/ 1943
1155. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Tous tant que nous sommes, poètes, mathématiciens, marchands de laines, nous portons sur la nature des jugements qui, sans qu’on s’en doute, demeurent en corrélation parfaite avec nos humeurs, notre état d’âme habituel, notre degré d’intelligence. […] * *   * Une différence de degré dans la manière d’exprimer le réel en résulte. […] En faisant qu’elles exigent toutes de notre esprit, malgré leurs différences d’aspect, la même espèce d’attention et, en quelque sorte, le même degré de tension, on accoutumera peu à peu la conscience à une disposition toute particulière et bien déterminée, celle précisément qu’elle devra adopter pour s’apparaître à elle-même sans voile37. » Rappelons-nous les Phares de Baudelaire ou telle pièce des Serres Chaudes de Maeterlinck ; celle-ci, par exemple, où le poète entasse à dessein les petits tableaux pour mieux nous faire pénétrer son impression subtile : « Oh !

1156. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Ce sont eux pourtant qui distinguent une époque des autres, qui marquent l’espèce et le degré des passions dominantes, qui, par leur familiarité, produisent l’illusion, qui, par leur force, excitent l’intérêt. […] Cléarque, de l’aveu de tous ceux qui avaient fait épreuve de lui, avait au plus haut degré le goût et le talent de la guerre. […] Élevés dans l’égalité, jamais nous ne comprendrons ces effrayantes distances, le tremblement de cœur, la vénération, l’humilité profonde qui saisissaient un homme devant son supérieur, la rage obstinée avec laquelle il s’accrochait à l’intrigue, à la faveur, au mensonge, à l’adulation et jusqu’à l’infamie, pour se guinder d’un degré au-dessus de son état. […] L’artiste est une machine électrique chargée de foudres, qui illumine et couvre toute laideur et toute mesquinerie sous le pétillement de ses éclairs ; sa grandeur consiste dans la grandeur de sa charge ; plus ses nerfs peuvent porter, plus il peut faire ; sa capacité de douleur et de joie mesure le degré de sa force. La misère des sciences morales est de ne pouvoir noter ce degré ; la critique, pour définir Saint-Simon, n’a que des adjectifs vagues et des louanges banales ; je ne puis dire combien il sent et combien il souffre ; pour toute échelle, j’ai des exemples, et j’en use.

1157. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Elle eut ce don heureux de l’admiration qui est le partage des belles natures, et sa vie fut charmée au plus haut degré et consolée par tous les dilettantismes intelligents. […] Selon lui, la chasteté réelle développait au plus haut degré les puissances de l’esprit, et donnait à ceux qui la pratiquaient des facultés inconnues. […] A l’époque où parurent les premiers romans signés de Balzac, on n’avait pas, au même degré qu’aujourd’hui, la préoccupation, ou pour mieux dire la fièvre de l’or. […] Jamais femme ne posséda à un si haut degré que Delphine, comme nous nous permettions de l’appeler familièrement entre nous, le don d’exciter l’esprit de ses hôtes. […] » Nous aussi, nous avons éprouvé ce frisson en revenant de Constantine, au mois d’août, après un long bain de soleil à quarante-huit degrés.

1158. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Il l’est avec cette aggravation, si l’on veut, qu’il souhaite le suffrage universel à deux degrés. […] Il est probable que, s’il opine ainsi, c’est qu’il a prévu ce que l’on tient d’expérience aujourd’hui, à savoir que toute élection est une élection à deux degrés. L’élection directe est à deux degrés. […] Dans les deux cas, délégation ou comité est le véritable électeur ; l’élection est à deux degrés. […] Dans un pays où il y aurait une Chambre nommée par le suffrage direct et une autre par le suffrage à deux degrés, on pourrait affirmer à coup sûr que c’est la Chambre issue du suffrage à deux degrés régulièrement organisé qui représenterait le plus précisément le pays.

1159. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Sans doute il en est qui, à ce don initial, unissent d’autres facultés ; mais un vrai poète qui ne le possédât à aucun degré, on ne le saurait concevoir, car il ne resterait plus qu’un artisan de rimes, c’est-à-dire la chose la plus froide, la plus artificielle, la plus vaine qui soit. […] D’identiques analogies nous invitent à conclure, dans l’ordre de la production poétique : la beauté d’un thème n’est pas seulement dans la richesse des développements que nous lui supposons ; elle est bien plus encore dans leur concordance avec notre intime sensibilité, et d’ailleurs comment les pourrions-nous même imaginer, si à quelque degré déjà cette concordance ne nous était suggérée ? […] Une minute seulement je la suppose Bretonne — hypothèse après tout qui n’a rien d’offensant. — De même qu’il n’est presque pas d’homme, un peu mécontent de son sort, qui ne se soit mille fois plu à s’imaginer une autre vie que celle dont il est redevable au destin, nous pouvons bien lui supposer d’autres origines, en reculant son lieu de naissance de quelques degrés vers l’ouest. […] Mais elles n’auraient pu être si brûlantes, ils n’auraient pas été si profonds, si je ne t’avais pressentie sous ce velours obscur, comme on devine la lune argentée sous le nuage qui passe. » Voilà l’élément intellectuel qui vient s’ajouter au sensible, en manière de raffinement, et pour pousser jusqu’au dernier degré de l’aigu les pointes extrêmes de la volupté. […] Affaissement de l’être moral, prédominance de l’instinct, pourrait-on ajouter, car la servitude amoureuse à ce degré ne se différencie guère du pur instinct animal que par les nuances d’expression qu’y surajoute le conteur.

1160. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Toujours le modèle idéal exprime la situation réelle, et les créatures de l’imagination, comme les conceptions de l’esprit, ne font que manifester l’état de la société et le degré du bien-être ; il y a une correspondance fixe entre ce que l’homme admire et ce que l’homme est. […] Au bas et au sommet de la société, dans toutes les parties de la vie, à tous les degrés de la condition humaine, ce bien-être nouveau devenait visible. […] Remarquez que le sage Malherbe a écrit des énormités presque semblables dans les larmes de saint Pierre, que les faiseurs de sonnets en Italie et en Espagne atteignent en ce moment le même degré de démence, et vous jugerez qu’en ce moment par toute l’Europe il y a un âge poétique qui finit. […] Ce bon sens, cette espèce de divination naturelle, cet équilibre stable d’un esprit qui gravite incessamment vers le vrai, comme l’aiguille vers le nord, Bacon le possède au plus haut degré. […] Alors paraîtront non les axiomes universels inutiles, mais « les axiomes moyens efficaces », véritables lois d’où l’on pourra tirer des œuvres, et qui sont des sources de puissance au même degré que des sources de lumière361.

1161. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Dans le cas présent, quoique le groupe dont il s’agit ne soit point direct par rapport à Mazarin, et qu’il s’éloigne même d’un degré en descendant, il n’est pas inutile pourtant pour mieux définir et circonscrire la nature originelle de ce cardinal-ministre et pour achever de le faire comprendre. […] À partir de ce moment, elle marcha, sans se plus détourner jamais, dans les routes de la piété pratique et de la charité ; il ne s’agissait plus que du degré, selon qu’elle croissait en lumières.

1162. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Mais, répondrons-nous aux sophistes, indépendamment de ce que cette volonté, supposée unanime, n’est jamais unanime, qu’il y a toujours majorité et minorité, et que la supposition d’une volonté unanime, là où il y a majorité et minorité, est toujours la tyrannie de la volonté la plus nombreuse sur la volonté la moins nombreuse ; Indépendamment encore de ce que le moyen de constater cette majorité n’existe pas, ou n’existe que fictivement ; Indépendamment enfin de ce que le droit de vouloir, en cette matière si ardue et si métaphysique de législation, suppose la capacité réelle de vouloir et même de comprendre, capacité qui n’existe pas au même degré dans les citoyens ; Indépendamment de ce que ce droit de vouloir, juste en matière sociale, suppose un désintéressement égal à la capacité dans le législateur, et que ce désintéressement n’existe pas dans celui dont la volonté intéressée va faire la loi ; Indépendamment de tout cela, disons-nous, si la souveraineté n’était que la volonté générale, cette volonté générale, modifiée tous les jours et à toute heure par les nouveaux venus à la vie et par les partants pour la mort, nécessiterait donc tous les jours et à toute seconde de leur existence une nouvelle constatation de la volonté générale, tellement que cette souveraineté, à peine proclamée, cesserait aussitôt d’être ; que la souveraineté recommencerait et cesserait d’être en même temps, à tous les clignements d’yeux des hommes associés, et qu’en étant toujours en problème la souveraineté cesserait toujours d’être en réalité ? […] Ces trois caractères de la loi, la règle, la justice, la moralité, sont donc les degrés successifs par lesquels la société politique se fonde et s’élève d’abord par l’ordre, se légitime ensuite par la justice, s’accomplit enfin par la moralité.

1163. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Or, si cette impossibilité de vivre est absolue pour un être qui serait complètement supérieur à la généralité des hommes, cette difficulté de vivre heureux est relative dans les êtres doués seulement d’une sensibilité supérieure de quelques degrés à celle de leurs semblables. […] Convaincu alors de l’amour de sa sœur pour lui, et se reprochant à lui-même une feinte qui avait causé tant d’angoisses à Cornélia, il commença à la rassurer avec de meilleures paroles, et il finit par se découvrir à elle pour ce qu’il était, mais peu à peu, néanmoins, et par degrés, de peur que la surprise et la joie, succédant sans préparation à tant de douleur, ne lui causassent un autre évanouissement qui, cette fois, pourrait être mortel.

1164. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

À mes pieds, la vallée de Josaphat s’étendait comme un vaste sépulcre ; le Cédron tari la sillonnait d’une déchirure blanchâtre, toute semée de gros cailloux, et les flancs des deux collines qui la cernent étaient tout blancs de tombes et de turbans sculptés, monument banal des Osmanlis ; un peu sur la droite, la colline des Oliviers s’affaissait et laissait, entre les chaînes éparses des cônes volcaniques des montagnes nues de Jéricho et de Saint-Sabba, l’horizon s’étendre et se prolonger comme une avenue lumineuse entre des cimes de cyprès inégaux ; le regard s’y jetait de lui-même, attiré par l’éclat azuré et plombé de la mer Morte, qui luisait au pied des degrés de ces montagnes, et derrière, la chaîne bleue des montagnes de l’Arabie Pétrée bornait l’horizon. […] À la fin d’une journée de route pénible et longue, à l’horizon encore éloigné devant nous sur les derniers degrés des montagnes noires de l’Anti-Liban, un groupe immense de ruines jaunes, dorées par le soleil couchant, se détachaient de l’ombre des montagnes et répercutaient les rayons du soir !

1165. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

On le voit, rôdeur à l’œil dévorant, au sourcil visionnaire, comme Wordsworth a dit de Dante, tour à tour le long des grèves de l’Océan, dans les nefs désertes des églises au tomber du jour, ou gravissant les degrés des lugubres beffrois. […] La vision se substitue par degrés à la réalité.

1166. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Vous voyez d’avance où va le conduire ce nouveau degré, si hardiment franchi, de l’échelle mystérieuse par laquelle il s’élève de la notion de son existence à la connaissance de Dieu. […] Toutefois l’emploi discret que fait Descartes des vérités d’expérience, pour nous rendre plus sensibles les vérités métaphysiques, et nous aider à monter le degré quand il est trop haut, répand sur ses écrits je ne sais quel agrément qui ajoutait à leur influence littéraire.

1167. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Si elle ne peut enfanter des héros, ces ouvrages de prédilection de Dieu, elle nous attache aux vertus dont l’héroïsme n’est que le suprême degré ; elle remue la nature engourdie ; elle nous rend, du moins pour un moment, plus dignes de nous-mêmes. […] Il restait à perfectionner la langue des chefs-d’œuvre de Corneille, non pour le nerf, l’élévation, la hardiesse, le feu, mais pour la correction, qui est un degré de vérité de plus ; en soutenant les créations de ce grand homme, et en y ajoutant.

1168. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Des individus, des groupes, des ensembles de groupes très nombreux et très variés agissent sur nous et agissent toujours, à quelque degré, chacun pour soi. […] Un degré de plus d’organisation ou de désorganisation fait surgir des types nouveaux.

1169. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

. — Si le degré de prospérité du pays influence ainsi la marche de la langue et la littérature, il en est de même de la forme particulière ou dominante que prend le travail national. […] Autant que la classe d’où sortent les auteurs, il importe de noter leur degré de fortune.

1170. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Mais, presque au même degré, devrait entrer en ligue de compte la débâcle du naturalisme. […] * *   * Traditionalistes au même degré, et, pour arriver à décrire tous les mouvements de l’histoire contemporaine, provoquant de constants débats entre les idées contradictoires dont le monde moderne est travaillé, tels nous apparaissent divers écrivains dont quelques-uns sont depuis longtemps des maîtres.

1171. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Les noms de Kant, de Herder, de Schelling, de Hegel marquent les divers degrés par lesquels elle a cherché à élever la science de l’esthétique14. […] Ils méritent une gloire brillante encore : car, s’il leur manque, pour créer, un degré de vigueur et d’audace, ils compensent la force de l’imagination par la finesse du goût.

1172. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Vous comprenez alors le degré d’énormité, et même de difformité, que les choses prennent sous ces deux espèces de verres grossissants. […] La question est de savoir si le Talent — cet ogre du cœur qui mange le nôtre dans nos poitrines au point qu’il n’en reste bientôt plus rien — n’est pas plus tyrannique, plus absolu et plus féroce, en ces natures de grandes comédiennes, qu’en quelques artistes que ce soit, et n’exalte pas des vanités que les hommes ne connaissent pas à ce degré de délirante ivresse, et qui l’emporte sur tous les autres enivrements de la vie ?

1173. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Bossuet n’a rien d’un homme de lettres dans le sens ordinaire de ce mot ; ayant de bonne heure connu ces triomphes de la parole qui ne laissent rien à désirer en satisfactions immédiates et personnelles (s’il avait été disposé à les savourer), s’étant dès sa jeunesse senti de niveau avec la haute renommée qui lui était due, naturellement modéré, et avec, cela habitué à tout considérer du degré de l’autel, on ne le voit rechercher en rien les occasions de se produire par la plume et de briller.

1174. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Scherer est à lire (pages 368-370 et page 343), et si dans cette conclusion l’impression morale qui surnage semble un peu en contradiction avec la conséquence intellectuelle, si on s’étonne de trouver l’une beaucoup plus favorable que l’autre, je me l’explique très bien par la situation personnelle du critique lui-même, qui fait un retour sur son propre passé, et qui, lui aussi, a osé se modifier, varier (toute proportion gardée) dans le degré de sa foi, et l’avouer sincèrement à son monde. — Et je me rappelle à ce sujet un dernier entretien que j’eus avec Lamennais.

1175. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

La disgrâce de Bestoucheff, avec qui elle se trouvait, à quelque degré en liaison et en intelligence, fit redoubler autour d’elle les précautions, les entraves, et la porta un moment à un parti qui semblait désespéré : c’était de demander tout net à l’Impératrice son renvoi de Russie et de mettre en quelque sorte le marché à la main à ceux qui la persécutaient.

1176. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Lorsqu’on subit à ce degré le poids de la douleur présente, monotone, effective, on sent trop fort pour pouvoir beaucoup chanter.

1177. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Ces combats sans cesse décrits, et qui occupent tant de chants, ont d’un bout à l’autre (remarquons-le) une vivacité précise, une gradation, et surtout une réalité que jamais description poétique de combats n’a offerte à ce degré.

1178. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Mais un mauvais exemple que Buffon donna à Le Brun, ce fut cette habitude de retoucher et de corriger à satiété, que l’illustre auteur des Époques possédait à un haut degré, en vertu de cette patience qu’il appelait génie.

1179. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Pourquoi insister sur le droit de résistance à ce degré, droit que, selon toute probabilité, on n’aura jamais lieu d’exercer à la rigueur ?

1180. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Outre qu’il est souvent délicat de déterminer où finit l’expérimentation sincère — et commence l’habitude naissante, — il se trouve dans la hiérarchie par degré d’intellectualité des intoxications, des modes stériles, — les uns par amnésie subséquente (alcool) — les autres par sécheresse, infécondité spécifique (nicotine)58.

1181. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

« Nous sommes arrivés par degrés (dit M. 

1182. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Peut-être aussi y a-t-il un degré de douleur physique qui ne peut être dépassé, au-delà duquel la souffrance s’anéantit.

1183. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

la dernière heure est le dernier degré.

1184. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Verlaine représente pour moi le dernier degré soit d’inconscience, soit de raffinement, que mon esprit infirme puisse admettre.

1185. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Je porte à un degré extrême, et presque ridicule, ce goût du jugement exact.

1186. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Il ne considère plus l’individuation comme un produit social, comme un résultat d’un certain degré de différenciation et de complication sociales ; mais bien plutôt comme une idiosyncrasie native, inscrite dans la constitution, dans la physiologie même de l’individu.

1187. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Comme il y avait peu de pharisiens en Galilée, la discussion contre lui ne prenait pas ce degré de vivacité et ce ton d’acrimonie qui, à Jérusalem, l’eussent arrêté court dès ses premiers pas.

1188. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Il est fils de Dieu ; mais tous les hommes le sont ou peuvent le devenir à des degrés divers 697.

1189. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Dans cet espace, la pensée de Jésus ne paraît s’être enrichie d’aucun élément nouveau ; mais tout ce qui était en lui se développa et se produisit avec un degré toujours croissant de puissance et d’audace.

1190. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

La question de la liberté, « cette serrure brouillée de la métaphysique », « ce paradoxe du premier degré », « ce nœud inextricable », appartient à la catégorie des problèmes factices, comme les arguments célèbres de Zenon d’Elée sur l’impossibilité du mouvement, sur la course entre Achille et la tortue, et les difficultés élevées par Beikeley contre le calcul différentiel.

1191. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Cette assurance fléchit par degrés : Oreste n’est déjà plus si convaincu de son droit, car il le discute, il plaide l’action qu’il promulguait tout à l’heure.

1192. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Sa splendide fortune s’est écroulée par degrés.

1193. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

On a vu d’autres étrangers, Horace Walpole, l’abbé Galiani, le baron de Besenval, le prince de Ligne, posséder ou jouer l’esprit français à merveille ; mais pour Hamilton, c’est à un degré qui ne permet plus qu’on y distingue autre chose ; il est cet esprit même.

1194. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Quant à Shakespeare, puisque Shakespeare est le poëte qui nous occupe, c’est, au plus haut degré, un génie humain et général, mais, comme tous les vrais génies, c’est en même temps un esprit idiosyncratique et personnel.

1195. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Ce divertissement passager devint un usage annuel, puis sacrifice public, ensuite cérémonie universelle, enfin spectacle public profane : car, comme tout était sacré dans l’antiquité païenne, les jeux et les amusements se tournèrent en fêtes, et les temples à leur tour se métamorphosèrent en théâtres ; mais cela n’arriva que par degrés.

1196. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Alors le voyageur fatigué aura déposé son fardeau à ses pieds, et lui et son chien seront assis et se reposeront sur les degrés du tombeau.

1197. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Ainsi, après avoir suivi l’évolution de la famille patriarcale à travers l’histoire de Rome, d’Athènes, de Sparte, on classera ces mêmes cités suivant le degré maximum de développement qu’atteint chez chacune d’elles ce type familial et on verra ensuite si, par rapport à l’état du milieu social dont il paraît dépendre d’après la première expérience, elles se classent encore de la même manière.

1198. (1761) Apologie de l’étude

Le parti le plus raisonnable serait peut-être de comparer les sciences aux aliments qui, également nécessaires à tous les peuples et à tous les hommes, ne leur conviennent pourtant ni au même degré ni de la même manière.

1199. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Tels sont, en dernière analyse, les véritables termes de la question ; et c’est ainsi que nous aurions voulu la voir présenter dans le discours préliminaire du secrétaire perpétuel de l’Académie française Et maintenant, comment l’auteur d’un travail aussi important, comment cet homme assez érudit, et en même temps assez intelligent, pour concevoir et conduire à fin, seul, une entreprise de cette taille, le premier répertoire complet du langage français ; ce savant qui à la qualité d’érudit intelligent et laborieux réunissait à un haut degré la verve originale du romancier, le goût dans la critique, la vivacité d’esprit du pamphlétaire ; comment cet homme a-t-il pu descendre dans un aussi complet oubli ?

1200. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

C’est de l’histoire de second degré, qui ressemble à la grande histoire comme les nuages, teints de son or et de sa pourpre, ressemblent à du soleil encore lorsque l’astre lui-même est couché.

1201. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Il est chrétien comme on est sauvage ; mais son parti qui n’est pas chrétien, lui, et qui ne veut pas qu’on le soit, à quelque degré que ce puisse être, a bien senti qu’il l’était profondément, jusque dans cette Histoire de la Liberté religieuse, et voilà pourquoi il s’en est détourné en silence, trompé sans doute dans l’espérance qu’il avait de ne pas trouver dans ce livre cet accent qui en fera la gloire et en assurera la durée.

1202. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Quelques « bons esprits » penseront sans doute que l’optimisme, lorsqu’il atteint ce degré, prend un autre nom, et que le brusque éveil de la conscience française, somnolente et souriante, pourrait se produire un jour, lorsque toute possibilité de conjurer le péril aura disparu.

1203. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

Mais cette égalité et cette inégalité ont-elles le même degré de réalité, si elles prétendent s’appliquer au temps ?

1204. (1915) La philosophie française « I »

Lui-même a tracé les linéaments d’une philosophie qui mesure la réalité des choses à leur degré de beauté.

1205. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

je sais ce que vous allez dire ; vous séparez l’attention de la sensation, vous restituez quelque degré d’activité à l’âme.

1206. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

L’indignation que le vice donne aux âmes dignes d’éprouver ce sentiment affermit quelquefois son style, et lui communique un degré de force qu’il n’a pas toujours.

1207. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Lorsque, il y a cent ans, la Russie était à peine connue, que les descendants des anciens Scythes étaient encore à demi sauvages, et que le lieu où est aujourd’hui située leur capitale, n’était qu’un désert, on ne s’attendait pas alors qu’avant la fin du siècle, l’éloquence dût y être cultivée, et qu’un Scythe, au fond du golfe de Finlande, et à quinze degrés au-delà du Pont-Euxin, prononcerait un tel panégyrique dans une académie de Pétersbourg.

1208. (1886) Le roman russe pp. -351

Lui parle-t-on de la nécessité d’une rénovation religieuse dans les lettres, elle écoute avec curiosité, sans prévention et sans haine, car, à défaut de foi, elle a au plus haut degré le sens du mystère, c’est là son trait distinctif. […] Mais je le vis devenir soucieux, son visage s’assombrit par degrés. […] La langue, elle aussi, est plus riche, plus souple, plus moelleuse, telle qu’aucun écrivain ne l’avait encore portée à ce degré d’expression. […] Au surplus, il suffit de lire attentivement Terres vierges pour marquer le degré de latitude où Tourguénef entendait se maintenir. […] Enfin, après les pères du naturalisme, ses amitiés le rattachèrent aux successeurs du second degré ; il se figurait innocemment qu’il appartenait à leur école, il écoutait leurs doctrines et faisait des efforts inquiets pour concilier ces doctrines avec son ancien idéal.

1209. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

et quel intérêt enfin à ces rapports eux-mêmes, s’ils ne nous servaient pas d’instruments de précision pour fouiller en quelque sorte la pensée, c’est-à-dire pour pénétrer chaque jour d’un degré plus avant dans la connaissance du mécanisme de l’intelligence ? […] Si donc nous disions que, Corneille ayant créé le théâtre en France, Racine et Molière l’ont porté jusqu’à son plus haut degré de perfection scénique et littéraire, nous reproduirions assez bien l’opinion commune et le jugement consacré. […] C’est encore ainsi qu’il n’y a rien dans Shakespeare qui ne soit à quelque degré dans Ben Jonson, dans Beaumont, dans Webster, dans Marlowe, rien, si ce n’est Shakespeare, et le don plus qu’humain de communiquer l’étincelle et la flamme de la vie. […] Chose curieuse, et d’ailleurs au plus haut degré significative, que Voltaire soit tenté de reprocher à Racine cet excès de simplicité ; du moins cherche-t-il à l’en excuser : « Ce sont des fils de laiton, dit-il, qui servent à joindre des diamants !  […] Car, enfin, qu’est-ce que classer des manuscrits, si ce n’est déterminer leur âge, leur valeur, le degré de confiance qu’il convient d’attribuer à chacun d’eux ?

1210. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

J’ai toujours dit que ce n’est qu’une différence de degré, une différence dans la grandeur, une différence du petit au grand. […] Par quels degrés de gloire on me peut mériter ? […] Il était homme de théâtre au suprême degré. […] Sébastien Mercier était un imbécile ; mais c’était un imbécile d’un calibre inusité, et à ce degré-là ça redevient intéressant. […] B…, parce que, à ce degré-là, ça redevient intéressant. » Sébastien Mercier est très intéressant de cette façon-là.

1211. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

En voici un second : c’est qu’il y a des degrés entre Campistron et Voltaire ; c’est qu’il y en a d’autres entre Zaïre et Bajazet ; c’est qu’il y en a partout, et qu’il n’est personne qui n’en tombe d’accord. […] Et tout cela manque de liberté, parce que tout cela manque d’un degré de cette « inconscience » dont M.  […] J’entends par là qu’elles n’ont ni ce degré de généralité, ni cet air de nécessité qui sont, quand on y réfléchit, les raisons mêmes de l’art d’écrire. […] Paul Margueritte, plus facile et plus faible, n’a pas encore le degré de consistance que l’on voudrait : il est disparate et un peu décousu. […] Maurice Spronck s’est donc proposé de chercher l’expression de notre « vie intellectuelle contemporaine, et surtout sensorielle et sentimentale, à son degré suprême d’intensité ».

1212. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Sainte-Beuve ne donne relâche à son héros que lorsqu’il a fait justice impitoyable de ses honteux entraînements, que lorsqu’il l’a contraint de descendre, par l’infamie de ses voluptés, jusqu’au degré le plus bas et le plus sali de la corruption. […] Le Punjaub est divisé en deux royaumes qui portent le nom de leurs capitales, Lahore et Cachemyr, anciennes villes, autrefois riches, commerçantes et populeuses, l’une et l’autre situées au milieu d’une vaste campagne, et séparées par deux chaînes successives de montagnes qu’on peut considérer comme deux degrés descendants du versant méridional de l’Himalaya ; de telle sorte que, tandis que l’Indus et le Sutledge, au sud, entourent tout le pays comme avec deux bras immenses, l’Himalaya semble compléter au nord le magnifique encadrement de cette contrée. […] Arrivé dans le Deccan, par 22 degrés de latitude, sa toilette avait subi une réforme considérable. […] je me sens aussi frais d’esprit et aussi léger de corps, que si, au lieu de 43 degrés de chaleur, il y en avait seulement 14 ou 15 ! 

1213. (1898) Essai sur Goethe

Nul ne fut plus « compréhensif » que Goethe, nul ne le fut moins que Chateaubriand, qui possédait, en revanche, au plus haut degré, cette résonance intérieure, cette sonorité d’âme que l’autre s’agitait pour tirer de soi. […] Le rapport qui subsiste, c’est que les deux œuvres, de vaste envergure, sont les portraits que deux grands hommes, parvenus à d’égales hauteurs, qui furent à un égal degré des enfants gâtés de la vie, ont voulu laisser d’eux-mêmes. […] Je doute que l’honneur de la découverte appartienne à Shakespeare ; mais il suffit qu’il ait porté cette conception à un degré qui a toujours paru le plus élevé, car il est peu de regards capables d’y atteindre et peu d’espoir qu’on parvienne à voir au-delà, ou même à le dépasser. […] Cette dernière œuvre — un petit drame larmoyant, en un acte, qui fut écrit en trois jours — a du moins un intérêt : elle nous montre jusqu’à quel degré peut descendre le poète le mieux doué. […] Schiller surtout éprouva, dans leurs premières rencontres, une sorte d’éloignement : « Être trop souvent avec Goethe, écrivait-il à Koerner en 1788, me rendrait malheureux : même avec ses meilleurs amis, il n’a pas un moment d’abandon ; […] je crois qu’en fait il est un égoïste à un degré inaccoutumé.

1214. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Sans doute, le mouvement commencé se continuera, et l’on dépassera singulièrement le degré de réalité atteint dans cette première tentative. […] L’auteur est un maître dans l’art de nouer une intrigue, d’en embrouiller les fils, de porter jusqu’à leur dernier degré la curiosité et l’émotion. […] Comme les romantiques, il a le goût du merveilleux, et il l’a au même degré que le goût des réalités basses. […] À cette tradition d’origine, il doit le sentiment de la forme, qu’il pousse à un si haut degré. […] Pour les créations de l’art, la vie individuelle n’est qu’un premier degré.

1215. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Son front est inquiet ; mais son regard s’abaisse, Soit que, sachant des yeux la force enchanteresse, Il veuille ne montrer d’abord que par degrés Leurs rayons caressants encor mal assurés, Soit qu’il redoute aussi l’involontaire flamme Qui dans un seul regard révèle l’âme à l’âme. […] Son génie, c’est l’attention portée au degré le plus élevé, c’est le bon sens à sa plus magnifique expression. […] « Il me sera donc permis peut-être de dire timidement qu’il serait bon de ne pas laisser un homme arriver jusqu’à ce degré de désespoir.

1216. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Or, les deux épopées ioniennes, le Prométhée, l’Œdipe, l’Antigone, la Phèdre, contiennent, à mon sens, ce qui sera éternellement donné à l’esprit humain de sentir et de rendre ; et il en serait de même des Itihaças hindoues, rattachées si étroitement à l’œuvre homérique par le lien des traditions communes, si elles réunissaient au même degré l’ordre, la clarté et, l’harmonie, ces trois qualités incomparables du génie hellénique. […] Manquant de souffle et d’élan, parlant une langue sénile, terne et prosaïque, se servant avec une incertitude pénible d’un instrument imparfait, emprisonné dans un pauvre et grossier déisme sans lumière et sans issue, aucun homme ne devait charmer, et n’a charmé en effet, à un égal degré, la multitude des intelligences paresseuses, ennemies de la réflexion et des recherches spéculatives ; aucun homme, enfin, n’a été moins original dans le vrai sens du terme. […] Nous sommes une nation routinière et prude, ennemie née de l’art et de la poésie, déiste, grivoise et moraliste, fort ignare et vaniteuse au suprême degré.

1217. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Encore oubliais-je de dire que sur les degrés de l’esplanade il y a des commerçants, des marins occupés à rouler, à porter, agissans, de repos ; et, tout à fait sur la gauche et les derniers degrés, des pêcheurs à leurs filets. […] Contentez-vous de l’esplanade et de ce qui s’y passe, ne regardez que les degrés avec les différentes manœuvres qui s’y exécutent, et votre goût sera satisfait.

1218. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Non pas qu’il ait le moins du monde une plate intention moralisatrice, mais parce qu’il a au plus haut degré l’amour de l’héroïsme, et que cet amour il sait le rendre sensible. […] Mais la loi du Nombre est si véritablement la Loi, que ces âmes rudimentaires n’ont qu’à progresser pour que, par degrés et à mesure qu’elles s’élèvent, le Poème et son rythme essentiel s’imposent à elles, comme à toutes celles dont les énergies intérieures sont concordantes. […] Chacun sait comment, à la fin du xviiie  siècle et au début du xixe  siècle, la poésie française s’était anémiée, au point que les odes d’Écouchard-Lebrun, et les frêles galanteries de Parny paraissaient le dernier degré de la perfection.

1219. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Ils suivraient le cours des opinions pendant cette époque, chercheraient le point de départ, marqueraient les divers degrés qui ont été parcourus, et le terme qui a été atteint. […] La marche de ses pensées est plus graduée ; il les développe, amène par degrés le lecteur à les partager ; s’animant peu à peu d’une sainte chaleur, il remplit les cœurs, et par une route différente produit aussi tous les nobles effets de l’éloquence. […] Il fit un poème épique avec le même degré d’inspiration qui l’aurait porté à composer une longue épître en vers ; il crut que l’épopée consistait dans de certaines formes convenues, dans un merveilleux prescrit ; il remplit ces formalités, et pensa avoir accompli ce grand ouvrage. […] C’est déjà une chose à remarquer que le nombre des écrivains : quand les lettres commencent à naître chez un peuple, il n’est pas de degré du médiocre au pire  ; et Despréaux le disait ainsi avec raison. […] L’art ne sait point donner d’effets durables à une éloquence hypocrite ; et alors même que, par un aveuglement fatal, l’imagination a pu acquérir un certain degré de chaleur et de vraie passion, elle semble, à nos yeux, comme l’exaltation produite par l’ivresse, un objet de dégoût et de pitié.

1220. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Pour comble, le fanatisme s’était changé en institution : le sectaire avait noté tous les degrés de la transfiguration intérieure, et réduit en théorie l’envahissement du rêve : il travaillait avec méthode à chasser la raison pour introniser l’extase. […] Il a pratiqué d’avance la méthode de Condillac, remontant dès l’abord au fait primordial, tout palpable et sensible, pour suivre de degré en degré la filiation et le parentage des idées dont il est la souche, en sorte que le lecteur, conduit de chiffre en chiffre, peut à chaque moment justifier l’exactitude de son opération et vérifier la valeur de ses produits. […] C’est la méthode des mathématiques qu’il donne aux sciences morales, lorsqu’il démêle comme les géomètres deux idées simples qu’il transforme par degrés en idées plus complexes, et qu’avec la sensation et le désir il compose les passions, les droits et les institutions humaines, comme les géomètres avec la ligne courbe et la ligne droite composent les polyèdres les plus compliqués. […] Insensiblement le courant se nettoie et marque sa voie, comme il arrive à un fleuve qui, entrant violemment dans un nouveau lit, clapote d’abord dans une tempête de bourbe, puis pousse en avant ses eaux encore fangeuses qui par degrés vont s’épurer. […] L’immoralité, par degrés, y diminue, le mariage est plus respecté, les héroïnes ne vont plus qu’au bord de l’adultère685 ; les viveurs s’arrêtent au moment scabreux : tel à cet instant se dit purifié et parle en vers pour mieux marquer son enthousiasme ; tel loue le mariage686 ; quelques-uns, au cinquième acte, aspirent à la vie rangée.

1221. (1902) Le critique mort jeune

Mais un don qu’il possède au plus haut degré, qu’il a trouvé lui-même chez un Proudhon et défini l’imagination intellectuelle, et que nous appellerions volontiers l’imagination logique, fait qu’il n’a point terminé sa tâche après un travail qui ne veut pas moins de finesse que de vigueur. […] Le goût des idées au degré où il l’avait, et qui fait qu’on aime à les expliquer, à les répandre, à les contredire, crée surtout des journalistes et des polémistes. […] Pour avoir transgressé la loi qui veut que les hommes s’élèvent lentement, par degrés, aux classes supérieures, pour avoir « brûlé une étape », Monneron sera frappé non en lui-même mais dans ses enfants. […] C’était un axiome alors que la famille, dans l’état privé, devait d’abord s’enrichir par le travail, puis que haussée d’un degré, c’est-à-dire devenue noble, elle ne devait que servir l’État… » Ici, et tout naturellement, M.  […] Ayant gravi aisément tous les premiers degrés hiérarchiques, il se hisse aussi vite à l’Académie de médecine et au Sénat.

1222. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Cet homme rude et illettré s’était-il bien nettement rendu compte de la succession d’idées par laquelle il était, degré à degré, monté et descendu jusqu’aux lugubres aspects qui étaient depuis tant d’années déjà l’horizon intérieur de son esprit ?

1223. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Une certaine délicatesse, plus de choix dans les mots transportés d’une langue. dans l’autre, annonce un esprit plus poli un certain degré de savoir appliqué avec un certain degré de goût.

1224. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Mais s’il s’y oppose, comme cela arrive forcément, ses devoirs sont doubles, opposés et contradictoires selon que nous regardons en lui l’élément social ou la nature individuelle, selon que nous y considérons les autres hommes, qu’il est à un certain degré, ou l’individu différent des autres et hostile aux autres qu’il est aussi par l’autre face de sa nature. […] Et puisque l’homme est un être social il est au même degré porté à obéir, et aussi à commander.

1225. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Alors commençait entre ces trois hommes, d’âge, d’esprit et de condition si divers, un entretien d’abord familier comme le voisinage et nonchalant comme le loisir sans but ; mais bientôt après l’entretien sortait des banalités de la simple conversation ; il s’élevait par degrés jusqu’à la solennité d’une conférence sur les plus graves sujets de la philosophie, de la politique et de la littérature. […] De tous ces hommes multiples qui vécurent en moi, à un certain degré, homme de sentiment, homme de poésie, homme de tribune, homme d’action, rien n’existe plus de moi que l’homme littéraire.

1226. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Dieu le savait bien, quand, en emprisonnant l’homme dans ce petit navire de quelques pauvres mille pas d’étendue de la poupe à la proue, il lui a donné du moins pour horizon cet espace sans fond du firmament, qui provoque sans cesse la pensée à se plonger dans cet espace, et qui fait monter son âme à l’éternelle poursuite de l’infini, d’astres en astres, de voie lactée en voie lactée, comme par les degrés éclatants et successifs de son incommensurabilité. […] « Terre, dernier degré de ces milliers de rampes « Qui toujours finissant recommencent toujours, « Et dont le calcul même est trop long pour tes jours ?

1227. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Avant de nous peindre, de nous raconter le jeune homme, il nous exprime le vieillard tel qu’il se montre encore aujourd’hui à la postérité dans les austères et magnifiques portraits qui le font reconnaissable entre tous : Qui que tu sois qui regardes l’image de ce grand homme, s’écrie Saumaise, ne te semble-t-il pas, à la voir seulement, que la vertu vient au-devant de toi, et qu’elle descend des rides de ce front comme des degrés d’un théâtre ou d’un magnifique palais ?

1228. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

N’ayant point ce qui seul peut faire un fondement solide, j’ai voulu que les filles eussent de l’esprit, qu’on élevât leur cœur, qu’on formât leur raison ; j’ai réussi à ce dessein : elles ont de l’esprit et s’en servent contre nous ; elles ont le cœur élevé, et sont plus fières et plus hautaines qu’il ne conviendrait de l’être aux plus grandes princesses… Venant au remède, elle veut pourtant ne procéder que par degrés et ne corriger le mal que de la même façon qu’il est venu : Comme plusieurs petites choses fomentent l’orgueil, plusieurs petites choses le détruiront.

1229. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Dans ses drames de même, il est des degrés auxquels plus d’un admirateur s’est arrêté.

1230. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

La naissance, le progrès, les divers temps de ce mal de jalousie chez Roger, ses soupçons tantôt irrités, tantôt assoupis, et que le moindre mot réveille, son horreur du partage, l’exaspération où il s’emporte à cette seule idée, tous ces degrés d’inquiétude et de torture jusqu’à la fatale et horrible scène où il a voulu n’en croire que ses yeux et être le témoin de sa honte, sont décrits avec un grand talent, avec un talent qui ne se refuse aucune rudesse métallique d’expression, qui ne craint pas d’étreindre, de violenter les pensées et les choses, mais qui (n’en déplaise à ceux qui n’admettent qu’une manière d’écrire, une fois trouvée) a certainement sa forme à lui et son style.

1231. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Tous ceux qui en 1814 étaient à quelque degré pour la paix, pour la reddition et la capitulation, pour qu’on ne luttât point à outrance contre l’étranger, tous ceux-là allaient répétant : « À quoi bon ?

1232. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Sieyès, qui avait au plus haut degré le sentiment des situations, qui avait compris et proclamé le premier la Révolution commençante, et qui était le premier encore à deviner et à désigner la solution par où elle allait finir, gagnait chaque jour en influence.

1233. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Cet homme admet bien, comme vous, l’idée générale de Création, et même il ne saurait concevoir l’idée contraire, celle d’une succession continue à l’infini ; mais après cette idée de Création il s’arrête, il ne peut concevoir ni admettre que l’Intelligence et la Puissance infinie se soit, à un certain jour, incorporée, incarnée dans une forme humaine ; il respecte, d’ailleurs, au plus haut degré, à titre de sage et de modèle moral sublime, Celui que vous saluez d’un nom plus divin ; — et cet homme, parce qu’il ne peut absolument (à moins de se faire hypocrite) admettre votre idée à vous, avec toutes ses conséquences, vous l’insulterez !

1234. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

De même que, dans le sein de la mère, à l’état d’embryon, l’enfant parcourt rapidement, avant de naître, tous les degrés de l’organisation animale, de même, éclos et né, il tend à parcourir en abrégé les premiers âges de l’histoire et d’avant l’histoire.

1235. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Dans l’histoire des guerres comme dans celle des littératures, il y a des moments et des heures plus favorisées ; le rayon de la gloire tombe où il lui plaît ; il éclaire en plein et dore de tout son éclat certains noms immortels et à jamais resplendissants : le reste rentre peu à peu dans l’ombre et se confond par degrés dans l’éloignement ; on n’aperçoit que les lumineux sommets sur la grande route parcourue, on a dès longtemps perdu de vue ce qui s’en écarte à droite et à gauche, et tous les replis intermédiaires : et ce n’est plus que l’homme de patience et de science, celui qu’anime aussi un sentiment de justice et de sympathie humaine pour des générations méritantes et non récompensées, ce n’est plus que le pèlerin de l’histoire et du passé qui vient désormais (quand par bonheur il vient) recueillir les vestiges, réveiller les mémoires ensevelies, et quelquefois ressusciter de véritables gloires.

1236. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Les grands hommes sont sujets à faire illusion sur l’époque qu’ils éclairent et qu’ils remplissent brillamment jusqu’à éteindre parfois ce qui les entoure ; les hommes secondaires et pourtant essentiels ont l’avantage de nous faire pénétrer avec eux, sans éblouissement et sans faste, dans des parties restées à demi obscures et dans les rouages mêmes de la machine dont ils étaient, à certain degré, un des ressorts.

1237. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Si on ne lit pas tout, presque tout, dans cette quantité de productions qui ont chacune leur qualité, si l’on a manqué le moment où elles passent pour la première fois sous nos yeux, on est en peine ensuite pour rétablir le point de vue ; un mouvement si compliqué, si divers, si fécond, et dans un genre indéfini qui menace de devenir la forme universelle, demande à être suivi jour par jour ; faute de quoi l’on ne sait plus exactement les rapports, les proportions des talents entre eux, la mesure d’originalité ou d’imitation, le degré de mérite des œuvres, ce qu’elles promettent au juste et ce que l’auteur peut tenir.

1238. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Fils orphelin de l’ancien ami du prince, du premier gentilhomme de sa chambre, il était comme adopté par lui et sur un pied de familiarité, de camaraderie même, qui, à ce degré et avec la disproportion des âges, ne laisse pas de surprendre.

1239. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

L’imagination voit un ciel d’une pureté parfaite ; mais quand l’œil veut en faire l’épreuve en quelque sorte, on découvre par degrés dans toutes ses parties ces vapeurs plus ou moins épaisses qui affaiblissent et décolorent les plus beaux jours, et qui les décolorent précisément afin que l’œil puisse trouver quelque repos.

1240. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

A un certain degré d’élévation, en effet, l’esprit s’applique à tout ; dans le champ de comparaison qu’il embrasse, il est sollicité en bien des sens.

1241. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Je ne fais qu’indiquer dans cet ordre intime, et à des degrés différents, les Rayons, Tentation, Fragilité.

1242. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Pourquoi l’intelligence critique ne consentirait-elle pas au même effort équitable pour apprécier convenablement des œuvres moins hautes sans doute, plus délicates souvent, sociales au plus haut degré, et qu’il suffit de reculer légèrement dans un passé encore peu lointain, pour y ressaisir toutes les justesses et toutes les grâces ?

1243. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Il est un degré d’expérience et de connaissance du fond, passé lequel il n’y a plus d’intérêt à rien, pas même au souvenir ; il faut se hâter, à cet endroit-là, de tirer la barre, et fermer à jamais le rideau.

1244. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Mais depuis que ces transactions ont existés entre le présent et l’avenir, entre le sacrifice de la génération actuelle et les dons à faire à la génération future, il n’y a point eu de bornes qu’un nouveau degré de passion ne se crut en droit de franchir ; et souvent des hommes, enclins au crime, croyant s’enivrer des exemples de Brutus, de Manlius, de Pison, ont proscrit la vertu, parce que de grands hommes avaient immolé le crime ; ont assassiné ceux qu’ils haïssaient, parce que les Romains savaient sacrifier ce qu’ils avaient de plus cher ; ont massacré de faibles ennemis, parce que des âmes généreuses avaient attaqué leurs adversaires dans la puissance, et ne prenant du patriotisme que les sentiments féroces qu’il a pu produire dans quelques époques, n’ont eu de grandeur que dans le mal, et ne se sont fiés qu’à l’énergie du crime.

1245. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Si on analyse le contenu de cette forme originale de l’amour dont les Provençaux ont enrichi la littérature, elle repose sur l’idée de la perfection conçue comme s’imposant à la fois à l’intelligence et à la volonté, devenant en en même temps que connaissance, et sur la préférence désintéressée qui fait que le moi subordonne son bien au bien de l’objet aimé, selon l’ordre des degrés de perfection qu’il découvre en soi et dans l’objet.

1246. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Il avait, dans un degré particulier de puissance, les facultés techniques du poète : les mots étaient pour lui des formes vivantes, souples, colorées, et le vers était le développement harmonieux d’une ondulation rythmique.

1247. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Il faut convenir aussi que cet excellent acteur possédait à un si haut degré de perfection ce merveilleux talent, qu’il touchait plus de cœurs par les seules simplicités d’une pure nature que n’en touchent d’ordinaire les orateurs les plus habiles par les charmes de la rhétorique la plus persuasive.

1248. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Et, de plus, elles reposent sur un fond commun ; elles représentent toutes deux l’invasion de la démocratie dans la littérature, seulement à des degrés divers ; la dernière venue est allée plus loin que son aînée dans la même voie.

1249. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

L’idée est une réalité affaiblie ; entre concevoir une sensation et la percevoir réellement, il n’y a qu’une différence de degré.

1250. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Le Penseroso est le chef-d’œuvre du poème méditatif et contemplatif ; il ressemble à un magnifique oratorio, où la prière par degrés monte lentement vers l’Éternel.

1251. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

La faiblesse de Monsieur avait bien des degrés et des étages, nous dit-il, et il nous les fait mesurer et compter un à un : Il y avait très loin chez lui de la velléité à la volonté, de la volonté à la résolution, de la résolution au choix des moyens, du choix des moyens à l’application.

1252. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Il vient de nous peindre cette jouissance spirituelle du premier ordre, qui commence par Pythagore et par Archimède, qui passe par Aristote, et qui arrive et monte jusqu’aux saints : il semble lui-même, en l’envisageant dans ce suprême exemple, n’avoir fait que monter un degré de plus à l’autel.

1253. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Ducloz-Dufresnoy et à une femme de qualité, Mme d’Asfeld, au même degré et d’aussi près que M. 

1254. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Le moi est prolongé par l’imagination dans un temps incertain, avec un ensemble d’activités également incertaines dans leurs effets, comme dans leur nature et dans leur degré de développement.

1255. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Encore me prendrais-je à contester que notre langue ne soit pas, sinon au même degré que l’espagnol et l’italien, au moins à un très haut peint, une langue musicale en dépit de certaines assonances trop lourdes, une langue réellement douée de sonorité rythmique et de mélodieuse douceur.

1256. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Préjugé de traducteur à part, comme il est sans comparaison le plus grand historien de l’antiquité, il est aussi celui dont il y a le plus à recueillir ; mais ce que j’offre aujourd’hui suffira, ce me semble, pour faire connaître les différents genres de beautés dont on trouve le modèle dans cet auteur incomparable, qui a peint les hommes avec tant d’énergie, de finesse et de vérité, les événements touchants d’une manière si pathétique, la vertu avec tant de sentiment ; qui posséda dans un si haut degré la véritable éloquence, le talent de dire simplement de grandes choses, et qu’on doit regarder comme un des meilleurs maîtres de morale, par la triste, mais utile connaissance des hommes, qu’on peut acquérir par la lecture de ses ouvrages.

1257. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Alfred de Vigny, lui-même, ce cygne, s’abattit un instant, sur cette mare… Avec une vanité littéraire qui ressemblait à de l’hystérie, Mme Louise Colet, ce bas-bleu putipharéen, aux Joseph récalcitrants parmi les faiseurs d’articles — comme Sainte-Beuve, par exemple, qui n’entendit jamais à rien et qui lui jeta, à cette lamproie, son secrétaire, Octave Lacroix, pour s’en débarrasser, Mme Colet avait trop d’impétuosité dans l’amour-propre pour être habile ; mais elle n’en était pas moins intrigante au profit du talent qu’elle croyait avoir ; dévouée, corps et âme, à sa fortune littéraire et à des besoins de publicité dont aucune femme n’eut la rage au même degré qu’elle… Son ambition était d’être poëte, encore plus qu’écrivain…, mais cette femme du pays de la poésie facile, cette Phocéenne plus de Marseille que de Phocée, était, en poésie, à ses compatriotes Barthélémy et Méry, ce qu’un sureau vidé est à des flûtes.

1258. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Mais je l’ai dit, partout ailleurs qu’en Angleterre, il est toute une race d’esprits parmi ceux qui se croient littéraires, et qui le sont même en quelque degré, qui ne se doutent pas de la qualité du génie de Sterne, quand il a du génie et que les yeux du bouffon s’emplissent de ses pleurs… C’est contre cette race d’esprits ou plutôt pour cette race d’esprits, que M. 

1259. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Mais autre chose est accorder que pour l’adoption d’une idée, il faut à l’organisme humain un certain degré de perfection générale, autre chose prouver que certaines modifications spéciales de cet organisme déterminent les esprits à l’adoption de cette idée : l’anthropologie doit décidément renoncer à franchir ce pas.

1260. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Notre esprit naturel devint du génie ; notre activité inquiète, de la force ; notre impétuosité, un courage docile et terrible ; tout prit un caractère, et l’esprit national (car nous commençâmes alors à en avoir un), formé par de grands exemples et de grands objets, acquit un degré de hauteur inconnu jusqu’alors.

1261. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Lui seul donne à l’ouvrage cet heureux degré de chaleur qui attire l’âme et l’intéresse, et la précipite toujours en avant sans qu’elle puisse s’arrêter.

1262. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Tous ces mots désigneraient une force répandue à travers la nature et dont participeraient à des degrés différents, sinon toutes choses, du moins certaines d’entre elles. […] Il en est de l’intellection comme de la vision : l’œil n’a été fait, lui aussi, que pour nous révéler les objets sur lesquels nous sommes en état d’agir ; mais de même que la nature n’a pu obtenir le degré voulu de vision que par un dispositif dont l’effet dépasse son objet (puisque nous voyons les étoiles, alors que nous sommes sans action sur elles), ainsi elle nous donnait nécessairement, avec la faculté de comprendre la matière que nous manipulons, la connaissance virtuelle du reste et le pouvoir non moins virtuel de l’utiliser. […] Mais la même tendance se retrouve partout, à des degrés différents. […] A vrai dire, on la trouve à quelque degré chez tout le monde. […] A son plus bas degré, d’autre part, elle n’était pas sans rapport avec l’incantation magique ; elle visait alors, sinon à forcer la volonté des dieux et surtout des esprits, du moins à capter leur faveur.

1263. (1887) Essais sur l’école romantique

C’est une question qui intéresse à un haut degré tous ceux qui ont le courage de s’occuper de poésie, malgré les préoccupations de la politique. […] Il avait au plus haut degré le genre de talent qui réussit dans ces sortes de concours ; une certaine facilité à développer les lieux communs, et beaucoup d’imagination, deux choses qui n’attendent pas les années, et qui peuvent donner un air de profond penseur à un enfant qui n’a que la mémoire heureuse et vive de ce qu’il a lu et entendu. […] Toutes les facultés marchent, pour ainsi dire, en ligne : l’imagination, la raison, le goût, le sens critique ; toutes se contrôlent, s’observent, s’aident, se fortifient, et c’est du concours de leurs efforts simultanés que sortent ces chefs-d’œuvre, marqués, à un si haut degré, de deux choses qui semblent s’exclure, l’instinct le plus heureux et l’art le plus parfait. […] Peu de poètes, non seulement dans notre âge, mais dans les âges passés, ont été doués, à un si haut degré, de ce talent de peindre, de colorier avec des mots. […] Dans son théâtre, Marion Delorme et Hernani, ses deux premiers ouvrages, sont incomparablement les meilleurs ; les quatre derniers, non seulement valent beaucoup moins que les premiers, mais encore sont d’une infériorité progressive, et forment quatre degrés de la chute.

1264. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Pauline immolant les sentiments les plus chers aux devoirs sacrés d’épouse ; Cornélie se montrant, dans l’excès du malheur, plus grande que César au plus haut degré de la fortune, sont donc de vains fantômes, des illusions, des chimères qui n’ont rien de commun avec la nature et le cœur humain ? […] On ne trouvera point dans tout le théâtre ancien et moderne une scène plus importante, plus sublime, plus touchante même que celle où Burrhus lutte avec toutes les armes de la nature et de l’humanité contre le premier crime de Néron, contre ce crime qui doit préparer tous les autres et décider du règne de ce jeune empereur : c’est le dernier degré de l’éloquence simple et vraie, et de ce grand pathétique bien supérieur à celui qui naît des extravagances et des douleurs de l’amour. […] C’est là le dernier degré de l’absurdité et de la barbarie, sans aucun intérêt ; voilà ce qui ne méritait pas d’être présenté deux fois sur la scène par un homme qui avait la prétention de remplir ses tragédies de l’esprit philosophique. […] Jamais la poésie et l’éloquence n’ont été portées à un tel degré. […] J’ose n’être pas absolument de l’avis de Collé, lorsqu’il dit : « La comédie n’était point, comme l’on sait, le genre du tendre Quinault ; mais comme il était le poète du sentiment, si j’ose m’exprimer ainsi, l’on ne doit pas être surpris qu’il ait porté presque au plus haut degré de perfection sa comédie de la Mère coquette, dont le fond du sujet le mettait à même de faire la peinture de l’amour le plus tendre, le plus passionné et le plus délicat. » Je suis fâché d’entendre raisonner ainsi un aussi bon esprit que Collé : on ne sait point du tout que la comédie n’était pas le genre du tendre Quinault : quand on a composé comme lui dans ce genre un chef-d’œuvre de naturel, un ouvrage qui approche du plus haut degré de perfection, pour me servir des expressions de Collé lui-même, il me semble que c’est là le signe du talent le plus décidé et de la vocation la moins équivoque.

1265. (1894) Études littéraires : seizième siècle

À un degré supérieur c’est un effort, pour échapper au temps où l’on vit, et pour se faire une âme antique. […] Elle donne à notre art un certain degré nécessaire de généralité, d’objectivité. […] Il n’y a entre eux qu’une différence de degré, qui du reste est immense. […] Celui qui ne comprend pas cela n’a pas l’idée du parfait ; il le prend pour un degré ou deux de plus. […] Nous arrivons par degré à l’individualité, au libre examen personnel, au sens propre.

1266. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

L’animal descend encore d’un degré et se change en machine ; la machine se détraque, et nous assistons alors à une agonie réaliste, telle que la tragédie, le drame et le roman, dans leurs épilogues les plus pathétiques, ne nous en avaient jamais présenté. […] Oui, car une leçon énorme doit sortir de ce livre difforme, pour nous servir des rimes favorites de l’auteur des Contemplations : il faut voir jusqu’à quel degré de démence l’orgueil peut conduire le génie. […] Hugo, ensuite parce qu’ils marquent, pour ainsi dire, le premier degré de ce naturalisme monomane. […] et, par degrés, devenant diaphanes,         Les monstres s’azurer ! […] Il réunit, dans un type violent, gigantesque et sans harmonie, quelque chose du barbare, du Romain, du Grec, de l’Oriental, du vieillard, de l’enfant, du héros païen et du héros chrétien ; il est, au plus haut degré, un grand homme byzantin.

1267. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Lentement, par degrés, la révolution morale accompagne la révolution sociale : l’homme change en même temps que l’État, dans le même sens et par les mêmes causes ; le caractère s’accommode à la situation, et l’on voit peu à peu dominer dans les mœurs et dans les lettres l’esprit sérieux, réfléchi, moral, capable de discipline et d’indépendance, qui seul peut soutenir et achever une constitution. […] C’est cette pente qui donne à chaque civilisation son degré et sa forme, et c’est elle qu’il faut tâcher de décrire et de mesurer. […] Nous sommes décidés à garder une Église établie, une monarchie établie, une aristocratie établie, une démocratie établie, chacune au degré où elle existe et non à un plus grand. » Nous révérons la propriété partout, celle des corporations comme celle des individus, celle de l’Église comme celle du laïque. […] Ce qui choque et inquiète Burke au plus haut degré, c’est qu’on n’y voyait pas de représentants du natural landed interest.

1268. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Et Théodore est d’autant plus proche parente de Clélie qu’elle n’a, à aucun degré, l’humilité chrétienne. […] Il nous montre quelque part un notaire suisse conseillant à son fils, en propres termes, « une petite maîtresse. » Il n’a, à aucun degré, l’ascétisme théorique de M.  […] Il faudra donc qu’il monte le ton d’un degré encore, qu’il se hausse jusqu’au degré 4. […] Et ainsi son œuvre est en quelque façon impersonnelle comme celle des trouvères et des aèdes, n’ayant presque de personnel que le degré d’intensité d’un sentiment commun. […] Il possède, à un degré tout à fait éminent, la curiosité et le don de sympathie.

1269. (1902) Propos littéraires. Première série

Désabusé, ironique, indulgent, bourru, spirituel, avec un tact extraordinaire dans le degré de mauvaise éducation qui est un piment parmi les gens bien élevés. […] Un sentiment de cette importance, de quelque degré qu’il fût, a dû avoir son effet sur la conduite de l’abbé Froment à Rome. […] Il est incontestable que dans un chou ou un rhinocéros les cellules ne font aucunement, ne font à aucun degré ce qu’elles veulent. […] à ce degré de généralité, une assimilation n’a plus aucun caractère scientifique, et il ne reste plus qu’à l’abandonner. […] L’animal est encore supérieur. — La tendance moderne est de ramener l’animal social à un degré très inférieur, en supprimant la spécialisation des organes, en supprimant la division du travail physiologique.

1270. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Ce courage de leur âme témoigne qu’ils possédaient l’une des qualités sans laquelle j’affirmai que le génie n’atteint jamais au dernier degré d’éminence : je veux dire la vertu, disposition naturelle que j’estime être la source du beau et du grand. […] Ainsi l’art arrivé à un très haut degré de perfection dès son origine, resta longtemps stationnaire, et l’on n’eut plus qu’à suivre la marche de l’imitation pour composer de véritables épopées. […] Ces révélations semblables, et toutes deux consacrées par la foi des nations en des temps éloignés, ont fourni aux poètes deux faits simples, extraordinaires, et rehaussés au suprême degré de l’idéal. […] Jamais illusion poétique fut-elle plus audacieusement fabuleuse, et ne porte-t-elle pas l’effet de l’admiration au plus éclatant degré de la surprise ? […] « Moi, qui fais circuler onze sphères pesantes, « Que me font de ses eaux quelques gouttes roulantes, « Dont les hommes à peine ont entendu le bruit « À deux degrés du point que le flot a détruit.

1271. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Mais tout ce qui l’étouffe et lui succède sous Louis XIV se range par degrés à la foi, à la régularité : Despréaux, Racine, Bossuet. […] Au milieu des passions de sa jeunesse, des entraînements emportés et crédules comme ceux du commun des hommes, Molière avait déjà à un haut degré le don d’observer et de reproduire, la faculté de sonder et de saisir des ressorts qu’il faisait jouer ensuite au grand amusement de tous ; et plus tard, au milieu de son entière et triste connaissance du cœur humain et des mobiles divers, du haut de sa mélancolie de contemplateur philosophe, il avait conservé dans son propre cœur, on le verra, la jeunesse des impressions actives, la faculté des passions, de l’amour et de ses jalousies, le foyer véritablement sacré. […] C’est pour cela que les grands génies dramatiques doivent unir tous les éléments de l’âme humaine à un plus haut degré, mais dans les mêmes proportions que le commun des hommes ; qu’ils doivent posséder un équilibre moyen entre des doses plus fortes d’imagination, de sensibilité, de raison.

1272. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

La pure science en effet, alors qu’elle paraissait éclairer les choses, n’a fait que les assombrir pour les yeux de l’âme ; et cependant elle est le premier et nécessaire degré de toute ascension vers l’infini : Vous savez bien que l’âme affronte     Ce noir degré. […] Les œuvres inédites de Victor Hugo contiennent des pages dignes de Montesquieu sur les effets sociaux du luxe et sur le peuple : « Le luxe est un besoin des grands Etats et des grandes civilisations ; cependant il y a des heures où il ne faut pas que le peuple le voie… Quand on montre le luxe au peuple dans des jours de disette et de détresse, son esprit, qui est un esprit d’enfant, franchit tout de suite une foule de degrés ; il ne se dit pas que ce luxe le fait vivre, que ce luxe lui est utile, que ce luxe lui est nécessaire ; il se dit qu’il souffre et que voilà des gens qui jouissent ; il se demande pourquoi tout cela n’est pas à lui, il examine toutes ces choses, non avec sa pauvreté qui a besoin de travail et par conséquent besoin des riches, mais avec son envie.

1273. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Installé à Blidah d’où il fait une grande expédition et de belles razzias, en rapport continuel et de confiance avec le gouverneur, appelé, consulté par lui à Alger, l’aidant dans ses correspondances, il participe aussi aux ennuis du chef, qui est souvent contrarié par le ministère dans ses mesures, et qui se sent menacé de loin dans sa position par des influences princières : les expéditions mêmes, que cet homme d’énergie ne cesse d’entreprendre pour mettre la dernière main à la conquête, ne redonnent de l’entrain qu’à de certains jours : « C’est une belle chose que la guerre, cher frère, mais seulement quand on se bat et quand il fait beau. » Cependant la nomination de lieutenant-colonel arrive pour Saint-Arnaud (avril 1842) ; à chaque pas qui le porte d’un degré de plus vers le haut de l’échelle, il y a un moment d’ivresse : « C’est une belle chose qu’une promotion à un beau grade, surtout quand elle est méritée. […] Je serai le 23, au plus tard, sous Sébastopol. » Le 20 septembre se livre cette glorieuse bataille de l’Alma qui restaure, en face de l’Europe, l’honneur des armes de la France, et à laquelle il n’a manqué que mille sabres des chasseurs d’Afrique pour être la plus merveilleuse par les résultats : « Malgré tout, belle et magnifique journée, qui a mis au grand jour la valeur et les qualités de chacun, nation et hommes, a donné à l’armée un moral de 99 degrés et tué les Russes. » Saint-Arnaud écrit ces mots triomphants sur le champ de bataille même et la tête encore ardente de l’action.

1274. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Sa qualité dominante, en apparence moins spéciale, parce qu’elle appartient plus ou moins à tous les hommes et surtout à un certain âge de la vie où le besoin d’apprendre et de découvrir nous possède, lui est propre par le degré d’intensité, de sagacité, d’étendue. […] Noble faculté qui, à ce degré de développement, appelle et subordonne à elle toutes les passions de l’être et ses autres puissances !

1275. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Son analyse pointilleuse prétendait mettre à nu, par exemple, dans telle période de Massillon (car sir Herbert travaillait beaucoup sur nos auteurs français), une quantité déterminée de consonnances et d’assonnances qu’une éloquence harmonieuse sait trouver d’elle-même, mais qu’elle dérobe à la critique et qu’à ce degré de rigueur elle ne calcule jamais. […] Deux questions, qui dominent l’étendue de son talent, nous semblent à poser : 1° la nature et surtout le degré d’influence des grands modèles étrangers sur Nodier, qui, au premier aspect, les réfléchit ; 2° sa propre influence sur l’école moderne qu’il devança, qu’il présageait dès 1802, qu’il vit surgir et qu’il applaudit le premier en 1820.

1276. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

« Si j’ai parlé de ces premières années, malgré mon intention d’abréger tout ce qui m’est personnel, c’est à cause de l’influence qu’elles ont souvent à un si haut degré sur l’existence entière : elles la contiennent plus ou moins. […] Presque toute cette société était jeune, car le supplice en ce temps avait raccourci la vie des pères ; il manquait un degré ou deux à l’échelle ordinaire des générations : la guillotine avait rajeuni les salons de Paris.

1277. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Mais, bien que ces choses ne se démontrent pas de même, elles ont cependant, au moins en ce qui touche leurs principales vérités, un degré de certitude égal, et, je dirai plus, un degré de certitude supérieur à la certitude des phénomènes matériels.

1278. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

« La veille du jour où Benjamin Constant devait prononcer son discours, j’avais chez moi Lucien Bonaparte, MM… et plusieurs autres encore, dont la conversation, dans des degrés différents, a cet intérêt toujours nouveau qu’excitent et la force des idées et la grâce de l’expression. […] La poésie dramatique est admirable dans nos premiers écrivains ; la poésie descriptive, et surtout la poésie didactique a été portée chez les Français à un très-haut degré de perfection ; mais il ne paraît pas qu’ils soient appelés jusqu’à présent à se distinguer dans la poésie lyrique ou épique, telle que les anciens et les étrangers la conçoivent.

1279. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

D’abord opaque, inerte, presque insensible, ce n’est que sous l’éblouissement et la chaleur continue des rayons que l’œil de l’être primitif, par degrés s’éclaircissant, s’est senti devenir cristal, et, vivant miroir, a reflété. […] Richepin, il n’y a de personnel et d’original que le degré de grossièreté auquel il a poussé le sentiment matérialiste252.

1280. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Rêves pour rêves, nous aimerions mieux rêver avec les Brahmanes, ces théologiens philosophes de l’Inde primitive, ces précurseurs de la philosophie chrétienne, nous aimerions mieux rêver que le Créateur, apparemment aussi sage, aussi puissant et aussi bon alors qu’aujourd’hui, a créé dès le premier jour tout être et toute race d’êtres au degré de perfection que comporte la nature de ces êtres ou de cette race d’êtres dans l’économie divine de son plan parfait. […] « J’éprouvais bien un certain remords, une certaine hésitation à trancher du coup une telle vie, une telle joie, une telle innocence dans un être qui ne m’avait jamais fait de mal, qui savourait la même lumière, la même rosée, la même volupté matinale que moi, être créé par la même Providence, doué peut-être à un degré différent de la même sensibilité et de la même pensée que moi-même, enlacé peut-être des mêmes liens d’affection et de parenté que moi dans sa forêt ; cherchant son frère, attendu par sa mère, espéré par sa compagne, bramé par ses petits.

1281. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Ici donc est le dernier degré, le plus haut développement du spiritualisme du xviiie  siècle, dont l’école écossaise est le premier degré et le point de départ, Kant couronne et ferme le xviiie  siècle.

1282. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

C’était une description large, transparente et très significative, des divers degrés de décroissement dans la foi par où passent les antiques religions avant de finir, et il indiquait en même temps sa manière de concevoir les croyances recommençantes.

1283. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

vous chantez mieux que vous ne faisiez ; et, si vous vouliez, vous iriez encore un degré plus haut. » Et Tiècelin, à qui est venu l’amour-propre de chanteur, commence à crier de plus belle.

1284. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

le pittoresque spectacle, s’écrie-t-il à la vue de l’évêque de Sion officiant en personne et de sept cents fidèles environ accourus d’Aoste, du Valais, de Fribourg, priant debout, agenouillés, ou assis par rangées sur les degrés et refluant jusque dans l’étage supérieur !

1285. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Honneur donc et respect à ceux qui à certains jours, ont prouvé qu’à quelques égards et à quelque degré ils étaient, eux aussi, de cette austère et souveraine famille d’inventeurs !

1286. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

[NdA] M. de Meilhan présente ces premiers degrés d’élévation et cet acheminement du prince de Montbarrey au ministère sous un jour particulier, dans le portrait qu’il a donné du marquis de Pezay.

1287. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Plancius soutenait que le passage devait exister ; mais il prétendait aussi qu’au-delà d’un certain degré plus on approcherait du pôle, plus on retrouverait une température douce et tiède, en raison des six mois de soleil continu.

1288. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Gandar, et pour se demander si Henri IV ne devait pas en quelque degré, à cette première éducation, « son style et le tour si français de ses lettres ? 

1289. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

… » L’originalité de Maurice de Guérin n’était pas là ; elle était dans un sentiment de la nature, tel qu’aucun poète ou peintre français ne l’a rendu à ce degré, sentiment non pas tant des détails que de l’ensemble et de l’universalité sacrée, sentiment de l’origine des choses et du principe souverain de la vie.

1290. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

On saura de plus que le fils du maréchal, le duc de Villars du xviiie  siècle, et qui succéda à son père dans le fauteuil académique, possédait au plus haut degré le talent de la déclamation dramatique et était un excellent tragédien de société.

1291. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Guillaume Guizot, a exposé et combattu en forme cette méthode dans deux articles très remarquables ; je ne m’engagerai pas ici dans la discussion générale de la doctrine, ce qui exigerait des développements hors de mesure : je me bornerai, dans le cas particulier de Tite-Live, à faire voir ce qu’elle a, selon moi, d’excessif, d’artificiel et de conjectural ; le genre et le degré d’objection que j’y fais se comprendront mieux : Que sait-on de Tite-Live, de sa personne et de sa vie ?

1292. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon était une exception ; il avait assez d’amour-propre pour cela ; il possédait au plus haut degré la faculté du dédain contre l’offense ; il l’avait bien autrement que Montesquieu.

1293. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

L’important et le difficile, c’est de s’apaiser ensuite à un degré convenable, de guérir sans trop se refroidir, de ne pas s’égarer dans la déraison, de ne pas se fixer dans un fanatisme, de ne pas revenir non plus en sens contraire jusqu’à se jeter dans la négation et la haine de ce qu’on a trop aimé.

1294. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Celui-ci, tout admirateur et prosélyte qu’il était alors, ne devait subir qu’en la traversant cette influence de Lamennais ; un an ou deux après, il en était totalement affranchi et délivré ; s’il s’émancipa par degrés de la foi, s’il se laissa bientôt gagner à l’esprit du siècle, ce ne fut pas à la suite du grand déserteur, mais à sa propre manière, et il erra dans sa propre voie ; en 1835, il n’était plus le disciple de personne ni d’aucun système.

1295. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Cette créance publique, élevée sur celle d’un particulier, devient ensuite elle-même pour le particulier un nouveau degré de crédibilité, et le fait en est mieux cru qu’auparavant.

1296. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Biot comme un savant doué au plus haut degré de toutes les qualités de curiosité, de finesse, de pénétration, d’exactitude, d’analyse ingénieuse, de méthode et de clarté, de toutes les qualités enfin essentielles et secondaires, hormis une seule, le génie, je veux dire l’originalité et l’invention.

1297. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

mais excluant de son idée de réforme et de ses ressources financières tout impôt régulier sur la Noblesse, tout recours et toute reprise sur les biens immenses et scandaleux du Clergé ; roi croyant à l’égalité chrétienne, mais attentif à reconstituer les classes, à les séparer en les épurant, à les distinguer par des attributions spéciales, par des délimitations exactes et profondes, le duc de Bourgogne n’eût fait (en lui supposant un succès d’un jour) qu’asseoir sa monarchie soi-disant restaurée sur un degré étroit et glissant, et la retenir à peine sur la pente où tout son poids la précipitait.

1298. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

. ; le second chapitre nous fait franchir avec lui le degré de la grande initiation : nous sommes dans l’atelier du maître, au moins dans celui où sont rassemblés ses élèves et où David paraît souvent, pour donner ses conseils à l’un et à l’autre.

1299. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Quand on est archéologue et antiquaire à ce degré, il ne faut dédaigner rien de ce qui peut aider le lecteur à nous suivre.

1300. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Feuillet fait un athée ; Raoul partage, à quelque degré, les principes de cet ami.

1301. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

L’enseignement public est des mieux organisés à tous les degrés.

1302. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Reconnaissons enfin, après plus de deux siècles d’injustice et d’erreur, dans toutes les proportions de sa gloire un grand homme qui fut un martyr ; qui tout le temps qu’il traversa cette terre resta étranger au bonheur ; dont le cœur fut pur de toute tache, à l’abri de ces petitesses dont souvent ne sont point exempts les grands écrivains ; dont le chef-d’œuvre porte à un si haut degré l’empreinte d’une nature si noble, si élevée et si humaine, et qui de tous les hommes est celui dont l’âme se montrerait le plus sensible à une réparation pour l’outrage fait à la portée de son génie. » Et moi je dis : Ainsi est fait l’esprit humain ; il a soif d’une légende morale ; il a un besoin perpétuel de refonte et de remaniement pour toutes ses figures.

1303. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Il y passa par tous les degrés de l’apprentissage ; correcteur d’abord, il s’éleva aux faits divers, à l’entrefilet, puis au petit article.

1304. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

J’ai bien du regret de ne pouvoir supporter à aucun degré la voiture : sans quoi j’irais pour avoir l’honneur de vous remercier et pour vous exposer de vive voix d’une manière plus complète mes raisons et mes excuses.

1305. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Pendant ces travaux où il faisait preuve d’habileté pratique et de connaissance des détails, il avait l’œil aux grands événements qui se déroulaient et qu’il considérait de haut et d’ensemble comme d’un belvédère, ou mieux encore comme du centre d’une fournaise ; car la Suisse, en ces années d’occupation et de déchirement, devenue un champ de bataille dans toute sa partie orientale, offrait «  l’aspect d’une mer enflammée. » Jomini y suivit de près les fluctuations de la lutte, les habiles manœuvres de Masséna pendant les sept mois d’activité de cette campagne couronnée par la victoire de Zurich, les efforts combinés de ses dignes compagnons d’armes, les Dessolle, les Soult, les Loison, les Lecourbe : ce dernier surtout « qui avait porté l’art de la guerre de montagne à un degré de perfection qu’on n’avait point atteint avant lui. » Mais, s’il estimait à leur valeur les opérations militaires, il ne jugeait pas moins les fautes politiques, et ce qu’il y avait de souverainement malhabile et coupable au Directoire à avoir voulu forcer la nature des choses, à avoir prétendu imposer par décret une unité factice à treize républiques fédérées, à s’être aliéné une nation amie, à avoir fait d’un pays neutre, et voué par sa configuration à la neutralité, une place d’armes, une base d’opérations agressives, une grande route ouverte aux invasions.

1306. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Une première acclamation l’avait désigné le poëte de la jeunesse, et, comme avec des qualités éminentes il n’a pas toutes celles que ce type impose, sa rapide popularité a dû par degrés faiblir.

1307. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Millevoye Quand on cherche, dans la poésie de la fin du xviiie  siècle et dans celle de l’Empire, des talents qui annoncent à quelque degré ceux de notre temps et qui y préparent, on trouve Le Brun et André Chénier, comme visant déjà, l’un à l’élévation et au grandiose lyrique, l’autre à l’exquis de l’art ; on trouve aussi (pour ne parler que des poëtes en vers), dans les tons, encore timides, de l’élégie mélancolique et de la méditation rêveuse, Fontanes et Millevoye.

1308. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Vous arriverez, par cette gymnastique intellectuelle, à donner à votre esprit une puissance de déduction inconnue à ceux qui restent servilement dans le sillon creusé par leurs maîtres, moins par respect pour ceux qui ont ouvert les portes de la science que par paresse ou insuffisance. » L’emploi véridique de ce procédé, en littérature, suppose donc un certain degré de nescience de la part de l’auteur.

1309. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Lorsque la littérature d’imagination a atteint dans une langue le plus haut degré de perfection dont elle est susceptible, il faut que le siècle suivant appartienne à la philosophie, pour que l’esprit humain ne cesse pas de faire des progrès.

1310. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Et dans une âme bien faite, l’amour qui n’est que le désir du bien, se portera toujours au plus grand bien connu : et le degré de l’amour sera en relation avec la perfection connue de l’objet ; il sera goût, amitié, dévotion.

1311. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Le Supplice d’une femme est « du trois-six d’éthique et d’émotion », et la Visite de noces est « de l’éthique absolue à cent degrés Gay-Lussac ».

1312. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

On trouve chez lui des nerfs, de la modernité, du « stylisme », de la vérité vraie, du pessimisme, de la férocité ; mais on y trouve aussi et au même degré la gaieté, le comique, la tendresse, le goût de pleurer.

1313. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

L’hypocrisie dévote peut être de deux degrés : ou l’hypocrite a la foi et singe seulement les vertus qui lui manquent ; ou il simule en même temps les croyances et les vertus qu’il n’a pas.

1314. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Eh bien, ce directeur, intelligent et lettré, comme il désirait publier un roman dans son journal, et que, pour m’éclairer sur le degré et le ton des ouvrages qu’il souhaitait, je lui demandais : « Voyons !

1315. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

L’œuvre, lui serait presque facile (il n’ignore ni le platonisme de la Grèce, ni le soufisme de la Perse, ni le brahmanisme de l’Inde, ni le bouddhisme du Thibet) ; et elle serait au plus haut degré intéressante et même actuelle.

1316. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Les Maximes de La Rochefoucauld sont comme les catégories dans des listes de suspects : les degrés du délit y sont si rapprochés, les cas si analogues, l’innocent si près de ressembler au coupable, que le plus en règle court le risque d’y lire son nom.

1317. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Il n’est donc pas étonnant que ces suites d’idées agréables aient attiré à un degré particulier l’attention, et que dans les premiers âges, alors que la poésie était toute la littérature, elle ait paru mériter un nom particulier plus que des suites d’idées d’une autre classe… Dans le cas de l’avocat, la suite d’idées amène à une décision favorable au parti qu’il défend ; elle n’a rien d’agréable en elle-même.

1318. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Dargaud, c’est que j’avouerai ne point appartenir à cette école trop vive qui attendrit et amollit à ce degré l’histoire.

1319. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Ce royaume que j’avais sauvé, cette monarchie que j’avais fondée, et que le grand roi avait portée au plus haut degré des respects et des obéissances que pouvait espérer une couronne mortelle, qu’en avez-vous fait, Monsieur le Régent ?

1320. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

J’aime à traverser des abîmes, à franchir des précipices… Je ne sais à quel degré de talent je pourrai m’élever dans mes ouvrages ; mais, si la nature m’a donné une façon particulière de la voir et de la sentir, je tâcherai de la manifester franchement, sans autre poétique que celle de la nature, avec une douceur d’enfant ou une violence de tourbillon.

1321. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Les degrés de cette faculté assigneront la mesure dans laquelle il faudra porter ce jugement.

1322. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Il faut commencer par le plus faible pour aller par degrés au plus fort.

1323. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

On sait assez qu’Orgon, — et c’est une des grandes beautés de l’ouvrage — a deux caractères, selon, pour ainsi dire, qu’il est tourné du côté de Tartuffe ou tourné du côté de sa famille, autoritaire dans sa maison, docile au dernier degré devant « le pauvre homme ».

1324. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Très élégante, très spirituelle, mais très extravagante, ayant déjà les taches de la corruption parisienne sur l’esprit au moins, si elle ne les a pas sur le cœur, possédant au plus haut degré le génie de l’ironie et de la plaisanterie parisiennes, aveugle sur son père qu’elle admire d’enfance et de confiance, parce qu’il a toujours été heureux dans ses plans et qu’il est fou d’elle, madame de Manteigney est la femme amoureuse de son mari, maigre, mièvre, mal fait, chétif, jaunâtre, roussâtre, un crevé du temps, qui lui mange sa dot et ses diamants avec des filles.

1325. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Or donc, les intransigeants de la poésie sont férus de la rime riche à un degré extraordinaire.

1326. (1887) La banqueroute du naturalisme

Zola, comme il en a bien l’air, croyait peut-être qu’il n’y a rien de plus dans La Terre, que ni les mots n’y sont plus gros, ni les choses plus énormes que dans ses précédens romans, j’ose bien l’assurer qu’il se trompe, mais il ne se trompe, assurément aussi, que d’une nuance ou d’un degré.

1327. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Il l’aima, car il trouvait en lui, quoique à un moindre degré, toutes les parties de son propre génie.

1328. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il est parvenu à peu près au même degré dans la folie qu’Armand dans l’imbécillité. […] Et tout, dans la construction de ces trois pièces, est subordonné à ce dessein de nous montrer, dans le plus haut degré de pureté et d’éclat qui se puisse concevoir, les trois vertus que j’ai dites… » La dernière œuvre de M.  […] A un certain degré de culture intellectuelle, l’admirable nouvelle de Barbey d’Aurevilly : le Bonheur dans le crime, a mille chances de plus d’être vraie que le roman de Dostoïewsky… Et puis, excusez-moi, je ne suis pas Slave pour un sou. […] Et, d’autre part, les personnages, qui sont encore des primitifs, ont une profondeur, une violence de sentiments, une spontanéité et une candeur de langage qu’on ne trouve plus guère à ce degré dans nos civilisations d’Occident. […] Tous nous en connaissons, à des degrés divers d’abjection ou d’abrutissement, des barons Hulot et des comtes de Montmorin.

1329. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il ne songeait pas au suffrage universel ; il ne songea, même plus tard, vers 1845, soit qu’à une large extension du droit de suffrage, soit qu’au suffrage universel à deux degrés, très tamisé et très endigué. […] C’était peu facile, étant donné le degré d’exaltation et de fureur du parti vainqueur. […] Il le fut « comme par un degré » ; il le fut en trois fois. […] À un degré plus bas, mais à une place encore très honorable, Crébillon le père, le père Crébillon, comme on disait déjà de son temps, avait débuté très brillamment au théâtre et s’était acquis, fort jeune, une très belle réputation. […] À différents degrés, bien entendu, et chacun au leur, Racine et Crébillon, non seulement, après le relais, furent aussi bons qu’à leurs débuts, mais, tous les deux, ils furent meilleurs.

1330. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Dirai-je même qu’en dégageant du milieu de ses ironies, de ses contradictions, de ses doutes, les deux ou trois principes qui les dominent ou mieux encore qui les engendrent, et en les systématisant, je leur donnerai un degré de précision ou de solidité qu’ils n’avaient pas dans sa pensée. […] … L’Être parfait se peut-il plaire à élever une créature au plus haut degré de sa gloire, pour la précipiter ensuite au plus bas degré de l’ignominie ? […] Et, pour la Palatine, tout Allemande qu’elle soit — et Allemande renforcée, qui accuse volontiers la corruption française des vices du prince de Birkenfeld ou du duc de Wolfenbuttel, — il faut également l’en croire, quand elle écrit de Saint-Cloud, le 31 juillet 1699 : « Il n’y a plus ici de vices dont on ait honte ; et, si le roi voulait punir ceux qui se rendent coupables des plus grands vices, il ne verrait plus autour de lui ni nobles, ni princes, ni serviteurs, et il n’y aurait même plus aucune maison de France qui ne fût en deuil. » Au cas pourtant que l’on voulût des renseignements plus détaillés, nous en avons, comme on dit, les mains pleines, et si peut-être, en tout temps et partout, les libertés que l’usage accorde ou refuse aux femmes sont une assez juste mesure du degré de sévérité ou « d’avancement » des mœurs, voici une ou deux historiettes qui achèveront d’édifier le lecteur. […] En un mot, si toute la nature consiste dans les combinaisons innombrables des figures et des mouvements, la géométrie, qui seule peut calculer des mouvements et déterminer des figures, devient indispensablement nécessaire à la physique, et c’est ce qui paraît visiblement dans les systèmes des corps célestes, dans les lois du mouvement, dans la chute accélérée des corps pesants, dans les réflexions et les réfractions de la lumière, dans l’équilibre des liqueurs, dans la mécanique des organes des animaux, enfin, dans toutes les matières de physique qui sont susceptibles de précision, car pour celles qu’on ne peut amener à ce degré de clarté, comme les fermentations des liqueurs, les maladies des animaux, etc., ce n’est pas que la même géométrie n’y domine, mais elle y devient obscure et presque impénétrable par la trop grande complication des mouvements et des figures. » Ajoutons quelques lignes encore, dont on verra mieux l’intérêt ou la portée philosophique, après cette apologie de la géométrie : « L’esprit géométrique n’est pas si attaché à la géométrie qu’il n’en puisse être tiré et transporté à d’autres connaissances.

1331. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Ni Heine, ni Schopenhauer, n’ont pratiqué à un tel degré ce ricanement, ni avec une obstination si constante. […] Doué à un égal degré d’intelligence et de sentiment, orné de toutes les vertus d’un chrétien, il vivait une vie tranquille, simple et heureuse, vénéré et aimé de tous ceux qui l’approchaient. […] À grand’ peine, après quatre ans de séjour, il obtint un diplôme du second degré. […] Mais souvent ce travers est racheté par des qualités de mouvement et de passion qui ne se retrouvent pas au même degré dans l’œuvre des auteurs hollandais. […] D’instinct et sans trace d’effort, Mme Swarth-Lapidoth est parvenue à un très haut degré de maîtrise poétique.

1332. (1925) Portraits et souvenirs

Cette œuvre — la sienne — son œil aigu scrutait sur les visages le degré d’admiration qu’on en pouvait avoir. […] Certes, ce don, que José-Maria de Heredia possédait également à un haut degré, il l’appréciait chez Gautier, mais il le retrouvait aussi, plus conforme peut-être à ses aspirations personnelles, chez Hugo et chez Leconte de Lisle, même parfois chez Théodore de Banville. […] Stéphane Mallarmé fut donc bien un auteur obscur, encore qu’il soit bon de remarquer que cette obscurité eut des degrés. […] Barrès subit le plus profondément l’influence littéraire et artistique, l’influence formelle, je veux dire Chateaubriand, Stendhal et Michelet, sont tous trois, à divers degrés, imbus de romantisme. […] Barrès ajoute : « Je suis de son avis ; je crois qu’un sentiment romantique, s’il est mené à un degré supérieur de culture, prend un caractère classique. » A mon tour, j’acquiescerai volontiers aux paroles de M. 

1333. (1940) Quatre études pp. -154

« Avant de donner une larme à l’infortune de Lenore, nous mettrons sur la balance les degrés de vraisemblance que comporte l’histoire de la jeune fille. » Moins sensibles et moins imaginatifs, nous autres, gens du Midi, avons peine à goûter, avons peine à comprendre les illusions sombres qui enchantent les gens du Nord16… La traductrice française qui avait précédé Berchet de deux ans n’avait pas donné à sa pensée un tour aussi précis ; mais elle sentait bien la différence qui sépare l’une et l’autre imagination : On me reprochera le choix du sujet, disait-elle ; mais si l’on tolère des revenants sur la scène et dans les romans, on peut bien les tolérer dans un petit poème ; il n’est pas plus fou de croire aux apparitions qu’aux devineresses ; c’est moins dangereux, et les morts ne donnent que d’utiles leçons partout où on les fait intervenir. […] Suivant ce dernier, la poésie française est arrivée au dernier degré d’imbécillité sénile : Sa constitution, comme vous le savez bien, était dans ses meilleurs jours sans moelle et sans nerfs, sa jeunesse sans espoir, et son âge viril sans dignité21. […] Aux pires moments, un sonnet italien imprimé sur de la soie rose, des vers de Gottsched, une ode de Lebrun-Pindare, qui sont aussi loin qu’on peut l’imaginer de ce que nous appelons la poésie pure, et qui ne nous paraissent mériter à aucun degré même le nom de poésie, essayaient faiblement de parler aux yeux, de toucher le cœur, de caresser l’oreille ; c’était un autre langage que celui de l’algèbre ou de la philosophie ; il y passait encore le souvenir d’une incantation mystérieuse ; c’était un refus d’abdication, un appel, un espoir. […] Robinet se livre à ses Considérations philosophiques de la gradation naturelle des formes de l’être, ou les Essais de la nature qui apprend à faire l’homme (1768), il professe sa dette dès le début de l’ouvrage : « Puisque la marche de la nature se fait par des degrés souvent imperceptibles, et par des nuances toujours les moindres possibles, toutes ses productions se tiennent… » (I, i). […] Mais il a eu pour Épicure une tendresse non cachée ; il s’est plu à suivre, dans l’histoire de la pensée française, la trace des libertins ; il a traduit Shaftesbury ; il a pratiqué Locke : et toutes ces voix lui ont dit, à des degrés et sur des modes différents, que le temps des contraintes était passé, que les passions n’étaient pas mauvaises, que le désir était le mobile essentiel des actions et des volontés humaines.

1334. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion par un plus fort degré et par les traits les plus vifs, pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable. […] Tous deux, poètes dramatiques au même degré, brisent leur chaîne et s’en vont à la recherche de l’inconnu. […] Le bretteur Alcidas, est descendu au dernier degré du gentilhomme perdu de vices et de misères ; — c’est Molière qui l’a indiqué le premier, anticipant ainsi sur la société du siècle suivant ! […] Il entraîne, il est chaleureux, il est abondant, il est rempli des défauts et des qualités de son époque ; on comprend que l’homme qui écrivait ainsi avait, à un haut degré, la conscience de sa force et de son importance : or, ce sont là des qualités trop rares, surtout dans la comédie moderne, pour qu’on soit le bienvenu à s’armer de la Grammaire et du Dictionnaire de l’Académie contre un philosophe tel que Fabre d’Églantine. […] Il a publié une bonne édition des Œuvres de Marivaux, avec des notes et des commentaires, où se rencontre, au plus haut degré, le calme bon sens et l’intelligence du critique.

1335. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Entre les hommes de l’autorité et ceux de la liberté, il y a un fossé que la plus grande spiritualité des deux parts a peine à combler ; le mysticisme l’a pu quelquefois ; mais dans le mysticisme, arrivé à un certain degré, il n’y a plus de place pour ces distinctions, ni même pour l’idée d’Église. […] Tout ceci n’est qu’un commencement, et nous aurions encore quelques degrés à franchir, si je ne m’avisais à temps d’une réflexion qui aurait dû me venir encore plus tôt : c’est qu’au lieu de vous introduire par les détails dans l’ensemble (tâche pareille à celle du serpent à cent têtes, qui cherche en vain à s’enfiler dans les broussailles), c’est par l’ensemble que je dois essayer de vous faire pénétrer dans les détails. […] Au lieu des degrés de sa maison du Calvaire, il voudrait monter jusqu’au Christ les degrés de l’Univers, blanchir ses souliers de la poussière des étoiles, monter toujours, de mondes en mondes, de cieux en cieux, sans jamais redescendre. […] En effet, le dogme chrétien que nous avons signalé n’est pas seulement (si l’on veut bien nous permettre ici le langage de l’école) actuellement présent dans une foule de déclarations scriptuaires qui le placent au centre de tout le système ; il est, ainsi que nous l’avons dit, virtuellement partout, partout pour un esprit philosophique et attentif ; et l’on ne peut assez admirer que des hommes qui possèdent à un degré rare l’habitude et le talent de l’analyse, en cette unique occasion l’appliquent si mal, ou plutôt en fassent si peu d’usage. […] le christianisme a réconcilié ces deux éléments, tout en portant l’intensité de chacun d’eux au plus haut degré possible.

1336. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il ne s’en tint pas aux cours de l’École, il passa par tous les degrés de l’externat et de l’internat dans les divers hôpitaux ; il y fut condisciple et collègue des docteurs Michon, Danyau, Nalalis Guillot, Gervais (de Caen). […] quand les Stoïciens se mêlent d’être modestes, on ne peut savoir à quel point ils le sont, et quel degré de scrupule et de raffinement ils portent dans cette vertu d’humilité, et même à leur insu quelquefois.

1337. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

C’est ce qu’éprouva Rousseau, sinon le premier, du moins plus qu’aucun autre auteur auparavant ne l’avait ressenti et goûté encore à ce degré ; et le malheur, la singularité de sa nature fut de rejeter un peu plus tôt, un peu plus tard, d’empoisonner en idée le bienfait. […] quelle délicatesse de tour, et quelle propriété de termes, pour marquer les moindres degrés !

1338. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

VI « Le 28 août 1749 », dit-il lui-même dans son mémorial domestique, « je vins au monde à Francfort-sur-le-Main, pendant que l’horloge sonnait midi. » Il était né dans une ville libre ; heureusement né, ni trop haut, où l’on est facilement corrompu par l’orgueil de la naissance, ni trop bas, où l’on est facilement avili par la servilité d’une condition inférieure ; il était né à ce degré précis de l’échelle sociale où l’on voit juste autant d’hommes au-dessus de soi qu’au-dessous, et où l’on participe, par égale portion, de la dignité des classes aristocratiques et de l’activité des classes plébéiennes ; heureux milieu qui est le vrai point d’optique de la vie humaine. […] La poésie est descendue avec lui d’un degré du ciel : paix à sa cendre !

1339. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Soit donc qu’il s’agisse de règles pour la conduite, ou de peintures de l’homme, nous sommes, au premier degré, juges compétents de la vérité du sermon. […] Sévère seulement du haut de sa chaire, et, comme il arrive, d’autant plus timide dans la conduite, celui qui avait supprimé les degrés dans les fautes, et pour qui tout était crime, consentait à sacrer l’abbé Dubois.

1340. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

« Le nombre des cas, dit le kantien Helmholtz, où nous pouvons démontrer le rapport d’un fait à sa condition est bien peu considérable par rapport au nombre des cas où cette démonstration nous est impossible ; si donc la loi de raison suffisante était une loi d’expérience, sa valeur inductive serait bien peu satisfaisante : nous pourrions tout au plus comparer son degré de validité à celui des lois météorologiques, comme celle du vent, etc… » — On peut répondre que notre ignorance n’est qu’une raison toute négative contre l’universalité des lois, tandis que notre savoir est une raison positive : or, ce sont les raisons positives qui sont les vraies forces capables d’influer sur notre volonté. […] Il y a du degré dans la conscience, et c’est cet élément intensif qui est le côté subjectif de la force.

1341. (1909) De la poésie scientifique

Elle opère continuellement son Analyse  elle se développe pour se connaître, et aux divers degrés du processus vital se sent, s’éprouve, se pense, se recrée consciente.     […] C’est-à-dire : la Matière, unité-total, mais total qui n’a pas conscience de soi et la désire, à travers le divers phénomène de son évolution va à cette conscience… Analytique, elle se développe pour se connaître, et aux divers degrés du processus vital se sent, s’éprouve et se pense, et tend à sa Synthèse où se recréer consciente d’elle-même.

1342. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

* * * — La Justice à deux degrés : chose absurde ! […] Cet homme ; au premier abord un peu fermé ou plutôt comme enseveli au fond de lui-même, a un grand charme, et devient avec le temps sympathique au plus haut degré… Aujourd’hui, il nous disait que, lorsqu’il a voulu faire quelque chose de bien, il l’a toujours commencé en vers, parce qu’il existe chez lui une incertitude sur la prose, sur sa complète réussite, tandis qu’un vers, quand il est bon, est une chose frappée comme une médaille ; — mais il ajoutait que les exigences de la vie avaient fait des nouvelles en prose de bien des nouvelles, commencées par lui en vers.

1343. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Si un haut degré d’intelligence peut se rencontrer avec une tendance à la folie ou au crime, jamais cette tendance, disent la plupart des criminalistes, ne s’accorde avec le « sentiment affectif normal ». […] C’est précisément pour faire illusion sur la stérilité du fond que les décadents poussent au dernier degré le travail de la forme : ils croient suppléer au génie par le talent qui imite les procédés du génie.

1344. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Chez aucun de nos romanciers au même degré, pas même chez Balzac, chez Stendhal et chez Flaubert, qui sentirent cependant, surtout ce dernier, le transitoire humain, le cours des années n’est si magistralement marqué dans le cours des carrières. […] Il fut à l’origine celui qui, doué d’une merveilleuse faculté de percevoir et de se rappeler, connut les mille aspects de la nature, les innombrables et particulières manifestations humaines ; qui sut deviner, par on ne sait quelle intuition de soi-même et des autres, les âmes et les agitations d’âmes doutées dehors sont les signes ; embrassant dans son large esprit tout l’individuel des personnes, et ce qu’elles ont d’universel, les lois déliées, les indices délicats de leur permanence, de leur variabilité, de leur mobilité ; il conçut encore, le premier à ce degré, toute retendue presque du monde et de notre espèce, contempla cet immense spectacle de ses yeux novateurs et, le reproduisant entier, sut tacitement s’y enclore avec tous en des livres auxquels personne ne peut se prétendre étranger ; et comme l’essentiel de l’artiste est de connaître les choses et les gens, non pas objectivement et intellectuellement, mais sous leur aspect sensible, en la boulé de ses personnages, en leur âme aimante, en leur noblesse morale, en leur méditation douloureuse de la mort, et leur résignation à d’humbles solutions, ce sont ses vertus, ses angoisses et sa simplicité d’esprit qui transparaissent, comme s’accuse en leur impuissance spéculative la sienne propre, comme se marque sa répulsion pour le mal dans le rôle effacé qu’il lui assigne, et son détachement final de tout l’ensemble de la vie et du monde, dans le ton lointain et las dont il en parle.

1345. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Voilà pourquoi nous ne plaçons, dans notre opinion personnelle, ce genre de littérature qu’à un degré inférieur dans les œuvres de l’esprit humain. […] vous ne l’atteignez pas, ou vous le dépassez. » Et s’il arrive que ces hommes de critique, ces logiciens des arts, ces logiciens de la langue, soient eux-mêmes capables à un certain degré de joindre l’exemple à la leçon et de produire des œuvres de talent irréprochables, leur talent accroît leur autorité, et les nations reconnaissent longtemps leurs lois.

1346. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Lié avec tous les membres distingués de cette aristocratie élective qu’on appelle le Sacré Collège, il les avait vu arriver à Rome, y remplir successivement les divers degrés des fonctions de l’Église et de l’administration au Vatican, puis s’élever de dignités en dignités jusqu’à ces épiscopats, à ces cardinalats, à ces principautés, à cette papauté qui les rendaient arbitres de la politique sacrée ou profane du monde catholique. […] Il l’entoura des chœurs des anges, il la fit asseoir sur les degrés les plus hauts du trône de Dieu.

1347. (1926) L’esprit contre la raison

Qu’il y ait des degrés dans la tricherie et des degrés dans la conscience qu’ils y apportent, voilà qui ne saurait nous leurrer, ni nous empêcher de dénoncer leur mensonge glorieux ou sournois comme un véritable crime contre l’esprit.

1348. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

C’étaient des degrés par lesquels elle s’acheminait à devenir plus encore.

1349. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Venu à une époque où la corruption était déjà poussée au plus haut degré, et où elle ne se recouvrait que d’un voile léger en présence du monarque, il comprit bien quelle était la nature de l’incrédulité qu’il avait à combattre, et en ce sens il est curieux de voir l’ordre d’arguments qu’il juge le plus à propos de lui opposer.

1350. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Un goût plus noble était celui des médailles, que Madame avait à un haut degré ; elle en recueillait de toutes parts, et c’était lui faire le plus délicatement sa cour que de lui en offrir.

1351. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Mais bientôt cette affliction pieuse qu’il chérissait, et à laquelle il s’était voué comme dans un oratoire mystérieux, eut le sort des choses humaines et s’affaiblit par degrés chaque jour.

1352. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Cette république noble et marchande, dont l’origine se perd dans les plus anciens débris de l’Empire romain ; qui eut la première en Italie, en face et à côté de la nouvelle politique romaine, une politique à elle, profonde, suivie, consommée, indépendante ; qui eut ses épisodes de grandeur héroïque et de chevalerie maritime, bien qu’un intérêt de commerce fût toujours au fond ; qui, dans le cours de sa longue et séculaire décadence, sut trouver tant de degrés encore brillants et des temps d’arrêt si glorieux ; qui ne s’abaissa véritablement que depuis la fin du xviie  siècle ; ce gouvernement jaloux, mystérieux, si longtemps sage, de qui la continuelle terreur était tempérée par un carnaval non moins continuel, comme en France la monarchie absolue l’était par des chansons ; cette cité originale en tout, et qui le fut hier encore jusque dans l’insurrection dernière par laquelle, déjà si morte, elle essayait d’un réveil impossible ; cet ensemble d’institutions, d’intérêts, d’exploits et de prouesses, de conjurations, d’espionnages et de crimes ; tant de majesté, de splendeur et d’austère vigilance, se terminant en douceurs molles et en plaisirs, tout cela se suit et se comprend d’autant mieux dans le récit de M. 

1353. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Ce qui aujourd’hui nous paraît surtout absent dans la traduction de Mme Dacier n’était point alors ce qui nuisait le plus à Homère, et, si elle avait mis à quelque degré dans son style de ces couleurs et de ces tons homériques que retrouvèrent plus tard, dans leur art studieux, André Chénier et Chateaubriand, il est à croire que de tels passages n’auraient point paru les moins gais à ces chevaliers à la mode dont nous avons des copies chez Regnard ou chez Dancourt, à ces jolies femmes de Marly que la duchesse de Bourgogne guidait au jeu et au plaisir, ou à ces esprits ingénieux et froids que Fontenelle initiait à la philosophie.

1354. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Le talent porté à ce degré a aussi sa religion, et qui ne saurait tromper.

1355. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Notez que ces grands psychologistes, qui font fi de lui quant au système, ne sont à aucun degré moralistes.

1356. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Puylaurens, en s’engageant à ce degré dans le parti de Monsieur et en s’attachant coûte que coûte à sa fortune, ne se fait aucune illusion, et en face de Richelieu, ce grande adversaire, il présage ce qui d’un moment à l’autre l’attend.

1357. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Or, c’est précisément de cet éminent degré de condition et de fortune qu’elle va partir, à cet âge, pour désirer au-delà et pour concevoir de plus hautes espérances.

1358. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

La Bruyère n’a manqué ni à la précaution ni à la règle, et, en grand artiste, il a disposé les choses de telle façon qu’on arrive à cette image par des degrés successifs, et comme par une longue avenue.

1359. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Pour en être resté avec Mme Swetchine à ce degré de haute estime où j’ai même glissé le mot d’admiration, on ne saurait s’imaginer quantité d’injures signées ou anonymes, manuscrites ou imprimées, que j’ai eu à essuyer.

1360. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

La distinction et le mérite même du critique et de l’écrivain ne sont pas en cause ; on les reconnut tout d’abord : nous n’avons à discuter que sur le degré et la qualité.

1361. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Son beau corps par degrés se rapproche du bain, Et déjà sa poitrine effleure presque l’onde.

1362. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Mme de Staël n’avait pas parlé seule, car elle admettait bien la réplique, mais elle avait tout animé, tout élevé et monté à son propre ton, à son degré d’enthousiasme : une électricité avait fait oublier l’autre.

1363. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Quoi qu’il en soit du nom, un degré de plus dans le mal, on avait ou épilepsie ou apoplexie60.

1364. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Oui, sans doute, il y eut là, à quelque degré et dans un cadre moindre, de cette expérience, de cette sagesse ou de cette malice ironique et sceptique qui ne vient qu’après les révolutions et quand l’homme s’est montré à nu ou a retourné deux ou trois fois son habit devant nous.

1365. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Son caractère ests on degré de mérite sont très-bien appréciés, et avec une entière impartialité, dans l’article que lui ont consacré MM. 

1366. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Mais en revanche je suis juge comme tout le monde du degré d’invraisemblance en ce qui est de la politique et du moral.

1367. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Il a au plus haut degré l’idée de sacrifice.

1368. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Quand il est forcé de louer ce qu’il aime moins, il n’y a qu’à bien l’écouter ; il indique finement le degré en baissant le ton et en mettant une sourdine à la louange.

1369. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Bernard Jullien, docteur ès-lettres, licencié ès-sciences, un esprit précautionné qui a pris ses degrés et qui est sûr de son fait, a tancé d’importance le traducteur et le critique qui s’était permis de louer ce qu’il croyait sentir : « Rien, nous dit M. 

1370. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Quoi qu’il en soit des erreurs, et par l’impulsion qu’il donna, Jean-Bon, pendant ces deux années de 93, 94, fut véritablement, et à son degré, le second de Carnot et, peu s’en faut, son semblable pour la marine.

1371. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Par tous ces soins, le militaire acquit dans ce pays un degré (le perfection où il n’était jamais parvenu sous les empereurs de la maison d’Autriche, et une femme exécuta des desseins dignes d’un grand homme.

1372. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Dès les premières lignes du livre, M. de La Mennais remarque que « le temps fuit de nos jours avec une telle rapidité, qu’en quelques années l’on voit s’accomplir ce qui jadis eût été l’œuvre d’un siècle ou même de plusieurs. » Cette idée sur la rapidité du temps et la multiplicité de ce qui s’y passe, qui est juste et même banale à un certain degré, devient propre à M. de La Mennais par la singulière préoccupation qu’elle a toujours formée dans son esprit.

1373. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Si j’avais l’honneur d’être conservateur à quelque degré et de tenir à la société par quelque coin essentiel (et qui donc n’y tient pas un peu en avançant ?)

1374. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Il ne croyait point, par exemple, qu’on pût, dans une même élégie, débuter dans le ton de Regnier, monter par degrés, passer par nuances à l’accent de la douleur plaintive ou de la méditation amère, pour se reprendre ensuite à la vie réelle et aux choses d’alentour.

1375. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

L’observation indirecte devient vite surabondante, confine parfois au fatras, déchoit jusqu’au degré infime de la vulgarisation scientifique, qui nous semble, en matière de science, l’exact répondant du feuilleton quotidien, pitance littéraire d’une importante partie de notre société.

1376. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Le plus sublime des poètes, Homère, a existé quatre siècles avant le premier écrivain en prose qui nous soit connu ; Phérécide de Scyros, trois cents ans avant Solon, un siècle avant Lycurgue ; et le premier art de l’imagination, la poésie, avait presque atteint en Grèce le plus haut degré de perfection, avant que l’on eût sur d’autres objets les idées suffisantes pour faire un code de lois et former une société politique.

1377. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

il suffit qu’il crée des formes d’intenses volontés, qu’on les sente se déployer selon leur loi intime : si elles n’ont pas existé, si elles n’existent pas actuellement en tel degré et proportion, qui oserait dire qu’elles ne seront pas ?

1378. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Cela n’est pas si commun, du moins au degré où ce don était exigé ici.

1379. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Les philosophes et les théologiens avaient d’ailleurs dans un certain degré la connaissance du passé.

1380. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Après avoir raconté l’histoire de la terre émergeant du sein des mers desséchées, celles des animaux qui la peuplent, des végétaux qui revêtent sa surface, des minéraux que recèlent ses entrailles, celle de l’homme, roi de toutes les choses créées, il voulut raconter ce qui a précédé toute histoire, décrire ce qui n’avait pas de forme, débrouiller le chaos, y suivre, y tracer les grands commencements des choses, en faire sortir par degrés l’univers avec la dernière face que la création lui a imprimée.

1381. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Ainsi l’hypothèse de la rotation de la Terre conserverait le même degré de certitude que l’existence même des objets extérieurs.

1382. (1890) L’avenir de la science « V »

Sénèque ou Tacite, en lisant ces curieuses compositions, ne les eussent pas trouvées belles, du moins au même degré que nous, initiés que nous sommes aux données de l’esthétique chrétienne.

1383. (1886) De la littérature comparée

Posnett part de cette observation de Karl Otfried Müller, que les trois degrés du développement politique des Grecs se trouvent en quelque sorte reflétés dans leur littérature : la période épique correspondant à la période monarchique, la poésie lyrique aux temps les plus agités et au progrès du gouvernement républicain, le drame à l’hégémonie d’Athènes et à la période de liberté.

1384. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Alexandre Dumas n’est pas contestable ; mais, tout en appréciant ce qu’il apporte de talent, de pénétration, de sagacité, nette et mordante, dans ces pénibles études, on peut trouver qu’il les pousse au degré où elles réclameraient le huis clos.

1385. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Ces jeunes princes, qui avaient en eux le sang de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, en combinaient les qualités et les vices au plus haut degré.

1386. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Et puis, ce n’est pas tout de les approcher ; si l’on veut encore les présenter et les faire agréer aux autres, à quel degré de familiarité ne faut-il pas les posséder ?

1387. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Il embrassa la princesse dans le carrosse, et lui donna la main pour la descendre ; il la conduisit dans son appartement à elle ; il lui présenta en chemin Monseigneur, Monsieur et M. de Chartres ; la princesse lui baisa plusieurs fois la main en montant le degré.

1388. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Elle veut être propre à tout et qu’on puisse dire d’elle comme de Gil Blas : « Vous avez l’outil universel. » Jamais on n’a eu à un moindre degré cette pudeur sur la science que Fénelon recommande aux femmes et qu’il leur voudrait vive et délicate, presque à l’égal des autres pudeurs.

1389. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Quand arrive l’heure de la Restauration, M. de Lamartine pourtant ne peut s’empêcher de redevenir l’homme de 1814, et de saluer l’ère véritable de laquelle il date et où il a reçu, lui et nous tous, le baptême de l’esprit : « Le règne des épées finissait, dit-il, celui des idées allait commencer. » Les hommes politiques encore existants qui ont vu de près ces grandes choses de 1814, l’arrivée des Alliés devant Paris, les négociations d’où sortit le rétablissement des Bourbons, et qui ont assisté ou qui ont été immiscés à quelque degré à ces conseils des souverains, en laisseront sans doute des récits dignes de foi et circonstanciés ; ces hommes trouveront immanquablement à redire en bien des points aux vastes exposés de M. de Lamartine.

1390. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Tous les grands acteurs qui avaient jusque-là joué les premiers rôles ayant été ou massacrés ou mis en fuite et dépopularisés, « la Convention, dit-il, et ses partis se trouvent dépourvus de gens à talents et à caractère, ou possédant un degré même médiocre de capacité administrative.

1391. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Ce qui perdit Fouquet au degré de chute où il s’abîma, ce n’est pas tant encore le désordre et la dilapidation dont il s’était rendu coupable, ce fut ce qui perdit tant d’autres hommes spirituels et habiles, je veux dire l’excès de présomption et la vanité.

1392. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

On croyait, en général, qu’il improvisait : il avait à un haut degré cette faculté d’improvisation, mais il ne la séparait point des ressources toujours présentes d’une riche mémoire.

1393. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Marguerite, au milieu de la vie la moins exemplaire, aura toujours avec sincérité ce coin de bonne catholique qu’elle tenait de sa race et qui, à ce degré et dans ce mélange, est plus peut-être d’une Italienne que d’une Française ; mais ce qu’il nous importe de noter, c’est qu’elle l’avait.

1394. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

On a beaucoup disputé, tous ces temps derniers, sur la question des études et sur le degré de littérature autorisé par le clergé ; on a mis en avant bien des noms empressés et bruyants : j’ai voulu rappeler un nom aussi distingué que modeste.

1395. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

En décrivant les mœurs « de ce petit animal qu’on appelle Lapon, et de qui l’on peut dire qu’il n’y en a point, après le singe, qui approche le plus de l’homme », et en se souvenant de ce qu’il a vu autrefois de tout opposé chez l’Algérien et chez le Turc, Regnard en tire la même conclusion que Montaigne, celle que Pascal aurait tirée également s’il n’avait pas été chrétien : « Trois degrés d’élévation du pôle renversent toute la jurisprudence.

1396. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Comme Montaigne, comme Mme de Sévigné, et mieux encore, La Fontaine a au plus haut degré l’invention du détail.

1397. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

D’ailleurs ses vues n’avaient jamais qu’un certain degré de généralité, et restaient toujours suspendues à peu de distance des faits et de l’expérience.

1398. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Il ressemble à Montaigne et, tout compte fait, c’est précisément un Montaigne à deux ou trois ou à dix degrés au-dessous du prototype.

1399. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Il y avait la largeur, l’épanouissement, la chaleur, le mouvement des idées, l’abondance, la plénitude et la richesse cultivée du langage, la faculté de grouper les choses les plus éloignées dans une époque de l’histoire littéraire ou politique et de les ramasser dans un centre lumineux qui les éclaire en les étreignant, toutes qualités qui se retrouvent dans Chasles à des degrés presque identiques.

1400. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Vous trouveriez de même que les forces vives d’une société ne sont que le degré de vigueur musculaire de chaque citoyen, son aptitude à trouver des idées utiles, et sa capacité d’obéir à des idées abstraites ; que les penchants fondamentaux d’un homme ou d’une race se réduisent aux classes d’idées les plus agréables à cet homme ou à cette race ; et cent autres choses semblables.

1401. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Dépourvus de notations exactes, privés de l’analyse française, emportés tout d’abord au sommet de la prodigieuse pyramide dont ils n’avaient pas voulu gravir les degrés, ils sont tombés d’une grande chute ; mais dans cette ruine, et au fond de ce précipice, les restes écroulés de leur œuvre surpassent encore toutes les constructions humaines par leur magnificence et par leur masse, et le plan demi-brisé qu’on-y distingue indique aux philosophes futurs, par ses imperfections et par ses mérites, le but qu’il faut enfin atteindre et la voie qu’il ne faut point d’abord tenter.

1402. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Qui donc prononcera sur le degré de férocité que leur a départi la nature et qui n’est qu’un résultat fatal de leur organisation ? […] Un degré moindre de laideur est celui où la forme reste en arrière de son type et ne le révèle qu’imparfaitement. […] Quant à moi, il m’est absolument indifférent de savoir que l’Apollon du Belvédère est le prototype du beau, parce que son angle facial dépasse 80 degrés. […] Le tout est si complètement renouvelé, que ce serait une tâche intéressante pour la critique, non seulement de noter ces altérations, mais leur degré de ressemblance ou de dissemblance avec l’original. […] il se traînait avec effort et chancelait à chaque pas. — On lui fait descendre lentement les degrés ; à peine a-t-il posé le pied sur le second, qu’il roule et tombe : c’était Wasilewski.

1403. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Personne n’a égalé Sterne dans l’histoire de ces hypertrophies humaines ; il pose le germe, l’alimente par degrés ; il fait ramper alentour les filaments propagateurs, il montre les petites veines et les artérioles microscopiques qui s’abouchent dans son intérieur, il compte les palpitations du sang qui les traverse, il explique leurs changements de couleur et leurs augmentations de volume. […] L’excellent docteur Primrose est un ecclésiastique de campagne dont toutes les aventures pendant longtemps consistent « à passer du lit bleu au lit brun. » Il a des cousins au quarantième degré qui viennent manger son dîner et lui emprunter ses bottes. […] Ils veulent être renseignés sur les espèces et les degrés du bonheur et du malheur, sur les variétés et les suites des conditions et des caractères, sur les avantages et les inconvénients de la ville et de la campagne, de la science et de l’ignorance, de la richesse et de la médiocrité, parce qu’ils sont moralistes et utilitaires, parce qu’ils cherchent dans un livre des lumières qui les détournent de la sottise et des motifs qui les confirment dans l’honnêteté, parce qu’ils cultivent en eux le sense, c’est-à-dire la raison pratique.

1404. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

A la distance où nous sommes, au degré d’hérésie où nous ont poussés le temps et l’usage, cela fuit106. […] Elles me semblent une source couverte, discrète, familière, trop rare seulement, qui bruissait à peine sous le marbre des degrés impériaux, qui cherchait par amour les gazons cachés, et qui, depuis la Forêt de Navarre jusqu’à l’ode sur la Statue de Henri IV, dans tout son cours voilé ou apparent, ne cessa d’être fidèle à certains échos chéris. […] Il était, ai-je dit, de l’école française en tout point : et en effet, tout ce qui, à quelque degré, tenait au germanisme, à l’anglomanie, à l’idéologie, à l’économisme, au jansénisme, tout ce qui sentait l’outré, l’obscur, l’emphatique, se liait dans son esprit par une association rapide et invincible ; il voyait de très-loin et très-vite : son imagination faisait le reste. […] En face de ces hommes prodigieux qui apparaissent d’intervalle en intervalle avec le caractère de la grandeur et de la domination, il proclamait, comme non moins utile au gouvernement des États qu’à la conduite de la vie, le bon sens trop méprisé, cette qualité que nous présente le héros américain dans un degré supérieur, et qui donne plus de bonheur que de gloire à ceux qui la possèdent comme à ceux qui en ressentent les effets  : « Il me semble que, des hauteurs de ce magnifique dôme, Washington crie à toute la France : Peuple magnanime, qui sais si bien honorer la gloire, j’ai vaincu pour l’indépendance ; mais le bonheur de ma patrie fut le prix de cette victoire.

1405. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

. —  Tu vois en moi le crépuscule d’un jour — qui, après le soleil couché, s’évanouit à l’occident, —  et que, par degrés, engloutit la nuit noire, —  la nuit, sœur jumelle de la mort, qui clôt tout dans le repos208… Ne pleure pas sur moi quand je serai mort ; —  du moins cesse de pleurer quand cessera de tinter la morne cloche morose, —  avertissant le monde que je me suis enfui de ce monde abject pour habiter avec les plus abjects des vers. —  Ne vous souvenez pas même, si vous lisez ces lignes — de la main qui les a écrites : car je vous aime tant — que je voudrais être oublié dans votre chère pensée, —  si penser à moi vous a faisait quelque peine209. » Ces subites alternatives de joie et de tristesse, ces ravissements divins et ces grandes mélancolies, ces tendresses exquises, et ces abattements féminins, peignent le poëte extrême dans ses émotions, incessamment troublé de douleur ou d’allégresse, sensible au moindre choc, plus puissant, plus délicat pour jouir et souffrir que les autres hommes, capable de rêves plus intenses et plus doux, en qui s’agitait un monde imaginaire d’êtres gracieux ou terribles, tous passionnés comme leur auteur. […] Nous autres, écrivains et raisonneurs, nous pouvons noter précisément par un mot chaque membre isolé d’une idée et représenter l’ordre exact de ses parties par l’ordre exact de nos expressions : nous avançons par degrés, nous suivons les filiations, nous nous reportons incessamment aux racines, nous essayons de traiter nos mots comme des chiffres, et nos phrases comme des équations ; nous n’employons que les termes généraux que tout esprit peut comprendre et les constructions régulières dans lesquelles tout esprit doit pouvoir entrer ; nous atteignons la justesse et la clarté, mais non la vie. […] À un certain degré finit la conscience ; la nature prend sa place, et l’homme court sur ce qu’il désire sans plus penser au juste ni à l’injuste qu’un animal de la forêt voisine. […] Là est le plus haut degré de l’imagination déraisonnable et créatrice.

1406. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Il n’y avait plus qu’un degré à franchir : c’était que, par un dernier effort d’idéalisation, l’artiste ramenât ces divines effigies à une forme suprême, à peu près comme le philosophe opérait la réduction des attributs divins, faisait de toutes les personnalités immortelles un sujet invisible, insondable, éternel, infini, absolu. […] » L’Enterrement possède ces facultés au plus haut degré : il émeut, attendrit, fait sourire, donne à penser et laisse dans l’esprit, malgré la fosse entrouverte, cette suprême tranquillité que partage le fossoyeur, un type grandiose et philosophique que le peintre a su reproduire dans toute sa beauté d’homme du peuple. […] Courbet possède au plus haut degré, c’est la conviction. […] Courbet un talent d’exécution porté à un assez haut degré, quelques personnes, et j’avoue que jusqu’ici j’étais du nombre, espéraient qu’il arriverait un moment où M. 

1407. (1864) Le roman contemporain

Sophie devenue grande dame par un riche mariage, si l’on pouvait parler de richesse quand il s’agit d’un mari joueur, vient au secours de Fernand tombé au dernier degré de la souffrance et de la misère, et malade dans un grenier du splendide hôtel qu’elle habite. […] Tous les auteurs dont je vais parler ne sont pas réalistes au même degré, de la même manière, mais tous se rattachent à cette école par le sensualisme et le matérialisme, ici professé, là seulement mis en pratique. […] C’est ainsi que Henry Mürger trouve le secret d’intéresser à ses personnages, en laissant sur l’arrière-plan ces corruptions hideuses, dernier degré de la dégradation morale, devant laquelle l’art recule impuissant. […] Champfleury fait descendre avec lui à Mariette et au lecteur les degrés de l’escalier, et ne les tient quittes que lorsqu’ils sont à moitié asphyxiés par les senteurs du cloaque dans lequel leurs pieds nagent jusqu’à la cheville, après leur avoir fait traverser toutes les phases intermédiaires de la corruption et du cynisme. […] On le méprise, on le hait, et mademoiselle Marguerite prend tout à coup le parti radical et désespéré d’épouser M. de Bévallan, ce gentilhomme du voisinage, réaliste au troisième degré, et aux dépens duquel elle riait peu de jours avant de tout son cœur.

1408. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Le grand philosophe ne se doutait pas de la liaison intime qu’il y a entre les mœurs et les lettres ; il ne savait pas qu’il y a tel état de mœurs, tel degré de civilisation qui semble exclure le génie ; il n’avait pas lu dans Longin que lorsque les esprits sont énervés par le luxe et les plaisirs, avilis par l’intérêt et les spéculations commerciales, ils ne peuvent plus s’élever à de grandes idées ; j’ajoute qu’ils ne peuvent plus même avoir un sens droit et des idées justes. […] Mademoiselle Clairon aurait désiré plus de fracas et de spectacle : femme à grand talent, à grand caractère, elle avait épousé la secte qui disposait alors de l’opinion ; et l’un des projets des frères pour révolutionner la scène française était d’y introduire par degrés toute la barbarie et toutes les farces du théâtre anglais. […] Égisthe arrive, sur la nouvelle qui s’est répandue de la mort d’Oreste ; on lui fait accroire qu’on va lui montrer son cadavre ; il lève lui-même le voile qui le couvre, et voit le corps de Clytemnestre qu’on vient d’égorger ; c’est le dernier degré de la terreur. […] Je sais bien qu’on ne fait aucun cas de la vertu, des mœurs ; que c’est même un pédantisme trivial d’en parler aujourd’hui, je le sais ; mais je sais aussi que la morale est tellement liée à la politique, que la corruption portée au dernier degré produit l’anarchie, le bouleversement des fortunes, et par conséquent détruit la joie et les plaisirs. […] Dans l’espace d’un jour il fait parcourir à l’inclination naissante d’Araminte tous ses périodes, et la convertit par degrés en amour et en passion violente ; il ne laisse pas au cœur de cette veuve le temps de respirer et de se reconnaître.

1409. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Je crois même que Baudelaire est le seul des poètes du dix-neuvième siècle qui ait eu exactement, au même degré qu’un chrétien du dix-septième, cette notion du péché, principalement de la forme du péché à laquelle toutes les autres se ramènent comme toutes les preuves rationnelles de Dieu se ramènent à la preuve ontologique : le péché originel. […] Il le doit à une qualité qu’il possède à un degré extraordinaire, la mémoire. […] Fromentin prendrait parfaitement place dans cette série, n’étaient les différences de degré qui font que sa place de critique est moindre, sa place de romancier plus haute. […] Une nouvelle de Mérimée, un article de Sainte-Beuve, une lettre de Doudan, comptent davantage puisqu’ils sont écrits, publiés, et d’un style achevé. » En réalité, il y a là deux forces qui, à un certain degré d’intensité, ne peuvent pas se rejoindre en un seul être et doivent être cultivées en des individus spécialisés. […] À ce degré de désintéressement, il n’écrit même pas pour se lire.

1410. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Une passion, parvenue au dernier degré de violence, et qui se heurte contre un devoir ou contre quelque autre obstacle, et la lutte, le triomphe ou la défaite de cette passion. […] Il possède, à un degré éminent, le talent de « conter » ; il a quelque chose de la tranquillité et de la lucidité d’Alain Lesage. […] Vivants aussi, à des degrés divers, ce marquis d’Auberive, dont M.  […] C’est d’être, à un degré qui rend la chose originale en ce temps de septentriomanie, — peut-être, il est vrai, finissante, — un beau drame français, écrit en français, avec une ingénuité, une générosité, une chaleur et une clarté toutes françaises, par un Parisien de Paris. […] pour Maxime, et les degrés, — et les moments, — de sa sincérité vis-à-vis de l’un et de l’autre.

1411. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

C’est là un degré de vertu auquel je désespère d’atteindre jamais. […] Aussi bien Paul Verlaine, qui est de bonne bourgeoisie et fils d’un capitaine du génie, n’eut jamais à aucun degré le sentiment bourgeois ni l’instinct de classe. […] À un certain degré de perfection intellectuelle, on ne vit plus que par curiosité. […] Voilà, de la Picardie à l’Ile-de-France, les degrés du bien au mal chez les dames. […] Monselet eut l’illusion en portant son habit chez ma tante de gravir les degrés honorés par les pas de Molière.

1412. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

On ne saurait imaginer à quel degré d’insignifiance et de pâleur en était arrivée la littérature. […] Arrivés devant la porte, au moment de tirer le cordon de la sonnette, pris d’une terreur folle, nous tournâmes les talons et nous descendîmes les degrés quatre à quatre poursuivi par nos acolytes qui riaient aux éclats. […] Il faut d’abord bien se figurer qu’à cette époque, en France, dans la poésie et même aussi dans la prose, l’horreur du mot propre était poussé à un degré inimaginable. […] Il a pu descendre les degrés de cette cave de Berlin au fond de laquelle glissait trop souvent l’auteur de la Nuit de la Saint-Sylvestre et du Pot-d’Or. […] Un amour heureux ou malheureux, nous l’ignorons, tant sa réserve était grande, et auquel il a fait lui-même dans plusieurs de ses œuvres, des allusions pudiques et voilées, porta cette exaltation, jusque-là intérieure et contenue, au dernier degré du paroxysme.

1413. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Durant ce séjour à Buriton, il prend possession de la bibliothèque de son père, qui était d’abord bien inégalement composée ; il l’accroît, il l’enrichit avec soin, et en forme par degrés une collection à la fois considérable et choisie, « base et fondement de ses futurs ouvrages, et qui deviendra désormais la plus sûre jouissance de sa vie, soit dans sa patrie, soit à l’étranger ».

1414. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Au resteh, à cette date, Duclos ne songeait qu’à vivre, à se livrer à l’ardeur et à la fougue de ses sens, à cette vivacité courante de son esprit qui se dépensait chaque jour, qui faisait feu à bout portant ; et l’idée de composer des livres ne lui vint qu’ensuite et par degrés : encore ne s’y appliqua-t-il jamais dans le silence du cabinet, avec cette passion concentrée et dominante qui est le signe et la condition de toute œuvre littéraire mémorable.

1415. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru, j’ai cherché à me bien rendre compte et de la nature et du détail même de certaines de ses fonctions, soit dans leur partie obéissante et passive, de pure exactitude, soit dans leur portion mobile et indéterminée où l’exécution même demandait un degré d’initiative et des combinaisons qui se renouvelaient sans cesse : je voulais ensuite rendre à mes lecteurs, dans une page générale et pourtant précise, l’impression que j’aurais reçue de cette analyse première.

1416. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Il est évident qu’il ne croit pas à la liberté dans le sens philosophique du mot ; il explique toute la diversité qu’on voit dans les pensées et par conséquent dans la vie des hommes, indépendamment des divers âges du monde et des états ou degrés de civilisation où ils naissent, par le tempérament, la fortune et l’habitude ; et il en vient ainsi, d’une manière un peu couverte, à exposer ce que nous appellerions sa philosophie de l’histoire.

1417. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Ces trois ou quatre points, sur lesquels il veut attirer son attention d’homme à jeun, sont précisément les divers degrés d’impression et de sensation, puis de jugement et de raisonnement, de réflexions générales ; la conception que nous avons du passé, du présent et de l’avenir ; la faculté de retour et de considération interne sur nous-mêmes ; l’invention et la découverte des hautes vérités ; tant de sublimes imaginations des beaux génies, « une infinité de pensées enfin, si grandes et si vastes, et si éloignées de la matière qu’on ne sait presque par quelle porte elles sont entrées dans notre esprit », toutes choses qui restent à jamais inexplicables pour une philosophie atomistique et tout épicurienne.

1418. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Cette originalité, jointe aux vertus et aux qualités morales les plus fines qui sont l’âme de cette poésie, se rencontre au plus haut degré en un poète anglais bien connu de nom, mais trop peu lu en France, et dont je voudrais présenter une idée précise et vive, par opposition aux divers noms que je viens de passer en revue.

1419. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Je la vis hier chez M. le maréchal de Villars ; on lui demanda à quel degré elle était parente de la reine ; elle répondit que les reines n’avaient point de parents. » Besenval fut donc un Soleurois très nourri et acclimaté à Versailles.

1420. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

La nouveauté de cette correspondance est la duchesse de Choiseul, que l’on connaissait déjà pour son mélange de grâce et de raison d’après les témoignages unanimes des contemporains, mais pas à ce degré où la montrent au naturel cette suite de lettres vives, spirituelles, sensées, sérieuses, raisonneuses même, passionnées dès qu’il s’agit de la gloire et des intérêts de son époux.

1421. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Cette fois il sut se détourner à temps et alterner dans le mode de sa sensibilité : Je me mis à la considérer (la nature) encore plus attentivement que de coutume, et par degrés la fermentation s’adoucit ; car il sortait des champs, des flots, des bois, une vertu suave et bienfaisante qui me pénétrait et tournait tous mes transports en rêves mélancoliques.

1422. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Béranger est déiste ; il l’est très sincèrement, et au degré où cette croyance influe sur la pratique.

1423. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

» Louis XIV n’était, à aucun degré, comédien, Il n’avait point de masque à ôter.

1424. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

on a ses mesures et ses degrés : on est aussi des classiques dans son genre et à sa manière.

1425. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

» Elle lut Lamartine à seize ans, les Méditations, et ne retrouva jamais depuis, au même degré, ce charme indicible, cette extase première ; Lamartine resta toujours pour elle « le cher poëte » par excellence.

1426. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Ceux qui s’intitulent philosophes et qui ne sont que des professeurs ou des raisonneurs de philosophie, ne se doutent pas du degré de philosophie véritable auquel atteignent naturellement et de prime saut quelques-unes de ces natures qu’on appelle artistes. — Mais Michel, après avoir fait voir et dire à l’oiseau babillard tant de choses merveilleuses et à étonner les simples, se rabattait l’instant d’après à donner à Marie d’aimables et riants conseils, bien capables de l’apprivoiser : « La vie, telle qu’elle est, est pleine de choses heureuses, Marie ; les plaisirs de la pensée sont infinis.

1427. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Ces deux hommes d’ailleurs, également courageux et sans peur, marchant également tête haute et la poitrine en dehors, aimaient la liberté, mais différemment : l’un, qui n’a pas donné son dernier mot et dont on ne peut que deviner l’entière pensée tranchée avant l’heure, aimait la liberté, mais armée, glorieuse, imposante, et, pour tout dire, la liberté digne d’un consul : — il faut convenir aussi que cette forme a bien de l’éclat et de l’attrait ; — il aimait la liberté réglée par les mœurs, par les lois mêmes, la liberté organisée et peut-être restreinte ; l’autre aimait et voulait la liberté complète, cosmopolite, individuelle au suprême degré dans tous les genres, civile, religieuse, intellectuelle, industrielle, commerciale, à la manière d’un Hollandais, d’un Belge ou d’un citoyen de New-York : le plus Américain des deux n’était pas celui qui croyait l’être.

1428. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

J’ai dit le meilleur ou le plus mauvais, s’empresse-t-il d’ajouter, mais il ne saurait être le plus mauvais, et je me repens de l’avoir dit ; car, d’après l’opinion de mes amis, il doit atteindre au plus haut degré d’excellence littéraire possible, humainement parlant. » On voit quelle était l’affection et la prédilection de Cervantes pour ce dernier-né de son intelligence.

1429. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

franchement, si ami que je sois de la réalité, je regrette que Mme Roland n’ait pas obéi jusqu’à la fin au sentiment de répulsion instinctive qui lui avait fait ensevelir en elle ce triste détail, et qu’elle ait cru devoir consigner si au long un incident plus que désagréable ; pour l’excuser, pour m’expliquer cette franchise que personne au monde ne lui demandait à ce degré, j’ai besoin de me représenter l’autorité suprême et l’ascendant prestigieux que l’exemple de Rousseau avait pris sur elle et sur les personnes de sa génération.

1430. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

cet excès de précaution contre soi-même poussé à ce degré est puéril.

1431. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Une lettre de Louvois nous montre le genre et le degré de confiance qu’on avait en Catinat ; on lui avait donné pour collègue à Saint-Ghislain M. de Quincy, chargé du commandement de la cavalerie, un caractère épineux, un homme difficile à vivre : « M. de Quincy, lui écrivait Louvois (îfi décembre 1677), est chargé du commandement de la cavalerie et des dragons de Saint-Ghislain, et des autres villes des environs.

1432. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Je n’ai jamais été dans la politique, ni témoin de ces sortes d’intrigues ; mais la littérature a aussi ses compétitions, ses jalousies et ses roueries, et il est telle rencontre particulière, telle circonstance intime et avérée qui m’a suffi pour me former une idée exacte sur la moralité et le degré de délicatesse de certains hommes de talent que chacun vante et que je connais.

1433. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Si c’était le cas de plaisanter, on dirait vraiment, à lire ces quelques extraits, que l’abbé affecte de quitter la reine par degrés, par accès et intermittence, et comme s’en va peu à peu une petite fièvre dont on ne désire pas le retour.

1434. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Fournier, qui lui-même tâche beaucoup et renchérit sur chaque détail, et qui ne laisse rien passer sans en exprimer avec effort un sens caché, je faisais cette réflexion : Des esprits élégants, sans beaucoup de précision, régnaient autrefois dans la littérature ; d’autres leur ont succédé, qui ont essayé d’atteindre à l’exactitude et à la précision, même au prix de quelque élégance ; mais les derniers venus portent ce zèle, cette démangeaison continuelle de la précision ou de ce qu’ils considèrent comme tel à un point de subtilité et de minutie qui, s’il était poussé à un degré de plus, irait jusqu’à déformer les plus beaux sujets littéraires et à n’y rien laisser subsister de naturel.

1435. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Je vois devant moi les hommes qui, à des degrés divers, ont donné à la scène française son éclat et ses nuances de nouveauté depuis plus de vingt ans ; ce n’est pas devant ces juges du camp, qui ont pratiqué l’arène, ce n’est pas devant le grand poëte qui me fait l’honneur de me recevoir en ce moment au nom de l’Académie, glorieux champion dans bien des genres, et lui-même l’un des maîtres du combat, que je viendrais étaler et mettre aux prises des théories contradictoirement discutables, tour à tour spécieuses, mais qui n’ont jamais de meilleure solution ni de plus triomphante clôture que ce vieux mot d’un vainqueur parlant à la foule assemblée : Allons de ce pas au Capitole remercier les Dieux ! 

1436. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Malherbe et Balzac fondèrent dans notre littérature le style savant, châtié, poli, travaillé, dans l’enfantement duquel on arrive de la pensée à l’expression, lentement, par degrés, à force de tâtonnements et de ratures.

1437. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

L’empereur était sur le perron, impatient de partir pour la chasse ; les fougueux équipages, au bas des degrés, trépignaient.

1438. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Et selon ces lois, les œuvres se classent d’après leur degré d’universalité et d’intelligibilité : la littérature se construit sur le même plan que la science.

1439. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Enfin par certaines combinaisons régulières ou du moins correctes, mais qui détournent les constructions de leur emploi ordinaire comme les tropes détournent les mots de leur sens commun, on peut rendre certains sentiments et certaines idées dont la langue ne pourrait autrement marquer l’exact degré et la couleur particulière.

1440. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il a découvert et décrit tout ce réseau subtil de sentiments entre-croisés qui forme l’unité apparente du sentiment ; il a noté toutes ces petites nuances, ces imperceptibles mouvements qui en indiquent les états passagers et les degrés successifs.

1441. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Cela est vrai, à des degrés divers, d’Edmée et de Germaine : Edmée, une jeune fille trop savante et trop curieuse — sauvée par sa science précoce et par sa fierté ; Germaine, une jeune femme qui a la coquetterie des sens, « une coquetterie épidermique, animale, d’un caractère étrange, presque monstrueux, féminin quand même », sauvée, celle-là, on ne sait par quoi, par sa froideur foncière, par sa paresse, parce qu’il faut un effort pour franchir le dernier pas… Mais que nous importe que ces fausses honnêtes femmes soient sauvées ?

1442. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Renverser les aigles, détruire les ouvrages d’art élevés par les Hérodes, et où les règlements mosaïques n’étaient pas toujours respectés 175, s’insurger contre les écussons votifs dressés par les procurateurs, et dont les inscriptions paraissaient entachées d’idolâtrie 176, étaient de perpétuelles tentations pour des fanatiques parvenus à ce degré d’exaltation qui ôte tout soin de la vie.

1443. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

C’est une haute leçon de politique ; il est seulement curieux que ce soit celui qui l’a pratiquée à ce degré, qui nous la divulgue avec cette sorte d’indiscrétion ou de franchise.

1444. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Mais, en passant dans le monde oriental où tout nous est étranger, il est difficile de se prêter à ces traditions merveilleuses, gigantesques, qui ne nous concernent plus à aucun degré, et l’on est embarrassé, à travers ces flots de couleur nouvelle, de faire la part de ce qui revient en propre au talent du poète.

1445. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Tout ce joli parler est déduit ici au long avec une vérité de nature qui, poussée à ce degré, est plus que la science des mères, et qui est le don unique du génie.

1446. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Mais, aux abords de l’Empire, toute cette ardeur s’amortit par degrés, et cette mêlée s’éclaircit beaucoup.

1447. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Établissant des degrés dans le mal et dans la calamité publique : La paix vaut mieux que la guerre, dit-il ; la guerre qui est faite contre l’ennemi étranger est beaucoup plus tolérable que l’autre qui se fait de citoyen à citoyen : mais, entre les guerres civiles, il n’y en a point de si aiguë, et qui apporte tant de maux, que celle qui est entreprise pour la religion… Il y a deux grands camps par la France… Il revient en maint endroit sur cette idée que, de toutes les guerres, il n’en est de pire que celle qui se fait sous voile de religion.

1448. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Notre philosophe dit quelque part (livre II, chapitre xvii) qu’il connaît bien assez d’hommes qui ont diverses parties très belles : l’un, l’esprit ; l’autre, le cœur ; l’autre, l’adresse ; tel la conscience, tel autre la science, plus d’un le langage ; enfin chacun a sa partie : « Mais de grand homme en général, et ayant tant de belles pièces ensemble, ou une en tel degré d’excellence, qu’on le doive admirer ou le comparer à ceux que nous honorons du temps passé, ma fortune ne m’en a fait voir nul… » Il fait bien ensuite une exception pour son ami Étienne de La Boétie, mais c’est là un de ces grands hommes morts en herbe et en promesse, et sans avoir eu le temps de donner.

1449. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Cet aveu nous donne la clef principale de la conduite de Mme de Maintenon pour l’ensemble des premières années : active, obligeante, insinuante sans bassesse, entrant avec une extrême sensibilité dans les peines et les embarras de ses amis et leur venant en aide, non point par amitié pure, non point par sensibilité véritable, ni par principe de tendresse et de dévouement, mais parce que, tenant plus que tout à leur jugement et à leur appréciation, elle entrait nécessairement dans tous les moyens de s’y avancer et de s’y placer au plus haut degré : la voilà bien comme je me la figure.

1450. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Pourtant toutes ces premières fondations de Colbert ne se maintinrent pas à un égal degré ; il y eut quelquefois plus de façade que de fond, plus de tenture que de solide.

1451. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Elle jugea du premier coup d’œil les esprits des grands et ne se fit aucune illusion sur le degré d’appui qu’on pouvait espérer d’eux : « Avec ces gens-ci, écrivait-elle à M. de Torcy, le plus sûr est de témoigner de la fermeté.

1452. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Je ne parle que des lionnes, dira-t-on ; mais il y en avait à bien des degrés et à plus d’un étage.

1453. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Si le spectacle des troubles et des émotions civiles où elle a été mêlée a semblé servir quelquefois à la fortifier et à l’élever même, un tel spectacle la contriste encore plus, et l’égarerait à coup sûr en se prolongeant : c’est surtout à l’heure où ces troubles s’apaisent et où ils sont encore à l’état de récent et de vif souvenir, que la littérature peut heureusement s’en inspirer pour jouir du calme rétabli, du sentiment de la civilisation reconquise, pour y porter un zèle ému, une ardeur trop longtemps contrainte et retardée, pour y signaler et pour y produire à quelque degré l’effet d’une renaissance.

1454. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

D’intelligence forte et saine, ayant au plus haut degré la volonté du bien, il a mis son grand, son très grand talent, son impeccable probité littéraire au service des vertus de la classe moyenne.

1455. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

C’est une croyance bien portée et qui élève d’un degré social quiconque en fait profession.

1456. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Tels sont les degrés successifs et les nuances par lesquels Mme Daniel Stern, cette effrayante éleveuse de pédantes, croit nous amener à l’émancipation définitive de son sexe, qui est toute la politique pour elle.

1457. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Seul, peut-être, l’auteur de l’Histoire de la Comédie pourrait nous dire à quel degré ont fléchi ses facultés premières, dont je retrouve avec tant de joie la trace étincelante dans son livre, et quel parti il pourrait en tirer encore si jamais il était las de son métier de casseur de mots, plus dur, selon moi, que celui de casseur de pierres.

1458. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Elle a senti les beautés et les laideurs des œuvres, ce qui n’est que le premier degré de l’intelligence, et, après les avoir senties, elle les a décrites et caractérisées, ce qui n’est encore que le second.

1459. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Romantique de la première levée et du premier bataillon, il n’avait pas tout ce qu’avaient, à un suprême degré, tous ces truculents, comme disait Théophile Gautier, qui était un des leurs.

1460. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

On s’imaginait tout connaître de cette intelligence profonde et grave, et dont l’éclat est d’autant plus vif et plus dardant que son bloc, comme celui du diamant, est plus massif et plus solide, quand, bien du temps après sa mort, on s’est avisé de publier sa Correspondance avec sa fille, qui étonna tout à la fois et qui ravit, et modifia, pour la plupart des lecteurs, qui n’ont pas vu le lion quand il aime, la physionomie de ce lion-ci, qui avait la grâce au même degré que la force, car il ne pouvait pas l’avoir davantage !

1461. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Brizeux, le Breton Brizeux, passe pour national, et il l’est, jusqu’à un certain degré, sans nul doute ; mais il ne l’est pas comme il devrait l’être !

1462. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Animé au plus haut degré de l’esprit de sacrifice, il sait le communiquer aux troupes dont il exalte les forces morales.

1463. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Ensuite l’orateur entrant dans le détail des victoires, des faits d’armes, de toutes les grandes actions de Du Guesclin, prouva que ce grand homme avait rempli tous les devoirs d’un vrai chevalier, puisqu’il avait uni au plus haut degré la probité et la valeur.

1464. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Là se remarque bien cette action générale de l’esprit d’un peuple conduit par degré à un point plus élevé de puissance et de culture sociale.

1465. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

On y verra en outre jusqu’à quel degré les idées de réforme que le maître voulait mettre en œuvre avaient été dépassées par ses élèves, et comment le goût des études classiques et même de l’érudition s’empara de l’école de David à cette époque. […] Il faut même ajouter que la qualité de Français chez le peintre dont je copiai l’ouvrage fut un moyen de réprimer la révolte intérieure de mon esprit, qui sentait le besoin d’être autorisé par un exemple pour se soumettre à reconnaître la supériorité de l’école italienne sur l’école française. » L’exécution de cette copie de la Cène, fort bon ouvrage en son genre, et où David déploya une fermeté de pinceau qu’il n’avait point encore montrée au même degré dans ses précédentes études, fut donc un événement grave dans la vie de cet artiste. […] David présenta donc à la Convention, six jours avant la chute de Robespierre, un plan pour cette fête, précédé d’un discours dont quelques passages pourront faire juger jusqu’à quel degré d’aveuglement ce malheureux artiste avait été poussé. […] Durant les fêtes qui furent données à Bonaparte pendant son séjour à Paris, il n’y eut personne qui ne fît, en le voyant, l’observation qu’Étienne avait faite en se trouvant avec lui dans l’atelier des Horaces ; on fut généralement frappé de la réserve extraordinaire d’un homme de cet âge et parvenu sitôt à un tel degré de gloire. […] Toutefois David, qui possédait à un si haut degré l’art d’enseigner, loin de contrarier la prédilection que plusieurs de ses élèves montraient pour le musée moderne, les laissa suivre leur penchant : « Il vaut bien mieux, disait-il, faire de bons tableaux de genre que de médiocres peintures d’histoire. » Mais lui-même il n’échappa pas entièrement au goût nouveau qui s’était introduit dans l’art, non pas tant encore par la vue des anciens monuments français, que par les brillantes compositions de son élève Gros sur des sujets contemporains.

1466. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Petit de Julleville, mais celle du moyen âge l’a été au plus haut degré. » Et ailleurs : « C’était une idée fort répandue à cette époque de libre jugement et de libre parole (les matières du dogme seules exceptées) que le monde était surtout composé de fous… Lâchez sur la scène une troupe de fous de tout habit et de tout rang, roi, juge, abbé, gentilhomme ou laboureur, toutes les absurdités qu’ils pourront faire offriront une assez juste image de la société humaine. » Or, ce pessimisme ne se rencontre pas au même degré, il s’en faut, dans la comédie antique. […] Logicien, il l’est éminemment, et dans le même degré où il manque de sensualité. […] Ne pensez-vous pas que l’insensibilité extérieure des personnages de Molière soit explicable par des raisons analogues à celles qui justifient, à quelque degré, l’insensibilité de Mme de Sévigné ? […] Mais surtout les tableaux de Manet sont, éminemment, des tableaux de peintre : au lieu que les drames de Diderot ne sont, à aucun degré, des pièces d’auteur dramatique. […] Je crois au talent du jeune Dehelly ; je serais mieux fixé sur le degré et la qualité de ce talent, si je l’avais entendu dans le rôle de quelque Horace ou de quelque Dorante.

1467. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Ainsi l’art restitue, par degrés, une vie de notions plus détaillée : il prend un sujet total sans cesse plus restreint, afin d’en tirer des éléments plus nombreux. […] Celle-ci leur dut ses formes successives ; elle leur doit aujourd’hui la conservation de ces formes, correspondantes aux degrés divers de l’hétérogénéité intellectuelle. […] Par degrés, les sensations et les notions se décolorent ; la création des images s’apaise ; un voile couvre la folle danse, ralentie. […] C’est que seul parmi nous, ou du moins à un plus haut degré que tout autre, M.  […] Taine ; et, même par notre temps d’anglomanie, on est surpris d’une anglomanie poussée à ce degré.

1468. (1893) Alfred de Musset

Il était déjà, au suprême degré, impressionnable, excitable, et même éloquent, s’il faut en croire son frère Paul. […] Elles auront été poètes elles-mêmes pendant toute une soirée, et se seront ainsi élevées d’un degré sur l’échelle des créatures. […] Musset n’a rien écrit de plus impie, en ce sens que nulle part il n’a exalté l’« idolâtrie de la créature » à un tel degré, et avec autant d’éloquence, ne laissant qu’elle pour horizon à l’humanité avilie, ne voyant qu’elle pour fin de l’« immortelle nature ». […] L’instinct lui révélait les relations mystérieuses qui existent entre la sonorité des mots employés et l’image qu’on veut évoquer, puissance indépendante de la valeur de l’idée exprimée et à laquelle le large mouvement de l’alexandrin est au plus haut degré favorable. […] Quand vous voudrez me faire un compliment, appelez-moi votre ami. » Mais on a beau être modeste, il y a un degré d’indifférence qui chagrine et décourage un écrivain, et le poète des Nuits en avait fait la dure expérience.

1469. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Ils sont les gardiens de l’unité nationale en ce qu’ils rattachent de degré en degré le peuple au monarque ; ils sont les gardiens de la continuité nationale en ce qu’ils maintiennent les traditions. […] Quand il prend rang, il ne fait, à juger un peu sévèrement les choses, qu’élever l’égoïsme à un certain degré où il change de nom, sans changer complètement de nature.

1470. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Et au deuxième degré on pourrait peut-être dire que la première est d’origine chrétienne et que la deuxième serait peut-être d’origine impériale. […] Il faudrait peut-être dire qu’elle fut sainte au deuxième degré et qu’elle fut martyre au deuxième degré. […] C’est ce que je nomme une épreuve au deuxième degré, une sainteté, un martyre au deuxième degré. […] Faire la guerre à l’ennemi, être en proie à l’ennemi, je ne dis pas que ça ne serait rien, mais enfin ce serait, c’est le premier degré. Faire la guerre à son frère, être en proie à ceux de sa race spirituelle, voilà le deuxième degré de l’épreuve et voilà l’épreuve redoublée.

1471. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Ce don de description, cette faculté de transmission d’impression, il les possède au suprême degré ; c’est un paysagiste fidèle qui laisse loin les maigres détails ; de la photographie, c’est un huissier fureteur qui, dans une bonne et solide langue, fait le consciencieux inventaire de tout ce qu’il a vu. […] Il s’y prit de façon si maladroite qu’il heurta contre le premier degré et tomba tout de son long, les mains en avant, le nez contre terre. […] En ce moment même, Jeanne, debout sur l’avant du canot, faisait le geste de poser le pied sur le premier degré de l’escalier ; la marquise, tendant brusquement la rame qu’elle avait saisie, en appuya la palette contre la paroi du rocher et imprima à la barque un violent mouvement de recul. […] La marquise s’était rapprochée de la rive avec une précipitation fiévreuse ; elle descendit de la barque et escalada les degrés. […] Imaginez un peu le plaisir qu’il y a de recevoir des harangues et d’embrasser des demoiselles habillées de blanc qui vous offrent des bouquets par trente degrés au-dessus de zéro !

1472. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

si j’étais devenu prêtre et si j’étais monté de degré en degré jusqu’à être archevêque de Paris, grâce à la simonie, s’entend, point pour mes vertus, naturellement. […] L’existence d’un grand poète, — non d’un poète, car il n’y a pas de degrés, — ne devrait pas être ouverte aux regards de tout le monde ; il y a je ne sais quoi de sacré en elle, le principe même de l’individualité humaine, qui est chose ineffable. […] « Pour moi j’ai toujours fait de mon mieux pour donner à chaque phrase le degré de clarté qu’elle comportait, et je crois bien y avoir réussi. […] À un degré plus haut de l’échelle sociale, la peur ne nous paraît plus produite par la malignité d’un pouvoir mystérieux au-dessus de nous, mais elle est causée par nos propres sentiments confus et tyranniques. […] Voilà pourquoi dans l’échelle de l’humanité nous mettrons au degré le plus haut un génie dilettante comme Léonard de Vinci.

1473. (1896) Études et portraits littéraires

Absolu, sans relâche ni degré, il exclut ou annihile tout autre sentiment, il emplit et durcit tout l’être moral. […] Sous toutes les latitudes, à tous les degrés de civilisation, à toute heure de l’histoire, les grands traits originels persistent. […] On y reconnaît, au surplus, sa marque, son tour, et il nous renseigne curieusement sur son degré de formation littéraire à vingt-six ans. […] « La vie est une source qui se renouvelle à condition de se répandre… Chacun a besoin de faire quelque chose pour autrui, d’être pour autrui cause de quelque bien, de quelque degré d’être, de quelque surplus d’être, si je puis dire, et sans cette générosité qui nous fait sortir de nous et donner notre vie à d’autres que nous, nous ne sommes pas bien nous-mêmes : notre vie, qui ne se dépense pas, languit et s’use… Le vivant semble tirer tout à soi ; mais, quand il est bien soi, il sort de soi. » En ces termes, M.  […] Théâtre de l’épreuve humaine, la terre demande le labeur humain qui, en y mettant, fut-ce au plus humble degré, l’empreinte de l’intelligence, y laisse, en quelque mesure, la marque de Dieu.

1474. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

et ne semble-t-il pas qu’en mettant le pied hors de l’île désenchantée où il va être laissé à lui-même, nous allons le voir retomber dans son état naturel de masse inerte, s’assimilant par degrés à la terre dont il est à peine distinct ? […] Bien qu’ils ne tinssent, à ce qu’il paraît, à la haute noblesse d’Écosse que par des degrés assez « éloignés, les nobles, dit la chronique, furent très-offensés de cette extrême rigueur, regardant comme un déshonneur, pour des gens descendus de noble parentage, d’être contraints de gagner leur vie par le travail de leurs mains, ce qui n’appartient qu’aux hommes de la glèbe et autres de la basse classe, nés pour travailler à nourrir la noblesse et pour obéir à ses ordres ». […] Schlegel, il n’y a pas de degrés dans l’incroyable ; si l’on accorde une des ressemblances, on aura tort de faire des difficultés pour l’autre ; et si les spectateurs s’amusent des méprises, elles ne pourront jamais se croiser et se combiner trop diversement. […] Ce récit de Hollinshed est emprunté à Geoffroi de Monmouth, qui a probablement bâti l’histoire de Leir sur une anecdote d’Ina, roi des Saxons, et sur la réponse de la plus « jeune et de la plus sage des filles » de ce roi, qui, dans une situation pareille à celle de Cordélia, répond de même à son père que, bien qu’elle l’aime, l’honore et révère autant que le demandent au plus haut degré la nature et le devoir filial, cependant elle pense qu’il pourra lui arriver un jour d’aimer encore plus ardemment son mari, avec qui, par les commandements de Dieu, elle ne doit faire qu’une même chair, et pour qui elle doit quitter père, mère, etc. […] Des partis toujours aux prises pour s’arracher le pouvoir, tour à tour vaincus et méritant leur défaite, sans que jamais un seul ait mérité la victoire, n’offrent pas un spectacle très-dramatique, ni très-propre à porter nos sentiments et nos facultés à ce degré d’exaltation qui est un des plus nobles buts de l’art.

1475. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Si ennuyeux que soit Tiff, — et il l’est à un degré remarquable, — il ne mérite point une aussi détestable reliure. […] Mahaffy montre un degré de partialité politique et de cécité littéraire vraiment extraordinaire. […] Stillman n’entreprend pas de trancher cette question avec quelque degré de certitude, mais il est évident que cela dut avoir lieu après l’établissement de l’hégémonie romaine. […] Cumberland, des idées très amères au sujet de La-Ki-Wa, mais elles s’adoucirent par degrés, quand il se fut souvenu de ce qu’il lui devait. » Tout finit heureusement. […] Dire Mither, au lieu de Mother, donne à certains la sensation romantique au plus haut degré d’intensité.

1476. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

On me fait remarquer que ceux de Leopardi, en se rattachant à cette dernière école pour la netteté, paraissent avoir gardé de la facilité de l’autre : les connaisseurs diront le degré exact et à quel point ils les jugent bien frappés. […] Mais de plus lui-même, sans s’en douter, il avait gardé du christianisme en lui ; les anciens n’aimaient pas, à ce degré de passion qu’on lui verra, l’amour et la mort : quelques-unes de ses pièces semblent être d’un Pétrarque incrédule et athée (pardon d’associer ces mots !)

1477. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

La passion des livres, qui semble devoir être une des plus nobles, est une de celles qui touchent de plus près à la manie ; elle atteint toutes sortes de degrés, elle présente toutes les variétés de forme et se subdivise en mille singularités comme son objet même. […] Il alla, en 1633, prendre ses degrés à Padoue, à cause de la charge de médecin honoraire de Louis XIII que son cardinal lui avait fait obtenir.

1478. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Ils ont à un haut degré le sens du vrai, non pas de cette vérité large, concrète, réelle, que j’ai admirée dans Shakespeare, mais d’une vérité plus pure, plus générale et plus philosophique, qui supprime dans les représentations de l’art le détail et l’accident, pour dégager et mettre en lumière l’idée essentielle. […] Cette conscience de la libre personnalité et de ses droits doit s’être manifestée à un plus haut degré encore pour que la comédie puisse apparaître.

1479. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Ainsi l’homme libre commande à l’esclave tout autrement que l’époux à la femme et le père à l’enfant ; et pourtant les éléments essentiels de l’âme existent dans tous ces êtres, mais ils y sont à des degrés bien divers. […] On doit les supposer dans tous ces êtres, mais à des degrés différents, et seulement dans la proportion indispensable à la destination de chacun d’eux.

1480. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

On a souvent représenté la dialectique platonicienne comme la méthode qui, des idées particulières, s’élève de degré en degré à des notions de plus en plus générales, pour aboutir par toutes les voies à cette idée suprême et universelle du bien, « qui illumine le monde intelligible, comme le soleil éclaire le monde des sens ».

1481. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Car, au traité qu’on devra signer avec le directeur ou l’éditeur il y aura toujours en réserve un certain article vous mettant en mesure d’allonger ou de restreindre la sauce, selon le degré de faveur et de curiosité publiques. […] Piquons au passage une anecdote instructive, uniquement pour nous rendre compte du degré d’aisance et de commodité auquel une grâce d’état spéciale leur permet de réduire le poids incommode des scrupules de l’art.

1482. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Dépossédé par ce fougueux conquérant, le vieil Océanos tomba par degrés à l’état de divinité honoraire. […] La Grèce, entre tous ses dons, eut au degré suprême le génie des analogies.

1483. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Eh bien, ça devrait être le contraire dans le mariage, pour que le mariage soit heureux, il faudrait que la femme eût dix ans plus que le mari… et à ce sujet remarquez que le bonheur tranquille de certains ménages d’hommes encore jeunes, qui ont épousé des touffiasses plus vieilles qu’eux, ça tient à ce qu’elles ont dépensé leur vitalité, et qu’elles se trouvent au même degré d’assouvissement et d’éteignement de la chair, que leurs maris. […] Pourquoi l’horreur à un certain degré dans les histoires, au lieu d’apitoyer, pousse-t-elle à rire ?

1484. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Mais voici que l’intelligence, haussant la fabrication de ses instruments à un degré de complication et de perfection que la nature (si inapte à la construction mécanique) n’avait même pas prévu, déversant dans ces machines des réserves d’énergie auxquelles la nature (si ignorante de l’économie) n’avait même pas pensé, nous a dotés de puissances à côté desquelles celle de notre corps compte à peine : elles seront illimitées, quand la science saura libérer la force que représente, condensée, la moindre parcelle de matière pondérable. […] L’information qui nous viendrait ainsi ne concernerait peut-être que ce qu’il y a d’inférieur dans les âmes, le dernier degré de la spiritualité.

1485. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Ogni opera di scienza è insieme opera d’arte 40. » L’expression (art) est le premier degré, indispensable ; la notion (science) est un second degré.

1486. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Le tout permet de prononcer avec exactitude sur son degré d’insuffisance à la tête des affaires, et sur les motifs d’excuse qui sont à sa décharge.

1487. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Voici un petit bulletin suivi qui donne la mesure et le degré de l’amabilité de Gibbon pendant ce séjour à Paris ; je le tire des Lettres de Mme Du Deffand à Horace Walpole : (18 mai 1777).

1488. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Dieu a conduit Saint-Cyr par degrés.

1489. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Ne le quittons point aujourd’hui nous-même sans saluer en lui cet ensemble de qualités jeunes, aimables, ingénues et fidèles, qui ne se retrouveront plus depuis au même degré.

1490. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Un jour à Rome, assis sur les degrés de l’église de San Pietro in Montorio, contemplant un magnifique coucher de soleil, il vint à songer qu’il allait avoir cinquante ans dans trois mois, et il s’en affligea comme d’un soudain malheur.

1491. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Il est un point sur lequel il faut passer condamnation une fois pour toutes, afin d’être juste ensuite envers Mme Dacier : elle n’entend pas la raillerie, elle n’est à aucun degré femme du monde, et elle manque d’un certain goût, d’un certain tact rapide qui est souvent la principale qualité de son sexe.

1492. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Toutefois, une opposition s’étant élevée dans la Chambre au sujet de sa nomination, il vit qu’il aurait à comparaître à la barre et à y subir une espèce d’examen sur son degré d’aptitude et de capacité.

1493. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Quelques-uns de ceux même qui ont eu l’idée d’introduire chez nous des images de la poésie familière et domestique, et qui y ont réussi à certain degré, n’en ont pas eu assez la vertu pratique et l’habitude dans la teneur de la vie ; ils en ont bientôt altéré le doux parfum en y mêlant des ingrédients étrangers et adultères, et l’on a trop mérité ce qu’un grand évêque (Bossuet) a dit : « On en voit qui passent leur vie à tourner un vers, à arrondir une période ; en un mot, à rendre agréables des choses non seulement inutiles, mais encore dangereuses, comme à chanter un amour feint ou véritable, et à remplir l’univers des folies de leur jeunesse égarée.

1494. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Car Richelieu, rendons-lui à notre tour et après tant d’autres ce public hommage, avait en lui de cette flamme et de cette religion des lettres qu’eurent dans leur temps à un si haut degré les Périclès, les Auguste, les Mécènes ; il croyait que les vraiment belles et grandes choses ne seront cependant tenues pour telles à tout jamais, qu’autant qu’elles auront été consacrées par elles, et que le génie des lettres est l’ornement nécessaire et indirectement auxiliaire, la plus magnifique et la plus honorable décoration du génie de l’État.

1495. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il est vrai qu’il varie souvent sur son compte : écrivant au jour le jour, ses jugements et ses degrés d’estime sont à la merci de son impression actuelle ; il n’est jamais à une rétractation près.

1496. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Mais ce n’est pas d’elle non plus que nous avons en ce moment à parler ; femme aimable et qu’on aime à rencontrer dans ce monde-là, elle n’a pas, dans l’histoire de la société d’alors, le degré d’importance des deux autres

1497. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Je vois la mort approcher par degrés, sans aucune crainte ou regret.

1498. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Quoi qu’il en soit du mobile, il fut le principal auteur et acteur dans cette élévation d’un cran et cet anoblissement définitif de la Compagnie ; il obtint que l’Académie eût désormais ses séances dans une salle du Louvre et fût considérée comme un des ornements ou accessoires du trône ; il usa de tout son crédit pour la faire valoir en toute occasion et la maintenir dans l’intégrité de son privilège ; et un jour qu’allant complimenter le roi elle n’avait pas été reçue avec tous les honneurs rendus aux Cours supérieures, il s’en plaignit directement à Sa Majesté, en rappelant « que François Ier, lorsqu’on lui présentait pour la première fois un homme de Lettres, faisait trois pas au-devant de lui. » La querelle engagée entre l’Académie et Furetière intéressait au plus haut degré l’honneur de la Compagnie : « car c’est grand pitié, comme remarque très sensément Legendre, quand des personnes d’un même corps s’acharnent les uns contre les autres, et qu’au lieu de se respecter et de bien vivre ensemble comme doivent faire d’honnêtes gens, elles en viennent à se reprocher ce que l’honneur de la Compagnie et le leur en particulier aurait dû leur faire oublier. » Il s’agissait, au fond, de l’affaire importante de l’Académie, le Dictionnaire, et de savoir si un académicien avait le droit d’en faire un, tandis que l’Académie n’avait pas encore publié le sien.

1499. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Ce genre de beauté est aussi celui des plaines toscanes, et elles le possèdent au plus haut degré : « Mais, ajoute l’agronome amateur, les collines qui s’élèvent autour d’elles unissent les grâces à l’opulence et étalent les trésors de la campagne comme un accessoire seulement des charmes de la perspective.

1500. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Quand la passion est montée à ce degré chez deux êtres, elle ne marchande plus ; elle n’a aucun remords actuel.

1501. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Elle espère bien qu’il sera vainqueur, elle veut qu’il l’espère aussi ; elle va lui faire voir qu’elle le désire, mais par degrés et comme sous le coup d’une contrainte morale : et lui qui a le soupçon, et plus que le soupçon, de ce désir qu’elle forme, il vient, je le répète, moins pour s’en assurer (car au fond il en est sûr) que pour s’en donner l’émotion, la joie et l’orgueil, et il est résolu à le lui faire dire nettement.

1502. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

On suit avec intérêt ces degrés et comme ces nœuds de formation chez une personne qui est arrivée à la perfection morale ; il y eut des crises à traverser.

1503. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Cependant les passions étaient surexcitées au dernier degré, et les haines religieuses, dès qu’on les attise, sont promptes.

1504. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il paraît bien que le manque de munitions, de vivres, de mulets, était porté sur cette frontière à un degré qu’on a peine à se figurer.

1505. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

On voit très bien chez lui, par les anecdotes qu’il raconte et par les lettres qu’il produit, comment et par quels degrés, après 1815, l’Opposition commença à poindre, à reparaître ; comment les battus et les proscrits de la veille en vinrent à se rejoindre et à se rallier.

1506. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Necker est encore celui qu’a tracé M. de Montyon dans ses Particularités et Observations sur les Ministres des Finances ; on y lit, entre autres coups de crayon d’après nature : « … Ses mouvements étaient inégaux, brusques, forces ; il portait la tête fort élevée et même renversée, et il y avait de l’affectation dans cette contenance : car le degré de renversement de sa tète était un thermomètre de la situation politique. » 91.

1507. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Le monde extérieur, celui de l’Empire et des guerres brillantes, celui de l’administration à tous les degrés et des affaires, le monde de l’industrie et des arts, celui des beaux-arts, le monde des lettres et de la philosophie humaine, le monde proprement dit, celui de l’élégance et des plaisirs, rien n’y pénètre, rien n’y passe, même à la traverse.

1508. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

M. de Talleyrand avait de l’incurie, de la légèreté à un degré incroyable.

1509. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il ne lui avait jamais été permis de développer et de perfectionner comme il aurait fallu son premier talent, ce don d’expression dramatique qu’elle possédait pourtant à un degré supérieur, mais qui dépendait trop du cadre, des circonstances, et aussi des moyens physiques.

1510. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

L’identité de l’œuvre subsiste sous cet achèvement harmonieux ; la chaîne a tenu jusqu’au bout sans se rompre ; mais elle s’est par degrés convertie en un métal plus pur, et, après avoir longtemps traîné à terre avec un bruit de rouille et de monotone pesanteur, elle brille enfin suspendue à la voûte indestructible.

1511. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Telle est parmi nous la situation des femmes, et, malgré l’exception qu’a formée le nouveau récipiendaire de l’Académie, je crois que, généralement parlant, il est vrai de dire que, pour atteindre maintenant au degré d’intérêt dont elle est susceptible, l’Élégie doit parler par la bouche des femmes, ou du moins en leur nom ; elles seules, dit-on, savent donner de la grâce aux passions malheureuses : en vérité, on peut leur laisser cet avantage-là. » Nulle femme ne se trouva plus que Mme Valmore dans la situation supposée par Mme Guizot, et aucun poëte élégiaque n’a tiré en effet de son cœur des accents plus plaintifs et plus déchirants.

1512. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

» Ernest est parfait, mais il n’est pas idéal ; mais, après cette amère et religieuse douleur d’une amie morte pour lui, morte entre ses bras, après cette sanctifiante agonie au sortir de laquelle l’amant serait allé autrefois se jeter dans un cloître et prier éternellement pour l’âme de l’amante, lui, il rentre par degrés dans le monde ; il trouve moyen, avec le temps, d’obéir à l’ordre de celle qui est revenue à l’aimer comme une mère ; il finit par se marier et par être raisonnablement heureux.

1513. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Deux jours après, prenant sa bonne sous le bras, elle s’achemine, elle entre dans l’allée du cordonnier et monte en tremblant, comme par les degrés d’un temple ; mais ce fut Thérèse qui ouvrit et qui répondit non à toutes les questions, en tenant toujours la main à la serrure.

1514. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

À un certain degré, la misère est une gangrène lente où la partie malade mange la partie saine, et l’homme qui subsiste à peine est rongé vif par l’homme qui n’a pas de quoi subsister. « Le paysan est ruiné, il périt victime de l’oppression de la multitude des pauvres qui désolent les campagnes et se réfugient dans les villes.

1515. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

» Mais que sont ces impressions fugitives, ces brèves effusions éparses, auprès de l’enthousiasme continu et de l’immense amour qui possède l’âme entière de quelques-uns de nos contemporains   C’est, dit-on, le même sentiment ; ce n’est qu’une différence de degré.

1516. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Cette tristesse est, si je puis dire, de deux degrés.

1517. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Au degré le plus bas, qu’on se rappelle les personnages du romant de la Rose : « Bel accueil », « Beau semblant », ou dans la Henriade, la Discorde personnifiée.

1518. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

La peinture, la gravure ou l’architecture ont chacune un moindre domaine que le dessin, parce qu’elles sont d’un degré plus complexes.

1519. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

La peinture, la gravure ou l’architecture ont chacune un moindre domaine que le dessin, parce qu’elles sont d’un degré plus complexes.

1520. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Presque tous les hommes sont nés avec toutes les passions à un certain degré ; mais il n’y a presque point d’homme qui n’en ait une dominante, à laquelle les autres sont subordonnées.

1521. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Quicherat, est celle d’un enfant sérieux et religieux, doué au plus haut degré de cette intelligence à part qui ne se rencontre que chez les hommes supérieurs des sociétés primitives.

1522. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Je ne puis que toucher cet art d’insinuation scientifique chez Fontenelle ; il le possède au plus haut degré.

1523. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Quand je trouve poussée à ce degré chez Jasmin cette théorie du travail, de la curiosité du style et du soin de la composition, lui qui a d’ailleurs le jet si prompt et si facile, quel retour douloureux je fais sur nos richesses poétiques si dissipées par nos grands poètes du jour !

1524. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Ce n’était à aucun degré un homme d’État qu’Amyot, c’était un homme d’étude, plein de diligence, de curiosité, de patience, et admirable par la façon étendue, agréable et ingénue avec laquelle il présentait les fruits de son labeur.

1525. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Le Brun le sentait bien ; il aurait voulu associer le public à son inspiration et renouer à quelque degré la chaîne électrique des anciens.

1526. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud et qui ont joui à quelque degré de son entretien, doivent quelque chose à sa mémoire : il était de ces esprits dont l’accent ne se fixe pas tout à fait dans les ouvrages qu’ils composent, et dont la parole a un agrément fin qui s’évapore.

1527. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

C’est par ces degrés de sagacité morale, de sagesse de conduite, de rectitude et d’adresse, d’amour du bien public et de bonne entente de toutes choses, que Franklin se préparait peu à peu, et sans le savoir, au rôle considérable que lui réservaient les événements.

1528. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

C’est plaisir pour nous d’aborder et d’étudier le grand homme d’après ces documents nouveaux et complets qui nous le montrent à ses origines et à tous les degrés de sa fortune.

1529. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Les mois qu’il avait passés à Genève auprès de la malade, et dans une intimité de chaque jour, lui semblèrent un dernier bonheur, et qui ne devait jamais se retrouver à ce degré.

1530. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

disait-il, tous les hommes sans doute sont égaux devant vous, lorsqu’ils communiquent avec votre bonté, lorsqu’ils vous adressent leurs plaintes, et lorsque leur bonheur occupe votre pensée ; mais, si vous avez permis qu’il y eût une image de vous sur la terre, si vous avez permis du moins à des êtres finis de s’élever jusqu’à la conception de votre existence éternelle, c’est à l’homme dans sa perfection que vous avez accordé cette précieuse prérogative ; c’est à l’homme parvenu par degrés à développer le beau système de ses facultés morales ; c’est à l’homme enfin, lorsqu’il se montre dans toute la gloire de son esprit.

1531. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

À la maison était attenant un jardin d’un quart d’arpent, en plan incliné, entouré de murailles, coupé de degrés de granit et de parapets, sans arbres, nu, où l’on voyait plus de pierres que de feuilles.

1532. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Personne ne peut ignorer que le talent de l’éloquence dans ce degré éminent, où s’éléve un assez petit nombre d’hommes privilégiés, ne soit un present de la nature, comme tous les dons du génie.

1533. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Mais elle existe et à un degré qui étonne, même quand on est le plus accoutumé à ces ressemblances de manière que l’histoire, littéraire constate à chaque pas.

1534. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Les idées religieuses de Hegel, contre lesquelles Schelling veut opérer la fusion du protestantisme et du catholicisme, n’ont plus pour représentants que des intelligences de bas degré qui les exagèrent, comme Maeheineke et Bruno Bauer.

1535. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Quant aux autres articles de ces miscellanées, piquants tous à des degrés différents, les plus piquants sont de beaucoup : le Grand Opéra en 1830 ; les Virtuoses des concerts : Berlioz, Liszt et Chopin ; la Première représentation des Huguenots, et le Duc de Nemours aux bains de Barège.

1536. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Or, s’il en est ainsi, que voulez-vous qu’on dise des esprits de second ou de troisième degré qui vivent sur sa méthode comme le puceron dans sa feuille ?

1537. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Il sera le même, en particulier, pour une rotation de 90 degrés qui fera permuter les bras OA et OB l’un avec l’autre.

1538. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Il donna pour but à la psychologie la psychologie, et ne permit pas aux questions métaphysiques de diriger sourdement ses recherches, et de pervertir par degrés ses observations.

1539. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

De la méditation des pensées d’autrui, de l’impression reçue, de ce que j’appellerai la consolation passive, qui vient à nous du dehors, par la voix de nos amis, de nos proches dans la vie spirituelle ; de ce premier degré d’acceptation philosophique de la douleur, où s’arrêtent la plupart des hommes, les plus doués s’élèvent encore à une région supérieure. […] Mais rentrons-y au plus vite, dans cette voie droite que j’ai perdue ; revenons à Dante, et, avec lui, montons les degrés de la montagne sainte où le péché s’expie. […] De degré en degré, avec une fatigue moindre, ils montent jusqu’au sommet où s’offrent à leur vue les ombrages délicieux du paradis terrestre :    Questa montagna è tale Che sempre al cominciar di sotto è grave. […] La liberté que le poëte retrouve sous les traits de Caton, en quittant les fatalités de l’abîme ; les vertus primitives dont la sainte lumière illumine le sentier au sortir des ténèbres sataniques ; l’humble jonc baigné de la rosée du matin qui rafraîchit les tempes du voyageur fatigué et qui en enlève toute trace de la fumée infernale ; la barque légère qui glisse sur les ondes, conduite par un céleste nocher, et qui retentit du chaut de délivrance In exitu Israël ; les différents degrés de la purification par le repentir, par le détachement des convoitises d’ici-bas, par la contemplation et le désir de la sagesse divine ; ces eaux salutaires où, en perdant la mémoire des maux passés, on se retrempe pour une vie nouvelle, tout cela n’est que figure, allégorie, images tour à tour bibliques, chrétiennes, pythagoriciennes ou platoniciennes, du progrès de l’homme vers Dieu. […] Il vit en crainte et en respect des volontés d’en haut, attentif au destin, ahnungsvoll, ehrfurchtsvoll, nous n’avons pas en français de mots pour exprimer ces nuances, ces degrés dans la profondeur de la religiosité germanique ; et ce mot même de religiosité dont je me sers, faute de mieux, il est à la fois chez nous hors d’usage et sans valeur.

1540. (1894) Critique de combat

Quel est leur degré d’intensité, leur mode déformation et d’enchaînement ? […] Il faut des hommes d’Etat, des vrais, qui descendent de la théorie à la pratique, qui s’efforcent de réaliser par degrés l’idéal, qui facilitent la transition toujours délicate entre hier et demain. […] En France, Napoléon Ier a désigné par le même nom une chose toute nouvelle, non plus le groupement des matières enseignées, mais l’ensemble du corps enseignant à tous les degrés. […] En attendant que l’instruction intégrale soit mise à la portée de tous les enfants et que les plus aptes puissent, sans considération de fortune, monter de degré en degré jusqu’au sommet, il faut, par une sélection plus large, tirer des écoles primaires et secondaires les intelligences les plus vives et leur faire place au banquet de la science. […] Est-ce que Rousseau, Diderot, Thomas, à des degrés divers, n’ont pas tous atteint ou visé à l’éloquence ?

1541. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Il en arrive, à force de large indifférence, à un tel degré d’impersonnalité, que ce n’est même plus un témoin, mais un objectif. […] C’est donc sur le degré précis et la mesure exacte que je contesterai. […] Jamais l’observation psychologique n’a atteint à un tel degré de clairvoyance, de pénétration subtile, de précision dans l’anatomie morale. […] Got est arrivé à ce degré de l’art où l’art n’apparaît plus : ce n’est pas Got que l’on a devant soi, c’est Bernard. […] Écart de degrés, chaleur cérébrale, spectateur individuel, un cas mis en forme, et vous, beaux messieurs de l’orchestre, belles dames du balcon devenant des mâles et des femelles !

1542. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

IV, ch. 5], quelle qu’elle soit au premier degré et dans son premier chef et parent, devient antichrétienne, ou du moins hérétique, à la seconde génération ; c’est la loi, et il faut bien savoir cela. » Le doux, l’éloquent, et le candide Malebranche en peut servir d’un instructif exemple. […] Le style de Racine ; — et 1º qu’il est également sous la loi du principe de la vraisemblance, — pour son degré de naturel, — et à ce propos d’une observation de Sainte-Beuve : « Le style de Racine, a-t-il dit, et sauf l’élégance toujours observée du contour, côtoie volontiers la prose. » — Justesse et fécondité de la remarque. — Il n’y a pas en effet de prose plus simple ; — on pourrait presque dire plus nue que celle de Racine [Cf. son Abrégé de l’histoire de Port-Royal] ; — et c’est cette prose elle-même qui, dans son théâtre, se colore, se nuance, s’anime, s’échauffe et s’enflamme de la passion de ses personnages. — 2º Que cette simplicité du style de Racine en fait un instrument d’analyse psychologique incomparable ; — et, par suite, de la complexité des sentiments qu’il exprime avec « les mots de tout le monde » : J’aimais jusqu’à ses pleurs que je faisais couler [Brit. […] De l’utilité de ces restrictions ; — et de leurs dangers ; — dont le plus considérable est de réduire l’imitation de la nature à ce qu’elle a de commun en tous les hommes ; — et par conséquent la nature elle-même à ce qu’elle a de plus abstrait. — Comment Boileau, qui l’a bien senti, a essayé d’éviter ce danger ; — en donnant à la forme l’importance qu’il lui a donnée : Dans cet art dangereux de rimer et d’écrire Il n’est pas de degrés du médiocre au pire, et en prêchant l’imitation des anciens ; — dont les œuvres ne sont pas seulement des modèles à ses yeux ; — mais encore constituent le trésor de l’expérience accumulée des hommes ; — et sont comme autant de témoins de l’identité de la nature humaine sous les variations extérieures qui l’affectent. — Comment la doctrine de Boileau se couronne d’une morale ; — et combien sa morale est plus haute que celle des gens de lettres ses contemporains. […] Il lui a manqué un certain degré d’originalité d’abord, — et surtout un certain degré de conviction. — Le mot de Mme de Tencin : « C’est de la cervelle que vous avez à la place du cœur » ; — et, à ce propos, du scepticisme de Fontenelle ; — qui ne consiste pas tant à croire qu’il soit impossible d’atteindre la vérité ; — qu’à la croire d’essence aristocratique ; — incommunicable à la foule ; — et d’ailleurs assez inutile. — Comment le bel esprit se retrouve dans cette conception de la vérité ; — le mondain et l’épicurien. — Si ce n’est pas cette philosophie qui a empêché Fontenelle de se concentrer dans une grande œuvre ? […] Le Sage, dans son Diable boiteux] — Le livre de La Bruyère fait la transition du caractère tel qu’on l’entend dans la comédie de Molière, — aux caractères tels qu’on les entendra dans le roman de mœurs. — Les ennemis de La Bruyère. — Il leur répond dans son Discours de réception à l’Académie, 1693, — et dans la Préface qu’il met à ce Discours. —  Il essaie d’y définir « le plan » de son livre ; — mais un peu tard, comme autrefois La Rochefoucauld, dans l’Avertissement de ses Maximes ; — et il réussit bien à montrer que tous les autres chapitres se subordonnent au dernier ; — mais non pas qu’il y ait entre eux un ordre, ou une gradation, ou un rapport perpétuel à son idée principale. — Qu’il vaut d’ailleurs la peine de noter que cette idée principale est déjà « toute laïque » ; — la religion de La Bruyère étant d’un degré moins chrétienne que la religion de Malebranche ; — si même on ne peut l’appeler une religion purement naturelle. — Des Dialogues sur le quiétisme — et qu’ils n’ont rien ajouté à la gloire de La Bruyère.

1543. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Mais il y a pourtant une différence, une différence de fond, une différence de nature ou d’espèce, et non pas seulement de degré. […] Et nous ne dirons pas pour cela que Molière fût un « penseur » lui-même, mais il était un « moraliste », — ce que Regnard, par exemple, ou Dancourt, ne seront à aucun degré ; — mais il avait son opinion à lui, persistante et tranchante, aisée à connaître, sur toutes les questions qu’il souleva ; et c’est en ce sens qu’il faut dire de l’École des femmes qu’elle est une comédie à thèse. […] Effectivement, en quelque art que ce soit, la simplicité des moyens est toujours le plus haut degré de la maîtrise, et quiconque prétend rivaliser avec les maîtres ou marcher seulement sur leurs traces, sera toujours suspect de pouvoir moins qu’eux, s’il lui faut commencer par se débarrasser des entraves qu’ils se sont imposées. […] — si vous voulez admettre que cet homme, encore qu’il en eût vingt raisons, toutes plus puissantes les unes que les autres, n’ait jamais éprouvé la curiosité de savoir ce que ses deux enfants avaient pu devenir ; enfin, si vous voulez admettre que cette grande dame, affamée de débauches, ait justement jeté, par une rencontre singulière, le dévolu de son amour sur ses deux fils, l’un après l’autre ou ensemble, alors, si vous nous accordez toutes ces suppositions, nous nous engageons de notre part à vous émouvoir fortement… Et moi, Mesdames et Messieurs, je les en crois sur leur parole, mais je ne veux pas être ému de cette manière ; et je ne le veux pas, parce que l’art n’a plus de raison d’être, parce qu’il n’est qu’un badinage, s’il n’est pas en quelque degré une imitation, ou une explication, ou une interprétation de la nature et de la vie ; et qu’il ne saurait l’être, vous le sentez assez, s’il se place d’abord en dehors et à côté de l’observation. […] C’est alors, Mesdames, aux environs de 1730, qu’à la faveur de la préciosité peut-être, la sensibilité commence de poindre ; et selon le mot si vrai de Michelet, c’est alors « que l’âme française, un peu légère, mobile et refroidie jusque-là par le convenu, par l’artificiel semble gagner un degré de chaleur ».

1544. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Mais, en revanche, grâce à la lenteur même de ces causeries, à cette sorte d’insouciance où l’auteur paraît être de son objet principal, grâce à l’abondance des petits faits familiers et superflus, nous avons, à un degré extraordinaire, le sentiment de la réalité du milieu où va se passer l’action ; nous sommes vraiment « dépaysés », nous avons vraiment vécu, pendant une heure ou deux, avec la famille Ekdal. […] Mais, comme il possède à un degré prodigieux le sentiment et l’amour de la vie, il organise minutieusement ces êtres énormes, les plonge en pleine réalité, les soumet aux influences matérielles des milieux, les fait se mouvoir comme nous autres. […] Et cette gaieté était saine : Labiche ayant, à un degré vraiment surprenant, l’ignorance ou le dédain de la femme quelques-uns de ses meilleurs vaudevilles se trouvaient être des caricatures forcenées, des parodies violemment méprisantes des drames de l’amour et de l’adultère, (au lieu que MM.  […] Mais Cygneroi est un type : il doit présenter, à un degré éminent, ce qu’a de plus caractéristique, dans ses sentiments et dans ses mobiles d’action, la classe d’hommes qu’il représente. […] On pourrait dire que l’amour, c’est la passion de la propriété portée à son plus haut degré d’exaltation.

1545. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

J’avoue d’ailleurs que le spectacle de cet amour-là, à ce degré, m’a toujours été odieux quand, par hasard, je l’ai rencontré dans la vie. […] Car, presque au même degré que la veine classique, ce surprenant mandarin a la veine populaire. […] Mais, n’étant pédant à aucun degré, il échappe à la morosité par la fantaisie… C’est devenu un lieu commun, de dire que la marque de Meilhac est un indéfinissable mélange de fantaisie et de vérité. […] Daniel est malade, anémique et neurasthénique au dernier degré ; très doux ; il passe ses journées à se plaindre subtilement. […] Il s’en tient à des aperçus et à des impressions du premier degré.

1546. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

La littérature épique porte le caractère dramatique très manifestement et au plus haut degré. […] Ce n’est pas tout à fait mon avis et tout compte fait, je range Iphigénie très près du premier rang, mais encore au second degré parmi les œuvres de Racine. […] Pourtant, même à ce point de vue, comme il y a toujours des degrés, on pourrait adresser quelques demi-critiques à l’auteur. […] D’une part, il s’élève d’un degré, en devenant un peu historique, en devenant historique à la manière populaire encore, en devenant historique d’une façon légendaire et surtout d’une façon grossière ; mais enfin en devenant un peu historique. […] Or, ce changement du mélodrame fait-divers en mélodrame à peu près historique se fait effectivement, de 1815 à 1825, sans secousse, par degré, mais avec une sorte d’ascension continue.

1547. (1913) Poètes et critiques

Je n’ai vu qu’un autre éducateur qui eût, au même degré, le don de s’insinuer sans effort dans les esprits et de toucher ainsi, du premier mot, les âmes ; ce n’était pas un homme souriant, élégant, aisé, comme le poète dont je parle, c’était le grave, le sévère, le profond pédagogue Pécaut. […] André Bellessort nous apporte avec son dernier livre, a Suède, ce qu’il ne nous avait pas donné jusqu’à présent, du moins à ce degré, et ce qui, en pareille matière, semble constituer la perfection : aux impressions personnelles et directes, d’une vivacité, d’une délicatesse, d’un retentissement exceptionnels, il a joint une information précieuse entre toutes, celle que peut procurer l’étude approfondie des écrivains par la voix desquels l’âme d’un peuple se révèle le plus clairement. […] Vers Ispahan, livre admirable dont la seconde partie languit sans doute un peu, mais dont la première moitié, la merveilleuse montée des trois degrés du plateau de l’Iran, est peut-être le morceau le plus rare des livres de Pierre Loti et de la poésie d’itinéraire, n’est nommé qu’une fois, par acquit de conscience comme une œuvre dont il suffirait d’avoir glissé le titre entre la Troisième Jeunesse de Madame Prune et les Désenchantées. […] Leur influence souveraine épure et subtilise, à un incroyable degré, son talent d’ouvrier en vers, déjà si varié, si net, si fin, si assoupli, si fertile en métamorphoses. […] V Après des détours, peut-être un peu lents, mais toutefois de quelque utilité, puisqu’ils nous ont conduits par degrés, de recueil en recueil, jusqu’au point culminant d’une sorte d’ascension, nous voici, de nouveau, en présence du manuscrit intitulé Cellulairement et nous en voyons mieux, je crois, la place, l’intérêt dans l’œuvre poétique de Paul Verlaine.

1548. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Plus bas, le dogme se détendait, approchait par degrés des relâchements d’Arminius et de Socin. […] Tous les deux cents ans, chez les hommes, la proportion des images et des idées, le ressort des passions, le degré de la réflexion, l’espèce des inclinations, changent. […] Vous nous lisez pour emporter des émotions, non des phrases ; vous venez chercher chez nous une culture morale, et non de jolies façons de parler. —  Et là-dessus Wordsworth, classant ses poëmes suivant les diverses facultés de l’homme et les différents âges de la vie, entreprend de nous conduire, par tous les compartiments et tous les degrés de l’éducation intérieure, jusqu’aux convictions et aux sentiments qu’il a lui-même atteints.

1549. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Bernis qui, plein d’autorité, cette fois, et d’influence au sein du conclave, contribua pour sa bonne part à ménager l’élection du nouveau pape Pie VI (février 1775), obtint également son amitié et avec un degré de plus de confiance.

1550. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Ce n’est pas arbitrairement que la tragédie borne l’action à vingt-quatre heures : c’est qu’elle prend les passions à leur maximum, à leur plus haut degré d’intensité, à ce point où il ne leur est possible ni de souffrir de distraction ni de supporter une longue durée.

1551. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Duclos historien n’a qu’un procédé, il n’est qu’un abréviateur ; il l’est avec trait, je l’ai dit, quand il a affaire à l’abbé Le Grand ; il l’est avec un certain goût et avec un adoucissement relatif quand il a affaire à Saint-Simon ; dans l’un et dans l’autre cas pourtant, il n’a pas toutes les qualités de son office secondaire, et il ne porte au suprême degré ni les soins délicats du narrateur, ni même les scrupules du peintre qui dessine d’après un autre, et de l’écrivain qui observe les tons : il va au plus gros, au plus pressé, à ce qui lui paraît suffire ; c’est un homme sensé, expéditif et concis, et qui se contente raisonnablement ; il a de la vigueur naturelle et de la fermeté sans profondeur ; nulle part il ne marche seul dans un sujet, et jamais il ne livre avec toutes les forces de sa méditation et de son talent une de ces grandes batailles qui honorent ceux qui les engagent, et qui illustrent ceux qui les gagnent.

1552. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

L’opinion du monde de Paris lui était fort contraire ; on n’en était pas encore avec lui à ce degré d’admiration où l’on ne raisonne plus, quand l’amour-propre de tous se met de la partie et se sent intéressé à louer l’objet de l’idolâtrie universelle.

1553. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Évidemment, tout l’art de vieillir est de quitter, quand l’heure est venue, les désirs et les passions qui nous quittent ; de ne pas se faire une passion unique et fixe de celle qui n’a qu’un temps et ne doit avoir qu’une ou deux saisons ; de ne point opiniâtrer son imagination en arrière ; d’adoucir par degrés quelques-unes de nos passions, et de les terminer en goûts ; de saisir à propos, d’avancer, s’il se peut, quelques-uns de nos goûts derniers et durables et d’en faire presque des passions.

1554. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Poirson, soit dans les auteurs originaux qu’il indique) le récit des années qui précédèrent l’entrée de Henri IV dans Paris, on a bien le sentiment des différents temps de la crise et du degré de danger pour la conjuration duquel il fallut un prince aussi vaillant, aussi habile et aussi heureux.

1555. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

On saisit parfaitement dans le récit de Pelleport cette transformation presque soudaine, mais qui pourtant a ses degrés.

1556. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Pour les Daunou, pour les Tracy, tout gouvernement était un mal ; la question ainsi posée, il s’agissait pour la société de subir le moindre mal possible, et pour cela, d’avoir le moins de gouvernement possible, le plus de décentralisation et de dissémination de pouvoir à tous les degrés, et, à chaque pas, des barrières et des garanties contre les gouvernants.

1557. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

De ce qu’ils ont une qualité à un degré éminent, il ne s’ensuit pas qu’ils n’en aient pas d’autres, au second plan pour ainsi dire, et qui ne se produisent que par intervalle, à l’occasion, mais qui ne leur font pas défaut.

1558. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Ni la politique, — orateurs et avocats politiques, — ni la chicane et la basoche, à côté de Daumier ; ni le militaire et le troupier après Horace Vernet et Charlet, et à côté de Raffet ; mais à Gavarni l’ordre civil et moral, régulier ou irrégulier dans tous les genres, la femme et tout ce qui s’ensuit, à tous les degrés et à tous les âges. — Il a repris le bourgeois après Henri Monnier, créateur du type ; mais au célèbre acteur-auteur il laisse presque exclusivement les abîmes et les bas-fonds d’où l’éloigne et le rejette toujours cette même naturelle et instinctive élégance.

1559. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Le fanatisme le plus hostile et le plus stupide trouvait moyen de se diversifier encore à ses yeux et de lui permettre d’y mesurer des degrés : « Nous nous trouvions transplantés dans un pays barbare ; et par la bizarrerie de notre destinée, ce pays, habité par deux espèces d’hommes animés les uns contre les autres d’une haine mortelle, ne nous offrait dans tous que des ennemis également furieux contre nous.

1560. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Il est véritablement au pinacle, et, quant au militaire, comme il le dit rondement : « Je ne puis monter plus haut, ou bien je me casserai le cou » (il disait ces derniers mots en allemand) ; et quant à la partie diplomatique qui s’entame, il a le bon esprit de sentir que ce serait le plus beau titre de sa maison aux yeux de la France, que sa nièce, en s’asseyant sur le degré le plus voisin du trône, devînt, dès le premier jour, un gage de paix.

1561. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Il y a des degrés encore après Homère et Virgile, remarque Du Bellay, qui nous rend en ceci comme un écho de Cicéron : « Nam in poetis, non Homero soli locus est (ut de Græcis loquar), aut Archilocho, aut Sophocli, aut Pindaro, sed horum vel secundis, vel etiam infra secundos 106. » À chaque pas, avec Du Bellay, on a affaire à des citations des Anciens, directes et manifestes ; mais il y a aussi, à tout moment, les citations latentes et sous-entendues, comme celle qu’on vient de lire ; et encore, lorsque plus loin, parlant des divers goûts et des prédilections singulières des poètes, il nous les montre, les uns « aimant les fraîches ombres des forêts, les clairs ruisselets murmurant parmi les prés », et les autres « se délectant du secret des chambres et doctes études » : à ces mots, tout ami des Anciens sent les réminiscences venir de toutes parts et se réveiller en foule dans sa pensée ; ainsi, par exemple, ces passages du Dialogue des Orateurs : « Malo securum et secretum Virgilii secessum… Nemora vero, et luci, et secretum ipsum… tantam mihi afferunt voluptatem 107. » On a, en lisant ce discours de Du Bellay, le retentissement et le murmure de ces nombreux passages dont lui-même était rempli.

1562. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Il y a en ce sens une carte du pays à faire, qui, à l’exemple de ces bonnes cartes géographiques, marquerait la hauteur relative et le degré de relèvement des monts par rapport à ce terrain intermédiaire et continu.

1563. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Par combien de degrés l’affaire historique a marché, et qu’il y a loin de là au rapporteur philosophe qui considère et qui décompose, qui embrasse du même œil aguerri les superficies diverses, qui communique à chaque observation, même naissante, quelque chose d’antérieur et d’enchaîné !

1564. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Au dernier degré de misère et d’ignominie, c’est la feuille d’impression qui nous arrive empaquetant nos emplettes :               … Et j’ai tout Pelletier Roulé dans mon office en cornets de papier.

1565. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

On y trouve tous les dialectes, depuis le pur picard jusqu’à je ne sais quel jargon italianisé, toutes les sortes de tons et d’esprits comme tous les degrés du talent.

1566. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

jusqu’à quel degré sera poussée l’imitation ?

1567. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Le subjectivisme, à ce degré, ne se sauve que par l’absolue spontanéité.

1568. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Même ce don paraît de peu de prix aux vieux méditatifs (à moins qu’il ne soit porté à un degré aussi exceptionnel que chez le père Dumas, par exemple).

1569. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

C’est encore par-là que les pieces de théatre nous plaisent ; elles se développent par degrés, cachent les évenemens jusqu’à ce qu’ils arrivent, nous préparent toûjours de nouveaux sujets de surprise, & souvent nous piquent en nous les montrant tels que nous aurions dû les prévoir.

1570. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Le premier effet s’en fit voir dans un certain adoucissement des mœurs, et un certain degré de politesse dans les écrits.

1571. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

C’est comme une sorte de poésie du premier degré ; elle ne prépare pas mal à la grande.

1572. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Voilà donc quatre degrés : 1° Il fait noir, dit l’ignorant.

1573. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Le brahmane dans la forêt, vêtu de quelques guenilles, se nourrissant de feuilles souvent sèches, arrive à un degré de spéculation intellectuelle, à une hauteur de conception, à une noblesse de vie inconnus à l’immense majorité de ceux qui parmi nous s’appellent civilisés.

1574. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

La bonne compagnie, d’où madame de Maintenon était sortie pour venir dans cette cour corrompue, acquit un nouveau degré de considération ; sa distinction fut mieux marquée entre la pruderie, la pédanterie, la préciosité d’une part, l’incontinence effrontée, la galanterie licencieuse de l’autre ; elle eut pour caractère la décence des mœurs et l’élégance des esprits ; elle reconnut des modèles ; elle fixa ses principes, elle eut ses traditions ; elle forma école ou plutôt elle conserva ci fonda à perpétuité celle que l’hôtel de Rambouillet avait transmise épurée à ses élèves.

1575. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Mort dans le xviiie  siècle, il en aurait le scepticisme, s’il avait en lui je ne sais quoi de l’étincelle des temps nouveaux ; mais il n’a, à aucun degré, cette étincelle que Bayle avait, par exemple, tout en doutant.

1576. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Au point de vue de la morale populaire, je me contenterai de faire remarquer qu’il n’est pas très bien peut-être de compromettre à ce degré, dans un type grivois, ces deux personnes si respectables, sa nourrice et sa grand-mère.

1577. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

C’est un don rare et une preuve de génie aussi, il faut le reconnaître, que de savoir, à ce degré, apprivoiser les génies.

1578. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Non, il ne disait pas de bêtises ; mais, à Naples, le genre de talent qu’il avait au plus haut degré était plus commun ; on y remarquait moins le jeu, l’action, chose plus habituelle, et on ne savait pas y discerner tout ce que Galiani mettait là-dessous d’excellent et d’unique.

1579. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Le degré de licence et d’invective que se permet dans ce journal un écrivain qui, de loin et relativement, peut passer encore pour modéré, excède toutes les bornes que nous supposerions.

1580. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

La reine mère, en effet, était morte à cette date, et rien n’assujettissait plus à ce degré Mme de La Vallière qu’elle-même.

1581. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Mademoiselle connut tard la vie, elle finit pourtant par la connaître, et passa, elle aussi, par tous les degrés de l’épreuve ; elle eut la lente souffrance qui use l’amour dans un cœur, le mépris et l’indignation qui le brisent, et elle arriva à l’indifférence finale qui n’a de remède et de consolation que du côté de Dieu.

1582. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Cousin y a réussi sans peine, mais comme on n’avait pas eu l’idée ni la patience de le vérifier à ce degré avant lui, on s’assure que Mlle de Scudéry qui faisait flèche de tout bois, avait reçu de l’hôtel de Condé des documents que, moyennant un déguisement léger, elle introduisit au long dans son livre ; la bataille de Rocroi, celle de Lens, le siège de Dunkerque sous le nom de siège de Cumes, y sont décrits avec toutes leurs particularités ; elle imprima ses notes et pièces toutes vives : cela flattait les Condés, et cela lui épargnait à elle-même des frais d’invention, cela faisait de la copie pour l’imprimeur, sorte de considération qu’il ne faut jamais oublier quand on parle de Mlle de Scudéry.

1583. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Necker, on l’a remarqué, ne figurait guère d’abord dans le salon de sa femme que par son attitude d’observateur, et par un silence dédaigneux, ou peut-être prudent, sur des sujets qu’il ne possédait pas tous au même degré.

1584. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

qui, reprenant en ces années son Essai sur l’éloquence de la chaire, le corrigea, l’étendit, le perfectionna, et l’amena à un degré de maturité et d’élégance qui en fait un des bons livres de la langue, sous la forme nouvelle et définitive où il reparut (1810).

1585. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Il commença ses études à Périgueux, les continua à Paris au collège de Navarre, fut reçu bachelier en Sorbonne ; mais, trop jeune pour passer outre dans ses degrés, il songea à faire le voyage de Rome.

1586. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Au moment où il voyait ainsi assez habituellement Rousseau et où il cherchait à adoucir ses humeurs sombres, Bernardin était lui-même ou allait être atteint, à quelque degré, du même mal.

1587. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Bien des pèlerins et des voyageurs de tout genre ont visité Jérusalem, et il n’en est aucun qui, à quelque degré, n’ait été ému.

1588. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Après le dîner, pendant que celui-ci causait vivement et tenait à la main sa tasse de café trop chaude, Volney, tout en l’écoutant, la lui prenait, la posait sur la cheminée, la touchait de temps en temps ou l’approchait de sa joue pour s’assurer du degré de chaleur, et la lui vendait quand elle était à point : Bonaparte, dans sa conversation rapide, ne s’était pas aperçu du manège, dont plus d’un assistant avait souri.

1589. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Samedi 17 décembre Aujourd’hui un collectionneur de tableaux de mes amis, avec le sens du pittoresque des choses qu’il a au plus haut degré, me peignait la mimique de l’heure présente des commis des grands marchands de tableaux, pour la vente d’une toile.

1590. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Le faux, c’est notre conception abstraite du monde, c’est la vue des surfaces immobiles et la croyance en l’inertie des choses, auxquelles s’en tient le vulgaire. « Le poète, en animant jusqu’aux êtres qui nous paraissent le plus dénués de vie, ne fait que revenir à des idées plus philosophiques sur l’univers. » Toutefois, en animant ainsi la nature, il est essentiel de mesurer les degrés de vie qu’on lui prête.

1591. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

L’esprit humain semble avoir jeté sa gourme ; la futilité des études scolastiques est reconnue ; la fureur systématique est tombée ; il n’est plus question d’aristotélisme, ni de cartésianisme, ni de malebranchisme, ni de leibnitzianisme ; le goût de la vraie science règne de toutes parts ; les connaissances en tout genre ont été portées à un très-haut degré de perfection.

1592. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Ma curiosité était agacée au suprême degré.

1593. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

A notre tombe viendront seuls ceux qui ne voient pas nos formes. » Et puis ces lignes, que le plus profond et le plus lucide critique des tentatives expressionnistes Kurt Pinthuisah leur a consacrées : « Jamais l’esthète et l’Art pour l’Art ne furent à un tel degré voués au mépris que justement dans cette littérature qui est dans son entière éruption, explosion, intensité et qui doit l’être pour percer d’outre en outre la croûte revêche du passé.

1594. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Du reste, ce qui manque principalement à tous ces chefs de la Révolution française, à des degrés différents, il est vrai, mais ce qui manque profondément à tous, c’est le meilleur de la personnalité humaine : c’est le génie, c’est la foi, c’est le caractère.

1595. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

L’inspiration ne monte pas par degrés, comme une sève, dans l’œuvre de M. 

1596. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

je ne dis pas leur infliger la critique, mais leur partager l’honneur selon le degré de leur mérite, quel rôle ! […] Télémaque et Les Mille et une nuits retournent à la fiction par deux routes contraires ; mais Lesage, héritier des ironies de Cervantes, est historique au plus haut degré. […] Balzac est par excellence le romancier collecteur, faisant sienne, absolument, toute proie qui passe à sa portée, et possédant le don d’assimilation à un degré presque miraculeux. […] Il possède au plus haut degré la concision, la texture serrée du style et du vers, l’art de réduire une image en une épithète, la hardiesse d’ellipse, l’ingéniosité subtile et l’adresse d’emménager dans la place circonscrite qu’il est interdit de dépasser jamais, une foule d’idées, de mots et de détails qui demanderaient ailleurs des pages entières aux vastes périodes. […] Non, la tragédie de décalque et d’imitation au quatrième degré était irrémédiablement atteinte.

1597. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

On put mesurer plus aisément encore que dans les dernières années de la décadence grecque et romaine le degré de réalité qu’il admettait. […] Shakspeare suit avec attention le progrès de leur mal et leur fait franchir savamment tous les degrés qui mènent du bon sens à l’insanité. […] Ils lui font redescendre un à un tous les degrés qui l’avaient élevé jusqu’à la plus haute abstraction et ils le ramènent ainsi à la réalité concrète. […] Ainsi fut dressée par ses soins, puis par ceux de Diderot, une véritable échelle allant du rire aux larmes et ayant pour degrés le terrible, le grand, le pitoyable, le tendre, le plaisant, le ridicule. […] À un degré inférieur, certains faits, les mariages, les fêtes, les morts, les accidents de toute sorte qui éprouvent les particuliers, « font événement » pour un petit groupe, comme pour un peuple une victoire, un désastre ou une révolution.

1598. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Nous ferons remarquer combien cet écrivain, nourri de la lecture de Virgile et d’Horace, a souvent mis d’adresse, de goût, de grâce et d’esprit, en louant Napoléon et Marie-Louise ; il possédait au plus haut degré l’art de passer des critiques légères à de hautes considérations de morale et de politique. […] On dira peut-être : Auguste n’est-il pas avili par ce récit pathétique des crimes que lui a coûté son ambition, par cette éloquente description des massacres dont il a souillé les premiers degrés de son trône ? […] II 11 fructidor an 10 (29 août 1802) Peut-être paraîtra-t-il étrange que cette comédie soit espagnole d’origine, et que l’idée de ridiculiser le Menteur soit née dans un pays où les modèles sont si rares, chez un peuple distingué par sa franchise et par sa bonne foi, où le dernier degré de l’infamie est de manquer à sa parole : il semble qu’un pareil sujet devait appartenir aux lieux où coule la Garonne. […] Le Rhadamiste de Crébillon mérite le même reproche ; ce qui n’empêche pas que ces deux tragédies ne soient au nombre des plus fortes conceptions dont notre théâtre puisse se glorifier : le contraste de la douceur et de la modération des deux jeunes princes avec les passions violentes des deux princesses ; l’adresse admirable avec laquelle l’auteur a su varier les portraits d’Antiochus et de Séleucus ; l’embarras terrible où les jettent l’amour et la nature ; la noblesse et l’énergie de Rodogune, en opposition avec la scélératesse et la rage de Cléopâtre ; le caractère de cette reine, le plus étonnant et le plus vigoureux que l’esprit humain ait jamais conçu ; enfin, ce cinquième acte amené et conduit avec tant de profondeur, et dans lequel la terreur est portée au plus haut degré, sans le secours d’aucun charlatanisme et par des moyens simples et vrais : voilà de quoi assurer à cette église gothique le respect et les hommages de la postérité. […] Quand la même Léontine, qui s’élève jusqu’au dernier degré du sublime en présence de Phocas, dit si naturellement à sa fille : Vous êtes fille, Eudoxe, et vous avez parlé ; Votre langue nous perd, les critiques se récrient.

1599. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

« Le style, enfin, qui vous inspire un culte puéril, suranné comme votre pensée, le style, dont vous ne parlez qu’avec le frisson presque religieux de la dévotion, de l’adoration, le style, resté pour vous, survivant effaré du dernier âge classique, l’ambition suprême de l’homme et le plus haut degré de l’éloge littéraire, — le style, pauvre vieux cuistre, vous n’en avez pas pour un sou. […] Il en est encore de même, bien qu’à un moindre degré qu’autrefois, dans l’ordre religieux, qui intéresse l’âme, sa nature et sa destinée. […] On admire le courage militaire et ses beaux entraînements ; mais on lui préfère, comme plus rare encore, le courage civil, qui consiste à braver les foules ou à résister aux parlements : le simple courage d’avoir son opinion et de la dire est le premier degré du courage civil. […] Assurément le prestige du « canon » classique est immense ; il nous éblouit, nous fascine, nous rend superstitieux et bêtes, à un degré qu’on ne saurait dire. […] Si quelque nouveau prédicateur, tel que Monod, unit à un degré génial la chaleur et la dialectique, qui est-il, cet intrus bizarrement mélangé du talent de Bourdaloue et de celui de Bossuet ?

1600. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

C’est d’un homme qui a le sentiment de la vie à un prodigieux degré, et qui la retrouve et qui la voit à travers les siècles, et qui, ainsi, comprend le passé par le présent. […] J’ai cru, dans mon délire, sentir une écorce aride palpiter contre mon cœur : un degré de chaleur de plus, et j’animais des êtres insensibles. […]   Nous avons maintenant le mal de René tout entier, à tous ses degrés, avec ses contradictions apparentes et son aboutissement. […] Et, en effet, toutes les nuances de ce mal, et à tous ses degrés, impliquent, chez celui qui l’éprouve, la conscience de sa supériorité et le goût de se considérer comme le centre du monde. […] La vanité de Chateaubriand est unique et par le degré, et par le besoin continuel de l’exprimer.

1601. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Weiss conclue avec sérénité : « Ce style est lapidaire et théâtral au plus haut degré ; il s’inscrit dans les fibres et dans les nerfs du spectateur. » Vous comprenez cette effusion sur Bouchardy, cette vision d’un Bouchardy à demi-nu, dansant et couronné de roses : « Qui sait ce qu’il eût été si, en ses jeunes ans, il avait grandi comme Sophocle sous l’aile de la Muse, et remporté comme lui à toutes les joûtes le prix de la danse et de la musique !  […] La jalousie, au degré où nous la voyons chez la jeune Mme Darcel, est une passion qui ne se guérit point, et dont l’objet peut seulement changer. […] Le pli est pris, rien à faire La vérité, c’est que, en combinant notre organisme avec celui de certaines plantes et de certains animaux, et en supposant portés au dernier degré de perfection des sens et des facultés que nous possédons déjà, nous arrivons à concevoir des formes vivantes assujetties à moins de nécessités que les corps où nous sommes captifs : mais ces formes rêvées, nous ne les aimons pas, nous ne désirons même pas qu’elles existent. […] à aucun degré. […] Elle qui a abandonné ses filles et qui les a retrouvées avec tant de sangfroid, elle souffre de ne pas les voir plus profondément remuées ; elle dit avec amertume : « Il y a plaisir pour moi, qui professe l’horreur des affections conventionnelles, à vous entendre calculer si paisiblement. » En d’autres termes, elle trouve insuffisant le degré d’amour filial qui correspond exactement à ce qu’elle exprime elle-même de maternité… De là à redevenir mère pour de bon, il n’y a peut-être pas excessivement loin : deux ou trois autres étapes, dont on va nous montrer une ou deux.

1602. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Être obligé à dix-sept ans de se faire maître d’études dans un collège de petite ville, gravir, un à un, tous les degrés du professorat, sans se reposer un seul jour, sacrifier sans murmurer son goût pour les lettres aux devoirs ingrats de l’enseignement, ne jamais se laisser détourner de sa voie par les séductions de l’ambition ou de l’amour-propre, parce qu’il faut, avant tout, assurer le pain de chaque jour à une mère d’abord,, puis plus tard à une femme et à un enfant, et à travers cette vie de travail et de dévouement conserver jusqu’au bout, jusqu’à l’âge où les hommes les mieux doués sentent tarir en eux l’enthousiasme, conserver, dis-je, intacte et pur au fond du cœur l’amour de la sainte poésie, n’est-ce pas un miracle ? […] Cette résolution a été soumise à Sa Majesté dans une adresse où se retrouvent au suprême degré toutes les qualités particulières à ce genre de composition. […] C’est une affection réfléchie, fondée sur l’estime, et que les années n’ont fait qu’accroître. « Notre reine, me disait dernièrement un homme d’État anglais, possède au suprême degré une vertu rare chez les femmes, plus rare encore chez les princes : la véracité. […] On y retrouve à un haut degré toutes les grandes qualités de l’écrivain, mais un certain côté un peu minutieux et digressif de son talent s’y fait sentir aussi d’une manière plus marquée. […] « Parvenu au plus haut degré religieux que jamais homme avant lui eût atteint, arrivé à s’envisager avec Dieu dans les rapports d’un fils avec son père, voué à son œuvre avec un total oubli de tout le reste, et une abnégation qui n’a jamais été si hautement pratiquée, victime enfin de son idée et divinisé par la mort, Jésus fonda la religion éternelle de l’humanité, la religion de l’esprit, dégagée de tout sacerdoce, de tout culte, de toute observance, accessible à toutes les races, supérieure à toutes les castes, absolue en un mot. » Les travaux de M. 

1603. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Paul Déroulède est doué au suprême degré de cette martiale intrépidité qui pousse les vieux soldats à s’exposer sans pâlir aux boulets de l’ennemi. […] Ce qu’il ne possède à aucun degré c’est cette puissance mystérieuse, par laquelle les vrais poètes, en accouplant certains mots, éveillent en nous une source d’émotions délicieuses et de suaves fraîcheurs. […] … » Voilà à quel degré d’exaltation peut conduire le félibrige. […] Ces objets évoquent des idées, des souvenirs et, pour tout dire, des sensations qui varient selon le degré d’imagination et de culture de l’observateur. […] Pierre Loti la possède à un degré éminent.

1604. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Ou, si l’on veut encore, et en prenant un autre chemin pour aboutir aux mêmes conclusions : comme la tragi-comédie, tout en la combattant, ne tendait pas moins vers la tragédie comme vers une forme plus sévère et plus pure d’elle-même, elle en diffère dans la mesure, très diverse pour chaque cas, dont les variétés d’un même genre diffèrent de celle qui contient, qui résume, et qui réalise en soi, à un degré supérieur, ce qu’elles ont toutes de commun et d’essentiel. […] Quel que fût le système décoratif en usage de son temps, Hardy n’aurait donc pas pu franchir les degrés auxquels — et je me retrouve avec M.  […] Car il y a des degrés dans la médiocrité même, quoi qu’en ait dit Boileau : il y en a jusque dans le pire. […] Puisque l’on s’expose donc, sans un peu d’espagnol, à se méprendre gravement sur la valeur propre du Cid ou sur le degré d’originalité du Gil Blas — ce qui sans doute est bien quelque chose, — il nous faut remercier M.  […] Mais ce qu’on peut faire, si je ne me trompe, ce qui est toujours et plus que jamais intéressant, c’est de préciser les raisons de ce succès ; c’est d’examiner le degré de sincérité de Pascal dans cette polémique ; c’est peut-être aussi de rechercher quelles ont été les conséquences des Provinciales.

1605. (1885) L’Art romantique

Les femmes qui étaient revêtues de ces costumes ressemblaient plus ou moins aux unes ou aux autres, selon le degré de poésie ou de vulgarité dont elles étaient marquées. […] Le convalescent jouit au plus haut degré, comme l’enfant, de la faculté de s’intéresser vivement aux choses, même les plus triviales en apparence. […] Nous sommes descendus jusqu’au dernier degré de la spirale, jusqu’à la fœmina simplex du satirique latin. […] Mais le vif étincellement, amené par degrés à cette intensité de rayonnement solaire, s’éteint avec rapidité, comme une lueur céleste. […] Absorbés par la passion féroce du beau, du drôle, du joli, du pittoresque, car il y a des degrés, les notions du juste et du vrai disparaissent.

1606. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

La paresse, la luxure, la gourmandise, surtout un certain degré d’ivresse, voilà ce qui met la nature humaine dans l’état de l’idéal comique65. […] Le bouffon privilégié, tantôt fin et spirituel, tantôt épais et balourd, a hérité quelque chose de l’inspiration joyeuse, de l’abandon plein de franchise, et de la liberté de tout dire, qu’avaient à un si haut degré les premiers poètes comiques.

1607. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Un franc-tenancier, par la vertu de l’élection, n’est éloigné que d’un degré du législateur, et par cette raison doit se lever pour la défense des lois qui sont jusqu’à un certain point son ouvrage917. » Ce sont là tous les sentiments anglais, composés de calcul et d’orgueil, énergiques et austères, et ce portrait s’achève par celui de l’homme marié : « Rien n’est plus agréable au cœur de l’homme que le pouvoir ou la domination, et je me trouve largement partagé à cet égard, à titre de père de famille. […] Le peu qu’on pouvait voir de sa figure était fardé, et, ce qui me parut fort singulier, on y démêlait des sortes de rides artificielles… Sa coiffure s’élevait fort haut par trois étages ou degrés distincts ; ses vêtements étaient bigarrés de mille couleurs et brodés de croix en or, en argent, en soie.

1608. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Malgré l’impartialité qu’il étale, le noble pair n’a pu prendre sur lui de déguiser cette passion qu’il éprouve au même degré que nos ministres en exercice, cette passion gouvernementale et doctrinaire qui ne veut pas que les évêques s’occupent des affaires de l’Église et s’en occupent publiquement d’une autre façon que le pouvoir ne le désire. » Et, trente ans plus tard (car, là-dessus, Veuillot n’a jamais varié) : « Nous n’ignorons pas que, selon la doctrine catholique libérale, la politique est une chose et la religion en est une autre, et que tout homme a le droit de faire ou l’une ou l’autre de ces deux choses, ou de faire l’une et l’autre à part, et même contradictoirement, mais n’a jamais le droit de les confondre. […] Veuillot lui accorde « toutes les latitudes du droit commun », le droit de posséder, d’acquérir, d’hériter ; l’usage de son droit particulier, de ses tribunaux intérieurs, la liberté de la charité, la liberté d’enseignement à tous les degrés ; le droit de fonder des universités canoniques, une au moins par province.

1609. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Il est très vrai que beaucoup de femmes, et quelques hommes pareillement, ne savent rien de l’arrière-fond de leurs âmes, ni s’ils aiment, ni qui ils aiment, ni comment et dans quel degré, ni s’ils mentent, ni pourquoi ils mentent. […] Ou plutôt, le mot ne signifie plus, à aucun degré, une classe, mais un état d’esprit inférieur et ignominieux.

1610. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

un esprit si pénétrant ne pas sentir qu’en religion, ainsi qu’en toutes choses ; ce qui en est comme la partie défendue est ce qu’on en aime le plus, et qu’à la longue, où il y aura une religion pour les délicats, il y aura autant de religions que de degrés de délicatesse ! […] Si, au contraire, dans le temps de Molière et de Bossuet, quelqu’un n’est pas tout à fait content de notre langue ou s’avise de regretter ce qui lui manque, c’est un écrivain excellent, il est vrai, mais qui ne l’est pas jusqu’à ce degré suprême, c’est La Bruyère169; c’est aussi Fénelon, que je consens à placer bien haut, pourvu que ce soit au-dessous de Molière et de Bossuet.

1611. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Que celui-là se montre, qui se croit en état de deviner juste tout ce que Virgile eût corrigé dans son énéïde, s’il eût eu le temps d’y mettre la derniere main : et si personne n’en sçait assez pour découvrir et apprétier ces fautes, personne n’en sçait assez non plus, pour sentir les traits heureux ; selon leur degré de perfection ; car il ne faudroit pas une connoissance moins fine de la langue, pour l’un que pour l’autre. […] Or le degré de disposition dans l’esprit du poëte, n’emporte pas toujours le même degré d’execution.

1612. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Il faut lire cet incroyable éloge pour se faire une idée du degré d’admiration de M.  […] Mais peu à peu, par degré, à mesure qu’il approche de la grande date : 89, l’auteur déride un peu sa phrase, d’abord sèche et rude comme du Tacite, et en arrive à une sorte de gaieté railleuse quand il parle de Louis XV et de Dubois, « cette Majesté et cette Éminence. » Vient ensuite l’éblouissement final de la délivrance : en quels termes est dépeinte cette auguste époque, il n’est pas besoin de le dire. […] Regnier, Griffin, Stuart Mérill, Retté, tous remarquables, à différents degrés et dont l’avenir nous répond.

1613. (1886) Le naturalisme

Car, en imagination comme en tout, il y a des degrés. […] Si cette faculté atteignit chez quelqu’un ce degré de puissance où elle poétise et transforme tout, et sans remplacer la vérité, en compense l’absence, ce fut chez George Sand. […] Je sais très bien que dans l’Essence divine les attributs de vérité, de bonté et de beauté sont réunis ; mais je sais aussi avec une certitude expérimentale, que dans les œuvres humaines, ils se trouvent séparés, et toujours à un degré relatif. […] Ils écrivent donc des livres à la portée de l’enfance et de la jeunesse, ouvrages qui sont rédigés souvent par des plumes habiles et fameuses, qui ont l’habitude de s’adapter au degré de développement auquel sont arrivées les facultés du public spécial à qui elles s’adressent.

1614. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Elle est banale au degré où la vérité est banale ; riche des significations que son auteur seul peut lui donner ; pauvre, s’il la délaisse. […] Arrivés à ce degré, capables « de puiser à la seule source pure de notre âme le jaillissement des eaux fécondes qui feront fleurir la vie dans nos mains », il ne faudra pas nous reposer même un instant, car « la chair ressaisit toujours ce que l’esprit a créé ». […] Mais, à un très haut degré, devenue tout à fait supérieure et désintéressée, l’ironie confine à la pitié ; enfin, il se fait une métamorphose et nous ne voyons plus les lumières de la vie que comme « des petites lampes qui éclairent à peine la pluie obscure ». […] La botanique n’est pas applicable aux plantes humaines : au degré de différenciation où les hommes sont arrivés, chaque exemplaire de l’humanité est une terre inexplorée, ― et inexplorable, puisque, relativement à la conscience, l’homme lui-même, avec sa pensée comme avec ses gestes, est un fragment du monde extérieur.

1615. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

En 1846, à l’époque où la feuille satirique atteignait à son plus haut degré de prospérité, quatre ou cinq des principaux crétins, s’imaginant que leur collaboration n’était pas étrangère au succès du journal, demandèrent que le prix de la rédaction fût porté de six centimes à deux sous la ligne. […] La semaine passée, encore, comme un rayon de soleil venait de luire, — profitant du moment où l’ingénieur Chevalier, son geôlier, avait le dos tourné, le mercure, — parvenu au plus haut degré de l’exaspération, — a voulu s’échapper du thermomètre, — comme autrefois Latude de la Bastille. […] Quand il aura franchi ces deux degrés, le caudataire arrivera enfin au comble de ses vœux. […] Lumley s’avance sur la scène, — il a le soleil sur son jabot, et l’on voit briller les planètes aux boutonnières de son gilet, — il salue à quatre-vingts degrés, pose la main sur son cœur et se prépare à prononcer un speach ; mais l’émotion, ou sa cravate, étranglent son éloquence, — et alors, — ah ! […] Le lendemain, c’était Hermione ; huit jours après, c’était déjà celle qui fut Rachel. — On sait combien le public fut prompt à retourner à ce théâtre, presque délaissé, et avec quelle ferveur passionnée il accueillit la résurrection des vieux maîtres classiques. — Pour qu’un pareil enthousiasme ait pu se maintenir à un degré égal pendant dix-huit ans ; — pour avoir su, avec cinq ou six rôles, ramener le culte d’une forme dramatique qui n’était plus dans le goût de l’époque, — il fallait quelque chose de plus qu’un grand talent, il fallait cette puissance souveraine d’un art supérieur

1616. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Entre le despotisme et l’anarchie, entre une doctrine étroite et l’absence de toute doctrine, il y a des degrés. […] Il a une effrayante précision, quand il s’agit d’assigner sa place à un ouvrage ; il sait, à un degré près, le point qu’il peut lui accorder sur cette échelle des valeurs littéraires. Ainsi il fait descendre d’un degré les Rois en exil de Daudet, parce que l’invention et la copie du réel s’y mêlent. […] Aimer d’un amour presque exclusif nos classiques, qui ont eu au suprême degré le sentiment de la mesure et l’équilibre des facultés ; et être soi-même un outrancier, un violent ! […] Il a au plus haut degré l’imagination scientifique, j’entends celle qui se représente la liaison des effets et des causes.

1617. (1887) George Sand

Mais le début du roman garde l’empreinte d’une grande et sincère émotion religieuse qui ne se rencontre nulle part, dans la vie de l’auteur, au même degré qu’au couvent des Anglaises. […] De ces nouvelles, dont le cadre et le paysage sont empruntés à l’Italie et surtout à Venise, il faut rapprocher les Lettres d’un voyageur, publiées à différentes dates et à d’assez grands intervalles, mais dont les premières, les lettres vénitiennes, offrent un intérêt étrange et passionné que les autres n’ont pas au même degré. […] D’où il faut conclure que, dans ce travail providentiel qui prédestine les âmes les unes aux autres, il n’est tenu aucun compte des degrés de la hiérarchie sociale où le hasard et le préjugé distribueront ces âmes à leur entrée dans la vie. […] Ce qui a fait la royauté littéraire du roman, c’est en grande partie l’ennui moderne, cette maladie que les générations des autres siècles, moins excitées et plus croyantes, n’ont pas connue au même degré que nous ; c’est l’ennui, ce vide absolu de l’esprit et du cœur, qui est un trait irrécusable des hommes de notre temps. […] De là, selon les degrés où se place l’écrivain, une estime ou une admiration qui n’est pas exempte d’un certain sentiment de lassitude.

1618. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

On y trouve, en effet, une énergie d’archaïsme telle que je ne la crois pas rencontrable au même degré dans aucun autre lieu du monde, surtout à Paris. […] Les onagres philosophiques du dix-huitième siècle ne pouvaient ni ruer ni braire en sécurité et, jusqu’aux derniers jours du second empire, un certain degré d’insolence n’allait pas sans quelque danger. […] On leur a fait accomplir les « trois voyages », et ils ont monté les degrés de l’« échelle sans fin » ; on leur a fait faire « trois pas dans l’angle d’un carré long », on les a soûlés d’images symboliques, d’équerres, de compas, de glaives flamboyants, de lunes et d’étoiles, et ces superbes Capanées, qui n’ont pas assez d’injures pour la filiale soumission des chrétiens, font le serment de la plus aveugle obéissance à un pouvoir occulte qu’ils ne connaîtront jamais et qu’il leur faudra servir tant qu’ils vivront et quoi qu’il ordonne, jusqu’à répandre leur sang pour lui. […] Rollinat n’a point d’ironie et n’est terrible qu’à force de mélancolie, espèce de miracle que je ne crois pas qu’aucun autre art que le sien ait jamais obtenu au même degré. […] Néanmoins, cette étude est si peu un travail de pure critique, je me suis placé dans cette revue, plus religieuse encore que littéraire, à un point de vue si spécial, j’ai tellement voulu montrer, à travers le grand artiste, l’âme vivante de l’homme et j’écris pour des lecteurs de tant de sympathie et de si peu de mondanité, que cette épreuve redoutable de la citation ne peut avoir l’ordinaire degré d’imprudence et de témérité7.

1619. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Grâce à lui, l’idée de la Beauté s’est exhaussée d’un degré sublime ; le monde plastique a retrouvé sa reine. […] Son caractère lunaire pâlit par degrés ; elle en gardera toujours le reflet, mais la Chasseresse prédomine, l’héroïne sans protecteur et sans maître, qui vit, libre de tout joug, au fond des grands bois. […] On suit pour ainsi dire sa croissance vers la perfection ; on le voit grandir en héroïsme, en justice, en beauté morale : il monte au sommet de la vertu humaine par des degrés de sublimité. […] L’art s’est rarement assimilé la vie à un degré plus intense. […] Une belle légende, citée par Mahomet, caractérise sa fatalité. — Un jour, Azraël, passant sous une forme visible devant Salomon, regarda fixement un homme assis sur les degrés de son trône.

1620. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

» Pendant deux années il trouva en Danemark dans la famille Brun le degré et comme la température d’affection qui lui convenait le mieux, et il eut aussi devant les yeux tout un monde nouveau qui se découvrait à son intelligence.

1621. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Ainsi on le voit, par degrés, se former, se civiliser et devenir l’objet d’un culte délicat, ce Cid qui dans la réalité, au xie  siècle, ne guerroyait que « pour avoir de quoi donner l’orge aux siens et de quoi manger. » Il garde pourtant encore, dans ce poème du commencement du xiiie  siècle, plus d’un trait de sa rude et primitive nature.

1622. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Quoi qu’il en soit du degré où il admettait le scepticisme de Bayle, il nous représente mieux que personne le mouvement de ferveur et d’enthousiasme qui signala en France l’apparition de ce fameux Dictionnaire ; car cet ouvrage qu’on se borne aujourd’hui à consulter et à ouvrir par places, se lisait tout entier, se dévorait à sa naissance.

1623. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

. — Il en vient ainsi par degrés, et d’élimination en élimination, à définir son mode de composition préféré, la manière combinée et construite qui est la sienne, et qui serait peut-être à rapprocher, pour le moment, de celle d’Edgar Quinet, à mettre en contraste et en parallèle avec ce procédé également réfléchi, diversement lumineux.

1624. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Le caractère de son commentaire en ce qui est des Bucoliques et des Géorgiques est une grande clarté, une part de grammaire, facilement et largement traitée, sans sécheresse aucune, l’indication rapide des variantes qui ont été proposées, et une certaine part aussi de critique littéraire et admirative que nos voisins d’outre-Rhin n’admettent pas d’ordinaire à ce degré.

1625. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Tu sentiras aussi par degrés toutes les fougues de ton cœur d’homme s’apaiser devant cet immense amour qui purifie tous les autres, et tu seras comme un enfant qu’une fleur contente et rend riche.

1626. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

À rangs égaux, en lignes sourcilleuses, Dès le matin des luttes fabuleuses, Aux flancs des monts vaguement éclairés, Les noirs soldats s’ébranlaient par degrés ; Dès qu’un rayon aux collines prochaines Montrait l’aurore, ils saluaient César ; Puis, tout le jour, à son jeu de hasard, Silencieux, ils épuisaient leurs veines ; Tant qu’à la fin, dans l’excès des combats, Noble immolée, ô France, tu tombas !

1627. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Sue n’a pas voulu les remplacer, pour ainsi dire, dans la lumière qui seule les complète, ni entrer dans cet esprit général et régnant qui a été comme la longue ivresse et l’enchantement propre de l’époque de Louis XIV ; il y fallait entrer pourtant à quelque degré, sinon pour le partager, du moins pour le juger, et pour y voir personnes et choses dans leur vraie proportion.

1628. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

C’est pour n’avoir pas senti, pour avoir insensiblement oublié à quel point et à quel degré de réalité Pascal croyait à Jésus-Christ, au Dieu-homme et sauveur, qu’on a voulu faire de lui un sceptique.

1629. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

En conséquence, je déclare ne pouvoir m’associer à aucun degré à des conclusions que je considère comme l’erreur d’un homme de bien alarmé.

1630. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Voilà comment, par degrés, le domaine seigneurial s’émiette et s’amoindrit.

1631. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Les flancs abaissés en larges degrés de ces montagnes descendent comme des plis de terre grisâtre vers le fond du vallon ; les pentes sont tachées çà et là de groupes de grands arbres noirs, cyprès, cèdres, sapins.

1632. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Jean de Meung ne fait pas plus que ses devanciers la psychologie de l’hypocrisie : il n’ajoute à leurs satires que quelques degrés de virulence et de passion, et ses rares et fortes qualités d’écrivain.

1633. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Il faut lire avec quelle sûreté il joue de Gaston d’Orléans ; il en connaît le ressort, la peur ; mais il sait exactement les degrés et les moments, quelle pression, en quelles circonstances, produira la passivité, l’activité ou sentimentale ou oratoire ou physique, enfin le courage même.

1634. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Il est aussi peu que possible l’homme de la nature : sa nature à lui, c’est d’être au plus haut degré l’homme de la société.

1635. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Sa qualité maîtresse, on le sait, on l’a dit mille fois, c’est le bon sens, qui, à ce degré, ne va pas sans un brin de défiance à l’endroit de la sensibilité et de l’imagination.

1636. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Un exemple suffira pour montrer comment on peut noter, par comparaison, le degré atteint dans l’échelle sociale par le valet ou la servante.

1637. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

On a pu lui reprocher, sans trop de malveillance, d’avoir eu à un faible, degré l’amour de la famille et de la patrie.

1638. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

En somme, le raisonnement, à son plus bas degré, n’est, à proprement parler, qu’une association d’idées ; car on ne peut voir autre chose dans l’inférence du particulier au particulier.

1639. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

La terreur envahit ainsi par degrés la scène, sans cause apparente.

1640. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Faisant l’application de ceci à l’Encyclopédie, Malesherbes montrait les deux principaux auteurs, d’Alembert et Diderot, l’un d’eux, d’Alembert, le plus sage, et « qui n’a jamais eu d’aventures », ayant part aux honneurs académiques et aux grâces littéraires, et sur qui on avait prise à quelque degré ; le second, Diderot, qui avait fait des fautes et en avait été puni sévèrement : Mais ces fautes sont-elles irréparables ?

1641. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Le commandant du fort, M. de Saint-Mauris, homme déjà vieux, vaniteux et capable de passions chétives, ne se démasqua que par degrés, et accorda d’abord à son prisonnier bien des facilités voisines de l’indulgence.

1642. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Jeudi 18 décembre Tous les jours, par 15 ou 16 degrés de froid, au Palais de justice, à dix heures du matin.

1643. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Sur ce globe est vaguement indiquée, au vingt-quatrième degré de latitude, sous le signe de l’Écrevisse, une espèce d’île nommée Antilia, qui fixa un jour l’attention de deux hommes ; l’un, qui avait construit le globe et dessiné Antilia, montra cette île à l’autre, posa le doigt dessus, et lui dit : C’est là.

1644. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

On rencontre du reste ici une difficulté nouvelle : quel est le degré de cens qui représentera la capacité politique ?

1645. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Le Paradis perdu de Milton est peut-être le seul Poëme anglois où l’on peut trouver dans un parfait degré cette conformité qui satisfait l’esprit, & cette variété qui rejouit l’imagination.

1646. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Peu d’hommes ont, — au complet, — cette grâce divine du cosmopolitisme  ; mais tous peuvent l’acquérir à des degrés divers.

1647. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

La mobilité physique, qui permet aux hommes de courir d’un point à l’autre d’un territoire, est déjà, nous l’avons vu, favorable à l’égalitarisme : a fortiori cette mobilité proprement sociale, grâce à laquelle les hommes montent et descendent les différents degrés de l’échelle des situations.

1648. (1898) La cité antique

À compter d’après nos usages, la parenté dessapindas irait jusqu’au septième degré, et celle dessamanodacas jusqu’au quatorzième. […] Dans la langue juridique et religieuse de Rome, ces trois Scipions sont agnats ; les deux premiers le sont entre eux au sixième degré, le troisième l’est avec eux au huitième. […] Cet homme qui, d’après nos coutumes modernes, serait le plus proche parent de Scipion Émilien, n’était pas même son parent au degré le plus éloigné. […] Que l’on observe ce jeune Athénien s’élevant d’échelon en échelon, de culte en culte, et l’on aura l’image des degrés par lesquels l’association humaine avait jadis passé. […] Chez ces populations, la société s’est formée lentement, longuement, par degrés, en passant de la famille à la tribu et de la tribu à la cité, mais sans secousses et sans luttes.

1649. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

En toutes choses vous possédez au plus haut degré le génie de la promptitude. […] Ils portèrent au plus haut degré de l’héroïsme les vertus militaires, qui sont les vertus fondamentales sur lesquels tout l’ordre humain repose encore aujourd’hui. […] Leconte de Lisle a au plus haut degré le don du rythme et de l’image. […] Nous avons à l’ombre 30 degrés et au soleil 55, mais on ne pense pas à cela quand on a du bon vin dans le corps. » S’il boit beaucoup, il mange à l’avenant. […] Arsène Darmesteter est un linguiste doué d’un esprit à la fois analytique et généralisateur qui s’élève par degrés jusqu’à la philosophie de la parole.

1650. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

À mesure qu’elle descend les degrés, la foule de plus en plus épaisse, la poursuit de ses clameurs. […] Sans capote, par 8 degrés de froid, ils marchaient dans la neige avec de mauvais souliers, combattaient chaque jour, manquaient de pain et restaient joyeux. […] Descendu au dernier degré de la platitude, de la vulgarité, destitué de toute beauté intellectuelle et plastique, laid et bête, il dégoûta les délicats. […] Antoine possédait ces facultés au plus haut degré. […] Pour s’engager d’un degré de plus dans la perfection, il alla se cacher dans un sépulcre.

1651. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Et c’est par un effort incessant vers la connaissance toujours plus grande, vers l’enchevêtrement des idées, qu’ils en sont arrivés à l’amour du symbole, sorte de langage au deuxième degré où des séries de phrases valent comme des mots et signifient un terme unique. […] L’auteur des Méditations avait au plus haut degré les qualités oratoires. […] Il serait intéressant au plus haut degré de saisir le travail cérébral par lequel ces merveilles palpitent. […] Ces dons multiples et précieux se retrouvent au plus haut degré dans le nouveau recueil de Marcel Schwob : Mimes. […] Mais à ce degré-là qu’est-ce qu’un ambitieux ?

1652. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Barbares ou demi-barbares, guerriers des sept royaumes ou chevaliers du moyen âge, jusqu’ici nul esprit n’est monté jusqu’à ce degré. […] Ainsi peu à peu, par degrés, la conception qui féconde et régit les autres s’est desséchée ; la profonde source d’où ruissellent toutes les eaux poétiques est vide ; la science ne fournit plus rien au monde.

1653. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

C’était un premier degré à des fonctions littéraires plus lucratives et plus élevées, un prétexte à traitement. […] Allez par degrés à la liberté, si vous ne voulez pas que votre triomphe soit une chute.

1654. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il y en a, au contraire, au suprême degré, si on lui rend sa signification originelle : la capacité de manifester, d’évoquer des images, des souvenirs d’images. […] Il est dangereux de leur permettre l’accès immédiat aux plus hautes fonctions, de leur faire monter d’un coup tous les degrés de l’échelle sociale. […] Les degrés que l’ancien Régime imposait à cette ascension sont indispensables. […] Et enfin, imaginez un très quelconque fonctionnaire, médiocre, assidu à ses petits devoirs ; terre à terre : l’amour qu’il éprouvera pour une femme très pure, qui ne se donnera pas, qui mourra sans s’être donnée, développera par degrés, en lui (c’est L’Ascension de M.  […] Ses quinze volumes — à l’exception de La Prisonnière, et encore à un faible degré — sont-ils bien des romans ?

1655. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Goethe, qui les lisait de près, avec une attention et une assiduité que soutenait la manière dont ils parlaient de lui, les trouvait « hardis au suprême degré !  […] En rapprochant l’art de l’imitation de la nature, les Flaubert et les Taine, les Leconte de Lisle et les Renan ont donc donné au style un degré de précision, de plénitude et de solidité, de « densité », disait Flaubert, dont on s’était depuis longtemps désaccoutumé. […] Les dernières années d’Hugo ; — et de la très grande influence politique et sociale qu’il a effectivement exercée, — non comme pair de France ; — ni comme député aux Assemblées de 1848 et 1850 ; — mais comme écrivain ; — par ses Châtiments, 1852 ; — par son Napoléon le Petit, 1853 ; — par ses Misérables, 1862 ; — ou, en d’autres termes, par la persistance de ses haines ; — et son habileté, peut-être inconsciente, à les identifier avec la cause du « progrès social ». ; — Des Misérables ; — et que l’idée première en est sans doute née du désir de passer en popularité les maîtres du « roman » feuilleton ; — l’auteur des Mémoires du Diable et celui des Mystères de Paris. — De l’esprit du roman ; — de l’art avec lequel y sont flattés les pires préjugés populaires ; — et, à ce propos, que si Victor Hugo n’est pas ce qu’on appelle un « penseur », — ses idées ont cependant plus de portée qu’on ne leur en attribue. — William Shakespeare, 1864 ; — et qu’en plus d’un point la critique n’a rien trouvé de mieux que quelques jugements ou quelques intuitions littéraires d’Hugo. — Les Travailleurs de la mer, 1566 ; — et qu’il s’y trouve des choses « profondes » ; — ce qui d’ailleurs est assez naturel ; — si, quand on possède au degré où il l’a possédé le don de l’« invention verbale », — on ne saurait associer diversement les mots, — sans associer diversement aussi les idées qu’ils expriment. — On ne saurait non plus traiter le « lieu commun » — sans toucher aux questions les plus générales qui intéressent l’humanité ; — et par exemple, on ne saurait développer le contenu des mots d’indépendance, — de liberté, — de patrie, avec les moyens d’Hugo, — sans mettre en lumière quelques aspects nouveaux des choses [Cf.  […] Cette observation nous ramène à la comparaison du rôle de Victor Hugo avec celui de Voltaire ; — et, sans insister sur ce « déisme — dont ils ont cru l’un et l’autre assurer d’autant plus solidement la fortune, — qu’ils traitaient l’un et l’autre plus injurieusement les religions positives, — on voit apparaître trois grandes différences. — La première est tout à l’avantage d’Hugo, qui est comme poète le plus « extraordinaire » de nos lyriques ; — et, dans ses chefs-d’œuvre, le plus grand écrivain que nous ayons en vers ; — tandis que de nombreux prosateurs sont au-dessus de Voltaire. — Mais en revanche Voltaire a possédé deux choses qui ont manqué à Victor Hugo, c’est à savoir : — une culture étendue, variée, solide, voisine en quelques points de l’érudition même ; — et, d’autre part, il ne s’est désintéressé d’aucune des manifestations de l’esprit de son temps ; — tandis que la curiosité de Victor Hugo est demeurée entièrement étrangère au mouvement « scientifique » et philosophique de son temps. — Et que c’est peut-être en cela qu’il est poète ; — si tous les grands poètes ont eu en général leurs regards tournés vers le passé ; — mais c’est aussi pour cela qu’ayant joué en apparence le même rôle que Voltaire, — il n’est cependant pas au même degré que Voltaire la « représentation » de son temps. […] Cette théorie est demeurée la sienne jusqu’en 1865. — Mais alors, ayant été nommé « professeur d’esthétique et d’histoire de l’art » ; — et se trouvant être le plus consciencieux des hommes ; — il s’est rendu compte que l’on ne pouvait parler des œuvres d’art sans les « juger » ; — ni en faire seulement l’histoire sans les « classer ». — C’est ce que l’on voit déjà paraître dans sa Philosophie de l’art en Italie, 1865 ; — plus clairement encore dans son Voyage en Italie, 1866 ; — et tout à fait ouvertement dans ses leçons sur l’Idéal dans l’art, 1869. — C’est en effet là qu’après avoir épuisé tous les moyens « naturels » de déterminer le rang des œuvres d’art ; — possession des ressources du métier ; — permanence et profondeur du caractère exprimé par les œuvres ; — « convergence des effets » ; — il pose comme critérium décisif, — « le degré de bienfaisance du caractère ». — Et ce critérium est discutable ; — mais c’en est un et tel qu’aucun Geoffroy Saint-Hilaire n’en a jamais invoqué de semblable ; — puisqu’enfin il tend à mettre le renard ou l’hyène fort « au-dessous » du chien ; — et la considération « esthétique » s’en trouve réintégrée dans la critique.

1656. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Nous admirons dans l’Artémis grecque une incomparable pureté de type : mais que ne doit pas notre curiosité au savant qui a mis à nu, dans l’île de Délos, ces quelques statues ruinées aux trois quarts, qui reproduisent un type inférieur de beauté et forment une série étroite où se marquent, degré par degré, les progrès de l’art archaïque ? […] Berthelot vous dira que la chimie est sortie de l’alchimie, que tout n’est point à mépriser chez les théurges, et que c’est à l’un d’eux, par exemple, Cardan, qu’on doit en algèbre la solution des équations du 3e degré. […] Francisque Sarcey. — Portez les qualités précédentes au degré éminent qu’elles atteignent chez M. 

1657. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Le public n’apprécie pas le faire de l’œuvre, il ne distingue même pas si elle est complète, il ne se rend compte que de l’émanation d’un sujet, pour ainsi dire, il en voit l’intention plutôt que l’exécution ; souvent des livres, des pièces, des tableaux qui le frappent, n’ont cependant aucune vie et périssent, parce qu’il n’a pas de raison suffisante pour y revenir, étant ensuite frappé à un degré égal par d’autres œuvres égales à celles-là. […] si vous étiez pénétré au même degré que lui de l’intensité, de la plénitude des choses que vous voyez, vous ne pourriez plus être attentif à une autre besogne que la sienne, et lorsque vous prétendez que ni votre portière, ni votre tailleur, ni votre facteur ne vous intéressent, vous mentez. […] C’est l’art qui excite l’imagination au plus haut degré. […]  ») « La manière attire par degrés : pour s’en défendre, il faut se maintenir avec une volonté persévérante dans l’observation attentive et continuelle de la nature.

1658. (1899) Arabesques pp. 1-223

Albert Samain et même quelquefois M. de Régnier, malgré son art congelé d’habitude à cinquante degrés sous zéro. […] Huysmans, ils précisent simplement le degré de décomposition auquel l’art catholique est arrivé. […] J’aimerais mieux, puisque votre humeur bizarre vous porte à publier des vers par trente-huit degrés au soleil, vous octroyer un brevet de génie sans vous lire. […] L’ayant beaucoup lu, l’aimant et le haïssant au même degré, je donne ici un croquis de l’image qu’il imprime actuellement en moi.

1659. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

C’était littéralement un cottage et, aussi bizarre qu’il parut à mes yeux de Français, un coquet cottage anglais, avec son gracieux toit de chaume, ses étroites fenêtres à guillotine, et ses nombreux degrés distribués çà et là, aux divers côtés de l’habitation, par deux et par trois, de la cuisine au parloir et du parloir à la nursery. […] Il était entouré de haies, ainsi que le sait quiconque a vu la terre anglaise (en réalité la Grande-Normandie, plutôt que la Grande-Bretagne des géographes), et entouré à un degré presque surnaturel, pour un lecteur de Shakespeare, par des peupliers féeriques. […] rien de l’anecdote ; c’est Vénus, c’est Mars, toujours quelque sentiment porté à son plus haut degré. […] La plupart avaient la tenue historique de l’université, la robe noire, courte ou longue selon le « degré », et complétée, en plein air, par la coiffure traditionnelle, le bonnet plat et carré.

1660. (1929) La société des grands esprits

Il faut s’entendre, et il y a des degrés. […] Ce que personne ne semble avoir sérieusement contesté, c’est que Pascal fut un homme d’un, ou plutôt de deux génies extraordinaires, par un cumul dont on ne connaît pas d’autre exemple à ce degré. […] Par la faute des circonstances, ou par manque de vocation, le grand Pascal ne laisse pas un seul ouvrage strictement composé ; et peut-être les dons de synthèse, d’ordonnance, d’architecture intellectuelle, n’étaient-ils pas ceux qu’il possédait au plus haut degré. […] Mais ces deux illustres Allemands, avec tout leur savoir et tout leur génie, ne possédaient pas au plus haut degré ce don de tourner agréablement une lettre, don très français au contraire, qu’on trouve chez de simples femmelettes, admirées pour cela de Paul-Louis Courier. […] Elles ne comportent pas le même degré de certitude, du moins dans l’affirmation : on est sûr d’écarter les erreurs, non d’arriver à la vérité complète.

1661. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Bref, vous trouverez chez don Juan, à un haut degré, ce qu’on a appelé, depuis, le « dilettantisme », et vous le trouverez mêlé à un sentiment qui n’a été, lui non plus, complètement exprimé que de nos jours : l’amour artistique du mal, qui n’est qu’un raffinement d’orgueil, la forme la plus savante de l’instinct de révolte. […] Nous devons reconnaître qu’au temps de Racine on n’avait pas, au même degré qu’aujourd’hui, l’intelligence du passé, le sentiment et le goût de l’exotique, la notion de la variété profonde des types humains. […] D’abord, il y a trop d’inconnu dans les origines même de ce sentiment ; puis, le degré et l’espèce en sont trop variés, et aussi les conditions qu’il rencontre. […] Et tout, dans la construction de ces trois pièces, est subordonné à ce dessein de nous montrer, dans le plus haut degré de pureté et d’éclat qui se puisse concevoir, les trois vertus que j’ai dites. […] Vraiment le degré de beauté morale, où pouvaient s’élever les hommes par la doctrine d’Orphée, n’a guère pu être dépassé.

1662. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Cependant, sans donner dans la théorie des idées-forces, dont je suis très éloigné, je ferai remarquer qu’à un certain degré de culture, l’intelligence devient aussi une force, parce qu’elle devient une passion elle-même. […] On trouve cette qualité à un moindre degré dans le livre de M.  […] Mais, comme dit le prince d’Aurec, il y a la manière, et aussi il y a des degrés. […] La charité sociale à un certain degré peut être antinationale ; à un certain degré et pratiquée intelligemment, elle est un patriotisme bien entendu. […] Un certain degré d’indéterminé est nécessaire à une idée pour qu’elle soit poétique, parce que l’imagination n’est contente que si elle n’est pas satisfaite.

1663. (1932) Le clavecin de Diderot

Les privilégiés du monde capitaliste, consciemment ou non  mais qu’importe, ici, le degré de leur clairvoyance, de leur sincérité   cherchent des arguments, des prétextes pour ne point renoncer aux avantages d’une idolâtrie, dont ils estiment qu’elle prouve en même temps que leur foi, leur bonne foi, et, de ce fait, doit leur permettre de frustrer la masse de son devenir. […] Ainsi, les attentats qui doivent les mener à l’échafaud sont des suicides au deuxième degré. […] Au reste, le petit sadisme des observateurs, l’orgueil masochiste des observés se réjouissent de toutes les conjonctivites, comme si, au degré de leur violence, pouvait se mesurer sinon l’illumination, du moins la clairvoyance.

1664. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

En 1783, il eut l’idée de faire quelques changements à Werther : « J’ai repris dans des heures calmes mon Werther, et, sans toucher aux parties qui ont fait tant de sensation, je pense le hausser de quelques degrés.

1665. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

M. de La Mothe n’avait à aucun degré ce sens de l’à-propos qu’eut Balzac et qu’avait Vaugelas malgré sa lenteur.

1666. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Au type vague, abstrait, général, qu’une première vue avait embrassé, se mêle et s’incorpore par degrés une réalité individuelle, précise, de plus en plus accentuée et vivement scintillante ; on sent naître, on voit venir la ressemblance ; et le jour, le moment où l’on a saisi le tic familier, le sourire révélateur, la gerçure indéfinissable, la ride intime et douloureuse qui se cache en vain sous les cheveux déjà clair-semés, — à ce moment l’analyse disparaît dans la création, le portrait parle et vit, on a trouvé l’homme.

1667. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

A la manière énergique dont Saint-Simon nous parle de cette race des Condés, on voit comment par degrés en elle le héros en viendra à n’être plus que quelque chose tenant du chasseur ou du sanglier.

1668. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Et il eut même ces talents divers à un degré qui se fait reconnaître de lui-même, qui devient sa conscience dans l’âme d’autrui, qui réfute toutes les critiques, qui renverse toutes les jalousies et qui fait dire à tout un siècle : Il est grand !

1669. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il n’est volontaire à aucun degré : pas même impulsif.

1670. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

L’image ne doit être que le dernier degré d’exactitude, ou plutôt elle ne doit être que la pensée elle-même ; mais, pour une qui remplit cet office, combien qui ne sont que des apparences de la pensée !

1671. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Il y passa successivement par tous les degrés du sacerdoce, et y reçut la prêtrise en 1511.

1672. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Qui donc a la noble ambition de nous faire gravir un degré de plus de l’échelle mystérieuse par laquelle l’homme prétend s’élever jusqu’à Dieu avec les seules forces de sa raison ?

1673. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Depuis la première chute d’Emma jusqu’au jour où elle prend de l’arsenic à poignées dans le bocal du pharmacien et le dévore avec une avidité farouche, on la voit descendre pas à pas tous les degrés de la honte.

1674. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Tout en criant, il grimpait sous une grêle de pierres, et, le corps ramassé sous son bouclier, il montait les degrés glissants de l’échelle.

1675. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

On eût dit alors, je le sais par d’autres que moi, que son cœur et sa tête s’emplissaient par degrés de fumée, — d’une fumée qui étouffait l’élan, l’abandon, le fluide de l’inspiration.

1676. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Mardi 16 janvier Une confession de Raoul Rigault père, à Ernest Picard : « Mon fils était arrivé à un tel degré de cynisme, qu’un jour il a dit : « Tiens, il y a longtemps que je n’ai vu papa… J’ai envie de le faire arrêter… comme ça, on me l’amènera. » J’ai lu, je ne sais où, que chez quelques chiens, il y avait en leur gaieté, comme l’apparence d’un rire.

1677. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Les Anglais et les Allemands seraient de beaucoup, et à peu près au même degré, nos plus proches voisins sémantiques.

1678. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

. — La Troupe de Molière Quand Molière improvisa L’Impromptu de Versailles, il était arrivé au plus haut degré sinon de sa gloire, au moins de sa faveur.

1679. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Werner, connu, même en France, par le succès mérité de sa tragédie de Luther, et qui réunit au plus haut degré deux qualités inconciliables en apparence, l’observation spirituelle et souvent plaisante du cœur humain, et une mélancolie enthousiaste et rêveuse, Werner, dans son Attila, présente à nos regards la cour nombreuse de Valentinien, se livrant aux danses, aux concerts, à tous les plaisirs, tandis que le fléau de Dieu est aux portes de Rome.

1680. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Dieu seul sait la distance entre nous, Seul il sait quels degrés de l’échelle de l’être Séparent ton instinct de l’âme de ton maître ; Mais seul il sait aussi, par quel secret rapport.

1681. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

C’est depuis 1820 surtout que les prétentions du parti anglo-catholique, inspirées par d’impérissables souvenirs et appuyées sur la science, ont contracté un degré de netteté et d’influence légitime qu’il a été impossible, même aux plus fanatiques anglicans, de méconnaître.

1682. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Ainsi donc, nous nous appuyons sur la physiologie, nous prenons l’homme isolé des mains du physiologiste, pour continuer la solution du problème et résoudre scientifiquement la question de savoir comment se comportent les hommes, dès qu’ils sont en société… En somme, tout se résume dans ce grand fait : la méthode expérimentale, aussi bien dans les lettres que dans les sciences, est en train de déterminer les phénomènes naturels, individuels et sociaux, dont la métaphysique n’avait donné jusqu’ici que des explications irrationnelles et surnaturelles8. »‌ En résumé, de même que, suivant Claude Bernard, la « méthode appliquée dans l’étude des corps bruts, dans la chimie et dans la physique, doit l’être également dans l’étude des corps vivants, en physiologie et en médecine », de même, suivant Zola, la méthode expérimentale qui conduit à la connaissance de la vie physique, « doit conduire aussi à la connaissance de la vie passionnelle et intellectuelle. » « Ce n’est qu’une question de degrés dans la même voie, ajoute le romancier, de la chimie à la physiologie, puis de la physiologie à l’anthropologie et à la sociologie.

1683. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Que l’imitation aille, comme le veut son théoricien136, de l’intérieur à l’extérieur, du mental au physique, ou au contraire, comme nombre d’observations tendraient à le prouver de l’extérieur à l’intérieur, du physique au mental137, — que l’on commence par imiter les façons de se vêtir, de s’abriter, de se nourrir avant d’imiter les façons de penser, ou inversement, — il est acquis que l’imitation, en transportant d’un individu à l’autre, à travers les milieux ethniques les plus divers non pas seulement quelques caractères insignifiants, mais les caractères les plus nombreux et les plus importants, transforme, à des degrés d’ailleurs divers, l’intérieur comme l’extérieur des hommes, leur physique comme leur mental.

1684. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Ne pouvant nier l’éclatante supériorité intellectuelle et esthétique d’Athènes, ni l’infériorité des barbares germains à ce point de vue (bien qu’il chicane un peu sur leur degré de barbarie), il prend le parti d’admettre que les arts, les lettres et les sciences ne sont pas le fait des races pures, mais des races métissées et dégénérées. […] Gobineau n’était, sous aucun prétexte et à aucun degré, un pangermaniste. […] Le scepticisme imprudent qui s’en prend à la raison humaine est le premier degré de ce scepticisme criminel qui s’attaque aux mystères divins. » C’est la doctrine orthodoxe : la raison n’explique pas les mystères, mais elle démontre la nécessité d’y croire ; elle ne remplace pas la foi, mais elle y conduit. […] Tous ceux qu’enchantent le Saint Paul et le Marc Aurèle de Renan découvriront, quoique à un degré un peu moindre, les mêmes attraits dans le Saint Augustin de M.  […] Il a lui-même, à un degré éminent, l’imagination mythique.

1685. (1903) Propos de théâtre. Première série

Entre la tragédie et le mélodrame, il ne peut donc y avoir qu’une différence de degré. […] Pauline et Polyeucte sont tout au haut du degré. […] Elle commence comme une comédie, s’assombrit par degrés et devient un drame presque terrible. […] Demain il sera tout à l’ivresse des fêtes royales, militaires et religieuses, de l’avènement ; il oubliera, et ne saura jamais au juste le degré d’importance du rôle qu’il a joué dans le changement de dynastie. […] Joad, à un degré supérieur, a le grand art du remueur d’hommes, l’art de frapper puissamment les imaginations.

1686. (1888) Portraits de maîtres

De Vigny déploie des qualités qu’aucun poète moderne n’a possédées au même degré : ce sont des qualités raciniennes. […] Cependant, sous les flots montés également, Tout avait par degrés disparu lentement ; Les cités n’étaient plus, rien ne vivait, et l’onde Ne donnait qu’un aspect à la face du monde. […] « Lui le poète, beau et souriant avec ses cheveux d’or, vêtu avec une élégance anglaise tout à fait correcte et alors inusitée parmi les romantiques, il avait et montrait au plus haut degré le respect de lui-même. […] Ce talent, cet art que de Vigny possédait au plus haut degré, que déploie à tout moment Coppée, se révèle dans presque toutes les odelettes du maître chansonnier. […] Cette dernière condition d’un enseignement à la française, Michelet l’a possédée au plus haut degré : il a fait, mieux que tout autre, du professorat ce qu’il doit être par intervalle, au moment décisif d’une leçon, ce que Schiller appelait une prédication laïque.

1687. (1883) Le roman naturaliste

Il faut trouver le milieu psychologique, et même géographique, où le personnage atteindra ce degré de vraisemblance qui est la vérité et la vie de l’œuvre d’art. […] Il y en a plusieurs, selon le degré de rapidité que l’on veut donner au récit, mais je n’en signale qu’un : c’est celui dont on use, ou, pour dire les choses, dont on abuse le plus dans l’école moderne. « Elle se demandait s’il n’y aurait pas eu moyen, par d’autres combinaisons du hasard, de rencontrer un autre homme… Tous en effet ne ressemblaient pas à celui-là ! […] Mais, outre qu’il nous semble que ce devrait être justement le contraire, et que, ce qu’il faudrait se proposer d’amener au dernier degré de clarté, c’est ce qu’il y a de plus vague dans la sensation, de plus délié dans le sentiment, de plus obscur enfin dans la pensée, ou alors se dispenser de s’en occuper, et le laisser à de plus habiles, on conviendra que la psychologie, la physiologie même, seraient vraiment à trop bon marché s’il y suffisait d’avoir dénaturé le sens des mots, ou retourné sur la tête une phrase qui se tenait à peu près sur ses pieds.

1688. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

* En France où l’autorité est à la fois si nécessaire et si faible, l’opposition est une faute politique, qui a des degrés. L’opposant du premier degré n’est pas le moins coupable. […] Celui-là seul qui a fait les lois des corps sait où va disparaître, en s’effaçant par degrés, la ride que dessine à la surface la chute de la pierre. […] Mais reléguer au second un homme doué, au degré où vous l’êtes, de mémoire, d’esprit, et de jugement, je ne puis m’y résoudre.

1689. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Or il n’y a pas en ce moment dans l’Europe de peuple qui, au même degré que la Belgique, travaille à la fois son âme et sa terre, qui vive davantage de l’école, du foyer et de la forge. […] Le vert universel de la campagne n’est ni cru, ni monotone ; il est nuancé par les divers degrés de maturité des feuillages et des herbes, par les diverses épaisseurs et les changements perpétuels de la buée et des nuages. […] Rodenbach représente intensément la religiosité de l’âme flamande, à aucun degré il ne traduit son exubérance. […] Mockel a l’esprit précis, méticuleux, avide des finesses les plus subtiles ; pour atteindre un but, il répugne aux lignes droites, les chemins compliqués lui plaisent qui invitent à fouiller la contrée avec soin ; parfois la simplicité de l’œuvre en souffre, mais peu de poètes possèdent, au même degré, le tact, l’intuition, surtout ce charme berceur, enlaçant, féminin sans trop de mièvrerie, auquel on ne résiste guère : De loin, de loin, on ne sait d’où Un homme arriva qui portait une lyre, Et ses yeux étaient clairs comme ceux d’un fou, Et il chantait, et il chantait, Aux cordes brèves de la lyre, L’amour des femmes, le vain languir, Sur sa lyre89.

1690. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

La métalepse se fait donc lorsqu’on passe come par degrés d’une signification à une autre : par exemple, quand Virgile a dit, après quelques épis, c’est-à-dire, aprés quelques années : les épis suposent le tems de la moisson, le tems de la moisson supose l’été, et l’été supose la révolution de l’année. […] Mais dans le tems que le latin et le grec étoient des langues vivantes, et que les grecs et les romains eurent ateint un certain degré de politesse, les honètes gens ménageoient les termes come nous les ménageons en françois, et leur scrupule aloit même quelquefois si loin, qu’ils évitoient la rencontre des sylabes, qui, jointes ensemble, auroient pu réveiller des idées deshonètes. (…), dit Cicéron, et Quintilien a fait la même remarque. […] Avoit-il à cet âge des conoissances ausquelles il n’a pensé que dans la suite, par le secours des réflexions, et après que son cerveau a eu aquis un certain degré de consistance ? […] Il n’y a rien de si naturel que la logique et les principes sur lesquels elle est fondée ; cependant les jeunes logiciens se trouvent come dans un monde nouveau dans les premiers tems qu’ils étudient la logique, lorsqu’ils ont des maitres qui comencent par leur doner en abrégé le plan général de toute la philosophie ; qui parlent de science, de percéption, d’idée, de jugement, de fin, de cause, de catégorie, d’universaux, de degrés métaphysiques, etc., come si c’étoient là autant d’êtres réels, et non de pures abstractions de l’esprit.

1691. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Nous savons, par une de ses lettres, que, dans les premiers mois de 1660, il habite « à l’Image Saint-Louis, près de Sainte-Geneviève » (sans doute quelque hôtel meublé) et qu’il est déjà lié avec le futile abbé Le Vasseur, et avec son compatriote et un peu son parent (au 17e degré), le doux bohème Jean de La Fontaine. […] Au fond, — et malgré l’extrême décence (je ne dis pas la timidité) de l’expression dans Racine, — c’est l’amour des sens, et c’est le degré supérieur de cet amour-là, la pure folie passionnelle. […] J’aimais jusqu’à ces pleurs que je faisais couler… Galanterie sèche et d’une fatuité élégante ; puis, surgie tout à coup dès le premier obstacle qui s’oppose à son désir, cette cruauté dans l’amour, qui, portée à son plus haut degré, s’appellera le « sadisme », du nom d’un sinistre fou ; c’est-à-dire le plaisir d’étendre son être en faisant souffrir, les sensations agréables ayant pour mesure la souffrance d’autrui, et le désir de sentir se confondant avec le désir de détruire… Et ce sont ces plaisirs et ces pleurs que j’envie… Caché près de ces lieux, je vous verrai, madame… Je me fais de sa peine une image charmante… Et, après ces ironies et ces méchancetés froides, l’explosion de colère sous les mots dont le flagelle Britannicus, la menace d’arrêter tout le monde, et, dès lors, l’assassinat secrètement résolu ; puis, le petit attendrissement devant les larmes et l’agenouillement de ce brave Burrhus ; mais enfin, sous l’habile manœuvre de Narcisse, qui, tour à tour, chatouille la vanité de l’homme, l’orgueil du tout-puissant et son besoin de mépriser et, point plus sensible encore, son amour-propre de cocher et de chanteur, — Néron redevenant lui-même et de nouveau consentant au crime. […] Au lieu d’une action simple, chargée de peu de matière, qui se passe en un seul jour, et qui, s’avançant par degrés vers sa fin, n’est soutenue que par les intérêts, les sentiments et les passions des personnages, il faudrait remplir cette même action de quantité d’incidents qui ne pourraient se passer qu’en un mois, d’un grand nombre de jeux de théâtre d’autant plus surprenants qu’ils seraient moins vraisemblables, d’une infinité de déclamations où l’on ferait dire aux acteurs tout le contraire de ce qu’ils devraient dire. […] À ce degré, c’est très beau, — beau de décence, de possession de soi, de discipline intérieure.

1692. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

On voit jusqu’où peut pousser l’amour du détail ; le tort est de tout aimer à un même degré, et de n’avoir pas ce que nous appellerons des plans d’intérêt qui ne mettraient pas tant d’éléments divers sur la même ligne et, par conséquent, sans perspective. […] En se baissant pour l’écarter, Jeanne remarqua alors une ligne blanchâtre et inégale allant de degré en degré, roulant de haut en bas ; elle se prolongeait même sur le palier avec un mélange de feuilles vertes, de pétales de fleurs, de brindilles, se perdant dans l’entrebâillement d’une porte qu’on avait sans doute oublié de fermer complètement. […] Au premier degré, on est déjà dans la vérité ; au second, dans la philosophie ; au troisième, dans la conscience. Ce troisième degré est difficile à atteindre dans un art que l’opinion commune s’est toujours plu à rabaisser au rang des simples amusements de l’esprit, parce qu’on y procède, en apparence, par fictions. Ce n’est cependant que lorsqu’on a atteint au troisième degré que le lecteur vous réunit, vous, auteurs dramatiques, aux grands philosophes, aux grands moralistes, aux grands politiques, aux grands religieux, et qu’il reconnaît votre action sur le développement et le progrès de l’esprit humain.

1693. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Composition, détail, expression et facture, elle me paraît tout réunir au point de perfection et à ce degré d’art dans le naturel qui, en chaque genre et même en chanson, constitue le chef-d’œuvre.

1694. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Pourtant le mouvement teutonique de réaction contre la France, ou du moins contre l’homme qui la tenait en sa main, allait bientôt gagner Mme de Krüdner et la pousser, par degrés, jusqu’au rôle où on l’a vue finalement.

1695. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

En somme, on y découvre André sous un jour assez nouveau, ce me semble, et à un degré de passion philosophique et de prosélytisme sérieux auquel rien n’avait dû faire croire, de sa part, jusqu’ici.

1696. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Une grande timidité, beaucoup de réserve, une sorte de sauvagerie ; une douceur habituelle qu’interrompait parfois quelque chose de nerveux, de pétulant, de fugitif ; le commerce très-agréable et assez prompt, l’intimité très-difficile et jamais absolue ; une répugnance marquée à vous entretenir de lui-même, de sa propre vie, de ses propres sensations, à remonter en causant et à se complaire familièrement dans ses souvenirs, comme si, lui, il n’avait pas de souvenirs, comme s’il n’avait jamais été apprivoisé au sein de la famille, comme s’il n’y avait rien eu d’aimé et de choyé, de doré et de fleuri dans son enfance ; une ardeur inquiète, déjà fatiguée, se manifestant par du mouvement plutôt que par des rayons ; l’instinct voyageur à un haut degré ; l’humeur libre, franche, indépendante, élancée, un peu fauve, comme qui dirait d’un chamois ou d’un oiseau73 ; mais avec cela un cœur d’homme ouvert à l’attendrissement et capable au besoin de stoïcisme : un front pudique comme celui d’une jeune fille, et d’abord rougissant aisément ; l’adoration du beau, de l’honnête ; l’indignation généreuse contre le mal ; sa narine s’enflant alors et sa lèvre se relevant, pleine de dédain ; puis un coup d’œil rapide et sûr, une parole droite et concise, un nerf philosophique très-perfectionné : tel nous apparaît Farcy au sortir de l’École normale ; il avait donc, du sein de sa vie monotone, beaucoup senti déjà et beaucoup vu ; il s’était donné à lui-même, à côté de l’éducation classique qu’il avait reçue, une éducation morale plus intérieure et toute solitaire.

1697. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Un règlement imposé au maréchal de Ségur105 vient de relever la vieille barrière qui excluait les roturiers des grades militaires, et désormais, pour être capitaine, il faudra prouver quatre degrés de noblesse.

1698. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Celui de Dijon écrit que « les bases de la répartition sont arbitraires à un tel degré, qu’on ne doit pas laisser gémir plus longtemps les peuples de la province708 ».

1699. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Cette roche, semblable à un degré d’escalier colossal de trente coudées de hauteur, a été polie et rendue glissante comme le marbre, sans doute par la chute de quelques cascades que la terre a bues depuis plusieurs siècles.

1700. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Quant aux vrais principes d’une république unanime appelant toutes les classes et tous les citoyens sans exception à apporter, par le suffrage universel, leur part juste de souveraineté naturelle dans une première assemblée, pour que cette première assemblée dictatoriale régularisât à loisir les degrés divers de ce suffrage universel, pour que la souveraineté brutale du nombre, équilibrée par la souveraineté morale de la lumière et de la raison, donnât la majorité au droit général qui fait de l’intelligence une condition de tout droit humain ; je ne les répudie pas davantage.

1701. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Je ne puis pas dire à quel degré je l’aimais, ni auquel je l’aime : c’est quelque chose qui monte vers l’infini, vers Dieu.

1702. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

— Voilà ton porte-clefs, dit-elle en souriant à son mari et en me poussant, toute honteuse, devant le bargello, assis entre deux guichets, au bas des degrés, devant une grosse table chargée de papiers et de trousseaux de clefs luisantes comme de l’argent à force de tourner dans les serrures.

1703. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

C’est là que je vivais à quinze ans entre un père militaire, une mère jeune encore et belle comme la mémoire mal voilée de son matin, et cinq sœurs groupées autour d’elle selon leurs âges différents comme des anges échelonnés sur les degrés de l’échelle de Jacob.

1704. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Le malheur, c’est que ce philosophe a l’imagination d’un poète ; c’est qu’il a, à un degré surprenant, le don de la vie, et alors voici ce qui se passe.

1705. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Il avait peine à gravir les degrés de l’estrade où sa présence était attendue ; mais à peine l’avait-on reconnu, qu’un tonnerre d’applaudissements proclamait son arrivée : il saluait en souriant le public qu’il interrogeait du regard, pour y chercher des visages amis ; puis il déroulait son manuscrit, car il se permettait rarement l’improvisation, disant que si le professeur y gagne, l’enseignement y perd, et qu’une leçon n’est pas une affaire de vanité, mais d’utilité.

1706. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Enfin, à tous ces avantages du caractère de la condition, du spectacle d’un siècle laborieux et agité, qui vécut de toutes les vies, Montaigne joignait une qualité qu’aucun autre écrivain de son temps n’a possédée à ce degré où elle est la marque même du génie, je veux dire la modération.

1707. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Prévenu, comme je le suis, pour les modèles sévères, on trouvera tout simple que j’aie goûté surtout, pour l’autorité qu’en reçoivent mes doctrines, la simplicité nerveuse de ce style, une absence de recherche qui est moins d’un écrivain qui la dédaigne que d’un penseur qui l’ignore, une langue où les images ne sont que le dernier degré de la propriété et de la justesse.

1708. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Elle est alors, comme on dit, mystique, spiritualiste, idéaliste, mots qui expriment des degrés divers d’une même tendance.

1709. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Nous admirons au plus haut degré Wagner, mais il n’est pas vrai que nous engagions personne à le pasticher.

1710. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Par degrés les sensations et les notions sont décolorées : la création des images s’apaise : un voile couvre la folle danse, ralentie.

1711. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Chacun des traits simples de notre plan représente une différence de niveau, plusieurs marches ; on sait que l’orchestre s’abaisse par degrés depuis les violons jusqu’aux trombones et timbales : la tête d’un homme debout au fond de l’orchestre, près des timbales, arrive au niveau du pied des altos, qui est lui-même de quelques marches plus bas que les violons.

1712. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

C’est la période de transition qui, à la faveur des concerts où Wagner se trouve relégué momentanément, amènera par degrés le public à comprendre et à goûter les œuvres de la dernière manière.

1713. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

La première partie nous montre l’enfant descendant de là-haut, puis dégringolant les bas degrés, tombant homme.

1714. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Un poète vint, qui avait toutes les qualités de Racan à un degré supérieur et qui y joignait quelques mérites nouveaux ; qui aimait d’une sincérité première et spontanée, et qui, d’un accent plus pénétré, chantait comme les plus précieux des biens, ce qui n’était pour Racan que des consolations.

1715. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

La connaissance de quelques langues un peu éloignées suffit à purger l’esprit de cette croyance naïve ; l’étude de la transformation du latin en français est encore assez bonne pour nous détromper ; et il n’est pas mauvais, si l’on veut acquérir un bon degré de scepticisme sur ce point, d’apprendre résolument la langue française elle-même.

1716. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Hugo à un degré tel qu’elle devient géniale et sublime, la fin de la deuxième partie de notre étude le montre.

1717. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Une bonne chose ne le paroît presque pas après une meilleure : au lieu qu’en changeant d’ordre, elles font l’une et l’autre leur impression ; et l’esprit parvenu ainsi par degrés à un sens complet et digne de son attention, se repose naturellement, avant que de passer à un autre.

1718. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

maîtresse de son urne, La fait arriver seule et sans guide aux degrés.

1719. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Seulement, cette imagination verbale, qu’il possède à un si étonnant degré, est comme toutes les grandes puissances, qui tournent à mal et à vice.

1720. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Feydeau décrit avec un amour de matérialiste, ne l’exhaussent pas du plus mince degré dans l’idéal de l’affreux….

1721. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Il me faut relever, au centre des champs égaux et par dessus les toits rustiques trop semblables, la « Tour du Meilleur », ce toit pointu qui veut pour lui seul la foudre des orages, afin d’en sauver les autres ; ce haut mur qui porte le faible lierre agrippé à ses pierres ; ce signe permanent de la hiérarchie désirable, qui rappelle aux fous qui l’oublient que nul homme ne s’élève sans degrés inégaux ; ce pignon, qui est détestable s’il n’est que celui de l’orgueil, mais divin dans sa mission, s’il ouvre ainsi qu’un grenier ou chacun peut puiser, suivant ses besoins, l’exemple, le conseil, le refuge ou l’aumône…‌ … Il ne faut pas aller au peuple en descendant, mais faire monter le peuple jusqu’à soi, et se mettre haut, sans morgue et simplement…‌ … Ma race est arrivée jusqu’à moi, sans tache et sans vulgarité ; ainsi dois-je la transmettre à l’avenir, dans la même intégrité, vêtue de même noblesse, dirigée dans le même sens de perfection…‌ Voilà des pensées, n’est-ce pas, qu’il n’était pas possible de laisser en dehors du concert des familles spirituelles, que des catholiques aux socialistes, nous avons entendues.‌

1722. (1890) Nouvelles questions de critique

Je veux dire qu’il n’eût pas exposé la plupart de ceux qui le suivirent à se méprendre sur l’époque de la perfection de l’art classique ; et qu’il n’eût pas surtout, en diminuant les distances, rapprochant les degrés, et confondant les mérites, égalé dans l’éloge et, pour autant qu’il était en lui, dans la gloire, la platitude même avec le génie. […] Cette faculté de généralisation, qui dégage rapidement d’une expérience ou d’une observation les lois qu’elle enveloppe, ou, inversement, qui trouve d’abord l’endroit précis d’une théorie qu’un fait nouveau confirme ou modifie, peu de savants, peu de philosophes, l’ont jamais possédée à un plus haut degré que Buffon. […] Cette condition n’est pas moins nécessaire que les autres, ou plutôt, s’il y avait des degrés dans la nécessité, nous dirions qu’elle l’est davantage. […] La division ne commence donc, la controverse ne s’engage, les écoles enfin ne se forment, ne s’opposent, et ne s’excommunient que sur la question du degré d’exactitude ou de fidélité de cette imitation. […] L’esthétique n’est pas de la géométrie ; et les inductions de la critique la plus « scientifique » n’ont tout au plus que le degré de vraisemblance et de probabilité des conclusions de l’histoire naturelle générale.

1723. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il les a pourtant, et au plus haut degré. […] Maintenir un Dieu personnel, afin d’échapper à l’obscurité du panthéisme et aux difficultés qu’on trouve à fonder sur le panthéisme une morale ; mais ne point séparer l’existence de Dieu de celle du monde, afin d’éviter que ce Dieu ne se rétrécisse en une personne humaine ; par suite, regarder le monde comme co-éternel à Dieu, concevoir la création comme continue et toujours actuelle, car elle est pour nous la condition même de l’existence de Dieu ; considérer enfin l’univers et la vie à tous ses degrés, depuis la vie inorganique jusqu’à la pensée humaine, comme un système de signes de plus en plus clairs et conscients et comme la parole même de l’Être divin : parole balbutiante et ignorante chez les créatures inférieures, mais qui, chez l’homme, commence à savoir ce qu’elle dit… À quoi il faut ajouter ce corollaire : — Si Dieu n’existe qu’à la condition d’agir, de créer, en retour les choses n’existent qu’en tant qu’elles signifient Dieu et dans la mesure où elles le signifient ; autrement dit, elles n’existent qu’en tant qu’elles sont pensées par l’homme, puis qu’elles n’ont de sens que dans son cerveau. […] Je ne vois rien qui soit plus vraiment de tout le monde et à tout le monde  sauf le degré et sauf la forme  que les sentiments exprimés par Lamartine dans tous ses livres, depuis le Lac et L’Isolement, qui sont ses premiers chefs-d’œuvre, jusqu’à la Vigne et la Maison, qui est à peu près son dernier.

1724. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

. — Abondance, richesse et complexité de l’imagination de Rabelais ; — et que possédant au plus haut degré le don de voir, celui de peindre, et celui de conter, — il a eu même le don d’inventer de véritables mythes. — Allégorie, Mythe et Symbole. — L’humour de Rabelais. — Le don du rire. — Le style de Rabelais, et qu’il convient de distinguer deux époques dans son style ; — dont la première est la meilleure. — De quelques procédés de Rabelais. — Le don de l’invention verbale ; — comment Rabelais s’y laisse entraîner ; — et, en s’y abandonnant, s’élève parfois jusqu’au lyrisme. — Qu’il ne semble pas que Rabelais ait fait école, et pourquoi ? […] Les premières comprennent : Les Controverses, — La Défense de l’estendard de la Croix — et quelques opuscules de moindre importance. — Les secondes se composent de l’Introduction à la vie dévote, 1608 ; — du Traité de l’amour de Dieu, 1612 ; — et des Entretiens spirituels, qui n’ont paru pour la première fois qu’en 1629. — Il y faut joindre quelques opuscules, notamment l’opuscule sur les Degrés d’oraison, les Lettres spirituelles ou de direction, et les Sermons. — La correspondance laïque du saint vaut aussi la peine d’être lue.

1725. (1903) Le problème de l’avenir latin

De l’état de complète barbarie la Gaule s’achemina rapidement, sous l’hégémonie romaine, vers une ère de prospérité et un degré de civilisation qui déterminèrent son rôle exceptionnel dans l’avenir. […] Lorsque l’Empire, dont le lien se dénoue de toute part, vient à s’écrouler et que l’on s’attend, la poussière de cet effondrement dissipée, à ne plus voir que ruines et cendre, on aperçoit, solide et massive, la haute façade de l’Eglise se dresser au grand jour sur l’emplacement de l’Empire déchu… Etrange métamorphose, réelle palingénésie qui clôt les temps antiques et qui est l’un des spectacles les plus étonnants de l’histoire… C’est une véritable substitution ou transmission de pouvoirs, à tous les degrés. […] La diversité d’accueil témoigné à la révolution religieuse correspond, suivant une formule déjà énoncée, au degré d’originalité ethnique et d’énergie de race demeurées au fond de chaque peuple. […] Nous venons de constater que quelques-unes des plus éclatantes périodes de civilisation dans le passé se sont épanouies à la veille des déclins et que le haut degré d’affinement spirituel d’un peuple ne donne pas la mesure de sa force.

1726. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Chacun se dispersa sous les profonds feuillages ; les folles en riant entraînèrent les sages ; l’amante s’en alla dans l’ombre avec l’amant ; et troublés comme on l’est en songe, vaguement, ils sentaient par degrés se mêler à leur âme, à leurs discours secrets, à leurs regards de flamme, à leur cœur, à leurs sens, à leur molle raison, le clair de lune bleu qui baignait l’horizon. » Il m’est assez indifférent qu’Hugo fasse bien les vers ; un jour de l’an, quand j’étais enfant, je m’inquiétais beaucoup des bonbons et peu du sac. […] Ici, j’ai peur qu’on ne me cite cette phrase d’une de ses lettres : « Les belles âmes arrivent difficilement à croire aux mauvais sentiments, à la trahison, à l’ingratitude ; quand leur éducation est faite en ce genre, elles s’élèvent alors à une indulgence qui est peut-être le dernier degré de mépris pour l’humanité. » Cette indulgence, cette bienveillance, cette facilité de Balzac, n’étaient-elles que du mépris pour l’humanité ? […] Je ne sépare pas la littérature du reste de ma vie, et sachant à peu près quels degrés j’ai encore à gravir comme homme, je sais aussi ce que je serai comme écrivain. […] Je ne m’inquiète pas de ces classifications, je n’ai qu’une manière de juger toute œuvre : quel degré de passion et d’intelligence l’auteur y a-t-il apporté ? […] En effet les détails y sont comptés un à un, avec la même valeur ; chaque rue, chaque maison, chaque chambre, chaque ruisseau, chaque brin d’herbe est décrit en entier ; chaque personnage, en arrivant en scène, parle préalablement sur une foule de sujets inutiles et peu intéressants, servant seulement à faire connaître son degré d’intelligence.

1727. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Ces idées sont mesurées avec une parfaite convenance sur le caractère, le degré de culture et l’expérience de chacun d’entre eux. […] J’ai beau chercher cependant, je n’imagine aucun degré de culture possible, ni aucun état de civilisation régulier, où la foi en Dieu puisse nuire aux intérêts et aux droits du plus grand nombre, où la négation de Dieu puisse servir autre chose que des emportements d’un jour. […] Il sera, lui, dans sa famille, le philosophe : il représentera la haute culture intellectuelle et le progrès de l’idée ; sa femme sera la croyante : elle représentera le sentiment, l’âge des superstitions naïves ; et, grâce à ce partage et à cette inconséquence, dans le plus parfait des ménages allemands, l’humanité trouvera en même temps, et au même degré, sa double expression : la science et la poésie. […] Et comme, de plus, l’instruction, soigneusement répandue par le protestantisme et les rois philosophes du xviiie  siècle, avait élevé toutes les classes à un certain degré de culture, les œuvres des poètes, lorsqu’elles commencèrent à paraître, au lieu de rester le privilège de quelques lettrés en petit nombre, devinrent aussitôt le patrimoine de la nation tout entière. […] Il a au plus haut degré l’esprit de famille ; il respecte ce qui est respectable ; tout en méditant la ruine du baron, il s’incline devant les hautes vertus de gentilhomme qu’il reconnaît en lui ; il garde dans sa nature et dans son langage quelque chose de biblique.

1728. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Dans les manières de la sentir, et surtout d’oser la rendre depuis le xvie  siècle en France, on compterait différents temps et comme divers degrés d’initiation avant d’arriver à son expression toute nue et toute simple, à laquelle on n’est pas encore venu.

1729. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Il y avait bien des degrés dans les anciens noms ; mais celui de Vergennes était connu, était historique, et tenait à l’ancien régime.

1730. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

C’est le dernier degré de popularité auquel la poésie puisse atteindre.

1731. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Elle monta avec majesté les degrés de l’estrade.

1732. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Le génie semble s’accumuler et s’amonceler lentement, successivement et presque héréditairement pendant plusieurs générations dans une même race par des prédispositions et des manifestations de talents plus ou moins parfaits, jusqu’au degré où il éclot enfin dans sa perfection dans un dernier enfant de cette génération prédestinée au génie ; en sorte qu’un homme illustre n’est en réalité qu’une famille accumulée et résumée en lui, le dernier fruit de cette sève qui a coulé de loin dans ses veines.

1733. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Sous le seizième degré de latitude, il aperçut pour la première fois la brillante constellation de la Croix du sud, et l’apparition de ce signe d’un monde nouveau lui fit voir avec émotion l’accomplissement des rêves de son enfance.

1734. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

CXLI Alors je m’agenouillai dans la poudre du chemin, sur le premier degré du palais de sa niche, j’enflai la peau de chèvre si longtemps vide et muette qui donne le vent au chalumeau d’où le vent sort en musique, selon qu’on ouvre on qu’on ferme plus agilement avec les doigts les trous de la flûte, et je commençai à jouer un des airs les plus amoureux et les plus dévots que nous avions composés par moitié, Hyeronimo et moi, un beau soir d’été, au bord de l’eau, sous la grotte du pré.

/ 1943