il est curieux, de voir ce qu’ils ont bientôt fait d’un jeune général en renom qui leur arrive, comme ils l’enlacent et l’enguirlandent dans leur tourbillon de coteries, dans leurs flatteries et leurs intrigues ; comme ils sont prompts et habiles à se faire de son nom et de son épée un instrument, s’il n’y prend garde et s’il n’est doué du plus mâle bon sens.
Je recommande de préférence aux curieux la première édition non corrigée, plus complète que les suivantes, plus salée de gros sel et plus voisine du vieil homme.
Pour nous tous, qui sommes déjà d’autrefois, pour ceux qui, comme nous, ont été nourris des lettres dès l’enfance et qui sont plus volontiers critiques qu’artistes, plus des hommes de livres que des curieux de marbres et de statues, ce sont nos figures préférées, nos formes à nous, toutes poétiques et littéraires, lesquelles aussi, comme les trois ou quatre beaux groupes antiques conservés, nous apparaissent toutes les fois que nous regardons en arrière et décorent nos fonds de lectures et de souvenirs.
Bignon, a donné les plus curieux détails, et les plus circonstanciés, sur les ladreries, mesquineries et lésineries avérées de cet archevêque ambassadeur qui ne savait faire que de belles phrases, s’endormir au Conseil et dans toutes les cérémonies, et qui ne voulut jamais qu’on prît la peine d’approprier sa chapelle pour y entendre une seule fois la messe42.
J’ai pourtant hésité un peu avant de donner cette curieuse épître dans toute son étendue, car elle n’est héroïque qu’à demi ; le commencement en est vif et sent le style de bivouac, à ce point que j’ai dû laisser en blanc deux ou trois mots ; mais le reste se délaye, s’étend, tombe dans le commérage ; on est noyé dans l’abondance des trivialités.
Il y a, pour moi, une mesure qui ne trompe guère pour apprécier ces divers mondes du passé, et quand je dis moi, je parle pour tout esprit curieux qui s’intéresse aux choses anciennes et qui, sans y apporter de parti pris ni de prévention systématique, est en quête de tout ce qui a eu son coin d’originalité et de distinction, son agrément particulier digne de souvenir ; il est une question bien simple à se faire : Voudrions-nous y avoir vécu ?
Il s’était proposé pour étude un certain nombre de personnages qu’il appelle représentatifs d’une idée, d’une doctrine ou d’une forme de caractère, et M. de Talleyrand tout le premier lui a paru un de ces types les plus curieux.
Deux éditions ont suivi, dans lesquelles l’auteur a fait plusieurs changements curieux ; car cette Marie, on peut le dire, a été pour le poëte comme une jeune fille que la mère retient longtemps entre ses genoux, en la peignant amoureusement.
. — Rien de plus curieux que ces sortes de faits ; ils éclairent tout le mécanisme de notre pensée.
La pièce est curieuse, plus oratoire que lyrique, avec plus de raisonnement que de passion, et un emploi significatif du lieu commun moral : Comtes ni ducs ni tes rois couronnés Ne se pourront à la mort dérober : Car, quand ils ont grands trésors amassés, Plus il leur faut partir à grand regret.
Je ne suis nullement curieux de savoir combien il y a au juste de génitifs locatifs dans Virgile.
Il est curieux de le constater, cette belle page de Régnier invoquant pour leur beauté toute l’action et toute la lutte, serait la meilleure épigraphe aux œuvres de Griffin.
Je lisais l’autre jour dans Le Gaulois un article assez curieux.
Ce qui est particulièrement curieux et symptomatique du point de vue qui nous occupe, c’est que cette éducation, si décriée qu’elle soit, conserve ses meilleurs partisans parmi les sociologues dogmatiques tels que M.
L’histoire de sa conversion est assez curieuse.
Mais cette prétention est elle-même une intention curieuse à relever ; puis elle est loin d’être toujours justifiée ; et il suffit parfois de bien regarder pour découvrir dans ces peintures soi-disant impersonnelles un parti pris, un esprit de système, par conséquent une tendance assez mal dissimulée.
Il est certain que l’ami de Quantova (le roi) dit à sa femme et à son curé par deux fois : Soyez persuadés que je n’ai pas changé les résolutions que j’avais en partant ; fiez-vous à ma parole, et instruisez les curieux de mes sentiments116. » 31 juillet.
Edmond et Jules de Goncourt, dans leur Histoire de Marie-Antoinette (1858), où ils ont donné tant de curieux documents inédits en y mêlant du brillant et du généreux, se prononcent avec énergie contre toute espèce de supposition et de concession à cet égard : « Non, s’écrient-ils, Marie-Antoinette n’a pas besoin d’excuse ; non, la calomnie n’a pas été médisance : Marie-Antoinette est demeurée pure. » Sans être chevalier à ce point, sans avoir de parti pris, sans répondre de rien, on peut, je le répète, et l’on doit, si l’on est simplement honnête homme et sensible, conserver tout le respect et un intérêt tendre pour la reine et pour la femme en Marie-Antoinette.
Parmi les nombreux pamphlets publiés à cette date, il en est un assez curieux, et d’un caractère officiel, qui a pour titre : Contrat de mariage du Parlement avec la Ville de Paris.
Enfin le possesseur de cette curieuse intelligence, il faut le figurer jeté dès sa jeunesse, avec son frère et son semblable, dans les remous de la vie parisienne, promenant l’aigu de son observation, la délicate nervosité de son humeur, dans le monde des petits journaux, des cafés littéraires, des ateliers, dans les grands salons de l’empire, habitant aujourd’hui une maison constellée de kakémonos et rosée de sanguines, le cerveau nourri par une immense et diverse lecture : à la fois érudit, artiste et voyageur, au fait de l’esprit des boulevards, de celui de Heine et de celui de Rivarol, instruit des très hautes spéculations de la science, l’on aura ainsi la vision peut-être exacte, en ses parties et son tout, de cet artiste divers, fuyant exquis, spirituel, poignant, solide l’auteur des livres les plus excitants et les plus suggestifs de cette fin de siècle.
Je suis bien loin de blâmer La Fontaine du parti qu’il a pris ; mais il est curieux d’observer que ce que dit le compagnon d’Ulysse, sur les guerres, sur les conquêtes, sur la gloire, etc., offre le même fond d’idées que Fénélon développa depuis dans le Télémaque : ce sont les principes dont il fit la base de l’éducation du duc de Bourgogne.
On voit dans ce récit curieux que Junon, Pallas et Venus parlerent l’une après l’autre à Paris, et qu’elles lui firent les promesses que tout le monde sçait, en s’expliquant par des gestes et par des démonstrations concertées avec les instrumens qui les accompagnoient.
D’Aloysius Bertrand, ce petit volume si curieux Gaspard de la Nuit, fantaisies à la manière de Rembrant et de Callot.
Son éclectisme, philosophie d’un curieux, aboutissait au panthéisme, philosophie d’un artiste.
Il est curieux, en attendant, de considérer l’effort des esprits depuis Philadelphie jusqu’à Venise. […] s’il le faut, abandonnons ces plans présomptueux de l’Univers, ces rêves d’imagination, ces systèmes curieux & indéchiffrables, rentrons en nous-mêmes. […] L’histoire de ce peuple isolé seroit plus curieuse que celle de tous les peuples connus, anciens & modernes. […] Il est vrai que l’on congédie le personnage original du tableau ; mais la copie n’en trouve pas moins accès & domicile chez le curieux. […] Penser qu’on ne puisse rien faire de mieux que ce qui a été fait, s’entraver dans une imitation servile & perpétuelle, enchaîner quelquefois son propre sentiment devant des règles arbitraires, c’est avilir un Art utile & charmant, qui ne demande qu’à parler à tous les cœurs sensibles, peu curieux de la fidélité qu’on gardera à Aristote, & aux polémiques rêveries de l’Abbé d’Aubignac.
Il est cependant curieux de suivre dans les vers alors secrets, aujourd’hui publics, du grand maître de l’université impériale, le mouvement général des esprits reflété dans les œuvres de cet esprit délicat, et la transition de la littérature du dix-huitième siècle à la littérature du dix-neuvième. […] Frayssinous était écouté avec cette curieuse attention qui ne s’obtient ordinairement que là où se rencontre le puissant attrait de la nouveauté. […] Quand une époque finit et qu’une autre époque s’ouvre, un curieux spectacle s’offre aux regards : c’est le renouvellement de la scène du monde. […] Jamais ce spectacle ne fut plus curieux et plus attachant qu’au début de la restauration, parce que jamais changement de scène ne fut plus complet : tout se renouvelait à la fois, les décorations, le drame, les acteurs. […] Il sera à la fois curieux et instructif d’étudier dans leurs ouvrages le mouvement des idées.
Mais c’est une impudeur plus complète, puisque ces femmes porte-lyres nous révèlent ce que l’amant le plus perspicace, le plus curieux ne saurait découvrir : les secrets mouvements de leur horlogerie sentimentale. […] Ceci est curieux : à cette heure, où nous tendons de plus en plus à l’analyse, nous plaçant en spectateur isolé des contingences, voici un poète, une femme, qui tente une synthèse de la vie, essaie de plonger sa petite vie individuelle dans toutes les vies. […] C’est très curieux. […] L’Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux, 10 décembre 1909.
Caro, déjà connu par un curieux écrit sur Saint-Martin, et par des Études morales sur le temps présent où se révélait un talent de polémiste des plus distingués. […] Maury en a donné des preuves nombreuses dans son curieux ouvrage sur le sommeil. […] Il est assez curieux de comparer l’une à l’autre, pour les mieux comprendre par le contraste, la philosophie de M. […] Il y a des esprits qui n’ont pas le goût de la métaphysique ; qu’ils s’en abstiennent, rien de mieux : ils seront plus utiles en faisant autre chose ; mais que, mesurant les destinées de l’esprit humain d’après leurs goûts et leurs inclinations, ils veuillent supprimer toute recherche dont ils ne sont point eux-mêmes curieux, c’est là une vue si aveugle et si étroite, qu’on ne peut trop en admirer la naïveté et l’impuissance.
Souday, pour me confondre, avait pris les mêmes armes : mais tout au contraire, m’avait-il répondu, le goût « c’est la raison dégustant les œuvres d’art » de même que l’athena promakhos, c’est la raison armée. voici plus curieux encore, et plus pathétique : la poésie, déclare-t-il, s’ajoute à la raison, mais ne la nie pas. tiens ! […] Ainsi on m’écrit de Nice, et je regrette de ne pouvoir vous donner toute la lettre, curieuse et charmante : telle prose n’est pas que le sens ; elle est chargée d’autre chose ; au-delà des mots et des activités de surface, elle éveille les prolongements ineffables de la poésie pure… je suis bien de cet avis, et je croyais l’avoir dit expressément dans le passage du discours où je distingue, d’ailleurs trop sommairement, deux musiques dans la prose : la musique Balzac, D’Ablancourt, Bouhours ; la musique Rabelais, Rousseau, Chateaubriand ; la première, « nouée » au sens immédiat qu’elle a pour objet ou de souligner ou même de compléter : la seconde, dépassant le sens et établissant un contact profond, de toute l’âme à toute l’âme, entre l’écrivain et nous. […] N’est-il pas curieux de pouvoir ainsi rapprocher sur ce point Alfred de Musset et Rabindranath Tagore ? […] dans une histoire curieuse et rare du " paysage en France " par Georges Lanoe et Tristram Brice, se trouve soutenue la thèse que voici : le grand mouvement religieux du XIXe siècle avorta, et c’est chez les paysagistes de 1830 que fleurit, et là seulement (?)
Et pourtant toute son œuvre coïncide avec une recherche, non peut-être passionnée, mais curieuse, de la précision. […] Il a donné en 1897 sous ce titre, la Conquête allemande, un article fort curieux, qu’on a pu rééditer pendant la guerre, et où il ajoutait un pendant sociologique à l’épure psychologique de son Vinci. […] Il est même curieux qu’il retrouve en poète, en lui conférant le baptême poétique d’une belle allitération, le mot par lequel M. […] Quand, solitaire au sourire de pâtre, Je pais longtemps, moutons mystérieux, Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, Eloignes-en les prudentes colombes, Les songes vains, les anges curieux !
De curieux essais du dernier modèle furent naguère tentés par des artistes que j’aime, comme Gustave Kahn et Jean Moréas qui ont fait des livres presque en entier selon ces données. […] Ces études, chez Vicaire, infinies lectures à droite et à gauche, une érudition curieuse de tout et renseignée immensément, fréquents séjours à la campagne et au village sans cesse occupés à l’observation amoureuse de la nature surprise chez elle, une recherche fervente des traditions, des légendes, jusqu’à l’étude par le menu des chansons populaires de son pays, la Bresse, ont formé un poète bien à part, entre tous ceux d’à peu près ma génération. […] Il y avait, passage La ferrière, un bouquiniste qui avait, de temps en temps, des lots de livres curieux et rares, et c’est ainsi que je dénichai, entre deux volumes (du temps) de Mme Putiphar, celui de Champavert ou les Contes immoraux d’un lycanthrope et celui des Rhapsodies, je dénichai, dis-je, et achetai, avec ces trois presque introuvables bouquins, la précieuse comédie que je dévorai et dont je raffole depuis, tant c’est un chef-d’œuvre de fantaisie gigantesque et de grâce hautaine. […] Malheureusement l’idée vint à Huysmans, dans son si curieux livre À rebours, de me comparer, ceci encore littérairement, à Villon.
Il me tendit une main nerveuse et molle en même temps et se mit à causer, à discourir ensuite : la phrase était curieuse, incorrecte, sans rythme peu à peu triviale et crue, mêlée d’expressions argotiques. […] Il est curieux de rapporter ici des passages de l’étude que consacra alors à ce volume Henri de Régnier, en les « Ecrits pour l’Art ». […] Lettre vraiment curieuse, Deschamps me parle de son « Œuvre future » « Je pense, somme toute, comme vous, concède-t-il : seule, me trouble votre forme. […] René Ghil, des données évolutives a su tirer une très curieuse hypothèse. […] René Ghil, dont la curieuse influence sur la poésie moderne est indéniable ».
Dans les divers exemples qui précèdent, la mélancolie ne se présente guère qu’à l’état de curieuse exception, due à des causes variées et quelquefois obscures, mais qui ne paraissent se rattacher à aucun fait général. […] Mézières, qui rapporte ces faits curieux, fait aussi connaître que la mère de Maximiliana Brentano, la grand’mère de la célèbre Bettina, Mme de la Roche « vogua toute sa vie sur les eaux du sentiment. […] A la suite des armées, un grand nombre d’Allemands et d’Anglais distingués dans leur pays par l’intelligence, accoururent vers ce pays que la guerre leur avait si longtemps fermé, et qui était resté après la défaite l’objet de leur admiration curieuse. […] » On y remarque un tableau curieux des mœurs de la jeunesse du temps. […] Sainte-Beuve de découvrir le Gavarni romancier, récompense bien légitime de tant de recherches curieuses.
Mallarmé, et que cette conception d’art qui enrichit notre littérature de plusieurs et purs poèmes marmoréens et sculpturaux, aboutit à des mosaïques de phrase, le plus souvent à des ornementations verbales et à de curieuses réalisations d’écriture. […] Le maladif, le curieux, l’exceptionnel l’attiraient. […] Ces dilettantes sont à la vérité des personnes fort curieuses, qui dans la vie des nations, paraissent à cette époque précise où les races s’étant mélangées, certains individus naissent fort hétérogènes et avec une diversité de facultés extraordinaire.
À l’égard des animaux ou des plantes à sexes séparés, il est de toute évidence, sauf le cas si curieux et encore si peu connu de la parthénogénèse, que la coopération de deux individus est toujours nécessaire à l’acte de la fécondation. […] Mais dans la plupart de ces fleurs on remarque aussi une adaptation très curieuse entre leur structure et les habitudes ou les instincts des Abeilles qui, en suçant leur nectar, poussent le pollen de la fleur sur le stigmate, ou bien déposent sur celui-ci du pollen d’une autre fleur. […] En pareil cas, ses affinités avec les quatorze autres espèces seront curieuses et compliquées.
C’est encore une chose excessivement curieuse que l’illusion que vous a faite cet esprit que je nommais tout à l’heure, au point de vous faire prendre l’agonie pour une phase de la santé ; car c’est ce que signifie au fond votre théorie de l’émancipation de la pensée, etc. […] Ceux qui seraient curieux de savoir dans quel courant d’idées morales et de sentiments intimes je vivais alors, trouveraient une allusion à cette récente blessure dans une pièce de vers des Pensées d’août adressée à M.
Enfin, je ne sais comment, je viens de la trouver avec une foule de considérations curieuses et nouvelles sur la théorie des probabilités. […] Ampère, et lui fit ajouter à ce sujet une foule de raisons et d’analogies curieuses, qui se trouvent consignées au tome second des Annales des Sciences naturelles 123.
C’est une singularité trop curieuse pour être tue ; elle a influé sur toutes mes idées, sur tous mes sentiments. […] Ayant remarqué que leur couleur changeait suivant les différentes contrées et les rivières, lacs ou étangs qu’ils fréquentent, j’ai été conduit à penser que ce curieux résultat pourrait bien provenir de la différence de coloration des eaux.
De là une double tradition dans toutes les œuvres musicales subséquentes ; des musiciens furent, uniquement curieux de virtuosité ; d’autres, soucieux de restituer des signifiances. — et nommons ici le plus diligent et le plus génial, l’exemplaire Christophe Glück — jusqu’à ce que vinssent deux maîtres les derniers nés de la musique : Beethoven, qui inventa en ses derniers quatuors le mystère des plus hautaines expressions musicales, et qui, superbe et patricien de l’art, nous laissa l’épouvante de ses musiques vierges essentiellement de toutes compromissions ; et cet énigmatique ménétrier, âme d’authentiques aristocraties et de fondamentales démocraties mêlée, Wagner. […] Voilà-t-il pas enfin les artistes, sages jadis à augmenter sous les disciplines épiscopales l’édification des âmes par le rehaussement des splendeurs de la lithurgie, maintenant curieux des chimères irréligieuses : un artiste veut instituer à côté du dogme une explication, à côté de la religion un art ; et dans son œuvre d’indépendance — blasphème ajouté à l’impiété — il reprend les cérémonies du culte ; et le Parsifal, impie pour réexpliquer ce que la religion explique, est un blasphème pour copier le rite et le fait, l’ordonnance de la Messe et la figure du Sauveur.
Juin Un curieux monument de l’éducation donnée par les pères de famille à leurs enfants sous Napoléon Ier. […] * * * — Il est vraiment curieux que ce soient les quatre hommes les plus purs de tout métier et de tout industrialisme, les quatre plumes les plus entièrement vouées à l’art, qui aient été traduits sur les bancs de la police correctionnelle : Baudelaire, Flaubert et nous.
Je ne puis entrer ici dans le détail énorme des renseignements que j’ai recueillis sur ce curieux sujet ; mais pour donner un exemple de la singularité des lois qui gouvernent la reproduction des animaux prisonniers, je n’ai qu’à rappeler que les Carnivores, et même ceux des tropiques, se reproduisent assez volontiers en nos contrées à l’état de réclusion, à l’exception des Plantigrades ou Ursides, qui rarement donnent des petits ; tandis que les oiseaux Rapaces, sauf de très rares exceptions, ne produisent presque jamais d’œufs féconds. […] Dans les monstruosités, les effets de corrélation entre des parties complétement distinctes sont des plus curieux.
Partout, de Constantinople au village d’Arianze, chez ces artisans laborieux des villes que saint Basile nous montre si intelligents de la parole sainte et si curieux des merveilles de la nature, dans ces bourgades hautes semées sur des plaines fécondes, dans les pieuses panégyries, les assemblées, les processions fréquentes que le christianisme ramenait pour ces hommes, de tout temps amis des jeux et des solennités, n’entendez-vous pas, sous ce beau ciel des deux continents qui se rapprochent, parmi les chœurs chantants de cette race heureuse alors, retentir dans le passé cette poésie sainte et pure ? […] Ce sera sans doute une curieuse étude dans l’histoire des lettres que de voir cet art, cette harmonie de l’ancienne poésie grecque, transportés sur les abstractions de la croyance chrétienne, et se plaisant à les décrire : « Avec la source divine en elle-même et féconde par-dessus les unités ineffables212, je couronnerai des fleurs spirituelles de la lyre le Dieu, Fils glorieux du Dieu immortel, seul né du Père suprême, sorti du travail incompréhensible de la pensée paternelle, et jaillissant des profondeurs de son sein pour mettre au jour les trésors cachés du Père.
On nous a dit que quelques curieux désiraient une nouvelle édition de cette bagatelle. […] Quelques curieux ont conservé deux pièces de Molière dans ce genre : l’une est le Médecin volant, et l’autre la Jalousie de Barbouille.
Un chapitre particulier y traite du Roman de Renart, une des plus curieuses et des plus spirituelles productions du génie satirique du Moyen Âge.
Dans le dernier discours sur Jouffroy, il me semble avoir sacrifié plus que d’ordinaire à la mise en scène ; il y a mêlé un but étranger au sujet même qu’il étudiait ; il a voilé en un sens et drapé son personnage ; il a pris parti, plus finement qu’il ne convient, pour la malice et la rancune des grands sophistes et des grands rhéteurs dont l’histoire sera un jour l’un des curieux chapitres de notre temps, intolérants et ligués comme les encyclopédistes, jaloux de dominer partout où ils sont, et qui, depuis que l’influence décidément leur échappe, s’agitent en tous sens pour prouver que le monde ne peut qu’aller de mal en pis.
remarquez que déjà le plan se gâte : cet ami de Paris qui vient l’informer des nouvelles dans sa solitude, et qui lui est plus nécessaire qu’il ne pense, répond à une faculté secrète qui est en lui : il y a dans l’abbé Prévost un curieux, en effet, un journaliste, un homme à l’affût des livres et des productions du moment.
Marivaux avait les goûts recherchés que l’on conçoit de la part d’une organisation si fine et si coquette, parure, propreté curieuse, friandise ; tout ce superflu lui était chose nécessaire.
Ceux qui sont curieux d’apprécier et de mesurer le progrès de la langue, et surtout de la politique, durant trois siècles, peuvent faire au long cette comparaison des deux ambassades de Commynes et de Villehardouin.
[NdA] Et encore dans une lettre que je recommande aux curieux, adressée à la duchesse douairière de Mortemart (11 octobre 1710) : « Quand nous n’entendons pas cette voix intime et délicate de l’Esprit qui est l’âme de notre âme, c’est une marque que nous ne nous taisons point pour l’écouter.
Le monde, décrit par M. de Meilhan, de cette plume spirituelle et fine, de cette main à manchettes courant sur un papier glacé27, ne sera plus qu’un monde mort et curieux à étudier dans les collections.
C’est là un épisode assez curieux et peu connu de son séjour en Hollande.
Il faut y voir plutôt une noble construction, conçue en idée et en présence de l’Histoire naturelle de Buffon : des discours généraux en tête, puis une narration suivie, faite pour être lue et, jusqu’à un certain point, entendue de tous, des gens du monde comme des savants ; la discussion des faits, les preuves ou éclaircissements étaient rejetés dans une seconde partie du volume, plus particulièrement destinée aux astronomes et aux savants, mais nullement inaccessible au reste des lecteurs, pour peu qu’ils fussent attentifs et curieux.
Il y a du trop, il y a de la futilité, diront les plus curieux lecteurs.
Je renvoie les curieux aux pièces elles-mêmes.
L’auteur suppose qu’un des êtres de cette race intermédiaire à l’homme et aux puissantes espèces animalesx, un centaure vieilli raconte à un mortel curieux, à Mélampe, qui cherche la sagesse et qui est venu l’interroger sur la vie des centaures, les secrets de sa jeunesse et ses impressions de vague bonheur et d’enivrement dans ses courses effrénées et vagabondes.
Voltaire, dont notre Révolution eût fait le désespoir (car jamais esprit ne fut à la fois plus aristocratique et plus libéral), excitait ses disciples de Cour à mêler aux discussions littéraires l’examen de l’état social de leur époque ; ce puissant intérêt, tout nouveau pour des esprits légers, les élevait à leurs propres yeux, en même temps qu’il ouvrait à leur curieuse ardeur un champ inconnu et sans bornes.
Homme d’esprit à la mode de nos pères, curieux comme on ne l’est pas, à l’affût de tout ce qui se dit et se fait à l’entour, informé dans le dernier détail de tous les incidents et de tous les commérages de société, il en tient registre, non pas tant registre de noirceurs que de drôleries et de gaietés ; il écrit ce qu’il sait par plaisir de l’écrire, avec le sel de sa langue qui est une bonne langue, et en y joignant son jugement, qui est naturel et fin.
Bonstetten jeune, aimable, instruit déjà et surtout curieux d’instruction, fut bien accueilli de tous et séduisit chacun par sa spirituelle candeur.
En rabattant tout ce qu'on voudra des impressions de De Maistre, qui varient d’ailleurs au jour le jour au gré des nouvelles et des bruits divers, mais qui n’excèdent pas (car rien ne saurait les excéder) de pareilles réalités, il reste très curieux d’observer avec lui cette grande et unique année par le revers russe, de passer par toutes les vicissitudes d’émotions qui, là-bas, répondaient aux nôtres en sens inverse, et de connaître autrement que par nos bulletins ces physionomies singulières et expressives des Koutousov, des Tchitchagov, du Modenais Paulucci et de tant d’autres ; de comprendre enfin le génie russe dans son originalité, dans sa religion nationale et sa foi inviolable.
Ce volume compacte, avec ses curieux appendices si bien choisis et disposés, est un magasin de notions, de textes et de réflexions historiques, un arsenal pour le polémiste futur.
Biot pourquoi il n’avait jamais écrit lui-même cette particularité curieuse, il répondait que, pour cela, il n’était point assez sûr d’avoir eu affaire en effet à Saint-Just en personne, au terrible Saint-Just, qui aurait joué envers lui ce rôle de bienfaiteur inconnu.
L’attention est piquée aussitôt par cette annonce : le duc de Bourgogne a l’esprit curieux et très littéraire, très tourné aux choses de l’antiquité : il est tout oreilles.
Vous savez aussi bien que moi ces beaux vers : Felix qui potuit rerum cognoscere causas… Fortunatus et ille deos qui novit agrestes…, ce qu’un de mes amis et qui l’est aussi des Littré, des Renan, et même de Proudhon, je crois, s’est amusé à paraphraser ainsi, à votre intention et presque à votre usage ; et c’est à peu près de la sorte, j’imagine, du moins pour le sens, qu’un Virgile, ou un parfait Virgilien par l’esprit, s’il était venu de nos jours, aurait parlé : « Heureux le sage et le savant qui, vivant au sein de la nature, la comprend et l’embrasse dans son ensemble, dans son universalité ; qui se pose sans s’effrayer toutes ces questions, terribles seulement pour le vulgaire, de fin et de commencement, de destruction et de naissance, de mort et de vie ; qui sait les considérer en face, ces questions à jamais pendantes, sans les résoudre au sens étroit et en se contentant d’observer ; auquel il suffit, dans sa sérénité, de s’être dit une fois que “le mouvement plus que perpétuel de la nature, aidé de la perpétuité du temps, produit, amène à la longue tous les événements, toutes les combinaisons possibles ; que tout finalement s’opère, parce que, dans un temps suffisant et ici ou là, tout à la fin se rencontre, et que, dans la libre étendue des espaces et dans l’infinie succession des mouvements, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée40” ; heureux le sage qui, curieux et calme, sans espérance ni crainte, en présence de cette scène immense et toujours nouvelle, observe, étudie et jouit !
Grenier est un esprit essentiellement moderne ; il l’a assez prouvé dans une brochure curieuse intitulée : Idées nouvelles sur Homère (1861), dans laquelle il s’exprime en pleine liberté sur ce père de toute poésie, et en sens contraire de l’opinion commune.
., il est curieux, il est chercheur, il est amusant.
On lit dans son Journal à cette date : « Le poëte sans fortune est le plus malheureux des hommes : la courtisane ne livre que son corps, libre de garder au fond du cœur les sentiments qui lui restent ; l’autre, au contraire, doit, pour vivre, livrer ses soupirs, ses émotions, les pensées qui lui sont chères, et jusqu’aux plus secrètes profondeurs de son âme, et cela à un public libre de noircir le tout de la plus injurieuse critique ou du mépris le plus insultant. » — C’est le Journal d’où sont tirées ces paroles si senties, qu’il serait curieux de connaître : on nous le doit.
Son premier recueil est curieux : je le recommande aux amateurs et collecteurs, comme j’en sais déjà, de raretés romantiques.
Il y a des organes développés chez l’enfant qui ne laissent plus qu’une trace légère, curieuse à discerner, mais stérile, dans l’organisation de l’homme.
Molé ; si je ne me trompe, il en reste encore d’inédites, et non pas des moins curieuses.
Scott, plus insouciant peut-être, et comme un voyageur simplement curieux qui a déjà vu beaucoup de siècles et de pays, mais qui n’est pas las encore, se remettra en marche au risque de repasser, chemin faisant, par les mêmes aventures.
On doit désirer (sans toutefois en être bien certain) qu’ils aient plus raison que Lenglet-Dufresnoy dans ses Pièces curieuses sur Rousseau. — Contradiction des jugements humains, même chez les plus compétents !
J’ai dit que Mme de Graffigny, en vraie curieuse et caillette, écrivait tout ce qu’elle voyait et entendait à son ami Devaux, autre caillette, qui en parlait, de son côté, aux gens de Lorraine.
Mais l’essentiel est que ce droit un peu vague, bien que si réel, ne soit jamais supprimé, et que jamais les doctrines régnantes, au nom même du salut commun, ne puissent dire au poète, au littérateur, à l’érudit curieux, comme dans la banlieue d’une place de guerre le génie militaire dit à l’honnête homme, qui a sa métairie avec son petit bois et sa source d’eau vive : « Monsieur, nous avons besoin de ce petit coin qui vous sourit : il entre dans nos lignes, il nous le faut ; voilà le prix, soyez content, mais vous n’y rentrerez pas. » Ceux qui vivent des lettres, de l’amour des livres et des études, de ces passions après tout innocentes et désintéressées, peuvent céder un moment ce coin de leur être et le prêter à la chose et à la pensée publique, ils le doivent dans les cas urgents ; mais, ce cas cessant, ils rentrent de plein droit dans leur domaine.
Franklin n’est pas géomètre, il est purement physicien ; ses travaux en ce genre ont un caractère de simplicité, d’analyse fine et curieuse, d’expérience facile et décisive, de raisonnement clair et à la portée de tous, de démonstration lumineuse, graduelle et convaincante : il va aussi loin qu’on le peut avec l’instrument du langage vulgaire et sans l’emploi du calcul et des formules.
À l’égard de toutes les autres observe l’attitude d’un spectateur curieux qui demeure en son observatoire et s’intéresse aux contours d’un paysage.
Le devoir d’arracher sa sœur à Loujine lui donne un instant la force de reprendre sa vie normale ; un curieux conflit d’amour instinctif, de besoin de pitié, d’ironique abaissement, le pousse à chercher en une prostituée une amie, comme la curiosité, la haine et le pressentiment d’une secrète et honteuse égalité l’attachent aux pas de Svidrigaïloff.
L’histoire des papiers de Biran est vraiment curieuse.
Tout le monde est informé des principales actions de la vie du feu roi qui fait le sujet de tous les tableaux, et l’intelligence des curieux est encore aidée par des inscriptions placées sous les sujets principaux.
Mentionnons ces expressions curieuses et passons.
la curieuse, la passionnante étude pour un lecteur attentif !
Dans la poésie, maintenant que l’on disposait d’un instrument plus souple, nous avions donc espéré que l’on voudrait imiter et serrer de plus près l’exact contour de la réalité ; nous avions cru qu’au théâtre, on pourrait se débarrasser des conventions inutiles, pour n’en respecter que les nécessaires, qui ne sont pas plus de deux ou trois ; et, dans le roman, nous avions cru que la vie contemporaine était assez complexe, assez curieuse à étudier pour que l’imitation en pût suffire à plus d’un chef-d’œuvre.
Il est curieux d’assister à la naissance de la philosophie religieuse : la voilà au maillot, pour ainsi dire ; elle ne fait encore que bégayer sur ces redoutables problèmes, mais c’est le devoir de l’ami de l’humanité d’écouter avec attention, de recueillir avec soin les demi-mots qui lui échappent, et de saluer avec respect la première apparition du raisonnement.
Cette poésie qui plus tard a parcouru tant de climats, a réfléchi tant d’horizons divers, s’est colorée de tant de feux et nourrie de tant d’instincts profonds du cœur, est, avant tout, une poésie du Nord, éprise avec passion des beautés naturelles, et, sous son ciel natal, ni rassasiée de leurs douceurs, ni trop éblouie et comme fatiguée de leur éclat, mais s’élevant avec joie du monde visible vers l’infini, curieuse surtout de l’âme humaine, et tout à la fois contemplative et violente.
Lucidor est un curieux, et la curiosité est impitoyable. […] L’Epreuve est bien de ce siècle où l’amour a été le plus tendre et le plus passionné, mais aussi le plus impitoyablement curieux. […] Si vous êtes un peu badauds et curieux d’inutilités, je puis vous transcrire une des scènes où figurait Toto, c’est-à-dire le petit Georges de Brétigny, frère de Jacques. […] Ils étaient infiniment curieux, mais d’un impressionnisme de plus en plus étroit, spécial et tourmenté. […] Et je ne dis pas que ce mélange de raffinement et de candeur, de sénilité et d’enfance ne soit infiniment curieux.
Un tel travail pourrait être une curieuse page d’histoire littéraire, ou plutôt un beau chapitre de cette Philosophie de l’inconscient qu’a esquissée M. de Hartmann : car l’esprit se perd à chercher les liens qui rattachent la composition d’Iphigénie, d’Egmont ou de Tasse à l’existence que mena pendant plusieurs années le confident de Charles-Auguste. […] On comprend donc qu’il eût hâte de connaître une personne dont l’image rudimentaire lui plaisait à un tel point ; de son côté, Mme de Stein n’était pas moins curieuse de le rencontrer, un officier lui ayant raconté l’anecdote. […] Angelo Solerti, qui modifient singulièrement la légende de la cour de Ferrare42 ; il aurait lu les curieux Discours d’Annibale Roméi, gentilhomme ferrarais, que nous a fait connaître le même M. […] Ce qui nous a valu la relation de la Campagne de France, celle du Siège de Mayence et de curieuses lettres adressées à divers amis. […] C’est vraiment un curieux morceau.
On les négligera, pour rechercher les moins connues, les plus rares, les plus curieuses. […] Le marquis de Roure dit que le pastiche est facile, parce qu’il est, en effet, très aisé d’attraper les défauts d’un auteur, et il nous donne dans son ouvrage une suite de curieux pastiches de Rabelais, Sévigné, Pascal, La Bruyère, Voltaire, Rousseau37. […] Gaston Hompsy a publié un recueil de poésies accompagnées de commentaires curieux. […] Ce qu’il y a de curieux, c’est que le trait final se retrouve dans l’Odyssée, à la fin du meurtre des prétendants : « Ayant ainsi parlé, il saisit à terre, de sa main vigoureuse, l’épée qu’Agélaos tué avait laissé tomber, et il frappa Léiôdès au milieu du cou, et, comme celui-ci parlait encore, sa tête roula dans la poussière. […] Les exemples seraient curieux, mais doubleraient les proportions de ce volume108.
Et nul globe ne réclame, et rien ne troublerait cet ordre tranquille si l’un des plus infimes parmi les microcosmes, l’homme, curieux de choses qui ne le regardent pas, ne s’ingéniait à mettre des bâtons dans les roues et à faire la leçon au macrocosme, sous prétexte que celui-ci ne lui a pas révélé leur commune raison d’Être. […] … Tu es trop curieux. […] Moi je dis : s’il n’y avait pas eu d’Adam, jamais nous n’aurions pu vous vaincre, car sans sa raison curieuse de l’inconnu, jamais l’homme n’eût été séduit par nous. […] Enfant curieux, même ici tu veux cueillir le fruit défendu ? […] Vous êtes trop curieux.
La Bibliotheque Orientale valut à d’Herbelot le titre d’Historien profond & curieux. […] Mais le Curieux Impertinent, l’Ingrat, l’Irrésolu, le Triple Mariage, l’Obstacle imprévu, & surtout ses deux chefs-d’œuvres le Glorieux & le Philosophe marié, lui assurent une réputation immortelle. […] J’ai vu dans des cabinets de curieux des chefs-d’œuvres de peinture & de sculpture négligemment jettés dans un coin presque imperceptible ; mais l’œil de l’amateur allait les y chercher.
C’eût été, en effet, la mer à boire, tout un monde à remuer et à reconstruire, que de s’engager dans l’examen critique de cette vaste compilation d’un ancien si curieux de la nature et de toutes choses, et il eût fallu y mettre quelque vingt-cinq ans. […] Eusèbe Salverte, avait fait, sur les Sciences occultes et sur la Magie, un livre rempli de faits curieux et d’explications hypothétiques.
Les personnes curieuses de tout approfondir pourront lire avec intérêt une Notice intitulée : Charles de Bremond d’Ars, marquis d’Ars, tué à bord de la frégate l’Opale, dans un combat contre les Anglais, sur les côtes de Bretagne ; par M. […] J’avais déjà fait mon premier travail, lorsque, averti d’une publication si curieuse en soi et qui l’était pour moi en particulier, j’ai lu la totalité de ces lettres.
Paul Il est le plus curieux de savoir ce qu’il a dit. […] Ce n’est pas moi seulement qui le constate, c’est également M. de Falloux dans un curieux texte cité par M.
Il cherchait de jolies scènes rustiques, de touchants souvenirs, des sentiments curieux ou purs. […] Sans doute son esprit est cultivé et occupé ; il est instruit, il sait plusieurs langues, il a voyagé, il est curieux de tous les renseignements précis, il est tenu au courant par ses journaux de toutes les idées et de toutes les découvertes nouvelles.
On pourrait faire un ouvrage également curieux et instructif sur la manière dont ce grand prince présida aux études de ses enfants et les dirigea. […] Nous le disons hardiment ; si on pouvait montrer sur les cartes d’aujourd’hui le pays de chacun et ses limites, les savants et les antiquaires d’Europe se mettraient à genoux pour avoir ce morceau, qui manque totalement à l’Europe et est en effet très piquant et très curieux.
Nous avons connu à Rome, en 1811, Guillaume de Humboldt, diplomate, homme d’État, philosophe curieux du beau et du bon sous toutes les formes. […] Un mot sur cet épisode très curieux de la vieillesse du grand homme.
« Ses graves entretiens, ses curieux récits, avancèrent son fils dans la science de la vie et lui fournirent le sujet de plus d’un de ses livres. […] Mon frère avait déjà fait plusieurs séjours chez lui ; la spirituelle conversation de ce bon vieillard, ses curieuses anecdotes sur l’ancienne cour, où il avait obtenu de grands succès, les encouragements qu’il donnait à mon frère, dont il était le confident, avaient fait naître une telle affection entre eux qu’Honoré appelait plus tard l’Isle-Adam son paradis inspirateur.
Teodor de Wyzewa y a développé ses aperçus si étrangement neufs et subtils, qui énoncent, en des formules incisives de paradoxes, de curieuses vérités et d’ingénieuses comparaisons. […] Dans deux salles, ils trouveront exposée une abondance de tableaux, de bustes, de documents curieux, d’autographes : le tout d’une vue instructive, féconde, souvent même divertissante.
Il me donne ce détail curieux, que les collectionneurs chinois n’exposent jamais leurs objets d’art. […] C’est curieux, tout ce feu, toute cette exubérance tout ce diable au corps, toute cette activité violente, s’étaient envolés de mon individu, quand je revins, l’année suivante.
Il surveilla une traduction du curieux ouvrage de Hœninghaus intitulé la Réforme contre la Réforme, et l’orna d’une introduction qui est certainement le chef-d’œuvre de sa manière, chaleureuse, poétique et spirituelle. […] Beuchot, et biographe comme Boswell, — un Boswell à distance de trois siècles, — curieux comme Plutarque et Suétone, — plus spirituel et plus artiste que Moore, — plus animé et plus vivant que Walckenaër, — aussi courageux que qui que ce soit, quand l’imagination ne l’entraîne pas vers ces choses de l’art et de la littérature qui furent toujours les Sirènes de sa pensée, — critique d’influences aussi ingénieux que M.
Même si l’on n’accepte pas cette hypothèse (confirmée pourtant par de curieuses expériences), il faudra bien supposer pendant le sommeil profond une interruption au moins fonctionnelle de la relation établie dans le système nerveux entre l’excitation et la réaction motrice. […] BALL, Leçons sur les maladies mentales, Paris, 1890, p. 608 et suiv. — Cf. une bien curieuse analyse : Visions, a personal narrative (Journal of mental science, (1896, p. 284).
Jadis nos voyageurs français, gens de bonne souche gauloise, à l’esprit curieux et avisé, en vrais compatriotes de Montaigne ou du Président de Brosses, se préoccupaient surtout des mœurs et des coutumes des « pays estranges », et s’ils se passionnaient pour un tableau du Guide ou une statue de Bernin, ils ne dédaignaient pas de s’intéresser au commerce, ni au rendement des terres, voire aux recettes des cuisines exotiques. […] Cette conviction ne nous empêchera point d’être curieux, à notre manière, des sciences et des philosophies.
Le premier volume de son Histoire n’est pour nous que curieux et mérite assez peu qu’on s’y arrête.
Le premier président Groulard du parlement de Normandie, dans ses curieux Mémoires, nous a montré à quel point elle était véritablement traitée par Henri IV en princesse, et présentée dès 1596 aux plus graves magistrats comme une personne à qui l’on devait hommage : Le jeudi 10 octobre 1596, Mme la marquise de Montceaux arriva à Rouen, logea à Saint-Ouen en la chambre dessus celle du roi. — Le vendredi 11, je la fus saluer, et le dimanche encore après, en ayant eu commandement du roi par les sieurs de Sainte-Marie-du-Mont et de Feuquerolles.
Elle nous le montre libertin, même dans les choses de l’esprit, même dans les choses de science, c’est-à-dire curieux et amoureux de tout ce qu’il voyait, et dégoûté de tout ce qu’il possédait : « Quoiqu’il parle de choses savantes, on voit pourtant bien qu’au lieu de lui faire plaisir, elles l’ennuient.
Il juge en curieux et parle à ravir des autres parties de la villa, de la forme et de l’intérieur de l’appartement ; il conseille à la princesse romaine, maîtresse de ce beau lieu, et qu’il ne nomme pas, d’y faire des changements qui soient propres à l’embellir encore.
Il en est de même des subsistances : il faut qu’elles circulent pour que les pays abondants secourent les provinces moins favorisées ; il faut que le même sac de blé, qui ne peut satisfaire qu’un appétit, tranquillise dix imaginations dans un marché, comme le petit écu qui satisfait dix créanciers dans une foire… Je n’ai pas à entrer dans le fond : le curieux pour nous aujourd’hui, c’est que, dans un tel instant, M.
La traduction de l’Iliade par Mme Dacier, publiée en 1711, amena une des guerres littéraires les plus vives et les plus curieuses qu’on ait vues, et comme il s’en produit quelquefois en France quand les esprits sont reposés et qu’on n’a rien de mieux à faire.
Buffon est un grand esprit éducable, et ce sont les degrés successifs de cette éducation positive qu’il est curieux de pouvoir suivre.
Et pourtant, comme il est sincère, il convient qu’il ne s’ennuie pas trop ; car, s’il est paresseux, il est curieux aussi ; il aime les anecdotes, il ne hait pas les nouveaux venus, s’ils sont agréables : Vous croyez peut-être que je me divertis ici comme un compère ?
Ce rêve qu’il décrit en détail et dont il nous donne toute la sensation et l’image, ce serait de passer tout un hiver seul cantonné sur ce haut mont, d’y avoir, sous un rocher capable de résister aux avalanches, une hutte assez solide et assez bien approvisionnée pour y vivre, et, là, spectateur curieux, observateur attentif, d’assister à des phénomènes qui n’ont jamais eu de témoin, de soumettre à des calculs, d’assujettir à des mesures le combat des éléments, la vitesse des vents, la puissance des neiges déplacées, les convulsions de l’air et de la terre : Non, s’écrie-t-il en se voyant à la place de l’observateur favorisé, non, ses jours ne seraient point livrés à l’ennui.
Il serait curieux de retrouver ce volume, ce magnifique keepsake en l’honneur de Louis XIV, maintenant surtout qu’on sait à qui l’on en devait le texte et les explications.
Un historien, homme d’étude et d’esprit, très curieux de recherches, et ennemi du lieu commun, ancien royaliste d’ailleurs, M.
J’ai vu bien des transformations de nos jours, mais je n’en ai jamais vu de plus curieuse ni de plus à contre-pied du vrai que celle qui s’est très vite opérée, au sujet de ce docte personnage, le lendemain de sa mort.
La Fontaine, une si parfaite et si naïve image du poète, a trop d’esprit, de finesse, de goûts différents et d’oubli pour exprimer ce qu’ici je veux dire, et ce que Santeul nous personnifie plus au naturel : car ce n’est pas seulement la verve et l’inspiration que j’entends, c’est l’amour-propre, la jactance, l’emportement, l’infatuation de soi-même et de ses vers, c’est l’animal-poète dans toute sa belle humeur et dans toute sa gloire : ne le demandez pas à un autre que Santeul ; les curieux de son temps le savaient bien, et il est encore à montrer comme tel à ceux du nôtre.
Voilà ce que c’est, encore un coup, de s’humilier… » Je crois bien que ce sont ces ouvrages en vers et les diverses pièces du procès de Pomone que le curieux abbé Nicaise envoyait à la Trappe au saint abbé, qui ne les désirait pas, mais qui poliment répondait (13 juin 1691) : J’ai lu monsieur, les vers que vous m’avez envoyés ; les gens d’esprit se divertissent, et leurs contestations donnent toujours une scène agréable au public.
Gandar et de la publication curieuse de M.
Entre Balzac et lui je n’ai fait qu’effleurer le parallèle ; il est curieux d’y mieux entrer : c’est un chapitre à part et qui mérite d’être traité en soi.
En redevenant ainsi poète mâconnais, il ne se doutait pas qu’il travaillait peut-être plus sûrement pour sa mémoire que s’il fût resté poète à Versailles, comme perdu et noyé parmi tous ces demi-dieux et ces naïades ; car en étant d’un lieu et d’une cité particulière, et en y laissant sa tradition, il a trouvé, après plus d’un siècle, des investigateurs curieux et presque des fidèles pour en recueillir le souvenir, et il a eu cet honneur que M. de Lamartine, tout jeune, entendant réciter de ses vers marotiques a fait un dizain à sa louange et un peu à son imitation.
Mais après Venise, il ne trouvera rien de plus curieux ni de plus admirable qu’Amsterdam et le gouvernement des Provinces-Unies : il le préfère à celui même de Venise.
Le père Griffet, auteur d’une si estimable histoire de Louis XIII, où l’on trouve tant de choses singulières et curieuses que de plus bruyants et de plus habiles se sont mis à découvrir depuis, le père Griffet a très bien jugé de ce point comme de beaucoup d’autres.
Pendant que je la lisais, je me rappelais bien souvent cette autre correspondance récemment publiée, si étonnante, si curieuse, si pleine de lumière historique et de vérité, entre deux autres frères, couronnés tous deux, le roi Joseph et l’empereur Napoléon ; et, sans prétendre instituer de comparaison entre des situations et des caractères trop dissemblables, je me bornais à constater et à ressentir les différences : — différence jusque dans la précision et la netteté même, poussées ici, dans la correspondance impériale, jusqu’à la ligne la plus brève et la plus parfaite simplicité ; différence de ton, de sonoréité et d’éclat, comme si les choses se passaient dans un air plus sec et plus limpide ; un théâtre plus large, une sphère plus ample, des horizons mieux éclairés ; une politique plus à fond, plus à nu, plus austère, et sans le moindre mélange de passe-temps et de digression philosophique ; l’art de combattre, l’art de gouverner, se montrant tout en action et dans le mécanisme de leurs ressorts ; l’irréfragable leçon, la leçon de maître donnée là même où l’on échoue ; une nature humaine aussi, percée à jour de plus haut, plus profondément sondée et secouée ; les plaintes de celui qui se croit injustement accusé et sacrifié, pénétrantes d’accent, et d’une expression noble et persuasive ; les vues du génie, promptes, rapides, coupantes comme l’acier, ailées comme la foudre, et laissant après elles un sillon inextinguible54.
Bonstetten ne passa guère qu’une année dans ce curieux pays primitif où son ami Muller le vint voir et qu’ils explorèrent en tous sens pendant la belle saison : Bonstetten en fit une description intéressante, que Muller emporta avec lui pour la traduire en allemand (Bonstetten n’osant encore se risquer à écrire en cette langue), et qu’il publia deux ans après dans le Mercure allemand, dirigé par Wieland.
Le trône écroulé, le roi arrêté et mis en jugement, lui, prince du sang, il se figurait qu’il allait continuer de vivre à Paris à son aise, dans les plaisirs et en riche citoyen ; et son amie Mme de Buffon, femme gracieuse, qui montra plus tard bien du dévouement, écrivait au duc de Biron (un autre intime), alors à la tête de l’armée du Rhin, une lettre curieuse, incroyable34, où elle lui racontait à sa manière et sur un ton badin, les événements du 10 août, les arrestations qui en étaient la suite, les exécutions qui devaient commencer le lendemain au Carrousel : Au milieu de ces arrestations, disait-elle, Paris est calme pour ceux qui ne tripotent point. — J’oubliais de vous dire que Mme d’Ossun est à l’Abbaye.
Lamennais entrait là-dessus dans des impatiences, dans de véritables fureurs ; il est curieux d’en noter les accès, les redoublements, presque à toutes les pages de la Correspondance.
On s’en fera quelque idée, si l’on est curieux, en cherchant dans le numéro du journal religieux le Monde, du 29 avril 1862, un article signé Roger de Sezeval, une plume de qualité.
Il était curieux et mondain, mais sans s’écarter jamais et sans se dissiper.
Lacaussade qui m’amène à une comparaison curieuse.
Botanique, anatomie, optique, curieux de tout, il se livra à mainte recherche, à mainte expérience, et, passant outre, obéissant à son besoin d’unité, il proposa ses théories.
Cette Salammbô, dont la personne et la passion devaient faire le mobile du livre et de l’action, est piquante, curieuse, habilement composée et concertée, je n’en disconviens nullement, mais elle n’anime rien et, au fond, n’intéresse pas.
Voir la Notice sur la vie et les ouvrages de Deleyre, par Joachim Le Breton, secrétaire de la seconde classe de l’Institut, dans le recueil des Mémoires de cette seconde classe, tome II, page 9 ; et dans la Décade philosophique du 30 mars 1797, page 44, une courte note nécrologique, assez curieuse. — Il faut tout dire, et un moraliste de ma connaissance, qui aime marquer le plus qu’il peut les contradictions de la nature morale, me souffle à l’oreille ce dernier mot : « Allons, convenez-en, ce tendre et mélancolique Deleyre était athée en toute sécurité de conscience, et à la Convention, dans le jugement de Louis XVI, il vota la mort sans biaiser et sans sourciller. » L’aveu qui me coûtait le plus à faire est sorti.
Les curieux et ceux qui aiment à vérifier les trouveront dans le volume intitulé : Thèses de Critique, et Poésies, par M.
Nous sommes des hommes, nous sommes des curieux, non pas grossiers, je l’espère, mais chercheurs et aimant à faire le tour des choses.
Zeller, ne se dessine et ne commence à s’étager, à se grouper à nos regards que selon les degrés et dans les proportions véritables où elle s’est successivement formée, et où elle apparaît aujourd’hui à qui la considère à cette distance en observateur curieux et désintéressé.
Il s’y rencontre jusqu’au bout trop de détails curieux, qui tiennent aux mœurs, pour ne pas les relever.
Ce changement, il est curieux de le remarquer, se trouve précisément l’inverse de celui qu’on a vu chez les poëtes anglais de l’école des Lacs, les mêmes avec qui notre poëte a plus d’une ressemblance pour le génie.
Nous conseillons aux curieux de comparer ce passage avec la fin de la deuxième épître d’André Chénier ; l’idée au fond est la même, mais on verra, en comparant l’une et l’autre expression, toute la différence profonde qui sépare un poëte artiste comme Chénier, d’avec un poëte d’instinct comme La Fontaine.
Quant à la forme, à l’allure du vers dans Regnier et dans Chénier, elle nous semble, à peu de chose près, la meilleure possible, à savoir, curieuse sans recherche et facile sans relâchement, tour à tour oublieuse et attentive, et tempérant les agréments sévères par les grâces négligeantes.
Étienne, une vogue littéraire des plus animées, et finalement une mêlée des plus curieuses et des plus propres à faire connaître l’esprit du moment.
. — Le même enfant entend sa mère qui lui dit : « Tu balances trop ta tête ; ta tête va frapper la table. » Il répond d’un air curieux et surpris : « Ta tête va frapper la table ?
Rabelais en effet n’est pas seulement un helléniste, un médecin, un curieux investigateur de l’antiquité et de la nature : il sait beaucoup, mais surtout il y a en lui une âme, un esprit de savant ; il a eu le culte et la notion de la science, et son programme d’éducation, chimérique même pour ses géants, est le programme du travail de la raison moderne.
Le fils de l’écuyer et de la duègne part de la maison paternelle, chargé d’une science qui n’a rien de pratique, curieux et candide, gonflé d’espérances et ivre de liberté.
Beaumarchais avait pour lui tous les esprits curieux, avides de plaisir, de nouveauté et de scandale, c’est-à-dire tout le public, la cour, le comte de Vaudreuil, la princesse de Lamballe, le comte d’Artois, la reine même.
Formé à l’école des Montagnards, il continua leurs traditions : mais un juste instinct l’avertit de condenser le verbiage de la tribune, et de se régler plutôt sur la nette concision des rapports et la fermeté saisissante des proclamations, où certains Jacobins avaient donné de curieux modèles d’éloquence administrative ou militaire.
En la rendant impatiente du présent, ils l’ont rendue curieuse du passé ; or c’est par l’effet de ce double esprit qu’elle est devenue capable de concevoir à son tour et d’inspirer à ses écrivains des idées générales.
Cela permettrait des considérations curieuses, et bien incertaines, que la fantaisie de chacun peut greffer assez librement sur la réalité.
Le plus curieux exemple de cela, c’est M. de Talleyrand, se convertissant en ses derniers jours.
Des poètes, des romanciers en ont tiré des sujets ; mais ni le roman de Walter Scott, ni la chanson de Béranger, ne rendent la réalité dans toute sa justesse, et avec la parfaite mesure qu’elle nous offre sous cette plume de Commynes, curieuse, attentive, fidèle, et si étrangère à un but littéraire, à un effet dramatique.
On a fort apprécié surtout, dans ce dernier éloge, le talent consciencieux avec lequel le biographe a su rendre le caractère, non seulement du maître et du praticien, mais de l’homme, et ce soin curieux de recomposer par une foule de traits une figure originale.
Cette fois, c’est l’ami de Chaulieu, c’est La Fare qui, dans ses curieux Mémoires, va nous dire le fin mot : Quoique le roi fût effectivement en danger, il ne voulait pas qu’on le crût.
Une vie complète et anecdotique de Mazarin serait très curieuse à faire : on en possède à peu près tous les éléments.
Droz a donc conduit l’histoire de la Révolution jusqu’au lendemain de la mort de Mirabeau ; cette grande figure domine tout ce troisième volume, le plus remarquable, le plus curieux et le plus neuf par la nature et le cachet des révélations précises.
Lubis dans le sens royaliste, ont raconté avant M. de Lamartine ces grands événements ; et il est curieux de voir comme celui-ci, qui le reconnaît du reste hautement, profite de tous deux, les unit, les entrelace, les combine en les traduisant dans sa langue et en les recouvrant de sa couleur.
Amédée de Bast, sur les dernières années et la mort de Patru (10 et 14 mai 1846) : le curieux auteur, que j’ai lu avec intérêt, entre dans beaucoup de détails dont plus d’un a de la nouveauté et serait à citer : je voudrais seulement que M. de Bast, s’il fait réimprimer ces articles, indiquât, dans le récit qu’il a voulu dramatiser, les parties tout à fait exactes et historiques.
. — C’est Stanislas Girardin qui note ainsi l’embarras de Portalis, en reproduisant toute cette curieuse conversation dans le tome Ier de ses Souvenirs, p. 310.
C’est ici qu’il serait curieux de tracer en détail ce qu’il appelait « le roman philosophique de sa vie ».
Je note pour les curieux un article de M.
Franklin, ce physicien mémorable pour les expériences de l’électricité qu’il a faites et poussées en Amérique au point de perfection le plus curieux, est à Paris.
Un des poèmes les plus curieux du Moyen Âge, et qui constitue une véritable épopée satirique, est le Roman de Renart avec ses diverses branches ; les animaux divers y figurent comme des personnages distincts, ayant un caractère soutenu, et engageant entre eux une série d’aventures, de conflits et de revanches qui, jusqu’à un certain point, s’enchaînent.
Le passage de Saumaise est curieux et vaut la peine d’être transcrit : >Unus ejus Agamemnon obscuritate superat quantum est librorum sacrorum cum suis hebraismis et syrianismis et tota hellennestica supellectile velfarragine (De Hellennestica, p. 37, ep. dédic).
Il y a, par exemple, une hérédité alternante bien curieuse entre le rhumatisme articulaire et la chorée.
Nos jeunes confrères indiquent dans leur désir d’un instrument rythmique plus libre qu’il est inutile d’attribuer un sexe aux rimes, ils expliquent comment on peut dissoner sur les vieilles habitudes en prolongeant les masculines sur les féminines pour résoudre au gré de l’alternance classique, mais au moment choisi par le poète, ce qui donne un effet agréable de surprise euphonique ; ils citent les allitérations et les arabesques de voyelles, et signalent l’existence d’équilibres phonétiques, plus curieux parfois que l’allitération et l’assonance pure (l’allitération qui n’a pas l’air d’allitérer)… bref tous moyens employés pour remplacer une symétrie au métronome, dure et pesante, par une symétrie très complexe, consistant non point dans la répétition régulière en coups de marteau de forge des mêmes sonorités, mais dans des effleurements ingénieusement variés des sonorités semblables à des intervalles dictés non plus par l’arithmétique, ou plutôt la numération, mais par un instinct de musicien qui manierait tantôt des leitmotiv, tantôt des rappels de timbre.
En ces petits livres vraiment curieux que l’on pourrait appeler « les petites métamorphoses de Michelet », la science, qui veut se montrer à toute force, ne balance pas comme il le faudrait l’imagination qu’on y trouve.
Tous, ou presque tous, une fois au moins, ont cherché, dans cette source pure le secret du langage qu’ils allaient parler, depuis Aristote, qui a écrit deux poésies qui le classent parmi les grands poètes, jusqu’à Schelling, qui a publié un recueil de vers fort curieux sous le nom de Bonaventure.
Vers onze heures du soir, ordinairement tous deux sont en verve, et le spectacle est curieux.
Ampère, ce littérateur polygraphe et complexe, cet esprit trois fois distingué, dont la valeur individuelle est si intimement liée aux maîtres, aux amis, à toute la génération qu’il représente, et à l’ensemble du mouvement intellectuel de son époque, une telle Étude exige un premier coup d’œil et un aperçu qui embrasse rapidement le progrès antérieur et l’état de la littérature comparée en France au moment où il y intervint, car Ampère, à son moment, a peut-être été le critique et l’historien le plus curieux, le plus à l’affût et le mieux informé des littératures étrangères, le plus attentif à les interroger et à nous les présenter dans leurs vivants rapports avec la nôtre. […] On sera peut-être curieux de savoir comment Chateaubriand, qui régnait dans le salon de Mme Récamier, accueillait ces louanges en l’honneur de Goethe, et cette admiration qui tenait du culte et qui s’adressait de son vivant à un autre que lui. […] Il n’était pas toujours à cheval sur la priorité accordée à des Français, sur la prééminence française, et aussi il n’allait pas jusqu’à dire d’impatience comme Voltaire : « Nous autres, Français, nous sommes la crème fouettée de l’Europe. » Il se tenait en éveil de toutes parts, dans un état d’indifférence curieuse.
Or, il y a les nerfs, — qui sont autrement curieux, étant la sensibilité, le trouble, le mystère, la contradiction, la vie. […] Ma mère, en nos longs soirs d’entretiens sérieux, Des choses de l’esprit m’a rendu curieux. […] Bref, la Carcasse nous présente un cas assez curieux de moralité individuelle. […] Est-ce ma faute, si j’y ai reconnu un esprit curieux, sérieux et compatissant ? […] Ce Charmeretz se complaît un peu trop dans son attitude de spectateur « curieux et implacable ».
Je ne sais rien de plus curieux que cette pièce : le Verger, où vous suivrez leur succession : Dans le jardin sucré d’œillets et d’aromates, Lorsque l’aube a mouillé le serpolet touffu, Et que les lourds frelons, suspendus aux tomates, Chancellent, de rosée et de sève pourvus… L’air chaud sera laiteux, sur toute la verdure, Sur l’effort généreux et prudent des semis, Sur la salade vive et le buis des bordures, Sur la cosse qui gonfle et qui s’ouvre à demi. […] Chose curieuse, on en conviendra, que précisément la plante de serre chaude ait produit à la lumière du jour les fruits les plus savoureux ! […] Dans une demeure somptueuse, isolée autant que possible des grossiers contacts de la vie contemporaine, je me la représente cultivant avec amour les sensations les plus curieuses et les plus raffinées dont notre machine nerveuse est capable : sensations de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, magnifiques correspondances qui nous furent révélées par nos maîtres, Gautier, Baudelaire, j’allais en oublier d’autres, dont elle-même nous vante les surprises : L’art du toucher, complexe et curieux, égale Le rêve des parfums, le miracle des sons.
Au contraire, l’éducation que reçoit Victor Hugo, c’est l’éducation d’une enfance errante, promenée à travers l’Europe, dans la clameur des batailles, dans un décor changeant sur lequel les yeux de l’enfant se promènent, étonnés et curieux. […] Le jardin était grand, profond, mystérieux, Fermé par de hauts murs aux regards curieux, Semé de fleurs s’ouvrant ainsi que les paupières, Et d’insectes vermeils qui couraient sur les pierres, Plein de bourdonnements et de confuses voix ; Au milieu, presque un champ ; dans le fond, presque un bois. […] Le bourgeois de chez nous est badaud, et il est bavard ; il faut qu’il lise son journal chaque matin et qu’il recommence chaque soir ; il est curieux de toutes sortes de choses qui cependant ne l’intéressent que de fort loin, comme la politique de l’Extrême-Orient ou l’opinion des danseuses sur l’immortalité de l’âme. […] Là, il fut infiniment curieux et, dans son genre, tout à fait admirable.
Encore aujourd’hui7 « la nourriture d’un laboureur anglais suffirait en Grèce à une famille de six personnes ; les riches se contentent fort bien d’un plat de légumes pour leur repas ; les pauvres, d’une poignée d’olives ou d’un morceau de poisson salé ; le peuple tout entier mange de la viande à Pâques pour toute l’année. » A cet égard il est curieux de les voir à Athènes en été. « Les gourmets se partagent entre sept ou huit une tête de mouton de six sous. […] Le Grec reçoit d’eux cette technique et cette routine ; mais elles ne lui suffisent pas ; il ne se contente point de l’application industrielle et commerciale ; il est curieux, spéculatif ; il veut savoir le pourquoi, la raison des choses13 ; il cherche la preuve abstraite, il suit la délicate filière des idées qui conduisent d’un théorème à un théorème. […] Un système est une sorte d’opéra sublime, l’opéra des esprits compréhensifs et curieux. […] Au temps de Socrate, s’il était curieux, il allait entendre les disputes et les dissertations des sophistes ; il tâchait de se procurer un livre d’Anaxagore ou de Zénon d’Éléate ; quelques-uns s’intéressaient aux démonstrations géométriques ; mais en somme l’éducation était toute gymnastique et musicale, et le petit nombre d’heures qu’ils employaient, entre deux exercices du corps, à suivre une discussion philosophique, ne peut pas plus se comparer à nos quinze ou vingt ans d’études classiques et d’études spéciales que leur vingt ou trente rouleaux de papyrus manuscrit à nos bibliothèques de trois millions de volumes.
Il sera curieux de comparer les premiers vers aux derniers venus, et de décerner le prix. […] C’est pourquoi il m’a paru curieux de les rapprocher, afin de donner lieu à quelques réflexions qui ne seront peut-être pas sans intérêt pour l’art. […] S’il faut avoir fait des preuves d’érudition, il y en a dans ce livre, et de la plus amusante ; et quelle reconstitution plus curieuse que le Paris du xve siècle ? […] On a glissé sur tout cela : propos d’enfants d’esprit, se disait-on, à qui les espérances ont tourné la tête ; ivresse de débutants applaudis qui prennent les violons d’un orchestre pour les trompettes de la renommée, le lustre d’une salle pour le soleil, un parterre curieux de nouveautés pour le monde ! […] On n’attend rien de lui, on ne lui demande rien, on n’est nullement curieux d’avoir son sentiment sur les choses qui agitent les esprits ; et pourtant ses ouvrages n’excitent pas une curiosité médiocre.
Les uns curieux des choses modernes, les autres épris des antiquités religieuses ou légendaires ; Hindous ou Parisiens ; ceux-ci familiers, ceux-là épiques ou lyriques, quelques-uns rimeurs d’odelettes galantes, tous n’avaient à rendre compte à aucun du choix de leurs sujets et n’avaient à soumettre leur inspiration à aucune loi acceptée. […] Ceci dit, je pense qu’il ne sera pas sans intérêt de donner quelques détails sur la personnalité très curieuse et assez peu connue de l’homme de génie qui n’est plus. […] — pour un riche étranger qui venait visiter la capitale ou pour quelque général péruvien curieux d’étudier en France les progrès des armements européens. […] Par suite de sa faculté de percevoir les plus lointaines analogies, et par une légitime horreur de la banalité, il abonde en images singulières dans leur justesse, consent à des inversions, se complait dans des tours de phrase d’un maniérisme curieux. […] Ceci est curieux, et continue, sans la faire déchoir, la thèse cachée sous le prétendu scepticisme de Byron, de Musset et des grands romantiques de notre siècle.
L’Olive, suite de sonnets amoureux, précédés d’une Épistre au lecteur fort curieuse, parut en 1550. […] Cependant, Guillaume Colletet, qui n’est mort qu’en 1659, admirait toujours Remy Belleau, et proclamait ses vers sur les Pierres précieuses, un ouvrage considérable, d’une richesse éclatante, un ouvrage rare, curieux et bien imaginé. […] Dans ses paysages, Théophile de Viau nous montre, comme d’ailleurs tous ses contemporains, un mélange de faux et de vrai qui ne laisse pas d’être curieux à noter. […] Le dialogue entre Thésée et Dircé, qui ouvre le quatrième acte, va parfois jusqu’à l’inconvenance, mais il est curieux : Je n’aime plus qu’en sœur, et malgré moi j’espère ; Ah ! […] Elles sont instructives, curieuses, amusantes… Cela conclut-il quelque chose ?
Nous nous essaierons à en poursuivre ici les données essentielles, d’autant plus curieux d’approfondir cette énigme qu’elle n’est pas peut-être propre au seul Amiel, et que plusieurs d’entre nous se débattent dans des impuissances analogues. […] Quand une réflexion, curieuse d’approfondir les motifs humains, est préoccupée de les trouver bons ou mauvais et qu’elle se plonge dans cette étude, elle se prépare de singulières déceptions. […] En définitive, qu’est-elle donc, cette analyse curieuse, assidue, constante, interminable, à laquelle nous nous livrons, sinon la marque certaine de l’incapacité où nous sommes de vouloir fermement et de nous arrêter en quelque résolution ? […] Cet « attrait curieux », M. […] Il surveille ses divers courants, il s’initie aux procédés de critique historique qu’elle inaugure, et, chose curieuse, pressent la valeur sans saisir la portée de ce changement de méthode.
Il faudrait un directeur de journal qui voyant en moi un monstre, aurait l’idée de m’exhiber franchement comme un spécimen curieux de tératologie religieuse et littéraire. […] Après celui-là, il s’attellera peut-être à l’Histoire ecclésiastique, « histoire éminemment curieuse », dit-il, dans la préface de Marc-Aurèle, et qui doit beaucoup le séduire comme un incomparable champ stratégique, pour les manœuvres de son esprit. […] J’abandonne aux archéologues et aux romanciers le curieux inventaire de ce cabinet aux antiques où les poètes vont boire et où j’ai vu de mes yeux l’ironique auteur des Lamentations de la lumière, Émile Goudeau, à travers l’ombre infiniment transparente de Walter Scott. […] La Confession de Sainte-Beuve, pénitent revêche qui se serait sans doute bien passé de ce confesseur posthume et indiscret est, en effet, d’un tel luxe de cynisme et de bassesse qu’elle devait attirer un assez grand nombre d’esprits curieux ou pervers. […] Chose curieuse !
Si M. de Lamartine s’est trompé, il est curieux de voir comment il se trompe ; car l’erreur d’une intelligence comme la sienne est toujours féconde en enseignements. […] Depuis le brin d’herbe qu’elle foule au pied jusqu’aux astres qui gravitent dans l’espace, elle étudie tout ; elle interroge d’un œil curieux les trois règnes de la nature, depuis les entrailles de la terre jusqu’à l’organisation de l’homme. […] C’est une âme tendre, ce n’est pas un esprit curieux. […] Je serais vraiment curieux d’apprendre en quoi les poétiques amours de don Juan et d’Haydée rappellent Pantagruel et Gargantua. […] Qu’un laquais porte les billets doux de son maître, cela se conçoit ; qu’il lui prête sa main pour écrire une adresse, afin de dérouter les curieux, c’est possible.
Il a, un jour, avec Henri IV une conversation très curieuse sur la culture des mûriers et les manufactures de soie, que Henri IV veut introduire en France : ces menus plaisirs du roi paraissent peu solides à Sully.
[NdA] Ce curieux projet de privilège se trouve également aux Manuscrits de la Bibliothèque impériale dans les papiers de Mézeray, au milieu du volume intitulé Dictionnaire historique, géographique, étymologique, particulièrement pour l’histoire de France et pour la langue française ; c’est le même ouvrage que Camusat a publié sous le titre de Mémoires historiques et critiques, etc., par Mézeray.
Il avait de vastes connaissances, une érudition étendue et curieuse ; il lisait les Pères grecs en grec et les préférait aux Pères de l’Église latine.
Sur Diderot, à propos de Langres sa patrie ; sur Riouffe, en passant à Dijon où il fut préfet ; sur les bords ravissants de la Saône en approchant de Lyon ; sur l’endroit où Rousseau y passa la nuit à la belle étoile en entendant le rossignol ; sur cet autre endroit où probablement, selon lui, Mme Roland, avant la Révolution, avait son petit domaine, Mme Roland que Beyle ne nomme pas et qu’il désigne simplement « la femme que je respecte le plus au monde » ; sur Montesquieu « dont le style est une fête pour l’esprit » ; sur une foule de sujets familiers ou curieux, il y a de ces riens qui ont du prix pour ceux qui préfèrent un mot vif et senti à une phrase ou même à une page à l’avance prévue.
Une fois retiré, il n’est pas assez curieux, il n’est pas assez informé ; il ne fait pas son affaire de savoir tout.
Que si l’on veut rompre avec l’École en en sortant, si l’on se sent épris des fantaisies, des descriptions mondaines, piqué du démon de raillerie et curieux du manège des passions, on s’y jouera dès l’abord avec un art d’expression plus savant, plus consommé, et une ivresse plus habile que celle de personne : il n’y a plus de noviciat à faire en public ; il s’est fait dès auparavant et à huis clos.
Curieuse sans intérêt, avide de nouveau sans espoir de mieux, dégoûtée sans cesser d’être agitée, Mme du Deffand écrivait un jour à Mme de Choiseul : « Que dites-vous du nouveau ministre (M. de Saint-Germain) ?
Il supposa le dernier des centaures interrogé au haut d’un mont, au bord de son antre, et racontant dans sa mélancolique vieillesse les plaisirs de ses jeunes ans à un mortel curieux, à ce diminutif de centaure qu’on appelle homme ; car l’homme, à le prendre dans cette perspective fabuleuse, grandiose, ne serait qu’un centaure dégradé et mis à pied.
Il serait pourtant fort curieux, là-dessus, à écouter de près, et pour ceux qui le croyaient des leurs, c’était un ami terrible.
Mais ses amis firent remettre à Mme Sand quelques-uns de ses fragments inédits, quelques-unes de ses lettres et un morceau achevé, le Centaure, lequel, inséré dans la Revue des Deux Mondes en mai 1840, suffit à poser, à fonder la réputation de Maurice auprès des curieux d’entre les jeunes générations.
En repassant l’autre jour en idée les abdications forcées ou volontaires de rois et d’empereurs, j’ai été naturellement amené à penser à Charles-Quint, le plus mémorable exemple que l’histoire nous offre antérieurement à notre temps, et un simple coup d’œil m’a fait apercevoir à quel degré de précision et d’intérêt les travaux récents ont porté l’examen et l’exposé de ce curieux épisode.
Parmi les esprits à demi philosophiques qui se rattachaient comme curieux au groupe passager, tel s’est rallié de bonne foi avec scrupule et s’est rangé étroitement à l’orthodoxie.
Il est curieux, en le lisant, de voir à quel point la pensée de s’enquérir du fond, l’idée de critique et d’examen est loin de son esprit ; il ne se pose pas un seul instant cette question philosophique et morale de la vérité, de la certitude, la question de Pascal ; Louis Legendre est un rhétoricien ecclésiastique ; il veut faire son chemin par son talent, et il le fera : « Quand je vins à Paris, dit-il, j’avais beaucoup de pièces faites, néanmoins j’étais résolu non seulement d’y retoucher, mais de les refaire entièrement quand j’aurais entendu ceux des prédicateurs qui avaient le plus de réputation.
Un jour donc que Marie questionnait Michel, et le questionnait sur toute chose humaine ou divine, — car il entre évidemment beaucoup plus de curiosité que d’amour dans son goût pour lui, — Michel, interrogé, répond : « Marie, je n’ai pas tout vu, quoique je sois fort curieux ; je n’ai pas tout analysé ; je n’ai pas tout nié, Dieu merci !
J’y ai retrouvé bien d’agréables et de curieux détails, de piquantes anecdotes de langue, et surtout la fidèle image de cet état de croissance dernière où l’on sentait la perfection venir de jour en jour et s’achever comme à vue d’œil.
Rousset, entre autres révélations curieuses, éclaire d’un jour inattendu et prolongé la figure si compliquée et si difficile de Victor-Amédée, duc de Savoie.
en sortant de l’ordre de création, de cette création aveugle et un peu fumeuse, en daignant entrer dans la sphère sereine et tempérée des idées morales, des pensées justes, lucides, des réflexions élevées ou fines qui sont proprement l’objet et, comme dirait Montaigne, le gibier des philosophes et des sages, ne raillons pas trop ce curieux et aimable Pope d’avoir écouté si soigneusement la voix de son démon à lui et de son génie, d’avoir prêté l’oreille aux inspirations purement abstraites et spirituelles qui s’élèvent dans la solitude du cabinet ou dans l’entretien à deux quand on se promène en quelque allée de Tibur ou de Tusculum ; et quand l’esprit, tout en restant calme, se sent excité par l’émulation ou la douce contradiction d’un ami, ne nous scandalisons pas si lui-même, venant avec une sorte d’ingénuité nous initier à sa préoccupation littéraire constante, il nous fait la confidence que voici : « Une fois que Swift et moi nous étions ensemble à la campagne pour quelque temps, il m’arriva un jour de lui dire que si l’on prenait note des pensées qui viennent à l’esprit, à l’improviste, quand on se promène dans les champs ou qu’on flâne dans son cabinet, il y en aurait peut-être quelques-unes qui vaudraient bien celles qui ont été le plus méditées.
Il est curieux de se dire, en regard de Pope et par opposition à sa poétique, ce que nous sommes devenus.
Que ce soit agréable ou non à lire, ce n’est pas la question ; que l’effet de ces nouveaux passages doive être très favorable et ajouter en bien à l’idée qu’on a pu se faire de Mme Roland, surtout pour l’agrément, pour la grâce, je n’en réponds pas du tout ; mais c’est très remarquable et infiniment curieux.
Elle avait été liée d’assez bonne heure avec Linguet, le maître de Mallet, et avec bien des Genevois de sa connaissance ; il l’avait vue à Paris à l’œuvre, sur le théâtre de l’action, et il eût été curieux de l’entendre motiver ce jugement si plein, mais trop sommaire.
Un spirituel observateur qui était du parti de Mme de Châteauroux, la duchesse de Brancas, dans un curieux Fragment de mémoires, va nous en dire plus.
Non, ce jeune homme de dix-neuf ans, qui n’en a pas encore vingt-cinq aujourd’hui, et qui après un voyage de près de trois années et l’interruption d’une maladie des plus graves, a pu rédiger un livre de cette précision et de cette maturité, n’est pas un simple curieux intrépide, c’est un voyageur pris au sens le plus élevé du mot, qui joint à toutes les qualités physiques et morales qu’une telle vocation suppose toutes les armes et la provision de la science la plus avancée et la plus exacte.
Tamizey de Larroque, qui est un curieux et un chercheur, a notablement ajouté pour sa part à la connaissance de l’illustre prélat, en donnant de lui des lettres écrites depuis son retour en France.
Clément Brentano, venu là comme curieux, y est resté comme croyant, et a passé des années à recueillir, presque sous la dictée de l’humble fille, les paroles et descriptions en bas allemand, qui ne tarissaient pas sur ses lèvres.
Jasmin prend peut-être quelques licences de tours, ou du moins il profite en cela des habitudes introduites ; il cède un peu trop, sans y songer, à ce flot de gallicismes qui vont chaque jour s’infiltrant ; tout en observant parfaitement la grammaire locale, il ne recourt peut-être pas assez à certaines locutions par lesquelles l’idiome du Midi se distinguait du français du Nord, et qu’on pourrait sauver ; en un mot, ce n’est pas un poëte remontant du patois à la langue par l’érudition ; mais c’est un poëte pur, soigné en même temps que naturel dans l’expression, habile et curieux aux mots vifs de son vocabulaire ; rien de rocailleux, rien de louche chez lui, et, pour parler selon ses images, son clair Adour, à nos yeux, semble courir sans un flot troublé47.
L’analyse intérieure de son procédé, de sa tactique savante en cette seconde phase, serait curieuse à suivre de près : nous nous tenons aux simples aspects.
remy a depuis éprouvé moins de joie que de regret chaque fois qu’un zèle curieux est venu ajouter au premier recueil du poëte quelques pièces nouvelles : on a pu craindre, dit-il, d’en voir le nombre s’accroître indéfiniment ; il trouvait qu’il y en avait bien assez sans cela.
Le Mémorial, déjà cité, de Gouverneur Morris donne ici les plus curieuses particularités sur ce séjour de Mme de Flahaut en Suisse ; on la voit, par plusieurs lettres d’elle, l’amie, la conseillère influente et active d’un jeune prince, depuis roi (Louis-Philippe) ; elle fit avec lui la route de Bremgarten (Suisse) jusqu’à Brunswick et ne tarda pas à le rejoindre à Hambourg (édition française, tome I, pages 449-458). — Après la révolution de 1830, quand on parlait des Tuileries où son fils était en si bon pied, Mme de Souza avait soin de marquer, d’un air d’allusion fine, qu’elle-même n’y allait pas.
L’effet des mêmes catastrophes sociales, qui ont leur retentissement dans les écrits de Mme de Souza et dans ceux de Mme de Duras, est curieux à constater par la différence.
Cet intérêt de Christel pour une situation qu’elle devina du premier coup fut-il, un seul instant, purement curieux, attentif sans retour, et, si l’on peut dire, désintéressé ?
Il faut considérer en eux maintenant d’autres propriétés, qui achèvent de les rendre capables de servir à tous les besoins de la plus agile et plus curieuse pensée.
Car un fait curieux se produisit.
Sandoz rapetisse étrangement le domaine de l’art, et, ce qu’il y a de curieux, c’est que cet enragé croit l’agrandir !
Joubert fut en son temps le type le plus délicat et le plus original de cette classe d’honnêtes gens, comme l’ancienne société seule en produisait, spectateurs, écouteurs sans ambition, sans envie, curieux, vacants, attentifs, désintéressés et prenant intérêt à tout, le véritable amateur des belles choses.
Il n’a pas l’ambition littéraire, en ce que celle-ci a de curieux, de distrayant, de chatouilleux, d’aisément irrité, de facilement amusé et consolé.
Un soi-disant provincial, membre de l’Académie de Châlons, rend compte, par la voie du journal, à un sien cousin dont il ne sait l’adresse, de tout ce qu’il voit de curieux à Paris.
Or, une telle imagination est précisément le don et la gloire de M. de Chateaubriand ; il est curieux de voir combien, à ce miroir brillant, il s’est inexactement souvenu de ses propres impressions antérieures, et comme il leur a substitué, sans trop le vouloir, des impressions de fraîche date et toutes récentes.
Il serait curieux de suivre et d’énumérer les principaux noms de femmes vraiment distinguées qui l’ont successivement et quelquefois concurremment aimé, et qui se sont dévorées pour lui.
Laissons donc les anecdotes, renvoyons-y les curieux, et écoutons ses paroles.
L’erreur de Rousseau n’a pas été de croire qu’en se confessant ainsi tout haut devant tous, et dans un sentiment si différent de l’humilité chrétienne, il faisait une chose unique ou même une chose des plus curieuses pour l’étude du cœur humain : son erreur a été de croire qu’il faisait une chose utile.
Mme de Maintenon se laissait persuader et restait, et rien n’est curieux comme de la voir entre les deux maîtresses du roi (Mme de Montespan et Mme de Fontanges), allant de l’une à l’autre, raccommodant, conseillant, conciliant, décousant sous main, se faisant de fête sans en avoir l’air, et par-dessus tout (c’est son faible et sa méthode) voulant être plainte de sa situation et voulant se retirer sans cesse.
Il donne de curieux détails sur cette création aussi bien que sur les autres actes de la libéralité du grand ministre.
Nous avons d’ailleurs des moyens tout particuliers de l’étudier : il n’a pas eu seulement pour témoin assidu et curieux, pour révélateur impitoyable, le grand observateur Saint-Simon, le duc d’Antin a lui-même écrit des Mémoires, et a laissé comme une confession de ses faiblesses, de sa passion pour la Cour, et de tout ce qu’il a pu se dire pour ou contre dans le secret de sa conscience.
L’auteur, en y mettant, dès les premières pages, de cette érudition dont on est curieux aujourd’hui, est sorti de son genre et de sa nature.
C’est là que son talent se déclare déjà tout formé dans ce qui le qualifiera proprement, et qu’il est curieux de le suivre.
À sa fille et à sa famille, dans les grands moments, il parle trop avec la solennité et l’emphase d’un père de mélodrame ; à ses maîtresses (car il en eut toujours), il écrit sur un ton qui fait reculer d’étonnement les moins scrupuleux et qui condamne ce coin de sa correspondance à ne jamais sortir du tiroir ni du cabinet des curieux ; mais avec ses amis, dans le tous-les-jours, il redevient uniment le gai, le bon et facile Beaumarchais : Je viens de revenir, écrit-il à l’un d’eux (6 juin 1797), dans ma maison du boulevard, dont le séquestre n’était pas levé quand je suis rentré dans Paris.
Les curieux qui ne s’en tiendraient pas à cette impression de M. de Féletz peuvent voir ce qui est dit dans la Gazette de France du 26 novembre, et dans le Journal de Paris du 25.
Il y a dans le Testament politique un curieux chapitre intitulé « Des lettres », c’est-à-dire de la littérature classique ou de l’éducation, et qui vient immédiatement après les chapitres sur l’Église.
Mabillon a recueilli une curieuse pièce rythmique.
Détail curieux : la semaine dernière, pour fêter le retour d’un de ses parents, il faisait déboucher une bouteille de château-lafitte, et formait des projets pour le jour où il aurait quitté le lit.
Toricelli trouva son expérience curieuse.
Il est curieux d’étudier comme le style d’Henry Murger va (tout naturellement) de la négligence à la préciosité, de la préciosité à la négligence : Un hôtel de Rambouillet où l’on fume des pipes et où l’on crache par terre.
Unis de leur vivant au sommet des grandeurs humaines, unis devant Dieu et par des ressemblances de nature qu’on n’a pas assez remarquées et qu’il serait curieux de faire saillir, Louis XIV et Mme de Maintenon seront encore unis dans l’injustice et dans l’injure.
Assurément, on n’a pas vu cela encore dans les comptes rendus qu’on a faits de ce livre curieux.
Il y aurait même, à ce propos, une carte curieuse à établir.
» Là-dessus, il continue notant, décomposant, comparant, tirant les conséquences pendues au bout de ses syllogismes, curieux de savoir ce que du fond du puits il ramène à la lumière, mais indifférent sur la prise, uniquement attentif à ne pas casser la chaîne et à remonter le seau bien plein.
L’esprit humain, toujours curieux, aime à revenir quelquefois sur ces temps de son enfance ; mais quand on a jeté un coup d’œil sur des masures ou des palais gothiques, on aime ensuite à se reposer sur les grands monuments de l’architecture moderne.
Ni la grandeur ni la politique du pouvoir ‘anglais dans l’Inde ne permettaient qu’il y eût un péril de martyre pour l’évêque, dont le zèle curieux parcourut même les contrées les moins soumises encore de ce vaste empire ; mais le sacrifice était dans cet effort même, dans les tristesses et l’activité dévorante de ce zèle trop faible encore pour tant de misères humaines.
Henri de Régnier consacre une curieuse pièce de souvenirs qu’il faut nommer hypothétiques. […] Dans ceux du monde orléaniste à Paris, il pourra observer, causer, connaître des types curieux, des hommes célèbres, de jolies femmes. […] Pierre Bezouchov est un peu plus curieux, un type de Slave irrésolu, très bon, mais très fou, flottant à tous les vents. […] On peut certes discuter Tolstoï, mais sa grande et curieuse personnalité s’impose. […] Mais je crains que Maeterlinck, assurément curieux, ne le soit pas avec un parfait désintéressement intellectuel.
Il y a là, sur les jacobins, disciples de Lycurgue et imitateurs des Spartiates, des remarques bien curieuses. […] Là, nous fûmes entourés d’une foule curieuse ; les jeunes gens surtout nous souriaient avec complaisance, plusieurs nous serrèrent secrètement la main. […] Dans les premières conversations d’Eudore et de Cymodocée, l’impression est curieuse. […] Et il suivait aussi son instinct et son goût de voyageur et de navigateur, et son humeur curieuse et surtout inquiète. […] Ce caractère est curieux.
C’est à peine si les curieux de littérature périmée ouvrent encore les recueils de Théophile Silvestre, de Thoré, de Castagnary, de Paul Mantz. […] Même (et cette démonstration n’est pas la partie la moins piquante du curieux livre de M. […] Avez-vous remarqué, à Paris surtout, les cercles de curieux qui se forment autour des entreprises de démolitions ? […] On y trouve des anecdotes curieuses, racontées avec une spirituelle bonhomie. […] Très curieuse, cette Lère !
De même que « Dieu est mort » ; mais a laissé des « ombres », ces ombres métaphysiques dont nous avons parlé plus haut, de quoi l’humanité ne pourra peut-être pas se débarrasser d’ici à des milliers d’années ; de même il est curieux de voir quelles ombres aussi a laissées le Christianisme. […] « Nous retournons d’une curieuse façon le rapport entre la cause et l’effet, et il n’y a rien peut-être qui nous distingue plus foncièrement des anciens croyants en la morale. […] Il faudrait, pour qu’elle eût un sens : 1° « qu’il fût possible de déterminer ou de changer le sentiment de la divinité » ; 2° « que celui qui prie sût bien ce qui lui manque et ce qu’il lui faut. » Chose curieuse, le Christianisme ! […] C’est très curieux. […] Il veut que l’État, chose curieuse, soit tout et ne fasse rien, en quoi, bien que ce soit un peu burlesque, il a raison ; car pour que l’espèce supérieure soit réprimée et diminuée, il faut que l’État, constitué par la pluralité plébéienne, soit tout ; et pour que l’État ait les vertus, les idées et les sentiments et les mœurs de la pluralité plébéienne, il faut qu’il ne fasse rien.
Vous aurez, je crois, la certitude que Sainte-Beuve, si curieux pourtant, n’avait pas lu d’Aubignac. […] Il va déprécier le plus grand nom de la poésie antique ; on l’accusera de « malignité » : mais il répond que tout simplement il offre les résultats d’une « recherche honnête et curieuse ». […] M. de Planhol ne voit-il pas qu’un dogmatisme si impérieux et absolu recommande le scepticisme et le recommande, non seulement aux idéologues badins, mais aux plus zélés et curieux amis de l’exacte vérité ? […] Il a repris chair, il se fortifie tous les jours, l’enjouement lui revient, il ne demande plus qu’à rire… » Flaminia regrette une tendre mélancolie dont l’amour était curieux. […] Je voudrais que la littérature consentît à être un peu plus réfléchie, moins nerveuse et impatiente, moins curieuse de nouveauté singulière.
Quelle étude curieuse on écrirait sur la grandeur et la décadence du terme créé en France par Barrès et son entourage boulangiste ! […] Or voici une remarque importante et curieuse. […] Le parti et la doctrine de la nation Le nationalisme, dont le nom, les attitudes et les doctrines sont dus à Barres et à d’anciens boulangistes, appartient aujourd’hui à l’idéologie réactionnaire, et, par un curieux renversement, ce mot, discrédité devant l’électeur, noté de dextrisme et de réaction, évité avec soin par les politiques, ne figure plus que sur le titre du journal royaliste : l’Action française, organe du Nationalisme intégral. […] Théoricien du royalisme, Maurras n’a pas eu tort d’attacher, avec une insistance curieuse, grande importance à ce cri du vieux républicain Ranc : « Vive la France, mais la France de la Révolution, de la justice et du droit ! […] Il est curieux que M.
Cet animal jouait un rôle curieux, non point par antithèse, à la façon de Sancho avec don Quichotte, mais au contraire en qualité de reflet ou d’écho parodique. […] Sa pensée n’en a pas moins porté des fruits, et il est curieux de constater que nos sympathies, à nous, vont aux plus fermes champions de la stricte observance. […] Cette étude sur Sully Prudhomme est d’ailleurs très curieuse. […] Ce mélange de frénésie apocalyptique et de délire stercoraire fournit pourtant un spectacle curieux, auquel il vaut la peine d’assister, en se bouchant le nez. […] L’empereur de Chine descend aux enfers pour conjurer les malheurs dont souffre son peuple, persécuté par les morts qui sortent de leurs tombes comme dans le curieux roman de Mrs.
À l’École normale, il se révélait observateur, curieux de faits, et, au témoignage de ses amis, il possédait sur fiches une encyclopédie. […] De ces pays tant de fois explorés et, quelques-uns, tant de fois racontés, l’auteur d’Aziyadé revient avec des impressions inédites ; son œil de peintre y a découvert des formes nouvelles, et sa sensualité curieuse, des perversités neuves. […] Nous tenons le dernier carnet, mince de texte, mais non point méprisable, curieux même et instructif par les pages descriptives qu’il contient, surtout par les révélations qu’il nous livre sur les hésitations de début et les tâtonnements des plumes jumelles qui le remplirent. […] Si intelligente qu’on l’imagine, et curieuse, et attentive, l’inaction éteint la vie. […] Curieux ensemble de qualités et de travers ; autrement préparé, il n’aurait pas cette vigueur, cet essor.
La lettre est adressée à Madame la maréchale***, qui est probablement Mme de Clérembaut, fille de M. de Chavigny, personne d’esprit et qui passait pour extrêmement savante : « Puisque vous êtes si curieuse, madame, que de vouloir apprendre tout ce qui se passa au rendez-vous d’avant-hier, j’aurai tantôt l’honneur de vous voir et de vous en dire jusqu’aux moindres circonstances. […] Si vous me voulez croire, madame, vous goûterez les raisons d’un si parfaitement honnête homme, et vous ne serez pas la dupe de la fausse honnêteté. » Dans ce curieux discours, qui semble renouvelé d’Aristippe ou d’Horace, on a pu relever au passage bon nombre de pensées toutes faites pour courir en maximes ; on a dû sentir aussi par instants quelques-unes des idées familières au chevalier, qui se sont glissées comme par mégarde dans sa rédaction, mais tout aussitôt le pur et vrai La Rochefoucauld recommence.
Benvenuto Cellini (1re partie) I Êtes-vous curieux de vivre quelques heures d’une vie intime et confidentielle avec les Raphaël et les Michel-Ange, qui nous paraissent aujourd’hui des hommes de la Fable ? […] Lucagnolo, impatient de savoir ce que j’avais reçu, en présence de ses garçons et d’autres voisins qui étaient curieux de voir la fin de notre contestation, prit son sac avec un sourire moqueur, et le versant avec grand bruit sur l’atelier, nous fit voir vingt-cinq écus de monnaie : moi qui étais piqué des cris d’étonnement de la compagnie, et de ses mauvaises plaisanteries, j’entrouvris mon sac ; et, voyant qu’il était rempli d’or, les yeux baissés, sans dire mot, je le soulevai en l’air avec deux mains ; et le faisant bruire comme la trémie d’un moulin, j’en fis sortir en or la moitié plus d’argent que lui ; de sorte que ceux qui d’avance se moquaient de moi se mirent à crier : Lucagnolo, la monnaie de Benvenuto est plus belle que la tienne !
Après nous être un peu promenés seul à seul, Au pied d’un marronnier ou sous quelque tilleul Nous vînmes nous asseoir, et longtemps nous causâmes De nous, des maux humains, des besoins de nos âmes ; Moi surtout, moi plus jeune, inconnu, curieux, J’aspirais vos regards, je lisais dans vos yeux, Comme aux yeux d’un ami qui vient d’un long voyage ; Je rapportais au cœur chaque éclair du visage ; Et dans vos souvenirs ceux que je choisissais, C’était votre jeunesse, et vos premiers accès D’abords flottants, obscurs, d’ardente poésie, Et les égarements de votre fantaisie, Vos mouvements sans but, vos courses en tout lieu, Avant qu’en votre cœur le démon fût un Dieu. […] Il a fait comme un possesseur puissant qui, apercevant hors du parc quelques petites chaumières, quelques cottages qu’il avait jusque-là négligés, étend la main et transporte l’enceinte du parc au-delà, enserrant du coup tous ces petits coins curieux, qui à l’instant s’agrandissent et se fécondent par lui.
Peut-être peut-on supposer un peu plus longue l’opération de mémoire essentielle à la parfaite compréhension de l’œuvre pour un esprit toujours gouverné par la pensée générale et curieux aussi des lignes arabesques dont elle s’agrémente ou à dessein se travestit. […] Il est curieux de suivre dans l’ondoyante histoire des poètes leurs luttes contre le divin sphinx qui garde encore le dernier mot du secret.
Vivons la vie de Tous, devenons l’Humanité : cette règle Wagnérienne explique, seule, les cinq prétextes moraux que donne Tolstoï aux curieux de la joie. […] Mais non un compromis d’élégante prose plus exacte : l’entière concordance du mot sous le mot, de l’archaïsme sous l’archaïsme, du néologisme sous le néologisme, de l’expression contournée, obscure, bizarre, sous l’expression contournée et obscure et bizarre, d’une phraséologie françaisement allemande sous la phraséologie du langage allemand ; chaque mot allemand scruté dans ses primitives racines et rendu par l’équivalent français également scruté, — oui, la traduction des mots suivant leur originelle et étymologique signification, rigoureuse ; et, nettement délimité, amené en son ordre, chaque vers, portant son accent propre, une vie et une puissance spéciales, spéciales à lui ; et, encore, — si cela est possible, — l’allitération et le rhythme des syllabes reproduits, l’aspect sonore du vers51 ; le décalque, en mots français, des mots Wagnériens… C’est l’œuvre qu’il faut essayer, l’œuvre modeste après les grandes, populaires et célèbres traductions vulgarisatrices ; l’œuvre intéressante à quelques rares curieux de l’œuvre Wagnérienne ; l’œuvre de petite renommée ; parmi les multiples éditions promises aux poèmes de M.
Si vouloir traduire littéralement et rhythmiquement est chimérique, les curieux ce l’original s’efforceront à entendre l’original ; qu’ils y soient aidés, certes, par une version non musicale enseignant la puissance des mots et reflétant la couleur des phrases : et ils avanceront, plus grandement, dans l’intelligence du poème. […] En somme, malgré des innovations de Langage partielles et un peu fantaisistes, c’est une très curieuse et louable ébauche méritoire, du moins, par le souci visible d’une théorie littéraire.
Chose curieuse, ces photographies ont un caractère individuel très marqué, et en même temps une pureté de lignes qui les rend souvent plus agréables à voir que les portraits primitifs. […] Ce qui est plus curieux encore, ce sont les images typiques d’assassins, de voleurs, de fous, etc.
Les chinois si curieux des peintures de leurs païs, ont peu de goût pour les tableaux d’Europe, où, disent-ils, on voit trop de taches noires. […] Ils sont l’ouvrage d’historiens judicieux qui nous racontent avec sens beaucoup de faits importans et curieux, que nous ne tenons que de leurs récits.
Ce n’est donc pas tout à fait un désavantage pour Racan de s’en être tenu dans sa peinture à des images plus générales et plus larges : il y a gagné de produire une inspiration plus uniment champêtre, et sa pièce, moins curieuse pittoresquement que celle d’Horace, a bien plus de naïveté.
Il est curieux de voir Gibbon devenu chaleureux comme un Burke, et levant la main pour l’Arche de la Constitution comme un Fox et comme un Macaulay84.
Il y avait parmi ces premières élèves et maîtresses de Saint-Cyr une Mme de La Maisonfort, femme distinguée, esprit curieux, amoureux des recherches, et qui était faite pour un tout autre cadre que celui qu’elle s’était choisi ; elle ne pouvait se résoudre à renoncer à la tendresse de son cœur, à la délicatesse de son esprit et de son goût.
Toute cette première partie de la vie et de la jeunesse de Madame serait curieuse et importante à bien établir : « J’étais trop âgée, dit-elle, quand je vins en France, pour changer de caractère ; la base était jetée. » Tout en se soumettant avec courage et résolution aux devoirs de sa position nouvelle, elle gardera toujours ses goûts allemands ; elle les confessera, elle les affichera en plein Versailles et en plein Marly, et cette cour, qui était alors la règle de l’Europe, et qui donnait le ton, aurait pu s’en choquer si elle n’avait mieux aimé en sourire.
Ce qui est plus curieux, c’est une note qui se trouve à la page 275, où il est dit : « L’auteur a fait ce qu’il a pu pour ôter les répétitions qui étaient sans nombre dans les Lettres originales. » Il paraît que Beyle a voulu se ménager une excuse contre le reproche de plagiat ; mais alors pourquoi n’a-t-il pas donné cette indication en tête du livre, dans quelques mots servant de préface ?
Mais, à défaut de ce qu’on a appelé le bonheur curieux d’expression, le curiosa felicitas d’Horace, qu’on sent trop échapper ici, on a chez lui la suite, des parties de force, de fermeté, et, dans les Épîtres et Satires, le courant facile et plein du bon sens.
On se surprend à dire : Quelle nature vive, folâtre, pleine de gentillesse, curieuse et ouverte à toute impression, quand elle n’est pas sombre !
De nos jours, des essais ont été tentés dans ce genre intime, familier, et pourtant relevé d’art, et qui a besoin d’un détail curieux et de fini.
Le roi entra au Parlement : M. d’Argenson et moi, dit le président Hénault, nous nous étions mis à côté l’un de l’autre, fort curieux de savoir si le cardinal aurait fait usage de mon travail, si le garde des sceaux (d’ArmenonvilIe) aurait consenti à adopter un discours qu’il n’avait pas composé ; enfin si M. le premier président (de Mesme) en aurait fait autant.
Il est curieux de voir, à cette fin de campagne, l’impatience du vieux guerrier qui, arrivé toutefois à son but pour la politique, frémit de colère de n’avoir pu frapper un dernier coup, et de se voir obligé à remettre l’épée dans le fourreau sans s’être vengé une bonne fois de ses ennemis dans une bataille : « En fait de campagne, disait-il en se jugeant avec une sorte d’amertume, nous n’avons fait (cette fois) que des misères55. » Dans les années qui suivent, on retrouve Frédéric et le prince Henri en conversation par lettres, en discussion philosophique sur les objets qui peuvent le plus intéresser les hommes, la religion, la nature humaine et le rang qu’elle tient dans l’univers, les ressorts et mobiles qui sont en elle, et les freins qu’on y peut mettre.
Édouard Fournier, qui s’est chargé de classer les lettres et d’assigner à chacune sa date la plus probable, s’est acquitté de ce soin avec une ingénieuse patience ; il a joint au texte tous les éclaircissements désirables et quantité d’annotations curieuses, grâce aux variétés de son érudition.
Que celui qui a du loisir examine, s’il est curieux, le point en question !
L’abbé Le Dieu est de la race et de l’espèce de Boswell, tel que Macaulay nous a défini ce curieux et plat espion-biographe de Johnson, sans délicatesse, sans discrétion, sans tact, sans sûreté, et avec tout cela, et à cause de tout cela, biographe incomparable.
[NdA] Les curieux peuvent aller chercher dans L’Ami des hommes (3e partie, chap. 8), une certaine comparaison qu’il fait de lui et de Montesquieu ; il ne s’y flatte pas.
. — Je dirai bientôt quelles obligations particulières j’ai à un autre investigateur curieux et érudit, M.
Il parlait avec tant de grâce, tant de feu, tant de majesté, souvent une heure durant, il s’énonçait en si beaux termes, tantôt latins, tantôt français, et disait de si belles choses, si curieuses, si recherchées, que les gens qui n’étaient venus qu’à dessein de le critiquer (ils étaient sans doute en grand nombre) ne pouvaient s’empêcher d’admirer son érudition et de se récrier comme les autres sur sa mémoire.
Amateur et curieux, un peu paresseux comme le sont volontiers les causeurs, il avait plus d’esprit et de finesse que d’ambition, et était plus fait pour la société et le dilettantisme que pour la gloire.
Que je suis curieuse de savoir comment elle se tirera de la société de ce pays !
Veut-on voir ce tableau d’une teinte adoucie et riche encore, agreste et fumeux, plein de vie, curieux à observer après les splendeurs et les stupeurs torrides du Sahara : « On dansait devant la grille de la ferme sur une esplanade en forme d’aire, entourée de grands arbres, et parmi des herbes mouillées par l’humidité du soir comme s’il avait plu.
Les curieux sauront bien d’eux-mêmes trouver les plus jolies ; quelques-unes des plus gaies, comme celle de Marotte, sont inséparables de l’à-propos et de la circonstance.
Il est plein de connaissances qu’il doit aux recherches curieuses qu’il a faites ; j’ai cru m’entretenir avec la Providence.
Quand il fonda le journal le Monde avec ce même Charles Didier, George Sand et Liszt, on eut un curieux spectacle : c’étaient assurément tous nobles esprits ou talents, pris chacun en soi et individuellement ; mais l’alliance, il faut en convenir, était étrange.
Il est curieux de voir en quels termes était conçue la démission adressée par Jomini çà ce dignitaire tout-puissant, le plus élevé dans l’ordre militaire.
Ce moment est indiqué dans le curieux carnet autrefois cité par M.Loève-Veimars, et dont il existe plus d’une copie ; voici les termes : « Départ pour l’Allemagne, 15 mai 1811. — Un tout autre atmosphère. — Plus de luttes. — Charlotte contente.
« Toutes les histoires de l’Astrée ont un fondement véritable, « mais l’auteur les a toutes romancées, si j’ose user de ce mot. » C’est Patru qui dit cela (Œuvres diverses, tome II) dans ses curieux éclaircissements sur l’ouvrage de D’Urfé.
Dans une lettre à Brossette, on lit encore ce curieux passage : « L’autre objection que vous me faites est sur ce vers de ma Poétique : De Styx et d’Achéron peindre les noirs torrents.
On n’est donc curieux que des ouvrages qui peignent les caractères, qui les mettent en action de quelque manière, et l’on n’admire que les écrits qui développent dans notre cœur la puissance de l’exaltation.
Je me vois transporté dans ces belles contrées, et parmi ces ruines sacrées pour y recueillir, avec les plus curieux monuments, l’esprit même de l’antiquité.
La théorie développée dans ce curieux opuscule a laissé des traces dans l’Esprit des Lois, mais des traces éparses et confuses, recouvertes sans cesse par un système différent, dont le fond est cette idée chère à Montesquieu que de la construction de la machine législative dépend la destinée des peuples, et qu’un rouage ôté ou placé à propos sauve ou perd tout : or qu’y a-t-il de plus contraire au fatalisme politique que la superstition sociologique, la foi aux artifices constitutionnels ?
Ceci est un trait notable du caractère parisien curieux, gouailleur et naïf ; c’est peut-être quelque reste atavique d’une inclination, jadis normale, aux temps de vie plus chatoyante ; c’est surtout badauderie.
Ceci est un trait notable du caractère parisien curieux, gouailleur et naïf ; c’est peut-être quelque reste atavique d’une inclination, jadis normale, aux temps de vie plus chatoyante ; c’est surtout badauderie.
Pourquoi tout le monde connaît-il Britannicus ou Andromaque, tandis que vingt ou trente curieux tout au plus s’avisent de lire aujourd’hui la Judith de Boyer ou le Germanicus de Pradon ?
Thiers est arrivé, sur ce point de l’entreprise d’Espagne étudiée dans son origine, à un résultat des plus curieux et des plus satisfaisants pour l’histoire comme pour la morale.
Prononcez le nom d’Héloïse, de La Vallière, chacun les connaît et pourtant est curieux d’en entendre parler encore.
Barnave donne le petit tableau suivant, qui est curieux en ce qu’il offre une sorte de statistique ou d’échelle de la popularité dans cette première période révolutionnaire : Necker est le premier qui, de notre temps, en France, ait joui de ce qu’on appelle popularité. — Elle s’attacha à La Fayette, lors de la création de la Garde nationale.
Avant Diderot, la critique en France avait été exacte, curieuse et fine avec Bayle, élégante et exquise avec Fénelon, honnête et utile avec Rollin ; j’omets par pudeur les Fréron et les Desfontaines.
On vit donc en Fontenelle, presque dès l’enfance, un bel esprit déjà compliqué et très compassé, faisant des vers latins ingénieux et subtils, puis des vers français très galants, n’ayant de goût que pour les choses de l’intelligence et de la pensée, y portant une analyse curieuse, une expression fine et rare30.
Il rasait bien, il chantait mieux, et peu à peu chalands et curieux de venir, si bien qu’un peu d’aisance, un petit ruisselet argentin, comme il dit, le visita, lui le premier de sa race, et qu’il devint même propriétaire de sa modeste maison.
Rien n’est curieux comme cette sorte de charte, ou plutôt de loi spartiate et hébraïque, que M. de Bonald méditait d’imposer aux écrivains, et cela pendant les plus grandes saturnales de la presse, en plein Directoire.
Il est curieux de voir, en lisant ce morceau, de combien de bévues, aux yeux des érudits de profession, se compose une gloire littéraire et populaire.
On dirait d’un médecin curieux qui décrit avec amour la maladie, cette maladie qu’il a toujours le plus désiré voir de près ; évidemment il aime mieux la voir que la guérir : Il paraît un peu de sentiment, dit-il en parlant du corps abattu de l’État, une lueur ou plutôt une étincelle de vie ; et ce signe de vie, dans les commencements presque imperceptible, ne se donne point par Monsieur, il ne se donne point par M. le Prince, il ne se donne point par les grands du royaume, il ne se donne point par les provinces ; il se donne par le Parlement, qui, jusqu’à notre siècle, n’avait jamais commencé de révolution, et qui certainement aurait condamné par des arrêts sanglants celle qu’il faisait lui-même, si tout autre que lui l’eût commencée.
Ces jeux d’esprit trouvaient beaucoup de curieux et d’oisifs qui s’en amusaient chaque matin sous le Consulat et sous l’Empire.
L’analyse de ces sentiments compliqués et divers qui sont aux prises au sujet de cet enfant mystérieux, ces trois situations de la mère, du fils et du père, sont démêlées avec une rare finesse et indiquées avec une sûreté de trait un peu sèche, mais curieuse et bien sentie.
Je suis assez content de cela. » Voilà bien l’écrivain dans l’homme politique, le littérateur que son soin curieux n’abandonne jamais.
Ils restent jeunes plus longtemps : on les retrouve frais et curieux, agréables et nullement chagrins dans leur vieillesse.
Et parlant du grand ouvrage que Montesquieu préparait depuis vingt ans, M. d’Argenson ajoutait : J’en connais déjà quelques morceaux qui, soutenus par la réputation de l’auteur, ne peuvent que l’augmenter ; mais je crains bien que l’ensemble n’y manque, et qu’il n’y ait plus de chapitres agréables à lire, plus d’idées ingénieuses et séduisantes, que de véritables et utiles instructions sur la façon dont on devrait rédiger les lois et les entendre… Je lui connais tout l’esprit possible ; il a acquis les connaissances les plus vastes, tant dans ses voyages que dans ses retraites à la campagne ; mais je prédis encore une fois qu’il ne nous donnera pas le livre qui nous manque, quoique l’on doive trouver dans celui qu’il prépare beaucoup d’idées profondes, de pensées neuves, d’images frappantes, de saillies d’esprit et de génie, et une multitude de faits curieux, dont l’application suppose encore plus de goût que d’étude.
Franklin imagina un moyen de le gagner sans sollicitation ni bassesse, et ce moyen, ce fut de se faire rendre un petit service par lui : Ayant appris, dit-il, qu’il avait dans sa bibliothèque un certain livre très rare et curieux, je lui écrivis un mot où je lui exprimais mon désir de parcourir ce volume, et où je demandais qu’il me fît la faveur de me le prêter pour peu de jours : il me l’envoya immédiatement, et je le lui renvoyai au bout d’une semaine avec un autre billet qui lui exprimait vivement ma reconnaissance pour cette faveur.
Il l’a été d’autant plus dangereusement qu’il y a porté la sincérité de sa manie et un curieux arrangement de détail : il a groupé et construit sur le compte de son ancien ami quantité de minuties et de misères, pour en faire des indignités.
Ceux qui seraient curieux de lire en entier ce petit chapitre le trouveront au tome XV des Œuvres de M.
Il est curieux de constater cette puissance de la poésie aux pays où la sauvagerie est la plus épaisse, particulièrement en Angleterre, dans cette dernière profondeur féodale, penitus toto divisos orbe Britannos.
C’est peut-être le Paraguay qui offre l’un des plus curieux exemples de ce fait.
De tels faits sont curieux.
Si j’avais été un homme sensé, mon intelligence aurait succombé, mais fou comme j’étais, le contraire eut lieu, et, chose curieuse !
Dans les écrits que nous avons de lui, mêlés, à grandes doses, de lumière et d’ombre, sa supériorité n’existe pas toujours au même degré ; mais quand elle existe, elle est absolue, et nul, parmi les moralistes chrétiens qui retournent le cœur et l’esprit de l’homme dans leurs mains curieuses, n’a montré plus d’acuité que cet homme tyrannisé par ses facultés et préoccupé tellement de voir, que, pour lui, l’absence de seconde vue est le caractère irrémissible de ce qu’il haïssait le plus au monde, — la Médiocrité !
Pensait-il obtenir de la victoire des Alliés la réalisation des projets si curieux, qui ne vont pas sans grandeur, du docteur Herzl, ou plus simplement et plus sûrement voulait-il augmenter par des sacrifices la force morale, l’autorité d’Israël ?
Maître à la fois de l’Allemagne, du royaume de Naples et de la Sicile, savant lui-même dans les langues anciennes et dans l’arabe, curieux d’Aristote comme d’Averroès, il fondait à Palerme une académie pour la langue vulgaire ; il y inscrivait et lui-même et ses deux fils, Enze et Mainfroy, tous deux faisant des vers, sans que le génie politique du dernier fût moins perfide et moins cruel.
Ceux-là sont fort curieux… De même il dut y avoir, au premier âge de notre race des anthropoïdes qui, à peine devenus des hommes, regrettaient la queue prenante du chimpanzé que fut leur ancêtre. […] Curieuse de correspondances significatives entre l’homme et la nature, elle recherche une expression des choses et des êtres plus profonde, moins confinée dans la sensation pure, pénétrée d’idées. […] Leurs réflexions sont souvent curieuses, leurs jugements exacts et bien formulés. […] C’est l’indice d’une cristallisation mentale curieuse, À travers le fatras de ce Journal, on trouve tout de même deux ou trois jugements justes. […] Le Blond étudie ensuite l’art artificiel qu’il dénonce, très exactement, curieux, avant tout, de sensations recueillies aux musées et aux bibliothèques, à l’exclusion des êtres et des paysages.
Edmond et Jules de Goncourt sont auteurs d’un livre que j’ai franchement loué, et dont j’ai cité quelques fragments fort curieux dans ce journal. […] Voilà bien des raisons d’être indulgent à une publication qui n’a pas réussi, et l’on s’explique difficilement ensuite le motif qui a pu pousser M. de Pontmartin à l’achever à coups d’épithètes irritées ou dédaigneuses, en l’appelant une œuvre bizarre, une mystification, une gageure, une attrape pour les curieux, un désastre pour l’auteur, un livre mal écrit et qui nous donne le dernier mot d’un mauvais genre et d’une mauvaise littérature, une œuvre monstrueuse, qui, heureusement, porte avec elle un préservatif qui sera toujours très puissant en France : l’ennui . […] Aussi friands de petits scandales que prompts à nous en effaroucher, curieux comme un écolier, cyniques comme un laquais, hypocrites comme une vieille fille, nous lisons d’un œil et nous pleurons de l’autre. […] Dumas fils a écrit cette curieuse comédie dans le style du Demi-Monde littéraire, et avec son esprit jeune jusqu’à la gaminerie, bien portant jusqu’à la pléthore… la santé est un des caractères distinctifs du talent de M.
La vie passionnelle de Jean-Jacques est bien curieuse et bien triste. […] Le parti auquel il s’arrêta, ce parti dont devait dépendre le reste de son œuvre et de sa vie, il serait vraiment curieux que Rousseau ne l’eût pris que par un hasard et sur le conseil d’un autre. […] Cette petite femme ardente est curieuse de Rousseau. […] Notons ici un assez curieux exemple de la diversité des jugements humains. […] C’est assez curieux.
Mais quand la vaste jeunesse ouvre devant vous ses horizons illimités, on ne se doute pas que le présent prodigué avec tant d’insouciance peut un jour devenir de l’histoire, et l’on perd sur le bord de la route bien des témoignages curieux. […] Le cabaret — car c’en est un — n’a rien de curieux en lui-même et n’est pas même pittoresque. […] Avez-vous remarqué que les livres curieux et devenus rares ont des jambes comme les petits bateaux sur lesquels l’enfant consulte son père, car s’ils n’avaient pas de jambes, ils ne marcheraient pas, et resteraient tranquillement sur le rayon de bibliothèque où on les a précieusement serrés entre deux livres de mœurs honnêtes et de reliure convenable. […] La foule entre de plain-pied dans un intérieur fermé jusque-là, et qui ne s’ouvrait qu’à la parenté ou qu’à l’amitié ; elle se promène partout, avide et curieuse, surtout si la mort a joui de quelque célébrité, profanant les recoins secrets, bourdonnant autour de l’autel des lares domestiques. […] Ce n’était pourtant qu’un aimable et spirituel viveur, causeur charmant et toujours prêt, un Parisien de Marseille, comme Méry et Gozlan, curieux de toutes les élégances, et qui aurait pu être, si la paresse érigée en principe et les distractions des plaisirs et des affaires ne l’en avaient empêché, un écrivain original et remarquable.
Je la veux indulgente et curieuse, vite émue, sensible, heureuse de voir augmenter la quantité des œuvres belles ou jolies, prompte à signaler ses trouvailles. […] Ou sont-ils attachés à elle, dévots et curieux ? […] Mais il est curieux. […] Ainsi, notre curiosité n’est pas simplement curieuse ; il s’agit, écrivait Pascal, de notre tout. […] Les écrivains d’alors se montrèrent moins curieux de la beauté que de l’activité politique.
Avec cela, prenez-le comme curieux et causant de tout, il a bien de l’instruction et de l’agrément. […] Thiers est l’esprit le plus net, le plus vif, le plus curieux, le plus agile, le plus perpétuellement en fraîcheur et comme en belle humeur de connaître et de dire. […] » Au reste, ces opinions exprimées par Thiers ne sont curieuses et ne font autorité que pour témoigner de sa propre nature.
Il y avait joint des lettres dédiées aux « curieux de la langue espagnole. » Le nombre de ces curieux allait croissant84. […] Il faut tâcher que les propositions embellissent le style, que les difficultés l’avivent, que les mystères le rendent curieux, les exagérations saillant, les renchérissements profond, les allusions dissimulé, les métaphores subtil ; que les ironies lui donnent du sel, les sentences de la gravité. » Il est vrai que Gracian ajoute : « A tout cela il faut mêler un grain de justesse ; car la prudence assaisonne tout. » Ce grain lui a plus d’une fois manqué1.
Une telle superstition n’est-elle pas bien curieuse ? […] Le plus curieux, c’est qu’il fut pincé par un de ses partisans, indigné de ce que les guéridons ne se missent pas à courir tout seuls et qu’il fallût pour cela un système d’ailleurs fort ingénieux, de fils invisibles et de mouvements subreptices. […] Les musées d’anatomie qui avaient été plus ou moins prohibés ont refait leur apparition depuis quelque temps et ce sont peut-être les choses les plus curieuses, mais pas les plus courues, qu’on puisse voir là.
C’était donc un curieux spectacle qu’une pareille fête, donnée à notre spirituel compatriote par cette foule d’Anglais à la fois impatients et inquiets de l’entendre, comme si de la bouche de ce jeune étranger, si renommé dans l’Inde pour la maturité de son esprit, devait sortir quelque importante prophétie de la destinée de deux grands peuples. […] Nous voudrions pouvoir citer en entier ce speech vraiment remarquable, le citer dans sa langue, avec tout ce luxe de phraséologie orientale, si éloigné de la manière habituellement simple et précise de Jacquemont, mais qui empruntait du climat, du lieu, de la circonstance, un singulier éclat ; nous voudrions reproduire tout l’effet de ce curieux discours ; mais il est fort long ; c’est tout le programme de cette politique libérale et pacifique qu’a suivie la France depuis la révolution de juillet, et qu’une sorte de divination révélait en ce moment à notre jeune compatriote. […] Je me suis souvent demandé, en lisant ces curieuses lettres, d’où pouvait naître cet incontestable ascendant qu’exercent les Européens sur les indigènes de l’Asie, ascendant tel que la politique bien entendue des gouvernements de ce pays consiste surtout à nous en défendre la frontière ; et j’ai pensé qu’on pouvait l’expliquer par une cause toute générale, la supériorité du bon sens sur l’imagination.
Je vous avoue que je suis infiniment curieux de savoir ce que devient une âme comme la vôtre.
[NdA] Voir à la fin de ce volume l’Appendice où je cite une curieuse scène inédite de Roederer
Et comment, par exemple, n’appellerait-on point précieux un observateur qui vous dit, en voyant dans une foule les figures laides faire assaut de coquetterie avec les figures plus jolies (la page est curieuse et dispense d’en lire beaucoup d’autres ; mais, à côté du bon Marivaux, il faut bien qu’on sache où est le mauvais) : J’examinais donc tous ces porteurs de visages, hommes et femmes ; je tâchais de démêler ce que chacun pensait de son lot, comment il s’en trouvait : par exemple, s’il y en avait quelqu’un qui prît le sien en patience, faute de pouvoir faire mieux ; mais je n’en découvris pas un dont la contenance ne me dît : « Je m’y tiens. » J’en voyais cependant, surtout des femmes, qui n’auraient pas dû être contentes, et qui auraient pu se plaindre de leur partage, sans passer pour trop difficiles ; il me semblait même qu’à la rencontre de certains visages mieux traités, elles avaient peur d’être obligées d’estimer moins le leur ; l’âme souffrait : aussi l’occasion était-elle chaude.
Le maréchal de Richelieu, la marquise de Coislin, le duc de Bouillon, la duchesse de Bourbon, le duc d’Orléans (Égalité), quantité de princes russes, tout ce monde aristocratique aimait à connaître, à rencontrer M. de Saint-Martin, homme de qualité, ancien militaire et, vers la fin, chevalier de Saint-Louis, très protégé des Montbarrey ; et Saint-Martin, doux, poli, curieux, naïf, toujours digne pourtant, s’y prêtait, sans s’exagérer auprès d’eux son genre d’action et d’influence : « J’abhorre l’esprit du monde, disait-il, et cependant j’aime le monde et la société ; voilà où les trois quarts et demi de mes juges se sont trompés. » Il y a un très joli mot de lui sur les gens du monde qu’il faut prendre au vol pour les convertir : Les gens des grandes villes et surtout des villes de plaisir et de frivolité comme Paris, sont des êtres qu’il faudrait en quelque sorte tirer à la volée, si l’on voulait les atteindre.
Ainsi pour le prétendu athée Lalande, ainsi pour l’illuminé Cazotte ; les divers articles de Saint-Martin sur ces personnages et sur plusieurs autres seraient curieux à extraire : Bernardin de Saint-Pierre, de l’Institut, dit-il, me paraît un excellent homme.
Ce qui est plus curieux pour nous, et ce qui d’ailleurs répond bien à l’idée qu’on doit se faire du philosophe et du solitaire de Segrès, c’est cette page qui est tout à fait d’un disciple de l’abbé de Saint-Pierre : Je ne connais aujourd’hui qu’un bon roi en Europe et un bon gouverneur en France, c’est le roi Stanislas, comme souverain de la Lorraine, et mon ami et voisin M. de Vertillac, gouverneur de la petite ville de Dourdan.
Je n’y trouve qu’un fait assez curieux : c’est que Boileau, que La Motte visitait quelquefois, avait été un jour averti par Gacon que le traître à mine si douce était un ennemi irréconciliable des anciens et leur préparait une rude attaque.
Je veux ici (et quoique ce ne soit plus de l’histoire) introduire un témoignage assez inattendu, celui d’un traducteur dès longtemps décrié, mais homme instruit, curieux, et galant homme de son vivant, le bon abbé de Marolles, qui, né en 1600, était âgé de dix ans à l’époque de la mort de Henri IV, et qui conserva toujours un très vif souvenir de ses années d’enfance passées en Touraine.
Laboulaye, ou simplement une exhumation curieuse et en partie utile.
Soyez donc contents une bonne fois d’avoir deux gaillards comme nous. » Et cependant la Correspondance si curieuse, si élevée, un peu trop chargée de métaphysique sans doute, mais aussi animée partout des plus nourrissantes pensées, des plus cordiaux sentiments, entre Gœthe et Schiller, n’a pu être traduite encore et publiée chez nous dans son entier ; on se méfie de notre public, on attend qu’il ait témoigné désirer plus vivement la chose : une regrettable lacune subsiste donc entre cette double traduction, d’ailleurs complète et si satisfaisante, des Œuvres de Gœthe et de Schiller ; le pont n’est pas jeté entre elles.
Esprit de lignée purement française, s’il se trouvait ainsi privé parfois de quelques rapprochements curieux et utiles, il se préserva mieux encore des fausses ressemblances et des confusions dangereuses.
Il y a, à cet endroit, des pages curieuses sur les menaces d’invasion du luthéranisme en Espagne et sur les autodafés qui les réprimèrent (mai 1559).
Lui personnellement n’était que comme le concierge et le portier de ses curiosités et de ses merveilles dramatiques ; sa ménagerie, comme il la nommait, était des plus curieuses : celui qui la montrait était insupportable. » Critiques de profession, trouvez donc mieux que cela !
Chaque érudit ou curieux, selon son besoin ou son caprice, se bornait donc à aller y butiner à son tour ; avec un peu d’étude et d’initiation, on savait bientôt les sentiers, assez pour y trouver ce qu’on désirait, et l’on négligeait le reste.
Mais il est impossible que dans les dictées d’un homme de guerre d’une vocation aussi décidée il n’y ait pas de bonnes et fines remarques de détail (comme chez Montluc en son temps), des observations pratiques utiles au métier et d’autres qui touchent au moral de l’art et qui sont supérieures : Mes Rêveries en sont semées ; Napoléon, en les lisant, y a fait les deux parts10 ; et le comte Vitzthum a raison d’y signaler, à son tour, de bonnes et même de tout à fait belles pages : ainsi l’exposé de la bataille de Pultava, ainsi un curieux récit de l’affaire de Denain au point de vue du prince Eugène11 ; ainsi des réflexions sur la défaite de Malplaquet, sur la déroute de Ramillies ; de singulières anecdotes sur des paniques d’hommes et de chevaux même après la victoire gagnée, racontées à l’auteur par Villars ; mais surtout un admirable endroit sur l’idée du parfait général d’armée que le comte de Saxe avait vu à peu près réalisé en la personne du prince Eugène.
Cet épisode des Mémoires, sans rien apprendre de bien nouveau, est curieux et s’ajoute, pour le confirmer, à ce que l’on connaît de Barnave : « Je savais, dit Malouet, où il en était vis-à-vis du roi ; je savais qu’il y avait de sa part conviction de ses erreurs, désir sincère de les réparer ; mais il ne convenait pas de paraître instruit de ses projets, s’il évitait de s’en expliquer avec moi.
À l’ami qui l’interroge avec une curieuse tendresse, il répond : Et tu veux aujourd’hui qu’ouvrant mon cœur au tien, Je renoue en ces vers notre intime entretien ; Tu demandes de moi les haltes de ma vie ?
Le côté le plus curieux et le plus original d’Ulric Guttinguer, si l’on creusait un peu à fond, serait assurément sa relation avec Alfred de Musset.
Il aurait souhaité voir cette pitié ennoblie par un sentiment plus doux et plus élevé, et la résignation chrétienne du Lépreux l’eût mille fois plus attendri que son désespoir. » — Ce discours dans la bouche de l’ami prendra de la valeur et deviendra plus curieux à remarquer, si l’on y croit reconnaître un écrivain bien illustre lui-même et qu’on a été accoutumé longtemps à considérer comme l’émule et presque l’égal du comte Joseph, plutôt que comme le critique et le correcteur du comte Xavier36.
Vers la même époque, en Angleterre, les auteurs n’étaient pas en condition meilleure et on trouve là-dessus de curieux détails dans les Vies des poëtes par Johnson et les Mémoires de Samuel Pepys.
Eynard s’étonne trop, selon nous, du goût de la curieuse étrangère pour les Voyages du jeune Anacharsis et pour leur aimable auteur.
Voici ce que nous entendîmes murmurer çà et là par nos maîtres, en rentrant curieux des bords escarpés du Rhône à la ville.
Octave Feuillet très curieuse et un peu déconcertante.
Pourvu qu’il réussisse, soit à nous amuser aux dépens des autres, soit à nous rendre plus curieux de nous-mêmes, peu lui importe que nous devenions meilleurs ou qu’il suscite dans notre conscience un trouble salutaire.
C’est un curieux contraste que celui du choc des deux femmes : la lutte d’un pot de terre contre une lasse de fine porcelaine.
On lit à ce propos, dans un journal tenu par un curieux du temps, la note suivante, qui nous donne au juste le ton des contemporains sur Lesage : Lesage, auteur de Gil Blas, vient de donner (janvier 1733) la Vie de M. de Beauchêne, capitaine de flibustiers.
Cette pétulance gesticulante qui paraissait d’abord si curieuse à Paris, et qui le distinguait aussitôt, était vulgaire dans la rue de Tolède et aux environs ; Galiani manquait d’écouteurs et de cercle à lui tout seul : « Paris, s’écriait-il souvent avec l’accent du désespoir après l’avoir quitté, Paris est le seul pays où l’on m’écoutait. » Une fois retiré dans sa patrie, cette patrie qu’il aime pourtant, et dont il est une des curiosités vivantes, il se meurt de paroles rentrées et non écoutées.
Elle fut bientôt de toutes les familiarités et de tous les intérieurs, et sa faveur apparente était assez complète, vers 1710, pour lui mériter de méchants couplets satiriques que les curieux peuvent chercher dans le Recueil de Maurepas.
Il serait curieux d’un autre côté de voir Mme Roland accueillir Condorcet, à son entrée dans le parti, avec méfiance malgré ses mérites, et l’estimer médiocrement recommandable, et Robespierre ensuite le foudroyer avec sévérité du haut de son puritanisme farouche (discours du 7 mai 1794).
On a remarqué qu’il y a de curieux développements et des jeux d’esprit à la Sénèque : par exemple, l’endroit du quatrième acte où Antoine désespéré s’attache à se démontrer à lui-même qu’il a donné raison après coup à toutes les philippiques de Cicéron, et qu’il s’est conduit de telle sorte que les invectives de ce grand ennemi sembleront désormais les propos d’un flatteur : Flatteur !
Physiologiquement, il est curieux de comparer la forme et le volume des deux fronts, celui de Mirabeau qui est l’ampleur même, et celui de La Fayette qui est fuyant.
Parlant de son ami La Motte, et pour caractériser la facilité de ses dons naturels, elle dira : « Ces âmes à génie, si l’on peut parler ainsi, n’ont besoin d’aucun secours étranger. » Le comparant pour ses qualités de fabuliste à La Fontaine, et répondant à ceux qui ont sacrifié l’un à l’autre : « Ils ont cru, dit-elle, qu’il n’y avait pour la fable que le simple et le naïf de M. de La Fontaine ; le fin, le délicat et le pensé de M. de La Motte leur ont échappé. » Le pensé de M. de La Motte est curieux et bien trouvé, mais cela sent la manière.
Il est survenu dans le cours de ce travail, que préparait M. de Cosnac, un incident assez curieux : il a appris qu’il existait un manuscrit de ces Mémoires autre que celui dont il se croyait l’unique possesseur, et d’une rédaction différente, et que ce second manuscrit avait été trouvé à Die par M. le docteur Long.
À peine entré en possession, Voltaire commence, sous tous les prétextes, à recourir au Président et à le harceler : il est curieux de voir, dans cette suite de lettres, comme les intérêts de l’humanité et du genre humain interviennent et sont toujours invoqués à côté des intérêts particuliers les plus minces.
Après quelques incertitudes sur le choix du lieu, il se détermina pour l’Orient, pour ce berceau des antiques religions ; il se mêlait bien encore à son dessein quelque chose de la philosophie curieuse et destructive dont il était fils : cette fois du moins, dans l’exécution, cet esprit négatif ne se donna point carrière comme plus tard.
Enfin, mon frère qui assistait à ces expériences et qui avait sur elle une singulière influence, car elle le confondait avec moi, essaya quelque chose de plus curieux.
Son ironie l’aidait à masquer et enjoliver sa souffrance devant les curieux.
Un curieux genre pudibond tend à prévaloir ; nous rougissons de la façon grossière dont les grenadiers se font tuer ; la rhétorique a pour les héros des feuilles de vigne qu’on appelle périphrases ; il est convenu que le bivouac parle comme le couvent, les propos de corps de garde sont une calomnie ; un vétéran baisse les yeux au souvenir de Waterloo, on donne la croix d’honneur à ces yeux baissés ; de certains mots qui sont dans l’histoire n’ont pas droit à l’histoire, et il est bien entendu, par exemple, que le gendarme qui tira un coup de pistolet sur Robespierre à l’Hôtel-de-Ville se nommait La-garde-meurt-et-ne-se-rend-pas.
Voyez ce Clément qui s’était surnommé lui-même l’hypercritique, et qui eut pour profession de mordre et de dénoncer Diderot, il disparaît et s’efface, quoique né à Genève, dans le Clément de Dijon, confesseur de Mesdames, dans le David Clément, auteur de la Bibliothèque curieuse, dans le Clément de Baize, bénédictin de Saint-Maur, et dans le Clément d’Ascain, capucin, définiteur et provincial du Béarn.
Quinze ans plus tard, on assiste à ce spectacle curieux, d’anciens libertaires, — nous parlerons au sens littéraire, — redevenus les gardiens de la tradition, tandis que le public commence à admettre des innovations désormais caduques.
Mais une chose dont je suis bien curieux et que je saurai peut-être un jour, c’est si ce luxe de vêtement est commun dans les campagnes de Russie.
Ceux qui seront curieux de voir dans quels détails les anciens étoient entrez sur cette matiere, et jusques à quel point ils avoient porté leurs vûës, peuvent lire le quatriéme chapitre du neuviéme livre de Quintilien, l’orateur de Ciceron et ce que Longin a écrit du choix des mots, du rithme et du métre dans son traité du sublime et dans ses prolégomenes sur l’enchiridion d’éphestion.
Les armes même dont il était curieux, — mais non à la manière des artistes et des antiquaires, — il ne les aimait que parce qu’elles sont des forces ajoutées à la force humaine, dormant pour s’éveiller, quand il le faut, sous notre main.
ce n’est pas là, comme on pourrait le croire, la partie la moins curieuse et la moins importante de l’ouvrage de Cassagnac.
Thierry a entreprise, et devant lesquelles on ne trouve qu’une biographie, curieuse, si on veut, mais étriquée, sourde, aveugle et muette !
Travail nécessaire, qui aurait été curieux, attendu que, jusqu’ici, il n’a été fait encore par personne appartenant à l’opinion religieuse de M.
Après tout, je l’ai dit et j’insiste, c’était un homme d’esprit et de talent, auquel on pardonnait ses prétentions, ses affectations, ses bouches-en-cœur intellectuelles, son cailletage, son maquillage, tout ce qu’il devait aux bas-bleus au sein desquels il a toute sa vie mitonné, et on les lui pardonnait parce qu’il aimait l’esprit avec la passion vraie qui fait tout pardonner, parce qu’il avait l’humeur facile, la bonne humeur, le goût large sans bégueulisme, l’appétit fringant des faits curieux et des idées nouvelles, et la dégustation des nuances.
Elle était avant lui, avant qu’il publiât son très curieux livre des Colifichets.
C’est véritablement une œuvre curieuse à contempler aujourd’hui que cette vaste série de bouffonneries historiques qu’on appelait la Caricature, grandes archives comiques, où tous les artistes de quelque valeur apportèrent leur contingent.
Dans un curieux essai intitulé A chapter on dreams, Stevenson nous apprend que ses contes les plus originaux ont été composés ou tout au moins esquissés en rêve.
Il serait peut-être curieux de chercher comment l’éloquence, perdue depuis tant de siècles, après avoir régné à Athènes, à Rome et dans Byzance, reparut au bout de douze cents ans chez les descendants des Celtes, et dans un pays où il n’y avait ni liberté à venger, ni intérêts d’état à défendre.
Voici un autre passage bien plus curieux et bien plus étonnant, plein d’exagérations plus fortes, et qu’on ne pardonnerait pas à tout autre que Corneille : « Il faut, monseigneur, que tous ceux qui donnent leurs veilles au théâtre publient hautement avec moi que nous vous avons deux obligations très signalées : l’une d’avoir ennobli le but de l’art, l’autre de nous en avoir facilité les connaissances. […] C’est à cette occasion que Corneille s’engage dans quelques détails d’une naïveté curieuse : on est étonné de trouver en un si grand homme tant de modestie et de simplesse. […] Il est curieux de voir un cardinal de l’Église romaine consoler la scène des rigueurs de l’Église : ce trait mérite sa place dans l’histoire de l’esprit humain. […] On n’a peut-être jamais été fort curieux de savoir pourquoi Corneille avait composé Pompée : il a sans doute obéi à l’impulsion de son rare génie quand il a conçu l’idée de remplir une tragédie du nom d’un héros mort, et de montrer au spectateur, dans des narrations, ce qu’il ne pouvait pas exposer à ses yeux. […] Venons maintenant à la raison pour laquelle Corneille a composé le Menteur ; elle est encore plus curieuse.
En 1612, il fit représenter une tragi-comédie intitulée la Force du sang, tirée d’une nouvelle de Cervantes ; or, voici la contexture de cette production curieuse. […] Les auteurs qui remplissent cette période transitoire, aussi bien que leurs œuvres, sont curieux à observer. […] Le bruit de cette tragédie parvint aux oreilles de Richelieu qui fut curieux de l’entendre et manda l’acteur au Palais-Cardinal. […] Parmi les nombreuses tragédies de Quinault, nous citerons : les Rivales (1653), pièce copiée de Rotrou et à laquelle se rattache une anecdote assez curieuse et un usage qui a prévalu depuis lors. […] — Anecdotes. — Énée et Lavinie (1690). — Bellérophon (1719). — Anecdotes curieuses. — Endymion (1731). — Couplets.
Il sera curieux et profitable pour nous, messieurs, d’apprécier à cette mesure la société de l’ancien régime. Il sera curieux de voir comment on envisageait alors et comment on traitait le mariage, le pouvoir paternel, l’obéissance filiale, tout ce qui constitue la famille. […] Aussi, après avoir vu quelle influence la richesse exerce sur madame Bovary, il est curieux d’observer comment elle agit sur M. […] Tout est curieux dans les Mémoires sur les Grands-Jours, le style, le sujet et l’auteur. […] La Bruyère, dans son chapitre Des Femmes, a constamment deux spectres devant les yeux, la joueuse et la dévote ; il est curieux, pour le dire en passant, que ce chrétien absolu préfère encore la joueuse.
et ses voisins s’étant montrés curieux de savoir pourquoi : « Ah ! […] Ce buste, le premier de ceux qui furent donnés à la Comédie-Française, et qui inaugura cette curieuse galerie des auteurs dramatiques, est en effet des plus beaux : quelque chose de libre, de négligé, de malicieux et d’inspiré.
Étant moi-même de ceux qui ont eu à parcourir cette période curieuse de transition, j’ai pris plaisir à le suivre, à revoir ce pays connu, à comparer ses impressions aux miennes, à lui donner raison presque toujours, sauf quelques différences de mesure et de proportion, çà et là, dans les jugements. […] On peut chercher ces deux sonnets, dont l’un au moins est curieux, dans les Obros et Rimos provvenssalos du Loys de la Rellavdiero (Marseille, 1595).
J’ai entendu des curieux stupéfaits, n’apercevant que le cadre qui entoure ces glaces, se demander ce que faisait là ce cadre magnifique, car ils n’avaient pas aperçu le verre. […] Les Mémoires de Marmont et de Bourrienne sont curieux sur ces variations des bulletins du général de Marengo reprenant laborieusement avec la plume ce qu’il avait ce jour-là compromis par l’épée.
Un soir, tranquillement blotti sous un figuier, je regardais une étoile avec cette passion curieuse qui saisit les enfants, et à laquelle ma précoce mélancolie ajoutait une sorte d’intelligence sentimentale. […] Quoique curieuse de savoir la vérité sur mon apparition, elle ne nous regarda ni l’un ni l’autre ; ses yeux furent constamment attachés sur la rivière ; mais à la manière dont elle écoutait, vous eussiez dit que, semblable aux aveugles, elle savait reconnaître les agitations de l’âme dans les imperceptibles accents de la parole.
Il le rendit trop curieux de son intérieur pour n’y pas désirer incessamment la lumière d’autrui, et paresseux à l’action pour qu’il fût plus souple au conseil. […] Ils plaisent cependant, même aux personnes mûres, par cette manière ingénieuse de mêler de sages préceptes à de curieux détails sur la vie des personnages historiques, et de faire converser et quelquefois se quereller les grands hommes sur les actions qui les ont rendus célèbres.
J’étais donc curieux de voir quelles différences on pouvait observer dans leurs petits. […] Quelques exemples d’organes rudimentaires sont extrêmement curieux : ainsi, on peut citer les dents observées chez les fœtus des Baleines qui, à l’âge adulte, n’en ont plus172 ; et celles dont on constate également la présence chez les jeunes Veaux avant leur naissance, mais qui ne percent jamais les gencives.
Ce serait, à propos, un curieux tracé d’histoire comparée des idées, que celui où s’inscrirait la courbe des transformations subies chez tous les peuples, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, par la notion de réel. […] Rappelons cette curieuse page de Huysmans où l’auteur d’À Rebours étend au poème en prose ce procédé synthétique.
Je continue de citer tout ce qui me paraît un peu saillant, ce pamphlet curieux étant parfaitement inconnu et introuvable aujourd’hui : « Il y a plus de deux cents ans qu’il y eut déjà un tapage en France pour les affaires de huguenots. […] Pour être juste toutefois, il convient de rappeler qu’un homme que M. de Maistre a beaucoup lu tout en s’en moquant un peu, le Philosophe inconnu, Saint-Martin publiait, à la date de l’an III (1795), sa Lettre à un Ami, ou Considérations politiques, philosophiques et religieuses sur la Révolution française, curieux opuscule dans lequel le point de vue providentiel est formellement posé196. […] Je n’ai pas assez lu ni étudié Bacon pour avoir droit d’exprimer sur son compte une idée complète ; mais toutes les fois que dans ma jeunesse curieuse, provoqué, harcelé par les éloges en quelque sorte fanatiques que je voyais décerner invariablement à Bacon en tête de chaque préface, dans tout livre de physique, de physiologie et de philosophie, j’essayai de l’aborder, je fus assez surpris d’y trouver un tout autre homme que celui de la méthode expérimentale stricte et simple qu’on préconisait213 ; j’y trouvai un heureux, abondant et un peu confus écrivain, plein d’idées et de vues dont quelques-unes hasardées et même superstitieuses, mais surtout riche de projets ingénieux, d’aperçus attrayants (hints, impetus), d’observations morales revêtues d’une belle forme, dorées d’une belle veine, et capables de faire axiome avec éclat.
— Que vous êtes curieux ! […] Mais à ce récit la fantasque baruinia éclata de rire, et pria la plaignante de lui narrer encore les détails de cette curieuse scène. […] La troupe, assemblée un instant auparavant, se dispersa, à l’exception de quelques enfants et de quelques curieux.
Cette disposition récente, résultat final de tant de spectacles contradictoires, et qui se traduisait en indifférence chez les témoins blasés, méritait un noble nom chez les jeunes esprits curieux et désintéressés à la fois : elle mit tout d’abord son cachet à quelques essais distingués d’alors. […] C’est un philosophe, ou plutôt un sage ; c’est un stoïcien aimable et sensible, c’est en même temps un investigateur sérieux et curieux de toute vérité. […] Mais mes liaisons connues, mon départ simultané, et l’accident qui a retardé sa lettre d’invitation, de manière que je n’ai pu m’y rendre, tout cela, joint à ce que je suis à cent cinquante lieues de Paris, lui fait trouver simple que j’y reste. » Ainsi Fouché, qui craignait de s’être un peu compromis en voyant trop Constant cet hiver, n’était pas fâché de se débarrasser de lui et de reprendre ostensiblement à son égard un air de rigueur, en même temps qu’il lui faisait insinuer le conseil à demi hostile comme un avis officieux ; mais il cessa, cet été même, d’être ministre de la police. — La correspondance de Fauriel et de Benjamin Constant, en cette année et dans les suivantes, est remplie d’autant de détails que le permet la crainte d’être lu peut-être par des intermédiaires trop curieux ; elle abonde d’ailleurs en confidences sur leurs impressions personnelles, en jugements sur leurs lectures, sur leurs projets de travaux. […] Je tirerai d’une lettre d’Hermès Visconti à Fauriel un curieux passage qui prouve l’exactitude de cette assertion ; je traduis textuellement : « (Milan, 10 août 1823.)
Des fillettes me suivaient, m’examinant avec des mines curieuses. […] Très curieuse de voir ce spectacle inusité, je m’étais faufilée au premier rang, en me cachant un peu, toutefois. […] Très curieux l’un de l’autre, nous faisions tout doucement connaissance. […] Donc, la bibliothèque était ouverte devant nous, et, comme aucune défense n’en barrait l’approche, nous étions, peut-être, moins curieuses d’y fouiller. […] Il se proclamait le disciple de mon père et ils avaient, entre eux, une similitude extraordinaire de goûts et d’opinions artistiques ; une parenté d’esprit très singulière, qui leur créa même, à propos du feuilleton du lundi, qu’ils faisaient tous deux dans des journaux différents, de bien curieux embarras.
Soudain, à de certaines heures de la journée, se glissait derrière ces grandes toiles une foule oisive et curieuse qui venait chercher, à l’entour de ces tréteaux, comme un souvenir de la comédie d’autrefois. […] Évidemment, à raconter toutes ces choses qui ne sont plus curieuses, on y perdrait sa peine et son patois. […] Cette place était si bien la propriété exclusive de ce digne homme, que si par hasard un curieux de la province fût venu pour s’asseoir dans cette stalle réservée, Hermione ou Britannicus, oubliant la passion du moment, se seraient écriés : — Arrête ! […] Venez… cela sera curieux de voir comment le souvenir de l’esprit d’autrefois peut survivre à l’esprit qui n’est plus, comment le rire le plus malicieux et le plus charmant peut surgir de toute cette misère ! […] Le Chevalier à la mode entre les œuvres de d’Ancourt est, à tout prendre, une vive et curieuse comédie.
Mais les malignités et les traits satiriques des écrits du temps, qu’on peut voir dans le curieux article de M.
À cela près, cette partie de l’ouvrage est curieuse, très agréable, en général exacte ; les antiquaires qui sont venus depuis (M.
Trois cents chevaliers, emmenez-les tous avec vous ; et à l’entrée de Zamora, seigneur, donnez-les-moi. » Un bien menu détail et assez curieux : ces trois cents amis de don Diègue et de Rodrigue se retrouvent en mainte autre circonstance dans les poèmes du Cid, et le chiffre a traversé la légende.
Il n’avait d’ailleurs, disait-il, que des notes sans ordre et sans suite, des idées détachées dont seul il avait la clef : « Ce que je rapporte de plus curieux, ce sont deux petits cahiers où j’ai écrit mot pour mot les conversations que j’ai eues avec les hommes les plus remarquables de ce pays-ci.
J’ai indiqué ce qu’il y a de plus curieux et de tout à fait neuf dans les volumes publics par M.
Il serait curieux de savoir en quels termes : le dossier du Dépôt de la guerre est des plus minces pour cette période, et muet sur ce qui nous intéresse.
Je sais qu’en parlant à dessein de celui des hommes de notre temps qui offre peut-être le plus magnifique exemple de cette union consubstantielle et sacrée de la volonté avec l’intelligence sous le sceau de la foi, de celui dont l’esprit et la pratique, toute la pensée et toute la vie, se sont si docilement soumises, si ardemment employées aux conséquences efficaces de doctrines en apparence délaissées, et aussi compromises qu’elles pouvaient l’être ; — je sais que nous avons à nous garder nous-même de cette étude inféconde, et de cette admiration curieuse sans résultat, dont nous venons de signaler la plaie.
Honoré Balzac 103, à le prendre au complet, dans sa vie inégale et diverse, dans ses habitudes et ses accidents d’humeur, dans ses conversations non moins que dans ses écrits, nous présente une des physionomies littéraires les plus animées, les plus irrégulières de ce temps, et telle qu’avec ses nombreuses originalités et ses contrastes elle ne pourrait être vivement exprimée que par quelque curieux collecteur d’anecdotes et d’historiettes, par quelque Tallemant des Réaux, amateur de tout dire.
M. de Balzac certes, en de curieuses parties d’observation chatoyante et fine, offre un échantillon incomparablement exquis du genre (bon ou mauvais) du moment ; mais ce n’a été que par endroits qu’il a paru saisissable, et il échappe vite par des écarts et des subtilités qui ne sont qu’à lui.
Dans ces Sylves trop prolongées de détail, infiniment trop curieuses, sans doute, de descriptions matérielles, il y a des traits d’amitié sensible et d’amour des lettres qui méritaient de racheter bien des fautes.
Ayant appris un peu vaguement que ce vieillard passait pour posséder des papiers curieux sur l’illustre ancêtre, M.
On a beaucoup disputé pour ou contre la valeur personnelle de Louis XIV ; dans ce curieux procès qui s’est débattu depuis l’abbé de Saint-Pierre jusqu’à Lemontey et au delà, chacun prenait parti selon ses préventions et tranchait à sa guise.
La loi des chrétiens, qui a suivi celle des Juifs, étoit beaucoup plus parfaite, parce qu’elle donnoit tout à l’esprit, qui est sans contredit au-dessus du corps… C’est un second état par lequel ce Dieu bon a voulu faire passer les hommes… Et maintenant enfin ce ne sont plus les seuls biens du corps, comme dans la loi des Juifs, ni les seuls biens spirituels, comme dans l’Évangile des chrétiens, c’est la félicité du corps et de l’esprit que l’Alcoran promet tout à la fois aux véritables croyants. » Il est curieux que Salem, c’est-à-dire notre abbé Prévost, ait conçu une manière d’union des lois juive et chrétienne au sein de la loi musulmane, par un raisonnement tout pareil à celui qui vient d’être si hardiment développé de nos jours dans le saint-simonisme.
J’étais déterminé aussi à cette conduite par le désir et le projet d’observer de près un événement aussi curieux, et de démêler les intrigues qu’il ferait nécessairement naître en abondance.
.) — Il serait curieux d’établir en regard le compte si restreint du vocabulaire de Racine.
D’autres fois les préceptes de courtoisie et de belle morale se grefferont sur les commandements de la morale chrétienne, comme dans ce curieux Châtiement des dames de Robert de Blois, que je ne nommerais pas, si l’on n’y voyait comment peu à peu, dans la comparaison inévitable du fait et de la règle, le moyen âge a fait à la longue son éducation psychologique, comment aussi, dans ce temps d’abstractions et de formules, l’observation précise de la vie s’inscrit en préceptes généraux.
Et, portraits ou récits, ses Mémoires sont d’un bout à l’autre une peinture curieuse du jeu complexe des sentiments et des intérêts humains.
La comédie, quand elle ne reste pas un exercice littéraire, aimable et puéril, dans le style des Epitres de Boileau plus ou moins mouillé de sentimentalité, tourne au vaudeville, et cherche à forcer l’intérêt ou le rire par l’ajustement d’une intrigue curieuse ou par la cocasserie des mots, des types et des situations.
Ce n’est pas leur faute s’ils ne sont pas curieux de « savoir ce qui arrivera », s’ils sont insensibles au plaisir d’être « mis dedans » et s’ils goûtent médiocrement les « mots de théâtre ».
Détail curieux : cette influence ne dépassa point Bruxelles ; les littérateurs liégeois, tels que MM.
Montesquieu nous fait plutôt des confidences à voix basse sur des choses supérieures, curieuses, rares, qu’il ne veut nous amener de force à des opinions contentieuses.
En s’occupant plus des sciences curieuses et des beaux-arts que des compagnies de commerce maritime, Colbert avait pris, disait-on, l’ombre pour le corps.
Chose curieuse !
J’ai même fait incidemment sur ce point des recherches assez curieuses qui, complétées, pourraient faire une histoire intéressante, intitulée : Histoire de l’Incrédulité dans le Christianisme.
ma chère Angélique, s’écrie-t-elle, tu ne me rends pas. tendresse pour tendresse. » Dans toute la comédie, Marivaux nous offre le spectacle curieux de cette mère qui soutient comme une gageure le parti qu’elle a pris.
S’il nous restait de l’espace, il serait curieux de le montrer dans cette partie politique des Mémoires, affectant toujours de paraître au-dessus de son sujet, se raillant, dans sa narration, des choses les plus sérieuses comme trop plates et prosaïques, et faisant semblant de rapetisser des luttes qu’il épousait alors si ardemment.
Je ne puis que renvoyer les curieux à l’Histoire fort étudiée et, ce semble, fort consciencieuse, de M.
Si vous êtes curieux au point de lui demander comment s’appelait le marchand anglais qui le premier en 1612 est entré en Chine par le Nord, et l’ouvrier verrier qui le premier en 1663 a établi en France une manufacture de cristal, et le bourgeois qui a fait prévaloir aux états-généraux de Tours sous Charles VIII le fécond principe de la magistrature élective, adroitement raturé depuis, et le pilote qui en 1405 a découvert les îles Canaries, et le luthier byzantin qui, au huitième siècle, a inventé l’orgue et donné à la musique sa plus grande voix, et le maçon campanien qui a inventé l’horloge en plaçant à Rome sur le temple de Quirinus le premier cadran solaire, et le pontonnier romain qui a inventé le pavage des villes par la construction de la voie Appienne l’an 312 avant l’ère chrétienne, et le charpentier égyptien qui a imaginé la queue d’aronde trouvée sous l’obélisque de Louqsor et l’une des clefs de l’architecture, et le gardeur de chèvres chaldéen qui a fondé l’astronomie par l’observation des signes du zodiaque, point de départ d’Anaximène, et le calfat corinthien qui, neuf ans avant la première olympiade, a calculé la puissance du triple levier et imaginé la trirème, et créé un remorqueur antérieur de deux mille six cents ans au bateau à vapeur, et le laboureur macédonien qui a découvert la première mine d’or dans le mont Pangée, l’histoire ne sait que vous dire.
Dans sa jeunesse, Tocqueville avait douté ; mais il s’était arrêté dans le doute, et son esprit, curieux surtout des choses politiques, semble avoir mis en réserve les vérités révélées pour s’exercer en toute liberté sur le reste.
Si l’on analyse ce curieux phénomène, on en trouve une explication facile : il se forme spontanément dans un peuple, comme dans une assemblée délibérante, des commissions et sous-commissions peu nombreuses, mais éclairées, qui se chargent d’instruire les affaires.
Les femmes chuchotaient de son génie d’expression et de sentiment révélé par ses lettres ; mais on n’eut pas pour elle les importunités curieuses qu’on prend parfois si grossièrement pour des hommages.
Ce cœur, rappelé vers la maison d’Aix-en-Provence ou dispersé dans la nature, demeure pourtant fidèle au bataillon et ponctuel dans le métier : Je voudrais que vous vissiez le cortège des poilus qui reviennent des tranchées à l’arrière ; ils ont de longues barbes et de longs cheveux ; ils sont vêtus de boue, appuyés sur des cannes et portent sur le dos un curieux et volumineux attirail de couverture, d’outils, de plats de campement.
— Il est curieux de remarquer que Justinien composant ses lois et le Christ au jardin des Oliviers sont de la même année), l’Évêque de Liège, cette admirable traduction de Walter Scott, pleine de foule, d’agitation et de lumière, les Massacres de Scio, le Prisonnier de Chillon, le Tasse en prison, la Noce juive, les Convulsionnaires de Tanger, etc., etc.
Personne ou presque personne n’achetait au colporteur, représentant attardé d’une industrie qui meurt, et, au contraire, tout le long de la route voisine, les curieux s’approchaient du vendeur de journaux.
Nous retrouvons cette coutume chez toutes les nations barbares, au nombre desquels on est forcé de compter les Romains, lorsqu’on lit ces deux passages curieux de la loi des douze tables : Adversus hostem æterna auctoritas esto.
Les valves ou battants sont tout revêtus d’argent, avec des appliques rapportées, de vermeil doré, de ciselé et de lisse, qui font une mosaïque tout à fait riche et curieuse. […] Scott Waring, p. 101 et suiv. de son Tour to Sheeraz ; ce serait un curieux supplément au texte de Chardin, mais qui excéderait les bornes d’une simple note.
On pourrait encore citer d’autres cas analogues parmi les plantes : ainsi chez les Orchidées et chez les Asclépiades, familles aussi éloignées les unes des autres qu’il est possible, parmi les plantes phanérogames, on retrouve également le curieux assemblage de grosses masses polliniques portées sur un pédoncule terminé par une glande visqueuse. […] « Il existe dans les annales de la médecine des faits bien constatés de flammes aperçues sur le corps de certains malades ; on a parlé de transpiration phosphorescente aux pieds, et il est curieux d’avoir à noter l’analogie qui se présente entre l’odeur de la substance phosphorescente du ver luisant et celle de la sueur ordinaire des pieds.
Un curieux idéogramme égyptien nous induirait à penser que, à l’époque où fut inventée en Egypte l’écriture idéographique, la parole intérieure n’était pas encore, chez les auteurs de cette invention, purifiée de l’élément tactile. Il représente un homme accroupi ; le bras gauche pend inactif le long du corps, tandis que l’autre, par un mouvement très accentué, porte à la bouche les doigts de la main droite ; cet idéogramme est employé indifféremment pour exprimer les idées suivantes : manger, boire, crier, parler, méditer, connaître, juger, c’est-à-dire pour « toutes les actions : 1° de la bouche, 2° de la pensée145. » Rien de plus curieux que cette homonymie idéographique ; il semble que l’individu représenté localise sa pensée dans sa bouche ; or cette localisation ne se comprend que si la parole intérieure lui paraît un phénomène buccal, en d’autres termes si elle est pour lui une hallucination faible du toucher buccal en même temps qu’une image sonore.
Le jour de cette grande dispute arrivé, tout ce qu’il y avoit, dans Paris, de sçavans & de curieux oisifs se rendit en Sorbonne. […] Ayant entendu parler du Traité de l’homme de Descartes, il fut curieux de le lire, & cette lecture fut pour lui un coup de lumière. […] C’est le révérend père Chouquet dominicain qui nous atteste ce prodige dans son curieux livre, Des entrailles maternelles de la sainte Vierge, pour l’ordre des frères prêcheurs.
Sans aucun doute, mais il y a beaucoup de chances pour que le curieux de ces notules s’y absorbe et ne pense plus qu’à l’individu-Baudelaire au lieu de penser à ce qui fut l’expression pensée et voulue de cet individu, sa création. […] L’art du roman chez Stendhalb I On écrirait un chapitre bien curieux de l’histoire littéraire sur ce que j’appellerai, faute d’un meilleur terme, la vitalité des romans. […] La Madame Bovary de Flaubert, par exemple, est-elle maintenant, pour les lecteurs de ce beau roman, autre chose qu’une peinture, infiniment curieuse, de la province française du temps de Louis-Philippe, les drames de Hugo, qu’une évocation de la jeunesse romantique de 1830 ? […] Rien de plus curieux que l’évidente surprise de Sainte-Beuve et de Renan devant cette attitude mentale d’un maître du laboratoire dont ils ne peuvent suspecter ni la supériorité intellectuelle, ni la bonne foi. […] Il est bien curieux, et bien attristant aussi, quand on vient de méditer quelqu’un de ces fragments de Pascal où palpite la plus magnifique sensibilité morale, de lire en regard des déclarations de Renan, comme celle-ci : « Le péché préoccupe Amiel, l’attriste, lui, le meilleur des hommes.
Il fait un voyage circulaire dans le pays, se montre dans toutes les cathédrales à la foule curieuse de voir la célébrité du jour, et ne manque pas à cette occasion de faire passer parmi les fidèles la bourse de quête. […] Les livres qui divertissent ou édifient le public ici décrit, répandent un curieux parfum, dans lequel on peut discerner l’encens, l’eau de Lubin et le fumier, avec prédominance alternative de l’une ou de l’autre de ces odeurs. […] L’intrigant marche sur les pieds du barbon qui feint la jeunesse, et entre eux tous se presse la jeunesse curieuse des rues, qui doit se trouver partout où « se passe quelque chose ». […] Josephin Péladan les traite de « curieux artificiers en métrique et lexique (qui) se groupent pour arriver et se nomment bizarrement pour être connus ». […] Il est le plus curieux phénomène de la vie intellectuelle de la France contemporaine.
Tout tendait pour lui à remplacer la science des livres par celle des choses, la sagesse écrite par celle qui ne l’est pas, le curieux par l’utile, la spéculation par la pratique. […] On peut enregistrer des découvertes utiles et curieuses ; mais ces éléments disséminés attendent l’idée ou le fait central qui doit les coordonner. […] Il est même très curieux de voir comment Charron ayant besoin de constater l’identité de la loi morale à travers le chaos des lois et des préjugés les plus disparates, s’y prend pour ramener les infinies divergences des coutumes à une sorte d’unité. […] Cet opuscule très court et, sous plusieurs rapports, curieux, se trouve inséré à la suite des Essais. […] L’égoïsme sentimental, l’égoïsme de famille, de caste, de profession, pourraient donner lieu à de curieuses observations.
Je serais curieux de connaître le credo de ces apôtres pour qui Renan n’est qu’un damnable pyrrhonien. […] Notez qu’il ne s’agit point ici d’un caprice de bibliophile curieux, mais d’une prédilection de lettré, d’une prédilection arrêtée, raisonnée, passionnée, persistante et intransigeante. […] Ce fut un spectacle curieux. […] Les deux premiers actes annoncent une étude, presque purement comique, sur un cas assez curieux de pharisaïsme bourgeois. […] Quant à Mme de Grécourt, elle soutient fort bien son rôle de curieuse, émue à peine.
Ce serait une chose instructive et curieuse que la réfutation de Cicéron par un orateur de ce temps. […] Dans cette circonstance chacun fit le sien : le courtisan en trompant l’œil jaloux d’Agrippine, et l’œil curieux du peuple romain ; le philosophe, en prévenant un inceste par l’entremise de la favorite. […] Ce concours de visitants politiques et curieux, qui venaient officieusement épier sa conduite, surprendre ses discours, et qui continuaient à l’obséder, parce qu’ils n’étaient pas encore assurés de sa perte, fut éloigné : sa porte fut fermée ; il ne souffrit plus ce cortége de clients qui l’environnaient au sortir de sa maison. […] VIII ; et notez que Diderot aurait dû ajouter un fait curieux, et qui prouve à quel point Claude poussait l’impudence et le courage de la honte : c’est que cet empereur stupide ordonna des expiations pour l’inceste prétendu de Calvina et do Silanus, et que chacun s’en moquait, vu que celui qui les faisait faire avait contracté depuis peu un mariage incestueux. « Addidit Claudius, « sacra ex legibus Tulli regis, piaculaque apud lucum Dianæ per pontifices danda » ; irrideutibus cunctis, quod pœnæ procurationesque incesti id temporis exquirerentur. » (N.)
Il semble partisan de la résistance à l’oppression ; et le passage est important et curieux. […] Il y a quelque chose de plus curieux encore. […] Ce qu’il y a de curieux, c’est que Frédéric II lui-même ne donne point dans cette théorie de l’utilité des grandes fortunes et du grand luxe. […] Leur genre de gouvernement diffère encore du nôtre ; et tout cela joint ensemble forme d’autres combinaisons… Ne vous étonnez pas de la tournure de cette lettre : l’âge amène les réflexions, et le métier que je fais m’oblige de les étendre le plus qu’il est possible. » Montesquieu, curieux de socialisme comme de toutes sortes d’organisation sociale, et sachant l’expliquer comme il explique tout, jusqu’au fond ; mais trop individualiste et trop hostile à tout ce qui contient le despotisme pour ne pas revenir très vite à la doctrine de la propriété individuelle ; — Rousseau socialiste et même collectiviste dans l’âme, mais timide le plus souvent, encore qu’audacieux par échappées, sur cette question, et revenant de ses vives algarades jusqu’à une sorte de tempérament et de demi-mesure très analogues aux idées de Frédéric II ; — Voltaire pur et simple individualiste et pur et simple propriétaire ; croyant très sincèrement et non sans bons arguments, que la richesse même est dans l’intérêt du pauvre et ne voyant pour soulager celui-ci, comme nous nous en rendrons compte plus loin, que des réformes administratives : voilà, je crois, l’idée qu’il faut se faire de l’état d’esprit des trois grands philosophes du XVIIIe siècle sur la « question sociale. » Chapitre V. […] Cette loi est curieuse.
Non pas que le public, tout de suite après la révolution de juillet, soit revenu complètement à la critique régulière, mais enfin s’il ne l’aime pas encore, elle ne lui est pas tout à fait insupportable, et l’on commence à comprendre, pour peu que les événements le permettent, que les lecteurs se rencontreront bientôt qui ne de manderont pas mieux que d’oublier, en ces oisives et curieuses recherches, l’oubli de l’agitation de la rue, et des colères du carrefour. […] Soyez brillant avec les esprits brillants ; soyez sobre avec les esprits bornés ; ayez soin de vêtir convenablement la vérité un peu nue ; aimez à dégager la beauté des voiles qui la gênent. — Un grand esprit a le défaut suprême de ne voir que l’ensemble et de négliger les détails ; un petit esprit a cette grande qualité d’embrasser une quantité d’objets curieux, utiles, bons à étudier, bons à savoir ; l’esprit enjoué, grâce à sa bonne humeur, fait passer bien des choses d’une rude et cruelle digestion. […] La fantaisie a-t-elle jamais rien produit de plus curieux et de plus étrange que ces fêtes dans lesquelles toute cette jeunesse, qui allait être le grand siècle, jouait son rôle d’esprit, de bonne humeur et de bonne grâce ?
Les amis bien informés avaient droit de répondre aux curieux et aux indiscrets, qui nommaient tout d’abord Mme de Staël : « Pas le moins du monde : c’est Mme Lindsay. » Et entre eux, dans l’intimité, ils pouvaient se dire : « C’est pourtant bien Mme de Staël, en effet. » L’anecdote d’Adolphe est à double fond.
Ses Mémoires contiennent de brillants et véridiques portraits de ses amis, un peu à la Plutarque ; mais il est plus curieux de les retrouver saisis par elle dans l’action même et sous le feu de la mêlée, confidentiellement et non plus officiellement, dans le privé et non pour la postérité.
Voilà ce que nous avions besoin de nous dire avant de nous remettre, nous, critique littéraire, à l’étude curieuse de l’art, et à l’examen attentif des grands individus du passé ; il nous a semblé que, malgré ce qui a éclaté dans le monde et ce qui s’y remue encore, un portrait de Regnier, de Boileau, de La Fontaine, d’André Chénier, de l’un de ces hommes dont les pareils restent de tout temps fort rares, ne serait pas plus une puérilité aujourd’hui qu’il y a un an ; et en nous prenant cette fois à Diderot philosophe et artiste, en le suivant de près dans son intimité attrayante, en le voyant dire, en l’écoutant penser aux heures les plus familières, nous y avons gagné du moins, outre la connaissance d’un grand homme de plus, d’oublier pendant quelques jours l’affligeant spectacle de la société environnante, tant de misère et de turbulence dans les masses, un si vague effroi, un si dévorant égoïsme dans les classes élevées, les gouvernements sans idées ni grandeur, des nations héroïques qu’on immole, le sentiment de patrie qui se perd et que rien de plus large ne remplace, la religion retombée dans l’arène d’où elle a le monde à reconquérir, et l’avenir de plus en plus nébuleux, recélant un rivage qui n’apparaît pas encore.
Rousseau dans l’Émile, un livre paraissait, un des livres que les curieux de littérature et de philosophie accueillent comme une bonne fortune de bibliothèque, parce qu’il leur révèle comme en confidence les secrets du métier de la littérature.
Et, à propos de ces crimes, il est curieux de lire ce qu’en dit M. de Talleyrand lui-même cité par M. de Marcellus : « Est-ce qu’un homme habile a jamais besoin de crimes ?
Dans leur état plus naturel, c’est-à-dire plus ressemblant, personne en France n’eût été curieux de les voir.
A la fin du siècle, je ne vois à nommer que la pièce de Longepierre (1688), pour une Médée rendue avec une raideur énergique de dessin et une pauvreté de couleur qui font moins songer à l’antiquité qu’à David, et pour un Jason très curieux de réalité prosaïque, dans son rôle de bellâtre égoïste et plat.
Mais le latin donne au terme componere un autre sens, bien plus fin, bien plus près de l’Art, et c’est cette signification-là qui, seule, peut dévoiler le curieux mystère de la composition.
Mais sans mélodie, difficile à comprendre à d’autres qu’à des initiés ; pleine de détails curieux et fouillés ; mais ennuyeuse, oh !
En outre, dans la pratique, ces curieuses archives sont utiles pour l’érudit qui veut s’éclairer sur un point particulier de l’histoire des lettres ou des mœurs, ou qui cherche tout simplement, comme l’entomologiste ou le botaniste, à connaître tous les individus de la classe des écrivains.
Personne de cour à moitié, moins par elle-même que par les amis ou les relations qu’elle y a, n’en étant pas curieuse jusqu’à s’inquiéter de n’en pas tout savoir, ne s’y introduisant point par des efforts de pénétration, elle s’en occupe parce que tout le monde s’en occupait.
Dans la première partie sont de curieuses citations, notamment celle-ci de Herder : « Si le musicien ordinaire qui met orgueilleusement la Poésie au service de son art, descendait de ses hauteurs, il s’appliquerait, autant du moins que le permet le goût de la nation pour laquelle il compose, à traduire dans sa musique les sentiments des personnages, l’action du drame et le sens des mots.
Il faut une certaine préparation pour goûter le charme de ces accords étranges composés d’après des formules que ne donnent pas les livres, de ces enchaînements imprévus et curieux qui sont le fond de l’harmonie Wagnérienne.
Elsa, c’est la femme, curieuse, prompte à l’oubli, tendre cependant, aimante, et fragile d’âme et de corps.
Pour la curieuse histoire de Laura Bridgmann, nous renverrons le lecteur à Burdach, Traité de physiologie ; Ampère, Revue des Deux-Mondes, 1853 ; et Schroder van der Kolk, Revue des cours littéraires, janvier 1868.
Son exemple est un des plus curieux et des plus nets en ce genre de maladie morale, son existence est une de celles qui caractérisent le mieux l’homme de lettres de la fin du xviiie siècle.
Il est curieux de remarquer qu’une partie de ce morceau, écrit dès 1772, a été inséré par Sieyès quinze ans après, en 1788, dans sa première brochure intitulée : Vues sur les moyens d’exécution, dans laquelle il traçait leur marche et leur code aux États généraux prochains.
Au milieu de ces fleurs est une fleur de magnolia, dont il regardait grossir le bouton avec un certain plaisir curieux, et qui lui faisait rappeler le magnolia aimé de Chateaubriand, à la Vallée-aux-Loups.
La parole intérieure ordinaire et vulgaire, celle de la solitude rêveuse et insouciante, du travail mental, de la lecture curieuse et sans enthousiasme, de moi qui écris ces pages, de vous qui me lisez, est un état fixe, un état limite233.
Or, il est véritablement curieux de voir comment — à cette place et à cette heure de l’Histoire — l’auteur de la Vie de Jésus, qui n’a pas eu la profondeur de se taire après son grand coup porté à la divinité du Christianisme, va, l’une et l’autre, les expliquer.
Il est curieux de constater de quelle manière Zola procède dans sa théorie simpliste du monde, pour rétablir la part du génie chez l’artiste ; le postulat dont il se sert est assez faible.
Quand il aura péri sous ses propres excès et n’appartiendra plus qu’à l’histoire, les critiques feront alors du récit de sa grandeur et de sa décadence un curieux chapitre des livres que lira le xxe siècle.
Dans une étude extrêmement concentrée, le philosophe Millioud étudiait naguère « les déplacements de la liberté » et constatait ce phénomène curieux de l’État qui enlève la liberté aux individus pour la donner aux syndicats.
Puis, à côté de l’étude, vint l’émulation ; et, pendant plusieurs règnes, sous l’abri d’une domination qui, avec l’Égypte, embrassait Cyrène et la Syrie, dans le mouvement d’un peuple, sinon libre, au moins curieux, savant et voyageur, sous la protection d’une cour fastueuse, toute possédée du goût et du luxe des arts, tous les talents où s’était illustrée la Grèce, hormis l’éloquence politique et l’histoire, furent cultivés avec autant d’habileté que d’ardeur.
Que maintenant, parmi les fêtes et les chefs-d’œuvre des galeries de Florence, Médicis, nourri des pensées de Platon, les ait redites parfois en strophes élégantes ; que Politien ait retrouvé, dans ses deux langues natales, quelque chose de l’harmonie d’Horace et de sa curieuse hardiesse d’expression, ce sont des plaisirs délicats pour le goût, des sujets pour l’étude, mais non de grandes influences qui aient agi sur la pensée et pris place dans l’histoire des lettres.
Il vint il y a quelques jours la femme la plus aimable, curieuse de faire connoissance avec vous. […] Sa passion est de se contempler dans son ouvrage, de ne pas offrir un verre d’eau à ceux même qu’il connoît, quelque chaleur qu’il fasse, de demeurer comme un Terme quand on le rencontre dans sa cour, & de ne vous conduire dans ses appartemens que lorsqu’on l’y mene, en prenant le parti d’y entrer ; aussi peut-on assurer qu’il est, sans contredit, le meuble le plus curieux de sa maison. […] je ne voyagerai plus que sur de cartes & sur des livres, s’écria la comtesse, puisqu’il y a tant à souffrir, & que ce n’est qu’aux dépens du repos & de la santé, qu’on atteint enfin le plaisir de voir quelqu’objet curieux. […] D’ailleurs, quelque talent qu’on ait pour la parole, on est sûr d’ennuyer, si l’on fait quelque récit ou quelque description qui dure plus d’un quart-d’heure ; les Français, sur-tout, étant fort peu curieux de connoître les mœurs des étrangers. […] Mais Voltaire auroit commencé cette histoire par exposer, d’une maniere frappante, l’origine & les progrès de la monarchie Prussienne : J’apprends dans ce moment que ce travail est réservé à une plume des plus énergiques, & qu’avant peu nous aurons plusieurs volumes extrêmement curieux sur cette matiere.
Ces deux forces agissent de concert contre l’ancien régime et se fondent parfois, de façon très curieuse, chez le même individu ; mais au fond elles sont ennemies, et elles aboutissent l’une à Voltaire, l’autre à Rousseau. […] Par un retour curieux de l’anthropomorphisme tant décrié, la science devient une entité ; elle a ses sanctuaires et ses prêtres, ses dévots et ses « miracles » aussi. — Les peintres impressionnistes et les poètes décadents se réclament de Helmholtz ; c’est par le ballon dirigeable, chargé de mélinite, qu’on prétend assurer la paix universelle.
Nous n’entendons nullement le déprécier en l’analysant par le détail ; car la suite d’opérations mentales qui aboutit à la composition d’un poème est une chose aussi intéressante en soi, aussi curieuse, aussi admirable que le poème lui-même. […] Un des exemples les plus curieux et les plus typiques que l’on puisse citer de ces produits spontanés de l’imagination idéaliste, c’est ce personnage étrange qui hanta l’esprit de George Sand8. […] L’aspect de la salle, à ce moment, était curieux. […] Les œuvres composées suivant ce système resteront comme un curieux exemple des effets littéraires que l’on peut tirer du laisser-aller verbal.
Regardons, par exemple, la vie et l’œuvre de Godin, grand industriel, fondateur du Familistère de Guise, l’une des œuvres sociales les plus curieuses et les plus « suggestives » du dix-neuvième siècle. […] Rousseau préparant son discours sur l’influence des lettres et des arts et en modifiant complètement le sens en donnerait un assez curieux si seulement nous savions mieux comment les choses se sont passées. […] Mais voici un cas assez curieux par lui-même, et qui en même temps nous laisse entrevoir la cause et le mécanisme de toute une série de déviations. […] On lira avec intérêt, à ce sujet, une curieuse étude de M.
Je lui désignai Henri Franck et dans quelques numéros, celui-ci publia des rotes extrêmement fines sur les sujets de psychologie ou de méthodologie les plus propres à intéresser de jeunes esprits curieux et un peu inquiets. […] Émile Faguet, par ce qu’il a de meilleur en lui, nous apparaît comme un moraliste, un esprit curieux d’humanité et d’humanité délicate, compliquée. […] Certes, il considéra toujours l’univers comme une ménagerie, et les hommes comme des animaux bien curieux. […] Et il arrive ceci de curieux que l’ouvrage du disciple de Taine, de l’ennemi de Bergson, fournit la plus éclatante confirmation du diagnostic bergsonien.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est cette curieuse assimilation entre la critique et la morale, entre les choses de goût et les choses de discipline. […] Voici un exemple curieux. […] Dans ses « bonshommes » de Port-Royal, Sainte-Beuve, qui restaure en lui l’esprit de Montaigne, cherche tout le contraire, à savoir un alibi historique, le plaisir de goûter des vies et des âmes que nul ne songe moins que lui à imiter, et qui sont absolument réduites à une image pour des critiques désintéressés, des amateurs, des curieux d’intelligence. […] Voyez le curieux phénomène de refoulement qui s’est produit chez Taine lui-même.
Le lecteur admet comme toute naturelle cette visite d’un archéologue, curieux de vérifier les textes du Bellum hispanense, sur l’emplacement du champ de bataille de Munda. […] Rien de plus curieux que de suivre pendant quelques semaines les titres des volumes étudiés au rez-de-chaussée des grands journaux consacrés à la revue des livres, et de parcourir ensuite la table des Lundis. […] Il était alors plus rapproché de soixante ans que de cinquante, mais sa vigoureuse maturité semblait une seconde jeunesse, tant la silhouette restait robuste et souple, le regard ouvert et curieux, l’esprit agile et vivant. […] Comment aussi n’eût-il pas été attiré, lui, si actif, si curieux de nouveauté, par ce que la psychiatrie représente de découvertes à tenter ? […] Rien de curieux comme le Curriculum vitæ du psychologue de Cambridge, tel que vous nous le contez.
Le troisième volume de sa Correspondance nous apporte un curieux document sur la crise intellectuelle qu’il traversait à cette époque. […] J’indique cette comparaison aux curieux d’art littéraire, et je ne crois pas manquer de respect à la grande mémoire de M. […] C’est un premier point d’une extrême importance pour situer son œuvre dans son vrai milieu. — J’analyserai ensuite les éléments générateurs de cette personnalité si curieuse et je dirai pourquoi il s’est trouvé, durant toute sa jeunesse, isolé devant la vie et paralysé. […] Nouvelles réflexions sur Lamartine8 I C’est un des curieux phénomènes littéraires du temps et des plus inattendus, que le renouveau — non pas de gloire, mais de vogue — éveillé depuis quelques années autour du nom de Lamartine. […] Dupré, l’occasion d’une curieuse analyse.
S’il est curieux de détail en un endroit, c’est comme par accident ; il s’élance de là ensuite d’un plein vol, et ne cherche pas à lier le petit au grand par une subtilité symbolisante, heureuse peut-être, mais détournée.
Et il y a l’autre manière de débuter, gaie, vive, insouciante de l’impossible, d’ailleurs éveillée à tout, tournant court à temps, capricieuse sans passion, curieuse avec intelligence, un peu timide d’abord, un peu superficielle sur bien des points, mais qui, au lieu de s’atténuer, s’accroît, se fortifie chaque jour, profite des fautes mêmes et des pertes des autres, et est moins sujette ensuite au désabusement des revers.
Je suis obligé, bien qu’à regret, d’y renvoyer le lecteur curieux, pour ne pas trop abonder ici en ces sortes d’images12 ; mais j’oserai citer au long le sonnet xiv, admirable de sensibilité, et qui fléchirait les plus sévères ; à lui seul il resterait la couronne immortelle de Louise : Tant que mes yeux pourront larmes espandre, A l’heur passé avec toi regretter ; Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth, pour tes grâces chanter ; Tant que l’esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre ; Je ne souhaite encore point mourir.
De jeunes belles-sœurs observaient les nouveaux-venus avec un intérêt encore plus curieux qu’affectueux peut-être ; mais tout ce petit manége ne tint pas longtemps en face d’un hôte aussi imprévu ; on avait affaire en sa personne au plus irrésistible génie (le Genius des Anciens), à celui qui se rit de la contrainte et qui épanouit les fronts : « Quant à moi, écrivait Désaugiers racontant ce premier accueil et comment il avait rompu la glace, j’ai fait des prodiges, soit dit sans me flatter.
Il cite les lettres à Mlle Cochelet, non pas seulement celle de 1809, mais d’autres encore qui sont tout à côté dans le même volume ; les curieux les y trouveront.
Lachevardière, imprimeur, d’entreprendre un journal utile, composé d’extraits de littérature étrangère, d’analyses des principaux voyages et de faits curieux et instructifs rassemblés avec choix.
Mais tous ne l’écoutent pas ; les fossoyeurs avaient l’air de voir cela comme un arbre qui tombe ; le petit Cotive et d’autres enfants regardaient là-dedans comme dans un fossé où il y aurait des fleurs, l’air curieux et étonné.
Il passa alors quelques mois dans cette ville, et ayant été investi de l’héritage de sa famille dans la terre de Vessau, il y trouva de nombreux et curieux manuscrits qui encombraient, depuis deux siècles, les archives du château.
Nous tenons de M. de Genoude, confident alors de madame Récamier et courtisan de M. de Chateaubriand, quelques détails curieux, dont il avait été témoin, sur les commencements de cette passion idéale entre l’écrivain le plus illustre de la France et la beauté la plus célèbre du siècle.
Ce serait au public à le dégager ; et je me permets de vous renvoyer à ce sujet, à la préface si curieuse que Gœthe mit au Neveu de Rameau, quand il le présenta à ses compatriotes, vers 1808, je crois.
Une mode vient-elle à tourner les esprits d’un autre côté, tout ce bruit cesse, et voilà de la pâture pour les rares curieux des livres qui ne se lisent plus.
Camille Mauclair a écrit une curieuse étude où il représente l’auteur de Madame Bovary comme un esprit chrétien qui s’impose une perpétuelle contrainte.
Notre chemin le plus court était de prendre par la place, et nous étions trop consciencieux pour nous écarter d’un pas de l’itinéraire qui était rationnellement indiqué ; mais, quand nous avions eu en composition quelque curieux problème, nos discussions se prolongeaient bien au-delà de la classe, et alors nous revenions par l’Hôpital général.
On pourrait pousser plus avant ces analogies curieuses entre la littérature et les méthodes en honneur dans le groupe de sciences dominant.
Il y avait encore une arrière-garde, qui, spontanément, a fait de curieuses campagnes : ce sont les Norvégiens, qui se nommaient aussi les Héros, Wikings.
Mais l’ensemble de son œuvre apparaît comme la curieuse traduction de ce que jouissaient et souffraient, communément, dans l’extérieure vie do Paris, les hommes de la génération précédente.
Elle pense que ces phénomènes obscurs, où la vie psychique commence à peine à poindre, sont à beaucoup d’égards les plus curieux à étudier et les plus féconds.
Les cas les plus curieux sont les amnésies du langage73.
* * * — L’amour dans le rêve qui est toujours charnel et toujours produit par un contact, un attouchement, a cela de curieux que, si vous prenez le sein d’une femme, c’est comme si votre cœur la pelotait et que dans la sensation sensuelle apportée par un songe aux gens, se mêle une idéalité d’une douceur, d’un céleste, d’un au-delà des sens physiques, d’un ravissement ineffablement spirituel.
Et celles-ci étant l’équivalent non de l’idée, depuis longtemps oubliée, mais des premiers mots dans laquelle elle était conçue, il suit qu’elles paraîtront d’habitude imprévues, incohérentes, neuves et curieuses aux personnes habituées à penser en pensées.
Vous savez que moi je ne néglige pas ces amitiés, et que de la loge du dogue de basse-cour à l’étable du chevrier, et de l’étable au mur du jardin où je m’assieds au soleil, connu des souris d’espalier, des belettes au museau flaireur, des rainettes à la voix d’argent, ces clochettes du troupeau souterrain, et des lézards, ces curieux aux fenêtres qui sortent la tête de toutes les fentes, j’ai des relations et des sentiments partout.
Encore que je n’aie point trouvé le terme de monologue chez les auteurs anciens qui nous ont parlé du théâtre, ni même dans le grand œuvre de Jules Scaliger, lui qui n’a rien oublié de curieux sur ce sujet, il ne faut pourtant pas laisser d’en dire mon sentiment, selon l’intelligence des modernes, pour ne pas me départir des choses qui sont reçues parmi eux.
Les comédiens d’ailleurs m’auraient-ils entendu, eux qui ont eu la sottise de prendre pour un succès l’empressement d’un public curieux de voir une fois, une seule fois, ce qui est monstrueux, ridicule et bizarre ?
… Et la Critique, qui goûte le mieux le très curieux talent de M.
Il est aussi érudit qu’un vieux savant et son érudition n’est jamais officielle : elle est curieuse, elle est recherchée, elle est originale, moins historique que légendaire, téméraire, hasardeuse, ce qui convient, d’ailleurs, dans le cas présent.
Je laisse à cette page curieuse sa couleur romaine, son accent à la Saint-Just, toute la sainte exaltation de ces jeunes hommes dévoués à la Révolution pour l’ordre et qui voyaient dans le salut de la France la première condition pour l’accomplissement de leur « nationalisme intégral ».
Cette méthode les a menés à des conclusions curieuses, en partie vraies, en partie fausses et contradictoires au propre témoignage de la conscience.
Une déclaration de hussards, cela doit être curieux ; je n’ai jamais vu cela de ma vie. […] Gerfaut raconte à son ami Mertens les événements de la nuit, et le mouvement de Suzanne, et comme cela l’a « empoigné », et comme ce mouvement était « curieux », et comme c’était « fait ». […] Mme la prieure leur a dit qu’elle attendait un oiseau des Îles, un colibri, pour mettre dans la volière, et, curieuses, elles viennent voir si le colibri est arrivé. […] Il était curieux de sentir la mutuelle antipathie, profonde et irréductible, de ces deux génies originaux, et de ces deux pour un troisième, sous la politesse de la forme, et leur pensée intime et vraie à travers la gêne des atténuations. […] Vous racontez une histoire à un de vos amis, — une histoire curieuse, bien entendu, et non point, par exemple, que votre cuisinière a brûlé son rôti ; l’ami vous dit : Pas possible !
« Comme une grande partie de l’histoire que Milton célèbre (dit son apologiste), se passe dans des régions qui sont hors de la portée du soleil et de la sphère du jour, il est impossible de satisfaire le lecteur par un tel calcul qui serait, après tout, plus curieux qu’instructif. » L’incertitude des bornes du temps nécessaire à la fable épique empêche de régler son étendue sous ce rapport ; et sa mesure consiste à n’être pas instantanée, ou tellement prompte qu’on n’en puisse saisir le commencement, le milieu, et la fin, ni la développer dans ses mouvements progressifs par une narration ornée. […] Tant d’aventures curieuses dans le trajet d’Ulysse revenant de Troie, ont retardé son arrivée dans Ithaque, que la relation de ces faits détachés ralentirait l’action principale : mais le héros, échappé des gouffres de la mer, et reçu des Phéaciens, aura l’occasion de les conter rapidement à la table hospitalière d’Alcinoüs : et la fable commencée, un moment interrompue par ce récit, continuera de se précipiter vers la catastrophe. […] Notons un point remarquable : n’est-il pas curieux de voir combien le système poétique des Allemands semble contradictoire avec lui-même, ainsi qu’avec le nôtre ? […] Rien n’est plus curieux et ne prémunit davantage contre les caprices de son goût arbitraire, que de considérer toute l’éloquence qu’il déploie contre ses erreurs, après les avoir présentées comme des lois incontestables. […] Il serait superflu de m’appesantir sur les rapports exacts de cette illusion magique, et de la fiction de Polydore : vous serez plus curieux de revoir comment le Tasse a varié le même moyen en amenant Renaud dans cette forêt d’où les conjurations infernales ont éloigné la fermeté de Tancrède.
Nous apercevons des curieux, des lettrés, des « amateurs des choses de l’esprit », de loin en loin et de plus en plus rares, quelques hommes de goût, encore quelques lecteurs assez nombreux des livres élevés ; mais qui se montre marqué au front du signe sacré, et ayant reçu la mission de produire des chefs-d’œuvre comparables à ceux de la première moitié de ce siècle ? […] Nous éprouvons les impressions pénibles de celui qui, entraîné par surprise à la Morgue, y jette un coup d’œil rapide et curieux, puis s’éloigne avec horreur. […] Pour Balzac, plus peut-être que pour personne, il eût été extrêmement curieux de pouvoir connaître la composition de ce cerveau où se pressaient l’une contre l’autre, et toutes empiétant sur leurs voisines, la case de l’inventeur, celle du physiologiste, celle de l’analyste, celle de l’observateur, celle du peintre, enfin la case du visionnaire, qui n’occupait pas l’espace le plus étroit. […] Il a écrit un livre d’esthétique fort curieux qu’il a appelé Mes Haines, ce qui ne saurait nous surprendre. […] Dans le troisième volume, le Ventre de Paris, qui est certainement le plus curieux de tous, et celui où l’écrivain a accompli de véritables prodiges de style, nous n’apercevons plus aucun Rougon-Macquart.
Je veux vous mettre sous les yeux et si vous la connaissez déjà, vous en serez quitte pour la relire une curieuse lettre de Lamartine à son ami Aymon de Virieu, où il apparaît et bien d’autres endroits de sa correspondance nous le confirment que ce poète, d’un lyrisme si épandu, n’en eut pas moins une très forte vie intérieure et que son christianisme somptueux ne s’exhalait pas tout en paroles. […] Il serait curieux de noter la ressemblance, non seulement de sentiment, mais, çà et là, d’expression entre les hymnes de Lamartine et ceux des antiques brahmanes. […] Il est curieux, il est touchant de voir que quelques-uns des plus somptueux morceaux des Recueillements sont adressés à des êtres excellents, j’imagine, mais assez obscurs : M.
. — « Ce qui nous paraît ici mériter l’intérêt, ainsi s’exprime la Revue, — c’est l’expression vive et curieuse, même dans sa violence, de quelques douleurs morales que, sans les partager ni les discuter, on doit tenir à connaître comme un des signes de notre temps. » Acceptons cette explication, et voyons jusqu’à quel point elle est justifiée par les vers que nous allons passer en revue. […] je ne suis pas curieux, mais je voudrais bien savoir si M. […] III Mais je dois une mention toute spéciale à Constantinople et la Turquie, ouvrage instructif, attachant, bourré de détails curieux sur les mœurs ottomanes, et écrit dans un style éclatant, tout empourpré, — on le voit, — à l’ardent soleil de ces heureuses contrées.
En 1873 on trouve encore dans le Journal intime cette note : « N’est-il pas curieux que nos plumitifs de la presse quotidienne ou périodique se soient entendus pour faire le vide, le silence et le froid autour de mes actions publiques et de mes quelques productions désintéressées ? […] Par un détour curieux de sa destinée, il est d’ailleurs citoyen actif de la seule cité à l’antique, républicaine et souveraine, qui subsiste en Europe depuis la chute de Venise. […] Il est d’ailleurs curieux que ces jours coïncident avec ceux où Amiel serait tenté de dire oui, et de braver les dents de Genève. « Elle a le diable au corps pour toujours rompre au moment de nouer. » Un bon diable, qui défend le Journal.
Bazin : « C’était un esprit curieux et patient, qui savait sur le dix-septième siècle autant de menus détails qu’on en peut savoir ; aussi peut-on se fier à son exactitude quand il cite des dates ou des faits positifs. Mais quand il s’agit de fixer des points douteux et sujets à contestation ; quand il faut non plus citer mais juger, on doit se défier de lui ; il vise avant tout à l’originalité, aux choses curieuses, et il aime mieux le faux que le commun. […] Ces jugements et la bizarre répartition des sommes font de cette pièce un document curieux pour l’histoire littéraire. […] Tout Paris courut voir cette merveille, et Louis XIV lui-même, curieux de connaître ce prodige dont il avait tant de fois entendu parler, le fit venir à Saint-Germain. […] Ce morceau curieux, en même temps qu’il constate cette conversion littéraire, donne aussi la mesure du goût du parterre, qui n’était pas fait encore à des beautés aussi franches.
Je ne saurais abréger cette page curieuse. « Cet enseignement, dit-il, quoiqu’il ait subi quelques réformes, doit demeurer essentiellement vicieux tant que l’épellation donnera des sons élémentaires tout à fait étrangers au son total ou syllabique107. […] Ce n’était point parce qu’il avait été victime qu’il jugeait ainsi ; il savait établir la différence entre les hommes d’alors, faire la part de la lâcheté, de l’ineptie, du fanatisme ; mais sur Robespierre il était curieux et inexorable à entendre ; le burin de Tacite, pour un instant, avait passé en ses mains.
Son livre apprend ou rappelle, sur ce chapitre des fonds secrets, quelques chiffres curieux par leur emploi. […] Il est curieux de l’entendre en maint endroit ; un moraliste ne dirait pas autrement ni mieux : « Comme l’égoïsme public, écrit-il à madame de Tessé (Utrecht, 1799), se manifeste en poltronnerie pour ne pas faire le bien malgré les gouvernants, et en amour-propre pour ne le jamais faire avec eux, il en résulte que les hommes qui ont le pouvoir ne sont point intéressés à en faire un bon usage, et que tous les autres mettent leur prétention civique à ne se mêler de rien.. » Il observe avec beaucoup de finesse qu’on a tellement abusé des mots et perverti les idées, que la nation (à cette date de 1799) se croit anti-républicaine sans l’être ; il la compare toujours, dit-il, aux paysans de son département à qui on avait persuadé, jusqu’à ce qu’ils l’eussent entendu, qu’ils étaient aristocrates.
III « Paméla ou la vertu récompensée, suite de lettres familières, écrites par une belle jeune personne à ses parents, et publiées afin de cultiver les principes de la vertu et de la religion dans les esprits des jeunes gens des deux sexes, ouvrage qui a un fondement vrai, et qui, en même temps qu’il entretient agréablement l’esprit par une variété d’incidents curieux et touchants, est entièrement purgé de toutes ces images qui, dans trop d’écrits composés pour le simple amusement, tendent à enflammer le cœur au lieu de l’instruire. » On ne s’y méprendra pas, ce titre est clair1037. […] Si vous lui parlez d’une méthodiste qui convertit les gens, il vous dira qu’une femme qui prêche est comme un chien qui marche sur les pattes de derrière, que cela est curieux, mais n’est point beau.
L’assemblée était nombreuse à l’Institut, jeudi 28 janvier, et la composition de l’auditoire avait un caractère inaccoutumé, Les députations qui s’étaient donné rendez-vous sur les bancs de l’Académie narguaient naïvement l’étonnement des curieux. […] Ludovic Vitet, une haute estime ; nous admirons sa patience curieuse, son savoir, son adresse. […] Le lecteur est patient, curieux, complaisant ; mais le spectateur aime qu’on se presse ; il veut les développements, mais nombreux, successifs, hâtés. […] Mais sans doute vous êtes curieux de savoir en quoi consiste l’initiation. […] Entre les acteurs qui ne sont pas rue de Richelieu, j’en connais un, mais un seul, qui devrait y être, et qui fournirait aux poètes et aux critiques un curieux sujet d’étude, Frédérick Lemaître.
Goriot, grâce à la singularité de sa maladie, devient un sujet précieux, et fournit aux illustres de la Faculté matière à de curieuses expériences : experimentum in anima vili ! […] Il est pauvre, en effet ; mais, depuis cinquante ans, il a collectionné avec tant de patience et de goût des tableaux et des objets curieux, que son cabinet, son musée, a acquis un prix énorme. […] Mouchon est fort curieuse ; lui-même avoue de bonne grâce avoir cédé au torrent ; il est allé, lui aussi, voir Lekain dans Sémiramis, et il s’y est rencontré avec d’autres pasteurs et d’autres syndics, également emportés par l’entraînement général. […] Voyant les curieux entassés jusque sur les marches de cette maison, il s’arrêta sur le seuil et s’écria : “Qu’est-ce que vous voulez, badauds que vous êtes ? […] Il est curieux de retrouver, chez les écrivains et les poëtes qui avaient le mot d’ordre du maître, — Horace, par exemple, — la leçon de morale et le retour au culte des aïeux côtoyant des odes libertines à Lydie ou des maximes épicuriennes.
Alors tous ces consuls sans faisceaux, ces magistrats sans magistratures, ces orateurs sans tribune, ces généraux sans soldats, qu’on voit s’agiter dans la curieuse correspondance de Cicéron, ne rappelèrent pas mal ces héros des Champs-Élysées qu’Énée, dans sa descente aux enfers, rencontra prêts à se livrer, sur leurs chars vides, à des simulacres de combats, vaines images de leurs occupations pendant leur vie, stérile amusement de leurs loisirs éternels ! […] Il est à ses heures peintre de mœurs, observateur curieux et pénétrant du cœur humain, poète ; il a étudié ces mystères de l’âme, plus intéressants que ceux de Londres et de Paris, et ces drames intimes qui ont un retentissement plus profond dans la conscience humaine que les drames extérieurs. […] Feydeau, statuaire de l’école de Pradier, a fouillé avec un ciseau curieux.
Au reste, ce passage de Voltaire sur Le Kain est extrêmement curieux. […] Le poète fut curieux de voir comment Le Kain jouait son rôle, et l’invita à le réciter devant toute la compagnie. […] II 20 pluviôse an X [9 février 1802] La tragédie de Mahomet fut jouée pour la première fois à Lille, en 1741 ; et sur le bruit que fit la pièce, on dit, mais sans aucun fondement, que plusieurs prélats furent curieux de la voir ; on leur en donna une représentation sur un théâtre particulier, et ils sortirent très édifiés de ce spectacle. […] Un jeune homme, curieux de connaître l’épouse qu’on lui destine, arrive chez son beau-père, sous le nom et l’habit de son valet, qui passe pour le maître.
P… s’empare du chapeau, le jette dans la rivière sans être aperçu, et se met à pousser des cris qui, en un clin d’œil, attirent un groupe de curieux vers les parapets. […] — L’amant se trouvait donc maître et seigneur, — non pas seulement du cœur, mais encore du logis de la dame. — Il consignait lui même telle ou telle visite, les importuns, les curieux, les jaloux, et les messieurs qui sont à l’amant ce que lui-même est au mari. — Et il aurait pu volontiers apporter sa robe de chambre et ses pantoufles. — Il avait tous les bénéfices de l’état sans en avoir les charges. — Étant seul, il n’avait point de rivaux, et, n’ayant pas à se défendre, il n’avait pas à combattre. […] Deux passagers qui se racontaient des histoires curieuses, afin de se distraire, — manquent mutuellement de mémoire. — Peu à peu leur récit devient pâle ; — eux aussi. […] *** J’ai été hier passer la soirée à la fameuse taverne de Nicholson’s, où a lieu, comme tu le sais, la parodie de tous les procès curieux jugés par les tribunaux anglais.
Leur âme noblement inquiète fait les femmes curieuses ; la futilité de leur esprit rend leur curiosité trop facile à amuser. […] En 1839, elle n’est encore qu’une petite fille, et une curieuse lettre paternelle lui reproche de négliger la ponctuation : « Toute ponctuation, virgule ou autre, marque un repos de l’esprit, un temps d’arrêt plus ou moins long, une idée qui est finie ou suspendue, et qu’on sépare par un signe de celle qui suit. […] Son esprit n’est pas vaste, mais il est si curieux et si leste. […] Et je ne serais pas étonné qu’elle méprisât en silence les ineptes badauds auxquels elle les présente comme des bêtes curieuses.
Le plaisir suprême pour le Gaulois de bonne situation sociale c’est de se prouver bel esprit. « Exceller dans ces jeux d’esprit — constate M.G.Bloch, le plus récent des historiens de cette époque — était comme un brevet de noblesse. » « Jamais l’instruction littéraire ne fut appréciée plus haut — affirme à son tour Fustel de Coulanges — jamais on n’estima tant l’art de bien parler et de bien écrire… jamais il n’y eut tant d’habiles versificateurs, et si peu de poètes… On n’écrit que pour faire montre de son talent. » Mais un trait infiniment plus curieux et plus symptomatique se découvre dans la civilisation gallo-romaine : c’est le triomphe du rhéteur dans cette société à la fois si jeune et si caduque. […] Chose curieuse, c’est un artiste — et un artiste non latin — qui me semble avoir incarné avec le plus de profondeur, bien qu’assurément sans le vouloir, la vision de l’Aine latine contemporaine. […] Aux curieux, aux dilettantes, il offre un champ immense d’observations et de recherches. […] Cette curieuse épitre poétique de Sidoine Apollinaire (citée par Fustel de Coulanges) est un document bien significatif de psychologie gallo-romaine : « Comment veux-tu que je récrive un chant d’hyménée, entouré que je suis de ces troupes aux longs cheveux et assourdi des sons rauques de leur langue ?
Si Lasserre est conservateur, il est en même temps curieux et capable d’admirer les qualités de style ou de pensée de ses adversaires : il le montre déjà dans sa thèse. […] Jointe à un étonnant génie lyrique, elle a fait de lui la bête la plus curieuse. […] Enfin on dit les femmes curieuses et qu’on continue plus sûrement à être aimé d’elles en leur ménageant toujours quelque découverte, René vivant en lui-même et comme hors du monde qui l’environnait, voyait à peine ce qui se passait autour de lui ; se l’enfermant au sein de ses douleurs et de ses rêveries, dans cette espèce de solitude morale, il devenait de plus en plus farouche et sauvage, impatient de tout joug, importuné de tout devoir, les soins qu’on lui rendait lui pesaient : on le fatiguait en l’aimant. […] Le romantisme français n’avait guère été jusque-là que l’attitude de quelques individualités poétiques hautement curieuses, mais isolées, plus soucieuses de s’offrir en spectacle au public ou li elles-mêmes que de former école (ce qui leur eut donné des semblables) et dont l’œuvre entière garde un caractère autobiographique. […] Assommants dans des ouvrages indécis, comme Jacques, entre le vrai et le faux, un certain relent de canaille ou de bohême les rend au contraire très curieux à suivre dans ceux, comme Antony, Lelia, où le romantisme coule à pleins bords.
Un vers de Pindare nous a conservé un curieux vestige de ces pensées des anciennes générations. […] Nous avons un curieux plaidoyer d’un orateur athénien dans un procès où l’on contestait à un fils adoptif la légitimité de son adoption. […] Ce qu’il y a d’ailleurs de plus curieux dans cette loi Voconia, c’est qu’elle ne stipule rien au sujet de l’hérédité ab intestat. […] Le nom même dont on l’appelle, pater, porte en soi de curieux enseignements. […] Un curieux usage, qui subsista longtemps dans les maisons athéniennes, nous montre comment l’esclave entrait dans la famille.
Spencer, en analysant le sentiment du beau, finit par arriver à une conséquence assez curieuse, déjà exprimée par Kant : c’est que le sentiment du beau est plus désintéressé que celui même du bon et du juste. […] On connaît ces curieux enfants mathématiciens, ces prodiges en arithmétique qui, par une faculté innée, jouent de mémoire avec les sommes les plus effrayantes ; eh bien, ils perdent toujours quelque chose de cette faculté, et même ils la perdent entièrement, si on leur apprend à compter par règles comme les autres hommes. […] Quant à La Fontaine, par une étrange rencontre, c’est M. de Banville qui a le mieux caractérisé un jour ses rimes prétendues négligées en disant : « Il a fait de la rime, non pas un grelot sonore et toujours le même, mais une note variée à l’infini, dont le chant augmente d’éclat et d’intensité selon ce qu’elle doit peindre et selon l’effet qu’elle doit produire62. » La préoccupation exclusive de la rime sonore, érigée en principe par tous les disciples du romantisme, a sur le poète une influence psychologique qu’il est curieux d’étudier ; elle produit sur son esprit plusieurs effets distincts, que nous analyserons successivement. […] Dans les vers curieux de l’Idylle dialoguée se trouve exprimée la théorie hindoue de la Maïa universelle, reproduite par Schopenhauer : Albert. […] Les exemples deviennent plus curieux encore si, au lieu de les emprunter à des maîtres, on les recueille chez les jeunes poètes contemporains.
Cinq-Mars, par son intérêt dramatique, par la grandeur ou la grâce des personnages, par ses vives et curieuses couleurs, eut un beau succès, contre lequel les critiques minutieuses ne purent rien.
On a le résultat de ces leçons dans un curieux travail (la Divine Comédie avant Dante)227, où il expose toutes les visions mystiques analogues, tirées des légendaires et hagiographes les plus obscurs.
On s’adresse à des gens qui savent très bien la vie et qui, le plus souvent, ne savent pas l’orthographe, qui sont curieux de tout et ne sont préparés sur rien ; il s’agit de faire descendre la vérité jusqu’à eux.
La muraille grattée par les visiteurs curieux de reliques avait perdu son ciment, et laissait voir les briques rouges de la muraille à laquelle était adossée la couche du poète.
Toutes les fois qu’on frappait du dehors à la porte de fer de la prison, je laissais le piccinino aller tirer le verrou aux étrangers, et, sous un prétexte ou l’autre, je montais dans ma tour pour éviter les regards des sbires ou des curieux.
XXVII Il est curieux d’étudier, dans les confidences intimes de madame de Staël à cette époque, l’étonnement et l’irritation dont elle fut saisie en s’apercevant de l’éloignement que le premier consul montrait en toute occasion pour elle.
Il serait curieux de donner des preuves de sa délirante insipidité, si la place dans cet ouvrage ne devait être mesurée à l’action historique ou à l’intérêt intrinsèque des œuvres140.
C’est un des livres les plus curieux qui soient, et c’est peut-être le seul livre de poésie catholique (non pas seulement chrétienne ou religieuse) que je connaisse.
Tantôt, et plus souvent, comme nous sommes curieux et bons, nous leur avons repris, sans le savoir, ce que nous leur avions nous-mêmes prêté.
L’Évangéliste est une des plus fortes études que je sache du fanatisme religieux ; et combien curieuse, cette rencontre de l’esprit protestant avec l’âme de ce catholique païen !
Ce sont des îlots séparés par les villes moindres et la campagne où il existe nombre de personnes sages, très curieuses encore de lire.
Robert de Souza ; je ne connais malheureusement ses études rythmiques que par des comptes-rendus, mais un esprit actif et curieux me paraît s’y dessiner.
Il y eut foule à la vente de son mobilier, foule curieuse, bruyante, empressée, avide de pénétrer dans cet appartement défendu, et de respirer les fébriles senteurs qu’exhalaient encore, par tous leurs pores, les étoffes matides, les linges voluptueux, les statuettes de chair, les porcelaines diaphanes, les pastels lascifs qui encombraient ses somptueux boudoirs.
Ceux qui sont curieux de voir les hommes au naturel, et que les détails de la vie commune ne rebutent pas, peuvent lire cet appendice.
Mais un jour, c’était l’heure où le soin du ménage Retient la jeune fille à son foyer pieux, Où l’on n’a pas encor composé son visage Pour l’œil des curieux.
Seulement, à présent, on peut être curieux de savoir ce qu’ils pourront dire ?
Dans une page curieuse de ses Confidences, Robert Houdin explique comment il procéda pour développer chez son jeune fils une mémoire intuitive et instantanée.
Ces lettres sont curieuses par leur vagabondage d’impressions et même par ce que leurs généralisations peuvent avoir de hâtif et d’outré, et aussi par le petit exemple amusant qu’elles offrent de la diversité des jugements humains, et enfin parce que toutes ensemble embrouillent merveilleusement la question que chacune d’elles, prise à part, semblait à peu près élucider. […] Et cela est d’un effet curieux, mais nous met un peu en défiance. […] N’ayant point cet auteur dans ma bibliothèque, j’emprunte à un livre de critique, très curieux et très personnel de M. […] Je donnerai des spectacles faits pour être goûtés des personnes vraiment intelligentes et curieuses, c’est-à-dire d’un quart de la salle (je ne me fais pas d’illusion). […] Dumas me fit l’honneur de m’écrire à propos de mon feuilleton sur l’Étrangère, et que je vous donnerai un de ces jours, car elle est curieuse, elle est habile, elle est charmante, et je sais bien ce que j’y répondrai, mais je ne sais pas si j’aurai raison.
Mais il est curieux de savoir ce qu’ils entendent par ce mot ; Beyle notamment a sur ce point une théorie qui vaut la peine d’être notée. […] De cette vieille anecdote de la courtisane amoureuse, sujet si souvent traité par les poètes et les conteurs, mais où ils n’avaient vu jusqu’alors qu’un des curieux chapitres de la passion humaine et un motif de gracieux tableaux, le roman et le théâtre modernes ont fait une sorte de mythe, un symbole philosophique. […] Ce siècle-ci en a offert un curieux exemple.
J’ai eu quelques aventures curieuses en masque de carnaval. — J’userai la mine de ma jeunesse jusqu’au dernier filon de son métal, et après… bonsoir. […] Un jour il dit : « Je serais curieux d’éprouver les sensations qu’un homme doit avoir quand il vient de commettre un assassinat. » Un autre jour il écrit sur son journal : « Hobhouse m’a rapporté un singulier bruit, que je suis le vrai Conrad, le véritable corsaire, et qu’une partie de mes voyages se sont accomplis sans témoins.
Leur préoccupation de leur personne leur dérobait la vue des progrès de la science ; et, il faut bien le dire, jamais poètes au monde, pas même Racine ou Boileau, ne s’étaient montrés moins curieux, plus insouciants de tout ce qui n’était pas leur art, — de mécanique ou d’astronomie, de physique ou de chimie, d’histoire naturelle ou de physiologie, d’histoire et de philosophie, — que les Lamartine, les Hugo, les Musset, les Dumas, les Gautier. […] 3º Les Œuvres. — Les Œuvres de Mme de Staël se composent : 1º De ses Romans, qui sont : — Mirza, Adélaïde et Théodore, l’Histoire de Pauline, écrits aux environs de 1786 et publiés pour la première fois en 1795, avec un curieux Essai sur les fictions ; — Delphine, 1802 ; — et Corinne, ou de l’Italie, 1807. […] 2º Le rôle de Mérimée ; — et qu’il semble avoir été d’un ironiste ; — qui n’aurait feint de croire au romantisme, — que pour le mieux connaître ; — s’en mieux moquer ; — et finalement le discréditer. — Les débuts de Mérimée : le Théâtre de Clara Gazul, 1825, — et La Guzla, 1827 ; — et que, si la « couleur » en est d’un romantique, — l’idée première en est d’un curieux de toutes choses ou d’un dilettante ; — et bien moins d’un disciple de Chateaubriand — que d’un élève de Fauriel et d’un ami de Stendhal. — La Chronique du règne de Charles IX, 1829 ; — Le Vase étrusque, 1830 ; — La Double méprise, 1833 ; — et que déjà ces deux dernières Nouvelles n’ont presque plus rien de romantique. — Celles qui ont suivi : Les Âmes du Purgatoire, 1834, — et La Vénus d’Ille, 1837, semblent rentrer dans la formule romantique. — Mais ce n’est là qu’une apparence ; — et on le voit bien dans Colomba, 1840 ; — Arsène Guillot, 1844 ; — Carmen, 1845 ; — où l’on ne retrouve plus du romantisme que deux traits seulement : la recherche de la « couleur locale » ; — et la glorification de l’énergie ; — mais à peine quelque intention de faire montre de soi-même. — On n’y trouve non plus aucune déclamation ; — et l’art y consiste au contraire à faire rentrer le rare ou le singulier sous les conditions communes de la réalité. — C’est ce qui aurait suffi ; — quand d’ailleurs il n’aurait pas eu des goûts d’archéologue et d’érudit, — pour conduire Mérimée à l’histoire ; — et, en effet, c’est par l’histoire qu’il a fini ; — assez obscurément d’ailleurs ; — et en se moquant du « réalisme » à la formation duquel il avait pourtant contribué ; — comme il s’était moqué jadis du « romantisme » ; — tout en faisant campagne avec lui. […] Louis Lambert]. — Ses années de stage chez l’avoué et chez le notaire ; — et de quelle manière il en a profité ; — non seulement en y apprenant cette « procédure » qui devait tenir tant de place dans quelques-uns de ses romans ; — mais en y acquérant l’intelligence des « affaires » ; — et du rôle qu’elles jouent dans la vie contemporaine. — Sa tragédie de Cromwell, 1820 [non imprimée], — et ses premiers romans [sous le pseudonyme d’Horace de Saint-Aubin], — dont il est inutile de retenir les titres, puisqu’il les a désavoués. — Ses entreprises industrielles : de librairie, d’imprimerie, de fonderie de caractères ; — et que rien n’est curieux, dans son désir de gagner de l’argent, comme de le voir ainsi toujours tourner autour des « industries du livre ». — Que si d’ailleurs il n’a réussi ni comme « fondeur », ni comme « imprimeur », — cette expérience d’un autre genre, — venant s’ajouter à celle qu’il avait acquise chez le notaire et chez l’avoué, — n’est pas entrée pour une petite part dans la composition de son talent. — Les Chouans, 1827-1829 ; — La Physiologie du mariage, 1829-1830 ; — La Maison du chat qui pelote, Le Bal de Sceaux, La Vendetta, 1830. — Son activité fiévreuse et sa production désordonnée [Cf.
Il est curieux de voir comme les incriminations de celle-ci, les indications de M.
Quant au milieu et au corps même de la thèse, il est curieux et instructif par les faits et les extraits qui y sont rassemblés ; s’animant d’un souffle sincère, d’un sentiment d’humanitarisme parfois éloquent (voir notamment certaine page, la page 43), ce corps tout médical de la thèse s’appuie, d’ailleurs, et s’autorise des expériences et des observations les plus complètes et les plus récentes qui ont été faites sur les nerfs et sur le cerveau.
Il y a cinquante ans, dit encore d’Argenson, le public n’était nullement curieux des nouvelles d’État.
« Regarde, dit l’hôtesse, voici déjà les curieux qui rentrent après avoir vu les pauvres émigrés.
Le lendemain, quelques braves curieux essayèrent de lui parler du conventionnel.
Elle ne lui gardait pas de haine dans sa chute ; mais elle haïssait l’autorité de ses exemples, la corruption funeste qu’ils avaient répandue, et cette doctrine de la fatalité, du mensonge et de la force qu’elle sentait et qu’elle prévoyait survivante après lui ; avec quelle admiration curieuse nous l’avions encore entendue remuer tant de questions naguère interdites et comme inconnues en France, les principes de l’ancien droit public de l’Europe, les causes populaires de la victoire actuelle des droits coalisés, le travail tardif et la solidarité pour longtemps indissoluble de la coalition, les instincts différents et pourtant compatibles des monarques héréditaires et des parvenus au trône, d’Alexandre et de Bernadotte ; enfin le génie collectif et pourtant inépuisable de l’Angleterre pouvant au besoin se passer du hasard d’un grand homme pour faire de grandes choses, et, forte d’une institution qui lui fournit toujours à temps des hommes résolus et capables, achevant, par la ténacité de lord Liverpool et de lord Castelreagh, ce qui avait consumé le génie et l’espérance de Pitt !
Ou retrouve les traces de cette aversion dans une lettre curieuse de Diane de Poitiers communiquée en autographe à l’historien de Marie-Stuart que nous suivons : « À madame ma bonne amie madame de Montaigu.
Flechter, doyen de Peterborough, et des curieux privilégiés, au nombre de plus de deux cents, y étaient réunis.
Cette liaison du diplomate italien avec ces deux femmes, l’une de la cour, l’autre du parlement, et la ressemblance des deux enfants, de visage et de caractère, a fait rechercher sans preuve par quelques écrivains curieux des indices de parenté indirecte entre Voltaire et le duc de Richelieu.
Il écrivait à Balzac, très curieux de savoir quelle était cette nouvelle puissance : « On n’y parle pas savamment, mais on y parle raisonnablement, et il n’y a lieu au monde, où il y ait plus de bon sens et moins de pédanterie ».
C’est un spectacle qui n’est pas rare, mais qui reste toujours curieux, que de voir, en ce cas, une personne montrer quelque remords d’avoir sainement et naturellement agi, à l’encontre des idées morales qu’elle révère.
Ce dernier s’aperçut même que ce monde nouveau était fort curieux et valait la peine qu’on s’y attachât.
J’étais curieux d’avoir son impression.
Gounod, avec une école d’exécutants aussi parfaitement modelés que possible au caractère des ouvrages à la mode, et plus généralement, dans un monde artistique encore possède de romantisme (oublieux de la tradition du réalisme racinien, curieux uniquement des contrastes à la Hugo et à la Berlioz), c’est une œuvre sérieuse que d’introduire Parsifal, Tristan, ces retours au poème psychologique et réaliste, que de constituer des musiciens pour les interpréter, un public pour les comprendre.
Si vous êtes curieux d’apprendre comment, au milieu de cet ébranlement général, les Divinités majeures du Monde Philosophique ont vu les atteintes portées à leur culte & à leurs Adorateurs, vous saurez qu’elles sont restées muettes pendant quelque temps.
Il y avait une curieuse étude à faire à propos de cet aigrefin aimé pour lui-même, sur ce type étrange qu’il faudrait appeler le mâle de la courtisane, son camarade de chasse sociale : habitant, comme elle, les zones interlopes, doué des mêmes instincts et du même zèle carnassier.
Il serait peut-être curieux de rechercher, et peut-être facile de trouver, comment des écrivains de cette valeur et de celle élégance, qui, par le fait de leurs études, ont vécu dans la société du xviiie siècle, et qui ont montré presque de l’enthousiasme pour cette société artificielle et raffinée, aient pu pencher de ce côté inférieur qui aurait dû leur être si antipathique, et même y verser un jour tout à fait… Vous vous rappelez ce fameux drame d’Henriette Maréchal, joué au Théâtre-Français, et dans lequel les deux auteurs abordèrent si audacieusement la langue la plus verte des bals masqués les plus pourris de Paris, que le public en fut révolté et la pièce outrageusement sifflée… Ceci n’est réellement explicable que par le besoin de nouveauté qui saisit les esprits hardis, quand les vieilles formes littéraires expirent.
Leurs fréquents entretiens sous le Portique, au Lycée, dans les places et promenades publiques, la quantité d’établissements ouverts aux rhéteurs, les cours successifs de tant de maîtres glorieux de l’affluence de leurs disciples, les disputes curieuses des sophistes de toutes les écoles rivales, la foule des élèves qui devenaient bientôt les concurrents, les critiques et les juges de leurs doctes maîtres, enfin un concours d’opinions formées dans la multitude qui les écoutait, tout secondait les efforts et hâtait les progrès des savants et des artistes qu’éclairait cet immense écoulement de lumières. […] qui se prévaudrait du talent propre à tout animer, à tout rajeunir, à tout revivifier par une chaleur subtile et constante, et d’un savoir suffisant à ne rien omettre d’important ou de curieux, que l’auditoire ait besoin d’apprendre ou de se rappeler ? […] La pièce des Chevaliers signale authentiquement sa haine pour la démagogie : loin d’y flatter le peuple, c’est ce peuple même qu’il expose à sa propre risée : il le représente sous les traits d’un vieillard capricieux, l’oreille ouverte à tous les bruits, entêté, bavard, curieux de nouveautés, gourmand, dissolu, jouet imbécile des fripons qu’il tire de la boue et qu’il décore des marques de l’autorité, volé par ses intendants, dupe des délateurs, et mené à la lisière par les scélérats fieffés qui s’en emparent. […] « Il s’est subitement éloigné de ces lieux, « Et sa fuite a trompé mon désir curieux : « Mais de sa trahison je ne suis plus en doute, « Et le peu que j’ai vu me la découvre toute.
… » Un ancêtre qui, d’ailleurs, n’est point suranné : il a pris le ton du jour, et le plus mauvais ton du jour, avec un soin d’artiste curieux, un peu maniaque. […] … Il lui a semblé qu’elle était curieuse de liberté ; mais elle était désireuse d’amour. […] Il était curieux et avait, je crois, son meilleur amusement à guetter les prouesses qu’on allait accomplir pour réaliser sous une forme d’art l’émoi moderne. […] Mais Saint-Preux, curieux de Claire, lui donne rendez-vous dans un bosquet : il compte sur l’Être Suprême pour approuver son enthousiasme. […] Les têtes alors étaient bien métaphysiciennes, curieuses de vérité suprasensible, oui, mais de dialectique surtout : de sorte que les stratagèmes qui peuvent servir à l’emplette de la vérité devinrent le trésor par excellence.
Rien de plus curieux que de reprendre, au sortir de la correspondance, les pages de Jacques Vingiras, où le maître de pension est peint sous le nom caricaturalement déformé de Legnagna. […] … Taine, avec son coucher à neuf heures et son lever à sept, son travail jusqu’à midi, son dîner d’heure provinciale, ses visites, ses courses aux bibliothèques, sa soirée après son souper entre sa mère et son piano, — Flaubert, comme enchaîné dans un bagne de travail, — nous dans nos incubations cloîtrées… » Ce curieux passage, auquel toutes les conversations des dîneurs de Magny servent de commentaire, fait comprendre certaines lacunes d’expérience sociale qui se rencontrent dans les œuvres de Taine à cette période. […] … Souhait impuissant du plus curieux, du plus agile des esprits, du plus incapable de s’emprisonner dans un cycle défini de mœurs et de gens !
N’est-il pas curieux de trouver ce goût littéraire dans un ami de Boileau, et ces inclinations politiques dans un professeur de M. le duc ? […] Et les beaux sujets sont les êtres curieux, importants dans la science, capables de mettre en relief quelque type notable, quelque déformation singulière, propres à révéler des lois étendues et nouvelles. […] Cette société s’est formée en 1842, et se compose de quatre à cinq cents curieux et savants. […] Il est plus curieux de chercher pourquoi dans un siècle ou dans une race la vérité prend pour ornement et pour expression tantôt la beauté et la convention musicales28, tantôt la beauté et la convention oratoires ; comment la scène se rattache aux mœurs, à la littérature, à la religion, à la philosophie et à l’art ; comment le théâtre et le reste prennent leur naissance, leur forme et leur force dans quelque habitude régnante ou dans quelque talent national. […] La philosophie n’était point ici, comme en Grèce, un divertissement de l’esprit, un déploiement de la raison curieuse et méthodique.
Celui-ci est, à la vérité, d’une invention assez curieuse. […] À cette époque, la multitude de correspondances curieuses, de mémoires secrets, de révélations piquantes, qui ont enrichi, depuis quelques années, la bibliographie napoléonienne, tous ces écrits n’avaient point vu le jour, et Proudhon dut nécessairement travailler sur des documents insuffisants.
C’est très curieux, et il faut que Molière y ait fait diligemment attention ; ou plutôt il était guidé par son génie infaillible pour ce qui est de la peinture des caractères ; mais quasi jamais Alceste n’est furieux uniquement pour quelque chose qui le concerne ; il l’est quasi toujours et pour une chose qui le concerne et pour une cause d’intérêt général. […] Ce qu’il y a de curieux, c’est que, quelques pages plus haut, Rousseau a soutenu cette double théorie : 1° que le théâtre est parfaitement incapable de nous inspirer des sentiments que nous n’aurions pas et ne nous donne, en les confirmant peut-être, en les affaiblissant plutôt, que ceux que nous avons déjà ; — 2° que les sentiments de l’homme sont naturellement bons et dirigés du côté du bien. […] Il est curieux de voir comme Voltaire en parle : « A la première représentation, il y avait une scène entre Don Juan et un pauvre. […] Telle est la doctrine complète d’Arnolphe qui est bien curieuse quand on y songe un peu. […] Quelque impression que fît cet usage sur le cœur des hommes, toujours était-il excellent pour donner au sexe une bonne constitution dans la jeunesse par des exercices agréables, modérés, salutaires et pour aiguiser et former son goût par le désir continuel de plaire sans jamais exposer ses mœurs. » C’est conformément à ces idées que Sophie, quand elle défie Émile à la course, « retrousse sa robe des deux côtés et, plus curieuse d’étaler une jambe fine aux yeux d’Émile que de le vaincre à ce combat, regarde si ses jupes sont assez courtes… », c’est conformément à ces idées que Rousseau, en proscrivant le théâtre, recommande les bals et souhaite qu’il y en ait d’officiels, présidés par un magistrat, surveillés par les pères et les mères, où « l’agréable réunion des deux termes de la vie donnât à l’assemblée un certain coup d’œil attendrissant, où l’on vît quelquefois couler des larmes de joie et de souvenir capables d’en arracher à un spectateur sensible, et où l’on couronnât la jeune personne qui se serait comportée le plus honnêtement, le plus modestement et aurait plu davantage à tout le monde…5 Une faculté à leur donner, car elles ne l’ont pas ou elles l’ont peu, c’est le don d’observation psychologique, et l’on a vu qu’il leur est absolument indispensable, ou plutôt qu’il est indispensable aux maris qu’elles le possèdent, puisque, manque de connaître les hommes, elles pourraient être séduites par eux.
« N’allez pas, à l’exemple de certains philosophes, moins curieux de faire des progrès que du bruit, affecter, dans votre extérieur, vos occupations, votre genre de vie, une originalité qui vous distingue248 : vous vous interdirez cet habillement bizarre, cette chevelure hérissée, cette barbe hétéroclite, et toutes ces voies détournées pour arriver à la considération. […] « Nous devons aux dieux de vivre, à la philosophie de bien vivre. » C’est à cette Lettre que je renverrai celui qui sera curieux de connaître la délicatesse et la vigueur du pinceau de Sénèque. […] Voyez la préface que l’éditeur du Sénèque de La Grange a mise à la tête de cet ouvrage, dont il était bien en état déjuger, à titre de littérateur, de philosophe, et par l’étude réfléchie qu’il a faite des sciences qui en sont l’objet. « On y trouve, dit-il, des connaissances très-vastes en plusieurs genres différents, des faits curieux sur l’histoire naturelle de la terre, de la mer, de l’air et des eaux, et des vues neuves sur les causes de certains phénomènes, que les modernes n’ont pas mieux connues que les Anciens, et qui peuvent conduire à d’autres découvertes.
Il l’appelle « une espèce de roman à l’usage des esprits avisés et curieux ». […] Mirbeau et les réalistes, ce n’est pas la réalité qu’ils cherchent, mais l’art, et un art qui révèle, non pas l’humble vérité, mais, en leur langage, « un sens curieux de la vie ». […] Depuis sa mort, on a publié ces Rustiques dont il avait préparé le recueil ; et, sous le titre de la Vie des bêtes, on vient enfin de publier ce qu’il laissait, les trois premiers chapitres, d’un roman, Lebrac, bûcheron, — les personnages sont déjà bien dessinés, — plusieurs nouvelles et une série d’« études » très curieuses, toutes relatives aux chères bêtes qu’il savait qui ne sont pas du tout bêtes. […] Le roman de L’Empreinte est célèbre, On se souvient du collège Saint-Louis de Gonzague et de ce jeune homme alarmé que charment la discipline et l’extase, que tente la vie émancipée et que ramène à Dieu l’enchantement des messes matinales, ce Léonard Clan, docile et révolté, curieux d’une liberté dont il ne sait plus rien faire : Stendhal l’aurait aimé. […] Il ne l’aime point, à vrai dire ; mais il est curieux d’elle.
Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que Lamartine ait continué à en faire de tels au lendemain de ses Premières Méditations et toujours à en mêler à ses meilleurs. […] Ce morceau curieux est suivi par un ensemble de détails fort significatifs, Sainte-Beuve chez lui, qui nous montrent l’écrivain entre ses visiteurs habituels, Loudière, docte ami d’enfance, Rochebilière, érudit, Pantasidés, professeur de grec, Mme Colet et Blanchecotte, M. […] Il est curieux pour l’observateur de voir, au lendemain du coup d’État, se rallier des exclusifs tels que Lamarque et tant d’autres qui flétrissaient la constitution de l’an III comme trop modérée et qui, si le nom avait été inventé, auraient taxé le Directoire d’« opportunisme ». […] Leurs pieds laissaient à peine une empreinte sur le sable argenté ; et, pendant qu’ils conversaient, le flot curieux, parti de la haute mer, se brisait à leurs pieds en les couvrant de coquillages et semblait dire : “Prenez-moi pour témoin.”
Je vois des gentilshommes, assis sur des fauteuils dorés, fort calmes d’esprit, fort étudiés dans leurs paroles, observateurs froids, sceptiques diserts, experts en matière de façons, amateurs d’élégance, curieux du beau langage autant par vanité que par goût, et qui, occupés à discourir entre un compliment et une révérence, n’oublieront pas plus leur bon style que leurs gants fins ou leur chapeau. […] Notre esprit fin et ordonnateur, le plus exact à saisir la filiation des idées, le plus prompt à dégager les idées de leur matière, le plus curieux d’idées nettes et accessibles, trouve ici son aliment avec son image. […] Comparez cet essai à l’ouvrage de Carlyle ; c’est le même titre et le même sujet, et il est curieux d’y voir la différence des deux siècles.
Aussi apparaît-il comme un accident curieux, intéressant, remarquable même à certains points de vue, mais rien qu’un accident dont la répercussion dans l’art ne sera que passagère. […] Ses incertitudes, sa fièvre sont curieuses à observer. […] « Si nous osions, disait-il, créer une architecture d’après notre âme, ce serait le labyrinthe qui devrait nous servir de modèle. » Et il définissait le philosophe : « Un homme qui éprouve, voit, entend, soupçonne, espère et rêve constamment des choses extraordinaires, qui est frappé par ses propres pensées comme si elles venaient du dehors, d’en haut, d’en bas, des événements et des éclairs… Un être qui, souvent, a peur de lui-même, s’enfuit hors de lui-même, mais qui est trop curieux pour ne pas toujours en revenir à lui-même. » C’était son portrait qu’il donnait là.
Voir encore, si l’on est curieux de suivre l’engagement, la Décade, an viii, troisième trimestre, p. 554, et quatrième trimestre, p. 47.
La passion qu’il ressentit pour Juliette, et dont il l’obséda pendant plusieurs années, a laissé des traces dans une volumineuse correspondance ; nous en avons lu quelques lettres très curieuses ; elles brûlent d’un feu qui ressemble à l’amour comme la sensualité ressemble au sentiment.
Les pieds heurtent sans cesse contre les chefs-d’œuvre du ciseau grec : on les ramasse, on les rejette, pour en ramasser un plus curieux ; on se lasse enfin de cet inutile travail ; tout n’est que chef-d’œuvre pulvérisé.
XVI En attendant, l’envie, curieuse de sa nature, commence à suspecter la source des richesses de ce philanthrope inconnu et maladroit, qui, en effet, est loin d’être pure ; car l’argenterie dérobée à l’évêque de gré ou de force, et la pièce de quarante sous arrachée par violence au pauvre enfant, sont deux mauvaises pierres angulaires de cette fortune équivoque.
C’était un rocher à pic, dominant comme un promontoire les abords ombragés de la montagne et ombragé lui-même par derrière de sept à huit gigantesques sapins qui formaient rideau contre les regards curieux.
Joinville est un esprit plus libre, plus curieux, plus animé que Villehardouin.
Il s’agit en effet non de faire briller son esprit dans quelque matière spéculative, simplement curieuse ou d’une application éloignée, mais de faire prévaloir des vérités de foi quotidienne qu’il y a danger de mort éternelle à méconnaître.
Il faut donner aux chercheurs, aux curieux, le moyen de se reporter aux textes originaux.
Ce n’est pas contre des enfants comme vous que ce mur a été élevé au-dessus de la portée du regard des hommes, et que ces fenêtres et cette porte se sont fermées ; c’est contre les hommes curieux, calomniateurs ou méchants, qui vous persécutent quand vous habitez au milieu d’eux et qui vous haïssent quand vous vous retirez de leur société.
Mais la traduction de ce curieux ouvrage par le Nestor de la littérature sanscrite, le célèbre Wilkins, était déjà depuis longtemps entre les mains des savants ; et comme la Bibliothèque du roi possédait un manuscrit de l’original indien, ce fut là naturellement le texte que j’adoptai, en me servant pour le déchiffrer, en guise de dictionnaire, de la traduction anglaise dont je viens de parler.
Quelques types d’un relief curieux.
Prestwich, dans ses remarquables mémoires sur les dépôts Éocènes de France et d’Angleterre, a pu établir un étroit parallélisme entre les étages successifs des terrains des deux contrées ; mais, lorsqu’il compare certains terrains anglais avec les dépôts correspondants de France, bien qu’il trouve entre eux un curieux accord dans le nombre des espèces de chaque même genre, cependant les espèces elles-mêmes diffèrent d’une manière très difficile à expliquer, si l’on prend en considération la proximité des deux régions.
Si curieux que le poète comique puisse être des ridicules de la nature humaine, il n’ira pas, je pense, jusqu’à chercher les siens propres.
Voilà de bien curieuses révélations dues aux récentes méthodes de recherche, et qui éclairent d’une lumière toute nouvelle la question des rapports de l’âme et du corps.
De curieux détails sur cette époque de la vie de Mme de Staël se peuvent lire dans le Mémorial de Gouverneur Morris (édition française, tome I, pages 256-322, presque à chaque page). […] Les impartiaux et les curieux pourront trouver une justification de Mme de Staël sur ce point, et une bonne appréciation de Delphine en général, dans un livre que j’ai déjà cité : Notice et Souvenirs biographiques du comte Van Der Duyn… (1852).
Sinon, il serait plus curieux de les voir s’essayer à vivre. […] Or, dans le même temps, diverses tentatives curieuses d’élargissement et de libération se manifestent dans la mise en scène.
Ainsi, la preuve tirée de l’observation pure et simple va toujours se renforçant, tandis que, d’autre part, l’expérimentation écarte les objections une à une : c’est ainsi que les curieuses expériences de H. de Vries, par exemple, en montrant que des variations importantes peuvent se produire brusquement et se transmettre régulièrement, font tomber quelques-unes des plus grosses difficultés que la thèse soulevait. […] Mais, sans même aller jusqu’à comparer entre eux deux organismes aussi éloignés l’un de l’autre, on arriverait à une conclusion identique en étudiant, dans un seul et même organisme, certains faits bien curieux de régénération.
Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que M. […] Et les productions les plus délicatement individuelles, celles dont le parfum ne se confond avec nul autre, celles qui ont remué dans notre cœur les fibres les plus intérieures, ont-elles dû cette magie à un travail curieux de langage, à un choix laborieux d’expressions et d’images ? […] Le poète est en quête d’âmes et de destinées intéressantes à observer, curieuses à connaître. […] D’autres sont curieux de végétaux, de livres ou de médailles ; il est curieux, lui, de belles âmes cachées, de vertus ignorées d’elles-mêmes ; ce sont ses médailles.
Une vive entrée en liaison avec la jeune Mme de Schomberg donna quelque éveil curieux et jaloux aux autres amies plus anciennes : on ne voit pas que cet effort d’une âme qui semblait se reprendre à quelque chose ait duré.
Il fallait, pour donner une leçon morale, en faire « une imprudente, une babillarde, une curieuse » ; il fallait préparer la sotte réponse qu’elle fera du haut de l’air aux gens émerveillés ; il fallait dire comme La Fontaine : Une tortue était à la tête légère, Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays.
J’ai été curieux de revoir mes livres, de les tirer des coffres où ils étaient renfermés, pour leur faire voir le jour et les remettre sous les yeux de leur maître.
Il ne tint même qu’à lui d’y apprendre quelque chose de bien plus curieux, puisqu’on y savait de toute antiquité que Mercure, pour tirer une déesse du plus grand embarras, joua aux échecs avec la lune et lui gagna la soixante-douzième partie du jour.
Ce livre a aussi un grand mérite aux yeux des curieux du cœur humain : c’est d’avoir à demi ouvert le portefeuille de madame Récamier, et d’avoir révélé ainsi au monde une correspondance inédite et profondément intime de l’amour ou de l’amitié (comme on voudra) entre elle et M. de Chateaubriand.
Platon fut à Socrate ce que saint Paul fut au Christ ; tous deux écrivent, commentent et développent la doctrine de son maître qui n’a rien écrit, et, ici, il serait curieux peut-être d’examiner pourquoi ni le révélateur d’une philosophie raisonnée, ni le révélateur d’une religion révélée, n’ont pas voulu, ou n’ont pas daigné écrire eux-mêmes une seule ligne, si ce n’est ce doigt sur le sable qui traça des caractères de miséricorde.