« La Perse rougissant de cet ignoble jeu « Avec plus de respect m’incarna dans le feu ; « Pontife du soleil, le pieux Zoroastre « Pour me faire éclater me revêtit d’un astre.
En conversation, il se montrait encore supérieur à ses écrits ; ce qui s’y laisse voir de saillant, de roide, d’un peu mauvais goût parfois, venait mieux à point et comme en jeu dans la parole même, et supporté par sa personne. […] La forme d’entretien amène à chaque pas la variété, l’imprévu, met en jeu l’érudition, justifie la boutade et le sarcasme, tout en laissant jour à l’effusion et à l’éloquence.
C’est pis lorsque l’intérêt personnel du peuple est en jeu. […] L’Anglais, naturellement sérieux, méditatif et triste, n’est point porté à regarder la vie comme un jeu ou comme un plaisir ; il a les yeux habituellement tournés non vers le dehors et la nature riante, mais vers le dedans et vers les événements de l’âme ; il s’examine lui-même, il descend incessamment dans son intérieur, il se confine dans le monde moral et finit par ne plus voir d’autre beauté que celle qui peut y luire ; il pose la justice en reine unique et absolue de la vie humaine, et conçoit le projet d’ordonner toutes ses actions d’après un code rigide.
Dira-t-on que nous sommes ici dans le domaine de l’art, et non pas dans la réalité, que nous ne nous émouvons alors que par jeu, que notre état d’âme est purement imaginatif, que d’ailleurs le musicien ne pourrait pas susciter cette émotion en nous, la suggérer sans la causer, si nous ne l’avions déjà éprouvée dans la vie réelle, alors qu’elle était déterminée par un objet dont l’art n’a plus eu qu’à la détacher ? […] On a peut-être raison, mais on devrait ajouter que, de ce côté, la religion ne fait guère autre chose que promettre une extension et un redressement de la justice humaine par la justice divine : aux sanctions établies par la société, et dont le jeu est si imparfait, elle en superpose d’autres, infiniment plus hautes, qui doivent nous être appliquées dans la cité de Dieu quand nous aurons quitté celle des hommes ; toutefois, c’est sur le plan de la cité humaine qu’on se maintient ainsi ; on fait intervenir la religion, sans doute, mais non pas dans ce qu’elle a de plus spécifiquement religieux ; si haut qu’on s’élève, on envisage encore l’éducation morale comme un dressage, et la moralité comme une discipline ; c’est à la première des deux méthodes qu’on s’attache encore, on ne s’est pas transporté à la seconde.
On trébuche facilement dans ce jeu de glaces, on casse bientôt les verres, et les éclats de voix et de vitres brisées retentissent (c’est le privilège de la littérature) jusque dans la lointaine postérité. […] Entre Bouilhet et Flaubert, l’égalité résultait d’un jeu réussi de compensations : Bouilhet apportant raison, précision, justesse d’esprit, Flaubert apportant richesse de nature et génie. […] s’apprête à coiffer ce front d’enfant qui ne s’appelle pas Charles, mais Légion, et qui a été placé, par un autre jeu ironique de la destinée, sous l’œil du camarade dont les vers latins égayent le pédagogue et la classe. […] Ce ne sont pas des sujets qui lui manquent, mais des hommes84. » Une des deux formes du roman tournera donc à l’analyse des dessous de la nature humaine, à une décomposition critique qui s’accordera fort bien, et autrement que par un jeu de mots, avec des études de décomposition morale ou de décomposition sociale. […] Les truculentes pages se suivent, s’abattent comme les cartes d’un jeu infernal.
Entre le fond et la forme je sens un écart anormal, inquiétant qui permet à la pensée des retours si imprévus, ce jeu si large. […] C’était donc un jeu d’enfant, le beau poëme ? […] Sa rédaction manquait non pas de mérite, mais d’ensemble : Adrien Remacle, Édouard Rod, Émile Hennequin, Joseph Caraguel, Edmond Haraucourt, Charles Henry, Gabriel Sarrazin, Charles Vignier, Mathias Morhardt, Jean Moréas, Ernest Jaubert, Laurent Tailhade, Paul Adam, Paul Margueritte, Maurice Barrès et moi, toute la jeune génération a témoigné dans cette Revue où quelques maîtres aussi collaboraient, MM. de Banville, Leconte de Lisle, Verlaine, Villiers de l’Isle-Adam… Mais ses directions, multiples, avaient trop de jeu.
En suivant la même voie, analytique, le physiologiste doit arriver à ramener toutes les manifestations vitales d’un organisme complexe au jeu de certains organes, et l’action de ceux-ci à des propriétés de tissus ou d’éléments organiques bien définis. […] Il y a là une solidarité organique ou sociale qui entretient une sorte de mouvement perpétuel jusqu’à ce que le dérangement ou la cessation d’action d’un élément vital nécessaire ait rompu l’équilibre ou amené un trouble ou un arrêt dans le jeu de la machine animale. […] Le cadavre est l’organisme privé du mouvement vital, et c’est naturellement dans l’étude des organes morts que l’on a cherché la première explication des phénomènes de la vie, de même que c’est dans l’étude des organes d’une machine en repos que l’on cherche l’explication du jeu de la machine en mouvement. […] En effet, il faut distinguer dans l’anatomie deux ordres de choses : 1º les dispositions mécaniques passives des divers organes et appareils, qui, à ce point de vue, ne sont que de véritables instruments de mécanique animale ; 2º les éléments actifs ou vitaux qui mettent en jeu ces divers appareils. […] Mais quand nous arrivons aux éléments actifs ou vitaux qui mettent en jeu tous ces instruments passifs de l’organisation, alors l’anatomie cadavérique n’apprend rien et ne peut rien apprendre.
Ils m’ont volé l’occasion presque sûre de les battre et de les jeter dans le Danube71. » Les Russes jouaient leur jeu, et il n’y avait rien dans ce mouvement rétrograde qui ne fût d’une bonne politique et d’une bonne tactique ; Saint-Arnaud au fond le savait bien : « La Russie peut être bloquée impunément.
On avait une seule gazette, appelée Gazette de France, qui paraissait deux fois par semaine, voilà pour le mouvement des esprits. » Des magistrats de Paris, exilés à Bourges en 1753 et 1754, en font le tableau suivant : « Une ville où l’on ne trouve personne à qui parler à son aise de quoi que ce soit de sensé et de raisonnable ; des nobles qui meurent les trois quarts de faim, entichés de leur origine, tenant à l’écart la robe et la finance, et trouvant singulier que la fille d’un receveur des tailles, devenue la femme d’un conseiller au Parlement de Paris, se permette d’avoir de l’esprit et du monde ; des bourgeois de l’ignorance la plus crasse, seul appui de l’espèce de léthargie où sont plongés les esprits de la plupart des habitants ; des femmes bigotes et prétentieuses, fort adonnées au jeu et à la galanterie80 » ; dans ce monde étriqué et engourdi, parmi ces MM.
La sensation de pression commence quand la sensibilité de la face profonde entre en jeu. » (Gratiolet, Anatomie comparée du système nerveux, II, 409. — Landry, Paralysies, 159, 179.)
. — Un peu plus tard, ce que ne fait jamais un animal, il dit oua-oua à propos d’un chien en carton qui aboie par le jeu intérieur d’une mécanique, puis à propos d’un chien en carton qui n’aboie pas, mais qui marche sur des roulettes, puis à propos d’un chien de bronze immobile et muet sur l’étagère du salon, puis à propos d’un petit cousin qui marche à quatre pattes dans la chambre, puis enfin à propos d’un dessin qui représente un chien. — Dans ces dernières circonstances, j’ai vu un petit garçon de deux ans répéter le mot oua-oua, quarante à cinquante fois de suite, avec un étonnement, un entrain, une joie extraordinaire.
Les batailles qui vont se livrer autour de lui vont jouer sa couronne terrestre au jeu de la guerre.
Le plus souvent, disent-ils, les affaires publiques sont envahies par des hommes indignes, à la société desquels il serait honteux de se trouver mêlé, avec qui il serait triste et dangereux de lutter, surtout quand les passions populaires sont en jeu.
Ils jouaient la sagesse et la vertu dans les académies et dans les places publiques ; ils accoutumaient les Athéniens à ces jeux d’idées et de paradoxes qui rendaient l’oreille fine et l’esprit sceptique ; pour effacer ces sophistes, il fallait bien parler leur langue à ce peuple infatué.
Ce sont là de ces jeux de comédie domestique trouvés par un sentiment naïf et touchant qui intéressent vivement le lecteur.
Pendant qu’il s’habillait, un des cardinaux qui, d’après la voix publique, avait tenté, dans la nuit précédente, d’entraver cette élection, fit un jeu de mots, avec la plus grande gaieté, au secrétaire du conclave, près duquel il s’était placé.
Chaussé de bons mocassins2, suivi d’un chien fidèle, armé de mon fusil et chargé de mon havre-sac, je cheminais lentement, ravi de l’éclat des fleurs, admirant les jeux des daims et des faons qui venaient danser devant moi.
La traduction littérale conserve au contraire, les allitérations, les jeux de sonorités, les créations de mots, ou tente du moins de les rendre le plus fidèlement possible.
C’est dire qu’il y a dans son cerveau un jeu d’images associées, qui fait que l’objet plus éloigné éveille l’image d’une course plus longue pour l’atteindre, d’un grand bond, etc. ; l’objet situé à droite éveille l’image d’une certaine direction du corps, direction qui n’a pas plus besoin d’être abstraitement conçue que le mouvement instinctif du corps qui nous fait nous rejeter en arrière au moment de tomber.
* * * — Mon cousin me contait que dans une maison de Jeu, au 36 de la rue Dauphine, il avait vu, dans sa jeunesse, un homme après avoir perdu une grosse somme, dans une contraction nerveuse, chiffonner son chapeau de feutre comme un linge, se moucher dedans, et le mettre dans sa poche.
On se plaît quelques instants au demi-jour de la grotte ; on y admire le caprice des formes et le jeu des rayons, mais bientôt on se sent glacé, on aspire à l’air libre et chaud des champs que féconde le soleil : les vraies fleurs sont celles qui vivent, s’épanouissent et aiment.
Si l’on prend le mot humour dans son sens étymologique, véritable et le plus étendu, on trouvera qu’il exprime, chez un écrivain, un penchant prononcé à s’affecter, à s’émouvoir, à éprouver quelque humeur à propos de n’importe quel acte de l’entendement et de façon à réduire ainsi le jeu et l’importance des opérations plus particulièrement intellectuelles.
Le merveilleux paysage de la forêt de Fontainebleau, dont l’idylle apparaît au milieu de l’Éducation sentimentale, est peint de même avec des types d’arbre, de petits sentiers, des clairières, des sables, des jeux de lumière dans des herbes ; le fulgurant lever de soleil à la fin du banquet des mercenaires dans le jardin d’Hamilcar, est montré en une suite d’effets particuliers à Cartilage, étincelles que l’astre met au faîte des temples et aux clairs miroirs des citernes, hennissements des chevaux de Khamon, tambourins des courtisanes sonnant dans le bois de Tanit ; et pour la nuit de lune où Salammbô profère son hymne à la déesse, ce sont encore les ombres des maisons puniques et l’accroupissement des êtres qui les hantent, les murmures de ses arbres et de ses îlots, qui sont énumérés.
un jeu, en un mot, au lieu d’un talent !
Mais, à ce jeu, que devient la conscience et que devient la vérité ?
Ces dessins, dont les uns représentent la grande lutte entre Arminius et l’invasion romaine, d’autres, les jeux sérieux et toujours militaires de la Paix, ont un noble air de famille avec les bonnes compostions de Pierre de Cornélius. — Le dessin est curieux, savant, et visant un peu au néo-Michel-Angelisme. — Tous les mouvements sont heureusement trouvés — et accusent un esprit sincèrement amateur de la forme, si ce n’est amoureux. — Ces dessins nous ont attiré parce qu’ils sont beaux, nous plaisent parce qu’ils sont beaux ; — mais au total, devant un si beau déploiement des forces de l’esprit, nous regrettons toujours, et nous réclamons à grands cris l’originalité.
C’est qu’il a assisté, et de tout près, aux commencements de la Révolution, et que, malgré les horreurs dont il a été témoin : la prise de la Bastille, et les têtes de Berthier et de Foulon passant sous ses fenêtres, et le 5 octobre et les premières grandes journées criminelles, il a senti l’ivresse révolutionnaire, l’ivresse du Paris de la rue, des clubs, des spectacles, des maisons de jeu, et du Palais-Royal. […] Le guerrier sent aussitôt sur sa langue une grande amertume ; son haleine expirante fait monter, comme par le jeu d’une pompe, le sang qui vient bouillonner à ses lèvres. […] Écoutez ceci : … Tantôt nous marchions en silence, prêtant l’oreille au sourd mugissement de l’automne, ou au bruit des feuilles séchées que nous traînions tristement sur nos pas ; tantôt, dans nos jeux innocents, nous poursuivions l’hirondelle dans la prairie, l’arc-en-ciel sur les collines pluvieuses ; quelquefois aussi nous murmurions des vers que nous inspirait le spectacle de la nature. […] Elle lui écrit dans les derniers mois de sa vie : « Je me reposais de mon bonheur sur toi et sur madame de Beaumont : je me sauvais dans votre idée de mon ennui et de mes chagrins. » Elle lui écrit obscurément : « Mon ami, j’ai dans la tête mille idées contradictoires de choses qui semblent exister et n’exister pas ; qui ont pour moi l’effet d’objets qui ne s’offriraient que dans une glace, dont on ne pourrait par conséquent s’assurer, quoi qu’on les vît distinctement. » Une autre fois : « Mon frère… pense que bientôt tu seras pour toujours délivré de mes importunités… Ma vie jette sa dernière clarté… Rappelle-toi que souvent nous avons été assis sur les mêmes genoux et pressés ensemble tous deux sur le même sein ; que déjà tu mêlais des larmes aux miennes… ; que nos jeux nous réunissaient et que j’ai partagé tes premières études. […] Dès lors il n’avait, semble-t-il, qu’à accepter les conditions ordinaires du jeu académique : courtoisie envers son prédécesseur et hommage au souverain.
Tous ses jeux avaient cessé, il ne se roulait plus sur le dos, ne tournait plus après sa queue, n’était même plus allumé d’accès de tendresse pour les petits de la Minouche, quand la bonne les portait à la mer. […] Autrefois, le petit jeu de chaque soir était de poser un morceau de sucre, loin de lui, de l’autre côté de la table ; vite, il faisait le tour, mais on avait déjà retiré le morceau, pour le placer à l’autre bout ; et sans cesse il faisait le tour, et sans cesse le sucre sautait, jusqu’à ce que, étourdi, stupéfié de ce continuel escamotage, il se mît à jeter des abois féroces. Ce fut ce jeu que Lazare essaya de recommencer, dans la pensée fraternelle de donner encore une récréation à l’agonie de la triste bête. […] L’idée de la Morte, c’est le spiritualisme triomphant du préjugé matérialiste qui envahit les consciences et en paralyse le jeu naturel.
Et lorsque, en 1830, ce pays conquiert enfin la vie paisible, il reste nécessairement, assez longtemps, un État fragile comme tous les États jeunes ; il doit consolider ses institutions, affermir son influence, surveiller avec une sollicitude minutieuse le jeu d’un organisme encore délicat. […] Est-ce que d’autres forces, d’autres paroles qu’on n’entend pas ne sont pas mises en jeu qui déterminent l’événement163 ? […] Bruxelles, Lamertin, 1908. — Le Jeu des petites gens.
Sa philosophie n’était nullement un jeu, à moins que jeu, ici, ne signifie apprentissage et accomplissement des offices du citoyen : ludus pro patria, ludus pro civitate. […] N’oublions pas à quel mépris, — très injuste, je le reconnais, — aboutira le sentiment, ou le ressentiment, du poète des Invectives : Cet individu fait de la poésie Qu’il émet d’ailleurs sous « un nom pompeux » Comme dit Molière à propos d’un fossé bourbeux14 L’auteur des Poèmes saturniens ne pouvait pas avoir, aux environs de 1866, l’idée de se montrer à ce point dédaigneux ; mais il est bien déjà le parodiste, à la physionomie impassible de clown anglais, qui, dans Jadis et Naguère, produira cette série de pastiches : À la manière de plusieurs, et il goûte si fort ce jeu d’adresse, où il excelle, que l’on commettrait une bévue en négligeant d’envisager, sous cet aspect ironique et railleur, certains morceaux de son premier ouvrage.
Il tient, et à bon droit, dans le Grand Dictionnaire des Précieuses, de Bodeau de Somaize, une place considérable, une place d’honneur, et il y est appelé « le plus grand homme qui ait jamais écrit des jeux du cirque ». […] Plus de ris ni de jeux désormais ; une tristesse morne ; et voici qu’insensiblement, sur les restes de ce qui fut « la cour la plus galante de l’Europe », se tisse et s’étend le voile terne, opaque, et lugubre de l’ennui. […] Éducation de Descartes ; — ses premières études au collège de la Flèche, 1604-1612 ; — ses débuts à Paris, et sa passion du jeu [Cf. […] Jal, dans son Dictionnaire, et Henri Chardon, Monsieur de Modène, etc.]. — Il renonce à la charge de tapissier valet de chambre du roi pour se faire comédien, 1643. — Fondation de l’Illustre Théâtre, 1643. — L’entreprise ne réussit pas ; — une seconde échoue plus rapidement encore au jeu de paume de la Croix Noire ; — Molière prisonnier pour dettes, 1645. — Modification de la troupe, et départ de Molière pour la province, fin 1646 ou commencement de 1647.
Il soulevait autour de lui, on ne sait trop pourquoi, les dévouements de femmes ; il s’y prêtait et se laissait faire, répondant par de jolis vers aux agaceries, peu soucieux d’ailleurs de maintenir le jeu égal et prenant ses consolations plus bas, dans le commun.
Nous avons beau jeu, nous autres, pour grouper les mots par ordre de famille, de racine, d’analogie ; nous ouvrons le riche Lexique de la langue des Troubadours, et quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, nous y trouvons tout ce qu’il nous faut, dans le plus bel arrangement du monde.
Celui-ci perd bientôt à ce jeu sa réputation et son influence même, si bien qu’en fin de compte les écrivains et les amphitryonnes pour qui il s’est déconsidéré le déclarent usé, vidé, et ne font plus attention à lui.
Elle pardonne à l’auteur d’Alceste d’avoir sacrifié l’intrigue à l’étude profonde des caractères : elle excuse Caldéron d’avoir sacrifié les caractères au jeu divertissant de l’intrigue.
celui qui pour tout bien T’apporte à ce tripot dégoûtant de la vie, Est bien poltron au jeu s’il ne dit : Tout ou rien.
Il revient à sa première passion ; cette femme et son frère l’entraînent au Ridotto, sorte de club, où la république encourageait, pendant le carnaval, toutes les vicissitudes corruptives du jeu : ils finissent par y perdre les monceaux d’or qu’ils y avaient d’abord gagnés.
Mais les événements transforment la scène ; la main se lasse, le public se rassasie, les ennemis dénigrent : qui dit public dit hasard ; le métier d’hommes de lettres n’est qu’un jeu de dé avec l’opinion.
C’est un défaut, disent les savants ; cette peinture n’est qu’une sorte de gravure, cette peinture fait penser et sentir, mais elle ne fait pas assez voir ; elle n’accentue pas assez les objets ; elle ne colorie pas assez la nature ; elle ne sculpte pas assez les figures sur la toile, par le jeu savant et puissant des jours et des ombres, pour faire saillir en relief les objets de la surface plane du tableau ; elle n’étonne pas comme Michel-Ange ; elle n’illumine pas comme Raphaël ; elle n’éblouit pas comme Titien ; elle n’éclabousse pas comme Rubens ; oui, mais elle rappelle Van Dyck, ce traducteur de l’âme sur les traits presque incolores de la physionomie.
Ainsi, dans cette circonstance de ma vie poétique, la belle villa des collines euganéennes, les bois de lauriers sous nos pieds au penchant de la pelouse, le pin murmurant sur nos têtes, la mer Adriatique à l’horizon, le tintement du petit jet d’eau des terrasses qui venait jusqu’à nous sur les tièdes bouffées du vent du soir, ces deux charmantes figures de femme, l’une dans le septembre encore fleuri, l’autre dans l’avril à peine fleurissant de leurs années ; cette tendresse égale, mais diverse, qui se peignait dans leurs yeux bleus en se regardant avec leur jeune amour, l’un de mère, l’autre de fille ; le groupe enchanteur qu’elles formaient sans y penser en folâtrant ensemble dans des attitudes langoureuses ou enfantines, sous mes yeux ; les joyeux éclats de rire innocents qui retentissaient dans leurs jeux, entre leurs dents sonores, tout cela me faisait une telle illusion et se confondait tellement dans mes yeux et dans mon imagination avec les stances de l’Arioste, encore vibrantes à mes oreilles, qu’il me semblait voir en réalité une Ginevra dans la mère, une Angélique dans la fille, et que, si on m’avait demandé : Êtes-vous dans le poème ?
Il y avait des livres sur la cheminée et sur la table à jeu du milieu : on n’y jouait jamais, mais on y lisait beaucoup.
Je ne gagnai ni ne perdis beaucoup ; mais le jeu aussi m’ennuya vite, comme tous mes passe-temps de Paris ; ce qui me détermina à partir pour Londres au mois de janvier.
Au mois de mai de cette même année, je me donnai à Pise le divertissement du jeu du pont 3, spectacle admirable, où l’antique se mêle à je ne sais quoi d’héroïque.
C’est un jeu de poupées sérieuses qu’on place à volonté les unes en face des autres, et auxquelles on fait débiter leurs rôles sans vraisemblance et sans intérêt.
Tout y est individuel, et, bien que l’orgueil national de l’Arabie soit le fond de la texture, aucune cause suffisamment nationale n’est mise en jeu pour que cette belle composition dépasse la sphère du roman.
., tout cela c’était agir selon l’intention de Wagner, c’était ramener toutes les manifestations éparpillées à un seul point de vue artistique ; c’était tenter une théorie générale de l’art, — Je sais bien que le tort qu’ont eu mes deux amis, c’est qu’ils intitulaient leur Revue « wagnérienne », tandis que le point de vue spécial d’où ils partaient pour juger l’art, était l’exact antipode de celui d’où part Wagner : ils sont littérateurs, exclusivement littérateurs, tout art est pour eux une chose abstraite, un jeu de signes conventionnels quelconques, le théâtre idéal c’est le cerveau d’un homme isolé, qui rêve, etc… — Wagner, lui. est l’ennemi de toute littérature, parce qu’elle tue l’art ; la pensée, selon lui, ne doit pas commander aux émotions, elle doit au contraire les suivre, l’œuvre d’art n’existe réellement « qu’à l’instant de sa pleine réalisation sensuelle ».
Octobre Dans le plantage d’arbustes, amenés par charretées, dans la fatigue des courses chez les pépiniéristes de la grande banlieue parisienne, dans cette vie en plein air et sur les jambes, depuis le lever jusqu’au coucher du jour, dans le bouleversement de ce qui est, dans le rêve de ce qui sera, dans la création de mon jardin, je vis en un bienheureux ahurissement, auquel la folle dépense, sans compter, apporte quelque chose de la fièvre du jeu.
Ces débauches d’art — celle de ce matin m’a coûté beaucoup de cents francs — me laissent comme la fatigue et l’ébranlement d’une nuit de jeu.
Je croyais à un incontesté succès de Numa Roumestan, et voici qu’en dépit des applaudissements d’hier, de la critique élogieuse de ce matin, Ganderax qui, certes, n’est pas hostile à Daudet, me fait part de l’attitude un peu réservée de la salle, des causeries des corridors, du mauvais effet produit par le jeu dramatique de Mounet, et estime que le succès se bornera à une trentaine de représentations.
Prostitué, tricheur au jeu, voleur, brisant les bustes d’Homère et de Virgile, coiffé comme Apollon de rayons et chaussé d’ailes comme Mercure, frénétiquement maître du monde, souhaitant l’inceste à sa mère, la peste à son empire, la famine à son peuple, la déroute à son armée, sa ressemblance aux dieux, et une seule tête au genre humain pour pouvoir la couper, c’est là Caïus Caligula.
Ma conscience d’homme timoré devant Dieu répugnait à ce jeu de sang humain dont l’enjeu est la vie de ses créatures.
Leurs troupeaux sont multipliés ; leurs petits enfants sortent de leurs tentes comme un troupeau, et leurs enfants se réjouissent en voyant leurs jeux.
Cette seconde enfance, qui n’a pas l’inexpérience et la naïveté vraie de la première, pouvait faire dégénérer l’esprit français en afféterie, en mignardise, en jeu d’esprit, toutes choses indignes d’une grande langue et d’un grand peuple.
Il est glorieux sans doute pour l’Italie comme pour l’Angleterre que les deux plus grands prosateurs français de ce siècle n’aient pas jugé au-dessous de leur talent de copier ces deux modèles étrangers et d’écrire leurs noms sur les piédestaux éternels de Milton et de Dante ; mais le système de traduction qu’ils ont adopté l’un et l’autre est, selon nous, un faux système, un jeu de plume plutôt qu’une fidélité de traducteur.
Qu’on explique cette magnifique ascension de la nature par un obscur pressentiment d’une perfection vers laquelle tendent toutes ses démarches, ou que l’on substitue à cette hypothèse, en partie métaphysique, il faut l’avouer, le jeu des influences extérieures, la concurrence vitale, la sélection sexuelle5, le résultat n’est pas sensiblement différent.
Dans cet état, toute perception se prolonge d’elle-même en réactions appropriées, car les perceptions analogues antérieures ont monté des appareils moteurs plus ou moins complexes qui n’attendent, pour entrer en jeu, que la répétition du même appel.
Soit maladresse, soit que cet examen lui fit apporter plus de nonchalance dans son jeu, toujours est-il que l’adversaire de M. […] Quand Mme Delphine de Girardin apprit qu’il allait débuter par : les Jeux de l’Amour et du Hasard, elle s’écria : — Ce seront donc les joues de l’amour et du hasard !
. — Don Juan est un fourbe d’autant plus dangereux qu’il a toujours l’air de mettre son jeu à découvert. […] — Dans ce jeu si singulier nommé femme, les diamants sont toujours à-tout sur les cœurs. » Ce qui est une triste, une maussade, une méchante plaisanterie et, pour le dire en passant, tout à fait déplacée à propos de mademoiselle de La Vallière.