Faisons donc au moins ce dont nous sommes capables, puisqu’un maître de l’art nous a donné la grande parole ; et rappelons-nous ces mots de ses écrits posthumes : « S’il se confirme que l’attention et l’espérance des nations » étrangères se tourne vers le déploiement de l’art allemand sur le terrain de la poésie et de la musique, nous pouvons admettre qu’elles tiennent avant tout à l’originalité et à la spécialité non troublée de ce déploiement ; puisque sans cela elles ne recevraient pas de nous de nouvelles impulsions, je crois que, à ce point de vue, il ne serait pas moins profitable à nos voisins qu’à nous-mêmes de voir former fidèlement par nous un vrai style germain. » Ce style germain, c’est l’œuvre d’art Aryenne. […] Seul le « Féminin dans l’Humain », Brünnhilde, se rappelle du seul élément sauveur et à travers son renoncement nous voyons sur la fin du monde païen qui succombe, la lueur du nouveau message sauveur de l’amour. […] Rappelons qu’à Bayreuth, la fosse d’orchestre est placée sous la scène et que les musiciens sont totalement cachés aux yeux du public.
Qui ne se rappelle le grandiose réveil de Brunnhilde (Siegfried, acte III) ; Heil dir, Sonne ! […] Charles Wiener, est destinée à rappeler le souvenir. […] Comme le rappelle Éric Lecler dans son article sur la Belgique dans Le Dictionnaire encyclopédique Richard Wagner, d’Actes Sud, « De Lohengrin en 1870 à Parsifal en 1914 […] la Monnaie crée les versions françaises des principaux opéras wagnériens ».
Les œuvres de Rousseau rappellent le Genevois, le républicain, le prolétaire, le pasteur arcadien, le philosophe aigri contre la médiocrité inique du sort, se vengeant, par des utopies, de l’inégalité forcée des conditions sociales. Elles rappellent surtout le coloriste helvétien, né dans les montagnes, important dans la littérature artificielle de Paris les images, les harmonies, les couleurs de ces solitudes ; un ranz des vaches sublime, chanté pendant trente ans à la France et à l’Europe par le fils de l’horloger des Alpes. […] Danton, le seul homme d’État de la Convention s’il n’avait pas à jamais souillé son génie en le laissant tremper dans les massacres de septembre et dans l’institution du tribunal révolutionnaire, dont il aiguisa pour sa propre tête le couteau ; mais grand du moins par son remords, grand par ses roulements de foudre humaine et par ses éclairs d’inspiration patriotique, grand même par ses frustes excès de style, qui rappelaient en lui le Michel-Ange du peuple ébréchant le marbre, mais creusant à grands coups d’images la physionomie.
Rappelons-nous encore à ce propos les paroles de Pascal : « Les parties du monde ont un tel enchaînement l’une avec l’autre que je crois impossible de connaître l’une sans l’autre et sans le tout. » Il précise plus loin sa pensée : « La flamme ne subsiste point sans l’air : donc, pour connaître l’une il faut connaître l’autre. » La théorie moderne de l’unité des forces physiques, ou, dans l’ordre des sciences naturelles, les progrès de l’anatomie et de la physiologie comparées sont de belles « illustrations » de cette liaison, de cette connexité, de cette solidarité et de cette « relativité » de nos connaissances. […] Il y a une métaphysique du positivisme, et cette métaphysique ne se surajoute pas du dehors à l’édifice de la doctrine, mais on dirait plutôt, il faut même dire qu’elle en sort, si le positivisme, en fait, et par les moyens que nous venons d’indiquer, ne l’a pas tirée d’ailleurs que de la théorie de la « relativité de la connaissance. » Il en a également tiré la théorie de l’« Inconnaissable », et c’est le moment de rappeler les paroles si souvent citées d’Herbert Spencer : « De la nécessité de penser eu relation, il s’ensuit que le relatif est lui-même inconcevable, à moins d’être rapporté à un non relatif réel. […] XXV, 404, 467, a donné une exposition qui est un de ses chefs-d’œuvre ; — mais je me contenterai de rappeler les invectives de Schopenhauer contre les « professeurs de philosophie » et je les renverrai à l’analyse de la philosophie de Fichte telle que l’a donnée M.
C’est ainsi, par exemple il faut vous rappeler tout au moins quelques-uns de ces contes c’est ainsi, par exemple, que la Poule aux Œufs d’or, le Trésor et les deux Hommes, les Femmes et le Secret, l’Astrologue, l’Ours et les deux Compagnons, le Vieillard et les trois Jeunes Hommes, le Jardinier et son Seigneur, la Jeune Veuve, la Fille, sont de petites nouvelles presque toujours imitées d’anciens conteurs, mais relevées par une certaine manière de considérer l’humanité avec malice, avec indulgence et avec un certain souci de la rendre, je ne dis pas meilleure, encore une fois, le mot ne conviendrait pas, mais plus sage, plus sensée et même plus juste. […] [Rappelez-vous que la mère de La Fontaine était une Pidoux.] […] (Rappelez-vous sa méditation devant la cellule de Fouquet, que je n’avais pas besoin de vous citer aujourd’hui puisque je vous l’ai déjà citée tout entière en faisant sa biographie.)
; tandis que, dans un plat, à côté, des fromages de chèvre, gros comme un poing d’enfant, durs et grisâtres, rappelaient les cailloux que les boucs, menant leur troupeau, font rouler aux coudes des sentiers pierreux. […] Ces femmes méchantes, vindicatives, acharnées, rappellent, il est vrai, les sorcières de Macbeth autour de leur baquet, et ces autres trois vieilles de La Fiancée de Lammermoor, dans le cimetière, au mariage de la pâle Lucie ; mais elles sont tombées dans cette atmosphère de fromages, et, comme ces fromages, leur sublime tragique a coulé… Je crois bien que le talent de M. […] Je ne veux lui rappeler que ce qu’il oublie, c’est que l’emploi des matières ignobles abaisse l’art et le rend impossible.
Pour rétablir, commençons par rappeler le résumé qu’il donne lui-même de sa doctrine dans sa célèbre Préface générale. […] C’est le cas de rappeler, puisqu’il s’agit d’enseignement, la citation classique, le ab uno disce omnes auquel la suite de l’étude de M. […] C’est le cas de rappeler la vieille comparaison qui assimile l’œuvre des écrivains à une tapisserie faite par derrière. […] Les voyageurs qui ont visité la Brera se rappellent ce Christ mort, dont l’anatomie minutieuse tient dans un demi-mètre carré de toile. […] Qui ne se rappelle la page, sublime : « Nous étions seuls, la croisée ouverte Il y avait au fond du jardin une petite fontaine dont le bruit arrivait jusqu’à nous.
Pour la plupart d’entre eux, on se souviendra de la lutte, comme on se rappelle longtemps une singulière gageure. […] Comme à nous, quand nos regards tombent sur le nôtre, il vous rappellera à la fois de tristes, mais aussi de touchants souvenirs. […] Elle rappelle trop cette Mme Regnault, la mère du journaliste, du chef-d’œuvre de M. […] Émile Zola n’est pas de ceux qui l’ont fui, et si nous avons rappelé les jouissances réservées à l’écrivain capable d’asservir la forme, c’est que M. […] Les instructions judiciaires contenues dans les œuvres de Gaboriau nous ont rappelé ces dictées.
» et il allait rappeler quelques souvenirs de leur liaison. […] Il n’accuse ni l’indifférence ni les ordres du prince ; il lui rappelle seulement une ancienne amitié qu’il invoque pour ses enfants. […] Après deux ans de séjour dans la Campanie, Tibère fut rappelé à Rome par une maladie d’Augusta, sa mère. […] Il regrettait peu son fils ; il trouvait mauvais qu’on lui rappelât un souvenir qu’il avait si vite oublié. […] Cette manie ne semble-t-elle pas rappeler d’abord les thèses un peu factices des écoles, et les jeux d’esprit de l’éloquence ?
XXXVII Lamartine, dans son article de La Presse du 24 août (1840) sur la guerre et contre Thiers, ne cesse de rappeler en termes magnifiques et abondants ses précédents pronostics, tous vérifiés à ce qu’il prétend. […] Il parle à Marseille pour le libre-échange (septembre 1847), et ou lui rappelle qu’il a précédemment prêché la doctrine contraire. […] LXVII Le style de Cousin est grand, il a grand air, il rappelle la grande époque à s’y méprendre ; mais il ne me paraît pas original, rien n’y marque l’homme, l’individu qui écrit. […] Il rappelle cela en plaisantant comme une vieille devise. […] [NdA] C’est le cas de rappeler le mot de Quintilien : « Aliud proximum esse, aliud secundum.
Mais rappelons-nous ce qu’il y avait à craindre. […] Bien loin d’être une comédie, à peine est-ce une farce, surtout pour qui se rappelle la gaieté fine et les grâces naïves de la Farce de Patelin. […] A tous ces jeux d’esprit, où s’évertuait alors tout ce qui tenait une plume, il oppose la raison, le vrai, comme à un siècle déréglé on se contente de rappeler la probité, l’honneur, la foi publique. […] Les rappeler à propos, en réveiller les images au fond des esprits, c’est une création. […] Il rappelle, sans le désavouer ni le regretter, le temps où on l’avait vu éclater, non sans tumulte, dans le champ de la satire.
Dans Inès de Castro, Inès est au pouvoir de la reine son ennemie ; don Pèdre son époux, qui a forcé le palais pour venir la délivrer, ne peut l’engager à le suivre ; elle lui rappelle le respect qu’il doit à son père, et veut rester comme un garant de sa fidélité. […] Ce souhait, qui rappelle au spectateur que Joas sera un jour souillé du sang de Zacharie, affaiblit l’intérêt que l’on a pris à ce jeune prince. […] Rappelons encore la manière dont il montre l’âme entière de Roxane : elle s’adresse à Atalide, que Bajazet vient de quitter : … Il vous parlait : quels étaient ses discours, Madame ? […] On fut touché de l’amour de Valérie pour son époux, de la tendresse héroïque de ses sentiments, du respect qu’elle mêle à son amour, du ménagement avec lequel elle sonde le cœur de son époux, pour y rappeler la vertu et pour assurer son honneur et sa vie. […] L’amour pastoral a une candeur, une aménité, un charme ravissant ; il rappelle l’âge d’or, où le goût seul faisait le choix des amants, et le sentiment, leurs liens et leurs délices.
On a prononcé à ce propos le nom de Fustel de Coulanges et rappelé La Cité antique : c’est très juste. […] Je rappelais au sujet du Maître du navire L’Île du docteur Moreau. […] « En réalité il ne se rappelait jamais rien. […] Il ne se rappelait pas davantage un événement de lycée qui pût devenir une anecdote. […] Nous vivons, comme aime à le rappeler M.
Est-ce que Léonard de Vinci ne vous rappelle pas Platon ? […] Cela n’est pas douteux : un homme rappelle l’autre ; un art traduit l’autre ; la pensée passe par le marbre, par le dessin, par la couleur, par le son, au lieu de passer par la plume ; mais c’est toujours la pensée, c’est toujours la littérature. […] La réaction de quatorze siècles contre tout ce qui rappelait le paganisme ayant enfin cessé, on commença à se retourner par une réaction contraire vers la philosophie, l’éloquence, la poésie, les arts d’Athènes, et à y chercher de l’émulation et des modèles. […] On le rappela au chalet ; il avait néanmoins dévoré les livres classiques de son école ; on le livra à sa nature.
Le jeune homme nous récita quelques vers, dans ce doux et nerveux idiome provençal qui rappelle tantôt l’accent latin, tantôt la grâce attique, tantôt l’âpreté toscane. […] C’était une idée fausse, quoique paternelle ; heureusement la Providence la trompa : le jeune homme étudiait le grec, le latin, le grimoire de jurisprudence par obéissance ; mais la veste de velours du paysan provençal et ses guêtres de cuir tanné lui paraissaient aussi nobles que la toge râpée du trafiquant de paroles, et, de plus, le souvenir mordant de sa jeune mère, qui l’adorait et qui pleurait son absence, le rappelait sans cesse à ses oliviers de Maillane. […] Mireille, leste et accorte, assaisonna pour eux un plat de féverolles avec l’huile des oliviers, et vint ensuite en courant l’avancer vers eux de sa belle main. » Le portrait de Mireille, tracé en courant par le poète, en cinq ou six traits empruntés à la nature rurale, rappelle la Sulamite, dans le cantique amoureux de Salomon. […] Souviens-toi de ma parole : tu ne le verras plus, ton vilain amoureux. » Le vannier se revenge à ces insultes en termes d’une dignité modeste, mais virile ; il rappelle ses campagnes en mer et sa probité intacte.
L’Angelus qui sonnait en carillon dans les nombreux clochers de Ferrare et dans la tour carrée du palais des princes de la maison d’Este, nous arracha à cette illusion et nous rappela à l’hôtellerie. […] Ces romans, dans lesquels Arioste allait puiser les fables et les merveilles de ses chants, rappelaient plus encore la Perse et l’Arabie que la France. […] Telle était la comtesse Léna ; je n’ai connu que madame Malibran, sa compatriote, qui me l’ait rappelée, non pour la beauté, mais pour l’attraction de l’âme. […] Le son de la cloche de l’Angelus dans la tour carrée du village nous rappelait tous au dîner.
« Je ne rappellerai point que Servilius Ahala, pour sauver la république des changements que méditait Spurius Mélius, le tua de sa propre main : de tels exemples sont trop anciens. […] Ni la sagesse des consuls, ni l’autorité de cet ordre, ne manquent à la république ; nous seuls, je le dis ouvertement, nous seuls, consuls sans vertu, nous manquons à nos devoirs…… Rappelle à ta mémoire l’avant-dernière nuit, et tu comprendras que je veille encore avec plus d’activité pour le salut de la république que toi pour sa perte. […] … » XXV Mais au moment où Cicéron se préparait à mourir, pour se punir lui-même du crime de ses ennemis, de la lâcheté de ses amis et de sa propre infortune, l’excès de la tyrannie populaire rappelait la pensée de Rome vers celui qui l’avait sauvée, par son éloquence et par son courage, de la nécessité des dictateurs ou de la honte des anarchies. […] Il navigua quelque temps indécis en vue du rivage ; puis, rappelé encore par on ne sait quelles pensées, il ordonna à ses rameurs de le ramener à sa maison de campagne de Gaëte, qu’il avait quittée le matin.
« Alors je m’en allai sans rien dire, Catherine et ma tante derrière moi ; nous descendîmes sur la place, et ayant un peu d’air, je me rappelai que j’avais tiré le numéro 17. » La tante Grédel paraissait confondue. […] fit le capitaine, ils sont en train de se désoler, c’est tout simple… Je me rappelle ça… Nous laissons tous quelqu’un au pays. » Puis, élevant la voix : « Allons, jeune homme, du courage ! […] C’est alors que je me rappelai ces pauvres femmes de Phalsbourg qui priaient dans l’église à la grande retraite de Russie, et que je compris ce qui se passait dans leur âme ! […] » C’est tout ce que je me rappelle, car aussitôt après je perdis tout sentiment.
Un matin, le directeur arrive chez Giraud, tout bouleversé : « Vous vous rappelez mon histoire de la sœur de Balzac, hein ? […] En m’apercevant, Flaubert a un sursaut, comme s’il se réveillait, comme s’il voulait rappeler à lui sa figure officielle d’homme fort : « Eh bien, voilà ! […] Leurs chants, peu à peu, je ne sais comment, ont fait renaître le souvenir, et m’ont rappelé que là, où j’allais passer aujourd’hui, j’y avais passé, il y a vingt ans, avec mon frère. […] J’ai voulu lui rappeler le petit jeunet, si blond, mais elle a fait semblant de chercher dans ses souvenirs, sans le retrouver. » Lundi 14 décembre J’avais fait demander, indirectement, au duc d’Aumale la permission d’étudier pour mon Catalogue de Watteau, les « Singeries » de Chantilly, le duc m’a répondu par une invitation à déjeuner, et ce matin, je suis à sa table, au milieu de seize personnes que je ne connais pas du tout.
Antonin Lavergne avec M. le Maire, et Tantoune qui nous rappellent toute la cautèle hypocrite de la Province. […] Ce dernier roman nous rappelle seulement que, si nous relisions Alexandre Dumas, nous y goûterions quelque plaisir et que nous avons tort de négliger les romans historiques des éditeurs catholiques. […] Gilbert de Voisins au style original et d’une belle pureté et qui rappelle, sans détruire la personnalité de l’auteur, le Diable amoureux de Cazotte, les Centaures de M. […] Mais ceci n’est qu’une direction intellectuelle qui ne peut altérer en rien le talent du pittoresque romancier. » Mme Myriam Harry qui est le seul romancier exotique qui rappelle Loti, dans Passage de Bédouins et Petites Épouses a publié récemment un roman d’une rare puissance, la Conquête de Jérusalem.
Plus je fais effort pour me rappeler une douleur passée, plus je tends à l’éprouver réellement. […] Ils ne semblent retenir avec plus de facilité que parce qu’ils se rappellent avec moins de discernement. […] Une perception A, comme nous le disions plus haut, n’évoque par « contiguïté » une ancienne image B que si elle nous rappelle d’abord une image A′ qui lui ressemble, car c’est un souvenir A′, et non pas la perception A, qui touche réellement B dans la mémoire. […] En ce sens le cerveau contribue à rappeler le souvenir utile, mais plus encore à écarter provisoirement tous les autres.
On établira par là qu’une surface, où les jeux d’ombre et de lumière de l’objet en relief sont plus ou moins bien imités, suffit à nous rappeler le relief ; mais encore faut-il, pour que le relief soit rappelé, qu’il ait été d’abord pour tout de bon perçu. […] L’idéalisme anglais prétendait réserver à la perception tactile le monopole de l’étendue, les autres sens ne s’exerçant dans l’espace que dans la mesure où ils nous rappellent les données du toucher. […] Rappelons brièvement cet argument.
Mézeray est modeste sur les erreurs ; il reconnaît qu’il a dû en commettre beaucoup : « Et vraiment il n’est pas au pouvoir d’un homme mortel de faire une course de douze siècles sans broncher. » De son style il déclare qu’il ne dira rien ; mais on voit qu’il y tient et qu’à ce début il l’a soigné : « C’est à vous, dit-il aux lecteurs désintéressés, à prononcer si j’ai écrit d’une belle manière, si j’ai découvert quelques lumières qui n’eussent pas encore été démontrées ; là où j’ai touché au but, et là où je m’en suis éloigné. » Il nous rappelle ce que nous ne devons jamais oublier quand nous nous reportons à la première époque où parurent ces ouvrages une fois en vogue, et dès longtemps vieillis : c’est que, si la matière était déjà vieille alors et semblait telle, la forme qu’il lui donnait à son heure la rendait toute nouvelle. […] Cette page de Mézeray est de celles qui rappellent le mieux la touche d’Amyot, treize ans avant Les Provinciales.
Il s’applique à montrer qu’il n’y a point de fautes légères, que celui qui méprise les petites choses tombera peu à peu dans les grandes ; il s’adresse alors à son auditeur, il le prend à partie ; il rappelle chacun directement à ses propres souvenirs : « Souvenez-vous d’où vous êtes tombé… » Et ici vient un de ces développements dont j’ai parlé et où se révèle tout l’art de Massillon. […] Dans le Petit Carême, le royal enfant auquel il s’adresse, ce reste précieux de toute sa race, cet enfant miraculeux échappé à tant de débris et de ruines, rappelle à tout instant le Joas d’Athalie.
En examinant les traits de leurs images, elle se rappelait les traits de leurs actions, et elle se remplissait avec eux des nobles idées de la grandeur romaine. […] Elle s’était prise de grande amitié pour un fils naturel du Régent, et qu’il avait eu d’une danseuse de l’Opéra nommée Florence : il lui rappelait feu Monsieur, avec une plus belle taille.
Quelques fragments, lus en séance publique, de ce poème exact, dont l’écueil à la longue est dans la monotonie, mais dont la versification ferme et serrée rappelle souvent les bonnes parties ordinaires de Lucrèce, inspirèrent assez d’estime à l’Académie des sciences pour qu’elle s’associât l’auteur comme membre libre en remplacement du comte Andréossi (27 octobre 1828). […] [NdA] On se rappelle, sur ce même sujet, les fragments de Mémoires du duc de Bellune, publiés dans Le Moniteur (13, 14 et 21 mai 1853).
Ce soufflet appliqué par hypothèse à M. de La Motte, et qui nous rappelle celui que Madame, mère du Régent, donna un jour à son fils, retentit alors dans ce monde railleur comme si réellement il avait été donné par Alcibiade ou par Mme Dacier. […] L’abbé Terrasson croit déjà à son siècle comme plus tard y croira Condorcet : Les sciences naturelles, dit-il, ont prêté leur justesse aux belles-lettres et les belles-lettres ont prêté leur élégance aux sciences naturelles ; mais, pour étendre et fortifier cette union heureuse qui peut seule porter la littérature à sa dernière perfection, il faut nécessairement rappeler les unes et les autres à un principe commun, et ce principe n’est autre que l’esprit de philosophie.
Je me rappelle qu’autrefois M. […] De ces noms il en est deux du moins qui peuvent, en effet, se rappeler ici sans disparate : il y a quelque chose de la grandeur et de la majesté d’Eschyle aussi bien que de Corneille en Bossuet, de même qu’il peut paraître quelque chose d’Euripide comme de Racine en Massillon.
Diane et la naïade seront peut-être jugées de trop, et Ramond, en les faisant intervenir, mêlait, à son tour, de ses réminiscences classiques à une nature toute vierge et qui ne rappelle qu’elle-même : ou peut-être voulait-il parler aux critiques du temps leur propre langage pour les mieux réfuter. […] Elle nous le montre aussi au naturel dans sa conversation et dans sa personne : « On aurait dit que l’âge accroissait encore le feu de ses discours et de ses regards ; et jusqu’à ses derniers moments, ses proportions légères, son tempérament sec, la vivacité de ses mouvements, ont rappelé le peintre des montagnes. » En ce qui était des hommes, des personnages en scène, il les jugeait bien et les marquait en les jugeant ; sa conversation était gaie, piquante ; il avait de ces mots qui restent, du caustique, le trait prompt et continuel4.
M. de Saint-Pol opine le premier, rappelle la situation générale, la ligue entre les deux souverains ennemis, l’envahissement projeté de la France : il importait dans une telle crise de ménager l’armée de Piémont, qui était la plus aguerrie, et de se tenir simplement de ce côté sur la défensive. […] » Parlant des piques, hallebardes, épées à deux mains, toutes armes blanches, par opposition aux arquebuses, il lui échappe de dire en un endroit : « Ce sont les plus furieuses armes ; car s’amuser à ces escopeteries, c’est temps perdu : il faut se joindre ; ce que le soldat ne veut faire lorsqu’il y a des armes à feu, car il veut toujours porter de loin. » — À y bien regarder, on trouverait seulement qu’en se servant de toutes deux, il tenait plus grand compte (ce qui est tout simple) de l’artillerie que de l’arquebuserie. — C’est le cas de rappeler ce mot, qui nous a été transmis par Plutarque, du roi de Sparte Archidame : la première fois qu’il vit un de ces énormes traits à lancer de loin par des balistes et des catapultes, qu’on avait nouvellement apportés de Sicile et qui étaient déjà l’arquebuserie ou l’artillerie des anciens, il s’écria : « Par Hercule !
La première surtout rappelle quelques traits de la lettre de Henri, qui certes n’y pensait guère, et dont les lectures n’étaient jamais allées jusque-là. […] La comtesse de Grammont, outrée de dépit, eut un tort envers Henri IV : elle voulut se venger ; elle crut y réussir en ranimant les espérances de mariage du comte de Soissons avec Madame sœur du roi, sachant bien en cela lui déplaire et contrarier au vif ses intentions : « Elle se plaisait à le fâcher, dit Sully, pour ce que, l’ayant aimée, non seulement il ne l’aimait plus et en aimait d’autres, mais même encore avait honte, à cause de la laideur où elle était venue, que l’on dît qu’il l’eût aimée. » Une lettre sévère de Henri la rappela à son devoir et la remit à son rang de sujette : Madame, lui écrivit-il (mars 1591), j’avais donné charge à Lareine (sans doute quelque messager) de parler à vous touchant ce qui, à mon grand regret, était passé entre ma sœur et moi.
La vie que Santeul menait à l’abbaye de Saint-Victor nous paraît assez extraordinaire chez un homme de cloître et un moine ; elle ne le paraissait pas trop à ses confrères ni à ses supérieurs, qui se contentaient de le rappeler quelquefois au bercail quand il s’en écartait trop longtemps et qu’il s’oubliait pendant des mois dans les riches maisons de campagne où on l’invitait. […] La Monnoye continue en faisant de son côté l’éloge de Santeul, et cet endroit est trop caractéristique et vient trop bien à l’appui de ce que dit La Bruyère pour ne pas être ici rappelé : Vous ne sauriez croire combien les personnes qui aiment l’esprit le regrettent ici.
On me permettra donc d’y revenir à mon tour et pour dire un mot de ces travaux récents, et pour rappeler avec précision ce que j’avais désiré et demandé moi-même à l’origine. […] Mais le style de la poésie lyrique était fort déchu ; il était entravé et gêné de toutes parts, jeté à froid dans des moules usés ; les heureuses tentatives de quelques jeunes poètes tendaient à le restaurer, à l’étendre, et à ceux qui s’en étonnaient et s’en irritaient comme d’une innovation inouïe, je rappelais qu’on l’avait déjà essayé et sans tant de maladresse et de malheur qu’on l’avait bien voulu dire.
Les premières lettres de Frédéric à son frère Henri, et qui se rapportent à l’extrême jeunesse de celui-ci, nous le montrent assez dissipé, rappelé à l’ordre par le jeune roi, et tiède dès lors et très froid à son égard : Le peu d’amitié que vous me témoignez dans toutes les occasions, lui écrivait Frédéric (1746), ne m’excite pas à faire de nouveaux efforts de tendresse en faveur d’un frère qui a si peu de retour pour moi… Il faut, si vous m’aimez, que votre amitié soit métaphysique, car je n’ai jamais vu aimer les gens de la sorte, sans les regarder, sans leur parler, sans leur donner le moindre signe d’affection. […] Pendant que je la lisais, je me rappelais bien souvent cette autre correspondance récemment publiée, si étonnante, si curieuse, si pleine de lumière historique et de vérité, entre deux autres frères, couronnés tous deux, le roi Joseph et l’empereur Napoléon ; et, sans prétendre instituer de comparaison entre des situations et des caractères trop dissemblables, je me bornais à constater et à ressentir les différences : — différence jusque dans la précision et la netteté même, poussées ici, dans la correspondance impériale, jusqu’à la ligne la plus brève et la plus parfaite simplicité ; différence de ton, de sonoréité et d’éclat, comme si les choses se passaient dans un air plus sec et plus limpide ; un théâtre plus large, une sphère plus ample, des horizons mieux éclairés ; une politique plus à fond, plus à nu, plus austère, et sans le moindre mélange de passe-temps et de digression philosophique ; l’art de combattre, l’art de gouverner, se montrant tout en action et dans le mécanisme de leurs ressorts ; l’irréfragable leçon, la leçon de maître donnée là même où l’on échoue ; une nature humaine aussi, percée à jour de plus haut, plus profondément sondée et secouée ; les plaintes de celui qui se croit injustement accusé et sacrifié, pénétrantes d’accent, et d’une expression noble et persuasive ; les vues du génie, promptes, rapides, coupantes comme l’acier, ailées comme la foudre, et laissant après elles un sillon inextinguible54.
En vain son ami Muller le prêche à son tour, essaye de le piquer d’honneur, de le rappeler à la vertu, comme disent les Italiens, à l’idéal, comme disent les autres, à la religion de l’art, à la spéculation et à l’accomplissement d’une œuvre immortelle : Pourquoi, mon ami, vous consumer dans une oisiveté pleine de fatigues ? […] rappelle-toi nos anciens amis, les grands hommes que nous avons lus, que nous avons adorés ensemble, le siècle où nous vivons, tes premiers penchants, le caractère de ton esprit, et l’espèce de bonheur qui était l’objet de tes désirs.
Il n’en gardait pas copie d’abord, et il semble qu’il y tenait assez peu ; c’est pendant une maladie du peintre Guérin, l’un de ses amis, et en passant les nuits à son chevet, en 1812, qu’il eut l’idée, pour la première fois, de recopier ses anciennes chansons ; il s’en rappela ainsi une quarantaine : il y en eut de perdues et d’oubliées. […] David d’Angers avait fait de lui un beau médaillon en marbre, et on le mit en loterie à 20 francs le billet ; la loterie, bien entendu, était toute au bénéfice du pauvre rapsode : « Si nous plaçons promptement ces billets, lui dit Béranger, vous aurez enfin de quoi renouveler cette maudite garde-robe qui s’en va toujours trop vite pour nous autres pauvres diables ; car je me rappelle le temps où je n’avais qu’un pantalon, que je veillais avec un soin tout paternel, et qui ne m’en jouait pas moins les tours les plus perfides.
. — La vieillesse rappelle le panier de cerises de Mme de Sévigné ; on a mangé d’abord les plus belles, puis on est venu aux moins belles, puis on les mange toutes : ainsi l’on fait des années. — La vieillesse est comme ces trois derniers livres de la Sibylle ; les six autres livres n’étant plus là, ce qui reste en tient lieu et mérite d’être payé autant que tous les autres. — La vieillesse est « le dernier mot de la vérité sur cette terre. […] Je me suis rappelé Homère, indiquant toujours comme le signe dela triste humanité, de n’avoir pu trouver « de remèdeni contre, la vieillesse ni contre la mort. » Je me suisrappelé ce cri échappé du milieu de ses triomphes augénéral victorieux de l’armée d’Italie, en présence d’uneépidémie caniculaire : « Misérables humains que nous sommes, nous ne pouvons qu’observer la nature, mais non la surmonter !
Dans ce genre Addison, je n’ai qu’à rappeler des articles (antérieurs de date peut-être) sur les Jouets d’Enfants, sur la Semaine, Journal des Enfants. […] Ma première pensée, à cette nouvelle si peu prévue, fut de me rappeler le vers du poëte : Vive pius, moriere tamen… !
Ce qui commença à rappeler sérieusement l’attention de Gœthe du côté de la France, ce furent les tentatives de critique et d’art de la jeune école qui se produisit surtout à dater de 1824, et dont le journal le Globe se fit le promoteur et l’organe littéraire. […] Imaginez-vous maintenant une ville comme Paris où les meilleures têtes d’un grand empire sont toutes réunies dans un même espace, et par des relations, des luttes, par l’émulation de chaque jour, s’instruisent et s’élèvent mutuellement ; où ce que tous les règnes de la nature, ce que l’art de toutes les parties de la terre peuvent offrir de plus remarquable est accessible chaque jour à l’étude : imaginez-vous cette ville universelle, où chaque pas sur un pont, sur une place, rappelle un grand passé, où à chaque coin de rue s’est déroulé un fragment d’histoire.
Louis Paris ait rappelé le souvenir de l’Œdipe-Roi de Sophocle ; mais, ce qui est moins naturel, il s’est mis, à force de vouloir admirer la scène du mystère, à la préférer presque à la situation et à la conception de l’antique : « La seule différence dans le sujet, dit-il, consiste dans la continuelle innocence d’Œdipe : ses crimes sont involontaires ; écrasé sous le poids de la fatalité, le malheureux Œdipe ne cesse d’être vertueux. […] Faut-il donc rappeler qu’il n’y a rien dans ce misérable parricide et incestueux que nous offre le mystère, rien de cette grandeur, de cette noblesse de caractère qui fait qu’on s’intéresse à Œdipe, tout malheureux qu’il est ?
J’y trouve, heureusement rappelée par lui, une anecdote d’un beau caractère, et qui montre une fois de plus combien ces hommes d’État de la Grande-Bretagne sont la plupart imbus d’une forte et indélébile éducation classique. […] Mais il insista pour que je demeurasse, disant que cela ne servirait en rien à prolonger sa vie que de négliger un devoir. » Et à l’instant, lord Granville se mit à réciter en grec les vers d’Homère, ces mêmes paroles généreuses de Sarpédon à Glaucus, ayant soin d’élever la voix et d’appuyer avec une certaine emphase orgueilleuse sur ce vers qui lui rappelait la haute part qu’il avait prise aux affaires publiques : « Tu ne me verrais point combattre moi-même comme je le fais, au premier rang.
En remontant à quelques années en arrière, je rencontre sur Corneille quelques ouvrages littéraires qu’il n’est que juste de rappeler quand on parle de lui : Et d’abord le Corneille et son temps de M. […] Il en est du champ de l’humanité comme de celui de Sempach : « L’œuvre qu’un seul commence, un grand peuple l’achève. » Chacun des successeurs de Colomb a pu dire : « J’ai fait le même voyage. » C’est ce qui arriva à Rotrou après Corneille. » Pour apprécier ici la vérité et la beauté de l’image, il faut savoir son histoire suisse de l’époque héroïque et se rappeler ce qu’était et ce que fit ce Winkelried, lequel, à la journée de Sempach, s’avançant le premier contre le bataillon hérissé de fer des Autrichiens qu’on ne pouvait entamer, étendit les bras pour ramasser le plus de piques ennemies qu’il put contre sa poitrine, et qui, tombant transpercé, ménagea ainsi dans la redoutable phalange une trouée par où les Suisses vainqueurs pénétrèrent.
» — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ? […] Je rappellerai encore une pensée de M. de Bonald : « Il y a des hommes qui par leurs sentiments appartiennent au temps passé, et par leurs pensées à l’avenir : ceux-là trouvent difficilement leur place dans le présent. » Lui, il a voulu faire mentir le mot et montrer qu’il appartient au présent36.
Il faut rappeler de telles pages, moins connues chez nous qu’elles ne devraient l’être : « Le roi, nous dit Frédéric parlant de lui-même, avait dans la personne de l’impératrice-reine une ennemie ambitieuse et vindicative, d’autant plus dangereuse qu’elle était femme, entêtée de ses opinions et implacable. […] Je me rappelle que notre professeur de rhétorique, M.
Le comte de Merle rappelé lui continua à Paris sa bienveillance active. […] Ces opinions, dans d’autres circonstances, ont pu se développer, devenir plus réfléchies ; mais je ne me rappelle pas en avoir jamais changé. » Malouet, en ces deux années d’études originales, faites aux sources, avait acquis la première étoffe, non-seulement du commissaire administrateur de Cayenne et de la Guyane, non-seulement de l’intendant de Toulon, mais celle du conseiller d’État qu’il fut depuis, du grand administrateur, créateur de l’arsenal d’Anvers, et du ministre de la marine.
Et sur ce climat qui n’est pas fait, et sur ce caractère américain, qui ne l’est pas davantage, quel plus frappant et plus philosophique tableau que celui-ci, trop pris sur nature, trop bien tracé et de main de maître pour n’être pas rappelé ici, quand sur d’autres points nous devons être si sévères ! […] Qu’on se rappelle Voltaire quand il s’adresse à des souverains : « Au général Bonaparte.
Molé a lui-même dû rabattre énergiquement ce qu’il y a d’exagéré en certain tableau d’une représentation à Saint-Cloud, dans laquelle il se serait passé des choses formidables, des choses qui rappelleraient quasi le festin de Balthasar. […] Molé, où rien n’est hors d’œuvre, me rappelle à cette séance de tout à l’heure, qui avait commencé par être des plus belles et qui a fini par être des plus intéressantes.
Je me rappelle une chienne qui m’accompagnait à la chasse avec de vives démonstrations de joie. […] Il suffit, pour reconnaître la fragilité de l’« humanité » dans l’homme, de se rappeler les excès où le pouvoir absolu conduisit jadis ceux qui l’ont exercé, ou les faits qui se passent de nos jours encore en temps de guerre, surtout quand les adversaires ne sont pas de même race et de même couleur, les massacres désintéressés, les pillages, les viols, ou bien les exactions, les violences exercées dans de lointaines colonies où la pression sociale n’arrive que bien atténuée.
Édouard Dujardin nous le rappelle qui inscrit pour épigraphe en tête de ses Hantises (1886) : « Seule vit notre âme » et qui cite pour référence cette pensée de Gourmont : La seule excuse qu’un homme ait d’écrire, c’est de s’écrire lui-même, de dévoiler aux autres la sorte de monde qui se mire en son miroir individuel. […] (Rappelons-nous tels sonnets descriptifs d’une console, d’un lit… où tout l’effort du poète tendit à décrire, sans les nommer, ces meubles), Mais souventes fois M.
Soigner sa belle humanité 57 sera alors la Loi et les Prophètes, et cela, sans aucune forme particulière, sans aucune limite qui rappelle la secte et la confraternité exclusive. […] On se rappelle toujours avoir été critique, et on se prend parfois à rire, ne fût-ce que de ses adversaires.
. — Il suffit de rappeler l’espèce de géographie à la fois physique et morale dont Michelet a rempli le livre III de son Histoire de France ; c’est un effort hardi pour retrouver les liens qui rattachent à leur sol natal les grands hommes de chaque région. […] Il est devenu banal de rappeler que dans la seconde moitié du xviie siècle, si l’on excepte La Fontaine, Fénelon et un peu Racine, nos écrivains jetèrent sur la campagne des regards distraits et indifférents.
Soyons juste, et rappelons ces parties de la cause, aussi ingénieuses qu’éloquentes, et qui seraient solides s’il n’y avait eu dans le cas de Fouquet que des irrégularités et des négligences de forme. […] Certes, Sire, je ne puis croire que Votre Majesté en puisse rappeler le souvenir sans en être attendrie.
Il nous rappelle ces personnages de prudence et de savoir, « mais de plus de prudence encore que de savoir », dont, sous les empereurs, les avis et les réponses étaient réputés des décisions. […] C’est ainsi que, dans son célèbre discours en faveur des prêtres non assermentés qu’on s’obstinait encore à persécuter et à proscrire, il faisait voir l’impuissance définitive de ces mesures extrêmes en même temps que leur odieuse rigueur, et rappelait que la Convention elle-même, au plus fort de sa domination souveraine, y avait échoué : Il n’y a point de puissance absolue dans ce monde, il n’y en aura jamais.
On voit bien qu’il a pris parti dans la Fronde, et qu’il n’a pas été amoureux d’Anne d’Autriche, il ne paraît pas soupçonner un défaut essentiel qu’avait Mme de Longueville, et qu’il serait peu poli de rappeler en toutes lettres, mais dont Bussy et Brienne ont fait sentir quelque chose17. […] Nous osons rappeler, au milieu des portions florissantes et triomphantes de la nation industrielle et militaire, qu’il y a aussi un pays moral, littéraire ; et, sans trop imaginer les moyens de le rétablir et de le réconforter, nous désirons que de plus habiles que nous y songent.
Lorsque plus tard, dans ses fameux procès, on lui reprocha son extraction bourgeoise, Beaumarchais parla de ce père d’une manière charmante, et qui rappelle Horace : Vous entamez ce chef-d’œuvre, disait-il à Mme Goëzman (sa partie adverse), par me reprocher l’état de mes ancêtres. […] Il évitait ce qui eût trop rappelé l’infinie distance ; il sentait qu’il était là pour plaire et non pour solliciter, et il savait observer une réserve, une dignité, qui ne laissait pas d’être utile.
Quelle agréable expression, et qui nous rappelle Mme de Sévigné disant, au contraire, que, de ne point se plaire aux lectures solides, cela donne les « pâles couleurs » ! […] Parlant du style de l’histoire, Cicéron, par la bouche d’Antoine, le veut et le recommande sans rien qui rappelle le barreau ou la tribune, coulant et continu, et d’un beau courant de récit.
Or, puisqu’il écrit lui-même à la tête de son livre le mot « voyage », il aurait dû se rappeler qu’un critique n’est pas un voyageur ordinaire et de ceux-là dont Sterne a donné la liste dans son Voyage sentimental. […] Rappelez-vous la Psychologie sociale des nouveaux peuples, et, vous qui avez aimé Chasles, attristez-vous !
Rappelons brièvement les origines du « Vœu national » dont la Basilique constitue la réalisation. […] C’est la voix des ancêtres qui vient chaque jour rappeler aux vivants de quelle chair ils sont pétris, quel sang coule en eux, de quelles pensées ils sont les fils.