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903. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Las des querelles de parti, presque saturés des discussions parlementaires, bien des esprits, jeunes, ardents et généreux, sans déserter leurs devoirs comme citoyens et sujets, ressentent un vif besoin de ces distractions nobles et légitimes, qui se sont liées de tout temps à la gloire de la France et à la splendeur du trône.

904. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Ce qui est simple repose la pensée, et lui donne de nouvelles forces ; mais ce qui est bas pourrait ôter jusqu’à la possibilité de reprendre à l’intérêt des pensées nobles et relevées.

905. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Quelle prévention que cette qui fait voir un bureau de fade bel esprit dans cette maison, ou le poète le plus mâle de notre littérature et le plus élevé, à qui il n’est arrivé qu’une seule fois de mettre une passion amoureuse sur la scène, allait chercher des conseils et des encouragements, échauffer et exalter son énergique talent, et où il trouvait l’inexprimable bonheur délie goûté, senti, admiré dans son élévation et dans sa profondeur, par des femmes qui s’étaient passionnées dans la noble conversation de Balzac pour la grandeur romaine !

906. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Molière et Boileau avaient besoin de la protection immédiate du roi ; ils en avaient besoin pour le plus noble et le plus cher de leurs intérêts : l’intérêt de leur talent.

907. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Dans ses Ouvrages de piété, c’est une onction noble & touchante, qui remue & pénetre les ames les moins sensibles.

908. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XI. Le Guerrier. — Définition du beau idéal. »

Comme il vit au milieu des déserts, ses tableaux sont nobles et simples ; on n’y trouve point de mauvais goût, mais aussi ils sont monotones, et les actions qu’ils expriment ne vont pas jusqu’à l’héroïsme.

909. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Doyen » pp. 244-247

Elle a les bras étendus, le corps incliné et la tête relevée ; son vêtement, son caractère, son attitude sont nobles et pathétiques.

910. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Il leur annonce qu’il va épouser Fleur de Roseau, fille d’une noble dame nommée Cœur de Rubis. — Cœur de Rubis ? […] Sans doute à cause du noble rôle que M.  […] Car celui-là aussi est un brave garçon et un noble cœur. […] Il les a accomodés pour le divertissement des simples : c’est là un sens, une noble tâche. […] Une bande de francs routiers tente d’enlever la noble demoiselle.

911. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Il avait une noble idée de son métier d’écrivain. […] Près de lui, M. de Jouy, noble tête de vieillard, recevait, d’un air spirituel et bienveillant, les compliments de l’assemblée. […] Un artiste musculeux flétrit, en un langage imagé, les « poncifs » de l’Institut et les nobles académies de l’École des beaux-arts. […] Aussitôt, les nobles, les prêtres, les fonctionnaires chantaient les répons. […] L’origine de nos maux, après tout, est noble.

912. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Il eut tort de taquiner cette noble et forte intelligence, qu’il pouvait employer, pour le bien de la culture française, à des travaux d’un autre ordre. […] Paysan ou bourgeois, noble ou prolétaire, l’électeur place devait un problème de cette complexité ne peut émettre qu’un suffrage aveugle et incompétent. […] La figure des choses parmi lesquelles vécut un noble écrivain, se raccorde, à son œuvre pour la compléter et l’éclairer. […] — « Si elle avait été noble, elle aurait eu trois bougies. […] Noble exemple à méditer pour les débutants qui s’indignent contre les servitudes du pain à gagner !

913. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Sous ce rapport deux publications la Revue britannique et la Revue germanique méritent d’être encouragées dans leurs nobles et consciencieux efforts. […] Ce fut la morale spiritualiste, noble enseignement sans doute, mais qui détournait la philosophie de ses voies purement scientifiques, et la rejetait dans le domaine de l’art oratoire et de la rhétorique pure. […] Entretenez en vous le noble sentiment du respect ; sachez admirer : ayez le culte des grands hommes et des grandes choses. […] Si elle oubliait ce noble rôle, elle n’aurait plus d’autre appui que les chances inconstantes de la force. […] Son style dramatique, au lieu de se mouler étroitement sur sa pensée, ne fut qu’un marivaudage colossal naissant souvent d’une impropriété de termes cherchée et voulue, d’assemblages monstrueux de mots et d’idées, d’images nobles et d’images vulgaires.

914. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Évidemment c’est cette pensée que Racine reproduit dans un langage plus élevé et plus noble au commencement d’Athalie. […] Si un vieux mot vient quelquefois choquer l’oreille, comme la pensée qu’il exprime est forte et noble ! […] Parmi les comédies qu’on doit à cet auteur, nous citerons celle de l’Écuyer ou les Faux Nobles, en cinq actes et en vers (1666). […] Il fabriqua : Sainte Reine ou le Chariot du triomphe tiré par deux aigles, de la glorieuse, noble et illustre Sainte Reine d’Alise, vierge et martyre. […] Il faut dire que Le Noble prêtait, par sa conduite, par ses aventures et par ses ouvrages, à ces injures.

915. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Ce qui eût été, en d’autres temps, une prétention petite, était donc ici une noble erreur, ou plutôt simplement un bon exemple. […] Épris de toute noble culture des arts et de l’esprit, admirateur, appréciateur d’Érasme comme de Léonard de Vinci et du Primatice, et jaloux de décorer d’eux sa nation, comme il disait, et son règne, propagateur de la langue vulgaire dans les actes de l’État, et fondateur d’un haut enseignement libre en dehors de l’Université et de la Sorbonne, il justifie, malgré bien des déviations et des écarts, le titre que la reconnaissance des contemporains lui décerna. […] Si François Ier fut loin d’y réussir aussi bien, l’idée, l’intention du moins était délicate et noble.

916. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Bannis de ton cœur la vaine espérance ; que la partie plus noble et plus calme reprenne son empire sur tes sens ; armée d’une force irrésistible et d’une prudence plus grande, qu’elle soumette à ses lois tout désir contraire à sa volonté, et que ton funeste ennemi, désormais terrassé, n’ose plus dresser contre toi sa tête venimeuse. » C’est ainsi qu’il méditait en vers longtemps avant l’époque des Méditations. […] Sa taille était noble et élégante ; il y avait dans toute son apparence quelque chose de divin ; doué d’une pénétration d’esprit inconcevable, d’une mémoire infaillible, d’une ardeur infatigable au travail, parlant avec autant d’éloquence que de netteté, on ne savait ce que l’on devait le plus admirer, de ses talents ou de ses vertus. […] Quant au train de votre maison, j’aimerais mieux que vous fussiez en deçà qu’au-delà des bornes de la modération, et je préférerais une maison noble et élégante, des domestiques mis décemment et honnêtes, à une suite pompeuse et magnifique.

917. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Il disait à la bourgeoisie : « Je voterai pour l’enseignement moderne, parce que la suppression de la culture classique, à laquelle, personnellement, je suis de tout mon cœur attaché, vous portera le coup le plus funeste. » Et il concluait en ces termes : « Lorsqu’il y a cinquante ou soixante ans, sous Louis-Philippe, la bourgeoisie est arrivée au pouvoir, au gouvernement, aux affaires, elle avait compris alors que le prestige de la seule richesse ne lui suffirait pas, et elle essayait, en appelant à sa tête des hommes imprégnés de la culture antique, en la défendant partout, d’ajouter pour elle au prestige grossier de l’argent le prestige d’une noble culture. […] Francis de Croisset Il n’est pas un écrivain, digne de ce nom, qui ne déplore que soient délaissées les nobles et belles « humanités », sans lesquelles il n’est pas de véritable culture française. […] déjà trop restreint, de ceux qui aiment les lettres et notre langue charmante pour elle-même, qui trouvent dans leur seul esprit des jouissances nobles et désintéressées.

918. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Combien de nobles lettres Balzac aurait pu laisser, et Voiture combien d’aimables, s’ils n’eussent écrit qu’à ceux auxquels ils avaient affaire ! […] Il mentionne Bossuet en termes nobles, mais en passant, quoique ce fût la plus grande gloire de la fin du règne et que tout le génie du siècle se fût retiré là ; par contre, il peint avec détail Fénelon, à cause des faiblesses qui gâtent ce bel original. […] Mais Tacite regrette le plus grand gouvernement qui ait existé ; Saint-Simon, en déplorant que les nobles ne fussent plus les associés et les soutiens nécessaires de la royauté, et avec elle les maîtres du gouvernement, Saint-Simon regrettait l’anarchie.

919. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Le ton de la Henriade est sans doute noble, animé, toujours élégant, mais trop narratif. […] Quel que soit le nom qui lui convienne, le Lutrin lui est, sans contredit, très-supérieur, du côté de l'invention, & l'emporteroit à tous égards, si les Personnages qui y figurent étoient plus nobles, & l'action plus importante. […] L’Histoire de Charles XII & celle du Czar Pierre ne seront jamais des Histoires, que pour les Esprits légers, qui préferent l’agrément de la narration & les étincelles du style, au récit noble & grave qui doit caractériser le véritable Historien.

920. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Il n’est pas inférieur à Bossuet, & si l’on n’y trouve pas la même force de pinceau, ni la même pompe d’expression, on en est bien dédommagé par la netteté & par la pureté du style, par la solidité du raisonnement, & par la noble indépendance des préjugés. […] Il a l’imagination vive, noble, élevée, & plus d’impartialité qu’on n’en devoit attendre d’un homme de son état. […] Il n’y faut chercher ni l’analyse exacte des meilleurs ouvrages, ni l’exposition fidéle du dogme & de la discipline, ni une critique fine & impartiale, ni cet amour éclairé de la vérité, ni ce jugement exquis, ni cette candeur aimable, ni cette noble simplicité de style qui distinguent M.

921. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

À part quelques martyrs, quelques nobles têtes comme Morus et Fisher, que le Tibère théologique jeta au bourreau, les hautes classes qui alors menaient la nation reçurent, dans le silence de la conscience anéantie, une religion toute faite des mains de ce cuistre sanglant qui osait inventer contre Dieu… Jamais, dans les annales du genre humain, si magnifiques en lâchetés, on n’avait eu le spectacle d’une chose si lâche… Et cependant, disons-le pour être juste, de toutes les hérésies dont le Protestantisme de Luther fut la semence, celle de Henri VIII, de ce révolté de la débauche, est la moins funeste dans ses conséquences définitives. […] Noble liaison qui n’est pas brisée ! […] Déjà nous avons fait la part de la noble ténacité anglaise qui s’obstine si fièrement dans ses coutumes, du génie traditionnel qui respire partout en Angleterre ; ajoutons à cela l’influence du gouvernement sur ces têtes si naturellement politiques, et cette double déduction introduite dans l’appréciation à vol de pensée que nous hasardons ici, il restera, pour qui va nettement au fond des réalités, une religion insuffisante, une formule vaine pour l’esprit religieux de l’Angleterre et ses exigences actuelles.

922. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

que le roman va sortir de l’amnios qui l’enveloppe et devenir une chose nette et virile… Philippe, jeune noble de province, est un de ces mauvais sujets de notre époque qui ne sortent pas plus de leur amnios d’imbécillité et de mollasserie que, du leur, les romans de Feuillet. […] Cette scène de tous les pères nobles contrariés par de jeunes premiers dans toutes les comédies, cette scène décrépite, usée comme une pantoufle sur tous les théâtres, mais prise au sérieux par Feuillet, aurait presque de la grandeur s’il avait appuyé sur la fibre qu’elle a encore. […] De tous ceux qui se livrent à ce charmant et noble exercice de tirer deux moutures d’un sac, Octave Feuillet est peut-être le plus excusable.

923. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Dans l’univers ainsi conçu, il y avait d’une part, les choses nobles : les fleurs, les pierres précieuses, les clairs de lune, l’âme de l’homme, le désintéressement, la virginité, le sacrifice, c’est-à-dire les choses spirituelles ; et d’autre part, les choses basses : la terre, les animaux, l’herbe sauvage, le corps de l’homme, la sensualité, la jouissance, l’instinct, c’est-à-dire les choses matérielles. […] En un mot, il y a « l’âme » dont il faut partout exulter le rayonnement, et il y a le « corps », dont il ne faut tenir compte que s’il est transfiguré par l’âme : il y a le noble et l’ignoble. […] Nul rôle plus noble, plus fécond.

924. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Tout le monde ne pourra pas prétendre à une place d’honneur : on distinguera jusqu’en cet olympe nouveau les grands dieux et les demi-dieux ; mais en tout cas, au noble banquet, ceux-là seuls seront admis à s’abreuver du nectar qui auront communié d’abord ici-bas dans la formule sacro-sainte de l’art nouveau. […] Il s’est trouvé à tous les âges de l’humanité, il ne cessera pas d’y avoir des bons et des médians, des simples et des raffinés, des êtres nobles et des êtres pervers, des gens d’esprit et des sots, des natures froides et calculatrices et des tempéraments passionnés. […] Nous lui reprochons d’avoir systématiquement exclu toute une partie de la réalité, et la plus noble, la plus intéressante, celle qui enferme le plus de vérité humaine et générale.

925. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Vêtu d’une grande redingote bleue croisée jusqu’au menton, portant une cravate noire et de grandes bottes de cavalerie, cet homme avait une des plus nobles figures qui se puissent rencontrer. […] Duqueylar, de famille noble, avait reçu une excellente éducation ; il était bon humaniste, lettré, aimant beaucoup la poésie. […] On a rarement vu une figure plus belle et plus noble que la sienne, et sur laquelle les hautes facultés de l’âme et de l’esprit parussent avec autant d’éclat. […] C’est elle qui leur inspire ce noble désintéressement, qui élève leurs âmes et les rend capables d’entreprendre et d’exécuter les plus grandes choses. […] — Tout, interrompit David… excepté cette noble résistance à une armée innombrable.

926. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Yourghi se disait que, de tous les peuples, la nation albanaise est la plus noble et qu’il n’y a pas au monde de montagne plus haute que les cimes neigeuses du Planina Wrida. […] La communauté eut son blason, sa devise, son « cri d’armes », comme une maison noble. […] Cela, pour de très nobles motifs. […] Le voyez-vous maintenant qui « se rebiffe » en marchant, qui passe, tout fier, avec un noble fracas d’éperons, de talons, de sabre et de basanes ? […] Lafaye a pénétré dans l’étrange Panthéon où les nobles formes des dieux grecs voisinèrent avec les figures bestiales des dieux d’Égypte.

927. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Vous n’avez jamais en aucune noble entreprise laissé l’initiative à la minorité protestante et souffrante, qui est d’ailleurs l’ennemie naturelle de l’art. […] « Si l’art est noble, la critique est sainte. » — « Qui dit cela ?  […] La critique a été pour lui amère et ignorante ; sauf quelques nobles exceptions, la louange elle-même a dû souvent lui paraître choquante. […] Catlin a supérieurement rendu le caractère fier et libre, et l’expression noble de ces braves gens ; la construction de leur tête est parfaitement bien comprise. […] Kiorboë est un de ces anciens et fastueux peintres qui savaient si bien décorer ces nobles salles à manger, qu’on se figure pleines de chasseurs affamés et glorieux.

928. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Sa famille est ancienne, connue, honorée, noble, plus que noble, car elle appartient à la magistrature héréditaire. […] On sait bien que tout bisaïeul de noble, à peu d’exceptions près, est un roturier ; que tout aïeul de grand seigneur est un anobli. […] Il faut gagner de l’argent pour devenir noble, soit par la magistrature, soit par l’anoblissement direct ; mais le noble rien doit plus gagner. […] Dès que vous êtes noble, n’acquérez plus, pour qu’il soit bien établi que vous n’avez acquis que pour être noble. […] Il l’a été, je dis personnel, un peu plus qu’il ne convient à « l’honnête homme » dans toute la noble signification du terme.

929. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Lebrun « le plus jeune des poètes du premier empire. » Il a gardé, des temps où il a préludé, l’habitude d’un art sérieux, noble, et qui se respecte toujours ; il y a introduit, dans une seconde époque, une veine de franchise et de naturel qui, en ce temps-là, était neuve encore ; il a été novateur avec frugalité.

930. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

2° Le gros du monde, même des gens d’esprit, est dupe des genres : il admire à outrance, dans un genre noble et d’avance autorisé, des qualités d’art et de talent souvent moindres que celles qu’il laissera passer inaperçues dans des genres moyens non titrés.

931. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

Ce sont là de nobles et touchantes associations qui font remonter la poésie à son origine.

932. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

L’auteur de ces Souvenirs, que déjà de grands dons de nature et d’art recommandent à l’admiration, aurait peine à éluder, en s’offrant sous une autre forme au jugement du monde, cette disposition un peu maligne qu’il a de ne louer qu’à son corps défendant, si l’absence de toute prétention d’abord, et puis une cordialité noble, sociable, une nature manifestement bienveillante et généreuse, n’engageaient le lecteur qui a tant de fois applaudi.

933. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VI. Exordes. — Péroraisons. — Transitions. »

Le madrigal, plus simple et plus noble en son tour… Si Boileau avait songé que tous ces genres n’avaient rien de commun que d’être des genres de poésie, et qu’ils ne se reliaient point l’un à l’autre, mais chacun à part à l’idée générale de ce second chant, destiné à exposer les règles des genres secondaires, il se serait épargné bien de la peine et n’aurait pas fait la joie de ses ennemis.

934. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

C’est une des raisons qui obligent de condamner l’ancienne théorie du style noble : elle attribuait aux mots un degré invariable d’énergie, et méconnaissait cette pénétration réciproque, cette sensible communication, qui reflète sur les uns la couleur des autres, et les imprègne de leur vertu.

935. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Moréas la sympathie qui se doit, nous dirons hautement aussi qu’un poète est né de ce dernier quart de siècle ; il en est un dont les vers sont nouveaux après vingt lectures et suscitent toujours de nouvelles joies ; qui eut le cœur simple et l’âme noble, et une finesse plus fine que celle même de M. 

936. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

Son pinceau, tantôt noble, tantôt délicat, tantôt vigoureux, & toujours facile, sait retracer à propos le beau désordre de Pindare, les graces d'Anacréon, la saine raison d'Horace, & la pompe majestueuse de Malherbe.

937. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Table alphabétique des auteurs. » pp. 330-355

Gelais, 200 Gessner, 137 Gibert, 300, 316 Gillet, 274 Gin, 325 Giroust, 247 Glover, 129 Goujet, 142, 144 La Grange, 30, 165 Grecourt, 205 Gresset, 43, 176, 196, 213 Griffet, 256 Grozelier, 208 Guarini, 106 Guedeville, 22 Gueret, 325 Guignes, 139 Guyot, 268 H HAlde (du) 140 Hallet, 137 Hamilton, 214 La Harpe, 166, 197, 199 L’Héritier (Mdlle.) 56 Hesiode, 10 Homére, 2 Horace, 45, 217 Des Houlieres, 198, 184 Hubert, 251 I Jodelle, 157 Isocrate, 223 Juvenal, 68 K Kervillars, 58 Kienlong, 139 L LAcombe, 221 Lagier, 215 Lallemand, 66 Lambet (S.) 195, 214 Laplace, 134 Lavaur, 81 Launay, 205 Leris, 147 Lille (l’Abbé de) 42 Limiers, 21 Lingendes, 244 Linguet, 116 Longe-Pierre, 16, 19 Longin, 295 Lucain, 71 Lucréce, 26 Lysias, 223 M MAffei, 112 Mainard, 200 Mairan, 289 Le Maitre, 273 Malherbe, 188 Mallet, 218, 327 Manouri, 279 Mareuil, 124 Marin, 109, 176 Marivaux, 174 Marmontel, 167, 220 Maroles, 38, 62, 67, 82 Marot, 200, 210 Martial, 82 Martignac, 25, 38, 59, 67 Mascaron, 262 Massieu, 17, 144 Massillon, 250, 264 Maupont, 146 Menage, 197 Menot, 239 Mervesin, 143 Merville, 324 Metastasio, 113 Meyssier, 239 Meziriac, 56 Le Mierre, 195 Millot, 128 Milton, 129 Mirabaud, 99, 103 Le Moyne, 152 Moivre, 63 Moliere, 170 Molinier, 254 Moncrif, 181 Monnier, 25 Montargon, 272 Moschus, 18 La Motte, 8, 165, 178, 184, 190, 205 N Nemesien, 83 Neuville, 255 Le D. de Nivernois, 209, 213 Le Noble, 204 Normant, 277 Nostradamus, 143 O Olivet, 227, 230, 231 Ovide, 53 P PAcaud, 252 Palaprat, 175 Palissot, 187 Panckoucke, 29 Papon, 310 Parfait, 145 Pathelin, 175 Patru, 273 Pavin (St.) 201 Pecquet, 101, 106, 107 Pellegain, 52, 179 Perault, 112 Periclès, 215 Perse, 66 Perusault, 254 Pesselier, 208 Pétrarque, 94 Petrone, 78 Phédre, 65 Piles (Roger de) 88 Pindare, 16 Piron, 165, 172 La Place, 134, 166 Plaute, 20 Pline, 235 Polignac, 93 Pope, 126 La Porte, 219 Premare, 140 Prevot, 65, 265 Publius Syrus, 32 Q QUillet, 89 Quinault, 177 Quinte-Curce, 232 Quintilier, 297 R Racine (Jean) 159, 201 Racine (Louis) 124, 193 Ramsai, 156 Rapin, 217, 304, 314 Raulin, 240 Regnard, 171 Regnier, 185 Remi (St.) 39 Remond de Ste.

938. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Les têtes sont nobles et grandement touchées.

939. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

Cependant trouvez, si vous le voulez, le Tantale chaudement colorié ; dites que le Jupiter est beau, que sa tête est noble ; ajoutez encore que le tout n’est pas sans effet ; à la bonne heure.

940. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Nous voyons donc par plusieurs productions de la sculpture, qu’entre les mains d’un homme de génie, elle est capable des plus nobles operations de la peinture.

941. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Deuxième journée. Les conspirateurs » pp. 225-233

Je le dis avec conviction, c’est une noble entreprise, digne de gens de cœur.

942. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

La gravité dans l’enjouement qu’on remarque en plusieurs endroits, qui veulent être plaisants, de cette composition, la phrase longue, négligée, monotone, mais noble, cette phrase qui a le pas du menuet et qui est commune à tout le xviie  siècle, ne sont pas des raisons non plus.

943. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Au moyen âge, dont l’Homère toscan (Dante) n’a chanté que des faits réels, nous voyons que Rienzi, exposant aux Romains l’oppression dans laquelle ils étaient tenus par les nobles, fut interrompu par ses sanglots et par ceux de tous les assistants.

944. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Il ne tenait qu’à moi de reprendre le de, puisque c’était mon nom ; mais n’étant pas noble, je n’ai pas voulu me donner l’ai de l’être. » — M. Sainte-Beuve n’a jamais cherché à remonter plus haut dans sa généalogie ; il ne se croyait pas noble, et s’il a voulu, il y a quelques années, s’assurer de la particule paternelle, qui a été omise devant son nom sur son propre acte de naissance à lui-même, deux mois et demi après la mort de son père, s’il a écrit en 1805 à M. le maire de Moreuil qui a bien voulu lui communiquer très obligeamment le document nécessaire, avec les extraits de naissance de ses oncles et tantes, c’est qu’il avait besoin de faire constater le vrai nom de son père pour la régularisation d’un acte notarié (il s’agissait, s’il m’en souvient bien, car il est bon de préciser pour faire taire les malveillants de plus d’une espèce, d’une rente perpétuelle provenant de sa mère à Boulogne-sur-Mer). — Sur l’acte de mariage de ses parents, qui est daté du 30 ventôse an XII de la République (21 mars 1804, — déjà Napoléon perçait sous Bonaparte), M. de Sainte-Beuve père est bien positivement appelé citoyen Charles-François de Sainte-Beuve, ce qui expliquerait à la rigueur que le de peut faire partie du nom sans impliquer nécessairement la qualité nobiliaire. — Mais M.  […] Ne convient-il pas, si l’on exige à toute force des solennités, de s’attacher à de plus nobles noms ? — Comme s’il y avait de plus nobles noms que ceux de ces braves jeunes hommes à consacrer dans la mémoire nationale !

945. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Au-devant, au-devant de ses yeux, tout lui apparaissait encore : quel il était lui-même en personne, de quel manteau il était vêtu, ce qu’il avait dit, et quelle bonne mine quand il se tenait assis sur son siège, et quelle noble démarche en sortant ; et sa pensée, en s’assombrissant, lui disait qu’il n’y en avait pas un pareil entre les hommes ; et sans cesse la douce voix du héros résonnait à ses oreilles, avec les discours de miel qu’il avait prononcés. […] La filiation toutefois des nobles et touchantes victimes ne s’est pas interrompue, et on la poursuivrait en quelques types frappants jusqu’à nos jours : — Hélène, Ariane, Médée, Phèdre, la Simétha de Théocrite, Didon, dans l’antiquité ; chez les Modernes, je ne retrouve l’amour-maladie ni chez Béatrice ni chez Laure ; mais Héloïse, celle que M. […] J’ai dit que Béatrice n’est point atteinte du même mal, et j’ai bien à en demander pardon à cette patronne angélique des poëtes : chez Béatrice, en effet, l’amour transformé est devenu une charité, une religion ; ce n’est plus une chose humaine, une maladie sacrée, la plus noble de toutes, mais une maladie enfin. J’oserai même ajouter qu’à l’autre extrême, et dans un groupe tout différent, madame de Warens n’est pa-plus sujette à ce noble mal que Béatrice.

946. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Noble faculté qui, à ce degré de développement, appelle et subordonne à elle toutes les passions de l’être et ses autres puissances ! […] …  Mais une autre lettre un peu postérieure (mars 1806) achève de nous révéler l’intérieur de ces nobles âmes troublées et de les éclairer du dedans par un rayon trop direct, trop prolongé et trop admirable de nuance, pour que nous le dérobions. […] Ampère, en répondant, gardait de même, et auquel il ajoutait de plus une expression de respect, comme s’il eût été quelqu’un de moindre : noble contradiction de vues, ou plutôt noble échange, auquel nous avons assisté, entre deux grandes lumières trop tôt disparues !

947. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Elle avait aux yeux l’âge qu’on voulait, car les âges étaient réunis dans ses traits : grâce d’enfant, gravité noble d’âge mûr, mélancolie du soir, sérénité d’immortalité, tout y était selon le pli de lèvres ou de sourcils que donnait la conversation au visage ; comme dans les instruments bien accordés le mode change le ton, le mouvement changeait l’impression. […] Le grand acteur classique Lafond, du Théâtre-Français, homme d’excellente compagnie, idolâtre du génie de M. de Chateaubriand et un peu solennel comme sa phrase, avait consenti à prêter sa noble déclamation à ces vers encore inconnus du poète en prose. […] Seulement ma mère, élevée dans une cour, transportée ensuite très jeune dans un noble chapitre de chanoinesses, mariée pendant la Révolution, retirée ensuite dans la modeste obscurité d’une vie de campagne, entourée de la nombreuse famille qu’elle avait mise au monde, était une madame Récamier d’intérieur qui n’avait brillé que pour quelques cœurs et qui n’avait eu d’autre célébrité que celle de sa bienfaisance dans des hameaux. […] » L’atmosphère monastique de l’escalier de l’Abbaye-aux-Bois, l’écho de la vaste cour réveillé pour la première fois par le bruit des équipages qui versaient les nobles visiteurs, le demi-voix des entretiens sur les marches qui ressemblait au recueillement d’une entrée d’église, tout cela justifiait l’hallucination de ma mère et de ma jeune sœur ; nous allions voir une Maintenon plus belle et moins solennelle que la première, la Maintenon caressante d’un roi de l’intelligence.

948. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Lisez-le ; on aime toujours l’homme privé dans l’homme public : « Toutes les fois que j’ai songé aux meilleurs moyens d’être utile à ma patrie et de servir ainsi sans interruption les intérêts de la république, pensées qui me préoccupent souvent et longuement, rien ne m’a paru plus propre à ce dessein que d’ouvrir à mes concitoyens, comme je crois l’avoir déjà fait par plusieurs traités, la route aux nobles études. […] Plein d’une noble ardeur, j’ai voulu les compléter, et, à moins que quelque grand obstacle ne s’y oppose, éclaircir en latin et rendre ainsi accessibles toutes les questions de la philosophie. […] L’âme, accoutumée à ce noble exercice, s’envole plus facilement vers sa demeure céleste ; elle y est portée d’autant plus rapidement qu’elle se sera habituée, dans la prison du corps, à prendre son élan, à contempler les objets sublimes, à s’affranchir de ses liens terrestres. […] Voyez avec quel juste et noble sentiment de lui-même il recommande à son fils de lire ses livres de philosophie, et spécialement celui-ci : « Voici un an, mon cher fils, que vous suivez les leçons de Cratippe, et que vous êtes à Athènes ; les enseignements de la sagesse, les ressources philosophiques, ne doivent pas vous manquer au milieu d’une telle ville et avec un si grand maître ; et, quand je pense à la science de l’un et aux exemples de l’autre, je vous trouve à bonne école.

949. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Les amis de Retz accoururent à la rescousse ; il en réchappa, mais il garda une rancune assez légitime à l’ami la Franchise, sobriquet peu noble qui désignait le noble duc de La Rochefoucauld. […] Mais, de même qu’aux environs de 1661, la hiérarchie sociale un instant bouleversée se reforme plus sévère ; de même que les classes superficiellement mêlées se séparent, si bien qu’il se constitue deux Frances, l’une aristocratique, l’autre bourgeoise et populaire, ayant chacune ses mœurs et ses intérêts ; de même les mots de la langue se divisent en deux castes, ceux-ci nobles et réservés à une petite élite, ceux-là roturiers et abandonnés à la foule ; les genres littéraires un moment confondus s’écartent l’un de l’autre ; la comédie et la tragédie sont parquées dans deux domaines différents avec défense formelle de franchir les barrières qui les isolent ; le mélange des tons, accepté ou recherché comme quelque chose de piquant, répugne au goût nouveau ; le burlesque, où les deux faces de la vie étaient violemment confrontées de façon à faire rire aux dépens des choses graves et des grands de la terre et du ciel, tombe dans le mépris et l’oubli. […] A bas le style noble et la périphrase académique.

950. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Ce noble plaisir populaire du théâtre est inconnu par sa nature aux époques de barbarie ou même de jeunesse des peuples. […] Les guerres de religion, atroces mais saintes, dans les deux partis, avaient remué et exercé jusqu’au fond des âmes le plus fort, le plus noble, le plus divin des héroïsmes humains, l’héroïsme de la conscience, non pas celui qui fait les héros, mais celui qui fait les martyrs. […] Saint-Cyr était un splendide noviciat de futures mères de familles nobles qui devaient perpétuer, par les exemples et les enseignements domestiques, le zèle envers la religion de l’État, le dévouement au roi, et la reconnaissance envers la nouvelle Esther de ce nouvel Assuérus. […] Songez-y bien : ce Dieu ne vous a pas choisie Pour être un vain spectacle aux peuples de l’Asie, Ni pour charmer les yeux des profanes humains : Pour un plus noble usage il réserve ses saints.

951. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

VII Talma était alors un homme assez massif, mais très noble dans sa force, de cinquante à soixante ans. […] Lafon, qui avait le front noble, l’œil brave, le geste héroïque, l’accent martial, était très apte aux rôles de héros. […] Joas les touchera par sa noble pudeur Où semble de son rang reluire la splendeur ; Et Dieu, par sa voix même appuyant notre exemple, De plus près à leur cœur parlera dans son temple. […] Sa vue a ranimé mes esprits abattus ; Mais lorsque, revenant de mon trouble funeste, J’admirais sa douceur, son air noble et modeste, J’ai senti tout à coup un homicide acier Que le traître en mon sein a plongé tout entier… De tant d’objets divers le bizarre assemblage Peut-être du hasard vous paraît un ouvrage.

952. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

L’expression en est grave et noble, et rachète un moment les doutes du poëte épicurien et les puériles crédulités de la foule. […] Issu d’une noble et riche famille, dans la belle colonie grecque de Cyrène, il a senti de bonne heure l’orgueil de sa race, la tradition patriotique des sentiments de ses ancêtres ; et, entre les missions difficiles que lui confiaient ses concitoyens à la cour des empereurs chrétiens, et les heureux loisirs qu’il goûtait dans ses vastes domaines de Libye, il a cultivé les lettres avant tout ; il les a cultivées d’abord, sans autre foi que la science même, sans autre pratique religieuse qu’un reste de polythéisme spiritualisé par la raison. […] On peut le croire : l’âme contemplative, la noble imagination si charmée des arts de la Grèce avait encore pénétré bien peu dans la sévérité du dogme chrétien, lorsque lui échappaient ces vers. […] « Il m’ennuie », dit le poëte, naguère amoureux des nobles plaisirs, « il m’ennuie de cette vie terrestre.

953. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Si vous vouliez octroyer que mon fils demeurât dans le pays en ma place pour le garder et gouverner, je prendrais maintenant la croix et irais avec vous vivre ou mourir, selon ce que Dieu m’aura destiné. » À ces nobles paroles du vieillard un grand cri s’éleva et l’acclamation publique répondit. […] Dans sa notice habile et légèrement ironique sur Villehardouin et sur les événements où le noble témoin fut mêlé, notice où il a réussi à combiner d’un air discret le rôle de disciple de Voltaire et celui de continuateur des Bénédictins, M. 

954. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Les comprendre et les lire est déjà une grande et noble chose, et l’acte le plus accompli de l’entendement. […] Dans sa biographie de Monge, il appliquera quelque part, et sans croire faire une injure, la qualification de brutale à une parole de Fontenelle qui n’est que noble et digne, comme si ce mot de brutal ne criait pas et ne jurait pas avec tout ce qui est sorti de la bouche et de la plume de ce sage discret.

955. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Quand il parlait comme lorsqu’il écrivait, Fénelon se tenait plus volontiers à mi-côte et sur les collines : « Son style noble et léger, a-t-il dit de Pellisson, ressemblait à la démarche des divinités fabuleuses qui coulaient dans les airs sans poser le pied sur la terre. » On peut le dire de lui-même et en supprimant l’image de fabuleuses ; sa parole avait quelque chose de noble et de léger qui rappelle ces figures angéliques, amies de l’homme, et se tenant toujours à sa portée, qui pourraient s’enlever plus haut, qui ne le veulent pas, et qui aiment mieux, dès qu’il le faut, redescendre.

956. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Ce qui peut intéresser avec plus de nouveauté dans Bailly, c’est l’écrivain, l’historien élégant et noble de l’astronomie, l’ingénieux auteur de systèmes défendus avec grâce, avec goût, et où lui-même il mêle un sourire. […] Il faut y voir plutôt une noble construction, conçue en idée et en présence de l’Histoire naturelle de Buffon : des discours généraux en tête, puis une narration suivie, faite pour être lue et, jusqu’à un certain point, entendue de tous, des gens du monde comme des savants ; la discussion des faits, les preuves ou éclaircissements étaient rejetés dans une seconde partie du volume, plus particulièrement destinée aux astronomes et aux savants, mais nullement inaccessible au reste des lecteurs, pour peu qu’ils fussent attentifs et curieux.

957. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

et ne voit-on pas, en revanche, des sujets admirables par une pensée noble et élevée, qui sont rendus d’une manière triviale ? […] L’originalité de Léopold Robert consiste, on l’a vu, à étudier directement la nature, ce que bien des prétendus classiques ne faisaient pas ; et d’autre part, son coin classique, dans cette étude directe et qui peut mener à exprimer le vrai tel quel, consiste à chercher obstinément le noble et le beau.

958. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Louis Ratisbonne, en a tenté en vers une traduction complète qu’il poursuit : noble effort, en partie heureux, et qui est encore à saluer là même où il semble à peu près impraticable. […] Mais comme Dante est un génie compliqué et qui pense toujours à plus d’une chose à la fois, il n’est pas moins vrai qu’en même temps que l’apothéose de Béatrix, de la femme aimée, est le but principal de La Divine Comédie, le poète, pour mieux parer et honorer cette âme céleste, lui a prêté bien des traits allégoriques par lesquels il tend à la transformer insensiblement et à la confondre dans la plus noble et la plus lumineuse des sciences selon le Moyen Âge, dans la Théologie elle-même.

959. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Maintenant, tout cela dit, et les torts de trahison et d’indiscrétion étant dès longtemps épuisés, on sait gré involontairement à Bussy (à cette distance) de nous montrer en action tout ce beau monde, nobles gentilshommes et grandes dames, de nous les produire dans un naturel et une originalité de désordre qui fait réfléchir sur le degré de civilisation et d’honnêteté aux différents âges, et qui peut servir à remettre à la raison l’enthousiasme des historiens à tête montée et des faiseurs d’oraisons funèbres. […] Pour se mettre en pleine liberté, il se maria avec une cousine germaine, une Rambouillet : la mère de Tallemant était elle-même une Rambouillet, de la famille de finance qui n’avait rien de commun avec les nobles Rambouillet d’Angennes, mais qui, avec des écus, avait aussi de l’esprit en patrimoine.

960. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Et toutefois, après qu’on a bien envié ce bonheur d’une étude libre, ornée, active et oisive, ayant à elle une belle galerie bâtie tout exprès, remplie de livres, décorée de tableaux, de statues, et en vue d’un lac magnifique, on reconnaît tout bas, à la manière même dont il a usé de ses dons et de ses avantages, qu’il y a autre chose à faire encore qu’à jouir ainsi ; que, si noble et utile qu’ait été son exemple parmi ses compatriotes et pour ceux, qui le consultaient de près, il n’a pas donné tout ce qu’il aurait pu, et qu’un peu de contrainte, un peu de nécessité ne nuit pas ; que c’est sous ces rudes conditions seulement que l’homme, moitié de bon gré, moitié à son corps défendant, tire de lui-même, de son foyer et de ses couches intérieures, tout l’art, toute l’industrie dont il est capable, et le peu d’or qu’il doit à tous. […] que ce loisir est aimable, qu’il est honnête, qu’il est plus noble en quelque sorte que tous les plus beaux emplois !

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