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1089. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Dumas, mon ami, à diriger la répétition du Gladiateur, et à faire à la mise en scène tel changement qu’il jugera convenable. […] Ce n’est pas, qu’on le sache bien, de ses aptitudes que j’entends parler ici ; mon intention n’est pas de mesurer patiemment tout l’abîme qui sépare M. le commissaire du roi des fonctions littéraires qu’on a jugé à propos de lui confier. […] Ma pièce reçue, malgré les efforts notoires du commissaire du roi, dénoncée par lui aux bureaux du ministère comme une œuvre monstrueuse et antisociale ; mes entrées au théâtre refusées, contre tous les usages, dans l’intervalle de la réception aux répétitions ; des obstacles suscités contre la distribution des rôles ; annonces tardives, omission de réclames, refus formel de répétitions jugées indispensables, et cent autres entraves de toute nature qu’attesteraient au besoin tous les sociétaires indignés : voilà ce que j’ai eu à souffrir, moi, écrivain isolé, inconnu, sans protection, sans coterie, de la part de l’homme auquel ses fonctions imposaient la défense de mes intérêts et de mes droits. […] Une fois, par hasard, M. le directeur des deux Revues s’était avisé de faire pour le roman ce qu’il faisait, comme commissaire du roi et comme régisseur du Théâtre-Français, pour les ouvrages dramatiques, c’est-à-dire de vouloir juger par la lecture de la valeur de l’œuvre. […] — Tu vas en juger.

1090. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Lorsque Louis XIV prit en main le gouvernement après la mort de Mazarin, l’Auvergne était un des pays les plus signalés par le nombre comme par l’impunité audacieuse des crimes ; dès 1661 et dans les années suivantes, les intendants ne cessaient d’y dénoncer à Colbert toutes sortes d’abus de pouvoir et d’excès de la part des nobles, protégés et couverts qu’ils étaient par les officiers mêmes de justice : ce fut aussi l’Auvergne que l’on jugea à propos de choisir pour commencer la réparation dans le royaume. […] La déclaration du roi portant établissement des Grands Jours à Clermont, datée du 31 août 1665, fut vérifiée et enregistrée au parlement le 5 septembre, et le même jour le roi adressa aux échevins et habitants de Clermont une lettre où il était dit : Chers et bien amez, la licence qu’une longue guerre a introduite dans nos provinces, et l’oppression que les pauvres en souffrent, nous ayant fait résoudre d’établir en notre ville de Clermont en Auvergne une cour, vulgairement appelée des Grands Jours, composée des gens de haute probité et d’une expérience consommée, pour, en l’étendue du ressort que nous lui avons prescrit, connaître et juger de tous les crimes, punir ceux qui en seront coupables, et faire puissamment régner la justice ; à présent qu’ils s’en vont pour vaquer à la fonction de leurs charges, et satisfaire à nos ordres, nous voulons et vous mandons que vous ayez à leur préparer les logements qui leur seront nécessaires, etc. […] Jugez si je recule pour personne quand il s’agit du service du roi.

1091. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Ces poëtes, à en juger par lui, étaient, en effet, des âmes orphelines, sans parents directs en littérature française. […] Et, en effet, dussé-je me montrer encore une fois sacrilége et au risque de profaner le fruit d’or en voulant y chercher l’amande, je dirai que, si la pensée de M. de Vigny est souvent élevée et grande, son développement est presque toujours précieux, à tel point que plusieurs des pièces esquissées dans ses albums sont certainement plus belles à l’état de projet qu’elles ne l’eussent été après exécution ; elles laissent d’elles une plus grande idée. — Je reviens à la lettre interrompue : je saute des lignes, des phrases élogieuses, et le donne ce qui revient à mon propos, lequel est encore une fois de montrer qu’en me permettant d’essayer de juger M. de Vigny et sa manière, je n’étais point tout à fait sans le connaître (autant du moins qu’il pouvait être connu) et sans avoir été initié et introduit de longue main par lui-même au sanctuaire de sa pensée, si riche en dédales et en mystères. […] Très-susceptible sur d’autres points, il ne jugea pas à propos de me rectifier dans le temps sur ce point-là.

1092. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Il était à craindre sans doute que ce qui avait paru à une certaine dat etrèsneuf et à la limite la plus avancée de la hardiesse permise, ne fût jugé, vingt ans après, trop timide, et en arrière, ou des progrès, ou des licences dramatiques désormais autorisées. […] Les inconvénients de ce trop de respect nous ont sauté d’abord aux yeux ; ils devraient être jugés moins sévèrement aujourd’hui que nous savons l’excès contraire et que nous sommes tombés dans le déshabillé. […] Cet état douteux a cessé depuis la publication de la pièce dans les Œuvres ; chacun peut lire, mais ce n’est qu’à une remise en scène qu’on en pourrait complétement juger. — Mlle Mars, qui représentait le principal personnage, avait bien tout le charme qui était nécessaire pour représenter doña Estrelle, mais il lui manquait la force et le pathétique.

1093. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

La fortune de l’illustre absent, à cette époque, n’était pas à beaucoup près aussi nette que nous la jugeons aujourd’hui ; son astre lointain semblait par moments près de s’éclipser. […] Pour nous littérateurs, et à ne juger que d’un peu loin et par les livres, nous dirions que si Mme de Staël introduisit et maintint une sorte de sérieux plus exalté, que si Mme Guizot (Mlle de Meulan) ne craignit pas un sérieux plus raisonneur et parfois contredisant, Mme de Rémusat dut rechercher un sérieux plus uni à la fois et plus doux. […] Je ne fais que courir sur un sujet dont tous ne peuvent juger comme moi, et où les preuves seraient trop longues à produire.

1094. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Rousseau y est jugé comme il doit l’être par la pitié et par l’enthousiasme. […] Jugez quelle est sa mère par le sentiment énergique et profond qu’à cet âge déjà elle a su lui inspirer ! […] Ce livre, jugé aujourd’hui à distance avec le sang-froid de la critique, n’ajoute rien à sa véritable gloire.

1095. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

La Haute et le Nouveau Jeu, Leur Cœur et Nocturnes, le Prince d’Aurec et Viveurs, c’est la surface brillante et pourrie de la société contemporaine, décrite par un esprit aigu, — mais en même temps jugée, le plus souvent sans le dire, par une âme qui, dans sa rencontre avec l’éphémère, continue de porter en soi quelque chose de stable et de traditionnel : la vieille France, simplement. […] Autant que j’en puis juger sur une seule épreuve, M.  […] Et je voudrais que, de ce contentement si naturel et si légitime, il restât à la République un sourire, une douceur, le désir de juger toujours dans un esprit équitable ce passé qui, en cette occasion, lui fut si avantageux ; qu’elle acquît par là l’utile notion de la lenteur nécessaire des transformations politiques et sociales, et qu’alors, sans rien perdre de sa générosité et sans rien répudier de ses rêves, elle se défiât un peu plus de ses ignorances, de ses impatiences, de ses intolérances, et se gardât aussi de quelques-uns de ses conducteurs.

1096. (1772) Éloge de Racine pp. -

Je ne me flatte pas d’avoir embrassé toute l’étendue de tes talens : l’homme de génie n’est bien jugé que par ses égaux. […] Peu content de ce qu’il avait produit jusqu’alors (car le talent sait juger ce qu’il a fait, parce qu’il sent ce qu’il peut faire), ne trouvant pas dans ses premiers ouvrages l’aliment que cherchait son ame, Racine s’interrogea dans le silence de la réflexion. […] Ajoutez à tous ces intérêts qui lui étaient contraires, cette disposition secrète qui, même au fond, n’est pas tout-à-fait injuste, et qui nous porte à proportionner la sévérité de notre jugement au mérite de l’homme qu’il faut juger.

1097. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Et tout le conte est d’une telle verve d’ironie cruelle qu’en voyant ce Bixiou de Daudet, car on dira aussi le Bixiou de Daudet, parce que peindre ainsi c’est une prise de possession, on songe à un Neveu de Rameau plus abject que l’autre, et certainement plus mordant, dans l’emporte-pièce de ces quelques pages… Ces quelques pages, énergiques à étonner même sous une autre plume que celle de Daudet, il faut, pour bien en juger, les lire où elles sont. […] VII Ces effets d’ensemble constatés, il reste les détails du livre à juger, et c’est ici que la Critique n’a plus à se montrer sévère. […] Et il fait, pour celui qui est obligé de le juger, de l’impartialité une chose cruelle.

1098. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Sire, répliqua celui-ci, je ne la voudrais faire pour tous vos trésors. » Henri IV disait, et avec raison, à Sully : « Dès l’heure que vous ne me contredirez plus aux choses que je sais bien qui ne sont pas selon votre humeur, je croirai que vous ne m’aimerez plus. » Il a jugé son ministre dans la dernière année (1609) sans complaisance, sans faveur, et d’une voix qui est déjà celle de la postérité. […] L’homme qui devait renouer la chaîne et relever l’entreprise monarchique à sa manière, Richelieu connut Sully à cette époque d’irrésolution et de désarroi, et il l’a jugé avec dureté.

1099. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

La Bruyère a très finement touché ce coin singulier, et ce travers d’être en tout l’opposé du commun des mortels, dans le portrait qu’il a donné de Tréville sous le nom d’Arsène (chapitre « Des ouvrages de l’esprit ») : Arsène, du plus haut de son esprit, contemple les hommes, et, dans l’éloignement d’où il les voit, il est comme effrayé de leur petitesse : loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent ; eux seuls savent juger, savent penser, savent écrire, doivent écrire… À l’heure dont nous parlons, Tréville n’avait point encore eu d’inconstance proprement dite, mais une simple conversion ; seulement il l’avait faite avec plus d’éclat et de singularité peut-être qu’il n’eût fallu et qu’il ne put le soutenir : il avait couru se loger avec ses amis du faubourg Saint-Jacques, il avait rompu avec tous ses autres amis ; il allait refuser de faire la campagne suivante sous les ordres de Louis XIV : « Je trouve que Tréville a eu raison de ne pas faire la campagne, écrivait un peu ironiquement Bussy : après le pas qu’il a fait du côté de la dévotion, il ne faut plus s’armer que pour les croisades. » Et il ajoutait malignement : « Je l’attends à la persévérance. » Tel était l’homme dont la retraite occupait fort alors le beau monde, lorsque Bourdaloue monta en chaire un dimanche de décembre 1671 et se mit à prêcher Sur la sévérité évangélique : il posait en principe qu’il faut être sévère, mais que la sévérité véritablement chrétienne doit consister, 1º dans un plein désintéressement, un désintéressement même spirituel et pur de toute ambition, de toute affectation même désintéressée ; — 2º qu’elle doit consister dans une sincère humilité, et 3º dans une charité patiente et compatissante. […] … Ces instances, dont on ne sut le détail qu’après lui, demeurèrent sans effet : ses supérieurs le jugeaient trop utile et trop à sa place pour s’en priver.

1100. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Premièrement, il ne faut point faire fi de ces choses agréables qui ont été universellement goûtées en leur temps et dans le siècle où elles sont nées, dussent-elles avoir perdu de leur sel pour nous aujourd’hui : c’est un léger effort et un bon travail pour un esprit cultivé que de se remettre au point de vue convenable pour en bien juger. […] Ils sont paresseux, mais surtout par délicatesse, pour ne pas profaner par une œuvre incomplète leur rêve de perfection exquise, ou s’ils consentent à laisser tomber une esquisse de leurs mains, c’est avec une négligence sincère qui ne permet pas de les juger.

1101. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Mais ce n’était pas seulement Walpole qui jugeait ainsi le poème des Saisons, c’était Grimm, c’était Diderot qui, sous le couvert de Grimm, avait tout un article critique développé, où il disait à bout portant, et pour ses correspondants d’Allemagne, tout ce qui était à dire. […] Il avait beaucoup d’esprit et un sens exquis, un tact exquis, dans l’acception où le prenait la société de son temps : c’est l’éloge que lui accordent ceux même qui le jugeaient d’ailleurs le plus sévèrement.

1102. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

ma chère, d’après le silence dont mon arrivée ici a été saluée, silence qui serait un désappointement pour tant d’autres, vous pouvez juger comment on nourrit dans de petits cercles l’orgueil des hommes qui marquent plus ou moins. […] S’il s’agissait de juger d’œuvres nouvelles, inédites ou tout fraîchement imprimées, il n’avait pas, à mon sens, le jugement très sûr, le coup d’œil bien précis : il tâtonnait un peu, il ne devançait pas le public ; il prédisait souvent à côté.

1103. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Voici, de tout le Journal, la page, selon moi, la plus caractéristique et la plus propre à nous faire juger de l’humeur excitée et charmante du voyageur excellent : « Je crois à la vérité, nous dit son secrétaire, que, s’il eût été seul avec les siens, il fût allé plutôt à Cracovie ou vers la Grèce par terre, que de prendre le tour vers l’Italie ; mais le plaisir qu’il prenait à visiter les pays inconnus, lequel il trouvait si doux que d’en oublier la faiblesse de son âge et de sa santé, il ne le pouvait imprimer à nul de la troupe, chacun ne demandant que la retraite, tandis que lui, il avait accoutumé de dire qu’après avoir passé une nuit inquiète, quand au matin il venait à se souvenir qu’il avait à voir ou une ville ou une nouvelle contrée, il se levait avec désir et allégresse. […] Ledit maestro lui dit de n’en tenir compte dans une édition suivante qu’autant qu’il le jugerait à propos ; ces Romains sont accommodants pour leurs amis.

1104. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Elle n’était ni une pédante, ni une précieuse et un bas bleu, pas le moins du monde ; et bien qu’il y ait dans ce qu’elle a écrit et ce qu’on a sous les yeux des pages qui, à distance et avec un peu de mauvaise volonté, permettraient de juger d’elle autrement, je reste persuadé et je soutiens que ces taches ou ces roideurs ne sont pas essentielles, qu’elles n’allaient pas en elle jusqu’à affecter et gâter la femme vivante ; c’est de la littérature écrite imitée, un pli de la mode, rien de plus. […] Un homme qui n’est pas suspect quand il s’agit de juger les femmes célèbres, qui ne les aimait ni savantes, ni politiques, ni philosophes, et qui n’a jamais pu pardonner à Mme de Staël une certaine affectation de sentimentalité et une teinte de métaphysique, Fontanes, ennemi d’ailleurs de la Révolution et des révolutionnaires, écrivait dans un journal, le Mémorial, à l’occasion d’une Histoire du Siège de Lyon qui venait de paraître (1797) : « L’auteur dévoile très bien les intrigues assez basses du ministre Roland qui réunissait à quelques connaissances un orgueil sans bornes et un pédantisme insupportable ; mais il paraît injuste envers Mme Roland.

1105. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

C’est ainsi qu’en ont jugé, en France et à l’étranger, les sociétés savantes et les rapporteurs les plus compétents. […] Duveyrier arriva chez les Touâreg, il n’y avait pas moins de neuf ans qu’il n’avait plu, — sérieusement plu, — sur leur territoire ; on peut juger de l’aridité.

1106. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy veut bien nous désigner sans nous nommer), ont, il est vrai, reconnu dans André Chénier le parfum exquis de l’Hymette : eh bien, tous se sont trompés et ont jugé à la légère : M. […] Nous avons joui sans doute de Chénier, plutôt que nous ne l’avons jugé.

1107. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

. — On peut en juger par l’estimation de la part du clergé. […] En ce cas, il nomme le bailli, le greffier et autres gens de loi et de justice, procureurs, notaires, sergents seigneuriaux, huissiers à verge ou à cheval, qui instrumentent ou jugent en son nom, au civil et au criminel, par première instance.

1108. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Mais, si nous en jugeons par les monuments écrasants de masse et imposants de solidité, par les montagnes des Troglodytes trouées comme des alvéoles de ruches humaines, par les temples de granit d’un seul bloc, par les pyramides, ces Alpes du désert élancées au ciel d’un seul jet, par les canaux creusés à main d’homme comme des lits au plus débordant des fleuves, par ces bassins intérieurs que tout le sable de l’Éthiopie ne suffirait pas à boire et que le percement de l’isthme de Suez s’efforce aujourd’hui de surpasser pour déverser trois mers en une et pour placer trois continents sous la main de l’Europe ; si nous en jugeons, dis-je, par ces gigantesques alphabets de pierre qui couvrent le sol de l’Égypte, sa littérature dut être aussi puissante que son architecture, car tous les arts prennent en général leur niveau dans une civilisation.

1109. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

II obligea l’Académie à juger et Corneille à laisser juger le Cid.

1110. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Car, si les membres de cette vénérable compagnie étaient nécessairement les quarante plus grands esprits de France, ce serait trop triste pour les autres : ils seraient jugés par là même ; tandis que, l’Académie se recrutant parfois d’une façon bizarre, on est tout de même content d’en être, et on n’est point humilié de n’en être pas. — L’Académie est, pour ceux qui y entrent, l’éteignoir du talent, la fin des belles et généreuses audaces ? […] D’ailleurs, il a publié des livres d’histoire qui ont été lus, jugés, épluchés par les rédacteurs de la Revue historique, de la Revue critique et du Journal des savants, et ni M. 

1111. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Socrate a fait la gloire d’Athènes, qui n’a pas jugé pouvoir vivre avec lui. […] Le vin était excellent, s’il en faut juger par celui que les juifs recueillent encore à Safed, et on en buvait beaucoup 195.

1112. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

C’est cette disposition même qu’il s’agit, pour être juste, de restituer aujourd’hui, quand nous jugeons les anciens critiques, nos devanciers. […] Il a surtout bien jugé Mme Du Deffand, l’aveugle clairvoyante, comme on l’appelait, cet esprit beaucoup trop pénétrant pour être indulgent.

1113. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Ce dernier régime, il le vit de plain-pied et même un peu de haut ; il le jugea dans sa rondeur, il l’a peint à ravir dans ses types et ses reliefs bourgeois les plus saillants. […] De pareils jugements ne jugent dans l’avenir que ceux qui les ont portés.

1114. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Pourtant on trouvait, dans les Pensées et Paradoxes qui venaient aussitôt après ces deux morceaux, plus d’un trait en désaccord avec la doctrine chrétienne rigoureuse ; la seule manière dont Vauvenargues y parle de la mort qui ne doit pas être, selon lui, le but final et la perspective de l’action humaine, et qui lui paraît en elle-même la plus fausse des règles pour juger d’une vie, cette façon d’envisager l’une des quatre fins de l’homme est trop opposée au point de vue de l’orthodoxie et en même temps trop essentielle chez Vauvenargues pour laisser aucun doute sur la direction véritable de ses pensées. […] Sans faux enthousiasme, sans ressentiment, il a jugé l’humanité dans la juste mesure.

1115. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Capitaine, il ne m’appartient pas de le juger ; mais, si j’ai bien compris les observations que Napoléon a faites sur les campagnes de Frédéric, et les simples récits de Frédéric lui-même, il me semble que ce n’était pas un guerrier avant tout. […] Pour le juger comme politique, il convient de se dégager du point de vue français, des illusions françaises, et de ce qui nous est resté de l’atmosphère du ministère de Choiseul.

1116. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Dans ces demi-confessions intitulées Mémoires d’un jeune Espagnol, il a jugé à propos de travestir les noms de personnes et de lieux, ce qui laisse de l’incertitude sur quelques points, d’ailleurs peu importants. […] Il l’aborda de préférence par le genre des pastorales et des nouvelles, et lui emprunta Galatée (1783), qu’il traita avec liberté d’ailleurs, et qu’il accommoda selon le goût du temps, en y donnant une teinte plus récente de Gessner : « J’ai tâché, écrivait-il à ce dernier, d’habiller la Galatée de Michel Cervantes comme vous habillez vos Chloés : je lui ai fait chanter les chansons que vous m’avez apprises, et j’ai orné son chapeau de fleurs volées à vos bergères. » Ce roman pastoral, mêlé de tendres romances, réussit beaucoup : toutes les jeunes femmes, tous les amoureux en raffolèrent ; les sévères critiques eux-mêmes furent fléchis : « C’est un jeune homme d’un esprit heureux et naturel, écrivait La Harpe parlant de l’auteur de Galatée, et qui aura toujours des succès s’il ne sort pas du genre où son talent l’appelle. » Il est vrai que, peu de temps auparavant, le chevalier de Florian avait adressé au même M. de La Harpe des vers d’enthousiasme, au sortir de la représentation de Philoctète : Je ne sais pas le grec mais mon âme est sensible ; Et, pour juger tes vers, il suffit de mon cœur !

1117. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Il continuera de juger des choses à sa guise et avec impartialité, même en agissant loyalement pour la cause qui lui est confiée. […] Pour juger de sa manière, il suffit de l’ouvrir à toute page indifféremment et de l’écouter discourant sur n’importe quel sujet ; il n’en est aucun qu’il n’égaie et qu’il ne féconde.

1118. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Juger les vers des gens, c’est presque comme si l’on disputait avec un amoureux sur sa maîtresse, avec cette différence toutefois que, s’il ne vous est pas permis d’en dire le moindre mal, on vous accordera très bien d’en devenir amoureux vous-même. Sans aller jusque-là avec quantité de vers qui en sont peu dignes, il est bien certain qu’il faut commencer par aimer la poésie avant de se mêler de la juger.

1119. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

On peut juger de ce que peut être la dignité de l’homme mise en musique ; mais les contemporains s’en accommodaient fort, et Beaumarchais essayait par tous les moyens de ressaisir la popularité qui lui échappait. […] C’est bien là l’homme qui fut aimé de tous ceux qui l’approchèrent, qui mêlait un fonds de bienveillance à la joie, un fonds de simplicité à la malice, qui avait écrit sur le collier de sa chienne : « Beaumarchais m’appartient ; je m’appelle Florette ; nous demeurons Vieille-Rue-du-Temple » ; et de qui son biographe et son fidèle Achate, Gudin, a écrit naïvement : « il fut aimé avec passion de ses maîtresses et de ses trois femmes. » Et ce n’est pas seulement Gudin qui parle ainsi, c’est La Harpe, peu suspect de trop d’indulgence, et qui dit, en nous montrant le Beaumarchais de la fin et au repos, tel qu’il était assis dans le cercle domestique et dans l’intimité : « Je n’ai vu personne alors qui parût être mieux avec les autres et avec lui-même. » C’est Arnault encore, qui, dans ses Souvenirs, lui a consacré des pages pleines d’intérêt et de reconnaissance ; c’est Fontanes enfin, qui, trouvant qu’Esménard l’avait traité bien sévèrement dans le Mercure, écrivait une lettre où on lit (septembre 1800) : Quant au caractère de Beaumarchais, je vous citerai encore sur lui un mot de Voltaire : « Je ne crois pas qu’un homme si gai soit si méchant » ; et ceux qui l’ont vu de près disent que Voltaire l’avait bien jugé.

1120. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

On peut juger de ce que devait être la discipline de l’École de Châlons après le 10 août 1792, au moment de l’approche des Prussiens. […] Il s’ensuivit des plaintes dans les journaux du lieu, des brochures ; l’orage grossit ; on se parlait de ce pâté à l’oreille, de Rome à Paris, dans ce grand silence, un moment pacifique, de l’Empire ; et Courier jugea à propos de répondre par une Lettre publique (1810) adressée à M. 

1121. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

L’ouvrage qui a fait sa réputation et qui a paru en 1788 semble depuis quelque temps mis de côté et jugé avec une sévérité qu’il ne faudrait pas pousser à l’injustice. […] De là résultait pour moi un inconvénient considérable : j’admirais et ne jugeais pas.

1122. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

La théorie de Richelieu est dans ces paroles ; il est vrai, comme il nous l’a dit ailleurs, que, s’il fallait absolument choisir, il jugeait la punition plus nécessaire encore que la récompense, et il la faisait marcher devant. […] En lisant avec soin ces maximes d’État de Richelieu, un doute m’a pris quelquefois : je me suis demandé si, dans le jugement historique qui s’est formé sur lui, il n’entrait pas un peu trop de l’impopularité qui s’attache aisément aux pouvoirs forts considérés aux époques de relâchement, et si, de loin, nous ne le jugeons pas trop, jusque dans sa gloire, à travers les imputations des ennemis qui lui survécurent.

1123. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Wolf alla jusqu’à définir le plaisir la connaissance intuitive d’une perfection quelconque, vraie ou imaginaire, — oubliant que nous jugeons la perfection et l’harmonie d’après ce que nous sentons, au lieu de sentir d’après ce que nous jugeons.

1124. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

II Ce bref résumé de l’histoire de la versification française permettra plus facilement de discuter la théorie du vers libre, de juger si la réforme que l’on propose, et qui a déjà été tentée par deux ou trois poètes contemporains, est dirigée dans le sens traditionnel de la langue et de la poésie de France. […] Kahn, et seuls, car il serait malhonnête de juger une œuvre d’après les règles qui n’ont pas guidé son élaboration.

1125. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Depuis longtemps je cherchais à trouver en moi un rythme personnel suffisant pour interpréter mes lyrismes avec l’allure et l’accent que je leur jugeais indispensables ; à mes yeux, l’ancienne métrique devait n’être plus qu’un cas particulier d’une métrique nouvelle, l’englobant et la dépassant, et se privant des formes fixes gauchies par un trop long usage, et fatiguées de traditions. Si un livre de vers libres ne parut point avant les Palais Nomades, ce n’est point tant la forme que j’en jugeais insuffisante pour être présentée au public que le fond.

1126. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Cela équivaudrait à juger des Français d’après les œuvres de Ponson du Terrail ou de Xavier de Montépin et des déductions ainsi basées n’aboutiraient qu’à de grossières erreurs. […] Une seule certitude ressort, à ce point de vue, des contes que je connais, c’est que la marque cicatricielle, la balafre faciale, en quoi nous avons tendance à voir un ornement, ne présente pas d’attrait pour les noirs qui la considéreraient au contraire comme disgracieuse, s’il faut en juger par les contes, très nombreux et d’origines très diverses, où jeunes filles et jeunes gens recherchent, pour l’épouser, un jeune homme ou une jeune fille qui ne soit pas défiguré par des marques de cette nature (v.

1127. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Le sens pratique des relations de droit commun entre les personnalités de l’ordre et de la famille fait défaut à cette moraliste qui veut juger la société. […] cette question est maintenant jugée, et nous ne disons pas seulement, avec Mme Daniel Stern, qu’elle est compromise, nous disons qu’elle compromet ceux qui la touchent.

1128. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Or, le juge, pour bien faire, doit être toujours au-dessus de celui qui est jugé… La critique littéraire peut voir des choses plus ou moins réussies dans cette Histoire de la Comédie chez tous les peuples, des aperçus plus ou moins ingénieux, plus ou moins artistement présentés. […] Et, de fait, quoi de plus piquant que de voir les sociétés et de juger l’homme à travers les deux ridicules qui font la comédie, — le ridicule éternel et le ridicule de chaque temps ?

1129. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Beaucoup d’esprits, qui se mettent en colère pour lui, ont regardé cet homme, qui fut peut-être le plus calme des hommes de génie (il a le calme de l’absolu), comme le plus violent des violents ; mais c’est là l’erreur de la violence chez ceux qui l’ont jugé. […] Mais c’est précisément sur la question traitée par Joseph de Maistre en ces quelques pages qu’on pourra juger de l’esprit absolu de cet absolutiste tout d’une pièce, que nous maintenons, nous, malgré sa renommée, l’esprit le plus large, le plus prudent, le plus flexible, et, quand il s’agit de manier les choses et les hommes, le plus doux, — ce n’est pas assez dire !

1130. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Tous ils ont proclamé qu’ils n’étaient pas de la province, ils ont pris leurs précautions contre une confusion qui veut paraître indifférente, mais qu’ils jugeraient fâcheuse. […] Ils jugent enfin que la science de l’amusement a été de tout temps le plus redoutable ennemi de la gaieté, et ils assurent que ces habitants de la province, qui devraient s’ennuyer d’après tant de romans, sont habituellement d’une plus solide gaieté que beaucoup de Parisiens qui s’amusent.

1131. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

« Un corps unique, et placé au centre du royaume, qui réglemente l’administration publique dans tout le pays ; le même ministre dirigeant presque toutes les affaires intérieures ; dans chaque province, un seul agent qui en conduit tout le détail ; point de corps administratifs secondaires ou des corps qui ne peuvent agir sans qu’on les autorise d’abord à se mouvoir ; des tribunaux exceptionnels qui jugent les affaires où l’administration est intéressée et couvrent tous ses agents. […] L’unification des sociétés hâte le moment ou les individus sont tenus pour les vrais titulaires du droit et où l’opinion publique déclare qu’il faut les juger, non en vertu de lois spéciales, d’après leur rang, mais en vertu de lois uniformes, d’après leur mérite personnel.

1132. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Là-dessus, regardez mon raisonnement et jugez. […] Nous érigeons cette dépendance en loi générale ; nous sentons que toutes les conditions restant les mêmes, il serait absurde que cette loi fût démentie ; nous prévoyons que la résolution étant donnée, le mouvement se fera ; nous jugeons nécessaire qu’il se fasse, et transportant cette nécessité dans la résolution, nous disons que la résolution est une force et produit le mouvement.

1133. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Voilà les faits énumérés et désignés ; à présent nous pouvons essayer de comprendre et de juger. […] Lorsque Reid, ayant décrit l’émulation et l’envie, les explique par un penchant naturel qui rend pénible à l’homme la supériorité d’autrui, nous nous jugeons aussi avancés qu’avant d’ouvrir son livre.

1134. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

La Bruyère et La Rochefoucauld ont eu leur métaphysique, au fond et au-dessus de leur morale ; cette métaphysique seulement, ils ne l’ont pas dite ; ils ont jugé plus prudent de la sous-entendre, ou de ne la laisser voir, comme La Bruyère, que sous un jour qui n’est peut-être pas le plus en accord avec l’ensemble de leur observation pratique.

1135. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Sur Adolphe de Benjamin Constant » pp. 432-438

J’ai lieu de croire qu’il y a plusieurs portraits d’originaux que j’avais vus, et qu’il ne se souciait pas de m’avoir pour témoin prêt à juger de leur ressemblance.

1136. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Note Tels sont ces articles sur Chateaubriand qui m’ont valu, par la suite, tant d’injures, et au nom desquels on m’a contesté le droit d’étudier plus à froid et de juger Chateaubriand mort à un point de vue toujours admiratif, mais moralement plus vrai et plus réel.

1137. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

Pour la première fois, nous nous voyons transportés avec lui sur cette terrible Montagne, qui ne nous avait jamais apparu qu’à distance, environnée de tonnerres et d’éclairs ; nous en montons tous les degrés, nous l’explorons comme un volcan éteint ; et, il faut en convenir, bien qu’effrayés nous-mêmes de cette hauteur inaccoutumée, nous comprenons enfin qu’on a pu voir de là les choses sous un aspect tout particulier, et les juger autrement que d’en bas.

1138. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Voyez, il semble avoir quelque chose de tout particulier dans l’esprit, à en juger par la manière dont il regarde le bleu du ciel. » C’est là Hoffmann, et lui-même nous a donné la clef de son génie.

1139. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Le plus beau génie du monde, Racine, ne se permettait pas des conceptions aussi hardies que sa pensée peut-être les lui aurait suggérées, parce qu’il avait sans cesse présents à l’esprit ceux qui devaient le juger.

1140. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VI. De l’envie et de la vengeance. »

L’homme qui a cette disposition voit dans le monde beaucoup plus de sujets de jalousie qu’il n’en existe réellement ; et pour se croire à la fois heureux et supérieur, il faudrait juger de son sort par l’envie que l’on inspire : c’est un mobile dont l’objet est une souffrance, et qui n’exerce l’imagination, cette faculté inséparable de la passion, que sur une idée pénible.

1141. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Avertissement »

Bouhours, c’est-à-dire qu’il enseigne à juger les écrivains et à faire la critique des livres.

1142. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Nous observons loyalement le traité signé par nous ; mais le juger irrévisable serait au-dessus de nos forces, et, d’ailleurs, nous n’en aurions pas le droit.

1143. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

Un saint Jean Chrysostome ou un saint Grégoire de Nazianze eût jugé que cette dame avait seulement commencé à faire son devoir ; et notre République démocratique l’exalte comme une héroïne de la charité.

1144. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

On jugera mieux ce poème, écrit en une prose comme déshabillée de tout l’inutile, lorsque les rêvasseries des Sébastien Faure n’intéresseront plus que la pathologie mentale ; de toutes les déclamations de plusieurs déments ou faibles d’esprit, il demeurera, avec le souvenir d’une période d’aberration, renouveau des fraticelles, des camisards, des flagellants ou des hurleurs, — qu’un poète aura bien voulu se joindre à ces jeux et mener ces danses au son de belles phrases, agitées lentement comme des saules par le vent du matin ; et croyant détruire, M. 

1145. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Il fut à même de juger leurs ballets Tantôt graves, tantôt follets, comme dit le gazetier rimeur de La Muse historique.

1146. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

La liberté d’écrire, la multiplication des lecteurs, les progrès de la librairie, l’envahissement du journalisme ont donné à l’homme de lettres un semblant de raison sociale, à son travail cette autonomie que vous jugerez, je pense, illogique et pernicieuse.

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