. — peinture religieuse et galante.
Malheur aux François modernes que ces sortes de peintures ne toucheroient pas, & qui préféreroient l’art froid de raisonner à cette noble sensibilité, seule capable de former des Héros & des Sages !
Frères de la poésie, les beaux-arts vont être maintenant l’objet de nos études : attachés aux pas de la religion chrétienne, ils la reconnurent pour leur mère aussitôt qu’elle parut au monde ; ils lui prêtèrent leurs charmes terrestres, elle leur donna sa divinité ; la musique nota ses chants, la peinture la représenta dans ses douloureux triomphes, la sculpture se plut à rêver avec elle sur les tombeaux, et l’architecture lui bâtit des temples sublimes et mystérieux comme sa pensée.
Cet homme est la ruine de tous les jeunes élèves en peinture.
Le goût du théâtre est mieux qu’une forme du goût de la littérature, c’est une forme aussi du goût de la musique, de la peinture décorative, de la danse, de l’esthétique plastique. […] Le théâtre est à l’art littéraire ce que la peinture des décors grossièrement brossés est à l’art des tableaux qui réclame impérieusement de ceux qui s’y adonnent du talent, de la technique, du goût et de l’originalité. […] Si j’avais le temps d’avoir un avis sur cette question oiseuse, j’oserais soutenir cette thèse hardie que l’homme, qui veut nous faire part de ses idées ou de ses sentiments, dispose à cette heure de multiples moyens d’expression : sculpture, peinture, musique, poésie, mimique, théâtre, cinématographe, etc. […] Henri Mazel, qui écrit : « Le goût du théâtre est mieux qu’une forme du goût de la littérature, c’est une forme aussi du goût de la musique, de la peinture décorative, de la danse, de l’esthétique plastique.
« Le poète a passé trente ans, et il se complaît dans la peinture du vice et de l’orgueil ! […] N’est-il pas vrai qu’il en est aujourd’hui de la poésie comme de la peinture ? […] Delacroix sautent aux yeux : le premier venu peut apercevoir dans sa peinture des audaces, des négligences, la laideur des visages ; mais il a fallu vingt ans pour faire comprendre sa tonalité savante et l’intensité de ses compositions. […] — Et tout aussitôt la chambre mystérieuse, avec son atmosphère malsaine, l’alcôve coquette où ruisselle un corps mutilé au milieu des meubles dorés, des divans soyeux, des bouquets qui se fanent dans les vases, apparaissent avec la puissance d’une peinture sinistre et dont la mémoire gardera la terreur.
Je ne parlerai donc pas de vous cette fois, Armand Renaud, auteur des Poëmes de l’amour 25, des Caprices de boudoir 26, et en dernier lieu des Pensées tristes 27, vous qui avez déjà eu trois manières ; qui, après avoir commencé par vous inspirer aux hautes sources étrangères et par moissonner la passion en toute littérature et en tout pays ; — qui, après vous être terriblement risqué ensuite aux ardentes peintures d’une imagination aiguë et raffinée, en êtes venu à vous interroger vous-même plus à fond, à vous sentir, à fouiller en vous, à chanter vos propres chants, à pleurer vos propres larmes. […] Pour plus d’éclaircissement, je prendrai un exemple dans un genre voisin et fraternel : s’il en était en ceci de la peinture comme de la poésie, si la quantité de nouveaux peintres et paysagistes qui se produisent chaque année n’arrivait pas aux yeux du public, s’ils restaient chacun avec son œuvre à l’ombre de son atelier, combien ils auraient lieu de se plaindre de cette condition ingrate, de cet isolement, de ce manque de place et de lumière au soleil !
La résistance de Mme Pierson, la tristesse résignée d’Octave, les sons de la voix aimée qui n’éveillent plus en lui ces transports de joie pareils à des sanglots pleins d’espérance, sa pâleur, qui réveille au contraire en elle cet instinct compatissant de sœur de charité ; puis, au premier baiser, l’évanouissement, suivi d’un si bel effroi, cette chère maîtresse éplorée, les mains irritées et tremblantes, les joues couvertes de rougeur et toutes brillantes de pourpre et de perles ; ce sont là des traits de naturelle peinture qui permettraient sans doute de trouver en cet épisode la matière d’une comparaison, souvent heureuse, avec Manon Lescaut ou Adolphe, si une idée simple et un goût harmonieux avaient ici ménagé l’ensemble, comme dans ces deux chefs-d’œuvre. […] On n’est pas en face d’une peinture, mais d’un mirage.
Néanmoins on trouve encore dans Shakespeare quelques tournures recherchées, à côté de la plus énergique peinture des passions, Il y a quelques imitations des défauts de la littérature italienne dans le sujet italien de Roméo et Juliette ; mais comme le poète anglais se relève de ce misérable genre ! comme il sait imprimer son âme du Nord à la peinture de l’amour !
Pendant trois ans il travailla et retravailla cette malheureuse fiction qui est un plaidoyer entre les déesses du jardinage, de la peinture, de l’architecture et de la poésie, et n’en tira pas grand-chose. […] Si vous voulez fixer cette peinture fuyante, vous la grossissez.
Ainsi, dans les Cœurs nouveaux, où un critique subjectif aurait le choix entre des thèmes si divers, un esprit susceptible de s’impersonnaliser, ou plutôt de se personnaliser en autrui, discernerait avec netteté : 1º Une peinture réaliste de famille aisée et moderne, avec château et mail-coach, peinture en mouvement juste et de ton nouveau ; 2º Une fiction idéaliste traduisant la position d’un esprit indépendant et d’un cœur de bonne volonté parmi la chose sociale en douleur.
Les articles bibliographiques des journaux et des revues, les comptes rendus des expositions de peinture et des concerts sont faits sur ce modèle que réalisent encore les polémiques qui ont marqué l’avènement du romantisme et du réalisme, les feuilletons des lundistes, ceux notamment où M. […] C’est ainsi qu’il essaie de dériver le génie particulier des écrivains anglais des propriétés originelles de l’esprit de la race anglo-normande, que la sculpture grecque, la peinture hollandaise et flamande lui paraissent refléter exactement les pays et les époques auxquels elles appartiennent.
Ce qu’elles contiennent, on le voit d’ici ; c’est l’épanchement quotidien ; c’est le temps qu’il a fait aujourd’hui, la manière dont le soleil s’est couché hier, la belle soirée ou le matin pluvieux ; c’est la voiture où le voyageur est monté, chaise de poste ou carriole ; c’est l’enseigne de l’hôtellerie, l’aspect des villes, la forme qu’avait tel arbre du chemin, la causerie de la berline ou de l’impériale ; c’est un grand tombeau visité, un grand souvenir rencontré, un grand édifice exploré, cathédrale ou église de village, car l’église de village n’est pas moins grande que la cathédrale, dans l’une et dans l’autre il y a Dieu ; ce sont tous les bruits qui passent, recueillis par l’oreille et commentés par la rêverie, sonneries du clocher, carillon de l’enclume, claquement du fouet du cocher, cri entendu au seuil d’une prison, chanson de la jeune fille, juron du soldat ; c’est la peinture de tous les pays coupée à chaque instant par des échappées sur ce doux pays de fantaisie dont parle Montaigne, et où s’attardent si volontiers les songeurs ; c’est cette foule d’aventures qui arrivent, non pas au voyageur, mais à son esprit ; en un mot, c’est tout et ce n’est rien, c’est le journal d’une pensée plus encore que d’un voyage. […] Il les relut, et il reconnut que, par leur réalité même, elles étaient le point d’appui incontestable et naturel de ses conclusions dans la question rhénane ; que la familiarité de certains détails, que la minutie de certaines peintures, que la personnalité de certaines impressions, étaient une évidence de plus ; que toutes ces choses vraies s’ajouteraient comme des contre-forts à la chose utile ; que, sous un certain rapport, le voyage du rêveur, empreint de caprice, et peut-être pour quelques esprits chagrins entaché de poésie, pourrait nuire à l’autorité du penseur ; mais que, d’un autre côté, en étant plus sévère, on risquait d’être moins efficace ; que l’objet de cette publication, malheureusement trop insuffisante, était de résoudre amicalement une question de haine ; et que, dans tous les cas, du moment où la pensée de l’écrivain, même la plus intime et la plus voilée, serait loyalement livrée aux lecteurs, quel que fût le résultat, lors même qu’ils n’adhéreraient pas aux conclusions du livre, à coup sûr ils croiraient aux convictions de l’auteur. — Ceci déjà serait un grand pas ; l’avenir se chargerait peut-être du reste.
Tout cela est une peinture musicale, tout cela est l’harmonie expressive. […] Les nuages y paraissent sans couleur et la joie même y est un peu triste ; mais des fontaines d’eau froide y sortent des rochers et les yeux des jeunes filles y sont comme ces vertes fontaines où, sur des fonds d’herbes ondulées, se mire le ciel. » Je laisse de côté l’effet de peinture qui est étonnant ; mais j’appelle l’attention sur l’effet rythmique ; il est dans l’opposition, légère du reste, et qu’il serait inepte de marquer comme un contraste, mais dans l’opposition cependant, des sons étouffés, sourds, des tons tristes « mousses marines… au fond des baies solitaires…, nuages sans couleur » et des sons plus clairs, plus chantants, sans avoir rien d’éclatant, de triomphant ni de sonore, « yeux de jeune fille…, vertes fontaines. ., se mire le ciel ».
Elle en a banni, la premiere, un héroïsme chimérique, & en a réduit la fiction à la peinture des mœurs, des caracteres & des usages de la Société.
Autre exemple de l’art de ramper en peinture.
L’art de la peinture est si difficile, il nous attaque par un sens, dont l’empire sur notre ame est si grand, qu’un tableau peut plaire par les seuls charmes de l’execution, independamment de l’objet qu’il répresente : mais je l’ai déja dit, notre attention et notre estime sont alors uniquement pour l’art de l’imitateur qui sçait nous plaire, même sans nous toucher.
Quelles peintures ce poëte n’auroit-il pas faites des effets de la poudre à canon dans les differentes operations de guerre dont elle est le ressort.
Delille est élégant, facile, spirituel aux endroits difficiles, correct en général, et d’une grâce flatteuse à l’oreille ; mais la belle peinture de Virgile, les grands traits fréquents, cette majesté de la nature romaine : … Magna parens frugum, Saturnia tellus, Magna virum ; les vieux Sabins, les Umbriens laboureurs menant les bœufs du Clitumne ; cette antiquité sacrée du sujet (res antiquae laudis et artis) ; cette nouveauté et cette invention perpétuelle de l’expression, ce mouvement libre, varié, d’une pensée toujours vive et toujours présente, ont disparu, et ne sont pas même soupçonnés chez le traducteur. […] Dans la littérature latine, les poèmes de la Pêche, de la Chasse, les descriptions sans fin de villes, de fleuves et de poissons, qu’on retrouve si souvent chez Ausone, n’ont plus rien de cette beauté de peinture, de ces hautes vues et pensées, dont Lucrèce et Virgile avaient fait la principale inspiration de leurs poèmes. […] La critique la plus célèbre qui parut contre les Jardins est celle de Rivarol, c’est-à-dire le Dialogue du Chou et du Navet, qui se plaignent d’avoir été oubliés par l’abbé-poète dans ses peintures de luxe : Le navet n’a-t-il pas, dans le pays latin, Longtemps composé seul ton modeste festin, Avant que dans Paris ta muse froide et mince Égayât les soupers du commis et du prince ? […] Mais, il faut en convenir, jamais on n’y trouve d’accents comme ceux d’André Chénier, par exemple, chantant également Versailles et ses triples cintres d’ormeaux : Les chars, les royales merveilles, Des gardes les nocturnes veilles, Tout a fui : des grandeurs tu n’es plus le séjour… L’épisode du vieillard du Galèse est hors de prix à côté du poème des Jardins ; et, dans notre langue, l’Élysée de la Nouvelle Héloïse, avec sa peinture, la première si neuve, reste le bosquet sacré d’où Delille n’a fait que tailler des boutures. La Fontaine lui-même, déjà, dans le Songe de Vaux, avait introduit et fait parler Hortésie ou l’art des jardins, qui dispute le prix à Palatiane, Appellanire et Calliopée (les arts de l’architecture, de la peinture et de la poésie).
* * * — Dans le monde, nous ne parlons jamais musique, parce que nous ne nous y connaissons pas, et jamais peinture, parce que nous nous y connaissons. […] Il nous avait dit avant de descendre : — Vous pensez bien, il faut que la pension (il avait loué sa maison à une pension pour n’être point séparé de son fils) ; il faut que la pension s’en aille à présent… J’ai dit à cet homme que s’il voulait partir avant quinze jours, il n’y avait pas d’argent à me donner. » 6 juillet Salon de peinture. Plus de peinture ni de peintres. […] Rien que des gens adroits, des malins volant le succès par le chemin de traverse de Paul Delaroche, par le drame, la comédie, l’apologue, par tout ce qui n’est pas de la peinture, — en sorte que sur cette pente, je ne serais pas étonné que le tableau à succès d’un de nos futurs Salons représentât, sur une bande de ciel, un mur mal peint, où une affiche contiendrait quelque chose d’écrit, excessivement spirituel. […] Pas un palais, des fleurs, des eaux chantantes, un entour féerique, des peintures, des femmes nuagées de gaze : ce qui invitait, et qui conviait et qui allumait les sens de l’antiquité, tout cet art magnifique enfin, ouvrant la porte du lupanar romain.
Les monarchies en redingote et en robe à gigots, ne supportent pas la peinture sur verre. […] * * * — De toutes les peintures modernes, celles qui prennent la plus belle cristallisation, qui se revêtent de la plus riche patine, qui se culottent le mieux en chefs-d’œuvre : ce sont les Decamps. […] dit quelqu’un de la société, qui ne saurait pas distinguer une peinture de Raphaël d’une peinture de Rembrandt. […] * * * Juin Il y a ici la maîtresse d’un jeune gentilhomme de province qui fait de la peinture.
N’importe ; après avoir fait de la peinture et de la sculpture en vers, on veut aujourd’hui faire de la musique en vers, en assemblant des phrases inintelligibles et, par cela même, dit-on, symboliques, — c’est-à-dire expressives de tout parce qu’elles ne sont expressives de rien : Ah ! […] Qui sait le nombre de débauches réelles que la peinture de la débauche a entraînées ? […] En vain prétendra-t-on justifier la peinture de l’immoralité au nom même de la morale. […] La des peinture simples ridicules, comme dans Molière, n’a rien de démoralisant. […] Mais déjà la peinture des vices est plus dangereuse que celle des ridicules et des simples passions.
Mais aimons toute sa verdure ocellée, pastels et peintures semblables presque, et les tas de chocolat mâché ou café de marc mouillé des rochers meuliers sur la sieste bleue du gazon des vagues3. — Pourquoi n’y joignit-t-il point sa Neige fondante de chez Vollard4, torrent couché comme un taureau, riant de toutes ses aponévroses intercostales5 ? […] Du même, Panneau décoratif, portrait d’homme tel qu’un Memling, et portrait d’enfant. — De cette peinture minutieuse et plus géométrique, l’Aérostat dirigeable de Boisset. […] Ecartons les bêtes des évangélistes : la tête abritée du cabri de la Sainte en prière. — Les fleurs sont toujours inanimées, harmonieuses et emblématiques….. les plus « communes » plantes. — Quelle splendeur de plafond décorante que les pétales de scarabée d’un chou, rose métallique, infinis concentrés, filigrane de reliquaire de cuivre… peinture de moine avec des couleurs venues en écaillés de pays étranges, étendues respectueusement aux sarcophages — comme la mort colle les yeux qu’on ferme d’éternité pour l’éternité. […] Il est très absurde que j’aie l’air de faire cette sorte de compte rendu ou description de ces peintures. Car 1° si ce n’était pas très beau, à les citer je ne prendrais aucun plaisir, donc ne les citerais pas ; — 2° si je pouvais bien expliquer point par point pourquoi cela est très beau, ce ne serait plus de la peinture, mais de la littérature (rien de la distinction des genres), et cela ne serait plus beau du tout ; — 3° que si je ne ’explique point par comparaison— ce qui irait plus vite — c’est que je ne fais point à ceux qui feuillettent ces notes le tort de croire qu’il leur faut prêter courte échelle… — Et plutôt que toute dissertation sur Filiger remirons-nous en l’ivoire des faces et des corps de sa Sainte-Famille, reproduite au Cœur, et dont je n’ai point parlé, car c’eût été très inutile.
Sous le renfoncement que simule cette peinture, s’élève une statue représentant l’Amour. […] Depuis quarante ans cette peinture excite les plaisanteries des jeunes pensionnaires, qui se croient supérieurs à leur position en se moquant du dîner auquel la misère les condamne. […] Mme Vauquer avait rafraîchi les trois chambres de cet appartement moyennant une indemnité préalable qui paya, dit-on, la valeur d’un méchant ameublement composé de rideaux en calicot jaune, de fauteuils en bois verni couverts en velours d’Utrecht, de quelques peintures à la colle, et de papiers que refusaient les cabarets de la banlieue. […] « À quel talent nourri de larmes devrons-nous un jour la plus émouvante élégie, la peinture des tourments subis en silence par les âmes dont les racines tendres encore ne rencontrent que de durs cailloux dans le sol domestique, dont les premières floraisons sont déchirées par des mains haineuses, dont les fleurs sont atteintes par la gelée au moment où elles s’ouvrent ? […] Il le poursuivit laborieusement, passant avec un égal succès de la peinture la plus hideuse du vice jusqu’à la Recherche de l’absolu, cette pierre philosophale de la philosophie, jusqu’au Lys dans la vallée, cette perle de l’amour pur.
Il y a des choses qui choquent l’œil, suivant l’expression vulgaire ; elles le choquent dans la peinture encore plus que dans la réalité, tandis que, vues sous un certain angle, elles peuvent ne pas le choquer dans la littérature. […] Toutefois, dans tout art littéraire, qui agit directement sur sans l’intermédiaire des formes et l’esprit des couleurs, la sympathie est plus immédiatement éveillée par la peinture de l’émotion morale que par celle de ses signes physiologiques. […] Il est plus facile d’être naturaliste en littérature qu’en peinture ou en sculpture, et voici pourquoi. […] Le pittoresque n’est qu’un procédé, et un procédé assez vulgaire, celui du contraste, — comme qui dirait en peinture la couleur vive sans le dessin, le colifichet sans la beauté, le fard sans le visage. […] Même les écrivains qui se croient le plus coloristes et qui pensent faire de la peinture en écrivant, ne tirent en réalité la prétendue couleur de leurs descriptions que de l’art avec lequel ils savent éveiller par association des sensations fortes (le plus souvent très différentes des sensations visuelles).
Dans la peinture des hommes, la recherche du « caractère dominant », dont parle Taine, n’est autre chose que la recherche de l’individualité, forme essentielle de la vie morale. […] Le reproche qu’on pourrait faire à Flaubert, un maître pourtant, — et surtout à son école, — c’est de s’être complu dans l’étude et dans la peinture de la médiocrité, sous prétexte qu’elle est plus vraie. […] En étendant, à la façon moderne, l’étude psychologique aux études physiologiques et aux études de milieux, le romancier a donné plus de couleur à sa peinture de l’âme humaine. […] Il est à remarquer que les modernes, dans la peinture de ces amours hors nature, croient masquer ce que le sujet a de repoussant par des effusions lyriques et paysagistes. […] Ces marionnettes ont fort peu d’humain en elles ; aussi la peinture qu’on en peut faire n’est-elle que l’ombre d’ombres.
Sur les murailles on voyait des peintures, à demi effacées, représentant la vie de saint Bruno ; un cadran était resté sur un des pignons de l’église ; et dans le sanctuaire, au lieu de cette hymne de paix qui s’élevait jadis en l’honneur des morts, on entendait crier l’instrument du manœuvre qui sciait des tombeaux.
Pierre Monsieur Pierre, chevalier de l’Ordre du Roi, premier peintre de monseigneur le duc d’Orléans et professeur de l’Académie de peinture, vous ne savez plus ce que vous faites, et vous avez bien plus de tort qu’un autre.
En quoi la peinture le charme-t-elle ? […] De ce dernier mode résultent les poèmes dramatiques, la tragédie qu’il envisage comme la peinture du bon, et la comédie, comme celle du mauvais. […] L’intérêt des représentations théâtrales est fondé sur la peinture des passions et des temps, et non sur la sagesse des maximes. […] Elle tire de la peinture des mœurs les circonstances qui déterminent les faits. […] Cette image de l’infortune ou de la destruction particularisée frappe mieux l’imagination que la peinture d’une catastrophe générale.
Peinture Wagnérienne : le Salon, par Teodor de Wyzewa.
— Poème ou peinture — les artistes nouveaux sont friands de vie lyrique.
Taine, un chapitre de Roodbu sur la peinture, les recherches de Posnettbv sur la littérature de clan, de Parker sur l’origine des sentiments que nous associons à certaines couleurs, de Rentonbw et de Bainbx sur les formes du style.
On objectera peut-être que dans les peintures voluptueuses le paganisme doit au moins avoir la préférence.
Bien que les peuples modernes présentent, comme nous le dirons bientôt, quelques époques intéressantes, quelques règnes fameux, quelques portraits brillants, quelques actions éclatantes, cependant il faut convenir qu’ils ne fournissent pas à l’historien cet ensemble de choses, cette hauteur de leçons qui font de l’histoire ancienne un tout complet et une peinture achevée.
Le dessin est d’une utilité si générale, il provoque si naturellement la naissance de la peinture et de la sculpture, et il est si nécessaire pour juger avec goût des productions de ces deux arts, que je ne suis point étonné que le gouvernement en ait fait une partie de l’éducation publique ; mais point de dessin sans perspective.
Ainsi la terreur et la pitié, que la peinture des évenemens tragiques excite dans notre ame, nous occupent davantage que le rire et le mépris que les incidens des comedies excitent en nous.
On dirait des sceptiques de ce temps aux mœurs douces, qui ont l’horreur du sang et le dégoût de la fange, comme il sied à des naturels honnêtes et à des esprits cultivés, mais qui, ce sang montré dans sa vermeille couleur et cette fange dans son infamie, ont tout dit, à l’honneur de l’art et du style, et ne savent pas tirer de cette effroyable peinture, faite avec de véritables pourlècheries de pinceau, un enseignement ou une conclusion.
Au caractère d’Achille, dont la peinture est le principal sujet de l’Iliade, ils rapportèrent toutes les qualités propres à la vertu héroïque, les sentiments, les mœurs qui résultent de ces qualités, l’irritabilité, la colère implacable, la violence qui s’arroge tout par les armes (Horace).
Peinture de ces mœurs par un étranger. — Les Mémoires de Grammont. — Différence de la débauche en France et en Angleterre. […] La peinture d’Hudibras et de son cheval dure un chant presque entier ; quarante vers sont dépensés à décrire sa barbe, quarante autres à décrire ses culottes. […] Il mêle le tragique et le plaisant, les renversements de trônes et les peintures de mœurs. […] Enfin nous avons un monde riant, en peinture il est vrai ; on ne peut l’avoir autrement, mais nous l’avons. […] Voyez, dans Richardson, Swift et Fielding, mais surtout dans Hogarth, la peinture de cette débauche brutale.
Il faut qu’il nous dise ses propres sensations, ses sentiments, les peintures que s’est tracées son imagination. […] Ce n’était plus la peinture naïve et profonde du cœur humain, où Molière avait excellé, où Dancourt et Lesage l’avaient imité. […] Trop heureux quand la peinture d’un ridicule du moment pouvait avoir quelque vérité ! […] L’abbé Dubos, dans les Réflexions sur la poésie et la peinture, avait suivi de même cette marche. […] Cette peinture est aussi animée que si elle était le fruit de la seule imagination.
C’est un vieil Italien, riche, amateur de peinture, mais qui n’achète de tableaux que les anciens et les italiens ; à ses yeux, depuis 1600, il n’y a que des barbouilleurs. […] Seulement, pour les goûter, il faut se mettre au point deviné, prendre intérêt à la peinture d’une humanité plus belle et meilleure. […] Ingres, de pareilles peintures ouvraient à son auteur les portes de la célébrité toutes grandes. […] Duban, l’architecte, reçut l’ordre de faire effacer les peintures ; il fit des représentations. […] Ingres refusait de la décorer si les peintures de l’escalier étaient conservées ; cela était fâcheux, mais on était pris dans un engrenage ; il fallait subir ce retranchement, ou renoncer à l’entreprise ; d’ailleurs, les peintures étaient à lui, puisqu’il les avait payées ; il avait droit d’en faire ce que bon lui semblait.
Phèdre est sous le joug de la fatalité, les sensations inspirent Anacréon, Tibulle mêle une sorte d’esprit madrigalique à ses peintures voluptueuses, quelques vers de Didon, Ceyx et Alcione dans Ovide, malgré la mythologie, qui distrait l’intérêt en l’éloignant des situations naturelles, sont presque les seuls morceaux où le sentiment ait toute sa force, parce qu’il est séparé de toute autre influence.
Il donne aux fleurs leur aimable peinture ; Il fait naître et mûrir les fruits, Et leur dispense avec mesure, Et la chaleur des jours, et la fraîcheur des nuits.
De toutes les tragédies de La Mothe, on ne représente qu’Inès : quoique mal écrite, elle a réussi par la beauté du sujet, par la peinture de la passion la plus malheureuse, & la plus intéressante. […] Gresset prive la scène des caractères qu’on s’attendoit d’y voir, de la peinture vive & saillante, de plusieurs ridicules de la société. […] « Seroit-ce que pour devenir tempérant & sage ; il faut commencer par être furieux & fou. » Il voit plutôt le contraire : il voit que la peinture qu’on fait d’elles les rend préférables à la vertu ; que les plus grands scélérats jouent sur le théâtre le plus beau rôle ; qu’ils y paroissent avec tous les avantages & tout le coloris des exploits des héros ; que les Mahomet y éclipsent les Zopire, & les Catilina les Cicéron ; que de semblables portraits ne sont propres qu’à faire revivre les originaux. […] Se reconnoissent-ils à cette peinture de leur dissipation ; de leur luxe, de leurs hauteurs déplacées, de leurs intrigues, de leurs rivalités.
Au lieu de tracer une nouvelle peinture et de rapprocher ainsi l’idéal du spectateur, c’est le spectateur qu’elle rapproche du tableau antique. […] Elle substitue la peinture d’un siècle à l’appréciation de ses œuvres, et néglige la figure pour la draperie. […] Nous négligeons d’étudier les principes, comme s’ils étaient inutiles ; nous en étalons les formules, comme si nous les avions étudiées ; un vrai critique doit être un philosophe ; Qu’on joignît l’étude des arts à celle des lettres ; la peinture, la sculpture, la musique, la poésie ne parlent pas la même langue, mais elles traduisent la même pensée. […] Celle de Suard promet de vivre davantage, grâce aux peintures de mœurs et aux anecdotes piquantes que sa plume ingénieuse a su nous transmettre33.
Il a heureusement rencontré, pour s’insinuer avec ses contes et ses romans auprès de la femme, le moment où l’imagination de celle-ci était le plus éveillée, après l’émancipation de Juillet, par les peintures et les promesses saint-simoniennes. […] Au lieu de ces peintures vivantes, nous avons dans la Physiologie du Mariage la théorie du lit, des deux lits jumeaux ou des chambres séparées, tout un étalage que rien n’ennoblit et ne rachète. […] Apaisez en ce tableau quelques couleurs criardes ; arrivez, en éteignant, en retranchant çà et là, à une harmonie plus égale de ton, et vous aurez la plus touchante peinture domestique.
Comme il n’a pas moralisé son récit, ses mensonges n’altèrent pas la vérité générale de ses peintures : dans l’ensemble, son temps et lui y sont admirablement représentés avec une incomparable vigueur. […] Et, portraits ou récits, ses Mémoires sont d’un bout à l’autre une peinture curieuse du jeu complexe des sentiments et des intérêts humains. […] Cette force d’imagination dans un tempérament froid fait la valeur de la peinture que Mme de Sévigné a tracée de la société de son temps.
Sans doute la foule n’exige pas que la vertu soit toujours récompensée et le vice toujours puni ; mais elle pense comme Corneille : « Une des utilités du poème dramatique se rencontre en la naïve peinture des vices et des vertus, qui ne manque jamais son effet quand elle est bien achevée et que les traits en sont si reconnaissables qu’on ne peut les confondre l’un dans l’autre ni prendre le vice pour la vertu. […] Une peinture nécessairement grossie et incomplète ; des invraisemblances inévitables ; un style qui n’admet point certaines finesses ni certains ornements ; une morale convenue ; des personnages en grande partie artificiels ; des concessions perpétuelles à la vulgarité d’esprit de la foule, à ses préjugés, à sa sensiblerie… est-ce encore de l’art seulement ? […] Les plus exactes analyses de sentiments, les vues les plus profondes sur l’âme humaine, les peintures les plus fines ou les plus éclatantes du monde moral ou physique, ce qu’il y a de plus rare dans la littérature contemporaine soit pour le fond, soit pour la forme, c’est chez nos poètes, nos romanciers, nos critiques et nos philosophes qu’il faut le chercher.
De cette passion la sensible peinture Est pour aller au cœur la route la plus sûre. […] Comparez aux peintures du poète ce qui se passe dans certaines familles, surtout dans les familles jansénistes du temps, et vous verrez qu’il n’a eu qu’à idéaliser certains traits choisis dans la réalité. […] Elles retrouvaient leur portrait dans ses peintures et elles s’y reconnaissaient d’autant mieux qu’elles y étaient quelque peu flattées.
Malgré le grand creux qu’il trouvait, dit-il quelque part, dans l’antiquité profane, il était en intelligence, en harmonie de l’âme avec cette poésie morale venue de Pythagore et déclarée sainte par Platon, toute pleine d’éclatantes peintures et de graves pensées, et souvent si chaste et si haute, que les premiers pères de l’Église l’accusaient d’avoir dérobé la parole de Dieu, comme Israël les vases d’Égypte, et que Clément d’Alexandrie en particulier prétendait noter dans Pindare bien des traits empruntés aux chants de David et à la sagesse de Salomon. […] Montesquieu, qui, dans ses saillies de critique et de goût, mêlées aux libres peintures des Lettres persanes, traitait assez légèrement la poésie lyrique et la nommait une harmonieuse extravagance, emprunte cependant à Pindare une définition de la loi, qu’il place dans le début de son grand ouvrage. […] Et, si on songe que tout le reste de cette ode est rempli par une peinture du bonheur de l’autre vie pour ceux qui se complairont au respect du serment et auront su garder leur âme de toute injustice, qu’à ce prix seul le poëte les voit cheminant, par la route de Jupiter, jusqu’au palais de Saturne, où les brises de l’Océan soufflent autour de l’île des bienheureux, où des fleurs d’or étincellent, et où ils tressent de leurs mains des guirlandes et des couronnes, ne reconnaît-on pas encore là ce génie religieux qui, en voulant l’unité du pouvoir pour l’ordre stable des États, la réglait en espérance sur l’immortelle justice de la Cité céleste, dont il proposait le bonheur pour récompense aux vertus des puissants et des rois ?
. — Cependant, dans ses églises et dans ses couvents, il conservait les anciennes acquisitions du genre humain, la langue latine, la littérature et la théologie chrétiennes, une portion de la littérature et des sciences païennes, l’architecture, la sculpture, la peinture, les arts et les industries qui servent au culte, les industries plus précieuses qui donnent à l’homme le pain, le vêtement et l’habitation, surtout la meilleure de toutes les acquisitions humaines et la plus contraire à l’humeur vagabonde du barbare pillard et paresseux, je veux dire l’habitude et le goût du travail. […] Le même sentiment vif se prolonge jusqu’à la fin du quinzième siècle dans les peintures de Beato Angelico et de Hans Memling. — La Sainte Chapelle de Paris, l’église supérieure d’Assise, le paradis de Dante, les Fioretti peuvent donner une idée de ces visions.
Tout ce qui peut intéresser la curiosité s’y trouve rassemblé ; mœurs anciennes & modernes, monumens, coutumes, religions, gouvernemens, commerce, histoire, physique ; tout cela est embéli par des traits historiques assez agréables, par de petites aventures romanesques, par des réfléxions & par des peintures singulieres. […] Ce livre retrace à peu-près les mêmes objets que celui de M. l’Abbé Richard ; mais il est infiniment plus utile aux amateurs des arts & aux artistes, par l’examen critique que l’auteur fait des chefs-d’œuvre de peinture, de sculpture & d’architecture, répandus en Italie.
La peinture du mal pourra-t-elle les trouver sensibles, lorsque le mal même les touche si peu ? […] Je n’ai trouvé dans la foule des orateurs que déclamations ; dans la multitude des poètes, que pensées fausses ou communes, exprimées avec effort et avec appareil ; dans la nuée des romans, que fausses peintures du monde et des hommes.
Le roman de Furetière, peinture aussi exacte que vive des habitudes et des travers de toute une classe de la société, est un tableau ; c’est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française. […] Cette fidélité rigoureuse de peinture a accrédité le préjugé que tout le mérite du roman de Furetière consistait dans une suite de caricatures et d’allusions personnelles intéressantes pour les seuls contemporains.
Leur comédie, où il y a bien plus de spectacle et de mouvement que de peinture de mœurs, paraît plus faite pour les yeux que pour l’esprit. […] On lui éleva un catafalque décoré de statues, d’emblèmes et de peintures.
La comédie est plus près de la peinture que la tragédie.
Une connoissance profonde des hommes, des pensées neuves, des caracteres bien saisis, des peintures vraies, des réflexions justes, en font aimer la lecture à ceux qui ne sont pas révoltés par un certain pédantisme qui ne devroit pas se trouver au milieu des belles qualités que nous venons d’y reconnoître.
On applaudiroit à sa prudence, si son Poëme sur la Peinture étoit propre à le venger des défauts qu’on lui reproche.