Mais Gandar nous est, lui aussi, à sa manière, un de ces exemples, et des plus ironiques, des plus frappants. […] Cette manière de sentir intime et profonde qu’on vient de voir se révéler était bien en accord avec la sévérité des devoirs futurs qu’il acceptait à l’avance. […] et cela dit presque en manière d’éloge ! […] Du reste, il faut dire que le rôle d’Hamlet, ce rôle qui est toute la pièce, était joué d’une manière remarquable. […] Naturellement et sans calcul, la manière de penser et même de croire se met d’accord avec ce don, cette puissance de dire, quand elle existe à ce degré souverain.
Les cinq croisées percées à chaque étage ont de petits carreaux et sont garnies de jalousies dont aucune n’est relevée de la même manière, en sorte que toutes leurs lignes jurent entre elles. […] Je suis heureux à ma manière. […] Jusqu’à présent leur attachement aux Bourbons pouvait justifier leur solitude ; mais je doute que le retour du roi change leur manière de vivre. […] Sa façon de dire les terminaisons en i faisait croire à quelque chant d’oiseau ; le ch prononcé par elle était comme une caresse, et la manière dont elle attaquait le t accusait le despotisme du cœur. […] Aussi plaisait-elle sans artifice, par sa manière de s’asseoir, de se lever, de se taire ou de jeter un mot.
Tourguéneff nous interrompt, en disant avec l’originalité de sa pensée et le doux gazouillement de sa parole : « La comparaison n’est pas noble, mais permettez-moi, messieurs, de comparer Taine à un chien de chasse que j’ai eu : il quêtait, il arrêtait, il faisait tout le manège d’un chien de chasse d’une manière merveilleuse, seulement, il n’avait pas de nez, j’ai été obligé de le vendre. » Zola est tout heureux, tout épanoui de l’excellente cuisine, et comme je lui dis : « Zola, seriez-vous, par hasard, gourmand ? […] Et la religieuse ajoutait en riant, « que cela la convainquait que le mariage était la vocation naturelle de la femme. » Vendredi 19 mars Ces Anglais, quand ils se mettent à être originaux, le sont d’une manière plus carrée que les autres européens. […] Et cela, fait d’une manière si amicale et si brusque, qu’ils ne peuvent cette fois refuser. […] Il cause d’une manière bonhomme, charmante, s’amusant de ce qu’il raconte, et coupant quelquefois son récit d’un rire sonore, qui se répète deux fois dans sa bouche. […] Les hommes n’apportent pas aux idées de ce domaine la même foi qu’à leurs doctrines littéraires, qui sont et le credo convaincu et le produit d’un tempérament. » Ici, il s’interrompt pour jeter : « Tenez, nous sommes cinq dans ce salon, qui pensons absolument d’une manière différente, eh bien, je sais que nous nous aimons mieux, que ne m’aime Emmanuel Arago !
La chose importante, c’est le point de vue personnel d’où l’on voit, l’angle sous lequel le monde visible apparaît et, il faut bien le dire, la manière selon laquelle l’invisible que chacun porte en soi se mêle au visible. […] Représenter le monde ou l’humanité d’une manière esthétique, ce n’est donc pas les reproduire passivement au hasard de la sensation, mais les coordonner par rapport à un terme fixe, — le moi original de l’auteur, — qui doit être lui-même, d’autre part, le raccourci le plus complet possible du monde et de l’humanité. […] Aujourd’hui, nous comprenons qu’il y a une autre manière d’être grand : c’est d’être profondément quelqu’un, n’importe qui, l’être le plus humble. […] D’une manière générale, on peut dire qu’un des moyens d’enlever, même dans cette simple proportion, la vie à la nature, c’est de tomber dans l’analyse minutieuse des détails, d’autant plus que toute analyse est une décomposition. […] Il y a là une impression, nocturne qu’on a certainement ressentie dans une certaine mesure, quoiqu’elle se soit très probablement traduite d’une manière différente.
Elle ne l’est pas moins, au fond, que dans le roman d’aventures, mais d’une toute autre manière. […] Dans la réalité, l’action des événements sur le caractère produit des effets accumulés : la vie et les expériences le façonnent et le développent ; une tendance première, une manière de sentir ou d’agir vont s’exagérant avec le temps. […] Le pessimisme s’est introduit dans l’art avec cette manière de voir, quoi d’étonnant67 ? […] La seule expérimentation, ici, est celle dont le romancier lui-même est le sujet, et qui permet aux lecteurs de dire qu’il a le cerveau fait de telle ou de telle manière, des yeux qui voient de telle ou telle couleur. […] Tout dépend de la manière dont on les aligne.
Si on traduisait mot à mot ces idiotismes dans une langue universelle, on cesserait d’être compris ; il faudrait donc modifier non plus son langage, mais sa manière même de penser, écarter de soi tout ce qu’il y a d’individuel, généraliser ses impressions mêmes et leur enlever leur précision. […] Il y a aussi une certaine manière d’écrire qu’on peut appeler le style abandonné ; elle laisse les idées et les images se succéder au hasard des événements ou des associations habituelles : c’est le style du récit ; c’est la vraie prose, celle de M. […] Il tremblera, etc. » C’est de cette manière confuse et sans eurythmie que Port-Royal repense la pensée de Pascal. […] Par l’évolution de la langue, le vocabulaire du prosateur et le vocabulaire du poète se confondent ; tout dépend de la manière de frapper. […] Puisque la poésie est tout entière non dans une manière déterminée d’exprimer la pensée, mais dans la pensée émue elle-même, puisqu’elle traverse les formes et les temps alors que le vers change avec les pays et les époques, pourquoi vouloir la renfermer dans une forme à l’exclusion de toute autre ?
Sans doute l’orthographe, comme la prononciation, était extrêmement variable au Moyen Âge ; mais même à cette époque reculée n’y avait-il pas certaines règles de grammaire, certaines manières de dire et d’écrire, qui étaient réputées les bonnes et les préférables ?
Une lettre à Ibis, un conte légendaire, deux petites histoires orientales, je tiens l’une, La Besace de toile bise, pour parfaite en son genre, et une brève nouvelle de notre temps, La Vieille à l’Araignée, forment la première partie du livre ; et, déjà, j’indiquerai une différence dans la manière d’écrire de M.
Cette Histoire a eu du succès, & en méritoit par la maniere sage dont elle est écrite.
Cet Auteur a une maniere de narrer qui lui est particuliere.
Tout ce qu’il a écrit néanmoins, quand il a su se borner à la Morale sans toucher aux Dogmes, marque un Auteur judicieux, plein de sentimens, d’honneur & de religion ; un Littérateur instruit, qui ne se sert de ses connoissances que pour orner la vertu & en inspirer l’amour ; un Ecrivain estimable, qui, sans avoir un style élégant, correct ni précis, a dans sa maniere de s’exprimer un ton de chaleur & d’intérêt, qui fait goûter ses Ouvrages.
La sienne tient par intervalles de celles de chacun de ces Prédicateurs, sans atteindre à leur maniere.
Sa maniere de procéder est la meilleure qu’on pût employer dans un Ouvrage de cette nature.
Nous ne parlons que de ce qu’il a fait dans le genre littéraire ; & l’on peut dire que ses Entretiens sur les Sciences & la maniere d’étudier, forment une composition estimable, dont la lecture seroit très-utile aux jeunes gens assez sages pour vouloir s’instruire, avant d’exercer leur plume au hasard & sans principes.
Sa maniere de s’énoncer est simple, noble, soutenue, persuasive, éloignée des vains ornemens ; mais elle manque souvent de chaleur.
On exhorte cependant M. de Sacy à travailler de maniere à n'avoir plus besoin de cette indulgence, & à se persuader qu'on peut s'exprimer vivement, sans donner dans l'enflure & la déclamation.
Sans se répandre sur tous les objets, comme font ces Ecrivains qui ne se proposent d'autre but que d'écrire, il ne peint jamais que les défauts & les vices dont il désire de guérir les hommes ; sa maniere de les présenter est très-capable de produire cet effet.
Ses Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique des six premiers Siecles, sont écrits de la même maniere ; c'est toujours le même ordre, la même netteté, la même exactitude, la même modestie.
Il a cultivé la Poésie avec assez de succès, pour mériter le suffrage de ceux qui estiment plus le fond des choses, que la maniere de les exprimer.
Les Mémoires de l'Académie de Berlin, où il fut admis lors de son établissement, la Bibliotheque Germanique, l'Histoire critique de la République des Lettres, offrent un grand nombre de Dissertations & d'autres Ecrits de sa façon, qui ne sont pas les moins intéressans de ces Recueils, soit par les sujets, soit par la maniere dont ils sont traités.
., peut-être n’est-il plus temps d’entendre que LITTÉRATURE EUROPÉENNE, tant, à l’exception des langues, qui entreront aussi un jour dans la mêlée universelle, les littératures modernes sont en train de faire de l’unité monstrueuse dans leurs conceptions et leurs manières de sentir !
je ne saurais en disconvenir, Rodogune m’a beaucoup plu, et d’une manière toute nouvelle, d’une manière toute différente de celle dont elle m’agréait à la lecture. […] Il y a deux manières principales, comme on sait, de prononcer l’X. […] Il est resserré et à l’étroit devant elle jusqu’à une manière d’étranglement. […] C’est un genre qui naît, et qui naît d’une manière de relâchement et d’abaissement. […] Mais avec votre manière de juger, il n’y aura bientôt plus d’art dramatique en France.
d’une sûreté de brosse et d’une fermeté de manière magistrale, M. […] Je fais une appréciation du talent et de la manière de l’écrivain, et non l’examen détaillé de ses ouvrages. […] Dirons-nous un mot, en terminant, du style et de la manière de l’écrivain ? […] Barbara a commis, dans un sens inverse, la maladresse ordinaire de ces niais d’atelier ou de salon qui ne manquent jamais de vous dire, en manière d’exorde : — Ah ! […] — Arrive une situation hardie, périlleuse, autrement dit un obstacle, il n’a qu’une manière de l’affronter : il se dérobe.
Il a commencé tôt et de la manière dont, toute sa vie, il devait continuer. […] D’une manière générale, d’ailleurs, ils reconnaissent quelle force défensive est la vie. […] C’est la vraie manière de vivre avec intensité. […] Elle vaut aussi, d’une certaine manière, comme fin. […] Il les charpente, les agences avec un soin visible, annonçant même les divisions à l’ancienne manière.
Sa manière de procéder est ingénieuse & nouvelle. […] De cette hauteur des branches où ils sont élevés, ils lui jettent de l’eau en cent manières différentes. […] Cet usage a subsisté longtemps, jusqu’à ce qu’un peintre Flamand, nommé Jean Van-eyck, trouva la manière de peindre à l’huile ; manière beaucoup plus délicate & plus durable. […] Il y a une infinité de manières de peintures. […] La manière du premier est fière & terrible : il sacrifioit tout à la force & à l’expression.
S’il est exact que tout dans l’âme soit conditionné d’une manière stricte, la responsabilité n’est qu’un mot vide de sens. […] Surtout acceptons la manière des maîtres. […] Vous en reconnaîtrez la preuve ici encore à la manière dont il présente le jeune homme qui, visiblement, va être le héros de son livre. […] Cette facilité tient à la manière même dont ses livres ont été conçus. […] Ainsi s’expliquent les ondoiements, les complications, les humeurs, pour tout dire, de ce Sainte-Beuve première manière.
. — Émotion vague et continue, pensée volontairement et simplement supérieure, amplification spontanée, enlacement charmant des images, généralisations aisées, manière naturelle de montrer, plutôt que les choses, l’ombre abstraite des choses agrandies — il a beaucoup d’un grand poète.
Il serait bien difficile de caractériser, à moins de nombreuses citations, la manière et le type de chacun de ces jeunes écrivains, dont l’originalité n’est pas encore dégagée des premières incertitudes.
Deux sonnets donneront une idée des deux aspects de sa manière : l’ingéniosité dans la composition picturale et la délicatesse dans l’observation physiologique.
L’Histoire de la Conquête d’Angleterre par Guillaume Duc de Normandie, celle de Philippe - Auguste & celle de Charles VIII, satisferont toujours les Lecteurs, pourvu qu’on n’y exige autre chose que tout ce qu’on peut trouver dans les autres Historiens, & qu’on fasse grace à la diffusion du style, en faveur de l’intérêt que l’Auteur a répandu dans sa maniere d’écrire & de présenter les événemens.
Ami de Ronsard, il se laissa d’abord éblouir par le faux brillant de sa Poésie ; mais il reconnut bientôt son erreur, pour s’attacher à la maniere de Desportes, qui étoit aussi son ami, & qui pouvoir lui servir de modele pour la douceur & le naturel de ses vers ; il le surpassa même par la pureté de son style & la sagesse de sa Muse.
En s’attachant à la maniere de ce Poëte original, il auroit dû éviter sa trop grande liberté de penser, ou du moins conserver la decence de son style, & ses Poésies n’en seroient que plus agréables.
Marmontel & Thomas ont lu avec fruit cette Institution, dont ils ont fondu quelques idées, à leur maniere, l’un dans son Bélisaire, l’autre dans l’Eloge de M. le Dauphin.
Celui qui a pour titre, des Causes du Bonheur public, offre une infinité de vûes patriotiques, qui donnent l’idée la plus avantageuse de son cœur, en même temps qu’elles honorent son esprit, par la maniere énergique dont elles sont présentées.
Les matieres les plus abstraites deviennent intéressantes sous sa plume, par la maniere agréable dont il les présente, & par les fleurs qu’il a su y répandre, sans cet air de prétention & de suffisance, qui rend les ornemens ridicules, & par conséquent plus qu’inutiles.
La manière dont il eut cette place, qui devint entre ses mains un office de la Couronne, continue de le caractériser. […] Ces conversations du roi et de son ministre dans la grande allée du jardin de l’Arsenal, à l’extrémité de laquelle était l’espèce de balcon d’où l’on voyait tout Paris, ou dans les grandes halles du côté de la Bastille, entre des rangées de cent canons, durant des heures entières d’horloge, sont reproduites d’une manière substantielle. […] L’homme qui devait renouer la chaîne et relever l’entreprise monarchique à sa manière, Richelieu connut Sully à cette époque d’irrésolution et de désarroi, et il l’a jugé avec dureté.
À sa manière, qui est plutôt hardie qu’aisée, j’ai jugé que ce n’était point la peine ici, et que ce ne serait qu’un soin futile qui, en manquant, lui ferait peu de faute. Il a l’air d’un homme qui a vu du pays plutôt que d’un homme comme il faut qui a voyagé ; il a tout à fait secoué cette réserve qui entre si ordinairement dans le caractère anglais ; et cependant il ne s’ouvre point doucement et par degrés comme font les gens de manières polies, mais il vous éclate au visage tout à la fois. […] Franklin, à qui un ami l’envoya à Passy, où il était alors, y trouva, dit-il, « quelque chose de si nouveau dans la manière, de si aisé et pourtant de si correct dans le langage, de si clair à la fois et de si concis dans l’expression, et de si juste dans les sentiments », qu’il le lut d’un bout à l’autre avec plaisir (rare louange pour des vers, surtout de la part de quelqu’un qui n’en lisait plus), et il en relut même certaines pièces plus d’une fois.
Il a saisi et défini en philologue des plus exercés la manière archaïque de ce Saint-Martin, qui, dans ses épitaphes latines, affecte l’imitation de Plaute, de Catulle et d’Apulée, et qui, dans ses épigrammes grecques, se plaît à coudre ensemble et à rassortir les réminiscences de l’Anthologie. […] Montaigne fait causer son monde, et il tire de chacun les particularités les plus marquées : ainsi cet homme qui le sert, cette espèce de sommelier, et qui est, sous son air de domestique, une manière de seigneur, lui dit entre autres choses qu’ils ne se font nulle difficulté ni scrupule de religion de servir le roi contre les huguenots mêmes, tout huguenots qu’ils sont. […] Il y a bien des manières d’être voyageur, et je ne voudrais en exclure aucune ; mais je ne puis m’empêcher d’opposer cette façon d’aller de Montaigne à celle d’un grand écrivain moderne, voyageur par ennui plus encore que par curiosité, et qui, dès qu’il avait saisi les grands horizons, les vastes contours, les ciels et les sommets dominants d’un pays, ne daignait y rien, regarder de plus.
A la manière dont il en parle d’abord et dont il les envisage, il est évident qu’il a vu en eux, qu’il a rencontré ou transporté en leur image et sous leurs traits comme un idéal de ses qualités et de ses défauts : tant il est vrai que l’idéal est aussi un produit de nature, et que ceux même qui s’en passent le mieux dans la pratique journalière le mettent quelque part en dehors et au-dessus d’eux ! […] Les frères Le Nain, nés et élevés à Laon, eurent pour premier maître un étranger et probablement un Flamand, qu’on ne nomme pas ; ils étaient trois, Antoine, Louis et Mathieu, « vivant, est-il dit, dans une parfaite union » ; ils offraient, dans l’application de leur pinceau, des différences, qui paraissent avoir été de dimension plutôt que de manière. […] Leurs tableaux de sainteté rentrent eux-mêmes d’ailleurs assez bien, par l’exécution et la manière de faire, dans la définition générale de M.
Lui il tint à marcher en plaine à l’ennemi par manière de défi et pour rendre le cœur aux troupes ; mais, cette démonstration faite, il n’eut garde de se risquer à attaquer. […] Je vous supplie de me mander si vous jugez qu’en faisant le siège de Landrecies, ils puissent toujours conserver leur communication à Douai par Marchiennes, pour en tirer leurs convois et munitions de guerre, ce qui est fort éloigné de Landrecies ; et il est néanmoins bien difficile qu’ils les puissent faire venir d’ailleurs… S’il était possible dans ce grand éloignement d’attaquer leurs lignes de Denain pour couper la communication> ce moyen paraîtrait le plus assuré et le moins hasardeux pour les obliger à lever le siège ; et vous feriez bien d’en écrire vous-même à M. le maréchal de Villars et de lui en envoyer un projet, lui marquant le nombre de troupes dont vous auriez besoin, de quelle manière et en quel temps il devrait les faire marcher, etc., etc. […] Je n’ai point donné de ces batailles générales qui mettent le royaume en peine ; mais j’espère, avec l’aide de Dieu, que le roi retirera de grands avantages de celle-ci. » Et, en effet, si l’idée originale de Denain n’est pas de Villars, il se l’appropria tout à fait par la manière brillante et rapide dont il sut profiter de ce premier succès ; à la façon soudaine dont il en tira les conséquences, on aurait pu l’en croire le seul auteur et le père, et l’on peut dire que, par l’usage qu’il en fit, il éleva ce coup de main heureux à la hauteur d’une grande victoire.
Cela est et sera vrai en Angleterre depuis Robin Hood jusqu’à lord Chatham, jusqu’à Junius, et même lorsqu’il y aura élégance et belles manières de salon au xviiie siècle, quand il y aura assaut, de nous à eux, de conversations et de mots piquants, nos beaux esprits en renom, nos Nivernais, nos Boufflers leur paraîtront bien minces, bien émoussés, éreintés et fades, auprès de leurs joyeux vivants à saillies éclatantes et à haute verve (high spirits) : demandez plutôt à ce juge équitable et qui savait si bien les deux sociétés, à Horace Walpole. […] Laissons cette manière à ceux qui ne tiennent qu’à amuser en écrivant ou qui se livrent à leurs antipathies sans y prendre garde. […] S’il existe telle chose que le tempérament littéraire, il ne se dessina jamais chez personne d’une manière plus caractérisée et plus nettement définie que chez Pope.
Après Barbier, prenez d’Argenson, une autre manière de bourgeois sous son nom plus noble. […] On ne saurait montrer d’une manière plus maligne et plus piquante qu’elle ne le fait l’état des deux camps et des deux Cours sitôt le danger passé et pendant la convalescence du roi. […] Quand je dis qu’importe, j’ai tort : la conduite du roi avec la reine, sa manière d’être en public avec elle, dépendait beaucoup des impressions qu’on lui donnait journellement ; rien n’était plus facile que de l’indisposer.
Et puis, quand on a lu, qu’on a été saisi, choqué, attiré, secoué et repris de mainte manière et par bien des fibres, il vient un moment où la rébellion cesse, où l’on rend les armes et où, tout rempli des qualités évidentes d’un auteur honnête, hardi, piquant, pittoresque, cordial et généreux, on se plaît à ajouter ce trait qui vient le dernier et qui manquerait à tout éloge de femme, s’il ne le couronnait pas : « Elle doit être vraiment aimable ! […] Ainsi l’on fait en Angleterre, en Amérique ; tous ceux et toutes celles qui se sentent une idée et qui croient avoir quelque chose à dire le disent tout haut, résolument, effrontément, et à leur manière : toutes les originalités sortent, et les singularités aussi. […] Ce ne paraît pas difficile, mais on tape les yeux bandés et souvent on frappe en l’air. » Remarquez-vous comme le trait est court, léger, la plaisanterie discrète, et quelle manière différente de celle qu’affecte l’intrépide Vaudoise et qui nous aurait frappés bien plus encore si nous l’avions suivie plus loin dans ses courses de touriste, par-delà le Saint-Gothard, à travers le Tessin et jusqu’aux lacs d’Italie ?
On le vit de bonne heure bien servir à la guerre, concevoir des plans de campagne, avoir des idées en politique, s’exprimer et agir d’une manière aisée et grande qui le rattache encore au siècle dont il était l’un des plus jeunes à soutenir le déclin. […] Et de Saint-Simon, au contraire, voici par exemple un premier portrait, ou une première partie de portrait qui me paraît incontestable : « Le duc de Noailles, maintenant (1743) arrivé au bâton, au commandement des premières armées et au ministère, va désormais figurer tant, et en tant de manières, qu’il serait difficile d’aller plus loin avec netteté sans le faire connaître, encore qu’il soit plein de vie et de santé, et qu’il ait trois ans moins que moi. […] L’élocution nette, harmonieuse, toutefois naturelle et agréable ; assez d’élégance, beaucoup d’éloquence, mais qui sent l’art, comme avec beaucoup de politesse et de grâce dans ’ses manières, elles ne laissent pas de sentir quelque sorte de grossièreté naturelle ; et toutefois des récits charmants, le don de créer des choses de rien pour l’amusement, et de dérider et d’égayer même les affaires les plus sérieuses et les plus épineuses, sans que tout cela paraisse lui coûter rien.
Les contradictions, les inconséquences éclatent dans ses idées comme dans sa manière. […] En y corrigeant les inexactitudes de faits, en y revisant les jugements pour en modifier l’excessif et le juvénile, en persistant toutes les fois qu’il croirait avoir raison, en daignant par instants discuter les opinions des autres, en complétant aussi sa galerie par quelques autres portraits du temps qui y manquent, et où il apporterait désormais plus de précaution (comme il en a su prendre dans son article Scarron, d’ailleurs si amusant), il aurait fait, non pas une histoire régulière de la poésie sous Louis XIII, mais un piquant, un mémorable essai, dans lequel le sentiment très-vif et très-filial qu’il a de cette poésie, et qu’il rend d’une manière unique, compenserait heureusement bien des écarts. […] (in-fol. n° 122, Belles-Lettres franç.), contient la quintessence de cette première manière de Théophile ; c’est mieux peut-être (en ce qui le concerne) qu’un extrait du Parnasse satyrique, et il se peut que certaines pièces marquées à son nom ne se retrouvent que dans ce manuscrit.
Ce poète, pas plus qu’Homère, n’a inventé les sujets qu’il célèbre ; il les a puisés dans la tradition, dans les légendes et ballades populaires, et il en a fait un corps de poème qui, pour ces temps reculés, supplée en quelque manière à l’histoire. […] Je voudrais ici, par manière de variété, donner quelque aperçu et du poète et de l’œuvre. […] C’est une belle et touchante histoire qui a couru le monde, qui a refleuri dans mainte ballade en tout pays, et que bien des poètes ont remaniée ou réinventée à leur manière, jusqu’à Ossian dans son poème de Carthon et jusqu’à Voltaire dans sa Henriade.
Je lus hier Othello, je viens de lire Henri VI ; je ne puis vous exprimer quel effet m’ont fait ces pièces, elles m’ont ressuscitée. » Elle aussi, à sa manière, elle a sa vue du fond comme Shakespeare, et sa lettre lxive est ce que j’appelle chez elle son monologue d’Hamlet. […] Elle ne voyait volontiers dans les différentes manières d’être que des variétés de la sottise universelle. […] Il est curieux de recueillir les impressions de ce spirituel et clairvoyant ami : il se relève dans notre esprit et se fait absoudre de ses petites duretés et froideurs à son égard par la manière dont il parle d’elle à d’autres qu’elle.
nous retrouvons le même excellent jugement dans la manière dont Pasquier en parle avant de l’avoir contracté. […] Chaque profession, en effet, nourrit à sa manière de bons esprits qui trouvent, dans le sujet habituel qu’ils ont en main, des expressions heureuses, des termes hardis et naturels, dont un bon écrivain peut faire ensuite son profit, mais dont seul il ne se serait pas avisé. […] Pasquier s’est plu à en consigner dans ses écrits quelques exemples, où l’austérité et la soumission se concilient avec grandeur et d’une manière touchante.
En y réfléchissant, il trouva que la plus simple manière de lui témoigner cet intérêt et de lui faire du bien était encore de l’épouser. […] Vieille, incommodée par le froid dans ces vastes appartements, elle ne pouvait prendre sur elle de mettre un paravent autour de son fauteuil, car le roi y venait, et cette irrégularité de coup d’œil lui eût déplu : « Il fallait périr en symétrie. » Toutes les querelles, les zizanies, les complications de la famille royale retombaient sur elle : « Je viens d’être tirée, non à quatre chevaux, mais à quatre princes », disait-elle un jour dans son excès de fatigue ; et il fallait, avec l’art dont elle se piquait, qu’elle tournât tous ces ennuis en agrément et en manière de gaieté : elle n’en gardait, de son côté, que les épines. […] Ces filles sont élevées de manière qu’il faudrait, de toutes, en faire des dames du palais, sans quoi elles sont malheureuses et impertinentes51. » Je ne serais pas étonné, en effet, que, dans cette institution formée sous l’influence unique de Mme de Maintenon, il ne se fût glissé un peu de vaine gloire.
Avant lui les élections académiques se faisaient comme à l’amiable, à haute voix, et sans qu’on allât au scrutin : Peu de temps après ma réception, je dis qu’il me semblait que Dieu avait bien assisté l’Académie dans le choix de ceux qu’elle avait reçus jusqu’alors, vu la manière dont elle les nommait, mais que ce serait le tenter que de vouloir continuer à en user de la sorte ; que ma pensée était qu’il faudrait dorénavant élire par scrutin et par billets, afin que chacun fût dans une pleine liberté de nommer qui il lui plairait. […] Ce qu’avait fait Descartes en philosophie, d’autres le faisaient dans l’ordre des lettres ; et ces hommes d’un goût léger et scabreux, mais hardi, Perrault, Fontenelle, y concouraient vivement à leur manière. […] [NdA] Depuis lors, pourtant, il faut convenir que la disposition a quelque peu changé, et que les partisans de la perfectibilité et les idolâtres de l’avenir sont devenus, à leur tour, des manières de grands prêtres, s’enflammant par toutes sortes de dithyrambes et prétendant imposer la loi future : il ne fait pas bon de parler en amateurs contre leur sens.
Les actions de la société avaient été portées fort haut, et peut-être d’une manière artificielle. […] Vers ces années, d’assez grands changements s’étaient accomplis et dans l’existence et dans la manière de sentir de Beaumarchais. […] Pour m’en tenir au point de vue littéraire et à celui du goût, je ne puis m’empêcher de remarquer à quel point l’argent prend d’importance dans sa manière de prouver et de raisonner.
Il vivait dans une sorte de solitude, avec ses confidents ; il dormait peu ; et, dans ses nuits sans sommeil, avec cette organisation que nous lui savons, toute desséchée par l’ardeur intérieure et comme amincie par la souffrance, il n’avait pour contentement austère, ainsi qu’il l’a dit quelque part d’une manière sublime, que de voir tant d’honnêtes gens dormir sans crainte à l’ombre de ses veilles. […] Affamés d’honneurs et de biens, et sans aucune ambition patriotique, ils accaparent les gouvernements, les charges, les places de guerre et châteaux ; ils achètent et marchandent pour eux les compagnies des corps royaux et d’élite ; les deniers levés sur les peuples sont détournés à ces traités particuliers : « En un mot, dit Richelieu, si la France était tout entière à vendre, ils achèteraient la France de la France même. » Richelieu est dans l’opposition, comme nous dirions : il est trop patriote, à cette heure, pour n’en pas être, mais il en est encore d’une manière qui lui est propre. […] Richelieu a sa méthode sur la manière dont un Premier ministre dévoué doit produire et mettre en relief un roi courageux ; il souffre de voir Luynes ne rien entendre à cet art et à cette jalousie d’honneur qu’on doit avoir pour les armes de son maître.
Les artistes des siècles passés mieux connus, je rapporterais la manière et le faire d’un moderne, au faire et à la manière de quelqu’ancien la plus analogue à la sienne ; et vous auriez tout de suite une idée plus précise de la couleur, du stile et du clair-obscur. […] Je prétens que c’est dans cet intervalle du troisième rang, du rang de portraitiste de la plus belle nature subsistante soit en tout soit en partie que sont renfermées toutes les manières possibles de faire, avec éloge et succès, toutes les nuances imperceptibles du bien, du mieux et de l’excellent. […] Dites que les préjugés nationaux n’étant pas plus respectés dans mes lignes que les mauvaises manières de peindre, les vices des grands que les défauts des artistes, les extravagances de la société que celles de l’académie, il y a de quoi perdre cent hommes mieux épaulés que moi.
Un grand nombre des morceaux de la peinture antique qui nous reste, est executé en mosaïque, c’est-à-dire, en peinture faite avec de petites pierres coloriées, et des aiguilles de verre compassées et rapportées ensemble, de maniere qu’elles imitent dans leur assemblage le trait et la couleur des objets qu’on a voulu representer. […] Ce grand peintre vivoit encore quand cette superbe mosaïque fut déterrée des ruines d’un temple de Serapis, qui devoit être, pour parler à notre maniere, une chapelle du temple celebre de la fortune Prenestine . […] Enfin on ne sçauroit donner une idée un peu précise des tableaux à ceux qui ne les ont pas vûs absolument, et qui ne connoissent pas la maniere du peintre qui les a faits, que par voïes de comparaison.
Espèce de Christine de Suède à sa manière, qui n’a pas abdiqué le trône, mais la royauté de la femme, le trône de sa grâce et de sa faiblesse ; elle a pris l’habit équivoque dont nous parle la Palatine et elle a mis sur sa pensée, qu’elle a cru viriliser, une forme qui n’a pas gagné en énergie ce qu’elle a perdu en abondance. […] Seulement nous avons une imitation à froid et à balles forcées de sa manière : « Ô Fulvie ! […] Sa grande diablesse de phrase carrée se développe toujours de la même manière, avec la plus fatigante des monotonies ; mais pour cette femme qui veut être homme, c’est là de la gravité magistrale que cette carrure et cette allure.
Il découvrira dans cette idée toutes les manières d’être du triangle, ses trois côtés, ses trois angles, l’opposition du plus grand côté au plus grand angle, la propriété qu’ont les trois angles, de valoir ensemble deux angles droits, etc. Il apercevra ces manières d’être aussi pleinement et aussi aisément dans l’idée intérieure du triangle que dans le triangle extérieur lui-même. […] Il y a donc des idées représentatives, c’est-à-dire douées de la propriété de suppléer les objets, d’offrir leur simulacre, de contenir la copie de leurs manières d’être, de rendre possibles en leur absence les opérations qu’on ferait en leur présence, de subir les opérations qu’on ferait sur eux.
Il s’agit des éléments d’un métier, de ce qui s’enseigne aux peintres dans les académies : on peut apprendre cela ; on peut apprendre à écrire correctement à la manière neutre, comme on grava à la manière noire. […] Augustin, qui, chacun à leur manière, se façonnent une langue ; ce n’est ni S. […] Philippe a au moins le mérite de l’invention ; il est original à sa manière ; nous sommes surpris que M. […] Ils flattent si adroitement la manière tyrannique des démocraties ! […] Il y a deux manières de vivre : dans la sensation et dans l’abstraction.
Cette maniere d’écrire par phrases, en prétendant donner une pensée, ne plaît qu’autant que ceux qui l’adoptent savent fixer quelque temps l’attention du Lecteur sur un même objet, c’est-à-dire, qu’il faut que, de pensée en pensée, ils développent un sujet, afin que les traits de lumiere suppléent au défaut de liaison dans le style.