Il suffit que cet organisme ait présenté une certaine systématisation de parties avant la fragmentation et que la même systématisation tende à se reproduire dans les fragments une fois détachés. […] Sans parler des phagocytes, qui poussent l’indépendance jusqu’à attaquer l’organisme qui les nourrit, sans parler des cellules germinales, qui ont leur vie propre à côté des cellules somatiques, il suffit de mentionner les faits de régénération : ici un élément ou un groupe d’éléments manifeste soudain que si, en temps normal, il s’assujettissait à n’occuper qu’une petite place et à n’accomplir qu’une fonction spéciale, il pouvait faire beaucoup plus, il pouvait même, dans certains cas, se considérer comme l’équivalent du tout. […] Le moment est venu d’établir que, si le mécanisme ne suffit pas à rendre compte de l’évolution, le moyen de prouver cette insuffisance n’est pas de s’arrêter à la conception classique de la finalité, encore moins de la rétrécir ou de l’atténuer, mais au contraire d’aller plus loin qu’elle. […] Où nous nous séparons d’Eimer, c’est lorsqu’il prétend que des combinaisons de causes physiques et chimiques suffisent à assurer le résultat. […] En un certain sens, le mouvement est plus que les positions et que leur ordre, car il suffit de se le donner, dans sa simplicité indivisible, pour que l’infinité des positions successives ainsi que leur ordre soient donnés du même coup, avec, en plus quelque chose qui n’est ni ordre ni position mais qui est l’essentiel : la mobilité.
On pense qu’il suffit de gagner encore quelques années, qu’alors il n’y aura plus rien que de fort naturel, et que ce ne sera plus un miracle divin. […] Tous auront envie de te voir, et il n’y en a que six (un seul grand suffirait) qui s’intéressent à toi ; tu feras ce que tu voudras. […] « Je priai Dieu d’y suffire, et voilà !
Sur les cent mille Français composant les corps des maréchaux Soult, Lannes, Augereau, Ney, Murat, et la garde, cinquante mille au plus avaient combattu et suffi pour culbuter l’armée prussienne. […] La tragédie ne suffit pas ici pour fournir les couleurs au tableau, la comédie lui en prête ; Molière, Beaumarchais, Machiavel, Tacite semblent forcés de se réunir dans ces ténébreuses journées de Bayonne pour peindre un rôle où l’intrigue, l’hypocrisie, la violence et la trahison surpassent Alexandre VI, Tartufe et César dans un même acte diplomatique. […] L’intelligence suffit-elle à tout, comme le prétend M.
Enfin on les dépose l’un et l’autre dans une tente séparée. » De telles citations suffisent pour donner à ceux à qui la langue du Tasse est étrangère de quoi pressentir le génie de son poème. […] À peine pendant tout le cours de cet été ai-je acheté quatre melons pour ma nourriture ; une soupe de laitue et quelques courges me suffisent ; mais j’avoue que je me ruine en médicaments. » Le marquis de Villa, son ami de Naples, lui envoya quelques ducats pour renouveler ses habits et pour rentrer décemment à Rome. […] Mais ici son courage lui fut inutile, son nom avait suffi : le brigand Sciarra, qui chantait déjà, dans ses rochers, les stances épiques de la Jérusalem, ainsi que les gondoliers de Venise les chantent encore sur les lagunes, ayant appris que le Tasse était au nombre des voyageurs arrêtés par la peur de sa bande à Mola di Gaëta, lui envoya un sauf-conduit avec les expressions du respect et de l’enthousiasme.
« Comme ça commençait à devenir par trop tendre, cela m’ennuya, et je me mis à froncer le sourcil ; je lui avais parlé d’un air gai pour ne pas m’affaiblir ; mais je n’y tenais plus : — Enfin, suffit, lui dis-je, entre braves gens on s’entend de reste. […] L’étourderie brutale est le caractère de ces enfants de la rue qui n’ont d’autre morale que leur instinct railleur à tout prix, et qui se croient des héros parce qu’ils ont entendu dire qu’il suffisait pour cela de tuer ou d’être tué. […] Que les âmes railleuses fassent une ironie de cette consolation du désespéré ; Dieu qui la donne les juge : il suffit.
Chacun a ses défauts et sa charge, personne ne se suffit à soi-même et n’est assez sage pour soi ; mais il nous faut supporter les uns les autres, nous consoler, nous aider et nous avertir mutuellement. » Et puis il y a, malgré tout, même dans les maximes extrêmes du détachement ascétique, un point par où elles restent humaines. […] et a dit sur l’amour les choses les plus pénétrantes. (« L’on veut faire tout le bonheur ou, si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu’on aime. ») et les plus délicates (« Être avec les gens qu’on aime, cela suffit ; rêver, parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal. ») — Il a senti et aimé la nature infiniment plus qu’il n’était ordinaire en son temps. […] Cela, à la lettre : « Pour créer le monde, un grain de matière a suffi… Cette masse qui nous effraye n’est rien qu’un grain que l’Éternel a créé et mis en œuvre.
Voici alors ce qu’il suffira de faire. […] S’il en est ainsi, je crois que ce que j’en ai dit suffit pour vous donner l’envie de le lire et que vous me prierez de vous l’envoyer… » « … Gulliver ira aussi loin que John Bunyan », lui écrivait Arbuthnot. […] Deux années après, il écrivait ces petits poèmes de la Toilette d’une Dame 53, de Cassinus et Peter, de Strephon et Chloé, qui ne sont qu’un triste développement de ces vers de Lucrèce : Et miseram tetris se suffit odoribus ipsa Quam famulæ longe fugitant furtimque cachinnant.
Il ne peut y avoir que deux sortes d’esprits, qui se suffisent à eux-mêmes en se jugeant ; l’extrême génie qui n’existe point, et l’extrême sottise qui n’existe que trop : l’impuissance où se trouve celle-ci de connaître ce qui lui manque, supplée à ce qui lui manque en effet ; d’où il résulte que dans la distribution du bonheur les sots n’ont pas été les plus mal partagés. […] On a dit que pour le bonheur des États les rois devraient être philosophes ; il suffirait qu’ils fussent environnés de sages ; mais la philosophie fuit la cour ; elle y serait ou misanthrope ou mal à son aise, et par conséquent déplacée. […] Pour se convaincre de ce que j’avance sur l’opinion peu relevée qu’on se forme communément dans le monde de l’état des gens de lettres, il suffira de faire attention à l’espèce d’accueil qu’ils y reçoivent pour l’ordinaire.
C’était là un résultat plein de lumière, mais il ne suffisait pas au courageux écrivain. […] On pouvait en être le Saint-Simon ou le Suétone : — abonder de détails, les dénuder, les faire saillir, les rougir de cette flamme de l’indignation, qui est à l’horizon moral de l’histoire ce qu’est, à l’horizon physique de leurs tableaux, cette pourpre sanglante sur le fond de laquelle les_ peintres détachent mieux quelque scène criminelle et tragique ; — ou bien on pouvait, comme Tacite, aspirer à la sobriété hautaine, au choix supérieur qui suffit pour montrer tout sans rien étaler, à cette concentration terrible qui fait du style et de la pensée un acide qui perce et dissout. […] Cela ne suffit pas quand on prend la responsabilité d’un pays.
Cela suffisait, sans nul doute, au mâle architecte qui l’avait bâtie, cette pyramide, mais au point de vue du service qu’il avait voulu rendre, évidemment cela ne suffisait pas. […] Mais une chose si simple n’aurait pas suffi à son avidité de se montrer chrétien et fastueusement chrétien, et il a écrit, d’après les livres sacrés, l’histoire théologique de saint Michel lui-même.
Ce principe étymologique suffit pour les langues indigènes, pour celles des pays barbares qui restent impénétrables aux étrangers, jusqu’à ce qu’ils leur soient ouverts par la guerre ou par le commerce. […] Comme Aristote et Platon tirent souvent leurs preuves des mathématiques, il étudia la géométrie pour les mieux entendre ; mais il ne poussa pas loin cette étude, pensant qu’il suffisait de connaître la méthode des géomètres ; « pourquoi mettre dans de pareilles entraves un esprit habitué à parcourir le champ sans bornes des généralités, et à chercher d’heureux rapprochements dans la lecture des orateurs, des historiens et des poètes ? […] Les personnes qui ont le plus étudié Vico, MM. de A. et Jannelli n’y ajoutent aucune foi, et la lecture du livre suffit pour la réfuter.
Desclozeaux, si en fonds de doctrine, mais déjà absorbé par les affaires et par le palais ; et pour un bon nombre des représentations que donnèrent les acteurs anglais à Paris en 1827-1828, il suffit à cette tâche délicate et neuve de feuilletoniste de Shakespeare : ce fut pour lui une très active et très honorable campagne. […] Magnin, au nom de l’Académie des inscriptions, a dit : « Sa place pouvait sembler également marquée à l’Académie française : peut-être eût-il réuni ce double honneur littéraire, s’il n’eût lui-même été d’avis que la possession d’un seul fauteuil dans l’Institut de Fiance suffit aux aspirations de quiconque a bien mérité des lettres, des arts ou de la science. » M.
Mais la nature ne suffit pas toujours ; l’ennui va venir à l’homme solitaire, et la langueur. […] Dans son Épître au curé de Roquencourt, Ducis, plus voisin de la nature que Delille, avait dit : Ton presbytère étroit, sous ton humble clocher, À l’église attenant, suffit pour te cacher.
Ses belles chansons, toutes de feu et d’inspiration (il suffira de les noter d’un mot), ce sont : Ma Vie épicurienne (1810). […] A dater de ce moment et sous la Restauration, cette veine purement épicurienne et rieuse ne suffit plus à la France ; on a vu de près d’affreux désastres, on a subi des affronts ; l’inquiétude est partout qui gagne à l’intérieur et se prolonge dans l’avenir.
Et puis, nous l’avouerons, comme science, la philosophie nous affecte de moins en moins : qu’il nous suffise d’y voir toujours un noble et nécessaire exercice, une gymnastique de la pensée que doit pratiquer pendant un temps toute vigoureuse jeunesse. […] Cousin son Antechrist. — Qu’il nous suffise de répéter ici que, nonobstant toutes les variations subséquentes, cet historique du Globe reste d’une parfaite exactitude.
La peste décimait Florence ; les vivants ne suffisaient plus à ensevelir les morts ; les cantiques funèbres qui accompagnent les cortéges aux campo santo se taisaient, faute de voix pour gémir ; les tombereaux précédés d’une clochette pour annoncer leur passage aux survivants s’arrêtaient le matin de porte en porte, pour emporter comme des balayeuses, sans honneurs, tout ce que ce souffle de la mort avait fait tomber de tous les étages pendant la nuit ; on ne se fiait pas même pour une heure à l’amitié ou à l’amour ; on n’était pas sûr de retrouver en rentrant ceux qu’on laissait, encore jeunes et sains, à la maison en gage à la contagion invisible ; le moindre adieu était un éternel adieu, le lendemain n’existait plus, l’avenir était mort avec tant de morts. […] Eh bien, fiers de notre défaite, Suivons-les au désert sans détourner la tête ; Dans le camp des vainqueurs, surpris de nos dédains, Les Muses n’entrent pas...Qu’il s’ouvre aux baladins ; Une vengeance est prête, elle peut nous suffire.
J’offris moi-même au gouvernement sarde de prêter les soldats de la France au gouverneur de Chambéry, si ses carabiniers ne suffisaient pas pour expulser les envahisseurs. […] Quelle que soit l’antipathie plus ou moins jalouse que l’on puisse porter comme Français à l’Angleterre, il suffit d’être homme pour s’enorgueillir, comme homme, d’une puissance de civilisation, de richesse, de commerce, d’intelligence, de navigation, d’armées de mer et d’armées de terre, capable d’avoir créé, dans cette poignée d’Anglo-Saxons, sinon les maîtres, du moins les modèles des peuples civilisés. » Lamartine.
Une journée suffit à peine à recueillir ce témoignage du seul et dernier témoin de ce grand drame. […] Si ces témoignages de la consciencieuse minutie de mes recherches sur les moindres circonstances historiques de mon Histoire des Girondins ne suffisaient pas pour édifier l’écrivain qui m’attribue l’invention de cette prétendue fable, voici à ce sujet une lettre d’un des principaux habitants de Bessancourt, qui m’arrive aujourd’hui, avec l’autorisation de la reproduire : « Monsieur, « Je n’ai pas besoin de remonter plus loin dans mes souvenirs pour attester que le vénérable abbé Lambert a été, pendant de longues années (depuis 1816 jusqu’en 1847, année de sa mort), curé de Bessancourt (Seine-et-Oise) ; que cet ecclésiastique a toujours passé dans la commune pour avoir été l’ami des Girondins et le pieux consolateur de quelques-uns d’entre eux la veille de leur supplice, en 1793 ; et que vous êtes venu, accompagné d’un de vos amis ou collègues dont le nom m’échappe, passer de longues heures chez M. le curé Lambert dans son presbytère de Bessancourt, pour recueillir personnellement, de la bouche de ce vieillard, tous les détails que vous rapportez dans votre Histoire des Girondins.
X Les savants ont beau disserter, il suffit à un voyageur comme moi d’avoir vu, dans les steppes du Danube, le noble pasteur équestre hongrois, au front élevé, à l’œil rêveur, à la taille lapidaire, au maintien ferme et immobile comme la statue de bronze, enveloppé de sa pelisse noire de poil de mouton, appuyé sur sa houlette de coudrier armée au bout d’un fer de lance, soldat, chevalier, pasteur à la fois. Il suffit de l’avoir vu à pied dans les steppes, la bride de son cheval passée autour du bras, promener pendant des journées entières le regard de ses larges yeux bleus sur l’horizon des monts Crapacks tacheté de pins noirs et de neiges roses, pour reconnaître à la charpente haute et solide du corps, à la dimension du front, au vague pensif du regard, à l’ovale effilé de la tête, à la gravité des lèvres, à l’attitude à la fois virile et un peu inclinée par la féodalité des membres, la consanguinité évidente des Huns et des Francs-Comtois : Deux races nobles, deux filiations du Caucase, deux peuples à héros dans les ancêtres, deux civilisations disciplinées où la fierté et l’obéissance s’accordent sur un visage pastoral, guerrier et poétique.
Ce que je sais sous ce rapport me vient presque d’instinct, d’inspiration, comme la poésie, et m’a suffi pour paraître convenablement partout. […] Penser à lui me relevait au plus fort d’un abattement ; l’avoir en ce monde me suffisait.
Sur ce point, il est excessif il ne pouvait souffrir que la France restât en arrière de personne, et où les Grecs et les Latins ne suffisaient pas, il voulait que les Italiens et les Espagnols y suppléassent. […] Telle était la superstition pour les anciens, qu’il suffisait, pour que des vers fussent trouvés beaux, qu’il y parût quelque lambeau de leurs dépouilles.
» Ces exemples suffisent pour montrer que la recherche des origines mythiques des poèmes wagnériens ne saurait en rien amoindrir l’invention poétique du maître. […] A propos des Anregungen fur Kunst, Leben und Wissenschaft de Richard Pohl, il s’écrie : « En exaltant les dernières œuvres de Beethoven, aberrations d’un génie qui s’éteint et les monstrueuses combinaisons de Tannhaeuser et de Lohengrin, monuments d’impuissance à » créer dans le domaine de la noble et belle musique, les rédacteurs des Anregungen ont contribué à faire naître le doute et l’anarchie actuelle d’opinions, qui font descendre aujourd’hui » la nation allemande de la position élevée où l’avaient placée les Bach, Haendel, Gluck, Haydn, le divin Mozart et Beethoven dans sa belle époque. » Cet exemple édifiant suffit à faire apprécier le caractère spécial d’un genre de critique dont notre pays n’était pas seul, d’ailleurs, à montrer les effets.
Quoique cette hypothèse ait encore à l’heure actuelle des partisans éminents, il suffit, pour dissiper l’illusion, de résoudre l’abstrait dans les concrets dont il est tiré. […] Lewes dans sa longue étude sur les actions réflexes ; il nous suffira d’en résumer les points principaux et d’exposer brièvement les raisons sur lesquelles il se fonde, pour établir que la moelle épinière est un centre de sensation : 1° Opinion des physiologistes antérieurs.
Vous rappelez-vous les perdreaux, il les engloutissait… il a peut-être avalé un grain de plomb, cela suffit pour une perforation, n’est-ce pas ? […] Le manque d’intrigue ne me suffit plus.
Cette liste suffit. […] Etre de cet ensemble inouï un fragment notable, suffit à la gloire d’un homme.
Il me suffit à présent de remarquer qu’Horace n’a pas cru qu’il y eût de sujets particuliers à l’ode. […] Je sçais bien qu’en outrant cette briéveté, on devient nécessairement obscur, et qu’un poëte tombe d’autant plus aisément dans ce défaut, que ce qu’il a dit, réveillant en lui l’idée de ce qu’il a voulu dire, il supplée toujours au défaut de son expression, sans s’appercevoir qu’elle ne suffit pas par elle-même, à exprimer toute sa pensée.
Pindare, dont on peut comprendre la lettre, mais dont l’esprit évaporé sous le souffle des siècles rend la gloire incompréhensible, est presque un sujet vierge en littérature Longin et Boileau l’ont touché, mais le peu qu’ils en ont dit, ces porte-respects formidables, a suffi pour empêcher la petite critique familière de l’approcher ; et il est resté, ce fameux Pindare, sans traduction intégrale ou convenable, sous le balustre de son texte : mystérieux, fermé, mais n’ayant plus la vie, — absolument comme un tombeau, Certes, pour qui y voit la vie encore, il n’est rien de plus attirant que ce sépulcre fermé de Pindare, qu’il s’agit d’ouvrir pour nous montrer qu’il est plein de choses immortelles et que la Gloire n’a pas menti ! […] Nous l’avons vu, ce n’est pas la pensée, ce n’est point l’émotion, ce n’est pas la littérature : c’est la rhétorique… Mais en France, cela suffit.
Il suffit que ces images — dénommées par nous « plates » — s’empilent, comme nous disons, les unes sur les autres. […] c’est l’action même ; et l’obligation où je suis de le vivre, l’impossibilité de jamais enjamber l’intervalle de temps à venir, suffiraient à me démontrer — si je n’en avais pas le sentiment immédiat — que l’avenir est réellement ouvert, imprévisible, indéterminé.
le seul développement de ce talent si franc et si vif aurait bien suffi à manifester naturellement son originalité.
Un fonds d’ennui, qui semble avoir pour réservoir l’espace immense qui est vacant entre lui-même et ses pensées, exige perpétuellement de lui des distractions qu’aucune occupation, aucune société ne lui fourniront jamais à son gré, et auxquelles aucune fortune ne pourrait suffire s’il ne devenait tôt ou tard sage, et réglé.
Quant aux Anglais, encore dispersés, et qui avaient à venir de Bruxelles et des environs, il suffisait, pour les arrêter, d’envoyer Ney sur la.gauche et de lui faire occuper la position centrale des Quatre-Bras.
On a beau calculer profondément à la guerre, il y a toujours et surtout le hasard des combats, et il suffit d’un rien pour faire pencher la balance.
Ces quatre ou cinq pièces politiques, jointes à tant de délicieuses chansons personnelles, d’une inspiration et d’une fantaisie intimes, telles que Mon Tombeau ; Passez, jeunes Filles ; le Bonheur ; Laideur et Beauté ; la Fille du Peuple, et ce sémillant Colibri, qui est le lutin familier du maître et la personnification éthérée de sa muse comme est la Cigale pour Anacréon ; toutes ces pièces ensemble auraient suffi à composer un charmant recueil final, digne assurément de ses aînés, et la dernière couronne eût brillé verdoyante encore, pour bien des saisons, au front du citoyen et du poëte.
Si nous ne savions d’ailleurs ces détails, le volume des Confidences suffirait pour nous les faire deviner.
Même avant la publication des Mémoires sur les Grands-Jours, il suffisait d’avoir lu le délicieux et complaisant portrait pour bien saisir dans son vrai jour cet Atticus de l’épiscopat français sous Louis XIV, élégant, disert, d’un silence encore plus ingénieux parfois que ses discours, qui n’est ni pour les jésuites, ni pour les jansénistes, ni contre ; qui n’est ni une créature de la Cour, ni trop dissipé au monde, ni voué à la pénitence ; honnête homme avant tout, excellent chrétien pourtant, tolérant prélat, résidant et exemplaire, charitable aux protestants persécutés, modérant sur leur tête les rigueurs de Bâville, et trouvant encore des intervalles de loisir pour les divertissements floraux de son Académie de Nîmes ; doux produit du Comtat, chez qui tout est d’accord, même son nom (il s’appelait Esprit Fléchier) ; un Balzac en style, mais un Balzac châtié, mesuré et spirituel, un Godeau plus jeune, mais avec une galanterie plus décente, une tête plus saine et sans engagement de parti ; une sorte de Fontenelle non égoïste et encore chrétien ; enfin un bel-esprit tout à fait sage, aimable et sensible, déjà un peu rêveur.
Pour qu’en 1845 une telle opinion puisse sérieusement se produire et qu’elle trouve place dans un esprit aussi cultivé que paraît l’être celui de l’éditeur, il ne suffit pas d’une dose d’illusion ordinaire ; c’est un phénomène qui exige une explication plus appropriée ; Victorin Fabre a eu ses dévots, et M.
Il suffit qu’il y ait prise sur un point du tissu, sur un détail hasardé, pour qu’il soit saisi, et toujours en bien ; le silence semblerait une condamnation ; on prend les devants par la louange.
Qu’il nous suffise d’avoir rappelé que, durant les vingt ans écoulés depuis l’aventure de l’ode jusqu’à la publication de Joconde (1662), il ne cessa de cultiver son art ; qu’il composa, dans le genre et sur le ton à la mode, un grand nombre de vers dont très-peu nous sont restés, et que s’il y porta depuis 1664, c’est-à-dire depuis les débuts de Boileau et de Racine, plus de goût, de correction, de maturité, et parut adopter comme une seconde manière, il garda toujours assez de la première pour qu’on reconnût en lui le commensal du vieux Colletet, le disciple de Voiture, et l’ami de Saint-Évremond.
Faire, à propos d’un pareil livre, une critique d’ensemble serait perdre sa peine : il suffit pour le ruiner d’en extraire quelques passages.
Ce n’est pas du tout en nous plaçant au point de vue de la matière que nous le combattrons ; nous ne ferions que laisser une abstraction pour une autre ; nous aurions raison contre lui, et il aurait raison contre nous ; il nous suffira pour triompher de rester en plein dans le réel, dans l’unité substantielle de l’esprit et de la matière, dans le sentiment, dans la vie.
Il suffit presque toujours de retourner une vérité banale pour en faire un paradoxe.
Mais encore une vie suffirait-elle ?
Il en est résulté des sonnets si pleins qu’ils « valent vraiment de longs poèmes » et si sonores que la voix humaine ne suffit plus pour les clamer et qu’il y faudrait une bouche d’airain.
Et l’historiette grivoise ne lui a point suffi : il l’a voulue incongrue et mal odorante.
Il mérite de nous arrêter un moment, car il offre un cas fort singulier et qui suffirait à le tirer de pair.
L’accent du rôle suffirait à nous en convaincre ; mais nous avons le témoignage de M.
Il nous suffit de montrer où elle en arriva sur le théâtre italien, par une conséquence toute naturelle du jeu comique propre à ce théâtre.
Qu’il ne suffit pas d’avoir de bonnes intentions, mais qu’il faut à un souverain, fût-il démocrate, de la volonté, de l’esprit de suite et de l’adresse.
Il ne suffit pas de vouloir être original dans l’ordre de la pensée ou du sentiment.
Les tentatives grecques de réforme, l’orphisme, les mystères, ne suffirent pas pour donner aux âmes un aliment solide.
Le monde semblera renversé ; l’état actuel étant mauvais, pour se représenter l’avenir, il suffit de concevoir à peu près le contraire de ce qui existe.
Il est entre les mains des médecins et des chirurgiens : la moitié suffit pour le faire mourir.
Il ne suffit pas à ce monstre que sa maîtresse soit « ce qu’avant tout elle devait être, un bon et fidèle instrument au service d’une puissance » qu’il affirme « géniale ».
Brissaud, sont coupables de conserver — et surtout d’inventer des formes bâtardes, métissées de grec et de latin, dans les cas où le fond de notre langue suffirait amplement » ; et il cite le mot excellent de cailloute, nom d’une phtisie particulière aux casseurs de cailloux, ou provoquée par des poussières minérales ; les nosographes, le trouvant trop clair et trop français, l’ont biffé pour écrire pneumochalicose.
* * * Ces deux énormes barricades — l’univers et l’homme, rien que cela — suffiraient pour déconcerter votre humanisme ; mais il a en lui-même ses vices rédhibitoires dont il ne pourra jamais se défaire.
Il suffit de rapporter quelques-unes de leurs observations, & d’extraire de leurs écrits ce qui peut faire un lecteur parfait.
Dans ce cas, la mécanique mnémonique était restée saine sur un point particulier, et il suffisait d’y toucher pour la faire jouer.
Il suffit que le christianisme lui-même ne prononce rien contre les sciences, pour que nous soyons fondés à soutenir notre première assertion.