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711. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

— mon âme est toute vibrante d’accents d’une magie nouvelle, pressentie par ces hommes, — et dont il se trouve que, seul, je puis proférer les musicales merveilles. […] C’est que le musicien Beethoven, privé de ressources personnelles, devait chercher par son seul travail musical l’entretien de sa vie. […] L’ouïe, c’était le seul organe qui lui apportait, encore, pour l’émouvoir, les influences du dehors ; ses yeux étaient morts à ce monde, depuis longtemps. […] Elle seule rend vraiment compte du style wagnérien et du caractère littéraire de ses textes. […] Bien sûr, les opinions de Wagner sur Bach comme sur Mozart ne se limitent pas, loin de là, à ces seules citations tirées de leur contexte.

712. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Même dans le domaine d’un seul sens, il y a des discontinuités ou tout au moins des différences tellement accentuées, qu’elles sont comme des hiatus. […] Un coup, par exemple, est une forme de résistance et de conflit ; or, la résistance ne peut se sentir seule, puisqu’elle implique deux termes et un rapport. […] La sensation de lumière relativement simple serait produite par un point lumineux excitant un seul cône ou bâtonnet, et une seule fibre du nerf optique : essayez de prendre sur le fait cette sensation. […] La simplicité est une limite idéale, la complexité et même l’infinité est le réel : l’imagination seule s’efforce de la réduire en points et en atomes, comme aussi en monades. […] Le sentiment seul unit d’une façon concrète.

713. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

» Toutes les moissons sauvages, si on parvenait à les ramasser à grand-peine, valent-elles, en effet, une seule de ses guirlandes ? Tout le butin épars, toute la monnaie des autres, mise en tas et en monceau, aurait-elle valu et pesé un seul talent d’or de celle-là ? […] Vous le savez comme moi, messieurs, Rome toute seule, et si elle n’avait été touchée du rameau d’or au moment même où elle le brisait, courait risque de rester à jamais une force puissante, écrasante au monde, sénat, camp ou légion. […] Grâce à cette divulgation de pièces diplomatiques, ce que quelques érudits seuls possédaient autrefois, ce qui était le domaine propre d’un Foncemagne, d’un père Griffet, a été mis à la disposition de tous. […] Vous me ferez croire, avec le temps, que je puis pour ma part vous être bon en quelque chose, et, généreux comme on l’est à votre âge, vous me rendrez en ce seul sentiment moral bien plus que je ne saurais vous donner en directions de l’esprit ou en aperçus littéraires.

714. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mon cœur seul peut recevoir et garder d’un tel bienfait tout ce qu’il y a de précieux et de consolant, le souvenir du bienfaiteur et la reconnaissance sans le poids de l’or. […] Tous les biens se perdent et s’évanouissent : ce but seul est immuable. […] C’est fièrement douloureux d’interrompre ainsi les seules douceurs consolantes de ma vie. […] La poésie, elle du moins, venait toute seule, comme un chant, comme un soupir ou comme un cri. […] Je crois que vos yeux seuls feront déjà beaucoup sur cette pauvre âme qui veut partir.

715. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

C’était le pouvoir de tous dans un seul. […] Côme Ier fut le plus modeste des hommes ; sa seule ambition fut de se confondre tellement avec la république, qu’on ne put le distinguer que par ses services et par ses vertus des meilleurs d’entre les Florentins. […] Vous auriez dit que Laurent seul avait appris à mourir. Seul il ne donnait aucun signe de douleur, de trouble et de tristesse. […] Dans ce présage, on remarqua aussi qu’une seule colonne dorée de ce dôme, une seule, fut renversée par la foudre, comme pour n’être pas d’un trop mauvais augure pour cette illustre famille.

716. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Il n’y a pas une seule pièce dans Toute la Lyre, qui ne rappelle des pages, je ne dis pas analogues, mais parfaitement semblables, de chacun des recueils précédents. […] Et surtout il me semble toujours que, ce qu’ils expriment, je pourrais l’éprouver, que c’est mon âme à moi, qui parle dans leurs vers, et qu’elle chante, par eux, ce qu’elle n’aurait su dire toute seule. […] Déjà Victor Hugo était le seul de nos grands écrivains dont le cercueil eût été exposé sous l’Arc de Triomphe, le seul qui eût été inhumé au Panthéon, le seul dont les œuvres posthumes eussent eu les honneurs d’une récitation publique à la Comédie-Française. […] Mais, sur cette échelle des êtres, l’homme seul ne se souvient pas du passé (pourquoi ?). […] Il reste à Victor Hugo d’avoir été, dans ce siècle démocratique, le prophète de la démocratie, l’avocat des humbles et des souffrants, l’apôtre de la fraternité  Mais ici même, il est évident qu’il n’est pas le seul, et il est contestable qu’il soit le plus grand.

717. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Il lui suggéra de prêcher ouvertement la justification par la seule foi au Christ. […] Il en fit bourgeois de Genève jusqu’à trois cents en un seul jour. […] Calvin seul sut manier cet instrument, et en connut toute la puissance. […] C’est d’ailleurs la seule allusion qu’il ait faite à Luther ; et encore ne le nomme-t-il pas. […] Il ne tire pas une seule image de cette magnifique nature où éclate la bonté de Dieu pour ces mêmes hommes que Calvin traitait comme des damnés.

718. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

D’un autre côté, envisageons l’espace tactile, en nous bornant aux sensations d’un seul doigt, c’est-à-dire en somme l’ensemble des positions que peut occuper ce doigt. […] Ces deux assertions n’ont qu’un seul et même sens et nous venons de voir quel était ce sens. […] Le seul moyen dont je dispose pour cette comparaison est la série Σ des sensations musculaires qui ont accompagné les mouvements de mon corps entre ces deux instants. […] Si l’on ne regarde pas Σ et Σ + σ comme distinctes, toutes les séries de C3 se confondront en une seule ; donc C3 aura 0 dimension et C0, comme je voulais le démontrer en aura 3. […] Cela, c’est l’expérience qui nous l’apprend et elle seule qui pouvait nous l’apprendre.

719. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

et où il attend « le seul baiser maternel de la mort ». […] » implore Laurent Tailhade qu’on n’accusera point de révérence eucharistique et qu’inspire, seul, un souci de dignité humaine. […] Dorchain se pose cette seule question : s’il doit ou non perdre sa candeur et s’il peut se permettre de consommer l’œuvre de chair en dehors du mariage. […] La seule différence est qu’il attend, pour se plaindre de la tentation, d’y avoir succombé. […] Il ne s’inquiète plus de la race, comme faisait Gobineau, ni des seules vertus de décision, comme faisait Nietzsche, Il ne s’adresse qu’aux inclinations sexuelles.

720. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Tout d’abord, avec Flaubert et à sa suite, on va s’attacher à montrer sous son seul aspect morbide, ainsi qu’il l’a considéré lui-même avec une nuance de pessimisme, ce singulier pouvoir de métamorphose. […] Ces deux lignes coïncident et n’en forment qu’une seule si l’impulsion venue du milieu circonstantiel agit dans le même sens que l’impulsion héréditaire. […] *** L’enthousiasme toutefois n’est pas le seul principe de suggestion qui commande aux personnages de Flaubert une personnalité d’emprunt. […] Par cette disproportion, ils montrent à nu, avec une exagération qui résulte de leur médiocrité, ce fait essentiel : l’écart prodigieux qui existe, parmi toutes les espèces animales, chez la seule espèce humaine, entre l’apport individuel du meilleur de ses représentants et la richesse qui lui est transmise par l’être collectif Humanité. […] Seuls quelques esprits supérieurs échappent à cet empire : pour le vulgaire, sa foi scientifique est absolue et on l’en voit témoigner avec fanatisme en toute occasion où la science conclut à des applications pratiques.

721. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Comme elle n’a plus recours à une opposition entre l’agréable et le bien moral, une seule et même inclination suffit à expliquer tous les actes. […] La nouveauté seule d’une jouissance nous touche : se tourne-t-elle en habitude, nous cessons de la ressentir et nos sens affinés y découvrent des nuances où le pouvoir de souffrir trouve à se satisfaire. […] C’est à cet engouement, à ce souci thérapeutique qu’est due la fondation de l’Institut Pasteur, excellent monastère scientifique d’où sont sortis déjà, d’où sortiront par la suite nombre de travaux désintéressés dont le Génie de la Connaissance sera seul à profiler. […] D’ailleurs, cette conséquence qui consiste à faire vivre des êtres destinés à mourir, n’est peut-être pas le seul moyen, par lequel la médecine pourvoit à sa nécessité. Peut-être agit-elle dans le même sens par le seul effet des remèdes qu’elle invente.

722. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Celle-là dépend en partie de la langue même, en partie de celui qui l’emploie ; au lieu que l’harmonie qui résulte des mots isolés dépend de la langue seule. […] Il n’y a, ce me semble, dans les phrases latines et grecques, qu’une seule espèce d’harmonie qui puisse être sensible pour nous jusqu’à un certain point. […] Or cette différence marquée des longues et des brèves doit nous faire trouver dans l’harmonie de la langue latine plus de variété que dans la nôtre, et par cela seul plus de plaisir, toutes choses d’ailleurs supposées égales. […] Y a-t-il un seul moderne qui puisse nous dire en quoi cette patavinité consiste ? Y en a-t-il par conséquent un seul qui puisse s’assurer qu’une phrase qu’il prendra de Tite-Live, n’est pas une phrase patavinienne ?

723. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Mais tous les trois nous ont montré la voie de la régénérescence et du salut dans un même accord au sein de la réalité seule divine, dans une foncière amitié sous l’aile du tout. […] Elle nous disait : L’âme seule dans l’homme est pure, est divine ; le corps est un « sac de fumier » ; le monde est un exil dans le crime et la douleur ; « dans la fleur se cache le démon » ; le ciel est le seul réel séjour de lumière et de beauté. […] Ces derniers composent le troupeau mortel ; et vrai dire, l’élite intellectuelle existe seule ». […] Autant la première autorité doit provoquer notre haine passionnée, autant la seconde, la seule vivante, la seule juste, la seule humaine, doit rencontrer notre chaleureuse adhésion. […] Ils représentent véritablement la seule force dirigeante.

724. (1903) Le problème de l’avenir latin

Ici c’est à César seul qu’on élève des statues. […] Ce qui s’incarne dans la réalité a seul de la force. […] Sa tradition est la seule vraie, la seule belle, la seule digne de l’avenir. […] Sur cette base solide et sûre, et sur elle seule, on pourrait construire pour l’avenir. […] Un seul miracle (oh !

725. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

il ne connaît pas une seule scène au Théâtre-Français où la main d’un grand maître soit plus sensiblement empreinte ? […] Voltaire est le seul qui ait fait du moins un ouvrage qu’on peut lire, quoiqu’il soit froid à la représentation. […] Le seul Oreste forme une exception ; mais ses fureurs sont, pour ainsi dire, consacrées par la mythologie ; elles entrent dans sa destinée. […] Le seul éloge que mérite Voltaire à cet égard, c’est de n’avoir pas défiguré son sujet par une intrigue d’amour ; c’est en cela seul qu’il s’est rapproché des Grecs, il est à la mode française dans tout le reste. […] Dans leurs idées, des milliers de tyrans n’étaient pas contraires à cette singulière liberté ; un seul chef la détruisait.

726. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Molon, seul, resta silencieux et pensif. […] Un homme seul, à cette époque, éleva dans les sciences un monument durable. […] Les Turcs seuls ont été pour lui la barbarie. […] Amyot seul a trompé le lecteur. […] Le roi est resté seul avec Lightborn.

727. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

L’iliade est d’un seul auteur ; et, ce qui veut dire la même chose, il y a eu un Homere. […] Perrault, sans songer que cette erreur n’ajoute rien à l’écart de la comparaison ; ce qui est le seul ridicule qu’on y attaque. […] C’est nous qui lui obéïssons en fuyant ; et c’est toi seul qui lui résistes en prétendant nous retenir. […] Tout cela n’est point la raison ; et cependant, c’est à elle seule qu’il appartient d’apprétier toutes choses. […] Si quelquefois elle est obligée d’employer plusieurs mots, pour rendre ce qu’un seul exprime en grec, quelquefois en revanche, elle sera assez heureuse pour renfermer dans un seul mot le sens de plusieurs expressions grecques.

728. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Il a été remarqué que l’auteur, en se proposant et en professant hautement un but moral des plus honorables, jette quelquefois bien durement le défi à la société ; qu’il la maltraite en masse et de parti pris plus qu’il ne conviendrait dans une vue plus impartiale et plus étendue ; qu’il n’est pas très juste de croire, par exemple, qu’un jeune homme tel qu’il nous a montré le sien, Georges, le personnage principal de la pièce, riche, aimé, considéré à bon droit, puis ruiné un matin à vingt-cinq ans par un si beau motif, doive perdre en un instant du même coup tous ses amis, moins un seul ; il a été dit que l’honneur et la jeunesse rencontrent plus de faveur et excitent plus d’intérêt, même dans le monde d’aujourd’hui. Ces créanciers du père, introduits à plus d’une reprise auprès du fils comme personnages ridicules et presque odieux, ne méritent en rien, a-t-on observé encore, cette teinte repoussante, par cela seul qu’ils sont des créanciers. […] Ponsard, a fixé au plus haut degré l’attention et l’intérêt de la Commission, et le seul à ses yeux qui ait le mérite voulu, est un drame en cinq actes, L’Honneur de la maison, représenté à la Porte-Saint-Martin, et dont les auteurs sont MM.  […] Et, en effet, L’Honneur de la maison est une pièce qui, une fois la donnée admise, donnée qui est antérieure au moment de l’action, nous présente une suite, un enchaînement de scènes vraies, touchantes, pathétiques ou terribles, tout un drame domestique où les seuls coupables sont punis. […] L’institution des primes est bonne, utile, et peut devenir féconde en résultats à l’avenir, mais à la seule condition qu’on ne se départira jamais, en l’appliquant, de la pensée essentielle qui l’a inspirée.

729. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

La première comprend tout le moyen âge et se prolonge, jusque vers le milieu du xvie ° siècle ; les œuvres qui la remplissent offrent ces caractères communs d’être, en immense majorité, d’inspiration féodale et catholique, d’appartenir à des genres nés spontanément sur le sol même de la France : la langue seule dans laquelle elles sont écrites, langue à deux cas qu’on nomme aujourd’hui le vieux français, suffirait à les séparer de celles qui les ont suivies. […] Sans doute, un siècle est un ensemble trop complexe pour être représenté par un seul individu. […] Puis, dans la vie même d’un seul peuple, comme dans celle d’un individu, il y a des moments de croissance rapide et des moments de stabilité relative. […] Il le divisa d’abord en deux parties : la première fut redivisée en quatre points ; puis, chacun de ces quatre points fut de nouveau subdivisé ; le quatrième seul contient huit vérités, et une seule de ces huit vérités est établie par douze arguments en l’honneur des douze apôtres.

730. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

En d’autres termes, disons qu’il est heureux que saint Thomas d’Aquin rentre par cette petite porte dans le monde qu’il a autrefois rempli de sa renommée, — et par cela seul qu’il s’est trouvé à Paris, en l’an de grâce 1858, un monsieur Jourdain à couronner ! […] Jourdain n’a ni une seule expression pittoresque, ni une seule expression incisive, ce qui serait une indécence en métaphysique. […] C’est un philosophe qui chasse de race, un philosophe de père en fils, dont le père eut autrefois aussi son prix d’académie, et qui a voulu continuer cette gloire paternelle… Certes, ce n’est pas avec de telles préoccupations que l’on peut dépasser par la fierté ou la soudaineté de l’aperçu, par l’indépendance, par un style vivant et anti-officiel, les conditions du programme de l’Académie, cet établissement de haute bienfaisance littéraire qui n’existe que pour mettre en lumière les talents qui, tout seuls, ne s’y mettraient pas. […] Impossible de suivre dans un seul chapitre d’un livre comme celui-ci, le détail infini d’un travail exposé à grand’peine en deux volumes, mais ce qui résulte de ce travail, c’est l’inutilité démontrée de la peine qu’on a prise au point de vue des acquêts et des accroissements de la philosophie.

731. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Mais aujourd’hui qu’elle veut être le seul droit, elle n’a pas droit, et il n’y a pas de droit. […] Et c’est ainsi que vous serez deux dans une seule chair. […] L’Évangile seul a pu les élever au niveau de l’homme, en les rendant meilleures. […] Cela seul est raisonnable. […] Donc la seule règle que l’homme puisse donner à la femme doit être tirée de l’amour.

732. (1802) Études sur Molière pp. -355

Je me propose enfin de ne jamais présenter une seule réflexion aux amateurs, de ne pas donner un seul conseil aux comédiens, qui ne soit dicté par Molière lui-même, comme auteur, comme acteur : puisse-t-il ramener les profanes à son culte ! […] Dans Le Prince jaloux, c’est un courtisan ; et Molière, par ce changement seul, est infiniment plus moral. […] Je le répète, les ennemis de Molière et les gens superficiels peuvent seuls blâmer ces deux motifs, puisque l’exempt et l’éloge du roi n’enlèvent pas au dénouement une seule des qualités prescrites par l’art. […] et lorsque vous jetez jusqu’à votre manteau, la présence seule du mari empêche qu’on ne crie : baissez la toile. […] Les personnages. — Pas un seul qui n’ait un caractère particulier ; pas un seul qui ne fasse ressortir merveilleusement le fond du tableau.

733. (1930) Le roman français pp. 1-197

C’est la seule critique que je pourrais lui adresser. […] En veut-on un seul exemple ? […] Je me trompe, on s’en souvient pour un seul : Charlus. […] … Mais dès maintenant, et pour le seul roman. […] Il ne suffit pas d’un seul volume pour faire un Balzac.

734. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Il m’encourage à voyager en Orient, et désire que je n’y voyage pas seul. […] Parmi les guides qu’il se donna en Grèce, Homère fut le premier, le principal, le seul qui ne l’ait jamais quitté. […] La seule vue d’un rivage de Grèce aurait averti un homme de talent de la note si discordante ; l’idée même ne lui en serait pas venue. […] Daveluy, à la Légation, ou dans la société du seul membre de l’École qui l’habite encore porte à porte avec moi, M.  […] En effet j’ai beau me hâter, ma seule crainte est de ne pas arriver au terme.

735. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Louis s’éleva tout seul. […] Cela n’alla pas d’abord tout seul. […] Quand il était seul avec lui-même, il fermait les yeux. […] C’est la seule chose qui me console, quand je considère, hélas ! […] Seule elle peut « sauver » le monde, même selon la chair : car seule elle a qualité pour enseigner à la fois au peuple la résignation, et le sacrifice à ceux qui sont au-dessus du peuple.

736. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Busnach se trouva seul chargé de toute la besogne : seul, disons-nous, car M.  […] Coupeau seul. […] Le médecin l’a bien dit : un seul petit verre, et je suis mort. […] et on me laisse seul ! […] M. de Saint-Victor est le seul critique qui refuse tout talent à M. 

737. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Malheur à lui s’il voulait penser ou sentir seul ! […] … Vous n’avez pas voulu sacrifier un seul de vos goûts, une seule de vos habitudes, une seule de vos soirées pour faire de cette enfant qui vous adorait une femme qui vous comprît… Et vous me reprochez ma nullité qui est votre ouvrage ! […] Elle était même la seule réalité. […] Mais elle n’est pas seule. […] Pour cette seule raison, nous croirions volontiers que M. 

738. (1893) Alfred de Musset

On l’avait laissé tout seul à Paris, et il était de fort méchante humeur. […] mon enfant, nous nous aimons, voilà la seule chose sûre qu’il y ait entre nous. […] je donnerais tout ce que j’ai vécu pour un seul jour de ton effusion. […] Je suis jeune, tu es belle, et nous sommes seuls. […] Une seule fois, il l’eut encore pour garde-malade.

739. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Une seule de ces circonstances mérite d’être relatée, parce qu’elle donna lieu à la longue résidence de Machiavel auprès de César Borgia, fils du pape Alexandre VI. […] Il ne songe seulement pas à son style : le mot, chez lui, c’est la pensée ; la couleur, c’est la lumière ; le seul effet qu’il recherche et qu’il obtient toujours, c’est la vérité. […] Avoir égalé Tacite, avoir inspiré Bossuet et Montesquieu, c’est être trois grands hommes en un seul homme. […] Les empereurs et les papes, ligués contre les Lombards et les autres barbares, sont donc les seuls et vrais souverains alors de l’Italie. […] Le vieux roi Ferdinand, son mari, était revenu seul à Naples ; il y régna avec douceur et modération jusqu’en 1820.

740. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Détourne la tête et va passer cette belle automne seul, selon ta coutume, sous les ardoises de Saint-Lupicin ! […] Les grands artistes en tout genre ont seuls ce don de la vie, hélas ! […] Mais c’est l’élite seule de la France et de l’Europe qui est Athènes ; la masse est barbare encore ! […] Le temps seul peut rendre les peuples capables de se gouverner eux-mêmes. […] C’était une seule pensée de pierre, une et intelligible d’un regard, comme la pensée antique.

741. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Et nous avons raison de le faire, tant que l’action est seule en cause. […] C’est un seul et unique bond. […] Mais la première manière de s’exprimer est seule conforme à nos habitudes de langage. […] Comment, ayant posé l’immutabilité toute seule, en fera-t-on sortir le changement ? […] Ceux-ci n’apercevaient qu’une seule manière de savoir définitivement.

742. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Le temps et l’extrême impartialité de la rédaction auraient été les seuls moyens de lui donner du succès.  […] Celle que je n’abandonnai point, celle qui peut-être convenait le plus à mon caractère, et qui bientôt s’accorda seule avec des parties irrévocables de ma destinée, ce fut l’idée d’une retraite profonde, mais commode.  […] Peu de culture, peu d’industrie ; un seul village à un quart de lieue derrière un promontoire. Du point où nous sommes, on n’aperçoit que deux vacheries au-dessus des bois, et plus près de nous une seule maison de paysans. […] « Dans ces siècles d’affectation et d’apparence, il aurait pu arriver que je fusse le seul qui entendît, qui voulût entendre ces regrets profonds que l’étude des choses inspire, seule voie sans doute qui puisse ramener les hommes au bonheur.

743. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Sa gloire est de l’avoir apportée, — ou presque — dans nos lettres ; son défaut fut qu’elle l’admit quasi exclusivement et faillit ainsi lier la Poésie à une seule forme de l’art. […] Maria de Hérédia sont un parfait modèle à ce point de vue et leur beauté inébranlable suffirait à faire grande l’école parnassienne, n’eût-elle produit que ce seul livre. Mais la Poésie n’est pas que l’espace, elle est aussi le temps ; elle n’est pas l’image seule mais encore la musique, et le mouvement lui appartient au moins autant que la stabilité. […] Les Parnassiens ont péché par exclusivisme ; chez eux le poème paraît avoir eu pour objectif la plastique en soi plutôt que la poésie — lorsqu’ils ne cherchaient pas « l’art » seul, au sens restreint, c’est-à-dire « le métier », de préférence à la Beauté qui le divinise. […] Souvent le geste est merveilleux de décision ; ailleurs il s’éclaire et disparaît comme en une vision enchantée : Seul, j’étais seul, malgré qu’à mes deux bras Pesait — à peine — un rire de tendresse Et frissonnait, à mes genoux, leur robe.

744. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Pour y réussir, comme dans le vers classique, et dans toutes les proses, il n’est point de métrique, ou, si vous préférez, de rhétorique qui tienne ; c’est l’affaire du seul talent. […] On objectera : l’art est matière à génie, point le métier, parce que seul l’art est créateur. […] Toute une méthode historique, celle de l’histoire à jugements, est doucement bafouée en ce seul mot d’un écrivain intelligent et spirituel… Si l’on ne lit ainsi, on ne comprend pas. […] Sans user d’un seul mot que n’autorise Littré, d’une seule tournure que n’enseignent Noël et Chapsal, avec la seule langue, mais toute la langue, accréditée par nos écrivains, de Clément Marot à Flaubert, un peu l’enrichissant, quoique soucieux de ne la point dévier, selon les extensions des sciences, des trafics, des sports, etc., empruntant les tours légers ou solides de quelques syntaxes voisines (ce qui est encore de tradition française), même demeurant en deçà des licences conseillées, oh ! […] Pour soi d’abord. « J’ai assez de quelques lecteurs, dit à peu près Montaigne, j’en ai assez de trois ou de deux, j’en ai assez d’un, j’en ai assez de pas un. » Il y a des natures sensibles et communicatives qui ne se résoudront pas à perdre le plaisir, même pris seul, de l’épanchement littéraire.

745. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

En réalité, il est aidé par Hegel et Darwin, seuls survivants apparents de l’intense lutte pour la vie que se sont livrée en lui les doctrines. Même ils ne restent point tout à fait seuls ; certains matériaux viennent de plus loin, et aussi l’élégance de certaines courbes. […] Mais seul quelque rythme plotinien expliquera comment elle se continue ensuite vers une sorte de perfection contraire. […] Il écrit du philosophe : « La danse est son idéal, son art particulier, et finalement aussi sa seule piété, son culte »… Son Zarathoustra « ne s’avance-t-il pas comme un danseur » ? […] La seconde, la seule déesse, celle que sa splendeur même cache aux faibles yeux de la foule, est « absolue ».

746. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Havet, sur un seul point, et montrer comment, malgré tous les changements survenus dans le monde et dans les idées, malgré la répugnance que causent de plus en plus certaines vues particulières à l’auteur des Pensées, nous sommes aujourd’hui dans une meilleure position pour sympathiser avec Pascal qu’on ne l’était du temps de Voltaire ; comment ce qui scandalisait Voltaire dans Pascal nous scandalise moins que les belles et cordiales parties, qui sont tout à côté, ne nous touchent et ne nous ravissent. […] Après avoir accepté avec confiance ce mode d’interprétation par les choses extérieures et la démonstration de Dieu par la nature, Fénelon, dans la seconde partie de son Traité, aborde un autre ordre de preuves ; il admet le doute philosophique sur les choses du dehors et s’enferme en soi, pour arriver au même but par un autre chemin et pour démontrer Dieu par la seule nature de nos idées. […] Un peu plus loin, s’adressant à la raison et l’apostrophant, il lui demande : « Jusques à quand serai-je dans ce doute, qui est une espèce de tourment, et qui est pourtant le seul usage que je puisse faire de la raison ?  […] La seule remarque sur laquelle je veuille insister ici, c’est l’opposition ouverte de Pascal avec ce qui sera bientôt la méthode de Fénelon. […] Car c’est ainsi que s’exprime Pascal dans ces Pensées courtes et brèves, écrites pour lui seul, un peu saccadées, et sorties, comme par jet, de la source même.

747. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Les écrivains qui joignent la finesse des idées à celle du style, offrent plus de ressources au traducteur que ceux dont l’agrément est dans le style seul. […] La différence seule d’harmonie dans les deux langues, oppose une difficulté insurmontable aux traductions en vers. […] La nature ne perd jamais ses droits sur nous ; les productions auxquelles elle a présidé seule, sont toujours celles qui nous touchent davantage. […] C’est presque la seule manière d’innover qui soit permise en écrivant. […] Quelquefois, ne pouvant faire entendre sans beaucoup de paroles, à des lecteurs ordinaires, toute l’étendue du sens de l’auteur, j’ai mieux aimé en laisser entrevoir la finesse aux seuls lecteurs intelligents, que de l’anéantir dans une périphrase.

748. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Les significations occultes, pas plus que les symboles chrétiens, ne l’ont un seul moment troublé. […] Quelle voix d’orgueil et de perdition peut nous inciter à jouir et à savoir, quand vivre signifie expier, quand la mort seule peut nous ouvrir les portes de la connaissance ? […] Dieu, seule Volonté et seule Vérité, nous tient dans sa large main qu’il entr’ouvre ou referme suivant son infini caprice, et nous sommes sous son talon comme l’insecte du chemin, à la merci du plus fort. […] Elle est basée sur ce sentiment que la vie a été, est, sera, ne peut pas ne pas être mauvaise, qu’il faut par conséquent y participer le moins possible, et que seule l’idée de Dieu est susceptible de l’ennoblir. […] L’Écriture Sainte, base de l’ancienne foi, ne fut plus qu’un document d’exégèse ; l’immense Bible vivante dont quelques caractères commençaient à être traduits, devint le seul Livre sacré dont l’authenticité fut établie.

749. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Personne n’en a parlé depuis ; et les ravages du temps ne sont pas sans doute la seule cause de cet oubli. […] Octave lui-même, durant son partage du Triumvirat, avait été complice et quelquefois principal auteur de barbaries et d’iniquités dont il hérita seul. […] La profonde hypocrisie dont il couvrit d’abord la seule passion honorable de son âme, son alliance avec les meurtriers de César jusqu’à l’heure de les combattre, plus tard sa complaisance aux cruautés d’Antoine, son profit dans les crimes d’autrui, et son art d’épuiser tous les avantages de la proscription et de la violence avant de revenir à quelque ombre de justice et d’humanité, rien de tout cela sans doute n’était fait pour attirer sur son nom le respect et l’amour. […] Mais, quand il se vit seul maître survivant, sans complice ni rival, il cessa des violences dont il eut porté seul le blâme ; et ses cruautés anciennes s’oublièrent, sous l’allégement du joug et l’abaissement continu des âmes. […] De là le jugement du critique ancien qui nous dit : « Des a poëtes lyriques, Horace est presque le seul digne d’être lu ; car il s’élève par moment, il est plein d’enjouement et de grâce, et, dans la variété de ses images et de ses expressions, il déploie la plus heureuse audace.

750. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Je le sais ; mais je sais aussi que la mort l’en a seule empêché. […] La qualité seule en est de quelque prix, et non la quantité. […] Je me contenterai donc d’une seule remarque. […] C’est ce qu’une seule citation suffira pour montrer. […] Le seul Voltaire en a retenu longtemps quelque chose.

751. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

J’en ai noté une dans la description des grandes déesses, morceau parfait qui mériterait de n’avoir pas une seule tache. […] Libri contre tes juges et contre l’opinion ; c’était l’action d’un chevalier qui, à lui seul, combat une armée. […] Il les peignit ; c’est le seul être et la seule substance qu’elles puissent avoir, puisqu’elles ne sont que des rêves. […] Non seulement il remaniait et recommençait sans cesse, mais encore, seul dans son atelier, immobile devant sa toile, il méditait et combinait, pendant des heures entières, parfois toute une journée, sans tracer un seul trait. […] A cet égard, la biographie de Beaumarchais, la seule que l’auteur ait pu achever, me semble son chef-d’œuvre.

752. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVI » pp. 215-217

Les catholiques réclament pour eux seuls, et les éclectiques se défendent comme ayant seuls la bonne et vraie philosophie : pour les éclectiques, les autres sectes philosophiques ne comptent pas ; pour les catholiques les autres communions dissidentes sont moins que rien. […] L'amendement du 1er article, qui enlève la rédaction du programme du baccalauréat à la seule Université et y joint le contrôle du Conseil d’État, a passé (hier 4) à la Chambre des pairs.

753. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

Félix Pyat Il chanta sans profit, sans salaire la misère seule avait entendu, la misère seule répondit ; la misère le marqua pour être abattu. Il devait être de la multitude des poètes qu’elle emporte pour un ou deux qu’elle laisse vivre ; il ne pouvait, en effet, comme les deux seuls hommes qui de nos jours ont bénéficié de leurs vers, attendre le bon plaisir de la renommée et la forcer à la longue de coter ses rimes au marché.

754. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

» La femme accepte l’épreuve et Missa, la laissant là toute seule dans l’obscurité ; s’en va trouver son camarade : « Ami, lui dit-il en l’abordant, près de la grande termitière rouge qui se trouve sur la route du village voisin, une panthère m’a pris ta maîtresse et elle est en train de la dévorer. […] Est-ce la femme qui a eu le courage de rester seule, en pleine nuit, sous le cadavre du fauve, sans savoir si celui-ci était tout à fait mort ou bien encore si une autre panthère ne surviendrait pas ? Est-ce enfin Kéléké qui voulait combattre l’animal, armé de ses seuls poings ?

755. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Pour trancher la difficulté, l’esprit seul ne suffit pas toujours ; le plus simple est que le cœur s’en mêle. […] Pourtant cette seule pensée indique tout un fonds préexistant de culture. […] comme tous les modèles, sourit à la fois à chacun de ceux qui regardent et a l’air de ne sourire qu’à un seul : pauvre amant qui se croit uniquement regardé ! […] Quelque délicats, quelque élevés que puissent sembler certains traits ajoutés, l’idée seule de rien ajouter est malheureuse. […] laissez, laissez le lecteur conclure sur la simple histoire ; il tirera la moralité lui-même plus sûrement, si on ne la lui affiche pas ; laissez-le se dire tout seul à demi-voix que ce Lépreux, dans sa résignation si chèrement achetée, est plus réellement heureux peut-être que bien des heureux du monde : mais que tout ceci ressorte par une persuasion insensible ; faites, avec le conteur fidèle, que cet humble infortuné nous émeuve et nous élève par son exemple, sans trop se rendre compte à lui-même ni par-devant nous.

756. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Mais déjà la conférence était dissoute, et Bossuet, seul rapporteur et seul oracle, rédigeait à part le jugement. […] Il n’eut pas le temps d’échanger une seule parole avec son frère, qui lui avait apporté le coup pour l’adoucir. […] Sévère et retranché pour lui-même, il mange seul et ne vit que de légumes. […] Seul et sans protection, il pouvait parcourir son diocèse. […] Heureux ceux qui n’ont jamais regardé leur autorité que comme un dépôt qui leur est confié pour le seul bien des peuples !

757. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

« Prenons garde, disait la Harpe, défendant la Henriade contre la critique, c’est le seul poème épique que nous ayons » ; comme s’il n’était pas plus honorable pour la France de n’avoir pas de poème épique du tout que d’en admirer un médiocre ! […] — Un seul, dit-il ; il n’y en a pas un second. » C’est le jugement de la Beaumelle et de Fréron qui a prévalu. […] Le Franc de Pompignan et Lebrun ont quelques strophes, et ce n’est pas peu ; car toucher le but lyrique, fût-ce une seule fois, met un nom à part, et toutes les railleries de Voltaire ont fait moins de mal à le Franc de Pompignan que ses strophes sur la mort de J. […] Et pourtant Gilbert, aigri, repoussé, satirique par rancune plutôt que de génie, est clairvoyant, par cela seul qu’il s’entête à ne pas voir comme ses contemporains. […] Pour l’élégie, dont le genre était si cultivé au dix-huitième siècle, en est-il une seule qui ait échappé à l’oubli ?

758. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

On a essayé, dans ces derniers temps, de douter que ce petit écrit fût en effet de Mme de La Vallière44 (1) ; mais ce seul mot de miséricorde, ainsi placé avec une intention manifeste, ne devient-il pas comme une signature ? […] La demi-pénitente (comme elle s’appelle) est tout occupée à obtenir de son âme de transporter, de transposer son amour ; il faut que cette âme se tourne à rendre désormais à Dieu seul ce qu’elle avait égaré ailleurs sur un des dieux de la terre : « Qu’elle vous aime (ô Seigneur !) […] voilà mon supplice. » La vue de sa fille, Mlle de Blois, l’attendrit, mais sans l’ébranler : Je vous avoue que j’ai eu de la joie de la voir jolie comme elle était ; je m’en faisais en même temps un scrupule ; je l’aime, mais elle ne me retiendra pas un seul moment ; je la vois avec plaisir, et je la quitterai sans peine : accordez cela comme il vous plaira ; mais je le sens comme je vous le dis. […] Il avait dès longtemps cessé de l’aimer ; mais quand elle lui avait prouvé qu’elle pouvait s’arracher à lui et lui en préférer un autre, cet autre ne fût-il que Dieu seul, elle l’avait entièrement détaché et aliéné d’elle ; il ne le lui avait point pardonné : « Elle m’a souvent dit, raconte Madame, mère du Régent, que si le roi venait dans son couvent, elle refuserait de le voir et se cacherait de manière qu’il ne la trouverait point. […] Il l’a oubliée comme s’il ne l’avait pas connue. » Des trois femmes qui ont véritablement occupé Louis XIV, et qui se sont partagé son cœur et son règne, Mlle de La Vallière, Mme de Montespan et Mme de Maintenon, la première reste de beaucoup la plus intéressante, la seule vraiment intéressante en elle-même.

759. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

La Harpe n’eut pas dans le goût la fermeté et la force de sentir cela, ni de se retrancher net ses prétentions contestables, pour se tenir à sa seule et véritable vocation. […] j’étais le seul qui ne l’eût pas sifflé. […] Sous ces influences combinées, La Harpe s’était mis à lire pour la première fois les livres saints, les Psaumes, l’Imitation de Jésus-Christ, lorsqu’il reçut la secousse intérieure décisive dont il a rendu compte en ces termes : J’étais dans ma prison, seul dans une petite chambre et profondément triste. […] » — « C’est la seule qui lui restera, et ce sera le roi de France !  […] Sa Prophétie de Cazotte à la main, il peut se présenter même auprès des générations rebelles pour qui son Cours de littérature n’est plus une loi vivante : elles se contenteront de cette seule page mémorable, et, après l’avoir lue, elles le salueront.

760. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

La conscience de n’avoir rien pris au roman et de ne lui avoir rien donné, est notre seule excuse dans une tentative si grande. […] Seule, elle dira le pourquoi et le comment de cette œuvre, de cette volonté devenue fait. Seule, elle fera entrer dans l’esprit et dans toute l’audace de l’idée. Seule, elle montrera sur le vif cette santé de l’esprit : l’humeur. […] Cela est confirmé par le prospectus du livre qui a seul paru et que je possède également.

761. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

La science ne saisit qu’un fragment du monde ; la métaphysique s’efforce de concevoir le monde même, et elle ne peut le concevoir que comme une société d’êtres, car, qui dit univers, dit unité, union, lien ; or, le seul lien véritable est celui qui relie par le dedans, non par des rapports extrinsèques de temps et d’espace ; c’est la vie universelle, principe du « monisme », et tout lien qui unit plusieurs vies en une seule est foncièrement social1. […] Vie intense, en effet, sera celle de l’artiste, car « on ne donne après tout la vie qu’en empruntant à son propre fonds… Produire par le don de sa seule vie personnelle une vie autre et originale, tel est le problème que doit résoudre tout créateur5. » La caractéristique du génie est donc, pour Guyau, « une sorte de vision intérieure des formes possibles de la vie », vision qui fera reculer au rang d’accident la vie réelle. […] Guyau passe en revue ces conditions, dont la première et la plus fondamentale, est que l’être représenté par l’artiste soit vivant : « la vie, fût-ce celle d’un être inférieur, nous intéresse toujours par cela seul qu’elle est la vie ». […] « Vraiment, dit Guyau, il n’a pas eu de bonheur dans ses rencontres. » La seule excuse des réalistes, de M.  […] L’art, figuration du réel, représentation de la vie, n’en deviendra l’expression véritable et n’acquerra toute sa valeur sociale que s’il a pour objet de rendre frappants, en les condensant, les idées ou sentiments qui « animent et dominent toute vie » et « valent seuls en elle ».

762. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Mais les latins déclinent leurs mots de maniere que la désinance ou la terminaison seule du nom marque le cas où il est emploïé. […] Le traducteur est donc réduit à se servir de periphrase, et à ne pouvoir rendre qu’en plusieurs mots ce que l’écrivain françois a pu dire par un seul mot. […] Les simples soldats, les ouvriers mêmes ont des compagnons ; mais les magistrats seuls ont des collégues. […] Une moitié des mots de notre langue est terminée par des voyelles, et de ces voyelles l’ e muet est la seule qui s’élide, qu’on me permette ce mot, contre la voyelle qui peut commencer le mot suivant. […] Mais la rime seule devient par l’asservissement des phrases françoises à l’ordre naturel des mots, une chaîne aussi gênante pour un poete sensé, que toutes les regles de la poesie latine.

763. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Cette dernière expression est pourtant celle de la nature ; c’est la seule qui se présente à un amant affligé : la première est d’un bel esprit qui n’aime point, ou qui n’aime plus. […] La seule différence entre l’homme ordinaire et le grand homme, c’est que le dernier a trouvé ce sentiment dans son âme, et que l’autre aurait eu besoin qu’on le lui suggérât. […] Ainsi la clarté est l’apanage de notre langue, en ce seul sens qu’un écrivain français ne doit jamais perdre la clarté de vue, comme étant prête à lui échapper sans cesse. […] Il en est de l’orateur comme du musicien, à qui le génie seul inspire le chant, mais que l’oreille et l’art conduisent dans l’enchaînement des modulations. […] La prononciation seule lui fera aisément distinguer les mots doux et sonores, de ceux qui sont rudes et sourds, et par la même raison les mots dont la liaison est harmonieuse et facile, de ceux dont l’union est dure et raboteuse.

764. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Ainsi mon âme, seule, et que rien n’influence ! ‌ […] L’aquarium les plaint, toutes ces eaux vassales ‌ Que la vie intéresse, et s’y associant ;‌ Tandis que lui, de son seul songe est conscient ; Il n’a pas d’autre but que ses fêtes mentales‌ Et l’anoblissement de l’univers qu’il est ; ‌ Eau de l’aquarium dont la pâleur miroite. ‌ […] S’il parle de choses pratiques d’importance vulgaire, il saura employer de telles périphrases qu’il vous est impossible, après l’avoir quitté, de répéter un seul mot de son langage, d’une imprécision tellement esthétique, que l’homme le mieux doué ne pourrait en saisir le sens réel. […] Je ne crois pas qu’il existe dans le monde entier une seule œuvre d’art, de premier ordre et d’incontestable grandeur, qui soit sortie de l’un des exemplaires de cette race inféconde. […] Religion et science, ce sont choses ouvertes aux seuls célibataires.

765. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Je m’écoute parler et j’entends qu’on me répond ; pourtant je suis seul et je ne dis rien. […] Sert-elle toute seule ? […] Ce cas n’est pas le seul ; il semble que les rayons de la lune, caressant les yeux du dormeur, aient la vertu de faire surgir ainsi des apparitions virginales. […] Laissée à ses seules forces, elle n’irait pas jusqu’au bout. […] C’est l’état où tu te retrouves naturellement dès que tu t’abandonnes, dès que tu négliges de te concentrer sur un seul point, dès que tu cesses de vouloir.

766. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Le sang des femmes fait des taches que : leur urine seule peut effacer. […] Curie touchant seul la table, la main d’Eusapia étant sur la sienne. […] Elle ne se plaisait que seule et n’aima jamais rien ni personne. […] Les chastes seuls comprennent le : « Soyez chastes » ; les luxurieux seuls le : « Soyez luxurieux ». […] Il n’est pas le seul.

767. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

Le seul point d’espérance, le seul grain orageux ou plutôt lumineux qui s’aperçoive à l’horizon et en rompe la monotonie est l’Histoire du Consulat de M. […] C'est de lui ce vers naïf et douloureux : Il est dur d’être seul à sentir son génie. […] — Un autre poëte, moins docte, plus facile et souvent aimable, Ulric Guttinguer, connu de nous pour avoir chanté autrefois notre lac, et qui vient aussi de rassembler ses vers en un seul volume sous ce titre : Les Deux Ages, cite, dans sa préface que nous avons sous les yeux, un passage de Jules Lefèvre, en l’accompagnant d’éloges qui prouvent au moins que tout n’est pas épine dans le sentier : il accorde sans hésiter à son confrère non-seulement la conscience poétique noble et puissante (ce qui n’est que juste), mais encore le génie intime et pénétrant. — Nous ne nous chargeons que de noter en courant : les Aristarques de l’avenir décideront.

768. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Ce livre est en effet admirablement composé et conduit ; on ne se perd pas un seul instant dans les détails, quoique il y en ait beaucoup en chaque branche spéciale, en finances, en administration, en stratégie, mais le tout est ramené à l’ensemble et concourt à la marche générale. […] L'écrivain, qui avait d’abord visé à plus de concision, est revenu à sa facilité extrême ; et c’est par ce seul côté peut-être que l’entière dignité de l’histoire n’est point remplie. […] mais certes j’aimerais mieux une seule promenade avec toi dans tes bois d’Auteuil que tous ces règnes usurpés ; ou plutôt j’aimerais mieux mourir mille fois que de penser une seule fois quelque chose de tel. » — M.

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