Les curieux en matière de querelles littéraires peuvent voir dans le Figaro du dimanche 10 juin 1866 une réponse qu’un bienveillant anonyme fit, en ma faveur, au docteur Joulin, en relevant chez lui quantité de fautes par manière de représailles.
Les lecteurs curieux de ces sortes de cas particulier trouveront, pages 209 et 319, un petit roman métaphysique où toutes les finesses de l’amour-propre et de la coquetterie, toutes les jalousies et les délicatesses de l’amitié, sont en jeu et luttent pour ou contre un sentiment profond sincère et désespéré, c’est presque un pendant à l’histoire d’une Jeune grecque moderne, par l’abbé Prévost ; c’est une rareté précieuse, comme M. de Stendhal en a réuni plus d’une dans son livre de l’Amour.
Il part là-dessus avec une gravité de membre de l’Académie de médecine écrivant un rapport : « Une curieuse épidémie sévit depuis quelque temps sur les billets de cinq cents francs ; ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés d’un vague discrédit Le symptôme pathognomonique de la maladie est un épaississement accentué des tissus, avec complication de troubles dans le filigrane, etc… » Ou encore : « On vient de découvrir l’antisarcine ; comme son nom l’indique, ce médicament est destiné à combattre les effets du Francisque Sarcey qui sévit avec une si cruelle intensité sur la bourgeoisie moyenne. » Et alors il fait l’historique de la découverte ; il raconte que les études sur le virus sarcéyen ont démontré l’existence d’un microbe spécial qui a reçu le nom de Bacillus scenafairus (bacille de la scène à faire) ; que les premiers microbes ont été recueillis dans la bave d’un abonné du Temps, un malheureux qui « jetait du Scribe par les narines et délirait sur des airs du Caveau… et que son teint blafard (et Fulgence) désignait clairement comme un homme épris des choses du théâtre » ; que ces bacilles ont été recueillis, cultivés dans les « bouillons » du Temps et de la France, etc… Ce qui double encore l’effet de ces méthodiques extravagances, c’est le style, qui est d’un sérieux, d’une tenue et d’une impersonnalité effrayantes.
Et pourtant j’ai aujourd’hui cette impression qu’à aucune époque de notre littérature il ne s’est trouvé, dans les livres d’écrivains encore jeunes, tant de sérieux, d’intelligence, de sagesse, d’observation curieuse, une science déjà si avancée de la vie et des hommes, et tant de compassion, une vue si sereine et si indulgente de la destinée6.
Mettons immédiatement en regard de ce qui eut lieu pour Dom Juan, ce qui se passa pour Le Tartuffe, et nous aboutirons, dans le rapprochement qui s’offre à nous, à des résultats non moins curieux et non moins frappants.
Curieux de se renseigner et de saisir un point d’appui, il court partout où l’on récite des vers.
Voici la substance de ce morceau curieux, qu’il a reproduit dans ses Lettres sur la philosophie de l’esprit humain 277.
On cause, on rit fort bien avec elle. » Madame Scarron, pour donner le change aux curieux que sa retraite aurait pu mettre en campagne, prit avec elle la petite d’Heudicourt, et parut se charger de son éducation.
des esprits toujours en exploration, ardents aux longues lectures à travers les grands auteurs, curieux des investigations philosophiques, enflammés pour le grec, idolâtres des vers latins, en un mot ne faisant la part de l’utile que pour réserver plus sûrement et plus largement la part du Beau !
On fit entendre à ces religieux que la diversité des mains rendroit la suite de ces tableaux plus curieuse, et que l’émulation obligeroit encore chaque peintre à se surpasser lui-même dans un ouvrage destiné pour être comparé perpetuellement avec les ouvrages de ses concurrens.
Suetone ajoute même quelques particularitez assez curieuses, au récit de Pline.
N’est-ce pas curieux ?
Mais voici où le curieux commence.
Elle ne nous offre, quand elle n’est pas une hideuse tragédie, que le curieux et lamentable spectacle d’une nation qui se piquait d’être à la tête du monde, et que Dieu livrait aux principes du Contrat social.
Or, pour ceux que la destinée des livres fait rêver, il est curieux de voir la bienfaisance aveugle du hasard s’étendre de l’œuvre originale à l’œuvre imitée, et le pastiche trouver son traducteur de grand talent, comme le chef-d’œuvre avait trouvé le sien. — Incontestablement, M.
Faites pour le temps et dévorées par lui, ces chansons ne seront plus, dans quelques années, comme les chansons du vieux Maurepas, que des renseignements historiques, feuilletés par le curieux, en souriant.
On nous a transmis sur cet éloge quelques détails assez curieux ; l’orateur commença par vanter beaucoup les ancêtres du prince mort, comme si Claude avait rien de commun avec ses aïeux, que d’avoir déshonoré un grand nom par une vie lâche.
Le troisième, dont on ne connaît pas l’auteur, est curieux, surtout par la manière dont on y traite l’abdication de ce prince, et son retour à l’empire.
J’en vois un curieux témoignage dans la coquetterie pédantesque et naïve avec laquelle, toutes les fois qu’ils expriment une idée générale, ils ouvrent les guillemets « » pour attirer l’attention du lecteur. […] Nous avons cité les plus importants de ces livres ; nous nous bornerons donc à en mentionner ici les principales rééditions, qui sont : Celle du Discours merveilleux, dans les Archives curieuses de l’histoire de France, de Cimber et Danjou ; — de La Précellence, par L. […] Pierre de Larrivey [1540-1612] ; — son origine italienne ; — sa traduction des Facétieuses Nuits de Straparole, 1576 ; — ses comédies, 1579. — Il n’y en a pas une des neuf qui ne soit traduite ou « adaptée » de quelque comédie italienne. — Déclarations de Larrivey dans sa Dédicace à M. d’Amboise. — À noter également que ses comédies sont toutes en prose. — Ce sont de pures comédies d’intrigue. — Le principal intérêt qu’elles offrent est d’avoir été plus tard imitées par Molière [Cf. notamment L’Avare d’une part, et de l’autre Le Laquais, I, sc. 1 ; — La Veuve (dont l’original italien a pour auteur un Bonaparte), III, sc. 2 ; — et Les Esprits, III, sc. 6]. — D’une curieuse différence de ton entre les premières et les dernières comédies de Larrivey : La Constance, Le Fidèle, Les Tromperies ; — et en quoi celles-ci sont plus romanesques. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Celui-ci aussi, comme Bodin déjà, et comme Palissy, quoique dans un autre genre, est un « observateur ». — Sa carrière militaire ; — mais qu’il ne faut pas prendre son surnom de Bras de fer pour un témoignage de son énergie ; — et qu’il y a eu du politique dans ce soldat. — Les scrupules de conscience d’un capitaine protestant ; — comparaison de Montluc et de La Noue ; — supériorité morale du second. — Les Discours politiques et militaires. — Ils sont l’ouvrage de ses prisons. — Curieux rapports entre Bodin, Palissy et La Noue. — Division des discours de La Noue : Discours militaires proprement dits [11, 13, 14, 15, 16, 17, 18]. — Comparez la manière dont il y parle de la guerre avec une page célèbre des Soirées de Saint-Pétersbourg. — Discours politiques [1, 4, 6, 12, 20, 21, 22] ; — Comparez les vues politiques de La Noue et le « grand dessein « d’Henri IV. — Mais les plus intéressants pour l’histoire des idées sont les Discours moraux [5, 3, 5, 6, 7, 10, 19, 23, 24, 25] et parmi ceux-ci, les Discours 23, sur la pierre philosophale ; 6, contre les Amadis ; et 24, contre les Épicuriens ; — La Noue précurseur de Bossuet [Maximes sur la comédie] dans son Discours contre les Amadis ; — et de Rousseau dans son Discours contre les Épicuriens. — C’est dire de lui qu’il est surtout un « moraliste ». — La composition dans les Discours de La Noue ; — le tour oratoire ; — la fermeté de la langue et du style ; — la passion patriotique. — Succès des Discours. — Quelques mots des Mémoires de La Noue. — Sa mort au siège de Lamballe. […] IV. — Michel Eyquem, seigneur de Montaigne [Château de Montaigne, près Bergerac, 1533 ; † 1592, au même lieu] 1ºLes Sources. — Les Essais eux-mêmes, et avant tout ; — Docteur Payen, Documents inédits sur Montaigne, 1847-1855-1857-1862, et Notice sur La Boétie, 1853 ; — Feuillet de Conches, Causeries d’un curieux, t.
Euripide était un esprit curieux, aventureux, très hardi, très « avancé » pour son temps. […] Mais, dans ses dernières pièces, un changement curieux s’est opéré. […] C’est par là que la pièce m’a surtout paru curieuse. […] Même il serait curieux que, après la faute de Cécile, elle crût encore, par habitude, à son ignorance (une enfant si bien élevée ! […] Ce n’est pas que Renato soit jaloux ; mais il est curieux.
elles sont bien curieuses, les idées de Boileau sur le lyrisme ! […] Est-ce pas curieux ? […] Les discussions eussent été curieuses à suivre. […] Sur ce personnage en tout cas très curieux, M. […] Rien de plus curieux.
Il est curieux, alors, d’observer notre poète moraliste, muni de ses bonnes grosses maximes philosophiques traduites de l’Antiquité, essayant de les accommoder avec ses progrès à la cour et avec ses obligations de poète courtisan et d’historiographe. […] Cela compose un amalgame étrange, curieux à démêler. […] On connaît aujourd’hui ce curieux passage, que la prudence de Port-Royal avait supprimé : « Vous voulez aller à la foi et vous n’en savez pas le chemin ; vous voulez vous guérir de l’infidélité et vous en demandez les remèdes ? […] n’est-elle pas l’équivalent, un peu adouci, de ce curieux eucolos ? […] Moreau, de Tours, médecin à l’hospice de Bicêtre, publia, en 1859, un livre très paradoxal, mais très curieux, dans lequel il essayait de démontrer que le génie est une maladie.
Un de ces exemples est assez curieux et piquant pour nous autres Parisiens. […] C’est égal, la destinée littéraire de cette race est bien curieuse. […] Il s’est montré capable d’une transformation singulièrement curieuse et très bellement artistique. […] Et puis on découvre les raisons, toujours infiniment curieuses, des changements qui sont arrivés dans votre état d’esprit. […] Et, ainsi conçue, l’action du Misanthrope n’offre-t-elle pas une curieuse analogie avec celle de Britannicus ?
N’est-ce pas curieux, cette manière de travailler ? […] Elle est là, d’abord pour elle-même, parce qu’elle est un type assez curieux et même, au fond, fort bien observé. […] Ces sortes de rappels sont curieux. […] C’est très curieux. […] Types curieux d’officiers et sous-officiers, tous, je dis tous, diligemment, finement et presque admirablement tracés.
Le spectacle est assez curieux pour qu’on s’y arrête. […] Qu’on examine un instant cette situation ; elle est des plus curieuses et des plus instructives. […] Il est curieux d’examiner ce que sont devenues aujourd’hui les pensions. […] Ce serait une curieuse étude que de dire comment travaillent nos grands romanciers contemporains. […] Il y a là un cas des plus curieux.
La question est curieuse et instructive à poser à propos de Stendhal, lui-même objet de disputes qui me paraissent avoir pris récemment un tour puéril. […] Il n’est pas interdit de penser que les imperfections de la culture musicale rude et sommaire qui le distingue de ses compagnons, curieux de s’approprier toutes les ressources de l’écriture, sont pour quelque chose dans ce résultat. […] J’y renvoie le lecteur curieux du sujet. […] Chose curieuse et qui contribue, je crois, à fixer la physionomie particulière de Saint-Saëns. […] Opposition curieuse et bien instructive.
L’histoire de cette réfutation de Bossuet est très curieuse, elle est toute nouvelle ; je l’ai découverte avec un rare bonheur, et puisque vous avez le temps, je vous demande toute votre attention. […] Cette petite ruse de Bossuet ne vous paraît-elle pas très amusante et très curieuse, et n’aimez-vous pas cette dissertation qui s’élève ainsi, tout d’un coup, entre l’auteur de Tartuffe et l’auteur des Variations ? […] Le petit goût précieux, la démarche pédante, le comme il faut, le curieux style aux petites recherches, les coups de raquette et d’éventail n’ont rien à faire en tout ceci. […] Quand Molière écrivit, au courant de la plume, cette curieuse comédie, il était le plus jeune, le plus amoureux et le plus heureux des hommes. […] Singularité curieuse, agréable et charmante.
André Hallays, Édouard Schuré, Jacques Bainville, etc… Mais Gobineau continue à n’être apprécié que d’un petit nombre de curieux. […] Il y aurait une étude curieuse à écrire sur les ennemis de Taine qui sont souvent aussi, comme il est naturel, ceux de Renan. […] Un détail curieux, c’est qu’étant un historien sincère et loyal, M. […] C’est très curieux. […] On constate une curieuse analogie entre cette anecdote et une scène de la Foi de M.
Incapables de dévouement et de foi, exempts de préjugés, désabusés et curieux, ils regardent les hommes et les choses sans se donner la peine de les juger ou de les conduire. […] L’un s’est plu à louer, dans la Terre promise, en même temps que « l’art curieux, subtil et savant », « la générosité, la noblesse, la hauteur de l’inspiration ». […] Un jour vint où ce peintre curieux et inventif des fêtes charnelles eut le dégoût de la chair. […] L’auteur des Spectacles contemporains est un des esprits les plus curieux et les plus ouverts de ce temps-ci. […] Son ouvrage est curieux, instructif.
Il a paru curieux, au contraire, de toutes les formes et de toutes les couleurs changeantes que revêt la vie à nos yeux. […] Il y a dans cette scène un mélange très curieux de malice et de sentiment. […] Et le voilà traversant la Terreur, sans bruit, observant tout, ne disant rien, tranquille, curieux. […] De son vivant, il cachait ses vers à ses compatriotes, qui, de leur côté, ne sont guère curieux de poésie, dit-on. […] Je suis curieux de voir comment il se tirera d’affaire.
Sur ces matières on n’a pas raison, on a des raisons… Mais il serait bien curieux (et M. […] (10) et qui me paraît curieux. […] Kohler, ayant publié à Lausanne une fort jolie édition d’Adolphe, avec des éclaircissements et des documents bien choisis, l’a fait donc précéder d’une préface des plus curieuses. […] Sous ce titre de Porphyrogénètes, je vois assez bien le curieux roman ou le livre intéressant de critique qu’on écrirait. […] Comme c’est curieux, comme c’était imprévisible, la manière dont les choses se sont passées !
Tout à l’heure vous lui reprochiez de n’être pas curieux ; c’est qu’il est conséquent. […] Ni curieux, ni artiste, disait-on ? […] Michelet, très nouvelle et très curieuse. […] Les curieux Athéniens viennent rire et s’étonner ; Ctésippe en est, avec son jeune ami Clinias. […] Il serait curieux de démêler le chevalier vrai sous le chevalier des poèmes.
Ce fut durant la participation de Nodier, comme secrétaire, aux travaux du chevalier, que celui-ci fit paraître son Horace éclairci par la ponctuation, ouvrage curieux et subtil, dont le titre seul promet, parmi les hasards de la conjecture, bien des aperçus piquants. […] Ce livre des Questions de Littérature légale, fort augmenté depuis l’édition de 1812, et qui, sous son titre à la Bartole, contient une quantité de particularités et d’aménités littéraires des plus curieuses relativement au plagiat, à l’imitation, aux pastiches, etc., etc., est d’une lecture fort agréable, fort diverse, et représente à merveille le genre de mérite et de piquant qui recommande tout ce côté considérable des travaux de Nodier. […] En attendant, il est curieux de voir comme, dès 1812, son butin se grossit, comme sa pacotille encyclopédique se bigarre et s’amasse.
Puis ce sont ces écrits tenus pour sacrés qui deviennent aux yeux d’une ingénieuse et fine exégèse la plus curieuse littérature. […] L’Inde nous présente le curieux phénomène du développement métaphysique le plus puissant peut-être qu’ait réalisé l’esprit humain, à côté de la mythologie la plus exubérante. […] Il y aurait une curieuse recherche à faire sur le prix plus ou moins élevé de la vie humaine aux diverses phases du développement de l’humanité.
Et tandis que ces récits pénétraient dans les bibliothèques de famille, plus d’un artiste s’éprenait de ce qu’ils ont de caricatural, de fantastique, d’outré, de trépidant, ressentait le curieux attrait de leur excentricité de facture, du dessin bizarre et contourné de leurs personnages, des surprenantes déformations que l’écrivain opère, des milieux, des gens, des mœurs qu’il entreprend passionnément de décrire ou de dénaturer. […] Toujours Dickens reste l’artiste outrancier, partial et borné que nous avons appris à connaître et qui se plaît autant à accentuer le comique et la satire de ses pages dialoguées que le mystère et la terreur de celles où, usant d’indications descriptives disconnexes, il accumule sur certains incidents les ténèbres et le vague, conservant malgré tout une vérité dans l’excès, un air de réalité dans le fantaisiste, qui n’est pas le trait le moins curieux de cet art singulièrement complexe. […] De là la curieuse association chez le Dickens de la seconde période, d’un réalisme plus saisissant et d’une tendance plus accusée au mystère.
Les fautes de Poe, les désordres de cet esprit curieux et superbe, son mutisme moral, le pessimisme et j’oserais dire plutôt le satanisme de sa pensée, sa notion titubante et enragée de Dieu, tout cela n’y est pas qui devrait y être, qui devrait y appeler les plus accablantes condamnations ! […] C’est là presque un deuil, en vérité, car Edgar Poe pouvait être quelque chose de grand et il ne sera qu’une chose curieuse ! […] Il y aurait quelque chose de plus à faire que ses Contes, ce serait sa propre analyse, mais pour cela, il faudrait son genre de talent… Quand on résume cette curieuse et excentrique individualité littéraire, ce fantastique, en ronde bosse, de la réalité cruelle, près duquel Hoffmann n’est que la silhouette vague de la fumée d’une pipe sur un mur de tabagie, il est évident qu’Edgar Poe a le spleen dans des proportions désespérées, et qu’il en décrit férocement les phases, la montre à la main, dans des romans qui sont son histoire.
Il me semble que nous connaissons déjà Froissart, cette nature vive, mobile, curieuse, amusée, toute à l’impression du dehors, toute au phénomène. […] Froissart ne sera jamais un historien critique comme Tillemont, ni encore moins un historien philosophe comme Gibbon ; mais sa vocation, réduite à toute sa simplicité, à l’enquête curieuse et à la vive représentation des faits, n’en paraît que plus en saillie ; nous avons vu cette vocation courir et jouer pour ainsi dire devant nos yeux dès son enfance, et il passa toute sa vie à la satisfaire.
Nous ne sommes d’ailleurs pas au bout de cette sorte de confession intellectuelle, la plus curieuse et la plus détaillée que je connaisse : « A cette première manière d’envisager le sujet, poursuis l’auteur, en a succédé dans mon esprit une autre que voici : il ne s’agirait plus d’un long ouvrage, mais d’un livre assez court, un volume peut-être ; je ne ferais plus, à proprement parler, l’histoire de l’Empire, mais un ensemble de réflexions et de jugements sur cette histoire ; j’indiquerais les faits sans doute et j’en suivrais le fil, mais ma principale affaire ne serait pas de les raconter ; j’aurais, surtout, à faire comprendre les principaux, à faire voir les causes diverses qui en sont sorties ; comment l’Empire est venu, comment il a pu s’établir au milieu de la société créée par la Révolution ; quels ont été les moyens dont il s’est servi ; quelle était la nature vraie de l’homme qui l’a fondé ; ce qui a fait son succès, ce qui a fait ses revers ; l’influence passagère et l’influence durable qu’il a exercée sur les destinées du monde, et en particulier sur celles de la France. […] Il s’y définit et s’y peint lui-même admirablement dans une lettre à M. de Kergorlay : le portrait de son esprit y est fait par lui-même. — Je suis un curieux ; pourriez-vous me dire (s’il n’y a pas d’indiscrétion trop grande) quel est ce monsieur sans façon, un impérialiste évidemment, qui débarqué un matin au château de Tocqueville comme si de rien n’était, avec qui l’on se garde si fort de parler politique, et qui, huit heures durant, se jette à corps perdu dans la littérature, au point de citer quasi des vers de la Pucelle, devant Mme de Tocqueville ?
Il avait quarante-huit ans au moment de sa retraite : il vécut encore quarante-deux ans d’une vie de curieux, de philosophe, de témoin indifférent et amusé, de railleur souriant et sans fiel ; aimant avant tout la conversation et les douceurs d’un commerce privé, il ne regretta rien, du moment qu’une nièce de Mazarin, la plus belle et la plus distinguée de l’escadron des nièces, la célèbre Hortense, duchesse de Mazarin, fut venue en Angleterre. […] Camille Rousset, on lit un couplet sur Ninon, et en marge une annotation curieuse d’un anonyme contemporain qui paraît des mieux informés.
j’avoue qu’alors il me prend quelque pitié de ce que la postérité, équitable, je le crois, mais aussi avidement curieuse, court risque d’accepter pour vrai et de recueillir pêle-mêle dans l’héritage des grands hommes. […] C’est un rapprochement curieux à faire, parmi tant d’autres, entre Paul-Louis Courier et lui, que ce peu de goût pour les jeux désastreux du conquérant.
Mlle Des Houlières, recevant le 4 juin 1711 la visite de Brossette, le dévot commentateur de Boileau et le curieux questionneur en matières littéraires, lui répondait, entre autres choses, sur cette animosité qui s’était déclarée entre sa mère et M. […] Pour les curieux ou ceux qui douteraient, une excellente note de Lemontey, dans son morceau sur Mme Des Houlières, éclaircit ce point définitivement. — Comme s’il était décidé que rien ne restera certain, voilà que M.
Il resterait toujours à savoir si ce procédé attentif et curieux, employé à l’exclusion de tout autre, est dramatique dans le sens absolu du mot ; et pour notre part nous ne le croyons pas : mais il suffisait, convenons-en, à la société d’alors, qui, dans son oisiveté polie, ne réclamait pas un drame plus agité, plus orageux, plus transportant, pour parler comme madame de Sévigné, et qui s’en tenait volontiers à Bérénice, en attendant Phèdre, le chef-d’œuvre du genre. […] Ainsi, quand Racine a risqué le vers fameux, Brûlé de plus de feux que je n’en allumai, il ne faisait sans doute que se souvenir de son cher roman et du passage où Hydaspe, sur le point d’immoler sa fille et de la placer sur le bûcher ou foyer, se sent lui-même au cœur un foyer de chagrin plus cuisant : je traduis à peu près ; les curieux peuvent chercher le passage : Racine, enfant, avait retenu ce jeu de mots comme une beauté, et il n’a eu garde de l’omettre dans Andromaque.
Le style de La Bruyère est très travaillé, très curieux, très varié. […] On retrouve, dans ses idées politiques et sociales, un curieux mélange du chrétien, du grand seigneur, et du lettré enivré des Grecs.
Véritablement : j’en reste là, tant le jeu sort de mon attribution ; sans regretter, parce que la trouvaille est curieuse de cet or miroitant, près la main, ainsi que la richesse comprimée à leurs tranches par le sommeil des livres. […] Mon avis, comme public ; et, explorateur revenu d’aucuns sables, pas curieux à regarder, si je cédais à parader dans mon milieu, le soin s’imposerait de prendre, en route, chez un fourreur, un tapis de jaguar ou de lion, pour l’étranger, au début et ne me présenter qu’avec ce recul, dans un motif d’action, aux yeux de connaissance ou du monde.
Car ce qu’il y a de certain, c’est que ces phénomènes sont curieux ; c’est que ce monde de mouvements divers nous intéresse et nous sollicite. […] Voir la curieuse conversation avec Le Maistre de Sacy conservée par Fontaine.
Je pourrais continuer et décrire bien de jolis détails, j’aime mieux m’arrêter en renvoyant les curieux devant le modèle : ils y verront encore mille choses que je n’ose effleurer. […] Si l’abbé Galiani, dans une page curieuse, préférant hautement au siècle de Louis XIV le siècle de Louis XV, a pu dire de cet âge de l’esprit humain si fécond en résultats : « On ne rencontrera de longtemps nulle part un règne pareil », Mme de Pompadour y contribua certainement pour quelque chose.
* * * — Vu à la glace de la loge de Mlle *** la carte d’un acteur du boulevard, qui est un précieux travail et un curieux renseignement sur le goût cabotin. […] Il a un grand front, un crâne chauve et luisant, de gros yeux à fleur de tête, un nez de curieux, de sensuel, de gourmand, la bouche large au vilain dessin rudimentaire, caché par un aimable sourire, des pommettes particulières, des pommettes saillantes et bombées comme d’énormes loupes.
Je m’arrêterai principalement à l’éloge de la Ville de Moukden & de ses environs : Poeme composé par Kienlong, Empereur de la Chine & de la Tartarie actuellement regnant, accompagné de notes curieuses sur la Géographie, sur l’histoire naturelle de la Tartarie orientale, & sur les anciens usages des Chinois. […] Ce livre est infiniment curieux par toutes les notions historiques, géographiques, physiques & littéraires sur la Chine & la Tartarie qu’il renferme, ainsi que par la singularité du sujet, de la matiere & de l’auteur.
Mais, en réfutant de si haut les malencontreux partisans de la première étymologie, Boileau, pour être juste, n’aurait pas dû laisser en oubli ce curieux début de la deuxième Néméenne, où sont désignés les homérides, comme des chanteurs de vers épiques recousus : expression qui semble amener le nom de Rapsodes, en même temps que la pensée de Pindare réduit évidemment au rôle de récitateurs errants ces hommes, dont un paradoxe moderne a prétendu faire les inventeurs fortuits de la grande épopée. […] Maintenant couronné à Olympie, et deux fois encore, à Delphes et dans l’isthme, Ergotèle, tu vantes les bains tièdes des nymphes de Sicile, hôte familier de ces campagnes devenues tiennes. » Dans cette fin de notre dix-septième siècle toujours curieuse de l’antiquité, mais ne sachant plus en réfléchir la splendeur, aux bords de ce couchant déjà moins éclairé, l’imitation de Pindare fut fort essayée, et sa grande poésie admise, en quelque sorte, à correction.
.) — Cet Horace dans la poche de Villars est une particularité curieuse ; mais n’était-il pas homme à le prendre tout exprès et à le laisser voir à propos, quand il allait rendre visite à M. de La Rivière ?
Ampère, Albert Stapfer ; dans une correspondance curieuse et touchante que j’ai sous les yeux, et qui, entre les mains de l’ami qui me la confie, pourra devenir un jour la matière d’un beau livre de souvenirs, je lis d’autres noms encore de cette jeune intimité ; j’en lis un que j’efface, parce que l’oubli lui vaut mieux ; j’en lis deux inséparables, qui me sont chers comme si je les avais connus, parce qu’un grand charme de pureté les enveloppe, Edmond et Lydia, amants et fiancés.
Il est curieux et profitable pour nous et les jeunes hommes de notre bord, qui n’avons rien senti de cela, mais qui avons passé également par nos rêves, d’étudier ce côté nouveau, primitivement inhérent à des convictions adverses qui sont en train de nous revenir aujourd’hui.
D’ingénieux érudits dressent chaque jour l’histoire littéraire des écrivains, là même où précisément cette histoire semble le plus faire défaut ; les poëtes grecs ou latins, dont tout le bagage a péri dans le naufrage des temps, retrouvent des investigateurs d’autant plus curieux et presque des sauveurs.
Critiques curieux, imprévus, infatigables, prompts à tous sujets, soyons à notre manière comme ce tyran qui, dans son palais, avait trente chambres ; et on ne savait jamais dans laquelle il couchait.
Il existe un petit nombre de lettres curieuses de Mme de Tencin au duc de Richelieu, écrites dans le courant de 1743 ; informée par son frère, le cardinal, de tout ce qui se passe dans le Conseil, cette femme spirituelle et intrigante en instruit le duc de Richelieu, alors à la guerre.
Le soin qu’il prend en sa préface de vouloir identifier le népenthès avec l’opium est peine perdue ; je m’en tiens, en le lisant, au népenthès d’Homère ; et ce titre, assez dans le goût allemand, et qui fait appel à l’érudition grecque, résume à merveille pour moi la variété multiple, curieuse, amusante, l’instruction étendue, agréablement bigarrée, légèrement moqueuse, le bon sens raffiné et salutaire, la saveur en un mot d’un livre écrit par l’un des plus distingués littérateurs en une époque comme celle de Lucien, où l’on se rappelle encore de bien loin son Homère, et où l’on extrait avec recherche le suc de toutes choses.
Ces différents systèmes sont fort curieux ; mais ils ne sont pas compris dans le plan de notre étude.
Mais la nature l’a fait curieux, elle lui a donné des yeux aigus, qui ramassent tous les ensembles et tous les détails, une mémoire étonnante pour rappeler les images dans toute la fraîcheur de la sensation première.