logique des choses d’après celle de son entendement, le prêtre, plus profond, met la grâce : « C’est l’action spontanée de la grâce — dit encore Mgr Wiseman — qui explique les merveilleux résultats dont nous sommes témoins. » Et le saint évêque a raison.
Le vœu secret du romancier paraît être toujours de peindre des êtres d’émotion plus que d’action, des amoureux plutôt que des lutteurs. […] L’intrigue elle-même, si elle est bien conduite, supprime une foule d’actions communes et sans intérêt ; elle simplifie le personnage, et c’est un effet de l’art ; elle l’engage en des situations où il reste fidèle au caractère d’élection, mais qu’il n’a pas traversées, et dont on peut dire seulement qu’il les eût traversées de cette manière.
Dans son Dominique, la nature est partout, fondue, mêlée, associée à l’action. […] Il a raison encore, parce que la description prolongée suspend l’action et arrête l’émotion, cette petite cloche dont la vibration, plus ou moins forte, doit s’entendre toujours.
Toutefois, au milieu de ce déchet de la dignité humaine chez les Grecs, dans cet abaissement de la vertu civile qui suivit la conquête d’Alexandre et marqua la domination de ses indignes successeurs en Macédoine, en Égypte, en Syrie, il semble incontestable que, dans l’ordre moral, dans la forme et l’action du sentiment religieux, quelques clartés nouvelles avaient lui, quelques vérités de plus agissaient sur le monde. […] Le grand nombre des Juifs y dut avoir une action morale très étendue.
Bénédict, spirituel, instruit, ironique et né ennuyé comme les jeunes gens de ces dernières générations, a rapporté, à vingt-deux ans, sous le toit rural, un cœur ambitieux, mécontent, un besoin vague de passion et d’action, le dégoût de tout travail positif, des talents d’ailleurs, des idées, surtout des désirs, un sentiment très-vif et très-amer de son infériorité de condition et des ridicules de ses bons parents ; il n’épargne pas, dans son dédain, sa jolie et fraîche cousine Athénaïs qui n’aspire qu’à lui plaire.
« Ainsi, dit M. de Tocqueville, cette théorie (la nécessité de partager l’action législative en plusieurs Corps) à peu près ignorée des républiques antiques, introduite dans le monde presque au hasard, ainsi que la plupart des grandes vérités, méconnue de plusieurs peuples modernes, est enfin passée comme un axiome dans la science politique de nos jours. » Il y a loin de cette prudente et saine façon de raisonner à tout ce qu’imaginent encore les uns sur les vertus inhérentes à une Chambre aristocratique et de grande propriété qu’ils voudraient reconstituer artificiellement, et à tout ce que déduisent les autres d’extrêmement logique sur l’unité simple d’une Chambre ou Convention souveraine qu’aucun pouvoir collatéral ne contrôlerait.
Serait-ce par hasard qu’il faut simplement un peu d’action fort raisonnable, mêlée a une assez, forte dose de satire, le tout coupé en dialogue, et traduit en vers alexandrins spirituels, faciles et élégants ?
Elle prit le dogme corps à corps, elle essaya d’y mettre en évidence toutes les marques de l’invention humaine et d’y rendre inutile l’hypothèse d’une action divine.
Chez le vulgaire, la foi à l’action particulière de Dieu amenait une crédulité niaise et des duperies de charlatans.
« Le sénat et la campagne, les affaires civiles et les actions militaires avaient leur saison.
Madame de Montespan elle-même, malgré le plaisir qu’elle avait trouvé autrefois dans ces conversations, les tourna après en ridicule pour divertir le roi63. » Il était fort naturel sans doute qu’à la cour, où tant d’intrigues étaient toujours en action, soit pour la galanterie ou pour la fortune, on regardât comme oisifs les gens qui faisaient les plaisir de la conversation, et que le roi et madame de Montespan, dans les ébats d’un double adultère, eussent besoin de donner un nom ridicule aux personnes spirituelles de mœurs régulières et décentes.
Chaque détail sera réfléchi sous l’angle de son incidence, chaque moyen rendu par son action, et les effets même de l’œuvre considérés et goûtés à nouveau par un esprit qui saura non plus seulement les discerner mais les ressentir, seront figurés du même coup et mesurés dans la description de leur nature et de leur charme.
Auriez-vous jamais cru que Paris bombardé, fumant, dévasté, aurait abrité, pendant son effroyable siège, une palombe de ce roucoulement éternel, une femme que l’amour pour son mari rend tour à tour soucieuse de son action, de sa gloire, de son portrait, de ses intérêts littéraires, de ses intérêts même de boutique, quand la patrie tombe par morceaux !
Un écrivain sérieux aurait d’abord examiné ce qu’il y a de semblable et de différent entre Paris, ce caravansérail du monde et de la province, ce home de la France, — comme diraient les Anglais, — entre Paris, le vaste déversoir de toutes les vagues sociales qui viennent s’y engloutir avec leurs impuretés et leurs écumes, et la province, cette multitude de baies où le flot se circonscrit et séjourne ; — Paris, patrie anonyme de tous les hommes qui ont brisé le lien de la famille et qui ont quitté la province pour en éviter le regard qui tombait de trop près sur eux, et la province, cette vraie patrie de la famille française qui en garde plus austèrement l’honneur et les traditions ; — entre Paris enfin, spirituel, mobile, éloquent, au cœur un peu trop tendre aux révolutions, qui s’habille, babille, se déshabille et brille… de cet éclat de strass qui exagère les feux du diamant, et la province, perle sans rayon, mais d’un bon sens si tranquille et pourtant d’une action si puissante quand il s’agit de dire des mots décisifs, la province, qui a toujours répondu par des empires — parfaitement français — aux républiques parisiennes.
Il ne se fit point devant le public ; il n’eut ni accroissements ni changements qu’on puisse constater ou suivre, comme beaucoup d’autres esprits, qui se transforment devant nous dans l’action même de leur talent.
Il fait, tour à tour, le Caton, le Thraséas et le Sénèque, mais les hautes dissertations auxquelles il se livre contre nous n’ont pas plus d’action sur le lecteur que n’en auraient ses discours officiels de professeur à la distribution des prix d’un collège, s’il était possible de les relire après les avoir entendus.
C’est l’honneur, en effet, le seul honneur de la Bohème au xve siècle, d’avoir à braver plus que Clichy et la police correctionnelle, et que pour tous les genres de billets à ordre et au collet d’un temps plus près de l’action et moins facile que le nôtre, il retournât de pendaison !
Le comte de Fersen, qui fut un homme d’action, a cependant écrit, sans le savoir, une chose égale en résultat à l’histoire de Taine.
Contemplateur dans un but qui n’était pas la connaissance de l’homme elle-même, laquelle est le but unique du moraliste pur, il fut un moraliste malgré lui, en attendant le jour de l’action, et qui sait ?
Son oncle, capitaine de vaisseau, en le voyant arriver sur son bord, avait dit en haussant les épaules de pitié : « À la première action, un boulet lui emportera la tête, et c’est toute la fortune qu’il peut espérer !
Ce n’est pas de l’action, ce sont des mots qui ont tué Rome et la Grèce !
Son oncle, capitaine de vaisseau, en le voyant arriver sur son bord, avait dit, en haussant les épaules de pitié : « À la première action, un boulet lui emportera la tête, et c’est toute la fortune qu’il peut espérer !
Mais le respect pour l’Académie de la maison où il vivait tombait sur lui, malgré tout… « Je regarde — dit-il quelque part — le discours qu’on prononce à l’Académie comme l’action la plus importante de la vie. » De qui se moquait-il quand il disait cela ?
Le Ramayâna n’a ni action, ni drame, ni individualité, ni génération d’événements, ni rien enfin de ce qui constitue, chez les peuples qui possèdent la notion de l’ordre et de la liberté, une épopée.
Contemplateur dans un but qui n’était pas la connaissance de l’homme elle-même, laquelle est le but unique du moraliste pur, il fut un moraliste malgré lui, en attendant le jour de l’action, et qui sait ?
Et l’autre, celui de Hartmann, — moins intelligible, qu’il appelle l’inanition, qui n’est pas, comme on pourrait le croire, l’action vulgaire de mourir de faim, — et qui, bien plus expéditif que celui de Schopenhauer, finirait le monde à un moment donné et à la même minute.
C’est, à son début dans la vie, le naturel en action de cet homme qui est bien plus que naturel, qui est tout nature, qui ne cessera jamais de l’être, et qui, quand un jour il deviendra sublime, sera, sans cesser d’être naturel, idéal.
La scène de ce roman, — qui est presque plus un drame qu’un roman, car l’action y est extrêmement rapide et serrée dans des circonstances impérieuses et le dialogue y dévore souvent le récit, — la scène de ce drame-roman, qui n’a pour acteurs que des prêtres, est Lormière, ville épiscopale des Pyrénées.
malgré cette fin d’un homme qui meurt en prenant toutes ses précautions pour qu’on s’en aperçoive et pour que la charité des gens de bien ne puisse calomnier sa mémoire en l’honorant d’une bonne action dernière, malgré l’exil volontaire dans lequel la vanité trouve moyen de s’encadrer encore, lorsque tous les autres cadres ont été brisés, enfin malgré des travaux… considérables, si vous comptez le nombre des volumes, et qui n’ont jamais (malheureusement) été interrompus, M.
Mais c’est tout autre chose aujourd’hui qu’ils font un roman, lequel, — comme tout roman, — doit être d’abord une idée, — puis une action, — et enfin un développement de nature humaine sous ses trente-six faces, avec un dénoûment qui éclaire le tout d’une suprême clarté !
Écrivant un roman dont l’action se passe au dix-septième siècle, il a mimé la langue du dix-septième siècle, qui ne vaut pas d’ailleurs celle du seizième, qu’il avait si bien reproduite dans sa préface de Mademoiselle de Maupin ; — c’est comme si Walter Scott, en écrivant Kenilworth, avait parlé la langue du temps d’Elisabeth !
Que ce soit Trissotin ou Bélise, l’être littéraire, auteur de ce livre, qui devrait être écrit par une fille d’action, brave sur le mot, mais qui ne le caresse pas, n’a pas montré que le petit bout de l’oreille.
L’habitude de l’analyse critique a sur certaines intelligences une action dissolvante et paralysante. […] et leurs moyens d’action réels ? […] Ce qui importe, c’est que le fait ait eu une action décisive. […] On ne doit donc pas a priori nier l’action des individus et écarter les faits individuels. […] Quelle action peut-il avoir sur sa conduite ?
Le principe des deux actions est identiquement le même. […] L’élève d’Anaxagore y montra les actions humaines sous un aspect nouveau. […] il ne cherche pas à usurper sur ses concitoyens, il ne médite pas d’action injuste. […] Il sait préciser les « moments » décisifs des actions et suivre les masses en mouvement ; il entre dans l’esprit du soldat. […] Becq de Fouquières se résume l’action de Chénier sur la poésie moderne.
Qu’il nous suffise de comprendre et d’admettre qu’aucune de nos actions n’est un commencement de série. […] Nous croyons généralement que la conscience fait partie de la série de nos actions. […] Elle est si peu un lien nécessaire entre nos diverses actions que des séries entières d’actions, à vrai dire d’importance minime, échappent entièrement à son contrôle. Ces actions sont liées les unes aux autres par les liens d’une logique directe, et si la conscience intervenait, ce serait souvent pour y jeter du trouble. […] A vrai dire, aucun fait ou d’action volontaire à distance, ou de transmission volontaire de pensée à distance, n’a encore été constaté.
Un homme entre dans une église, s’agenouille aux pieds d’un confesseur et lui raconte sa vie sans omettre une circonstance, sans voiler ses bassesses ni ses fautes, sans cacher ses sentiments ni atténuer ses mauvaises actions. […] Cette action mutuelle de l’auteur sur le public et du public sur l’auteur favori, explique assez les erreurs que commettent des talents clairs et profonds, mais qui enfin portent le sceau de leur époque. […] S’il dit allait au lieu de fut, ce n’est pas par hasard ou par négligence ; c’est parce qu’il veut que nous nous représentions l’action de plus près. […] Il en arrive de même dans la vie où les mauvaises actions sont punies par leurs propres conséquences. […] Pour faire comprendre l’influence et l’action du roman dans la race saxonne, il suffit d’en citer un, la Case de l’Oncle Tom, dont personne n’ignore les résultats anti-esclavagistes.
Vrai poète de drame, ses ouvrages sont en scène, en action ; il ne les écrit pas, pour ainsi dire, il les joue. […] Sa poétique, du reste, comme acteur et comme auteur, se trouve tout entière dans la Critique de l’École des Femmes et dans l’Impromptu de Versailles, et elle y est en action, en comédie encore. […] Dans ce poëme sur la peinture, il a travaillé comme les peintres à l’huile, qui reprennent plusieurs fois le pinceau pour retoucher et corriger leur ouvrage, au lieu que dans ses comédies, où il falloit beaucoup d’action et de mouvement, il préféroit les brusques fiertés de la fresque à la paresse de l’huile. » Ce jugement de Boileau a été fort contesté depuis Cizeron-Rival. […] Contentez-vous de composer, et laissez l’action théâtrale à quelqu’un de vos camarades : cela vous fera plus d’honneur dans le public qui regardera vos acteurs comme vos gagistes ; vos acteurs d’ailleurs, qui ne sont pas des plus souples avec vous, sentiront mieux votre supériorité
Aucun de ses gestes ne doit demeurer caché, mais il doit les déployer avec grâce et éloquence Car ses belles actions persistent dans les souvenirs comme des maximes mimées et vivantes. […] C’est un annonciateur de joie et le poète de la Vie et de l’Action. […] « Ils se mêlent à la multitude, ils accomplissent les actions où elle participe. […] Le Sage, dans les suaves nations de l’Hellade, était celui qui s’était ordonné, qui conservait un souci constant de l’harmonie, dans ses actions et ses discours.
La théorie hindoue de la sanction inhérente aux actions mêmes y est admirablement exprimée, et dans toute sa profondeur. […] Libre, il sait où le bien cesse, où le mal commence ; Il a ses actions pour juges. […] Les mauvais, ignorant quel mystère les couvre, Les êtres de fureur, de sang, de trahison, Avec leurs actions bâtissent leur prison ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] En bonne logique, l’intelligence de la chose doit toujours précéder l’action sur la chose. » Et il ajoutait : — « Il faut donc, on ne saurait trop insister sur ce point (en 1830), éclairer le peuple pour pouvoir le constituer un jour.
En supposant qu’il se l’exagérât un peu, qu’il accordât à son judicieux et savant correspondant un peu trop de valeur et d’action, on aime à voir cette part si largement faite à la critique et au conseil par un esprit si éminent et qui s’est donné pour impérieux.
Thiers l’a rêvé aussi, ce rôle idéal ; il s’en fait l’interprète pour tous, et de même que dans les chants du chœur antique, dans ces vœux, ces prières, ces conseils jetés au milieu de l’action sans la hâter ni la ralentir, le spectateur aimait à entendre le cri de la nature humaine et à reconnaître ses propres impressions, de même, en lisant l’historien, on éprouve une vive et continuelle jouissance à retrouver partout l’accent simple et vrai d’une émotion qu’on partage et à sentir un cœur d’homme palpiter sous ces attachants récits.
Il n’a guère varié les éléments de sa poésie : toutes ses grandes odes, à Henri IV, à Marie de Médicis, a Louis XIII, au duc de Bellegarde, présentent les mêmes matériaux et le même argument : éloge des actions passées, prédiction des prospérités futures, développements moraux et applications mythologiques.
Bientôt chacune des mille petites afflictions dont est faite une grande peine renaît et c’est comme autant de piqûres, etc. » C’est, fini, les psychologies en action, avec intermède d’orchestre ?
Le miracle écarté, il reste encore l’idée de la Divinité et de son action incessante sur l’univers ; il reste le sentiment religieux qui unit l’homme à Dieu.
Une action énorme de la figure entière produira le même effet que l’énormité d’une de ses parties.
Dans les produits simples de l’art plastique, dans la poésie de mots, le plaisir paraît dépendre immédiatement de l’excitation ; seules les œuvres dramatiques, parce que leur matériel est l’action humaine, appellent nécessairement un cortège d’émotions ordinaires, pénibles ou joyeuses, qui n’y prennent cependant, pour parler la langue de M.
ne trouva derrière lui, au jour de l’action, que cinquante personnes qui prirent la fuite devant les Habits Rouges et le laissèrent pendre haut et court.
Qui sait exactement la distance entre la volonté et l’intelligence, entre la théorie et l’action ; avec quelle violence la volonté entre en exercice pour abolir un état de choses qui la révolte ; avec quelle fureur elle allume le foyer des sociétés secrètes, des commandites saint-simoniennes, de toutes les prétendances en haut et en bas ?
Préoccupé surtout des résultats généraux, il nous a montré presque exclusivement par les côtés de leur action publique les hommes qui s’y meuvent, et en cela il a obéi aux exigences de son sujet.
— une des grandes importances littéraires de ce temps-ci par l’action qu’ils ont exercée ; et il est facile d’expliquer leur succès et leur influence.
Et si nous disons, nous, chrétiens, qu’un jour nous aurons à répondre devant Dieu de nos actions et paroles oiseuses, nous demandons ce que ceux-là qui étaient nés et faits pour gouverner les hommes et qui passèrent ainsi toute leur vie dans des méditations ou des souvenirs de maîtres à danser, répondront, en attendant le jugement de Dieu, devant l’histoire… ?
Il a pensé et il a dit — en d’autres termes peut-être, mais il a positivement dit, — que l’André Chénier qu’on trouverait dans son livre serait moins le Chénier poète, dont la gloire est faite et n’a plus besoin qu’on y touche, que le Chénier politique, — l’homme d’action et de courage qui a presque disparu dans l’absorbante gloire du poète, et qui était pourtant dans le poète, dans cet être charmant d’une imagination si divine !
Comme il est mort avant la naissance de la république, dont il eût aimé la dictature encore plus que la liberté, comme il s’est agité, mais n’a pas agi, — rien n’étant plus différent de l’action politique que les vaines agitations d’un journaliste de parti, — on peut sans danger lui établir une conscience posthume irréprochable, et supposer magnifique le rôle qu’il n’a pas joué.
Tout pour la phrase et par la phrase, voilà la méthode en action de l’auteur des Uns et des Autres, pourvu que cette phrase soit trempée pourtant dans le vermillon de la République ou de la libre-pensée.
Quand il sera trop tard, vous vous reprocherez peut-être, quelque soin que vous preniez d’étouffer votre vie sous de bonnes actions de détail, de n’avoir pas fait ce qu’il était si facile de faire pour sauver un ami tel que le ciel en donne rarement… Pourquoi avez-vous craint de m’attacher au bien que vous faites ?
Rien n’est plus immortel qu’un poëte, que la grandeur de sentiment qui fait les poëtes et les héros, car les héros sont aussi des poëtes, les poëtes de l’action !
L’ennui des loisirs que lui a faits le gouvernement de l’Action, substitué aux vaines parades de la parole, lui a-t-il fait comprendre qu’il faut revenir au livre, si l’on veut vivre plus de deux jours dans la mémoire des hommes, puisqu’enfin l’y voilà revenu ?
Mais, ici, l’action du poète est encore plus belle et plus poétique que ses vers !
Une fois marié avec cette Picot, et brouillé, à cause de ce mariage, avec un oncle, moitié bourgeois, moitié manant, qui le déshérite, il est devenu un médecin de campagne très-réussissant et très-heureux, avec une femme qui me semble à moi la vraie femme d’un homme d’action et de pensée, mais que M.
Il a participé à une action que relate le communiqué officiel du 8 février 1915 : « … une tranchée allemande bouleversée par une mine et dont les défenseurs ont été pris ou tués ».
Cette action, si sombre qu’elle soit, devient forcément secondaire dans un livre qui contient à la fois l’histoire de la Rome de l’antiquité, de celle des Papes, de celle d’aujourd’hui ; elle n’a pour but que de rendre plus légère une lecture qui semble destinée plus aux hommes qui s’occupent de politique et de questions sociales, qu’aux femmes qui cherchent l’intérêt d’une intrigue à péripéties. […] En une action rapide et claire, il a voulu, par des exemples qui sont autant d’études captivantes, suivre la vie de l’enfant abandonné par son père et livré aux hasards de la destinée ; il nous montre, au pied de l’échafaud, un criminel qui eût été un homme de bien, utile à cette société qui le repousse et qu’il combat, si des considérations d’égoïsme et d’orgueil ne l’avaient, avant même le jour de sa naissance, fatalement voué aux bas-fonds de notre monde soi-disant civilisé. […] Je ne puis croire à ce fait qui serait un crime, s’il était prouvé qu’il fût vrai ; il pouvait bien n’être qu’une invention, mais le bruit de cette invraisemblable action n’eût pas circulé s’il avait été, par exemple, inventé contre Barbès. […] Les boulets volaient et labouraient ce champ de chair ; devant eux, les vivants sautaient à l’eau comme des grenouilles effarouchées par le pas d’un promeneur ; les morts jaillissaient en l’air, se disloquaient avec des gestes extravagants, tombaient et pleuvaient sur le fleuve. » Malgré ces beaux passages descriptifs, l’action du roman se continue et nous montre le héros prisonnier d’un Cosaque qui le vend à de braves gens qui le prennent pour le soigner et le guérir. […] Comme homme d’action il l’estimait à sa juste valeur, mais le moment des énergies, des coups de main était passé, et il désirait maintenant des conseillers plus calmes.
Il semble, par ses actions, vouloir dire que les enfants ne sont pas garants des fautes de leur mère. […] Dans le petit nombre des idées qu’il a acquises, celle de l’action directe de la Divinité sur les événements est une des plus claires. […] Ces trois points déterminent un triangle où s’inscrivent fort exactement toutes les actions et réactions de la bataille. […] Si une pluie d’été n’eût pas détrempé le sol, mouillé les seigles et attardé les soldats ; des deux côtés, en de vulgaires travaux d’astiquage, l’action eût commencé plus tôt. […] Ils prévoient les risques où s’engagerait leur lignée si elle demeurait trop longtemps sous l’action d’une torpeur héréditaire, dans une société sans art, sans idéal, presque sans patrie.
Et ce fut peut-être l’excès d’enfantillage et d’invraisemblance des autres, qui la mena si droitement à la simple réalité, à l’action véritable. […] Il changea néanmoins le cours des événements, et il introduisit dans l’action de nouvelles figures. […] Vous vous rappelez la scène où Macbeth entre dans l’appartement du roi, ayant arrêté dans son esprit l’accomplissement de l’action criminelle. […] À vrai dire, l’œuvre shakespearienne est bien plus riche en mots profonds qu’en action. […] L’auteur avoue que c’est contre son goût qu’il a mis la mort de Mariamne en récit au lieu de la mettre en action.
Il laissait volontiers parler pour lui ses actions, mais en les soufflant. […] Le don de parler, où il ne fut pas surpassé, et l’action, où il n’eut pas d’égal, voilà tout Berryer. S’il faut croire, avec Démosthène, qui s’y connaissait, que l’action est tout l’orateur, nul, en nos jours, ne fut plus orateur que Berryer. Chez nul autre, l’action ne fut l’effet d’un accord plus harmonieux de qualités extérieures plus éminentes. […] Sous cette action irrésistible, je ne pesais pas les raisons ; j’entendais un magnifique instrument dont toutes les cordes vibraient de concert, et je vibrais à l’unisson.
Il chercha, finit par les trouver, ouvrit le secrétaire, y prit un peu plus de 100 000 francs d’actions au porteur, les mit dans sa poche et referma le meuble. […] L’action commence par le dépouillement d’un scrutin : C’était le soir, un soir de mai, après un jour de chaleur déjà grande. […] L’action est des plus simples et, en homme qui sait son métier, l’auteur l’a enveloppée d’une forme mystérieuse faite pour piquer la curiosité du lecteur. […] Cependant ses actions étaient quelquefois moins dures que ses paroles. […] L’action est intéressante malgré la sévérité du sujet, et M.
Le jeune auteur, en concluant, adressait à la religion une espèce d’hymne, une vraie prière d’action de grâces, et ceci fait trop de contraste à ce que nous verrons plus tard pour ne pas être ici relevé : « Religion très-aimable, s’écriait-il, il est doux pourtant de pouvoir terminer en parlant de toi un travail qui a été entrepris en vue de faire quelque bien à ceux qui recueillent tes bienfaits de chaque jour ; il est doux de pouvoir, d’une âme ferme et assurée, conclure qu’il n’est point vraiment philosophe celui qui ne te suit ni ne te respecte, et que te respecter et te suivre, c’est être par là même assez philosophe. […] Leopardi, sous plus d’un aspect, semblait primitivement destiné par la nature à la force, à l’action, à la beauté virile : le feu de son regard, son accent vibrant, le timbre pénétrant de sa parole, une sorte de fascination involontaire qui s’exerçait d’elle-même sur ceux qui l’approchaient, et dont la nature a fait l’une des prérogatives du génie, tout semblait le convier à l’expansion de la vie, au charme des relations partagées141. […] Et cœur ne fut jamais plus sage ni plus fort Qu’atteint d’amour : jamais mieux qu’alors il ne prise La vie a son vrai taux, et souvent il la brise ; Car, partout où l’Amour se fait maître et seigneur, Le courage s’implante ou renaît plein d’honneur, Et la sagesse alors, non celle qu’on renomme, Mais celle d’action, devient aisée à l’homme.
Et il s’émerveillait, que des gens qui avaient pris part à des actions militaires, et dont l’un passait pour un homme de guerre tout à fait distingué, il n’était pas possible de leur extirper un détail de bataille, de combat, d’épisode militaire : disant que Canrobert ou Mac-Mahon, tout en gardant la plus grande discrétion dans leurs paroles et leurs jugements, ne pouvaient se tenir de parler sur les affaires, où ils ont assisté. […] Et dire que ce sentiment fraternel qui la remplit, présenté d’une manière si délicate, si émotionnante, dire que ce moyen d’action sur les cœurs, cette chose absolument neuve au théâtre, et remplaçant le bête d’amour de toutes les pièces, aucun critique n’en a signalé l’originalité. […] Il en a fait huit, il ne lui en reste plus que quatre… Il n’est pas tout à fait content de son livre, mais il ne faut pas le dire trop haut… ça pourrait nuire… et il y a d’autres livres dont il n’était pas content, et qui ont marché cependant… et puis, il n’est pas possible que tous les livres, quand on en produit un certain nombre, aient la même valeur… Enfin l’Argent, c’est bon comme mobile d’une action… mais dans l’Argent pris comme étude, il y a trop d’argent. » Samedi 18 octobre C’est superbe, les journalistes m’accusent de n’avoir ni patriotisme ni cœur, ils nient même mon affection fraternelle.
Tout semble se mouvoir au mouvement de la pensée elle-même ; c’est une terre en action, quoiqu’en repos ; on y assiste à une création quotidienne ; toutes les heures du jour et de la nuit y donnent en passant un coup de pinceau, une teinte, un caractère, une physionomie. […] Partout où Laprade voit la vie, il voit l’âme ; partout où il voit l’action, il voit la pensée.
Qui ne sent l’absurdité d’une pareille supposition, et quel homme de bonne foi, en comparant les paroles du poète et ses actions, en opposant tous les vers où il exprime sous son propre nom ses propres impressions à ceux où il exprime les sentiments présumés de son personnage, quel homme de bonne foi, disons-nous, pourra suspendre son jugement ? […] J’en sortais souvent seul, le matin, pour aller, dans les hautes montagnes de ce pays enchanté, chercher des points de vue et des paysages ; je ne m’attendais certainement pas à rencontrer de point de vue sur le cœur humain, ni des poèmes en nature ou en action qui me feraient penser toute ma vie, comme à un songe, à la plus divine figure et à la plus mélancolique aventure qu’un poème eût jamais fait lever devant moi.
Le succès de la Walküre est grand toujours ; son premier acte, d’un effet facile, emporte les applaudissements ; les étonnantes beautés des premières scènes du deuxième acte et du milieu du troisième sont moins goûtées ; là pourtant se développe cette épopée aux larges signifiances qu’est l’Anneau du Nibelung ; ni un roman psychologique comme Tristan, ni un poème symbolique purement émotionnel comme Parsifal, mais, au moins dans ses trois premiers drames, un roman d’aventures en même temps un poème philosophique, l’épanouissement d’une âme juvénile en grandes actions et en pensées vastes et luxurieuses. […] Il comprenait, avec le flair avisé d’un négociant, que la musique, si elle ne répond pas à des émotions, doit, sans vaines recherches savantes, être seulement un sonore trémolo destiné à retenir l’attention des masses sur des actions de mélodrame.
notre action extérieure ne touche jamais qu’aux bas intérêts : nous pouvons quelque chose pour la sensibilité d’autrui — mais pourquoi ne mépriserions-nous pas la sensibilité voisine autant que la nôtre ? […] Vous nous exposez longuement que, dans La Course du flambeau, Paul Hervieu a démontré ceci : « Les générations successives qui se passent la vie, quasi cursores lampada… (Bravo pour la citation), regardent toujours en avant, jamais en arrière : nul amour maternel, par exemple, n’est payé de retour. » Et vous nous dites un peu plus loin, cher étourdi : « La philosophie de l’œuvre… c’est le réalisme psychologique de La Rochefoucauld, la théorie de l’égoïsme mobile de toutes nos actions » Croyez-vous sérieusement l’amour maternel plus égoïste que l’amour filial et que votre maman est petit Fernand plus que petit Fernand n’est sa maman ?
Les actions vertueuses qu’elle représente quelquefois, ne lui sont pas plus propres que les licentieuses, qu’elle met aussi souvent sous les yeux. […] Il dit dans sa premiére ode que sa lyre ne veut chanter que les amours, et il raconte que, quoiqu’il l’eût remontée de cordes nouvelles pour chanter les actions des héros, elle ne rendoit cependant que d’amoureux accords.
C’est de la masse et du concours de toutes ces mesquines satisfactions matérielles que devait se recruter, pour l’action politique simultanée et collective, cette grande force motrice, capable de remuer jusque dans ses fondements le moyen âge et de faire place à l’âge intellectuel. […] La France était la tragédienne en action du monde moderne : on frémissait, mais on ne pouvait pas s’empêcher de regarder.
On voit d’ailleurs assez clairement qu’à mesure que nous connaîtrons mieux ces « rapports » qui sont toute la science ; à mesure qu’ils seront plus nombreux, et surtout plus subtils ou plus déliés ; à mesure que l’enchaînement, qui n’en est souvent qu’approximatif, en deviendra plus rigoureux, à mesure donc aussi ces « actions » et ces « réactions », moins apparentes, et situées plus profondément, les modifieront eux-mêmes plus radicalement. […] « Sous un tel ascendant, continue-t-il, nos diverses connaissances réelles pourront donc enfin former un vrai système, assujetti dans son entière étendue et dans son expansion graduelle, à une même hiérarchie et à une commune évolution, qui n’est certainement possible par aucune autre voie. » Et il conclut : « L’indispensable harmonie entre la spéculation et l’action est ainsi pleinement établie, puisque les diverses nécessités mentales, soit logiques, soit scientifiques, concourentà conférer la présidence philosophique aux conceptions que la raison publique a toujours considérées comme devant universellement prévaloir. » On remarquera que ces lignes, que j’extrais de la dernière leçon du Cours de philosophie positive, sont datées de 1842 ; elles appartiennent donc à la « première phase » de la philosophie d’Auguste Comte.
Il a tenu à faire un poème technique, non pas seulement didactique, mais véritablement technique, un poème où il fût question longuement de l’origine du quinquina, de la plante qui produit l’écorce dont il est tiré, et puis de tous ses effets, de tout le mécanisme très compliqué, surtout à le comprendre comme La Fontaine l’a compris, de tout le mécanisme de l’action du quinquina sur nos pauvres machines humaines. […] Par exemple ceci qui est un petit intermède, le petit couplet d’Iris ou d’une de ses sœurs, d’une des filles de Minée, sur l’amour considéré comme producteur de belles actions, sur l’amour considéré comme ferment ou levain de générosité, de grandeur d’âme, de magnanimité, de courage.
Et cette intelligence de la France qui ne bavarde pas, mais qui travaille, et qui, au jour des périls et de l’action, fait rentrer dans le ventre des rhéteurs leurs sophismes dangereux et leurs inutiles élégances, cette intelligence, à qui la devons-nous et qui l’a créée ? […] Bon pour faire brillamment une classe, Villemain voulut un jour aborder l’histoire et il ne comprit rien à celle de Grégoire VII, sous laquelle sa minceur d’homme de lettres resta écrasée… Pas plus d’instinct que de réflexion, Villemain ne va à ce qui est supérieur et grand, et pas plus dans l’ordre de la parole, qui est son domaine, que dans l’ordre de l’action, qui ne l’est pas… Chose à remarquer !
Tant mieux que ce Daniel ne soit pas le chef-d’œuvre que l’on disait, puisqu’il devait être la mise en action et en drame, pour la faire triompher, d’une des plus honteuses doctrines du xviiie siècle ! […] Feydeau, de tous ceux-là dont l’action noue ou dénoue le roman de Catherine d’Overmeire, diminue excessivement l’intérêt qu’ils devraient inspirer.
. : tout l’essentiel de la gravitation est là, puisque nous avons une action qui, émanant du centre, s’exerce sur les objets découpés dans le disque sans tenir compte de la matière interposée et produit sur tous, quelle que soit leur nature ou leur structure, un effet qui ne dépend que de leur masse et de leur distance. […] Ce cas est le seul où, d’après la théorie de la Relativité, une action soit possible de l’un des deux événements sur l’autre.
Lorsque je parlais, il y a quelques mois, dans Le Moniteur (20 avril 1857), des mémoires et Souvenirs du général Pelleport, je cherchais un nom, un type qui résumât avec gloire, aux yeux de tous, cette race d’hommes simples, purs, intrépides, obéissants et intelligents, les premiers du second ordre, les premiers lieutenants du général en chef, ses principaux exécutants et ses bras droits un jour d’action, et qui, tout entiers à l’honneur et au devoir, ne sont appliqués qu’à verser utilement leur sang et à bien servir.
Il y a de jolis et tranquilles tableaux d’intérieur, un très beau tableau en action, traité avec furie et sûreté de pinceau, celui de l’enlèvement.
Un homme de cet acabit, en effet, un égoïste à la fois si oublieux, a gardé jusque dans son calcul des portions de naïveté, d’inadvertance, d’ignorance de soi, de confiance et de persuasion en sa faveur, qui le garantissent de toute action noire, basse ou fausse : il y a donc lieu, malgré tout, à l’indulgence.
« Représentant de la philologie allemande en Franco, appliquant et développant les principes sur lesquels repose la critique des textes, son exemple eut certainement de l’action sur ses contemporains immédiats, et aussi sur les plus jeunes qui ont succédé : il ne m’appartient pas de citer les noms.
L’amour d’Éthel et d’Ordener, l’invincible union du noble couple, le dévouement fabuleux du héros, composent le fond essentiel, l’âme de l’action : le chapitre xxiie, qui est le point central et culminant du livre, ne nous montre pas autre chose ; on y trouve le canevas exactement tracé, le motif d’un des plus touchants souvenirs d’amour des Feuilles d’Automne ; mais la crudité du dessin, l’impitoyable précision que l’auteur a mise à décrire les portions hideuses, cruelles, et à faire saillir le nain, le bourreau, le mauvais conseiller Musmédon, a donné le change aux autres sur son intention, et par moments l’en a dérouté lui-même.
Le plus souvent cette vive action s’est produite dans des circonstances toutes particulières et sur des questions très-déterminées.
C’est celui où l’homme de génie, cédant à d’ignobles motifs, et par cupidité ou mauvaise foi, ferait de méchants livres qui seraient de méchantes actions, et, soit pour satisfaire ses haines, soit pour payer ses dettes, s’en irait à la légère ou sciemment altérer des faits, dénaturer des intentions, calomnier, rapetisser des générations fortes et grandes, en un mot dans une compilation indigeste falsifier l’histoire au profit de ses préjugés, ou qui pis est à son profit.
Stanislas Julien ; on y apprend mille jolis petits détails bizarres, tout en se pénétrant d’une excellente morale en action.
La plus féconde des idées philosophiques, le contraste des qualités naturelles et de l’hypocrisie sociale, y est mise en action avec un art infini, et l’amour, comme je l’ai dit ailleurs54, n’est que l’accessoire d’un tel sujet.
Ces conquistadores, nous les aimons surtout parce qu’ils diffèrent de nous, parce que leur fureur d’action amuse notre doute et notre mollesse ; mais M. de Heredia les aime parce qu’il leur ressemble un peu, parce qu’il sent encore tressaillir en lui quelque chose de leur âme.
Rochefort (La Gloire à Paris) : 1° « L’action très grande de Rochefort est dans cette belle gaieté qui est le fond de son tempérament vraiment français » 2° « Rochefort est un des rares Parisiens de l’ancien temps qui ait conservé dans l’âge mûr cette belle insouciance et cette bonne humeur qui furent autrefois les qualités maîtresses de la race française. » (Je pense qu’il faut entendre : « Rochefort est un Parisien le l’ancien temps, un des rares Parisiens qui aient conservé », etc. ) 3° « Chacun dans sa sphère plisse le front… Je ne vois plus guère que Rochefort qui ait conservé la gaieté de la vieille race française » 4° « Après avoir exaspéré beaucoup de ses contemporains par la violence excessive de ses écrits, il les ramène aussitôt à lui par les éclats de sa gaieté si française. » Pour Offenbach, le refrain est : « Quel artiste !
Le jeune marquis Wolfgang de Cadolles, fils d’émigré, s’enrôle dans l’armée de l’empereur par besoin d’action, patriotisme, amour de la gloire.
Renan son scepticisme dissolvant, c’est en réalité le manque de foi qui les pousse si résolument à l’action IV Maintenant il est certain que la foi de M.
Ce fut un art tout do mouvement et de couleur, de sentiment et d’action.
Maintenant, il est fâcheux que le prince Hermann, dont certaines tirades sont ingénieuses, soit, dans l’action, un simple serin, parce que la position fût, avec plus d’intérêt, devenue celle d’un prince valeureux qui eût employé son autocratie à organiser le socialisme, et eût abdiqué quand le dernier rouage aurait été mis en sa place.
Bayet manifeste, de son côté, une tendance à restreindre le champ d’action de l’art moral scientifique et à soustraire à son contrôle toute une part importante de la vie individuelle.
Descartes supposait un medium matériel entre le soleil et la terre pour expliquer leur action réciproque ; mais la loi d’attraction universelle l’explique beaucoup mieux que les tourbillons124.
L’action est pleine de leur présence invisible, leur sombre influence l’électrise comme une nuée d’orage.
Comme dans toute œuvre, si sombre qu’elle soit, il faut un rayon de lumière, c’est-à-dire un rayon d’amour, il pensa encore que ce n’était point assez de crayonner le contraste des pères et des enfants, la lutte des burgraves et de l’empereur, la rencontre de la fatalité et de la Providence ; qu’il fallait peindre aussi et surtout deux cœurs qui s’aiment ; et qu’un couple chaste et dévoué, pur et touchant, placé au centre de l’œuvre, et rayonnant à travers le drame entier, devrait être l’âme de toute cette action.
Ils sont les démocrates de l’idée, successeurs des démocrates de l’action.
Nisard avec sévérité et autorité se marie naturellement avec la philosophie spiritualiste ; mais cette même philosophie admet dans l’homme un principe d’action, d’invention et de développement qui est la liberté, la personnalité.
Il a distingué les unes des autres, mais il n’a pas assez montré leur action commune.
« Notre connaissance, dit-il, étant resserrée dans des bornes si étroites, comme je l’ai montré, pour mieux voir l’état présent de notre esprit, il ne sera peut-être pas inutile… de prendre connaissance de notre ignorance, qui… peut servir beaucoup à terminer les disputes… si, après avoir découvert jusqu’où nous avons des idées claires… nous ne nous engageons pas dans cet abîme de ténèbres (où nos yeux nous sont entièrement inutiles, et où nos facultés ne sauraient nous faire apercevoir quoi que ce soit), entêtés de cette folle pensée que rien n’est au-dessus de notre compréhension 153. » Enfin, on sait que Newton, dégoûté de l’étude des mathématiques, fut plusieurs années sans vouloir en entendre parler ; et de nos jours même, Gibbon, qui fut si longtemps l’apôtre des idées nouvelles, a écrit : « Les sciences exactes nous ont accoutumés à dédaigner l’évidence morale, si féconde en belles sensations, et qui est faite pour déterminer les opinions et les actions de notre vie. » En effet, plusieurs personnes ont pensé que la science entre les mains de l’homme dessèche le cœur, désenchante la nature, mène les esprits faibles à l’athéisme, et de l’athéisme au crime ; que les beaux-arts, au contraire, rendent nos jours merveilleux, attendrissent nos âmes, nous font pleins de foi envers la Divinité, et conduisent par la religion à la pratique des vertus.
Les gens de bien auroient désiré qu’il eût plus respecté la vertu dans son Sopha, dans son Tanzaï ; & les gens de goût voudroient plus d’action & de variété dans ses Romans.
Il paroît donc en lisant un passage de Quintilien, que pour venir à bout de mesurer, pour ainsi dire, l’action, et pour mettre en état celui qui faisoit les gestes, de suivre celui qui recitoit, on avoit imaginé une regle, qui étoit que trois mots valussent un geste.
Le genre pastoral, par exemple, peut encore nous plaire sur la scène, et principalement sur le théâtre lyrique, par les accessoires qui l’accompagnent, le spectacle, l’action, la musique et les danses.
Et cela est si profondément justifié par les faits, cette loi, et par toute l’organisation de la femme que initiative même parmi celles que l’histoire appelle les plus grandes, leur a manqué33 ; initiative dans l’action comme dans la pensée.
Du reste, quand on va au fond de ce mot, dont le monde actuel est follement épris comme d’une nouveauté, on y trouve une chose assez vieille : c’est l’action très connue et très continue des siècles, en vertu de laquelle les mœurs se polissent.
Il faut que la critique le sache : en exaltant le comédien comme elle le fait depuis trente ans, en quintuplant son importance, en s’occupant de lui avec un dilettantisme si passionné et si exclusif, la critique n’a pas seulement montré ce genre peu touchant de reconnaissance — la reconnaissance du plaisir goûté — que des voluptueux, plus ou moins blasés, peuvent avoir pour de toutes-puissantes courtisanes, mais, à part son abaissement à elle-même, elle a exercé sur la société de son temps une action visible et funeste.
Elle n’entre pas dans les combinaisons de ceux qui la prennent pour un moyen d’action politique sur les hommes, ce qu’elle est parfois, mais ce à quoi elle ne pense jamais.
Avec son habitude et son talent exercé d’historien, Guizot a très bien signalé les infortunes sociales qui ont été des causes ou des effets sur le génie de Shakespeare, mais les influences individuelles, les influences de cette grande individualité sur elle-même lui ont échappé forcément puisqu’il a ignoré l’action de cette vie mystérieuse.
Il comprend l’action et la réalité humaine, et il ne les surfait pas, même en Montesquieu.
Il sait qu’en tombant dans la sphère de l’action et de la volonté, les erreurs de l’esprit deviennent toujours immanquablement les vices du cœur, et ce sont ces erreurs de l’esprit sur lesquelles il porte aujourd’hui le coup de hache de son regard.
L’histoire même fut, à ce René d’Anjou, plus dure que la vie… Dans sa vie et dans la vie de son temps, il eut au moins la place de son action.
La politique de Richelieu que nous rencontrons ici, non pas dans son ensemble, mais dans une des particularités les plus formidables de son action, est une des difficultés qu’aucun historien n’a, selon nous, jusqu’ici vaincue.
Et, cependant, c’est lui qui a écrit, avec un style que nous avons vu luire ailleurs et dont il est le grippe-soleil : « Les poètes, dans les coups de vent de l’action, dans les flamboiements du style, réfléchissent, tourbillons pensifs, salamandres de l’art !
Cette vue exprimée et développée déjà par Donoso Cortès, et qu’il démontre, à savoir : le triomphe naturel du mal sur le bien, et le triomphe surnaturel de Dieu sur le mal, par le moyen d’une action directe, personnelle et souveraine, n’avait jamais été formulée avec cette plénitude et cette vigueur.
Gratry n’aura guères d’action que sur les gens qui pensent comme lui, et qui, par conséquent, n’ont pas besoin d’être ramenés ou convaincus.
Il est le poète de l’action comme il est le poète du rêve et du souvenir.
Indépendamment de sa valeur poétique, qu’il ne faut pas outrepasser, mais qu’il ne faut pas diminuer non plus, d’Aubigné, ce poète guerrier, ce poète d’action, à l’antipode du rêveur que sont tous les autres poètes, a dans ses vers comme dans sa vie un charme de violence irrésistible.
jusqu’aux hommes d’action les moins tourmentés par leur pensée.
Le roman, dans son action même, commençait très bien.
Dans ma préoccupation des deux figures peintes dans La Messaline blonde, je n’ai pas eu le temps de dire ce que je pense de tout ce qui leur fait fond et cadre, et de l’action rapide et changeante à travers laquelle elles sont emportées.
Il entra dans l’action catholique.
Maître Pierre, c’est la théorie du drainage mise en action, en scène et en récit, et le décousu que M.
Ces chanteurs introduits dans l’action de l’Odyssée, ce chantre aveugle qui se fait entendre à la table hospitalière du roi Alcinoüs, leurs hymnes aux dieux, ne s’éloignent en rien, pour l’expression et le rhythme, de tout le reste du récit.
En ce qui concerne la technique du vers français, l’action de la Pléiade n’est pas moins remarquable. […] Il peut tenir de l’antiquité, ou du voisinage, des costumes, à peu près, et des noms et des sujets ; mais ces costumes, de jadis ou d’ailleurs, vêtent des corps actuels, les noms sont des pseudonymes, les sujets s’adaptent à des actions contemporaines, imaginaires ou réelles. […] Mais advint ce qui devait advenir : l’éloquence tarie, et l’action lasse. […] Voici le symbole de tant d’âmes qui se rendirent (comme l’Élisabeth de la Révolte) indignes de l’action qu’elles conçurent, par l’acceptation du mensonge qui semblait la leur faciliter. […] Nulle explication de son intimité morale ; nulle clarté apportée en les ténèbres de cette âme peut-être étrange et profonde, enfantine peut-être ; et, malgré tant de monologues, malgré même l’énormité de l’action, la vierge meurtrière n’est qu’une anecdote.
Les lois sont donc des volontés, d’où résultent pour les membres de la société des actions appelées devoirs. […] Le sujet est l’objet de la volonté du pouvoir et le terme de l’action des ministres. […] Si quelquefois il abandonne son disciple à une admiration toute naturelle pour des actions éclatantes, il est prompt à le retenir dans les bornes légitimes. […] Les actions magnanimes sont celles dont le résultat prévu est le malheur et la mort. […] Heureusement, la postérité juge autrement des actions des hommes : ce n’est pas la lâcheté et le vice qui prononcent en dernier ressort sur le courage et la vertu.
Voyages, entreprises, aventures, grands desseins et grandes actions, tout ce qui fait le prix de la vie, on n’ose plus y songer dès qu’on a un enfant. […] Son roman historique est la mise en action du fameux chapitre de Taine. […] C’est vif, alerte, suffisamment teinté de couleur locale, et animé, jusqu’à la fin, par une poussée vigoureuse qui hâte l’action vers le dénouement prévu. […] Ayant cru que tout avait été analysé, pesé, scruté, ils sont devenus incapables de confiance et impropres à l’action. […] Quel sortilège efficace pourra nous redonner le goût de l’action, le désir d’entreprendre ?
Une évolution faite dans le sens de la liberté du rythme et de son élargissement est toujours destinée, à la longue au moins, malgré les réactions, à s’imposer ; les réactions sont fatales, l’action les cause. […] Paul Adam, dans un sujet où perpétuellement il faut montrer tangible un phénomène psychique et concréter cette réaction de l’être de façon à ce qu’il semble une action de lui, malgré de nombreuses pages accomplies, échoue parfois. […] C’est par un jeu fatal de contraste et d’équilibre qu’après la poussée symboliste est intervenue une sorte de réaction parnassienne ; toute action est suivie de réaction. […] Aussi le vrai triomphe du Hugo de la Restauration et du temps de Charles X est dans la préparation et l’accomplissement de sa rénovation dramatique en un genre inférieur au poème pur, tout d’action, de cantilène, d’éclat. […] Un artiste pur, consciencieux et connaissant ses moyens d’action, ne considérera jamais le développement politique du monde que comme des vestitures variées qui couvrent la vraie face d’Isis.
On le sacre initiateur de toute la poésie moderne, — pour la pensée, émule de Nietzsche, — pour l’action, devancier de Marchand, — vagabond principalement et le premier des « poètes maudits ». […] Mais c’est alors dans la torpeur des journées vides, l’angoisse, à crier, de la solitude et l’exaspération de l’ennui… « L’action est le débouché naturel de l’Être ; le rêve, même non teinté d’espérance, est encore de l’action. […] Et certains groupements, tels que celui des Précieuses, ont eu, en ces matières, une action dont les résultats sont appréciables. […] L’action se révèle à lui dans toute sa noblesse, capable de beauté, sainte et grandiose. […] Et puis, comment t’en dirais-je les causes, si moi-même je ne les sais pas toutes et s’il y a dans l’âme décidément autre chose qu’un mécanisme compliqué d’actions et de réactions, si l’on ne démonte pas une âme comme les rouages d’un automate ?
— Sully-Prudhomme, bon kantien, après avoir détruit tout motif et toute règle d’action, se tire d’affaire en se commandant « catégoriquement » d’agir. […] Ou bien, se croyant frères et ne l’étant pas, commettront-ils coupablement la plus légitime et la plus innocente des actions ? […] Mais il est intolérable que ces invraisemblables procédés d’exposition servent à l’action, deviennent des moyens de nouer ou de dénouer l’intrigue. […] Figurez-vous que « cette action, en leur faisant un autre sang, a changé leur caractère ». […] il en arrive une, et dès lors les actes deviennent, de plus en plus absurdes, les très humbles serviteurs de l’action.
Ajoutons que l’action du roman est indépendante de ces éléments de pittoresque, et que c’est l’étude d’un cœur qui a tenté cette fois l’auteur de Madame Lambelle. […] Qu’on se figure tous les détails, les documents de l’un des livres des Goncourt sur la Révolution, mis en action, agrémentés des pastiches très réussis du parlage, de la sentimentalité et de la brutalité révolutionnaire et impériale, et l’on aura idée de cette œuvre de reconstitution aussi amusante qu’intéressante. […] Toute bonne action qui vise une récompense perd de sa valeur. […] La force n’a été employée qu’au début, et l’action a été aussi prompte qu’énergique ; l’ordre une fois rétabli, l’armée anglaise n’est plus restée que “provisoirement”, pour confirmer la tranquillité. […] De nos jours, l’action des métaphysiques remplace l’action religieuse.
Je ne doute pas un moment, dans ma croyance profonde, que ce bon père ne soit le témoin le plus intime de tes actions et qu’il n’ait réveillé en toi le germe de la foi religieuse à laquelle il a sacrifié l’immense héritage de nos oncles protestants. — Je l’ai toujours béni de ce courage, comme de la misère qu’il nous a léguée pour avoir donné tout son bien aux pauvres. […] C’est grand de penser que nous sommes les maîtres, même dans notre pauvreté, de diriger toutes nos actions du moins pour le mériter.
Fauriel, avaient de l’action dans de petits groupes distingués. […] Le parterre trouva qu’une telle scène était un hors-d’œuvre, qu’elle entravait la rapidité de l’action ; en un mot, qu’elle violait ouvertement la règle, Semper ad eventum festina ; il fut inexorable. » Je viens moi-même de lire la scène du banc, ainsi on l’appelait par rapprochement avec la scène shakspearienne du balcon : comme douceur, naturel, harmonie de diction, je trouve qu’elle justifie tous les anciens éloges.
Il y eut groupe, il y eut action et influence visible autour de lui, et il brille dans le cercle de la royale et indulgente Marguerite, au milieu d’émules et de disciples qui lui ressemblent, les Bonaventure Des Périers, les Brodeau. […] Villon, Marot, Ronsard, Malherbe, ont tous eu une grande action personnelle, et dans le sens de leur poésie ; Rousseau n’en a eu aucune, et, sans son exil, il l’aurait eue plutôt en sens inverse.
L’action extérieure, la guerre, le gouvernement, la magistrature, le sacerdoce, la tribune, la chaire, la délibération, la parole, tout ce qui exige la publicité, la force, la lutte, la virilité, est masculin. […] Ces sentiments m’ont été transmis comme un héritage, et je les ai adoptés dès que j’ai pu réfléchir sur les hautes pensées dont ils dérivent et sur belles actions qu’ils inspirent.
L’action de la Providence leur paraissait marquée dans tous les mouvements des empires, et surtout dans l’âme des héros. « Tout ce qui domine et excelle en quelque chose, disait un autre de leurs sages, est d’origine céleste. » « On accueillera donc avec un intérêt universel le jeune écrivain qui ose rétablir l’autorité des ancêtres et les traditions des âges. […] Ainsi, toute pensée coupable, toute action criminelle entraîne après elle des désordres et des malheurs.
Il n’est pas seulement pittoresque, il est dramatique : il a le don de nous intéresser aux actions, toute tendresse et sympathie mises à part, par cette anxiété et suspension d’attente que nous cause toujours la vue d’une action qui se fait sous nos yeux.
Il se plaisait à rapprocher les littératures des nations européennes, à faire ressortir les différences que la diversité des circonstances historiques et des institutions sociales avait mises entre elles, à suivre les actions et réactions d’un pays sur l’autre : il faisait une grande place à l’Angleterre dans son étude de notre xviiie siècle, et pour le moyen âge il suivait le développement parallèle de la littérature en France, en Italie, en Espagne, en Angleterre. […] Didon, ce n’est pas le livre : c’est le discours, l’action directe et personnelle sur les âmes.
Souvent, le dernier petit poids qui emporte la balance n’a l’air de rien : ce rien est tout, venant après le reste… Ou bien, quand on accorde à ces étrangers le privilège de savoir rendre seuls « l’entour de la vie », veut-on dire que, tandis que le romancier français « choisit, sépare un personnage, un fait, du chaos des êtres et des choses, afin d’étudier isolément l’objet de son choix, le Russe, dominé par le sentiment de la dépendance universelle, ne se décide pas à trancher les mille liens qui rattachent un homme, une action, une pensée, au train total du monde, et n’oublie jamais que tout est conditionné partout ? […] Une des idées qui dominent les romans de Georges Eliot, c’est l’idée de la responsabilité, entendue avec la plus pénétrante rigueur ; l’idée qu’il n’y a pas d’action indifférente ou inoffensive, pas une qui n’ait des suites et des retentissements à l’infini, soit en dehors de nous, soit en nous, et qu’ainsi l’on est toujours plus responsable, ou responsable de plus de choses, qu’on ne croit.
Charles-Henry Hirsch Il me semble que nos contemporains, appliquent aujourd’hui le meilleur de leurs facultés à leur action professionnelle ou rémunératrice. […] L’auteur dramatique charpente, assemble, groupe ; il s’efforce de faire vivre, par effets de mise en scène, une action, d’exprimer par des synthèses expressives des caractères d’humanité, de tirer des effets compliqués de certains conflits personnels, presque toujours les mêmes.
La religion, telle que je l’entends, est fort éloignée de ce que les philosophes appellent religion naturelle, sorte de théologie mesquine, sans poésie, sans action sur l’humanité. […] Les religions qui ne prétendent pas s’appuyer sur une révélation, si inférieures comme machines d’action aux religions organisées dogmatiquement, sont, en un sens, plus philosophiques, ou plutôt elles ne diffèrent de la religion vraiment philosophique que par une expression plus ou moins symbolique.
Ce n’est pas comme à Saint-Nicolas, par exemple, où on ne laissait jamais la machine aller seule ; le mécanicien était toujours là, volant à droite, à gauche, mettant partout le doigt, essoufflé, empressé parce qu’on ne songeait pas que la machine la mieux montée est celle qui exige le moins d’action de la part du moteur. […] Renoncer à une voie qui m’a souri dès mon enfance, et qui me menait sûrement aux fins nobles et pures que je m’étais proposées, pour en embrasser une autre où je n’entrevois qu’incertitudes et rebuts ; mépriser une opinion qui, pour une bonne action, ne me réserve que le blâme, eût été peu de chose, s’il ne m’eût fallu en même temps arracher la moitié de mon cœur, ou, pour mieux dire, en percer un autre auquel le mien s’était si fort attaché.
Enfin, ayant déjà mis sur le théâtre plusieurs ouvrages où le langage et les actions étaient aussi libres que dans la société dont le théâtre est l’image, il avait pu se croire personnellement intéressé à faire tomber des usages nouveaux qui étaient sa condamnation, et pouvaient ruiner son théâtre et la considération acquise par son talent. […] J’aurais voulu voir eu action, entre leurs mains, l’aiguille, la navette, le fuseau, la fusée, le dévidoir ; j’aurais désiré de voir ces femmes broder, faire de la tapisserie, des nœuds, des pelotons, en même temps qu’elles écoutaient une lecture, ou entendaient discourir sur quelque sujet moral ou littéraire.
Mais La Fontaine s’honora singulièrement dans ces circonstances, et comme, en vérité, c’est la seule bonne action que La Fontaine ait faite dans sa vie, vous me permettrez d’y insister un peu. […] Songez que ces mêmes paroles que vous venez de prononcer et que nous insérerons dans nos registres, plus vous aurez pris de peine à les peser et à les choisir, plus elles vous condamneraient un jour si vos actions s’y trouvaient contraires, si vous ne preniez à tâche de joindre la pureté des mœurs et de la doctrine, la pureté du cœur et de l’esprit, à la pureté de style et du langage, qui ne sont rien, à bien prendre, sans l’autre. » Voilà le ton de M. de La Chambre parlant à La Fontaine.
Et toute cette action ne s’est pas limitée à la littérature anglaise. […] En 1300, la Divine Comédie était sans action à Florence.
Lorsque les peuples sont effarouchés par la violence et par les armes, au point que les lois humaines n’auraient plus d’action, il n’existe qu’un moyen puissant pour les dompter, c’est la religion. […] Enfin l’action de recueillir les lettres, et d’en faire comme un faisceau pour former chaque parole, fut appelée legere, lire.
Parlant du connétable de Montmorency, blessé à mort dans la bataille de Saint-Denis à l’âge de soixante-quatorze ans ; après quelques détails sur l’action, il dit : Il faut venir au connétable, lequel le lendemain mourut chargé de six coups, en âge, en lieu et condition honorables ; grand capitaine, bon serviteur, mauvais ami ; profitant des inventions, labeurs et pertes d’autrui, agissant par ruses, mais à leur défaut usant de sa valeur.
Les forces disponibles de la société, refaites à peine des excès et des prodiges de l’action, se portèrent à la tête ; on se jeta dans les travaux et les luttes de l’esprit.
Cette action de charité lui avait porté bonheur, et il lui attribuait d’avoir attiré bien plus tard les bénédictions de Dieu sur lui.
Tout à coup se ravisant, il fit rappeler le curé et lui dit qu’il n’avait à se reprocher que cette dernière action, qu’il n’avait jamais trahi la vérité qu’en cette occasion, en feignant, par complaisance pour les siens une certitude qu’il n’avait pas : en un mot il se confessa de s’être confessé.
Les poésies populaires l’occupaient aussi et le passionnaient à la rencontre ; il les recueillait chemin faisant à plaisir, air et paroles : ses amis se surprirent plus d’une fois à sourire, en lui entendant réciter, vouloir chanter et mettre en action les plus humbles ballades et mélodies.
Depuis trois ans qu’il nous a donné la première partie de son Spectacle dans un Fauteuil, de nombreux et vifs témoignages nous l’ont montré toujours en progrès, toujours en action sur lui-même.
Un poème qui, lu sans prévention, produit sur des juges délicats, sur des amateurs éclairés et sensibles, un tel effet d’intérêt gradué, d’action successive et de magnifique accomplissement, attestera toujours, quoi qu’on puisse dire, et sauf les parties plus ou moins accessoires, la main et le génie principal d’un seul.
Quelle plus haute pensée, par exemple, que celle-ci, qui pourrait servir comme d’épigraphe et de devise à la vie du grand réformateur : « Il faut faire de ces œuvres et de ces actions qui subsistent indépendamment des passions différentes des hommes !
Gil Blas et Figaro sont les admirables types de ce personnage qui vit d’action plutôt que de conviction.
Lorsque le gouverneur de la tour où est enfermé le jeune Arthur, fait apporter un fer chaud pour lui brûler les yeux, sans parler de l’atrocité d’une telle scène, il doit se passer là sur le théâtre une action dont l’imitation est impossible, et dont le spectateur observera tellement l’exécution, qu’il en oubliera l’effet moral.
Au lieu des grandes conceptions tragiques, des rêveries sentimentales et voluptueuses, des générosités et des tendresses du vieux poëme allemand ; au lieu de l’âpreté pittoresque, de l’éclat, de l’action, du nerf des récits espagnols ; au lieu de la farouche énergie, de la profondeur lugubre des hymnes saxonnes, vous rencontrez des épopées prosaïques et des contes frondeurs.
De plus, l’institution des Salons donnait aux artistes un puissant moyen d’action sur la société ; et désormais, dans la formation du goût général, entrera une certaine dose de tendances et de jugements esthétiques.
Brunetière, dont la sévère méthode, le rigoureux enchaînement de doctrine ont fortement saisi le public : sans nulle concession à la frivolité des auditeurs, il les gagne par l’ardente conviction que son action, sa voix, toute sa personne dégagent.
Leconte de Lisle, l’action ce sont les vers.
On comprend ce que l’acteur français Des Lauriers, surnommé Bruscambille, disait, à quelque temps de là, dans un de ses prologues en parlant de la farce française : « Je puis dire avec vérité que la plus chaste comédie italienne est cent fois plus dépravée de paroles et d’actions qu’aucune des nôtres. » Bornons-nous à quelques indications sur ce point délicat.
Mais, quand un misé-[145] rable travaille à s’élever au-dessus du besoin, il fait une action vertueuse, car il pose la condition de sa rédemption, il fait ce qu’il doit faire pour le moment.
Parfois elle nous découvre, comme un fait dont l’autorité est l’indiscutable, l’action exercée sur un écrivain par un événement ou un objet extérieur.
Il a peu de gestes, mais il possède la plus essentielle des parties qui concourent à l’action ; il a la voix, une voix d’un courant pur et d’une longue haleine, d’un timbre net et clair, d’un accent distinct et vibrant, très propre à marquer les intentions généreuses ou ironiques du discours.
leur désir d’action ne débordera-t-il leur œuvre ?
Il est inutile de montrer ici que dans l’état actuel de la science, ces influences, marquées pour les masses auxquelles est applicable la loi des moyennes, exercent une action extrêmement irrégulière et peu discernable sur la formation des écrivains et qu’au surplus elles n’augmentent ni ne diminuent en rien la valeur de ce qu’ils ont pu produirecd.
Dans cette situation, l’observateur, quel qu’il soit, pour peu qu’il se soit livré quelquefois à la publicité, doit, s’il veut conserver entière son indépendance de pensée et d’action, garder l’incognito comme s’il était quelque chose et l’anonyme comme s’il était quelqu’un.
Il est bien évident qu’étant en correspondance directe avec notre sensibilité intellectuelle, laquelle se développe de siècle en siècle, sous l’action du savoir de plus en plus étendu, elle ne peut rester stationnaire.
Dans les scènes dramatiques, lorsque les passions sont émues, et que tous les miracles doivent sortir de l’âme, l’intervention d’une divinité refroidit l’action, donne aux sentiments l’air de la fable, et décèle le mensonge du poète, où l’on ne pensait trouver que la vérité.
Il faut instituer des marques distinctives de la diligence, il faut décerner des prix, et il importe un peu plus, ce me semble, de récompenser une action honnête qu’une leçon bien apprise.
Il s’étoit donc attaché à joüer les personnages des peres austeres, des parasites, des valets fripons, en un mot, tous les personnages qui demandoient beaucoup d’action.
Que l’égoïsme, l’intérêt, l’amour-propre, comme il dit, est le fond de tous nos sentiments et le mobile de toutes nos actions. !
Ce qui n’avait été qu’à l’état de haute aspiration personnelle, dans Mme de Staël, prit tout à coup, sous l’action du saint-simonisme, l’impérieuse généralité et la décision incisive du dogme.
Le livre que voici donne une opinion de plus sur Byron, mais ne change pas, par un fait nouveau, mais ne modifie pas d’un iota, d’un atome, d’un atome d’atome, l’opinion faite de longue main sur Byron, Historiquement, biographiquement, littérairement, tout ce qui est dit ici a été dit ailleurs sur le grand poëte anglais, dont la vie ressemble à ces fragments sublimes interrompus du Giaour, plaques de lumière et d’ombre ; et sa destinée est peut-être de rester mystérieuse, comme celle de ces Sphinx de l’Action, — Lara et le Corsaire, — ces Mystères vivants qu’il a chantés !
Beaumont-Vassy nous a raconté les faits politiques qui se sont produits en Russie, ou sous l’action de son cabinet en Europe, depuis trente-neuf ans7 ; mais le premier journaliste venu en sait autant sur tous ces faits vus par l’écorce que Beaumont-Yassy lui-même, et vraiment était-ce bien la peine d’intituler fastueusement son ouvrage : De l’Empire russe depuis le Congrès de Vienne, si ce livre qu’on appelle ainsi n’a pas plus de profondeur et de consistance que la Gazette de Leipzig ou le Journal de Francfort ?
Le peuple, menacé au xvie siècle dans tout ce qui était sa vie, sentait absolument cette identité que les historiens devraient montrer davantage pour expliquer une action qui ne fut point une révolte dans le sens que les révolutions modernes ont donné à ce terrible mot, et pour l’expliquer aux penseurs politiques de nos jours qui ont rayé, il est vrai, les questions de foi de leurs programmes, c’est-à-dire toute l’économie de la vie morale, mais qui, en présence des intérêts matériels, comprendront peut-être que la Ligue, c’est-à-dire la société même, courût aux armes pour se sauver !
L’implacable historien auquel ils ont affaire aujourd’hui diminue la hauteur de leur taille, et donne la mesure de leur action, si étonnamment exagérée.
En cela, il a été plus préoccupé d’influence et d’action sur ses contemporains que du double mérite des livres bien faits, c’est-à-dire de la beauté ou de la vérité désintéressée de l’œuvre littéraire. — Cet utilitaire se sera dit que le profit du livre serait bon après le profit de la Conférence, et il a publié son fallacieux Innocent III.
Or, tout le monde n’a pas les vices du cardinal de Retz à dix-huit ans… Lorsqu’on se renferme dans les données d’une passion qui ne pouvait pas aliéner un cerveau de la force de celui de Goethe au point de le lui faire brûler d’un coup de pistolet, y a-t-il donc réellement, dans son action honorable et prudente, de quoi changer subitement en posthume héros de moralité sensible un homme dont le cœur même fut littéraire, et auquel, cet amour passé qui dura le temps d’une bluette, la plus incroyable prospérité vint donner bientôt toute la dureté d’un caillou ?
C’était un Proudhon en action qui devançait la théorie, comme les poëtes devancent les poétiques, et qui voulait détruire tous les gouvernements.
Et, quand il a fini son terrible réquisitoire en action, il ne doit pas conclure dogmatiquement par ce mot faux, qui ressemble au mot d’un niais d’honnête homme vertueux qui se trompe ou d’un misanthrope littéraire vexé qui se venge : « La Critique n’est point un chemin, mais une impasse », car la Critique est un chemin qui mène au même but que tout emploi des facultés humaines, quand cet emploi accuse de la puissance ou de la profondeur dans les facultés.
Ils se dérobèrent à cette direction vague et molle, ils reprirent leur liberté d’action, ils travaillèrent chacun à leur guise.
Nous sentons que cette belle nature n’est rien sans l’action de l’humanité, à qui Dieu a confié le soin de continuer l’œuvre de la création. […] Mais, dans le choix et l’action de ces allégories, la portée de l’idéal du poète se révèle clairement. […] La soif d’action politique qui dévore aujourd’hui le poète sacré prouve bien qu’il n’est pas l’homme du passé, le Jérémie de la Restauration. […] Il était infiniment plus indulgent en actions qu’en paroles. […] Tu n’imagines pas à quel point le génie peut s’obscurcir, et l’homme d’action se survivre à lui-même.
L’ordonnance du 5 septembre, en brisant la Chambre de 1815, avait rendu au gouvernement de Louis XVIII la liberté de son action. […] Avoir su trouver l’intérêt, l’émotion, la bonne plaisanterie, l’ action enfin, dans la dialectique, dans les catégories, dans la scolastique, le détour assurément doit sembler original et neuf. […] » Seulement, pour traduire en action cette lutte et lui donner tout son relief, il s’agissait de la rejeter dans le passé et de la personnifier dans quelque figure historique connue, dans un homme célèbre en qui l’esprit, supérieur au caractère, aurait eu à lutter et contre lui-même et contre le monde d’alentour.
De ce livre, en ébauche dans son cerveau, Flaubert passe à un autre qu’il dit caresser depuis longtemps : un immense roman, un grand tableau de la vie, relié par une action qui serait l’anéantissement des uns par les autres, dans une société basée sur l’association des 13, et où l’on verrait l’avant-dernier des survivants, un homme politique, envoyé à la guillotine par le dernier : un magistrat — et pour une bonne action. […] Or, après ces malhonnêtes actions involontaires, ces petits crimes arrachés à sa droite nature, elle s’enfonçait en de tels reproches, en de tels remords, en de telles tristesses, en de tels noirs de l’âme, que dans cet enfer, où elle roulait de fautes en fautes, désespérée et inassouvie, elle s’était mise à boire pour échapper à elle-même, se sauver du présent, se noyer et sombrer quelques heures dans ces sommeils, dans ces torpeurs léthargiques, qui la vautraient toute une journée en travers d’un lit, sur lequel elle échouait en le faisant.
Puis la crainte qu’ils ont d’eux-mêmes, accrue par leur dédain de l’action, fait qu’ils détestent quiconque se prouve confiant en soi. […] Toute initiative est abolie ; toute volonté d’action s’éteint, et bientôt rien ne resterait de nous que des sacs digestifs s’il n’y avait pas à compter sur l’infime minorité des révoltés que l’excès même du mal suscita. […] Quoique j’aime l’action, bien qu’il me plaise de lutter contre les fantômes qui obsèdent nos frères, il y a des moments où je voudrais, comme toi, vivre à l’écart parmi d’harmonieux paysages… Et cela, dès maintenant ! […] Quels sont vos moyens d’action ? […] … D’ailleurs, tu as semblé confirmer le néant de l’action en t’écriant dès que nous fûmes seuls : « Tout est un rêve. » Grymalkin sourit en silence.
. — La tragédie, au contraire, emploie avec un sans-gêne tout royal, une foule de personnages accessoires qui tiennent à peine à l’action, une grande quantité de comédiens obscurs qui n’ont rien à gagner à bien jouer de si petits rôles ! […] Nous n’aurons jamais aucun démêlé ensemble, et je ne vous contraindrai point dans vos actions, comme j’espère que de votre côté vous ne me contraindrez point dans les miennes ; car, pour moi, je tiens qu’il faut avoir une complaisance mutuelle, et qu’on ne se doit point marier pour se faire enrager l’un l’autre. » Puis elle ajoute : « Adieu ! […] Quand Molière l’écrivit, c’était une action de courage. […] Pourtant, cet homme sans cœur et qui s’est taché de sang, la première bonne action de sa comédie, c’est de nous rendre Éliante, la belle et douce Éliante de Molière, épargnée par Jean-Jacques Rousseau lui-même. […] Alceste n’y paraît qu’à la dernière scène, et cependant l’action est vive, nette et rapide.
Politiquement, quand on en vient à étudier de grands personnages, des hommes d’action, les traits généraux de famille ressortent encore mieux et se vérifient plus aisément. […] Ces enfants de ses sœurs montrent bien de quelle race fortement constituée et prédestinée à l’action il était issu ; la plupart des nièces nous représentent bien cette race en tout ce qu'elle avait de non altéré et de genuine, comme disent les Anglais, la force sacrée du sang, comme diraient les Grecs, la noblesse naturelle avec de terribles instincts d’aventures.
Son grand crime, disait-on, était denier et de supprimer le libre arbitre, la liberté humaine, la moralité des actions et ce qui s’ensuit. […] Tantôt, au sein de l’institut, au seuil de l’Académie française, si un savant modeste, profond, exercé, un honnête homme modèle, déjà membre d’une autre classe de l’Institut, se présente, c’est un pétulant adversaire, un prélat zélé et plus que zélé (je voudrais rendre ma pensée en évitant toute qualification blessante), qui le dénonce aux pères de famille, qui le dénonce aux confrères eux-mêmes déjà prêts à l’élire, et par des considérations tout à fait extra-académiques qui ne laissent pas d’avoir action sur les timides et tes tièdes, l’écarte, l’exclut et l’empêche d’arriver.
L’orgueil légitime de l’Angleterre n’abdiquera jamais (et nous ne l’en blâmons pas) une grande part d’influence et d’action sur le continent européen. […] La France, qu’elle flatte et qu’elle abandonne au moment de l’action en 1806 ?
Les gouvernements sont la souveraineté en action, le mécanisme social par lequel cette souveraineté, divine dans son essence, humaine dans ses moyens, s’exerce sur les groupes plus ou moins nombreux dont les sociétés se composent : familles d’abord, tribus après, peuplades ensuite, confédérations ou monarchies de même origine enfin. […] L’expulsion du toit et du champ paternels, la mendicité aux portes des seuils étrangers, la glane dans le sillon sans cœur, le vagabondage à travers la terre, la couche sous le ciel et sur la neige, la séparation des membres errants de la même chair, le déchirement de tous ces cœurs qui ne faisaient qu’un, la destruction de la parenté, cette patrie des âmes, cet asile de Dieu préparé, réchauffé, perpétué pour la famille ; les mœurs, l’éducation des enfants, la piété filiale et la reconnaissance du sang pour la source d’où il a coulé et qui y remonte par la mémoire en action qu’on appelle tendresse des fils pour leur père et leur mère ; tout cela (et c’est tout l’homme, toute la société), tout cela, disons-nous, périt avec l’hérédité des biens dans la loi.
On se réglera par le respect des coutumes, par la religion établie, par les opinions modérées ; on tâchera d’être ferme dans ses actions, de se vaincre plutôt que sa fortune, « à cause, dit-il, qu’on n’est maître que de ses pensées », de ne rien désirer qu’on ne puisse avoir. […] Nous les trouvons, pour ainsi dire, sur le chemin de toutes nos actions, qu’ils ont comme prévues et réglées d’avance, et si nous ne faisons pas ce qu’ils conseillent, c’est avec le sentiment d’une sorte de désobéissance envers des maîtres infaillibles.
Mais l’une et l’autre sont conjointes et ont exactement le même procédé) : « Ma seconde maxime était d’être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, … Au fond sa grande maxime de méthode est aussi d’être le plus ferme et le plus résolu en ses pensées qu’il le pourrait. Et peut-être sa plus grande invention et sa nouveauté et son plus grand coup de génie et de force est-il d’avoir conduit sa pensée délibérément comme une action.
On sait maintenant que l’échec de Lohengrin est dû, en majeure partie, à l’action de la Revanche, qui, à partir du jour de la provocation si inopportune de M. […] 16 avril, l’Action : publication des lettres de Wagner à sa couturière (la robe de satin ponceau avec traine, la robe en velours rose tendre à garniture céladon, les jupes à soufflet, etc. etc., qui ne furent sans doute que de simples robes de chambre quelque peu excentriques.)
Le mythe ici reste clair comme les phénomènes physiques qu’il met en action. […] On leur apprenait que toutes les actions sont indifférentes, par conséquent que tout est permis : — Nihil nefas ducere.
Mardi 8 février Après les circuits de la parole autour de la papauté, de l’inconscience des philosophes allemands, des actions impulsives des aliénistes, de l’origine de la vérole, le dernier mot de la conversation du dîner est celui-ci : « Alors décidément le morpion est moins bien armé par le créateur que le pou ? […] Il me semble, qu’à gauche et derrière la tête quelque chose m’attire en arrière, quelque chose qui doit ressembler à l’action de l’aimant sur un corps aciéré, ou mieux à l’aspiration du vide, et cela descend, toujours à gauche, sous les côtes, le long des vertèbres jusqu’au bassin, comme une onde frémissante, avec un sentiment dans tout le corps de perte d’équilibre.
… Au lieu de préparer sur la palette la valeur d’un morceau ou un bon mélange où s’aveuliraient les couleurs, ils les trouvent sur la toile par l’action… […] signifie un état actif, une action sur l’hiver, ou à propos de l’hiver ; hiémal signifie un état passif, et s’applique aux choses résultant de l’hiver.
Ils sentent que le rire est une comédie, Que la mélancolie est un cercueil usé ; Le rêve dégoûté commence à leur déplaire ; L’action sans la foi ne les satisfait pas ; Ils savent repousser d’un front chaste et colère Ces deuils voluptueux des vaincus sans combats !
Au sortir du succès brillant de son premier recueil, Mme Tastu tenta d’agrandir le domaine de son inspiration, et d’entrer dans la poésie d’action, épique et dramatique.
Qu’il y ait eu des épisodes intercalés, des scènes d’Olympe à tiroir, ménagées çà et là pour faire transition et relier entre elles quelques-unes des rhapsodies, c’est possible, et la sagacité conjecturale peut s’y exercer à plaisir et s’y confondre ; mais, sans prévention, on ne peut méconnaître non plus un grand ensemble et ne pas voir planer dans toute cette durée de l’action la haute figure du premier des héros, de celui qui agitait en songe et suscitait Alexandre.
Au prince de Conti succèdent le comte de Vaudreuil et M. de Calonne, puis Robespierre, puis Bonaparte ; et pourtant, au milieu de ces servitudes diverses, Le Brun demeure ce qu’il a été tout d’abord, méprisant les bassesses du temps, vivant d’avenir, effréné de gloire, plein de sa mission de poëte, croyant en son génie, rachetant une action plate par une belle ode, ou se vengeant d’une ode contre son cœur par une épigramme sanglante.
Tous avaient leur spécialité, et ce qui se rapportait à ce souci continu et perpétuel de l’opinion, à cette observation de la température morale, si je puis dire, et à l’action qu’il eût été possible d’y exercer en temps utile, cette partie vague et flottante de la politique, et si essentielle pourtant, ne rentrait dans la sphère ni dans le département de personne.
Rien ne subsiste de nous en nous, que des habitudes inconscientes et des actions mécaniques.
Nous interprétons à mal toutes les actions des gens que nous n’aimons pas, à bien toutes celles des gens que nous aimons.
Dans toute action, dans tout raisonnement qui se développe, il y a des moments décisifs, où l’on sent qu’un grand pas est fait, qu’un point important est acquis.
Michelet choisit un couple : une jeune fille de dix-huit ans et un jeune homme de vingt-huit ; il les suppose s’aimant d’un amour égal ; il les isole à peu près (quoi qu’il dise) du monde ambiant ; les suit année par année, jusqu’à la mort, et étudie, aux âges différents, l’action physique et morale de l’homme sur la femme, et inversement : « création de l’objet aimé (c’est-à-dire création de l’épouse par le mari) ; initiation et communion ; incarnation de l’amour (dans l’enfant) ; alanguissement de l’amour ; rajeunissement de l’amour. » Michelet propose un idéal, et qui se trouve être, sur la plupart des points, traditionaliste : il est remarquable que, ayant intitulé son livre l’Amour, Michelet n’y parle que de l’amour conjugal.
Je prouverois par les écrits & les actions de ces hommes immortels combien leur cœur étoit pénétré de cette vertu douce dont ils se sont efforcés d’étendre l’empire.
Or si, après, analytiquement, l’œuvre littéraire obéit à une explication sociale, si elle se définit, comme toute chose, résultat et cause, répercussion et action, il ne s’ensuit pas que, avant, synthétiquement, elle ne soit commandée par les lois d’une création tout à fait sui generis, autonome.
La société est une entité distincte des individus ; extérieure à eux et qui leur impose des modes d’action et de pensée qu’ils n’auraient pas sans elle.
Bertrand est toujours en action ; tantôt il semble aux prises avec quelque ennemi extérieur, tantôt il dessine d’un geste de la main les figures qu’il étudie.
Il en fit le point d’appui de son action, ou, pour mieux dire, l’un de ses points d’appui ; car il avait un sentiment trop profond de son œuvre véritable pour l’établir uniquement sur des principes aussi fragiles, aussi exposés à recevoir des faits une foudroyante réfutation.
Son aïeul était ce Théodore-Agrippa d’Aubigné, célèbre par son esprit et sa bravoure, par ses écrits et ses actions, illustré par la confiance et l’amitié de Henri IV, prix d’un dévouement sans réserve, et par la familiarité que le prince lui permettait avec lui, au risque de voir quelquefois Agrippa sortir des bornes du respect, et se permettre les saillies d’un camarade74.
Il y a là une admirable analyse de Paul et Virginie, une analyse en groupe et en action, telle qu’un poète seul a pu la faire.
Il n’avait guère de cervelle, dit Retz ; mais Hamilton a mis en action son étourderie naïve, et nous le fait aimer.
Le colonel du 4e régiment fut des derniers à défendre un des faubourgs de la ville qu’on évacuait ; il en chassa une dernière fois l’ennemi, qui se pressait trop de l’occuper : « Le maréchal Ney me fit dire alors, ajoute le narrateur, de ne point trop m’avancer, recommandation bien rare de sa part. » Les éloges du maréchal, le soir même de cette action, furent rapportés aux officiers par le colonel et leur réjouirent le cœur.
Des actions si belles furent empoisonnées.
Ainsi un même organe peut perdre tel de ses modes d’action sans qu’on ait le droit de mettre en doute son unité.
La syntaxe de Mallarmé est un jeu tout personnel au poète, qui ne comportait aucune influence, aucune action.
À des clous cachés sont suspendus des brodequins d’airain, forte défense contre les dards, des cuirasses tissues d’un lin nouveau, et les creux boucliers éprouvés par le tranchant des épées de Chalcis, et les baudriers nombreux, et les tuniques de guerre64. » Le poëte parlait ainsi, ayant déjà paru, dans l’action, moins ferme qu’il n’était épris de ce luxe des armes.
Loin donc de triompher, comme Lucrèce, de la faiblesse de l’homme, de ses souffrances physiques, de son déclin moral, de sa mort successive et complète, elle se plaît à montrer quelque chose au-delà de ces ruines qu’elle décrit : Des mains, dit-il, propres à l’action, sont adaptées au reste du corps ; mais surviennent de rudes accidents qui hébètent l’intelligence.
Tout ce qu’il y avait en hommes de hardi, d’aventureux, de poétique, ôtait aux armées, faisant des Iliades en action et n’écrivant pas. […] Il leur faut avant tout une légende, un petit drame, une action, un sentiment, quelque chose d’humain qui soit à leur portée. […] C’est pour cela qu’ils sont si complets Nul ne saurait suivre absolument la vie d’un autre ; en pareil cas, il y a des motifs qui restent obscurs, des détails inconnus, des actions dont on perd la trace. […] Un désir de vie pratique et d’action s’empara de lui. […] Ces deux maîtres, hommes de talent et surtout habiles professeurs, ne devaient pas avoir une grande action sur leur élève, déjà préoccupé d’un autre système et poussé par un sentiment invincible à la reproduction exacte de la nature.
Paul Bourget, qui épargne la vie de sa victime en même temps que la sienne propre, commet, en séduisant une jeune fille, plutôt une très mauvaise action qu’un crime proprement dit. Je n’ai pas à dire comment, accusé d’empoisonnement et acquitte par le jury, il est tué d’un coup de pistolet par le frère de la victime, un homme d’action, point psychologue du tout, un soldat. […] Il est facile de lui répondre qu’une philosophie, quelle qu’elle soit, si morne, si désolée qu’elle paraisse d’abord, si sombre que semble sa face, change de figure et de caractère dès qu’elle entre dans le domaine de l’action. […] Bien qu’il connût que tout n’est que vanité, il était, de son naturel, enclin à rechercher les mobiles des actions humaines, et particulièrement de celles des femmes ; cette petite espèce de créature lui inspirait une curiosité malveillante, mais très vive. […] Cette action ne resta pas impunie.
Une telle entente leur permettrait d’engager une action à la fois plus immédiate et plus efficace. — Mais elle ne se produit, hélas ! […] Ils étaient mûrs pour les hautes actions ; c’est ainsi qu’ils s’y préparaient. […] Bérenger dans notre état national, c’est le divorce entre l’action et la pensée, c’est le renoncement de l’élite intellectuelle, qui se désintéresse des choses publiques pour s’enfermer dans son rêve égoïste d’art, de science ou de pensée. […] Henry Bérenger n’a donc plus à regretter le divorce passager entre l’action et la pensée, grâce à Zola, grâce encore aux éminents esprits qui se sont joints à lui, la réconciliation existe entre ces deux facultés, et parce qu’elle a eu lieu en dehors du monde parlementaire, elle n’en est que plus heureuse, plus solide et plus efficace.
Elle est grave, mais elle est vraie si l’on songe à ce peu de chose qu’est un fait et comment un fait se produit et comment nous sommes entraînés par la chaîne sans fin de l’Action et combien peu nous participons réellement à nos actes les plus décisifs et les mieux motivés. […] C’est un esprit romanesque et philosophique, de la lignée de Gœthe ; une de ces année, lorsqu’il aura reconnu l’impuissance de la pensée sur la marche des choses, son inutilité sociale, le mépris qu’elle inspire à cet amas de corpuscules dénommé la Société, l’indignation lui viendra, et, comme l’action, même illusoire, lui est à tout jamais fermée, il se réveillera armé de l’ironie : cela complète singulièrement un écrivain : c’est le coefficient de sa valeur d’âme. […] Il y a une évidente contradiction entre l’art et la vie ; on n’a guère vu jamais un homme vivre à la fois l’action et le songe, transposer en écritures des gestes d’abord réels ; ou, si cela arrive, l’homme qui a d’abord vécu ne tire de ses aventures aucun profit : l’équivalence des sensations est certaine et les affres de la peur peuvent être dites par qui les imagine mieux que par celui qui les ressentit. […] Avouer ses péchés d’action ou de rêve n’est pas un péché ; nulle confession publique ne peut scandaliser un homme car tous les hommes sont pareils et pareillement tentés ; nul ne commet un crime dont son frère ne soit capable.
Bakin, un romancier dont tous les romans ont, comme point de départ, une légende ou un fait historique et qui, dans son ambition de donner près du lecteur un caractère de vérité à ses récits, s’est fait un descripteur très fidèle, un géographe merveilleux, selon les Japonais, des paysages où se passe l’action de ses romans ; — et la première planche d’Hokousaï offre la vue du village qu’habite Kasané. […] Des voleurs ont dérobé le chat en or, et la recherche de ce chat porte-bonheur par les anciens possesseurs, tombés dans la misère et la détresse, recherche mêlée à l’action d’une femme méchante nommée Karaïto, mêlée à l’organisation d’un complot et à quelques tueries, met mille incidents, mille complications dans ce roman où apparaît, çà et là l’élégante figure de Masago, la maîtresse de Yoritomo. […] Mais ils sont accusés de vilaines actions, et obligés de quitter la province où les vrais coupables, après leur départ, avouent leurs méfaits en se suicidant dans un cimetière. […] La Mangwa, ces milliers de reproductions fiévreuses de ce qui est sur la terre, dans le ciel, sous l’eau, ces magiques instantanés de l’action, du mouvement, de la vie remuante de l’humanité et de l’animalité, enfin, cette espèce de délire sur le papier du grand « fou de dessin » de là-bas ! […] Dans ce petit livre, chaque personnage, dont on rapporte un acte de la vie, a son nom imprimé près de la représentation de cette action.
Changés peut-être, mais en pis, comme les Francs, comme tous les barbares qui passent de l’action à la jouissance. […] Chez nous, la culture a interposé entre le désir et l’action le tissu entre-croisé et amollissant des réflexions et des calculs ; ici la détente est soudaine, et le meurtre et toute action extrême en partent à l’instant.
Le mien, à moi, c’était Tacite, la haute politique et la haute morale dans la haute poésie de l’action et du style. […] Je vis un petit homme taillé en force par la nature, dispos, d’aplomb sur tous ses membres comme s’il eût été toujours prêt à l’action, la tête bien en équilibre sur le cou, le front pétri d’aptitudes diverses, les yeux doux, la bouche ferme, le sourire fin, la main courte mais bien tendue et bien ouverte comme ceux qui, selon l’expression plébéienne, ont le cœur sur la main. […] Il n’avait qu’un défaut, trop d’indifférence pour l’action, défaut opposé au mien, le trop d’impatience d’agir.
Mise en action elle s’exprime ainsi : négation d’un bien connu en faveur d’un bien inconnu. […] Parmi ce torrent d’effluves, les actions communément appelées charitables ne sont qu’un tout petit souffle, et souvent de vanité, — mais qui siffle comme un jet de vapeur, afin de capter l’attention et la sensibilité des âmes. Ces actions n’ont que le mérite d’être conscientes ; elles le sont jusqu’à l’ostentation et jusqu’au mensonge, car elles arrivent à faire croire qu’elles ont seules droit au nom d’actes de charité, alors que leur principe les range parmi les plus ordinaires gestes du commerce. […] La destinée d’une langue est déterminée par deux causes, l’une intime et l’autre d’action extérieure, l’une toute littéraire et l’autre toute politique. […] Dès que les écrivains sont légion, dès que la culture littéraire s’épand sur la nation entière, substituant à la noblesse de l’inconscient la mesquinerie de l’action volontaire et préméditée, il se produit une déviation esthétique et un abaissement intellectuel.
Jadis, je prônais le Mallarmismc, le rêve, l’artifice, le dédain du Réel et de l’action. […] Ceux-là se montrent susceptibles d’une action féconde ; il sied donc d’exposer quelques-unes de leurs opinions : M. […] Joseph Loubet : « En dehors des groupements, des cénacles, des filiations de nature à entraver son individualité, l’intellectuel a ce champ d’action : la destination sociale de l’art. » M. […] Nietzsche les avait tant aimés, ces deux contempteurs de l’action joyeuse, qu’on pouvait espérer qu’il les écouterait. […] Alors chacun produisant selon ses forces, prenant au bien commun selon ses besoins, personne ne cherchant à réglementer, à gouverner, à entraver, la société évoluera, par l’action spontanée de tous, vers des destinées toujours plus hautes… Vain rêve, dit-on.
C’est sa Lorraine qui détermine toutes ses actions. […] En plaçant l’action de « l’Étape » dans un milieu d’universitaires, parce qu’il y trouvait beaucoup plus accusés, et en quelque sorte plus purs, les maux qu’il se proposait de décrire, M. […] Charles Maurras a montré par l’histoire de George Sand et de Musset (les Amants de Venise) la théorie de l’amour romantique en action, avec les désastres qu’elle amène.) […] Accord de nos opinions, de nos actions, de nos passions, s’il se peut, avec les lois objectives de la vie, arbitre sévère du fécond et du malfaisant ; accord de l’expression artistique avec le caractère universel des objets, et non pas avec l’accident des impressions subjectives ; accord des idées philosophiques avec les rythmes fondamentaux et les grandes analogies que la nature permet à l’expérience d’entrevoir en son sein… Né de l’énergie et de la hardiesse expérimentale de Prométhée, le véritable esprit classique, c’est de plier infatigablement aux lois de l’ordre, la matière, de siècle en siècle accrue, ou du moins variée, de l’expérience et de l’action humaine. » Il n’y a rien là, sans doute, qui nie, rien qui rétrécisse, rien qui limite aucun essor. […] Fervent de l’individualisme, il lui apprend à agir et à penser par elle-même et non plus à accepter la pensée et l’action de cet inconnu qui sera demain son mari… On procède avec elle comme si le mariage n’existait plus. » M.
Ces connaissances, sous leur forme abstraite et philosophique, à cette hauteur où mon œil les aperçoit à peine, pareilles à ces lumières qui brillent dans les espaces infinis et qui ne percent pas l’ombre où nous sommes, de quel usage me sont-elles dans les détails de mes actions ? […] Les vérités qu’il s’est proposé d’établir obligent la conscience de l’homme ; elles règlent toutes ses actions ; elles ne le quittent pas d’un instant dans cette course de la naissance à la mort qu’on appelle la vie ; elles ne peuvent pas être méprisées ni éludées impunément ; elles perdent ou elles sauvent.
Il est clair que si ces titres sont exacts, les évangiles, sans cesser d’être en partie légendaires, prennent une haute valeur, puisqu’ils nous font remonter au demi-siècle qui suivit la mort de Jésus, et même, dans deux cas, aux témoins oculaires de ses actions. […] On peut dire que nous avons encore ces deux documents, mêlés à des renseignements d’autre provenance, dans les deux premiers évangiles, qui portent non sans raison le nom d’« Évangile selon Matthieu » et d’« Évangile selon Marc. » Ce qui est indubitable, en tous cas, c’est que de très bonne heure on mit par écrit les discours de Jésus en langue araméenne, que de bonne heure aussi on écrivit ses actions remarquables.
Il est un de vos ardents admirateurs, il a dit du bien de vos livres dans les papiers imprimés, et dans ce moment-ci même, ayant à monter une pièce dont l’action se passe sous le Directoire, il consulte et relit sans relâche votre Histoire de la société française sous le Directoire. […] Nous ne faisons que porter le nom de notre grand-père, un avocat, membre de la Constituante de 89 ; le nom de notre père, un des plus jeunes officiers supérieurs de la Grande Armée, mort à quarante-quatre ans des suites de ses fatigues et de ses blessures, des sept coups de sabre sur la tête d’une action d’éclat en Italie, de la campagne de Russie faite tout du long avec l’épaule droite cassée, le lendemain de la Moskowa.
De plus en plus, l’écrivain est un homme d’action, mêlé à la vie quotidienne, et surtout, répétons-le, contraint par les nécessités de l’existence à gagner sa vie, en même temps qu’il fait son œuvre. […] Nul ne peut méconnaître ni leur bonne foi ni l’importance de leur action.
Gautier, leur contemporain, avoit la déclamation forte, beaucoup de feu, une imagination aussi brillante que féconde, une action qui entraînoit après elle le suffrage de ses juges & l’esprit de ses auditeurs. […] Alors se livrant à tout le feu qui lui étoit naturel, & qu’excitoit encore l’action de l’Orateur & la vue d’une assemblée infiniment attentive, M.
Il a des larmes de pitié sous sa visière, mais il n’en abuse pas ; il sait s’agenouiller à deux genoux, et se relever aussitôt sans faiblesse ; il a l’équité et le bon sens qu’on peut demander aux situations où il se trouve ; jusqu’à la fin sur la brèche, il porte intrépidement l’épée, il tient simplement la plume : c’est assez pour offrir à jamais, dans la série des historiens hommes d’action où il s’est placé, un des types les plus honorables et les plus complets de son temps.
Considère donc attentivement cet antique et sévère maintien, et confesse que cette figure seule t’oblige encore à demeurer en respect, tant elle semble toujours impatiente de quelque mauvaise action.
L’auteur avait voulu peindre les guerres et discordes des comtes et des prélats d’Alsace, ranimer les cadavres de l’histoire, mettre en actions les légendes ou chroniques qui se rattachaient aux débris des vieux châteaux : ils passeront devant les yeux du lecteur dans leur costume antique, disait-il de ses personnages, ils agiront suivant les mœurs de leur siècle ; en un mot, je copierai fidèlement la nature, même lorsque je suppléerai par la fiction aux faits que le temps a ensevelis dans les ténèbres de l’oubli.
Chacun remarqua qu’en donnant la communion à Mme la duchesse de Bourgogne, le 6 mai 1703, « M. de Meaux n’était pas ferme sur ses pieds, et qu’il ne devrait plus faire de pareilles actions publiques. » Le jour de l’Assomption (15 août de la même année), en voulant assister à une procession de la Cour, il donna un spectacle qui affligea ses amis, et Madame, cette Madame mère du Régent, que nous connaissons tous, ne se faisait faute de lui dire tout haut le long du chemin durant la cérémonie : « Courage, monsieur de Meaux !
C’est bien à lui de n’en avoir pas abusé et d’avoir fait un livre court, sans digression pittoresque, avec unité d’action.
Lire à ce propos Jomini24, si lumineux, si judicieux, et qui nous fait si bien voir le nœud stratégique d’une action, est un plaisir qui n’est pas réservé aux seuls militaires et que tous les esprits critiques savent apprécier.
quelle action !
Mais, quand on est à cet endroit du récit où l’action commence, deux dissertations surviennent qui interrompent et font vraiment hors-d’œuvre, l’une sur la cuisine classique et romantique, l’autre sur la noblesse et son rôle dans l’État.
Beugnot dans l’intimité, quand l’homme officiel et le haut administrateur disparaissait, qu’il s’abandonnait à son humeur plaisante, moqueuse, imitatrice, et que, pour mieux peindre les autres, il se plaisait à les copier et à les mettre en action.
Il n’eut pas seulement, comme à Raucoux, à soutenir son avant-garde, il fut continuellement engagé de tout son corps d’armée et de sa personne dans les différentes attaques acharnées qu’il fallut faire pour emporter le village de Lawfeld, qui était l’objectif et le pivot de l’action.
Il y a là, dans la jolie vallée de Bièvre, tout un coin, un foyer d’action, qui mériterait sa place dans la chronique poétique des dernières années.
Fauriel, dans les ingénieuses Réflexions qui précèdent sa traduction de la Parthénéide de Baggesen, établit que ce n’est point la condition des personnages représentés dans la poésie idyllique qui en constitue l’essence, mais que c’est proprement l’accord de leurs actions avec leurs sentiments, la conformité de la situation avec les désirs humains, en un mot la rencontre harmonieuse d’un certain état de calme, d’innocence et de bonheur, que la nature comporte peut-être, bien qu’il soit surtout réservé au rêve.
Enfin j’avois acquis, quoique infiniment petite, tous les défauts des grands : cela m’a servi depuis à les excuser en eux. » Ainsi élevée, ainsi traitée jusqu’à l’âge de vingt-six ans sur le pied d’une perfection et d’une merveille, lorsqu’elle tomba plus tard en servitude, ce fut comme une petite Reine déchue, et elle en garda les sentiments, « persuadée qu’il n’y a que nos propres actions qui puissent nous dégrader », dit-elle ; aucun fait de sa vie n’a démenti cette généreuse parole.
Rien ne compense et ne contrepèse chez les derniers poètes du grand siècle les navrantes désillusions de l’égoïsme voluptueux : plus tard, le dévouement à l’humanité, la bienfaisance, la recherche du progrès social apporteront au sensualisme un principe de joie et de sérénité, aideront l’homme à se reprendre, à se relever par l’action.
Certes je comprends que les actions des hommes ne soient pas toujours gouvernées par une logique rigoureuse, et même je ne désire pas qu’elles le soient : la variété du monde y perdrait.
Elle n’a pas d’action réelle et n’en peut avoir.
À la différence de celle de Scala dont la scène est à Pesaro, elle transportait l’action dans l’antiquité comme le prouve son second titre, La Finta Pazza o Achille in Sciro : elle avait, du reste, été antérieurement jouée à Venise, en 1641, sur le Teatro novissimo della cavalerizza.
Pantalon, gouverneur de la ville où l’action se passe, a une fille nommée Aurelia ; le Docteur, juge de la même ville, a un fils nommé Ottavio ; les deux vieillards ont projeté d’unir leurs enfants, Aurelia en est au désespoir ; elle fait avertir Valerio qu’elle aime et promet de fuir avec lui.
Ce genre de création sociale, qui eut tant d’action en France et qui exerça un empire si réel (le salon même de Mme Récamier en est la preuve), ne remonte pas au-delà du xviie siècle.
Au théâtre, une situation heureuse, un dialogue fin, ne suffisent pas ; il faut de l’invention, de la fertilité, du développement, de l’action surtout, pour consommer, comme on l’a dit, cette œuvre du démon.
Il faut citer ce passage d’une souveraine beauté : Qui voit Pythagore ravi d’avoir trouvé les carrés des côtés d’un certain triangle, avec le carré de sa base, sacrifier une hécatombe en actions de grâces ; qui voit Archimède attentif à quelque nouvelle découverte, en oublier le boire et le manger ; qui voit Platon célébrer la félicité de ceux qui contemplent le beau et le bon, premièrement dans les arts, secondement dans la nature, et enfin dans leur source et dans leur principe, qui est Dieu ; qui voit Aristote louer ces heureux moments où l’âme n’est possédée que de l’intelligence de la vérité, et juger une telle vie seule digne d’être éternelle, et d’être la vie de Dieu ; mais (surtout) qui voit les saints tellement ravis de ce divin exercice de connaître, d’aimer et de louer Dieu, qu’ils ne le quittent jamais, et qu’ils éteignent, pour le continuer durant tout le cours de leur vie, tous les désirs sensuels : qui voit, dis-je, toutes ces choses, reconnaît dans les opérations intellectuelles un principe et un exercice de vie éternellement heureuse.
Royer-Collard disait d’un temps d’où il se retirait, le faut-il répéter d’un autre temps, par cela seul qu’on n’y a plus sa part d’action politique et d’influence ?
Et comme M. de Goncourt rend l’action d’un corps plutôt que son dessin, il note des changegements de figure, des mines plutôt que des visages.
Vos sociétés savantes proposent des prix pour savoir quelle a été l’utilité des croisades ; vous cherchez à expliquer les actions merveilleuses de l’héroïne d’Orléans, qui fut la simple bergère de Domremy ; et vous demandez où sont les sujets pour l’histoire, pour la poésie !
qu’un pareil sujet renfermait des conditions d’intérêt suffisantes, et qu’il était inutile de multiplier les ressorts d’une action si heureusement choisie et si nettement indiquée. […] Il n’en fut pas ainsi ; on rendit Agnès responsable des prospérités excessives de sa sœur aînée ; on l’accusa de manquer d’action, comme si Lucrèce en avait davantage. […] Nous en avons tant vu, depuis vingt ans, de ces héros qui commençaient par une action d’éclat, un sacrifice chevaleresque, un courageux martyre, et qui venaient ensuite monnayer en détail leur belle action dans la poche de leurs amis ! […] le temps marche ; la Révolution fait un pas ; les hommes d’action la saisissent, jeune et pure encore, entre les mains inquiètes des hommes de théorie, pour l’emporter avec eux vers les aventures et les précipices. […] Elle a fait plus : elle a accru la puissance et déterminé l’action de cette remarquable intelligence en lui donnant ce qu’elle eût difficilement trouvé pendant la période précédente : l’unité.
Mais je me dois à moi-même et à l’idéal poétique qui me sollicite, de dire que l’action immédiate de Verlaine sur le renouveau poétique espéré doit être combattue. […] Mais tout cela est bien fini ; et je pense que son action répercutée serait désormais désastreuse. […] Il peut exister encore derrière lui des charmeurs dans le genre, mais l’action de la littérature sur les masses, je crois qu’elle n’appartient plus aux vers. […] Son action essentielle consiste donc à rendre évident ce qui reste encore indémontrable. […] — Les monarchistes de la chose, les ci-devant de la trouée, les fin-de-siècle de l’action parallèle, parbleu !
» Ce sera peut-être l’action, car elle exige qu’on abandonne son plaisir. […] Les trois Baillard, hommes de rêve et d’action, bouleversèrent le pays. […] On peut aussi l’employer à la défense des idées, à l’action politique ou sociale ; mais, d’abord, elle est un amusement. […] D’ailleurs, je ne nie pas que les idées et l’action fortifient la littérature, la nourrissent, lui donnent une vitalité heureuse. […] Admirable récit : chacun des épisodes y est un geste dans la continuité d’une action logique et dramatique.
Elle était, ma tante, un esprit réfléchi de femme, nourri, comme je l’ai dit, de hautes lectures, et dont la parole, dans la voix la plus joliment féminine, une parole de philosophe ou de peintre, au milieu des paroles bourgeoises que j’entendais, avait une action sur mon entendement, et l’intriguait et le charmait. […] Les lettres sont brutalement arrachées des mains de Marthe par Nachette, et les paroles un peu bêtotes qui suivaient, remplacées par la rentrée du mari, au moment où Marthe est penchée, aplatie sur la table, pour les reprendre : rentrée qui empêche toute explication, et qui ne fait pas la femme si complice de la vilaine action de Nachette. […] La scène d’amour conjugal qui remplit l’acte, scène un peu artificielle, joué par l’actrice artificielle qu’est Sizos, n’a pas d’action sur le public.
Ballanche, la Parthénéide de Baggesen, publiée en français vers ce même temps6, n’a d’autre sujet et d’autre action qu’un pèlerinage à la Iung Frau entrepris par un jeune Suisse Norfrank, et par trois jeunes filles à lui confiées, trois charmantes sœurs auxquelles il sert de guide et dont il aime la dernière. […] Ballanche ne portait pas l’horizon le plus lointain de cette émancipation moderne au delà des limites du Christianisme lui-même ; il proclamait la perfection de celui-ci en tant qu’institution spirituelle et divine, et s’il croyait que les sociétés humaines dussent se gouverner désormais selon une loi de liberté, le résultat de cette action immense ne lui semblait pouvoir être autre chose que l’introduction de plus en plus profonde du Christianisme dans la sphère politique et civile.
Il est question à tout moment de cette joie que donne la première jeunesse jointe à la beauté, de cette sorte de trouble et d’embarras dans toutes les actions que cause l’amour dans l’innocence de la première jeunesse, enfin de tout ce qui est le plus loin d’elle et de son ami, en leur liaison tardive. […] Les épisodes n’éloignent jamais trop du progrès de l’action, et y aident quelquefois.
De ses deux sœurs, il perdit l’aînée, qui avait eu beaucoup d’action sur son enfance ; il parle d’elle avec sensibilité dans des vers composés longtemps après. […] Mais celui qui eut dès lors le plus de rapports avec lui et le plus d’action sur sa pensée, fut M.
Il n’y a que Versailles pour se montrer, faire figure, se pousser, pour s’amuser, converser ou causer, au centre des nouvelles, de l’action et des affaires, avec l’élite du royaume et les arbitres du ton, de l’élégance et du goût. « Sire, disait M. de Vardes à Louis XIV, quand on est loin de Votre Majesté, non seulement on est malheureux, mais encore on est ridicule. » Il ne reste en province que la noblesse pauvre et rustique ; pour y vivre, il faut être arriéré, dégoûté ou exilé. […] Telle et la langueur ou plutôt l’anéantissement où tombe la vie locale lorsque les chefs locaux lui dérobent leur présence, leur action ou leur sympathie.
« Vous êtes dans l’erreur, vous qui croyez qu’un homme qui a quelque valeur doit peser les chances de vivre ou de mourir, au lieu de chercher dans ses actions si ce qu’il fait est juste ou injuste. » Puis il cite les vers d’Achille dans l’Iliade d’Homère : « Que je meure à l’instant même, pourvu que je venge le meurtre de Patrocle, et que je ne demeure pas ici un juste objet de mépris, assis sur mes vaisseaux, inutile fardeau de la terre ! […] « Ceux qui sont reconnus avoir vécu de manière qu’ils ne sont ni entièrement criminels, ni entièrement innocents, après avoir subi la peine des fautes qu’ils ont pu commettre, sont délivrés, et reçoivent la récompense de leurs bonnes actions, chacun selon ses mérites.
Ici, des pièces de bois transversales sont couvertes en ardoises, et dessinent des lignes bleues sur les frêles murailles d’un logis terminé par un toit en colombage que les ans ont fait plier, dont les bardeaux pourris ont été tordus par l’action alternative de la pluie et du soleil. […] Une si grande fortune couvrait d’un manteau d’or toutes les actions de cet homme.
Et ce sont, sortant d’elle, espacées par de longs silences, des phrases comme celles-ci : « L’amour des autres, non, non, ça ne ressemblait pas au nôtre… le monde ne peut pas savoir… c’est cependant bien simple… moi je n’ai pas de famille… lui était comme moi… nous étions tout l’un pour l’autre. » Et quelques moments après : « Oui, toute ma vie, toutes mes pensées, toutes mes actions, tout… ça allait toujours à lui… ça cherchait toujours à lui être agréable… à lui plaire même, quand j’achetais un bout de ruban… et ce sera chez moi, ainsi jusqu’à l’agonie, jusqu’à l’agonie ! […] Il me dit qu’il veut jouer ma pièce, comme une pièce jouée de l’autre côté de la Seine, une pièce jouée sur le boulevard, et qu’il a engagé Léonide Leblanc, qui a une action sur le monde de l’argent, sur le monde de la gaudinerie.
Et si dégoûté de l’action, l’on tente le refuge de la spéculation, voici qu’un autre livre barre le chemin. […] L’ascète est l’homme privé et assiégé de satisfactions charnelles ; les amorosités faciles de la reine de Saba le sollicitent ; la magie, de celle des brahmanes à celle des Alexandrins tentent sa soif de pouvoir ; il passe, n’adhérant définitivement à aucune, par toutes les religions et les hérésies ; la méthaphysique lui propose ses antinomies irrésolues, et il hésite de désespoir, à s’abîmer dans la luxure ou à s’anéantir dans la mort ; mais sa curiosité le fait encore balancer entre le mystère du sphinx et les fables de la chimère qui l’entraîne à travers les mythes et les ébauches de la création, à l’intuition de ces germes de vie qui la contiennent toute ; il l’adore pour se relever et se remettre par la prière dans le cycle des cultes, quand le soleil le rappelle de la spéculation nocturne à l’action diurne.
XL Le dialogue suivant explique la théorie du bien pour le bien, du renoncement complet au fruit de la bonne action, de la vertu pour elle-même, des sacrifices. […] Ses poèmes sont tout à la fois son histoire en poésie et sa théologie en actions.
… En sorte que toute l’humanité naissante, déchue, gémissante, priante, chancelante, vivante, morte, ressuscitée, est contenue et exprimée dans cette épopée des races hébraïques ; que le prêtre et le poète n’est qu’un seul homme pour les peuples de cette théogonie ; et que toutes les fois que le peuple assiste à ses mystères dans les temples, il entend le pontife réciter ses annales, chanter ses hymnes, commémorer ses drames, et qu’il assiste ainsi à sa propre épopée en action ! […] C’est là que je vous verrai plus triomphant qu’à Fribourg et à Rocroi ; et, ravi d’un si beau triomphe, je dirai en action de grâces ces belles paroles du bien-aimé disciple : Et hæc est victoria quæ vincit mundum, fides nostra (la victoire, celle qui met sous nos pieds le monde entier, c’est notre foi).
J’aime la nature, et je me sens meilleur quand je suis dans mes bois. » Puis, reprenant la question de ma tragédie à jouer : « Voyez, me dit-il, c’est très bien. « Si nous étions au siècle de Louis XIV, où la tragédie française, fille de la tragédie grecque et latine, n’était qu’une sublime conversation, un dialogue des morts en action sur la scène, je n’hésiterais pas à vous jouer demain et à vous garantir un grand applaudissement au théâtre ; mais entre Corneille, Racine et ce siècle-ci, il est né une autre tragédie, d’un homme de génie moderne, antérieure à eux, nommée Shakespeare (connaissez-vous Shakespeare ?). […] Je préférais, comme je préfère encore, la pensée réalisée en action à des rêves flottants sur des pages !
Il est d’abord comme entendu que l’on n’écrira pas en français pour écrire, mais pour agir ; et que cette action aura pour objet la propagation des idées générales. […] Le drame ne s’est pas rendu compte qu’avant tout, dans sa nature ou dans son essence, il était action ; et pour ne s’en être pas rendu compte, on l’a vu devenir de procession, exposition d’abord, d’exposition spectacle, et finalement de spectacle étalage forain.
Imagination emportée vers le merveilleux, le surnaturel, le fantastique, il rencontra d’abord et toujours autour de lui, comme un cercle de Popilius infranchissable, tout un monde qui ne lui fit pas rebrousser chemin, — car il était vigoureux — mais qui devait contrarier, comme nous le verrons, son action spontanée, et même y mêler beaucoup de la sienne. […] On y trouve l’action fatale et funeste de la société américaine sur un génie qui devait naître ailleurs pour s’épanouir dans toute sa gloire et qui valait mieux que le sol de limaille de fer et de poussière où Dieu l’avait jeté.
Cet hymne toutefois, en lents hexamètres, peut n’avoir été que la prière propre, l’action de grâces solitaire de l’ancien évêque, au lever du jour, dans son petit village d’Arianze. […] Entré dans cette voie d’une humble et assidue présence devant Dieu, le poëte, l’orateur des conciles et des cours n’était plus, ne voulait plus être qu’un fidèle qui prie : toutes ses pensées, dédaigneuses du monde, remontaient au Créateur ; tous les actes de sa vie ordinaire, toutes ses épreuves, tous ses regrets, toutes ses douleurs, n’étaient que des occasions de culte et d’actions de grâces.
On y aura un tableau vivant et animé, non des faits d’une nation policée, puissante, belliqueuse, qui se borne à former des politiques, des héros, des conquérants, mais des actions d’un peuple savant, qui tendent à former des sages, des doctes, de bons citoyens, de fidèles sujets.
Toute sa théorie du style est agréablement exposée et mise en action dans la rencontre qu’il fait du bonhomme Tobie Morel à la descente du Grand-Saint-Bernard.
Doué aussi de qualités extérieures imposantes, d’une grande force communicative, de moyens d’action et d’autorité sur les autres, ne se laissa-t-il pas entraîner de ce côté beaucoup plus qu’il n’aurait fallu ?
Ce n’était pas si mal juger, car il est évident, par les lettres et le peu d’écrits qu’on a d’elle, que la princesse n’avait tout son esprit qu’en conversation et en action, et non plume en main.
N’ayons pas, au reste, l’air de le justifier d’une suite d’actions honnêtes : cette délicatesse rigoureuse, que trois mariages semblent offenser, a souvent elle-même besoin d’indulgence.
Lié à l’Italie par des amitiés illustres, en commerce familier avec des hommes tels que Monti et Manzoni, il s’initia par eux aux beautés de Dante (car encore une fois il faut un initiateur quand on aborde Dante à première vue) ; mais il joignit à ces indications exquises du goût italien tout un lent accompagnement de preuves, de faits et d’inductions convergentes, qui remettaient Dante en action et debout au milieu de son siècle, non plus comme une singularité ni comme une bizarrerie, mais bien au contraire comme un résumé plein d’harmonie et comme un merveilleux couronnement.
Sa fille et son gendre lui succédèrent, et entretinrent cette action d’influence heureuse et de bonne harmonie.
Il se tient à distance et hors de portée des entraînements ; il suit sa propre voie ; il ne s’enrôlera jamais, et il dédaignerait d’avoir la moindre action sur ce qu’il appelle l’escadron encyclopédique.
Il est en action du matin au soir ; il n’a d’autre récréation que de passer d’une étude à l’autre ; il n’aime rien de ce qu’il voit ici, et cependant il désire rester plus longtemps, quoiqu’il ait passé déjà toute une quinzaine avec nous.
Cet esprit éminent, ardent, toujours en action, sobre, austère, chaste et fécond, enfermé dans son appartement, dans son étude ou son étuve, avec ses livres, ne dormant que trois heures au plus sur vingt-quatre, que voulez-vous qu’il fasse ?
En un mot, Rousseau ne fait dans ce morceau que mettre en action et commenter sous forme dramatique cette parole de la profession de foi du vicaire : « Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu. » Et s’il conclut encore moins dans le songe que dans les pages de l’Émile, s’il n’éveille pas son philosophe pour tirer de lui un dernier mot, c’est qu’il n’a pas voulu le lui faire dire, c’est qu’il n’a pas osé conclure, et qu’il a reculé devant toute parole qui ne serait pas un hommage au Christ.
Un régime où toutes nos facultés ont leur action et leur jeu, à plus forte raison leur triomphe, nous paraît aisément le plus légitime, le seul légitime.
Ce qui me frappe dans l’Évangile selon saint Matthieu, et qui, s’il n’est pas l’original même de cet apôtre, est traduit de l’hébreu et rédigé en grande partie d’après lui, c’est moins le récit des actions, l’encadrement des circonstances, que les discours, les dires et sentences de Jésus qu’on saisit ici dans tout leur jet primitif et toute leur fraîcheur.
La question de foi et d’orthodoxie s’introduit à un certain moment dans l’action et en devient le nœud.
Il se regardait, selon sa magnanime expression, « comme une des nombreuses vagues avant-courrières qui doivent se briser et mourir sur le rivage avant que la marée soit haute. » Dans son ambition modeste et mâle, il n’ambitionnait que « la fosse du soldat », Le premier et le plus glorieux des philhellènes, il se montra, dans le court espace de temps qu’il lui fut donné de vivre encore et d’être à l’œuvre, homme d’action et homme pratique, d’une générosité judicieuse, propre à l’organisation et au commandement.
Zeller, avec son bon et droit esprit, a résolu le problème assez délicat d’être court, substantiel toutefois et complet, de ne se perdre ni dans le détail ni non plus dans les généralités, de resserrer les faits, d’en composer un tissu intéressant, et de choisir chaque fois un ordre d’événements et d’actions personnifié dans une ou deux principales figures, un ensemble qui eût un sens et qui fût un tableau.
Selon moi, il n’a pas tiré un parti assez sérieux de Linguet et de ses nombreux écrits ; Linguet le paradoxal, si éloquent lorsqu’il a raison ; celui de qui Voltaire écrivait dans une lettre à Condorcet (24 novembre 1774) : « Si ce Linguet a d’ailleurs de très-grands torts, il faut avouer aussi qu’il a fait quelques bons ouvrages et quelques belles actions » ; celui dont Mme Roland, qui l’avait vu à Londres en 1784, a parlé comme d’un homme « doux, spirituel, aimable », corrigeant dans sa personne et dans sa conversation ce que sa plume pouvait avoir d’âpre et d’amer, et en particulier (chose rare chez un exilé) ne s’exprimant sur la France et les Français qu’avec circonspection, réserve et modestie17.
La jeunesse est sujette à prendre au pied de la lettre tout ce qui s’écrit ; et, ce qui doit donner à penser à ceux qui écrivent, elle met ses actions, sa personne et sa vie au bout des phrases ; elle s’embarque, corps et âme, sur la foi des paroles.
Ame simple et droite, sans un repli, avec les instincts les plus loyaux, mais toujours un peu de chimère, aucun des intérêts, aucune des ambitions qui d’ordinaire saisissent les hommes dans la seconde moitié de la vie n’eurent jamais sur lui action ni prise ; il y resta constamment étranger, innocent de toute compétition, de toute jalousie, ne se comparant pas, ne se plaignant pas, satisfait dans son coin, s’y tenant coi comme dans son nid, le même après comme avant l’orage, d’abord et toujours jusqu’à la fin l’homme de la muse, du rêve, de la rime, de la bagatelle enchantée.
Le haut, justicier, selon l’acte de notoriété donné au Châtelet, le 29 avril 1702, « connaît de toutes les matières réelles et personnelles, civiles et criminelles, même des actions des nobles et ecclésiastiques, des scellés et inventaires de meubles et effets, des tutelles, curatelles, administration des biens de mineurs, des domaines, droits et revenus usuels de la seigneurie, etc. » 2° Droit de gruerie, édit de 1707.
Son symbolisme, dans ses meilleures œuvres (car il faut bien distinguer chez lui, comme chez tout écrivain), se traduit en formes d’action et de sentiment concrètes et vivantes.
Dans sa vie auguste et modeste, et, en général, si étrangère à la politique, Mme la duchesse d’Angoulême eut une fois du moins, à Bordeaux, l’occasion de montrer qu’elle avait en elle ce courage d’action qui lui venait bien de sa mère et de son aïeule Marie-Thérèse.
On a les détails de ses moindres actions et de ses paroles dans l’intervalle.
Et pourtant, à défaut de puissance, il y a dans sa manière un ton soutenu, une douce mesure, une certaine harmonie qui, aux bons endroits, et quand on s’y prête à loisir, n’est pas sans action ni sans charme.
Mais il fit, conduit par ces nouvelles rêveries un peu confuses, des livres qui, s’ils étaient de mauvais romans, étaient de bonnes actions.
A la politique la société a pris le principe de la division des pouvoirs ; à l’économie politique celui de la liberté du commerce, la philosophie celui de l’égalité des droits, tout comme l’industrie empruntait aux sciences physiques et chimiques le principe de l’élasticité de la vapeur, le principe de la communication de l’électricité dans un courant magnétique, ou enfin le principe de l’action chimique de la lumière.
Ce que j’en dis, du reste, n’est que pour insister sur l’avantage de cette méthode qui consiste à se représenter les mouvements et les attitudes des acteurs et reconstituer l’action.
L’esprit humain marche toujours, avons-nous dit, car il est doué d’un pouvoir immense, celui de la continuité d’action ; mais sa marche est progressive, avons-nous dit encore, car rien ne surgit soudainement dans le monde.
VII Gustave Droz, qui ne l’est pas d’affirmation, du moins pour son propre compte, dans son livre, s’il l’est pour le compte de son principal personnage, n’a pas fait catholique que le dénouement de son roman : il en a fait catholique l’action même, dans la vie et le péché de son prêtre.
Le milieu, l’atmosphère ambiante, l’action qu’elle exerce sur l’individualité humaine, telle est surtout la grande affaire de Babou et sa pente.
Le rapport est une différence ou une ressemblance entre deux objets qui souvent ne pensent point ; la connaissance est l’action d’un être qui pense.
Celui-ci n’était pas très sensible aux impressions pittoresques, aux spectacles de la nature, et subissait surtout l’action du milieu moral. […] Il situe l’action à Naxos. […] L’esprit cède la place à l’action, la philosophie à l’histoire. […] L’existence, en effet assez douteuse, du libre arbitre, au sens métaphysique, n’est pas le moins du monde nécessaire pour que les grands esprits et les héros exercent une action décisive sur les multitudes et sur les événements. […] Il avait besoin d’action, de mouvement, de bruit, de luttes et de trophées.
Les lois ne se chargent de punir que les actions extérieures. » Il n’y a pas de délit de parole, sauf quand les paroles sont intimement unies à un acte criminel, et alors c’est l’acte criminel qu’on punit, non les paroles : « Un homme qui va dans une place publique exhorter les sujets à la révolte devient coupable de lèse-majesté, parce que les paroles sont jointes à l’action et y participent. Ce ne sont point les paroles qu’on punit, mais une action commise, dans laquelle on emploie des paroles. Elles ne deviennent des crimes que lorsqu’elles préparent, qu’elles accompagnent ou qu’elles suivent une action criminelle. […] après cette indigne action, son frère est grand pontife et vingt-trois mille hommes sont massacrés ! […] Et c’est sur le procès d’une fille d’Auvergne qu’un avocat général s’en rapporte à Achab, roi d’une partie de la Palestine, qui confisqua la vigne de Naboth après avoir assassiné le propriétaire parle poignard de la justice, action abominable qui est passée en proverbe pour inspirer aux hommes l’horreur de l’usurpation… » « Les savants ont discuté cette question si les Juifs sacrifiaient en effet des hommes à la divinité, comme tant d’autres nations.
Il est sans doute intéressant de noter l’action de notre littérature sur la génération actuelle, comme l’a fait M. […] Son action dure encore ; son nom grandit chaque jour, et c’est de lui que dérivent nos maîtres réalistes, MM. de Goncourt, Zola, Daudet, Loti, Maupassant et les autres. […] Ohnet pour des qualités de mouvement et d’action, à défaut de supériorité expressive et littéraire. […] Quelles seront ses conséquences, son avenir, son action sur le public ? […] Paul Bourget a créé la critique psychologique, en examinant l’action de la littérature sur l’âme des contemporains.
Il fit du moins tout ce qu’il put faire : son règne n’est que la Vertu en action. […] A quinze cents ans de distance, Attila reparaît au Nord sous une nouvelle forme, raccourci dans son action, resserré dans un moindre cercle, mais animé de la même fureur destructive. […] Il lui fallut les hyperboles de l’action et de la parole : les sacrifices humains du duel et l’encens raffiné du sigisbéisme. […] Philippe V et ses successeurs offrent un frappant exemple de l’action délétère des mœurs espagnoles. […] Dès lors ses actions lui paraissent irresponsables et vaines, comme les mouvements d’une ombre dénuée de substance.
Eux aussi croient connaître assez l’homme, ses mobiles intérieurs, ses motifs secrets d’action, ses passions, ses instincts ; et ils ne s’attachent en tout, comme Voltaire, qu’à la peinture des mœurs. […] celui de l’ancienne morale, dont le principe était de substituer en nous des motifs généraux d’action à l’impulsion personnelle de l’instinct ? […] L’Influence de Rousseau ; — et que de son vivant il a fait bien plus de bruit qu’il n’a exercé d’action ; — comme si l’intérêt passionné qu’on prenait à son personnage ; — à la singularité de sa fortune ; — et au charme réel qu’il savait bien laisser voir quand il le voulait ; — eût détourné l’attention du fond de ses idées ; — ou en eût masqué l’importance. — Une autre raison en est que l’on ne l’a tout à fait connu qu’après la publication de ses Confessions ; — qui n’ont commencé de paraître qu’après sa mort ; — et dont le caractère unique a éclairé d’une lumière inattendue son œuvre tout entière. — Les Confessions sont-elles l’œuvre d’un esprit sain ? […] Il n’a d’ailleurs pas vu qu’il n’y a pas de « religion naturelle » ; — pas plus qu’il n’y a pas de « nécessité libre » ou de « hasard constant » ; — l’association même de ces idées étant contradictoire dans les termes ; — toutes les vérités qu’enseigne la religion naturelle lui venant d’une autre source qu’elle-même ; — et n’étant qu’une « laïcisation » des enseignements de quelque religion « révélée ». — Il n’a pas vu davantage que, — si la raison peut atteindre quelques-unes des vérités constitutives de la religion, — ce n’en sont point les plus hautes ; — ni surtout les plus efficaces ; — et que la croyance en un « Dieu rémunérateur et vengeur » ne pouvant être un principe ni surtout un mobile d’action, mais uniquement un motif de ne pas faire, — ne saurait suffire à fonder la morale ; — laquelle devient donc ainsi purement sociale ; — et conséquemment relative, diverse et changeante. — Qu’au surplus, dans sa polémique injurieuse et grossière contre le christianisme, — il a manqué non seulement de justice, mais de loyauté ; — en méconnaissant la supériorité du christianisme sur le mahométisme, par exemple, ou sur le paganisme ; — si, du point de vue purement historique ou humain, le christianisme a renouvelé la face du monde, — et si d’autre part l’intolérance et le « fanatisme » ne l’ont point attendu pour se déchaîner parmi les hommes. — Il ne semble pas en effet qu’une ardeur de prosélytisme ait précipité les Perses contre les Grecs ; — ni que les partisans de Marius ou de Sylla se soient entrégorgés pour une question de dogme. — Et ce qu’enfin il a vu moins clairement encore que tout le reste, — c’est que, dans cette société même, la raison toute seule n’a jamais rien fondé de vraiment durable ; — si même on ne peut dire qu’elle tend plutôt à l’anarchie qu’à l’union. — C’est ce qu’avaient fortement établi les Bossuet et les Pascal ; — que pour ce motif Voltaire a tant combattus, sans les avoir toujours compris. — Incomparable pour saisir avec rapidité les aspects superficiels et la ressemblance extérieure des grandes choses, — Voltaire n’a jamais eu la force de méditation ; — il ne s’est jamais donné les loisirs studieux qu’il faut pour les approfondir ; — et c’est ce que de bons juges veulent dire, — quand ils lui refusent le titre de philosophe ou de penseur, — et qu’ils appellent son œuvre « un chaos d’idées claires » [E. […] — On n’a jamais en effet joint ensemble plus de fanatisme et plus de crédulité ; — de naïveté même ; — et masqué naturellement, sous plus de science et d’intelligence, moins de réelle originalité. — Qu’après cela, pour ne rien dire de ses travaux scientifiques proprement dits, — son édition des Pensées et son Éloge de Pascal, 1776, ainsi que sa grande édition de Voltaire, — dite édition de Kehl, et dont Beaumarchais était l’entrepreneur, — sont deux des témoignages les plus intéressants qu’il y ait de l’état des esprits à la veille de la Révolution française ; — et que, de ce seul fait, Condorcet en tire une valeur « représentative » considérable. — Que, d’autre part, son action se continue toujours parmi nous ; — s’il a été le véritable organisateur ou inspirateur de notre système d’instruction publique ; — et qu’à cet égard, pour mesurer la valeur de ses idées, il suffit de les comparer à celles de son ami Cabanis, par exemple. — C’est l’esprit de Condorcet qui règne encore dans nos programmes d’études. — Enfin, son Esquisse d’une histoire des progrès de l’esprit humain ; — qui fait honneur à son courage et à la force, ou plutôt à la sérénité de son caractère ; — s’il l’a rédigée, comme l’on dit « sous le couteau de la guillotine » ; — demeure une œuvre capitale dans l’histoire de l’esprit moderne, — non seulement français, mais européen ; — pour la précision de contour, l’étendue de diffusion, et la vigueur d’impulsion, — qu’elle a donnée à l’idée même de Progrès.
L’éloquence, on le sait, est tout entière dans le geste, dans le jeu, dans l’action. […] J’ai dû, comme je l’aurais fait dans une page de Mémoires, rappeler, puisque je l’avais très-présente, l’action elle-même, et surtout ne pas laisser travestir et dénaturer le personnage de M.
Quant à présent, poursuit-il, il n’a que des actions de grâces à rendre à Cypris d’abord, et puis à celle qui, en l’envoyant appeler, l’a tiré véritablement du feu où il était déjà à demi consumé. […] Cette expression de Grâces était très-générale et très-large chez les Grecs ; elle signifiait à la fois les actions de grâces qu’on rend, les bienfaits qu’on reçoit, et aussi ces autres Grâces aimables qui ne sont pas séparables des Muses.
Il compare encore ce grand phénomène aux formations géologiques : « Ce ne sont pas, dit-il, des amas çà et là disséminés par l’action turbulente et saccadée de mille courants variables, mais ce sont des dépôts lents et uniformes produits par l’action également lente et uniforme de vastes mers et de grands lacs. » Il cherche et retrouve la filiation jusque dans le désordre apparent ; il la dégage et la démontre souvent avec bonheur à travers tous les déguisements qui la masquent, et les irrégularités qui sautent aux yeux.
Jules Janin, cet homme qui a autant d’esprit que Voltaire, autant d’érudition littéraire que Fontenelle, autant de bon sens que Boileau, autant de cœur qu’une jeune fille quand elle verse ses premières larmes dans le sein de sa mère sur la mort de son serin…, Jules Janin, ce véritable homme de lettres, en action perpétuelle depuis trente ans, qui a tout vu, tout su, tout retenu, tout raconté, et dont le sentiment est éternellement jeune parce qu’il est sans cesse renouvelé par la verve aimable de ce cœur qui ne s’est jamais racorni sous la mauvaise humeur. […] Tu ris de ceux que le siècle exalte, parce qu’ils répètent les banalités et les sophismes convenus de leur époque ; tu plains ceux qui, comme toi, pensent leurs pensées à part de la foule, qui les écrivent ou qui les chantent, ou qui les convertissent en action, et qui, de leurs chants et de leurs actes, ne recueillent que l’envie ou le dédain.
« Son originalité, devenue proverbiale à Tours, se manifestait aussi bien dans ses discours que dans ses actions ; il ne faisait et ne disait rien comme un autre ; Hoffmann en eût fait un personnage de ses créations fantastiques. […] Son amour pour ses enfants planait sans cesse sur eux, mais elle l’exprimait plutôt par des actions que par des paroles.
Il me plaça aussitôt sous les yeux les dangereuses conséquences d’une telle action, qui intéressait l’État, la personne même de l’Empereur, ainsi que la succession au trône, et qui prêtait tant de hardiesse aux mécontents. […] « Durant ces heures mémorables, ils ressentirent de mortelles angoisses en réfléchissant sur la grande action qu’ils entreprenaient et sur les conséquences qui devaient en découler.
La part de Lorris offrait quelque peu d’action et une certaine proportion entre les parties. Dans celle de Jean de Meung, l’érudition et la satire interrompent à chaque instant l’action et détruisent le plan : La Philosophie, la Scolastique, l’Alchimie, lui sont des héros plus chers que les aimables figures que lui avait léguées Guillaume de Lorris.
Certes, dans l’état présent, où la société ne peut exercer sur tous ses membres une action civilisatrice, il importe de maintenir le châtiment pour effrayer ceux que l’éducation n’a pu détourner du crime. […] Ennoblissement et émancipation de tous les hommes par l’action civilisatrice de la société, tel est donc le devoir le plus pressant du gouvernement dans la situation présente.
On aurait cru voir, en même temps, l’apothéose lumineuse de l’Action et le cadavre glacé de la Gloire sur cette toile tendue, dans ce champ de bataille éteint, où il semblait qu’on finissait par entendre germer le bruit d’une armée d’âmes, et par apercevoir comme un pâle chevauchement d’ombres, à l’horizon du trompe-l’œil. […] Savez-vous si la tristesse anémique de ce siècle-ci ne vient pas de l’excès de son action, de son prodigieux effort, de son travail furieux, de ses forces cérébrales tendues à se rompre, — de la débauche de sa production et de sa pensée dans tous les ordres ?
Et la mélancolie de l’heure de cinq heures, du jour s’éteignant, de la menace de l’isolement de sa soirée, amenait aux lèvres de Sainte-Beuve une plainte, à voix basse, sur toutes les privations dont il souffrait, sur l’impossibilité du déplacement qui vous mêle à vos semblables, à la société, impossibilité qui vous désintéresse de l’action et du monde. […] Pas d’émotion, une fois l’action engagée, mais avant, par exemple, aux premiers coups de fusil qui se tirent sur les lignes d’un camp, quand on est couché encore, alors un sentiment de compression de la poitrine, avec, au fond de soi, une sorte de tristesse.
Dans ce travail les idées qui motivent toute résolution doivent ou passer inconscientes (action réflexe) ou du moins n’être point perçues trop longtemps. […] Occupé à discerner les nuances de tous les spectacles que font éclore en lui les agitations de ses nerfs, habile à surprendre les mouvements d’âme qui sourdent dans son cerveau, à les arrêter et les décomposer au passage, tourmenté par l’amas d’observations psychologiques antérieures qui encombrent sa mémoire et diversifient son attention, l’artiste reste irrésolu, lassé de tendre une volonté faiblissante, se défie de ses forces et souffre de toute action.
Les noms de ses publicistes, de ses orateurs, de ses hommes d’État, de ses poètes, de ses romanciers naissants, et déjà rivaux de leurs modèles dans le vieux monde, traversent déjà l’Atlantique ; ils nous apportent les échos d’un grand siècle de pensée après un grand siècle d’action. […] Il ne chante pas encore, il agit, mais son action est plus poétique que nos poèmes.
Par son attrait instinctif et forcé vers le beau, par son aversion également instinctive et forcée du laid, elle imprime une impulsion en tout sens à l’âme ; elle la contraint à haïr ou à aimer, à rechercher ou à fuir ; elle lui donne ces impulsions sublimes sans lesquelles l’âme n’aurait ni sentiment de sa vie, ni action sur elle-même, que nous appelons les passions. […] L’homme n’aurait plus eu sa part d’action propre dans sa propre destinée ; en cessant d’être libre il aurait cessé d’être homme ; sa vertu forcée l’aurait dégradé de sa vertu volontaire.
Rome a la supériorité en politique, en guerre, en éloquence d’action, en constance dans ses desseins, en caractère en un mot. […] On est homme de sens, homme d’esprit, homme de talent, homme de goût, le premier des critiques en action ; on contribue à faire les grands poètes, comme Boileau fit Racine, mais on est dépassé par ses disciples et on reste à jamais terre à terre, tandis qu’ils prennent leur vol vers la gloire avec les ailes que vous leur avez façonnées.
Les moralistes n’ont pas assez remarqué l’action mystérieuse de l’Église sur les esprits qu’elle touche. […] S’il n’avait pas été à l’époque inférieure de la vie morale où l’on est perméable à son temps ; si, devant un des mille ruisseaux de sang qui sillonnent l’histoire, il avait eu cette fermeté de raison qui écrit pour les gens d’État, non pour les têtes poétiques, les enfants et les femmes, il aurait laissé la chimère d’un crime uniquement politique, et il aurait fait de la Saint-Barthélemy ce qu’elle est réellement, une action catholique, à laquelle nul historien n’a encore osé donner son nom.
Aussi, pour m’efforcer de faire savoir à la postérité que j’ai vécu sous un règne si glorieux, j’ai bien osé composer l’Histoire de France, et retracer les illustres actions de plus de soixante souverains qui ont tenu le sceptre d’une si florissante monarchie.
Après Lacy, plus complet et qui unissait l’éclair et le sang-froid, il n’estimait rien tant que Laudon, grand homme de guerre dès qu’on était dans l’action : « J’étais tout en feu moi-même par cet être qui tient plus du dieu à la guerre que de l’homme. » Après la prise de Belgrade, le prince de Ligne, qui s’était vu quelque temps dans une demi-disgrâce, obtient une distinction due au seul mérite : il est nommé commandeur de l’ordre militaire de Marie-Thérèse.
On y trouve des beautés, mais de plus en plus régulières et prévues dans leur expansion même ; c’est le talent habituel de Massillon, moins le mouvement et l’action qu’il imprimait à ces sortes de développements dans ses discours, comme, par exemple, lorsqu’il paraphrasait si puissamment le De profundis dans le sermon de Lazare.
En examinant les traits de leurs images, elle se rappelait les traits de leurs actions, et elle se remplissait avec eux des nobles idées de la grandeur romaine.
Daru, aurait désiré qu’une plus grande part y fût faite à l’histoire des sciences et des lettres dans la personne des Bretons célèbres ; mais le même critique se montrait, en revanche, peu disposé à admettre la réalité du noble combat des Trente, que l’historien maintenait de tout son pouvoir comme étant vrai en vertu de la tradition seule, comme devant l’être et le paraître par la beauté même de l’action.
Il y a cinquante-deux ans que le dimanche 28 germinal an X (18 avril 1802), jour de Pâques, Le Moniteur publiait à la fois l’annonce de la ratification du traité de paix signé entre la France et l’Angleterre, la proclamation du Premier consul déclarant l’heureuse conclusion du Concordat devenu loi de l’État ; et, ce même jour où l’église de Notre-Dame se rouvrait à la solennité du culte par un Te Deum d’action de grâces, Le Moniteur insérait un article de Fontanes sur le Génie du christianisme qui venait de paraître et qui inaugurait sous de si brillants auspices la littérature du xixe siècle.
Il y a plus, Bailly, président d’assemblée, ou administrateur et maire, trouve selon les circonstances une force d’action inaccoutumée et dont il s’étonne lui-même : « Au reste, je suis toujours fort quand il y a une loi », nous dit-il.
Bergeret, secrétaire du cabinet, à célébrer Louis XIV, ses guerres, ses conquêtes, le triomphe de sa diplomatie impérieuse : Heureux, disait en terminant Racine (et cette péroraison n’est pas la plus délicate partie de son discours), heureux ceux qui, comme vous, Monsieur, ont l’honneur d’approcher de près ce grand prince, et qui, après l’avoir contemplé, avec le reste du monde, dans ces importantes occasions où il fait le destin de toute la terre, peuvent encore le contempler dans son particulier, et l’étudier dans les moindres actions de sa vie, non moins grand, non moins héros, non moins admirable, que plein d’équité, plein d’humanité, toujours tranquille, toujours maître de lui, sans inégalité, sans faiblesse, et enfin le plus sage et le plus parfait de tous les hommes !
Santeul, tel qu’il faut se le représenter, non plus dans ses vers, mais en pratique et en action, dans cette espèce de comédie à un seul personnage qu’il représentait volontiers du matin au soir, c’est un La Fontaine de collège au gros sel, un Chapelle moins débauché et plus moral, bien qu’aimant aussi la bonne chère, un Piron honnête et aussi fertile en bons mots, un Roquelaure plus honnête également, mais à ripostes toujours plaisantes, une manière de Désaugiers en vers latins ; enfin c’est Santeul, chanoine très peu régulier de Saint-Victor, et unique en son espèce.
Il n’avait pas en sa veine de quoi justifier cet autre mot du même poète, et qui porte avec lui sa preuve lumineuse : « Elle vit plus longtemps que les actions, la parole que la langue a tirée d’un esprit profond avec la rencontre des grâces. » Les grâces, il les rencontrait souvent, il les accostait volontiers, mais c’étaient les grâces familières ; et cette autre condition que veut Pindare, la profondeur, était absente.
. ; il peut se les laisser dire et ne les repousser qu’en badinant ; mais, si on le serre de près, si les événements sont là qui parlent, qui se précipitent impérieux et déchaînés, il a le juste sentiment de son inutilité, et il se confesse de son peu de force d’action et de son peu d’envie d’en faire preuve, dès que l’application réelle commence.
C’est un contemplatif armé de couleurs et de sons, mais las et ennuyé du spectacle même, comme si regarder était déjà trop accorder à l’action.
Les médecins liront avec intérêt toute cette description mémorable en son genre, et même, quand on est à demi profane, on partage presque l’enthousiasme du savant et pieux Vallot qui dit en finissant : « Cette évacuation (une très abondante sécrétion finale par les voies urinaires) continua neuf jours de cette même force, et fut tellement avantageuse qu’elle acheva ladite guérison de Sa Majesté, sans aucun accident et sans aucune rechute, et même sans aucun ressentiment de la moindre incommodité du monde ; de manière qu’après cette parfaite guérison, le roi s’est trouvé beaucoup plus fort, beaucoup plus vigoureux et plus libre de toutes ses actions, tant du corps que de l’esprit, et l’on peut dire avec vérité que Dieu a conduit cet ouvrage par des voies si extraordinaires et par des secours et des grâces si particulières, s’étant servi des causes secondes en une conjoncture qui semblait devoir être plutôt destinée au miracle qu’à l’industrie et l’expérience des médecins. » Vallot ne fait là que délayer le mot d’Ambroise Paré : « Je le traitai, Dieu le guarit.
Ces anciens, ces devanciers qu’on admire étaient des classiques en action, debout et militants : on est, soi, des classiques assis, éternellement assis.
Il ne décourage pas, il ne dénigre pas ; il n’applique aux passions ni le blâme ni le ridicule, ni un mode d’explication qui a sa vérité, je l’admets, mais qui dans l’action déjoue, déconcerte et stérilise.
Les génies purement d’art et de forme, et de phrases, dénués de ce germe d’invention fertile, et doués d’une action simplement viagère, se trouvent en réalité bien moins grands qu’ils ne paraissent, et, le premier bruit tombé, ils ne revivent pas.
Il y a aussi chez Térence du Tibulle en action et de l’élégie.
Il ne craint pas même d’y découvrir et d’y voir une sorte de perfection morale naturelle qui ne s’est plus rencontrée depuis ; il y admire une morale primitive et populaire « qui ne se traduisait pas par des préceptes et des sentences, mais qui produisait de si grandes actions et de si grands peuples », — petits en nombre, grands par le cœur.
Guizot se prononce décisivement en faveur de celles-ci : « Pour moi, dit-il, arrivé au terme d’une longue vie pleine de travail, de réflexions et d’épreuves, d’épreuves dans la pensée comme dans l’action, je demeure convaincu que les dogmes chrétiens sont les légitimes et efficaces solutions des problèmes religieux naturels que l’homme porte en lui-même, et auxquels il ne saurait échapper. » L’auteur, ou plutôt le penseur chrétien, ne s’arrête point, dans les Méditations qu’il nous offre aujourd’hui, à ce qui divise entre eux les chrétiens des diverses communions ; il ne s’attache en ce moment qu’aux dogmes fondamentaux dont la suite exacte et l’enchaînement satisfait aux doutes qui agitent l’âme humaine, dès qu’elle se recueille et s’interroge à la manière de Pascal.
Le Play, qui sait qu’il faut un degré d’optimisme pour l’action et qui s’est voué de cœur et d’esprit à l’apostolat du bien, ne s’en tient pas à ces vues générales et négatives.
La Coalition a poussé sa trame jusqu’au cœur de son système fédératif : il est décidé à ne plus tolérer dans sa sphère d’action que des souverains dévoués.
Le bailli de Suffren était un homme de mer du premier ordre, et il eut de grandes actions navales.
Talleyrand d’ailleurs employa toutes les ressources d’un esprit souple et insinuant pour se concilier un suffrage qu’il lui importait de captiver20. » Par son action et ses démarches auprès des principaux personnages en jeu, auprès des partants et des arrivants, Sieyès et Barras, par son habile entremise à Paris dans la journée du 18, par ses avis et sa présence à Saint-Cloud le 19 au moment décisif, par son sang-froid qu’il ne perdit pas un instant, il avait rendu les plus grands services à la cause consulaire : aussi, les Consuls à peine installés, il fut appelé au Luxembourg avec Rœderer et Volney, et « tous trois reçurent collectivement de Bonaparte, au nom de la patrie, des remerciements pour le zèle qu’ils avaient mis à faire réussir la nouvelle révolution21. » Une grande carrière commençait pour Talleyrand avec te siècle : c’est sa période la plus brillante, et une fois introduit sur la scène dans le premier rôle, il ne la quitta plus, même lorsqu’il parut s’éclipser et faire le mort par moments.
M. de Lamartine finit éloquemment sa préface par un appel à Dieu, comme Scipion entraînait les Romains au Capitole ; il suppose le divin Juge mettant au dernier jour dans la balance, d’une part les rimes du poëte, et de l’autre ses actions sociales : on devine ce qui l’emporte.
Il s’agirait d’y rendre aujourd’hui, sous l’empire d’un sentiment moral tout pratique, le mouvement, le concert et l’action.
L’action du roman, l’honneur d’Orso, et l’agrément du lecteur qui pense en ceci comme miss Nevil, sont parfaitement conciliés.
Des auteurs d’esprit s’y sont trompés ; ils ont mis en action, selon le précepte, des animaux, des arbres, des hommes, ont caché un sens fin, une morale saine sous ces petits drames, et se sont étonnés ensuite d’être jugés si inférieurs à leur illustre devancier : c’est que La Fontaine entendait autrement la fable.
Au reste, s’ils les voyaient bien, ils y prendraient tant de plaisir qu’ils n’auraient plus de courage pour l’action ; puis ils comprendraient l’abîme qui sépare les races et renonceraient à leur tâche impossible et sublime.
Ils peuvent être grands par cette impatience et cette audace même, comme Abélard, ou quand ils y joignent les qualités du caractère et l’action, comme saint Bernard ; mais, comme écrivains de choses durables, il faut beaucoup rabattre de l’opinion qu’on en a.
Il attribue cette modération jusque dans les maux à la part de gouvernement et d’action publique que les communes se sont réservée en Angleterre.
César lui paraît à bon droit avoir été, dans l’ordre de l’action, le premier des mortels : Je pense, dit-il, que l’homme né avec l’esprit le plus vigoureux est le dictateur César.
Saint-Simon, si amer quand il blâme, trouve, pour la louer, des grâces qui semblent inspirées par elle ; Dangeau la fait aimer par le simple récit de ses moindres actions.
Malouet lui écrivait en 1791 : « Nous qui raisonnons juste, nous ne rencontrons presque jamais avec précision aucun événement, parce que les actions des hommes ont fort peu de ressemblance aux bons raisonnements. » Cela est vrai pour tous les peuples et pour tous les hommes ; mais cela est encore plus vrai en France, car la nature française résume en elle avec plus de rapidité et de contraste les défauts et peut-être aussi les qualités de l’espèce.
Patru, moins véhément que son ami Le Maistre, et dont la voix, le geste et toute l’action portaient moins, se faisait remarquer par une élégance et une correction inaccoutumées alors au barreau47.
C’est à lui que pensait Louis XIV quand il écrivait dans son État de la France en 1661 : Les finances, qui donnent le mouvement et l’action à tout ce grand corps de la monarchie, étaient entièrement épuisées, et à tel point qu’à peine y voyait-on de ressource ; plusieurs des dépenses les plus nécessaires et les plus privilégiées de ma maison et de ma propre personne étaient ou retardées contre toute bienséance, ou soutenues par le seul crédit, dont les suites étaient à charge.
« Toute révolution est une conquête, pensait Portalis ; la Constitution, dans laquelle on se repose, devient un véritable traité de paix. » C’est cette paix qu’il avait hâte de pratiquer et de féconder, en substituant graduellement aux mesures hostiles, partiales, éversives, l’action bienfaisante et concertée des lois.
Vain par-dessus tout, il a donné la vanité comme le principe unique de toutes nos actions, de toutes nos pensées, de tous nos sentiments ; et cela est très vrai en général, même pour le plus grand des hommes, qui n’en est que le moins petit.
On a, chemin faisant, de jolis tableaux flamands qu’elle rend à ravir : à Mons, par exemple, à ce festin de gala où la belle comtesse de Lalain (née Marguerite de Ligne), dont la beauté et le riche costume sont décrits si particulièrement, se fait apporter son enfant au maillot et lui donne à téter devant toute la compagnie, « ce qui eût été tenu à incivilité à quelque autre, dit Marguerite ; mais elle le faisait avec tant de grâce et de naïveté, comme toutes ses actions en étaient accompagnées, qu’elle en reçut autant de louanges que la compagnie de plaisir ».
La morsure à ces renommées était action d’éclat et comptée sur les états de service des sbires de lettres.
Autre chose est le génie religieux et le génie militaire, le génie de spéculation et le génie d’action, le génie scientifique et le génie poétique.
Une si puissante action ne peut s’expliquer que par un grand génie, génie auquel ont manqué la sérénité, la pureté, le naturel, mais qui ne doit pas être classé au dernier rang des grands hommes.
Celui, par exemple, qui ne peut lire que des narrations, le lecteur d’Alexandre Dumas, n’est pas pour autant un homme d’action et quelquefois même il est très paresseux, mais le plus souvent il n’est ni un observateur des autres ni un observateur de soi-même et il n’a ni vie intérieure ni vie extérieure intellectuelle.
Les ennemis de la lecture J’appelle ennemis de la lecture, non pas les multiples choses qui empêchent de lire et dont il faut reconnaître que la plupart sont excellentes, études scientifiques, vie d’action, sports, etc.
Il y trouva Jacques II (Histoire de Guillaume III), Jacques II, aussi absolu dans l’ordre de l’action que J. de Maistre dans l’ordre de la pensée, et voilà qu’après avoir reconnu la grandeur de l’un, il méconnaît inconséquemment la grandeur de l’autre.
Ces trois romans ne sont rien moins que la mort de Gilbert, la mort de Chatterton et la mort d’André Chénier, répondant toutes les trois à la pensée du romancier, qui est l’hostilité éternelle de tout gouvernement contre les poètes, et représentant vis-à-vis de ces morts illustres, dont ils furent les bourreaux, l’action des trois formes de gouvernements qui dominent le monde et l’enserrent : le Gouvernement Absolu, le Gouvernement Représentatif, et le Gouvernement Républicain.
De cet organe gonflé de sang, de cet abîme bouillonnant de vibrations et de passions, d’une liberté, d’une impulsivité, d’une richesse tout instinctive, de cette source d’action, de virilité, de cette région où la nature fait entendre ses voix chargées d’orages ou d’espoirs, de ce tumultueux abîme des plus violentes énergies et des plus authentiques clameurs humaines, l’Église catholique est parvenue à faire un triste néant mystique, un lamentable mélange de bassesse et d’absurdité, un odieux et puéril symbole autour duquel viennent s’agenouiller tous les stériles, tous les faibles, tous les déserteurs de la vie.
Présente dans toutes les actions, elle les règle toutes, multiplie et accroît les unes, diminue et subordonne les autres, produit la faiblesse et la force, les vertus et les vices, la puissance et la ruine, et explique tout, parce qu’elle fait tout.
Certes, aujourd’hui encore il ne manque pas de gens qui voudraient relever les Actions de la Restauration du milieu des pavés de Paris, leur rendre leur clinquant, nous endormir, nous enchaîner, et reprendre eux-mêmes leur repos et leurs voluptés sur cet abîme du peu pie où s’agitent tant de misères ! […] Quel est le mobile des actions humaines ? […] Il me semble que je vois la main du physiologiste passer sur la tête de tout homme pour faire une horrible expérimentation. « Va, lui dit-il, tu te crois un agent libre, mais j’ai découvert dans les plis de ton cerveau les motifs de tes actions.
Chateaubriand, comme Byron, en eut d’illustres, et Mme de Noailles, après s’être agenouillée dans la partie centrale du temple, continue son action de grâces dans les chapelles latérales. […] Tout aussitôt, sous l’action de ces bienfaisants effluves, le poète s’efface et laisse la femme passer au premier plan : « Cette âme qui, dans la virginité d’hier, ainsi parla et chanta loin des paroles et des chants humains, je la dédie toute, avec ses poèmes, diversifiés selon une lente inspiration d’éclectique forme spontanée, à celui qui pour le futur l’a située dans la vie. » Négligeons un instant ce qu’il y a d’un peu irritant, de légèrement artificiel et qui sent son auteur, dans la forme que revêt un tel don : le don en bloc d’une sensibilité féminine. […] Et ce n’était pas là seulement besoin de généraliser, que connaissent ceux qui voient avant tout dans l’œuvre d’art une psychologie en action… C’était aussi constatation de la plus évidente réalité. […] C’est peu d’utiliser les moyens d’action dont on dispose, il faut encore les étudier par le détail pour saisir l’infinité de leurs nuances.
Dans cette pieuse réflexion, il fit brûler en sa présence cet illégitime enfant de son bel esprit, et voulut prouver par cette action, véritablement chrétienne, qu’il préféroit la qualité d’homme de bien à celle de docte interprète. » Les poésies françaises de Passerat se composent de Vers de chasse et d’amour, publiés à Paris en 1597 et d’un volume d’Œuvres poétiques, publié en 1607 et 1606. […] la nécessité des vertus et des vices, D’un astre impérieux doit suivre les caprices, Et Delphes, malgré nous, conduit nos actions Au plus bizarre effet de ses prédictions ? […] Mais lorsque, un peu plus tard, Œdipe et le vieux serviteur se rencontrent face à face, l’action s’anime soudain, capable d’exciter dans l’âme du spectateur des mouvements qui ne demeurent imparfaits qu’à cause de la pauvreté du vêtement poétique. […] Thésée qui feint toujours de se croire fils du roi tué par Œdipe, porte à celui-ci un défi, qui est surtout ridicule à cause d’un pareil anachronisme dans une action dramatique si fameuse. […] À voir leurs actions, à voir leur entretien, L’un n’est que votre sang, et l’autre c’est le mien, Et leur antipathie inspire à leur colère Les préludes secrets de ce qu’il nous faut faire.
Saint-Simon est un grand écrivain parce qu’il fut un médiocre homme d’action ; très loin de son écriture, il devait être grossier, méchant, raide et maladroit. […] C’est un cercle fermé ; mais cela serait une chute perpétuelle dans le néant, si le sentiment n’avait une tendance presque invincible à passer à l’action. […] Le style en est tout différent. » Pour le démontrer, il suffit de souligner les mots ou les idées communes aux deux descriptions : « Leur battement d’ailes est si vif que l’oeil ne le perçoit pas ; l’oiseau-mouche semble immobile, tout à fait sans action. […] Il est donc bien indifférent, relativement au peuple, que telle œuvre d’art soit obscure ou lumineuse, puisqu’il ne la jugera jamais comme œuvre d’art, mais seulement comme œuvre dramatique, comme œuvre représentative d’une action. […] Il est d’ailleurs difficile d’oublier que ces deux mots sont latins, et qu’à leur suite vient un cantique d’action de grâces qui a une fonction liturgique.
Il s’est peint, au reste, au vrai et sans flatterie dans son Journal, à cet âge de vingt-cinq ans (mai 1762) : honnête de caractère, vertueux même, incapable d’une action basse, et formé peut-être pour les généreuses ; mais fier, roide, ayant à faire pour être agréable en société ; travaillant sur lui-même avec constance.
C’était un orateur, et il en avait tous les dons pour le genre d’enseignement sacré auquel il s’était voué : il avait l’action, le feu, la rapidité, et, en déroulant ce fleuve de la parole qui chez lui, à la lecture, nous paraît volontiers égal et surtout puissant par sa vigueur suivie et sa continuité, il y avait des endroits où il tonnait.
À travers cette sévérité apparente et en partie réelle, il s’attachait à reconnaître ceux qu’il appelait des esprits superbes, ceux « qui se regardaient et se faisaient un secret plaisir d’être regardés comme les justes, comme les parfaits, comme les irrépréhensibles ; … qui de là prétendaient avoir droit de mépriser tout le genre humain, ne trouvant que chez eux la sainteté et la perfection, et n’en pouvant goûter d’autre ; … qui, dans cette vue, ne rougissaient point, non seulement de l’insolente distinction, mais de l’extravagante singularité dont ils se flattaient, jusqu’à rendre des actions de grâces à Dieu de ce qu’ils n’étaient pas comme le reste des hommes : Gratias tibi ago, quia non sum sicut cœteri hominum ».
s’écriait-il aussitôt ; son air charmant et majestueux se répand sur toutes ses actions ; sa maison royale emprunte quelques rayons de sa gloire ; son âge est mûr et parfait ; le travail infatigable lui est devenu naturel… Son amour extrême pour nous sacrifie toutes ses veilles à notre repos, et s’il abrège et méprise le temps du sommeil, c’est parce qu’il le passe sans nous… Ne vous étonnez pas, messieurs, du zèle de ce discours : chaque mot est un trait de flamme… Cela paraissait ridicule, dit de ce ton, même alors, — surtout alors62.
Je ne fais qu’indiquer un portrait du général ministre Grumbkow, persécuteur odieux de Frédéric et de sa sœur : dans son duel avec le prince d’Anhalt, elle le montre effaré et tremblant, et rappelle toutes les autres preuves qu’il avait données de la même disposition, soit à la bataille de Malplaquet, où il était resté dans un fossé pendant tout le temps de l'action, soit au siège de Stralsund, où il s’était démis fort à propos une jambe dès le commencement de la campagne, ce qui le dispensa d’aller à la tranchée : « Il avait, conclut-elle, le même malheur qu’eut un certain roi de France, qui ne pouvait voir une épée nue sans tomber en faiblesse61 ; mais, excepté tout cela, c’était un très brave général. » Et ailleurs, montrant le roi son père qui ne s’accommodait pas des manières polies et réservées du prince héréditaire de Bareith, tout en le lui donnant pour mari : « Il voulait un gendre, dit-elle, qui n’aimât que le militaire, le vin et l’économie. » Certes, dans une société idéale où l’on se figure réunis les Caylus, les Hamilton, les Grammont, les Sévigné, les Coulanges, les Saint-Simon, les Staal de Launay, les Du Deffand, la margrave n’eut pas été hors de sa place ni dans l’embarras ; elle eût trouvé bien vite à payer son écho par maint trait d’esprit et de raillerie bien assénée, qui eût été applaudi de tous et de toutes, de même que son frère, en causant, n’était en reste de mots excellents ni avec Voltaire, ni avec personne ; mais à la lecture, et eu égard au genre et à la nature des tableaux, elle garde sa couleur étrange et son accent exotique.
Tous ces menus détails de la vie intime, dont l’enchaînement constitue la journée, sont pour moi autant de nuances d’un charme continu qui va se développant d’un bout de journée à l’autre : — le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée, car la formule avec laquelle on s’aborde est à peu près la même, et d’ailleurs la séparation de la nuit imite assez bien les séparations plus longues, comme elles étant pleine de dangers et d’incertitude ; — le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; — la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature, car à mon avis, après avoir adoré Dieu directement dans la prière du matin, il est bon d’aller plier un genou devant cette puissance mystérieuse qu’il a livrée aux adorations secrètes de quelques hommes ; — notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage ; en un mot, vrai sanctuaire de travail ; — le dîner qui s’annonce non par le son de la cloche qui sent trop le collège ou la grande maison, mais par une voix douce qui nous appelle d’en bas ; la gaieté, les vives plaisanteries, les conversations brisées en mille pièces qui flottent sans cesse sur la table durant ce repas : le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises après ce signe de croix qui porte au ciel nos actions de grâces ; les douces choses qui se disent à la chaleur, du feu qui bruit tandis que nous causons ; — et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère portant son enfant dans ses bras, le père de cet enfant et un étranger, ces deux-ci un bâton à la main ; les petites lèvres de la petite fille qui parle en même temps que les flots, quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de la douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en voyant la mère et l’enfant qui se sourient ou l’enfant qui pleure et la mère qui lâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix, et l’océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons dans le taillis pour nous allumer au retour un feu vif et prompt ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature par un contact immédiat et me rappelle l’ardeur de M.
Ajoutez que pour Montaigne philosophe le voyage n’était qu’une réfutation perpétuelle, en action et en tableau, des préjugés de clocher dont il avait le mépris et le secret dégoût.
Rabelais et Cervantes ont créé de forme et de fond des œuvres immortelles dont l’action réjouissante, et à certains égards libératrice, s’est prolongée et dure encore.
Malgré ce léger défaut d’action et de composition qui ne s’aperçoit qu’en y repensant et à l’analyse, l’effet de lumière est si vrai, si large, si bien rendu, si pleinement harmonieux ; la bonté, l’intelligence et les vertus domestiques peintes sur toutes ces figures sont si parfaites et si parlantes, que l’œuvre attache, réjouit l’œil, tranquillise le cœur et fait rêver l’esprit.
voilà ma postérité. » Trop de vertu, trop de sensibilité en pratique et en action autour de nous, nuirait-il donc au talent et au génie, à ce serviteur et à cet esclave de son art, qui ne doit être ni distrait ni partagé ?
L’amour-propre est le fond de toutes nos pensées, de toutes nos actions et déterminations.
Ils ont expliqué avec une vivacité et une sorte de rivalité de plume comment de son crayon il attaque la pierre, comment il la traite avec un sans façon, avec une hardiesse qu’on n’y avait jamais apportés avant lui, et ils nous ont donné l’idée de ce génie du dessin en action.
La parole prononcée et parlée a plus d’action et de force que la parole écrite.
Tel est le sujet abordé et mis en action par M. d’Alton-Shée avec beaucoup de vigueur et de franchise.
Cette Épître nous montre par une suite d’exemples ou de remarques habilement choisies que pour qui veut connaître à fond un seul homme, un individu, tout trompe, tout est sujet à méprise, et l’apparence et l’habitude, et les opinions et le langage, et les actions même qui souvent sont en sens inverse de leur mobile : il n’y a qu’une chose qui ne trompe pas, c’est quand on a pu saisir une fois le secret ressort d’un chacun, sa passion maîtresse et dominante (the ruling passion), dans le cas où chez lui une telle passion existe.
Elle avait été liée d’assez bonne heure avec Linguet, le maître de Mallet, et avec bien des Genevois de sa connaissance ; il l’avait vue à Paris à l’œuvre, sur le théâtre de l’action, et il eût été curieux de l’entendre motiver ce jugement si plein, mais trop sommaire.
Deux confréries représentent cette double influence : l’une, celle des Senoûsi, ainsi appelée du nom de leur fondateur Es-Senoûsi (mort en 1859), est notre ennemie mortelle ; elle est fondée sur une pensée de protestation religieuse contre toutes les concessions faites à la civilisation de l’Occident, contre toutes les innovations introduites dans divers États de l’Orient par les derniers souverains, et contré tout essai nouveau d’agrandissement ou d’action de la part des infidèles.
L’Achilléide qui se marque et se suit à la trace dans le chant Ier, dans le VIIIe, le IXe, et à partir du XIe jusqu’à la fin, se prêtait difficilement à des épisodes ou rhapsodies séparées ; l’action s’y presse.
» Avant que la critique allemande ait protesté contre de pareilles plaisanteries mises sur le compte d’un des souverains qui ont eu le plus à cœur leur métier de roi, il y avait longtemps que la critique française, dans une vue de simple bon sens, avait dit : « Nous ignorons si Frédéric était capable de se servir des moyens indiqués ici ; mais nous croyons pouvoir affirmer que, s’il avait assez d’immoralité pour employer des médecins et des serruriers politiques, il avait en même temps trop d’adresse pour l’avouer à qui que ce soit, même à son successeur75. » Il y avait peut-être à introduire Frédéric dans cette Étude où Louis XV tient le premier rôle, mais c’aurait dû être alors pour opposer les deux esprits, la mollesse et la force, l’abandon et l’infatigable vigilance, le laisser aller de tout, après quelque velléité d’action passagère, et l’héroïque et constant labeur, tant civil que guerrier, qui occupa toutes les heures d’une longue vie.
Étant peu militaire et peu propre à discerner le côté supérieur de ce petit-fils d’Henri IV, son coup d’œil d’homme de guerre, sa décision, sa vigueur, une fois l’action engagée, il s’est attaché à le peindre sous ses pires côtés les plus apparents, dans toute la laideur ou la splendeur de ses débordements et de son cynisme : il y est magnifique d’images, d’expressions, mais c’est incomplet.
Nous avons affaire à un peintre en effet, non à un homme d’action, d’intrigue et de mouvement.
Je me le suis dit depuis bien longtemps, André Chénier, non pas quant à l’action, mais quant à la couleur, a été pour nous une espèce de Walter Scott antique et poétique : il a donné le ton.
La maréchale tient dans l’action toute la partie moralisante, et elle en use avec un à-propos qui ne manque jamais son but ; Athénaïs et Eugène sont le caprice et la poésie, qui ont quelque peine à se laisser régler, mais qui finissent par obéir, tout en sachant attendrir leur maître.
Homère lui révèle d’abord un monde supérieur, une immortalité de l’âme, un jugement de nos actions après la vie, une justice souveraine, une expiation, une rémunération, selon nos vertus ou nos crimes, des cieux et des enfers ; tout cela altéré de fables ou d’allégories, sans doute, mais tout cela visible et transparent sous les symboles, comme la forme sous le vêtement qui la révèle en la voilant.
La date même de l’action nous fait déjà, soupçonner que les théories de Sandoz ne seront pas aussi rigoureusement appliquées ici que se l’imagine M.
Signalons enfin, pour terminer cette revue des principales lois sociologiques dont l’action se fait sentir sur l’individu, une loi qui ne joue pas un rôle moins important que les précédentes : la loi de l’illusionnisme social ou loi du mensonge de groupe.
Dans les deux années qui avaient précédé (1800-1803), il s’était formé autour de Mme de Beaumont une petite réunion dont il a été parlé souvent, qui fut bien courte de durée, mais qui eut vie et action, et qui mérite de garder une place à part dans l’histoire littéraire.
C’est ici que l’action commence à se nouer avec un art et une habileté qui appartiennent au poète.
Comme il ne s’agit point ici d’un mariage d’amour, mais d’un arrangement entre personnes mûres et sérieuses, une entrevue, selon le père Maurice, suffira pour tout éclaircir : « C’est demain samedi, dit-il à Germain ; tu feras ta journée de labour un peu courte, tu partiras vers les deux heures après-dîner, tu seras là-bas à la nuit ; la lune est grande dans ce moment-ci, les chemins sont bons, et il n’y a pas plus de trois lieues de pays. » Tout l’intérêt et toute l’action du roman se passent dans ce voyage.
Il avoue qu’il serait curieux de le connaître et de l’observer : Ses actions de guerre sont grandes ; mais ce que j’estime le plus en lui, c’est des qualités auxquelles ce qu’on appelle fortune n’a aucune part.
Il fut galant près d’elle ; elle oublia pour lui ses réflexions philosophiques, ou plutôt elle s’en ressouvint : sentant renaître en elle la passion, elle la prit au mot, et, mettant ses principes en action, elle s’y livra.
Cette paresse a besoin d’explication quand le mot s’applique à un homme aussi constamment et aussi diversement laborieux que l’était d’Aguesseau ; mais je crois qu’il la faut prendre dans le sens de lenteur de tempérament, d’absence de verve et de longueur de phrases, ce qui est incontestable quand on lit d’Aguesseau ; on sent qu’il a dû passer bien du temps à limer, à polir ce qui paraît encore un peu traînant à la lecture, et qu’aussi il s’est amusé à bien des études d’inclination et de fantaisie qui peuvent ressembler à de la paresse aux yeux des hommes d’action et d’affaires.
« L’action vous sied bien », pouvait-elle à bon droit lui dire.
Son père l’avait emmené en Guyenne en bas âge ; là, dans son château de Bonnefons, il plaça près de lui un jeune précepteur, qui devint plus tard un prédicateur assez célèbre, l’abbé Anselme, sujet excellent, homme sensé et distingué, d’une piété éclairée, d’une morale exacte, qui donna à son élève les meilleurs préceptes et lui laissa les plus pures impressions : « Ce n’est point sa faute, dit M. d’Antin, si je n’ai pas l’esprit et le cœur faits comme je devrais l’avoir ; il n’y a rien oublié de sa part, ses paroles et ses actions étant toujours de concert. » Mais la nature avait mêlé dans cette âme délicate et molle des goûts de séduction qui ne demandaient que l’éveil.
Mme de Genlis y est fort maltraitée : elle figure dans ce roman sous le nom de Mme de Gercourt, sentencieuse, pédante, adroite et flatteuse, visant à une perfection méthodique, fort suspecte de mettre « les vices en action et les vertus en préceptes ».
Cette jeune femme, sur laquelle tous les portraits s’accordent, était, dès l’âge le plus tendre, une perfection mignonne de bon sens, de prudence, de grâce et de gentillesse : Mme de Stainville, à peine âgée de dix-huit ans, nous dit l’abbé Barthélemy, jouissait de cette profonde vénération qu’on n’accorde communément qu’à un long exercice de vertus : tout en elle inspirait de l’intérêt, son âge, sa figure, la délicatesse de sa santé, la vivacité qui animait ses paroles et ses actions, le désir de plaire qu’il lui était facile de satisfaire, et dont elle rapportait le succès à un époux digne objet de sa tendresse et de son culte, cette extrême sensibilité qui la rendait heureuse ou malheureuse du bonheur ou du malheur des autres, enfin cette pureté d’âme qui ne lui permettait pas de soupçonner le mal.
Lui, il est le contraire de ces natures-là ; il est le plus doux, le plus égal, le plus actif à la fois et le plus pacifique des cœurs, le plus adroit à tout convertir en mieux ; il se mêle à ceux des autres pour y verser la consolation et l’amour ; il est amoureux des âmes pour les guérir ; il s’y insinue pour y faire entrer cette « dévotion intérieure et cordiale, laquelle rend toutes les actions agréables, douces et faciles ».
Le joli petit roman de Jehan de Saintré, où l’idéal chevaleresque se peint encore au début dans ce qu’il a de plus mignon, et qui prétend offrir un petit code en action de la politesse, de la courtoisie, de la galanterie, en un mot de l’éducation complète d’un jeune écuyer du temps, ce joli roman est rempli aussi de préceptes pédantesques, d’articles d’un cérémonial minutieux, et, vers la fin, il tourne tout à coup à la grossièreté sensuelle et au triomphe du moine selon Rabelais.
Le tort ne fut point à qui s’avisa qu’une tragédie pouvait gagner à être resserrée en mêmes lieu, temps et espace, mais au pédant qui en fit une règle générale, de même qu’un pédant du drame aurait tort de proscrire une action rapide et vraisemblable en une seule journée.
Jamais, mon ami, nous ne nous embrasserons dans cette demeure antique, silencieuse et sacrée, où les hommes sont venus tant de fois accuser leurs erreurs ou exposer leurs besoins, sous ce panthéon, sous ces voûtes obscures où nos âmes devoient s’ouvrir sans réserve, et verser toutes ces pensées retenues, tous ces sentiments secrets, toutes ces actions dérobées, tous ces plaisirs cachés, toutes ces peines dévorées, tous ces mystères de notre vie dont l’honnêteté scrupuleuse interdit la confidence à l’amitié même la plus intime et la moins réservée.
Il est vrai, les imbéciles diront que vos digressions sont des pierres dont vous accotez à chaque instant, avec une espièglerie irritante, les roues de l’action ; que vos personnages feraient peut-être bien de marcher, au lieu de rester assis ; qu’au total, vos romans ne sont pas des romans.
Chacun, selon son tempérament, par le livre, sur la scène ou avec le journal, eût concouru à former dans le domaine de l’éducation, cette synthèse d’action révolutionnaire sans laquelle on ne peut réaliser que de rares progrès partiels. » J’en fus tout simplement pour mes frais d’imagination.
Cependant Dubois avait agi, et il a donné de lui des pressentiments superbes à un philosophe du xviiie siècle, à Lemontey, qui ne devait pas l’aimer, cet abbé pour rire, devenu sérieusement prêtre, « auquel dit Lemontey, il ne manqua que le temps pour livrer l’autorité civile à l’action des pouvoirs religieux ».
L’utilitarisme anglais, la politique anglaise, l’action anglaise, s’emparèrent de lui et nuisirent à un épanouissement de facultés qui eût été splendide, s’il avait été libre et dégagé de toute influence extérieure.
La vie de la pensée et la vie de l’action vulgaire bifurquent et ne s’impliquent point.
Je suis une cause, par exemple la cause de mes actions.
C’est enfin le public qui a voulu que le bon, l’excellent bibliophile, mêlât sa science à l’action d’un roman futile ; si le bibliophile n’eût pas fait son roman, adieu sa science ! […] C’est une grande faute pour les malheureux qui vivent de leur esprit de se figurer que le monde est attentif à leurs moindres paroles, à leurs moindres actions. […] La plainte est vive, l’action se hâte, la conclusion se fait attendre ; cela peut fort bien commencer par ce vers d’Homère, où il est dit : « Je n’ai jamais vu de troupes si belles et si bien réglées ! […] Au contraire, s’il obéit aux ambitions vulgaires, je me dis en moi-même : Voilà une âme incapable d’aucune action belle et généreuse ! […] » Malheureusement, à cette représentation presque héroïque des grandes actions du courage civil, il y a chez nous des obstacles presque insurmontables.
Il nous peignait aujourd’hui Fénéon, cet original né en Italie, et ayant l’aspect d’un Américain, un être intelligent, travaillant à se faire une tête, cherchant l’étonnement des gens par une parole axiomatique, une comédie de concentration intérieure, une série de petites actions et manifestations mystificatrices, — mais un homme de cœur, bon, sensible, appartenant tout entier aux excentriques, aux disgraciés, aux miséreux. […] l’étain est tout à fait triomphant, et je crois que son emploi va avoir une action sur la sculpture, et forcer le marbre, la pierre, le bronze, à lutter avec le flou de cette matière. […] — à Lyon, je me trouve à court d’argent, j’offre à un journal un article sur mes contemporains, et je lui apporte un article, où, dans un portrait du Père Félix, je racontais ma mauvaise action.
C’est dire que par là et en cela nous connaissons le mécanisme de cette limitation de la grâce, ou enfin de l’action de la grâce, qui est devenu, qui fait présentement l’objet de notre malheureuse étude. […] Deux limitations de l’action de Dieu. Deux limitations, deux manquements (de l’action) de la grâce. […] Dans ce système, (dans ce système de pensée et dans ce système d’action), le duel est un affrontement, une confrontation perpétuelle des valeurs. […] Du système et de la race pour qui toute vie même et toute action et toute conduite est un exercice et comme une application de ce noble jeu.
Tant que je serai content de moi, je voudrais avoir Mlle de La Prise pour témoin de toutes mes actions ; mais quand j’en serai mécontent, ma honte et mon chagrin seraient doubles, si elle était au fait de ce que je me reproche. […] Qu’on le veuille ou non, on change, on s’instruit, on devient responsable de ses actions.
Mais la parade pompeuse a remplacé l’action efficace ; ils ne sont que de beaux ornements, ils ne sont plus des instruments utiles ; ils représentent autour du roi qui représente, et, de leurs personnes, ils contribuent à son décor. […] Ce n’est point impunément qu’on transforme une noblesse d’utilité en une noblesse d’ornement175, on tombe soi-même dans la parade qu’on a substituée à l’action.
À ce moment, et après cent ans de culture, il n’y a aucun mouvement, aucun objet, aucune action qu’on ne sache décrire. […] Elle se trouve impuissante quand il faut peindre ou mettre en scène une action, quand il s’agit de voir et de faire voir des passions vivantes, de grandes émotions vraies, des hommes de chair et de sang ; elle n’aboutit qu’à des épopées de collége comme la Henriade, à des odes et des tragédies glacées comme celles de Voltaire et de Jean-Baptiste Rousseau, comme celles d’Addison, de Thompson, de Johnson et du reste.
Jamais elle ne peut être comparable en éclat à la grandeur de l’action où se développent largement d’énergiques facultés ; mais elle sera longtemps la seule à laquelle puisse prétendre l’homme armé, car il est armé presque inutilement aujourd’hui. […] Les actions viriles n’ont rien perdu, en France, de leur vigueur antique.
Sans gouvernement point de peuple, sans gouvernement point de volonté, sans volonté point d’action ! […] Le messager ne comprit rien au motif de cette action ; mais Thrasybule, quand on l’en informa, entendit fort bien qu’il devait se défaire des citoyens puissants.
Oui, oui, mon ami, ce n’est pas seulement en faisant des poésies et des pièces de théâtre que l’on est fécond ; il y a aussi une fécondité d’actions qui en maintes circonstances est la première de toutes. […] Nous devons, suivant nos talents, nos penchants, notre situation, développer chez nous, fortifier, rendre plus générale la civilisation, former les esprits, et surtout dans les classes élevées, pour que notre nation, bien loin de rester en arrière, précède tous les autres peuples, pour que son âme ne languisse pas, mais reste toujours vive et active, pour que notre race ne tombe pas dans l’abattement et dans le découragement, et soit capable de toutes les grandes actions quand brillera le jour de la gloire. — Mais, pour le moment, il ne s’agit ni de l’avenir, ni de nos vœux, ni de nos espérances, ni de notre foi, ni des destinées réservées à notre patrie ; nous parlons du présent, et des circonstances au milieu desquelles paraît votre journal.
Lui-même a confessé à maintes reprises un pessimisme si radical et si âcre qu’on sent bien que son amour de l’action et son grand courage le défendent seuls du nihilisme pur. […] Sa rêverie se fût dissipée en action.
Bertin l’aîné est mort entouré des sympathies, de la reconnaissance et des respects de cette grande famille d’esprits dont il avait été l’appui, l’exemple et le conseil. « Il ne faut pas pleurer sur moi, nous disait l’admirable vieillard, le jour même de sa mort, j’ai vécu heureux, je meurs content, et c’est sur vous que je pleure. » La durée en pleine action, en pleine intelligence, en plein exercice des facultés de l’âme et des puissances du cœur, est un signe, un présage, une promesse, une espérance d’immortalité ! […] Ce n’était point par l’action, par les passions sans frein, par les déclamations furibondes, par les larmes intarissables, que cette société marchait à l’abîme, mais bien par la galanterie et par la conversation.
pour avoir flétri une telle action en la proclamant, au nom de Shakespeare, impossible ! […] Lui, l’auteur étrange, passionné et cruel, d’Othello, Hamlet, de Macbeth et de Richard III, a, dans l’ordre de la pensée, les mêmes qualités que César, dont il a fait un si beau drame, et Alcibiade, dont il aurait pu en faire un (car il n’en a fait qu’un bout de rôle dans Timon), ont eues dans l’action tous les deux, et ces qualités délicieuses et clémentes, et divinement irrésistibles, il les a particulièrement montrées dans toute leur suavité en ce drame de Henri V.
Ses actions imprudentes l’élevèrent, ses vues sages le perdirent ; il fut disgracié pour avoir parlé de paix… Et sur l’heure même de la disgrâce de Bernis, Frédéric parle de lui à Milord Maréchal dans le même sens : « On a trop exagéré le mérite de Bernis lorsqu’il était en faveur ; on le blâme trop à présent.
. — Le roi eut nouvelle à son lever que toute la ville de Castres s’était convertie. » Cette action signalée des deux époux devenait un mérite auprès de Louis XIV, un titre à ses futurs bienfaits, et, dans la lettre dont je parle, l’honnête homme, qui n’était que de la race des savants, ne se montrait pas insensible à cette idée.
Le Dieu, au contraire, en s’attachant aux actions de Bossuet (et à part les mémoires écrits pour la montre), n’a fait que compromettre, sans le vouloir, cette haute figure ; il lui eût fallu pour pâture d’observation un moins noble maître.
Je fais mille vœux pour votre reconvalescence. » Mais Frédéric en parlait à son aise : il avait pour lui sa gloire, ses actions, son monument de roi : Voltaire pouvait en salir un peu la base et en tacher quelques bas-reliefs, non l’ébranler.
Chauvelin : « Il a fait le misérable traité de Séville, misérable parce que nous ne voulions pas l’exécuter, et que c’est un embarquement violent pour ne faire que cacade, paroles de pistolet et actions de neige. » On ne sait où il va prendre un pareil jargon : « Un financier a le train du prince, et n’a l’état, l’esprit et les manières que d’un poilou. » — « Je fus pouillé », pour : on me gronda.
Il y a dans les querelles de Vadius et de Trissotin une acrimonie particulière qui échappe à l’action et au traitement des esprits polis.
Elle a consenti à se taire, à attendre, à souffrir pour retourner au milieu de tout ce qui lui est cher ; mais elle a refusé toute action, toute parole qui fût un hommage à la puissance… » Tous les personnages du groupe de Mme de Staël reviennent sans cesse dans ces lettres de Sismondi et y sont présentés avec beaucoup de naturel et de vérité.
J’ai entendu cet autre railleur d’une qualité si distinguée, si rare, l’inimitable Vivier, le lendemain d’une de ces soirées où l’étonnant artiste avait su, comme nulle lèvre humaine avant lui, attendrir les sons du cor et faire pleurer le cuivre ; je l’ai vu dans cette autre partie de lui-même, dans cette mimique délicate, dans ce jeu spirituel, ironique, d’un délicieux comique à huis clos, et je renonce à définir pour qui n’y a pas goûté cette moquerie en action, fine, pénétrante, légère.
Mais on veut plus, on veut un détail exact, infini ; on s’attache à certaines figures plus qu’à la marche de l’action et à l’ensemble même des choses ; on s’intéresse individuellement à ceux qui seront bientôt des victimes, et dès l’abord on épouse leur destinée.