Claire Damerey, dans le Journal interrompu, comme Thérèse Beauchamps, rêvera d’une manière aussi stérile. […] Après Télémaque, ce sont les Confessions que notre Roumain déchiffre, et de la même manière. […] Et Agnès ne peut le convaincre de son erreur que d’une manière passagère ; c’est toute la psychologie de l’espoir dont elle provoque une analyse. […] S’il fut un des rares adjudants qui n’ait point par le visage ressemblé à un gendarme, Drieu en a parfois pris les manières quand il a chanté la guerre. […] Les funérailles de Shelley, à la manière antique, sont peintes avec un souci d’objectivité qui en détermine la beauté.
Or son œuvre se présente point de ces types fortement décrits à la manière anglaise depuis le chapeau jusqu’aux souliers. […] Après, c’est pire et leur existence se consume à reconstruire le passé, à le déplorer, à le déformer de mille manières et jusqu’à l’épuisement. […] Ce cycle est une loi de toute manière jetée à la vie. […] Ce drame caractérise la manière de M. […] On savait gré à l’écrivain de varier ainsi sa manière.
Il confiait encore au papier cette manière de confession : « Hélas ! […] Mosnier a crié et gémi d’une manière à peu près supportable celui du comte de Gloster. […] Et enfin c’est une manière de se regarder dans un miroir à trois pans. […] Vaillat qui le dit ; mais je me l’imagine), la manière dont M. de Féraudy joue le rôle l’adoucit et l’atténue, aussi, extraordinairement. […] Il décrète que la politesse des manières et des paroles serait celle du cœur.
L’impossibilité est plus grande encore pour les termes purement abstraits, et non généraux ni collectifs, qui expriment des qualités, des manières d’être, tous les accidents possibles de la substance.
Par moments encore, mais moins fréquente, apparaît la manière de Baudelaire.
Nous savons d’ailleurs qu’il est issu d’une famille honnête de notre ville d’Amiens ; que son aïeul & son pere y ont rempli différentes charge municipales, & qu’ils y ont toujours, ainsi que le sieur Gresset lui-même, vécu de cette maniere honorable, qui, en rapprochant de la Noblesse, est en quelque sorte un degré pour y monter, & c. »
Par malheur, l’Oracle s’est expliqué de maniere à prouver, combien il étoit indigne du culte que la superstition lui rendoit.
Sa plus grande célébrité vient de sa maniere de penser & d’écrire.
Il est vrai que si quelque chose pouvoit flatter son amour-propre & ajouter à la bonté de sa cause, ce seroit la maniere dont on a attaqué ses idées & combattu ses raisonnemens.
Sa Paraphrase du premier Livre des Instituts de Justinien, ne se ressent, en aucune maniere, de la jeunesse de l’Auteur, qui n’avoit alors que dix-neuf ans.
La Philosophie elle-même s’est élevée contre, mais à sa maniere.
D’ailleurs, le style de M. l’Abbé Poule n’est pas assez oratoire ; il est vif, mais trop haché, trop décousu ; ses périodes sont presque toujours coupées de la même maniere, ce qui rend la lecture de ses Sermons monotone & même fatigante.
Il a su, malgré ces obstacles, la traiter de la maniere la plus intéressante, en la rapprochant, en quelque sorte, de nous ; en y développant les révolutions de nos mœurs ; en opposant, avec autant de justesse que de précision, les usages actuels à ceux de l'ancien temps ; en donnant aux matieres qu'il présente, une netteté, un ordre, un souffle de chaleur & de vie qui subjuguent l'attention & gravent profondément les objets dans la mémoire.
Gaston Paris, dont nous sommes tous les disciples, ce qui n’est pas une raison pour qu’il ait approuvé autre chose dans mon Esthétique que le soin avec lequel j’ai défendu les principes que m’ont donnés ses travaux ; c’est plutôt en manière de dédicace, et alors je n’oublierais pas M.
Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la manière d’écrire l’Histoire, page 1 Chap.
Il n’est personne qui n’admire le genie et la verve de Lucrece, l’énergie de ses expressions, la maniere hardie dont il peint des objets, pour lesquels le pinceau de la poësie ne paroissoit point fait : enfin sa dexterité pour mettre en vers des choses, que Virgile lui-même auroit peut-être desesperé de pouvoir dire en langage des dieux : mais Lucrece est bien plus admiré qu’il n’est lû.
Autres preuves tirées de la manière dont chaque état nouveau de la société se combine avec le gouvernement de l’état précédent.
Les lettres remplacèrent aussi les hiéroglyphes d’une manière plus simple et plus générale ; à cent vingt mille caractères hiéroglyphiques, que les Chinois emploient encore aujourd’hui, on substitua les lettres si peu nombreuses de l’alphabet.
Guttinguer, avait donné autrefois une fleur de Pensées choisies, tirées surtout des derniers ouvrages du philosophe : c’est une manière commode, mais un peu trompeuse, d’attirer vers Saint-Martin, qui de près est bien plus compliqué que ne l’annonçait ce choix aimable. […] (Franc-Maçonnerie) d’une manière cocasse et ridicule que je me suis reprochée depuis. […] Il se faisait apôtre à sa manière ; c’était un amateur et un volontaire de la philosophie divine qui faisait ses recrues à petit bruit.
Il a dit d’une manière piquante, et qui se rapporte bien à sa première timidité et gaucherie naturelle : Je ne veux pas être loué, mais approuvé seulement ; voilà l’aliment de mes succès, et si je vivais tout de suite avec des gens dont je sentisse l’approbation continuelle et pas autre chose ni moins, je ne sais pas jusqu’où j’irais. […] La manière vive et précise dont il nous décrit ce vice, tel qu’il le voit, ôte à ses reproches tout air de lieu commun. […] Il le dit et le redit, comme un bon citoyen qui s’en alarme, comme un homme qui en souffre, d’une manière pénétrée et touchante : il discerne un principe de mort, à travers cet esprit qui scintille, sous cette politesse méchante et glacée : J’en reviens au progrès des mœurs.
D’Argenson, on le voit de reste, est un philosophe, mais il l’est à sa manière, comme il convient quand on l’est, et sans se laisser influencer par aucune école ni cabale. […] Ce qui plaît dans ces remarques manuscrites et ce qui permettrait d’en tirer avec choix et discrétion un volume tout à fait agréable et qui prendrait le lecteur, c’est le naturel franc, et aussi la manière de dire. […] Il nous dit de la sorte, d’une manière vive et qui se communique : J’ai cherché d’où j’aimais Don Quichotte et à le relire vingt fois dans ma vie, ainsi que plusieurs autres romans : c’est que j’aime les mœurs qu’ils dépeignent.
L’abbé de Pons en sentait très bien d’ailleurs la portée, et la liaison avec le grand changement qui s’était fait dans la manière générale de penser : mais il y introduisit quelque confusion. […] L’abbé de Pons, qui n’avait eu que le tort de toucher à ce nom de Gacon, disait vrai en parlant de la manière galante dont lui-même supportait sa disgrâce. […] c’est ce que l’abbé de Pons démêle et explique d’une manière imprévue et fort ingénieuse.
La France se vit à deux doigts d’être absorbée par l’Espagne et démembrée : ce n’est pas là une manière de dire. […] Un historien qui n’est pas exempt de faux goût, mais qui a des portions de vie et de vérité, Pierre Matthieu, a exprimé d’une manière mémorable le deuil des villes et des campagnes à cette soudaine et fatale nouvelle que Henri IV n’était plus : Dire maintenant quel a été le deuil de Paris, c’est entreprendre de persuader une chose incroyable à qui ne l’a vu. […] quels étaient au juste les longs desseins qu’il avait formés sur l’Europe, et de quelle manière cette grande guerre renaissante, et supposée heureuse, les aurait-elle fait tourner ?
Pour Villon, ç’a été une manière de distribuer bien des malices et des épigrammes à ses ennemis, de bonnes paroles à ses amis et quelques-uns des objets qui lui avaient appartenu, dont ils avaient la signification et le secret, et qui à eux seuls, si on saisissait bien son intention, raconteraient toute sa vie : mais là encore l’épigramme, la contrevérité et la farce, on l’entrevoit, se glissent à chaque ligne, et ce qu’il lègue repose bien souvent sur les brouillards de la Seine. Ç’a été enfin, pour lui, une manière ingénieuse d’encadrer ce qu’il possédait plus à coup sûr, ses pièces de vers, même les plus étrangères à cette idée de testament. […] Villon, qui savait par expérience et pour en avoir pâti, ce que c’est que la pauvreté, le cri de la faim, qui avait bu souvent de l’eau claire, faute de mieux, et y avait trempé sa croûte sèche, fit à sa manière sa pièce du Mondain, par laquelle il rompait en visière à toute cette école de bûcherons amateurs ; il opposa à leur félicité rustique imaginaire, à ces délices plus que douteuses de la vie agreste, toutes les aises et les petits soins de la vie commode et vraiment civilisée, telle qu’il la rêvait et telle qu’il ne l’avait jamais entrevue, hélas !
Ces copies, incomplètement imprimées, arrivaient ainsi peu à peu, et par bribes, dans le public lettré ; un extrait venait, tant bien que mal, s’ajouter à l’autre, jusqu’à ce que Brunck, à Strasbourg, en 1772, avec l’initiative et la décision qui le caractérisent, publia un texte complet, un peu travaillé à sa manière, et dans un cadre arbitrairement distribué ; mais enfin, on put jouir, grâce à lui, de cette récolte exquise de tous les miels de la Grèce. […] Et maintenant, vois, toutes tes fleurs sont par terre, éparses et répandues. » Presque à côté je remarque une autre épigramme dont la conclusion, toujours la même, est exprimée d’une manière un peu plus raffinée, plus platonique, et sentant déjà le futur troubadour ; elle est d’Alphius de Mitylène : « Malheureux, ceux dont la vie se passe sans amour ! […] elles offrent à leur manière un cierge à Minerve6. — Une mère a la pensée de consacrer son fils à Bacchus, espérant que cela lui portera bonheur.
On m’assura que l’aga avait fort bien fait les choses et que, d’après la manière des Turcs, il y avait quelque dignité dans notre caravane. […] La manière dont il traite les soldats blessés ou infirmes rentrant d’Allemagne suffit d’ailleurs pour le juger. […] J’ai été heureux, en lisant les intéressants Mémoires du comte Beugnot, de trouver mon jugement confirmé, et d’une manière aussi pratique qu’éclatante, sous la plume d’un homme qu’on peut dire adversaire.
Ne pouvant en profiter, je rappellerai pourtant ici, à ma manière, les titres de Joachim Du Bellay à ouvrir ainsi la marche et à former l’avant-garde de la cohorte. […] Et lui-même, il arrivera à cette mesure dans sa seconde manière, trop tôt interrompue. […] Aussi, en voyant la manière dont cette influence a duré dans la poésie jusqu’au xvie siècle et dans les romans jusqu’au xviie , bien des gens ont dit et diront encore longtemps que la littérature française commence au Roman de la Rose.
Sous la Restauration on écrivait sans doute beaucoup et de toute manière. […] Je sais qu’un noble esprit peut, sans honte et sans crime, Tirer de son travail un tribut légitime, disait Boileau en faveur de Racine, et c’était une manière de concession. […] A défaut de la contrefaçon étrangère qu’on ne peut atteindre, il y a des manières de contrefaçon à l’intérieur, sinon pour les livres, du moins pour les feuilletons : il y a des journaux voleurs qui vous citent et vous copient.
Il y a dans ce rapprochement de famille de quoi faire naître plus d’une idée et sur la différence des époques et sur celle des manières littéraires. […] On peut soupçonner toutefois qu’en y rattachant si expressément en tête le nom assez disparate du roi de Prusse, en serrant de près avec une exactitude sévère le règne de ce champion si empressé de la coalition, qui fut le premier à rengainer l’épée et à déserter dans l’action ses alliés compromis, M. de Ségur prenait à sa manière, et comme il lui convenait, sa revanche de la non-réussite de Berlin. […] Le ton, les manières, une certaine élégance qui cache le défaut de solidité, l’art des à-propos, tout cela se trouve sans effet au milieu d’hommes étrangers au grand monde et habitués à réfléchir.
La galanterie, le bel esprit, la philosophie, la théologie elle-même, ne sont que des manières de jeux savants et subtils que les hommes ont inventés pour remplir et pour animer ce temps si court et pourtant bien long de la vie ; mais ils ne s’aperçoivent pas assez que ce sont des jeux. […] Huet, que trop de savoir conduisait, comme il arrive souvent, à moins admirer, tout en reconnaissant dans ce passage le sublime de la chose racontée, se refusait à y voir, pour l’expression et même pour la pensée, rien de plus qu’une manière de dire, une tournure habituelle et presque nécessaire aux langues orientales, avec lesquelles il était si familier. […] L’âge acheva de mettre le sceau à cette manière honorable de vivre et de sentir.
Aussitôt que l’aurore de votre grâce commencera à poindre, je commencerai d’agir et de travailler à l’œuvre de mon salut… en me contentant d’avancer et de croître dans votre amour comme l’aurore, doucement et imperceptiblement… Il est naturel de rapprocher ces paroles de celles mêmes que Bossuet écrivait au sujet de Mme de La Vallière, à la veille de son entière conversion : « Il me semble, disait-il, qu’elle avance un peu ses affaires à sa manière, doucement et lentement. » Ainsi sa démarche habituelle, même dans le chemin du salut, était une douce lenteur, et comme un air de molle nonchalance, jusqu’à ce que l’amour lui eût donné les ailes qui enlèvent. […] Qu’on juge de l’attente en pareille occasion : Cette belle et courageuse personne, écrit Mme de Sévigné, fit cette action comme toutes les autres de sa vie, d’une manière noble et charmante : elle était d’une beauté qui surprit tout le monde ; mais ce qui vous étonnera, c’est que le sermon de M. de Condom (Bossuet) ne fut point aussi divin qu’on l’espérait. […] Il avait dès longtemps cessé de l’aimer ; mais quand elle lui avait prouvé qu’elle pouvait s’arracher à lui et lui en préférer un autre, cet autre ne fût-il que Dieu seul, elle l’avait entièrement détaché et aliéné d’elle ; il ne le lui avait point pardonné : « Elle m’a souvent dit, raconte Madame, mère du Régent, que si le roi venait dans son couvent, elle refuserait de le voir et se cacherait de manière qu’il ne la trouverait point.
En un mot, il n’avait ni les formes ni le langage de la société dans laquelle il se trouvait ; et quoique, par sa naissance, il allât de pair avec ceux qui le recevaient, on voyait néanmoins tout de suite à ses manières qu’il manquait de l’aisance que donne l’habitude du grand monde. […] Lui, selon l’expression de son père, qui le jugeait très bien cette fois, il avait « des manières nobles et le faste des habits en un siècle de mode dépenaillée ». Au monde de Versailles, il pouvait sembler, à première vue, n’avoir pas l’habitude du grand monde ; mais au monde de Paris et à tout ce qui n’était pas de la Cour et des petits appartements, il semblait dans sa mise, dans son geste et dans ses manières, et même en ses familiarités, un grand seigneur d’autrefois qui se mettait avec luxe et caprice.
Fixé sur la paroisse de Saint-Étienne-du-Mont, les relations jansénistes nous le montrent qui assistait en surplis aux offices d’une manière bien édifiante (Rollin était clerc tonsuré) ; il essaya même de faire alors des conférences sur l’Écriture sainte ; mais un avertissement amical de l’archevêque, M. de Noailles, les lui fit interrompre. […] Les deux premiers volumes du traité intitulé : De la manière d’enseigner les belles-lettres par rapport à l’esprit et au cœur, parurent en 1726. […] Dans une préface latine où, selon l’usage des modernes qui écrivent en latin, il cherchait un peu trop l’expression élégante, Rollin, opposant la manière de Cicéron à celle d’Aristote, avait parlé des fleurs de l’élégance cicéronienne (Tullianae elegantiae flosculis).
Il faudrait se moquer de la simplicité de ces bonnes gens qui ont prétendu former d’honnêtes et habiles citoyens, des hommes utiles, de grands hommes, en se promenant, en causant, en plaisantant ; accoutumer la jeunesse à la pratique éclairée des vertus et l’initier aux sciences par manière de passe-temps ; oui, certes, il faudrait s’en moquer si l’on ne respectait la bonté de leur âme et leur tendre compassion poulies années innocentes de notre vie. […] La manière d’élever cent étudiants dans une école est précisément l’inverse de la manière d’en enseigner un seul à côté de soi.
L’autre imitation, qui est celle que nous faisons des anciens, devrait consister non point à les copier, non point à imiter leur manière la forme de leur style, la tournure de leurs phrases, leur système de composition, mais à imiter la nature, comme ils l’ont imitée, c’est-à-dire à peindre les objets par l’impression reçue. […] Je n’ai pas besoin de le dire : la seule manière d’user des anciennes divinités païennes, c’était de les transformer, comme l’a fait Milton, en des anges ennemis, en des esprits de séduction et de perte. […] Ainsi l’invention n’aurait été attribuée aux poètes que lorsqu’il y eut des prosateurs, parce qu’à ceux-ci on ne leur crut que la simple fonction de constater c’est du moins de cette manière que s’explique Pindare.
Telle est la question, et elle est grave, car les hommes tiennent plus de place qu’on ne croit dans leurs doctrines, et la meilleure manière d’atteindre ces dernières, c’est de les frapper, à travers eux. […] On voit qu’il a pris l’ordre longtemps chez M. de Chateaubriand ; mais il tempère la manière du maître par la sienne, et de ce mélange il résulte je ne sais quelle phraséologie solennelle et verbeuse qui se remue mal, s’étale, s’affaisse et devient, au bout d’un certain nombre de pages, un modèle de style accroupi. […] S’il fallait le peindre, comme penseur et comme écrivain, par un seul mot qui dût bien exprimer son être et sa manière, nous dirions, après avoir lu les deux volumes d’aujourd’hui, que M.
Porta distribue les sexes dans le inonde végétal de la manière la plus singulière. […] La langue française, qui a beaucoup d’esprit, a prévu ces deux manières d’aimer les oiseaux. […] Il fut une manière d’être mélancolique, qui n’est plus la nôtre. […] L’univers n’a pas de manière d’être. Il a des manières d’être vu, d’être touché, d’être senti.
Avant tout, il s’agissait de déterminer d’une manière précise l’objet de notre travail et d’en poser les limites. […] Il est plus aisé de mépriser l’art d’écrire que de savoir en user ; mais, quoi qu’en ait dit un ancien dégénéré, l’histoire ne plaît pas de quelque manière qu’elle soit écrite. […] Rien ne ressemble moins au débordant lyrisme, à l’exubérance intarissable de Victor Hugo, que la manière décisive, brève et tendant toujours au but, de Vacquerie. […] Des Contemplations date la troisième manière de Victor Hugo, car les grands poëtes sont comme les grands peintres : leur talent a des phases aisément reconnaissables. […] Rien n’est plus dramatique que la manière dont il sauve Mahaud des embûches du grand Joss et du petit Zéno.
Tout à coup l’indignation de l’auteur se projette d’une manière stentorienne par la bouche d’un des personnages, qui fait justice immédiate de ces divertissements de rapins.
Fernand Séverin font souvenir de ceux de Racine et de Shelley, de Chénier et de Keats et quelquefois de ceux de Lamartine ; mais, comme la déplorable bien que judicieuse manière de comparer une œuvre peinte à une œuvre écrite prévaut quelquefois et exprime d’une façon plus exacte les beautés qui les caractérisent, il nous semblerait donner une idée des poèmes de M.
On peut dire, par exemple : Cette œuvre est en vers ; les vers ont tant de syllabes ; la césure en est régulière ; les rimes en sont riches ; elles sont combinées de telle ou telle manière.
d’Arnaud, sont autant de Cours de Morale mise en action de la maniere la plus propre à faire impression, & qui peuvent être utiles à toutes les Nations policées.
Nous ne doutons pas que M. l’Abbé Guérin ne s’en acquitte, de maniere à s’acquérir de nouveaux droits sur l’admiration & l’estime du Public.
Est-ce ensuite par la maniere dont il soutient cette cause ?
Sa maniere de narrer n’est point un récit ; c’est une déclamation, un amas d’antitheses, un enchaînement de pensées symétriques, une collection de jolis tableaux, qui caractérisent bien plus le pinceau académique, que les vigoureux crayons de la Muse de l’Histoire.
Est-ce que l’idée de ce tonneau percé par l’autre satyre ; ces jets de vin qui tombent dans la bouche de ses petits enfants étendus à terre sur la paille ; ces enfants gras et potelés ; cette femme qui se tient les côtés de rire de la manière dont son mari allaite ses enfants pendant son absence, ne vous plaît pas [?]
C’est la nécessité de cette sympathie générale des membres qui fait qu’une femme assise l’est de la tête, du cou, des bras, des cuisses, des jambes, de tous les points du corps et sous tous les aspects ; ainsi d’une figure debout, d’une figure nue, d’une figure occupée de quelque manière que ce soit.
Des entreprises moins hardies peuvent passer pour être temeraires, puisque c’est vouloir rendre compte à chacun de son approbation et de ses dégouts ; c’est vouloir instruire les autres de la maniere dont leurs propres sentimens naissent en eux.
Il ne faut pas du tout lire des doigts, ni lire en diagonale, comme on a dit aussi d’une manière très pittoresque.
L’Empereur répond, encore une fois, à sa manière : par le bulletin de victoire d’Austerlitz. […] C’est une manière de révélation dont le cerveau du poète a été le Sinaï et le Thabor. […] » Il y a bien des manières d’être Normand ; mais, à coup sûr, celle du duc Rollon en vaut une autre. […] Mais justement par ce qu’elles avaient de suranné elles devenaient une manière de défi jeté à l’esprit moderne. […] C’est la rhétorique de sa manière.
La Rochefoucauld, à sa manière, ne dit pas autre chose, et lui, si bien posé pour le savoir, il se plaint encore de cette facilité qu’elle avait à être gouvernée, dont il usa trop et dont il ne resta pas maître : « ….. […] Sa manière, sa forme est toujours honorable pour l’homme, quand le fond l’est si peu. […] Mme de La Fayette, dont il est très-peu question jusque-là tans la vie de M. de La Rochefoucauld, y intervient d’une manière intime aussitôt après les Maximes publiées, et s’applique en quelque sorte à les corriger dans son cœur. […] Une chose des plus faites pour étonner, c’est lorsque, venant à retrancher tout ce qui n’est que bonne éducation, bonnes intentions, bonnes manières, jugements appris, on découvre un matin combien de gens au fond sont bêtes.
Il n’y pensait pas cinq minutes d’avance ; il s’embrouillait parfois dans son improvisation d’une manière si comique qu’on s’étouffait pour ne pas rire. […] Le Hir joignait une manière d’écrire juste et ferme. […] Dans leur manière de présenter le christianisme, ces messieurs de Saint-Sulpice, en ne dissimulant rien de la carte de ce qu’il faut croire, étaient tout simplement d’honnêtes gens. […] Quoique fort intelligente à sa manière, ma mère n’était pas assez instruite pour comprendre qu’on changeât de foi religieuse parce qu’on avait trouvé que les explications messianiques des Psaumes sont fausses, et que Gesenius, dans son commentaire sur Isaïe a raison sur presque tous les points contre les orthodoxes.
D’Aubigné nous dit que Henri IV, dans le temps où il lui avait conseillé d’écrire cette Histoire, avait promis une somme raisonnable pour les voyages, pour la reconnaissance des lieux et des villes où s’étaient livrés les combats ; mais, les promesses étant demeurées sans effet, et après la mort de ce roi, ce fut à l’historien même à se pourvoir, à s’enquérir de toutes manières. […] Le duc de Mayenne, interrogé un jour par des amis de d’Aubigné sur la manière dont s’était passé le combat d’Arques et sur ce qui avait précipité la victoire ; après quelques essais d’explication, et se sentant trop pressé, finit par répondre : « Qu’il dise que c’est la vertu de la vieille phalange huguenote et de gens qui de père en fils sont apprivoisés à la mort. » D’Aubigné, qui prend au pied de la lettre la réponse du duc de Mayenne, s’est donné pour tâche dans son Histoire de raconter les exploits et de produire les preuves de cette vertu guerrière, d’en retracer l’âge héroïque dans ses diverses phases : c’est sa page à lui, c’est son coin dans le tableau de son siècle ; et il l’a traité avec assez d’impartialité en général, avec assez de justice rendue au parti contraire, pour qu’on lui accorde à lui-même tous les honneurs dus finalement à un champion de la minorité et à un courageux vaincu.
C’est par une sorte d’abus, mais qui avait sa raison, que l’on a compris encore sous le nom de romantiques les poètes, comme André Chénier, qui sont amateurs de la beauté grecque et qui, par là même, sembleraient plutôt classiques ; mais les soi-disant classiques modernes étant alors, la plupart, fort peu instruits des vraies sources et se tenant à des imitations de seconde ou de troisième main, ç’a été se séparer d’eux d’une manière tranchée que de revenir aux sources mêmes, au sentiment des premiers maîtres, et d’y retremper son style ou son goût. […] Ce n’est pas à des hommes politiques qui, tous les jours, appliquent cette manière de voir aux principes de 89, qu’il est besoin de démontrer cette vérité : de ce qu’on ne va pas aussi loin que tout le monde, et de ce que même, à un moment, on recule un peu, il ne s’ensuit pas qu’on se convertisse ni qu’on renonce à tout.
M. de Viel-Castel, tout en estimant que ces deux points de vue, celui des libéraux exagérés et celui des ultra-royalistes, sont également faux, ne se laisse cependant pas dominer par un système en racontant les faits, et au contraire il les expose de telle manière et si véridiquement qu’à ne prendre d’autre guide que lui, à n’écouter que son témoignage, on arrive de soi-même à une première conclusion provisoire. […] Monsieur, comte d’Artois, qui avait précédé son frère, était à peine installé aux Tuileries, qu’il avait (indépendamment du ministère officiel, dès lors constitué) ses conseillers à part, son comité intime, sa police secrète : Il y avait donc, nous dit M. de Viel-Castel, deux gouvernements, l’un officiel, connu de tous, conduisant les affaires, composé en général d’hommes sages et expérimentés, mais pour qui le prince n’éprouvait ni confiance ni sympathie, bien qu’il les ménageât beaucoup ; l’autre, occulte, formé pour la plus grande partie de courtisans sans lumières et d’intrigants sans conscience, n’agissant qu’indirectement sur l’administration, mais surveillant et contrariant par des voies souterraines ceux qui en étaient chargés, se préoccupant beaucoup plus des personnes que des choses, et régnant d’une manière absolue sur l’esprit du lieutenant général.
On ne cesse d’opposer à toute réforme de l’orthographe le vers d’Horace sur l’usage, maître absolu et seul régulateur légitime du langage : « Quem penes arbitrium est… » Cela est vrai des mots mêmes qui sont mis en circulation plus que de la manière de les écrire. […] Ainsi, pour ces trois mots qui viennent du grec et qui en restent tout hérissés en français : ophthalmie, phthisie, rhythme, quel mal y aurait-il d’en rabattre un peu et de permettre d’écrire, non pas oftalmie, ftisie, ritme, ce serait trop demander en une seule fois, mais au moins et par manière de compromis, ophtalmie, phtisie, rythme ?
Il sentait la manière de chaque grand auteur avec une singulière vivacité d’impressions et, on peut dire littéralement, jusqu’au bout des ongles ; son geste même l’indiquait : il avait hérité de la sensibilité esthétique de l’un de ses premier ? […] Il comparait spontanément les écrivains des diverses nations, il les rapprochait d’une manière inattendue et avec une sorte de recherche ingénieuse qui chez lui était naïve ; ce qui aurait pu sembler de la subtilité n’était que la fleur suprême du goût.
Je sais bien qu’après tout la manière dont les fruits naissent en poésie ne fait rien à l’affaire ;l’essentiel est ce qu’ils sont et ce qu’ils paraissent au goût : mais le mal serait que le goût y découvrît quelque chose du procédé factice, artificiel, qu’un redoublement d’art eût peut-être recouvert, fondu, dissimulé. […] Hugo apprécie peu et qu’il heurte volontiers dans sa manière ; il se soucie médiocrement, j’imagine, de l’aimable simplicité des Grecs, de ce qu’eux-mêmes appelaient aphéleia, mot que le poëte Gray a traduit quelque part heureusement par tenuem illum Græcorum spiritum , qualité délicate et transparente qui décore chez eux depuis l’ode à la Cigale d’Anacréon jusqu’aux chastes douleurs de leur Antigone.