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1129. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

Si on le savait là, on s’éveillerait plus vite et le chercherait ; car le but est le supplice où l’on viole le droit d’asile du Christ houiller ci-devant ; les ouvrages de défense gourmands ne tolèrent une prémice de bonheur et avancent de la porte Sud. — Or, le guet se dégrade lui-même, belluaire pleurant devant le chrétien.

1130. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

Ce n’est point sans raison que Dante fait dire à la Porte de son Enfer : — « La Justice anima mon grand architecte ; je fus faite par la divine Puissance, la suprême Sagesse et le premier Amour. » Giustizia mosse il mio alto Fattore : Fecemi la divina Potestate, La somma Sapienza e il primo Amore.

1131. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Malherbe, avec différens auteurs. » pp. 148-156

Il fermoit souvent la porte de sa chambre, & crioit à ceux qui heurtoient : Attendez, il n’y a plus de chaises.

1132. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre X. Suite du Prêtre. — La Sibylle. — Joad. — Parallèle de Virgile et de Racine. »

Elle dit, etc. » Énée adresse sa prière à Apollon ; la Sibylle lutte encore ; enfin le dieu la dompte, les cent portes de l’antre s’ouvrent en mugissant, et ces paroles se répandent dans les airs : Ferunt responsa per auras  : O tandem magnis pelagi defuncte periclis !

1133. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

Souvent aussi cette lumière de l’Église porte la clarté dans la discussion de la plus haute métaphysique, ou de la théologie la plus sublime ; rien ne lui est ténèbres.

1134. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Chaque fontaine, chaque croix dans un chemin, chaque soupir du vent de la nuit, porte avec lui un prodige.

1135. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Salvator Rosa place des canons à la porte de la tente d’Holopherne. […] C’est que la mort ouvre les portes de l’éternité formidable, dont il se vante d’avoir en main les clefs ! […] Dès qu’il se lève, à six heures, il l’avale : cela le porte, dit-il, jusqu’à midi. — Le porte ? […] Comme chaque essence d’arbre porte ses fruits, chaque complexion produit ses talents. […] Il n’omet pas un clou de porte.

1136. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il porte à la cause qu’il défendait un grave préjudice. […] Car chacun porte en soi sa ville défunte. […] disait Fantasio, c’est tout un monde que chacun porte en lui ! […] -Ferdinand Hérold se porte garant du talent de M.  […] Ce n’est rien de moins qu’un monde ce que porte dans sa tête M. 

1137. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Goethe, dans le jugement qu’il porte de Paul et Virginie, s’aperçoit très bien que Paul est le petit-cousin de Werther. […] Itzig est allé frapper à la porte de son coreligionnaire Ehrenthal, qui lui a rendu d’abord l’existence assez dure. […] Itzig porte sur sa figure même tous les signes de la réprobation : il est maigre, il est pâle, il a des cheveux rouges, et des cheveux rouges qui frisent ! […] Freytag a prétendu nous donner une leçon de morale, sa morale ne porte guère. […] Tout à coup, la porte s’ouvrit avec fracas ; en pleine furie, un homme se précipita dans la chambre, la figure bouleversée, les cheveux épars.

1138. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

L’esprit y trouve une sorte de bal ; jugez de quel empressement il s’y porte ! […] Je sentais comme si j’aurais pu à la lettre m’envoler dans le ciel. » Le dieu et la bête que chacun de nous porte en soi étaient lâchés ; la machine physique se bouleversait ; l’émotion tournait à la folie, et la folie devenait contagieuse. […] Chacun sent que « sa maison est son château », et que la loi veille à sa porte. […] Le squire de campagne déblatère, après boire, contre la maison de Hanovre, et porte la santé du roi au-delà de l’eau ; le whig de la ville, le 13 janvier, porte celle de l’homme au masque855, et ensuite de l’homme qui fera la même chose sans masque. […] Nous estimons que si un réformateur « porte la main sur les fautes de l’État, ce doit être comme sur les blessures d’un père, avec une vénération pieuse et une sollicitude tremblante… Par votre facilité désordonnée à changer l’État aussi souvent, aussi profondément, en autant de manières qu’il y a de caprices et de modes flottantes, la continuité et la chaîne entière de la communauté seront rompues.

1139. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

On ne la juge pas par sa méthode, par les efforts de réflexion et de pénétration qu’elle fait faire à l’esprit, par la hauteur où elle le porte. […] De là vient que nous admirons, dans ses admirables épîtres, une certaine vertu plus qu’humaine, qui persuade contre les règles ou plutôt qui ne persuade pas tant qu’elle captive les entendements ; qui ne flatte pas les oreilles, mais qui porte les coups droit au cœur. […] L’éclat de sa thèse de philosophie, qu’il soutint en 1643, lui ouvrit les portes de l’hôtel de Rambouillet. […] Et ce grand établissement, commencé il y a trois siècles, ne porte pas de menaces de ruine qui lui soient particulières, ni qui tiennent à la nature même du protestantisme. […] Il ne se trompe pas dans l’appréciation des rapports entre les sujets et le souverain, ni sur les périls, les difficultés, la tentation d’abuser, attachés à l’exercice du pouvoir souverain, quelque nom qu’il porte.

1140. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Celle-ci traita la difficulté légèrement, comme si rien ne lui eût paru plus naturel. « Vous avez écrit, lui dit-elle, qu’il y avait douze portes au ciel. — Cela est vrai. — Vous avez dit que les oiseaux chantaient leurs hymnes, chacun dans son langage, et que tous ces hymnes étaient agréables au Créateur: ainsi, vous vous ferez protestant, et vous épouserez mon amie. — Ah ! […] Condamné au silence dans le sein de l’Institut, M. de Saint-Pierre fit imprimer la fin de son rapport ; elle fut distribuée à la porte de la salle des séances ; mais l’auteur, conservant cette modération, marque certaine de la force, ne voulut point faire connaître les motifs de sa publication. […] Une cabane que j’ai bâtie dans la forêt, au pied d’un arbre, un petit champ défriché de mes mains, une rivière qui coule devant ma porte, suffisent à mes besoins et à mes plaisirs. […] La rivière qui coule devant ma porte passe en ligne droite à travers les bois, en sorte qu’elle me présente un long canal ombragé d’arbres de toutes sortes de feuillages: il y a des tatamaques, des bois d’ébène, et de ceux qu’on appelle ici bois de pomme, bois d’olive et bois de cannelle ; des bosquets de palmistes élèvent çà et là leurs colonnes nues, et longues de plus de cent pieds, surmontées à leurs sommets d’un bouquet de palmes, et paraissent au-dessus des autres arbres comme une forêt plantée sur une autre forêt. […] Bientôt après il y crut plusieurs papayers, parmi lesquels il y en avait un femelle, c’est-à-dire qui porte des fruits.

1141. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Ajoutez à cet avantage « incomparable et unique » de toute sa figure191, que l’abbé de Choisy, qui va trop loin, appelle un visage solaire, une adresse merveilleuse à tous les exercices du corps, danse, mail, paume, cheval, chasse, voiture ; du courage à la guerre dès sa plus grande jeunesse, lorsqu’aux sièges de Belle-Garde et d’Etampes « on tirait, dit la Porte, force coups de canon sur lui, sans que cela lui donnât de la crainte192 », et plus tard, dans la guerre de Flandre, quand personne ne souhaitait la bataille de meilleur cœur, et ne voulait être plus résolument que lui au premier rang193. […] » Il nous reste une image magnifique des qualités de Louis XIV : c’est ce palais de Versailles, qui porte une si sensible empreinte du grand roi. […] Mais le même attrait qui intéressait les contemporains aux fautes domestiques de Louis XIV me porte, comme malgré moi, à toucher un point si délicat et à examiner par quelles circonstances l’art ni la morale dramatiques n’ont souffert de la faveur accordée à un mauvais exemple. […] Un des premiers peut-être, Bossuet fut frappé de ce grand air du jeune roi, et il y prit la définition qu’il donne de la majesté, « laquelle n’est pas une certaine prestance, dit-il, qui est sur le visage du prince et sur tout son extérieur, mais un éclat plus pénétrant qui porte dans le fond des cœurs une crainte respectueuse260. » Il devina les grandeurs de son règne. […] Mémoires de la Porte.

1142. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Loin de lui être de bons et fidèles boucliers, elles lui ont joué le mauvais tour de ces costumes étranges qui, signalant dans la bataille le soldat qui les porte, lui attirent tous les coups et ne sont à l’épreuve d’aucun. […] Architecture et poésie, là, tout porte un caractère monumental. […] Lorsque Dante Alighieri a terminé son redoutable Enfer, qu’il en a refermé les portes, et qu’il ne lui reste plus qu’à nommer son œuvre, l’instinct de son génie lui fait voir que ce poëme multiforme est une émanation du drame, non de l’épopée ; et sur le frontispice du gigantesque monument, il écrit de sa plume de bronze : Divina Commedia. […] Comme le géant hébreu, ils ont emporté avec eux sur la montagne les portes de leur prison. […] Le vrai poëte est un arbre qui peut être battu de tous les vents et abreuvé de toutes les rosées, qui porte ses ouvrages comme ses fruits, comme fablier portait ses fables.

1143. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Depuis, il faut en convenir, on a terriblement enfoncé la porte de cette chambre ; on a été d’un bond jusqu’à l’alcôve. […] Un cerisier, près de mon Louvre, Le cache et l’indique au regard ; Devant, la scène se découvre, Et, derrière, une porte s’ouvre Sous les ombrages de Senart. […] Royer-Collard, le premier, força la porte, et les libéraux purent entrer.

1144. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Elle se pose en Némésis à la porte des tours du Temple, après que la reine y gémit sur son époux, sur ses enfants, sur elle-même, entre le trône et l’échafaud. […] La soudaineté de la chute, l’incertitude prolongée, les vicissitudes de crainte et d’espérance, la bataille qui se livrait aux portes et dont ils étaient le prix sans même voir les combattants, les coups de canon, la fusillade retentissant dans leur cœur, s’éloignant, se rapprochant, s’éloignant de nouveau comme l’espérance qui joue avec le moment, la pensée des dangers de leurs amis abandonnés au château, le sombre avenir que chaque minute creusait devant eux sans en apercevoir le fond, l’impossibilité d’agir et de se remuer au moment où toutes les pensées poussent l’homme à l’agitation, la gêne de s’entretenir même entre eux, l’attitude impassible que le soin de leur dignité leur commandait, la crainte, la joie, le désespoir, l’attendrissement, et, pour dernier supplice, le regard de leurs ennemis fixé constamment sur leurs visages pour y surprendre un crime dans une émotion ou s’y repaître de leur angoisse, tout fit de ces heures éternelles la véritable agonie de la royauté. […] Elles sortirent, comme les horribles journées de septembre, d’une émotion atroce et soudaine, qui porte une populace au crime avant de l’avoir portée à la préméditation.

1145. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

L’attention se porte sur tant d’objets, que l’on a de la peine à se rendre compte des émotions que l’on ressent. […] VI Mais suivons le navire qui porte Humboldt et son ami, et qui fend les flots dans la direction de l’Amérique centrale. […] Mais la pensée humaine fait aussi valoir ses droits, dans un voyage à travers le vaste océan ; partout où l’œil se porte, il voit les flots, les nuages, ou la clarté du ciel, et cette contemplation le reporte aux événements familiers d’autrefois.

1146. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Partout où une telle épouse porte la lumière, elle attire le regard du public ; son mari et sa famille deviennent visibles aux yeux importuns qu’ils voudraient en vain éviter. […] Tout porte à croire néanmoins que, s’il eût fallu devenir le Malesherbes des femmes et offrir sa tête aux juges pour sauver celle de la reine, madame de Staël n’aurait pas hésité à se nommer et à se montrer. […] Le soir, les portes de la prison ne s’ouvrirent plus, et cet événement, dont le bruit remplissait alors le monde, retombe tout entier sur deux femmes solitaires et malheureuses, et qui n’étaient soutenues que par l’attente du même sort que leur frère et leur époux.

1147. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

IX Le caractère de Michel-Ange participait de la fougue de son génie ; la porte du Vatican lui ayant été refusée un jour que le pape avait interdit l’accès de ses appartements à ses familiers, il s’évada de Rome, fil vendre ses meubles et ses habits, abandonna tous ses travaux entrepris et se réfugia à Florence. […] Michel-Ange fit venir de Florence à Rome les meilleurs peintres à fresque de la Toscane pour l’assister dans son œuvre ; mais bientôt, mécontent de leur pinceau trop inégal à son génie, il les congédia tous et, s’enfermant dans la vaste enceinte dont il fit murer les portes à l’exception d’une étroite issue dont il emportait la clef, il conçut, dessina et peignit seul ce poëme de l’infini qu’il avait osé tenter. […] « Il descendit dans les royaumes du péché pour nous faire la leçon de nos fautes ; puis il nous releva jusqu’à Dieu lui-même ; le ciel ne refusa pas d’ouvrir ses portes à celui à qui sa patrie refusa d’ouvrir les siennes !

1148. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Le couronnement de Louis le Débonnaire, et la noble tristesse de Charles devant la puérilité biche de son héritier, le début du poème d’Aliscans, et la fière obstination de Guiboure qui, refusant de connaître son mari dans un fuyard, tient la porte d’Orange fermée et laisse Guillaume au pied des murs, exposé à tous les coups des Sarrasins, d’autres morceaux encore méritent d’être loués et lus. […] L’assonance consiste dans la répétition de la dernière voyelle accentuée, tandis que la consonance (notre rime moderne) porte sur la voyelle accentuée et sur les consonnes et voyelles qui la suivent. — Je ne parle pas du vers octosyllabique qui se rencontre dans la seule chanson de Gormont, et dans le poème d’Alberic sur Alexandre : l’emploi de ce vers est très exceptionnel dans l’épopée française ; c’est le mètre ordinaire des romans bretons. […] , III, 209, une autre scène d’amour maternel ; Renaud est reconnu par sa mère à une cicatrice qu’il porte au front ; la scène est plus sèche, plus fruste, d’un beau sentiment encore et sans verbiage ; elle a bien l’air de remonter aux temps épiques.

1149. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Écoutez celui-ci : ce sont les mêmes idées, le même langage : « Dieu merci, je me porte assez bien, disait le brave Gascon : mais j’avais plus d’argent, aussi avaient mes gens, quand je faisais guerre pour le roi d’Angleterre, que je n’ai maintenant ; car, quand nous chevauchions à l’aventure, ils nous saillaient en la main aucuns riches marchands ou de Toulouse ou de Condom ou de la Réole ou de Bergerac. […] D’autres le virent à Avignon, la ville du schisme, qui sous ses papes d’abord, puis ses légats, demeure du xive au xvie  siècle une porte ouverte à la civilisation italienne sur la France encore brute et grossière : au xive surtout, pendant le schisme, Avignon mit en contact et mêla Français du Nord et du Midi, Florentins, Romains, venus les uns pour en arracher le pape, d’autres pour l’y maintenir, d’autres pour toutes les sollicitations, intrigues ou marchandages publics et privés : nos Français, pour peu qu’ils fussent lettrés, ne tirent jamais le voyage pour rien, quand même ils se laissaient jouer ou battre. […] Éloquence religieuse Pétrarque, volontiers dédaigneux des barbares, disait que hors de l’Italie il n’y avait ni orateurs ni portes.

1150. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

L’autre, le plus vivant rameau du tronc de la foi chrétienne, où toute la sève se porte quand le reste se dessèche, c’est l’idée de la mort qui, sous le poids écrasant des misères, dans l’anarchie morale et religieuse, s’exaspère en un sentiment aigu île l’anéantissement de la chair. […] La découverte des auteurs du vol de Navarre, la prise et les | aveux de l’un d’eux, fermèrent à Villon les portes de Paris. […] Il porte en lui tout le lyrisme.

1151. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Par malheur il serait assez difficile de retrouver dans « Henri » « Marceline »… Une femme, qui porte un nom honoré dans les lettres, a bien voulu débrouiller pour moi cette énigme : « Monsieur, puisque la triste histoire de Marceline Desbordes-Valmore vous intéresse, je crois devoir vous révéler que l’abominable « mufle » qui l’a si indignement lâchée n’est autre que Henri de Latouche. […] J’ai peur de m’être, à moi-même, mon ami le plus cher, c’est-à-dire d’être comme tout le monde ; or il m’arrive assez souvent, je vous assure, de mêler de l’ironie aux jugements intimes que je porte sur moi. […] — « … Nous sommes partis et revenus avec M. de Lamennais qui nous a ramenés jusqu’à la porte… Je te laisse à juger si l’on a parlé progrès, religion, liberté, avenir humanitaire !

1152. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

En ce bel hymne, œuvre la plus parfaite je crois au point de vue de la forme, se trouvent des passages mélodieux comme celui-ci : Je t’aimai d’un amour de musique Au luth enguirlandé de jasmin, D’un amour de fidèle et de prêtre Qui s’éperd en cantique Dès hier jusqu’en demain ; Et tant je t’ai doucement nommée Que d’un amour un autre vint à naître, Que mon amour et toi n’étiez qu’un être Et la chanson d’amour se fit l’aimée ; J’ai péché pour t’avoir trop doucement nommée… Il s’accumule en nos mémoires mornes Trop de verbeuses, vaines chansons mortes : Nous avons lu la route à trop de bornes, Demandé le chemin à trop de portes ; Je veux la rose, ô Reine dont tu t’ornes, Je veux le lys, que dans ta main tu portes. […] Il s’inquiète peu de coordonner des assonances ; chez lui l’allitération ne porte d’habitude que sur des consonnes : — elle n’influence donc que le rythme, — et en vérité tous les éléments du vers paraissent se subordonner, en tant que musique, à la création d’un rythme personnel, élégant et souple.

1153. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Prakriti va au Buddha, près la porte de la ville, sous l’arbre, pour supplier de lui l’union d’Ananda. […] Il se montre tout d’abord immédiatement après le coup de trompe du veilleur de nuit, qui porte à son comble l’hallucination où Walther se débat contre les maîtres qui cherchent, grimaçants, à lui arracher Eva. […] Cette étude, je l’espère, peut aussi me permettre d’énoncer ce que je regarde comme un axiome de critique expérimentale : Si une œuvre est vivante c’est qu’elle est organisée ou qu’elle porte l’empreinte de l’organisation de celui qui l’a créée.

1154. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Des voix lointaines lui répondent à travers les siècles, celles des spectateurs qui, au sortir du théâtre, couraient frapper sur les boucliers pendus aux portes des temples, en criant : « Patrie ! […] Vrais géants du royaume des Ombres, il semble que les portes d’ivoire et de corne de la fable grecque aient dû s’exhausser pour leur livrer passage : la Bible seule en a d’aussi grands. […] Un seul remède à de si grands maux : frapper aux portes du tombeau, évoquer Darius, le roi tutélaire qui fit la Perse si grande et la maintint si puissante, l’avertir que l’Empire chancelle et rappeler au secours.

1155. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Le poète, terrible et terrifié, a voulu nous faire respirer l’abomination de cette épouvantable corbeille qu’il porte, pâle canéphore, sur sa tête, hérissée d’horreur. […] Depuis le coupable cousu dans un sac qui déferlait sous les ponts humides et noirs du Moyen Âge, en criant qu’il fallait laisser passer une justice, on n’a rien vu de plus tragique que la tristesse de cette poésie coupable, qui porte le faix de ses vices sur son front livide. […] Sensualiste, mais le plus profond des sensualistes, et enragé de n’être que cela, l’auteur des Fleurs du mal va dans la sensation jusqu’à l’extrême limite, jusqu’à cette mystérieuse porte de l’Infini à laquelle il se heurte, mais qu’il ne sait pas ouvrir, et de rage il se replie sur la langue et passe ses fureurs sur elle.

1156. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Ainsi donc, l’objection que je fais en ce moment ne porte toujours que sur l’invention de la parole. […] Nul ne peut changer son nom, si la société elle-même ne le change pas : c’est le nom seul qui est immortel parmi les hommes ; et c’est le nom seul qui porte le fardeau de l’opprobre ou la couronne des bénédictions. […] On me répondrait encore que l’homme étant doué d’une grande puissance d’imitation, et ayant de plus une certaine paresse qui le porte à adopter les méthodes existantes, pour se dispenser d’en créer de nouvelles, il a dû en résulter naturellement que lorsqu’une langue a été une fois inventée, il a pu se contenter des formes qu’il a trouvées, et qu’alors toutes les langues se sont moulées les unes sur les autres.

1157. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

C’est un robuste qui se porte bien. […] Les amis de Flaubert, qui ne sont pas des sauvages, mais des apprivoisés très aimables et très doux, pratiquent un peu le même système… Pour délivrer leur ami de sa grossesse intellectuelle, ils font du bruit, autour du livre qu’il porte, tout le temps de sa laborieuse gestation, croyant par là l’exciter et lui donner la force de le pousser et finalement de le pondre : Ce sera superbe, disent-ils, ce nouveau livre de Flaubert, mais il y met le temps, car de pareilles œuvres ne sortent pas aisément d’un homme. […] Et qu’il en revienne, s’il peut en revenir, avec mieux que ce qu’il y porte !

1158. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Il porte quelque avarice jusque dans l’affection et la faveur dont il est l’objet, et n’aime à la partager avec personne. […] Après la prise de Saint-Maixent, qui a capitulé (1586), ayant envoyé à l’avance ses maréchaux de logis, il entre dans la ville, lui, toute sa cour et les gens de guerre, « tout ainsi que si elle n’eût point été conquise par les armes, toutes les boutiques y étant trouvées ouvertes, et tous les hommes, femmes et enfants épandus aux portes et par les rues, criant : Vive le roi !

1159. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Il frappe à la porte du cabinet de Sully : « C’est le roi ! […] Pourtant, nul ouvrage, plus que celui qui porte son nom, n’aide à connaître Henri IV dans la vérité héroïque ou naturelle, et dans l’intime familiarité : et à lui-même Sully, au milieu de tout ce qu’il y a de trop, on n’a qu’à tailler dans cette masse un peu informe pour lui élever une statue.

1160. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Et il n’y avait pas lieu de le mettre en contradiction avec lui-même, s’il semblait quelquefois indulgent pour ses pénitents en leur donnant accès à la communion, lui qui disait en chaire : « Ouvrez-leur la porte de la salle, ou du moins ne la leur fermez pas. […] Il ne porte rien de l’auteur ni de l’écrivain dans aucun de ses emplois : il ne songe à d’autre effet qu’à celui du bien.

1161. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Ces trois ou quatre points, sur lesquels il veut attirer son attention d’homme à jeun, sont précisément les divers degrés d’impression et de sensation, puis de jugement et de raisonnement, de réflexions générales ; la conception que nous avons du passé, du présent et de l’avenir ; la faculté de retour et de considération interne sur nous-mêmes ; l’invention et la découverte des hautes vérités ; tant de sublimes imaginations des beaux génies, « une infinité de pensées enfin, si grandes et si vastes, et si éloignées de la matière qu’on ne sait presque par quelle porte elles sont entrées dans notre esprit », toutes choses qui restent à jamais inexplicables pour une philosophie atomistique et tout épicurienne. […] L’eau sortait par la porte de la grande chambre comme par l’écluse d’un moulin ; il en était entré plus de trente barriques.

1162. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Je suis un brave drapier qu’on estime à la ronde : certainement, pour cette fête, mon ami le décatisseur me prêtera sa bête. » Il est convenu aussi qu’on emportera le vin du logis, car le vin cette année-là est cher. « Le matin venu, la chaise s’avance, mais non jusqu’à la porte, afin qu’on ne puisse pas dire que Mme Gilpin est fière. » Surviennent les contretemps du voyage : au moment où part la chaise de poste, Gilpin, prêt à la suivre et déjà en selle, voit arriver trois pratiques ; on ne refuse jamais des pratiques, et il met pied à terre pour les servir. […] Sa renommée le précède… Il porte des poids !

1163. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Sa vie à Monrion, à Lausanne, et ensuite aux Délices à la porte de Genève, offre une agréable nuance de transition. […] Quelque jugement qu’on porte sur l’ensemble de ce travail, il le conçut à bonne fin et le commença avec un zèle extrême : L’entreprise est délicate, écrivait-il à un de ses amis de Paris, M. de Chénevières ; il s’agit d’avoir raison sur trente-deux pièces ; aussi je consulte l’Académie toutes les postes, et je soumets toujours mon opinion à la sienne.

1164. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

C’est ainsi qu’il l’entend, et il le confesse : « Je suis beaucoup plus chrétien qu’on ne le suppose, écrivait-il un jour à l’abbé de Pradt (un prélat très coulant, il est vrai) ; on ne me traiterait pas d’antichrétien, si on ne faisait du christianisme un moyen politique. » — « Pour douter de ce que beaucoup de gens croient, disait-il encore, il n’en résulte pas que je ne croie à rien. » A vingt ans, il faisait maigre le vendredi saint, quoique le maigre l’incommodât ; non pas qu’il s’en tînt à la conclusion un peu vague du Vicaire savoyard, qui laisse la porte entr’ouverte à l’idée de révélation, mais il rendait hommage à la mort la plus touchante du meilleur d’entre les fils des hommes. […] On a vu la jolie image sur la réputation, cette petite lanterne qu’on porte attachée au chapeau.

1165. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Mais un jeune érudit bordelais qui porte un nom connu et cher aux amis de la science, M.  […] II Quoi qu’il en soit de ses désirs de Cracovie, de Valachie et de Grèce, Montaigne a une grande envie de voir Rome, et c’est là (laissant de côté son passage par Vérone, Padoue, Venise, Ferrare, Bologne, Florence, Sienne, Montefiascone), — c’est là qu’il le faut suivre, entrant par la porte del Popolo.

1166. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

L’édition actuelle porte en mainte page les marques de ce scrupule. […] Que ce soit la couleur du temps, le loquet d’une porte, un vieux château qu’elle visite, ou l’une quelconque des fêtes et, cérémonies rurales, le baptême ou la fonte d’une cloche, la bénédiction des bestiaux, la messe de Noël où elle se rend en famille à minuit « par des chemins bordés de petits buissons blancs de givre, comme s’ils étaient fleuris », elle trouve sur tous ces thèmes fortuits ou naturels des pensées charmantes, légères et célestes, dignes d’une Cymodocée chrétienne.

1167. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Je porte envie à M.  […] Mais il faut un sujet qui me tente, qui porte bien aux développements d’un cœur amoureux, au flux et reflux de cette passion douce et terrible.

1168. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

(un cavalier appelle les poules hors du poulailler, en leur jetant du grain, tandis que le camarade, collé tout contre la porte, le sabre levé, s’apprête à les guillotiner), etc., etc. ; — de petits drâmes en plusieurs scènes : des Soldats jouant au jeu de la drogue ; les Suites du jeu de la drogue (ils se donnent, comme on dit, un coup de torchon) ; puis la Réconciliation. […] J’entr’ouvre la porte… Quel spectacle !

1169. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Arnould Fremy, qui se porte aujourd’hui pour juge absolu du véritable esprit de la poésie grecque et de la simplicité antique, a commencé, il y a une quinzaine d’années, sous des auspices bien différents. […] Dans une moins bonne cause, il a rencontré ici un moins bon style : cela porte malheur de médire de la grâce.

1170. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Près de la porte, des photographies du prédicateur sont exposées, comme aux vitrines du Gil Blas les portraits des actrices, « des mouquettes » et de M. le comte Irison d’Hérisson. […] Franchement, c’est là une analyse sans intérêt et qui ne porte que sur des mots.

1171. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert, déjà marié, et qui passait une partie de l’année à Villeneuve-sur-Yonne, l’avait rencontrée en Bourgogne à la porte d’une chaumière où elle s’était réfugiée. […] Le coup de soleil qui suivit le 18 Brumaire s’était fait sentir mieux qu’ailleurs dans ce coin du monde : on aimait, on adoptait avec bonheur tout génie, tout talent nouveau ; on en jouissait comme d’un enchanteur ; l’imagination avait refleuri, et on aurait pu inscrire sur la porte du lieu le mot de M. 

1172. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Mais j’ai dit que Bourdaloue aujourd’hui relu, ennuie ; et lui, il enlève, il étonne, il conquiert, ou du moins il porte des coups dont on se souvient. […] Âgé de trois ans, il allait frapper à la porte des frères des écoles chrétiennes, et, comme on lui en refusait l’entrée parce qu’il était encore trop jeune, il pleurait beaucoup.

1173. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

« Religion à part, dit M. de Chateaubriand (en un endroit où il parle de l’ivresse et de la folie), le bonheur est de s’ignorer et d’arriver à la mort sans avoir senti la vie. » Le plus souvent en effet, si l’on retranche cette parenthèse de religion qui est là comme pour la forme, on retrouve en M. de Chateaubriand tantôt une imagination sombre et sinistre comme celle d’Hamlet, et qui porte le doute, la désolation autour d’elle, tantôt une imagination épicurienne et toute grecque, qui se complaît aux plus voluptueux tableaux, et qui ira, en vieillissant, jusqu’à mêler les images de Taglioni avec les austérités de Rancé. […] C’est de lui que viennent comme de leur source les beautés et les défauts que nous retrouvons partout autour de nous, et chez ceux même que nous admirons le plus : il a ouvert la double porte par où sont entrés en foule les bons et les mauvais songes.

1174. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Depuis le commencement de ma vie, je n’ai cessé de nourrir des chagrins ; j’en portais le germe en moi comme l’arbre porte le germe de son fruit. […] En même temps qu’il dit à Céluta qu’il ne l’aime pas, qu’il ne l’a jamais aimée et qu’elle ne l’a jamais connu, il a la prétention de ne vouloir jamais être oublié d’elle, de ne pouvoir jamais être remplacé : « Oui, Céluta, si vous me perdez, vous resterez veuve : qui pourrait vous environner de cette flamme que je porte avec moi, même en n’aimant pas ? 

1175. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Le jour de sa réception (23 novembre 1671), il fit un remerciement qui fut très goûté de la compagnie ; mais ces remerciements, bien que déjà oratoires, se prononçaient jusqu’alors à huis clos, et, comme on louait Perrault du sien, il répondit que, si son discours avait fait plaisir à Messieurs de l’Académie, il l’aurait fait à toute la terre si elle avait pu l’entendre ; il ajouta qu’il ne serait pas mal que l’Académie ouvrît ses portes les jours de réception, et qu’elle se fît voir dans toute sa parure. […] Colbert, en condamner les portes ; il faut conserver ce jardin au roi, et ne le pas laisser ruiner par le peuple, qui, en moins de rien, l’aura gâté entièrement. » La résolution me parut bien rude et fâcheuse pour tout Paris.

1176. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Le maréchal de Berwick, qui se tient au-dessus de toutes ces tracasseries odieuses, rend plus de justice à Orry, et tout porte le lecteur impartial à penser que Mme des Ursins était encore plus nette sur ce chapitre, et qu’elle se sentait, comme elle le dit, très dégagée dans sa taille : « Je suis gueuse, il est vrai, écrivait-elle à la maréchale de Noailles en entrant en Espagne, mais je suis encore plus fière. » Racontant plus tard à Mme de Maintenon les indignités de ce genre dont on les chargeait toutes deux, elle en parle avec un ton de haute ironie et de souverain mépris qui semble exclure toute feinte. […] Elle se contenta donc d’égayer tout ce monde, de le consoler, d’inspirer la fermeté et une sorte de joie autour d’elle, de ne pas trop voir les choses en noir de son œil malade, d’obéir plutôt à sa douce humeur et à une certaine inclination d’espérer qui lui venait de la nature : Il arrive souvent, madame, écrit-elle à Mme de Maintenon, que lorsqu’on croit tout perdu, il survient des choses heureuses qui changent absolument la face des affaires. — Je pense, dit-elle encore, que la fortune peut nous redevenir favorable ; qu’il est de ses faveurs comme du trop de santé, c’est-à-dire qu’on n’est jamais si près d’être malade que lorsqu’on se porte trop bien, ni si proche d’être malheureux que quand on est comblé de bonheur.

1177. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Nous avons dit que les idées sont des espèces et que la lutte des idées est une lutte d’espèces ; en voilà une preuve nouvelle : l’humanité porte dans sa tête les embranchements, les ordres, les classes, les familles, les genres des Cuvier, des Geoffroy Saint-Hilaire et des Jussieu. […] Nous venons de voir que les sentiments analogues, par exemple les sentiments tendres, les sentiments douloureux, s’évoquent mutuellement : l’espérance excite la joie, elle rend bienveillant, elle porte à aimer ; l’inquiétude, la tristesse, l’humeur chagrine, la misanthropie vont de pair.

1178. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Et je me rappelais, avec une douloureuse émotion, la larme tremblante au bout d’un de ses cils, quand Flaubert m’embrassa en me disant adieu, au seuil de sa porte, il y a quelques semaines. […] En me mettant l’album dans les mains, elle m’a dit gentiment : « Tenez, je me porte très bien, je vous ferai attendre trop longtemps… Je ne sais quelle idée m’avait pris de les vendre cet hiver, comme ça je ne pourrai plus. » Jeudi 24 juin Je dîne aujourd’hui chez Francis Magnard, établi dans 2 500 mètres de terre, à Passy.

1179. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Ce sont ces gens-là qui décident à tort et à travers des réputations ; qui ont pensé faire mourir Greuze de douleur et de faim ; qui ont des galeries qui ne leur coûtent guères ; des lumières ou plutôt des prétentions qui ne leur coûtent rien ; qui s’interposent entre l’homme opulent et l’artiste indigent ; qui font payer au talent la protection qu’ils lui accordent ; qui lui ouvrent ou ferment les portes ; qui se servent du besoin qu’il a d’eux pour disposer de son temps ; qui le mettent à contribution ; qui lui arrachent à vil prix ses meilleures productions ; qui sont à l’affût, embusqué derrière son chevalet ; qui l’ont condamné secrètement à la mendicité, pour le tenir esclave et dépendant ; qui prêchent sans cesse la modicité de fortune comme un aiguillon nécessaire à l’artiste et à l’homme de lettres, parce que, si la fortune se réunissait une fois au talent et aux lumières, ils ne seroient plus rien ; qui décrient et ruinent le peintre et le statuaire, s’il a de la hauteur et qu’il dédaigne leur protection ou leur conseil ; qui le gênent, le troublent dans son attelier, par l’importunité de leur présence et l’ineptie de leurs conseils ; qui le découragent, qui l’éteignent, et qui le tiennent, tant qu’ils peuvent dans l’alternative cruelle de sacrifier ou son génie, ou son élevation, ou sa fortune. […] Priez Dieu pour la conversion de cet homme-là ; et le front incliné devant la porte du sallon, faites amende honorable à l’académie des jugements inconsidérés que je vais porter.

1180. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Un de nos amis qui a vu cette Peau me dit que c’est un assemblage de feuilles dont chacune porte les titres, dédicaces, épigraphes, en un mot tous les accessoires de sonnets… qui ne sont pas encore écrits. […] À l’exception de quelques Décadents, il a réuni tout ce qui porte un nom dans la jeune littérature, mais précisément en raison des éléments hétérogènes qui le composaient on a pu dire sans trop d’exagération que c’était un métingue.

1181. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Né d’un père très riche, il débuta par le coup de tonnerre de son article sur Milton dans la Revue d’Édimbourg, qui ouvrit toutes les portes à son ambition éveillée. […] Sous sa main, elle était devenue humaine ; elle écoutait aux portes du cœur ; et pas de doute que si son cœur, à lui, avait souffert, si la destinée lui avait fait goûter à ses savoureuses amertumes, si la divine Marâtre qu’on appelle la Douleur lui avait mis au front ce baiser mordant qui le féconde, pas de doute que comme critique même (comme écrivain, ce n’est pas douteux), il aurait été plus profond et plus grand… L’homme n’est jamais assez intellectuel pour pouvoir se passer de sentiments, et les plus forts sont les sentiments blessés.

1182. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Joseph de Maistre, qui était avant tout historien, malgré les plus hautes aptitudes à la métaphysique, est entré nettement dans cette question de l’Infaillibilité par la porte des faits et de l’histoire, conduit par un sens pratique de premier ordre, et écartant volontiers tous les arguments qui n’étaient pas historiques avec ce grand geste d’homme d’État qu’il avait, tandis que Saint-Bonnet, au contraire, bien plus métaphysicien que politique, a pénétré dans la même question par l’étude de l’essence même et des principes, allant dans l’essence jusqu’au point où elle est vraiment impénétrable. […] — jusqu’aux oreilles, et on fait accueil à ces Allemands, qu’il faudrait, si la France était encore spirituelle, reconduire intellectuellement à la frontière de leur littérature avec les coups dans les jambes de la serviette de Figaro, quand il met Basile à la porte en lui disant : « Allez vous coucher, Basile ; vous sentez la fièvre ! 

1183. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Je laisse cet homme à la porte. […] Bon pour l’animal extérieur que j’ai mis à la porte. — Mais, lui dit M. 

1184. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

» Puis à ces graves paroles en succèdent d’autres, pures du moins et délicates : « Ouvrez les portes ; la vierge paraît. […] « Telle une vigne qui naît isolée dans une campagne nue, ne s’élève jamais, ne porte jamais de grappes mûres, mais, inclinant sous son propre poids sa tige délicate, touche de sa racine le faîte de ses branches, et n’attire près d’elle nuls laboureurs et nuls troupeaux.

1185. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

La pièce d’Adolphe Dumas (Mademoiselle de La Vallière), jouée à la Porte Saint-Martin, rentre dans le genre échevelé et dans le drame à orgie.

1186. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

C'est comme une terre peu grasse naturellement et peu féconde, une terre fine, un peu maigre, que la culture et des engrais successifs ont amendée et comme formée, et qui sur sa couche délicate, à l’abri des vents et moyennant des murailles bien exposées, porte d’aimables fleurs et des fruits assez savoureux.

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