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1121. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

La religion, les mœurs, si nécessaires pour attirer la bénédiction de Dieu et pour contenir les peuples, ne sont pas oubliées ; enfin je suis dans la joie de mon cœur, et prie Dieu qu’il vous conserve ainsi pour le bien de vos peuples, pour l’univers, pour votre famille et pour votre vieille maman que vous faites revivre. (16 juin 1774.) » Elle y mêle de sages avis, de ne rien précipiter, de tout voir de ses propres yeux, de ne rien changer à la légère ni par un premier entraînement. […] « Qu’il est doux de rendre les peuples heureux, ne fût-ce même qu’en passant ! 

1122. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

La religion sans âme, la beauté vénale et souillée, ce n’est pas seulement Rome ou Venise ; le peuple méprisé et fort, c’est partout la Terre de labour ; Juliette assoupie et non pas morte, Juliette au tombeau, appelant le fiancé, c’est la Vierge palingénésique de Ballanche, la noble Vierge qui, des ombres du caveau, s’en va nous apparaître sur la plate-forme de la tour ; c’est l’avenir du siècle et du monde. […] Sous le masque de son Mardoche, irrécusable bâtard de Cunégonde et de Don Juan dans leur vieillesse, il ricanait quelque part, à voix intelligible, de ce bon peuple hellène, Dont les fois ont rougi la mer Hellespontienne Et taché de leur sang tes marbres, ô Paros ! […] Ainsi les rangs se pressent ; le ciel poétique de la France se peuple.

1123. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Littré la relevait : « Mon fils, lui dit-elle, il faut bien aimer le peuple pour demeurer de son parti. » La croyance de M.  […] Il se plaisait avec le peuple ; il était compris et apprécié de lui. […] En lui s’est montré au plus haut degré ce que « le peuple gallican », comme on disait au moyen âge, a de droiture, de sincérité, d’honnêteté, et, sous apparence révolutionnaire, de sage réserve et de prudente raison.

1124. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

La première journée des Barricades se passe presque toute en plaisanteries contre elle : « Comme j’étais la moins vaillante de la compagnie, toute la honte de cette journée tomba sur moi. » Pour une personne de cet intérieur, elle comprend très bien du premier coup la nature de la révolte dans la ville, et ce désordre si vite et si bien ordonné : Les bourgeois, dit-elle, qui avaient pris les armes fort volontiers pour sauver la ville du pillage, n’étaient guère plus sages que le peuple, et demandaient Broussel d’aussi bon cœur que le crocheteur ; car, outre qu’ils étaient tous infectés de l’amour du bien public, qu’ils estimaient être le leur en particulier… ils étaient remplis de joie de penser qu’ils étaient nécessaires à quelque chose. […] On voit que c’eût été une royaliste assez libérale que Mme de Motteville ; mais cette femme d’esprit et de sens, qui assiste à ces scènes terribles, et qui les raconte, n’est pas dupe des grands mots, ni des apparences ; elle y mêle de ces remarques qui honorent l’historien, et que les politiques ne désavoueraient pas : « Quand les sujets se révoltent, dit-elle, ils y sont poussés par des causes qu’ils ignorent, et, pour l’ordinaire, ce qu’ils demandent n’est pas ce qu’il faut pour les apaiser. » Elle nous montre ces magistrats mêmes, qui avaient été les premiers à émouvoir le peuple, s’étonnant bientôt de le voir se retourner contre eux et ne les pas respecter : « Ils se reconnaissaient la cause de ces désordres, et n’y auraient pu remédier s’ils avaient voulu l’entreprendre ; car, quand le peuple se mêle d’ordonner, il n’y a plus de maître, et chacun en son particulier le veut être. » Rentrons un peu en nous-mêmes, et demandons-nous si ce n’est pas là encore notre histoire.

1125. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Le chapitre vi sur la politique des Romains et sur leur conduite dans la soumission des peuples est un chef-d’œuvre où la prudence et la majesté se combinent ; la grande manière commence pour ne plus cesser. […] Et encore : « Des rois qui vivaient dans le faste et dans les délices n’osaient jeter des regards fixes sur le peuple romain. » Je pourrais multiplier ces remarques et montrer comment Montesquieu affecte de rendre leur sens exact et propre à quantité de mots (ajuster, engourdir, etc.), et comment il double leur effet en les appliquant nettement à de grandes choses. […] Quelquefois le geste est plus grand, moins familier ; l’orateur se lève : « C’est ici qu’il faut se donner le spectacle des choses humaines… » Et il énumère dans un mouvement digne de Bossuet tout ce travail du peuple romain et du Sénat, tant de guerres entreprises, tant de sang répandu, tant de triomphes, tant de sagesse et de courage, le tout pour arriver finalement « à assouvir le bonheur de cinq ou six monstres ».

1126. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Mais cette manière d’être affectée n’a que des rapports très indirects avec le plan général de mon ouvrage ; et celui qui aurait des opinions tout à fait contraires aux miennes sur les plaisirs de l’imagination, pourrait encore être entièrement de mon avis sur les rapprochements que j’ai faits entre l’état politique des peuples et leur littérature ; il pourrait être entièrement de mon avis sur les observations philosophiques et l’enchaînement des idées qui m’ont servi à tracer l’histoire des progrès de la pensée depuis Homère jusqu’à nos jours. […] Un des caractères les plus frappants dans l’homme, dit le citoyen Talleyrand, dans son Rapport sur l’instruction publique du 10 septembre 1791, pag. 7, c’est la perfectibilité ; et ce caractère sensible dans l’individu, l’est bien plus encore dans l’espèce : car peut-être n’est-il pas impossible de dire de tel homme en particulier qu’il est parvenu au point où il pouvait atteindre, et il le sera éternellement de l’affirmer de l’espèce entière, dont la richesse intellectuelle et morale s’accroît sans interruption de tous les produits des peuples antérieurs.

1127. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Il en parle en termes vagues et à la façon d’une personne du peuple qui n’a aucune idée de politique. […] Pas de riches, pas de docteurs, pas de prêtres ; des femmes, des hommes du peuple, des humbles, des petits 363.

1128. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

La séparation des hommes et des femmes, qui a empêché chez les peuples sémitiques tout développement délicat, était sans doute, alors comme de nos jours, beaucoup moins rigoureuse dans les campagnes et les villages que dans les grandes villes. […] On nomme aussi parmi les disciples Thomas, ou Didyme 434, qui douta quelquefois, mais qui paraît avoir été un homme de cœur et de généreux entraînements 435 ; un Lebbée ou Taddée ; un Simon le Zélote 436, peut-être disciple de Juda le Gaulonite, appartenant à ce parti des Kenaïm, dès lors existant, et qui devait bientôt jouer un si grand rôle dans les mouvements du peuple juif ; enfin Judas fils de Simon, de la ville de Kerioth, qui fit exception dans l’essaim fidèle et s’attira un si épouvantable renom.

1129. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Est-il plus juste de dire que Jésus doit tout au judaïsme et que sa grandeur n’est autre que celle du peuple juif ? Personne plus que moi n’est disposé à placer haut ce peuple unique, dont le don particulier semble avoir été de contenir dans son sein les extrêmes du bien et du mal.

1130. (1760) Réflexions sur la poésie

Le peuple des versificateurs voit avec chagrin le progrès sensible du discrédit où il tombe. […] Tant qu’elle a proposé et fixé les sujets de ces pièces, si elle a eu quelque chose à se reprocher dans ses décisions, ce n’est pas d’avoir usé d’une rigueur excessive ; elle a quelquefois encouragé le germe du talent, plutôt que le talent même ; et le bas peuple des critiques, qui se plaît à déchirer lourdement les ouvrages couronnés, et qui ne remporterait pas même le prix de la satyre s’il y en avait un, doit être persuadé, sans craindre d’avoir trop bonne opinion de l’académie, qu’elle a pu donner le prix à certaines pièces, et les croire en même temps fort éloignées de la perfection.

1131. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

« Ce phénomène a dû se manifester chez les peuples neufs, tout comme chez les autres peuples ; c’est un phénomène analogue à celui que l’on peut supposer dans les enfants et dans les sourds-muets.

1132. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Byron tomberait dans l’oubli, le déplaisir, le mépris de toute l’Angleterre, de tous les peuples et de toutes les démocraties à la fois, qu’il n’en serait pas moins toujours ce qu’il est, — lord Byron ! […] Elle ne la reconnaît que quand le peuple veut bien y consentir.

1133. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Avant de légiférer pour son propre compte et en son privé nom, il nous a donné, en abrégé, l’histoire du duel en France, et cette histoire démontre, à toute page, l’inanité des législations quand il s’agit de changer et de modifier des mœurs toujours victorieuses d’elles… L’esprit moderne, dont la manie est de croire aux constitutions, qui sont les créations de son orgueil et que le vent de cette girouette a bientôt emporté, l’esprit moderne, qui méprise si outrageusement et si sottement le passé, apprend ici, une fois de plus, que tout dans l’histoire ne se fait pas de main d’homme, et que les coutumes ne s’arrachent pas du fond des peuples comme une touffe de gazon du sol… Saint-Thomas, dont le bon sens (heureusement pour lui) ne me fait point l’effet d’être dévoré par l’esprit moderne, semble l’avoir compris. […] Il y avait aussi la vanité aristocratique du peuple le plus aristocratique et le plus égalitaire, par fureur d’aristocratie, qui ait peut-être jamais existé.

1134. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

L’auteur des Études sur le Combat excepte, il est vrai, un très petit nombre d’âmes, nées impassibles comme le bronze, et rares comme des aérolithes, car elles semblent venir directement du ciel ; mais cet homme de batailles, qui a pratiqué les batailles et qui n’est dupe d’aucune poésie faite après coup, ne croit guère aux héros que sous bénéfice d’inventaire, et sous l’action déterminée et décisive d’une discipline qui crée l’énergie et fait d’un homme cette force qu’on appelle un soldat… Observateur aiguisé par toutes les expériences de sa vie, le colonel Ardant du Picq sait que la puissance des armées est toujours en raison, non seulement directe, mais unique, de la puissance de leur discipline, et il le prouve, par tous les témoignages de l’histoire, chez les peuples que la guerre a le plus illustrés. […] Et tout de même que les disciplines de guerre les plus dures sont les mieux entendues et produisent toujours les résultats les plus grands, tout de même les autres disciplines, qui produisent, dans les sociétés comme dans les armées, la solidarité, la cohésion, l’efficacité du commandement et l’ascendant moral, — la seule raison véritable qu’on puisse donner de ce mystère de la victoire, — font les peuples les plus forts et les plus glorieux.

1135. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

que sous le ciel bleu de la Grèce, chez un peuple qui aima la lumière, il se rencontrât une tête indigne de cet azur, — une tête grecque que Phidias n’aurait pas sculptée, car il l’eût faite plus intelligente, — qui allât s’enfouir dans la crasse et dans la poussière des plus noires bibliothèques allemandes, pour en rapporter le détritus de chroniques ignares et menteuses ! […] Nous pouvons nous sentir une noble jalousie pour cette gloire de la Grèce moderne qui doit exciter entre peuples une émulation généreuse, dans l’intérêt de la multiplication des chefs-d’œuvre !

1136. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

La spirale, tout à coup, s’arrête… et tout ce peuple sans nom devient le marchepied d’un seul ! […] Et, pourtant, ce n’est pas assez ; j’aurais voulu connaître aussi le grand peuple obscur, oublié, qui a donné sa vie dans ces longues guerres… » Oui !

1137. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Raillerie à part, d’ailleurs, Sainte Térèse, qui n’est guère connue en France que pour deux ou trois mots sublimes, exprime l’amour avec une telle flamme qu’elle a vaincu, avec ces deux ou trois mots, l’ironie du peuple le moins romanesque de la terre, et elle a eu pour lui le charme du romanesque ! […] Alors apparaît et s’annonce cette grande conductrice d’âmes qui devait littéralement gouverner du fond de son monastère d’Avila tout un peuple de religieux et de religieuses et déployer dans celle conduite une prudence, une fermeté, une science des obstacles, et enfin un bon sens (ce bon sens, maître des affaires, a dit Bossuet) qu’aucun chef d’État n’eut peut-être au même degré que sainte Térèse, l’Extatique, la Sainte de l’Amour.

1138. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Il ne veut ni de Dieu, ni des religions, qu’il appelle avec mépris « les métaphysiques du peuple », ni du théisme, enfin, sous quelque forme qu’il se produise. […] La sienne, qui n’est pas la leur, produit l’effet le plus inattendu à ceux qui savent que cette variété d’athée était, de sentiment et de doctrine, le pessimiste le plus absolu qui ait jamais existé et qui avait inventé cette raison pour que l’homme ne fût pas supérieur au singe : c’est qu’il n’aurait pu résister à l’horreur de la vie… La morale de Schopenhauer, — bien trop philosophe pour ne pas accrocher à la caisse de son système les deux roues d’une esthétique et d’une morale qui devaient le faire mieux rouler, — l’incroyable morale de cet homme qui ne croit pas au devoir : « bon pour des enfants et les peuples dans leur enfance », est, le croira-t-on ?

1139. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Puis, il a été professeur, historien, représentant du peuple et colonel d’une légion dans la garde nationale de Paris. […] Les personnages nécessaires et importants de ce long récit ne seraient pas nombreux, si, dans cette mêlée historique et panthéistique, tous les êtres ne devenaient pas personnages ; si tous les peuples de la terre, les oiseaux des airs, les fleurs des champs, ne parlaient pas et ne jouaient pas leur bout de rôle, au gré du poète.

1140. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

car les femmes des époques corrompues (et nous n’avons pas la prétention, j’imagine, de n’avoir pas toutes les corruptions des vieux peuples !) […] Un jour Lamartine a dit du peuple en révolution : « C’est un élément ! 

1141. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Colet, Louise (1810-1876) »

. — Le Peuple (1848). — Ce qui est dans le cœur des femmes (1852). — Poème de la femme (1853-1856).

1142. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Ménard, Louis (1822-1901) »

Histoire des anciens peuples de l’Orient (1882). — Histoire des Israélites d’après l’Exégèse biblique (1883). — Histoire des Grecs (1884 et 1886). — Rêveries d’un païen mystique (1886 et 1895, nouvelle édition contenant les poèmes). — La Vie future et le Culte des morts (1892). — Études sur les origines du christianisme (1898). — Exégèse biblique (1894). — Lettres d’un mort (1890). — Les Questions sociales dans l’antiquité (1898). — La Seconde République (1898). — Symbolique religieuse (1898). — Religion et philosophie de l’Égypte (1899).

1143. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Trarieux, Gabriel (1870-1940) »

Écoutez Pygmalion racontant comment sa Daphné (la Galatée antique) est devenue femme : … C’était un soir, dans la cité… Une cité lointaine en des montagnes bleues Où les maisons sont des palais… C’était un soir… J’avais sculpté dans le carrare une statue Pour le temple du dieu Soleil — si merveilleuse Que le peuple venu pour la voir s’était mis À deux genoux, ainsi qu’on fait pour les déesses, Puis, en silence, était sorti… Et j’étais seul… [Le Siècle (21 mars 1898).]

1144. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 418-420

Malheur au goût & aux mœurs d’un Peuple qui les rejetteroit, sur-tout s’ils étoient traités par des talens aussi supérieurs, qu’ennemis de la corruption.

1145. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 208-210

Ces hommes courageux, qui ont porté les lumières de la Foi chez tous les Peuples connus, n’ont pas été des hommes qu’on puisse taxer d’ignorance & de fanatisme : la plupart d’entr’eux joignoient à un zele héroïque, des talens distingués, un savoir profond, les espérances de gloire & de fortune les mieux fondées.

1146. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 253-255

Le Poëte eût beaucoup mieux fait de continuer d'exercer ses talens à composer des Tragédies dans le goût de son Spartacus, & des Comédies semblables à ses Mœurs du temps, que de faire paroître sur le Théatre des Traductions plus dignes de plaire à des Canibales, qu'à des Peuples policés.

1147. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre IV. Suite des Philosophes chrétiens. — Publicistes. »

Platon et Socrate criaient aux peuples : « Soyez vertueux, vous serez libres » ; nous leur avons dit : « Soyez libres, vous serez vertueux. » La Grèce, avec de tels sentiments, fut heureuse.

1148. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Dumont le Romain  » pp. 115-116

comme elle est, libre de la tête, des bras et de tout le haut de son corps, si elle s’avisait de se secouer avec violence, elle renverserait le monarque, et mettrait les dieux, les échevins et le peuple en désordre.

1149. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Je rêve souvent à vos correspondances avec les anciens peuples de la Grèce, et même avec leurs prêtres, avec leurs papas  ; car, en habile homme, vous avez soin de ne pas vous brouiller avec les opinions religieuses. […] C’est une vérité indubitable « qu’il n’y a qu’un seul talent dans le monde : vous le possédez « cet art qui s’assied sur les ruines des empires, et qui « seul sort tout entier du vaste tombeau qui dévore les peuples « et les temps. […] Plus le Corps législatif se confondra dans le peuple, plus il aura de véritable lustre ; il n’a pas besoin de distinction, mais d’estime et de confiance… » Et la phrase, en continuant, retournait vite à l’éloge ; mais le mot était dit, le coup était rendu. […] Couthon s’en formalisa et, interrompant Changeux, demanda que tout pétitionnaire fût tenu d’ôter son chapeau en paraissant devant les représentants du peuple. […] Les derniers mots de l’indication impérieuse sont : « Bien dévoiler la perfidie anglaise avant de faire un appel au peuple. — Cette fin doit être une philippique. » Malgré l’ordre précis, la philippique manque dans le rapport de M. de Fontanes, et la conclusion prend une toute autre couleur, plutôt pacifique : l’Empereur ne put donc être content.

1150. (1897) Aspects pp. -215

Les peuples s’égorgent, les dirigeants s’engraissent : seul point de vue à envisager. […] Les provinces se réunissaient en peuples, les peuples se réunissaient en races, les races finiraient par se réunir en la seule humanité. […] Il est certain que toutes manifestations d’art qui décèlent la façon dont un peuple comprend la beauté sont faites pour nous séduire. […] Quant au peuple, la stupidité des divertissements qu’on lui offre n’a d’égale que l’abrutissement auquel on l’a réduit. […] On chauffe le peuple.

1151. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Et je persiste à croire que cette mission, divine comme tout ce qui nous élève au-dessus de la vie animale, est aussi noble que celle des législateurs et des conducteurs de peuples. […] Qu’importe la vie de l’homme, celle d’un peuple, et celle d’une race, et celle de l’humanité ? […] Ce sont là des choses énormes, aveuglantes, qui remplissent l’histoire des peuples et les biographies des particuliers. […] Les devoirs des peuples. […] Taine, l’expérience des peuples ; M. 

1152. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il n’est pas possible d’empêcher le peuple de donner le nom d’égoïsme à la vocation de la vie solitaire, à l’égotisme d’un journal-intimiste. […] qu’il se fît, comme Cherbuliez en une circonstance après tout analogue, naturaliser Français, qu’au moins il allât vivre chez le « peuple du On ». […] Ne serait-ce pas les petits peuples qui peuvent le mieux élaborer les notions de justice internationale ? […] À son insu il veut la gloire de son peuple et croit à sa supériorité. […] Aussi tout son cœur, le dernier été de sa vie, en juillet 1880, s’ouvre-t-il à oie qui vibre dans la Passerine, quand le peuple genevois rejette la loi portant séparation de l’Église de Calvin et de l’État.

1153. (1823) Racine et Shakspeare « Préface » pp. 5-7

Enfin, et c’est ce qui lui vaudra l’immortalité, il s’aperçut que le genre niais de l’ancienne école française ne convenait plus au goût sévère d’un peuple chez, qui commençait à se développer la soif des actions énergiques.

1154. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 354-356

Par mes bienfaits, j’enchaînerai leurs cœurs ; par tes leçons sublimes, tu les épureras ; par mes soins, je contiendrai les vices ; par ta force divine, tu feras germer les vertus ; j’encouragerai les arts, tu formeras les mœurs ; je ferai respecter la justice, tu en inspireras l’amour ; tu parleras quand les Loix se tairont ; & si jamais l’oubli des saints devoirs, si l’ivresse de la puissance pouvoit jamais m’égarer moi-même, alors tonne du haut des Cieux, remplis mon ame d’un effroi salutaire, rappelle-moi à mes sermens ; & que, traîné devant ton Tribunal, je reconnoisse qu’en toi seule les Princes ont un Juge, & les Peuples un vengeur ».

1155. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 328-331

Il est vrai qu’ils amusent par-là le peuple & les esprits légers ; mais les esprits éclairés n’en reconnoissent que mieux leur foiblesse, & bientôt les sots mêmes seront forcés d’ouvrir les yeux au milieu de la fumée enivrante dont ils les repaissent.

1156. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 377-379

M. l’Abbé Veli avoit très-sagement senti que l’Histoire d’un Peuple ne se borne pas à l’Histoire de ses Rois ; que le tableau de ce qu’il a été dans l’ordre moral & civil, est pour le moins aussi piquant, aux yeux d’un Lecteur avide & éclairé, que celui des révolutions de son Gouvernement.

1157. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIV. Des Livres sur le Commerce & sur ce qui y a rapport. » pp. 329-332

LE Commerce est le lien qui unit les deux hémisphères ; c’est par lui que les Noirs & les Blancs, les Turcs & les Chrétiens ne forment qu’un même peuple.

1158. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Draghicesco, l’unité ethnique, l’unité nationale est encore une trop grande concession à la diversité ; il faut s’en tenir à l’unité humaine, à la fusion non seulement des individus au sein d’une même race ou d’une même nation, mais de tous les peuples au sein d’une même humanité socialisée sinon dans le passé, sinon même dans le présent, du moins dans l’avenir, grâce aux progrès de l’éducation et de la morale. […] Il ne faut pas davantage en conclure que les races, au temps où elles étaient pures et séparées, n’ont pas eu d’influence sur la mentalité des peuples. […] Les races sont trop mélangées pour qu’au sein des peuples blancs on puisse déterminer avec précision les qualités intellectuelles qui correspondaient autrefois aux races bien tranchées. […] Formera-t-il avec eux une élite intellectuelle, une aristocratie qui imposera au peuple des pensées nouvelles et supérieures ? […] Selon de Gobineau, la poésie des races blanches supérieures serait la poésie épique ; celle des races noires, la poésie lyrique ; la poésie grecque, mélange de poésie lyrique et de poésie épique n’a pu exister que parce que le peuple grec n’appartenait pas à la race aryane pure et qu’il entrait dans le sang grec à la fois un élément blanc et un élément noir. — La qualité intellectuelle des races blanches supérieures (races nordiques) serait la supériorité du jugement ; la race hindoue se caractériserait par l’imagination débordante et par la puissance d’abstraction ; la race jaune par le sens de l’utilité.

1159. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Son drame — non pas toujours, mais quelquefois — évite la vivacité de l’action, s’attarde à de longs récits, s’étale en de vastes développements de caractères ou de passions, s’idéalise par la recherche des symboles jusqu’à devenir irréel, et n’en est pas moins poignant au point de vue du peuple pour lequel il a été conçu, n’en doit pas paraître moins admirable au critique loyal qui fait la part des nationalités. […] Il avait compris que l’œuvre d’art doit être complète et vraie, c’est à dire le drame, mais un drame d’art complet, non de musique seule, et un drame d’action vraie, non de virtuosité conventionnelle ; il avait compris, encore, que cette œuvre d’art, complète et vraie, n’est point une frivole distraction, qu’elle est la création suprême de l’esprit, et que cette création, faite, d’abord, par l’auteur, et devant être, ensuite, refaite, entièrement, par les auditeurs, peut être connue par eux, seulement dans l’oubli des soucis temporels et dans la paix, non troublée, de la contemplation intérieure, aux jours, très rares, de la sérénité ; enfin, il avait compris que l’art, demeurant complet et vrai, doit, aussi, donner à l’homme une révélation religieuse de la Réalité transcendante, — être un culte, offert à l’intelligence du Peuple, — mais de ce Peuple idéal, qui est la Communion universelle des Voyants. […] Et, sur le sol d’une histoire falsifiée, d’une science falsifiée, d’une religion falsifiée, le peuple autrichien, que la Nature avait fait d’âme sereine et joyeuse, fut conduit à ce scepticisme, si manifestement frivole, qui devait ruiner et ensevelir, avant tout, l’amour de la vérité, et de l’honneur, et de l’indépendance. […] Aussi Beethoven a-t-il suivi la route de Haydn ; il a pris des motifs de danse populaires ; mais au lieu de les faire servir pour la distraction d’une table princière, il les a joués — dans un sens idéal — au peuple lui-même.

1160. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Après cette époque et pendant le Consulat et l’Empire, il y avait eu une lourde et froide littérature de collège qui semblait vouloir faire de nouveau épeler à un peuple adulte l’alphabet classique de sa première enfance. […] Ne sais-tu pas ce que c’est que l’âme d’un peuple ? L’âme d’un peuple n’est pas ce chiffre muet et mort à l’aide duquel il compte des quantités et mesure des étendues ; un calcul n’est pas une idée : la toise et le compas en font autant ! L’âme d’un peuple, c’est sa littérature sous toutes ses formes : religion, philosophie, langue, morale, législation, histoire, sentiment, poésie ! […] Prends garde que les têtes mûres, sur lesquelles tu jettes la poussière de tes mépris, ne dominent encore de toute la hauteur d’un autre temps les cheveux couronnés de roses ; ce serait là le symptôme fatal de l’abaissement du niveau de l’intelligence nationale et de la diminution des proportions de l’âme parmi nous ; car ce qu’il y a de plus déplorable et de plus irrémédiable dans un peuple, c’est quand la jeunesse du cœur se réfugie sous les cheveux blancs !

1161. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Le précédent est l’ouvrage de l’imagination, celui-ci est une copie de l’art ; ici on n’est arrêté que par l’idée de la puissance éclipsée des peuples qui ont élevé de pareils édifices ; ce n’est pas de la magie du pinceau, c’est des ravages du temps que l’on s’entretient. […] Les peuples qui ont élevé ce monument, où sont-ils ? […] Des peuples avec ces usages, ces vêtements, ces cérémonies, ces lois, ces coutumes ne pouvaient guère avoir d’autre ton ; mais il y est ce ton qu’on n’imagine pas, et il faut l’aller puiser là, pour le transporter à nos temps qui très-corrompus ou plutôt très-maniérés, n’en aiment pas moins la simplicité. […] Vous produirez ainsi deux effets ; vous me ramènerez d’autant plus loin dans l’enfoncement des temps, et vous m’inspirerez d’autant plus de vénération et de regret pour un peuple qui avait possédé les beaux arts à un si haut degré de perfection. […] Le grand homme n’est plus celui qui fait vrai, c’est celui qui sait le mieux concilier le mensonge avec la vérité ; c’est son succès qui fonde chez un peuple un système dramatique qui se perpétue par quelques grands traits de nature, jusqu’à ce qu’un philosophe poëte dépèce l’hipogrife et tente de ramener ses contemporains à un meilleur goût.

1162. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

On a institué récemment des concerts populaires de musique classique, et on a constaté, contre l’attente générale, que le peuple prenait goût aux grandes œuvres musicales. […] Une pauvre fille du peuple séduite et abandonnée met au monde un enfant, le tue pour cacher son déshonneur et se voit condamnée à mort pour ce crime. […] C’est à l’enfant des classes moyennes, et non à l’enfant de famille aristocratique ou à l’enfant du peuple, que s’adressent ses conseils, et c’est à lui seul qu’ils peuvent servir. […] Il est vraiment libre, ses égaux n’ont aucun pouvoir sur lui, tandis que le noble porte le fardeau de sa caste et l’homme du peuple le fardeau de la société tout entière. […] Je n’ai pas osé interroger, mais j’ai bien cru m’apercevoir que les fidèles étaient pour la plupart de bonnes gens du simple peuple ou des gens de condition moyenne inférieure.

1163. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

On ne démolit la guillotine qu’après l’exécution du président du tribunal révolutionnaire, accompagnée de cette cruauté que le peuple met dans ses vengeances. […] « L’orgue des crapauds, des grenouilles, sans y souffler, toujours bruit, peuple qui coasse, patouille et qui, pourtant, fait grand plaisir. […] crie le peuple que cet incident amuse, c’est assez qu’El Niño ait été volé, une fois, par le père, sans qu’il le soit par le mari. […] Le Saxon, seul des peuples anciens, osa regarder la mort en face, sonder l’obscur au-delà et y placer une récompense ou un châtiment, le début d’une existence nouvelle. […] Il ne peut plus d’ailleurs y avoir aujourd’hui de rivalité entre les races sur le terrain des lettres : tous les peuples sont maintenant au même point.

1164. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Au fond, l’esprit de révolte est absent de ce peuple. […] En attendant, nous ne voulons plus être un groupe, nous voulons être un peuple, une nation. […] comme le dit Maréchal de la religion, il faut du roman pour le peuple. […] Il est responsable de la destinée de ce peuple, à qui il a juré aide et protection. […] Une guerre est une crise de la concurrence vitale entre les peuples.

1165. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

C’est le peuple, c’est son propre cœur qu’il a interrogé avant de prendre la parole. […] Quant au dénouement, il ferait sans doute merveille dans un mélodrame : dans un récit destiné à l’enseignement du peuple, il est parfaitement déplacé. […] Hugo des charmes si puissants, qu’il lui demande conseil pour caractériser le peuple avec autant de précision que la noblesse. […] Vraiment, le peuple s’enhardit et se relève à mesure que la royauté chancelle et que la noblesse se dégrade ? […] Hugo formule si nettement : règle générale, toutes les fois que la noblesse s’avilit, le peuple ne manque pas de la mépriser et de s’enhardir.

1166. (1913) Poètes et critiques

Et en France, aussi bien qu’ailleurs, la poésie la plus pure, la plus inédite, se retrouve dans la chanson, non pas dans la chanson des Désaugiers, des Panard et des Béranger, mais dans celle qui sort des entrailles mêmes du peuple. […] Personne ne définira mieux que ne l’a fait Bouchor lui-même le rôle de la littérature dans l’éducation du peuple. […] En lisant au peuple des chefs-d’œuvre, l’idée devait venir à Maurice Bouchor d’éditer pour le peuple tous ces écrits éducateurs. […] Ainsi compris, le épertoire des Lectures populaires rendra les plus grands services à la cause de l’enseignement et de l’éducation du peuple. […] Le peuple en Suède.

1167. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Goffic, Charles (1863-1932) »

Bourget aurait pu ajouter que la note bretonne de Le Goffic est moins purement individuelle que la note bressane de Vicaire ; ses deuils s’agrandissent de tous les deuils de sa race, et c’est l’amour de tout un peuple qui soupire et gémit dans ses amours, un long chœur de Bretonnes et de Bretons accompagnant son sanglot des leurs, alentis à travers l’Océan immense : Les Bretonnes au cœur tendre Pleurent au bord de la mer, Les Bretons au cœur amer Sont trop loin pour les entendre.

1168. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 472-474

Nous ne répéterons pas tous les anathêmes de sa fureur ; il suffit de dire qu’il appelle son Adversaire, Valet de Libraire, Auteur de la lie du Peuple & de la lie des Auteurs, le dernier des Ecrivains inutiles, & par conséquent le dernier des Hommes.

1169. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 544-547

Le but qu’il s’y propose est de ramener tous les Peuples de l’Univers à la Religion Chrétienne ; idée grande, mais aussi chimérique que les projets du bon Abbé de St.

1170. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Il a adopté, pour consacrer ces événements, la forme de l’Ode, parce que c’était sous cette forme que les inspirations des premiers poëtes apparaissaient jadis aux premiers peuples.

1171. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Argument » pp. 287-289

On a mal entendu les connubia patrum que demandait le peuple romain.

1172. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Cela dépend du naturel et des mœurs du peuple à qui l’on s’adresse ; et par le degré de sensibilité qu’il apporte à ces spectacles, on jugera du degré de force qu’on peut donner aux tableaux qu’on expose à ses yeux. […] Ce qui est comique pour tel peuple, pour telle société, pour tel homme, peut ne pas l’être pour tel autre. […] Souvent il échappe aux gens du peuple des aveux naïfs dont l’effet est toujours sûr au théâtre : c’est le secret de Molière dans presque toutes ses pièces de comique bourgeois. […] Imaginez un peuple d’inspirés et d’enthousiastes, dont la tête serait toujours exaltée, dont l’âme serait toujours dans l’ivresse et dans l’extase ; qui, avec nos passions et nos principes, nous seraient cependant supérieurs par la sensibilité, la pureté et la délicatesse des sens, par la mobilité, la finesse et la perfection des organes : un tel peuple chanterait au lieu de parler, sa langue naturelle serait la musique. […] Le récitatif est beau pour le peuple, lorsque le poète a fait une belle scène, et que l’acteur l’a bien jouée.

1173. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Cela fait un grand peuple ; le créateur en a béni l'engeance ; mais que fait ici le nombre ? […] Le peuple des érudits est assez bien trouvé, mais stupide n’est pas honnête. […] Sur un point j’ai dit qu’il avait moins raison au fond : c’est qu’avec sa théorie du plaisir, et qui ne va qu’à désennuyer l’homme, à l’amuser, il n’entre pas dans le sentiment élevé, largement conçu, patriotique et social, qui transporte, qui enivre les générations et les peuples de l’idée de gloire, sentiment qui respire comme une flamme dans l’âme d’Achille, dans celle de son chantre, qui de là passe un jour dans celle d’Alexandre, et qui va encore après trois mille ans faire battre d’émulation un cœur généreux.

1174. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

A peine debout et convalescent, un de ses premiers soins fut de se peser, « afin d’accomplir le vœu qu’il avait fait, au plus fort de sa maladie, d’offrir en cas de guérison quatre fois son poids en or et sept fois son poids en argent à plusieurs maisons religieuses. » La vue du prince qui leur était rendu fit éclater parmi les grands et parmi le peuple une allégresse universelle. […] L’idée, en partie fausse, mais haute du moins et sévère, qu’il se faisait des droits et des devoirs de la royauté, ne l’abusa point en ceci : il se dit que ce serait une calamité pour ses peuples et une honte pour lui comme pour sa race d’avoir un tel rejeton et successeur après soi sur le trône. il n’en admettait même pas la pensée. […] Mais les peuples d’humeur mobile et d’impression superficielle se mirent aussitôt à regretter à l’excès un prince que chacun bafouait la veille, et dont l’existence, si elle s’était prolongée, eût pu être pour eux un malheur et un fléau ; la pitié s’émut comme pour une victime ; les poètes qui ne cherchent que des thèmes le chantèrent ; on se plut à voir dans sa fin rapide un mystère de machiavélisme et de ténèbres.

1175. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Cet artiste, qui a tant contribué au succès des journaux politiques les plus armés en guerre et les plus acharnés à la démonétisation des masques royaux, ce fin railleur a l’aversion et la haine de la politique, et n’y a jamais trempé : « Ces erreurs-là, dit-il, ne sont pas des miennes ; elles ont trop de fiel et trop peu de sincérité. » — « Ce peuple insensé, dit-il encore, en parlant d’une de nos révolutions, avait poussé la question du progrès jusqu’au coup de fusil. » Il est donc trop philosophe pour être politique, de même qu’il est foncièrement trop élégant pour être caricaturiste. […]  » Gavarni, au milieu de ses ironies et de sa veine railleuse, a toujours eu le respect du bon ouvrier, et il est resté fidèle en cela à de bonnes impressions premières ; il a fait un Jour de Van de l’ouvrier, qui est une glorification des joies de famille dans le peuple. […] Les poëtes s’en sont tenus à compter comme le peuple, d’après le chiffre apparent.

1176. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

La vue de ces trois mouchoirs blancs faisant bandeau sur le visage de trois officiers à cheval eut cela d’heureux quelle changea subitement la fureur du peuple en surprise et bientôt en gaieté : ils durent à cela peut-être de ne point être écharpés et mis en pièces. […] L’homme n’est pas toujours sanguinaire : le peuple, à la fin, ne s’occupa plus d’eux ; quelques adoucissements se mêlèrent peu à peu aux rigueurs de la captivité. […] J’en ai toujours voulu à ce biographe de Hoche qui, écrivant sons l’inspiration de in famille, s’était bien gardé de dire qu’il était fils du garde du chenil de Louis XV. — Le cas de Franceschi nous est un nouvel exemple de la soudaine émancipation des enfants du peuple au premier coup de trompette de la Révolution.

1177. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

L’idée d’appliquer la poésie française au récit des faits historiques germa de divers côtés : surtout en Angleterre, où la présence d’une langue vaincue, vile et méprisée, comme le peuple qui la parlait, conférait au français un peu de cette noblesse qui chez nous appartenait seulement au latin. […] Il faut retenir aussi la chronique que vers 1260 rédigea un ménestrel de Reims : ce recueil confus et sans chronologie de tout ce qui se disait parmi le peuple sur les hommes et les choses de Terre Sainte, de France, d’Angleterre, entre 1080 et 1260, nous rend la couleur et le mouvement de la vie du temps. […] Quoique le latin lut la langue des clercs, la nécessité cependant d’instruire le peuple les obligea souvent d’écrire en français, et la nécessité de captiver l’attention de ces esprits dévots, mais enfantins, leur fit parfois choisir pour édifier les sujets les plus amusants et qui parlaient le plus à l’imagination.

1178. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Vous réservez vos prix pour la femme dévouée, pour l’homme du peuple courageux, qui, sans se douter de l’existence de vos fondations, ont suivi l’inspiration spontanée de leur cœur. […] L’amour de l’éducation du peuple est inné chez madame Gros. […] Le naturel, l’élan de cœur, la vivacité, l’entraînement, un esprit prodigieusement inventif, joint à une fermeté à toute épreuve, font de madame Gros un exemple unique peut-être de l’art d’exprimer au peuple dans son langage les plus hauts sentiments.

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