Des auditions plus variées, plus fréquentes, de fragments Wagnériens, quelques correspondances « transrhénanes » (des échos de Représentations Solennelles dans la ville de Bayreuth, de Cycles Wagnériens à Munich, à Vienne, à Berlin) découvrirent, ensuite, un génie musical, acceptable… Des insultes de Wagner à la France, on sut ce qu’il fallait penser : et, quant à cette fameuse haine contre la France, nul n’en trouva la marque, ni dans les livres, ni dans les lettres, ni dans les paroles de Richard Wagner ; Richard Wagner avait combattu, dans ses écrits, l’influence de l’esprit français ; mais c’était là tout une autre affaire ; et quiconque avait lu ses lettres et ses livres, quiconque l’avait entendu causer, rapportait aux Parisiens ébahis, que Wagner aimait la France, et Paris, et ses vieux souvenirs de 1842, et ceux, aussi, de 1860, ses amis Français, les compagnies qu’il avait traversées, les rues, les maisons même, où s’était traînée sa misère ; et l’on connut, dans le cœur du rude Ennemi, de délicieuses tendresses, pour le pays qui l’avait bafoué. […] Cet interlocuteur de hasard n’était autre — (la destinée offre de ces contrastes) — que notre grand Épicier, celui dont le seul nom fait battre tant de cœurs, en France. […] D’abord considéré comme un possédé, on reconnut ensuite la qualité de sa musique grâce à la Marche de Tannhäuser (celle dite « des pélerins ») et on relativisa son inimitié vis-à-vis de la France. […] En raison de l’impossibilité d’entendre ou de voir les drames wagnériens représentés en France, on vit apparaître des soirées wagnériennes durant lesquelles on présentait des transcriptions de toutes sortes pour piano ou petits orchestres.
En France, depuis vingt ans au moins, cette œuvre et celles qui l’ont suivie sont traduites et lues de tous. […] Venues de loin, issues d’une race étrangère, datées d’un temps presque passé, elles ont fait surgir dans mille têtes de jeunes gens, de jeunes filles de France, tout un monde de singulières imaginations, de lieux noirs et étranges, de faces grimées, touchantes, grotesques, risibles, effrayantes, d’aventures compliquées à faire peur, de scènes comiques ou pathétiques. […] Tandis que la France et, récemment la Russie se sont partagés le mérite de composer les grands romans réalistes de notre temps, Dickens a continué à représenter, seul et probablement le dernier, la tradition des conteurs anglais du XVIIIe siècle. […] Raffaëlli, qui touche volontiers à la satire sociale, avec un singulier talent à faire entrevoir d’infinies complexités d’âmes sous de frustes visages patiemment fouillés ; on verra qu’abstraction faite des tendances plus haineuses en France qu’en Angleterre, les procédés de ces hommes et ceux de Dickens sont essentiellement les mêmes. […] Par contre, ni les merveilleux paysages qu’il dut voir au-delà de l’Atlantique ou ailleurs, en Écosse, dans le pays de Galles, ni les monuments artistiques qu’il visita plus tard en France et en Italie, ni les traits de mœurs réalistes qui durent le frapper, ne lui inspirent de longs commentaires.
La scholastique d’Allemagne est sans doute moins originale et moins féconde que celle de France, qui n’a ni égale ni rivale ; toutefois elle présente de grands noms, dont le plus grand est celui d’Albert. […] Cependant un homme de génie, en France, détruisait à jamais la scholastique, et sur ses ruines élevait un système entièrement nouveau dans sa méthode et dans ses directions générales. […] L’Angleterre était tombée sous le joug du système de Locke, et la France avait échangé le cartésianisme exagéré, mais sublime, de Malebranche pour des imitations superficielles de la philosophie anglaise. […] Le sensualisme était devenu la forme philosophique de l’Angleterre et celle de la France. […] Frédéric régnait alors à Berlin, et ceux des beaux-esprits français qui ne se sentaient pas capables de briller en France à côté de l’astre éblouissant de Voltaire, allaient à Berlin faire en sous-ordre les amusemens de la cour et du maître.
Saint-Sulpice cumule aujourd’hui les choses autrefois les plus dissemblables ; si l’on veut voir ce qui, de nos jours, rappelle le mieux Port-Royal, l’ancienne Sorbonne et, en général, les institutions du vieux clergé de France, c’est là qu’il faut aller. […] Garnier était un savant orientaliste et l’homme le plus versé de France dans l’exégèse biblique, telle qu’elle s’enseignait chez les catholiques il y a une centaine d’années. […] Une bien autre faveur fut de me permettre d’aller suivre, au Collège de France, deux fois par semaine, le cours de M. […] Quatremère, au Collège de France, et j’y trouve un intérêt extrême. […] Le Hir, qui avait confiance absolue dans l’étude, et qui savait de plus le sérieux de mes mœurs, ne me détourna pas de donner quelques années aux recherches libres dans Paris et me traça le plan des cours du Collège de France et de l’École des langues orientales que je devais suivre.
Corneille, s’élevant tout à coup au dessus des déclamateurs barbares qui n’avaient encore pris aux grecs que la règle des trois unités, jeta le premier de longs sillons de lumière dans la nuit qui couvrait la France. […] Quel homme prodigieux que celui qui, à vingt-sept ans, a pu fixer une époque si glorieuse pour la France et pour lui ! […] Sans doute même les ennemis de ce grand homme virent avec plaisir s’élever un jeune poëte qui allait partager la France et la renommée. […] Sa voix qui enchantait la France, ne blessera plus vos oreilles par de nouveaux accens ; et peut-être allez-vous lui pardonner sa gloire, quand il cessera de l’augmenter. […] Historiographe de France et gentilhomme ordinaire, ces deux charges qui l’approchaient du roi lui valurent des distinctions personnelles, plus flatteuses que les présens et les titres.
Il y a plus de vingt ans3 déjà que notre maître à tous, cet illustre Balzac, qui a vengé la France du xixe siècle de n’avoir ni un Goethe ni un Walter Scott, publiait, dans on ne sait trop quel journal, ce Traité de la vie élégante. […] … À la vérité, la Critique n’ignorait pas qu’un tel ouvrage, diamant perdu et rapporté à un écrin immense, n’y ajouterait guères qu’une étincelle ; mais ce qu’elle tenait à indiquer, c’est que ce livre inaugurerait peut-être dans la littérature française du xixe siècle un genre particulier de littérature, qui a son nom depuis longtemps en Angleterre (littérature fashionable ou de high life), et qui, n’existant pas en France, y débute, grâce à Balzac, par un chef-d’œuvre. […] … La vie élégante, que les hommes soi-disant littéraires dédaignent, et qui paraît aux hommes graves si peu digne de ce superbe regard de myope qui les distingue et qui appuie sur toutes choses sa lourdeur de plomb, cette vie avait en France et en Angleterre — les deux seuls pays où elle soit possible — des peintres et des interprètes ; mais, jusqu’à Balzac, personne, dans ces deux pays, n’avait pensé à en faire la législation et à en dégager la philosophie. […] Rabelais, littérairement, a fait la France. […] « Les grands esprits, — a dit le grave de Maistre, ce français du Piémont ; — les grands esprits qui n’ont pas le petit mot pour rire, ne sont pas vraiment de grands esprits. » Et le mot, parfaitement vrai en France, serait faux ailleurs.
Revenu d’Italie en France en 1686, Lassay trouva des ennuis domestiques : il avait une fille du premier lit qu’il avait confiée en partant à Mme de La Fayette ; celle-ci qui écrivait de si agréables romans, mais qui n’entendait pas moins bien les affaires positives, jugea que cette pupille était un bon parti pour son fils, et elle était près d’arranger ce mariage contre le gré du père qu’elle cherchait à tenir éloigné. […] Un honnête homme se passe aisément de la fortune, mais il ne saurait s’accommoder du manque de considération qui, en France, est indispensablement attaché à ce genre de vie. En France, en effet, on a toujours voulu des places, ou, à leur défaut, on a demandé des distinctions. […] Il semble y rêver pour la France dans un avenir idéal le gouvernement et le régime anglais, moins les passions et la corruption ; il se prononce contre les conquêtes et n’admet la guerre que dans les cas de nécessité ; il a, sur la milice provinciale, sur la liberté individuelle, sur le droit de paix et de guerre déféré aux assemblées, sur un ordre de chevalerie accordé au mérite seulement, et à la fois militaire et civil, sur l’unité du Code et celle des poids et mesures, sur le divorce, enfin sur toutes les branches de législation ou de police, toutes sortes de vues et d’aperçus qui, venus plus tard, seraient des hardiesses, et qui n’étaient encore alors que ce qu’on appelait les rêves d’un citoyen éclairé ; il est évident que M. de Lassay, s’il avait pu assister soixante ans plus tard à l’ouverture de l’Assemblée constituante, aurait été, au moins dans les premiers jours, de la minorité de la noblesse.
Le fait est qu’il faut une loupe pour nous apercevoir en France ; mais, en Amérique, on nous considère avec un télescope ; l’illusion dure encore, bien que nous continuions à être polis comme de pauvres diables, et que nous n’ayons pu encore nous habituer au sans-gêne et aux manières impertinentes des gens de conséquence. […] Si nous disions aux Américains qu’il n’y a pas cent personnes en France qui sachent au juste ce que c’est que le système pénitentiaire, et que le Gouvernement français est tellement innocent des grandes vues qu’on lui suppose, qu’à l’heure qu’il est il ignore probablement qu’il a des commissaires en Amérique, ils seraient bien étonnés sans doute. […] Tocqueville n’a pas l’esprit assez hardi ni assez alerte pour croire qu’il va faire sur place un tableau de l’Amérique complet et satisfaisant : « Si je fais jamais quelque chose sur l’Amérique, ce sera en France, écrivait-il, et avec les documents que je rapporte. » Il se considérait, en partant de l’Amérique, comme en état seulement de comprendre les documents qu’il n’avait pas eu encore le loisir d’étudier. […] Ce tableau aurait eu une moindre portée, sans doute, et eût donné une moindre idée de son auteur que le savant ouvrage composé que nous possédons ; mais il n’eût pas été, je le crois, moins instructif ; il l’eût peut-être été davantage. — La première partie de l’ouvrage, pleine de réflexions applicables à notre société, et de vues réversibles sur notre Europe et notre France, réussit complètement et mérita son succès : l’auteur, en le continuant, poussa trop loin sa méthode et l’épuisa, ainsi que son sujet, dans la seconde partie qui parut quelques années après et qui ne répondit pas en intérêt à la première87.
Sur l’orthographe de Virgile, le savant éditeur nous avertit qu’il a dû aussi transiger et céder quelque peu à l’usage, — au moins bon usage : « Il n’est pas possible, dit-il, dans l’état actuel des études grammaticales en France, d’adopter une orthographe scientifique pour un classique latin dont l’usage est répandu. » Cet aveu ne laisse pas d’être grave. […] Est-ce donc que nous ne saurions plus en France la valeur des termes, et que les à peu près suffisent désormais à ceux qui devraient tenir d’une main légère la balance des esprits ? […] La France et l’armée viennent de perdre un militaire de distinction, esprit poli, délicat, homme de bien, — homme comme il faut, — le duc de Fezensac. […] Il ne tint pas à lui que la France ne prit quelque résolution vigoureuse qui eût amené un conflit avec l’Angleterre.
Il en rencontrait plus aisément peut-être, et de mieux préparés, hors de France, chez les autres nations catholiques, où les mêmes petites embûches n’existaient pas. […] Si mes craintes se réalisent, mon parti est pris, et je quitte la France en secouant la poussière de mes pieds. » Le lendemain, il écrivait encore au même : « Je regrette bien de ne pouvoir savoir, avant de partir, ce que tu penses du projet, qui me paraît renfermer la plus vexatoire, la plus sotte, la plus impolitique et la plus odieuse de toutes les lois. […] Ballanche a remarqué qu’elle donne la clef de celle de Fénelon, et qu’elle explique, qu’elle justifie par un développement logique évident cet ultramontanisme vaguement défini, à la fois si libéral à la Cour de France et si difficilement agréé à celle de Rome. […] La France n’en sera pas l’unique théâtre ; elle s’étendra partout où domine le libéralisme, soit comme doctrine, soit comme sentiment, et sous cette dernière forme il est universel.
Bayle, qui vécut toujours hors de France, qui ne tient point, à vrai dire, au règne de Louis XIV, qui, par le style comme par les idées, fut plutôt du siècle d’avant ou de celui d’après, Bayle admira beaucoup cette petite école ; il la jugeait très-poétique et tout à fait à son gré. […] Rentrée en France, ayant négocié la grâce de M. […] Elle avait, à sa rentrée en France, fréquenté les derniers jours de l’hôtel Rambouillet, et pris un rang distingué entre les précieuses. […] Ravenel (Annuaire historique, pour l’année 1840, publié par la Société de l’histoire de France) ; jusqu’alors on l’avait crue née plus tôt, vers 1634.
Sa fuite est de 1727 ou 1728 environ ; il avait trente et un ans, et demeura ainsi hors de France au moins six années, tant en Hollande qu’en Angleterre. […] Prévost était déjà rentré en France lorsqu’il publia le Doyen de Killerine, en 1735. […] Et quant à la ressemblance avec l’Arcadie et le pays de Céladon, que l’écrivain anglais signale avec quelque malice, lui, il ne s’en effarouche aucunement, car il est persuadé, dit-il, « que dans l’Arcadie et dans le pays de Forez, avec des principes de justice et de charité, tels que la fiction les y représente, et des mœurs aussi pures qu’on les suppose aux habitants, il ne leur manquoit que les idées de religion plus justes pour en faire des gens très-agréables au Ciel100. » Après six années d’exil environ, Prévost eut la permission de rentrer en France sous l’habit ecclésiastique séculier. […] On lit dans les lettres de l’aimable madame de Staal (De Launay) à M. d’Héricourt : « J’ai commencé la Grecque à cause de ce que vous m’en dites : on croit en effet que mademoiselle Aïssé en a donné l’idée ; mais cela est bien brodé, car elle n’avait que trois ou quatre ans quand on l’amena en France. » Mademoiselle Aïssé, mademoiselle De Launay, l’abbé Prévost, trois modèles contemporains des sentiments les plus naturels dans la plus agréable diction !
L’on a souvent répété dans la révolution de France, qu’il fallait du despotisme pour établir la liberté. […] Dans la seconde, j’examinerai l’état des lumières et de la littérature en France, depuis la révolution ; et je me permettrai des conjectures sur ce qu’elles devraient être et sur ce qu’elles seront, si nous possédons un jour la morale et la liberté républicaine ; et fondant mes conjectures sur mes observations, je rappellerai ce que j’aurai remarqué dans la première Partie sur l’influence qu’ont exercée telle religion, tel gouvernement ou telles mœurs, et j’en tirerai quelques conséquences pour l’avenir que je suppose. […] Ce sujet ramène nécessairement quelquefois à la situation politique de la France depuis dix ans ; mais je ne la considère que dans ses rapports avec la littérature et la philosophie, sans me livrer à aucun développement étranger à mon but. […] Sans doute on pourrait opposer à l’utilité qu’on peut espérer de la publicité du vrai, les dégoûtants libelles dont la France a été souillée ; mais je n’ai voulu parler que des services qu’on doit attendre du talent ; et le talent craint de s’avilir par le mensonge : il craint de tout confondre, car il perdrait alors son rang parmi les hommes.
Par toute la France se dressent échafauds et tréteaux pour toutes sortes de jeux sérieux et comiques. […] Mais surtout, par toute la France, il existe des sociétés, des corporations de toute sorte, sérieuses ou facétieuses, amies des exhibitions, cortèges et spectacles où fleurissent à la fois la poésie et la médisance : les unes se vouent aux processions et aux mascarades, d’autres cultivent la chanson, d’autres, plus ou moins accidentellement ou régulièrement, jouent des scènes dialoguées, et divers genres de pièces. […] répond : Je me rends, et qui crie à tour de rôle : « Vive France ! […] Picot, la Sottie en France, Romania, t.
M. Anatole France ; au lecteur du Mercure, Remy de Gourmont… Et, pourtant, je crois que si les « équivalents » de Sainte-Beuve ou de Gourmont existent aujourd’hui dans la critique littéraire, rien ne les empêche de prendre la même place et d’obtenir du public la même faveur que leurs devanciers. […] 1º Un journal qui n’a pas un critique honnête et qu’il laisse libre est un imbécile qui mange son blé en herbe ou un coquin qui vole la France au même titre que tant de ministres. […] Jusqu’à ce qu’elle se révèle, le Times de Londres aura le droit d’imprimer que la poésie française actuelle est très inférieure à la poésie anglaise ; car c’est écrit dans un numéro spécial que j’ai là, un numéro consacré, s’il vous plaît, à la gloire de la France. […] Mandin nous exhorte à apprendre l’espagnol pour lire, dans les magazines de l’Amérique du Sud, « les articles impartiaux, intelligents, documentés, que le bon poète et romancier Francisco Contreras publie » sur le mouvement poétique dans la France contemporaine.
Apprendre tard nous est donné comme le meilleur état, après ne rien savoir ; témoin Virginie qui en arrivant en France ne sait ni lire ni écrire. […] Quel rang tiendra-t-il dans l’histoire des luttes politiques de la France contemporaine ? […] Des deux grandes opinions qui se disputaient de son temps le gouvernement de la France, laquelle revendiquera Chateaubriand ? […] C’est le Chateaubriand d’avant la politique, dans le temps qu’il faisait parler de quelqu’un qui n’était pas Napoléon, de quelque chose qui n’était ni des batailles gagnées, ni des reconstructions de la société civile, et qu’il semblait mener en France le chœur des lettres ressuscitées.
La France me paraît de plus en plus un pays voué à la nullité pour le grand œuvre du renouvellement de la vie dans l’humanité. […] L’archevêque serait disposé à comprendre cela ; il est capable de fonder le christianisme pur en France. J’imagine que l’une des suites du mouvement d’instruction et d’étude qui a lieu en France dans le clergé, sera de nous rationaliser un peu. […] Julien, professeur de chinois au Collège de France, et le résultat a été que telle ne serait pas ma spécialité extérieure (je dis extérieure, car intérieurement je n’en aurai jamais, à moins qu’on n’appelle la philosophie une spécialité, ce qui à mon sens serait inexact).
Histoire littéraire de la France, t. […] Mainte fois je l’ai entendu vanter pour n’avoir son pareil en France. […] Quand tout changeait autour d’elle et que la littérature à la mode se surchargeait de vaines recherches d’école, l’Armorique un peu arriérée et cantonnée restait fidèle à la vieille forme poétique comme aux vieilles mœurs ; elle restait surtout fidèle à ce courage qui est toujours prêt en France à renaître et à sortir quelque part de terre, quand les grands raisonneurs disent qu’il a disparu.
Pourquoi sommes-nous ainsi faits en France, que lorsqu’un homme distingué et de talent n’est pas entré à un certain jour dans le courant de la vogue et dans le train habituel de l’admiration publique, nous devenions si sujets à le négliger et à le perdre totalement de vue ? […] Il sera le premier qui tentera d’importer la littérature werthérienne en France, et ses premiers essais seront presque d’un disciple direct de Goethe. […] Il aurait voulu, cette fois encore, concilier dans une œuvre littéraire le génie de ses deux patries, l’Allemagne et la France.
Bussy âgé de quarante-deux ans, lieutenant général et mestre de camp général de cavalerie légère, ayant vingt-six ans de bons et beaux services, aspirant au cordon bleu et à devenir maréchal de France, est amoureux de Mme de Montglat, et, pendant un mois d’absence, il se met, pour la divertir, à coucher par écrit les histoires de mesdames telles et telles, qu’elle lui avait demandées. Mme de Montglat, beauté brillante et gracieuse, aimait la musique et les vers ; elle en faisait même d’assez jolis et chantait mieux que femme de France de sa qualité ; elle parlait et écrivait avec une facilité surprenante et le plus naturellement du monde. […] madame, il ne tient qu’à vous que je ne passe pour être le plus honnête homme de France. » — Le marquis de Sévigné de même, qui laissait sa charmante femme pour Ninon, était persuadé « qu’on ne peut être honnête homme sans être toujours amoureux. » Ce qu’on voyait pendant les hivers, ce n’étaient donc pas seulement les distractions bruyantes et faciles de toute jeunesse guerrière, c’était une rare émulation chez quelques-uns qui se piquaient d’honnêteté, et des gageures de cette sorte : « Le duc de Candale, qui était l’homme de la Cour le mieux fait, crut qu’il ne manquait rien à sa réputation que d’être aimé de la plus belle femme du royaume ; il résolut donc à l’armée, trois mois après la campagne, d’être amoureux d’elle (Mme d’Olonne) sitôt qu’il la verrait, et fit voir, par une grande passion qu’il eut ensuite pour elle, qu’elles ne sont pas toujours des coups du ciel et de la fortune. » On s’embarquait de parti pris avec quelqu’un, avec quelqu’une, pour se faire honneur dans le monde, pour faire parler de soi, et « parce que les femmes donnaient de l’estime aussi bien que les armes ».
C’est à l’heure de la rupture et de la lutte gigantesque entre la France maîtresse du continent et la Russie que la Correspondance commence. […] Après tout ce que la France a fait souffrir à nous et à l’Europe, le sentiment qui nous écarterait d’elle serait assez naturel ; cependant ce sentiment serait trompeur, et l’axiome prêché depuis dix ans semble plus vrai que jamais : « Point de salut que par la France !
On sait l’éclat de son expédition d’Écosse en 1745, ses premiers succès, ses aventures, ses malheurs : l’histoire s’en est émue comme le roman. » Le Prétendant, a dit encore de lui Chateaubriand, aborda en Écosse au mois d’août 1745 ; un lambeau de taffetas apporté de France lui servit de drapeau ; il rassembla sous ce drapeau dix mille montagnards, s’empara d’Édimbourg, passa sur le ventre de quatre mille Anglais à Preston et s’avança jusqu’à quatorze lieues de Londres. […] Si Charles-Édouard avait disparu aussitôt après son illustre aventure, si le vaisseau qui le ramena en France s’était abîmé au retour dans une tempête, on aurait eu une étoile de plus dans ce qu’on peut appeler la mythologie de l’histoire, une de ces jeunes destinées lumineuses et rapides comme l’éclair, et sur lesquelles l’imagination des hommes brode longuement ensuite à plaisir. […] Le ministre français successeur de M. de Choiseul, le duc d’Aiguillon, fit venir le prince à Paris, en 1771, et lui garantit une pension de la France moyennant qu’il épousât une jeune princesse de Stolberg, alliée des Fitz-James qui y mettaient un vif intérêt.
Au début, après quelques réflexions générales sur l’utilité de l’histoire, sur ce « qu’il est honteux non-seulement à un prince, mais à tout honnête homme, d’ignorer le genre humain » et les changements mémorables du monde dans le passé, Bossuet établit qu’indépendamment des histoires particulières, celle des Hébreux, la Grecque et la Romaine, l’histoire de France, il n’y a rien de plus nécessaire, pour ne pas confondre ces histoires et en bien saisir les rapports, que de se représenter distinctement, mais en raccourci, toute la suite des siècles. […] L. d’un ton un peu piqué, sans doute, en France, nous sommes très-ignorants : il y a pourtant déjà quelque temps que nous nous doutons que Florus n’est point un génie original ; et quelques Français avaient devancé, sur ce point, l’éditeur allemand de 1852 : par exemple, MM. Berger et Havet, à l’École normale, avant de le répéter à la Faculté des Lettres et au Collège de France… Enfin, M.
Modelon, ancien professeur à Sorèze, aujourd’hui à Stanislas, poëte lui-même et doué du souffle, honoré en 1861 d’une médaille par l’Académie de Lyon dans le concours ouvert pour le prix de poésie : la Réunion de la Savoie à la France. […] L’œuvre de Veyrat laisse fort à désirer ; mais son existence, sa destinée, sont bien celles d’un poëte, d’un des blessés du temps dans la lutte des idées, et aujourd’hui que Savoie et France ne font qu’un et que sa patrie est nôtre, il mérite d’être visité et honoré de nous dans sa tombe. […] Exilé de son pays, il vint en France, s’arrêta à Belley d’abord chez un parent, puis à Lyon où il publia l’Homme rouge de concert avec Berthaud, puis à Paris, où il n’avait fait qu’une première visite de quelques jours, et où il s’établit dès le mois d’août 1833.
Il est naturel et il paraît juste qu’au moment même où l’unité de la France s’accomplit et se consomme en tous sens par l’immense réseau des communications et par une facilité, pour chacun, d’un déplacement à la minute, et presque d’une omniprésence universelle, il y ait un sentiment de résistance sur quelques points, un reploiement sur soi et un suprême effort de quelques fidèles pour sauver les vieilles mœurs ou du moins les vieilles chansons, pour les préserver et les clôturer, s’il est possible, pour leur assurer même, comme par défi, et grâce à un stimulant nouveau, une sorte de regain et de renaissance. […] Le patois du milieu de la France, du Berri, a été étudié et décrit à l’état philologique et, pour ainsi dire, botanique par le comte Jaubert, un esprit exact, un naturaliste véritable. […] Buchon pour la Franche-Comté, cette circonstance de changer de patois, d’un pays et d’un clocher à l’autre, était vraie dans un temps pour toute la France.
L’auteur avait d’abord écrit ainsi cette phrase : « Les rois de France, Sire, ont toujours regardé l’amour des Français comme d’un prix égal à leurs plus grands bienfaits. » Cette Dédicace, avant d’être imprimée, fut soumise à Louis XVIII qui la lut et qui se donna le plaisir de faire remarquer que le mot de bienfaits, trop rapproché, rimait avec Français, et que de plus ce membre de phrase : comme d’un prix égal à leurs plus grands bienfaits, faisait un vers alexandrin dans une phrase de prose, ce qui est réputé un défaut. […] On en pourrait détacher quelques paroles éloquentes et tristes sur l’état moral de la France à cette époque, état moral agité et fébrile, suspendu entre des fautes et des excès contraires, donnant d’un extrême à l’autre sans trêve ni raison, et que nous avons vu se renouveler tant de fois depuis : un mal à désespérer les sensés et les clairvoyants, à faire douter de l’avenir et du bon génie de la France, et qui est devenu proprement le mal français périodique.
Quand il eut quitté la France en 1712, et durant les trente années dignes de pitié qui succédèrent aux trente années dignes d’envie, Rousseau, successivement protégé du comte du Luc, du prince Eugène, du duc d’Aremberg, dut travailler sur lui-même pour mériter ces faveurs dont il vivait et rétablir sa réputation compromise. […] Le fantastique au xviiie siècle, en France, avait dégénéré dans tous les arts. […] De telles choses ont suscité le poëte qui les devait célébrer ; l’ode politique a été véritablement fondée en France ; les Funérailles de Louis XVIII en sont le chef-d’œuvre.
En peu de temps l’édition était enlevée en France et contrefaite à l’étranger. […] Le marquis d’Argenson (1694-1757), esprit original et libéral, a écrit des Considérations sur le gouvernement ancien et présent de la France (Amsterdam, 1764). […] De l’Hist. de France, 9 vol. in-8, 1859-67). — La Chalotais (1701-1785), procureur général au parlement de Bretagne, a laissé des Comptes rendus des constitutions des Jésuites (1761-1762), un Essai d’éducation nationale (1763) et un Exposé justificatif (1766-1767) contre le duc d’Aiguillon, gouverneur de la province, qui l’avait fait emprisonner dans la citadelle de Saint-Malo, Lettres de la Chalotais au duc d’Aiguillon, par H.
Considérée dans son ensemble, elle représente aujourd’hui, comme autrefois, la moyenne de l’esprit et de la culture en France ; et son prestige — il faut bien l’avouer — n’a jamais été si grand dans l’Europe entière, comme en notre temps. […] Telle quelle, l’Académie ne peut ambitionner que d’offrir, au mieux, une figuration partielle de l’activité littéraire française ; elle qui, en réclamant ce qui appartient à la France, pourrait affirmer l’existence d’un empire intellectuel français plus vaste que celui de Napoléon. […] On ne l’a vu tel, en France, qu’à de rares époques.
L’insulte sanglante qu’il reçut un soir du chevalier de Rohan, et la protection qui couvrit ce misérable, l’impuissance où se vit tout à coup l’homme de cœur outragé de laver son affront, ces iniquités sociales qu’on ne juge bien que quand on les a senties, l’avertirent que l’esprit pourtant n’était pas tout en France, et qu’il y avait un pouvoir despotique qui mettait quelques privilégiés au-dessus des lois, au-dessus même de l’opinion. […] Ce paradis terrestre, il le trouva, il se le créa, et c’est à Cirey, auprès de Mme du Châtelet, qu’il en avait choisi le lieu, non sans art, dans un pays de frontières, un pied en Lorraine et l’autre en France. […] Mme de Graffigny, en présentant une jeune Péruvienne, Zilia, brusquement transplantée en France, et en lui faisant faire, au milieu d’un cadre romanesque, la critique de nos mœurs et de nos institutions, comme cela a lieu dans les Lettres persanes, avait trop oublié de tenir compte des raisons de ces mêmes institutions et des causes naturelles de ces inégalités sociales, qui semblent choquer si vivement sa jeune étrangère.
On y peut voir au long les bulles que Rabelais eut l’habileté d’obtenir du Saint-Siège pendant un de ses voyages de Rome à la suite du cardinal Du Bellay, et par lesquelles il se mit prudemment en règle du côté de ses ennemis de France. […] Ce dernier, Bernardin de Saint-Pierre, dont le talent chaste, idéal, volontiers rêveur et mélancolique, semble le moins d’accord avec l’esprit de Rabelais, l’a pourtant saisi à merveille par le côté sérieux que nous indiquons, et il a dit de lui dans une page mémorable et qui n’est pas toute chimérique, bien que trop simple de couleur et trop embellie : C’en était fait du bonheur des peuples, et même de la religion, lorsque deux hommes de lettres, Rabelais et Michel Cervantes, s’élevèrent, l’un en France, et l’autre en Espagne, et ébranlèrent à la fois le pouvoir monacal et celui de la chevalerie. […] Michelet poursuivant, après trois siècles, cette guerre contre le Moyen Âge qu’il croit retrouver encore menaçant, commença un jour une de ses leçons au Collège de France, en ces mots : « Dieu est comme une mère qui aime que son enfant soit fort et fier, et qu’il lui résiste ; aussi ses favoris sont ces natures robustes, indomptables, qui luttent avec lui comme Jacob, le plus fort et le plus rusé des pasteurs.
La jeune princesse d’Angleterre, élevée en France pendant les malheurs de sa maison, fut destinée à épouser Monsieur, frère du roi, aussitôt que le jeune roi eut épousé l’infante d’Espagne, et vers le temps où Charles II venait d’être restauré sur le trône de ses pères. […] Jamais princesse ne fut si touchante… » De retour en France, elle y fut l’objet de tous les empressements imaginables, y compris ceux de Monsieur, qui « continua, jusqu’à son mariage, à lui rendre des devoirs auxquels il ne manquait que de l’amour ; mais le miracle d’enflammer le cœur de ce prince n’était réservé à aucune femme du monde ». […] Cette pensée, je m’assure, vous paraîtra visionnaire d’abord, voyant ceux de qui dépendent ces sortes de grâces, si éloignés de vous en faire ; mais, pour vous éclaircir cette énigme, sachez que, parmi une infinité d’affaires qui se traitent entre la France et l’Angleterre, cette dernière en aura dans quelque temps, à Rome, d’une telle conséquence et pour lesquelles on sera si aise d’obliger le roi mon frère, que je suis assurée qu’on ne lui refusera rien ; et j’ai pris mes avances auprès de lui pour qu’il demandât, sans nommer pour qui, un chapeau de cardinal, lequel il m’a promis, et ce sera pour vous ; ainsi vous pouvez compter là-dessus… Ce chapeau de cardinal, qu’elle montre ainsi à l’improviste prêt à tomber sur un homme en disgrâce, fait un singulier effet, et on reste convaincu encore, même après avoir lu, qu’il y avait là-dedans un peu de vision et de fantaisie, comme les femmes qui ont le plus d’esprit en mêlent volontiers à leur politique.
Si au lieu d’être en France, nous étions en Angleterre, le pays du cant où il faut toujours se mettre en mesure vis-à-vis de la morale publique, sous peine de sentir sa vie atteinte et déchirée aux endroits les plus sensibles par une opinion implacable, qui n’a point autrefois pardonné à Byron, qui ne pardonne pas aujourd’hui à Charles Dickens, je concevrais la tentative de Mme George Sand, qui cependant, en Angleterre, ne réussirait pas. […] Elle se soucie plus de tranquillité que de vérité… Mais nous sommes en France, dans un pays qui lui a laissé parfaitement tout dire, pendant trente ans, depuis Indiana jusqu’à ses Mémoires, et qui aux jours les plus durs, a répété ces mots ou l’équivalent de ces mots, flatteurs encore, quand son scepticisme les a dits : « Elle peut avoir de mauvaises opinions, mais il faut convenir qu’elle a diablement de talent, cette femme ! » Or, comme avoir diablement de talent est la grande affaire dans ce diable de pays qu’on appelle la France, Mme George Sand a joui, sans conteste, d’une inaltérable félicité d’écrivain, et elle mourra pleine de jours, d’argent et de célébrité, sans qu’il y ait un seul pli de roses à sa couchette.
À défaut de si grandes choses, désirons du moins des ouvrages touchants et émouvants à bonne fin, divertissants et spirituels avec goût, puisés dans le cercle de la famille et de la société telles que, grâce à Dieu et à l’immortel génie de la France, elles existent encore ; des ouvrages sentant, pour tout dire, une habitude de bonnes mœurs et de bonne compagnie. […] Le séducteur, et qui l’a été bien antérieurement à l’action, n’est pas seulement puni d’une manière sensible, douloureuse et finalement tragique ; mais, ainsi qu’on l’a remarqué, il joue dans tout le cours de la pièce, pour un homme brave et fier comme il est, un très sot rôle, ce qui, en France, n’est pas le moindre des châtiments.
Cette école, dans sa nuance exacte, ne se rattache directement ni à M. de Chateaubriand, ni à M. de La Mennais, ni à la tentative de la Gazette de France. […] Il croit d’ailleurs que, provisoire et transitoire de sa nature, cette Charte qui a subsisté seize ans, et qui, mieux ménagée, aurait pu durer un peu plus, était pourtant destinée tôt ou tard à une lacération violente ; qu’en un mot la Restauration en France était une expérience finalement impossible et ruineuse.
Richelieu, dans ses vastes idées d’ambition, dans son projet de faire triompher la France, & par la gloire des armes & par celle des lettres, étoit trop heureux de voir s’élever un homme du mérite de Corneille. […] Un Colletet* ; un Boisrobert, son bouffon & surnommé le premier chansonnier de France, titre que pourroit lui disputer aujourd’hui M. l’abbé de Lattaignant ; un Chapelain ; un Scudéri, & tant d’autres écrivains pitoyables, admirateurs gagés de ses mauvais vers.
Vous aviez cru peut-être avec nous que nous avions la liberté religieuse en France ? […] C’est comme cette liberté religieuse qui manque à la France !
Nous touchons plus aux Français qu’aux Romains ; & combien de magnifiques traits ne lit-on pas dans les Annales de la France. […] La France a droit d’attendre de son zele & de ses lumieres un changement aussi heureux. […] J’en vois six, le Mercure, l’Année Littéraire, le Journal Encyclopédique, ceux de France, de Paris & les petites affiches. […] Si l’Espagne avoit eu des journaux comme la France, on y seroit bien plus éclairé. […] D’ailleurs, la France n’a point à redouter ces malheurs.
Bassompierre, [François de] Colonel-Général des Suisses, Maréchal de France, né en 1579, mort en 1646.
À LA FRANCE Livre, qu’un vent t’emporte En France où je suis né !
Ce Livre a eu plusieurs éditions, en France & dans les pays étrangers.
Valois, [Adrien de] frere puîné du précédent, Historiographe de France, & savant Critique, comme lui, mais plus modeste.
Ces roses fleuries, ces pois mûrs au mois de janvier : c’était une nouveauté à Paris, et Monsieur, et le comte de Soissons, et le duc de Créqui, et le maréchal de Grammont, et le comte de Noailles, et le marquis de Vardes, de s’écrier que jamais en France, on n’avait vu rien de pareil pour la saison. […] Il cause médecine, dit qu’en France un médecin est obligé de faire de la clientèle pour vivre, tandis qu’en Allemagne, le médecin a un traitement qui lui permet de rester à son laboratoire ; et laisse un professeur de pathologie tout à ses dissections et à ses travaux micrographiques. […] C’est tout de même curieux cet éreintement de tout ce que j’écris, aussi bien ailleurs qu’en France, et cela par ce seul fait, que je mets de la vérité dans ce que j’écris. […] » qui jetant, à Niel, avant la guerre d’Allemagne : « Prenez garde de faire de la France une caserne ! […] Je croyais que son enthousiasme pour le livre, venait de son provençalisme, mais non : ce Bonnet est un lyrique en prose, et c’est la première fois qu’on a la poésie contenue dans le cerveau d’un paysan, mais d’un paysan, en un endroit de France, où le soleil ensoleille les cerveaux.
En France, de tous temps, il y eut dualisme et lutte, et si Robert Estienne appelle notre poésie « rythme françois », il rime déjà, lui et ses amis. […] L’Avenir de la Poésie en France ? […] Je considère Mistral comme un très grand poète, un des plus grands sans doute qui soient à l’heure présente, non seulement en France, mais dans le monde entier. […] En cette étude nous avions donc omis… l’Université de France ! […] Molière, La Fontaine et Musset ont été presque les seuls à savoir manier l’ancien vers libre en France.
Visclede, [Antoine-Louis Chaalmond de la] Secrétaire perpétuel de l’Académie de Marseille, né à Tarascon en 1692, mort à Marseille en 1760 ; Bel-Esprit de Province, dont le nom, quoiqu’inscrit sur le Registre triomphal de presque toutes les Académies littéraires de France, n’a pu l’être au Temple de Mémoire.
Cependant, voici que la France du dix-neuvième siècle possède, affirme-t-on, un grand poète populaire et national, mort hier, en qui revit l’âme de tout un peuple. […] Les marques constitutives de l’originalité d’esprit sont diamétralement différentes, en France, de celles admises par les autres nations, sauf la race chinoise peut-être. […] Un poète ne saurait être populaire, en France, qu’à cette inexorable condition de rimer des chansons à boire ou de combiner les palpitantes péripéties de quelque complainte immonde. […] En France, à ce qu’il semble, cette époque maîtresse, cet âge d’or littéraire embrasse deux siècles, le dix-septième et le dix-huitième. […] Avoir des idées et mal écrire sont, en France, deux termes corrélatifs.
Le zend ou l’assyrien n’ont pas été créés pour qu’on les enseignât dans une chaire du Collège de France ou de l’Université de Berlin ; l’érudition n’a pas son objet en elle-même ; et de même que les sciences juridiques ne sauraient se détacher d’une philosophie du droit, les sciences historiques ne sont qu’une curiosité vaine, si leurs moindres recherches ne tendent pas à la philosophie de l’histoire. […] C’est la raison de la révolution, ou de l’évolution, que nous voyons se produire et dont on trouverait les preuves, au besoin, dans la Bibliographie de la France. […] Ainsi fut accepté en France le premier Empire au lendemain d’une effroyable et sanglante anarchie ; ainsi furent acceptés les autres pouvoirs, soit monarchiques, soit républicains, qui se succédèrent jusqu’à nos jours. […] Et autour de nous, dans notre monde moderne, est-ce que, pour être beaucoup plus préoccupés que nous ne le sommes en France des questions religieuses, la Russie, l’Angleterre, les États-Unis d’Amérique s’en portent plus mal ? […] Mais nos protestants ne sont jamais contents, comme si le nom même qu’ils portent leur imposait une obligation de « protester » toujours ; et, quoique leur pouvoir soit assurément très supérieur en France à ce qu’est le pouvoir des catholiques, par exemple, en Allemagne ou en Angleterre ; dès que l’on parle d’eux librement, il semble qu’on les blesse toujours.
Quand les Lettres ne lui devroient que l’excellent Recueil de Pieces fugitives pour servir à l’Histoire de France, elles n’en seroient pas plus dispensées de reconnoissance pour les services multipliés qu’il a rendus à ceux qui les cultivent.
Au point de vue politique et administratif, il n’y a qu’une France. […] C’est, au XVIe siècle, la France des pays de Loire avec Ronsard et la Pléiade. […] La belle France, la belle Grèce qui viennent au-devant l’une de l’autre ! […] Si la France est toujours la France, si la vie de société, émergeant de son éclipse actuelle, doit continuer à y exercer sur les mœurs l’influence qu’elle posséda toujours, on ne pourra se passer du concours féminin pour corriger les mœurs. […] Ce sentiment n’est pas seulement celui de la France.
Pibrac fut, dit-on, destiné par la Reine Catherine de Médicis, à être Chancelier de France ; mais une intrigue de Cour l’éloigna de cette dignité.
Auguste Lacaussade Les Poèmes d’autrefois, sorte d’épopée dont le peuple français est le sujet, pourraient s’appeler « La Légende de la France ».
GILBERT, [Gabriel] Secrétaire des Commandemens de Christine, Reine de Suede, & son Résident en France, mort à Paris vers l’an 1680.
Bientôt après, Indiana vint habiter la France avec son mari, et sir Ralph, libre de son côté par la mort de ses parents et celle de sa femme (car il s’était laissé marier également par soumission), les avait rejoints. […] Dans le monde, le visage de ces hommes se compose et sourit invariablement par habitude, par artifice : dans la solitude, dans les moments de réflexion, en robe de chambre et en pantoufles, surprenez-les, ils sont sourcilleux, sombres ; ils se font, à la longue, un visage dur, mécontent et mauvais. — J’aurais autant aimé, de plus, qu’en accordant à Raymon de Ramière de grands talents et un rôle politique remarquable, on insistât moins sur son génie et sur l’influence de ses brochures : car, en vérité, comme les hommes de génie ou de talent qui écrivent des brochures en France, qui en écrivaient vers le temps du ministère Martignac ou peu auparavant, dans le cercle sacré de la monarchie selon la Charte, ne sont pas innombrables, je n’en puis voir qu’un seul à qui cette partie du signalement de Raymon convienne à merveille ; le nom de l’honorable écrivain connu vient donc inévitablement à l’esprit, et cette confrontation passagère, qui lui fait injure, ne fait pas moins tort à Raymon : il ne faut jamais supposer aux simples personnages de roman une part d’existence trop publique qui prête flanc à la notoriété et qu’il soit aisé de contrôler au grand jour et de démentir.
Ce sont presque les premiers beaux génies que la France ait produits. […] Toute la cour de France y étoit, à commencer par le roi Louis VII, Guillaume compte de Nevers, & Thibaud comte de Champagne.
L’auteur eut une défense expresse de la faire imprimer, soit en France, soit ailleurs. […] C’est qu’indépendamment du grand nombre de ses années qui préparoient à cette perte, elle arriva dans ces circonstances affreuses, où toute la France étoit en allarme pour la vie du meilleur des rois, frappé par un monstre.
Cet Édelestand du Méril, imbécilement oublié par l’Institut, comme le sera probablement Saint-Victor, parce qu’il ne possédait pas la faculté si grande et si respectée en France d’être un pédant solennel, avait tout ensemble rétréci et dilaté le sujet abordé aujourd’hui par Saint-Victor. […] L’auteur des Deux Masques n’a point le pinceau bondissant de l’auteur des derniers volumes de l’Histoire de France, — ce coup de pinceau heurté qui est le coup de baguette du magicien.
Son livre sur la Rivalité de la France et de l’Angleterre, très peu connu du gros public, mais très estimé et très invoqué au Ministère des affaires étrangères, finira peut-être par être lu, comme ses Souvenirs et ses Mémoires, restés, jusqu’ici, dans une espèce d’oubli que l’on peut très bien expliquer. […] Comme le Fabrice de la Chartreuse qui s’échappe de sa prison, il échappa à la vaste prison qui s’étendait alors sur toute la France.
Aussi, pour peu qu’on aimât les lettres et qu’on tînt à elles, au bien qu’elles font, à la gloire qu’elles donnent, par quelque ardente sympathie, on était heureux de penser que les lettres seules avaient préservé les quarante premières têtes de France de cette contagion d’idées fausses qui, à cette époque, avait saisi tous les esprits, et les savants plus que personne. […] Si politiquement, socialement, on ne peut juger la Justice dans cette noble et respectueuse terre de France, il n’en est point ainsi en ce qui touche aux choses purement spéculatives de la pensée, et, sur ce terrain-là, on a le droit de juger les jugements entachés d’erreur ou de faiblesse.