Je n’ai plus d’idées très nettes ; mais je songe que tous ces gens-là étaient des hommes et que c’est là, comme dit un ancien, « une dure condition », et ma pitié tombe dans le tas. […] Je suppose enfin que, la veille du jour où l’on doit vous l’amener, un hasard fasse tomber entre vos mains le carnet mystérieux où ce jeune homme a noté ses impressions quotidiennes et toute l’histoire de cette passion. […] C’est de là qu’il faut voir la nuit tomber sur Paris et s’allumer peu à peu les traînées d’illuminations. […] … Ce jour qui tombe, ce chemin droit, tout droit, qui vient de là-bas et qui va là-bas, tout exprime avec une force et une simplicité merveilleuse l’idée de passage et de fuite. […] Laissez-moi donc, tandis que je regarde tomber les dernières feuilles, vous entretenir de choses paisibles et innocentes.
Un grand esprit peut tomber dans cette foiblesse, mais ce n’est pas le propre des grands esprits. […] La fausseté tombe plus sur les faits ; l’erreur sur les opinions. […] L’esprit foible reçoit les impressions sans les combattre, embrasse les opinions sans examen, s’effraye sans cause, tombe naturellement dans la superstition. […] S’il y avoit un hémistiche, il faudroit qu’il tombât au deuxieme pié & trois quarts. […] Homere ne parle que des dieux qui habitent le haut olympe : le palladium, quoique tombé du ciel, n’étoit qu’un gage sacré de la protection de Pallas ; c’étoit elle qu’on adoroit dans le palladium.
On découvre même dans le père de Saint-Simon une qualité dont ne sera pas privé son fils, une sorte d’humeur qui, au besoin, devient de l’aigreur ; c’est pour s’être livré à un mouvement de cette nature qu’il tomba dans une demi-disgrâce à l’âge de trente-et-un ans et quitta la Cour pour se retirer en son gouvernement de Blaye, où il demeura jusqu’à la mort du cardinal. […] Là encore toutefois la marque de l’honnêteté se fait sentir ; c’est par les bons côtés du prince, par ses parties louables, intègres et tant calomniées que Saint-Simon lui demeurera attaché inviolablement ; c’est à cette noble moitié de sa nature qu’il fera énergiquement appel dans les situations critiques déplorables où il le verra tombé ; et, dans ce perpétuel contact avec le plus généreux et le plus spirituel des débauchés, il se préservera de toute souillure. […] Tous ces bruits, toutes ces intelligences qui circulent rapidement dans les cours et s’y dispersent, ne tombaient point chez lui en pure perte ; il en faisait amas pour nous et réservoir.
Toutes les éditions d’Horace tomberaient devant celle-là. […] Si vous lisez cela en latin, chacun de ces vers est une flèche empennée à pointe de diamant tombée du carquois d’un Amour ou d’une Diane des bois sacrés de Castalie. […] Le ruisseau ajoute encore à la peine qui pèse à ta paresse : si les pluies tombent, il te faut, par des digues sans cesse relevées, endiguer ses ondes, pour préserver de l’inondation le pré qu’il désaltère, etc., etc.
Quand les Médicis, ces Périclès héréditaires de la Toscane, qui inventent un nouveau mode de gouvernement, le gouvernement commercial, l’achat de la souveraineté par la banque, et la paix par la corruption coïntéressée des citoyens, rentrent de leur exil, rappelés par la reconnaissance, cet homme est tombé du pouvoir ; il est emprisonné par l’ingratitude de ceux qu’il a sauvés ; il a subi la torture ; il a été absous enfin de son génie, puis exilé, pauvre et chargé de famille, non pas hors de la patrie, mais hors de Florence ; on lui a enfin permis de repasser quelquefois les portes de la ville, mais il lui est interdit d’entrer jamais dans ce palais du gouvernement où il a tenu si longtemps dans ses mains la plume souveraine des négociations, des décrets, des lois. […] Napoléon tombe écrasé sous la masse des ressentiments des peuples et des rois contre lesquels il a accumulé tant d’offenses ; Murat l’abandonne, s’enrôle dans la ligue du monde contre Napoléon ; il continue à régner à ce prix par la tolérance de la coalition. […] O’Connell est mort d’emphase ; ses compatriotes ont honoré sa vie et sa tombe de leurs subsides patriotiques ; ses promesses dérisoires sont mortes avec lui, il n’en est plus responsable.
« J’ai bien des fois commencé et bien des fois abandonné cet ouvrage ; j’ai mille fois envoyé aux vents les feuilles que j’avais écrites ; je sentais tous les jours les mains paternelles tomber ; je suivais mon objet sans former de dessein ; je ne connaissais ni les règles ni les exceptions ; je ne trouvais la vérité que pour la perdre. […] Le particulier n’a qu’une richesse bornée, il en atteint le terme et il tombe dans l’insolvabilité. […] Il ne se soutenait que par la dépouille du monde conquis et rançonné ; quand ces rançons et ces dépouilles, qui s’élevaient à trois cents millions dans ses caves, furent dépensées, il tomba, et, quand ses États, changeant de système après sa chute, eurent recours à l’emprunt, ils payèrent facilement la rançon de la France et la France fut sauvée et riche.
En 1643, il fonde avec les Béjart et quelques amis l’Illustre Théâtre, qui tombe en déconfiture. […] Don Garcie de Navarre, qui tombe ; l’École des maris, qui a un grand succès. […] Puis les Fourberies de Scapin (mai 1671) ; la Comtesse d’Escarbagnas (déc. 1671, à Saint-Germain, dans le Ballet des ballets ; juillet 1670, à Paris) ; les Femmes savantes (mars 1672) ; le Malade imaginaire (1673) ; pendant les représentations de cette comédie, Molière tombe malade, il meurt le 17 février 1673.
Leurs temples sont trois fois hauts comme le tien, ô Eurythmie, et semblables à des forêts ; seulement ils ne sont pas solides ; ils tombent en ruine au bout de cinq ou six cents ans : ce sont des fantaisies de barbares, qui s’imaginent qu’on peut faire quelque chose de bien en dehors des règles que tu as tracées à tes inspirés, ô Raison. […] Si l’on ne tombait pas juste, on craignait une peste, quelque engloutissement de ville, un pays tout entier changé en marais, tel ou tel de ces fléaux dont il disposait de son vivant. […] Un signal devait les avertir du moment où la tête tomberait, pour que tous fussent en prière quand l’âme de la martyre serait présentée par les anges au trône de Dieu.
J’irai jour et nuit, si je ne tombe pas de fatigue en chemin. […] L’ennui pleut de toute cette école ; au moins, quand c’est le maître qui le verse, il tombe d’une élévation qu’on admire. […] Ils vont : le jaune blé tombe à faucille pleine. […] dit la tombe. […] Pour moi, je jouis et je souffre de cet état, et je sens tomber quelques larmes.
Les méchants régneront par la ruse, et le noble cœur tombera dans les filets. » Pas un doute sur la légitimité de ses actes n’importune sa conscience. […] (Il tombe sur elle et l’étrangle !) […] À partir de ce moment, il tomba dans une noire mélancolie, qu’aggravèrent des lectures romanesques. […] Le rideau tombe sur ce discours, dans lequel il n’est point difficile de reconnaître ce que M. […] Elle tomba dans une maladie d’esprit, dont la mort la délivra en 1865.
Saint-Preux arrive comme précepteur chez sa Julie, dont il tombe amoureux. […] Il publia depuis, sous le pseudonyme de Lamy, quelques romans qui tombèrent dans l’oubli. […] Le saint tombe sur un beau cavalier, qu’il assomme. […] Bien entendu, elle tombera amoureuse du frère. […] Ce roman, qui pourrait être un grand roman, une œuvre définitive, absolue, tombe aux proportions d’une nouvelle écourtée.
Eh bien, c’est quand il a tout fait pour se préparer, quand il s’est amassé des fonds de science et d’érudition considérables dans tous les sens, qu’il a sondé et fouillé les littératures étrangères pour en rapporter des notions précises et tous les termes élevés et lumineux de comparaison, qu’il s’est attaché à diversifier son goût, à l’étendre et à l’éclairer par les connaissances accessoires des beaux-arts étudiés dans leurs chefs-d’œuvre, qu’il n’a négligé ni voyages, ni lectures sur place, ni vérifications de toute nature ; c’est quand il a, pendant des années, travaillé, affermi et assoupli son organe et sa parole de manière à remplir un vaste auditoire, à le tenir attentif, suspendu à ses lèvres, et à l’associer à ses impressions sérieuses, à sa gravité consciencieuse et concentrée, d’où il tirait parfois des sources de chaleur morale et d’admiration émue ; c’est alors, quand tous ces stages et comme ces degrés d’apprentissage sont terminés, quand il se sent prêt et digne de passer maître, quand il a noué sa ceinture, serré et fortifié ses reins pour la grande lutte, pour le vrai début et l’inauguration suprême, c’est alors que le courageux et patient athlète, qui n’avait jamais faibli, qui pour un homme d’étude avait tout l’aspect d’un de ces hommes primitifs du nord, solides et robustes, ἒμπεδος, une tête énorme sur des épaules carrées (et lui-même en plaisantait bien souvent155), c’est alors que du jour au lendemain ce fils prudent du travail et de la sagesse, atteint d’un mal secret sans cause connue, tout d’un coup s’affaisse, pâlit et tombe. […] Olympie, c’est l’unité de la Grèce, c’est la fraternité des peuples consacrée par des jeux et des prières solennelles, c’est la concorde succédant, quand son heure est venue, aux guerres intestines, et faisant tomber des mains de quelques-uns, au nom de la patrie commune, des armes fratricides. […] Venu à Paris, dans le carême de 1853, pour consulter les bibliothèques : « J’ai ce bonheur, disait-il, d’échapper au monde et de trouver quelquefois la société. » Revenu à son Remilly, il avait peine à s’en arracher, même en cette saison de fin d’hiver, même en songeant qu’il repartait pour la Grèce ; il écrivait à son ami Émile Michel, en ce moment à Rome (25 mars 1853) : « Notre Remilly n’a pas encore une seule feuille ; il y tombe chaque jour quelques flocons de neige ; le soleil a des rayons bien pâles ; le ciel est gris ; le vent sommeille ; aujourd’hui (Vendredi saint) les cloches, qui sont allées vous retrouver à Rome, ne troublent même plus ce silence de la nature. […] Après avoir tant fait pour arriver au terme, qui ne devait être pour lui qu’un point de départ nouveau, après tant et de si longues années d’apprentissage, au moment où il entrait dans la pleine maîtrise, il tombe.
Je ne dirai pas qu’elle fait tomber toute sévérité, car ce serait un malheur ; mais, quand on connaît l’humanité et ses faiblesses, quand on sait ce qui la domine et l’entraîne, sans haïr moins le mal, sans aimer moins le bien, on a plus d’indulgence pour l’homme qui s’est laissé aller au mal par les mille entraînements de l’âme humaine, et on n’adore pas moins celui qui, malgré toutes les basses attractions, a su tenir son cœur au niveau du bon, du beau et du grand. […] Le métaphysicien ténébreux, tombé de l’Église dans le régicide, monté de la Terreur dans le Directoire, et retombé du Directoire dans le Consulat, ne mérite pas tant d’honneur. […] Mais, si Moreau avait réussi dans une partie au moins de son plan, cette armée de réserve, se portant, sous le général Bonaparte, à Genève, de Genève dans le Valais, donnant la main au détachement tiré de l’armée d’Allemagne, passant ensuite le Saint-Bernard sur les glaces et les neiges, devait, parmi prodige plus grand que celui d’Annibal, tomber en Piémont, prendre par derrière le baron de Mélas occupé devant Gênes, l’envelopper, lui livrer une bataille décisive, et, si elle la gagnait, l’obliger à mettre bas les armes… « Cette armée du Rhin, poursuit l’historien militaire, quoique portant, comme les autres armées de la République, les haillons de la misère, était superbe. […] N’imaginant pas qu’il pût mettre un pied audacieux sur les marches du trône sans tomber aussitôt sous le poignard des républicains ou des royalistes, elle voyait confondus dans une ruine commune ses enfants, son mari, elle-même ; mais, en supposant qu’il parvînt sain et sauf sur ce trône usurpé, une autre crainte assiègeait son cœur : elle n’irait pas s’y asseoir avec lui.
Avec cette tête tomba celle de Caïus César, trahi par son hôte, et celle de son frère Lucius ; en sorte que celui qui n’a pas été témoin de ces horreurs semble avoir vécu et être mort avec la république. […] Ta fermeté et ta vertu t’auraient fait tomber sous le glaive de la guerre civile, ou, si la fortune t’avait sauvé d’une mort violente, c’eût été pour te rendre témoin des funérailles de ta patrie ; et tu aurais eu non seulement à gémir sur la tyrannie des méchants, mais encore à pleurer sur la victoire du meilleur parti, souillée par le carnage des citoyens. » X Voilà la rhétorique de ce grand cœur. […] Cette occupation sied parfaitement à mon âge ; elle est plus que toute autre chose en harmonie avec ce que je puis avoir fait de louable dans ma vie publique ; rien de plus utile pour l’instruction de mon pays. » Après cette introduction, les amis s’asseyent pour écouter Cicéron, qui commence ainsi : XVIII « Socrate me paraît être le premier, et tout le monde en tombe d’accord, qui rappela la philosophie des nuages et des mystères pour l’appliquer à la conduite morale des hommes et lui donner pour objet les vertus ou les vices ; il pensait qu’il n’appartient pas à l’homme d’expliquer les choses occultes et qu’alors même que nous pourrions nous élever jusqu’à cette connaissance, elle ne nous servirait de rien pour bien vivre. » Il définit ensuite la philosophie pratique de Socrate et la philosophie spéculative de Platon, et il parsème son analyse de ses propres axiomes philosophiques à lui-même. […] Vous me demandiez une péroraison, en voilà une. » XXXIV On voit qu’il avait raison d’écrire ces belles lignes par lesquelles il se consolait de ne plus être que philosophe : « Dans la nécessité où je suis de renoncer aux affaires publiques, je n’ai pas d’autre moyen de me rendre utile que d’écrire pour éclairer et consoler les Romains ; je me flatte qu’on me saura gré de ce qu’après avoir vu tomber le gouvernement de ma patrie au pouvoir d’un seul, je ne me suis ni dérobé lâchement au public, ni livré sans réserve à ceux qui possèdent l’autorité.
Il fallait qu’une telle épopée fût écrite : mais cette épopée ne doit pas se donner comme égale à la réalité, et, s’il ne faut pas placer le cœur de l’homme dans le cerveau, il n’est pas non plus scientifiquement exact de le localiser dans l’abdomen. « Le propre de la vérité, a dit Hugo, c’est de n’être jamais excessive. » Toutes les fois qu’on a réagi contre un abus, on est porté à tomber dans l’abus contraire ; c’est une nécessité de psychologie et même plus généralement de mécanique : on ne corrige une erreur que par une erreur de sens contraire. […] Notre passé est une neige qui tombe et cristallise lentement en nous, ouvrant à nos yeux des perspectives sans fin et délicieuses, des effets de lumière et de mirage, des séductions qui ne sont que de nouvelles illusions. […] D’une manière générale, on peut dire qu’un des moyens d’enlever, même dans cette simple proportion, la vie à la nature, c’est de tomber dans l’analyse minutieuse des détails, d’autant plus que toute analyse est une décomposition. […] » Il lui sembla, d’après l’expression de Shakespeare, que la roue du temps était sortie de son ornière : la notion de la vie moderne s’effaça chez lui… Une main invisible avait retourné le sablier de l’éternité, et les siècles, tombés grain à grain comme des heures dans la solitude et la nuit, recommençaient leur chute… » (pp. 35, 36, 37.)
Pourtant il faut savoir encore sur quelle terre elle tombe, cette semence aisée qui demande si peu de culture, cette doctrine du laisser-faire et du laisser-aller ; car, comme le dit, chez Térence encore, le vieillard le plus indulgent : “Il y a bien des marques dans l’homme d’après lesquelles on peut distinguer lorsque deux personnes font une même chose, et qui permettent souvent de dire : ‘Celui-ci peut le faire, celui-là ne le peut pas ; non que la chose soit différente en elle-même, mais c’est que ceux qui la font sont différents.’”
Elle revenait du spectacle ; elle était morte de lassitude, et elle tombait de sommeil.
Sur le monde malade d’un abus d’esprit, lassé de la vie la plus artificielle qui fut jamais, disposé déjà par Jean-Jacques à goûter le sentiment plus que la pensée, cette églogue rafraîchissante tomba.
Sa morale n’est qu’un code sous tel article duquel tombe tout acte qualifié arbitrairement immoral.
Ysaye, le pianiste, quelques parents lointains dans une voiture avec Mme Jules Laforgue, Paul Bourget, Fénéon, Moréas, Adam et moi ; et la montée lente, lente à travers la rue des Plantes, à travers les quartiers sales, de misère, d’incurie et de nonchalance, où le crime social suait à toutes les fenêtres pavoisées de linge sale, aux devantures sang de bœuf, rues fermées, muettes, obscures, sans intelligence, la ville telle que la rejettent sur ses barrières les quartiers de luxe, sourds et égoïstes ; on avait dépassé si vite ces quartiers de couvents égoïstes et clos où quelques baguettes dépouillées de branches accentuent ces tristesses de dimanche et d’automne qu’il avait dites dans ses Complaintes, et, parmi le demi-silence, nous arrivons à ce cimetière de Bagneux, alors neuf, plus sinistre encore d’être vide, avec des morts comme sous des plates-bandes de croix de bois, concessions provisoires, comme dit bêtement le langage officiel, et, sur la tombe fraîche, avec l’empressement, auprès du convoi, du menuisier à qui on a commandé la croix de bois et qui s’informe si c’est bien son client qui passe, avec trop de mots dits trop haut, on voit, du fiacre, Mme Laforgue riant d’un gloussement déchirant et sans pleurs, et sur cet effondrement de deux vies, personne de nous ne pensait à la rhétorique tumulaire6. » Jules Laforgue représente le type accompli de l’intellectuel en 1880.
Il sait que ce fut l’âge d’or de la société polie ; qu’en ce temps-là la vie mondaine fut l’idéal de tout ce qui comptait alors parmi les hommes ; que les jardins mêmes étaient des salons ; que les philosophes prouvaient l’existence de la matière par celle de la pensée ; que les poètes, acharnés à peindre l’âme humaine civilisée, laissaient à peine tomber quelques regards distraits sur la nature environnante.
Le mariage de Julie de Rambouillet avec le duc de Montausier est un fait de si peu d’importance historique, qu’il ne mériterait pas qu’on en recherchât les circonstances, s’il ne concourait d’abord à marquer l’époque où la société de l’hôtel Rambouillet commença à se dissoudre, et ensuite à faire tomber les applications que nos biographes modernes lui ont faites, des traits lancés par Molière en 1650 contre Les Précieuses ridicules.
Par contre l’immobile, ce qui sous la contrainte d’une vérité trop forte, d’un pouvoir d’arrêt excessif vient à se figer dans la durée hors de tout changement possible, tombe au-dessous de la conscience dans l’automatisme.
Nous nous contenterons d’observer que Dieu qui voit la lumière, et qui, comme un homme content de son ouvrage, s’applaudit lui-même et la trouve bonne, est un de ces traits qui ne sont point dans l’ordre des choses humaines ; cela ne tombe point naturellement dans l’esprit.
Il se rassied, et vous allez voir naître la chair, le drap, le velours, le damas, le taffetas, la mousseline, la toile, le gros linge, l’étoffe grossière ; vous verrez la poire jaune et mûre tomber de l’arbre, et le raisin vert attaché au cep.
De ces préparations, le pharmacien abandonne les unes à la négligence de ses garçons, et celles-ci, mal faites, ne produisent plus l’effet qu’on en attend et tombent en désuétude.
Les larmes qu’elle arrache de nos yeux tombent sur les feuillets froids d’un livre.
Je tombe donc d’accord qu’Homere, comme poete, a dû traiter les évenemens autrement qu’un simple historien.
Mais il faut pour cela que les novateurs en littérature évitent deux écueils où il leur arrive de tomber.
Il est impossible de le présenter mieux au public comme une chose à soi, de mieux raconter cette liaison tout entière avec un homme qui tombe du haut de sa fierté et de son génie dans le plus bête de tous les amours !
nourrie jusque-là du pain eucharistique, et tombée des hauteurs de la Pureté et de la Grâce dans les fanges de la passion humaine, et demandez-vous ce que doivent être l’amour et sa faute, pour une pareille femme, sinon le plus grand des crimes, le plus affreux des adultères, l’infidélité à Dieu même, le sacrilège dans la trahison !
nous sommes tombés de bien haut.
Quand la Satire Ménippée est froidie, quand Les Provinciales elles-mêmes ont pâli, quand Junius, cette œuvre qui a soulevé l’Angleterre, n’a plus que la fascination impatiente du masque qu’on n’a pu pénétrer, ce ne sont point quelques chansons, de la même inspiration momentanée, léchées et pointillées par un patient, gouttelettes d’huile qui sentent la lampe d’où elles sont lentement tombées, ce n’est pas tout cela que le Temps, ce grand balayeur de toutes choses, n’emportera pas !
pour nous démontrer le Dieu en trois personnes : — Shakespeare est un homme et un créateur dans l’humanité, et l’humanité, c’est Dieu, et c’est l’humanité qui fait Dieu, dit Meurice, qui n’est, en somme, qu’un hégélien, comme vous voyez, tombé du baragouin d’Hegel dans le baragouin d’Hugo, deux effroyables baragouins !
Mais il y a solidarité aussi entre le vêtement et le clou auquel il est accroché, car si l’on arrache le clou, le vêtement tombe.
une fête établie pour la révolution des siècles, l’idée de la divinité pour qui tous les siècles ensemble ne sont qu’un moment, la faiblesse de l’homme que le temps entraîne, ses travaux qui lui survivent un instant pour tomber ensuite, les générations qui se succèdent et qui se perdent, les malheurs et les crimes qui avaient marqué dans Rome le siècle qui venait de s’écouler, les vœux pour le bonheur du siècle qui allait naître ; il semble que toutes ces idées auraient dû fournir à un poète tel qu’Horace, une hymne pleine de chaleur et d’éloquence ; mais plus un peuple est civilisé, moins ses hymnes doivent avoir et ont en effet d’enthousiasme.
» Cependant l’usage de louer les empereurs après leur mort subsistait toujours ; jamais cette institution ne dut paraître plus noble, que lorsque l’éloge funèbre d’Antonin fut prononcé dans la tribune par Marc-Aurèle : c’était la vertu qui louait la vertu ; c’était le maître du monde qui faisait à l’univers le serment d’être humain et juste, en célébrant la justice et l’humanité sur la tombe d’un grand homme.
C’est dans ces moments-là que les grêles ravagent les moissons, que la terre s’entrouvre, que les villes sont englouties ; fléaux qui désolent le monde, non par la volonté des dieux, mais parce qu’alors leurs regards ne tombent point sur la terre : voilà, grand empereur, ce qui nous est arrivé, lorsque vous avez cessé de veiller sur le monde et sur nous. » Ensuite on prouve à Maximien que, malgré son grand âge, il ne pouvait sans injustice quitter le fardeau de l’empire ; « mais les dieux l’ont permis, lui dit l’orateur, parce que la fortune, qui n’osait rien changer tant que vous étiez sur le trône, désirait pourtant mettre un peu de variété dans le cours de l’univers ».
Le pasteur s’y emploie de son mieux, par générosité pieuse, mais il ne manquera pas de tomber amoureux de cette trop séduisante statue qu’il éveille à la vie : ce sera l’aventure de Pygmalion et aussi celle de Paphnuce, moine d’Antinoé, qui se damne pour avoir voulu, par zèle apostolique, sauver l’âme trop délicieusement logée de la courtisane Thaïs. […] Lorsque Gertrude montre pour la première fois une lueur d’intelligence et commence à comprendre les mots qu’il lui enseigne avec une évangélique patience, l’excellent pasteur déborde de joie religieuse et de reconnaissance envers le ciel, comme le docteur anglais, éducateur de l’aveugle et sourde-muette Laura Bridgeman, lequel, en pareille occurence, tomba à genoux pour remercier le Seigneur. […] Mais on pouvait s’y tromper en lisant le catalogue de la vente, établi par Édouard Champion, en tête duquel André Gide déclare : « … J’ai pris le parti de me séparer de livres acquis en un temps où j’étais moins sage, que je ne conservais que par faste ; d’autres enfin qui me sont demeurés chers entre tous aussi longtemps qu’ils n’éveillaient en moi que des souvenirs d’amitié. » Pour les morts, Mallarmé, Moréas, Barrès, Heredia ou autres, comme ils n’avaient pu dans leur tombe se brouiller avec Gide, on entendait bien qu’ils succombaient à la réforme somptuaire. […] Elle avait même été assez folle pour aimer Édouard : c’était proprement tomber sur un bec de gaz. […] En certains chapitres, ce subtil esthète tombe au niveau de la Garçonne !
Quoiqu’il ne fût pas tard, le jour commençait à tomber. […] dit Paul ; ces arbres ne produisent que de mauvais fruits ; il n’y a pas seulement ici un tamarin ou un citron pour te rafraîchir. — Dieu aura pitié de nous, reprit Virginie ; il exauce la voix des petits oiseaux qui lui demandent de la nourriture. » À peine avait-elle dit ces mots, qu’ils entendirent le bruit d’une source qui tombait d’un rocher voisin. […] Il ramassa des herbes sèches et d’autres branches d’arbres, et mit le feu au pied du palmiste, qui, bientôt après, tomba avec un grand fracas. […] Elle ne reprit ses sens que pour s’occuper de son amie, qui tombait de temps en temps dans de longs évanouissements. […] Une larme silencieuse y tombe éternellement.
Encore tout à fait au hasard, pour le cas où la première fois je serais tombé mal. […] Sur l’intervention de Jocaste, une trêve est conclue, le combat cesse et le rideau tombe sur un espoir naissant. […] Où y aurait-il miracle, s’il vous plaît, à ce que les vents fussent tombés ? […] Et, plus simplement encore, Alceste est-il dans sa misanthropie, au même point quand la pièce commence que quand la pièce tombe ? […] C’est une précaution que prenait Molière précisément contre l’erreur où il me semble que tombe M.
Un beau jour, la plume lui tombe des mains. […] Précisément, cette grandeur et cette noblesse préservent le poète de tomber dans ce que l’on a flétri du terme moderne de « cabotinage ». […] La fête de sa végétation une fois finie, qu’importe que ce feuillage se flétrisse et tombe ? […] Les rameaux tombent les uns après les autres, les variétés s’en vont successivement, l’arbre va suivre. […] Il a un brave cœur tout d’une pièce et un esprit en morceaux, comme un morceau de verre tombé par terre.
Il semble que la graine ait été semée au hasard ; mais quel que soit le terrain où elle est tombée, il faut qu’elle lève. […] Quand les conventions en sont tombées là, de leur excès même sort le remède. […] Leurs secrets sont tombés dans le domaine commun. […] Puis ils ont fait école, et maintenant l’invention est tombée dans le domaine public. […] Par une pente naturelle, en suivant simplement la loi de moindre effort, le merveilleux tombe dans l’absurde.
Quelques vers que j’avais faits alors tombèrent par hasard entre les mains de quelques personnes d’esprit. […] L’Indien, conducteur de l’éléphant, croyant que le roi descendait, fit, selon sa coutume, tomber à genoux l’animal. […] Et Andromaque, ayant médité sur la tombe d’Hector, accepte la proposition du vainqueur, avec le secret dessein de se tuer après la cérémonie du mariage. […] Il se déclara hautement pour la pièce ; et toute la cour après lui : si bien que Britannicus, tombé d’abord à Paris, y fut repris peu après avec un succès assez vif. […] Il affirme que « durant plusieurs jours Pradon triompha », et que « la pièce de Racine fut sur le point de tomber ».
» Après cela, le clerc d’huissier tombe malade et reste fou. […] Il rencontre une fille et, pour l’amour de cette fille, perd son temps, sa fortune, sa dignité, tombe dans la pire abjection. […] Il prétendait établir que tout le mal venait de ce discrédit où il considérait que l’intelligence était tombée. […] Il coule du sang, qui tombe du ciel sur la terre. […] Pierre Mille adresse à un jeune homme qui est tombé en Argonne le 17 février 1915, il y a cette ligne : « Tu es tombé comme je t’avais, pour ma part, un peu appris à vivre : droit, fort, ironique et brusque. » Il me semble que ces quatre mots caractérisent très bien l’âme qui se révèle dans l’œuvre de M.
Avoir tout vu de la vie, en savoir tous les courants et tous les écueils, s’y être brisé, puis s’en être relevé, connaître les hommes par leurs passions et savoir s’en servir, avoir appris à ses dépens à toucher en eux les cordes qui résistent et celles qui répondent, avoir conservé au milieu de toutes ses traverses, et jusque dans les désastres où l’on est tombé par sa faute, son sang-froid, sa gaieté, son entrain, ses ressources d’esprit, sa bonne mine, son courage, son espérance surtout, cette vertu et cette moralité essentielle de l’homme ; quelle préparation meilleure, quand le ressort principal n’a point fléchi, quand le principe d’honneur a gardé toute sa sensibilité ! […] Il faut que je sorte de la position où je suis, ou que je tombe avec quelque gloire. » L’occasion, une occasion ! […] Cette activité qui, lorsqu’il ne sait qu’en faire, lui rentre dans l’estomac et réveille sa gastrite, trouve ici à se déployer et à se répandre en tous sens ; un moment il a espéré faire un magnifique coup de main sur la smalah d’Abd el-Kader : « L’émir me croyait dans le sud, il ne se gardait pas du côté de la plaine, et je tombais sur lui.
Un peu de poudre blanche est tombée de la tête sur le collet de l’habit bleu et sur l’épaule. […] Mais que des journaux, qui se piquent d’accepter et de vouloir le régime nouveau, combattent ouvertement, par des raisonnements empruntés à l’ordre légal, cette expression publique de pieux souvenirs ; qu’ils viennent nous montrer dans Bories et ses compagnons des hommes pleins de courage sans doute, mais contraires aux lois ; qu’ils nous rappellent avec patelinage que ce fut un jury et non un tribunal révolutionnaire, non une cour prévôtale, qui fit tomber ces têtes ; — comme si ce jury n’avait pas été désigné par le préfet, contrôlé par le président du tribunal et présidé par un agent du pouvoir ; — que, par une induction odieuse, jésuitique et impie, ils ne voient dans Bories et ses compagnons que des ennemis de cette Restauration dont MM. de Polignac, de Peyronnet et autres étaient aussi les ennemis à leur manière, et qu’ils assimilent sans pudeur les victimes de 1822 aux traîtres de 1830, il y a là une révélation profonde sur la manière dont un certain parti juge ce qui s’est passé en juillet, et un précieux éclaircissement sut les arrière-pensées qu’il nourrit. […] Sainte-Beuve dans la tombe, était naguère encore un de ses bons et très bons amis.
On a pour témoignages directs de cette éducation les transports de Ménage, qui d’ordinaire, comme on sait, tombait amoureux de ses belles élèves : il célébra, sous toutes les formes de vers latins, la beauté, les grâces, l’élégance du bien dire et du bien écrire de Mme de La Fayette ou de Mlle de La Vergne, Laverna, comme il disait102. […] En la faisant expliquer, ils eurent dispute ensemble touchant l’explication d’un passage, et ni l’un ni l’autre ne vouloit se rendre au sentiment de son compagnon ; Mme de La Fayette leur dit : Vous n’y entendez rien ni l’un ni l’autre. — En effet, elle leur dit la véritable explication de ce passage ; ils tombèrent d’accord qu’elle avoit raison. […] En juin 1672, quand un soir, la mort de M. de Longueville, celle du chevalier de Marsillac son petit-fils, et la blessure du prince de Marsillac son fils, quand toute cette grêle tomba sur lui, nous dit Mme de Sévigné, il fut admirable à la fois de douleur et de fermeté : « J’ai vu son cœur à découvert, ajoute-t-elle, en cette cruelle aventure ; il est au premier rang de ce que j’ai jamais vu de courage, de mérite, de tendresse et de raison. » A peu de distance de là, elle disait de lui encore qu’il était patriarche et sentait presque aussi bien qu’elle la tendresse maternelle.
Les Tristes, écrits dans des quarts d’heure de vie errante, ne sont qu’un recueil de différentes petites pièces (prose ou vers), originales ou imitées de l’allemand, de l’anglais, et qui sentent le lecteur familier d’Ossian et d’Young, le mélancolique glaneur dans tous les champs de la tombe. […] Nombre de ses images, qui expriment des nuances, des éclairs, des mouvements presque inexprimables (comme celle du goëland qui tombe, citée plus haut), étaient faites pour illustrer et couronner l’audace ; et, dans une Poétique de l’école moderne, si on avait pris soin de la dresser, nul peut-être n’aurait apporté un plus riche contingent d’exemples. […] Le mot doit mûrir sur l’idée, Et puis tomber comme un fruit mûr.
Il est bien remarquable que cette saison productive du peuple romain en littérature se trouve précisément placée au moment de son histoire où la liberté tombe, où la tyrannie s’élève ; on dirait que la décadence politique coïncide exactement avec l’éclosion du génie littéraire. […] Il y a en lui beaucoup du Saint-Évremond douteur, beaucoup du La Fontaine licencieux, beaucoup du Montaigne cynique, beaucoup du Voltaire plus éger que la plume, beaucoup de la bulle de savon qui brille et qui flotte, qui se balance et qui se colore, qui éclate et qui s’évanouit sans laisser d’autre trace de son existence qu’une goutte d’eau parfumée qui vous tombe d’en haut sur le front. […] Horace, brisé de douleur par la mort de Mécène, tomba malade à Rome le 27 novembre, et mourut d’amitié comme il en avait vécu.
J’ai voulu relire récemment sa constitution, modèle qu’il présente aux hommes comme un type des sociétés politiques accomplies ; j’ose déclarer en toute conscience que le délire d’un insensé joint à la férocité d’un scélérat ne pouvait jamais arriver aux excès d’absurdité et aux excès d’immoralité de ce prétendu sage tombé en folie et en fureur pour avoir trop bu l’idéal dans la coupe de l’imagination. […] Rousseau, il faut le suivre de son berceau, dans une boutique d’horloger, jusqu’à sa tombe, dans le jardin d’un grand seigneur de Paris. […] Le musicien, tombé dans la rue d’une atteinte de convulsions, est laissé là par le disciple, son compagnon de voyage, qui feint de ne pas le connaître.
C’est le véritable nom de ce gouvernement à deux têtes ou plutôt à deux cœurs, qui a traversé tant d’années de calamités sans se diviser, après quoi le ministre est mort de douleur de la mort du souverain, laissant pour toute fortune une tombe sacrée à celui qu’il a tant aimé. […] Ce n’était pas seulement un grand ministre, c’était un grand cœur ; j’ai passé avec lui en 1821 les semaines glissantes où l’armée napolitaine de Pépé et l’armée autrichienne de Frimont allaient s’aborder à Introdocco et se disputer les États romains envahis des deux côtés, et où Rome attendait des hasards d’une bataille son sort et sa révolution ; il était aussi calme que s’il avait eu le secret du destin : « Experti invicem sumus ego et fortuna », nous disait-il. « Quant au pape, il a touché le fond de l’adversité à Savone et à Fontainebleau ; il ne craint pas de descendre plus bas, laissant à Dieu sa providence. » N’est-on pas trop heureux, dans ces agitations des peuples et dans ces oscillations du monde, d’avoir son devoir marqué par sa place, et ne pouvoir tomber qu’avec son maître et son ami ? […] Le Directoire ordonna au général Duphot de fomenter l’insurrection de Rome contre le Pape ; un coup de feu l’atteignit ; il tomba mort.
Après cette pièce et d’autres du même genre, une nouvelle imitation, celle du théâtre espagnol, fait tomber de mode l’imitation de la farce italienne, et produit la tragi-comédie, où se distinguent, après Hardy et sur ses traces, les Théophile, les Scudéry, Racan, Rotrou, et Corneille, avant d’être le grand Corneille. […] Ce ne sont que rencontres impossibles, confusions de noms, générosités tombées du ciel, pardons où l’on attendait des vengeances, cachettes dans les murailles, derrière les tapisseries, aparté pour unique moyen des effets de scène ; un mélange grossier de traditions grecques et latines, espagnoles et italiennes ; et pour la part de la France, de gros sel gaulois, la seule chose qui ait quelque saveur dans ce ragoût. […] C’est une surprise de l’âme enlevée à elle-même ; c’est comme une secousse involontaire qui fait tomber pour un moment de nos épaules le poids de la vie.
L’homme commence à devenir de plus en plus une table rase ; il ne transmet à ses descendants qu’un germe indifférencié des aptitudes élémentaires, et les qualités d’une génération tombent à zéro dans la génération suivante… Par suite l’homme civilisé est de plus en plus plastique, indéterminé, malléable, souple, de moins en moins différencié et individualisé, résistant. […] Maeterlinck, aboutirait assez logiquement à la conception d’une société idéale des âmes unies spirituellement dans un mode d’existence supérieur où les barrières de l’individualité seraient tombées, à la conception d’une communion transcendantale des moi, dans l’acte religieux ou dans l’acte esthétique. […] Dans le 3e volume du Monde comme volonté. — Ailleurs, il est vrai, Schopenhauer admet l’existence d’une autre intuition, mystique, transcendantale, qui aurait pour effet de faire tomber pour nous le voile de l’individualité et de nous révéler la radicale identité de tous les êtres, ainsi que le fatalisme mystérieux qui fait dépendre notre destinée individuelle de la destinée de l’ensemble des êtres.
L’artiste spécial, pensant et disant ses sensations en son mode spécial d’art, ce ne sera pourtant pas le littérateur dégénérescent s’efforçant à donner avec des mots des images, avec des mots des musiques : folies qu’admet ou le virtuose tombé à la suprême décadence des impossibilités essayées, ou l’artiste dévié de sa voie naturelle et malgré soi y retournant. […] vous lutterez, âmes juvéniles et moroses, et vous aurez des immobilités effarantes, vous hurlerez, âmes lamentables, en des sarcasmes, des insultes et des prières, tandis qu’autour de vous résonneront les gais placides chants des bonheurs simples qui ne sont point vôtres, et vous tomberez, oh pitoyables âmes, après tant de rebondissements, dans le délicieux affamement de l’enfin qui ne peut pas venir. […] (Le Sauveur alors brise la chair de Kundry ; le cadavre de Kundry parmi un écroulement cyclique tombe (fin du second acte).
Si l’on suppose une masse de substance vivante, de protoplasma ayant une irritabilité ou sensibilité confuse, sur laquelle tombe une excitation venue du dehors, il se produira dans cette masse un mouvement, et ce mouvement se propagera selon la ligne de la plus faible résistance entre les molécules les plus délicates, les plus facilement modifiables, les plus vibrantes. […] Nous ne savons même pas sur lequel de nos yeux tombe une image : on peut être aveugle d’un œil depuis des années et ne pas le savoir. […] Toutefois, il faut ici se garder des exagérations où tombent certains psychologues qui veulent réduire la qualité même à la relation.
C’est ainsi que fréquemment, à défaut d’un vocable nombreux, il modifie par une virgule la prononciation d’un mot indifférent, contraignant à l’articuler tout en longues : « Ça et là un phallus de pierre se dressait, et de grands cerfs erraient tranquillement, poussant de leurs pieds fourchus des pommes de pin, tombées. » Joints enfin par des transitions ou malhabiles ou concises et trouvées, telles que peut les inventer un écrivain embarrassé du lien de ses idées, les paragraphes se suivent en lâches chapitres qu’agrège une composition Ou simple et droite comme dans les récits épiques, ou diffuse, et lâche comme dans les romans. […] Souvent quelque bête nocturne, hérisson ou belette, se mettant en chasse, dérangeait les feuilles, ou bien on entendait par moments une pêche mûre qui tombait toute seule de l’espalier. » Et cette passion déçue, la cruelle corruption de Mmc Bovary, la flamme intense de ses prunelles et le pli hardi de sa lèvre, son existence dehasard, le coupde folie de sa luxure, et enfin pourchassée, outragée, et rageuse, cette agonie par laquelle elle s’acquitte de toutes ses hontes, quelle violente évasion, en toutes ces scènes, hors le banal de la vie ! […] Son apparition dans le salon de la rue de Choiseul, avec son « air de bonté délicate » ; puis à la campagne où Frédéric échange avec elle les premiers mots intimes, plus tard la scène d’intérieur où il la trouva instruisant ses enfants : « ses petites mains semblaient faites pour répandre des umônes puis essuyer des pleurs, et sa voix un peu sourde naturellement avait des intonations caressantes et comme des légèretés de brise » la visite qui lui est rendue dans une fabrique, et cette conversation où la beauté : s’élève au mystère et à l’auguste : « Le feu dans la cheminée ne brûlait plus, Mme Arnoux sans bouger restait les deux mains sur les bras de son fauteuil ; les pattes de son bonnet tombaient comme les bandelettes d’un sphinx ; son profil pur se découpait en pâleur au milieu de l’ombre.
L’Angleterre était tombée sous le joug du système de Locke, et la France avait échangé le cartésianisme exagéré, mais sublime, de Malebranche pour des imitations superficielles de la philosophie anglaise. […] Je juge, dit Kant, sans en avoir fait l’expérience, que si on ôte les fondemens de cette maison, elle tombera. Ce jugement, il est vrai, a l’air de devancer l’expérience, mais en réalité il la suit ; car toute sa force repose en dernière analyse sur l’observation que les corps non soutenus tombent.