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1181. (1887) George Sand

En dehors des heures d’étude, où elle n’apportait qu’une régularité extérieure, elle vivait volontiers en compagnie des petits paysans du voisinage, dans les pâtureaux où ils se réunissaient autour de leur feu, en plein vent, jouant, dansant ou se racontant des histoires à faire peur. […] L’éclat des grandes œuvres de George Sand a été trop vif ; elles ont été célébrées ou discutées avec trop de feu, pour que les nouvelles n’eussent pas un peu à en souffrir. […] son nom seul évoque l’ombre sinistre de son château effondré, la herse brisée, les traces du feu encore fraîches sur les murs et le souterrain à demi comblé où Edmée sentit défaillir son courage. […] Elle avait usé et comme consumé par le feu de son imagination les plus beaux enfants de son rêve ; elle les replongeait dans le passé, en un tour de main, je pourrais dire dans le néant. […] Cependant, dès le début, sa langue était formée, déjà ample et souple, pleine de mouvement et de feu.

1182. (1894) Critique de combat

Aussi, dès que le drapeau interdit se montre, arrestations, bousculades, ordre de faire feu ; il reste sur le carreau cinq ou six cents victimes, dont une soixantaine de femmes ou d’enfants. […] Est-ce la bouilloire qui dit au coin du feu sa plainte monotone et mélancolique ? […] Je connais ces feux de paille. […] Au moment même où leurs adversaires disaient et prouvaient leur volonté de s’en remettre à la lutte légale, les conservateurs ont ouvert le feu, brusquement. […] Je veux que dans sa guerre au christianisme il ait été dur, violent, injuste, comme on l’est dans le feu du combat.

1183. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Soumet, Alfred, Victor, Parseval, vous enfin Qui dans ces jours heureux vous teniez par la main, Rappelez-vous comment au fauteuil de mon père Vous veniez le matin, sur les pas de mon frère, Du feu de poésie échauffer ses vieux ans, Et sous les fleurs de mai cacher ses cheveux blancs. […] Après les épanchements lyriques et les confidences qui avaient resserré l’union des poëtes, après les feux des Orientales, entremêlés du trépas de Madame de Soubise et des jeux de la Frégate la Sérieuse, les plus forts songèrent au théâtre, à cette arène où la poésie peut arriver au public face à face, en le prenant par ses sensations, en le domptant.

1184. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Une seule circonstance heureuse en rompt la note uniforme et triste, parfois déchirante, le mariage de sa fille Ondine, si tôt suivi d’une fin funeste : « (24 décembre 1849)… Mon bon Richard, si votre amitié n’est pas sans inquiétude sur nous et notre silence, je suis tout à fait de même sur tout ce qui vous concerne ; — et quoique je ne sache de quel côté donner de la tête, je prends sur la nuit pour vous écrire, — la nuit de Noël, mon cher Richard, qui changerait les destinées de ce triste monde et la vôtre, si le Sauveur écoutait son pauvre grillon, humblement à genoux dans la cheminée… où il y a bien peu de feu, mon celui de mon âme, très-fervente, très en peine ! […] Pour nos cœurs feu, c’est froid.

1185. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Cousin en tête, étonnait dans son premier feu. […] En redescendant du cothurne de l’Empire, on goûtait fort chez lui quelque chose de senti, de naturel et de vrai dans la diction, d’assez voisin de la prose, avec du feu poétique pourtant et des veines de chaleur.

1186. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

. —  Pareillement encore, pour entendre un Pourana indien, commencez par vous figurer le père de famille qui, « ayant vu un fils sur les genoux de son fils », se retire selon la loi, dans la solitude, avec une hache et un vase, sous un bananier au bord d’un ruisseau, cesse de parler, multiplie ses jeûnes, se tient nu entre quatre feux, et sous le cinquième feu, c’est-à-dire le terrible soleil dévorateur et rénovateur incessant de toutes les choses vivantes ; qui, tour à tour, et pendant des semaines entières, maintient son imagination fixée sur le pied de Brahma, puis sur le genou, puis sur la cuisse, puis sur le nombril, et ainsi de suite jusqu’à ce que, sous l’effort de cette méditation intense, les hallucinations paraissent, jusqu’à ce que toutes les formes de l’être, brouillées et transformées l’une dans l’autre, oscillent à travers cette tête emportée par le vertige, jusqu’à ce que l’homme immobile, reprenant sa respiration, les yeux fixes, voie l’univers s’évanouir comme une fumée au-dessus de l’Être universel et vide, dans lequel il aspire à s’abîmer.

1187. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Nous sommes descendus dans la rue, parce que nous y avons vu nos amis, mais nous ignorons par qui le feu a été allumé. » Il y a plus de hasard qu’on ne croit dans les révolutions ; elles ont plus de mystères que de secrets. […] Il allait au feu sans presser et sans ralentir le pas.

1188. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

À sa démarche, à son attitude, au port de son front, à l’énergie de son pas sur les dalles, on l’eût pris pour un soldat marchant au feu plutôt que pour un condamné qu’on mène au supplice. […] Voilà comment me la dépeignait un des rares témoins de ses derniers moments : XXVI « Deux prêtres, l’abbé Lambert et l’abbé Lothringer, les mêmes qui avaient entretenu les Girondins pendant la dernière nuit, attendaient au coin du feu, dans le grand cachot, en causant avec les porte-clefs et les gendarmes, l’heure où les accusés redescendraient du tribunal.

1189. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

— Oui, lui disais-je, avec le bout des mèches luisant comme l’or du cadre des Madones, sur l’autel des Camaldules, quand les cierges allumés les font reluire de feu. […] s’écria tout le monde en sanglotant et en regardant mourir à petit feu nos chères tapisseries (sparterias) de vigne.

1190. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

La célébrité est comme le feu, qui brûle de près et illumine de loin : heureux ceux qui sont à distance d’une gloire de femme ! […] C’est la transcendance du langage, c’est la concentration de la pensée ou du sentiment dans peu de mots, c’est l’explosion de la phrase éclatant comme le canon sous la charge qu’une main vigoureuse a introduite et bourrée dans le tube de bronze ; c’est l’idée, le sentiment, l’image, le son, la brièveté fondus ensemble d’un seul jet au feu de l’inspiration et formant ce métal de Corinthe dont nul n’a pu découvrir le secret en le décomposant ; c’est l’algèbre sans chiffres qui abrége tout, qui dit tout, qui peint tout d’un seul trait ; c’est la conception et l’enfantement de l’âme en un seul acte, c’est le délire raisonné surexcitant au dernier degré les facultés expressives de l’homme, mais c’est le délire se connaissant, se possédant, s’exaltant en se jugeant, se contenant avec la suprême autorité du sang-froid comme le coursier emporté qui tiendrait lui-même son propre frein.

1191. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Tantôt j’aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes ; tantôt j’enviais jusqu’au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à l’humble feu de broussailles qu’il avait allumé au coin d’un bois. […] Quand il prononça ces mots : « Elle a paru comme l’encens qui se consume dans le feu », un grand calme et des odeurs célestes semblèrent se répandre dans l’auditoire ; on se sentit comme à l’abri sous les ailes de la colombe mystique, et l’on eût cru voir les anges descendre sur l’autel et remonter vers les cieux avec des parfums et des couronnes.

1192. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Il s’établit — vers la cinquantaine, alors que délivré de sa longue prison, sans grand souci des affaires publiques ni même de ses prétentions princières, il vivait grassement, oiseusement, aux bords de la Loire, dans son aimable Blois, au milieu de sa petite cour de gentilshommes lettrés et de poètes quémandeurs, — il s’établit pour le reste de ses jours dans son personnage d’homme du monde aimable et désabusé : raillant l’amour et les dames, et les jeunes gens qui s’y donnent sérieusement, chansonnant amis et indifférents, avec une malice qui n’appuie pas, et pique sans blesser, jouissant de la vie sans illusion, et prêt à la mort, ne souhaitant plus qu’en « hiver du feu, du feu, et en été boire, boire », avec cela bonne compagnie et gais propos, de tout le reste du monde ne s’en souciant pas, et ne lui demandant pas plus qu’il ne lui donne : enfin, le plus gracieux des égoïstes et des épicuriens, qui même devança peut-être les hardiesses païennes du siècle suivant, si l’on s’arrête à cette inquiétante forme de serment qui lui échappe : Par mon âme, s’il en fut en moi.

1193. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

» — « Bien loin d’ici, vers le couchant, sous les derniers feux du Soleil roi. » — « Et c’est la ville dont mon fils a si grand désir de faire la conquête ?  […] Car, en envahissant l’Hellade, ils n’ont pas craint de renverser les statues des dieux et de mettre le feu à leurs temples.

1194. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Il y aurait de quoi flatter mon amour-propre si je vous nommais l’objet de mes feux. […] On examina partout si le feu ne s’était point communiqué au vaisseau, mais on n’aperçut aucune trace de noirceur ni même d’odeur dans les crevasses du grand mât.

1195. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Un grand feu flambe au milieu du pré, où de temps en temps, les trois femmes vont sécher les semelles de leurs bottines mouillées, montrant des bas écossais et des pantalons brodés, en se soutenant par la taille avec des gestes de caresse : groupe au milieu fait par la charmante Mme G…, dans une de ces blanches toilettes anglaises, que Gravelot donne, en ses vignettes, à ses héroïnes de romans. […] Et le panneau encore une fois remis au feu et retiré mollet, l’artiste indique un tronc tortueux par un large appuiement, mais interrompu, mais cassé, et pique avec la plus grande attention, dans le vide, dans l’effacement, les petites fleurs rouges d’un cognassier du Japon, ne plaçant qu’au dernier moment la valeur noire de son dessin, la tache intense à l’encre de Chine du tronc de l’arbuste.

1196. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

On triche avec sa pensée, on falsifie la langue ; on se fait un langage hybride, arbitraire, tout d’allusions et de périphrases ; et cependant, comme l’observe judicieusement le feu rédacteur du Journal de l’Empire, les mois, en s’écartant de l’étymologie, perdent leur signification. […] Le poète assis près de sa maîtresse, par un beau soir d’automne, sent monter à son cerveau un parfum tiède qui l’enivre ; il trouve à ce parfum quelque chose d’étrange et d’exotique, qui le fait rêver à des pays lointains ; et aussitôt dans le miroir de sa pensée se déroulent des rivages heureux, éblouis par les feux du soleil, des îlots paresseux plantés d’arbres singuliers, des Indiens au corps mince et vigoureux, des femmes au regard hardi :     Un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qui circule dans l’air et m’enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers !

1197. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

L’éducation musicale commence à se faire parmi nous, le goût de la peinture est déjà fort répandu ; et cependant combien de gens d’esprit, sans compter ceux qui n’en ont pas, préfèrent encore un nocturne bien doux, ou l’ancien plein-chant de notre opéra, aux plus délicieuses modulations ou aux plus riches harmonies ; et un intérieur de cuisine, ou un effet de neige avec un peu de feu, aux plus sublimes têtes et aux compositions les plus inspirées et les plus étudiées. […] Et puis quel misérable progrès de de versification, qu’un logogriphe en huit alexandrins dont le mot est carotte ou chien-dent… Ce qu’il y a de plus triste c’est que beaucoup de nos auteurs ont transporté ce feux langage dans la tragédie.

1198. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Sa terrible face d’avare, morte à tout, s’illumine au feu de ces pierres qu’il tourne et retourne dans ses mains tremblantes et habiles pour en attiser mieux la flamme, pour les épuiser, s’il le pouvait, de leur lumière, et alors, sa physionomie devient sublime. […] Taine a achevé son volume sans vider le sien… Je le répète, ce qu’il faut le plus admirer en lui, c’est qu’il ait eu la force de contenir l’impétuosité de son âme, d’étouffer en lui le feu sacré de l’écrivain, qui ne demandait qu’à s’embraser et à devenir un incendie d’indignation et de furie sainte !

1199. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Le Bixiou de Balzac, tout le monde l’a dans la mémoire, ce chat-tigre de la caricature, ce tortionnaire de la plaisanterie féroce, dont les mots étaient des tenailles rougies au feu de la verve la plus bouffonnement enragée. […] Il y a bien là une femme, — une femme héroïque, — la femme de Christian II, qui veut souffler dans le cœur de son mari le feu qui lui manque, qui ramasse comme elle peut, à chaque instant du roman, les morceaux de cette marionnette des vices de Paris pour les faire tenir debout et en reconstituer un homme, mais sans y réussir jamais… Elle est la seule qui ne soit pas ridicule dans le roman.

1200. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Voici une réimpression audacieuse et superbe, comme la librairie qui tiendrait à bien mériter des Lettres devrait plus souvent en risquer : ce sont les Contes drolatiques 6 de Balzac, qui devaient former un collier de cent pierres précieuses, collier brisé tout à coup sous les doigts découragés du merveilleux joaillier qui les avait serties et qui en opposait et en accordait les feux comme s’il avait été le musicien de la lumière. […] Il n’a pas l’idéale noblesse de Callot, le plus idéal des artistes, qui élève la caricature aussi haut qu’elle peut monter, transforme la réalité sans cesser de la tenir d’une main puissante, nous pose des mendiants magnifiques drapés dans leurs guenilles comme dans des manteaux de rois, et des bourreaux tortionnaires à tournure d’archange, dardant la triple épée de feu au dos des coupables, mais il en a souvent l’audace, la cambrure, le tortillement italien, ce mouvement de serpent ou de diable (c’est la même chose depuis la Bible) qui donne aux types de l’auteur de La Tentation de saint Antoine ce je ne sais quoi de provocant et de passionné qui est certainement un des charmes de l’enfer.

1201. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

C’est pourquoi notre bâtiment de dedans ne vous apparaîtra point, parce qu’il y a un chérubin à notre porte qui en défend l’entrée avec une épée de feu, c’est-à-dire un anathème de notre mère l’Église… Le chevalier de Sévigné n’entra dans ce cloître, dans cette terre promise, qu’après sa mort37 ; il eut la faveur d’y être enterré.

1202. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Aussi a-t-on pu comparer la double série des orateurs qui se succédaient à la tribune à deux corps d’armée qui auraient défilé l’un devant l’autre, chacun en sens inverse, tirant et faisant feu en l’air, sans se viser ni s’atteindre.

1203. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Drouet a le feu sacré, le prosélytisme moral ; elle voudrait ramener les sceptiques, humaniser les croyants, réconcilier les ennemis ; elle est femme à faire embrasser le déiste et le clérical, l’homme du Coran et celui de l’Évangile, — que dis-je ?

1204. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Il en fit le sujet d’un mémoire, d’une véritable dénonciation (1843) adressée à l’Académie française ; il mit le feu à la matière par le zèle et le souffle qu’il y déploya.

1205. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Hugo a bien mieux apprécié l’auteur des sonnets et sa forme élégamment ciselée ; mais, par suite du défaut signalé tout à l’heure, il s’est glissé, dans les vingt-deux vers consacrés à la louange du mélodieux amant de Laure, deux mots criards qui rompent toute l’harmonie du ton : Je prends ton livre saint qu’un feu céleste embrase.

1206. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Éditions : Recette véritable par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre à multiplier et à augmenter leurs trésors, la Rochelle, 1563 ; Discours admirables de la nature des eaux et fontaines tant naturelles qu’artificielles, des métaux, des sels et salines, des pierres, des terres, du feu et des émaux, etc, Paris, 1580.

1207. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Elle ne laissa point dessécher son âme de feu dans les bienséances mondaines, ni dans l’exercice intempérant de l’esprit.

1208. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Pierre Quillard L’un des plus stupides reproches que l’on eut coutume d’adresser à cette œuvre fut d’alléguer qu’elle n’allait pas au-delà d’une facile beauté extérieure et purement formelle, et que toute véhémence et toute vie lui faisaient défaut ; et c’était un jeu familier à la basse critique de comparer les poèmes de Leconte de Lisle à de froides images de marbre que nul Prométhée n’aurait animées du feu divin.

1209. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Ces cordons de feu semblent préparés pour une fête d’ombres.

1210. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Grâce à leurs saintes révélations, tour à tour la belle lune et les étoiles dansantes, la substance des prairies et les bonds de la mer, la pluie sur les feuilles rauques et le concave azur, la tempête ébranlant la nue horrible et noire, les grandes aubes, les feux balancés, la terre pivotant sur les pôles, les brumes, les molles saisons, l’aurore, l’air, la lumière, tout nous apparaît dans un état pur, comme si Dieu pénétrait encore les formes du monde.

1211. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Le feu n’a pas chaud, la glace n’a pas froid ; on dit que l’un est chaud et que l’autre est froide, parce qu’ils sont l’un et l’autre cause de ces deux sensations contraires.

1212. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Annibal à la tête de cent mille soldats demandoit passage aux peuples qui habitoient le païs qu’on appelle aujourd’hui le Languedoc pour aller en Italie, et il s’offroit à païer tout ce que ses troupes prendroient, menaçant en même-temps de désoler le païs par le fer et par le feu si l’on traversoit sa marche.

1213. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Ils auroient peint le plaisir vif que sent un homme pénetré du froid en s’approchant du feu, ou bien le plaisir plus lent, mais plus doux qu’il éprouve en se couvrant d’une fourure.

1214. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Alors le budget allouera tant par an à M. un tel pour aller distribuer la manne littéraire aux habitants de Saint-Quentin, Tant à M. tel autre, pour entretenir — par des élégies quotidiennes — le feu poétique chez les naturels de Montauban.

1215. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Sans doute il est beau de s’animer, de se passionner, de communiquer la flamme sainte de l’enthousiasme ; mais il est maladroit de s’animer hors de propos, de se passionner pour des sottises, et de brûler autrui avec le feu qui doit l’éclairer.

1216. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Sans doute, dans tous les ouvrages de Bossuet, l’esprit resterait étonné par un style vif, énergique et pittoresque ; par la grandeur des images et la hardiesse des figures ; par ce quelque chose de rude et de heurté d’un fier génie pour qui la faible langue des hommes est une condescendance de la pensée, car le feu de sa pensée, à lui, s’allume dans une sphère plus élevée.

1217. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Peut-être ne n’avait-il jamais eu, ou l’avait-il hébété dans ces immenses soûleries (orgies ne dirait pas assez) dont, il nous donne l’affreux détail et qu’aiment ces buveurs d’essence de feu qui vivent dans la neige.

1218. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Il frappe comme un sourd sur toute pierre, pour en tirer l’étincelle, mais, comme le cheval qui fait feu, quand il butte il se déferre, — et ses déferrements sont nombreux.

1219. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Pour notre compte, à nous, nous ne savons pas de gloire à meilleur marché que celle de ce capitaine d’aventure, qu’on nous donne pour un grand capitaine parce qu’il allait gaiement au feu avec les autres, et, malgré le vaudeville qui obstrue l’histoire, nous n’en savons pas de moins française.

1220. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Entrée dans l’espace et le temps à un jour donné, qui éclaire l’Histoire comme une colossale lentille de feu, elle ne devait pas subir les providentielles tyrannies du temps et de l’espace.

1221. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Elle donna à son génie le baptême de feu de l’amour.

1222. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Il ne tirait pas de feux d’artifices dans un salon.

1223. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Ce sont les vaniteux et sanglants auteurs, les moteurs uniques et détestables de la décrépitude universelle, et la pluie de mes carreaux de feu labourerait sans pitié ces crânes pervertis.

1224. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

On dit qu’un jour ayant reçu une députation de quatre-vingts prêtres qui venaient pour le fléchir, il les fit embarquer tous ensemble, et ordonna qu’on mît le feu au vaisseau, quand ils seraient en pleine mer.

1225. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Jamais ne meurent sou noble souvenir ni son nom ; mais, sous la terre qui le couvre, il est immortel celui que, dans le feu de la victoire, de la résistance, du combat pour la patrie et la famille, le terrible Mars a frappé.

1226. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

J’écris comme je parle, quand l’ange de feu de la conversation me prend par les cheveux comme le prophète. […]  » — « Malheureuse la terre de malédiction », s’écrie Pascal, « que ces trois fleuves de feu embrasent plutôt qu’ils n’arrosent ! […] Car, causer est bien doux, le soir, au coin du feu ! […] Se plaignait-il de la chaleur, Mme de Chateaubriand sonnait pour qu’on remît du bois au feu. […] Défense d’allumer du feu.

1227. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Quand un succès (ce qui arrive souvent) est aussi éphémère que vif, il ressemble à ces légères pâtisseries soufflées qui montent, montent sur le feu, puis s’abattent soudain. […] C’était rare et curieux, le feu de ces regards disciplinés et de ces prunelles ardentes qui tutoient tout le monde. […] Où est l’homme assez courageux pour avouer aujourd’hui qu’il aime la peinture de Bouguereau, par exemple, ou qu’il n’aime pas la nature, ou qu’il préfère à tous les voyages le coin de son feu ? […] Le monde a dévoré ma jeunesse, et puis Dieu Ne m’avait pas au front marqué d’un doigt de feu. […] Voilà six mois de travail qui aboutissent à me faire passer la plus f… des journées… L’amour de la gloire, passion menteuse, feu follet ridicule, qui conduit toujours droit au gouffre de, tristesse et de vanité ! 

1228. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Le phare de la gloire est à feux tournants. […] L’élément libre le ravissait ; la mer, matrice de tous les tumultes physiques et moraux de l’univers ; le feu, père de la vue et de la vie. […] Les étoiles flamboyaient comme des torches, et les nuages furent des messagers de feu et la lune un brasier rouge vomissant des projectiles multicolores. […] Il est le nouvel inquisiteur qui voudrait traiter les imaginatifs non plus par le feu, mais par la douche, et s’avance vers les révoltés, son microscope et son scalpel à la main. […] Quand, la veille de Noël, le petit paysan est entre son père, sa mère, ses frères et sœurs et ses grands-parents, il savoure à la fois tous les bonheurs devant le feu qui brille et la table chargée.

1229. (1876) Romanciers contemporains

À la lueur du feu allumé pour se mettre à l’abri des bêtes féroces, deux individus se montrent. […] Chacun se lève anxieux et est bientôt glacé d’effroi : toute la partie supérieure de l’Amazone est en feu. […] Il est des aurores boréales qui luisent comme des météores, voltigent comme des feux follets et s’évanouissent quelques minutes après comme des étoiles filantes. […] Les villages épars dans la plaine, de l’autre côté de la rivière, se soulevaient, sonnant l’alarme, allumant des feux. […] L’étincelle jaillit brillante et soudaine, soit ; mais depuis longtemps le feu couvait invisible.

1230. (1902) La poésie nouvelle

La minute ineffable, d’oubli s’accompagne, en une évocation lumineuse, d’un passage surprenant d’yoles enrubannées de satin feu, de satin rouge, arches d’espérances et sons vifs de cithares dans le miracle du soleil et parmi toutes les fantasmagories du ciel où s’épanouissent et s’extasient des rayonnements. […] Tantôt semblable à l’onde et tantôt monstre ou tel ‌ L’infatigable feu, ce vieux pasteur étrange ‌ (Ainsi que nous l’apprend un ouvrage immortel) ‌ Se muait. […] Laissez la barque aller et s’éteindre les ports ;‌ Les phares ne tendront plus vers les grandes étoiles‌ Leurs bras immensément en feu ; — les feux sont morts ! […] Elles se succèdent comme des éclairs de feu dans une nuit sinistre ; elles disparaissent et laissent aux yeux une brûlure…‌ Elles éveillent dans les dernières profondeurs de l’inconscience des vœux bizarres, d’obscurs désirs qui bientôt se formulent paradoxalement… Les vêpres sonnent : être une vieille qui marmonne des orémus. […] Ou bien, le tocsin sonne, — c’est une meule qui brûle ; et puis une autre meule encore prend feu, et puis une autre, et puis une autre, et, jusqu’à l’horizon, la plaine s’allume : une tourmente de sang et d’or éclate sous le ciel rouge… Mais la neige et la pluie sont plus émouvantes dans leur monotonie interminable, dans leur lenteur et leur régularité ; elles semblent avoir subi l’impulsion de quelque fatalité obscure.

1231. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Il y passa ses feux de jeunesse, ses chaleurs de foie , comme il dit ; car il a le mot cru, le propos plus franc et gaillard que délicat. […] Il les montre, les premiers des martyrs, ouvrant la porte à tous ceux qui sont venus depuis, et accueillis là-haut, dès leur entrée, par toute la cour du Paradis qui leur fait honneur et fête : Que d’applaudissement, de rumeur et de presse, Que de feux, que de jeux, que de traits de caresse Quand là-haut, en ce point, on les vit arriver ! […] L’invective contre les rebelles est, dès le début, poussée à outrance : il est temps d’en finir, et, comme il le dit, de donner le dernier coup à la dernière tête de l’Hydre : Fais choir en sacrifice au Démon de la France132 Les fronts trop élevés de ces âmes d’Enfer, Et n’épargne contre eux, pour notre délivrance,     Ni le feu ni le fer.

1232. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Cette somme à débourser tenait surtout à cœur à Mme de Ferriol, et elle le fit sentir à Mlle Aïssé, qui se leva, alla prendre le billet et le jeta au feu en sa présence. […] Va, porte dans son sang la plus subtile flamme ; Change en désirs ardents la glace de son cœur ; Et qu’elle sente la chaleur Du feu qui brûle mon âme ! […] Mme du Deffand portait plus de feu, plus d’imagination dans le propos ; pourtant chez elle, comme chez Mlle De Launay, comme chez d’autres encore, ce qui frappe avant tout, c’est le tour précis, l’observation rigoureuse, la perfection juste, ni plus ni moins.

1233. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Est-ce que quelques pages de récit pourraient jamais contenir assez de feu pour répandre l’incendie dans l’Europe ? […] « Et si la guerre, que je préfère à tout, me manque, je monterai aux tribunes, ces champs de bataille de l’esprit humain où l’on ne meurt pas moins de ses blessures au cœur que l’on ne meurt ailleurs du feu et du fer ; et je tâcherai de me munir, quoique tardivement, d’éloquence, cette action parlée qui confond dans Démosthène, dans Cicéron, dans Mirabeau, dans Vergniaud, dans Chatham, la littérature et la politique, l’homme du discours et l’homme d’État, deux immortalités en une. […] Je me souviens des scènes, des accents, des physionomies, des gestes, qui jetaient presque tous les jours une lumière véritablement sinistre sur les fissures volcaniques de ces âmes de feu dissimulées sous des visages stoïques.

1234. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Ces témoignages d’affection qui, sortis du cœur de ceux qui s’entr’aiment, se produisent au dehors par la bouche, par la physionomie, par les yeux et par mille autres démonstrations de tendresse, sont comme autant d’étincelles de ce feu d’amitié qui embrase les âmes et les fond toutes en une seule21 ”. Mais si vous tenez à ce que ce feu soit durable, si vous ne pouvez vous faire à l’idée d’être oublié un jour de ces amis si bons, ô Vous, qui que vous soyez, ne mourez pas avant eux ; car cette sorte d’amitié est tellement aimable et douce qu’elle-même bientôt se console elle-même, et que ce qui reste comble aisément le vide de ce qui n’est plus ; la pensée des amis morts, quand par hasard elle s’élève, ne fait que mieux sentir aux amis vivants la consolation d’être ensemble, et ajoute un motif de plus à leur bonheur. […] Dans un premier écrit sur le Romantisme en 1818, il avait dit : « … La France et l’Allemagne sont muettes : le génie poétique, éteint chez ces nations, n’est plus représenté que par des foules de versificateurs assez élégants, mais le feu du génie manque toujours ; mais, si on veut les lire, toujours l’ennui comme un poison subtil se glisse peu à peu dans l’âme du lecteur ; ses yeux deviennent petits, il s’efforce de lire, mais il bâille, il s’endort et le livre lui tombe des mains. » « Quelle fut donc ma surprise quand je reçus de lui, avec qui je n’avais eu d’ailleurs que des relations assez rares et de rencontre, une lettre ainsi conçue : « Après avoir lu les Consolations trois heures et demie de suite, le vendredi 26 mars (1830).

1235. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Par là Monime est cornélienne et digne sœur de Pauline, dont on croit entendre la noble langue, dans cette scène où Monime, plus grande que Mithridate, lui reproche les détours par lesquels il a surpris ses aveux : Vous seul, seigneur, vous seul vous m’avez arrachée A cette obéissance où j’étais attachée ; Et ce fatal amour, dont j’avais triomphé, Ce feu, que dans l’oubli je croyais étouffé, Dont la cause à jamais s’éloignait de ma vue, Vos détours l’ont surpris et m’en ont convaincue. Je vous l’ai confessé ; je dois le soutenir… Et le tombeau, seigneur, est moins triste pour moi Que le lit d’un époux qui m’a fait cet outrage, Qui s’est acquis sur moi ce cruel avantage, Et qui, me préparant un éternel ennui, M’a fait rougir d’un feu qui n’était pas pour lui31. […] Corneille n’est pas toujours maître de ce qu’il écrit ; il en fait un naïf aveu dans ces vers, d’une pièce à Mazarin : Certes, dans la chaleur que le ciel nous inspire, Nos vers disent souvent plus qu’ils ne pensent dire ; Et ce feu, qui sans nous pousse les plus heureux, Ne nous explique pas tout ce qu’il fait pour eux.

1236. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

des plus tendres feux sa bouche encor m’assure ! […] Cette dernière allégorie, de marmiton, de Raton qui tire les marrons du feu, est un peu obscure pour le vulgaire profane : ces messieurs les philosophes avaient entre eux un argot comme la troupe de Cartouche. Les facéties que Voltaire publiait contre la religion étaient les marrons que Raton tirait du feu au risque de se griller les pattes, et les marmitons étaient ceux qui ne trouvaient point plaisant qu’on dérangeât leur feu pour tirer les marrons. […] Et puis, à mes yeux est une cheville : le ramène à mes feux au rang de ses aïeux. […] Vos feux ne pourront pas se nourrir de leurs cendres.

1237. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Quiconque involontairement et naturellement transforme une idée sèche en une image, a le feu au cerveau ; les vraies métaphores sont des apparitions enflammées qui rassemblent tout un tableau sous un éclair. […] Jeunes gens, soldats et artistes, ils tirent un feu d’artifice de phrases et gambadent tout à l’entour. […] Que le feu du dernier enfer enveloppe le peuple ! […] J’écoute le feu roulant de leurs métaphores, et je suis leur escarmouche de bel esprit. […] Elle pose sur ses tempes velues une couronne de fraîches fleurs odorantes. « Et les gouttes de rosée qui tout à l’heure s’étalaient sur les boutons comme des perles rondes d’Orient s’arrêtent maintenant, pareilles à des larmes, dans les yeux des pauvres fleurettes, comme si elles pleuraient leur disgrâce311. » Elle appelle autour de lui les génies qui la suivent : Sautillez devant lui dans ses promenades, et gambadez devant ses yeux. —  Nourrissez-le d’abricots, de groseilles, —  de raisins empourprés, de figues vertes et de mûres. —  Dérobez aux abeilles sauvages leur sac de miel ; —  pour l’éclairer la nuit, coupez leurs cuisses de cire ; —  allumez-les aux yeux de feu du ver luisant, —  pour conduire mon amour au lit et pour l’éveiller ; —  arrachez les ailes peintes des papillons ; —  avec cet éventail, écartez de ses yeux endormis les rayons de la lune

1238. (1932) Le clavecin de Diderot

Alors, à nous les formules incandescentes : Brûlé de plus de feux que je n’en allumaisx. […] Bonne fille ou ambitieuse, même avec le feu au derrière, elle ne tint pas rigueur au poète de son impuissance. […] Pris entre deux feux, pas moyen d’en sortir. […] L’âge du feu, l’âge du foyer était bien passé, mais l’âge du billet de banque durait toujours. […] Aujourd’hui, le libéralisme se contente de piquer à son revers ce pétunia artificiel dont le caoutchouc, à la chaleur des intérêts, dans le feu de la discussion parlementaire, déjà, se décompose.

/ 1984