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1267. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine peut renfoncer la fatuité dans le ventre en traduisant comme il sait traduire, et l’autre le philosophe Stuart Mill, dont Dupont White a, je crois, traduit la Liberté politique.

1268. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Ces hommes qui se sont vantés d’avoir mis la liberté dans le monde, ces charlatans et ces menteurs, ces Tartufes de philosophie, agirent hideusement contre l’homme qui les jugea, toute sa vie, avec une indépendance lumineuse… Ils l’insultèrent ; ils le jetèrent au donjon de Vincennes ; ils finirent par faire supprimer son Année littéraire, et ils tuèrent, par là, l’œuvre et l’homme, car il en mourut… Et quand leur révolution triomphante eut passé sur cet assassinat, le xixe  siècle, qui n’avait dans ses grandes oreilles d’âne que le bruit des choses de la Révolution, Pavait oublié, et il fallut… quoi ?

1269. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Quand, de ce côté-ci de la Révolution française, avec des idées de liberté religieuse que cette révolution a créées, nous ne voyons qu’une passion indigne du grand roi dans la révocation de l’Édit de Nantes, une passion odieuse et payée d’un immense désastre industriel, nous ne discernons réellement que la moitié des choses, et nous mettons entre nous et les mobiles de Louis XIV l’épaisseur de nos propres conceptions.

1270. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Mais elle n’en fit pas moins, dans un anthropomorphisme plus hideux que le sien, des déesses de la Liberté avec des femmes qu’elle monta sur des autels, païenne jusque-là !

1271. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Cette païenne qui a toujours répugné au mariage parce qu’elle n’a jamais senti en elle que l’amour des courtisanes lettrées de la Grèce, cette femme qui pressentait, dès le xiie  siècle, les libertés saint-simoniennes de notre temps, écrit dans ses lettres cette déclaration de principes : « Quoique le nom de femme soit jugé plus fort et plus saint, — (quel préjugé !) 

1272. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Le Ramayâna n’a ni action, ni drame, ni individualité, ni génération d’événements, ni rien enfin de ce qui constitue, chez les peuples qui possèdent la notion de l’ordre et de la liberté, une épopée.

1273. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Cette païenne qui a toujours répugné au mariage parce qu’elle n’a jamais senti en elle que l’amour des courtisanes lettrées de la Grèce, cette femme qui pressentait, dès le douzième siècle, les libertés saint-simoniennes de notre temps, écrit dans ses lettres cette déclaration de principes : « Quoique le nom de femme soit jugé plus fort et plus saint (quel préjugé !)

1274. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

… Je cherche un endroit écarté Où d’être homme d’honneur on ait la liberté !

1275. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Un Croisé trouve tout naturel d’acheter par sa mort la liberté du Tombeau du Christ ; le vieux Corneille ravit tout le public par ses tirades sur l’honneur ; Vincent de Paul est sûr de trouver toujours qui le suive dans sa mission de charité.

1276. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Comment sentir la nature, comment aspirer en liberté le parfum des choses, si on ne les voit que dans les formes étroites et moulées d’un système ? […] C’était vraiment la naissance de la raison et de la liberté. […] Notre liberté a fini par nous faire peur, et, comme un passant sur un pont ébranlé, nous cherchons une barrière et un garde-fou. […] C’est donc qu’il croit à l’avènement possible de la justice, à l’existence actuelle de la liberté. […] Il ne s’appartient pas, et suscite des colères s’il essaie de recouvrer sa liberté, s’il ne se donne pas corps et âme à chacun de ses contemporains.

1277. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

La liberté fort grande du style contemporain et parisien ne lui suffisait pas. […] « Et des promesses de bonheur, de liberté ! […] Il maudit la liberté de la presse, et appelle les journaux des « entrepôts de venin ». […] Il est clair qu’avec la gendarmerie d’un côté et l’enfer de l’autre, on peut beaucoup sur les hommes, et que des peuples exclus de l’égalité par les majorats, de la liberté par le despotisme, de la pensée par l’Église seraient trop heureux d’être bien nourris et point trop battus. […] Et il les engage à s’arrêter, à se contenter pour le moment d’une Charte royale, à ne marcher que pas à pas, à la manière anglaise, à se séparer après avoir obtenu : « 1° la liberté individuelle ; 2° la liberté de conscience ; 3° la liberté de la presse ; 4° le jugement par jury ; 5° la représentation législative ; 6° la périodicité des réunions ; 7° le droit d’initiative ; 8° le droit exclusif de voter les taxes et d’en régler l’emploi ; 9° la responsabilité des ministres ».

1278. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Lisez l’épître de Belzébuth « au très-honorable comte de Breadalbane, président de l’honorable société des highlands, réunie le 23 mai dernier, à Covent-Garden, pour concerter des moyens et mesures à l’effet de rendre vain le projet de cinq cents highlanders qui scandaleusement avaient tâché d’échapper à leurs seigneurs et maîtres dont ils étaient la propriété légitime, en émigrant dans les déserts du Canada, afin d’y chercher cette chose imaginaire, —  la liberté !  […] Il célèbre l’arbre de la liberté mis à la place de la Bastille. « Sur cet arbre-là croît un singulier fruit ; —  tout le monde pourra dire ses vertus, mon garçon. —  Il relève l’homme au-dessus de la brute, —  et fait qu’il se connaît lui-même, mon garçon. —  Que le paysan en goûte un morceau, —  le voilà plus grand qu’un seigneur, mon garçon […] —  La liberté est un glorieux festin. —  Les cœurs ont été bâties pour les poltrons, —  les églises pour plaire au prêtre. […] —  La liberté est un glorieux festin. —  Les cœurs ont été bâties pour les poltrons, —  les églises pour plaire au prêtre1166. […] Wordsworth lui-même, le troisième et le plus tempéré, avait débuté par des vers enthousiastes contre les rois, « ces fils du limon, qui de leur sceptre voulaient arrêter la marée révolutionnaire, et que le flot montant de la liberté allait balayer et engloutir. » Mais ces colères et ces aspirations ne tenaient guère ; et tous trois, au bout de quelques années, ramenés dans le giron de l’État et de l’Église, se trouvaient, l’un journaliste de M. 

1279. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Cette liberté que garde l’expérimentateur est, ainsi que je l’ai dit, fondée sur le doute philosophique. […] En biologie et particulièrement en médecine, les théories sont si précaires que l’expérimentateur garde presque toute sa liberté. […] Seulement il faut garder sa liberté d’esprit, ainsi que nous l’avons dit plus haut, et croire que dans la nature l’absurde suivant nos théories n’est pas toujours impossible. […] Le sentiment, d’où tout émane, doit conserver sa spontanéité entière et toute sa liberté pour la manifestation des idées expérimentales ; la raison doit, elle aussi, conserver la liberté de douter, et par cela elle s’impose de soumettre toujours l’idée au contrôle de l’expérience. […] L’indéterminisme dans la statistique laisse à la pensée une certaine liberté limitée par les nombres eux-mêmes, et c’est dans ce sens que les philosophes ont pu dire que la liberté commence où le déterminisme finit.

1280. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

C’est donc qu’un élément de liberté se mêle aux nécessités de l’histoire et, à leurs implacables rigueurs, ajoute sa contingence ? […] Et, cet élément de liberté, le voici : l’initiative individuelle. […] Et, en somme, le principe de la liberté historique, c’est la possibilité des fautes que commettent les politiques. […] Les poèmes et les ballades de Swinburne, qui parurent en 1866, reprenaient avec liberté les fables de la littérature antique. […] Avec une heureuse liberté, il arrange agréablement les robes de ses jeunes femmes, afin que plis et nuances fassent une harmonie.

1281. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Après avoir analysé la théorie de Kant sur la liberté et montré qu’elle n’est qu’un déterminisme, mal déguisé par la distinction célèbre entre l’Homme phénomène ou l’homme engagé dans le temps et l’homme éternel, ou noumène, M.  […] Admirons la sanguinaire aberration de ce faux esprit d’humanitarisme, qui aboutit à laisser en liberté des malfaiteurs reconnus, comme les assassins du rapide de Lyon, — tous les trois des amnistiés11. […] En dépit des déformations de l’usage, la généreuse idée de liberté reste enveloppée dans ce terme, comme elle reste vivante dans notre race, à laquelle aucun prédicateur de rébellion ne fera jamais accepter l’esclavage du communisme. […] La liberté, c’est le pouvoir d’agir mieux ou moins bien, d’avancer, par conséquent, ou de régresser. […] Un demi-siècle de ce régime, et, si l’on y joignait, par la liberté de tester, une possibilité de reconstituer en quelque mesure la grande propriété terrienne, on aurait beaucoup fait pour la décentralisation, surtout en y ajoutant une autre liberté, celle des fondations religieuses, écoles et couvents.

1282. (1886) Le naturalisme

Si en principe on admet la liberté, il faut la supposer relative et sans cesse combattue, limitée par tous les obstacles qu’elle rencontre dans la vie. […] Quand ils virent que l’auteur prenait la liberté de dire mouchoir tout sec, ils soulevèrent un tel tumulte que le théâtre en branla. […] Il hait par dessus tout la société moderne, ce que l’on a coutume d’appeler l’intelligence, le progrès, les découvertes, l’industrie et les libertés. […] Maintenant si quelqu’un me demande où commencent ces écarts et jusqu’où va la liberté que peut s’accorder l’écrivain, je ne saurais le dire. […] Au Naturalisme en général, cela est établi à part la pernicieuse hérésie de nier la liberté humaine, on ne peut imputer aucun autre genre de délit.

1283. (1925) Portraits et souvenirs

Du romantisme, il pratiqua surtout les chemins de traverse, soucieux de sauvegarder sa liberté d’esprit. […] Chacun s’arrange pour s’y ménager un peu de loisir et de liberté, et est-il de meilleur emploi de cette liberté et de ce loisir que de charger les poètes de les embellir de leurs rêves et de charmer notre repos de leurs nobles agitations et de leurs divines inquiétudes ? […] Ils y aventurent leur liberté. […] De ce passé, le prince Frédéric de Hohenlohe a réuni avec amour maintes reliques et maints vestiges, surtout ceux de l’époque qui lui est particulièrement chère, de ces suprêmes années d’élégance et de liberté où Venise, déjà déchue, mais plus séduisante encore, raffinait ses dernières grâces et ses dernières délicatesses. […] Lui octroyait-on simplement ces libertés et ces privilèges pour mettre à leur aise les graves magistrats, les pompeux sénateurs et pour donner au peuple le plaisir de pouvoir impunément les coudoyer ?

1284. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Et tandis qu’en politique, il réclame encore pour l’individu la liberté d’expansion, il proclamait alors la liberté de l’expression. […] N’étant pas partisan de la Liberté, il prétendit que le poète devait s’asservir à la nature, se soumettre au joug sacré de ses émotions, en être le docile esclave attentif. […] Pas plus que les Parnassiens, qu’il offensa par la liberté, l’ingénuité de sa grâce, ces messieurs ne peuvent le revendiquer.

1285. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Il veut peut-être concilier et assembler trop de choses, tenir trop d’éléments en présence et en équilibre, religion et philosophie, régularité et liberté, impartialité et émotion, stabilité et progrès, culte du passé et aspiration vers l’avenir… C’est après tout une noble ambition, l’ambition des esprits jeunes, même quand ils sont le plus modérés.

1286. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mais le propre de la douleur en Mme Valmore et ce qui la différencie des autres, c’est qu’elle lui laissait la pleine liberté d’esprit et le mouvement spontané de cœur vers toutes les douleurs environnantes ; c’est qu’elle n’était jamais assez remplie de sa douleur à elle pour ne pas rester ouverte à toutes celles des autres : « … Que de chagrins étrangers à nous se mêlent aux nôtres !

1287. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Il avait défendu contre la critique d’Hoffman des Débats le beau poëme des Martyrs, et plus tard, en 1826, il attaqua M. de Chateaubriand pour son discours sur la liberté de la presse.

1288. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

On peut trouver sa forme étriquée, ses rythmes monotones et simples : songeons que la liberté antérieure était indétermination, confusion : il a réglé la cadence de la poésie comme il était possible en son temps, et il fallait passer par la simplicité classique pour arriver à la complexité plus riche de l’harmonie romantique.

1289. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

I de ses Oeuvres) ; Dupleix, la Liberté de la langue française dans sa pureté, in-4, 1651 ; Ménage, Observations sur la langue française, in-12, Paris, 1673 ; Bouhours, Doutes sur la langue française, in-12, Paris, 1674 ; Th.

1290. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

C’est que, nous avons beau faire effort pour nous affranchir, il est des cas où, en vertu de notre éducation, nous fixons malgré nous des limites à la liberté d’esprit, et nous sommes tout prêts à la nommer autrement quand elle insulte à certains sentiments que nous jugeons sacrés et hors de discussion.

1291. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Les deux premières se composent de pièces dans lesquelles on retrouvera toute l’énergie, la liberté d’allure des Blasphèmes, bien que les tendances en soient diamétralement opposées ; c’est la tolérance qui, cette fois, est la note dominante du livre.

1292. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Tout ce qui tend à élever l’âme est donc favorable à la morale ; c’est ainsi que les arts, la science, la liberté politique, la philosophie, sont des forces qui tendent à maintenir un niveau élevé dans l’humanité.

1293. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Ainsi, soit que le stile dans lequel nos bons auteurs du temps de Louis XIV ont écrit, demeure toujours le stile à la mode, je veux dire le stile dans lequel nos poetes et nos orateurs tâchent de composer, soit que ce stile ait le sort du stile en usage sous le regne des deux premiers Cesars qui commença de se corrompre dès le regne de Claudius, sous qui les beaux esprits se donnerent la liberté d’introduire l’excès des figures en voulant suppléer par le brillant de l’expression à la force du sens et à l’élegance simple où leur génie ne pouvoit pas atteindre ; je tiens que les poetes illustres du siecle de Louis XIV seront comme Virgile et comme l’Arioste, immortels sans vieillir.

1294. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Mais il y a des théatres étrangers où les acteurs tombent tous les jours dans le vice que Quintilien reprend, en imitant tous les tons et tous les accens pour ne point entrer dans d’autres détails, que prennent les personnes les plus passionnées quand elles se trouvent enfin en pleine liberté.

1295. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Je prends la liberté de renvoyer le lecteur au chap. 

1296. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

C’est la conscience et l’orgueil de la liberté humaine, se posant envers et contre tous, et, si cela lui plaît, même contre Dieu !

1297. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Il n’a pas comme nous, les Jocrisses de providence et de liberté, à démêler l’écheveau toujours si embrouillé du motif humain et de la circonstance.

1298. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

L’Hôpital lui-même n’était allé que jusqu’à un simple édit de tolérance : or, l’Édit de Nantes reconnaissait un droit… Enfin, il y a plus encore : les idées modernes existaient si peu sur l’égalité des cultes et la liberté religieuse, que ces idées, maintenant en possession de tous les esprits, sans l’Édit de Nantes n’auraient peut-être jamais existé.

1299. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

— elle a, dans sa robe blanche, quelque chose de la prosaïque propreté de l’habit bleu de Robespierre, et, s’il est un nom qui lui convienne et qu’on ne lui a pas donné encore, c’est : la bourgeoise de la liberté !

1300. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Ainsi formées, secrètes et profondes, impénétrables et invulnérables, elles apportent dans la galanterie, dans la vengeance, dans le plaisir, dans la haine, un cœur de sang-froid, un esprit toujours présent, un ton de liberté, un cynisme de grande dame, mêlé d’une hautaine élégance, une sorte de légèreté implacable.

1301. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Comme il est mort avant la naissance de la république, dont il eût aimé la dictature encore plus que la liberté, comme il s’est agité, mais n’a pas agi, — rien n’étant plus différent de l’action politique que les vaines agitations d’un journaliste de parti, — on peut sans danger lui établir une conscience posthume irréprochable, et supposer magnifique le rôle qu’il n’a pas joué.

1302. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

En Grèce même, puisqu’il porte un nom grec, il ne se produisit que sous les Grecs du bon temps ; il fut le résultat de circonstances dont l’ensemble ne dura qu’un instant : archipel magnifique, ciel superbe, liberté de pirates, marbre à tailler pour créer des dieux, costume sobre, hospitalité flamboyante, le poignard à la ceinture, rois de toutes parts qui se recevaient tour à tour au milieu d’un état-major résolu pour vider ensemble la coupe d’Hercule sans broncher !

1303. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Eh bien, dans ses Contes, dans l’ensemble de toutes ses œuvres, nous l’avons dit, cet original qui nous charmait tous quand le romantisme proclamait l’axiome fameux : La liberté dans l’Art !

1304. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Puis tout s’éclipse avec l’apparition de la liberté.

1305. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Il a fait des hommes qui nous laissent la liberté du mépris… Le Dr Athanase Renard nous a donné de ces hommes-là une biographie intellectuelle qui les tue.

1306. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Guizot, qui a opposé l’ordre et la liberté dans une antithèse connue, digne de Victor Hugo, comme il oppose aujourd’hui saint Louis à Calvin, dans une autre antithèse, n’entend sous aucun prétexte être un révolté, si protestant qu’il puisse être, et il tripote dans l’histoire pour nous prouver que cela fait deux.

1307. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

craint-on de prévenir l’esprit du lecteur et de nuire à l’indépendance de son jugement, à la liberté de sa pensée ?

1308. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

On se rappelle les vers qu’il publia, peu avant sa mort, dans le journal La Liberté, et avec lesquels il recommença le tour de force de Barthélemy, qui publiait chaque semaine un numéro de sa Némésis.

1309. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Je remarquais plus haut l’étrange liberté vis-à-vis du public du romancier et du poète. […] À ce sujet, il garde dans ses comédies une liberté souveraine. […] On avait trop vécu sur certaines conventions qui n’étaient pas toutes mauvaises, mais qui offensaient à la fois la liberté et la raison. […] Toutes les tentatives que j’ai énumérées tendaient à cette fin plus ou moins explicitement : utiliser avec plus de diversité et plus de liberté les trois dimensions de la scène pour assurer aux drames de Shakespeare une continuité conforme à leur architecture, une présentation modelée sur leur coupe, sur leur courbe mobile à travers l’espace et le temps. […] Ensembles choraux, plastiques, gymniques, choix délicat des éléments décoratifs, liberté et précision du jeu, tout cela, sans exception, est dans la ligne de Copeau.

1310. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Par une expérience ingénieuse et fort connue, Pythagore prouva qu’il avait le pressentiment de cette belle pensée de Leibniz : « La musique est un calcul secret que l’âme fait à son insu. » Définition admirable, qui semble dérobée à la langue de Platon, et qui concilie la liberté indéfinie du génie créateur de l’homme avec l’ordre absolu qui règne dans la nature. […] Nos beaux habits, la langue allemande et ma liberté habituelle, que j’employai fort à propos en commandant en allemand à mon domestique d’appeler les hallebardiers suisses pour nous faire faire place, me servirent à merveille et nous permirent partout de nous mettre en avant. […] Je n’invitai personne à venir me voir chez moi pour conserver ma liberté, et je tins toujours comme plus raisonnable d’aller visiter les autres quand cela me convenait ; car, s’ils me déplaisent et si j’ai à travailler, je puis ne pas les aller voir, tandis que, si les gens viennent chez moi et s’ils m’ennuient, je ne sais comment m’en débarrasser ; s’ils me conviennent d’ailleurs, ils peuvent précisément me gêner dans mon travail.

1311. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

La liberté d’ailleurs réserve toujours ses droits, plus imprescriptibles encore que ceux de la vérité. […] Tout le reste n’est qu’un facile développement de ces féconds principes ; et l’homme intelligent et libre, s’il a tout à craindre encore des abus de sa liberté, peut se reposer avec une sécurité imperturbable sur la bonté, la justice et la puissance de Dieu. […] La philosophie n’impose point de symbole à personne, parce qu’avant tout elle respecte la liberté, sans laquelle l’homme n’est point ; elle ne donne à personne des croyances toutes faites ; mais à tous ceux qui la suivent, elle apprend à s’en faire ; et elle ne peut que plaindre ceux que ne touche pas la foi d’un Socrate.

1312. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

dit Goethe, et n’a-t-il pas traité son sujet avec une liberté d’esprit complète ?  […] Quand sa crue s’arrêtera, ce sera un chêne élevé, fort, élancé, mais il n’aura pas entre sa tige et sa couronne les proportions nécessaires pour être vraiment beau. — Si au contraire un chêne pousse dans un lieu humide, marécageux, et si le sol est trop nourrissant, de bonne heure, s’il a assez d’espace, il poussera dans tous les sens beaucoup de branches et de rameaux ; mais ce qui manquera, ce seront des forces qui puissent l’arrêter et le retarder, aussi ce sera bientôt un arbre sans nœuds, sans ténacité, qui n’aura rien d’abrupte, et, vu de loin, il aura l’aspect débile du tilleul ; il n’aura pas de beauté, du moins la beauté du chêne. — S’il croît sur la pente d’une montagne, dans un terrain pauvre et pierreux, il aura cette fois trop de nœuds et de coudes, c’est la liberté du développement qui manquera ; il sera étiolé, sa crue s’arrêtera de bonne heure, et devant lui on ne dira jamais : « Là vit une force qui sait nous en imposer. » — J’ai pu voir de très beaux chênes, dis-je, il y a quelques années, lorsque de Gœttingue je fis quelques excursions dans la vallée du Weser. […] Je vois venir le temps où il y aura en France des milliers d’hommes qui penseront comme lui. » XIV Voici une scène où l’âme scientifique et pittoresque de Goethe se développe en liberté.

1313. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

En sus, dans le sentiment de l’amour est impliquée une grande liberté d’action. […] Ainsi, autour du sentiment physique qui forme le noyau du tout, sont rassemblés les sentiments produits par la beauté personnelle, ceux qui constituent le simple attachement, le respect, l’amour de l’approbation, l’amour-propre, l’amour de la possession, l’amour de la liberté, la sympathie. […] L’idéal de la société doit être un minimum de gouvernement et un maximum de liberté.

1314. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

L’espace grand devant les pas, le ciel libre sur la tête rendent l’âme vaste et l’esprit indépendant : les murs sont l’esclavage, les champs sont la liberté. […] Ce repas s’accomplissait en silence, interrompu seulement de temps en temps par quelques remarques profondes, fines ou malicieuses, du vieux berger, aussi sage que Nestor, ou par quelques rires contenus des jeunes filles rougissantes, qui se retournaient contre le mur pour cacher leur visage ou qui s’enfuyaient en folâtrant dans les cours pour rire en liberté. […] Elles détellent les mules et les laissent en liberté, près du fleuve rapide, brouter les gras pâturages ; puis de leurs mains elles tirent du chariot le linge et le plongent dans l’onde ; elles le foulent à l’envi dans ces profonds bassins.

1315. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Abel Rémusat, homme d’ailleurs d’infiniment d’esprit, de plus d’esprit peut-être encore que de savoir, était un adversaire politique des plus prononcés, un partisan du pouvoir absolu tel qu’il existe en Asie et dans l’Empire du Milieu, un ennemi ironique et amer de la liberté. […] Magnin, quelques-uns de loin en loin, sur les Études historiques de Chateaubriand, sur l’Histoire de la Renaissance de la liberté en Italie, par M. de Sismondi, un très bon article sur un drame du théâtre chinois traduit par M. 

1316. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Son souvenir, agité et traduit en tous sens, était resté si présent, qu’en 1790 un des bataillons de la garde nationale de Lyon, celui du quartier qu’elle habita et de la rue Belle-Cordière, s’avisa d’arborer aussi son nom et son image sur son drapeau : on la transforma même alors, pour plus d’à-propos, en une héroïne de la liberté ; on lui mit la pique à la main, et l’on surmonta le tout du chapeau de Guillaume Tell, avec cette devise : Tu prédis nos destins, Charly, belle Cordière, Car pour briser nos fers tu volas la première. L’épisode du siége de Perpignan était devenu ici une croisade pour la liberté.

1317. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Ai-je mérité ma liberté ?  […] Quant aux individus célèbres, représentants des opinions qu’il partageait, auteurs des écrits dont il se nourrissait dans la solitude, il les aimait, il les révérait sans doute, mais il ne relevait d’aucun, et, homme comme eux, il savait se conserver en leur présence une liberté digne et ingénue, aussi éloignée de la révolte que de la flatterie.

1318. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

En ce cas, qui est celui de l’Angleterre, tous ces privilèges qui transigent entre eux et se soutiennent les uns les autres composent par leur réunion les libertés publiques  Ici, un seul corps étant représenté, ses députés ne sont ni chargés, ni tentés de rien concéder aux autres ; son intérêt est leur seul guide ; ils lui subordonnent l’intérêt général, et le servent à tout prix, même par des attentats publics. […] Mais, féodal ou moderne, le domaine est toujours sa propriété, dont il peut abuser autant qu’user ; or qui use en toute liberté finit par abuser avec toute licence.

1319. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Mon oncle vivait en simple gentilhomme de campagne, dans l’obscurité et dans la liberté de son désert. […] » dit-il, « et buvons-la à la liberté et à la patrie !

1320. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Notre art de penser, notre manière de sentir, de goûter la vie, d’imaginer l’amour, voilà nos trésors les plus chers. » C’est la singularité d’Hugues Rebell, que ce contempteur de la morale religieuse et sociale fut un moraliste à rebours, réclamant la liberté des instincts et rêvant d’hommes capables de produire des œuvres viriles. […] Je m’imagine que le style n’est qu’une imitation de la parole et qu’il n’a de beauté qu’autant qu’il en garde la liberté, le mouvement, le naturel.

1321. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

  L’œil ne pouvait l’endurer, mais l’oreille et le cœur, avec une extase de délices ténébreuses, Avec une terreur et un émerveillement dont les racines étaient la joie et la force de la pensée mise en liberté, Percevait le surgissement d’un arrêt divin, comme une aube ensoleillée surgissante aux regards,       Des profondeurs de la Mer. […] Le Christianisme n’était pas libre ; mais déjà il avait la force de rendre libre : celui qui dans le Christianisme comprenait bien la doctrine du Dieu Homme gagnait la liberté de son âme.

1322. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Au reste j’y prens la liberté de dire ce que je pense. […] J’ai pris encore en quelqu’autre endroit la liberté de changer le tour et la pensée d’Horace, pour un sens qui m’a paru plus agréable.

1323. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Et ce qu’il y a de charmant dans cette fable, c’est précisément le contraste parfaitement voulu, parfaitement médité et concerté, le contraste entre la jeunesse présomptueuse qui n’accorde même pas au vieillard la liberté, la licence de travailler en quelque sorte à long terme ; et, tout au contraire, cette sorte de méditation du futur qui accompagne le vieillard dans son labeur et qui lui fait dire : Voilà des jeunes gens qui me suppriment dans leur pensée, et moi, c’est à des gens qui ne sont pas encore, c’est à mes arrière-neveux que je songe déjà   Voilà une très jolie leçon de sagesse, tout à fait dans la manière d’Horace en même temps que dans la manière de Virgile, une très jolie leçon de sagesse antique avec quelque chose, je crois, de plus attendri, de plus doux, de plus mouillé de la tendresse moderne et de la tendresse, j’allais dire chrétienne, mais il ne faut pas dire chrétienne, en parlant de La Fontaine, ce serait trop une erreur, enfin d’une tendresse qui avoisine déjà le christianisme et qui en a senti quelque légère influence. […] Je dirai simplement qu’avec une liberté suprême et même, en vérité, avec peu de vénération pour le texte, La Fontaine a pris uniquement le sujet et le dernier mot — il faut rendre justice à Anacréon — le sujet et le dernier mot, et tout le reste est absolument de lui, comme si le récit était de son invention.

1324. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Il a aimé la liberté, il l’a voulue et comprise au sein de l’ordre ; il l’a défendue de sa plume avec habileté, vigueur et courage ; il est mort sur l’échafaud en la confessant, et non sans avoir auparavant transpercé les bourreaux barbouilleurs de loix de son ïambe vengeur.

1325. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Il considère cette société antérieure et postérieure à l’individu ; il la voit subsistante, nécessaire, harmonieuse, agissant en mille façons et par toutes sortes d’influences inappréciables, plus mère encore que marâtre, ne retirant à l’homme primitif du côté des forces physiques que pour rendre davantage par le moral à l’homme actuel, et imposant dès lors à quiconque naît dans son sein des devoirs, des obligations qui ne sont point proprement de particulier à particulier, mais qui prennent un caractère commun et général : Car les individus, dit-il, à qui je dois la vie, et ceux qui m’ont fourni le nécessaire, et ceux qui ont cultivé mon âme, et ceux qui m’ont communiqué leurs talents, peuvent n’être plus ; mais les lois qui protégèrent mon enfance ne meurent point ; les bonnes mœurs dont j’ai reçu l’heureuse habitude, les secours que j’ai trouvés prêts au besoin, la liberté civile dont j’ai joui, tous les biens que j’ai acquis, tous les plaisirs que j’ai goûtés, je les dois à cette police universelle qui dirige les soins publics à l’avantage de tous les hommes, qui prévoyait mes besoins avant ma naissance, et qui fera respecter mes cendres après ma mort.

1326. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

J’ai eu beau me tâter, je n’ai pu me repentir ; mais, mon cher directeur, je suis pourtant resté un peu effrayé de voir à quel point la critique littéraire devient difficile, quand on n’y veut mettre ni morgue ni injure, quand on réclame pour elle une honnête liberté de jugement, le droit de faire une large part à l’éloge mérité, de garder une sorte de cordialité jusque dans les réserves, Depuis, en effet, que j’ai parlé des deux romans qui, dans ces dernières années, ont le plus piqué l’attention du public et auxquels je n’avais accordé, ce me semble, que des éloges motivés et tempérés, je n’ai cessé, en toute occasion, d’être dénoncé par des confrères vigilants comme un critique peu moral, presque un patron d’immoralité.

1327. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

« Aux savants seuls il appartient de fixer le rang qu’occupera Dübner dans l’histoire des progrès de la philologie et de la critique au xixe siècle : on devra toutefois considérer, en appréciant ses mérites, qu’il ne lui fut jamais donné de les développer en pleine liberté dans un travail tout à fait original et individuel ; il était toujours plus ou moins commandé par les conditions matérielles des publications auxquelles il s’employait.

1328. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Les Contrebandiers ne sont pas seulement, comme les Bohémiens, un délirant caprice de vie aventurière, de liberté sans frein et de migration sans but ; les Contrebandiers ne sont pas les enfants perdus et incorrigibles des races dispersées ; ce sont, comme Béranger le conçoit, les sentinelles avancées, les éclaireurs hasardeux d’une civilisation qui s’approche : Nos gouvernants, pris de vertige, Des biens du ciel triplant le taux, Font mourir le fruit sur sa tige, Du travail brisent les marteaux, Pour qu’au loin il abreuve Le sol et l’habitant, Le bon Dieu crée un fleuve ; Ils en font un étang.

1329. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Quelques amitiés solides et variées, un petit nombre d’intimités au sein des êtres plus rapprochés de nous par le hasard ou la nature, intimités dont l’accord moral est la suprême convenance ; des liaisons avec les maîtres de l’art, étroites s’il se peut, discrètes cependant, qui ne soient pas des chaînes, qu’on cultive à distance et qui honorent ; beaucoup de retraite, de liberté dans la vie, de comparaison rassise et d’élan solitaire, c’est certainement, en une société dissoute ou factice comme la nôtre, pour le poëte qui n’est pas en proie à trop de gloire ni adonné au tumulte du drame, la meilleure condition d’existence heureuse, d’inspiration soutenue et d’originalité sans mélange.

1330. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Boileau lui-même, ce strict réformateur, qui, à force d’épurer et de châtier la langue, lui laissa trop peu de sa liberté première et de ses heureuses nonchalances, Boileau ne fait autre chose que continuer et accomplir l’œuvre de Malherbe ; et, pour se rendre compte des tentatives de Malherbe, on est forcé de remonter à Ronsard, à Des Portes, à Regnier, en un mot à toute cette école que le précurseur de Despréaux eut à combattre.

1331. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Le président Hénault et Rœderer l’avaient déjà tenté ; le premier, qui ne nous paraît grave à distance qu’à cause de son titre de magistrat et de sa Chronologie, mais qui était certes le plus dameret des historiens et l’homme de Paris qui soupait le plus248, se trouvait être avec cela un homme vraiment d’esprit, et la préface de son François II fait preuve de beaucoup de liberté d’idées.

1332. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Le public, qui ne jouit pas d’ailleurs d’une extrême liberté, aime à entendre réciter des sentiments généreux exprimés en beaux vers.

1333. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

C’est la querelle qui se renouvellera au xvie  siècle, quand un nouvel ordre paraîtra, celui des jésuites ; c’est l’éternelle querelle de l’enseignement : tout ce qui ne profite pas du monopole réclame la liberté.

1334. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

L’idée de la liberté anglaise devient un lieu commun de l’opinion publique ; le type de l’Anglais franc, indépendant, original jusqu’à l’excentricité, devient un type banal du théâtre et du roman.

1335. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Il a toujours su ce qu’il faut à ses lecteurs, la dose exacte et l’espèce de philosophie, de fantaisie et de liberté d’esprit qu’ils peuvent admettre.

1336. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

On conçoit, qu’avec cette liberté, il se joue des difficultés qui arrêtent l’analyste.

1337. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Leur vie peu occupée laissait toute liberté à leur imagination.

1338. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

» — a beau retentir, le pas est franchi, la liberté est conquise.

1339. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

En haut : RÉPUBLIQUE FRANÇAISE LIBERTÉ — ÉGALITÉ — FRATERNITÉ Au milieu : tête de Louis-Philippe imprimée en transparent.

1340. (1902) L’humanisme. Figaro

Paul Bourde a mis en présence les deux doctrines qui se disputent l’adhésion de l’humanité civilisée d’une part, l’appétit du sacrifice, du renoncement, de l’abnégation, et l’espoir d’un « au-delà » où toutes les injustices de notre condition terrestre seront réparées d’autre part, l’acceptation réfléchie de la vie présente, et le ferme propos d’ennoblir cette vie par le progrès continu de l’harmonie, de la justice et de la liberté (c’est le problème que vient de poser si crânement Mme Marcelle Tinayre dans la Maison du Péché).

1341. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

L’idée Liberté s’est penchée sur leurs berceaux.

1342. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Andronicus, qui d’abord chantoit son cantique ou sa cantate, & qui exécutoit, alternativement ou en même temps, les intermédes de danses, ayant altéré sa voix, chargea un autre acteur de chanter, & dansa, par ce moyen, avec plus de liberté & de force.

1343. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

Il est de fait que la liberté est une chose excellente : d’après cela, faut-il verser des torrents de sang pour l’établir chez un peuple, en tel degré que ce peuple ne la comporte pas ?

1344. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

Il est le modèle des gens de lettres qui vivent dans le monde par son caractère de droiture & de franchise, par sa noble liberté avec les Grands, par sa douce familiarité avec les petits, par sa sensibilité pour ses amis, & par toutes les qualités du galant homme, de l’honnête homme.

1345. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Elle me répondrait superbement que la morale n’est qu’une hypocrisie, si elle n’est pas la liberté (je m’épargnerai cette vieille guitare) ; mais je lui dirai et je lui répéterai la chose qui devra le plus la toucher : c’est que précisément, dans le livre qu’elle vient de lancer, elle n’est point aussi Cosaque qu’elle se vante de l’être ; c’est que la tournure qu’elle se donne, en commençant son livre, n’est pas du tout la tournure qu’elle prend, en le publiant.

1346. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Homme de sens médiocre, empaumé par la prétention scientifique, il n’a jamais d’aperçu supérieur, ni comme Michelet, ce déboutonné, qui se permet tant d’insolentes libertés avec l’Histoire, de ces paradoxes (suggestifs même parfois de vérité) qui prouvent qu’on pense ou que du moins l’on veut faire penser son lecteur.

1347. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Enfin, à propos d’Horace, il se remet à souffler dans ce vieux cornet à bouquin qu’on appelle l’ordre et la liberté, et nous assure qu’Horace était conservateur.

1348. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

prononçant, chacune à sa manière, l’une avec des lèvres d’airain comme ses trompettes, l’autre avec des lèvres harmonieuses comme les flûtes de ses artistes, ce mot de liberté qui donne le délire à l’esprit humain, elles devaient toutes deux, la Grèce et Rome, en leur qualité seule de Républiques, agir puissamment sur les esprits, lassés de féodalité, de monarchie, de gouvernement, et dressés à la révolte par une philosophie ignorante de l’Histoire.

1349. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Nature particulière de climat, de production et de situation ; influence de ces agents physiques sur les habitants qui viennent successivement s’y fixer ; importance des révolutions intérieures qui agitèrent ces populations ; part immense qu’elles prirent aux événements qui se déroulèrent dans l’Espagne et dans les Gaules… » Et, plus loin, il ajoute encore : « Si les champs catalauniques furent, au temps d’Attila, selon la belle expression de Jornandès : l’aire où venaient se broyer les nations, les Pyrénées, au contraire, furent la retraite bienfaisante où les débris de ces mêmes nations abritèrent leurs pénates et leurs croyances… Lorsque le mouvement torrentiel des diverses races a fini de s’agiter à leur base, l’historien retrouve dans leurs vallées l’Ibère, le Gaulois et le Cantabre, avec leurs forces primitives, leurs fueros, leur farouche liberté.

1350. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Ce sont des maisons d’éducation gigantesques, où les élèves, en dehors des classes, jouissent d’une liberté illimitée.

1351. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

« La liberté de conscience — dit-il — n’était dans l’esprit de personne au xiiie  siècle… » Et il a l’air de le regretter.

1352. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Sans amitié, sans préférence, sans chaleur, sans passion, indifférent à tout, et ne faisant acte de pouvoir, et d’un pouvoir jaloux, que dans la liste des invités de ses soupers, Louis XV apparaissait, dans le fond des petits appartements de Versailles, comme un grand et maussade et triste enfant, avec quelque chose dans l’esprit de sec, de méchant, de sarcastique, qui était comme la vengeance des malaises de son humeur… Un sentiment de vide, de solitude, un grand embarras de la volonté et de la liberté, joint à des besoins physiques impérieux et dont l’emportementrappelait les premiers Bourbons, c’est là Louis XV à vingt ans, c’est là le souverain en lequel existait une vague aspiration au plaisir et le désir et l’attente inquiète de la domination d’une femme passionnée, ou intelligente, ou amusante… Il appelait, sans se l’avouer à lui-même une liaison qui l’enlevât à la persistance de ses tristesses, à la paresse de ses caprices, qui réveillât ou étourdît sa vie en lui apportant les violences de la passion ou le tapage de la gaieté.

1353. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Nous sommes pour la liberté de cœur. » — « Nous estimons par-dessus tout — dit-il ailleurs — les natures dévouées qui s’oublient dès qu’elles aiment, et qui paieraient de leur honneur et de leur paradis les joies de l’amant. » Parmi toutes les passions que Vacquerie respecte et couronne, il n’y en a qu’une seule qu’il ne comprend pas plus que les passions de la tragédie de Racine : c’est la passion de la décence, de la chasteté et du devoir !

1354. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

… Les idées d’un siècle épris de liberté jusqu’à la folie avaient été respirées par l’âme trop généreusement ouverte de l’éloquent dominicain, et elles étaient montées comme une vapeur à son intelligence.

1355. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Dieu l’eût sans doute sauvée pour la justification de ses promesses ; mais la gloire des grands hommes est de se servir de leur liberté et de leur intelligence de manière à économiser l’action directe de Dieu sur la terre et à lui ménager l’effet des grands coups de sa providence.

1356. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Il devait sortir des mortes données de l’abstraction pour entrer dans la vie, et il y est entré dans ce traité de la Connaissance de Dieu, où se cachent sous les plus éclatantes questions d’une théodicée, les arêtes d’une méthode profonde ; il y est entré en observateur qui ne scinde pas l’homme et son esprit pour mieux le connaître, qui ne le mutile pas pour l’étudier : « Je ne puis m’empêcher d’affirmer — dit-il à la page 122 de son second volume : — que l’idée d’être bien déployée, si l’on sait mettre de côté l’habitude que nous avons de tout restreindre, de tout abstraire, de placer, même dans l’être, la négation, qui n’est faite que pour le néant, et de n’oser jamais pleinement soutenir l’universelle affirmation, l’idée d’être est identique à celle de force, d’intelligence, de volonté, de liberté, d’amour.

1357. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

que nous importe son ivresse de liberté ?

1358. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Voyez, dans l’oraison funèbre de la reine d’Angleterre, comme il annonce avec hauteur qu’il va instruire les rois ; comme il se jette ensuite à travers les divisions et les orages de cette île ; comme il peint le débordement des sectes, le fanatisme des indépendants, au milieu d’eux Cromwell, actif et impénétrable, hypocrite et hardi, dogmatisant et combattant, montrant l’étendard de la liberté et précipitant les peuples dans la servitude ; la reine luttant contre le malheur et la révolte, cherchant partout des vengeurs, traversant neuf fois les mers, battue par les tempêtes, voyant son époux dans les fers, ses amis sur l’échafaud, ses troupes vaincues, elle-même obligée de céder, mais, dans la chute de l’État, restant ferme parmi ses ruines, telle qu’une colonne qui, après avoir longtemps soutenu un temple ruineux, reçoit, sans être courbée, ce grand édifice qui tombe et fond sur elle sans l’abattre.

1359. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Nous avons eu l’honneur d’être enrôlé dans ces jeunes bandes qui combattaient pour l’idéal, la poésie et la liberté de l’art, avec un enthousiasme, une bravoure et un dévouement qu’on ne connaît plus aujourd’hui. […] Il montait, il planait, il décrivait des cercle, il se jouait avec une liberté et une puissance qui rappelaient le vol de l’aigle. […] et l’on se permit, à l’endroit de Melpomène, toutes sortes de libertés juvéniles qui durent fort étonner la bonne vieille déesse, peu habituée à sentir chiffonner de la sorte son péplum de marbre. […] Cette traduction, où l’exactitude ne produit nulle part la gêne et qui a toute la liberté d’une œuvre originale, n’est pas restée au répertoire, et ce n’est qu’après un intervalle de plus de trente ans que Rouvière l’a ressuscitée pour jouer le More de Venise sur un théâtre du boulevard. […] La forme était peut-être excessive, mais nous avions raison de défendre la liberté de l’art.

1360. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Faites donc cette épreuve dans un esprit, s’il est possible, de liberté d’esprit chercheur et avec un commencement d’indifférence hautaine. […] La liberté n’est pas précisément le souverain bien terrestre, mais elle en est le signe. […] Mais la liberté est le signe que l’on jouit du souverain bien. […] Je vais te dire en toute liberté ce que c’est que le beau et le juste dans l’ordre de la nature. […] La justice, c’est chacun absolument libre, ou tous si unanimes — voyez bien la force du mot — qu’ils n’ont absolument pas besoin de liberté.

1361. (1890) Dramaturges et romanciers

Est-ce toujours parce qu’ils croient comme les anciens poètes grecs à l’existence d’une divinité implacable contre laquelle l’homme lutterait en vain, ou parce qu’ils nient la liberté humaine ? […] Le jeu libre et spontané des facultés, voilà ce qui constitue le poète, et comment sa liberté s’exercera-t-elle, s’il commence par la comprimer ? […] Pensez un peu en effet à l’accroissement de liberté qui a dû résulter, pour M.  […] Rien qui trahisse l’odeur de la lampe, qui porte la marque de la chaîne du travail ; les tons les plus variés s’y succèdent avec la plus parfaite aisance, et il y règne d’un bout à l’autre une liberté et une souplesse extrêmes. […] Sa liberté de propos est communicative, non contagieuse ; le sanguin peut être quelquefois dissolu, je doute qu’il s’en soit souvent rencontré de réellement corrupteur.

1362. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Elle aussi, elle a sa liberté d’action, ses problèmes particuliers et ses méthodes spéciales pour les résoudre. […] C’est la négation de la liberté humaine, l’affirmation du fatalisme. […] Ils craignent que la liberté morale puisse être compromise si l’on admet le déterminisme physiologique absolu. Récemment même un mathématicien, voyant les progrès de cette doctrine, a cherché à établir une conciliation entre le déterminisme scientifique et la liberté morale19. […] Certaines altérations de l’organe cérébral amènent la folie, font disparaître la liberté morale comme l’intelligence et obscurcissent la conscience chez l’aliéné.

1363. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il compose, pour sa réception, un discours sur l’Étude des littératures étrangères, qui témoigne tout au moins d’une assez grande ouverture et liberté d’esprit. […] Le positivisme, l’évolutionnisme  ou même le pessimisme et le néo-kantisme, qui sont pourtant encore du spiritualisme, et en plein  ont bien meilleur air, semblent impliquer plus de liberté et d’étendue d’esprit. […] Ici, triomphe la sereine liberté d’une écriture qui semble improvisée ; là, le plus prodigieux effort d’expression plastique qui fut jamais. […] dans ce Désert, la belle ivresse de solitude, de liberté et d’orgueil ! […] La liberté d’esprit, c’est ma terre promise.

1364. (1881) Le naturalisme au théatre

Le drame romantique a déblayé le terrain, proclamé la liberté de l’art. […] Il faut se reporter à la première moitié du siècle, pour avoir le sens exact de ce cri de liberté. […] Ce serait bien peu comprendre la liberté conquise que de vouloir nous enfermer dans une nouvelle tradition. […] La liberté littéraire est conquise. […] Elle doit être la liberté en personne, j’imagine.

1365. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Tantôt on assujettit tout à la règle, tantôt on abandonne tout à la liberté. […] Quand son maître entreprend de l’embrasser par force, elle s’étonne, elle ne veut pas croire que le monde soit si méchant. « Le gentleman s’est rabaissé jusqu’à prendre des libertés avec sa pauvre servante1039 !  […] » Elle s’enhardit, elle prend la liberté de lui baiser la main […] Personne n’a enserré les idées dans des compartiments plus rigides ; personne n’a donné un relief plus fort à la dissertation et à la preuve ; personne n’a imposé plus despotiquement au récit et au dialogue les formes de l’argumentation et de la tirade ; personne n’a mutilé plus universellement la liberté ondoyante de la conversation et de la vie par des antithèses et des mots d’auteur.

1366. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

» Puis sur les mœurs de l’Angleterre, pays qu’il aime comme un pays de liberté, il nous cite de curieuses anecdotes. […] Mardi 15 août Eugène Giraud nous mène à la maison rustique qu’il possède à Saint-Gratien, une maison inventée dans une grange, et bâtie et décorée de débris moyenâgeux, et où les lierres, la vigne folle, toutes les plantes de liberté, jettent leurs lianes et leur verdure zigzaguante sur le bric-à-brac de l’architecture de l’intérieur. […] Quand on l’entend parler ainsi, l’estime vient pour cet homme qui passe pour un courtisan, et qui, dans cette maison, gardant toutes les libertés de la discussion, fait à tout moment passer la voix de la vérité sous le couvert de la blague. […] Nous pensions à cette liberté, à ce charme de brusquerie, à cette parole passionnée, à cette langue colorée d’artiste, à ce sabrement des choses bêtes, à ce mélange de virilité et de petites attentions féminines, à cet ensemble de qualités, de défauts même, marqués au coin de notre temps, et tout nouveaux dans une Altesse, — et qui font de cette femme le type d’une princesse du xixe  siècle : une sorte de Marguerite de Navarre dans la peau d’une Napoléon.

1367. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Mais en sacrifiant ainsi sa liberté à l’insouciance et à la frivolité, en renonçant de gaîté de cœur à ses inconstantes métamorphoses, croyez-vous que la poésie n’abdique pas sa mission et son autorité ? […] Hugo avait promis de régénérer la scène, il a eu toute liberté de réaliser sa pensée. […] Qu’il nous soit permis au moins de protester contre ce caprice de la couronne avant l’entier envahissement de nos libertés. […] C’est pourquoi nous retenons la cause, et nous parlerons d’Angelo en toute liberté. […] veut-elle apprivoiser avec ses caresses le tigre furieux qui déchire en lambeaux les libertés de Padoue ?

1368. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Liberté, libertas ! […] L’hexamètre, il s’y ébat en toute liberté octroyée ou prise, mais en toute raison inébranlable. […] Ne fus-je pas moi-même un parnassien, resté fidèle sinon tout à fait aux méticulosités de cette esthétique, du moins, somme toute, persévérant dans l’emploi large et j’ose le croire, judicieux, d’une liberté qui ne perd rien à ne pas extravaguer plus que nature, à ne pas se raidir, se bander, — mais voilà que je parle de moi, alors que c’est de M.  […] J’attendis une semaine environ, le cœur plein d’un vague regret de la liberté que j’étais sur le point d’aliéner, et, après ce temps, je reçus un avis de l’agence, m’informant qu’un directeur d’école du Lincolnshire acceptait de m’engager comme professeur de français et de dessin dans un village du nom de Stickney, près Boston. […] Les deux côtés de la route, bordée de belles haies vives, étaient pour ainsi dire semés de gras moutons et de poulains agiles, vaquant en liberté.

1369. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Il y a fait preuve à la fois d’une érudition vaste et précise et d’une liberté d’esprit absolue. […] Il sait que l’alouette réclame le pâté et l’hirondelle la liberté des espaces. […] Il est un argument pour la philosophie individualiste et pour la liberté des opinions. […] L’argent est le signe de la liberté. […] L’argent, qui est la liberté, est aussi la fécondation.

1370. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Ce pétillement de gaieté, cette vivacité d’imagination, cette légèreté de touche, cette liberté l’allure, cette démarche aisée, ailée, rapide, qui court, et semble vouloir ne prendre de toutes choses que la fleur… ah ! […] Lavisse dépose une couronne sur l’autel de la Liberté. […] Il a montré qu’elle est une conséquence de la liberté et la condition elle-même du mérite. […] Elles passent ainsi, sans liberté et sans joie, une existence monotone que continueront leurs filles. […] Il y a traité de nombreuses questions, et notamment de la liberté morale.

1371. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Sa perte cruelle a été si imprévue et si soudaine, qu’elle a porté, avant tout, de l’étonnement jusque dans notre douleur, bien loin de nous laisser la liberté d’un jugement. […] Lui, dont plus tard les convictions politiques ou philosophiques n’eurent guère d’occasion bien directe de se produire et semblaient plutôt ondoyer parfois d’un air de scepticisme sous le couvert de l’érudition, il croyait vivement à l’amour, surtout à l’amitié, à l’immortalité volontiers, à la liberté toujours, à la patrie, à la grandeur de la France, à toutes ces choses idéales qu’il est trop ordinaire de voir par degrés pâlir autour de soi et dans son cœur, mais qu’il est impossible de sauver, même en débris, après trente ans, lorsqu’on ne les a pas aimées passionnément à vingt.

1372. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

De l’abus même de l’instrument logique, une certaine liberté de pensée naîtra, et les opinions individuelles livreront leurs premières batailles sous l’épaisse armure du syllogisme. […] Il aimait la liberté, et il aimait l’argent : il louait ceux qui mangent chez eux « du potage et des choux », et il restait à la cour, en maugréant, pour attraper quelque bon morceau : et il maugréait d’autant plus qu’il n’attrapait rien, qu’il se voyait en sa vieillesse moqué, dépouillé, cassé aux gages.

1373. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Mais il faut bien entendre que le machiavélisme de Commynes a ses limites, et que son indifférence morale, sa liberté sceptique de jugement sont bornées par trois ou quatre affirmations positives et très fermes. […] Prisonnier à Azincourt, il ne fut mis en liberté qu’en 1440, et prit une 3e femme, Marie de Clèves.

1374. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Deschanel parlant des libertés de la versification de Racine. Mais justement, bien des libertés semblent prises au hasard dans la versification romantique.

1375. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Il publia d’abord des recueils d’alexandrins et un drame, œuvres régulières selon le mode ancien, malgré déjà quelques tentatives de liberté. […] En 1885 il y parut un livre de vers signé « Moi », dont l’auteur réclamait pour les vers toute liberté de forme.

1376. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Walther obtiendra Eva par le concours, et ce motif est celui du rêve dont Walther fera son chant de maître ; il correspond bien à la dernière phrase de Sachs citée plus haut ; on ne lui trouve plus cette liberté indéfinie d’allure qu’il présentait quand il signifiait le printemps, il rappelle à présent Eva, le concours, le nouveau mode que Walther doit créer. […] Motif 67 (p. 26, 38, 57, 70, 82, 83, 263). — Se montre quand Walther se résout à soumettre sa liberté poétique aux règles magistrales.

1377. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

On demande quelle est la liberté dont les femmes jouissent, et ont droit de jouir dans la société et dans la vie conjugale : la liberté préconisée à cette occasion est plus près de la domination que de l’indépendance ; il semble, dit la discoureuse, que les soupçons du mari donnent à la femme le droit de faillir.

1378. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Parlez-lui donc de gloire et de sagesse, de discipline et de liberté, d’enthousiasme et de raison, il vous comprendra et vous obéira. […] Les arts libéraux, ainsi que l’indique assez leur nom, ne vivent que de liberté.

1379. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

L’homme est un être libre ; et il lui fallait un sens qui lui permît l’exercice de sa liberté, un sens au moyen duquel il pût dominer ses organes par la pensée. […] Les animaux restent et doivent rester emprisonnés dans leurs instincts divers : l’homme, perfectible sous le rapport de ses facultés comme sous le rapport du sentiment moral ; l’homme, à qui il est donné de savoir et de connaître ; l’homme, qui peut choisir le bien ou préférer le mal, l’homme est un être libre, et ce n’est que dans l’état social qu’il trouve à la fois et les attributs et les limites de sa liberté : alors il peut en abuser, au point de renoncer à la société elle-même, au point de faire le sacrifice de sa vie ou de s’en dépouiller de sa propre main.

1380. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Sa femme disait de lui, dans une lettre qui nous le peint le même jusqu’à la fin : La grande promptitude de Monsieur n’est point amoindrie avec l’âge, ni son excellent esprit, à qui il donne quelquefois plus de liberté que les affaires de ce temps ne permettent.

1381. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Les Anciens dans leurs comparaisons excellaient à cette généreuse liberté des détails ; et si les modernes, par suite de l’esprit croissant d’analyse, ont dû se ranger à plus de précision, il ne faudrait jamais que cela devînt d’une rigueur mécanique appliquée aux choses de la pensée.

1382. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Ce scholiaste de Venise, en donnant beaucoup de détails sur les procédés, les libertés et les dissidences des grammairiens-éditeurs à l’égard d’Homère, introduisit, en quelque sorte, la critique moderne dans les secrets de ménage des Anciens : rien n’est plus périlleux que les secrets incomplétement saisis ; on les commente sans fin, on les pousse à perte de vue, on en abuse.

1383. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Charles XII peut sembler un peu arrangé après coup, sans doute, dans les projets de pacification et de liberté européenne que lui suppose l’auteur ; Steven peut sembler un peu avancé, lorsqu’il fait saluer à ses hôtes, dans la personne de ses mineurs, les premiers gentilshommes de L’Europe, et cette seule et immortelle noblesse du travail qu’il a l’honneur de commander.

1384. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Mais ce n’est là qu’une partie encore de la puissance du langage ; et les bornes de la carrière que nous parcourons vont reculer au loin devant nous ; nous allons voir cette puissance s’élever à un bien plus haut degré, si nous la considérons lorsqu’elle défend la liberté, lorsqu’elle protège l’innocence, lorsqu’elle lutte contre l’oppression ; si nous l’examinons, en un mot, sous le rapport de l’éloquence.

1385. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Le petit vers des fabliaux trotte et sautille comme un écolier en liberté, à travers toutes les choses respectées ou respectables, daubant sur les femmes, l’Eglise, les grands, les moines, Gabeurs, gausseurs, nos pères ont en abondance le mot et la chose.

1386. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Il y avait plus d’un siècle que se préparait la forme littéraire dont il devait fixer le caractère, et sa doctrine était le terme où l’on devait nécessairement aboutir, lorsque les belles œuvres de l’antiquité païenne eurent éveillé le goût français, et lorsqu’en même temps leur sagesse toute naturelle et toute humaine eut inspiré à la raison moderne la hardiesse de marcher en liberté selon ses lois intimes.

1387. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Sur la fin de son commandement, toutefois, après la Saint-Barthélemy, il se décida à révéler au roi Charles IX les conclusions de son expérience : à force de pendre et de tuer, il en était venu à penser que le roi, pour rétablir son autorité et la paix, devait accorder la liberté de leur culte aux protestants, en détacher peu à peu la noblesse ambitieuse en réservant la faveur et les emplois aux catholiques, enfin user la turbulence de ses sujets dans la guerre étrangère : ce n’est pas là le discours d’un fanatique.

1388. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

L’Aveugle, le Jeune Malade, la Jeune Tarentine, la Liberté, d’autres pièces encore, une foule de fragments inachevés, d’inspirations inemployées sont des œuvres absolument sans pareilles dans notre littérature.

1389. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Il discutait régulièrement toutes les opinions, rejetant avec liberté ce qu’il avait des raisons de rejeter, content chaque fois qu’il pouvait constater la conformité de son sentiment personnel avec une tradition collective ou avec le sentiment d’un autre esprit individuel.

1390. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Niccolo Barbieri dit simplement à ce sujet : « Ces fictions ne peuvent corrompre l’âme des comédiennes, puisque c’est l’usage de l’art. » À une époque plus rapprochée de nous, le marquis d’Argens, remarquant aussi le contraste existant entre la liberté presque illimitée de la scène italienne et les mœurs souvent correctes des actrices de cette nation, l’expliquait par la considération même dont les comédiennes jouissent en Italie.

1391. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Dieu, le Dieu des catholiques, l’intéresse ; aussi le peuple pour sa spontanéité, sa liberté.

1392. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Il composait alors les Valentines, recueil de pièces galantes, de madrigaux dans le goût du xviiie  siècle, mais d’une liberté d’allures, d’une délicatesse de touche ravissantes !

1393. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Sans doute une « analyse des phénomènes de l’esprit humain » doit s’en tenir aux faits ; mais la liberté, qu’on la considère comme vraie ou comme illusoire, est une question de fait aussi, et il n’est guère possible de la reléguer dans le domaine de la métaphysique.

1394. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Il faut rayer de la psychologie le mot « liberté », terme inexact qui n’est bon qu’à tout confondre, et y substituer le mot aptitude.

1395. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Il semble avoir pris tout aussitôt pour devise ce mot de Vauvenargues : « La familiarité est l’apprentissage des esprits. » Dans des conseils qu’il adressait à un jeune homme, Vauvenargues, développant cette même pensée, disait encore : Aimez la familiarité, mon cher ami ; elle rend l’esprit souple, délié, modeste, maniable, déconcerte la vanité, et donne, sous un air de liberté et de franchise, une prudence qui n’est pas fondée sur les illusions de l’esprit, mais sur les principes indubitables de l’expérience.

1396. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

De cette façon, il a pu recueillir ses notes à son aise et en toute liberté, sans que rien gênât sa curiosité ou sa méditation dans cette promenade de fantaisie, qui, nous croyons l’avoir suffisamment indiqué, admet pleinement le hasard des auberges et des tables d’hôte, et s’accommode aussi volontiers de la patache que de la chaise de poste, de la banquette des diligences que de la tente des bateaux à vapeur.

1397. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Il se trouve dans sa jolie pièce : L’Habitude : L’habitude est une étrangère Qui supplante en nous la raison, C’est une vieille ménagère Qui s’installe dans la maison, …………………………………… Cette vieille au pas monotone Endort la jeune liberté.

1398. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Ou le traducteur se donne la liberté de changer les figures et d’en substituer d’autres qui sont en usage dans sa langue, à la place de celles dont son auteur s’est servi ; ou bien il traduit mot à mot ces figures, et il conserve dans la copie les mêmes images qu’elles présentent dans l’original.

1399. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Quand on connoît quelle étoit la délicatesse des grecs en matiere d’éloquence, et sur-tout à quel point ils étoient choquez par une mauvaise prononciation, on n’a point de peine à concevoir que quelques-unes de leurs villes, n’aïent été assez jalouses de la reputation de n’avoir en toutes choses que des manieres élegantes et polies, pour ne vouloir pas laisser au crieur public chargé de promulguer les loix, la liberté de les reciter à sa mode, au hazard que souvent il donnât aux phrases, aux mots mêmes qu’il prononceroit, un ton capable de faire rire des hommes nez mocqueurs.

1400. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Julius Pollux qui composa son ouvrage pour l’empereur Commode, nous assure que dans l’ancienne comédie grecque, qui se donnoit la liberté de caracteriser et de joüer les citoïens vivans, les acteurs portoient un masque qui ressembloit à la personne qu’ils représentoient dans la piece.

1401. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Spencer, une éducation rationnelle devrait réprouver de tels procédés et laisser faire l’enfant en toute liberté ; mais comme cette théorie pédagogique n’a jamais été pratiquée par aucun peuple connu, elle ne constitue qu’un desideratum personnel, non un fait qui puisse être opposé aux faits qui précèdent.

1402. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Ce qui suit n’est qu’une phrase nombreuse ; du reste, elle l’est à souhait, et sans affectation ni raffinement, par où elle est un vrai modèle : « Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, | la félicité sans bornes aussi bien que les misères, | une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’Univers, | tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulée sur une seule tête, | qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; | la bonne cause d’abord suivie de bon succès | et, depuis, des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus, | l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté, | une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes | et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil, | neuf voyages sur mer entrepris par une princesse malgré les tempêtes, | l’océan étonné de se voir traversé tant de fois en des appareils si divers et pour des causes si différentes, | un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Cette période est composée de membres de phrase d’une longueur inégale, mais non pas très inégale, de membres de phrase qui vont d’une longueur de vingt syllabes environ à une longueur de trente syllabes environ et c’est-à-dire qui sont réglées par le rythme de l’haleine sans s’astreindre à en remplir toujours toute la tenue, et qui ainsi se soutiennent bien les uns les autres et satisfont le besoin qu’a l’oreille de continuité à la fois et de variété, de rythme et de rythme qui ne soit pas monotone.

1403. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

N’entendez-vous pas déjà répéter de tous les côtés, et jusque dans nos chaires publiques, que nos grands écrivains du siècle de Louis XIV ne furent pas à leur aise dans les institutions de leur temps, que leur génie a manqué d’indépendance et de liberté, qu’ils ont imposé à la langue et à la littérature nationale des entraves dont elles gémissent, qu’ils nous ont mis à l’étroit dans leurs pensées trop circonscrites ?

1404. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

« L’incontinence des grands — nous dit-il quelque part — est l’engrais où se développe le germe de la liberté des petits » ; et il a beaucoup de ces pensées, qui montrent un regard résolu, une intuition claire de la vérité, mais de la vérité fragmentée, et que l’on pourrait opposer à sa philosophie générale.

1405. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Partout et toujours, dans leurs rapports avec les gouvernements les plus divers comme dans leur lutte avec le Jansénisme, ne les avait-on pas trouvés du côté de la liberté humaine telle que Dieu veut qu’elle soit réglée, et de la civilisation du monde ?

1406. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Ils se dérobèrent à cette direction vague et molle, ils reprirent leur liberté d’action, ils travaillèrent chacun à leur guise.

1407. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Je dirais qu’il est leur critique « officiel », si ce mot, qui sent la domesticité et la sujétion, ne choquait cet esprit avide de liberté. […] Le style de Gyp ressemble à ces corsages-blouses, dont la soie molle indique aux yeux un libre dessin et laisse à l’imagination une agréable liberté. […] Les demi-vierges qu’il nous présente en liberté sont des bêtes de demi-sang, de race douteuse, plus ou moins croisées d’hérédités rastaquouères, affligées de tares coloniales. […] La jeune fille se fie à notre courtoisie chevaleresque ; notre respect doit grandir à mesure que croît sa liberté. […] Ces mots, dont le sens n’est point fixe, laissent au lecteur toute liberté.

1408. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Ils raisonnaient ainsi : “Pourquoi la Liberté serait-elle contraire au Sermon sur la montagne ? […] Leur négation de tout au-delà et de toute liberté le leur interdit. […] Second geste : il rend la liberté à la bête ; et son espingole, d’abord horizontale, se dirige vers la terre. […] Quelques-uns d’entre nous profitaient de cette liberté pour passer leur après-midi dans un cabinet de lecture établi rue Soufflot. […] On vous a entendu tour à tour à Genève, à Heidelberg, à Bologne, à Copenhague, à Cambridge, près de Boston, où vous avez professé à l’Université de Harvard un cours entier sur la Contingence et la Liberté.

1409. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Il est possible enfin que je perde ma fortune, mon repos, ma sécurité personnelle, ma liberté, ma vie, si l’infamie triomphe et si je tombe un jour sous la vengeance de fanatiques capables de tout, avides de rayer l’œuvre de la Réforme, de la Révolution, et de rétablir les plus odieux abus du passé. […] La seule vraie critique, dans sa liberté et sa force initiale, dans sa valeur utile et sa responsabilité grave, dans toute sa grandeur et dans toute sa beauté, est donc celle qui s’exerce sur les auteurs nouveaux. […] » Le droit le plus précieux du critique est le droit à l’erreur, c’est-à-dire la liberté. […] Le critique reste souverainement libre de se tromper : qu’il se le dise, et qu’il use de sa liberté avec tremblement ! […] La méthode, au fond, reste la même ; et, qu’on l’avoue ou non, c’est toujours, pour chacun, la liberté de se tromper, la liberté de juger à ses risques et périls.

1410. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Il faut monter jusqu’au couvent et embrasser d’un regard tout le paysage, pour sentir l’immensité et la liberté de cette vie pullullante. […] De tels débuts sont pleins de promesses ; il faut commencer par être trop attentif, trop serré, trop retenu ; qui d’abord se livre et se lâche finira par le désordre et la négligence ; la réserve est un bon point de départ, car elle conduit à l’aisance et à la liberté. […] À mesure que le temps marchait, l’esprit belliqueux s’affaiblissait ; les mots de liberté et de guerre cessaient de se trouver ensemble. […] Le Play, la monarchie paternelle et absolutiste, le régime de la liberté complète, le système constitutionnel avec toutes ses variétés et toutes ses nuances, ont trouvé des apologistes et des réformateurs conséquents, ingénieux, savants, et dont les idées méritent d’être exposées avec détail. […] Aujourd’hui, avec plus de liberté et d’originalité, il aborde une grande question qui, dans son cadre limité, résume les solutions les plus nouvelles et les plus curieuses de la science moderne.

1411. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

La liberté d’esprit dont l’auteur se pique nous semble d’espèce un peu humble et rudimentaire, quand nous voyons quels piètres personnages elle absout. […] Ce campement à l’étranger permet et engendre, avec l’intimité de tous les jours, une secrète liberté de mœurs et je ne sais quoi d’élégamment bohème. […] C’est vous qui n’avez pas voulu. — Alors je reprends ma liberté tout entière. — Soit. » Et il se dirige vers la porte. « Où allez-vous ? […] Plus fort même que le digne mari d’Ellida (la Dame de mer), lequel se contente de rendre la liberté à sa femme et ne dissimule pas ce que cela lui coûte. Or, Ellida, dès qu’elle est libre, n’use de sa liberté que pour rester auprès de son mari.

1412. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Sans me flatter, c’est la principale cause de la liberté que vous me laissez dans votre journal. […] Il lui a fallu, pour se développer, une époque d’absolue liberté intellectuelle. […] La liberté individuelle y est plus grande qu’en France. […] M. de Ronchaud aima toute sa vie la poésie, l’art et la liberté. […] Tout était liberté, joie, amour, lait et miel.

1413. (1903) La pensée et le mouvant

Mais nous nous attachions à celle-là, parce que nous avions choisi d’abord, pour éprouver notre méthode, le problème de la liberté. […] L’altération principale est sans doute celle qui a créé le problème de la liberté, — un pseudo-problème, né d’une confusion de la durée avec l’étendue. […] Écoutez discuter ensemble deux philosophes dont l’un tient pour le déterminisme et l’autre pour la liberté : c’est toujours le déterministe qui paraît avoir raison. […] La liberté humaine était-elle compatible avec le déterminisme de la nature ? […] Quand elles parlaient d’indétermination, de liberté, elles entendaient par indétermination une compétition entre des possibles, par liberté un choix entre les possibles, — comme si la possibilité n’était pas créée par la liberté même !

1414. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Dans cette vaste transformation des esprits qui occupe tout le dix-huitième siècle et donne à l’Angleterre son assiette politique et morale, deux hommes paraissent, supérieurs dans la politique et la morale, tous deux écrivains accomplis, les plus accomplis qu’on ait vus en Angleterre ; tous deux organes accrédités d’un parti, maîtres dans l’art de persuader ou de convaincre ; tous deux bornés dans la philosophie et dans l’art, incapables de considérer les sentiments d’une façon désintéressée, toujours appliqués à voir dans les choses des motifs d’approbation ou de blâme ; du reste différents jusqu’au contraste, l’un heureux, bienveillant, aimé, l’autre haï, haineux et le plus infortuné des hommes ; l’un partisan de la liberté et des plus nobles espérances de l’homme, l’autre avocat du parti rétrograde et détracteur acharné de la nature humaine ; l’un mesuré, délicat, ayant fourni le modèle des plus solides qualités anglaises, perfectionnées par la culture continentale ; l’autre effréné et terrible, ayant donné l’exemple des plus âpres instincts anglais, déployés sans limite ni règle, par tous les ravages et à travers tous les désespoirs. […] Il aimait naturellement les belles choses, la bonté et la justice, la science et la liberté. […] Pardonnez au traducteur qui essaye d’en donner un exemple dans cette moqueuse peinture du poëte et de ses libertés : « Il n’est pas contraint d’accompagner la Nature dans la lente démarche qui la mène d’une saison à l’autre, ou de suivre sa conduite dans la production successive des plantes et des fleurs.

1415. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

D’après Le Figaro : « C’est une réunion de paradoxes vieillots, si ennuyeux que tout le monde a pris son chapeau » ; d’après La Liberté : « une bouffonnerie à l’esprit de 100 kilos » ; d’après La Libre Parole : « un radotage pénible de vieillard » ; d’après Le National, par la voix du sévère Stoullig : « C’est la prétention dans l’ineptie, la nullité dans l’incohérence, l’absence absolue de toute fantaisie. » Vendredi 20 janvier En lisant le Roman bourgeois de Furetière, je suis étonné de l’originalité de sa définition du roman : « Le roman n’est rien qu’une poésie en prose. […] Au bout de quelques années de mariage, elle faisait une série de visites, au faubourg Saint-Germain, au faubourg Saint-Honoré, où elle prévenait les gens, pour leur éviter tout embarras, et leur donner la liberté de ne plus la saluer, que cette vie de femme honnête l’ennuyait, qu’elle allait carrément se faire courtisane. […] C’est en général, une ère de délivrance, de mise en liberté, de prise de possession de la maîtrise.

1416. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Je l’aime d’abord à cause de sa pieuse sympathie pour les déshérités et parce qu’il fut l’apôtre de la liberté sous toutes ses formes. […] Au lieu de la grâce maladive et pleureuse de quelques-uns des classiques de son siècle, nous trouvons en lui une force vitale prodigieuse, un élan vers toujours plus de lumière et plus de liberté. […] Il est resté l’ami préféré de ma pensée ; la flamme de ses vers est tellement mêlée à ma vie, à ma jeunesse, à mes amours, à mes cris de liberté que je l’aime comme moi-même, et que je ne puis remonter le cours de mes années sans me rappeler, à chaque aurore, l’attrait divin de ses poésies.

1417. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Et l’invention, qui porte en elle la réflexion, s’épanouit en liberté. […] Mais ils viennent tout seuls, ils se déploient d’eux-mêmes dans une âme à la fois agissante et « agie », dont la liberté coïncide avec l’activité divine. […] S’il lui arrivait de s’en écarter, nos mystiques n’hésiteraient pas à secouer son autorité et, forts de leurs relations directes avec la divinité, à se prévaloir d’une liberté supérieure 20 ».

1418. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Le poëte théologien circule dans son monde divin avec une liberté et une sérénité d’enfant qui joue. […] Ils ont eu la charmante liberté d’esprit, la surabondance de gaieté inventive, la gracieuse ivresse d’imagination qui poussent l’enfant à fabriquer et à manier incessamment de petits poëmes, sans autre but que de donner carrière aux facultés neuves et trop vives qui tout d’un coup s’éveillent en lui. […] L’habillement n’est chez eux qu’un accessoire lâche qui laisse au corps sa liberté, et qu’à volonté, en un instant, on peut jeter bas. — même simplicité pour la seconde enveloppe de l’homme, je veux dire la maison. […] Elle forme l’homme par le chœur ; elle lui enseigne les attitudes, les gestes, l’action sculpturale ; elle le met dans un groupe qui est un bas-relief mobile ; elle s’emploie tout entière pour faire de lui un acteur spontané qui représente de verve et pour son plaisir, qui se donne en spectacle à lui-même, qui porte la fierté, le sérieux, la liberté, la dignité simple du citoyen dans les évolutions du figurant et dans la mimique du danseur. […] Du côté du midi, à l’horizon, ils apercevaient la mer infinie, Poséidon, qui embrasse et ébranle la terre, le dieu azuré, dont les bras enserraient la côte et les îles, et du même regard ils le retrouvaient sous le couronnement occidental du Parthénon, debout, violent, dressant son torse musculeux, son puissant corps nu, avec un geste indigné de dieu farouche, pendant que derrière lui Amphitrite, Aphrodite presque nue sur les genoux de Thalassa, Latone avec ses deux enfants, Leucothoée, Hallirothios, Euryte, laissaient sentir, dans l’inflexion ondoyante de leurs formes enfantines ou féminines, la grâce, le chatoiement, la liberté, le rire éternel de la mer.

1419. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

7 juin 1924 Jacques Boulenger À peine le jeune Xavier était-il rendu à la liberté qu’il se vit convoqué rue du Bac par Jacques Boulenger. […] Et il promet que le surréalisme interviendra à temps pour favoriser la liberté de l’esprit. Le tout est de savoir si l’esprit ne serait pas menacé par la liberté même qu’on lui accorderait. […] Protestation justifiée contre les charlatans et les fabricants de littérature, émanant de jeunes gens dont la culture ne peut être mise en doute, dada ne signifiait rien que « liberté, affranchissement des formules, indépendance de l’artiste ». […] En même temps que sa liberté, il y défend d’autres libertés menacées plus encore que la sienne.

1420. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Mercredi 21 septembre Aujourd’hui, anniversaire de la proclamation de la République, une manifestation de vieux voyous et de jeunes titis, portant devant eux une grande toile, sur laquelle est peinte une figure de la Liberté, transpercée de la lumière des torches qu’ils portent derrière la toile — un vrai transparent de l’Ambigu qui vous dégoûte de la liberté et de ce peuple de cabotins. […] À côté de moi, d’un remise descend un lignard, le visage terreux, le regard étonné, et que deux gardes nationaux portent sous les bras à l’église-ambulance, où se lit en lettres gothiques, tout fraîchement peintes : Liberté, Égalité, Fraternité. […] Tony Révillon se lève, annonce la fondation du club de Montmartre, destiné à fonder la liberté, et logiquement, ainsi qu’il le déclare, à détruire la monarchie, la noblesse, le clergé. […] Liberté, Egalité, Fraternité ou la Mort. […] 89 eût pu inaugurer le gouvernement d’un autre peuple, d’un peuple aimant sérieusement la liberté et l’égalité, d’un peuple instruit, jugeur, de libre examen, mais pour le tempérament sceptique, blagueur et gogo de la France, 89 me semble destiné à devenir le régime mortel.

1421. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Il faut donc, en les admirant même, conserver toûjours la liberté de son jugement, et songer que tout lecteur est leur juge naturel : car enfin, pourquoi sont-ils grands, et quel est leur titre, si ce n’est le plaisir qu’ils nous font ? […] Qu’un acteur ait reçu un affront dans le premier acte, et qu’il vînt dire en commençant l’autre, que deux ou trois jours se sont passez depuis son injure, mais qu’il les a bien employez à préparer sa vengeance ; qu’une bataille se donnât entre deux actes, et qu’on n’en pût savoir le succès que le lendemain ; je sais qu’on courreroit de grands risques à prendre de pareilles libertés, mais je sais aussi que ce ne seroient pas défauts bien réels. […] Cassandre répond : le trône bien souvent porte des malheureuses, qui sous le joug brillant de leur autorité, ont beaucoup de sujets et peu de liberté. […] ces exclamations seules sont presque sures de nos larmes ; et sans s’embarasser si la reconnoissance ressemble à d’autres, ni même si elle est filée avec assez de justesse, on se laisse entraîner à l’émotion des personnages ; car plus ils sont émus, moins ils laissent de liberté pour réflechir s’ils ont raison de l’être. […] Il est encore évident qu’avec la liberté de choisir et d’arranger les paroles, on en auroit plus de facilité à perfectionner les choses.

1422. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Il semble qu’elle connaissait le lieu où, une fois débarquée, elle se serait réfugiée, car on voyait et l’on voit encore rôder dans un petit village nommé Kinross, près des bords du loch, George Douglas, avec deux serviteurs de Marie, jadis très-dévoués et paraissant l’être toujours. » George Douglas, le plus jeune des fils de cette maison, était en effet éperdument épris de la captive ; le fanatisme de la beauté, de la pitié, du rang, le dévouait à tous les hasards, pour lui rendre la liberté et le trône. […] Rendre la liberté à Marie Stuart, c’était livrer à l’Espagne, à la France, à la maison catholique d’Autriche, le levier tout-puissant, à l’aide duquel ces puissances remueraient l’Écosse pour la donner au papisme.

1423. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

La nouveauté était de réunir fréquemment les mêmes hommes et mêmes femmes, dans une égalité momentanée et dans une liberté parfaite, non point pour la cérémonie, mais pour le plaisir, non point pour un plaisir extérieur et précis, danse, souper, spectacle (quoique ces plaisirs naturellement ne fussent pas exclus), mais pour le simple et essentiel plaisir qui se pouvait tirer de la réunion des esprits, s’excitant mutuellement par le contact, et s’efforçant de produire ce qu’ils avaient de meilleur. […] Les Voiture, les Malleville, les Sarrazin, les Godeau, les Saint-Amant, les Scudéry, les Scarron même lui opposent leur fantaisie : en eux se perpétue le lyrisme du siècle précédent, mais un lyrisme desséché, plus intellectuel que sensible on imaginatif ; leur art, très contraint dans son apparente liberté, n’est qu’un jeu d’esprit compliqué, dont la règle est de calculer toujours l’effet le moins attendu ou le moins nécessaire, pour le produire.

1424. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Mais, quand on y a réfléchi, on trouve que ce respect suprême de la liberté, cette façon de traiter comme des hommes faits des jeunes gens déjà consacrés par l’intention du sacerdoce, sont la seule règle convenable à suivre dans la tâche épineuse de former des sujets pour le ministère le plus élevé qu’il y ait d’après les idées chrétiennes. […] Un écrit, qui représente mes idées philosophiques de cette époque, mon essai sur l’Origine du Langage, publié pour la première fois la Liberté de penser (septembre et décembre 1848), marque bien la manière dont je concevais le tableau actuel de la nature vivante comme le résultat et le témoignage d’un développement historique très ancien.

1425. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Tout le sérieux de la vie lui vient de notre liberté. […] Il faudrait se figurer que la liberté apparente recouvre un jeu de ficelles, et que nous sommes ici-bas, comme dit le poète, … d’humbles marionnettes Dont le fil est aux mains de la Nécessité.

1426. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Nous verrons le président dans son ambassade de Hollande se prononcer bien noblement au nom de son maître pour la cause de la tolérance et d’une juste liberté religieuse, et le continuateur de De Thou l’a grandement loué à ce sujet, comme l’eût fait de Thou lui-même s’il eût poussé jusque-là son Histoire.

1427. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Il me serait impossible de le faire en toute liberté et en toute convenance.

1428. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il y en avait qui étaient réformateurs en avant et par les moyens propres aux sociétés modernes, discussion, liberté d’examen, suffrage éclairé, lumières graduées et intérêt bien entendu, progrès dans l’égalité, le bien-être et la morale civile.

1429. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Si j’ose me servir de cette expression, je prends la liberté d’avancer sur mon compte que j’étais un franc et loyal chevalier, dont l’esprit était plus mâle que femelle ; mais je n’étais, avec cela, rien moins qu’hommasse, et on trouvait en moi, joints à l’esprit et au caractère d’un homme, les agréments d’une femme très-aimable : qu’on me pardonne cette expression en faveur de la vérité de l’aveu que fait mon amour-propre sans se couvrir d’une fausse modestie.

1430. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Le Play ou ses collaborateurs ont si bien décrits, l’ouvrier émigrant ou le maçon, l’ouvrier sédentaire ou le tailleur, le charpentier de Paris, compagnon du devoir ou de la liberté, etc., il en est un qu’ils ont négligé et que je signale à leur attention ; celui-là, je l’ai observé de près depuis bien des années, et j’ai vécu avec lui, je pourrais dire, comme lui ; aussi suis-je en état de le décrire, et je l’essayerai même, puisque l’idée m’en est venue- : c’est l’ouvrier littéraire.

1431. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Ainsi nous avons ici affaire à un poëte de talent et de pensée, qui ne dit non ni à la science, ni à la philosophie, ni à l’industrie, ni à la passion, ni à la sensibilité, ni à la couleur, ni à la mélodie, ni à la liberté, ni à la civilisation moderne.

1432. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Le 9 thermidor arrive : bientôt Frochot, rendu à la liberté, redevient l’élu des libres suffrages.

1433. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

On sait faire ici quelque distinction entre ceux qui se mettent au large par esprit de débauche et ceux qui ne cherchent qu’à vivre dans une honnête et paisible liberté.

1434. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Il a montré le gouvernement, comme la société, en quête de l’idée nouvelle et ne la possédant pas ; l’ordre moral nul, l’ordre matériel ne subsistant que parce que tout le monde se rend compte du péril et y prend garde ; il n’a vu dans la liberté et dans les diverses conséquences qu’on en réclame que des moyens pour atteindre à un but inconnu ; et durant tout le temps qu’il appuyait ainsi le doigt sur ces plaies du siècle, l’auditoire jeune et fervent, comme un malade plein de vie, palpitait ; il était suspendu en silence aux lèvres du maître éloquent, et il attendait jusqu’au bout le remède : le remède n’est pas venu.

1435. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Mais enfin, qu’il y ait eu un jour un gouvernement qui ait fait à temps et jusqu’au bout sa réforme complète, son acte réfléchi de bon sens, de justice et de liberté, ce sera un bel exemple et qui ne s’est pas encore vu jusqu’ici.

1436. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Mais quand la cause des révolutions est l’exaltation de toutes les idées de liberté, il ne se peut pas que les premiers chefs de l’insurrection conservent de la puissance ; il faut qu’ils excitent le mouvement qui les renversera les premiers ; il faut qu’ils développent les principes qui servent à les juger : enfin, ils peuvent servie leur opinion, mais jamais leur intérêt, et dans une révolution le fanatisme est plus sensé que l’ambition.

1437. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

C’est une importante question qu’il faut soumettre aux philosophes et aux publicistes, de savoir si la vanité sert ou nuit au maintien de la liberté dans une grande nation ; elle met d’abord certainement un véritable obstacle à l’établissement d’un gouvernement nouveau ; il suffit qu’une constitution ait été faite par tels hommes, pour que tels autres ne veuillent pas l’adopter ; il faut, comme après la session de l’assemblée constituante, éloigner les fondateurs pour faire adopter les institutions, et cependant les institutions périssent, si elles ne sont pas défendues par leurs auteurs.

1438. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

En 1785, un Anglais venu en France vante la liberté politique dont on jouit dans son pays.

1439. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

C’est cette liberté qui le relève, et qui, en lui comme dans la race, ne peut être étouffée ni périr ; en vain nous naissons sujets ; nous restons critiques.

1440. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Il arrive que, dans cette liberté vagabonde qu’on donnait à sa pensée, lorsqu’on rêvait sur le sujet à traiter, on a rencontré des idées gracieuses, spirituelles, originales : elles ne tiennent peut-être pas de très près au sujet ; il faudra se détourner un peu pour les montrer au lecteur ; elles ne sont pas non plus toujours d’accord avec les vraies raisons ou les faits essentiels, avec le ton ou le sens général du développement.

1441. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Sans faire intervenir la liberté, il y a là un effet dont les trois causes de Taine ne rendent pas compte.

1442. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

La gypsie est la personnification de la nature, de la poésie, de la liberté, de l’amour aventureux, de la sainte bohème.

1443. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Alors (et, vraiment, l’idée est belle) l’esclave demande la liberté à sa maîtresse. « Au nom de Jésus, je t’affranchis, dit Æmilia.

1444. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

« Je mettais entre les excès toutes les promesses par lesquelles on retranche quelque chose de sa liberté.

1445. (1842) Essai sur Adolphe

S’il arrive à l’un des deux d’oublier un instant la servitude où il s’est cloué, au premier mouvement de liberté le bruit de sa chaîne le réveille en sursaut.

1446. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

D’un autre côté, la liberté, laissée à qui la voulait prendre, de s’instituer lecteur et commentateur du texte sacré donnait des facilités merveilleuses pour la propagation des nouveautés.

1447. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Je passerais encore que le président Tambonneau, venu en Angleterre pour briller, et voyant qu’il y perd sa peine, retourne en France aux pieds de ses premières habitudes, c’est-à-dire de sa première maîtresse ; mais c’est trop que le fat Jermyn ne soit dans toute sa personne qu’un trophée mouvant des faveurs et des libertés du beau sexe.

1448. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Miné pendant quatre ans par la fièvre et le désespoir que lui causaient les tracasseries de ses adversaires, obligé, il le dit, de se cacher pour défendre son repos et sa liberté menacés, exaspéré jusqu’au point d’être tenté de brûler son livre, l’occupation et l’espoir de toute sa vie, il s’éteignit à l’âge de soixante-huit ans, moins usé sans doute par les années et la maladie que par la fatigue et par l’angoisse.

1449. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Comme il mettait dans son discours cet accent fier et vigoureux de la liberté et du courage, un homme pour qui apparemment cet accent-là était nouveau, lui dit : « Orateur, tu es bien près du fleuve Oronte, pour parler si hardiment. » Libanius le regarda, et lui dit : « Courtisan, la menace que tu me fais ne peut que déshonorer le maître que tu veux me faire craindre » ; et il continua.

1450. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Jeté en effet parmi ces villes de Sicile que la fertilité du territoire, le commerce, la liberté, livraient à toutes les corruptions du luxe, il en fut l’habile réformateur.

1451. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

On a toujours disputé, on disputera toujours sur la liberté morale de l’homme. […] Ce sont ceux de la liberté. […] Je le ferai en toute liberté, comblant, du moins mal que je pourrai, les lacunes de mes souvenirs. […] D’ailleurs, le poète a pris beaucoup de libertés à l’endroit d’Asmodée. […] Ces termes signifient, selon lui, qu’ils perdent ou recouvrent la liberté de nuire aux hommes.

1452. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Croyez-vous vraiment qu’il y ait beaucoup de liberté dans l’approbation que nous donnons aux classiques grecs, latins, et même aux classiques français ? […] À peine relevée de couches, elle courut à Paris et sollicita du Comité de salut publia la liberté de son mari et l’obtint contre toute probabilité. […] Jean Moréas et ses amis prennent en outre avec la rime quelques libertés qu’on peut aussi défendre. […] S’étant avisé que l’un deux, saint Ambroise, soutint un jour, d’aventure, la liberté de conscience, il ne manque pas de mettre cette attitude en relief, d’une manière d’ailleurs assez piquante. […] Et il met ainsi saint Ambroise un peu malicieusement du côté des défenseurs les plus modernes et les plus impétueux de la liberté de conscience.

1453. (1903) Propos de théâtre. Première série

Le théâtre est surtout un lieu où jouent, sous nos yeux, où se manifestent en leurs aventures diverses, la liberté et la responsabilité humaines. […] Jeudy a, comme vous pensez bien, pris toutes les libertés qu’il est permis de prendre avec une parade sans prétention et sans queue ni tête comme La Méchante mise à la raison. […] Il n’est que d’être dominée par un pédant pour se croire une « femme libre » et rêver de la liberté des femmes. […] Henriette est la franchise, le bon sens, le sang-froid, avec une certaine liberté, quelquefois un peu hardie, de langage et d’allures. […] La liberté du monde est en jeu ; voilà ce qui nous intéresse. » — Mais la lutte, au cœur de Mithridate, du vieillard amoureux et du patriote, c’est précisément le drame !

1454. (1876) Romanciers contemporains

Les libertés sont seulement possibles sous cet excellent régime parlementaire, bon enfant qui dédaigne les attaques, parce qu’il se sait destiné à prévaloir tôt ou tard. […] Le philosophe-historien a le droit d’imposer telle ou telle déduction parce qu’il n’a pas eu la liberté de modifier à son gré les événements d’où il fait ensuite découler son système. […] Le souffle d’épopée qui emportait Miette et Silvère, ces grands enfants avides d’amour et de liberté, traversait avec une générosité sainte les honteuses comédies des Macquart et des Rougon. […] Zola a raison de haïr la servitude et d’idolâtrer la liberté. […] À la liberté de ses allures, on reconnaît bien vite qu’il ne croit pas un mot de ce qu’il raconte.

1455. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Son procédé, à la longue, m’a rendu ma pleine liberté. […] C’était notre conversation qui lui en fournit le sujet. — Je fus présenté au baron Louis ; tout d’abord il me parla de la liberté du commerce ; j’arrivais tellement avec les idées que j’ai eues depuis, que je bataillai à l’instant ; je ne le traitai pas comme j’avais traité Tissot, parce qu’il était un autre homme et un lion à se défendre, mais je bataillai bravement et tant que je pus. […] Victor Hugo publia une réimpression de ses premières odes, augmentée d’odes nouvelles et de ballades, avec une préface qui arborait résolument le drapeau de la liberté littéraire. […] Hugo avait prouvé qu’il savait comprendre toutes les gloires de la patrie ; sa conduite, en plus d’une circonstance, avait montré aussi qu’il était fait à la pratique de la liberté : son talent vivra et grandira avec elle, et désormais un avenir illimité s’ouvre devant lui.

1456. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Il répond à Ellida qu’il la dégage, qu’il lui rend sa liberté, qu’elle peut maintenant faire son choix librement, et qu’elle en est « responsable ». […] J’ai eu la possibilité de le contempler, la liberté d’y pénétrer. […] La clairvoyance du poète et sa liberté d’observation, sinon sa liberté d’esprit, y sont admirables. […] Les sorciers mettent en liberté, par des formules et des rites, — tel Ulysse emplissant la fosse de sang dans le pays brumeux des Cimmériens, — quelques-uns des esprits au milieu desquels nous vivons ; voilà tout. […] Si Dieu veut que je guérisse, que ferai-je de ma liberté ?

1457. (1927) Approximations. Deuxième série

Sans la moindre trace de pastiche, tout aujourd’hui l’apparente à Musset, mais rien plus que ces libertés qui, chez tous deux, nous ravissent et qui, chez d’autres, n’engendreraient que froide acrobatie et la plus monotone fadeur. […] L’étude de Mme Duclaux est entremêlée de traductions où, usant de la double prérogative d’être la compatriote et d’avoir été l’amie de Browning, elle a pu prendre avec ses textes certaines libertés qui souvent ont donné de très heureux résultats. […] … Que n’ai-je pas rejeté loin de moi, quelles blessures n’ai-je pas infligées pour conquérir cette liberté ! […] Dieu sait si le retour nous soulevait d’ivresse, et pourtant ces premiers mois de liberté restent dans notre souvenir parmi les plus sombres, ceux où nous nous sommes posé les questions les plus découragéesfi. […] Chez Rivière, la liberté de la pensée ne détruit pas la stabilité de l’esprit qui s’y adonne ; elle n’entame pas ce fonds premier duquel dépend la permanence de l’être pensant.

1458. (1908) Jean Racine pp. 1-325

À peine, dans cette conception qui donne tout à Dieu, le jansénisme peut-il sauver verbalement une ombre de liberté humaine. […] Tandis qu’il paraît douter de la liberté humaine, le janséniste n’en montre pas moins une volonté indomptable. […] Évidemment, après ses années de Port-Royal, il était un peu grisé de sa liberté nouvelle. […] Il dut agir encore sur Racine par sa compagnie même et son contact, par le spectacle de sa liberté d’esprit, et de ses souffrances morales, et de sa vie si tourmentée, et peut-être par les confidences d’une expérience très étendue et très amère. […] Vous direz peut-être que vous en avez retranché quelques libertés : mais vous dites aussi que le soin qu’on prend de couvrir les passions d’un voile d’honnêteté ne sert qu’à les rendre plus dangereuses.

1459. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Il s’écrie que Dieu l’a trahi : or, sans Dieu, le monde lui paraît vide, médiocre et « pauvre en vertu » ; l’âme incertaine, il maudit la pauvre petite part de liberté que nous avons, qui, trop faible pour nous élever au-dessus de notre destinée, suffit tout juste à nous tourmenter l’esprit. […] En somme, il est fort inférieur aux bêtes, au chien surtout, qui sont pour lui comme une raison d’exister : « Je dois l’avouer sincèrement, la vue de tout animal me réjouit aussitôt et m’épanouit le cœur, surtout la vue des chiens et celle de tous les animaux en liberté : les oiseaux, les insectes, etc. […] Conséquences de sa confusion : négation de la liberté et de la responsabilité. […] Zola : elle n’est pas scientifique et ne nous apporte aucun renseignement sur la doctrine de l’hérédité ; mais elle est littéraire et fait pénétrer en nous les conséquences de cette doctrine, qui sont la négation radicale de la liberté et de la responsabilité humaines. […] Puis, en traitant la chronologie des œuvres avec la liberté qu’autorise la confusion même de notre époque, on pourra ensuite constater que la classification que nous venons d’indiquer n’est point artificielle et que, de même qu’elle repose sur des caractères certains, elle correspond à peu près à des dates et à des faits.

1460. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

la liberté, la belle liberté, quand on va aux champs d’été pour y laisser son corps périssable » 5 ! […] Des femmes donnant la liberté à des grues, le jour de l’anniversaire d’une mort qui leur a été à cœur. […] Un livre aux allusions ironiques, sans doute à propos de la publication d’un sérieux ouvrage sur l’histoire naturelle, et où l’imagination du dessinateur se donne toute liberté dans la création de ses monstres, les faisant, tour à tour, ridicules ou terribles. […] La préface dit : « Les anciens ont dit que pour faire un grand peintre, il fallait trois conditions : L’élévation de l’esprit ; La liberté du pinceau (l’exécution) ; La conception des choses. […] Heureusement que le graveur Koizoumi, très habile coupeur de bois, s’est chargé, avec son couteau si bien aiguisé, de couper les veines et les nerfs des êtres que j’ai dessinés et a pu les priver de la liberté de se sauver.

1461. (1896) Écrivains étrangers. Première série

« Les gens vraiment insupportables, dit-il, ceux dont les bonnes qualités elles-mêmes sont insupportables, ce sont les gens qui ont la liberté du sentiment, mais qui ne s’aperçoivent pas qu’il leur manque la liberté du goût et la liberté de la pensée : or, c’est précisément la définition que Goethe, qui devait s’y connaître, a donnée des Allemands. » — « Le devoir de tout bon Allemand, dit-il ailleurs, c’est de se dégermaniser. […] — Celui qu’on interpellait ainsi répondit doucement : “Je vous l’ai dit, je rendrai la liberté à ceux qui croiront en moi.” […] « Tous ses moments de liberté, il les dépensait dans les échoppes, les foires, les réunions populaires. […] Il s’éploie en liberté, mais c’est le même pouvoir, et inspiré du même esprit tout chrétien, toujours préférant au plaisir avec les grands la souffrance avec les petits. […] Ojetti, — de raisonner de toutes choses avec beaucoup d’intelligence, d’esprit, et de liberté.

1462. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Nouvelle preuve que ce qui est aboli dans l’hypnotisme n’est pas la volonté au sens général du mot, mais l’idée de choix possible pour la volonté, l’idée de liberté. […] Les anormalités de la conduite sont proportionnelles à l’affaiblissement de l’idée du libre choix ; l’idée de liberté, cette constante auto-suggestion qui se réalise elle-même, fait donc partie des conditions normales de la conduite : elle est par excellence, comme nous l’avons montré, l’idée-force normale et aussi l’idée-force morale. […] « Ainsi, ajoute-t-il, se vérifie par l’expérimentation une des idées les plus fécondes d’un de nos philosophes, qui a dit (dans la Liberté et le Déterminisme) : — Toute idée est une image, une représentation intérieure de l’acte ; or la représentation d’un acte, c’est-à-dire d’un ensemble de mouvements, en est le premier moment, le début, et est ainsi elle-même l’action commencée, le mouvement à la fois naissant et réprimé ; l’idée d’une action possible est donc une tendance réelle, c’est-à-dire une puissance déjà agissante et non une possibilité purement abstraite. » Toutefois, nous ne saurions admettre entièrement l’explication que M. 

1463. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Quand je compare ce peuple aux peuples de progrès et de liberté, marqués au signe de ce sinistre affairement moderne, en lutte avec le budget de chaque jour, massacrés d’impôts, y compris celui du sang, je trouve vraiment que les mots se payent bien cher. […] Et ce serait amusant de rappeler que c’est l’émargement qui a été son illumination et sa conversion à la liberté, et que son courage ne lui est venu qu’avec son traitement d’inamovible et ces palmes de sénateur, gagnées à servir avec de la mauvaise foi de prêtre, toutes les viles rancunes du 2 décembre. […] Le dîner Magny aura été, en dépit de quelques empêcheurs, un des derniers cénacles de la vraie liberté de penser et de parler.

1464. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Il ne nous est donc pas permis de rester indifférents à la nature des écrits et des publications à la mode, non pas que nous prétendions porter atteinte à la liberté de parler et d’écrire, ce qui est loin de notre pensée, mais seulement pour éclairer le public en le mettant en demeure de discuter ses opinions et de nous rendre compte de ses engouements et de ses enthousiasmes parfois inexplicables. […] Il y a donc délibération préalable, liberté de faire ou de ne pas faire, donc il y a mérite. […] Comment la République basée sur la justice, la liberté, la solidarité, c’est-à-dire les sentiments et les principes les plus nobles, ne trouverait pas une expression supérieure de la conscience, alors parvenue au diapason le plus élevé !

1465. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Aymons donques partout, et ces sottes constances Chassons de nos amours et de nos alliances, Aymant quand on nous ayme et nous gardant toujours La liberté d’entrer en nouvelles amours. […] Où sont ces doux plaisirs qu’au soir, sous la nuist brune, Les Muses me donnoient, alors qu’en liberté, Dessus le verd tapy d’un rivage esquarté, Je les menois danser aux rayons de la lune ? […] Traçant nos pas selon la destinée On nous promet liberté et plaisir ; Et nous payons l’obstiné desplaisir, Portant la dot sous les lois d’hyménée… Il faut soudain que nous changions l’office Qui nous pouvoit quelque peu façonner, Ou les maris ne nous feront sonner Que l’obéir, le soin et l’avarice. […] Au temps heureux de ma saison passée, J’avoy bien l’aile unie à mon costé : Mais en perdant ma jeune liberté, Avant le vol ma plume s’est cassée. […]                 Toi, que je chante et que j’adore, Dirige, ô Liberté, mon vaisseau dans son cours, Moins de vents orageux tourmentent le Bosphore                 Que la mer terrible où je cours.

1466. (1893) Alfred de Musset

La vieille liberté par Voltaire laissée Était bonne autrefois pour les petits esprits. […] Brunetière22, ce qu’il y avait de plus original, de propre et de particulier dans le romantisme, c’était une « combinaison de la liberté ou de la souveraineté de l’imagination avec l’expansion de la personnalité du poète ». […] Musset profita de la leçon, et trouva en feuilletant ces chroniques le sujet de son drame : le meurtre d’Alexandre de Médicis, tyran de Florence, par son cousin Lorenzo, et l’inutilité de ce meurtre pour les libertés de la ville. […] Il va affranchir sa patrie, offrir aux républicains l’occasion de rétablir la liberté, et il sait que leur égoïste indifférence n’en profitera pas, il sait que le peuple délivré d’Alexandre se jettera dans les bras d’un autre tyran. […] Comme elle traversait une prairie voisine, un chevreau blanc, qui paissait en liberté dans un champ, accourut à elle ; elle lui fit quelques caresses, et regarda de côté et d’autre, comme pour chercher une herbe favorite à lui donner.

1467. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Les rapports qu’on serait tenté de trouver entre eux, s’expliquent soit par la nature et les origines de la comédie des Italiens, soit par l’étrange liberté des mœurs et du ton dans toutes les classes en France au xvie  siècle. […] La comédie garda donc une liberté, qui fut refusée à la tragédie.

1468. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ce n’est pas d’ailleurs la seule liberté que prenne notre langue avec un idiome qui tirait sa puissance de la conquête et de la religion. […] Toutes les pensées sont attachées au présent ou plutôt y a-t-il autre chose que des impressions si vives et si multipliées que les esprits n’ont ni la liberté ni le temps de la réflexion ?

1469. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Ces théories sont probables ; avec de nombreux tempéraments que l’expérience suggèrera, il est possible qu’on finisse par en reconnaître la vérité ; elles ne nous semblent, par contre, ni justes dans leur rigueur, ni exactement vendables, ni par conséquent d’une certitude telle dans l’application, qu’on puisse en tirer parti, comme d’une méthode d’investigation historique ; il nous sera permis de formuler ces opinions en toute liberté, malgré le respect et l’admiration que nous éprouvons pour un des premiers penseurs de ce tempsdb. […] Tous les historiens modernes ont remarqué celle progression de la liberté individuelle de penser, des temps anciens aux nôtres, et M. 

1470. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Comme secrétaire perpétuel et historien de l’Académie, il n’a écrit qu’un court chapitre, assez piquant d’ailleurs, dans lequel il insiste beaucoup sur l’égalité académique, égalité qu’il contribua plus que personne à maintenir lors de l’élection du comte de Clermont (prince du sang) dans la compagnie : La liberté que le roi nous laisse, dit-il, et l’égalité académique sont nos vrais privilèges, plus favorables qu’on ne le croit à la gloire des lettres, surtout en France où les récompenses idéales ont tant d’influence sur les esprits.

1471. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Il ne faudrait pourtant point se le figurer à cet âge un sujet trop régulier, toujours esclave de son travail et le front courbé sur le Digeste : tel n’était point le président Jeannin en sa jeunesse : Car nous avons appris de tous ceux de son temps, dit Saumaise, qu’il avait exercé toutes les libertés que la chaleur du sang et celle de l’âge peuvent imaginer en cette heureuse saison.

1472. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

, de veiller à la liberté du théâtre (mais cela regarde l’administration publique et non l’Académie !)

1473. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il continue et prolonge cette conversation par lettres avec Saint-Vincens, sur les sentiments de différente sorte et les troubles qui agitent une âme à la vue des derniers moments : On ne saurait tracer d’image plus sensible que celle que tu fais d’un homme agonisant, qui a vécu dans les plaisirs, persuadé de leur innocence par la liberté, la durée, ou la douceur de leur usage, et qui est rappelé tout d’un coup aux préjugés de son éducation, et ramené à la foi, par le sentiment de sa fin, par la terreur de l’avenir, par le danger de ne pas croire, par les pleurs qui coulent sur lui.

1474. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Et s’il est arrivé que, lui sorti de la scène politique, la France n’ait point dépéri ; que cet être collectif, cet être idéal et redoutable qu’on appelait la coalition, et qui est demeuré pendant tant d’années un grand spectre dans l’imagination des gouvernants, ait été conjuré enfin par un enchanteur habile et puissant ; que la France soit redevenue elle-même tout entière sur les champs de bataille anciens et nouveaux et dans les conseils de l’Europe ; si, à cette heure même où nous écrivons, une province, une de ses pertes, est recouvrée par elle et lui est acquise, moins à titre d’accroissement que de compensation bien due, et aussi comme un gage manifeste de sa pleine et haute liberté d’action, on est sûr qu’en cela du moins le cœur de l’historien du Consulat et de l’Empire se réjouit ; que si une tristesse passe sur son front, c’est celle d’une noble envie et de n’avoir pu, à son heure, contribuer pour sa part à quelque résultat de cet ordre, selon son vœu de tous les temps ; mais la joie généreuse du citoyen et du bon Français l’emporte.

1475. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Il y aurait, dans les douze volumes que j’ai devant moi et qui représentent dix-sept années de rédaction à l’Univers, à distinguer plusieurs temps : — la période de Louis-Philippe, de 1843 à 1848, très-riche en grandes polémiques sur la liberté d’enseignement, sur la question des Jésuites, en luttes contre les universitaires, les professeurs du Collège de France, les romanciers feuilletonistes, et en croquis parlementaires de toutes sortes et de toutes dimensions ; — la période républicaine proprement dite, la moins féconde (l’auteur gêné dans son journal fit sa débauche d’esprit au dehors, dans les Libres Penseurs) ; — la période qui date de la présidence et qui comprend l’Empire, dans laquelle on distinguerait encore deux moments, l’un de complet acquiescement ou même d’admiration fervente ; l’autre de séparation, de scission jusqu’à la déchirure.

1476. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Il fut l’auteur aussi, dans la même Compagnie, de l’élection au scrutin secret ; auparavant on ne votait point par billets, mais à haute voix et comme à l’amiable, ce qui ôtait toute liberté.

1477. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Ses frères d’armes portèrent son corps à Mont-Louis, où il fut enterré « dans une tombe pareille à celle du pauvre », mais au pied de l’arbre de la liberté. — Ses restes furent ensuite transférés à côté de ceux de Dugommier, dans le cimetière de Perpignan où ils reposent.

1478. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Pour l’homme, sans doute, on ne pourra jamais faire exactement comme pour les animaux ou pour les plantes ; l’homme moral est plus complexe ; il a ce qu’on nomme liberté et qui, dans tous les cas, suppose une grande mobilité de combinaisons possibles4.

1479. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

« Dès que mon fils fut sorti de l’enfance, dit le bon père à Sosie, il eut toute liberté de vivre à son gré ; car, auparavant, comment aurait-on pu connaître son esprit et ses penchants, lorsque l’âge, la crainte, le précepteur toujours présent le retenaient ? 

1480. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

La liberté entière que s’accorde M. de Senfft, dans l’idée qu’ils resteront longtemps secrets, nous ouvre des jours sur bien des intrigues.

1481. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Je le trouve dans une personne qui, sans être Française de nation, Test par la langue, dans une Genevoise qui a publié, depuis bien des années, quantité d’écrits remarquables, saisissants, éloquents avec une pointe d’étrangeté : il me faut bien la nommer, quoiqu’elle n’ait point inscrit son nom en tête de tous ses nombreux et piquants ouvrages ; elle voudra bien m’excuser de cette liberté, car je ne suis pas comme M. de Rémusat qui, dans la Revue des Deux Mondes, a pu parler d’elle hier à merveille et à fond, en toute discrétion cependant, pour des lecteurs déjà au fait et initiés aux sous-entendus.

1482. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

. — Jean-Jacques Rousseau, de Genève, auteur agréable, mais se piquant de philosophie, a dit que les gens de lettres doivent faire trois vœux : pauvreté, liberté, vérité.

1483. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Ta jeunesse aima les plus belles choses : L’art, la liberté, fleurs au ciel écloses !

1484. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

C’était le loisir, les vacances, la liberté pour tous, la gaieté pour les uns, le rêve et l’étude calme pour les autres.

1485. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Il regrettait cette chère liberté, comme il disait, Aux dieux de la faveur si follement vendue.

1486. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

De même qu’on a vu prêcher l’athéisme avec l’intolérance de la superstition, l’esprit de parti commande la liberté avec la fureur du despotisme.

1487. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Ainsi la vérité se recouvre de fantaisie ; elle se voile sans se dérober, et le charme du livre est fait en partie de ce contraste, qui nous fait passer incessamment de l’irréel au réel, et de la dure précision de l’expérience aux capricieuses libertés du rêve.

1488. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Cette liberté acquise du vers, il l’envisage comme bonne aux instrumentistes de fantaisie, pour la musique de qui il est inutile de déranger les « grandes orgues générales et séculaires, où s’exalte l’orthodoxie ».

1489. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Sa liberté lui pèse.

1490. (1890) L’avenir de la science « XII »

Et puis, on voyait à peu de distance la mer, les roches, les vagues blanchissantes, on respirait ce vent céleste qui, pénétrant jusqu’au fond du cerveau, y éveille je ne sais quelle vague sensation de largeur et de liberté.

1491. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

D’abord, je veux dire que la tendance qui domine en une époque est toujours remplacée dans l’époque suivante par une tendance exactement contraire ; que le triomphe de l’autorité éveille l’amour de la liberté ; que la victoire du réalisme a pour lendemain un réveil de l’idéalisme ; que le souci exclusif de la vie mondaine fait naître la passion de la solitude et de la vie des champs.

1492. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Elle pouvait aimer comme elle faisait la liberté des entretiens et des jeux, la familiarité des intérieurs ; elle pouvait jouer à la vie de bergère ou de femme à la mode, il lui suffisait de se lever, de reprendre en un rien son air de tête : elle était reine.

1493. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

La seconde Fronde (1650-1652) éclata, comme on sait, au nom des princes de la maison de Condé que Mazarin avait fait mettre en prison, et qu’il fut obligé de rendre à la liberté.

1494. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Ce qui l’a rendue impopulaire en grande partie, c’est qu’on a cru qu’elle voulait se substituer à la philosophie elle-même, qu’elle était un moyen de contrarier et d’éteindre la liberté et le progrès de l’esprit humain.

1495. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Ce sont les narrateurs expressifs et incisifs entre tous, Montluc et Brantôme, c’est la fantaisie ailée et vagabonde de Montaigne, abeille de Platon, guêpe d’Aristophane ; c’est la sérieuse et sévère éloquence de Calvin, c’est la grâce aimable de saint François de Sales, c’est auparavant la voix de la liberté jetant ses premiers accents sur les lèvres de la Boétie, dans cette ville de Bordeaux qui redira en d’autres termes cette protestation immortelle quand elle ne représentera plus la Guyenne, mais la Gironde !

1496. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

En vertu de ce premier paragraphe, je prends la liberté de conseiller à S.

1497. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Il peut bien, en donnant à Cornelie une contenance convenable à sa situation et à son caractere, nous donner quelque idée de ses sentimens, et nous faire connoître qu’elle parle avec une grande dignité ; mais la pensée de cette romaine, qui veut que la mort de l’oppresseur de la republique soit un supplice qui puisse épouvanter ceux qui voudroient attenter sur la liberté, et non pas un crime détestable, ne donne point de prise au pinceau.

1498. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Et, malgré toutes ses libertés, M. 

1499. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Le monde ne peut survivre sans fécondité ni liberté : la chasteté et la servitude sont les deux plus actifs ferments de dégénérescence.

1500. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

« Qu’y a-t-il, s’écria-t-elle à la fin de sa pompeuse dissertation, qu’y a-t-il de plus précieux pour la femme que la liberté de pensée, de sentiment, d’action ? […] Pourquoi la femme réclamerait-elle cette liberté ? […] À quoi lui sert cette liberté tant vantée ? […] — Je suis également soumis à ces deux effets de la liberté, répondit tranquillement Pierre.

1501. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Son droit à l’existence n’est qu’une application de ta liberté de penser et d’écrire. […] Formé par huit siècles de pouvoir absolu, c’est d’après les principes du droit divin qu’il foudroyait les ennemis de la liberté. […] L’Otage est un drame historique, qui prend les plus grandes libertés avec l’Histoire. […] Une religion florissante et dogmatique veut être prise à la lettre, et cet art a besoin de la liberté du mythe. […] Coquiot lui avaient été suggérés par la liberté des propos de Huysmans, relativement au mauvais goût artistique du clergé contemporain !

1502. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Bergson a voulu aborder par son point central cette vision de la vie qui lui était apparue dans son thème élémentaire et simple, il est allé tout droit au problème de la liberté. […] En tout cas, George Eliot en se plaçant en plein courant de la vie a senti s’imposer à elle les drames de la liberté, la vision des moments privilégiés, où la vie s’éprouve dans toute sa fécondité virtuelle et, d’un flot unanime de tout l’être, se porte à l’acceptation d’une destinée. […] L’acte le plus haut de la liberté c’est cette conversion intérieure vers la vie qu’Eliot a décrite si souvent comme le sujet propre à son génie. […] Ce roman où tout se groupe autour des personnages saisissants de Tito et de Romola (Savonarole est bien manqué), c’est le roman de la liberté intérieure et le roman de la conversion intérieure. […] Combien elle me pesait, cette liberté que j’avais tant regrettée !

1503. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Sa liberté même lui pèse. […] Ce beau barbare blond, ce héros mélancolique et fier comme Childe Harold, Métella veut le voir, l’interroge, lui offre la liberté. […] … Oui, voilà où nous en sommes, dans ce temps de prétendue liberté. […] Voilà ma liberté !  […] La scène est d’une liberté bien piquante.

1504. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

De même, quand Rouget de Lisle improvisait la Marseillaise, n’est-ce pas l’âme de la patrie qui, donnant une vie supérieure à son chant de guerre et de liberté, en a fait une œuvre immortelle ? […] Il y a dans le génie artistique un élément de liberté et de caprice qui tient à ce qu’il a d’individuel ; le génie scientifique a quelque chose de l’impersonnalité de la nature et de la fatalité de ses lois. Cette nécessité logique et inflexible est belle, mais la liberté est bien belle aussi, et j’avoue que, dans l’échelle des gloires et des grandeurs humaines, on pourrait motiver une préférence pour les poètes et les artistes précisément sur ce fait que leur œuvre particulière n’est pas un événement prévu dans l’ordre universel. […] Trente ans plus tôt, sous Louis XIII et Richelieu, il risquait fort de n’être pas apprécié dans une cour si maussade, et le cardinal-poète ne lui eût pas laissé sa liberté d’action. […] La part proportionnelle de l’initiative individuelle et des circonstances dans ces grands faits de l’histoire, qu’on appelle les œuvres du génie, continuera toujours à être débattue avec d’autant plus de passion qu’on grossit la question au feu de la lutte et qu’on en fait une forme du grand problème de la liberté.

1505. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Elle est trop jeune pour être liée par les rancunes inévitables qu’ont semées les luttes anciennes pour la liberté. […] Elles ne sont pas libres, si l’on entend par liberté un bénéfice qui suppose des charges et impose des devoirs. […] Curieux de clarté, avide de liberté, il combattit les préjugés par qui nos esprits sont troublés et nos volontés asservies. […] Gabriele d’Annunzio nous présente en liberté, dans le paradis terrestre où flambe le soleil italien, des héros bien incandescents et des héroïnes un peu nerveuses. […] Elles attendaient, pour renaître, que l’aurore de la liberté eût répandu, de nouveau, la lumière et la joie sur la ville d’Athéna Polias.

1506. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Il n’a pas tort, puisque nous avons échappé à la tyrannie de la « pièce bien faite » et que pour nous, maintenant, comme pour les Grecs, une tragédie peut très bien avoir la liberté un peu abandonnée d’un poème épique. […] Voilà l’amplification lyrique, à peu près inconnue (je dis à peu près) de la tragédie antique, sévèrement refoulée par les dramatistes classiques, mise en liberté et même en licence par les romantiques et qui, maintenant, a bien un peu l’air surannée. […] à la fin, le vaincu n’a plus qu’à chercher Un endroit écarté Où d’être homme d’honneur on ait la liberté. […] Rome, la liberté demandent leur supplice, Et qui pardonne au crime en devient le complice.

1507. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Mais Molière, nous le disons sans en porter ici éloge ni blâme moral, et comme simple preuve de la liberté de son génie, Molière ne rentre pas dans ce point de vue. […] Le moment où vint Molière servit tout à fait cette liberté qu’il eut et qu’il se donna. […] Ils ne gouvernent pas leur génie selon la plénitude et la suite de la liberté humaine.

1508. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Ces Dialogues étoient, ou des satyres, dans lesquelles ils reprenoient avec la plus grande liberté les vices du temps ; (il est aisé de croire qu’alors la profession de Troubadour ne servoit plus à enrichir ;) ou des récits de quelques hauts faits, & des louanges adressées aux Dames & aux Seigneurs devant lesquels ils étoient déclamés. […] Les uns & les autres ont puisé leurs premiers sujets de Tragédies dans les sources sacrées de la Religion, avec cette différence, que les Mystères respectables de la nôtre ne laissent à l’imagination aucune liberté, tandis que les Grecs pouvoient à leur gré parler de leurs Divinités, embellir leurs fables, & donner l’essor à leur génie. […] Une lecture rapidement faite, avec toute la chaleur de l’amour-propre, à des oreilles peu exercées, à des amis complaisans, à de prétendus connoisseurs, à des esprits prévenus, à des sots même aussi vains que Midas, laisse-t-elle la liberté de remarquer les défauts d’un ouvrage ?

1509. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

De par son tempérament, de par sa philosophie, de par ses expériences personnelles, Molière portait le drame en lui ; il l’aurait créé, lui qui a pris tant de libertés avec les formes et les combinaisons d’éléments, s’il y avait été encouragé. […] Ce xviie  siècle, si riche en œuvres et en hommes, nous montre mieux que toute autre époque l’action combinée de trois forces souvent contraires : l’esprit général de la période (qui est épique), la tradition savante (qui enseigne le culte de la tragédie, de l’épopée, et qui donne les règles précises de ces « formes »), l’individualité (qui tend à la liberté) ; de là les résultats les plus variés, dans les œuvres de valeur relative comme dans celles de valeur absolue ; par exemple : le moule rigide étouffant l’esprit (épopée) ; la forme nouvelle et vivante (roman) ; la forme vidée (lyrisme) ; la forme en conflit avec le contenu (tragédie romanesque), mais galvanisée par le génie héroïque (Corneille) ; l’art suprême, original, s’harmonisant avec la tradition savante, méconnu du public (Racine) ; ou se créant une forme personnelle (La Fontaine) ; l’individualité du précurseur, arrêtée à mi-chemin, révélant un monde en fait, et un autre en puissance (Molière). […] Peut-être même la liberté dont on a toujours joui en France (relativement à d’autres pays) et la modération générale sont-elles défavorables au développement de puissantes individualités.

1510. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Jouissant à ma pension d’une grande liberté, parce que je n’en abusais pas, j’allais tous les soirs à l’Athénée rue de Valois au Palais-Royal, de 7 à 10 heures, suivre des cours de physiologie, de chimie, d’histoire naturelle de MM.  […] J’ai dû attendre, pour reprendre et recouvrer ma liberté de parole et d’écrit envers M. 

1511. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Nous avons aussi parlé d’un homme que je prends toujours la liberté de mettre en comparaison avec vous pour l’agrément de l’esprit. […] Celle-ci nuisit en un sens à la société polie, comme certains révolutionnaires ont nui à la liberté, en la poussant trop loin et jusqu’aux excès qui appellent la réaction contraire.

1512. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

C’est qu’il fallait rendre la servitude élégante et séduisante pour mieux louer la rude et dure liberté qu’on lui préfère. […] C’est que, tous tant que nous sommes dans notre misérable pays, nous avons fait serment de ne plus habiter avec nos femmes, afin de ne plus mettre au monde des malheureux, mais bien pis, de tuer nos propres enfants, afin de ne pas les laisser entre les mains de tyrans si cruels ; car enfin nous aimons beaucoup mieux qu’ils meurent avec leur liberté, que de les voir languir dans la servitude. » (Il y a de la ressource dans cette idée, mais quel style !

1513. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Vendredi 8 août Une cousine me parlait de la liberté de paroles des femmes du grand monde, de vingt ans, comparée à la liberté de paroles des femmes de trente ans.

1514. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Daudet, lui, cause de son épouvantable misère, et de jours, où il ne mangeait pas littéralement… trouvant toutefois cette misère douce, parce qu’il se sentait aux épaules, la délivrance, la liberté d’aller où il lui plaisait, de faire ce qu’il voulait, parce qu’il n’était plus pion. […] Et le voilà à nous peindre le lieu du combat, une ancienne propriété du baron Hirsch, un paysage à grandes lignes, dans lequel des chevaux en liberté s’approchaient bêtement des combattants.

1515. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

On voit aussi ramper circulairement contre la face extérieure de cette esplanade un petit escalier étroit dont les marches contiguës aux marches du grand escalier, sont beaucoup plus élevées, et forment un parapet singulier pour les allants et les venants, qui peuvent descendre et remonter sans gêner la liberté des grands escaliers. […] L’esquisse ne nous attache peut-être si fort que parce qu’étant indéterminée, elle laisse plus de liberté à notre imagination, qui y voit tout ce qu’il lui plaît.

1516. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — La composition était analogue ; mais combien plus de liberté, de franchise et d’abondance ! […] Jacque sur le cuivre est plein d’une liberté et d’une franchise qui rappelle les vieux maîtres.

1517. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Mais quand tout l’univers se matérialiserait, quand partout la philosophie et la liberté seraient en disgrâce, il est cependant un lieu qui devrait rester inaccessible à de semblables lassitudes, et où il faudrait conserver le feu sacré : « Ce lieu est l’enceinte de l’Institut, qui est comme le sanctuaire de l’esprit humain. » Et presque comme exemple aussitôt, comme preuve de cette force inviolable de la pensée, M. 

1518. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Je voudrais qu’un esprit aussi fin que le sien eût senti qu’il n’y a pas un si grand mérite à donner du joli et du neuf sur de pareilles matières, et que tout homme qui les traite avec quelque liberté peut s’y montrer spirituel à peu de frais ; non que, parmi les choses sur lesquelles il se donne un peu carrière, il n’y en ait d’excellentes en tous sens, et que même celles où il se joue le plus ne puissent recevoir une interprétation utile ; car enfin, dans tout cela, je ne vois qu’un homme d’esprit qui badine, mais qui ne songe pas assez qu’en se jouant il engage quelquefois un peu trop la gravité respectable de ces matières : il faut là-dessus ménager l’esprit de l’homme, qui tient faiblement à ses devoirs, et ne les croit presque plus nécessaires dès qu’on les lui présente d’une façon peu sérieuse.

1519. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Dubois-Thainville ; elle bondissait là en toute liberté avec une grâce qui excitait notre admiration.

1520. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Les passions, multipliées avec la société, s’étaient amincies comme le métal brillant et ductile étendu sur des surfaces ; il y avait moins de liberté et plus de conventions dans la société : l’esprit et le goût en étaient une, et la gaieté moins libre commençait à lui céder l’empire.

1521. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Il a eu plus de liberté, et le pathétique du sujet fait plus d’effet.

1522. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Tandis qu’un peintre comme Saint-Simon commande l’opinion du lecteur par ses tableaux et ne laisse pas toujours de liberté au jugement, un narrateur plat, mais véridique et sans projet comme Dangeau, permet à cette impression du lecteur de naître, de se fortifier et de parler quelquefois aussi énergiquement toute seule qu’elle le ferait à la suite d’un plus éloquent.

1523. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Puis s’adressant pour finir à Bernières, à qui il dédie son ode : Tu vois dans cette poésie Pleine de licence et d’ardeur Ces beaux rayons de la splendeur Qui m’éclaire la fantaisie : Tantôt chagrin, tantôt joyeux, Selon que la fureur m’enflamme Et que l’objet s’offre à mes yeux, Les propos me naissent en l’âme, Sans contraindre la liberté Du démon qui m’a transporté.

1524. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Féli (comme on l’appelait dans l’intimité) ; et il avait près de lui, d’habitude, quatre ou cinq jeunes gens qui, dans cette vie de campagne, poursuivaient leurs études avec zèle, selon un esprit de piété, de recueillement et d’honnête liberté.

1525. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Je les définis, au xviiie  siècle, toute une tribu intellectuelle, née de Calvin, restée très morigénée en s’émancipant, très philosophisée d’ailleurs et sécularisée, où Bayle est entré, où Fontenelle a passé, mais où, même avec la liberté de penser acquise, il se sent beaucoup de circonspection, de réserve, et une sorte de contrainte.

1526. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

 » Et il en prend occasion d’exprimer à ce sujet ses propres idées et les conditions qu’il estime indispensables au progrès, à savoir : — alliance et union étroite des sciences et des lettres : « Sans les sciences la nation la plus lettrée deviendrait faible et bientôt esclave ; sans les lettres la nation la plus savante retomberait dans la barbarie ; » — enchaînement des sciences les unes aux autres : « Cette union fait leur force et leur véritable philosophie ; elle seule a été la cause de tous leurs progrès » ; — une certaine liberté et latitude laissée aux professeurs dans la pratique : « Il faut, disait-il, que les professeurs soient guidés et non pas asservis.

1527. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Un jour, à un de ces bals, je la regardais danser un menuet : quand elle eut fini, elle vint à moi ; je pris la liberté de lui dire qu’il était fort heureux pour les femmes qu’elle ne fût pas homme, et que son portrait seul ainsi peint pourrait tourner la tête à plus d’une.

1528. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Ville heureuse où l’on est dispensé d’avoir du bonheur, où il suffit d’être et de se sentir habiter ; qui fait plaisir, comme on le disait autrefois d’Athènes, rien qu’à regarder ; où l’on voit juste plus naturellement qu’ailleurs, où l’on ne s’exagère rien, où l’on ne se fait des monstres de rien ; où l’on respire, pour ainsi dire, avec l’air, même ce qu’on ne sait pas, où l’on n’est pas étranger même à ce qu’on ignore ; centre unique de ressources et de liberté, où la solitude est possible, où la société est commode et toujours voisine, où l’on est à cent lieues ou à deux pas ; où une seule matinée embrasse et satisfait toutes les curiosités, toutes les variétés de désirs ; où le plus sauvage, s’il est repris du besoin des hommes, n’a qu’à traverser les ponts, à parcourir cette zone brillante qui s’étend de la Madeleine au Gymnase ; et là, en quelques instants, il a tout retrouvé, il a tout vu, il s’est retrempé en plein courant, il a ressenti les plus vifs stimulants de la vie, il a compris la vraie philosophie parisienne, cette facilité, cette grâce à vivre, même au milieu du travail, cette sagesse rapide qui consiste à savoir profiter d’une heure de soleil !

1529. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Il apportera, au contraire, et admettra plus de variété et plus, de liberté d’idées dans ce dernier genre.

1530. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Grâce à cette liberté d’allure qu’il a eue à toutes les époques, et qu’on lui a concédée en tant que genre sans conséquence, le roman a prospéré, fleuri, fructifié, et il s’est vu capable, presque dès sa naissance, de prendre toutes les formes, — sentimentale, pastorale, poétique, chevaleresque, historique, ironique, satirique, allégorique, descriptive, morale, passionnée.

1531. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

L’avantage d’une telle éducation, pour ceux qui ne se destinent pas à desservir en lévites fidèles les autels de l’Antiquité, c’est qu’elle laisse de la liberté aux aptitudes, qu’elle ne prolonge pas sans raison les années scolaires, qu’elle donne pourtant le moyen de suivre plus tard, si le besoin s’en fait sentir, telle ou telle branche d’érudition confinant à l’Antiquité, et que, vers seize ou dix-sept ans, le jeune homme peut s’appliquer sans retard à ce qui va être l’emploi principal de toute sa vie.

1532. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Il faut savoir lire, particulièrement les livres du xvie  siècle ; il y a dans presque tous, à cause des menaces pendantes sur la liberté de pensée, un secret qu’il faut ouvrir et dont la clef est souvent perdue : Rabelais a un sous-entendu, Cervantes a un aparté, Machiavel a un double fond, un triple fond peut-être.

1533. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

On pourrait même, si on l’étudiait avec suite, non-seulement dans ses poésies, mais dans ses articles de journaux et dans ses brochures, comme je viens de le faire rapidement, on pourrait le présenter comme un type parfait de cette première jeunesse royaliste et bourbonienne à bonne fin, amie et enthousiaste de la Restauration, de laquelle elle ne séparait pas l’idée de liberté ; datant en politique de la protestation de M. 

1534. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

La race d’élite et privilégiée entre toutes qui, dès l’origine de son installation dans la péninsule hellénique, se personnifie dans Hercule, dompteur des monstres, dans Apollon, vainqueur de Python, et qui sut de bonne heure réaliser l’idée de royauté et de justice, puis l’idée de cité et de liberté, est celle qui imprima à la guerre sa plus noble forme, la plus héroïque, la plus généreuse, depuis Achille, — ou, pour partir de l’histoire, depuis Miltiade et Léonidas jusqu’à Philopœmen.

1535. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Par exemple, l’Avare est moins mal écrit que les pièces qui sont en vers : il est vrai que la versification françoise l’a gêné ; il est vrai même qu’il a mieux réussi pour les vers dans l’Amphitryon, où il a pris la liberté de faire des vers irréguliers.

1536. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Mais Rousseau fait le bon apôtre quand il dit (29 janvier 1716) : « Il y a des choses dont les libertins même un peu raisonnables ne sauroient rire, et la liberté de l’épigramme doit avoir des bornes.

1537. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Un de ceux-là voulut un jour me faire passer par la fenêtre : j’en eus assez et j’engageai les camarades à ne plus m’en adresser. » 25 Dorénavant il ne fréquenta ces dangereux sujets qu’à Charenton ou lieux similaires et jamais plus en pleine liberté.

1538. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Cette base une fois adoptée, on n’arrivait à la liberté que par gradation.

1539. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

La plupart des gouvernements sont vindicatifs, parce qu’ils craignent, parce qu’ils n’osent être cléments ; vous, qui n’avez rien à redouter, vous, qui devez avoir pour vous la philosophie et la victoire, soulagez toutes les infortunes véritables, toutes celles qui sont vraiment dignes de pitié ; la douleur qui accuse, est toujours écoutée ; la douleur a raison contre les vainqueurs du monde ; que veut-on, en effet, du génie, des succès, de la liberté, des républiques, qu’en veut-on, quelques peines de moins, quelques espérances de plus ?

1540. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Alors naîtra le vrai style poétique : la liberté des tournures, la variété des mètres, l’irrégularité des rimes et l’allure onduleuse de la phrase, ne détruiront pas l’unité de la période et la mélodie réglée des vers ; la diversité et l’aisance de la prose s’allieront à l’enchaînement et à la symétrie de la poésie ; et la fable sera en même temps une conversation et un chant.

1541. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

À la mort de son mari, elle ne profita de sa liberté et de sa fortune que pour entrer dans un monastère de charité aux environs de Paris, où je la vois une ou deux fois par an, toujours fidèle à sa famille et à ses amitiés, consacrant à Dieu ce que les hommes avaient si peu su respecter.

1542. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

La liberté de pensée et les convictions d’écrivain d’un Flaubert ou d’un Baudelaire sont d’une autre sorte que celles de nos petits auteurs contemporains.

1543. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Ce domaine, c’est une certaine liberté honnête, difficile à définir, mais très aisée à sentir, qui fait qu’on n’est pas d’un parti, qu’on n’est pas toujours sur l’attaque et la défensive, qu’on cherche le bien, le beau ou l’agréable en plus d’un endroit, qu’on tient son esprit ouvert comme sa fenêtre au rayon qui entre, à l’oiseau qui passe, à la matinée qui sourit.

1544. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Penn, le colonisateur et le législateur de la Pennsylvanie, dans les chartes et conventions fondamentales qu’il avait ou obtenues de la Couronne, ou octroyées à son tour à la population émigrante, avait su très bien stipuler ses intérêts particuliers et ceux de sa famille en même temps que les libertés religieuses et civiles des colons.

1545. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Le Voyage proprement dit s’ouvre avec bonheur et avec émotion par une visite à Épaminondas, le plus parfait des héros anciens ; il se termine, au dernier chapitre, par un portrait du jeune Alexandre : le récit tout entier s’encadre entre cette première visite à Thèbes, où le sujet apparaît dans toute sa gloire, et la bataille de Chéronée, où périt la liberté de la Grèce.

1546. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

  Seulement, il me paraît nécessaire de dire dès maintenant qu’elle est, déduite de ce Principe évolutif tel qu’il est plus haut édicté, la capitale nécessité demandée pour la progressive liberté de l’Individu, et de l’Individu dans la Collectivité.

1547. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

C’est Alvarès qui a obtenu la liberté des prisonniers, parmi lesquels se trouvera son libérateur, qui deviendra le meurtrier de son fils.

1548. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Pour que Phèdre se lève elle-même quelques instants après ; car, pour la liberté des gestes dans le grand récit que Phèdre doit faire tout à l’heure, à partir de : « Mon mal vient de plus loin… », il convient qu’elle soit debout.

1549. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

la Liberté (de Bruxelles), 14 avril 1904 (NdA) 6.

1550. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Cette connaissance de la liberté produit l’idée du devoir ; analysant cette idée, on y trouve d’abord celle de la justice, puis celle de la tempérance, puis celle de la charité et de tous les degrés de la charité.

1551. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Au reste, le jeune homme suivit tous les pas de son maître ; il fut comme lui théologien et philosophe ; il voulut comme lui allier la raison et la foi ; il accabla de superbes paroles les matérialistes qui commençaient à lever la tête ; il aima la liberté pour lui-même, et défendit contre Rome les privilèges français, qui étaient les siens.

1552. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Naturellement, Claude fait avec une rare ténacité cette peinture qui ne s’achète ni ne se vend ; il est contesté même au musée des refusés, abreuvé de dédains, et finit par se pendre quand il s’aperçoit qu’il a sacrifié bonheur, liberté, fortune, femme et enfant ; et tout cela pour faire rire, devant ses productions, la foule qui sait que la vie est courte et qui s’intéresse plus aux résultats qu’aux tentatives. […] Théâtre en liberté. — 1886. […] C’est ainsi que, quand le Théâtre en liberté a été mis aux vitrines des libraires, chacun citait des fragments de la Forêt mouillée, des Gueux, de Mangeront-ils ? […] Parmi les beaux morceaux du Théâtre en liberté, je lis le roman de cette grand-mère qui, du haut de son margraviat, a maudit l’amour de son fils pour une pauvre fille.

1553. (1923) Nouvelles études et autres figures

Ces hommes pervers étouffent les sentiments humains, dépravent les consciences, foulent aux pieds les libertés gallicanes, professent des doctrines meurtrières, et attentatoires à la sûreté des souverains. […] Une hiérarchie bien comprise, ce sont des libertés qui se commandent. […] Entre temps, accompagné de sa femme et de sa belle-sœur, il était allé en Irlande faire campagne contre l’Acte d’Union et y prêcher la liberté. […] Mais l’émotion qui nous étreint vient aussi du problème que posent tous les drames de l’amour et qui n’est autre que celui de la liberté humaine. […] Le roman finit bien pour eux et pour nous et pour la liberté.

1554. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Je vois une mére alarmée pour son fils, qu’elle sait être à la guerre, ou dans un combat, dont on vient de lui aprendre la nouvèle : Horace excite ma sensibilité en me fesant penser aux alarmes où les méres sont alors pour leurs enfans ; il me semble même que cette tendresse des méres est ici le seul sentiment qui ne soit pas susceptible de foiblesse ou de quelqu’autre interprétation peu favorable : les alarmes d’une maitresse pour son amant, n’oseroient pas toujours se montrer avec la même liberté, que la tendresse d’une mére pour son fils. […] Le changement d’état par lequel un citoyen romain perdoit la liberté, ou aloit en éxil, ou changeoit de famille, s’apeloit (…), diminution de tête : c’est encore une expression métaphorique qui peut aussi être raportée à la synecdoque. […] il ne reste à la plupart des comentateurs d’autre liberté que pour louer, pour admirer, pour adorer ; mais ceux qui font usage de leurs lumières et qui ne se conduisent point par une prévention aveugle, etc. . […] On a la liberté d’ajouter ou de retrancher ce qui est nécessaire au dessein qu’on se propose ; mais on doit conserver autant de mots qu’il est nécessaire pour rapeler le souvenir de l’original dont on emprunte les paroles. […] Je ne ferai guère ici qu’un extrait de ses raisons, et je prendrai même la liberté de me servir souvent de ses termes ; me contentant de tirer mes exemples de la langue latine.

1555. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Sur cette neurasthénie, malgré l’azur bouché, les murs aveuglés, le règne du « cher Ennui », voici qu’éclatent encore, dans la fraîcheur et la liberté de leur rire, le printemps, la jeunesse, la vie cristalline, l’Azur. […] Un Allemand dirait que se jouant autour des choses sans les saisir directement, toutes deux représentent la liberté de l’esprit.

1556. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Nous n’étions plus dignes de la liberté. […] Ô vierges du zénith, nuées, Ô doux enfants de l’air, oiseaux, Blancheurs par l’aube saluées, Que contemple l’œil bleu des eaux : Vous qu’Ève nomma la première ; Vous pour qui le Dieu redouté Fit cet abîme, la lumière, Et cette aile, la liberté ; Vous qu’on voit, du gouffre où nous sommes, Dans le grand ciel mystérieux ; Vous qui n’admirez pas les Romes, Les fourmilières valant mieux ; Vous que la rosée en ses ombres Abreuve ou crée avec ses pleurs, Oiseaux qui sortez des nids sombres, Nuages qui sortez des fleurs, Parlez ; vous que le jour fait naître Pour un essor illimité, Vous que le libre éther pénètre De gloire et de sérénité, Vous qui voyez le mont austère, Le frais matin, le soir obscur, Toute la mer, toute la terre, Éternels passants de l’azur ; Que dit-on, dans la nuit sereine, Que pense-t-on, dans la clarté, De tout cette honte humaine Qui rampe sous l’immensité ?

1557. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Puissance, liberté, vieil honneur militaire, Hein, vieil honneur militaire. […] Vive la liberté. […] L’un, dit-on, était le génie de la Liberté. […] Merveilleuse correspondance, antithèse toute faite pour Hugo : la colonne de la Victoire, la colonne de la Liberté ; la colonne de la Gloire militaire, la colonne de la Gloire civile. […] Car la colonne de la Liberté était aussi une colonne de la Victoire, au moins sur les Suisses et sur quelques bons Français, et j’ai entendu dire que cette Gloire civile avait surtout été procurée à coups de fusils.

1558. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Littré avait laissée de lui et de sa force d’initiative : « À la mémoire de Michel-François Littré, d’Avranches, chef de bureau à la direction générale des Contributions indirectes, mort à Paris le 20 décembre 1827 ; canonnier de marine durant les guerres de notre Révolution ; l’un des collaborateurs du Journal des Hommes libres en 1799 ; patriote sincère et constant, qui a cru et travaillé pendant sa vie entière aux progrès de la liberté ; érudit qui ne devait qu’à lui seul et à la persévérance de ses travaux des connaissances étendues et variées ; philologue distingué, l’un des plus anciens membres de la Société asiatique de Paris ; homme d’une inaltérable droiture, etc. […] Lui aussi a partagé le sentiment qui pénétrait alors les Hellènes, enorgueillis de leur liberté, enthousiasmés de leurs triomphes, épris de leurs belles créations dans les arts, dans les lettres et dans les sciences.

1559. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Mon voisin, qui a sacrifié son bonheur à la liberté, à la vérité, n’est pas fait pour vivre à Berlin. Je connais une femme, amie intime de M. de Maupertuis, qui me disait que le chagrin avait avancé ses jours. » Au lieu de la Cour et d’un roi « philosophe ou philosophant », ; prêt à accueillir indistinctement les écrivains les plus contraires, l’auteur du livre de Y Esprit ou l’auteur d’Èmile, combien elle aimerait mieux voir celui-ci chez le fermier proposé par Hume, dans la forêt voisine de Richemond, au bord de la Tamise, « dans un pays où la liberté de penser est autorisée et par les lois et par le génie de la nation ! 

1560. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Madame Lebrun, qui nous le fait connaître à merveille, raconte qu’à la Malmaison, chez madame du Moley, il était convenu, pour plus de liberté, qu’en se promenant dans les jardins, on tiendrait à la main une branche de verdure, si l’on désirait ne pas se chercher ou s’aborder : « Je ne marchais jamais sans ma branche, dit-elle ; mais je la jetais bien vite, si j’apercevais l’abbé Delille. » Madame Lebrun elle-même, avec sa facilité, son goût vif à peindre et sa séduction de coloris, me semble avoir été, dans ce même monde, une chose légère, assez semblable à l’abbé Delille. […] C’est qu’au spectacle du printemps l’imagination joint celui des saisons qui le doivent suivre ; à ces tendres bourgeons que l’œil aperçoit, elle ajoute les fleurs, les fruits, les ombrages, quelquefois les mystères qu’ils peuvent couvrir… » Le poète versificateur avait encore ici puisé l’inspiration dans la prose, et, bien qu’avec une liberté heureuse, il s’était souvenu de Rousseau47.

1561. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Elle apprécie trop ce plaisir-là pour remettre jamais sous le joug la liberté de son goût. […] Dans cette faculté le jugement se voit lié à quelque chose qui se révèle dans le sujet même et en dehors du sujet, et qui n’est ni nature ni liberté, mais qui est lié au principe de cette dernière, c’est-à-dire avec le suprasensible, dans lequel la faculté théorique se confond avec la faculté pratique, d’une manière inconnue, mais semblable pour tous.

1562. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

“Ma maison est ouverte à tout le monde, ajoute le maître avec l’ostentation d’un grand seigneur, et tout ici invite à la liberté.” […] Ce petit défi de beauté rappela la bonne humeur, on demeura encore quelque temps ensemble ; à la fin, ils sortirent tous et toutes pour me laisser la liberté de m’habiller.

1563. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

C’est l’heure où le peuple, vieillards, ouvriers, femmes, soldats, jeunes filles, sortent en foule de la porte de la ville pour se répandre en repos, en liberté et en joie, dans la campagne. […] Et tu me pardonnes la liberté que j’ai prise de t’aborder et de te parler l’autre jour, au moment où tu sortais de l’église ?

1564. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Quoi qu’il en soit, on s’extasie de surprise et d’admiration quand on voit une terre qui a perdu l’empire du monde, puis sa propre liberté, puis ses dieux, puis sa langue même ; une terre qui avait produit Cicéron, Horace, Virgile, reproduire tout à coup, dans une autre langue, mais dans un même génie, Dante, Arioste, Pétrarque, le Tasse et Machiavel. […] « Là, se croyant en pleine sécurité et éloignée de mille lieues de Renaud, lasse de la course et de l’ardeur du soleil d’été qui la brûle, elle prend la confiance de se reposer un moment ; elle descend de son coursier sur cette herbe en fleurs et laisse le palefroi débridé aller à son gré paître l’herbe tendre ; celui-ci erre en liberté autour des ruisseaux limpides qui ravivaient d’une verdure appétissante leurs bords humides.

1565. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

La soirée me plut ; partout régnaient l’aisance et la liberté : on se tenait debout, on s’asseyait, on plaisantait, on riait, on parlait avec l’un, avec l’autre, chacun suivant sa fantaisie. […] Je ne connais pas de pièce allemande où la cause de la liberté ait été plaidée comme dans celle-là.

1566. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Alors les guerres étaient finies, les alliés retournaient chez eux d’étape en étape, l’empereur était parti pour l’île d’Elbe, et le roi Louis XVIII nous avait donné des libertés raisonnables. […] Si des gens raisonnables me disent que j’ai bien fait d’écrire ma campagne de 1813, que cela peut éclairer la jeunesse sur les vanités de la gloire militaire, et lui montrer qu’on n’est jamais plus heureux que par la paix, la liberté et le travail ; eh bien !

1567. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

La faute des dieux, c’est de lui avoir dérobé l’anneau pour en faire un si piteux usage, et d’avoir enterré la liberté, l’âme ces Nifibelungs, sous le ventre de l’oisif dragon. » Lorsqu’un homme se. sera trouvé pour reconquérir cet anneau, et pour briser l’esclavage des Nibelungs en redonnant l’anneau aux Filles du Rhin (ce que les Dieux eux-mêmes ne peuvent faire à cause de leur contrat avec les Géants), tout sera pour le mieux, et les Dieux, les Nains (ou Nibelungs) et les Géants pourront vivre heureux à tout jamais. […] Ce sont choses fort secondaires que les Leitmotive et leurs développements, la liberté plus ou moins grande de la forme et d’autres détails.

1568. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Jouir, c’est toujours agir, agir le plus possible, avec la plus grande efficacité et la plus grande indépendance, avec la plus grande liberté possible. […] La grâce est produite par une surabondance qui a pour résultat l’affranchissement du rude « combat pour l’existence », la liberté et l’aisance des mouvements, le jeu facile de la pensée, l’expansion du cœur et la générosité du vouloir : le vrai plaisir est la grâce de la vie.

1569. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

C’est à cause de lui que je me suis brouillée avec l’Impératrice… Et tout ce qu’il a eu par moi… Dans mon dernier séjour à Compiègne, il m’a demandé trois choses, j’en ai obtenu deux de l’Empereur… Et qu’est-ce que je lui demandais… Je ne lui demandais pas de renoncer à une conviction… je lui demandais de ne pas s’engager dans un traité avec Le Temps, et de la part de Rouher, … je lui ai tout offert… Il aurait été à La Liberté avec Girardin, c’était encore possible, c’était de son monde… Mais au Temps, nos ennemis personnels… où tous les jours on nous insulte !  […] voulez-vous que je vous dise… Quand l’Empereur a accordé les libertés, il y était opposé comme un beau diable… Il ne s’est plus senti entre deux gendarmes… il ne s’est plus senti protégé… et, de peur, il a passé de l’autre côté, pour plus de sûreté ! 

1570. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Je n’ai pas besoin de vous dire, que je ne suis absolument qu’un copiste, que je ne veux peser en rien sur la liberté de sa manière… Mais attendez. » Il se lève et va chercher un petit cahier relié, et nous nous renfonçons dans le divan, et il commence la lecture. […] Mais le régime de la liberté a tué ces retraites pour les blessés de la vie.

1571. (1894) Textes critiques

., Chamuel‌   Un homme, par des engins inventés par lui ou retrouvés de traditions perdues au reste, frappe à distance à son plaisir quiconque nuirait à sa liberté parfaite. […] La liberté n’étant pas encore acquise au théâtre de violemment expulser celui qui ne comprend pas, et d’évacuer la salle à chaque entr’acte avant le bris et les cris, on peut se contenter de cette vérité démontrée qu’on se battra (si l’on se bat) dans la salle pour une œuvre de vulgarisation, donc, point originale et par cela antérieurement à l’originale accessible, et que celle-ci bénéficiera au moins le premier jour d’un public reste stupide, muet par conséquent.

1572. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Mais c’est par là aussi qu’elle éprouve la douleur toute intellectuelle de sa condition d’ici-bas et qu’elle prend l’horreur de cette existence, la passion d’en sortir, l’amour de la vraie vie, de la liberté, de l’immortalité, de l’éternité de Dieu enfin, jusqu’au désespoir, jusqu’au délire, jusqu’au suicide. […] La volonté eût péri avec la liberté.

1573. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

IX Il y avait loin de là à ce Juvénal écrivant dans des intervalles de liberté sans frein, entre deux proscriptions ou entre deux tyrannies, pendant l’écroulement de Néron ou pendant l’interrègne de Domitien. […] L’épître, sorte de lettre plus ou moins familière en vers, laisse bien plus de liberté et de souplesse au style.

1574. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Cette république, fondée sur l’industrie, et non sur les armes, prospérait, malgré ses dissensions intestines, par la seule vertu de la liberté. […] Pour transvaser ce sentiment, cette poésie, cette harmonie, cette image, d’un dialecte dans un autre, vous n’avez pas trop de toute la liberté, de toute la souplesse, de toute la richesse de votre langue.

1575. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Nous pouvions nous croire encore dans la liberté des champs et des demeures paternelles. […] Je ne puis pas dire que j’aimai jamais cette captivité du collège : né et élevé dans la sauvage liberté des champs, les murs me furent toujours odieux ; ils pèsent sur mon âme encore aujourd’hui : je vis dans l’horizon plus que dans moi-même.

1576. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Avoir vu un grand homme régnant ou administrant, rien n’est tel pour l’historien que ce genre de démonstration vivante, même lorsque ensuite on passerait aux idées d’indépendance et de liberté.

1577. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

« On peut quelquefois, dit Voltaire, entasser des métaphores les unes sur les autres ; mais alors il faut qu’elles soient bien distinguées, et que l’on voie toujours votre objet représenté sous des images différentes. » Et il cite un exemple de Massillon ; il aurait pu aussi bien citer celui qu’on va lire : Souvenez-vous d’où vous êtes tombé ; … remontez à la première origine de vos désordres, vous la trouverez dans les infidélités les plus légères : un sentiment de plaisir négligemment rejeté ; une occasion de péril trop fréquentée ; une liberté douteuse trop souvent prise ; des pratiques de piété omises : la source en est presque imperceptible ; le fleuve, qui en est sorti, a inondé toute la terre de votre cœur : ce fut d’abord ce petit nuage que vit Élie, et qui depuis a couvert tout le ciel de votre âme : ce fut cette pierre légère que Daniel vit descendre de la montagne, et qui, devenue ensuite une masse énorme, a renversé et brisé l’image de Dieu en vous : c’était un petit grain de sénevé, qui depuis a crû comme un grand arbre, et poussé tant de fruits de mort : ce fut un peu de levain, etc.

1578. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

quels rebuts à essuyer de celui peut-être à qui on a sacrifié son honneur et sa liberté, et dont on n’oserait se plaindre !

1579. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Elle la regarde apparemment comme un tribunal tyrannique qui ne laisse pas la liberté des jugements en matière d’ouvrages d’esprit ; elle croit que l’admiration religieuse des anciens en est une loi fondamentale, et qu’en y entrant on lui prête serment de fidélité à cet égard.

1580. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Habert, à faire un extrait de la vraie doctrine de saint Augustin, le Fénelon qui déclare « que les libertés de l’Église gallicane sont de véritables servitudes », qui craint la puissance laïque bien plus que la spirituelle et l’ultramontaine, et qui redoute le danger d’un schisme tout autant que l’invasion de la France, ce Fénelon n’est pas celui que les philosophes de l’âge suivant ont façonné et remanié à leur gré.

1581. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Sous forme indirecte et à la troisième personne, il raconte sa propre vie en Angleterre, sa fuite ces jours-là loin des jardins publics, loin des promenades fréquentées, sa recherche des sentiers solitaires ; il nous initie aux plus humbles consolations de sa vie misérable, comme ferait un enfant du peuple, un Werther et un René des faubourgs2 : Lorsque la brune commence à confondre les objets, notre infortuné, dit-il, s’aventure hors de sa retraite, et, traversant en bâte les lieux fréquentés, il gagne quelque chemin solitaire où il puisse errer en liberté.

1582. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Vous soupirez à Dieu pour l’absence de vos amis et fidèles serviteurs, et en même temps ils sont ensemble soupirant pour la vôtre et travaillant à votre liberté ; mais vous n’avez que des larmes aux yeux, et eux les armes aux mains ; ils combattent vos ennemis et vous les servez ; ils les remplissent de craintes véritables, et vous les courtisez pour des espérances fausses ; ils ne craignent que Dieu, vous une femme, devant laquelle vous joignez les mains quand vos amis ont le poing fermé ; ils sont à cheval, et vous à genoux ; ils se font demander la paix à coudes et à mains jointes ; n’ayant point de part en leur guerre, vous n’en avez point en leur paix.

1583. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Son jugement sur les choses publiques en est affecté et va changer dès lors de point de vue : lui qui jusque-là considérait la Révolution comme une sorte de grand chemin uni où l’on n’avait qu’à marcher droit en se tenant, il croira, à dater de ce moment, à je ne sais quel moteur invisible et qu’il ne désigne pas ; il lui attribuera toutes les fausses nouvelles, les craintes, les défiances, ce qui corrompra et dénaturera désormais la liberté : « Pour avoir tissu et suivi ce plan abominable, il faut, disait-il, et un esprit profond et beaucoup d’argent.

1584. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

À cette date de 1588 où la Ligue faisait sa levée de boucliers, et où les dissensions religieuses et civiles recommençaient avec fureur, Charron cherchait-il simplement un abri, un lieu d’isolement et d’asile, même au prix de sa liberté extérieure, et en l’achetant par des austérités rigoureuses ?

1585. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Il faut, dit-il, réveiller et échauffer leur esprit par demandes, les faire opiner les premiers et leur donner même liberté de demander, s’enquérir, et ouvrir le chemin quand ils voudront.

1586. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

On ne saurait en être moins que Henri IV, et cette entière liberté de dire, jointe à son esprit naturel et si plein de saillies, est souvent d’un grand charme.

1587. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

On préparait le second passage du Danube ; Napoléon voit passer le général Mathieu Dumas, qui cherchait le maréchal Berthier : il l’arrête, le questionne sur plusieurs points de détail ; puis, tout d’un coup, changeant de sujet et se ressouvenant que Mathieu Dumas avait été des constitutionnels en 89 et dans l’Assemblée législative : — Général Dumas, vous étiez de ces enthousiastes (j’adoucis le mot) qui croyaient à la liberté ?

1588. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Il écrit à M. de Puylaurens, le favori de Gaston, et qui plus tard paiera de sa liberté et de sa vie le malheur ou le tort de n’avoir point répondu aux intentions de Richelieu.

1589. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Il se plaint de ne point trouver en lui une ouverture et des sentiments correspondants aux siens, d’y rencontrer plutôt des méfiances ou des timidités : « Mon cher frère, vous me connaissez bien mal, puisque vous croyez que je ne pense pas à vous ; mais ce n’est pas d’aujourd’hui que vous me faites de pareilles injustices, et je remarque de reste que vous n’avez aucune confiance en moi (août 1744). » Il le traite d’ailleurs avec amitié, essaie de l’enhardir en causant librement avec lui par lettres, et se promet de l’initier aux affaires dès qu’il aura quelque intervalle de liberté.

1590. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Je ne pus m’empêcher de dire : — « J’espère, monseigneur, que vous voterez pour la mise en liberté du roi. » — « Certainement, répondit-il, et pour ma propre mort ! 

1591. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Je voudrais rendre mon impression et donner mon avis avec plus de liberté que je ne l’aurais pu faire convenablement ailleurs7 sur quelques hommes et quelques écrits qui ont occupé l’attention publique en ces dernières années.

1592. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

J’aurais bien pu trouver place à la table de quelque indifférent ; mais, dans de pareils moments, si je ne m’amuse point avec mes amis, je préfère rester seul et libre ; la liberté me console de la solitude… » Nous voilà entrés dans la veine méditative ; l’homme est déjà ce qu’il sera.

1593. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Qu’aurait-ce donc été si j’avais parlé avec toute la liberté qu’un critique biographe peut prendre, si j’avais raconté plus d’une particularité qui me venait et qui m’était attestée par des témoins aussi dignes de foi, mais d’un autre bord que M. de Falloux ?

1594. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Je suis donc tenté, puisque j’ai si fréquemment la parole, de la prendre cette fois pour répondre de mon mieux à ces nombreuses questions et pour discourir devant le public, avec une liberté décente, sur ce sujet et sur d’autres qui y touchent de près.

1595. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

S’il est (je n’en sais rien) une autre âme sur terre Que trop de liberté tourmente, qu’elle espère : Elle sera guérie en faisant comme moi.

1596. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Un peu plus de liberté à droite et à gauche aurait ajouté à la vivacité et à la vérité du portrait.

1597. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

je n’en prenais ni moins de liberté ni moins de plaisir.

1598. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Il s’écriait d’un accent déchirant : « Si je pouvais trouver à vivre loin d’une Cour, dans un pays de liberté, je m’y traînerais à quatre pattes, mes enfants sur le dos. » A d’autres jours, à des moments moins irrités et moins amers, mais non moins tristes, il disait en paroles d’un découragement profond : « Combien je donnerais des années qui me sont encore destinées pour en passer une ou deux avec vous, au moins à portée de vous voir quelquefois !

1599. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Strasbourg, cessant d’exister comme république, garda comme cité ses institutions municipales, sa juridiction civile et criminelle, ses privilèges en matière d’impôt, la liberté de son culte : « l’évêque et le Clergé catholique rentraient en possession de la cathédrale ; mais les Luthériens conservaient toutes les autres églises, les écoles et les biens ecclésiastiques en général.

1600. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Dans Cinna, acte I, scène iii, Cinna, racontant à Émilie comment il s’y est pris pour échauffer les conjurés et les animer contre le tyran, lui redit une partie de son discours et des sanglants griefs qu’il a étalés devant eux : d’abord le tableau des guerres civiles et de ces batailles impies, les horreurs du triumvirat et les listes de proscription, les plus grands personnages de Rome immolés ; puis il a ajouté : « ……… Toutes ces cruautés, La perte de nos biens et de nos libertés, Le ravage des champs, le pillage des villes, Et les proscriptions, et les guerres civiles Sont les degrés sanglants dont Auguste a fait choix Pour monter dans le trône et nous donner des lois. » Je vous le demande, suffira-t-il de rétablir « dans le trône », au lieu de « sur le trône », sans dire le pourquoi ?

1601. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

C’est alors que Frédéric avertissant à temps le duc des Deux-Ponts, héritier présomptif après l’Électeur palatin, et qui lui-même était près de céder, saisit le beau rôle, l’occasion propice qui s’offrait à lui, de prendre en main la cause des princes lésés, de soutenir les stipulations formelles, les articles du traité de Westphalie, qui réglaient ou confirmaient cette succession de Bavière, et de faire respecter les immunités, les libertés et les droits du Corps germanique.

1602. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

La nature du génie de Napoléon qui, essentiellement organisateur et unitaire, représentait la Révolution dans son principe d’égalité et de réformes civiles, mais nullement dans son essor de liberté, le porta à se dessaisir d’une arme terrible, celle de la propagande libérale et républicaine ; et dès lors, les peuples, non appelés par lui à secouer le joug, ne sentirent plus que la honte de la défaite et l’aiguillon de la vengeance.

1603. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Ainsi l’on a, à l’origine, les Constituants, et, sans tenir compte des nuances, je comprends sous ce nom tous ceux qui ont voulu sincèrement, à un certain jour, l’alliance de la royauté et de la liberté : Malouet tout le premier et ses amis, beaucoup de leurs adversaires au début, adversaires déclarés en apparence et qui ne l’étaient au fond qu’à demi, depuis Mirabeau lui-même jusqu’au Barnave de la fin. — Sont venus ensuite les Girondins, et j’appelle ainsi tous les hommes du second moment, ceux d’après la fuite de Varennes, la plupart provinciaux, s’échauffant et s’enflammant à mEsure que les premiers se refroidissaient, et qui sont entrés dans l’arène politique avec des pensées républicaines honnêtes, avec la conviction arrêtée de l’incompatibilité de Louis xvi et de la Révolution, apportant d’ailleurs dans la discussion et la conduite des affaires plus d’ardeur et de générosité ou d’utopie que de réflexion et de prudence, depuis Brissot, Roland et sa noble femme, jusqu’à Condorcet. — Puis les Montagnards : ceux-ci violents, exaspérés, partant d’un principe extrême, s’inspirant d’une passion outrée, mais bon nombre également sincères, patriotes, d’une intégrité exemplaire, ne songeant dans l’établissement de leur terrible dictature temporaire qu’à la défense du territoire et au salut de la Révolution : Carnot, Cambon, Robert Lindet, Jean-Bon Saint-André, d’autres moins en vue comme Levasseur, Baudot… Pour les juger avec équité, il faut faire la part du feu, la part de la fièvre, et sacrifier sans doute beaucoup des idées applicables aux temps ordinaires ; mais, historiquement, à leur égard, ce n’est que justice. — Puis, la Terreur passée, il y a eu les hommes fermes, modérés, honorables, qui ont essayé de fonder l’ordre et le régime républicain en dépit des réactions, les hommes de l’an iii, Thibaudeau, Daunou, La Revellière-Lépeaux… — Je compterai ensuite une autre génération d’hommes politiques, ceux de 1797, de la veille de Fructidor, très honnêtes gens d’intention, un peu prématurés d’action et d’initiative, qui voulaient bien peut-être du régime légalement institué, mais qui le voulaient avec une justice de plus en plus étendue et sans les lois d’exception : les Barbé-Marbois, les Portalis, les Camille Jordan. — Enfin il y eut, à la dernière heure du Directoire, les hommes qui en étaient las avec toute la France, qui avaient soif d’en sortir et qui entrèrent avec patriotisme dans la pensée et l’accomplissement du 18 brumaire : Rœderer, Volney, Cabanis… Je crois que je n’ai rien omis, que tous les moments essentiels de la Révolution sont représentés, et que chacun de ces principaux courants d’opinion vient, en effet, livrer à son tour au jugement de l’histoire des chefs de file en renom, des hommes sui generis qui ont le droit d’être jugés selon leurs convictions, selon leur formule, et eu égard aux graves et périlleuses circonstances où ils intervinrent.

1604. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Nul groupe sans doute n’existe, nulle école imposante, nul centre doctrinal, comme on dit, et à quelques égards je ne m’en plains pas : variété et liberté, c’est quelque chose.

1605. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Dès le début, l’historien analyse et expose la condition diverse des divers peuples d’Italie soumis à la domination romaine, les Latins les plus favorisés, les Italiotes ; quelque différence de régime qui parût d’abord entre ces peuples de la péninsule et les étrangers proprement dits ou barbares, leur liberté se réduisait au fond à une satisfaction d’amour-propre accordée à des vaincus, tandis que la toute-puissance restait en réalité au peuple conquérant.

1606. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Or j’ai soigneusement recherché dans ses œuvres les traces de ces premières et profondes souffrances ; je n’y ai trouvé d’abord que dix vers datés également de Londres, et du même temps que le morceau de prose ; puis, en regardant de plus près, l’idylle intitulée Liberté m’est revenue à la pensée, et j’ai compris que ce berger aux noirs cheveux épars, à l’œil farouche sous d’épais sourcils, qui traîne après lui, dans les âpres sentiers et aux bords des torrents pierreux, ses brebis maigres et affamées ; qui brise sa flûte, abhorre les chants, les danses et les sacrifices ; qui repousse la plainte du blond chevrier et maudit toute consolation, parce qu’il est esclave ; j’ai compris que ce berger-là n’était autre que la poétique et idéale personnification du souvenir de Londres, et de l’espèce de servitude qu’y avait subie André ; et je me suis demandé alors, tout en admirant du profond de mon cœur cette idylle énergique et sublime, s’il n’eût pas encore mieux valu que le poète se fût mis franchement en scène ; qu’il eût osé en vers ce qui ne l’avait pas effrayé dans sa prose naïve ; qu’il se fût montré à nous dans cette taverne enfumée, entouré de mangeurs et d’indifférents, accoudé sur sa table, et rêvant, — rêvant à la patrie absente, aux parents, aux amis, aux amantes, à ce qu’il y a de plus jeune et de plus frais dans les sentiments humains ; rêvant aux maux de la solitude, à l’aigreur qu’elle engendre, à l’abattement où elle nous prosterne, à toute cette haute métaphysique de la souffrance ; — pourquoi non ? 

1607. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Les Athéniens croyaient aux mêmes dogmes, défendaient aussi leur patrie, aimaient aussi la liberté ; mais ce respect qui agit sur la pensée, qui écarte de l’imagination jusqu’à la possibilité des actions interdites, ce respect qui tient à quelques égards de la superstition de l’amour, les Romains seuls l’éprouvaient pour les objets de leur culte.

1608. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Fouillée : la Philosophie de Platon (1869) ; la Liberté et le déterminisme (1873 et 1884) ; l’Idée moderne du droit (1878) ; la Science sociale contemporaine, 1880, in-18, Hachette

1609. (1890) L’avenir de la science « V »

Appliquée à la nature, elle en a détruit le charme et le mystère, en montrant des forces mathématiques là où l’imagination populaire voyait vie, expression morale et liberté.

1610. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Elle est pour Victor Hugo, tantôt une grande oublieuse au front serein52 qui efface l’homme éphémère sous la continuité de sa vie exubérante, tantôt une auxiliaire du progrès53, qui révèle à l’humanité ses mystères, lui soumet ses forces, l’émancipé, la rend plus puissante, la mène par la science à la liberté, l’aide à briser les vieux moules du passé, à faire germer le bien et la joie pour les générations futures.

1611. (1886) De la littérature comparée

Posnett part de cette observation de Karl Otfried Müller, que les trois degrés du développement politique des Grecs se trouvent en quelque sorte reflétés dans leur littérature : la période épique correspondant à la période monarchique, la poésie lyrique aux temps les plus agités et au progrès du gouvernement républicain, le drame à l’hégémonie d’Athènes et à la période de liberté.

1612. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Je comprends qu’on ose beaucoup dans un livre : le roman même, qui tient de l’histoire et de la critique, a des libertés presque égales.

1613. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Il avait cette finesse de réflexion de laquelle dépend l’élégance et le goût, et il communique à ses lecteurs une certaine liberté d’esprit, une hardiesse de pensée qui est le germe de la philosophie… Le jugement de Buffon est extrêmement favorable à Pline ; il semble que le grand écrivain ait eu pour lui de la reconnaissance, qu’il ait deviné qu’on lui reprocherait un jour à lui-même quelques-uns des défauts qu’on peut imputer à l’auteur romain, et qu’il se soit plu d’avance à saluer en lui quelques-unes de ses propres qualités, quelques-uns des traits généraux de sa manière.

1614. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Un autre inconvénient encore, c’est de ne pas laisser aux jeunes esprits qui en sont le sujet un seul quart d’heure pour rêver, pour se développer en liberté, pour donner jour à une idée originale ou à une fleur naturelle qui voudrait naître.

1615. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Ayant obtenu, après des persécutions et des difficultés, de rejoindre son mari en Gascogne (1578), elle y resta trois ans et demi, y jouissant de sa liberté et la lui laissant ; elle comptait ces journées de Nérac, entremêlées, même à travers les guerres recommençantes, de bals, de promenades et « de toutes sortes de plaisirs honnêtes », pour une époque de bonheur.

1616. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Étienne qui, dans la plupart de ses articles, de ses préfaces ou de ses notices, à tout propos, fait des appels à la liberté de la presse, des allusions aux ciseaux des censeurs, avait tenu lui-même sans bruit ces ciseaux au temps de sa belle jeunesse.

1617. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

La Fontaine, qui aimait l’indépendance et la liberté, ne pouvait s’accommoder de l’idée que M. 

1618. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Trois ans de liberté, trois ans de vie ainsi ôtés d’une existence humaine en un tour de Code ; le délit pesé en une seconde avec un coup de pouce dans la balance, et l’habitude de ce métier cruel et mécanique de tailler à la grosse, pendant des heures, des parts de cachots. — Il faut voir cela pour savoir ce que c’est.

1619. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Au XVIe siècle, un humaniste est un homme que le problème religieux, ou plus exactement ce qu’il y a de problèmes dans le sentiment religieux et dans la croyance, ne torture pas ; au XVIIe siècle, « le partisan des anciens » est un homme que la gloire de Louis le Grand, encore qu’elle le touche, n’éblouit point et n’hypnotise pas ; au XVIIIe siècle, l’homme de goût (très rare) est celui qui n’est pas très persuadé que l’univers vient pour la première fois d’ouvrir les yeux à la raison éternelle et que le monde date d’hier, d’aujourd’hui ou plutôt de demain ; au XIXe siècle, le classique, vraiment digne de ce nom, est celui qui n’est pas comme subjugué par les Hugo et les Lamartine et qui s’aperçoit, de tout ce qu’il y a, Dieu merci, de classique dans Hugo, Lamartine et Musset, et qui garde assez de liberté d’esprit pour lire Homère pour Homère lui-même et non pas en tant qu’homme qui annonce Hugo et qui semble quelquefois être son disciple.

1620. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

» Assurément c’est cela, tandis que, pour ce qui est de rire, on s’y laisse aller plus facilement parce qu’on est moins dupe et l’on fait moins figure de dupe en riant qu’en pleurant, le rire vous laissant toute liberté d’esprit et les pleurs marquant qu’on l’a perdue, et qu’on est pénétré jusqu’au fond et possédé par le sujet et par l’auteur.

1621. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Il en connaissait les indigences… Ce sont de vagues discussions sur la presse, inspirées par l’amour de la liberté, qu’il avait, ce protestant de Chasles !

1622. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Il y a enfin, comme partout, l’incapacité ou le génie, et la liberté qui choisit le bien ou le mal.

1623. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

De cet organe gonflé de sang, de cet abîme bouillonnant de vibrations et de passions, d’une liberté, d’une impulsivité, d’une richesse tout instinctive, de cette source d’action, de virilité, de cette région où la nature fait entendre ses voix chargées d’orages ou d’espoirs, de ce tumultueux abîme des plus violentes énergies et des plus authentiques clameurs humaines, l’Église catholique est parvenue à faire un triste néant mystique, un lamentable mélange de bassesse et d’absurdité, un odieux et puéril symbole autour duquel viennent s’agenouiller tous les stériles, tous les faibles, tous les déserteurs de la vie.

1624. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

La conversation, comme tout le monde sait, est un passage continuel d’un objet à l’autre, les propos y sont souvent décousus, & l’on évite de s’appésantir sur le même sujet, afin que chacun puisse discourir en liberté. […] Ils savoient qu’on n’est vraiment heureux qu’en se dégageant des entraves de la grandeur, & que pour bien savourer un mets, il être en liberté. […] On dit pour se justifier qu’on a voulu masquer cet endroit, à dessein de laisser en liberté madame de…. qui aime à se promener incognitò, attendu son grand âge. […] Il y a outre cela des formes de gouvernement qui rendent les hommes plus ou moins gais, qui leur laissent plus d’aisance & plus de liberté. […] La liberté donnée aux insurgens a singuliérement favorisé le commerce maritime ; au lieu qu’auparavant il falloit en quelque sorte demander aux Anglais la permission de courir les mers, comme si l’usage de ce fier élément n’étoit pas accordé à tous les hommes indistinctement par celui qui l’a créé, & qui le tient dans sa puissance pour le faire servir à nos besoins.

1625. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Celui-ci, profitant enfin d’un éclair de liberté, accourait d’Italie ; il arriva trop tard. […] Depuis, Tocqueville m’avait écrit, comme à l’ordinaire, les lettres les plus rassurées, toujours d’une grâce d’amitié charmante, et témoignant d’une entière liberté d’esprit. […] Ampère ne termine pas ce règne d’Auguste sans apostropher le vieil empereur et lui dire son fait à dix-huit cents ans de distance : « Non, je ne t’applaudis pas, s’écrie-t-il avec feu et comme prenant sa revanche, pour avoir trompé le monde, qui ne demandait qu’à l’être, et pour être parvenu, avec un art que la soif de la servitude rendait facile, à fonder, en conservant le simulacre de la liberté, un despotisme dont nous verrons se développer sous tes successeurs les inévitables conséquences.

1626. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

La bonne foi, la liberté, la justice seront, avec la loi, les seules puissances régnantes. […] Il s’étonne d’avoir pu concevoir la pensée d’apporter un projet de liberté au milieu de tant d’esclaves. […] Lorsqu’elle fut arrivée au lieu de sa sépulture, des négresses de Madagascar et des Cafres de Mosambique déposèrent autour d’elle des paniers de fruits, et suspendirent des pièces d’étoffes aux arbres voisins, suivant l’usage de leur pays ; des Indiennes du Bengale et de la côte Malabare apportèrent des cages pleines d’oiseaux, auxquels elles donnèrent la liberté sur son corps: tant la perte d’un objet aimable intéresse toutes les nations, et tant est grand le pouvoir de la vertu malheureuse, puisqu’elle réunit toutes les religions autour de son tombeau !

1627. (1884) La légende du Parnasse contemporain

— romanciers naturalistes, qui donc a proclamé le premier la liberté de tout regarder et de tout dire ? […] Ce fut seulement après huit jours de tortures et de craintes qui devenaient d’heure en heure plus sérieuses, que Glatigny, et Cosette, brisés et rompus, pitoyables, furent mis en liberté, grâce à l’intervention de M.  […] Au détour d’un sentier alors qu’elle débouche Ainsi qu’une génisse errant en liberté. […] les rieurs avaient tort, car, en vérité, je le crois et je le dis, — à cette époque heureusement disparue où la poésie était partout bafouée, où faire des vers avait ce synonyme : mourir de faim, où tout le succès, toute la renommée appartenait aux rimeurs d’élégies ou aux rimailleurs de couplets, aux pleurards et aux rieurs, où il suffisait de faire un sonnet pour être un imbécile et de faire une opérette pour être une espèce de grand homme ; à cette époque-là c’était un beau spectacle que celui de ces quelques jeunes hommes épris de l’art vrai, acharnés à l’idéal, pauvres pour la plupart et dédaigneux de devenir riches, qui confessaient imperturbablement et quoi qu’il dût en arriver leur foi de poètes, et qui se groupaient, avec une religion qui n’a jamais exclu la liberté de pensée, autour d’un maître vénéré, pauvre comme eux ! […] Complété, sachant ce qu’il voulait et où il allait, obéissant à une belle discipline qui, je l’ai dit, n’a jamais eu la liberté d’inspiration, le groupe des nouveaux poètes ajoutait les œuvres aux œuvres.

1628. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

C’est celle d’ailleurs où le poète a pris le plus de liberté et s’est montré le moins préoccupé du texte shakespearien. […] Il serait, dis-je, et très aisément, de plain-pied avec nous : car il est le seul, absolument le seul grand écrivain de son siècle, dont l’œuvre respire une entière liberté de pensée. Et ne dites point que ce n’est pas là un si grand mérite, que cette liberté est à la portée de tout le monde, et qu’elle a été pratiquée, du temps même de Molière, par nombre de viveurs d’intelligence médiocre, voire de simples goujats. […] D’ailleurs, une femme aussi profondément éprise que Germaine craindrait de se faire tort aux yeux de celui qu’elle aime en réclamant avec tant d’insistance ce qui n’est significatif que s’il est accordé avec une liberté entière. […] Depuis qu’il fait lit à part, qu’il est délivré de l’obsession amoureuse de sa femme, il la regrette étrangement ; décidément, il préfère encore son malheur ancien à sa solitude et à sa liberté présente.

1629. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Mais tout détail qui concerne le pur matériel de quel que langue que ce soit, doit être exclu de ce Dictionnaire, dont le plan ne nous laisse que la liberté de choisir des exemples dans telle langue que nous jugerons convenable. […] Nous osons espérer qu’on pardonnera à notre amour pour la vérité cette observation critique, & toutes les autres que nous pourrons avoir occasion de faire par la suite, sur les articles de l’habile grammairien qui nous a précédé : cette liberté est nécessaire à la perfection de cet ouvrage. […] Il y a une égale liberté sur le choix des moyens que l’on peut employer, pour exprimer la correlation des mots dans l’ordre de l’énonciation, & celle de leurs idées dans l’ordre analytique de la pensée. […] La nécessité de caractériser avec précision les points saillans de notre systeme grammatical, & la liberté que l’usage de notre langue paroit avoir laissée sur la formation des termes techniques, nous ont déterminés à en risquer plusieurs, que l’on trouvera dans le tableau que nous allons presenter de la distribution de la Grammaire. […] Il y a dans les diverses langues de la terre mille variétés semblables, suites naturelles de la liberté de l’usage, décidé quelquefois par le génie propre de chaque idiome, & quelquefois par le simple hasard ou le pur caprice.

1630. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Il regarde la liberté dont il jouit comme le premier des biens ».

1631. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Je sais bien que Beyle a posé en principe qu’un Italien pur ne ressemble en rien à un Français et n’a pas de vanité, qu’il ne feint pas l’amour quand il ne le ressent pas, qu’il ne cherche ni à plaire, ni à étonner, ni à paraître, et qu’il se contente d’être lui-même en liberté ; mais ce que Fabrice est et paraît dans presque tout le roman, malgré son visage et sa jolie tournure, est fort laid, fort plat, fort vulgaire ; il ne se conduit nulle part comme un homme, mais comme un animal livré à ses appétits, ou un enfant libertin qui suit ses caprices.

1632. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru, alors engagé dans la campagne de Russie et à peine arrivé à Moscou, j’ai dans la tête de grands sujets de comédies, et si je pouvais vous devoir un peu de liberté d’esprit et de loisir, je les entreprendrais ; mais que voulez-vous ?

1633. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Il est évident qu’il ne croit pas à la liberté dans le sens philosophique du mot ; il explique toute la diversité qu’on voit dans les pensées et par conséquent dans la vie des hommes, indépendamment des divers âges du monde et des états ou degrés de civilisation où ils naissent, par le tempérament, la fortune et l’habitude ; et il en vient ainsi, d’une manière un peu couverte, à exposer ce que nous appellerions sa philosophie de l’histoire.

1634. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Son père ne tarda pas à voir que ce fils n’était bon qu’à être un homme d’esprit en toute liberté, tantôt dans la bonne compagnie, tantôt dans la mauvaise.

1635. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

… Tu ne connais pas tous les élans de mon âme vers la liberté depuis le rajeunissement de la nature.

1636. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Besenval excédait donc un peu le ton de Versailles par son feu et par une certaine liberté de paroles qu’il ne demandait pas mieux qu’on mît sur le compte d’un reste de franchise helvétique.

1637. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Dans l’âge où la culture, l’exercice, la liberté, seraient nécessaires pour les nourrir, les développer et les accroître, le souci les dessèche et l’esclavage les étouffe : plus tard, quand la réputation est faite, le repos, l’abondance les énervent.

1638. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Cette première impression de pudeur serait bientôt dissipée, et l’on se mettrait à parler, à disserter du grand écrivain, avec liberté, avec hardiesse, en se figurant quelquefois qu’on le surprend bien un peu et qu’on l’étonne, mais en s’efforçant tout aussitôt de le convaincre et de le gagner à son sentiment.

1639. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Elle s’en plaignit au grand-papa, c’est-à-dire au premier ministre, pour qu’on châtiât Fréron : de quoi Horace Walpole, dès qu’il le sut, se montra très contrarié : « Nous aimons tant la liberté de l’imprimerie, disait-il, que j’aimerais mieux en être maltraité que de la supprimer. » Fréron n’avait fait, d’ailleurs, que rapporter un ouvrage traduit de l’anglais, et il n’y avait de reproche à lui faire que d’avoir reproduit cette traduction : « Dans l’exacte justice, disait M. de Choiseul, c’est le censeur qui a tort et non pas Fréron ; ils seront cependant corrigés l’un et l’autre. » Mme de Choiseul avait été mise en mouvement pour cette affaire, mais elle sent vite qu’il faut se mêler le moins possible de toutes ces tracasseries où assez d’autres se complaisent : Ne nous fourrons pas, ma chère enfant, dans les querelles littéraires ; si nous nous en sommes mêlées, c’était pour en tirer notre ami, et non pour y entrer : elles ne sont bonnes qu’à déprécier les talents, mettre au jour les ridicules.

1640. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Et sur cela, Monseigneur, je prendrai la liberté de vous dire que les affaires sont trop avancées pour en demeurer là ; car je suis accusé par des gens dont je saurai le nom, qui ont semé de très-méchants bruits de moi ; si bien qu’il est nécessaire que j’en sois justifié à toute rigueur.

1641. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Mais ayant appelé la prudence à mon secours, et considéré que je n’avais ni le nombre de troupes, ni la qualité des alliés requis pour une pareille entreprise, je dissimulai ; je conclus la paix à des conditions honorables, résolu de remettre la punition de cette perfidie à un autre temps. » Depuis cette paix, conclue un peu trop tôt, cette paix brusquée, il le sent, et contre laquelle étaient Turenne, même Vauban, et tous les militaires, si bien qu’il fallut donner à son armée et à la jeunesse guerrière la diversion immédiate de l’expédition de Candie, Louis XIV n’a qu’une idée, celle de se venger ; tout ce qu’il veut, il le veut avec suite, et sans se laisser distraire ; de 1668 à 1671, pendant trois années, il n’est occupé qu’à fortifier ses places, à augmenter ses troupes peu à peu, sans donner ombrage au dehors, à disposer ses alliances du côté de l’Angleterre, du côté de l’empereur et des princes de l’Empire, pour obtenir de ces derniers au moins la neutralité : « Je ne faisais pas un grand fonds sur la solidité de ces alliances que je prévoyais bien ne devoir pas durer longtemps, comme on le verra dans la suite ; mais je comptais pour un grand avantage de pouvoir châtier en liberté, pendant quelque temps, l’insolence des Hollandais, et j’espérais les réduire à souscrire à une paix honteuse, avant que les puissances, mes alliées, pussent être en état de les secourir. » Louis XIV est franc, il ne dissimule pas son motif : il a été blessé et il prétend en avoir raison.

1642. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Il est chrétien et catholique jusqu’au monastère inclusivement, il a un pied dans le cloître, et cependant il n’a aucun scrupule de voir son fils guerroyer contre un pontife belliqueux (Paul IV), et si la guerre finit trop tôt, il s’en fâche, C’était la liberté de penser à l’usage des meilleurs catholiques de ce temps-là.

1643. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Avec cette heureuse liberté qu’il se donne, aucun sujet ne lui est interdit, aucune manière de le traiter ne lui est imposée.

1644. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Je crois vous faire plaisir de vous parler avec cette liberté.

1645. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Voici le portrait confidentiel que traçait de lui celle que Saint-Réal avait appelée la meilleure et la plus heureuse des mères : « Pour faire connaître à M. de Louvois, écrivait-elle, la confiance entière que j’ai en lui et en sa discrétion, je vais lui dépeindre l’humeur de Son Altesse Royale, dont il ne rendra compte qu’au roi comme mon protecteur, à qui je me confie très respectueusement, et auquel j’ouvre le plus secret de mon cœur, avec la liberté qu’il m’a permise.

1646. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

C’est un homme d’un tact sur, d’une expérience consommée, et, quoi qu’on en dise, il a prouvé qu’il était exceptionnellement capable de dévouement. » Si j’osais prendre la liberté d’éclairer ces portraits par des noms connus, je dirais que ce comte de Noir-mont est un bon Montrond, un Montrond qui n’a été corrompu qu’à point.

1647. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Quand le sort nous la refuse sans raison, il y a plus d’honneur quelquefois à mériter une place qu’à l’obtenir. » — « Je vois bien, seigneur Apollon », lui répondis-je, « qu’on ne prend pas garde que je n’ai point de manteau. » — Il répondit : « Quoi qu’il en soit, j’ai du plaisir à te voir ; la vertu est un manteau avec quoi l’indigence peut couvrir sa honte ; elle conserve sa liberté et se garantit de l’envie. » Je baissai la tête en recevant ce conseil ; je restai debout… » Il faut convenir qu’on ne peut être pauvre diable de meilleure grâce ni plus galamment.

1648. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Il savait bien, au reste, que c’était chose nouvelle, inusitée et longtemps inouïe dans sa nation, que cette tentative de régularité et cette exacte codification du goût : « En France, disait-il, la nation y est accoutumée, on obéit, on se soumet ; mais nous, braves Bretons24, nous méprisons les lois étrangères, et non conquis, non civilisés, défenseurs hardis et féroces des libertés du talent, nous défions toujours les Romains comme autrefois. » Cela était vrai du moins la veille encore et avant Dryden.

1649. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Je suis venue ici, fière et tranquille, formant des vœux et gardant encore quelque espoir pour les défenseurs de la Liberté ; lorsque j’ai appris le décret d’arrestation contre les vingt-deux, je me suis écriée : Mon pays est perdu !

1650. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

« Le respect qu’elle inspire tient plus à ses vertus qu’à sa dignité ; il n’interdit ni ne refroidit point l’âme et les sens ; on a toute la liberté de son esprit avec elle ; on le doit à la pénétration et à la délicatesse du sien : elle entend si promptement et si finement qu’il est facile de lui communiquer toutes les idées qu’on veut, sans s’écarter de la circonspection que son rang exige.

1651. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Son ardeur, sa vivacité, sont audace, tout ce qu’il avait fait pour le roi lui faisait usurper des libertés et des demandes qui pesaient au roi étrangement, et ce fut en cette occasion que ce prince ne put se tenir de dire plusieurs fois, et une entre autres à table, parlant à Madame, par un hasard qui y donna lieu, qu’il n’avait jamais été si à son aise que lorsqu’il s’était vu délivré de Louvois, de Seignelay et de La Feuillade.

1652. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Le baron de Breteuil avait raison de dire qu’on ne se soutenait pas à Versailles sans liaisons et alliés ; cela est peut-être encore plus vrai auprès de la reine ; mais l’alliance n’est pas de mon goût, et on n’en fait point sans but et sans intrigue dans la position où j’ai vécu jusqu’ici. » Puis, deux ans après, en mai 1779 : « La reine m’a rendu ma liberté, monsieur l’ambassadeur, et quoique S.

1653. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Louis XV étant tombé malade à Metz pendant cette campagne, le comte de Clermont, sur le conseil de M. de Valfons (celui-ci du moins s’en vante), se rendit auprès du roi, là où était sa place et il n’eut qu’à s’en féliciter ; comme depuis le commencement de la maladie, les deux sœurs (Mme de Châteauroux et de Lauraguais), M. de Richelieu et les domestiques inférieurs étaient les seuls qui entrassent dans la chambre du roi, au grand murmure des princes du sang et des grands officiers exclus, qui attendaient dans une sorte d’antichambre, il prit sur lui d’entrer sans permission dans la chambre du roi et de lui dire « qu’il ne pouvait croire que son intention fût que les princes de son sang, qui étaient dans Metz occupés sans cesse de savoir de ses nouvelles, et ses grands officiers fussent privés de la satisfaction d’en savoir par eux-mêmes ; qu’ils ne voulaient pas que leur présence pût lui être importune, mais seulement avoir la liberté d’entrer des moments, et que pour prouver que pour lui il n’avait d’autre but, il se retirait sur-le-champ.

1654. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

En voici les dernières stances : Le Sommeil, aise de t’avoir, Empêche tes yeux de me voir, Et te retient dans son empire Avec si peu de liberté.

1655. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

bienveillant par nature, exempt de toute envie, il ne put jamais admettre ce qu’il considérait comme des infractions extrêmes à ce point de vue primitif auquel lui-même n’était plus que médiocrement fidèle ; il croyait surtout que l’ancienne langue, celle de Racine, par exemple, suffit ; il reconnaissait pourtant qu’on lui avait rendu service en faisant accepter au théâtre certaines libertés de style, qu’il se fût moins permises auparavant, et dont la trace se retrouve évidente chez lui à dater de son Louis XI.

1656. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Certes, une femme qui, mêlée dès sa jeunesse aux Ménage, aux Godeau, aux Benserade, se garantit, par la seule force de son bon sens, de leurs pointes et de leurs fadeurs ; qui esquive, comme en se jouant, la prétention plus raffinée et plus séduisante des Saint-Évremond et des Bussy ; une femme qui, amie, admiratrice de Mlle de Scudéry et de Mme de Maintenon, se tient à égale distance des sentiments romanesques de l’une et de la réserve un peu renchérie de l’autre ; qui, liée avec Port-Royal et nourrie des ouvrages de ces Messieurs, n’en prise pas moins Montaigne, n’en cite pas moins Rabelais, et ne veut d’autre inscription à ce qu’elle appelle son couvent que Sainte liberté, ou Fais ce que voudras, comme à l’abbaye de Thélème ; une telle femme a beau folâtrer, s’ébattre, glisser sur les pensées, et prendre volontiers les choses par le côté familier et divertissant, elle fait preuve d’une énergie profonde et d’une originalité d’esprit bien rare.

1657. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

La liberté de prendre ses métaphores dans la réalité familière, triviale même, a été reconquise avec le droit d’employer le mot propre, et nul ne s’étonne plus, quand V. 

1658. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Au fond, pour lui comme pour Régnier, comme pour D’Aubigné, Ronsard, par une illusion dont l’histoire littéraire offre plus d’un exemple, Ronsard était devenu le représentant de la liberté de l’art, du facile et fécond naturel, contre Malherbe et contre les puristes tyrans du vers et de la langue.

1659. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Art d’être grand-père, Mise en liberté.

1660. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Rabusson ne croit pas beaucoup à la liberté humaine (pas la moindre trace de lutte morale dans ses histoires), ni au bonheur de vivre (tous ses romans pourraient finir, comme l’Amie, par ces mots : « Pourquoi la vie ? 

1661. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Après cela, mille causes accessoires y ont concouru : on a pris goût au style poétique de la Bible, qui était pour Voltaire un sujet d’ineffables risées ; on a pris goût aux littératures étrangères ; on a étudié l’Orient ; on a eu besoin d’émotions nouvelles ; le sentiment de la liberté et de l’individualisme s’est montré partout, s’est appliqué à tout ; enfin on retrouve ici, comme dans mille autres questions, l’influence de tout ce qui compose ce qu’on appelle l’esprit du siècle.

1662. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Il est toujours pour la liberté, contre l’unité.

1663. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Il conserva sous son habit nouveau les sentiments d’amour de la liberté qu’il avait puisés dès l’enfance dans l’air du siècle, et qu’il n’a jamais séparés depuis de l’idée vitale du christianisme.

1664. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Ce qu’elle avait aimé tout d’abord dans Walpole, c’était sa liberté de penser et de juger.

1665. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Mais aujourd’hui, après seize années révolues, lorsque nous relisons l’ouvrage imprimé dans toute sa suite, en nous dégageant de tout souvenir complaisant et en nous interrogeant en toute liberté, que pensons-nous ?

1666. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Elle craint qu’il ne s’accoutume là-bas à se passer d’elle ; la liberté a de grands charmes, et les libraires hollandais aussi, ces libraires qui vous tentent de tout imprimer et de tout dire.

1667. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

La vue de la campagne, la succession des aspects agréables, le grand air, le grand appétit, la bonne santé que je gagne en marchant, la liberté du cabaret, l’éloignement de tout ce qui me fait sentir ma dépendance, de tout ce qui me rappelle à ma situation, tout cela dégage mon âme, me donne une plus grande audace de penser, me jette en quelque sorte dans l’immensité des êtres pour les combiner, les choisir, me les approprier à mon gré, sans gêne et sans crainte.

1668. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Et s’attaquant aux dérèglements de ceux qui visent à confondre ces distinctions aussi sensibles que le jour, il les presse sur l’évidence, il coupe court à leurs prétentions, sans tant raffiner qu’on a fait depuis sur la question épineuse et insoluble de la liberté morale : Sur quel fondement ose-t-on égaler le bien et le mal ?

1669. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Pour que cette connaissance profite réellement, une condition est indispensable, la vérité : Frédéric veut la vérité dans l’histoire : « Un ouvrage écrit sans liberté ne peut être que médiocre ou mauvais. » Il dira donc la vérité sur les personnes, sur les ancêtres d’autrui comme sur les siens propres.

1670. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

D’Alembert aussi, ne l’oublions pas, a ses faiblesses ; nous savons déjà que les philosophes du xviiie  siècle n’aimaient guère la liberté de la presse que quand elle était à leur usage : un jour d’Alembert est insulté par je ne sais quel gazetier qui rédigeait le Courrier du Bas-Rhin dans les États mêmes de Frédéric ; il le dénonce au roi.

1671. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

La dernière moitié de son Histoire est très désirée : je profiterai amplement des deux volumes déjà publiés, en me permettant toutefois un peu plus de liberté ou de licence de jugement.

1672. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Mais, dans une note qu’il ajouta à la lettre de son ami, La Harpe, l’un des rédacteurs du Mercure, le prit de plus haut : S’il s’est tu jusqu’à présent, disait-il, c’est par mépris : Mais aujourd’hui que l’on voudrait infirmer l’hommage que je rends à la liberté, et faire croire que ma haine pour l’aristocratie n’est que le sentiment de jalousie que l’on suppose aux conditions inférieures, je suis obligé de déclarer qu’en effet le hasard m’a fait un assez bon gentilhomme, d’une famille originaire de Savoie et établie dans le pays de Vaud, remontant en ligne directe jusqu’à l’année 1389, où l’un de mes ancêtres était gentilhomme de la chambre de Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie.

1673. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Avant lui les élections académiques se faisaient comme à l’amiable, à haute voix, et sans qu’on allât au scrutin : Peu de temps après ma réception, je dis qu’il me semblait que Dieu avait bien assisté l’Académie dans le choix de ceux qu’elle avait reçus jusqu’alors, vu la manière dont elle les nommait, mais que ce serait le tenter que de vouloir continuer à en user de la sorte ; que ma pensée était qu’il faudrait dorénavant élire par scrutin et par billets, afin que chacun fût dans une pleine liberté de nommer qui il lui plairait.

1674. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Ce chevreuil si bien dessiné, qui n’est ni tout à fait apprivoisé ni tout à fait sauvage, et qui ressemble à certains poètes, se sent saisi d’un plus violent désir de liberté dans la saison des amours.

1675. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Je n’ai pas oublié, dans le détail que j’ai pris la liberté d’écrire au roi (à Louis XIV), que je ne mangeais que deux vieux œufs par jour ; j’ai cru que cette circonstance l’exciterait à avoir pitié d’une fidèle sujette qui ne mérite, ce me semble, par aucun endroit un pareil mépris.

1676. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Cette sérénité trop passagère, cette liberté d’allure, dont il fit preuve quelque temps au milieu des luttes de chaque jour, s’altéra de nouveau en lui vers la fin, quand les difficultés de la situation devinrent plus fortes et que les gênes de toutes parts recommencèrent.

1677. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Il s’était attaché d’abord à étudier les écrivains français que la Réformation a produits au xvie  siècle, et qui relevaient plus ou moins de Genève ; mais aujourd’hui il sort de ce point de vue qui avait son uniformité un peu triste et sa particularité trop exclusive : son coup d’œil se porte avec plus de liberté et d’étendue sur tout ce qui a parlé ou écrit en français avec quelque distinction en dehors de la France.

1678. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Le vers libre I « Si j’étais encore assez jeune et assez osé, je violerais à dessein toutes lois de fantaisie ; j’userais des allitérations, des assonances, des fausses rimes, et de tout ce qui me semblerait commode… » Gœthe disait cela en 1831203, au moment même où les vieilles lois du vers français n’allongeaient leurs bras que pour mieux étreindre la liberté du poète.

1679. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Ils demandent la Liberté, c’est-à-dire le droit d’opprimer à leur tour.

1680. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

… Ce whigisme, qui infecte tout de son poison… innocent, est si insupportable dans Macaulay, que ceux-là — et nous sommes du nombre — qui aiment l’originalité partout et même en Histoire, quoiqu’elle y soit plus téméraire qu’ailleurs, n’ont aucun plaisir de surprise à voir Macaulay couper Pitt en deux, comme l’enfant de Salomon, et en faire deux Pitt très distincts, — l’un d’avant 1792, qui ressemblerait beaucoup à Fox, un Pitt philanthrope, négrophile, amoureux de liberté, presque un quaker, et l’autre d’après 1792, le détestable, celui-là, selon Macaulay, l’esprit brouillé et brouillon, l’emporté, le tory des coalitions !

1681. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Baudelaire a trop d’esprit pour être, quand il sera moraliste, d’une autre morale que de la morale chrétienne ; mais, quoique ses conclusions contre ces drogues, aliénatrices de la liberté et de l’intelligence humaines, mais dont il nous fait un peu trop poétiquement l’histoire, soient des conclusions que le Christianisme peut avouer, ce n’est pas, voyons !

1682. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

La nouvelle arrive le 4 août ; le 6, laissant ses récoltes inachevées et rendant son bétail à la liberté de la prairie.

1683. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Mélanges, p. 319. « Ce fait est la liberté, ou, si l’on aime mieux, le pouvoir personnel. » 77.

1684. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Après avoir suivi le genre des éloges chez les peuples barbares, ou ils n’étaient que l’expression guerrière de l’enthousiasme qu’inspirait la valeur ; chez les Égyptiens, où la religion les faisait servir à la morale ; chez les anciens Grecs, où ils furent employés tour à tour par la philosophie et la politique ; chez les premiers Romains, où ils furent consacrés d’abord à ce qu’ils nommaient vertu, c’est-à-dire, à l’amour de la liberté et de la patrie ; sous les empereurs, où ils ne devinrent qu’une étiquette d’esclaves, qui trop souvent parlaient à des tyrans ; enfin, chez les savants du seizième siècle, où ils ne furent, pour ainsi dire, qu’une affaire de style et un amas de sons harmonieux dans une langue étrangère qu’on voulait faire revivre ; il est temps de voir ce qu’ils ont été en France et dans notre langue même.

1685. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Bref, c’est le moment où l’empire se fait libéral et accorde la liberté de la presse. […] Il y a là je ne sais quelle manie de notation, un affreux pli professionnel, une obsédante et déprimante habitude de métier, peu compatible, j’en ai peur, avec la liberté et la largeur de l’esprit, avec la netteté et l’équité de l’observation. […] « … Des gibernes sur des habits, des couteaux de chasse dans des mains noires… du peuple comme si la liberté sortait des pavés ! […] Jugez plutôt : « … Eh bien, attendez, vous l’aurez la liberté, quand je n’y serai plus. […] J’engage Bourget à ne pas trop s’affecter de ces libertés aristophanesques.

1686. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Le Réalisme ne veut pas d’école, il demande l’entière liberté dans l’art. […] … un charlatanisme ; et la sincérité est impossible sans la liberté ; comment être sincère quand on est resserré dans les lois formulées d’un système. […] Petite note à propos de la liberté dans l’art Les grecs, les classiques, les romantiques, les fantaisistes, tous poètes et versificateurs ont gêné et rétréci l’art en agissant toujours en vertu de cette idée poétique et par conséquent fausse, vide, et vaniteuse (le temps n’est pas loin où poétique au lieu d’être le synonyme de grand et beau signifiera mauvais et laid) de prétendre faire plus que la nature ; cette idée donne la même tournure, c’est-à-dire la même absence de vie à toutes leurs œuvres. […] D’autres veulent synthétiser les aspirations des âmes vers l’amélioration, la liberté, l’émancipation, l’amour universel, en les faisant représenter par des personnages convenus comme les signes topographiques et embellis par un langage imagé, noble, tendant même au sublime, seul propre à élever l’esprit du lecteur. […] Il n’y a pas assez de mépris pour « les traînantes périphrases, les images vieillies, quelques pauvres allusions qu’on débite courageusement parce qu’il n’y a pas de danger à les dire ». — « Nous savons leurs pasquinades et leurs insuffisances. » — « Cette fade compagnie de bavards. » L’ambitieux politique se montre dans ces phrases : « Un homme qui n’avait d’autres titres que d’avoir été ministre dans un temps où tout le monde le fut. » — « Ils se font cette illusion qu’ils sont revenus au bon temps où ils pouvaient bavarder tout à leur aise dans une assemblée consultative. » Le plus comique, c’est que cette assemblée en douillette devient tout à coup dantesque et michelangesque, « elle lance la malédiction de la mort contre la vie, — c’est l’exaltation de tout ce qui est médiocre. — Ils parlent de la liberté comme s’ils ne l’avaient pas bâillonnée.

1687. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

  Monseigneur,   J’ai pris la liberté de me rendre hier à votre hôtel, pour vous supplier de vouloir bien donner votre agrément à un projet dont l’idée a paru noble et intéressante à plusieurs de mes camarades, et même à plusieurs bons citoyens, qui ne respirent, comme vous, monseigneur, que la gloire et le progrès des beaux-arts. […] Quand donc épouserons-nous enfin la belle esclave que retient au logis le bonhomme Trufaldin, et qui s’appelle la Liberté ? […] Liberté de la gravelure, interdiction de la pensée profonde : le programme des censeurs fut le même toujours. […] Il nous faudrait une telle légion de satiriques ; le pays s’en trouverait mieux à coup sûr et nous sortirions peut-être de ces ténèbres de plus en plus épaisses dans lesquelles nous nous débattons depuis ce lendemain de brumaire où la France, abdiquant sa liberté et reniant sa tradition, renonça à l’éducation scientifique du xviie  siècle, éducation que nos ennemis ont reçue de nous et perfectionnée après nous. […] Si j’ai droit de m’étonner de quelque chose, c’est qu’il l’ait laissé jouer ; elle présente, à mon avis, la dévotion dans des couleurs si odieuses ; une certaine scène offre une situation si décisive, si complètement indécente, que, pour mon propre compte, je n’hésite pas à dire que, si la pièce eût été faite de mon temps, je n’en aurais pas permis la représentation.” » Cet aveu ne prouve qu’une chose, c’est que l’ex-jacobin Bonaparte aimait moins la liberté que le Roi Soleil et le roi des dragonnades lui-même.

1688. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Elle proclame la liberté de l’esprit et de la pensée. […] La première condition à remplir pour un savant qui se livre à l’investigation expérimentale des phénomènes naturels, c’est donc de ne se préoccuper d’aucun système et de conserver une entière liberté d’esprit assise sur le doute philosophique. […] L’idée systématique donne à l’esprit une sorte d’assurance trompeuse et une inflexibilité qui s’accordent mal avec la liberté du doute que doit toujours garder l’expérimentateur dans ses recherches. […] Je n’ai point à entrer ici dans d’autres développements ; j’ai dû me borner à prémunir les sciences physiologiques et la médecine expérimentale contre les exagérations de l’érudition et contre l’envahissement et la domination des systèmes, parce que ces sciences, en y succombant, verraient disparaître leur fécondité, et perdraient l’indépendance et la liberté d’esprit, qui seront toujours les conditions essentielles de leurs progrès. […] Au moyen des lésions cérébrales qu’il produit, le physiologiste ne se borne pas à provoquer des paralysies locales qui suppriment l’action de la volonté sur certains appareils organiques ; il peut aussi, en rompant seulement l’équilibre des fonctions cérébrales, amener la suppression de la liberté dans les mouvements volontaires.

1689. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Cependant tous les peuples ne profitent pas également de ces libertés nouvelles. […] Il a le devoir de n’imiter qu’elle, mais la liberté de l’imiter tout entière. […] « Je veux, écrit Mercier, sentir la facilité du jet, le moelleux, l’aisance, la liberté du pinceau. […] Ceux-ci jouissaient, comme les comédiens, de singulières libertés, ainsi qu’en témoigne le récit d’Arteaga. […] Peut-il avoir sa liberté d’esprit ?

1690. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Si Lorenzo de Médicis voulait ressusciter la liberté morte, ou simplement se défaire du duc de Florence, il n’avait nul besoin de se charger de tant d’iniquités. […] Incontestablement, le théâtre classique avait eu grand tort de renoncer à cette heureuse liberté dont les tragiques grecs ne se sont pas fait faute d’user, et l’école romantique a bien fait de secouer une réserve nuisible ; cependant Lorenzaccio passe les bornes de ce qui est permis, et non seulement l’action est surchargée de personnages qui tous ne sont pas utiles, mais encore la brièveté fatigante des scènes, et le changement continuel de sujet et de lieu, aboutissent à multiplier tellement les fils de la composition, que le livre achevé, il devient très difficile de résumer ce qu’on a lu. […] Henri Heine3 Nous vivons, sinon dans un temps, au moins dans un pays où la presse littéraire jouit d’une liberté à peu près complète.

1691. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Rechercher le sens des formules consacrées, provisoirement admises sur la foi d’autrui, voilà le premier acte d’un esprit fait pour l’indépendance ; bien comprendre, c’est avoir trouvé ; l’analyse logique est l’apprentissage de la liberté de penser. […] Inventer en toute liberté, au gré du caprice, est souvent un plaisir sans fatigue comme sans profit. […] Souvent aussi, ce qui s’intitule libre pensée n’est que la soumission aux idées d’une petite secte, indépendante à coup sûr par rapport aux groupes sociaux plus vastes qui l’entourent, mais hostile à tout individualisme, à toute indépendance intérieure ; la liberté de l’esprit ne s’est alors exercée qu’une fois, et sur une seule question, le choix d’une autorité.

1692. (1896) Études et portraits littéraires

Qu’on ne s’avise point d’en faire une citadelle de liberté. […] Qu’on ne parle pas des fabliaux, farces, soties, qui témoignent, je crois, d’assez de liberté d’esprit et qui sont un peu gais pour des affolés de terreur religieuse. […] Enfin un livre de Taine a trop l’air toujours, par sa forme même et son agencement, d’une entreprise sur la liberté de notre intelligence. […] Dans sa première œuvre, l’Éloge de Victor-Amédée III, il salue la jeune Amérique « vers laquelle la liberté, insultée en Europe, a pris son vol ». […] Or, il fallait à la sienne une liberté altière ; il se voulait affranchi de tout le borné et le passager, en « l’état divin » du silence et du repos, tout à la volupté de prendre conscience de son être et d’écouter « bruire le temps ».

1693. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et la liberté laissée au livre fut plus large que celle, plus ou moins restreinte, abandonnée aux journaux. […] J’essaierai d’oublier, parlant d’une mémoire qui m’est si chère, cette amitié, et de garder ma liberté d’appréciation. […] Enfin, son instinct de malice, son besoin de liberté, lui inspiraient le désir de rester dans l’opposition. […] Et d’ailleurs, je ne vois pas bien ce que ces écrivains y gagneraient en liberté d’expression et de pensée. La liberté d’expression et de pensée révolutionnaire, elle existe pourtant, elle existe !

1694. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Telle fut la vigueur de ton sobre génie, Tel fut ton chaste amour pour l’âpre vérité, Qu’au milieu des langueurs du parler d’Ausonie, Tu dédaignas la rime et sa molle harmonie, Pour ne laisser vibrer sur ton luth irrité Que l’accent du malheur et de la liberté. […] Leopardi, tout en y étant fidèle à lui-même, nous y apparaît sous un nouveau jour : le grand moraliste que recèle tout grand poëte se déclare ici et se développe en liberté sous vingt formes ingénieuses et piquantes.

1695. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Mais, du temps que j’avois l’honneur de de vous approcher, je m’apercevois que vous saviez toujours distinguer le vrai mérite parmi de certaines choses brillantes qui ne dépendent que de la fortune, et cela me fait espérer que vous ne désapprouverez pas la liberté que je prends de vous écrire. […] Collet a écrit un ingénieux article (dans la Revue, la Liberté de penser, 15 février 1848) ; mais la conjecture qu’il émet me paraît très-sujette à contestation, et elle reste, à mes yeux, tort douteuse.

1696. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Le cardinal m’avertit de ne rien manger de ce que le pape m’enverrait ; qu’il se chargeait lui-même de me nourrir ; et il s’excusait envers moi sur ce qu’il avait été obligé de faire, mais qu’il allait tout employer pour me rendre la liberté. […] Allez lui dire qu’au lieu de la mort, je lui donne la liberté.

1697. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il satisfait en nous ce désir de liberté, d’indépendance à l’égard des choses, de suprématie sur ce qui est soumis aux lois du hasard et de la force brutale. […] On ne saurait dire précisément jusqu’où allait sa liberté de jugement, mais on sent qu’elle était grande.

1698. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Je suis heureux d’avoir obtenu, pour les idées que j’aime, l’assentiment d’un public nombreux et grave dans cette ville d’intelligence et de liberté. […] Mais je sais qu’ici, dans cette ville où la liberté est de tradition immémoriale, je puis librement parler… La vraie comme la fausse science, Auguste Comte ou Herbert Spencer comme tous les louis figuiers de la création, ont propagé le scepticisme pratique dont est saturée l’atmosphère actuelle.

1699. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Alors la corruption cessera ; l’homme verra sa liberté possible, et il la verra sans terreur. […] Donner sur une scène française — ou, tout au moins, sur une scène de langue française — une des œuvres les plus hardies et les plus originales du hardi novateur ; la monter avec un soin jaloux des moindres détails de la mise en scène et de l’interprétation vivante ; commencer à mettre les chanteurs français, enclins à parader dans le style italien, aux prises avec la musique d’action ; obliger les chœurs à prendre part à la comédie, à y jouer franchement un rôle : ce n’est pas seulement plaire aux connaisseurs désintéressés, c’est aussi hâter l’avènement d’un art de sincérité, de liberté, d’émotion et de logique.

1700. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Quand Tannhaüser se prépare à lui répondre, on saisit dans l’orchestre les premières notes du motif voluptueux tiré de l’ouverture, qui rhythmait la danse des Bacchantes, alors que tout en demandant à Vénus « la Liberté », il lui promettait de continuer à célébrer ses charmes. […] — où un sage tyran comprendra que seule la joie des artistes a quelque raison d’être : où il écartera des artistes les vaines ombres meurtrières de l’humanité démocratique ; où il les entretiendra dans la santé de leurs estomacs, l’élégance de leurs vêtements, et la liberté sereine de leurs âmes ! 

1701. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Bergson se fait une idée mystique de cette durée pure, où il veut voir une hétérogénéité absolue d’états purement qualitatifs, sans intensité, sans rapport à l’espace, sans loi contraignante ; ce n’est plus là, sans doute, la liberté intemporelle de Kant, mais c’est une liberté temporelle, une succession imprévisible dans le temps de qualités toujours nouvelles, non contenues dans leurs antécédents.

1702. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

liberté ! […] Grâce à Dieu, grâce au soleil fécondant de 4789, et grâce à la Liberté, l’auguste déesse, cet animal n’existe plus sur le sol de la France, il est devenu tout à fait un homme, et sa voix compte, et sa voix donne l’empire !

1703. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

À l’état de liberté naturelle, nous n’avons aucun point de comparaison d’après lequel nous puissions juger de l’effet produit par un constant exercice ou une longue inactivité, car nous ne connaissons pas les formes mères. […] On ne peut mettre au rang des animaux domestiques le Rat et la Souris ; pourtant ils ont été transportés, sinon par l’homme, du moins à sa suite, en diverses parties du monde, et ont acquis aujourd’hui une extension de beaucoup plus vaste que tous les autres Rongeurs, puisqu’on les voit vivre en liberté sous le froid climat des Féroë vers le nord, et des Falkland vers le sud, aussi bien que sur de nombreuses îles de la zone torride.

1704. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Les Aphis se trouvent vis-à-vis des Fourmis dans la même situation que notre bétail par rapport à nous ; et il est certain que nos meilleures vaches laitières seraient fortement incommodées par l’abondance de leur lait si elles recouvraient la liberté de l’état sauvage, sans variations correspondantes qui les fissent revenir à leur ancien type. […] Il sera à jamais impossible de rendre complétement compte du travail des Abeilles, tant qu’on leur refusera toute intelligence, toute liberté d’action et surtout le sentiment esthétique de la forme et de la mesure.

1705. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Si le plaisir et la douleur se produisent chez quelques privilégiés, c’est vraisemblablement pour autoriser de leur part une résistance à la réaction automatique qui se produirait ; ou la sensation n’a pas de raison d’être, ou c’est un commencement de liberté. […] Mais en envahissant la série de nos états psychologiques, en introduisant l’espace dans notre conception de la durée, elle corrompt, à leur source même, nos représentations du changement extérieur et du changement interne, du mouvement et de la liberté.

1706. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Ce que fit soigneusement Rosny : dans les diverses alternatives et boutades de cour qui suivirent cette sanglante catastrophe, lorsque Henri était traité avec plus d’égards et que ses domestiques avaient liberté de le venir servir, Rosny ne manquait pas à son devoir ; lorsque le prince était retenu en prison et séparé de ses serviteurs, le jeune homme se tenait à l’écart et dans l’attente : Mais, en quelque condition que vous fussiez, lui disent ses secrétaires ; vous preniez toujours le temps de continuer vos études, surtout de l’histoire (de laquelle vous faisiez déjà des extraits tant pour les mœurs que les choses naturelles), et des mathématiques, lesquelles occupations faisaient paraître votre inclination à la vertu.

1707. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Par la manière dont il présente le procès du roi et les diverses opinions qui s’y produisent, il laisse percer, avec toutes les discrétions et les gênes que la liberté républicaine comportait alors, que son opinion n’est pas pour la rigueur.

1708. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

[NdA] Se souvenant à ce propos de son attaque historique au christianisme, il disait pour la justifier et l’expliquer : « La primitive Église que j’ai traitée avec quelque liberté était elle-même en son temps une innovation, et j’étais attaché au vieil établissement païen. » 84.

1709. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

— Ces temps heureux, cet âge d’or, ce sont comme toujours les débuts, les commencements, l’époque où tout n’est pas rédigé encore, et où une certaine liberté d’inexpérience se mêle à la fraîcheur première des vertus.

1710. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Il se joue cependant avec Catulle ; il s’applique déjà à Horace ; puis une bien autre ambition le tente, l’épopée elle-même, l’épopée moderne avec toutes ses difficultés et ses réalités positives, ennemies du merveilleux ; âgé de vingt ans, il ne voit là rien d’impossible : il compose donc son Washington ou la Liberté de l’Amérique septentrionale, et, choisissant le siège de Boston comme fait principal et comme centre de l’action, il achève un poème en douze chants dont on pourrait citer des vers honorables, et qu’il accompagne d’une préface modeste et judicieuse.

1711. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Parlant de cette patrie excellente de Voiture : « Il n’est rien, disait-il, qui sente mieux le sel attique ou l’urbanité romaine. » Girac allait plus loin, il voyait dans quelques-unes des lettres de Voiture un caractère moral assez marqué pour qu’on pût se représenter une image de l’âme de l’auteur, de ses mœurs, de son esprit plaisant et doux, de son agréable liberté de parole ; il citait comme exemple quelques-unes des lettres adressées à M. d’Avaux, et celle entre autres où il parlait de la duchesse de Longueville faisant diversion et lumière au milieu des graves envoyés germaniques au congrès de Munster.

1712. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

C’est à lui qu’on prenait la liberté d’appliquer cette vilaine épigramme de Piron… » Nous ne transcrirons point l’injure dégoûtante dont on le gratifie.

1713. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Quant à ce que j’appelle la troisième génération, et dans laquelle je prends la liberté de ranger les gens de mon âge à la suite de ceux qui ont une dizaine d’années de plus, c’est moins d’une admiration excessive qu’ils eurent à revenir que d’un sentiment plus ou moins contraire.

1714. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Villars, en 1712, n’allait plus avoir affaire du moins qu’au seul prince Eugène, et sa cour aussi devait lui laisser plus de liberté d’action.

1715. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Vauvenargues l’avait félicité de son mariage tant qu’il le crut fait ; il le félicita plus franchement lorsqu’il le vit rompu : J’aime, lui disait-il, votre amour pour la liberté : elle est mon idole, et j’ai peine à concevoir que l’on soit heureux sans elle.

1716. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Le duc de Montausier, qui eut toujours des bontés pour lui, avait obtenu pour sa traduction d’Athénée le privilège nécessaire, mais ce privilège accordé et la traduction faite, pas un libraire ne s’en voulut charger : Enfin, s’écrie Marolles qui se décide à l’imprimer à ses frais (1680), enfin, pour ne pas frustrer la grâce du privilège obtenu par le généreux seigneur à qui cet ouvrage est dédié, j’ai osé entreprendre de faire cette édition pour vingt-cinq exemplaires seulement, laissant toutefois à l’imprimeur la liberté d’en prendre tel nombre qu’il voudra de copies pour lui, afin au moins que peu de personnes connaissent après moi que ce travail n’était peut-être pas si méchant qu’il dût demeurer éternellement enseveli dans les ténèbres de l’oubli.

1717. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

J’en parlerai aujourd’hui avec plus de liberté que je ne l’avais fait précédemment, quand ses mémoires n’étaient que manuscrits et non exposés encore à la pleine lumière qui fait saillir tous les défauts.

1718. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Aucuns des grands sujets n’y sont interdits, mais la liberté sur tous est entière, car si une fois la conclusion était commandée, s’il y avait d’avance une orthodoxie politique ou religieuse, un Credo ou un veto, un nec plus ultra, c’en serait fait de la libre et charmante variété de la parole, qui va comme elle peut et qui trouve dans le feu de la contradiction ses plus vives saillies, son ivresse involontaire.

1719. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Dom Colignon avait reçu de l’éducation ; il était bel homme, fort aimable, parlant bien ; procureur de la maison de Metlach, il allait succéder à l’abbé tombé en imbécillité, quand la cure de Valmunster était venue à vaquer ; le presbytère était joli et commode, le pays riche, peuplé, fort agréable, arrosé par la Sarre : sacrifiant l’ambition à la liberté, il avait fait nommer abbé un de ses amis, qui lui avait ensuite conféré la cure, la seigneurie et les revenues de Valmunster.

1720. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Comme nous ne jouissons pas ici de la liberté de la presse, le Parlement, par un Arrêt juste, s’il est, comme je n’en doute pas, conforme aux lois du royaume, mais néanmoins rigoureux, l’a décrété de prise de corps, et l’on prétend que, s’il n’avait pas pris la fuite, il aurait été condamné à la mort.

1721. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Lorsque l’abbé Legendre fit la connaissance de l’archevêque, le prélat était au plus fort de l’engagement dans la lutte soutenue par Louis XIV pour les droits de sa couronne et les libertés de l’Église gallicane contre la Cour de Rome ; on était au lendemain de l’Assemblée de 1682.

1722. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

L’amour des Lettres, aux âges de belle culture, suppose loisir, curiosité et désintéressement ; il suppose aussi une latitude de goût et même de caprice, une liberté d’aller en tous sens.

1723. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Montaigne, qui avait quitté Rome dès le 15 octobre, était de retour dans son château le 30 novembre, juste à temps pour y recevoir cette lettre du roi qui ne lui eût pas laissé la liberté du refus.

1724. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

En politique, comme en comédie, c’était un admirateur de Henri IV, et il eût pu être, s’il eût vécu en ce temps-là, l’un des chansonniers de la Ménippée : il aimait, presque à l’égal de la gaîté française, les vieilles libertés françaises et les franchises de nos pères ; il faut voir comme il daube à l’occasion, dans son Journal, sur le chancelier Maupeou, « ce Séjan de la magistrature. » Il donne à plein collier dans l’opposition parlementaire, mais il ne voit rien au-delà.

1725. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

… » C’est à elle de parler, de raconter tout ce voyage avec les impressions qu’elle y mêle et avec cette vivacité, ce mouvement de jeune fille qui était alors une des grâces et l’un des enchantements de sa personne : « Les grandes scènes ont commencé au Rhin ; on m’a conduite dans une île où j’aurais été bien heureuse d’être un peu seule comme Robinson pour me recueillir, mais on ne m’en a pas laissé la liberté ; on m’a comme emportée dans une maisonnette dont un côté était censé l’Allemagne, l’autre la France ; à peine m’a-t-on laissé le temps de faire une prière et de penser à notre bonne chère maman et à vous tous, mes bien-aimés du petit cabinet ; les femmes se sont emparées de moi, — m’ont changée des pieds à la tête. — Après cela, sans me laisser respirer, on a passé dans une grande salle, on a ouvert le côté de France, et l’on a lu des papiers : c’était le moment où mes pauvres dames devaient se retirer ; elles m’ont baisé les mains et ont disparu en pleurant.

1726. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Il cherche une mesure entre ses regrets pour l’Empire tombé et ses goûts pour la liberté renaissante.

1727. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Ils n’ont pas tant de troupes à aventurer sur le continent. » — Jomini prit la liberté de répliquer que « s’il était puéril de croire toujours à des combinaisons parfaites de la part de ses adversaires, il serait dangereux de croire toujours à leur incapacité ; que Wellesley (Wellington), au milieu du pays soulevé pour lui et appuyé de 80 à 400,000 Espagnols, ayant sa retraite dans tous les ports de l’Espagne sur les quatre points cardinaux, pouvait sans danger entreprendre une opération qui déciderait du sort de l’Espagne. » — L’Empereur coupa court à la discussion en disant : « Le mal est fait ; la suite apprendra s’il doit en résulter un bien. » Jomini en vint ensuite à la partie délicate des griefs de Ney, qui résistait à être mis sous les ordres de Soult, quoique celui-ci fût son ancien.

1728. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Vous seul pouvez eu toute liberté élever la voix pour moi.

1729. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Quelquefois je suis tentée de prendre une culotte et un chapeau, pour avoir la liberté de chercher et de voir le beau de tous les talents.

1730. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Lorsque la brune commence à confondre les objets, notre infortuné s’aventure hors de sa retraite, et, traversant en hâte les lieux fréquentés, il gagne quelque chemin solitaire, où il puisse errer en liberté.

1731. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Comme il n’y a pas encore de goût public, et qu’il n’y a plus de doctrine d’école, chacun suit en liberté la pente de sa pensée et va où les nécessités de sa vie intellectuelle et morale le poussent.

1732. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Ce peuple, le plus intelligent du monde, vibrait comme un cœur unique, écoutant les gémissements d’Atossa, mère de Xerxès, dans la sublime péroraison des Perses : parce qu’il y sentait, traduite dans la langue des dieux, l’émotion encore chaude de Salamine, de la victoire remportée, de la liberté sauvée.

1733. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Ce peuple, le plus intelligent du monde, vibrait comme un cœur unique, écoutant les gémissements d’Atossa, mère de Xerxès, dans la sublime péroraison des Perses : parce qu’il y sentait, traduite dans la langue des dieux, l’émotion encore chaude de Salamine, de la victoire remportée, de la liberté sauvée.

1734. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Il se porte avec son plus aimable sourire (un sourire plus fin que Louis XIV n’en eut jamais) au-devant de son fidèle allié, Alexandre, toujours séduit et fasciné ; il veut acheter de lui la liberté de ses mouvements en Espagne par quelque concession (la moindre possible) en Orient.

1735. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

C’est alors que, voulant montrer tout le danger qu’il y avait pour la liberté même à rendre la personne du monarque responsable à ce degré soit en mal, soit en bien, il s’écria : « À ceux qui s’exhalent avec une telle fureur contre l’individu qui a péché, je dirai : Vous seriez donc à ses pieds si vous étiez contents de lui !

1736. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

. — « Pleurez en liberté, me dit-elle en me serrant entre ses bras ; dites-moi tout ce qui se passe dans cette jolie tête.

1737. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

« Allez toujours, lui disait-elle quand elle le voyait hésiter par hasard dans quelque liberté de propos, entre hommes tout est permis. » Dans la soirée d’adieux qu’il passa avec elle, il y eut un moment où, sur une parole de bonté et d’amitié qu’elle lui adressa, il se mit à pleurer à chaudes larmes, « et elle presque aussi », assure-t-il.

1738. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il y a le Fontenelle bel esprit, coquet, pincé, damoiseau, fade auteur d’églogues et d’opéras, rédacteur du Mercure galant, en guerre ou en chicane avec les Racine, les Despréaux, les La Fontaine ; le Fontenelle loué par de Visé et flagellé par La Bruyère ; et à travers ce Fontenelle primitif, à l’esprit mince, au goût détestable, il y en a un autre qui s’annonce de bonne heure et se dégage lentement, patiemment, mais avec suite, fermeté et certitude ; le Fontenelle disciple de Descartes en liberté d’esprit et en étendue d’horizon, l’homme le plus dénué de toute idée préconçue, de toute prévention dans l’ordre de la pensée et dans les matières de l’entendement ; comprenant le monde moderne et l’instrument, en partie nouveau, de raisonnement exact et perfectionné qu’on y exige, s’en servant avec finesse, avec justesse et précision, y insinuant l’agrément qui fait pardonner la rigueur, et qui y réconcilie les moins sévères ; en un mot, il y a le Fontenelle, non plus des ruelles ni de l’Opéra, mais de l’Académie des sciences, le premier et le plus digne organe, de ces corps savants que lui-même a conçus dans toute leur grandeur et leur universalité quand il les a nommés les états généraux de la littérature et de l’intelligence.

1739. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

» Le poète, quelque part, appelle heureux à bon droit celui qui, sachant occuper et charmer son loisir, Ainsi que de talents a jadis hérité D’un bien modique et sûr qui fait la liberté.

1740. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Dans les conversations que nous eûmes ensemble, il me parla avec beaucoup de vérité sur la situation de la France, avec intérêt sur celle du roi, avec mépris sur l’Assemblée et sur les partis qui la divisent ; il me témoigna un désir extrême qu’on rendît au roi sa dignité, sa liberté, son autorité ; à la monarchie son ancienne constitution, ou du moins à quelques changements près, que les circonstances rendaient inévitables.

1741. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

. : que de jolis mots qui sentent leur jet de veine et leur liberté naïve !

1742. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

De sa même trompette lyrique, en 92, Le Brun demandait, dans une strophe infernale, que les tombes royales de Saint-Denis fussent violées : Purgeons le sol des patriotes, Par des rois encore infecté : La terre de la Liberté Rejette les os des despotes.

1743. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Ayant reconnu « que cette liberté, cette douceur, et pour ainsi dire cette facilité de la monarchie, avait passé les justes bornes durant sa minorité et dans les troubles de l’État, et qu’elle était devenue licence, confusion, désordre », il crut devoir retrancher de cet excès en s’attachant toutefois à conserver à la monarchie son caractère humain et affectueux, à maintenir auprès de lui les personnes de qualité dans une familiarité honnête, et à rester en communication avec les peuples par des plaisirs et des spectacles conformes à leur génie.

1744. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Du milieu de sa vie de campagne, il appartenait au groupe de ceux qu’on appellera bientôt les patriotes de 89, voulant la liberté avant les excès, aimant la monarchie sans la faveur qui la corrompt.

1745. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Une des erreurs, un des errata de sa vie, c’est que, dans les premiers temps de son séjour à Londres, il écrit une seule lettre à cette jeune et digne personne, et pour lui annoncer qu’il n’est pas probable qu’il retournera à Philadelphie de sitôt : il résulta de cette indifférence que la jeune fille, sollicitée par sa mère, se maria à un autre homme, fut d’abord très malheureuse, et que Franklin ne l’épousa que quelques années plus tard, lorsqu’on eut fait rompre ce premier mariage et qu’elle eut recouvré sa liberté.

1746. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Le vent d’ouest, soufflant là en pleine liberté, faisait plus épaisses encore sur cette demeure toutes ces enveloppes de brouillard que novembre met entre la vie terrestre et le soleil.

1747. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Il les attribue au peu de liberté qu’ont les Orateurs, à la modicité des récompenses qu’ils espérent, à la multitude des affaires qui les accablent, au peu de soin qu’ils prennent de s’instruire, au défaut de génie, à la suite du travail.

1748. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Si la pleine liberté de la Critique était consentie, si la Science avait le droit d’agir en vue seulement des résultats scientifiques, on n’aurait plus besoin de rien, on aurait tout, et les vêpres siciliennes de la philosophie sonneraient, à pleines volées, sur nos têtes !

1749. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Tout en affirmant l’individualité profonde de la cité, l’unité et la liberté nationales, elle nous fait entrevoir une solidarité inter-nationale exerçant sa fonction normale et jouant son rôle nécessaire dans la vie de tous les corps sociaux, qu’elle embrasse.‌

1750. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

« Le duo entre le marquis de Langeais et Gillette pourrait être supprimé sans grand dommage, et cette suppression d’un morceau inutile ferait encore mieux ressortir le beau chœur syllabique pour voix d’hommes qui précède le finale. » Or, je prendrai la liberté de faire remarquer à M.  […] Émile Souvestre tiendra sa place un jour dans la galerie où sont placés les honnêtes gens qui ont tenu, au xixe  siècle, une place savante, correcte et passionnée, après de Balzac, après Frédéric Soulié, etc. » Je ne sais au juste quelle place doit tenir un jour dans les lettres françaises un écrivain qui place son ambition à écrire de ce style, mais je prendrai la liberté de demander aux collègues du feuilletoniste, — des maîtres, des autorités dans l’art de bien dire, — MM. de Sacy, de Saint-Marc Girardin et John Lemoine, — ce qu’il faut entendre par une place savante, correcte et passionnée. […] Il faut être compatissant envers un talent qui a tant souffert, et savoir lui pardonner la phrase suivante, un rondeau en prose : « Les révolutions ne seront finies que lorsque sera résolu le problème de l’ordre dans la liberté et de la liberté dans l’ordre. » Ce qui veut dire, dans le français plus net et plus clair que parlent M. de la Palisse et Joseph Prudhomme, du jour où les révolutions ne seront plus possibles, il n’y en aura plus.

1751. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Par la bouche et par l’exemple de son personnage sympathique, Molière se prononce pour l’indépendance et la liberté, et il entasse le ridicule sur ceux qui sont partisans de l’autre solution. […] Le partisan de la liberté féminine est honoré, respecté, aimé et finalement épousé, quoique vieillard, par une jeune fille charmante. […] Voltaire ne songe pas à lui-même, comme aussi bien nous n’y songeons jamais, mais il a raison quand il dit : « Les Femmes savantes conduisirent Cotin au tombeau comme les satires de Boileau l’abbé Cassaigne, triste effet d’une liberté plus dangereuse qu’utile et qui flatte plus la malignité humaine qu’elle n’inspire le bon goût. […] Ou bien l’extraordinaire facilité qu’il a trouvée dans le maniement de sa dupe a mis en liberté ses passions autres que la passion ambitieuse, et en même temps qu’il met la main sur la fortune d’Orgon et obtient la main de sa fille, ce qui ressortit à son ambition, il convoite sa femme ce qui ne concerne que sa luxure. […] L’Henriette des Femmes savantes est toute semblable avec un peu plus de causticité et un peu plus de liberté de pensée et de langage.

1752. (1913) Poètes et critiques

Car il y avait des imitations, c’est-à-dire des adaptations de souvenirs antiques dans cet ouvrage d’aspect si moderne, et comme je ne crois pas qu’on les ait souvent indiquées, comme elles sont tout l’opposé de plagiats vulgaires, qu’elles nous montrent au contraire le procédé poétique de Richepin et les ressources de son invention, je prendrai la liberté d’y insister dans cette étude. […] La liberté du vagabond l’exalte. […] Liberté, Égalité, Fraternité », avec la formule imprimée : « Nom de l’établissement, service de M., etc. » Au verso de cette feuille, d’une écriture lourde, quelque peu tremblée, comme celle d’un égrotant pour qui le moindre effort est malaisé, il traça ce billet laconique, mais expressif : « Le 4 juin 90. […] Il y a là comme un dernier élan de cette âme « ivre de soleil et de liberté ». […] Il y resta claquemuré jusqu’au 16 janvier 1875, jour de sa mise en liberté.

1753. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Il n’est pas plus déterministe que ne l’était mon grand ami, le professeur Grasset, de Montpellier, mais de ce que l’homme est libre, il ne s’ensuit pas que l’exercice de cette liberté soit inconditionné. […] Dans le Décalogue, lequel suppose que vous pouvez librement accepter ou refuser ce paiement. » Et de nouveau nous serions retombés sur ce problème de la liberté qu’il ne consentait pas à poser, l’ayant par avance résolu, scientifiquement, croyait-il. […] Le génie de Benozzo Gozzoli s’y développe dans sa liberté, pour nous raconter l’histoire de Noé, celle d’Abraham, de Jacob et d’Ésaü, de David, de Salomon. […] « Par quoi », conclut-il — et comment résister à transcrire ces sublimes paroles — « je vous prie que vous preniez tous ensemble une résolution telle que les vaillants hommes comme vous êtes doivent prendre, c’est de mourir les armes à la main plutôt que de laisser perdre votre souveraineté et liberté et de moi et de tous les colonels et capitaines que voilà », — il avait amené ses officiers avec lui. « Nous jurons Dieu que nous mourrons avec vous, comme nous vous en donnerons tout à l’heure l’assurance. […] Les arbres séculaires ont poussé en toute liberté, mais ils ont été choisis, à cause de la place où ils avaient grandi, pour être conservés d’après l’intention de l’artiste, qui voulait que les abords de cet asile d’ombre et de silence ressemblassent à ceux de l’intérieur d’une cathédrale.

1754. (1933) De mon temps…

Aux mois de vacances, Mallarmé l’y venait visiter en voisin, de Valvins, durant les semaines de liberté que lui laissait le professorat. […] Elle évoqua les heures qu’il avait passées auprès d’elle à la Panne, dernier sol libre de la Belgique envahie, et le tragique accident où, dans la gare de Rouen, un mouvement imprudent et un faux pas malencontreux avaient précipité sous les roues du wagon celui qui n’avait pas eu le bonheur, lui, le poète des Aubes, de voir se lever sur sa patrie délivrée le jour de la Victoire et de la Liberté…   Ce fut à Bruxelles que je fis la connaissance d’Emile Verhaeren, en 1890 ou 1891. […] Il régnait à ces réunions une liberté, franche de toute contrainte.

1755. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

La matière dont je vais parler intéresse le gouvernement et la religion, et mérite bien qu’on en parle avec liberté sans que cela puisse offenser personne : après cette précaution j’entre en matière. […] En effet, pourquoi lui refuserait-on la liberté de réserver certains endroits de son ouvrage aux gens d’esprit, c’est-à-dire, aux seules personnes dont il doit réellement ambitionner l’estime. […] La bassesse des idées et des sujets est à la vérité trop souvent arbitraire ; les anciens se donnaient à cet égard beaucoup plus de liberté que nous, qui, en bannissant de nos mœurs la délicatesse, l’avons portée à l’excès dans nos écrits et dans nos discours ; mais quelque arbitraires que puissent être nos principes sur la bassesse et sur la noblesse des sujets, il suffit que les idées de la nation soient fixées sur ce point, pour que l’orateur ne s’y trompe pas, et pour qu’il s’y conforme.

1756. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Mais à côté de ces remarques justes et si bien rendues, il y a de singulières erreurs de fait, comme lorsque l’auteur suppose qu’on jouit à Venise d’une liberté républicaine complète dans le sens vulgaire du mot, et qu’il méconnaît et ignore le caractère de cette aristocratie mystérieusement constituée. — Le petit traité de La Boétie a, du reste, été fort bien apprécié récemment dans le savant ouvrage que M. 

1757. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

J’écris ceci l’an quatrième de la Liberté, le 25 juillet 1792.

1758. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Dès l’instant où il hérita du sceptre, de ce sceptre de saint Louis, et où il reçut les serments de la noblesse près du lit ensanglanté de Henri III, Henri IV avait dû, par une déclaration expresse (3 août 1589), donner à la religion catholique toutes les promesses rassurantes pour le maintien de sa prédominance à titre de religion, du royaume, en même temps qu’il garantissait aux calvinistes une pleine liberté de conscience, et l’exercice public de leur culte dans de justes limites : il ne pouvait faire moins.

1759. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Arrêté pour ce méfait, mis en prison au Châtelet et appliqué à la question, il se vit même condamné à mort : c’est alors qu’il se hâta de répondre par un J’en appelle (au Parlement), et il en fit une ballade piquante, montrant ainsi sa liberté d’esprit à toute épreuve et badinant jusque sous le gibet.

1760. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Tant que vécut son second mari, elle n’eut point toute liberté à cet égard, et ce n’est qu’après sa mort, en 1764, qu’elle entra dans la possession et l’exercice du dernier rôle qu’elle sut si bien remplir.

1761. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Prenant la Chambre à partie pour chaque projet de loi qu’elle avait ainsi transformé et dénaturé, il aboutit a résumer ses griefs et son acte d’accusation sous cette forme saisissante : « Proposer la loi, c’est régner. » Il alla même d’audace en audace, à mesure que croissait l’irritation autour de lui, et puisqu’il était en veine de la braver, jusqu’à ne pas craindre de réveiller le plus terrible souvenir et à montrer au bout de cette voie fatale, et comme conséquence extrême de ces empiétements illégitimes, la liberté d’action du souverain et la sanction royale enchaînée au point de n’être plus que le Veto de l’infortuné Louis XVI !

1762. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Il paraît que ce bon mari ne s’inquiéta pas trop du passé avec elle, et qu’il lui laissait même dans le présent et pour l’avenir une honnête liberté.

1763. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

J’y distingue une nouvelle de fantaisie, Madame A cher, l’histoire d’une jolie fille languedocienne, qui sacrifie tout, sa liberté, son amoureux, son propre bonheur, à l’envie d’avoir le pied mignon et de chausser de petits souliers.

1764. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Si c’était traduit de Gœthe ou de Heine, on en aurait parlé avec éloge et liberté, au lieu de se voiler et de l’interdire.

1765. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Il ne fut rendu à la liberté que le 15 septembre 1801.

1766. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

M. le dauphin se mit la couverture sur le visage, mais ma princesse ne cessa de me parler avec une liberté d’esprit charmante, ne faisant non plus d’attention à ce peuple de Cour que s’il n’y avait eu personne dans la chambre.

1767. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Je laisse parler le capitaine Bernard : « Encore, dans cette misérable situation, s’il nous eût été permis de jouir d’un peu de liberté, nous eussions rendu grâces au ciel.

1768. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Ce qu’il veut en présence des hauts modèles, c’est donc qu’on imite avec liberté, chaleur, émulation, non qu’on traduise.

1769. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Quoique attaché par des affections antiques aux dynasties à jamais disparues, quoique lié de foi et d’amour à ce Christianisme que la ferveur des peuples semble délaisser et qu’on dirait frappé d’un mortel égarement aux mains de ses Pontifes, M. de Lamartine, pas plus que M. de La Mennais, ne désespère de l’avenir ; derrière les symptômes contraires qui le dérobent, il se le peint également tout embelli de couleurs chrétiennes et catholiques ; mais, pas plus que le prêtre illustre, il ne distingue cet avenir, ce règne évangélique, comme il l’appelle, du règne de la vraie liberté et des nobles lumières.

1770. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Doux ornement de la nature, Viens me retracer sa beauté ; Parle-moi de la liberté, Des eaux, des fleurs, de la verdure ; Parle-moi du bruit des torrents, Des lacs profonds, des frais ombrages Et du murmure des feuillages Qu’agite l’haleine des vents.

1771. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Après tout, aux diverses époques de la république expirante ou de l’empire, dans les rares intervalles de liberté comme sous la censure des maîtres, il n’y avait à Rome que le journal en quelque sorte rudimentaire, un extrait de moniteur, de petites affiches et de gazette de tribunaux ; le vestige de l’organe, plutôt que l’organe puissant et vivant.

1772. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

La pension où il fut placé le laissait jouir d’une certaine liberté ; l’éducation, ou ce qui s’affichait alors sous ce nom, était un confus mélange où les restes informes des anciennes connaissances s’amalgamaient à des fragments de préceptes, débris incohérents de tous les naufrages ; on faisait la liaison tant bien que mal, moyennant une veine de phraséologie philosophique et philanthropique à l’ordre du jour.

1773. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard range parmi ses autorités bien des témoins qui faisaient leurs réserves, et qui même n’épargnaient pas la raillerie quand il leur arrivait de causer en liberté.

1774. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Mais le petit salon de madame de Beaumont, à peine éclairé, nullement célèbre, fréquenté seulement de cinq ou six fidèles qui s’y réunissaient chaque soir, offrait tout alors : c’était la jeunesse, la liberté, le mouvement, l’esprit nouveau, comprenant le passé et le réconciliant avec l’avenir.

1775. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Aussi ne l’a-t-il pas fait, et cette interprétation de Polyeucte est un pur contresens : la pièce est plutôt moliniste ; et la grâce dont on parle est celle des jésuites, théologiens de la liberté, et anciens maîtres du poète.

1776. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Par ses indécences, ses injures, ses calomnies, son inintelligence, Voltaire nous a donné notre liberté.

1777. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Ils m’ont fait tant de plaisir entre quinze et dix-huit ans que je leur en garde une reconnaissance éternelle et qu’il m’est encore difficile de les juger aujourd’hui en toute liberté.

1778. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Le Discours sur la liberté nous laisse libres de croire qu’elle n’existe pas.

1779. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

L’âme s’y appelle Margot ; la religion, Javotte ; la liberté, Jeannette ; Dieu, M. de l’Être.

1780. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle y vécut à demi retirée du monde, voyant ses amis et le duc de Villeroi jusqu’à la fin ; ayant souvent auprès d’elle son fils le comte de Caylus, original et philosophe, donnant à souper à des gens du monde et à des savants, et mêlant ensemble la dévotion, les bienséances, la liberté d’esprit et les grâces de la société, dans cette parfaite et un peu confuse mesure qui était celle du siècle précédent.

1781. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Il est utile autant que juste que les citoyens ne perdent pas l’habitude de témoigner, en présence de l’Assemblée, l’impression de joie ou d’inquiétude qu’ils reçoivent de ses lois ; et le peuple pourra dire qu’il a perdu sa liberté quand il ne jouira plus de cet avantage.

1782. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

» Il répondait avec vigueur au nom de cette âme généreuse qui va, au contraire, s’en prendre au corps comme à son plus dangereux séducteur, qui déclare une guerre immortelle et irréconciliable à tous les plaisirs, puisqu’ils l’ont trompée une fois, et qui, venant enfin à s’assiéger elle-même, s’impose de toutes parts des bornes, des clôtures et des contraintes, de peur de laisser à sa liberté le moindre jour par où elle puisse s’égarer : « Ainsi resserrée de toutes parts, disait-il, elle ne peut plus respirer que du côté du ciel. » Une fois entrée dans cette voie de prière et de pénitence, Mme de La Vallière ne se retourna pas en arrière un seul instant.

1783. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Je ne me sentis point gênée en cette place… Tout le monde ne manqua pas de me dire que je n’avais jamais paru moins contrainte que sur ce trône, et que, comme j’étais de race à l’occuper, lorsque je serais en possession d’un où j’aurais à demeurer plus longtemps qu’au bal, j’y serais encore avec plus de liberté qu’en celui-là.

1784. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

et pour refrain : Vive la Liberté !

1785. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Le monde politique est aussi réglé que le monde physique ; mais, comme la liberté de l’homme y joue un certain rôle, nous finissons par croire qu’elle y fait tout.

1786. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

On lui laissait la liberté de défendre le clergé.

1787. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Au dessert, les vins de Malvoisie et de Constance ajoutaient à la gaieté de bonne compagnie cette sorte de liberté qui n’en gardait pas toujours le ton : on en était alors venu dans le monde au point où tout est permis pour faire rire.

1788. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Son existence toutefois s’en ressentira dans sa liberté d’action et son indépendance.

1789. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Il s’est logé pour travailler plus en liberté dans le faubourg Saint-Marceau, rue Neuve-Saint-Étienne, tout au haut d’une maison d’où l’on a vue sur le jardin des Dames-Anglaises : ce n’est pas encore la fin de son vœu, car son vœu c’est un jardin à lui et une cabane, c’est de loger à terre et non si haut.

1790. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Ce livre, comme les livres qui l’ont précédé, a été écrit en toute liberté et en toute sincérité.

1791. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

On se met à table, et c’est chez chacun une verve, venant de la sympathie intelligente et de la compréhension à demi-mot des autres ; et bientôt d’aimables folies, et des bêtises, et des enfantillages, et des gaietés dans de jolies libertés de langage.

1792. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Le principe de l’art pour l’art fondé en raison à juste et utile, tant qu’on ne considère que les œuvres en soi, tant qu’on n’a souci que de la liberté et de l’orgueil nécessaires à l’artiste, — peut sembler absurde et dangereux quand on songe que les livres, les statues, les tableaux et les musiques n’existent pas seuls dans un monde vide.

1793. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

En avril 1764, il y avait deux cents ans que Shakespeare était né, l’Angleterre contemplait l’aurore de Georges III, roi destiné à l’imbécillité, lequel, à cette époque, dans des conciliabules et des aparté peu constitutionnels avec les chefs tories et les landgraves allemands, ébauchait cette politique de résistance au progrès qui devait lutter, d’abord contre la liberté en Amérique, puis contre la démocratie en France, et qui, rien que sous le seul ministère du premier Pitt, avait, dès 1778, endetté l’Angleterre de quatre-vingt millions sterling.

1794. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

René Boylesve déclare (Gil Blas, 23 août 1904) : « La tendance la plus nette qui m’apparaisse est celle qui aboutit à tout confondre ; la politique avec le sentiment ; la raison avec la passion ; les pouvoirs entre eux ; l’oppression avec la liberté, l’art avec la science ; la littérature avec la peinture, avec la musique, avec la morale, avec la philosophie, avec la sociologie, voire avec la carrière littéraire !

1795. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Si ceux, dit le même auteur, qui dans la conversation & dans les livres, ont hazardé les premiers d’user de ces mots nouveaux, n’avoient jamais osé prendre cette liberté, nous en serions privés encore aujourdhui.

1796. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

On n’y lit pas un mot du droit français ; pas plus du droit des gens que s’il n’y en avait point ; rien de notre code ni civil ni criminel ; rien de notre procédure, rien de nos lois, rien de nos coutumes, rien des constitutions de l’État ; rien du droit des souverains, rien de celui des sujets ; rien de la liberté, rien de la propriété, pas davantage des offices et des contrats.

1797. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Je n’ai pas fait la satyre de l’évidence, mais j’ai pris la liberté de me moquer de ces pauvres diables de charlatans économistes qui nous ont offert depuis quelque temps le mot évidence comme une emplâtre douée d’une vertu secrète contre tous nos maux ; j’ai le malheur de croire que les mots ne guérissent de rien.

1798. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Les hommes qui ont planté le rationalisme dans le cerveau faussé de ce pays, tous les écrivains plus ou moins aveugles qui nous ont inoculé cette fièvre de liberté dont nous étions malades, il y a quelques jours encore, défilent presque impunément devant l’historien, et il ne rejette pas sur leurs têtes, jeunes et brillantes alors, ce poids effroyable du mal commis qu’ils porteront pourtant devant la postérité.

1799. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Philarète Chasles, qui n’avait pas, comme Jules Janin, dans sa spécialité, la jambe des danseuses et la douce liberté du feuilleton ; Philarète Chasles, qui était un pur littérateur de la troisième page, au nom à moitié grec, bonne fortune pour un professeur de littérature païenne, avait le mérite de détonner parmi les sérieux de l’endroit qui y écrivaient des Variétés invariables.

1800. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Quelques convulsions dernières le secouent furieusement avant que le grand air de la liberté ne vienne le frapper au visage ; parvenu au bord de la vie, il a peur de se jeter dans ses eaux

1801. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Mais, dans le rêve, le souvenir interprétatif de la sensation visuelle reconquiert sa liberté ; la fluidité de la sensation visuelle fait que le souvenir n’y adhère pas ; le rythme de la mémoire interprétative n’a donc plus à adopter celui de la réalité ; et les images peuvent dès lors se précipiter, s’il leur plaît, avec une rapidité vertigineuse, comme feraient celles du film cinématographique si l’on n’en réglait pas le déroulement, Précipitation, pas plus qu’abondance, n’est signe de force dans le domaine de l’esprit : c’est le réglage, c’est toujours la précision de l’ajustement qui réclame un effort.

1802. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Sa grande âme emportée et généreuse de justicier proteste contre l’asservissement des consciences par la papauté, contre la corruption sociale du monde clérical et aristocratique, contre la tyrannie et l’injustice s’élevant triomphantes sur les ruines de la liberté et de la patrie italienne courbées sous le sceptre de l’Église, interprète attitrée et infaillible de la religion du Christ. […] » Cette aversion du romantisme, — morbide dans sa violence et son exclusivisme, — explique bien des défaillances de goût chez Nietzsche, Elle détruit toute liberté, toute objectivité dans ses appréciations. […] Beethoven est l’événement intermédiaire entre une vieille âme fragile qui se brise sans cesse et une âme ivre de jeunesse et d’avenir qui arrive sans cesse ; sur sa musique repose ce demi-jour d’une perte continuelle et d’un espoir éternellement vagabond, — le même demi-jour dont était baignée l’Europe lorsqu’elle avait rêvé avec Rousseau, lorsqu’elle avait dansé autour de l’arbre de la liberté, lorsqu’elle s’était enfin presque mise à genoux aux pieds de Napoléon. […] Nietzsche est loin d’ailleurs de prêcher une liberté absolue à cet égard ; il est plutôt classique et conservateur en cette matière et ne veut pas que l’indépendance de l’interprète soit poussée jusqu’à l’arbitraire. […] Il est parfaitement exact, par exemple, que Wagner a brisé les moules de la musique ancienne, qu’il l’a fait sortir des lois un peu étroites de l’architectonique, qu’il chercha à donner plus de liberté au rythme ; mais c’est une erreur de croire que ce soit là une tendance particulière au maître de Bayreuth et isolée.

1803. (1888) Impressions de théâtre. Première série

C’est donc sans préméditation que Molière composa (et pour ne jamais plus recommencer) une pièce irrégulière et d’une liberté toute « romantique ». […] Tout au moins son bon sens est d’une hardiesse singulière et l’allure de son esprit est telle qu’on le soupçonne de plus de liberté qu’il n’en a voulu montrer. […] Vacquerie est d’un temps où florissait dans la littérature une sorte de lyrisme moral, où l’on ne voulait pas croire à la fatalité des instincts, où l’on avait foi à la liberté humaine. […] Ce que Brichanteau aime dans Paris, c’est la liberté complète, une sorte de solitude charmante et toujours amusée, la joie de faire ce qu’il veut sans se mêler de ce que font les autres. […] Elle y rencontre le marquis d’Arcy, qui l’a aimée autrefois, et à qui elle s’est refusée, par dignité, et aussi parce que la liberté d’esprit doit avoir pour rachat le respect absolu des règles qui maintiennent l’ordre social.

1804. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

C’est à savoir : que la liberté du théâtre comique a été sans frein pendant le xve  siècle et une partie du xvie  siècle, et que cet esprit d’universelle et brutale raillerie a certainement hâté la fin du moyen âge et de ses institutions. […] Lui accorder une ombre de liberté, soit matérielle, soit morale, serait d’une extrême imprudence. […] Mes soins pour Léonor ont suivi ces maximes : Des moindres libertés je n’ai point fait des crimes. […] Je sais bien que nos ans ne se rapportent guère, Et je laisse à son choix liberté tout entière. […] Quand il somme sa mère de choisir entre son droit royal et sa liberté, il a eu lui-même à opter entre la morale universelle et la morale des rois.

1805. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

La tyrannie imprime un caractère de bassesse à toutes sortes de productions ; la langue même n’est pas à couvert de son influence : en effet, est-il indifférent pour un enfant d’entendre autour de son berceau le murmure pusillanime de la servitude, ou les accents nobles et fiers de la liberté ? […] Cependant le soldat veut un maître, pour n’en avoir qu’un ; le sénat veut la liberté, pour être le maître : Cassius Chéréa crie (JOSEPH. […] C’est un phénomène commun aux grandes villes, où l’on vient de toutes parts chercher la fortune, et aux lieux déserts, où l’on est sûr de trouver le repos et la liberté. […] L’homme pénétrant sent l’importunité de sa présence et de ses conseils : l’homme ferme garde son poste, voit approcher sa perte, et la brave ; il n’a recouvré sa liberté qu’au moment d’une disgrâce évidente, la veille de sa mort. […] La disgrâce confirmée trouva le philosophe détaché de toutes ces importantes frivolités dont la privation rend aux hommes ordinaires le moment du repos et de la liberté si fâcheux, et la vie privée si ennuyeuse.

1806. (1902) La poésie nouvelle

Principalement, à ces procédés insuffisants ils en ajoutaient d’autres ; ce qu’ils proscrivaient d’une manière absolue, c’était la régularité, leur principe étant celui de la liberté la plus complète.‌ […] C’est en cela qu’on aperçoit tout d’abord la liberté du vers, et c’est ici que les adversaires du vers libre posent leur objection la plus spécieuse. […] Il est écrit en strophes de quatre vers, de rimes alternées conformément aux règles traditionnelles ; la rime d’un singulier, lenteur, avec un pluriel, chanteurs, y doit être considérée comme une insignifiante négligence plutôt que comme une liberté volontaire et théorique. […] Les revues belges auxquelles il collabora d’abord, — la Société nouvelle, par exemple, — ne bataillaient pas moins pour la liberté politique que pour l’émancipation littéraire. […] Or, il constate maintenant qu’« il existe instinctivement une répulsion pour l’enjambement… ce leurre de liberté qui est la négation même du vers101 ».

1807. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Mais ni les malheurs futurs des Troyens, de ma mère Hécube elle-même, ni ceux du roi Priam et de mes frères ne me touchent autant que ton propre sort, quand un Grec féroce t’entraînera tout en pleurs, privée de ta douce liberté ; quand dans Argos tu tisseras la toile sous les ordres d’une femme étrangère, et que, forcée par l’inflexible nécessité, tu iras chercher l’eau des fontaines de Messéide ou d’Hypérée. […] Rends la liberté au corps inanimé d’Hector, accepte la rançon de son cadavre. » XXXII Iris, après avoir fait fléchir Achille par sa mère Thétis, se rend dans Ilion au palais de Priam.

1808. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Ou laissez-moi la liberté d’aller à cette chasse, ou veuillez, du moins, m’expliquer comment vous croyez me servir en vous y refusant ? […] Enfin, ayant rappelé avec peine ses esprits, il dit à Artembarès, qu’il voulait éloigner pour avoir la liberté d’interroger le pâtre : « Allez, j’aurai soin que vous et votre fils soyez satisfaits. » Artembarès sortit ; et les domestiques d’Astyage ayant, par son ordre, conduit Cyrus dans l’intérieur du palais, le roi, resté seul avec le pâtre, lui demanda « où il avait pris cet enfant ?

1809. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Des jeunes filles qui apportent dans le monde la liberté de parole et la crânerie d’allures d’une femme qui a le visage caché par un loup, et des jeunes filles au fond desquelles on perçoit une naïveté, une candeur, une expansion aimante, qu’on ne trouve pas chez les autres ! […] Sauf la vaisselle plate marquée aux armes de l’Empire, sauf la gravité et l’impassibilité des laquais, vrais laquais de maisons princières, on ne se croirait guère chez une altesse, tant il règne en cet aimable logis une liberté d’esprit et de parole.

1810. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Ajoutons que les émotions passées se présentent à nous dans une sorte de lointain, un peu indistinctes, fondues les unes avec les autres ; elles sont ainsi plus faibles et fortes tout plus ensemble, parce qu’elles entrent l’une dans l’autre sans qu’on puisse les séparer ; nous jouissons donc à leur égard d’une plus grande liberté, parce que, indistinctes comme elles sont, nous pouvons plus facilement les modifier, les retoucher, jouer avec elles. […] Par réaction contre ses souffrances sociales sont nés chez Rousseau deux sentiments parfaitement vrais et sains, et qui se sont propagés très vite : l’amour de la nature et l’amour de la liberté.

1811. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

L’activité de la marche, l’habitude d’une route dont il connaissait les moindres incidents, donnaient toute liberté à ses facultés imaginatives. […] Nous avons dû traduire avec une certaine liberté ; le mot à mot eût été inintelligible. — Cf. 

1812. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

On prêche l’individualisme, la liberté dans l’art. […] Souvent durant les longues soirées d’automne, alors que le grand silence des choses exalte l’esprit et l’incite au recueillement, après de délicieuses promenades solitaires à travers les bois endeuillés, au long des ruisseaux tout pleins de murmures limpides, ou sur les coteaux encore léchés par les derniers rayons d’un soleil en allé, — sous le regard ami de la lampe et entouré de la plus grande partie des œuvres poétiques contemporaines, mes fidèles conseillères, j’ai rêvé d’une esthétique assez puissante pour endiguer tous les courants impétueux de l’art moderne, assez généreuse pour accueillir toutes les manifestations de la vie en perpétuel changement, assez vaste pour permettre à chaque œuvre de se réaliser suivant sa tendance propre, assez belle pour y faire entrer notre chère tradition nationale sans porter atteinte à aucune liberté individuelle.

1813. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Dans toutes les branches de la pensée, dans toutes les directions de l’étude et de la connaissance humaine, on vit bientôt, aux premières heures de soleil propice et de liberté, des produits heureux, originaux, attester la fertilité du champ ouvert et l’efficacité de l’entreprise. […] L’avis fut aussitôt transmis par Fauriel à Benjamin Constant, alors en Suisse, et de là toute une négociation à mots couverts, qui montre à quel point le secret des lettres et la liberté individuelle étaient peu respectés à cette époque glorieuse. […] Je ne doute nullement, mon cher Fauriel, que votre traduction, en vous pe rmettant toutes les libertés que vous demandez, ne devienne la meilleure possible, et que, si l’original est un ouvrage manqué, la traduction au moins ne soit un chef-d’œuvre. […] Dès les premiers chants grecs modernes qu’il avait entendu réciter à ses amis Mustoxidi et Piccolos, Fauriel en avait été enthousiaste et s’était dit : « Ce sont ces chants surtout qui feront connaître et aimer la Grèce moderne, et qui prouveront que l’esprit des anciens, le souffle de la poésie, non moins que l’amour de la liberté, y vit toujours. » Mais cet enthousiasme, redoublé ici par les circonstances éclatantes du réveil d’un peuple, se puisait chez lui à d’autres sources encore, non moins profondes et toutes littéraires, sur lesquelles nous avons à insister.

1814. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

. — Au contraire, essayez de mettre au cachot la chanson de Béranger… soudain la chanson éclate et brille à travers les barreaux de fer ; elle perce en mille échos les voûtes abaissées de la Conciergerie ; elle va d’âme en âme, à travers la France consolée, appelant à son aide les trois passions de la France d’autrefois, de la France d’aujourd’hui, de la France éternelle : la gloire, la liberté et l’amour ! […] Il est vrai que la versification française l’a gêné ; il est vrai même qu’il a mieux réussi dans l’Amphitryon, où il a pris la liberté de faire des vers irréguliers. […] « D’ailleurs, il a outré souvent les caractères ; il a voulu par cette liberté plaire au parterre, frapper les spectateurs les a moins délicats, et rendre le ridicule plus sensible. […] Le peintre Damon qui est son ami, et qui devait faire le portrait de cette adorable personne, l’envoie à sa place chez le Sicilien ; comme il manie le pinceau, contre la coutume de France qui ne veut pas qu’un gentilhomme sache rien faire, il aura au moins la liberté de voir cette belle à son aise.

1815. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Jamais de résistance, une soumission enthousiaste ; les obstacles écartés devant moi, comme si la seule chose importante eût été de me laisser croître en liberté, sans entraves, ni influences. […] Cette liberté que l’on m’avait laissée dans les premiers temps, il fut bien difficile de me la reprendre. […] Ce fut alors une liberté complète, un vagabondage sans frein. […] Mais je mesurais de l’œil la hauteur des murs, je scrutais la nature des pierres, la disposition des branches ; les espaliers me semblaient devoir former des échelons favorables à l’escalade ; les tessons de bouteilles dont les crêtes se hérissaient, ne m’effrayaient guère, je croyais savoir les éviter, et des têtes d’arbres dénonçaient des jardins mitoyens et m’indiquaient le chemin de la liberté. […] Cependant, elles semblaient ne savoir que faire de leur liberté, qui lui venait, pour la première fois, trop tard, malheureusement.

1816. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Quiconque possède la force et la liberté d’esprit indispensables pour composer un poème, un roman ou un drame, aura, pour le moins, cessé de sentir ce qu’il dépeint, et ne l’éprouvera plus que par souvenir. […] Elle est devenue haïssable ; il n’est pas impossible qu’elle redevienne heureuse : Ô liberté, justice, ô passion du beau, Dites-nous que notre heure est au bout de l’épreuve, Et que l’amant divin promis à l’âme veuve Après trois jours aussi sortira du tombeau ! […] On nous l’a montré plié sous l’influence des temps, des climats et des milieux, strictement conduit par les grandes lois naturelles qui le dominent, jouet de ses organes physiques, doué d’une conscience très vague et d’une liberté très douteuse. […] Aux heures de deuil et de désespérance, lorsqu’il voit brisées par la mort ses affections de frère ou d’ami, il conserve, dans l’amertume de sa tristesse, une liberté d’esprit pour regarder et pour décrire qui semblerait indiquer parfois un témoin désintéressé. […] et la révolution romantique, telle qu’il la comprend et telle qu’il la définit, n’est-elle pas au lieu d’un affranchissement de règles formellement restrictives, au lieu de la pleine liberté donnée à tous, la simple substitution à un dogme étroit d’un autre dogme qui n’est pas moins sévère ?

1817. (1910) Rousseau contre Molière

Alceste est en liberté. […] Mes soins pour Léonor ont suivi ces maximes ; Des moindres libertés je n’ai point fait des crimes ; A ses jeunes désirs j’ai toujours consenti, Et je ne m’en suis point, grâce au Ciel, repenti. […] Ce vieillard « presque sexagénaire » nous dit très sérieusement : Je sais bien que nos ans ne se rapportent guère, Et je laisse à son choix liberté tout entière. […] Parce que Rousseau, pareil en ceci à la plupart des hommes, n’a plus sa pleine liberté d’esprit quand il parle des femmes, et, quand il parle des femmes, inconsciemment, ne songe qu’à lui. […] De même, ce qui prouve que Molière est toujours avec nature, même vicieuse et honteuse, ce sont les paroles d’Angélique dans George Dandin : « Je veux jouir, s’il vous plaît, de quelques beaux jours que m’offre la jeunesse et prendre les douces libertés que l’âge me permet. » C’est le cri de la nature.

1818. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

N’ont-ils pas, en revanche, d’autres vertus : plus de spontanéité, plus de liberté, plus de naturel ? […] Elle a, du haut en bas, qu’il s’agît d’enseignement ou de travail manuel, poursuivi, dans l’organisme corporatif, une discipline qui était une liberté. […] Et cependant de quelle rançon, le romancier ne paie-t-il pas sa liberté ! […] Nul doute que Pascal n’eût suivi la même voie s’il eût nié la liberté. […] Pour que les libertés soient possibles, pour que l’apaisement se fasse entre les haines civiles, il faut des conditions.

1819. (1902) Propos littéraires. Première série

Henry Michel, la théorie définitive, ou du moins la plus proche de la perfection, de la doctrine individualiste, sauvegarde de toute liberté, barrière contre tout despotisme, élément générateur de toute civilisation. […] Ne voyez-vous pas à la liberté même avec laquelle j’en parle que je suis sûre de moi et du caractère parfaitement inoffensif à mon endroit du papier que je tiens en ma main ? […] Il fait remarquer que, quelque opinion que l’on ait sur la liberté humaine et quelque définition qu’on en donne, les « cellules » du corps social, c’est-à-dire les hommes, sont un peu plus autonomes, cependant, que les cellules d’un végétal ou d’un animal. […] Non, les hommes ne se sont pas réunis un jour pour se dire : « Nous sommes libres ; déléguons, sans l’aliéner, une partie de notre liberté pour être sûrs et confortables » ; mais ce qu’ils n’ont pas dit à tel moment, ils le disent tous les jours. […] Qui dit organisme dit fatalité et exclut toute volonté et liberté de ce qui est dedans.

1820. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Ayant beaucoup écrit depuis plus de trente ans, c’est-à-dire m’étant beaucoup dispersé, j’ai à me recueillir avant d’aborder un enseignement proprement dit, et à poser quelques règles ou principes, qui marqueront du moins la direction générale de ma pensée ; j’en ai besoin, pour qu’il n’y ait entre nous aucun malentendu, et que ma parole puisse aller ensuite devant vous avec d’autant plus de liberté et de confiance.

1821. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

c’est trop fort, respectable serait assez. » Et il me raconta alors des particularités singulières, telles qu’on ne les savait bien que dans la famille des Débats, sur cet homme original, timide, fier, ennemi de tout joug, même conjugal, amoureux avant tout de sa liberté, jaloux de la reprendre au moment de la perdre, et qu’une circonstance fatale de jeunesse avait dû rendre plus réservé encore et plus retiré.

1822. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Bayle, qui profita si bien des avantages de l’éloignement et de la liberté qu’on a à l’étranger, sentait aussi les inconvénients qui sont tous dans le manque de précision et d’information sûre.

1823. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Laissez nos cœurs parler une fois en toute liberté et vous exprimer notre vénération reconnaissante.

1824. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

» La Mennais, il est vrai, paraît se prononcer dès lors ouvertement pour la liberté de la presse, et il raille d’une manière fort piquante les projets élaborés par l’abbé de Montesquiou.

1825. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Trois tendances générales se sont tour à tour déclarées et accomplies : sous les deux premières races, tendance générale vers l’indépendance, qui finit par l’anarchie féodale ; sous la troisième, tendance générale vers l’ordre, qui finit par le pouvoir absolu ; et après le retour de l’ordre, tendance générale vers la liberté, qui finit par la révolution. » C’est de cette idée que M ignet partira bientôt pour entamer son Histoire de la Révolution ; l’Introduction qu’il mit en tête de celle-ci ne fait que développer la visée première ; même lorsqu’il aborda le sujet tout moderne, il ne le prenait pas de revers ni à court, comme on voit, il s’y poussait de tout le prolongement et comme de tout le poids de ses études antérieures.

1826. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Si je ne puis l’être tout-à-fait, il faut du moins que je sois muet ; car, voyez-vous, il faut être régulier avec les réguliers, comme j’ai été loup avec vous et avec les autres loups vos compères. » Mais ses habitudes naturellement chastes et réservées prévalurent, quand il ne fut plus entraîné par des compagnons de plaisir ; et quelques mois après, il répondait fort sérieusement à une insinuation railleuse de l’abbé Le Vasseur que, Dieu merci, sa liberté était sauve encore, et que, s’il quittait le pays, il remporterait son cœur aussi sain et aussi entier qu’il l’avait apporté ; et là-dessus il raconte un danger récent auquel sa faiblesse a heureusement échappé.

1827. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

La perte de ma liberté m’affligea jusqu’aux larmes.

1828. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Ce vieux serviteur du roi avait, depuis qu’il lui était attaché, pris l’habitude de lui parler avec une liberté qui tenait de la familiarité, et même souvent de l’indécence.

1829. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

C’est pourquoi, si l’on veut compromettre le travail mental que provoque l’image en son état de réduction et d’avortement, il faut examiner le travail mental qu’elle provoque en son état de plénitude et de liberté, imiter les zoologistes qui, pour expliquer la structure d’un bourrelet osseux inutile, montrent, par la comparaison des espèces voisines, que c’est là un membre rudimentaire ; imiter les botanistes qui, augmentant la nourriture d’une plante, changent ses étamines en pétales et prouvent ainsi que l’étamine ordinaire est un pétale dévié et avorté. — Par des rapprochements semblables et d’après des hypertrophies analogues, nous découvrons que l’image, comme la sensation qu’elle répète, est, de sa nature, hallucinatoire.

1830. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Avec la dévotion la plus ardente, il garde toute la liberté de son esprit, et il exprime ce qu’il a en lui, lorsqu’il semble traduire ce qui était chez les anciens.

1831. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Le paupérisme, et l’inégalité des biens, la nature du pouvoir royal, l’origine de l’État et des pouvoirs publics, la justice, l’instinct, la nature du mal, l’origine de la société, de la propriété, du mariage, le conflit du clergé séculier et du clergé régulier, des mendiants et de l’Université, l’œuvre de création et de destruction incessantes de la nature, les rapports de la nature et de l’art, la notion de la liberté et son conflit avec le dogme et la prescience divine, l’origine du mal et du péché, l’homme dans la nature, et son désordre dans l’ordre universel, toutes sortes d’observations, de discussions, de démonstrations sur l’arc-en-ciel, les miroirs, les erreurs des sens, les visions, les hallucinations, la sorcellerie et jusque sur certain phénomène de dédoublement de la personnalité, voilà un sommaire aperçu des questions que traite Jean de Meung, outre tous les développements de morale et de satire qui tiennent plus directement à l’action du roman, etje ne sais combien de contes mythologiques extraits d’Ovide ou de Virgile, tels que les amours de Didon et l’histoire de Pygmalion.

1832. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Ce qui est bien de Montaigne, c’est le style, c’est l’emploi des tours et des mots que l’usage ou la liberté de son temps lui fournissaient.

1833. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

En vain Jourfier veut défendre son pouvoir d’évêque contre les émissaires de l’autorité centrale et se réserver quelque liberté dans son for intérieur.

1834. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Vielé-Griffin alla comme eux vers la poésie du peuple pour les raisons que j’ai énumérées plus haut, et aussi, je l’ai fait pressentir en parlant de la technique, parce que la liberté d’allure de ces rythmes devait attirer sa spontanéité ennemie des règles imposées31.

1835. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Quant à la liberté, l’aima-t-il pour elle-même ou pour les louanges de l’esprit de parti ?

1836. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Il est indubitable au moins que la région est suffisamment désignée et que, pour savoir d’où viendra la religion de l’avenir, il faut toujours regarder du côté de Liberté, égalité, fraternité.

1837. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Le respect de la pensée d’autrui, la tolérance mutuelle, la volonté de reconnaître à tous une égale liberté de conscience prit peu à peu dans l’estime générale, malgré la résistance des partisans attardés de l’orthodoxie forcée, la place si longtemps occupée par la conception chère aux Inquisiteurs.

1838. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Marie Letellier est une jeune fille élevée à l’américaine, pure et fière, sous des allures hardies et rieuses ; le coeur d’une vierge et l’air d’une princesse errante, habituée aux libertés de la flirtation, et sûre de retirer à temps sa vertu du jeu.

1839. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

À Chavignolles, le comte de Faverges oublié qu’il est royaliste pour ne se souvenir que de sa haine contre les d’Orléans et faire cause commune avec le peuple, le curé Jeuffroy bénit l’arbre de la liberté ; il glorifie, au nom de l’Évangile, les principes de la Révolution, et à Paris M. 

1840. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Ensuite voici le but suprême de son ambition : un petit champ avec une source vive, un peu de bois, une modeste maison, et surtout la liberté d’y vivre à ses heures, à sa guise, la permission de ne pas vous voir, quand il lui prend fantaisie d’être seul.

1841. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Maintenant, ceci bien posé, en principe : c’est un épicurien qui admet la notion de la Providence, notion que les épicuriens n’admettaient pas, il y a là une réserve très considérable, très originale aussi, et qui montre la liberté d’esprit de La Fontaine qui n’est jamais celui qui jure sur la foi d’un maître   maintenant il a fait, relativement à la philosophie déjà classique de son temps, déjà en possession de l’admiration et de l’adhésion du public, il a fait une sécession aussi incontestable, qui est celle de la croyance à l’âme des bêtes, j’y reviens, mais à un autre point de vue que tout à l’heure.

1842. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Cependant on entend les gens sans se fâcher, et j’oserai prendre, avec votre permission, la liberté de vous dire mon petit avis.

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