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1425. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

J’aimais fort la société de M. de Margency, lorsque je le voyais de temps en temps à Paris ; mais du matin au soir, et tête à tête !

1426. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Du reste, presque aussi enfant que nous, il se faisait un plaisir et même un mérite de n’être que primus inter pares, et tout n’en allait que mieux, grâce à cette presque égalité. » Le soir, au coin du feu, il proposait à ses élèves et mettait au concours entre eux la traduction de vers et de passages des Géorgiques, dont il s’occupait déjà.

1427. (1929) Dialogues critiques

J’ai entendu Emmanuel Chabier, le grand musicien, s’écrier un soir, au café Voltaire : « Je déteste les maisons où l’on ne peut pas dire M… » Malgré les progrès de la mauvaise éducation, le mot de Waterloo n’est pas encore couramment du vocabulaire mondain.

1428. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

L’homme remarque alors que la sensation dont il a l’image était possible tout à l’heure, ce matin, hier, qu’elle sera possible tout à l’heure, ce soir, demain, et à tout instant de l’intervalle, non seulement pour lui, mais pour tout être analogue à lui.

1429. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Il n’est occupé soir et matin que de son perfectionnement moral et politique par l’acquisition de quelque vertu ou de quelque connaissance spéciale qui lui manque, non pas pour s’en parer, mais pour les communiquer à ceux qui dépendent de lui.

1430. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

M. de Luxembourg le fit partir ; et, s’en allant sur les quatre heures du soir, il fut salué dans son cabriolet par les huissiers qui venaient l’arrêter (1762).

1431. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

On n’y pensait pas au dix-septième siècle, et Bossuet en eût trouvé l’imagination bien étrange, lui qui, dans ce mémorable plan d’éducation pour le Dauphin, « où l’étude de chaque jour commençait soir et matin par les choses saintes », fait lire à son élève tous les grands écrivains de l’antiquité païenne, et ne lui met pas dans les mains les Pères, quoiqu’il en fît lui-même sa méditation, assidue et sa nourriture.

1432. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

. — Wagner a une telle crainte qu’on ne prête aux deux amants des divagations métaphysiques, qu’il se donne même la peine de motiver cette autre antithèse, du jour et de la nuit (qu’il était facile de supposer déduite de celle de la vie et de la mort), par la torche allumée le soir à la fenêtre d’Isolde, en signal de danger.

1433. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Le soir, il donnait à la terre la bénédiction, le « barac ».

1434. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Mais après avoir passé toute la matinée à l’étude, elle recevoit, le soir, des visites de tout ce qu’il y avoit de gens de lettres en France.

1435. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Mais ces survivants de l’époque antédiluvienne n’avaient pas seulement sauvé leur vie ; ils avaient sauvé aussi leur intelligence et leur mémoire ; ils avaient transmis aux patriarches leurs premiers descendants, soit aux fils de Noé, si l’on admet la version biblique, soit aux fils des races indiennes, éthiopiennes, chinoises, si l’on admet les traditions de ces peuples de l’extrême Orient, ils avaient transmis quelques vestiges des vérités, de la révélation, de la philosophie, de la théologie que l’humanité antédiluvienne possédait depuis sa sortie de ce qu’on appelle Éden ; crépuscule du soir après un jour éclatant.

1436. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Cependant le huitième chant s’ouvre par des stances aussi suaves que le soir d’été, aussi mélancoliques qu’un adieu sans retour.

1437. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Les vers de Lamartine : Marchez, l’humanité ne vit pas d’une idée, Elle éteint chaque soir celle qui l’a guidée, Elle en allume une autre à l’immortel flambeau, expriment cet élan de l’esprit romantique. […] Du côté inverse, rejetons les pièces insignifiantes sur lesquelles on est tenté de laisser le signe brutal de Souday ; le Soir, le Souvenir, la Gloire, la Prière, l’Invocation, le Golfe de Baïa, les Chants lyriques de Saül, l’Hymne au Soleil. […] Avec l’Hymne du Soir dans les Temples, dédié à la princesse Borghèse, le poète monte à de grandes orgues, fait rouler dans les voûtes un chant plein et vain. […] Il a ses fleurs, celles que chantera Baudelaire, celles qu’évoque Satan : Les voluptés des soirs et les biens du mystère Il est fait d’un complexe, les replis, les charmes et la perfidie du serpent.

1438. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Rien de plus profondément tragique que la malédiction lancée un soir par Sully-Prudhomme contre la Grande-Ourse, cette constellation au regard antichrétien, dont la fixité glaciale et funèbre est le premier, auteur de son désespoir religieux. […] à un jugement transitoire, soit sur certains chefs-d’œuvre qui seuls doivent durer, soit sur une multitude de productions éphémères elles-mêmes, parfois sur moins encore, sur l’acteur, sur l’actrice qui les a, un soir, interprétées ! […] Si, après avoir composé avec soin et avec amour un petit volume bien accueilli du public, un critique littéraire s’endormait sur ses lauriers et sur la foi de Théodore de Banville, il verrait son souvenir aboli du soir au lendemain, et ce serait bien fait ; car le pauvre homme montrerait, par tant d’incurie et de stérilité, qu’il n’a aucune intelligence des conditions du succès en littérature, et pas la moindre vocation. […] Dans l’art dramatique, qui s’adresse non à quelques juges délicats, mais au peuple assemblé, cette indépendance éclate tous les soirs.

1439. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Victor Hugo estimait beaucoup L’Amour peintre et il aimait à en citer les premières lignes qui sont en effet d’un joli style métaphorique et, ce qui sans doute flattait l’oreille d’Hugo, tout en vers, car on pourrait très bien les disposer typographiquement ainsi : Il fait noir comme dans un four : Le ciel s’est habillé ce soir en Scaramouche » Et je ne vois pas une étoile Qui montre le bout de son nez. […] — Non, je jeûne ce soir, répond Arnolphe. […] — Cela ne se peut pas, répliquait Don Juan : Dieu ne saurait laisser mourir de faim ceux qui le prient du soir au matin. […] Elle est dans un bonheur absolu et auquel elle ne voit rien à ajouter quand elle a dit : « J’ai eu du succès ce soir » et elle ne demande exactement rien déplus.

1440. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Nous autres écrivains, académiciens, nous disons sans scrupule : Je vais là ce soir ; irez-vous ? […] Sans les analyser ici sous le point de vue poétique, comme l’a fait un illustre écrivain, bornons-nous à dire que le génie oriental, la poésie hébraïque y coulent à pleines sources ; et que ce sublime religieux et quotidien, cette poésie des prières du matin et du soir, agissaient sur l’imagination des Européens, et devaient leur donner quelque chose de hardi, de vif, que n’avait pas même l’imagination grecque et latine. […] Car si on s’endort au soir, l’on ne sceit si on se trouvera au matin au sous de la mer. » On ne commente pas cet admirable naturel.

1441. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Lemaître se défendit dans un feuilleton que nous conservent les Impressions de théâtre, protesta de son affection pour Sarcey, et termina en disant qu’il n’était pas peu fier d’avoir été salué par le bon maître, un soir, comme son héritier présomptif, en ces termes savoureux : « Allez, allez, après moi c’est vous qui serez la vieille bête !  […] Panurge marié et Dulcinée mènent le Don Quichotte et le Pantagruel à la conscience claire, à l’intelligence désabusée et tranquille qui les achève comme la fumée du soir sur le toit d’une maison humaine. […] Il gardera toujours certaines puissances d’enfance qui lui maintiendront dans l’ombre sa rosée jusqu’au soir. […] Mais, comme à côté d’un Roumanille la Provence a produit un Mistral, la Suisse romande, au-dessus de sa riche littérature locale, élève une grande littérature européenne, gloire spirituelle et couronne du Léman, pareille aux Alpes roses qui l’environnent le soir. […] On dirait des cloches de flamme, de grandes cloches d’azur emplies du parfum de l’amour et que balance le vent du soir.

1442. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Ce ne fut pas une pareille sottise que Léonidas adressa aux défenseurs des Thermopyles : « Compagnons, leur dit-il, dînez comme des hommes qui, ce soir, doivent souper aux enfers. » Les sujets des Lettres LXXXIII, LXXXIV, LXXXV, LXXXVI et LXXXVII, sont très-variés. […] Le vice s’intimidera, quand il saura que tous les soirs il sera mis à la question. […] tu flaireras du matin au soir.

1443. (1888) Études sur le XIXe siècle

Rossetti, élève de Madox Brown — à peine son aîné de deux ou trois années, — avait déjà composé quelques-uns de ses poèmes, entre autres sa Damoiselle élue, qui devait rester un de ses sujets préférés : La Damoiselle élue se penchait en dehors, Appuyée sur la barrière dorée du ciel ; Ses yeux étaient plus profonds que l’abîme Des eaux apaisées le soir ; Elle avait trois lys à la main Et sept étoiles dans les cheveux… Ces trois jeunes gens étaient fort dissemblables de tempérament : « Je puis dire de moi-même, dit Holman Hunt, que j’étais un travailleur appliqué et même enthousiaste, poussé par la longue suite de mes difficultés antérieures et par l’opposition que j’avais rencontrée, et déterminé à trouver le droit chemin pour mon art. […] Il arrive à Turin le soir, court à l’Opéra où il sait la rencontrer, l’aperçoit dans sa loge « en grand deuil, portant sur la plus douce des figures des traces de longues et cruelles souffrances ». […] Voilà les seuls mots dont je me rappelle… … « Je la quittai ce soir-là plein d’espérances, d’amour, de regrets et de remords.

1444. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Et sur ce que ce sont deux imprimeurs qui ont dit ces belles choses, Mascurat, qui a voyagé, cite l’exemple des savetiers italiens dont la politique est encore plus raffinée que celle des imprimeurs de ce pays-ci : « Finalement, ajoute-t-il, pourquoi trouver étrange que nous ayons dit tant de choses en un jour, puisque nous voyons tant de tragédies nous représenter en pareil espace de temps des histoires que l’on ne jugeroit jamais, à cause d’une infinité de rencontres et d’incidents, avoir été faites dans l’espace de vingt-quatre heures… Et puis, si le Timée, le Gorgias, le Phédon et les dialogues de Republica et de Legibus de Platon, quoiqu’ils soient bien plus longs que les nôtres, ont bien été faits en un jour…, pourquoi ne voudra-t-on pas que nous ayons dit, depuis cinq heures du matin jusques à sept heures du soir, ce que, s’il étoit imprimé, il ne faudroit guère davantage de temps pour lire ?

1445. (1813) Réflexions sur le suicide

Il est certain que le bonheur, dans l’acception que lui donnent les passions, que les jouissances de l’amour-propre du moins n’existent guère plus pour les vieillards, mais il en est qui par le développement de la dignité morale, semblent nous annoncer l’approche d’une autre vie comme dans les longs jours du nord le crépuscule du soir se confond avec l’aurore du matin suivant.

1446. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

L J’avoue que le spectacle de ce diplomate, de si équivoque renommée dans sa vie privée, usant ses dernières forces, sans intérêt d’ambition et sans autre rétribution que les injures des journalistes et des tribunes en France, à retenir le monde sur la pente des catastrophes, m’inspira pour ce vieillard un respect qu’il n’avait pas mérité toujours, mais qu’il méritait au soir de sa vie.

1447. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

. — J’attendis jusqu’au soir, au coucher du soleil.

1448. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

« Quel est, dit-il, ce murmure qui vient roulant le long de la colline et qui ressemble aux sourds bourdonnements des insectes du soir ?

1449. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Une troisième classe, peu nombreuse, renferme ceux qui, après avoir formé le matin le projet sincère d’être libres, recommencent le soir à être esclaves, et qui tout à la fois audacieux et timides, nobles et intéressés, semblent rejeter d’une main ce qu’ils tâchent de saisir de l’autre.

1450. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Quoi qu’il en soit, le Roi et les Grands pressent Chimène de subir la condition du combat, ainsi retournée : elle ne peut plus faire autrement que d’y consentir, et le mariage sera célébré le soir même par l’évêque de Palencia. — C’est environ trois ans après le moment où a commencé l’action de la pièce espagnole. […] Corneille, présupposant, par votre réponse que je Lui lus hier soir, qu’il devait être l’agresseur, Elle m’a commandé de lui remontrer le tort qu’il se faisait et de lui défendre de sa part de plus faire de réponse, s’il ne lui voulait déplaire.

1451. (1903) Propos de théâtre. Première série

Les coucous se glissent dans le creux des arbres, et plus bas le coq sauvage répond aux gémissements de la tourterelle qui niche dans les buissons. » Ceci « représente sept heures du soir en été » comme dit Augier : (En prose) « Tiens ! […] Maintenant en effet… (En vers.) « De même que ma bien-aimée, la splendeur du jour est partie, emportant à la forêt de nénuphars son éclat ; comme l’amour dans mon cœur, la rougeur paraît plus vive dans le disque du soleil ; comme moi, le flamant reste sur le bord de l’étang de lotus, en pensant à sa bien-aimée ; tout est devenu sombre sur la terre, comme en moi. » Huit heures du soir, même saison : (En prose). « Oh ! […] Une idée que j’avais déjà eue sur Polyeucte, à la représentation, et qui est toute différente de celle que me donne Polyeucte lu, s’est très fortement confirmée dans mon esprit l’autre soir. […] » et, son crayon en main, il allait à la Comédie-Française pour noter, comme un sténographe de la Chambre des députés, les « mouvements divers », et il consignait dans ses notes : « Je suis allé ce soir (4 décembre 1822) au Tartuffe joué par Mlle Mars, pour éclairer mes idées sur le comique. […] Certains prétendus hors-d’œuvre, et dans Racine et ailleurs, s’expliquent ainsi, quand on ne se contente point de lire, mais quand on sait voir le drame représenté, ou se le représenter à soir même.

1452. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Aussi, quand d’Alembert et Condorcet venaient le voir à Ferney, s’ils s’espaçaient, le soir, en soupant, sur une vie future ou sur l’existence d’un Dieu, avec la liberté de mathématiciens qui vont, de déductions en déductions, poussant leur pointe, et poursuivant leur idée fixe, le patriarche fermait les portes et renvoyait les domestiques. […] combien j’aime à voir par un beau soir d’été Sur l’onde reproduit ce croissant argenté, Ce lac aux bords riants, ces cimes élancées Qui dans ce grand miroir se peignent renversées. […] Les épithètes consacrées : « beau soir d’été », « croissant argenté », « bords riants », « cimes élancées », y font tache, et plus d’une expression convenue, plus d’un son y choquent l’oreille désagréablement ; mais l’ensemble y est, et l’accent, l’accent de cette mélancolie que le poète serait si malheureux d’échanger contre ce que le vulgaire appelle le bonheur. Tels vers, telle strophe de Fontanes appelleraient les mêmes remarques : Ainsi quand d’une fleur nouvelle Vers le soir l’éclat s’est flétri, Les airs parfumés autour d’elle Indiquent la place fidèle Où le matin elle a fleuri.

1453. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

— Dans une bonne voiture de place, qui m’attend à votre porte, et me ramènera ce soir à la mienne. — Quoi ! […] Un écrivain d’un esprit aussi délicat que pénétrant, pour qui ces souvenirs ont tout le charme des impressions de la jeunesse, a peint ces scènes avec une vérité de dessin et un éclat de couleur qui ne laisse rien à désirer88. « Souvent M. de Lamartine lui-même, dit-il, durant ses passages à Paris, lors de ses retours de la légation de Florence, était attiré à quelque inauguration de sa gloire ; et rien n’égalait le tressaillement d’admiration, la flatterie sincère dont il était environné, lorsque le soir, dans un salon de cent personnes, au milieu des plus gracieux visages et des plus éclatantes parures, dans l’intervalle des félicitations ou des allusions jetées à quelques députés présents, sur leurs discours de la veille ou du matin, lui, beau, jeune et reconnaissable entre tous, debout, la tête inclinée avec grâce, d’une voix mélodieuse, que nul débat n’avait encore fatiguée, il récitait ces chants, les premiers-nés de son génie, qu’on n’avait nulle part entendus et que la langue française n’oubliera jamais.

1454. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Le matin, le milieu du jour, le soir et la nuit offrent une suite de tableaux où la malice la plus mordante parle toujours le langage de la bonne compagnie. […] Augier s’est trouvé aux prises avec une difficulté qu’il n’avait pas prévue : il a senti trop tard, le soir de la première représentation, la nécessité de connaître le monde où nous vivons pour le peindre et le montrer aux spectateurs, qui peuvent contrôler le tableau en le comparant à leurs souvenirs.

1455. (1900) La culture des idées

Sa poésie ne représente pas un large trésor humain étalé devant la foule surprise ; elle n’exprime pas des idées communes et fortes, et qui galvanisent facilement l’attention populaire engourdie par le travail ; elle est personnelle, repliée comme ces fleurs qui craignent le soleil ; elle n’a de parfum que le soir ; elle n’ouvre sa pensée qu’à l’intimité d’une pensée cordiale et sûre. […] Une interprétation sensée est toujours possible ; elle changera selon les soirs, peut-être, comme change, selon les nuages, la nuance des gazons, mais la vérité, ici et partout, sera ce que la voudra notre sentiment d’une heure. […] Récemment, après avoir relu dans la journée le livre de Maury, il eut le soir, pour la première fois, deux ou trois assez vagues hallucinations hypnagogiques, sans doute provoquées par le désir, ou la peur, de connaître cet état. — Ceci peut servir à expliquer la contagion de l’hallucination par le livre. — Il vit des lueurs kaléidoscopiques, puis des têtes grimaçantes, enfin un personnage drapé de vert, de grandeur naturelle, dont il n’apercevait, par le coin de l’œil droit, qu’une moitié.

1456. (1929) La société des grands esprits

Vers le soir je débarquais sur la rive septentrionale à l’échelle d’Itéa, d’où une guimbarde préhistorique, attelée de deux haridelles efflanquées, me transportait à Delphes. […] Lorsqu’on se met à lire du Michelet le soir, on a bien des chances de ne s’endormir qu’au petit jour.

1457. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Quand l’œillet, le narcisse et les roses vermeilles Ont prodigué leurs sucs aux trompes des abeilles, Les bourdons, sur le soir, y vont chercher en vain Ces parfums épuisés, qui plaisaient au matin… Ce qui indigne le plus Dussault, c’est le mot de pétrifications que Mme de Staël applique aux productions de la littérature classique. […] Comment pourrait-on en douter en écoutant ces notes déchirantes de la Nuit de Décembre : Ce soir encor je t’ai vu m’apparaître. […] Le soir en effet, il parut sur la scène dans le costume étrange de l’homme qu’il avait rencontré et en imitant ses manières solennelles, et la pièce obtint le succès le plus complet.

1458. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Le Parisien c’est le monsieur ou la maîtresse de maison qui oublie le matin la pièce du soir, qui bâille aux livres profonds, fréquente l’art comme on manie le bibelot, adore le tableau de genre, se passionne par mode, applaudit par chic, et ne voit partout qu’une façon d’être au courant, de tout trancher et de tout juger, livres, peintures, discours académiques ou premières. […] René et Atala fourmillent d’exemples : « Mes nuits, dit la fille du désert, étaient arides et pleines de fantômes ; la rosée du soir séchait en tombant sur ma peau brûlante, j’entr’ouvrais mes lèvres aux brises, et les brises, loin de m’apporter la fraîcheur, s’embrasaient du feu de mon souffle. » Ici c’est la coupe de phrase si chère à Flaubert : « Elle s’arrêta, puis elle reprit : Quand je songe que je te quitte pour toujours, mon cœur fait un tel effort pour revivre, que je me sens presque le pouvoir de me rendre immortelle à force d’aimer. » Ailleurs ce sont les locutions dont Flaubert a presque abusé : «  Quelque chose de voluptueux semblait respirer dans ce magique édifice ; quelque chose de souffrant et de rêveur se mêlait à ses grâces divines… Nos frères et nos époux trouvent en nous quelque chose de divin. » Parfois la même idée se rencontre avec les mêmes mots : « Mon guide, dit Chateaubriand, m’arrêta au rez même de l’eau, qui passait avec la vélocité d’une flèche. » Décrivant Mathô et Spendius dans l’aqueduc, Flaubert dit : « Ils passaient comme des flèches et la vélocité des eaux redoublait. » Dans Chateaubriand, mort d’Atala : « Le soleil sortit enfin d’un abîme de lumière et son premier rayon rencontra l’hostie consacrée que le prêtre en ce moment élevait dans les airs. » Et dans Flaubert, au moment où le grand prêtre arrache le cœur de Mathô et l’élève sur une cuiller : « Le soleil s’abaissait derrière les flots ; ses rayons arrivaient comme des flèches sur le cœur tout rouge. […] Dans ces pures descriptions auxquelles j’ai voulu me borner, je suis très suspect de partialité pour ce pays d’Islam, moi qui, par je ne sais quel phénomène d’atavisme lointain ou de préexistence, me suis toujours senti l’âme à moitié arabe : le son des petites flûtes d’Afrique, des tamtams et des castagnettes de fer, réveille en moi comme des souvenirs insondables, me charme davantage que les plus savantes harmonies ; le moindre dessin d’arabesque, effacé par le temps au-dessus de quelque porte antique, et même seulement la simple chaux blanche, la vieille chaux blanche jetée en suaire sur quelque muraille en ruine, me plonge dans des rêveries de passé mystérieux, fait vibrer en moi je ne sais quelle fibre enfouie ; et la nuit, sous ma tente, j’ai parfois prêté l’oreille, absolument captivé, frémissant dans mes dessous les plus profonds, quand, par hasard, d’une tente voisine m’arrivaient deux ou trois notes grêles et plaintives comme des bruits de gouttes d’eau, que quelqu’un de nos chameliers en demi-sommeil tirait de sa petite guitare sourde… Donc, que ceux-là seuls me suivent dans mon voyage qui parfois le soir se sont sentis frémir aux premières notes gémies par des petites flûtes arabes qu’accompagnaient des tambours. […] Il nous le montre comme « un homme à bonnes fortunes ayant la fatuité de ne pas vieillir » ; il lui reproche d’avoir cherché des maîtresses à soixante-quatre ans ; il nous le peint en cheveux blancs, sortant le soir, canne à la main et fleur à la boutonnière, pour aller en soirée cueillir des succès faciles.

1459. (1923) Au service de la déesse

Mais voici son nouvel ouvrage, Suzanne et le Pacifique, un roman ; vous lisez la première page : « C’était pourtant un de ces jours où rien n’arrive, où, comme les poules quand la pluie va durer, sentant que jusqu’au soir la vie sera monotone, les astres occupés d’habitude à la varier sortent sans emploi et voisinent. […] Pas de fils blancs, le soir, sur les buissons, entre les arbres ; mais des aigrettes, des flocons, des duvets et, sur la rive, alternant pour le poète gai, le poète mélancolique, des plumes de cygne blanc, des plumes de cygne noir. […] Mais, un soir qu’il rôde avec la Marie Bonheur, sa compagne, une vieille femme l’accoste et commence une jérémiade : elle supplie Bouve de lui dire où il a mis Bobèche. […] Plusieurs poèmes du deuxième recueil sont relatifs aux soldats étrangers venus secourir la France, jeunes hommes d’Angleterre ou d’Amérique : « Ô France chargée d’hommes, harassée par le fer, tu ne sus enfanter tous ces garçons qui campent et célèbrent en tes soirs l’amour d’autres patries ».

1460. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Dans la pièce au nom du duc de Bellegarde, on sait la belle prosopopée : Reviens la voir, grande Âme… Quelque soir, en sa chambre apparais devant elle, Non le sang en la bouche et le visage blanc, Comme tu demeuras sous l’atteinte mortelle                  Qui te perça le flanc : Viens-y tel que tu fus quand, aux monts de Savoie, Hymen en robe d’or te la vint amener131, Ou tel qu’à Saint-Denis, entre nos cris de joie,                  Tu la fis couronner.

1461. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Royer-Collard qu’il y rencontrait un soir, et devant qui on parlait de je ne sais quel ouvrage nouveau, se prit à dire de ce ton qu’on lui connaît : Je ne le relirai pas , et se retournant aussitôt vers le jeune Rémusat : Je vous ai relu, monsieur 210 .

1462. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Thiers pour attribuer aux combinaisons de son héros ce qui fut l’effet de la valeur et de la fortune, on voit clairement que Bonaparte fut surpris là où il espérait surprendre ; que la bataille, complétement perdue le matin, fut gagnée le soir par Desaix et Kellermann, et que la victoire se donna d’elle-même à la fin du jour au lieu d’avoir été conquise par le génie du général.

1463. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Je me levai, et, dans un discours sténographié le soir et imprimé le lendemain, je dis catégoriquement aux deux cent vingt députés qui m’ouvraient leurs rangs et leurs cœurs : « Ne me comptez pas avec vous, je n’y suis que par occasion, et comme auxiliaire libre qui vous défend contre une coalition perverse et anarchique ; le jour où cette coalition sera vaincue, je me retirerai de vos rangs pour rentrer dans mon indépendance et peut-être dans une opposition loyale contre vous-mêmes.

1464. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Dans Saint-Simon, l’écrivain lui plaît, mais l’homme lui est odieux. « … Certes ses Mémoires sont un beau pays, et plantureux à merveille : mais il y a des fondrières et des bêtes venimeuses, et je n’aime pas à me promener en compagnie de ce duc enragé … Tout le jour courbé comme le plus souple courtisan, il éponge les souillures et les scandales ; il se sature et, le soir, il dégorge en flots de lave… Il se cache, il fabrique ses prétendues histoires en secret comme on fabrique de la fausse monnaie … On ne connaît aucun autre exemple d’une telle force ni d’une telle lâcheté… » Lisez tout le morceau, qui est superbe, et où se révèle une fois de plus une âme vraiment noble et bonne (j’y reviens toujours). — Il adore Sévigné et lui passe tout.

1465. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

En 183…, j’étais, pour un soir, l’hôte d’une famille allemande nombreuse et respectable, où l’on s’occupait beaucoup de lettres françaises, et où l’on en parlait avec goût, et dans le plus pur français.

1466. (1925) La fin de l’art

On le voit, par les soupiraux, dès dix heures du soir travailler la pâte et la disposer dans des corbeilles.

1467. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Il s’admira rentrant chez lui, annonçant la nouvelle à ses filles, les conduisant le soir au théâtre, pour fêter cet heureux jour », etc223.

1468. (1864) Études sur Shakespeare

Dans cette condition de la nature humaine a été puisé le véritable motif des unités de temps et de lieu, si souvent et si mal à propos fondées sur une prétendue nécessité de satisfaire la raison en accommodant la durée de l’action réelle à celle de la représentation théâtrale ; comme si la raison pouvait consentir à ce que, dans l’intervalle d’un entr’acte de quelques minutes, on crût passer du soir au matin sans avoir dormi, ou du matin au soir sans avoir mangé !

1469. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

IV 17 germinal an 12 (7 avril 1804) Tandis que le jeune Racine suivait le cours de ses prospérités, et marquait chaque année par un triomphe, le vieux Corneille luttait en vain contre l’âge et contre le goût du siècle : ce soleil, si brûlant à son midi, n’avait plus, vers le soir, qu’un reste d’éclat sans chaleur ; il pâlissait devant l’aurore d’un astre nouveau vers lequel se tournait alors presque toute la France. […] Il compare la fille sage à l’âne chargé de fleurs que tout le monde suit le matin, à cause de la bonne odeur qu’il exhale ; et la fille qui a perdu son honneur, au même âne, revenant le soir, et que tout le monde fuit, parce qu’au lieu de fleurs, il ne porte plus que du fumier : sur quoi Rodhope dit en riant qu’elle ne veut pas ressembler à l’âne du soir.

1470. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Et même, en plein xviiie  siècle, Swedenborg n’a-t-il pas uni en sa personne un mysticisme exalté et une sorte de magie, frayant ainsi la route à ces insensés86 qui me contestent le matin les preuves les plus solides et les plus autorisées de l’existence de l’âme et de Dieu, et me proposent le soir de me faire voir autrement que par mes yeux, de me faire ouïr autrement que par mes oreilles, de faire usage de toutes mes facultés autrement que par leurs organes naturels, me promettant une science surhumaine, à la condition de perdre d’abord la conscience, la pensée, la liberté, la mémoire, tout ce qui me constitue être intelligent et moral. […] Contemplez au soleil couchant cette coupole réfléchissant les derniers feux du jour, s’élevant doucement vers le ciel sur une courbe légère et gracieuse ; traversez cette imposante esplanade, entrez dans cette cour admirablement éclairée malgré ses galeries couvertes, inclinez-vous sous le dôme de cette église où dorment Vauban et Turenne : vous ne pourrez vous défendre d’une émotion à la fois religieuse et militaire ; vous vous direz que c’est bien là l’asile de guerriers parvenus au soir de la vie et qui se préparent pour l’éternité !

1471. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

L’un d’eux s’informant près des esclaves du prince quels livres il lisait le soir, afin de juger par là des questions du lendemain, Tibère offensé l’exila d’abord, et bientôt après le fit mourir. […] À la promenade du soir, le lac du château était couvert de tritons et de néréides, et les pages déguisés en nymphes.

1472. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Pour un homme qui a assez de loisir, de goût, de délicatesse et d’imagination pour s’abandonner sans réserve à ce jeu de l’esprit qu’on appelle l’art, qui se laisse tout entier attendrir et subjuguer par les accents pathétiques d’Iphigénie ou par la mélancolique chanson d’Ophélie, combien y a-t-il d’hommes dont le cerveau n’est peuplé que des images cruelles de la réalité vivante, qui n’ont ni l’heur ni le loisir de s’essayer ainsi sur la flûte des dieux, et qui le soir, las et meurtris d’un labeur avilissant, ont besoin qu’un coup de baguette magique les transporte dans un monde nouveau, réveille leur imagination engourdie et les ravisse à eux-mêmes et à la bassesse de leurs travaux journaliers ! […] La même toilette ne peut également plaire le jour dans le monde et le soir au théâtre ; elle ne peut non plus satisfaire également deux spectateurs dont l’un la détaille à l’aide de la lorgnette et l’isole ainsi de l’ensemble de la mise en scène, et dont l’autre se contente de la regarder dans la perspective théâtrale. […] C’est un soir d’été.

1473. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Les personnages Un homme rentre chez lui le soir, cause avec ses amis, et s’amuse à leur peindre les gens qu’il a vus, les caractères qu’il a observés, les traits de moeurs qui l’ont frappé ; il ne cherche point ses idées, il les trouve : elles sont nées d’elles-mêmes, par la seule présence des objets.

1474. (1932) Les idées politiques de la France

des vers de Lamartine pourrait se ramener à un truisme, celui-ci : Dieu, en formant l’humanité de générations qui se renouvellent, et où le fil de l’expérience est constamment rompu, en y éteignant, chaque soir de vie, des yeux dans des tombes, pour en ranimer d’autres au matin triomphant qui suit, lui défend de vivre d’une idée, l’oblige à renouveler ses pensées, avec ses êtres, avec ses peuples, avec ses empires. […] D’honnêtes artisans, de petits commerçants, trouvaient agréable, le soir, d’aller entendre lire tous les journaux, d’en raisonner, d’en pérorer avec leurs égaux en talent, et de se sentir partie de l’ordre politique.

1475. (1902) Propos littéraires. Première série

Ils finissent par se tuer, un soir, après une journée de désespoir et de tendresse, qui est peut-être la seule où ils se soient vraiment aimés. […] Ce bonhomme vulgaire, s’en allant là-bas, vers la côte, dans le soir tombant, devenait quelque chose d’immense. […] En conséquence, un certain curé, plus ou moins de connivence avec le cardinal Sanguinetti, porte, un beau soir, au cardinal Boccanera, des ligues empoisonnées.

1476. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Et le soir nous lisions en Grec ou en Latin ».

1477. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Quelquefois pourtant, cette parole intérieure qui accompagne toujours la réflexion solitaire se fait connaître à nous : c’est le soir, quand la lampe est éteinte, quand nous avons renoncé pour un temps à l’activité réfléchie, à l’intelligence raisonnable, à la conscience ; nous avons abdiqué, nous demandons à jouir du repos, nous appelons de nos vœux Le silence, l’oubli, le néant qui délivre1.

1478. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Seul, emprisonné à Windsor, il se rappelle les heureux jours qu’ils y ont passés ensemble, leurs joutes « dans les grandes cours vertes », les épanchements, les causeries folâtres des longs soirs d’hiver, « le jeu de paume, où, les yeux éblouis par les rayons de l’amour, ils manquaient la balle pour surprendre un regard de leurs dames. »  — « Chaque douce place éveille un souvenir amer. » À ces pensées, « le sang quitte son visage, et une pluie de larmes coule sur ses joues pâles. »  — « Ô séjour de félicité qui renouvelles ma peine !  […] Le soir elle te dit : Adieu, mon bien-aimé ; quoique, Dieu le sait, tu sois bien loin d’elle, elle te répète mainte et mainte fois bonsoir. »  — « Elle te nomme souvent son cher bien-aimé — sa consolation, son bonheur, toute sa joie — et conte à son oreiller toute son histoire : — comment tu as fait sa peine et son chagrin,  — combien elle soupire après toi, comme il lui tarde de te voir. —  Elle dit : Pourquoi es-tu ainsi loin de moi ? 

1479. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Il faut qu’il en parle, et que le marchand de tirades ou d’à-peu-près ait son compte rendu dans les rez-de-chaussée du dimanche soir. […] Un ménage ou un État où l’on croasserait du matin au soir : j’ai droit !

1480. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

De celle source une Naïade Tous les soirs ouvre le portal De sa demeure de cristal Et nous chante une sérénade… « Comme ce brusque début vous transporte loin du monde, au milieu du calme, du silence et de la fraîcheur !  […] Pour concilier sa piété nouvelle avec ses anciens goûts littéraires, il écrivait donc le matin des pamphlets contre Port-Royal, et le soir il rimait des poèmes épiques généralement chrétiens : Marie-Magdeleine, ou le Triomphe de la grâce, et Clovis, que nous citions. […] Une femme d’esprit raconte en ses Mémoires qu’étant jeune fille encore, âgée de seize ou dix-sept ans, il lui fallut, certain soir de 1710 ou de 1711, coucher dans une « vraie taverne » de la vallée d’Auge, à Saint-Pierre-sur-Dive.

1481. (1895) Hommes et livres

Vers le soir, j’allai assister aux vêpres, pour entendre un peu de musique, et je m’assis tristement dans un coin. […] Le soir, au bout de leur étape, il y avait toujours un couvent : bien accueillis partout, leur arrivée était une fête pour les maisons bénédictines, si nombreuses alors dans tous les pays catholiques. […] Pendant son séjour à Rome, il portait son dîner dans la bibliothèque vaticane, et, « dès la pointe du jour jusqu’au soir », ses compagnons et lui lisaient, collationnaient, copiaient. […] Voyez-le peindre « ces coureurs affamés et piqueurs d’avoine qui vont faire leur chevauchée tous les ans par le pays, achètent des uns, disent aux autres si doucement : Mon ami, si vous ne trouvez tant de votre marchandise en un tel temps, conservez-la-moi, vous savez bien à qui vous avez affaire, je la prendrai à tel prix » ; et ces autres « dont les montures sont si usitées d’aller par tous les villages, qu’encore que leurs maîtres dorment, elles ne se fourvoient jamais, car ils ont affaire partout » ; et les marchands qui « brouillent » les vins à toute heure, « les frelatent, tracassent et changent du soir au matin », et les meuniers, fripiers, drapiers, orfèvres, droguistes, toujours occupés à inventer de nouvelles fraudes pour piper le public et ne pas lui donner la marchandise qu’il paie très cher.

1482. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

La Fayette, dans cette position délicate, se conduisit à merveille ; il exigea de Sullivan que l’ordre du matin fût rétracté dans celui du soir ; il ne souffrit pas qu’on dît devant lui un seul mot contre l’escadre.

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