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1206. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Haouâ est une mauresque rencontrée, perdue, retrouvée, aimée par l’auteur, — on n’oserait pas le dire, tant la chose reste vague, mystérieuse, indécise, dans ce récit, chef-d’œuvre de gaze transparente et voilante à la fois !

1207. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Vous pouvez lui dire que la nation à laquelle il appartient est en butte aux plus graves périls, qu’elle doit reprendre conscience, sans tarder, de sa situation exacte, qu’il faut lui appliquer un remède puissant : vous rencontrerez son assentiment, au moins partiel, mais n’espérez pas troubler de cette façon son être intime.

1208. (1915) La philosophie française « I »

Ils ont fourni trois types de doctrines que nous rencontrons dans les temps modernes.

1209. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

L’érudition ici, sans pouvoir rien affirmer, a rencontré du moins de curieux détails.

1210. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

La durée de l’institution devait lui répondre et montrer comment ces jeux armaient le courage et préparaient la résistance que rencontra Xercès.

1211. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Il a rencontré en purgatoire un de ces poëtes, l’élégant Sordello ; et il en a mis un autre en enfer, le belliqueux Bertrand de Born, qu’il représente comme un cadavre sanglant et tronqué, marchant sa tête à la main. […] Je ne veux pas rappeler ici l’anecdote de ce chevalier qui part pour la croisade, afin de rencontrer plus facilement une dame, qu’il avait peine à voir dans son château. […] Ginguené le croit, il a dit que l’on ne rencontrait dans les troubadours aucune trace, aucune réminiscence, même involontaire, de la poésie antique. […] Les légats d’Innocent III parcoururent la Provence, aidés de plusieurs moines de Cîteaux ; ils prêchaient, discutaient, menaçaient, et rencontraient dans la liberté des esprits une résistance à laquelle Rome n’était pas accoutumée. […] Nous étions occupés de ces romans chevaleresques et de ces fabliaux, œuvre originale, mais assez grossière, d’une langue naissante ; nous assistions à ces débats scolastiques où se consumait tant de vigueur d’esprit en vaines subtilités et en latin barbare ; et nous rencontrons là le créateur de la poésie moderne, l’homme qui imprime à sa propre langue l’originalité, la pureté, la durée.

1212. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Il fit un jour une scène à Gautherot, qu’il rencontra professant ses doctrines républicaines dans un café. […] Ordinairement quelqu’un de son école, ou même les élèves des autres maîtres établis dans le Louvre, rencontraient David parcourant les vastes corridors de cet édifice, et couraient devant avertir les élèves de son arrivée. […] Vêtu d’une grande redingote bleue croisée jusqu’au menton, portant une cravate noire et de grandes bottes de cavalerie, cet homme avait une des plus nobles figures qui se puissent rencontrer. […] Les choses en étaient arrivées à ce point vers 1750, lorsque deux jeunes Allemands, tout occupés de grec et de latin, se rencontrèrent dans une bibliothèque. […] La foule ayant rencontré le représentant Ferraud l’assassina et porta sa tête au bout d’une pique jusque dans la salle de la Convention.

1213. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Croyez bien que déjà leurs rayons se rencontrent et se pénètrent, à leur insu peut-être, mais inévitablement. […] Il n’est pas bon de la rencontrer ; son regard fixe engourdit le sang de l’homme et le change presque en pierre. […] Nous ne rencontrons plus chez lui les contradictions qui, chez Faust, nous remplissaient d’étonnement et de doute. […] dans la sphère de la création, il y a bien d’autres immortels… Mais je n’en ai pas rencontré de supérieurs ! […] … Je suis venu te chercher jusqu’ici, moi le premier des êtres vivants sur la vallée terrestre… Je ne t’ai pas encore rencontré.

1214. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Il s’est malheureusement rencontré que tous ces guérisseurs et rebouteux de la société n’étaient que des charlatans dont les remèdes n’avaient pas la puissance de l’orviétan. […] Il vient sur ces limites où les influences contraires se rencontrent, se croisent, se combattent, s’allient, se nuisent, se servent. […] En lui le Mysticisme et la Science se rencontrent pour concourir au triomphe de l’un par l’une ; le mérite fabuleux de la Fiction, — quoiqu’elle reste, hélas ! […] En un troisième critique, le comte Melchior de Vogüé, écrivain de race, traditionnel de principes et moderne de goûts, se rencontrent et s’accordent le respect du passé et l’impatience de l’avenir. […] Les nouveaux poëtes et les romanciers nouveaux ne se rencontrent qu’au hasard de la vie, travaillent très séparés, s’éviteraient plutôt.

1215. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

rencontrai-je pour la première fois Frémine qui, alors, géant blond, récitait déjà Floréal, les Pommiers, une ode à Robert Guiscard, que sais-je encore ! […] Il avait rencontré ces jours-là Goncourt en garde national (ça lui paraissait très drôle). […] Il lui reste l’inconnu, soit l’amour à rencontrer. […] Les humbles croyants qui lui parlent rencontrent un confesseur un peu bouddhiste. […] C’est lui, le prince, qui l’a rencontrée près de la fontaine où elle gardait ses moutons ; il l’a regardée, elle l’a aimé, il l’a caressée, elle s’est donnée, et tout le village a envié sa gloire grande d’être la mie du roi.

1216. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Mais Bichat a voulu être plus clair : il est headendu plus avant dans le problème et il y a rencontré l’erreur. […] Ces êtres se rencontrent à la fois dans le règne animal et dans le règne végétal. […] On a rencontré cette substance dans l’enveloppe des Tuniciers et l’on a établi d’ailleurs des analogies étroites avec la chitine qui forme la carapace des crustacés et des insectes31. […] Cette masse est finement grenue : les granulations se rencontrent jusqu’à la périphérie. […] Pendant la vie fœtale, les cellules glycogéniques se rencontrent dans le placenta, sur les vaisseaux allantoïdiens (voy. fig. 956).

1217. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

On se dit : Que va-t-il bien rencontrer encore ? […] L’affaire est caractéristique des difficultés que rencontrait un directeur de la librairie du côté du parlement. Voici quelques échantillons de celles qu’il rencontrait du côté des auteurs. […] On peut rencontrer sans peine le nom de Dieu dans un genre d’écrire tel que le mien, plein de mœurs et de sentiments, moins romanesque et presque aussi grave que la tragédie. […] Et serait-il possible qu’ayant brassé tant d’idées, discuté tant de questions, et risqué tant de solutions, il n’eût jamais rencontré juste, et que le vrai l’eût fui d’une fuite éternelle ?

1218. (1890) Nouvelles questions de critique

S’il n’y avait pas rencontré tant de détails insignifiants sur tant d’illustres inconnus, il eût moins délibérément essayé de les faire revivre. […] Le Petit croit-il que l’on se fût plaint d’en rencontrer la description dans son livre ? […] Sur le chemin du xviie au xviiie  siècle, nous rencontrons dans le livre de M.  […] C’est le danger d’abord de quelques grandes causes qui se rencontrent parmi les petites. […] Mais quel romancier, de l’école d’Anne Radcliffe ou d’Alexandre Dumas, a jamais inventé de telles et de si singulières aventures, que nous n’en puissions rencontrer dans la vie, ou retrouver dans l’histoire, de plus singulières, de plus imprévues, et de plus romanesques ?

1219. (1903) La pensée et le mouvant

Mais n’insistons pas davantage sur une question que nous avons simplement rencontrée en route. […] Nous ne l’avons pas choisi, nous l’avons rencontré. […] Quand nous nous posâmes le problème de l’action réciproque du corps et de l’esprit l’un sur l’autre, ce fut uniquement parce que nous l’avions rencontré dans notre étude des « données immédiates de la conscience ». […] Les quatre thèses de Berkeley sont sorties de là, parce que ce mouvement a rencontré sur sa route les idées et les problèmes que soulevaient les contemporains de Berkeley. […] Bien au contraire, à mesure qu’elle fera plus de chemin, elle rencontrera des objets plus intraduisibles en symboles.

1220. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Le purisme se rencontrait dans les mêmes pages avec la prolixité. […] Les Précieuses, en raffinant, ce qui était leur ridicule, avaient souvent rencontré la délicatesse, qui était leur but. […] Eût-il mieux valu, pour éviter l’emprunt, soit rompre la chaîne du discours, soit ne pas l’entreprendre, de peur de rencontrer des pensées exprimées, il y a deux mille ans dans une langue qui ne se parle plus ? […] Favereau avait rencontré Chapelain aux lectures de l’Adone et avait comme lui « admiré et réadmiré » l’œuvre.

1221. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

C’est chez elle qu’il rencontra, étant âgé de soixante-sept ans, Mlle de Beaulieu, qui en avait quinze. […] Clément Vautel pour mes opinions littéraires, les dreyfusards que j’ai rencontrés ce soir-là m’ont paru atterrés. […] Ainsi des anges se parleraient qui, partis du ciel pour quelque mission, se rencontreraient par hasard ici-bas. » Notez que ce sacripant de Stendhal ne croyait ni à Dieu ni à diable, ni à d’autres anges que les femmes aimées et ainsi nommées par métaphore. […] Flaubert, qui le rencontrait au dîner Magny, l’entourait d’une admiration et d’une amitié ferventes, d’ailleurs assez bien payées de retour. […] Flaubert put aussi l’y rencontrer, mais n’apprécia jamais cet esprit.

1222. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Probablement mon visage, à moi, exprimait une résolution extraordinaire, car je reconnus à ses yeux, dès que nos regarda se furent rencontrés, qu’il venait de lire jusqu’au fond de ma pensée. […] Mais j’insisterai surtout sur Claude Larcher, personnage qui est plus qu’une conception de l’auteur et que chacun de nous a rencontré dans la vie. […] Son regard avait rencontré l’anneau passé à son doigt, elle souriait de ce lien éternel. […] Je le répète, l’Abbé Jules est une exception, une monstruosité ; le médecin a eu dans sa clinique une maladie spéciale, inutile à montrer, car jamais on ne peut rencontrer le cas similaire à ce cas-là. […] Charcot, et c’en serait fait de notre civilisation et de son Église si dix êtres pareils s’étaient rencontrés dans le clergé.

1223. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Une fois que le sang s’est éveillé dans notre cœur, il y bat toujours, jusqu’à la mort, même à vide, surtout à vide, parce que c’est rare, exceptionnel que nous ayons rencontré quelqu’un qui veuille ou qui sache occuper toute la place. […] Les regards de Mme Fabvier et de M. de Francœur se rencontrèrent, avec espoir. […] Catulle Mendès occupe dans la littérature moderne-une place trop élevée pour qu’une œuvre de lui n’appelle pas notre attention aussi c’est avec une véritable curiosité mélangée de plaisir que j’ai ouvert son livre, certain de n’y rencontrer rien de banal. […] Saint-Mars parti sur-le-champ, rencontra l’Empereur et lui dit tout. […] Cela suppose qu’on pense beaucoup à soi ; or le temps a donné à penser à soi est un vol fait à Dieu, comme on aurait dit autrefois » Dans le temps où je commençai à donner, dans la Revue des Deux Mondes, la série de mes confidences, je rencontrai Jules Sandeau qui me dit avoir trouvé du plaisir à les lire. « Dulcia vitia !

1224. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

ces gens-là, — seraient-ils innocents, — je les abhorre pour leur funeste influence, et toujours, quand je les rencontrerai, je les frapperai de ma plume impitoyable. […] Homais, Rodolphe Boulanger, Léon, le comice agricole, ces êtres et ces choses odieux ou ridicules, nous les connaissions déjà, nous les avions rencontrés dans bien des livres, dans de simples croquis même, dans des articles de genre ; nous en avions la perception entière, sur eux M.  […] Montrez-moi, dans Salammbô ou Madame Bovary, une page, une seule, qui soit vraiment belle, où le mouvement et la vie, le tour imprévu, original, se rencontrent ! […] Elle ne tarde pas à le rencontrer dans une promenade au bord de la mer. […] Vous y jetez une pierre, et vous ne l’entendez pas toucher fond. » ———— Qui de vous ne l’a rencontré ?

1225. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Enfin, comme il aurait pu se rencontrer néanmoins de par le monde des esprits assez disposés à m’adresser les accusations que M.  […] En traversant le village, nous rencontrâmes plusieurs paysans dans des téléga vides ; leurs jambes pendaient hors de ces rustiques équipages, dont les cahots les faisaient sauter en l’air à tout moment ; ils revenaient du travail et chantaient à tue-tête. […] Un paysan de votre connaissance a une barbe peu fournie et effilée ; vous le rencontrez un beau jour et remarquez avec stupéfaction que sa figure est entourée d’une véritable auréole ; d’où lui vient cet ornement ?

1226. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Deux habitudes contraires se rencontrent communément dans les Persans: celle de louer Dieu sans cesse, et de parler de ses perfections ; et celle de proférer des malédictions et des ordures. […] Je les passe sous silence, parce que ce sont de trop horribles histoires ; je dirai seulement que le traître Cotzia fut tué aussi en trahison, et que peu après ses assassins le furent aussi à la bataille de Chicaris, qui est un gros village à la vue de Scander, forteresse d’Imirette, où l’armée de ce pays et celle du prince de Mingrélie se rencontrèrent ; et qu’il y a une Providence toute visible dans les histoires modernes de ces méchants peuples, en ce que Dieu y fait de rudes et brèves justices ; les assassins y sont presque toujours assassinés, et avec des circonstances qui font bien connaître que c’est Dieu qui s’en mêle, et qui emploie ainsi les uns pour punir les autres. […] Une pareille troupe qui se détache les vient rencontrer ; ils se lancent le dard l’un à l’autre, et puis se rendent à leur gros, d’où il se fait un autre pareil détachement, et ainsi de suite tant que le jeu dure.

1227. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

La plupart des visiteurs que j’y rencontrai appartenaient donc à la classe bourgeoise, suffisamment éclairée pour s’intéresser aux productions d’ordre supérieur, mais ne fréquentant ni les artistes, ni les gens de la presse, et, par suite, n’étant nullement au courant des dessous ; autrement dit des coteries, des camaraderies et des admirations tarifées. […] Sous toutes les formes, nous rencontrons des sous-Zola. […] Nous rencontrons aussi les milieux gras, les rires gras, les froideurs grasses, les colères grasses et ainsi de suite.

1228. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Si, dans certains cas, l’image sonore est accompagnée d’une image tactile discernable à l’observation psychologique, ce sont là des cas exceptionnels qui confirment par opposition la règle générale ; j’accorde volontiers qu’il y a de tels cas : ainsi l’image tactile accompagne visiblement l’image sonore quand nous y tenons ; elle l’accompagne, même contre notre désir, si nous portons notre attention sur son idée ; ces deux circonstances, notons-le, ne peuvent se rencontrer que chez un psychologue ; — l’image tactile reparaît encore quand notre parole intérieure s’anime et se rapproche de la parole extérieure [ch. […] Elle peut également se rencontrer en dehors de l’hallucination. […] Il faut même ajouter que les circonstances qui provoquent la reconnaissance se rencontrent plus rarement pour la parole intérieure que pour la parole extérieure.

1229. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Je me propose, dans le présent écrit, de rencontrer quelques-uns de ses sophismes qu’il me paraît particulièrement important de relever. […] En s’appuyant tout uniment sur la Nature, sur la Nature éternelle et vivante, créatrice incessante de symboles, sans effort et nécessairement, l’artiste rencontrera et révélera ces sentiments. […] Où les rencontrer ? […] Ce qui n’empêche pas Nietzsche de rencontrer, à tout propos, des vues justes. […] Ainsi l’âme du moyen âge chrétien a rencontré son expression complète seulement dans l’art des musiciens néerlandais ; leur art d’échafauder des sons est la sœur posthume, mais authentique et légitime du gothique.

1230. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

*** Jacques Pelletier du Mans, savant homme, médecin et jurisconsulte, poète à ses heures, non sans talent, au cours d’un voyage qu’il fit à Lyon, rencontra Louise Labé et ne put cacher son enthousiasme pour sa beauté corporelle et les grâces de son gentil esprit. […] C’est, apparemment, dans son voyage à la suite de Jean d’Avançon qu’Olivier de Magny rencontra, en traversant Lyon, notre belle poétesse. […] Le Recueil de Poésie paru en 1549, bourré d’odes et de prosphonématiques, faillit mettre fin à sa nouvelle amitié avec Ronsard que les Muses lui avaient fait rencontrer dans une hôtellerie sur la route de Poitiers à Paris. […] Il y rencontra Joachim du Bellay qui s’y trouvait avec son oncle le cardinal. […] Mais lorsque, un peu plus tard, Œdipe et le vieux serviteur se rencontrent face à face, l’action s’anime soudain, capable d’exciter dans l’âme du spectateur des mouvements qui ne demeurent imparfaits qu’à cause de la pauvreté du vêtement poétique.

1231. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

On se trouvera en présence d’une manière de pion, sans idées et sans style, qui fut trop heureux de rencontrer çà et là de complaisants amis, comme MM. de Goncourt, pour lui souffler ses articles. […] M. de Bonnières, avant d’être le romancier qu’on sait, signait Janus au Figaro, et l’on rencontrait cette signature ambiguë au bas d’un portrait, presque toujours. […] Ils se rencontrèrent une après-dinée de dimanche devant l’hôpital Laënnec ; ils marchèrent quelque temps côte à côte ; il lui prit le bras et elle ne sut pas résister. […] Rod a toujours ce bonheur immense, et peu prévu pour un analyste comme lui, de ne pas rencontrer dans le caractère, dans le tempérament de sa jeune femme, ces antipathies foncières contre lesquelles le pauvre amour éclate en morceaux comme un verre lancé contre une muraille. […] Adolphe Brisson, et se résume en deux mots : l’auteur se promenant, en 1842, dans un village des Cévennes, où son oncle était curé, a rencontré une paysanne qui mangeait des cerises avec son fiancé.

1232. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Je n’ai rencontré un peu d’indignation que devant la façade du boulanger Hédé, rue Montmartre, le seul boulanger qui, à l’heure qu’il est, fasse encore du pain blanc et des croissants. […] Pourquoi cet acharnement dans la défense, que n’ont pas rencontré des Prussiens ? […] J’ai cette grande jouissance de pouvoir donner ma vie au travail pour lequel j’étais né, mais c’est au milieu d’attaques, de haines, de fureurs, je puis le dire, comme aucun écrivain de notre époque n’en a rencontrées. […] Toute la journée, je l’avais passée dans la crainte d’un échec de Versailles, et dans l’agacement de cette phrase, plusieurs fois répétée par Burty, rencontré à l’ambulance : « Les Versaillais ont été sept fois repoussés !  […] Parfois au milieu de cette dévastation, la surprise de rencontrer, attaché à une maison demi-écroulée, un grand rosier grimpant, qui bouche du fleurissement de ses roses, de la gaieté fraîche de ses couleurs, les fissures béantes et les débris pendants.

1233. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Watterton raconte qu’en traversant les terres qui séparent l’Essequibo du Démérary, lui et ses compagnons rencontrèrent une troupe de sangliers. […] En faisant l’autopsie au moment même de la mort, on doit donc toujours rencontrer des éléments organiques qui ont perdu leurs propriétés physiologiques ; mais d’autres qui les possèdent encore, et qui ne finissent par les perdre et par mourir à leur tour qu’à cause de la dislocation des fonctions nécessaires à leur existence. […] Je pense enfin que, dans leurs régions élevées, les connaissances humaines forment une atmosphère commune à toutes les intelligences cultivées, dans laquelle l’homme du monde, l’artiste et le savant doivent nécessairement se rencontrer et se comprendre. […] Un des plus grands obstacles qui se rencontrent dans cette marche générale et libre des connaissances humaines est donc la tendance qui porte les diverses connaissances à s’individualiser dans des systèmes. […] On a employé la même méthode pour connaître les fonctions des diverses parties de l’organe encéphalique, et, bien qu’on ait rencontré ici de nouvelles difficultés d’exécution à cause de la complexité des parties, cette méthode a fourni des résultats généraux incontestables.

1234. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Comment cette vocation historique si prononcée se forma-t-elle, et se rencontra-t-elle ainsi toute née au sein de la Cour et dans un si jeune âge ? […] Saint-Simon ne peut rencontrer ainsi une figure qui le mérite sans s’en emparer et la faire revivre.

1235. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« Au milieu de cette méditation qui n’eût pas peu contribué à rendre ses haillons effrayants pour quelqu’un qui l’eût rencontré, il entendit un bruit joyeux. […] Jamais, depuis son enfance, depuis sa mère, depuis sa sœur, jamais il n’avait rencontré une parole amie, un regard bienveillant.

1236. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Possesseur d’une belle fortune, il pouvait le faire honorablement sans avoir l’intention de jeter son argent par la portière de sa voiture : il alla d’abord à Vienne où il rencontra le prince Eugène, ce Coriolan, qui n’avait pas épargné sa patrie ; de là il passa en Hongrie et ensuite en Italie ; il connut à Venise l’Écossais Law, tout meurtri des ricochets de son système, bombe éclatée entre ses mains, mais qui n’était pas un financier vulgaire ; il s’y entretint aussi avec le comte de Bonneval, aventurier destiné à mourir pacha. […] Il avait aussi rencontré lord Chesterfield, écrivain élégant, mais d’une morale un peu relâchée, même dans les conseils qu’il donne à son fils, enfant naturel qu’il promenait à travers le monde.

1237. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Aussi (le second recueil de Larivey mis à part) ne s’étonnera-t-on pas de ne pas rencontrer plus de quatre ou cinq comédies entre 1598 et 1627. […] Mais ce dernier mérite se rencontrera mieux dans certaines œuvres moins délicates de goût et de style, qui, avant et après le Menteur, dirigeaient plus nettement la comédie vers son véritable objet.

1238. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ses premières impressions furent des impressions de guerre, ses premiers regards rencontrèrent les signes caractéristiques de la société féodale. […] On ne s’attend guère à rencontrer, à cette date, un sentiment si vrai et si profond, exprimé avec la grâce du style de Montaigne.

1239. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Huit ans après, ce jeune homme se rencontrait pour la première fois avec Descartes ; il s’entretenait avec lui de ses expériences sur le vide, de la pesanteur de l’air, de ce que Descartes avait appelé la matière subtile. […] A défaut des exemples domestiques, le goût des spéculations de morale eût entretenu en lui la croyance du chrétien, tant il est impossible de s’occuper de morale sans rencontrer le christianisme, qui en est la science la plus complète.

1240. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

si nous avions pu écrire une seconde pièce d’amour, celle-là, je vous en réponds, eût été balayée de tout jargon romantique ou livresque, et l’on n’y eût pas rencontré une phrase comme celle-ci : « Vous étiez dans mes rêves comme il y a du bleu dans le ciel », une phrase pas mal rédigée tout de même, mais appartenant au vieux jeu. […] Voici la route de Bellevue, et, sur cette route, nous rencontrons tenant par la main un joli enfant, la jeune fille, jeune femme aujourd’hui, que l’un de nous a eu, au moins pendant huit jours, la très sérieuse pensée d’épouser… et qui nous rappelle du vieux passé… Il y a des années qu’on ne s’est vu… On s’apprend les morts et les mariages… et l’on nous gronde doucement d’avoir oublié d’anciens amis… Puis nous voilà dans la maison de santé du docteur Fleuri, causant avec Banville, et croisant dans notre promenade, le vieux dieu du drame, le vieux Frédérick Lemaître… « … Dans tout cela, par tous ces chemins, en toutes ces rencontres, au milieu de toute notre vie morte que le hasard ramène autour de nous et qui semble nous mener à une vie nouvelle, nous roulons, les oreilles et les yeux aux bruits et aux choses comme à des présages bons ou mauvais, et prêtant à la nature le sentiment de notre fièvre… En rentrant : rien. » Une semaine après, nous apprenions que notre pièce n’était ni reçue ni refusée, que Beaufort voyait un danger dans la mise à la scène de la petite presse… qu’il attendait.

1241. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Ils s’étaient rencontrés un jour par hasard dans ce site solitaire, poussés par le même instinct de solitude et de contemplation ; ils y avaient passé des heures d’entretien et de lecture agréables l’un avec l’autre ; le lendemain ils s’y étaient retrouvés sans surprise, et, depuis, sans s’y donner jamais de rendez-vous, ils s’y rencontraient presque tous les jours.

1242. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Que de contradictions se rencontrent dans celui-là même qui passe pour le plus pur ! […] Au loin, vers le midi, se prolonge la magnifique chaîne de montagnes dont les pics élevés sont couverts d’un diadème de nuages ; de leurs flancs vers le milieu s’élancent les sources du fleuve, avec un bruit terrible que grossissent les cavernes ; à leur pied, la rivière sacrée réunit en un seul et large courant ces ruisseaux impétueux, qui, en mugissant, se rencontrent pour se confondre. » (Ils disparaissent tous les deux sous les arbres.)

1243. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Des espèces, déjà dominantes dans une région quelconque, peuvent, en s’étendant, rencontrer sur leur chemin d’autres espèces plus dominantes encore, ce qui arrêtera leur marche conquérante et pourra même causer leur extinction dans un temps plus ou moins prochain. […] Si deux régions ont présenté pendant longtemps des circonstances également favorables à la vie, partout où leurs habitants viendront à se rencontrer, la bataille sera rude et longue, et quelques formes originaires de chacune de ces deux patries rivales pourront se partager la victoire.

1244. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

À l’égard des poissons, je ne crois pas que la même espèce se soit rencontrée dans les eaux douces de continents séparés et distants. […] Conséquemment un immigrant, venu des eaux d’une contrée étrangère, aura plus de chance de rencontrer une place vide qu’un colon terrestre.

1245. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Sa description se compose d’une dizaine de phrases : toutes se rencontrent, à peu près telles quelles, dans des observations déjà publiées. […] Bernard-Leroy soit celui qu’on éprouve quand on se dit, en croisant une personne dans la rue, qu’on a déjà dû la rencontrer.

1246. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Quant aux sciences morales proprement dites, ce n’est guère que depuis le commencement de ce siècle qu’elles ont été appliquées à la recherche des lois, et comme, dans l’accomplissement de cette tâche, elles n’ont pas rencontré des conditions aussi favorables, il faut dire qu’elles ne sont point parvenues à des résultats aussi satisfaisants. […] Il est trop évident que jamais le physiologiste n’a rencontré sous un scalpel ou sa loupe quelque chose qui ressemble à un sentiment, à une idée, à une volition, dans sa dissection anatomique ou son étude micrographique des mouvements internes de l’organe cérébral.

1247. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

C’est aussi le jugement d’Horace, qui ne voit dans les beautés de cette poésie naïve et toute primitive que les produits d’une véritable œuvre d’art, et dans les répétitions et les longueurs qui s’y rencontrent, que les défaillances d’un génie fatigué. […] Si César eût manqué à la servitude romaine, un autre maître se fût rencontré.

1248. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

si nos âmes se rencontrent dans des essors immortels, Réponds-moi, réponds-moi !

1249. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Parti le 17 mai de Versailles, il s’en revient à la fin de septembre sans avoir rencontré ni fait naître d’occasion, sans avoir rien tenté de mémorable.

1250. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Cette vivacité, cette légèreté, que je regrette de ne point rencontrer plus souvent chez lui, je la trouve pourtant dans quelques strophes de ses « Chants de la matière », là où il fait parler le Chloroforme, le Gaz, la Photographie ; ce sont de très jolies strophes.

1251. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

L’impression que laisse la lecture du journal de Le Dieu, au milieu des particularités oiseuses et quelquefois bien vulgaires qui s’y rencontrent, a cela d’utile qu’elle met cette vérité et cette sincérité de la nature de Bossuet dans une entière et incontestable lumière.

1252. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Dans Fanny, Roger s’est avisé un matin de s’apercevoir que celle dont il a traversé la vie est mariée, et de désirer rencontrer ce rival qu’il ne connaissait pas ; car il n’était pas présenté chez elle.

1253. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Ce serait pourtant être ingrat, à ceux qui ont eu l’honneur de le rencontrer souvent dans ce cercle de son choix, de ne pas se rappeler et de ne pas dire à tous combien de fois ils l’y virent naturel, aimable, facile, éloquent, bonhomme même ; mais, dès que le public intervenait, dès que les passions du dehors entraient par la moindre fente, et que le plus léger souffle de contrariété se faisait sentir, tout changeait aussitôt ; le visage se pinçait, l’humeur s’altérait : la correspondance accuse trop ces variations et ces susceptibilités excessives.

1254. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

N’est-ce pas, lui dirais-je, si j’avais encore l’honneur de le rencontrer, qu’on ne vous fait point injure en pensant ainsi ?

1255. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Revenu dans sa ville natale, chez son père, il y rencontra des dangers moins beaux.

1256. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Ô vous tous, amis de l’idéal, je ne me ferai pas de querelle avec vous ; j’accorde qu’il y a un idéal ; mais, admettez aussi qu’il y en a un vrai et un faux ; et si jamais vous rencontrez un idéal, ou soi-disant tel, froid, monotone, triste, incolore sous air de noblesse, vaporeux, compassé, insipide, non pas brillant et varié comme le marbre, mais blanc comme le plâtre, non pas puissant et chaud comme aux jours de la florissante Grèce, quand le sang à flots de pourpre enflait les veines des demi-dieux et des héros, quand les gouttes d’un sang ambrosien coulaient dans les veines même des déesses, mais pâle, exsangue, mortifié comme en carême, s’interdisant les sources fécondes, vivant d’abstractions pures, rhumatisant de la tête aux pieds, imprégné, imbibé d’ennui, oh !

1257. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Comme on est touché de voir Napoléon demeuré à jamais reconnaissant envers Dugommier, le premier général digne de ce nom qu’il ait rencontré, et qui ait deviné son prochain essor et sa grandeur !

1258. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

C’est un plaisir pour nous de le rencontrer aujourd’hui sur un terrain si différent, et d’avoir le droit de le louer par un côté où il est accessible à tous.

1259. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Ils ne se rencontreront qu’à peine avec lui sur des détails et des incidents de la route ; ils ne lui font pas concurrence.

1260. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Mille écluses maîtriseraient et distribueraient l’inondation sur toutes les parties du territoire ; les huit ou dix milliards de toises cubes d’eau qui se perdent chaque année dans la mer, seraient réparties dans toutes les parties basses du désert, dans le lac Mœris, le lac Maréotis et le Fleuve sans eau, jusqu’aux Oasis et beaucoup plus loin du côté de l’ouest, — du côté de l’est, dans les Lacs Amers et toutes les parties basses de l’Isthme de Suez et des déserts entre la mer Rouge et le Nil ; un grand nombre de pompes à feu, de moulins à vent, élèveraient les eaux dans des châteaux d’eau, d’où elles seraient tirées pour l’arrosage ; de nombreuses émigrations, arrivées du fond de l’Afrique, de l’Arabie, de la Syrie, de la Grèce, de la France, de l’Italie, de la Pologne, de l’Allemagne, quadrupleraient sa population ; le commerce des Indes aurait repris son ancienne route par la force irrésistible du niveau… » Le mot de civilisation ne s’est pas rencontré encore ; il n’échappe qu’à la fin et aux dernières lignes, comme le résumé de tout le tableau ; il introduit avec lui et implique l’idée morale, qui a pu paraître jusque-là assez absente : « Après cinquante ans de possession, la civilisation se serait répandue dans l’intérieur de l’Afrique par le Sennaar, l’Abyssinie, le Darfour, le Fezzan ; plusieurs grandes nations seraient appelées à jouir des bienfaits des arts, des sciences, de la religion du vrai Dieu ; car c’est par l’Égypte que les peuples du centre de l’Afrique doivent recevoir la lumière et le bonheur ! 

1261. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Lui-même, érudit fort distingué, mais encore plus causeur spirituel, il se plaisait à raconter des scènes de la vie de son père, des épisodes dramatiques et comiques du Conseil d’État, des malices sur quelques contemporains du Consulat et de l’Empire, par exemple sur François de Neufchâteau, qui, ayant à faire le récit du 19 brumaire, le soir même, devant des auditeurs avides et impatients, ne parvenait pas à sortir des parenthèses ni des embarras que sa voiture avait rencontrés dans sa route vers Saint-Cloud : on lui demandait les grands résultats, les résolutions prises, et il vous expliquait, à n’en pas finir, comment il avait eu toutes les peines du monde à passer.

1262. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

J’oubliais de dire que le petit comte de Billy avait pour cousin du côté maternel et pour tuteur légal Bachaumont, l’auteur des Mémoires secrets, et c’est dans les papiers de ce dernier que s’est rencontrée cette correspondance moralement instructive.

1263. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Et si celui qui est de bonne foi se voit toujours près de juger trop sévèrement sa propre conduite, parce qu’il ne voit que confusément une circonstance passée et qu’il oublie presque toujours une partie des obstacles qu’il a rencontrés jadis, comment ne serions-nous pas injustes lorsque nous condamnons les autres d’après un aperçu encore moins distinct et sans savoir ce qui les arrête ou les détermine ?

1264. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Il suffit d’un jour où l’on ait pu prêter un appui par quelques pensées, par quelques discours, à des résolutions qui ont amené des cruautés et des souffrances ; il suffit de ce jour pour tourmenter la vie, pour détruire au fond du cœur, et le calme, et cette bienveillance universelle que faisait naître l’espoir de trouver des cœurs amis partout où l’on rencontrait des hommes.

1265. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Même alors, surtout alors, il a travaillé : il s’était négligé quand il raffinait, mais l’exquise simplicité, il ne l’a jamais rencontrée que par un labeur obstiné.

1266. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Après, poussant plus loin cette triste figure, D’un cocu, d’un jaloux, il en fait la peinture ; Tantôt à pas comptés vous le voyez chercher Ce qu’on voit par ses yeux, qu’il craint de rencontrer ; Puis, s’arrêtant tout court, écumant de colère, Vous diriez qu’il surprend une femme adultère, Et l’on croit, tant ses yeux peignent bien cet affront, Qu’il a la rage au cœur et les cornes au front.

1267. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Dans ses meilleurs projets pour le bien du pays, notamment en tout ce qui tenait aux travaux publics, il avait rencontré la Loi comme un obstacle infranchissable.

1268. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Oken, se promenant un jour dans une forêt, rencontra le crâne blanchi et dénudé d’une bête fauve.

1269. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Dans un dernier pèlerinage d’adieu, qu’avant de quitter leur séjour de bonheur, les deux amants vont faire à tous les sites préférés, montrant de loin du doigt à son ami la petite maison de pêcheur dans laquelle ils se sont rencontrés pour la première fois, et qui est à peine visible à l’horizon, Julie lui dit avec sentiment : « C’est là !

1270. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Au moment où ce voyage tant différé allait s’exécuter enfin, vers minuit, la reine, traversant le Carrousel à pied pour aller trouver la voiture préparée pour la famille royale par M. de Fersen, rencontra celle de M. de La Fayette qui passait : elle la remarqua, « et elle eut même la fantaisie, avec une badine qu’elle tenait à la main, de chercher à toucher les roues de la voiture ».

1271. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Nous approchons d’une époque de vœux et de souhaits ; je ferai le mien : Puissent tous les factieux, tous les agitateurs, tous ceux qui ont passé leur vie à remuer les parlements et les peuples, finir aussi doucement, aussi décemment que le cardinal de Retz, se ranger comme lui sous la loi de la nécessité et du temps, jouer comme lui en vieillissant au whist, au cartésianisme, à la philosophie de leur temps (s’il y a encore de la philosophie), rester ou redevenir parfaitement aimables, causer avec des Sévigné s’ils en rencontrent, et, en écrivant leurs mémoires, les remplir des maximes de leur expérience, les rendre piquants, amusants, instructifs, mais pas tellement entraînants toutefois qu’ils donnent envie après eux de les imiter et de recommencer de plus belle !

1272. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Sa plainte et son effroi, c’est de ne rencontrer que silence et nuit.

1273. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

J’ajouterai cette considération : c’est que l’histoire de la philosophie est une science sur le terrain de laquelle toutes opinions peuvent se rencontrer.

1274. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Il est à remarquer, néanmoins, que les deux exégètes de la cathédrale se sont rencontrés en ceci : tous deux sont artistes et tous deux ont découvert de la vie, là où n’apparaissent aux regards vulgaires que ruine et décrépitude.

1275. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

L’idée paraît alors une âme qui cherchant son corps l’a rencontré, elle pousse autour de l’image une cristallisation vivante.

1276. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

On rencontrerait indubitablement chez presque tous des proches parents dégénérés et un ou plusieurs stigmates qui mettent hors de doute le diagnostic « dégénérescence ». […] L’inégalité que nous avons observée dans le développement physique des dégénérés, nous la rencontrons aussi dans leur développement intellectuel. […] Mais ce retour aux débuts, cette affectation de simplicité, ce jeu de bébé dans les mots et les attitudes, ce sont là des phénomènes fréquents chez les débiles d’esprit, et nous les rencontrerons souvent encore chez les poètes mystiques. […] Elle est une forme du mysticisme que nous rencontrons chez tous les dégénérés. […] Nous rencontrerons ces qualifications dans la bouche de représentants autorisés de toutes les tendances littéraires.

1277. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Mais voici que surgit une difficulté, inverse de celle qu’ont rencontrée les rationalistes. […] L’histoire de la philosophie nous apprend que la logique aristotélicienne n’a pas été sans rencontrer des adversaires. […] Le premier mouvement des créateurs du mécanisme scientifique fut d’accorder l’existence objective à ces lois qui nous permettent d’expliquer si rigoureusement les choses, et la première doctrine que nous rencontrons à ce sujet est le dogmatisme. […] Il faut déterminer de plus près les conditions de cette dernière, et voir si ces conditions se rencontrent, soit dans les lois que posent les partisans de la conservation, soit dans celles que posent les partisans du transformisme. […] Sans doute, l’ordre et l’accord avec le milieu qui se rencontrent dans les espèces peuvent faire penser à une intelligence dirigeante ; mais on peut les affirmer comme faits, sans en rechercher l’explication.

1278. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Ne rencontrons-nous pas dans le monde de l’art certains noms qui semblent marcher deux à deux comme des couples divins, comme d’harmonieuses antithèses reproduisant le contraste de ces deux clartés célestes dont les rayons descendent tour à tour sur notre globe ? […] Vous rencontrez souvent la facilité, le talent même sans l’ombre de génie ; et ce qui semble étrange, le génie n’est pas toujours accompagné de la facilité et du talent. […] Aujourd’hui encore, partout où les navigateurs rencontrent quelqu’une de ces peuplades dégénérées, sans avoir pu passer à un degré de civilisation supérieur, chez toutes les races qui sont encore à l’état sauvage ou barbare, la poésie est à la fois chantée ou dansée. […] Mais l’expression figurée peut se rencontrer ailleurs que dans le vers. […] Au dix-huitième siècle, nous ne rencontrons que quatre écrivains qui puissent prétendre à la gloire du style ; peuvent-ils soutenir la comparaison, sous ce rapport, avec les auteurs du siècle de Louis XIV ?

1279. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

. —  Elles ne se rencontrent ni dans le siècle ni dans le poëte. —  Comparaison d’Ève et d’Adam avec un ménage anglais. —  Comparaison de Dieu et des anges avec une cour monarchique. —  Ce qui subsiste du poëme. —  Comparaison entre les sentiments de Satan et les passions républicaines. —  Caractère lyrique et moral des paysages. —  Élévation et bon sens des idées morales. —  Situation du poëte et du poëme entre deux âges. —  Construction de son génie et de son œuvre. […] Est-ce ici que nous rencontrerons la politesse ? […] Sors de tes chambres royales, ô prince de tous les rois de la terre ; revêts les robes visibles de ta majesté impériale, prends en main le sceptre universel que ton père t’a transmis, car maintenant la voix de ta fiancée t’appelle, et toutes les créatures soupirent pour être renouvelées485. » Ce cantique de supplications et d’allégresse est une effusion de magnificences, et, en sondant toutes les littératures, vous ne rencontrerez guère de poëtes égaux à ce prosateur. […] L’esprit systématique et lyrique se peint dans le pamphlet comme dans le poëme ; la faculté d’embrasser des ensembles et d’en être ébranlé restes égale en Milton dans ses deux carrières, et vous allez voir dans le Paradis et dans le Comus ce que vous avez rencontré dans le Traité de la Réforme et dans les Remarques sur l’Opposant.

1280. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Si naturellement, en effet, qu’on fasse son devoir, on peut rencontrer en soi de la résistance ; il est utile de s’y attendre, et de ne pas prendre pour accordé qu’il soit facile de rester bon époux, bon citoyen, travailleur consciencieux, enfin honnête homme. […] Mais ce pouvait aussi bien être un homme que nous n’avions jamais rencontré, dont on nous avait simplement raconté la vie, et au jugement duquel nous soumettions alors en imagination notre conduite, redoutant de lui un blâme, fiers de son approbation. […] Dans l’émotion la plus tranquille peut entrer une certaine exigence d’action, qui diffère de l’obligation définie tout à l’heure en ce qu’elle ne rencontrera pas de résistance, en ce qu’elle n’imposera que du consenti, mais qui n’en ressemble pas moins à l’obligation en ce qu’elle impose quelque chose. […] Fondateurs et réformateurs de religions, mystiques et saints, héros obscurs de la vie morale que nous avons pu rencontrer sur notre chemin et qui égalent à nos yeux les plus grands, tous sont là : entraînés par leur exemple, nous nous joignons à eux comme à une armée de conquérants.

1281. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Mais, dès les premiers temps, cette opinion rencontra des adversaires. […] Les blasés qui ont le goût émoussé, le peuple qui l’a tout neuf encore et tout obtus, se rencontrent dans une même curiosité pour la laideur et pour l’horreur, qui ont sur le beau un avantage, le seul, celui de donner momentanément plus d’intensité à cette vie imaginaire d’impressions et d’émotions que l’art suscite en nous, la laideur, parce qu’elle est un désordre qui frappe plus que l’harmonie, l’horreur, parce qu’elle affecte violemment les sens. […] « Tant en y a de voyageurs, les uns à Saint-Claude, à Saint-Méen, antres à Saint-Gervais, Saint-Mathurin, qui ne sont aucunement malades, et ceux-là envoyons pour voir le monde, pour apprendre. » La confrérie a ses asiles : « La rue où nous retirons à Bourges s’appelle la rue des Miracles : car ceux qui à la ville sont tortus et contrefaits, sont là droits, allègres et dispos71. » Ce que sont aux gens du peuple la rue et la cour des Miracles, le cabaret et la tabagie le sont aux gueux de lettres, dont la vie a rencontré sa juste censure dans l’Art poétique de Boileau, et sa trop indulgente chronique dans les vers de Saint-Amant et de Scarron, comme dans la prose de Sorel, de Cyrano et des romanciers du xviiie  siècle. […] Il la clôt en disant : « Les dépouillements que j’ai faits de divers auteurs sont si considérables, que pour les seuls livres des Francs et des Gaules j’ai rassemblé les matériaux de deux gros volumes. » En conséquence, ajoute-t-il, je prie le lecteur, « quand il rencontrera quelque chose qui l’arrêtera, de vouloir bien supposer que cette chose n’est pas de mon invention, et que je n’ai eu d’autre vue que de rappeler un trait de mœurs curieux, un monument remarquable, un fait ignoré ». […] Dans un autre cycle, celui de la barbarie du Nord, se rencontreraient le vieux barde de Temrah pleurant ses dieux vaincus, Hervor, la fille d’Angantyr, réclamant son héritage, l’épée ; Hialmar, qui donne message au Corbeau, brave mangeur d’hommes, de porter son cœur tout chaud à sa fiancée, la fille d’Ylmer ; l’ours qui pleure au chant du roi des Runes ; Sigurd le Frank, Brunhild, qui, l’ayant tué, se tue ; Komorl le Jarle de Kemper, par qui finit Tiphaine et lui finit avec elle ; les massacrés de Mona et les Elfes des prairies.

1282. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Je l’ai rencontré à son café habituel, le François-Premier, boulevard Saint-Michel. […] Personne n’a jamais rencontré deux de ces pèlerins ensemble sur la même route. […] Je n’en ai rencontré ni douze, ni six, ni… deux. […] Je les ai à peine rencontrés. […] que les misérables ne brûlent pas plus souvent la cervelle aux millionnaires qu’ils rencontrent… hue !

1283. (1885) L’Art romantique

Tous deux, d’ailleurs, étaient fort lettrés et doués d’un remarquable esprit de sociabilité, ils se rencontraient sur le terrain commun de l’érudition. […] J’y rencontrai tout d’abord l’œuvre artistique par excellence, le drame, dans lequel l’idée, quelque profonde qu’elle soit, peut se manifester avec le plus de clarté et de la manière la plus universellement intelligible. […] Un jour pourtant l’homme peut rencontrer la délivrance, s’il trouve sur terre une femme qui lui soit fidèle jusque dans la mort… Priez le ciel que bientôt une femme lui garde sa foi ! […] … Mais pour que l’infortuné puisse rencontrer encore la délivrance sur terre, un ange de Dieu lui annonce d’où peut lui venir le salut. […] Le pavé sera prochainement inondé de sang. — Vous rencontrez un animal plein de béatitude ; il a sous le bras des bouquins étranges et hiéroglyphiques. — Et vous, lui dites-vous, quel parti prenez-vous ?

1284. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

En décrivant ou une scène mobile ou une perspective de la nature inanimée, ils rencontrent l’idée qu’elle exprime, ils s’unissent au sentiment qu’elle éveille. […] Un fait nous frappera : l’homme, à lui seul, n’a jamais rencontré qu’une partie de la vérité. […] Cette nature que nous rencontrons dans les individus, tantôt bonne, tantôt mauvaise, qu’en fera-t-on dans la dernière alternative ? […] Dans son livre, le spiritualiste et le matérialiste se rencontrent, se heurtent sans se reconnaître. […] Cependant il a son caractère à lui, que nous n’avions point rencontré encore.

1285. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Nous écrasions les fourmis qui se rencontraient sous nos bottes. […] Serait-il possible d’apercevoir sous des noms supposés, sous un déguisement inventé à plaisir, des hommes et des femmes de chair et d’os, des figures « parisiennes », des pantins et des poupées rencontrés au bal, coudoyés au vernissage ou aux premières, subis pendant les longs voisinages des grands dîners ? […] Au puits de Sainte-Claire, sous les étoiles de la nuit transparente, l’auteur du Jardin d’Épicure rencontra un aimable cordelier, le R.  […] Il a rencontré là l’ingénieux Ulysse qui lui a exposé son « état d’âme ». […] Georges Rodenbach se prête davantage aux contours fuyants et à la pâleur des silhouettes, entrevues au fond des chapelles et rencontrées parmi les ormes dont le feuillage abrite, au bout de la vieille ville, le sommeil du « Lac d’amour » où glisse la blancheur des cygnes.

1286. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Ce malaise douloureux, ce trouble profond que porte dans l’âme une si sombre et si fausse appréciation des choses en général et de l’homme lui-même, et qu’il ne rencontrait guère dans son propre temps, ni dans les temps dont il lisait l’histoire, Shakespeare les a devinés et en a fait la figure et le caractère de Hamlet. […] Ils n’y pouvaient rencontrer ces traits d’une originalité presque sauvage qui nous saisissent dans les ouvrages que Shakespeare a composés sur des sujets modernes, étrangers aux habitudes actuelles de notre vie, comme aux idées classiques sur lesquelles se sont formées les habitudes de notre esprit. […] Alberto della Scala, second capitaine perpétuel de Vérone, avait inutilement travaillé à les réconcilier ; mais du moins était-il parvenu à les contenir de telle sorte que lorsqu’ils se rencontraient, dit l’historien de Vérone, Girolamo della Corte, « les plus jeunes cédaient le pas aux plus âgés, ils se saluaient et se rendaient le salut ». […] Ses yeux et ceux de Juliette Cappelletto se rencontrèrent bientôt, et, frappés également d’admiration, ils ne cessèrent plus de se regarder. […] Le confident du prince était un nommé Capino qui allait tout préparer pour favoriser la fuite des deux amants, lorsqu’il rencontra Porrus le père supposé de Faunia.

1287. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Vous avez vu de ces beautés vraies et naturelles qui éclatent et se font jour du milieu de la misère, de l’air malsain, de la vie chétive ; vous avez, bien que rarement, rencontré de ces admirables filles du peuple, qui vous apparaissent formées et éclairées on ne sait d’où, avec une haute perfection de l’ensemble, et dont l’ongle même est élégant : elles empêchent de périr l’idée de cette noble race humaine, image des Dieux. […] Il peut se rencontrer quelques traits d’emprunts dans un vrai personnage comique ; mais entre cette réalité copiée un moment, puis abandonnée, et l’invention, la création, qui la continue, qui la porte, qui la transfigure, la limite est insaisissable. […] Lord Southampton, étant arrivé dans la ville, dépêcha son page à l’hôtellerie : « Tu vas aller, lui dit-il en l’envoyant, dans la chambre commune ; là, regarde attentivement tous les visages : les uns, remarque-le bien, te paraîtront ressembler à des figures d’animaux moins nobles, les autres à des figures d’animaux plus nobles ; cherche toujours jusqu’à ce que tu aies rencontré un visage qui ne te paraisse ressembler à rien autre qu’à un visage humain.

1288. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Si vous rencontrez un intestin propre à digérer de la chair seulement et de la chair récente, l’animal a des mâchoires construites pour dévorer une proie, des griffes propres à la saisir et à la déchirer, des dents propres à la couper et à la diviser, un système d’organes moteurs propres à l’atteindre, des sens capables de l’apercevoir de loin, l’instinct de se cacher pour la surprendre, et le goût de la chair. […] Il s’est rencontré sur notre chemin des sensations, celles du toucher, de l’odorat et du goût, dans lesquelles nous n’avons pu distinguer les sensations élémentaires, et tout ce que nous a permis l’analogie, c’est de penser qu’il y en avait. […] Par conséquent, le caractère transitoire ou permanent qui se rencontre dans le premier se rencontrera aussi dans le second.

1289. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Cela revient à dire que, comme tout poète, il est, depuis les premiers balbutiements de sa conscience, dans des rapports si étroits avec le secret des choses qu’il devait y rencontrer les dieux et entrer en familiarité avec eux. […] C’est chez Guillaume Apollinaire que nous nous rencontrâmes. […] Il n’était de ne pas rare de rencontrer des gentilshommes disposant d’une bibliothèque nombreuse que leurs copistes particuliers augmentaient lentement.

1290. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Trois semaines après, par une péripétie qui se rencontrera plus d’une fois dans sa carrière et qui en est, si l’on y prend garde, la mauvaise étoile et comme le guignon dominant, dans un camp perdu, loin de toute ville, il était saisi du mal qui sera son ennemi familier, le choléra le terrassait : « Ô mon Dieu, comme je regrettais les balles de Constantine ! […] Ceux qui avaient rencontré le général Bugeaud à Paris avant sa grande et dernière renommée ont eu quelque effort à faire avant de le placer dans leur estime à la hauteur où la reconnaissance du pays l’a justement porté.

1291. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Je le rencontrai un soir chez Hugo, car les familles se connaissaient ; mais on ignorait chez Hugo que Musset fît des vers. […] Je trouverai quelque douceur à vous les redire au premier jour où il me sera donné de vous rencontrer. — Tout à vous et de tout cœur, Pasquier. »

1292. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Ces tristes fables d’Esope, qui se sont jouées dans l’imagination grecque pendant tant de siècles, n’ont pas rencontré dans leur nation un poëte qui les abritât sous son génie. […] Je veux auparavant jeter ma rage sur vous et sur votre chameau. — Soyez juste, répliqua l’homme, et dites-moi s’il est permis de récompenser le bien par le mal. — Je ne ferai en cela, repartit la couleuvre, que ce que vous faites tous les jours vous-même, c’est-à-dire reconnaître une bonne action par une mauvaise, et payer d’ingratitude un bienfait reçu. — Vous ne sauriez, dit l’homme, me prouver cette proposition, et si vous rencontrez quelqu’un qui soit de votre opinion, je consentirai à tout ce que vous voudrez. »184 Donnons-nous le plaisir de décomposer tout à loisir la fable de La Fontaine ; elle est peut-être la plus longue de l’ouvrage, et cette multitude de détails ne fera que rendre plus sensible l’unité du tout.

1293. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

L’auteur du Décaméron n’avait pas trouvé son ami chez lui en arrivant à Pavie, mais il avait rencontré son gendre Brossano en chemin et il avait rendu visite à Francesca, fille de Pétrarque. […] Je rencontrai, par hasard, en chemin François de Brossano ; il a dû vous dire quelle fut ma joie.

1294. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

II J’ai dit tout à l’heure : Amusons-nous un peu avec le plus charmant poète de ce triumvirat d’hommes de lettres romains composé de Cicéron, d’Horace et de Virgile ; c’est qu’en effet la société d’Horace est une des sociétés d’esprit les plus aimables que l’on puisse rencontrer dans tous les siècles de l’antiquité ou des temps modernes. […] Chaque fois que j’ai rencontré un homme, comme on en rencontre beaucoup, dont La Fontaine est le catéchisme et dont Horace est le manuel, je me suis défié et éloigné de cet homme ; je me suis dit : Ou cet homme n’a pas assez de sérieux dans l’esprit pour comprendre que l’agrément n’est pas le fond de la vie, ou cet homme n’a pas assez d’aversion pour ce qui est moralement dépravé dans l’art des lettres.

1295. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Jamais l’amour et la bonté n’ont expié à un tel prix le malheur d’avoir rencontré un tel avilissement dans une telle ingratitude. […] Il prit le logement et la table dans une pension d’hôtes à bas prix, tenue par une pauvre veuve, dans une de ces ruelles obscures qui entouraient alors le jardin solitaire du Luxembourg ; il y rencontra une jeune ouvrière de province, nièce de l’hôtesse, venue à Paris pour y vivre de son aiguille.

1296. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

XVIII Ce dialogue a lieu entre Échécratès et Phédon, deux amis de Socrate ; ils se rencontrent à Phliunte, ville de Sycionie, quelque temps après la mort de leur maître. […] C’est aussi notre humble opinion, et nous sommes fier de la rencontrer dans Socrate.

1297. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Et un matin, revenant d’une pleine eau dans la Méditerranée, à l’une de ces trois femmes rencontrée sur le seuil de sa chambre, une femme de trente-cinq ans, une magnifique créature, il jetait un de ces baisers où l’on jette son âme… Ce furent une fontaine de délices, puis des larmes, puis des lettres, puis plus rien. […] Samedi 8 septembre … Battant les rues, cette nuit, nous rencontrons deux jeunes filles, portant ces chapeaux qu’on voit dans les estampes à l’aquateinte d’après Lawrence, ces grands chapeaux d’où pend une dentelle noire, dont les pois semblent faire danser sur la figure des femmes des grains de beauté… Nous nous attablons avec elles, dans un jardin de café, et leur offrons une glace, un fruit, n’importe quoi.

1298. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

De plus, d’après la théorie de l’origine des genres que j’expose plus loin, on verra que nous ne pouvons espérer de rencontrer très souvent des différences génériques dans nos productions domestiques. […] Je n’ai jamais rencontré un amateur de Pigeons, de Poules, de Canards ou de Lapins qui ne fût convaincu que chaque race principale descend d’une espèce distincte.

1299. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Quelquefois il erre soucieux, inquiet, promenant ses regards autour de lui, saisissant tout, renonçant à tout, prenant, quittant toutes sortes d’instrumens et de vêtemens jusqu’à ce qu’il ait rencontré celui qu’il cherche et que l’énergie naturelle et secrète ne lui désigne pas, car elle est aveugle. […] " c’est la présence d’un dieu qui se fait sentir sur la surface de la terre, au fond des mers, dans la vaste étendue des cieux ; c’est de là que les hommes, les animaux, les troupeaux, les bêtes féroces reçoivent l’élément subtil de la vie, tout s’y résout, tout en émane, et la mort n’a lieu nulle part. " tout ce que vous rencontrerez dans les poëtes du développement du chaos et de la naissance du monde lui conviendra.

1300. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Rien n’est doux, dans la vilaine besogne d’un compte-rendu, comme de rencontrer un vraiment bon tableau, un tableau original, illustré déjà par quelques huées et quelques moqueries. […] Dupont Nous avons rencontré un pauvre petit portrait de demoiselle avec un petit chien, qui se cache si bien qu’il est fort difficile à trouver ; mais il est d’une grâce exquise

1301. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

À ce titre, et dans cet ordre de sentiments, ce que le poëte thébain avait peine à rencontrer au travers de l’éclat des fêtes, ce que le voluptueux Horace cherchait encore moins, sera dans la poésie le feu sacré de l’évêque des premiers temps. […] Voici ce langage nouveau : « L’âme est un souffle de Dieu ; elle a, quoique céleste, admis le mélange de l’élément terrestre, lumière enfouie dans un antre obscur, mais divine et immortelle. » Parmi bien d’autres effusions poétiques de Grégoire de Nazianze, toutes pleines de l’esprit, souvent des expressions littérales de l’Écriture sainte, se rencontrent aussi de véritables hymnes, offrandes de l’évêque à son église, ou pieuses exclamations de sa solitude.

1302. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

C’est ainsi qu’à distance les âges héroïques se rencontrent, et que les poésies, si inégales et si différentes qu’elles soient, se répondent par certains accents et par le cœur.

1303. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Le peintre en lui et le chrétien se sont rencontrés : Oh !

1304. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Heureux du moins est-il, et favorisé entre tous, au milieu de ses succès mêlés et de ses labeurs, puisqu’il a rencontré le rayon !

1305. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Déjà il était dans le golfe de Lyon et près du port, quand le navire barbaresque fut rencontré par un corsaire espagnol, qui le força de se rendre et qui le conduisit à Rosas en Catalogne.

1306. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Dans le dernier discours qu’il tint devant l’assemblée des États-Généraux, à la veille de la conclusion (18 mars 1609), le président Jeannin les convie à ne plus différer, et en des termes remarquables : Vous ne rencontrerez jamais, leur dit-il, tant de choses conjointes ensemble pour vous aider à entretenir un traité avantageux comme à présent.

1307. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Tout protestant éclairé, en faisant ses réserves sur les points d’histoire, avouera avec respect qu’il n’a jamais rencontré deux pareils adversaires.

1308. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Vicq d’Azyr pourtant rencontra à cet âge des obstacles, et il ne sut pas toujours les prévenir et les éluder.

1309. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Vers la fin, il semble avoir tenté quelque chose d’impossible ; il exigeait trop de lui-même, il voulait mettre à des tableaux de nature une expression tirée du plus profond de l’âme, et qu’il faut rencontrer plutôt que l’aller chercher si loin.

1310. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

M. de Chateaubriand, dans le Génie du christianisme, rencontrait tout d’abord l’ouvrage de Dante au premier rang des poèmes chrétiens dont il devait désirer établir l’excellence, sinon la prééminence sur les poèmes anciens.

1311. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Pour composer une Énéide, il faut le talent d’abord ; il faut aussi que le temps et les princes y soient propices ; et rien de cela ne se rencontrait au berceau de La Franciade.

1312. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

J’en sais de nos jours, j’en ai rencontré plus d’un, même avant l’édition présente, qui est destinée à les rallier, à en accroître le nombre, et qui peut ressembler à une revanche ou à une victoire.

1313. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Qui eût dit à Bussy, à ce bel esprit et cette belle plume de l’armée et de la Cour, qu’il avait en son temps un rival et un maître de narration aiguisée et naïve dans ce bourgeois gausseur qu’on rencontrait partout et qui n’était déplacé nulle part, celui-là l’eût certainement fort étonné, et il ne l’aurait pas cru.

1314. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

De Brosses, visitant, de compagnie avec son ami Sainte-Palaye, la Bibliothèque de Modène sur la fin de l’hiver de 1740, y avait rencontré le docte Muratori : Nous trouvâmes ce bon vieillard, dit-il, avec ses quatre cheveux blancs et sa tête chauve, travaillant, malgré le froid extrême, sans feu et nu-tête dans cette galerie glaciale, au milieu d’un tas d’antiquités ou plutôt de vieilleries italiennes ; car, en vérité, je ne puis me résoudre à donner le nom d’antiquité à tout ce qui concerne ces vilains siècles d’ignorance.

1315. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

La matière existait toute brûlante et en fusion : elle aurait pris forme si le metteur en œuvre s’était rencontré.

1316. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Guizot, qu’il en cherche évidemment l’emploi et les occasions, et qu’à propos des morts de chaque année qu’il passe en revue, il trouve moyen de jeter le filet sur des noms qu’il ne rencontrerait pas directement dans son chemin : on ne se plaint pas du hors-d’œuvre.

1317. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Biot, Saint-Just était effectivement en mission dans le Nord, et il a bien pu se rencontrer en route avec le jeune soldat, plus ou moins déserteur pour cause de maladie.

1318. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Aller en Grèce quand une tache morale vous avait atteint et avait rejailli jusqu’à votre front, quand une de ces fautes de jeunesse ou l’un de ces malheurs de nature (comme il s’en peut rencontrer, même chez les organisations distinguées) vous avait fait tristement faillir et vous exposait à rougir sans cesse au milieu des vôtres, c’était se relever à l’instant, c’était expier et réparer aux yeux de tous, c’était, par une vaillance noblement et saintement employée, se retremper dans l’estime publique et se refaire une vertu.

1319. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Et d’abord il n’y a nul doute qu’il devait se rencontrer dans Don Quichotte quantité d’allusions satiriques et fines que les contemporains saisissaient au passage et qui nous échappent aujourd’hui.

1320. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Montesquieu, on le sait, faisait grand cas de Florus pour l’avoir beaucoup rencontré au sujet des Romains, et il avait retenu plus d’un trait de lui, grâce à cette forme épigrammatique et brillante que lui-même il affectionnait53.

1321. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Vous avez mis la terre entre nous ; n’y mettez pas le ciel, et laissez-moi l’espérance de vous rencontrer enfin là où rien ne pourra plus séparer le frère de sa sœur. » Il suivit le conseil : « Non, répondit-il, je ne mettrai pas le ciel entre nous, après y avoir mis la terre ; ce serait me condamner deux fois à l’enfer. » Il quitta Paris, « ville néfaste » ; il lui fit des adieux maudits comme jamais n’en firent le poëte Damon ni JeanJacques ; il revint à Belley un moment ; puis il alla dans le Dauphiné au sein des Alpes, dans le voisinage de sa patrie.

1322. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Louis XIV mort, il ne cessa de pousser sa fortune ; il s’y rencontra encore de légères et courtes vicissitudes ; mais, depuis le ministère du cardinal de Fleury, il n’avait cessé d’avoir le vent en poupe.

1323. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Mais ici il rencontra les éternelles difficultés auxquelles vient se heurter tout homme d’initiative et d’invention au début de la carrière.

1324. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

De retour à Paris, il put suivre les cours de l’école, alors libre, qui menait aux ponts et chaussées, aux mines, aux armes savantes, et il y rencontrait, comme camarade, celui qui fut le général Bernard, et dont l’éloge l’a ramené à ce touchant souvenir.

1325. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

C’est à cette naïveté qu’il devrait s’en tenir, même dans les compositions plus hautes, et il la rencontrera dès qu’il ne forcera plus à des sujets mal assortis la vocation de son talent.

1326. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

pouvait-il s’en rencontrer un, vers 1710 ?

1327. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Les poëtes particulièrement (notons ceci) sont très-sujets à rencontrer d’honnêtes personnes, d’ailleurs instruites et sensées, mais qui ne semblent occupées que de les détourner de leur vrai talent.

1328. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Retrouver aujourd’hui cette prononciation enfantine, entendre sa voix comme je l’ai entendue dans ce passé effacé, lointain, où les souvenirs ne rencontrent que la mort, cela me fait peur ».

1329. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Les plus grandes découvertes ont été faites dans la retraite de l’homme savant, et les plus belles actions, inspirées par les mouvements spontanés de l’âme, se rencontrent souvent dans l’histoire d’une vie inconnue ; c’est donc seulement dans son rapport avec celui qui l’éprouve, qu’il faut considérer la passion de la gloire.

1330. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

En somme, « le système nerveux n’est qu’un appareil de perfectionnement », et l’événement moral, dont il est la condition et dont son mouvement est le signe, est un groupe compliqué et organisé dont les éléments et les rudiments peuvent aussi se rencontrer ailleurs. — Nous pouvons donc, en suivant les analogies, descendre encore beaucoup plus bas dans l’échelle des êtres.

1331. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Dans ses lettres, dans ses dissertations, il a offert à son siècle, enveloppés d’éloquence, les lieux communs qu’il avait, au cours de ses lectures, rencontrés dans les historiens, les orateurs, les poètes, les Pères de l’Église.

1332. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Il y a des littératures qui, mieux que la nôtre, ont rencontré les véritables conditions de la beauté littéraire, parce qu’elles ont été franchement nationales et chrétiennes.

1333. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Surtout elle est slave autant qu’on peut l’être ; elle est beaucoup plus slave que tous les Slaves que j’ai jamais rencontrés et qui souvent étaient Slaves… comme la lune.

1334. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Malgré cela, il peut se rencontrer tel système de critique, tel ensemble de jugements qui vaille pour d’autres encore que pour celui qui les a formulés, qui « fasse autorité », comme on dit.

1335. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

La bonne-maman d’Athis et le grand-papa Sallé se rencontraient tous les soirs au coucher de leur petit-fils ; le vieux braconnier, son bout de pipe noire rivé au coin de la bouche, l’ancienne lectrice au château, avec ses cheveux poudrés, son grand air, regardaient ensemble le bel enfant qui se roulait devant eux sur le tapis et l’admiraient autant tous deux89.

1336. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

N’est-il pas tout naturel qu’il commence par user du langage qui lui est habituel et qu’on s’attend à rencontrer dans sa bouche ?

1337. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Eugène Montfort Depuis que l’objet de cette enquête est connu, j’ai rencontré plus d’un lettré disant : « Mais certainement, à présent, l’Académie s’ouvrirait devant Flaubert et devant Baudelaire… » Le lettré poursuivait : « Peut-être pas, d’ailleurs, devant des auteurs représentant aujourd’hui ce que Flaubert et Baudelaire représentaient de leur temps… » Opinion, à mon avis, mal fondée.

1338. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Et puis, sur les quatre ou cinq heures après minuit, les femmes se viennent coucher dans un appartement séparé de celui du mari, en telle sorte qu’un pauvre diable d’homme est quelquefois six semaines sans rencontrer sa femme dans sa maison ; et vous le voyez courir les rues à pied, pendant que madame se sert du carrosse pour ses plaisirs.

1339. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

La belle âme de Philon se rencontra ici, comme sur tant d’autres points, avec celle de Jésus.

1340. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

II Avant d’aborder l’imagination et la mémoire qui sembleraient devoir suivre immédiatement, nous rencontrons une étude sur les mots, les parties du discours, l’acte de dénommer en général (naming), qui nous paraît la partie la plus vieillie du livre.

1341. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Ces sortes d’exécutions sommaires, quand l’idée en vient en Amérique (et elle vient quelquefois), ne rencontrent que peu de résistance, par l’absence de force armée.

1342. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Or on peut présumer que ces deux circonstances heureuses auront d’autant plus de chance de se rencontrer que l’entité quelconque, individuelle ou collective, où s’exercera la conception bovaryque sera de formation plus récente, c’est-à-dire, en même temps plus riche en force virtuelle et plus pauvre en perfection héritée, plus simple et moins déterminée.

1343. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Personne ne s’est formalisé de cette prétention. « L’entrepreneur » n’a exigé aucun serment maçonnique de ma part, et l’on ne m’a point fait jurer sur les mânes de Basile d’exterminer la probité et le talent, partout où je les rencontrerais : ce qui n’a pas laissé de me surprendre un peu, après ce que vous m’aviez dit, toi et l’ami Jacques : il est vrai (je viens de l’apprendre) qu’on avait refusé trois ou quatre manuscrits de Jacques pour insuffisance d’orthographe.

1344. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Il ne pouvait pas être un succès uni comme le plat de la main, facile à enlever comme un ballon dans lequel il n’y a personne, fluant, sans rencontrer d’obstacle, comme une inondation de bêtise satisfaite rappelant, par exemple, le grand succès de feu Ponsard, dont la Lucrèce fut d’abord un succès de lecture dans je ne sais plus quel salon et qui devint célèbre du soir au matin, tant cet adorable médiocre de Ponsard était délicieusement en accord parfait avec la médiocrité universelle, qui décide de tout dans un pays où la majorité fait loi.

1345. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Exemple encore : toutes les figures secondaires de cette œuvre, où la Comédie, malgré le Drame, est en dominance, et entre autres cette excellente tête du baron Claudius, cette figure si moderne, qui fait de la haute politique en s’occupant d’assiettes cassées et parle de transformations sociales en cherchant de vieux pots… C’est vraiment parfait ; nous l’avons tous rencontré, ce fantoche.

1346. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Vous croyiez rencontrer un peintre ; vous subissez les élucubrations d’un antiquaire, révélateur de vieux manuscrits.

1347. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

J’eus le plaisir de rencontrer dans le manuscrit de la Bibliothèque royale les autographes de ces lettres, au nombre de six, écrites pour la plupart de la main de Leibnitz ou corrigées et signées par lui.

1348. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

La poésie nous donne d’abord et à tout le moins un sentiment particulier, qui doit se retrouver dans toute rêverie et ne pas se rencontrer ailleurs, le sentiment de rêver. […] Pendant que j’écris ces lignes, auxquelles je m’applique pourtant, que d’images me passent par l’esprit, que je ne remarque pas, portant toute mon attention sur les idées utilisables que je puis rencontrer ! […] Souvent même le rêveur cherche une sorte de mise en scène, il aime à s’entourer des objets dont il a éprouvé par expérience la vertu poétique ; il ira chercher la rêverie dans les lieux où il l’a rencontrée déjà ; il y retrouvera des images éparses et flottantes, fils légers auxquels il renouera ses nouveaux rêves. […] Sans doute l’écrivain peut renoncer à ces idées rencontrées chemin faisant, les éliminer après coup ; il est rare pourtant qu’il le fasse : ces idées de distraction sont d’ordinaire si intéressantes qu’il en coûterait trop de les sacrifier. […] Naturellement les premiers se rencontreront en plus forte proportion chez les poètes, tandis que les seconds y seront plus rares.

1349. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Aussi, dans les longues études où les paupières se closent alourdies de sommeil sur des livres indigestes, dans les exercices où le fusil pèse plus lourdement à l’épaule, dans les repas coutumiers où les couteaux s’ébrèchent dans la viande, c’est vers l’infirmerie que se tournent les regards suppliants, que les désirs partent à pleines volées, ainsi que vers le pays du Kief éternel et des béates paresses… S’il ne se rencontrait dans le jardin un vieux sergent moustachu qui fait les cent pas, la pipe aux lèvres, et de çà de là quelques pantalons rouges vaguant dans les couloirs, il serait impossible de se croire encore à l’École. […] C’est de la bonne et saine littérature que tout le monde peut lire sans crainte d’y rencontrer les violences et les crudités réalistes du jour. […] Mais voilà que j’entends des éclats de voix, des éclats de rire dans la cour de la maison… Je regarde de loin ; c’était Pauline qui rentrait poursuivie par deux officiers de chasseurs à cheval… Elle les avait rencontrés sur la route, et voyez le guignon, ils la connaissaient tous les deux… Elle avait voulu se sauver, mais ils avaient couru après elle jusque dans la cour de la maison. […] J’avais dans le cœur un trésor véritable de dévouement, de passion et de respect que je n’entendais pas placer légèrement. — Enfin, une femme se rencontra que j’aimai comme elle voulait être aimée et qui m’aima comme elle voulut.

1350. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Et lorsque vous rencontrerez un homme tranquille dans le péril, serein dans l’adversité, intrépide au sein des orages, qui, placé sur la ligne des dieux, voit les faibles mortels sous ses pieds, le respect n’inclinera pas votre front ? […] » La vie d’Ariste a bien prouvé, jusqu’à ce jour, qu’entre toutes les consolations qu’on pouvait lui proposer, Pithias avait rencontré celle qui convenait à son ami : le temps lui en offrit d’autres qui n’étaient pas moins solides. […] Sénèque adresse ce petit traité, qu’on peut regarder comme son apologie et la satire des faux épicuriens, à Gallion, son frère. « 0 Gallion, mon frère, tous les hommes veulent être heureux ; mais tous sont aveugles lorsqu’il s’agit d’examiner en quoi consiste le bonheur. » Notre philosophe avait rencontré la vraie base de la morale. […] Suppléer à son silence par une analogie, par une conjecture, ce sera rêver ingénieusement, grandement, si l’on veut, mais ce sera rêver ; pour une fois où l’homme de génie rencontrera juste, cent fois il se trompera, et délayera une ligne vraie dans des volumes de mensonges séduisants. […] Il ne croisa jamais aucun de ses censeurs sur le chemin de la fortune qu’il ne fréquente pas, ni sur celui de la vertu et de la considération, où il désirerait de les rencontrer.

1351. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Les Goths racontaient qu’un de leurs rois avait relégué, au fond de la Scythie, des sorcières qui y avaient rencontré les démons errants dans les steppes. […] Plus tard encore, quand il se fut cloîtré tout à fait derrière les grilles de son donjon de Plessis, et qu’il ne chassait plus qu’aux souris avec de petits chiens dressés tout exprès à ce jeu de chats, il prenait plaisir à descendre dans les offices et à causer avec ceux qu’il y rencontrait. — Un jour il trouve dans sa cuisine un enfant qui tournait la broche. […] D’autres fois, ils se rencontrent devant un ouvrage, que l’un d’eux vient de terminer. […] Lorsqu’il rencontrait une femme de qualité, le flagellant devait se frapper de manière à lui éclabousser de sang le visage ; cette courtoisie lui valait un gracieux sourire, Quelquefois, deux chevaliers de la discipline, escortés de laquais et de pages portant des flambeaux, se rencontraient sous le balcon d’une même femme. […] Qui a rencontré sur son chemin une de ces vieilles horrifiques en est resté médusé.

1352. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

D’un bout à l’autre de l’œuvre de Hugo, quoiqu’en des proportions différentes, les trois souffles se rencontrent dans un même recueil et parfois se mêlent dans une même pièce. […] George Sand, qui n’était pas prude, l’ayant rencontré lors de son voyage en Italie avec Musset, fut révoltée de la crudité de son langage. […] À la clinique, on s’attend à rencontrer des malades ; dans les traités spéciaux, on s’attend à trouver la description de cas morbides ; c’est ce qu’on y est venu chercher. […] Ce « n’était qu’une fille de la terre, dit-il d’une femme qu’il a rencontrée dans ses pérégrinations, avec des dents blanches sous de longs anneaux noirs tombant aux joues brunes, et des yeux hardis. […] Et tandis que d’autres n’avaient rencontré l’image de leur héros que dans les vers des poètes et dans les vignettes des éditions romantiques, lui, il l’avait vu de ses yeux ; car il avait croisé, dans les rues de Caen, Georges Brummel !

1353. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Enfin, dirai-je pour terminer, j’ai rencontré comme cela était fatal, la théorie réaliste ou naturaliste. […] Cette proposition ne peut rencontrer beaucoup de contradicteurs. […] Les directeurs se plaignent de ne pas rencontrer de chefs-d’œuvre ; mais ont-ils la conscience de faire tout ce qu’il faut pour trouver, non des chefs-d’œuvre qui sont toujours choses rares, mais seulement des pièces véritablement estimables ? […] Il n’y a, dans les arts, qu’un petit nombre de principes ; nous ne devons donc pas ici rechercher et rencontrer de lois esthétiques différentes de celles que nous avons déjà mises en lumière. […] Qu’importe qu’ils se rencontrent ici ou là, dans un décor représentant un appartement ou une place publique !

1354. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Ces déchets errent, en proie à leur conscience vacillante, dans les limbes de l’indécision… Tu te rappelles : Dante les rencontra lorsqu’il descendit aux enfers. — D’autres, il est vrai, dépassent le but. […] Explique-moi maintenant pourquoi tu agis contre les détenteurs du pouvoir, pourquoi aussi je t’ai rencontré dans cette boutique où, d’après ton inscription sur la tonne, il n’y a que fraude, mensonge et catastrophes imminentes. […] … Reste près de moi : elles te dévoreraient… Es-tu donc tellement faible qu’il suffise d’une chair féminine rencontrée pour que tu retournes à l’instinct ? […] Le soir venu, si je me sens fatigué ou si je me trouve trop loin de chez moi, je soupe et je couche à la première auberge rencontrée… Tiens ! […] En venant ici, j’ai rencontré un homme en guenilles, gisant au bord de la route.

1355. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

parmi eux, combien en ai-je rencontré qui, purs, éclairés, savants et fervents, tout nourris de la moelle sacrée des Basile et des Chrysostome, capables d’être prêtres et des meilleurs, n’osaient prendre sur eux le ministère de l’autel et se rabattaient à ne vouloir jamais être que diacres ou acolytes ! […] La ville prise, elle et sa mère se hâtaient sur la route de Lyon, quand elles rencontrèrent quelqu’un de leur connaissance qui leur annonça que Johannot était mort dans les prisons : cette nouvelle leur perce le cœur ; la mère refuse de faire un pas de plus, la fille veut aller chercher le corps de son père ; elle chemine pleurant ; puis au loin, sur la route, elle aperçoit… son père lui-même vivant et délivré ; qu’on juge des émotions de ces tragédies !

1356. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Quand Rousseau eut été obligé de fuir de Montmorency après sa publication de l’Émile, elle lui écrivait, en lui parlant de l’état des esprits, de réchauffement des têtes dans un certain monde, et en lui rapportant une conversation qu’elle avait eue à son sujet avec un magistrat : « Si vous n’y étiez pas intéressé, nous ririons de voir les protecteurs de la religion et des mœurs s’élever contre le seul écrivain de ce siècle qui ait écrit utilement en leur faveur ; qui ait bien voulu s’élever contre le matérialisme que le bien seul de la société devrait proscrire… » Elle tenait tête dans le monde, quand elle les rencontrait, à ceux qui attaquaient l’Èmile dans un sens ou dans un autre, dans le sens de d’Holbach ou dans celui de la Sorbonne et du Parlement. […] Voilà sans doute pourquoi on estime peu la vieillesse, et on a raison ; car on ne fait de grandes choses que par l’amour de la gloire. — Nos petits-enfants en sont pourvus : votre Théophile (Théophile Bremond d’Ars, son petit-neveu) a toutes les vertus des temps jadis : je désire qu’Hector (Hector Le Veneur, son petit-fils) l’ait rencontré à Postdam… » On voit, par ces lettres, que jusqu’à la fin celle qui se qualifiait « votre antique parente » avait conservé la chaleur du cœur.

1357. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

On retrouve là tant d’images prodiguées et usées depuis, mais qui s’y rencontrent toutes fraîches et à leur source. […] Ces détails mêmes, relatifs à un ancêtre illustre qui fit jaillir de terre une fontaine, ne sortent pas du ton, et la description des ormes et peupliers, accompagnement naturel de cette fontaine, jette tout d’abord de l’ombre. — « Nous n’avions pas encore achevé, poursuit-il, la moitié du chemin, et le tombeau de Brasilas ne nous apparaissait pas encore, que nous rencontrâmes un voyageur de bonne race qui allait toujours en compagnie des Muses, Lycidas de Crète, c’était son nom ; il était chevrier, et on ne pouvait s’y méprendre en le voyant. » Suit un compte minutieux de l’accoutrement du personnage ; car, comme ce chevrier cette fois n’en est pas un, et que c’est un poète déguisé sous ce nom, Théocrite prend peine à soigner le costume et à le faire paraître vraisemblable : « De ses épaules pendait une blonde peau de bouc à longs poils, qui sentait encore la présure ; autour de sa poitrine un vieux manteau se serrait d’un large baudrier, et de sa droite il tenait un bâton recourbé d’olivier sauvage.

1358. (1929) Dialogues critiques

Pas plus que les louanges qu’ils peuvent distribuer prodigalement à tous les jeunes et vieux confrères qu’ils rencontrent là, sans même les avoir lus. […] Deux esprits aussi différents que Léon Daudet et Paul Souday se sont rencontrés sur ce propos.

1359. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

III La grande affaire pour un artiste est de rencontrer des sujets qui conviennent à son talent. […] Je mourrai cette nuit ; —  baissez-vous, et faites semblant de m’embrasser avant que je meure1534. —  Elle se retourna ; elle s’arrêta ; —  elle se baissa ; et avec un grand tremblement de cœur, —  nos lèvres se rencontrèrent.

1360. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« Solitaire et pensif, les lieux les plus déserts je vais mesurant à pas lourds et lents, et je promène attentivement mes regards autour de moi pour éviter la trace de tout être humain sur le sable ; je n’ai pas de plus grande crainte que de rencontrer des personnes qui me connaissent, parce que, sous la fausse sérénité de mon visage et de mes paroles, on peut découvrir trop facilement du dehors la flamme intérieure qui me consume ; en sorte qu’il me semble désormais que les montagnes, les plaines, les rives des fleuves, les fleuves eux-mêmes et les forêts savent ce qui s’agite dans mon âme, fermée aux regards des hommes. […] « Je désirais la mort », écrit-il ; « j’étais tenté de me la donner ; je redoutais de rencontrer Laure comme le pilote craint l’écueil ; je me sentais défaillir quand j’apercevais cette chevelure dorée, ce collier de perles sur un cou plus éclatant que la neige, ces épaules dégagées, ces yeux dont la nuit même de la mort ne pouvait éteindre le rayonnement ; l’ombre seule de Laure me donnait en passant un frisson ; le son de sa voix ébranlait tous mes sens ! 

1361. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

J’étais déjà prématurément connu littérairement alors ; elle était illustre par son rang, ses malheurs, son goût pour les lettres, son talent pour la musique ; elle voulait me voir ; elle me fit témoigner le désir de me rencontrer, comme par hasard, dans une allée des Cascines, où j’avais l’habitude de me promener à cheval ; elle m’assigna plusieurs fois la place et l’heure. […] VI Nous nous rencontrions souvent à la cour : les convenances politiques ne nous permettaient pas de nous voir ailleurs ; même à la cour, et confondus par le mouvement du salon dans les mêmes groupes, nous ne pouvions pas, sans éveiller les ombrages de la diplomatie, nous adresser directement la parole.

1362. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

En foulant ensemble la feuille dans le même sac, une fois il arriva que les jolis doigts effilés de la jeune magnanarelle se rencontrèrent par hasard emmêlés avec des doigts brûlants, les doigts de Vincent. […] Au sixième chant, Vincent inanimé est rencontré par trois garçons de ferme, qui le portent au mas des Micocoules.

1363. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Les hôtes eux-mêmes se réunissaient et se rencontraient peu dans la maison et dans les jardins, excepté à l’heure du dîner et après la sieste, qui se prolongeait jusqu’au penchant du soleil sur l’horizon de l’Adriatique. […] On redescendait alors pour se rencontrer sur les terrasses, et pour commencer nonchalamment une seconde matinée, jusqu’à l’heure où le soleil touchait presque à la mer, où la première rosée du soir mouillait l’herbe, et où l’on annonçait que la calèche était attelée pour la promenade du soir, aussi régulière que le coucher du soleil.

1364. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

C’est hasard si nous n’avons pas encore rencontré leurs pareils. […] Des mains de ce maître vénéré il était passé dans celles d’un jurisconsulte profond30, qui, magistrat en retraite, consentait, à la prière de sa Compagnie, à siéger au parlement, « pour rendre justice par charité pour les parties. » Par M. de Gaumont, Fleury connut Lefèvre d’Ormesson, Lamoignon, Bourdaloue, Boileau, et rencontra Bossuet qui le conquit à l’Église.

1365. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Il l’a rencontré dans ses solitaires promenades « sous les grands arbres de la forêt de Saint-Germain », et il l’a dépeint sous les traits d’un homme des bois. […] Ainsi, une jeunesse où se rencontrent l’apostasie, le vol domestique, des innocents dénoncés, un ami malade abandonné dans la rue, le tort de vivre aux dépens d’une femme menacée de la pauvreté118 ; un âge mûr qui débute par la plus grande des fautes ; un peu de folie peut-être ; voilà de quel fond se forma cet esprit d’utopie qui, servi par beaucoup d’éloquence et par une logique vigoureuse, a fait tant de dupes, et parmi ces dupes tant de victimes, et empêché tant de bien par la passion insensée de la perfection.

1366. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Il ne rencontrait pas un enfant pauvre sans lui jeter la petite monnaie kesitha ; il était « le pied du boiteux et l’œil de l’aveugle. » C’est de cela qu’il a été précipité. […] Comme Pythagore, il a fréquenté les deux écoles mystérieuses de l’Euphrate, Neharda et Pombeditha, et il a pu y rencontrer des docteurs juifs.

1367. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Mais ce à quoi on ne devait s’attendre, c’est de rencontrer chez le soldat des guerres de l’empire, cette humanitairie qui, sur la lyre de Victor devait se substituer au roi et au catholicisme. […] Mais Hugo, et c’est là son plus sérieux titre à la gloire, sut mettre en contradiction si flagrante ses actes et ses paroles, qu’il ne s’est pas encore rencontré en Europe et en Amérique un politicien pour démontrer d’une manière plus éclatante la parfaite innocuité des truculentes expressions du libéralisme.

1368. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Alfieri s’était rencontré partout sur ses pas. […] Il inspirait à ceux qui le rencontraient un respect mêlé d’une superstitieuse terreur ; on voyait en lui un spectre rajeuni de Dante et de Machiavel.

1369. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

À neuf ans, à un âge dont l’innocence ne laisse rien soupçonner d’impur, il rencontra dans une fête de famille Béatrice, jeune enfant, pleine de noblesse et de grâce. […] Là, comme un voyageur attendu à l’arrivée, il rencontrait Béatrice, qui l’avait précédé de quelques jours ; il la voyait telle qu’il se l’était faite dans ses plus beaux rêves ; il la possédait dans son triomphe.

1370. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Il a le bras droit appuyé sur son bouclier, et l’autre porté en avant, vers les rênes qui lui sont présentées. à gauche, une grosse, lourde, massive, ignoble, palefrenière de Bellone se renverse en sens contraire de Mars ; en sorte que les piés de ces deux figures prolongées venant à se rencontrer, elles formeroient un grand v consonne. […] C’est à quelque distance du premier de ces deux édifices que les barques se sont rencontrées.

1371. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Il y a des intervalles de silence entre les sons, car l’ouïe n’est pas toujours occupée ; entre les odeurs, entre les saveurs on trouve des vides, comme si l’odorat et le goût ne fonctionnaient qu’accidentellement : au contraire, dès que nous ouvrons les yeux, notre champ visuel tout entier se colore, et puisque les solides sont nécessairement contigus les uns aux autres, notre toucher doit suivre la superficie ou les arêtes des objets sans jamais rencontrer d’interruption véritable. […] Or, les principales difficultés qu’elles rencontrent l’une et l’autre dans la théorie de la perception dérivent de ce postulat commun.

1372. (1903) La renaissance classique pp. -

La fable qu’il a rencontrée comme par hasard est un germe fécond qui va grandir en se nourrissant de toutes les substances lentement amassées et préparées pour elle dans l’âme de l’évocateur. […] Ensuite, parce qu’il est à prévoir que la propriété collective aura les mêmes appétits et rencontrera les mêmes obstacles que la propriété individuelle.

1373. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Ainsi le prince de Ligne, vif, brillant, étincelant de traits, rencontrait le mieux, mais ne s’y tenait pas ; il avait plus d’imagination que de mesure et de goût.

1374. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Au-dedans du royaume, il cherche encore parmi les princesses ; il nomme sa nièce de Guise, sa cousine de Rohan, la fille de sa cousine de Conti ; à toutes il trouve des inconvénients encore, et conclut à la normande en disant : Mais quand elles m’agréeraient toutes, qui est-ce qui m’assurera que j’y rencontrerai conjointement les trois principales conditions que j’y désire, et sans lesquelles je ne voudrais point de femme : à savoir qu’elles me feront des fils, qu’elles seront d’humeur douce et complaisante, et d’esprit habile pour me soulager aux affaires sédentaires et pour bien régir mon État et mes enfants, s’il venait faute de moi avant qu’ils eussent âge ?

1375. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

La première Dauphine, qui était Allemande et née princesse de Bavière, le dit à Madame en pleurant, mais sans rien oser pour empêcher un tel affront qui les atteignait toutes deux : « Laissez-moi faire, répondit Madame, j’arrangerai cela ; car, lorsque j’ai raison, rien ne m’intimide. » Et le lendemain elle s’arrangea si bien qu’elle rencontra dans le parc une des deux demoiselles soi-disant comtesses palatines : elle l’aborda et la traita de telle sorte (les termes étonnants en ont été conservés) que la pauvre fille en prit une maladie dont elle mourut.

1376. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Chaque ville, chaque vieux château, chaque pan de mur qu’ils rencontrent, est une occasion nouvelle de souvenir et de vive narration : — « Messire Jean, voyez-vous ce mur qui est là ? 

1377. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Mme Dacier continua quelque temps de le défendre avec vigueur, mais contre d’autres ennemis, et en évitant de se rencontrer face à face avec son premier antagoniste.

1378. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

C’est ce qui a lieu pour le duc de Bourgogne, et l’on ne saurait, en traversant les dernières années de Louis XIV, rencontrer cette figure originale, singulière et assez difficile de l’élève de Fénelon, sans se demander : « Que serait-il arrivé de tout différent dans l’histoire, et quel tour auraient pris les choses de la France s’il avait vécu ? 

1379. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Ce sont là de ces coïncidences uniques, de ces harmonies sociales qui ne se rencontrent qu’à de longues distances : Fontanes, au début de son article, en résumait l’accord merveilleux et en traduisait le sens divin, avec autant d’élévation que d’élégance.

1380. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Léon Feugère a également rencontré d’Aubigné dans ses consciencieux travaux sur les prosateurs du xvie  siècle, et s’est arrêté devant lui avec complaisance.

1381. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Les États généraux étant convoqués, il raconte que, le 21 avril 1789, se rendant de sa maison de Chaillot au district des Feuillants pour y nommer des électeurs, il eut, par un jeune homme qu’il rencontra et dont il ne savait pas le nom, le premier avis qu’il y serait nommé l’un des électeurs, lui-même : Je le remerciai de cette opinion et n’y comptai pas plus.

1382. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Ces formes simples et graves, ces coupes nettes et hardies, ces rochers si entiers et si sains dont les larges assises s’alignent en murailles, se courbent en amphithéâtres, se façonnent en gradins, s’élancent en tours où la main des Géants semble avoir appliqué l’aplomb et le cordeau : voilà ce que personne n’a rencontré au séjour des glaces éternelles ; voilà ce qu’on chercherait en vain dans les montagnes primitives, dont les flancs déchirés s’allongent en pointes aiguës, et dont la base se cache sous des monceaux de débris.

1383. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

La France n’est pas assez fière de ces vieilles richesses, qui seraient dès longtemps classiques si on les avait rencontrées chez Thucydide ou tout autre ancien.

1384. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Qui prendrait la peine de lire plume en main Montaigne et d’y relever tout ce qui est dit sur les divers sujets et titres qui se rencontrent dans La Sagesse de Charron, trouverait non seulement le fond et la substance de ses pensées, mais encore la forme même et le détail de son expression.

1385. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Il ne rencontra rien de cela dans Marie de Médicis ; il croyait l’avoir trouvé ou à peu près dans Gabrielle, qui n’était digne d’un tel choix et d’une telle idée qu’à demi ; il l’aurait moins bien trouvé chez la noble Corisandre, dont la beauté un peu fière se fanait déjà, et dont l’esprit tournait à l’aigre et au bizarre.

1386. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Faisons bien, vous et moi : allez par un chemin, et moi par l’autre : et si nous nous rencontrons, ce sera bientôt fait.

1387. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Les Bourdaloue, les Massillon, se rencontrent avec La Rochefoucauld dans la description du mal et dans la science consommée des motifs.

1388. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

On a rencontré d’abord une forêt qui est celle d’Ignorance ; on a peine à en sortir.

1389. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Il se plaint de ne point trouver en lui une ouverture et des sentiments correspondants aux siens, d’y rencontrer plutôt des méfiances ou des timidités : « Mon cher frère, vous me connaissez bien mal, puisque vous croyez que je ne pense pas à vous ; mais ce n’est pas d’aujourd’hui que vous me faites de pareilles injustices, et je remarque de reste que vous n’avez aucune confiance en moi (août 1744). » Il le traite d’ailleurs avec amitié, essaie de l’enhardir en causant librement avec lui par lettres, et se promet de l’initier aux affaires dès qu’il aura quelque intervalle de liberté.

1390. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Il n’avait pas en sa veine de quoi justifier cet autre mot du même poète, et qui porte avec lui sa preuve lumineuse : « Elle vit plus longtemps que les actions, la parole que la langue a tirée d’un esprit profond avec la rencontre des grâces. » Les grâces, il les rencontrait souvent, il les accostait volontiers, mais c’étaient les grâces familières ; et cette autre condition que veut Pindare, la profondeur, était absente.

1391. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Homais, nous l’avons tous connu et rencontré, mais jamais sous une face si fleurie et si triomphante : c’est l’homme important, considérable du lieu, à phrases toutes faites, se vantant toujours, se croyant sans préjugés, emphatique et banal, adroit, intrigant, faisant servir la sottise elle-même au savoir-faire ; M. 

1392. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

J’ose dire être plus propre que qui que ce soit pour cet emploi par le grand nombre d’amis que j’ai en ce pays-là et par l’avantage que j’ai d’être grande d’Espagne, ce qui lèverait les difficultés qu’une autre rencontrerait pour les traitements.

1393. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Il n’y rencontrait à chaque pas que des visages mauvais et durs, qui consternaient sa bienveillance.

1394. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Après un exercice de six années, il acheta un office d’argentier du roi, puis fut trésorier de l’extraordinaire des guerres, puis trésorier des parties casuelles : il avait parfois des traverses ; les gens de finance étaient sujets alors à suspicion et à des accusations fréquentes, trop souvent justifiées ; il en rencontra sur sa route et en triompha par son bonheur et par sa probité.

1395. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Non-seulement il ne devait plus jamais retrouver sa belle, comme on dit, mais il rencontrait : à tout coup le contraire ; pour prix d’un heureux et magnifique moment, il semblait voué au guignon, au contre-temps perpétuel ; il portait malheur à tout ce qu’il touchait.

1396. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Tantôt c’est une beauté non moins éblouissante, mais d’une ambition plus variée, qui sait unir les plaisirs à la politique, le jeu des cabinets et des cours aux intrigues d’éclat, qui mène de front la galanterie et les affaires, et, sur le pied déjà de souveraine, attire à soi les plus graves philosophes politiques ou impose le respect aux plus grandes dames de Paris : qui les a rencontrés une seule fois ne saurait jamais les oublier, ces deux yeux d’une clarté d’enfer et qui faisaient lumière dans la nuit.

1397. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Un voyage et un séjour que Mme de Staël fit aux eaux d’Aix en 1811, et dans lequel elle rencontra Mme la comtesse de Boigne, me rappelle une anecdote qui a été souvent racontée devant moi, et qui donne bien l’idée de ce qu’était cette improvisation prodigieuse d’esprit, cette conversation à la fois naturelle et extraordinaire.

1398. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Maintenant je suis prêt à accepter de grand cœur tout ce que je vais rencontrer de caractéristique et d’intéressant.

1399. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Mais, en attendant, et à part toute discussion, pourquoi, dans ce ramas d’hommes de guerre et d’assiégeants, l’auteur n’a-t-il pas eu l’idée de nous faire rencontrer un Grec, un seul, animé de l’esprit de Gélon, un disciple, par la pensée, des Xénophon, des Aristote, des anciens sages de son pays, un jeune Achéen contemporain d’Aratus, ayant déjà en soi le germe des sentiments humains de Térence, ayant lu Ménandre, et qui, fourvoyé dans cette affreuse guerre, la jugeant, sentant comme nous et comme beaucoup d’honnêtes gens d’alors en présence de ces horreurs, nous aiderait peut-être à les supporter ?

1400. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Ne rencontrerai-je pas une âme, pas un curieux qui me suive, qui me persécute et m’obsède de questions, pourquoi je suis gai, pourquoi je bondis, où je vais, d’où je viens, où j’ai pris cet habit (il est encore déguisé), ce que je cherche, si je suis sain d’esprit ou fou ? 

1401. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Il est bien, en effet, un poète de transition et de l’époque intermédiaire, en ce sens qu’il unit en lui plus d’un ton de l’ancienne école et déjà de la nouvelle : tantôt, dans ses épîtres familières, il rappelle le bon Ducis, également touchant et familier ; tantôt, dans ses petites odes gracieuses, il semble se rattacher et donner la main à Fontanes finissant ; tantôt, dans ses stances méditatives ou ses effusions patriotiques, on dirait qu’il ne fait que côtoyer et doubler Lamartine qui prélude, ou Casimir Delavigne qui commence : tous ces accents divers, ces notes de plus d’un genre se rencontrent tour à tour et naturellement, sans disparate, dans les vers de M. 

1402. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Il ne craint pas même d’y découvrir et d’y voir une sorte de perfection morale naturelle qui ne s’est plus rencontrée depuis ; il y admire une morale primitive et populaire « qui ne se traduisait pas par des préceptes et des sentences, mais qui produisait de si grandes actions et de si grands peuples », — petits en nombre, grands par le cœur.

1403. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Jamais ambition royale n’avait rencontré à son service une vigueur et une faculté ministérielle plus appropriée, plus habile, plus astucieuse, plus violente, plus minutieuse et en même temps plus réglée et plus soumise : ce ne fut que plus tard et à la fin que cette soumission se démentit un peu.

1404. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Mais, vers 1844-1846, il devint une plume active, — cette plume nette, vive, courte et fréquente, qu’on a sans cesse rencontrée depuis, — avec des titres d’articles qui saisissent l’attention, des formules qui piquent et qu’on retient : Les Faiseurs. — Les hommes et les choses. — Changer les choses sans changer les hommes. — Pas de concessions, des convictions., etc.

1405. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Le savant étudie tout ; il cherche ; il recueille les moindres vestiges, ceux que procurent de temps en temps des fouilles heureuses, des trouvailles fortuites, et qui pouvaient aussi bien ne pas se rencontrer.

1406. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Zeller y a puisé avec discrétion, et, en historien qu’il est, il s’est surtout attaché à celles des pensées qui jettent un jour sur les sentiments de Marc-Aurèle empereur, sur ses tristesses secrètes, sur son dégoût final, sur cette difficulté invincible au bien qu’il rencontrait à chaque pas dans la résistance des choses et des hommes.

1407. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Benoît, auteur d’un Discours couronné par l’Académie : « Si, dans nos anciennes causeries, ce sujet (de Chateaubriand) s’est rencontré, vous m’aurez vu sans doute plus affecté que la postérité ne veut l’être de ses défauts qui heurtaient rudement le temps présent, mais qui se fondent aujourd’hui comme des nuances dans le caractère esthétique du grand artiste ou dans la perspective du passé.

1408. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Mais ce qu’il y a de plus curieux, c’est que j’ai rencontré un jour toute une colonie de lépreux, en France même, du côté de Sarrau, dans le Morbihan, et cela peu de temps avant d’écrire mon roman.

1409. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

En joignant à ce calcul la connaissance éprouvée des effets de telle ou telle institution, l’on pourrait fonder les pouvoirs politiques sur des bases à peu près certaines, mesurer la résistance qu’ils doivent rencontrer, et les balancer entre eux, d’après leur action réelle, et l’influence des obstacles sur cette action.

1410. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

À la fin du xviiie  siècle, en vérité, on se trouve si loin du vrai Boileau et des grands artistes auxquels la haute partie de sa doctrine s’appliquait, que quand nous y rencontrons un classique, mais un pur classique au grand et beau sens du mot, selon l’esprit profond de l’Art poétique, un artiste capable de sentir la nature et de créer la beauté, nous sommes tentés d’en faire un révolutionnaire et le précurseur d’un art nouveau.

1411. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

En 1766, elle rencontra Horace Walpole, qui avait vingt ans de moins qu’elle, et qui se sentit un peu embarrassé de cette profonde tendresse qu’il inspirait à une septuagénaire.

1412. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

je suis si peu un critique que, lorsqu’un écrivain me prend, je suis vraiment à lui tout entier ; et, comme un autre me prendra peut-être tout autant, et au point d’effacer presque en moi les impressions antérieures, comme d’ailleurs ces diverses impressions ne sont jamais de même sorte, je ne saurais les comparer ni assurer que celle-ci est supérieure à celle-là  « Mais nous ne tenons point à connaître les émotions que vous donnent les livres ; c’est sur leur valeur que nous désirons être édifiés. » Peut-être ; mais la plus belle fille du monde… Et d’ailleurs, je suis ici d’autant plus incapable de m’élever au-dessus du sentir, que Pierre Loti est, je pense, la plus délicate machine à sensations que j’aie jamais rencontrée.

1413. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Dans les Blasphèmes, vous rencontrerez des souvenirs directs de Lucrèce, de Pline l’Ancien et de Juvénal (je ne parle pas des réminiscences de Musset et de Hugo), et dans la Mer, des morceaux de poésie didactique et descriptive qui vous feront songer, selon votre humeur, soit au Virgile des Géorgiques, soit à l’abbé Delille.

1414. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Comme pourtant le besoin d’une religion est de l’humanité, ils trouvent commode de prendre tout fait le système qu’ils rencontrent sous la main, sans examiner s’il est acceptable 156.

1415. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

À chaque pas, et même à ne voir les choses qu’en profane, on rencontrerait des portraits pleins de vie et de talent (celui du Coq, du Rossignol, par exemple, au livre des Oiseaux) ; à chaque pas on trouve aussi des anecdotes plus ou moins authentiques, mais piquantes, et qui toutes, même dans leurs erreurs, jettent un grand jour sur les habitudes, les manières de voir et les superstitions de l’Antiquité.

1416. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Sainte-Beuve sur son Histoire de la Restauration, M. de Lamartine raconte, dit-on, dans sa réponse, que, le 16 avril, « sa journée et non celle du général Changarnier », il fut rencontré par M. 

1417. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Un jeune homme de dix-neuf ans, qui, passant par Florence, y aurait rencontré l’harmonieux poète, et aurait brûlé de l’interroger sur la réalité de ces tendres sentiments, si voilés de mysticité et de mélodie, peut nous donner quelque idée de ce qu’était Patru dans son pèlerinage auprès de d’Urfé : Lorsqu’en mon voyage d’Italie, raconte-t-il, je passai par le Piémont, je vis l’illustre d’Urfé, et je le vis avec tant de joie qu’encore aujourd’hui je ne puis penser sans plaisir à des heures si heureuses.

1418. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Zumalacárregui a été un de ces hommes séduisants ; il a commandé, et il a été reconnu ; il a eu pour lui l’acclamation populaire, et les supériorités du rang se sont éclipsées ; il n’a rencontré que des seconds et pas de rivaux, et il ne faut pas s’étonner s’il a inspiré de la sympathie même à ses adversaires.

1419. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Étienne avait été heureux ; il avait rencontré l’à-propos, et la fortune lui avait souri.

1420. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Je redoute d’accepter une invitation à dîner en ville, presque sûr que je suis d’y rencontrer quelque officier ou quelque ami d’officier qui, dès qu’un verre ou deux de champagne m’ont mis en bonne humeur, commence son attaque sur moi.

1421. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Dans le premier sujet, plein d’actions coupées et de guerres, il a trouvé des caractères comme il les aime, il a exhumé et peint quelques-uns des défenseurs énergiques des nationalités italiennes : dans le second sujet, où il fallait entrer dans le Sénat et descendre dans le Forum, il a rencontré, en première ligne, le personnage de Cicéron, et c’est ici que, repoussé par le dégoût des lieux communs, il n’a pas rendu assez de justice à cet homme dont on a dit magnifiquement qu’il était le « seul génie que le peuple romain ait eu d’égal à son empire ».

1422. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Un voyage de notre domicile d’alors au bureau du journal, et qui passait en revue, d’une façon fantaisiste, les industries, les officines de produits bizarres, les marchands et marchandes de tableaux et de bibelots que nous rencontrions sur notre route, et entre autres, la boutique d’une femme célèbre autrefois, comme modèle, dans les ateliers de peinture.

1423. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Je regrette que cela n’ait pas eu lieu pour moi à ce moment, mais depuis je les ai pour la plupart rencontrés.

1424. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

C’est ainsi qu’assis dans le théâtre, il réfléchissait longuement, inquiet et troublé, et il dut s’avouer, lui, le spectateur, qu’il ne comprenait pas ses grands devanciers… Dans cette angoisse, il rencontra l’autre spectateur (Socrate) qui ne comprenait pas la tragédie et pour ce motif la méprisait.

1425. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Il lui faut enfin, sinon l’accord des mœurs et des opinions, du moins une telle indépendance entre ces deux forces, qu’elles ne puissent plus se rencontrer pour se combattre ; car nos mœurs ne sauraient s’avancer au niveau de nos opinions ; et l’on ne voudra pas souffrir que les opinions rétrogradent pour marcher d’un pas égal avec les mœurs.

1426. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Il l’eut moins, pourtant, quand il se rencontra avec un autre absolu dans son chapitre sur Macaulay.

1427. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

En ces romans de Μ. de Vielcastel, qui avaient la prétention d’être des livres de caste et des satires de cette caste, ce qui devait affiler le trait et exaspérer la couleur, on parlait identiquement la même langue mondaine que le roman de Feuillet, et on y rencontrait les mêmes inanités que dans la chronique de Bachaumont.

1428. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Jamais, parmi les poètes dont nous savons la vie, et jamais en dehors des poètes, nous n’avons rencontré un homme si continûment désespéré.

1429. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Si, en examinant la question du Sacré-Cœur à ce point de vue légal, nous nous heurtons au vote néfaste du Parlement, en scrutant l’essence du symbole lui-même, nous rencontrons d’aussi incontestables objections.

1430. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Ces jours derniers, il rencontra les articles que vous venez de parcourir, cher et redoutable lecteur.

1431. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Son regard rencontra les yeux de la converse ; elles échangèrent un sourire discret de connaissance. […] Tous les deux, le poète et le général, ont dû se rencontrer, s’il est un rendez-vous pour les âmes glorieuses ; ils ont dû se pardonner l’un l’autre et saluer chacun un front couronné d’immortels lauriers. […] Son attention fut attirée par deux personnages qu’il ne s’attendait pas à rencontrer là. […] Pour ma part, j’en ai rencontré un dans ma jeunesse qui terminait assez singulièrement sa vie. […] Le vainqueur et le vaincu se rencontrent : C’est à mi-chemin entre le pond de Vid et le village de Plevna que le grand-duc Nicolas rencontre le général turc.

1432. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Presque toujours accueillis avec enthousiasme par le public, ils ont rencontré en même temps des détracteurs obstinés, et l’esprit de parti a sans cesse présidé au jugement qui en était porté. […] Ils tiennent à des notions primitives et nécessaires, qui font partie de l’âme, et s’y rencontrent avant même toute réflexion et toute comparaison. […] Toujours il s’était rencontré dans une position fausse, où ses sentiments étaient déplacés ; aussi accusa-t-il de ses malheurs les institutions humaines. […] Son intérêt, son orgueil, ses habitudes d’indépendance les lui feront transgresser, sans que l’exemple universel puisse l’y rappeler ; il sera coupable et malheureux ; en même temps il ne rencontrera ni pitié, ni bienveillance, et se trouvera conforme au philosophe qui lui a donné une telle éducation. […] Il paraît que ce sujet a rencontré de grandes difficultés, puisque depuis plusieurs années aucun des discours envoyés n’a paru digue d’obtenir le prix proposé.

1433. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Soupirant d’avoir grisonné sans rencontrer sur cette terre « une situation un romanesque cortège d’héroïnes et de héros qui se gavaient d’amour. […] Entre tant de façons d’imaginer le roman de l’humanité primitive, qu’est-ce donc qui fait rencontrer à Rousseau celle-là ? […] Mais une brutale sommation de sortir du rêve arrache enfin Faust à la solitude où il appelait Dieu où il n’a rencontré que le désert du moi. […] C’est pourquoi on la rencontrera principalement à l’enseigne des libres mœurs. […] C’est Michelet, que nous rencontrerons dans le prochain livre.

1434. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

La religion, qui était pour Bossuet un ordre d’idées claires et pour Fénelon un ordre d’idées simples, avait rencontré et traversé le monde du sentiment pur avec Rousseau, elle était passée d’un état solide à un état fluide. […] méditation lyrique dont la force est faite non de sa matière, qui est pauvre avec une langue et une poésie indigentes, mais de son mouvement oratoire, l’esprit banal ayant rencontré un des grands courants de l’âme humaine, et le suivant à pleines voiles. —  Novissima Verba, écrits à Montculot, le sermon de Bossuet transposé sur le mode lyrique, une réflexion de l’homme sur lui-même, grave, régulière, et qui coule comme un fleuve précipité et grossi pendant une nuit d’hiver, pas de sentiments rares ou neufs, mais la route royale du cœur humain, — l’interpellation à l’Esprit Saint, dont la fin hors d’haleine est faible, mais où il semble qu’en achevant les Harmonies, en les publiant l’été de 1830, le poète demande pour le prophète politique de demain l’investiture et le sacrement. […] C’est le seul échec complet que la poésie de Lamartine ait rencontré parmi ses contemporains, une roche Tarpéienne deux ans après le Capitole de Jocelyn.

1435. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

L’analyse, au contraire, n’exigeant d’autre docilité que l’attention, etc. » Suivent des éloges desquels il résulterait vraiment que la clef universelle est trouvée, et dont on rencontrerait l’écho monotone, sinon la rédaction aussi parfaite, dans toutes les préfaces et dans tous les programmes d’alors. […] Daunou rencontrait une vieille connaissance, une matière de prédilection : aussi son Discours préliminaire de 1809, et celui, d’une plus grande étendue, qu’il a consacré à la Harpe en 1826, sont-ils peut-être ce qu’on a écrit chez nous de plus parfait (ad unguem) en ce genre de littérature critique, modérée et ornée. […] Jugeons-le comme l’ont jugé les triumvirs, quand ils l’ont trouvé cligne de ne pas survivre à la liberté publique. » Sur d’autres écrivains qu’il juge plus en courant, il a de ces traits qu’on aime à retenir ; ainsi de Montaigne : « Philosophe, dit-il, non de profession, mais par nature, sans programme et sans système, observant toujours et n’enseignant jamais, Montaigne laisse errer sa pensée et sa plume à travers tous les sujets qu’elles rencontrent : jamais on ne s’est aventuré avec un tel bonheur.

1436. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Quoi qu’il en soit (rare éloge et peut-être applicable à lui seul entre les hommes de sa nuance qui ont fourni au long leur carrière), chez La Fayette le rôle extérieur et l’inspiration intérieure se rejoignaient, se confirmaient pleinement, constamment ; l’homme d’esprit, poli et fin, intéressant à entendre, qu’on rencontrait en l’approchant, ne faisait qu’une agréable diversion entre le personnage public toujours prochain et l’intérieur moral toujours présent, et n’allait jamais jusqu’à interrompre ni à laisser oublier la communication de l’un à l’autre. […] Dès l’âge de huit ans, mon cœur battit pour cette hyène qui fit quelque mal, et encore plus de bruit, dans notre voisinage (en Auvergne), et l’espoir de la rencontrer animait mes promenades. […] A lire les détails de la lutte commençante et les vicissitudes si prolongées, si tiraillées, on comprend, à moins d’avoir un système de philosophie de l’histoire préexistant, combien la destinée de l’Amérique du Nord était liée à lui, et combien, un homme manquant, il pouvait de ce côté ne pas se former d’empire. — On parlait de Washington : « C’est un bien grand homme, disais-je, et les Mémoires du général La Fayette montrent que sans lui la révolution d’Amérique aurait pu de reste ne pas réussir. »  — « Oui, répondit un philosophe74, il était bien nécessaire ; mais quand les choses sont mûres, ces sortes d’hommes nécessaires se rencontrent toujours. »  — A la bonne heure !

1437. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Paul ne rencontra point d’opposition dogmatique pendant toute la durée du Christianisme. […] Donc, si les Lovelaces du jour rencontraient Thérèse avec cinq sous, Thérèse jeune, belle, et digne de leurs désirs, ils pourraient bien voir sa misère et chercher à en profiter, mais assurément ils ne verraient pas Dieu à côté d’elle. […] Paul était bien loin de Dieu, lorsqu’il repoussait l’avenir en martyrisant les Chrétiens ; il rencontra Dieu, la vérité, l’avenir, au chemin de Damas.

1438. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Il aimait à raconter qu’à la seconde année de ce séjour, se promenant avec Ducis, ils rencontrèrent Jean-Jacques, bien près alors de sa fin. […] Il manquait des livres nécessaires, n’avait pour compagnon qu’un petit Virgile qu’il avait acheté près de la Bourse, à Amsterdam ; il lui arrivait de rencontrer chez d’honnêtes fermiers du Holstein les Contes moraux de Marmontel, mais il n’avait pu trouver un Plutarque dans toute la ville de Hambourg (que n’allait-il tout droit à Klopstock ?)  […] Une fois seulement il s’est rencontré directement avec lui, mais peut-être par identité d’objet plutôt que par imitation : Soleil, ce fut un jour de l’année éternelle. […] Craignant de rencontrer ton œil victorieux, Te cède la moitié de l’empire des cieux.

1439. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

L’existence et le néant Il nous reste à examiner en elles-mêmes deux illusions théoriques que nous avons constamment rencontrées sur notre chemin, et dont nous avions envisagé jusqu’à présent les conséquences plutôt que le principe. […] Il se souvenait d’un objet et s’attendait peut-être à le rencontrer : il en trouve un autre, et il exprime la déception de son attente, née elle-même du souvenir, en disant qu’il ne trouve plus rien, qu’il se heurte au néant. Même s’il ne s’attendait pas à rencontrer l’objet, c’est une attente possible de cet objet, c’est encore la déception de son attente éventuelle, qu’il traduit en disant que l’objet n’est plus où il était. […] Et dès lors on envisagerait sous un nouvel aspect la vie que nous rencontrons à la surface de notre planète, vie dirigée dans le même sens que celle de l’univers et inverse de la matérialité.

1440. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

De même que la vie de cour a produit au dix-septième siècle une poésie psychologique, de même il était naturel que la vie d’une capitale produisit au dix-neuvième siècle une poésie qui épousât les mêmes fibres, qui se construisît contre des ancêtres et des ennemis analogues, qui rencontrât des résistances de même ordre. […] Mettons que vous ne l’y ayez pas rencontré, Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère. […] Cette imagination surchauffée a rencontré, sans le savoir, l’amour. […] Ce jour de fièvre, Dominique a rencontré Madeleine. […] Presque tout le monde l’a rencontrée, estimée ou aimée.

1441. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Vous rencontrez un visage ami : vous souriez ; parce qu’il y a là une augmentation de votre moi, à laquelle vous ne vous attendiez pas. […] L’obstacle que rencontrait la gaieté venant d’un trait spirituel, c’était notre amour-propre ; l’obstacle que rencontre la gaieté lubrique, c’est la honte. […] Mais comment, Henriette d’Angleterre écartée, Racine et Corneille ont-ils pu se rencontrer dans le même sujet ? […] Domitie et Bérénice se rencontrant, échangent des discours aigres-doux, vraiment très piquants. — Enfin, ce qu’on attendait un peu, depuis un peu trop longtemps, Titus et Bérénice se rencontrent. […] Ce jour-là, Mme Dorval et Mlle Mars se rencontrèrent sur la scène du théâtre-Français pour jouer le Mariage de Figaro.

1442. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Et même leur existence peut servir à résoudre ou à adoucir certaines difficultés que nous rencontrerons plus tard. […] Elle voudrait dire peut-être, en langage positiviste, que le réel éveille le rêve et que le particulier éveille le général, que nous ne pouvons rencontrer une beauté finie sans rêver de quelque chose qui serait beauté infinie, parfaite et impérissable ; aussi que nous ne pouvons rencontrer un objet particulier et déterminé qui est beau sans rêver de toute la beauté répandue sur la terre et imaginable dans le monde ; qu’en un mot l’imagination indéterminée et indéterminante est mise en branle par les objets déterminés et cherche toujours à suppléer à leur pauvreté ou à leur insuffisance et que Musset, qui peut-être s’y connaissait, a été plus platonicien que personne, sans rêverie métaphysique, en disant :       … N’est-ce point la pâle fiancée Dont l’ange du désir est l’immortel amant ? […] Aimant la vérité avant de l’avoir rencontrée et rêvant d’elle comme l’amoureux rêve de celle qu’il doit aimer et qu’il ne connaît pas encore, ils recherchent avec passion ceux qui peuvent leur donner quelques renseignements sur elle et les guider de loin vers cette princesse lointaine. […] Il s’étend en vérité jusqu’aux animaux : les chevaux et les ânes, accoutumés à marcher tête levée et sans se gêner, heurtent tous ceux qu’ils rencontrent si on ne leur cède le passage, et vous n’ignorez pas, puisqu’aussi bien c’est devenu proverbe, que les petites chiennes y sont exactement sur le même pied que leurs maîtresses. » La démocratie est donc insensée en soi. […] Nous reconnaîtrons de bonne grâce qu’elles ne sont point applicables dans toute leur rigueur ; et, pour qu’on ne nous accuse pas d’être chimériques, ce que nous ne sommes nullement, nous dirons : « Il faut convenir qu’il est comme impossible que nous rencontrions des hommes qui ne murmurent point contre un tel établissement ; qui souffrent qu’on règle la mesure de leur bien et qu’on la fixe pour toujours à une fortune médiocre.

1443. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

On s’égare, un livre à la main, par contenance, dans les sentiers, pour se rencontrer par hasard. […] — Oui, je vous rencontrais souvent sur ce chemin ! […] Nous ne le rencontrons pas toujours, Dieu merci ! Mais quand nous le rencontrons, ça y est. […] Si elle s’est si bien rencontrée avec Voltaire c’est que, en 1740, près d’un siècle avant les George et les Dorval, elle s’est avisée de jouer la tragédie en mélodrame.

1444. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

A l’acte II, Antigone et Hémon se rencontrent et ont une touchante conversation d’amour. […] Cette tente-atrium, cette tente-vestibule, est bien le lieu où peuvent se rencontrer sans invraisemblance tous les personnages du drame. […] Guex remarque, peut-être d’une façon un peu hasardeuse, que, même un peu avant 1830, des traces de napoléonite se rencontrent déjà au théâtre. Elles s’y rencontrent sous la forme un peu plus générale d’« impérialisme ». […] Qu’un peuple et un roi soient ineptes, cela s’est rencontré quelquefois et rentre dans les banalités de l’histoire, « surtout que », — je veux me mettre à parler parisien sur mes vieux jours, — le jeune homme accusé de trahison est un général plusieurs fois vaincu.

1445. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Un homme doué d’imagination et de sensibilité se rencontra, c’est-à-dire un poète. […] Deux gentilshommes se rencontrent non loin du palais de Fortune. […] Montesquieu n’ira pas loin dans le chemin qu’il vient d’ouvrir, parce qu’il rencontrera un autre Montesquieu qui ne s’accommoderait pas de ce système. […] Ils ont su mêler et unir, à certains moments, aristocratie et démocratie, dans des proportions très heureusement rencontrées. […] Mais l’historien et le mécanicien politique ne s’oublient point l’un l’autre ; ils se rencontrent et conspirent.

1446. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Que Duclos ait profité des mœurs qu’il observait de près, des histoires qui se racontaient autour de lui, qu’il ait été en ce sens le secrétaire du monde et du cercle particulier où il vivait, cela est possible et même certain ; mais on n’en peut rien conclure contre sa paternité réelle : il eût été à souhaiter seulement que, secrétaire aussi léger et aussi délicat que l’avait été Hamilton en son temps, il eût rencontré comme lui, pour lui fournir matière, des chevaliers de Grammont.

1447. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

C’était un homme d’un caractère doux et de si peu d’emportement contre les protestants, qu’il croyait que les gens de bien parmi eux pouvaient être sauvés : je n’ai jamais rencontré ce degré de charité chrétienne chez aucun autre théologien catholique.

1448. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

On se rappelle une page de Fontenelle récemment citée98, où, faisant l’éloge de M. d’Argenson, l’habile académicien a si parfaitement défini la multitude et la variété des soins que devait prendre à cette époque un bon lieutenant de police dans une ville telle que Paris : Cuvier, en esquissant aussi à grands traits en quoi consiste l’administration d’une armée en campagne, la multitude des soins, leur précision impérieuse, les difficultés qui se rencontrent dans les choses et dans les hommes, et en nommant à la fin M. 

1449. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Afin d’éviter les considérations générales et trop vagues, je m’attacherai tout d’abord à des noms connus, et prenant Saint-Lambert, l’auteur des Saisons, je me rendrai compte de son insuffisance autrement encore que par le talent ; puis je toucherai rapidement à Delille, et seulement par ce côté ; choisissant, au contraire, chez nos voisins, le poète qui, non pas le premier, mais avec le plus de suite, de force originale et de continuité, a défriché ce champ poétique de la vie privée, William Cowper, j’aurai occasion, chemin faisant, de rencontrer toutes les remarques essentielles et instructives.

1450. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Frédéric, qui aimait à contredire à son tour et à croiser le fer sans céder du terrain, rencontrait en lui un interlocuteur exclusif et tranchant : c’étaient, après tout, deux esprits rois ; ils pouvaient avoir de belles entrevues, plutôt qu’une habitude et une égalité d’entretiens.

1451. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Necker, qui en ce moment revenait de l’exil en triomphe, ne l’avait rencontré sur la route et n’avait fait différer le départ.

1452. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Bien imprudent et insensé celui qui, en quelque ordre que ce soit, appelle de ses vœux l’excès du mal sous prétexte d’un total et prochain redressement, et qui se plaint lorsqu’à la tête des pouvoirs humains (pour ne parler ici qu’humainement) se rencontrent la modération et la sagesse !

1453. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

À part un petit nombre de lettres inédites de Mme du Deffand à Horace Walpole et de Voltaire à elle, qui s’y rencontrent par hasard et qui sont jetées çà et là, la correspondance se passe régulièrement et se renferme tout entière entre trois personnes, Mme du Deffand, la duchesse de Choiseul et l’abbé Barthélemy.

1454. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Non seulement il rencontra un bon et flatteur accueil auprès d’un roi qui ne craignait point de paraître savant jusqu’au pédantisme, et avec qui il conversait en français ou en latin (Casaubon ne savait pas l’anglais), non seulement il fut gratifié d’une pension et de deux prébendes à Cantorbéry et à Westminster, mais il trouva une sorte d’apaisement à ses inquiétudes morales et un point d’appui à ses tendresses de conscience dans le culte anglican qui était comme fait à sa mesure, tant pour la part de réforme introduite que pour celle d’antique tradition conservée.

1455. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Y a-t-il du regret à avoir, en effet, que Louis XIV n’ait obtenu que la gloire des sièges et non celle d’une victoire en bataille rangée, cette gloire que son frère, si peu aguerri d’ailleurs, rencontra et saisit vaillamment à la journée de Cassel ?

1456. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Deleyre était une de ces âmes-là, une âme sensible, inquiète, dépaysée, déclassée, tirée du cloître où elle n’avait pu rester, et souffrant dans la société d’où il lui tardait toujours de s’enfuir, une de ces organisations ébranlées comme il ne s’en trouve pas sous cette forme au xviie  siècle, et comme il devait s’en rencontrer beaucoup au commencement du nôtre ; il allait avoir son expression, mais imparfaite et insuffisante encore, dans les Rêveries d’un Promeneur solitaire ou dans les Confessions.

1457. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

En dehors de l’originalité qui lui était propre et de la vérité moderne où il était maître, son pinceau rencontrait partout, et jusque dans les sujets où il était dépaysé, de ces bonheurs d’expression et de facilité qu’il portait avec lui.

1458. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Dans ce livre où, à propos des correspondants de Mme de Sablé, il a eu occasion de me rencontrer plus d’une fois, M. de Barthélémy s’est efforcé, autant qu’il l’a pu, de me chercher chicane pour des vétilles et de m’être désobligeant : c’était trop juste.

1459. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Thiers, Stendhal, — Jal, expression de l’opinion moyenne, — avaient pu se rencontrer souvent et causer avec des artistes, mais ils ne l’étaient pas eux-mêmes.

1460. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Tous les mérites en effet, tous les caractères distinctifs de ce beau talent, il les a reconnus, et on pourrait même lui emprunter des phrases pour les définir ; mais il ne se comporte pas avec lui comme avec les autres grands poètes qu’il a rencontrés jusque-là, il ne se complaît pas à le replacer dans son milieu ; il le déprime plutôt dans l’ensemble, il le réduit, et quand il est forcé de lui reconnaître une qualité, il ne la met pas dans son plus beau jour.

1461. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Il était évident, toutefois, pour quiconque étudiait de près Mme Roland avec l’intérêt et l’attention qu’elle mérite, que pendant des années, — durant les dix premières années de son mariage, — elle avait été tout entière occupée et absorbée par les soins maternels, les devoirs domestiques, le désir de cultiver son esprit et d’accroître ses connaissances ; l’amour près d’elle avait eu tort ; elle n’avait ni cherché ni rencontré.

1462. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Moncrif y faisait des niches, et un jour qu’on feuilletait un recueil de vieilles chansons, on était tout surpris d’y rencontrer celle-ci, qui avait échappé jusque-là et qui semblait faite tout exprès pour célébrer la reine sous le nom de Sophie : Il est une Sophie, onc il n’en sera d’autre, Ravissant d’un souris mon âme, aussi la vôtre… Le refrain de ce couplet marotique était : Tenez, je vous adore !

1463. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Nous n’inventons rien, et nous ne pouvons éviter les textes que nous rencontrons en chemin et qui tous concordent.

1464. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Boufflers suivit exactement ses instructions, et, sans rencontrer d’obstacles, il entra le 30 septembre, jour indiqué, dans la citadelle de Casal.

1465. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Ces deux femmes, si elles s’étaient rencontrées, se seraient-elles comprises, se seraient-elles aimées ?

1466. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Louis XV, en effet, n’a pas une langue en rapport avec celle des grands écrivains qui l’entourent : il est comme puni par là de ne les avoir pas assez appréciés, et de n’avoir pas vu ni reconnu le génie de son siècle dans les parties véritablement supérieures où il se rencontrait en effet.

1467. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Saint-Simon, ce jour-là, est dans l’admiration de rencontrer le roi qui chasse sur ses terres et qui, pour une fois qu’il se le permet, y chasse en maître.

1468. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Là où nous rencontrons un contemporain imprévu qui, pour être tout à fait du peuple, n’en est que plus poëte selon son cœur, et selon notre propre génie français, ne disons pas : C’est différent ; sachons le reconnaître sans pruderie et l’honorer.

1469. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Dans une moins bonne cause, il a rencontré ici un moins bon style : cela porte malheur de médire de la grâce.

1470. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

M. de Chateaubriand, dans ses Mémoires inédits, après une vive peinture de cette même période d’émigration en Angleterre, et des diverses personnes qu’il y rencontra, ajoute : « Mais très-certainement à cette époque Mme la duchesse de Duras, récemment mariée, était à Londres ; je ne devais la connaître que dix ans plus tard.

1471. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Si la Minerve de Phidias avait été brisée en morceaux par les barbares, et qu’on m’en rapportât un à un les membres mutilés et exhumés, s’adaptant parfaitement les uns aux autres et portant tous l’empreinte du même ciseau, depuis l’orteil jusqu’à la boucle de cheveux, dirais-je, en contemplant tous ces fragments d’incomparable beauté : Cette statue n’est pas d’un seul Phidias ; elle est l’œuvre de mille ouvriers inconnus qui se sont rencontrés par hasard à faire successivement ce chef-d’œuvre de dessin et d’exécution ?

1472. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Je n’ai rencontré ce matin, dans la campagne, que des figures tristes.

1473. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Cette école hardie et brillante n’avait point suscité jusque-là son prédicateur, et c’est en l’abbé Lacordaire qu’il s’est rencontré.

1474. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

À l’autre extrémité de la chaîne, nous rencontrons Mme de Staël.

1475. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

où est-il, et sommes-nous bien sûrs de l’avoir rencontré en M. de Chateaubriand, et de le tenir ?

1476. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Je n’en dirai pas plus sur ce vice essentiel, sur cette souillure qu’il est si pénible d’avoir à rencontrer et à dénoncer chez un si grand écrivain et un si grand peintre, chez un tel homme.

1477. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

On aime à rencontrer, au milieu des fadeurs et des exagérations parfois ridicules de ce début de correspondance, plus d’un de ces endroits où perce déjà le roi futur, l’homme supérieur qui, bien qu’il ait la fureur de rimer et de produire ses premiers ouvrages, saura en triompher par une passion plus haute, et qui ne sera jamais un rhéteur sur le trône.

1478. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Et enfin Rivarol, un jour qu’il rencontrait Florian avec un manuscrit anodin qui sortait à demi de sa poche : « Ah !

1479. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Dans ces assertions hardies de Perrault et dans les réponses que lui fit Boileau, ce qui me frappe, c’est à quel point ils ont raison l’un et l’autre, mais incomplètement et sans se répondre, sans presque se rencontrer.

1480. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Quant à lui, qui probablement eût fait de même s’il se fût trouvé avec eux, il se vit, en débarquant en Catalogne, jeté dans un groupe tout différent ; il y rencontra des militaires la plupart étrangers, bien qu’ayant fait partie autrefois des armées de l’Empire, des Italiens, des Polonais, qui n’étaient liés par aucun scrupule envers la France du drapeau blanc.

1481. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

De cette étude bien imparfaite, mais qui repose sur plus de lectures et de comparaisons que je n’ai pu en apporter ici, il me semble résulter que Bernardin de Saint-Pierre, dans sa vie, n’a été qu’à demi un sage, et que, dans ses écrits, il a presque aussi souvent erré que rencontré avec bonheur : mais, une fois, il a eu une inspiration simple et complète, il y a obéi avec docilité et l’a mise tout entière au jour comme sous le rayon ; il a mérité par là que son souvenir reste à jamais distinct et toujours renouvelé dans la mémoire humaine, et qu’autour de ce chef-d’œuvre de Paul et Virginie, la curiosité littéraire rassemble, sans en rien perdre, les grâces éparses de l’écrivain.

1482. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

En sortant ils rencontrèrent l’abbé Cotin sur l’escalier, mais qui ne reconnut pas le bailli.

1483. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Il faut voir Voltaire sous bien des jours ; ce monarque absolu et capricieux, qui était sans foi ni loi, du moment qu’on le contrariait, rencontra une fois dans sa vie quelqu’un d’aussi spirituel que lui, qui lui dit son fait, et qui ne fléchit pas.

1484. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Mardi 19 août Le docteur Robin nous racontait, ce soir, que le hasard l’ayant mis à même de rendre service à des Japonais, rencontrés en Italie, il les retrouva à Vienne.

1485. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Parmi les éléments du vers libre, celui-ci existe, il en contient d’autres, et bien d’autres ambitions, car quel est le novateur qui, tout en sachant ses origines (sans cela il ne serait point conscient), ne rêve une totale reconstruction de tout, d’autant que tout critique sérieux se rend compte qu’en ébranlant un pan de la façade artistique on touche à toute la façade sociale ; c’est ce qui explique que, lorsque les revendications d’art se présentent, elles rencontrent d’aussi agressives résistances.

1486. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Tous les jours ne rencontrons-nous pas dans les littératures des vers ravissants, oubliés ?

1487. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mais il n’a pas, malheureusement, il faut bien le dire, le seul sentiment qui l’aurait mis au-dessus de ses peintures, le sentiment qui lui aurait fait rencontrer cette originalité que Villon, Rabelais et Régnier ne pouvaient pas lui donner.

1488. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

dit-il au vieillard, plus de festin, plus de joie ; je viens de rencontrer un de nos frères égorgé dans la rue… »« et moi aussi, dit l’orateur, j’ai vu le plus affreux des spectacles : j’ai vu dans Paris, au milieu de la pompe et de l’appareil des fêtes, j’ai vu : un corps sanglant et percé de coups.

1489. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Il faut donc le reconnaître, l’inspiration lyrique s’était peu rencontrée dans les premiers efforts du génie romain.

1490. (1929) La société des grands esprits

J’ai eu la bonne fortune de rencontrer M.  […] Dante et Virgile rencontrent Homère, le poeta sovrano, avec Lucain, Ovide, Aristote, Socrate, Platon, Démocrite, Empédocle, Averroés, etc… Passe encore ! […] En 1875, il rencontra M.  […] Ces qualités sont d’autant plus appréciables qu’on ne les a pas toujours rencontrées chez les polémistes du parti de M.  […] Cet homme de convictions ardentes et militantes n’en a pas moins rendu justice à tout ce qu’il a rencontré de beau dans les siècles révolus.

1491. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

les carreaux brouillés donnant sur la cour, et le mitron, porteur d’un vol-au-vent, rencontré sur le palier 1 Bref, elle s’en est retournée comme elle était venue. […] Or, cet ouvrier relieur n’est autre que le comte Albert de La Rochebardière, qui, ayant un jour rencontré Cécile au Jardin des Plantes et l’ayant soudainement aimée, n’a trouvé d’autre moyen, pour se rapprocher d’elle, que d’entrer, comme apprenti et comme employé, chez le bonhomme Leguerrouic. […] Esther a rencontré, l’autre hiver, dans un bal, le comte de La Rochebardière et en est devenue amoureuse un brin. […] Je la détestais avant de l’avoir vue ; je l’ai insultée la première fois que nous nous sommes rencontrés ensemble. […] Elle a rencontré chez elles d’autant plus de créance que Missen est extrêmement empressé auprès de Régine ; et elle met d’autant plus de zèle à propager l’odieux bruit, qu’elle a été « lâchée » par Nohan, et qu’elle le voit maintenant tourner, lui aussi, autour de Mlle de Vesles.

1492. (1902) Le critique mort jeune

Dans une suite de chapitres piquants il énumère à la façon de Rabelais tous les ennemis que doit rencontrer son libéralisme. […] J’en cite le début ; on voudra lire la suite : « J’aurais voulu rencontrer dans les eaux qui baignent l’Isola Bella les deux nymphes que virent Ubalde et le Danois. […] (« Qu’un poète d’intelligence essentiellement désorientée puisse rencontrer des idées magnifiques, dominer de ses vues de vastes et émouvants aspects de l’humanité, de l’histoire ou de la nature, comment l’admettre ? […] C’est une idée à laquelle il tenait, qu’il a reprise maintes fois et tenté de démontrer à chaque occasion qu’il rencontrait. […] Nous ne manquerons pas de rencontrer plus tard cette sociologie trop souvent chimérique, cette science toujours fantaisiste et cette archéologie, sinon frelatée, du moins acquise à peu de frais.

1493. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Ils sont connexes en leur origine et, en leur fond, ils se contrarient en leurs tendances, et, chacun allant où il va, se rencontrent et se heurtent. […] Nous le rencontrerions que nous n’aurions pas peur d’être brûlés vifs ; d’abord parce qu’il est bon, quoi qu’on en dise, et un peu quoi qu’il en ait, ensuite parce qu’il est intelligent, enfin parce qu’il a de l’esprit ; et je ne sais pas laquelle de ces trois raisons est la meilleure. […] Le système de Mme de Staël ne laissait pas quelquefois de rencontrer juste. […] Elle n’était donc point gênée pour sentir un art tout différent, et pour s’y attacher d’une pleine ardeur ; et précisément cet art qu’elle rencontrait était le mieux accommodé qu’il fût possible à son tour d’imagination et de sensibilité. […] Voilà, — et l’on en trouverait d’autres, — les études que j’aimerais à rencontrer dans un historien moraliste écrivant sur la révolution française, et je regrette que Mme de Staël, qui y aurait excellé, ne s’en soit point avisée.

1494. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Un homme s’est rencontré, suivi par beaucoup d’autres, qui a voulu le régénérer. […] L’humanité c’est un homme (idée, pour commencer, qui n’est pas prouvée du tout, qui faisait la joie de Proudhon quand il la rencontrait, et qui me semble, comme à lui, nonobstant Pascal, très contestable ; mais poursuivons), l’humanité est un homme ; elle a son enfance, son adolescence, sa jeunesse, son âge mûr, son âge de, déclin, sa Vieillesse. […] Or, la Révolution de 1830 développa en lui le révolutionnaire ; et la désapprobation que ses idées révolutionnaires rencontrèrent à Rome tua en lui le catholique ; et c’est toute l’histoire révolutionnaire de Lamennais, laquelle, du reste, est si intéressante à suivre. […] On n’était pas sûr d’avoir compris ; mais on s’était promené à travers beaucoup d’idées, de souvenirs, de mythes et de symboles ; et chacun avait rencontré quelques-unes des idées qui lui étaient chères, et tous s’en allaient avec l’espérance d’une belle et consolante conciliation. […] Cent cinquante ans après Bayle, on est étonné un instant de rencontrer un homme qui a l’âme d’un ligueur ou d’un Théodore de Bèze, chez qui l’instinct religieux est assez profond d’abord, et ensuite assez excité, pour qu’il accepte Calvin tout entier, en le trouvant peut-être trop modéré, et qui, tranquille du reste, pontife grave, et écrivant solennellement de grands livres en beau style oratoire, fait son entretien ordinaire et son rêve cher des massacres de Moïse, de Mahomet, de Ziska et d’Henri VIII.

1495. (1881) Le naturalisme au théatre

Un jeune homme pauvre a rencontré une jeune fille riche ; tous les deux s’adorent et sont parfaitement honnêtes ; le jeune homme refuse d’épouser la jeune fille par délicatesse ; mais voilà qu’elle devient pauvre, et tout de suite il accepte sa main, au milieu de l’allégresse générale. […] Nous ne pouvons au juste nous faire une idée des obstacles que rencontrait le triomphe de la vérité du costume. […] Elle avait rencontré en France de tels obstacles, de telles mauvaises volontés, qu’elle s’était vue forcée d’aller créer le rôle à Londres. […] Voilà donc où nous en sommes, la grande querelle de 1830 est bien finie, une tragédie peut encore se produire sans rencontrer dans le public un parti pris contre elle ; et demain un drame romantique serait joué, qu’il bénéficierait de la même tolérance. […] Sans doute ces deux personnages se rencontrent, lorsque, au quatrième acte, Ruskoé vient offrir le pardon à la femme qui a trahi, en lui donnant les moyens de sauver Stockholm.

1496. (1908) Après le naturalisme

Une loi morale nouvelle va le soumettre aux vérités et loin de composer un état fermé à la poésie, à la Littérature, cette situation s’offre au contraire comme une des plus admirables que rencontrèrent jamais le Verbe et les Idées. […] Le symbolisme vit cette chose qu’aucune école encore n’avait rencontrée. […] Où il se dirige, c’est précisément là qu’il rencontrera ces qualités qui le grandissent.

1497. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

LA DÉTRESSE DES NIBELUNGEN LE RÊVE DE KRIEMHILT « Il croissait en Burgondie une jeune fille si belle, qu’en nul pays il ne s’en pouvait rencontrer qui la surpassât en beauté. […] « Sa beauté démesurée était connue au loin et aussi les sentiments altiers que plus d’un héros avait rencontrés chez la jeune fille. […] « Comme le héros chevauchait seul et sans suite, il rencontra devant une montagne, ainsi m’a-t-il été dit, près du trésor de Nibelung, beaucoup d’hommes hardis, qu’il ne connaissait pas, mais qu’il apprit à connaître alors.

1498. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Gréard le suit pas à pas, jusqu’à l’Opéra où nous le rencontrâmes tant de fois, sur la scène, curieux de toutes choses, faisant là aussi sa moisson d’observations. […]   Aussi est-ce une douceur pour le critique quand il croit rencontrer un écrivain voyant juste, ignorant des joies de la boue, des hantises, des symboles, du fumier, des suggestions et des états d’âme. […] « Sans doute, à plusieurs reprises, dans les bals et dans les dîners, où sa beauté robuste faisait sensation, des cavaliers s’étaient rencontrés fort disposés à mordre au plein de cette carnation tentatrice. […] Si vous le rencontrez, ayez pitié !  […] Le jour même où l’on apprit à Paris la reddition de l’Émir, quelqu’un que j’ai connu plus tard rencontra M. 

1499. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Molière, de qui le prince, on le verra, avait en quelque sorte adopté la troupe, ne dut pas manquer de l’aller saluer, et put se rencontrer ainsi avec l’abbé de Roquette, depuis évêque d’Autun, alors grand vicaire des abbayes du prince fiancé au-devant duquel l’abbé était venu, nous apprend Daniel de Cosnac. […] Molière y rencontra Mignard, qui, revenant d’Italie, où il avait séjourné pendant vingt-deux ans (1636-1658), s’était arrêté dans le Comtat pour dessiner les antiques d’Orange et de Saint-Remi et pour faire le portrait de la trop fameuse marquise de Gange. […] Mais outre ces profès en l’art des précieuses et ces jeunes initiés, on rencontrait encore chez chaque femme un individu qui, revêtu du titre singulier d’« alcoviste », était son chevalier servant, l’aidait à faire les honneurs de sa maison et à diriger la conversation. […] Quand ils se trouvaient ensemble et qu’ils avaient bien parlé de leurs divertissements, si le hasard les faisait tomber sur quelque point de science ou de belles-lettres, ils profitaient de l’occasion : c’était toutefois sans s’arrêter trop longtemps à une même matière ; voltigeant de propos en autre, comme des abeilles qui rencontreraient en leur chemin diverses sortes de fleurs. […] Cette manière d’envisager son sujet lui fournissait encore l’occasion de reprendre, avec les ménagements qu’il mérite, un excès qu’on rencontrait alors chez quelques personnes, en bien petit nombre il est vrai, un amour outré de la vérité et une vertu trop rigoureuse.

1500. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

A la fin de sa vie, Gobineau rencontra Wagner à Rome et à Venise, se lia d’amitié avec lui, fut un des hôtes de la Wahnfried et collabora aux Bayreuther Blætter. […] Heureusement Claudel, qui n’a cessé de tenir en grand mépris tout ce qui touche à la chose littéraire et à la vie littéraire, n’en a pas moins rencontré les quelques contempteurs nécessaires à sa gloire. » Le piquant de l’affaire, c’est qu’il en a rencontré dans la maison même où l’on rééditait son Théâtre et à laquelle appartient M.  […] Cependant, je me souviens que dans les milieux symbolistes où je fréquentais alors, on avait su tout de suite qui était l’auteur véritable, et bien que le hasard ne m’eût point permis de rencontrer M.  […] « Deux âmes se rencontrent un jour, et, parce qu’elles cueillaient des fleurs, toutes deux se sont crues pareilles. […] Jérôme et Jean Tharaud ont rencontré des blessés à qui les vainqueurs monténégrins avaient coupé le nez et les oreilles.

1501. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Frédéric et Napoléon se rencontraient ici d’une manière bien étrange ! […] Mais, tel que le préjugé populaire et tel que le fanatisme militaire veulent le considérer historiquement aujourd’hui, ce grand homme du fait, et non de l’idée, ne pouvait rencontrer un historien plus accompli que M. 

1502. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

. — Dans son séjour champêtre il se trouvait très bien placé pour ces études, puisqu’à chaque pas qu’il faisait dehors il rencontrait la végétation la plus luxuriante de vignes grimpantes et de plantes sarmenteuses. […] Schiller nous rencontra.

1503. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Dujardin avait rencontré Mallarmé et Huysmans aux concerts spirituels du Vendredi Saint de Charles Lamoureux. […] Il rencontra alors celle qui allait devenir sa femme, Olga Herzen, la fille du célèbre révolutionnaire russe.

1504. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Composé de voix d’hommes, qu’une unique voix de soprano entraîne, pareille à l’encensoir d’argent qui fait monter de lourds tourbillons de fumée odoriférante, il est d’une gravité émue, et répand un de ces pieux recueillements, qu’on n’est habitué à rencontrer que dans les saints temples. […] Le récit amer et poignant qui tombe avec de douloureux sarcasmes de la lèvre plissée par le désespoir du malheureux excommunié, se poursuit à travers des émotions si navrantes, qu’il s’est rencontré des personnes hors d’état d’y assister jusqu’au bout.

1505. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Ô jeune fille, ne dédaigne point le lit de Zeus, mais sors de ta demeure, et va dans la vaste prairie de Lerne, où sont les étables et les troupeaux de ton père, afin que l’œil du dieu ne brûle plus de désirs. » Ce frère de douleur qu’elle a rencontré sur sa voie fatale a gardé le don de la prescience. […] Elle y rencontrera les hordes des Scythes errants sur leurs chars d’osier, et les Khalybes, « sauvages ouvriers du fer ». — Qu’elle se garde de leur abord hérissé de flèches !

1506. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Car, tandis qu’elles s’étaient emparées avec précipitation des nymphes des Fourmis noir-cendré, au contraire elles parurent tout d’abord terrifiées au seul aspect de celles de Formica flava, et même les parcelles de terre enlevées au nid de celles-ci suffisaient à les effrayer et à les faire fuir en toute hâte dès qu’elles les rencontraient sous leurs pas. […] Une Fourmi ouvrière, ou tout autre insecte neutre, se rencontrerait à l’état ordinaire que je n’hésiterais pas un instant à considérer tous ses caractères comme ayant été lentement acquis par sélection naturelle, c’est-à-dire à l’aide de modifications individuelles transmises par voie d’hérédité et accumulées dans la postérité des individus modifiés.

1507. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Le jour de Pâques, ils s’embrassent quand ils se rencontrent et se disent joyeusement : Le Christ est ressuscité ! […] Si le monastère n’a pas péri de ce mal intérieur qui lui dévorait les entrailles, c’est grâce à la piété de ses moines et au courage de ses commandants militaires, parmi lesquels il se rencontra un abbé, un abbé-capitaine, Geoffroy de Servon, ami de Duguesclin, qui, au plus noir de la guerre de Cent ans, fit de sa crosse une lance et fut exactement un héros.

1508. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Ainsi s’efface la forme paradoxale qui a été donnée à la théorie de la pluralité des Temps. « Supposez, a-t-on dit, un voyageur enfermé dans un projectile qui serait lancé de Terre avec une vitesse inférieure d’un vingt millième environ à celle de la lumière, qui rencontrerait une étoile et qui serait renvoyé à la Terre avec la même vitesse. […] En disant que les deux éclairs A et B sont simultanés par rapport à la voie, nous voulons dire ceci : les rayons lumineux issus des points A et B se rencontrent au milieu M de la distance AB comptée le long de la voie.

1509. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Mme de Maintenon cherche à prémunir ses filles contre les périls qu’elles ont déjà rencontrés : « N’ayez ni fantaisie ni curiosité pour chercher des lectures extraordinaires et des ragoûts d’oraison. » — « Il y a une grande différence entre connaître Dieu par la science, par la pointe de l’esprit, par la subtilité de la raison, par la multiplicité des lectures, ou le connaître par les simples instructions du christianisme. » Dans le blanc des lignes, il me semble lire en caractères plus distincts : « Surtout pas trop de Racine, et plus jamais de Fénelon ! 

1510. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Le canal qui avait quelque temps arrêté l’année ayant été traversé à gué, le comte d’Artois, frère du roi, plein de vaillance, se porta en avant, renversant tout ce qu’il rencontrait ; et, entraînant avec lui par émulation l’élite des chevaliers du Temple et nombre de braves seigneurs, il se lança jusque dans la ville de la Massoure où la résistance l’attendait et où il trouva la mort.

1511. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

J’étais alors plus gaie qu’aujourd’hui. » Cet air vif de Heidelberg lui est encore présent après plus de cinquante ans comme au premier jour ; elle le recommande, quelques mois avant de mourir, à la demi-sœur à laquelle elle écrit (30 août 1722) : Il n’y a pas au monde un meilleur air que celui de Heidelberg, et surtout celui du château où est mon appartement ; rien de mieux ne saurait se rencontrer.

1512. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Le Français est sociable, et il l’est surtout par la parole ; la forme qu’il préfère est celle encore qu’il donne à la pensée en causant, en raisonnant, en jugeant et en raillant : le chant, la peinture, la poésie, dans l’ordre de ses goûts, ne viennent qu’après, et les arts ont besoin en général, pour lui plaire et pour réussir tout à fait chez lui, de rencontrer cette disposition première de son esprit et de s’identifier au moins en passant avec elle.

1513. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

En attendant, il entra dans le monde et se mit à vivre de la vie la plus répandue et la plus diversement amusée : il allait d’abord dans le monde de la finance, où se rencontraient toutes sortes de gens de qualité ; il voyait beaucoup les coryphées de la littérature, La Motte, Rousseau, La Faye et bien d’autres.

1514. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

On lit dans une lettre du roi ce bel éloge : « Nous avons eu ici (10 octobre 1784) M. de Bouillé, qui est un homme de mérite, parce qu’il a su allier au mérite d’un bon militaire tout le désintéressement d’un philosophe ; et, quand on est assez heureux de rencontrer des hommes pareils, il faut en tenir compte à toute l’humanité. » Le prince Henri, en recevant M. de Bouillé à Rheinsberg, ne put s’empêcher de s’exprimer devant lui, de s’épancher sur le compte du roi son frère, comme il n’avait cessé malheureusement de penser et de sentir : Il le représentait, dit M. de Bouillé dans des mémoires dont on n’a donné que des extraits57, comme impatient, envieux, inquiet, soupçonneux et même timide, ce qui paraît extraordinaire ; il lui attribuait une imagination déréglée, propre à des conceptions décousues, bien plus qu’un esprit capable de combiner des idées pour les faire judicieusement fructifier.

1515. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Il devait y être préparé par ses conversations avec Bolingbroke, qu’il avait beaucoup vu à Paris et à sa terre de la Source, près d’Orléans ; mais l’impression qu’il reçut de ce spectacle nouveau, moins encore de la chose politique et du jeu de la constitution que du groupe philosophique et librement penseur qu’il y rencontra, paraît avoir surpassé son attente ; elle fut sur lui profonde et indélébile.

1516. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Pauvre Maine de Biran, toujours en quête de son point d’appui qu’il ne put jamais rencontrer ni atteindre, le voilà devenu, sans qu’il s’en soit douté, un guide en matière de certitude, un fondateur !

1517. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Le nom de Mme de Boufflers est étroitement lié à un épisode célèbre de l’histoire littéraire de son temps, à une querelle qui fit grand bruit dans le XVIIIe siècle, celle de Hume et de Rousseau, et il est impossible d’exposer au complet ce démêlé bizarre, sans l’y rencontrer à l’origine comme la cause occasionnelle principale, et à la fin comme l’arbitre ou le juge le plus équitable entre les deux contendants.

1518. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Il est temps que la beauté du langage vienne faire oublier ce qu’il y a d’un peu singulier, et même d’un peu comique, dans la situation du vieillard : « Tout cassé que je suis, je cours toute la ville… » Dès que don Diègue et Rodrigue se sont rencontrés, Corneille retrouve ses accents et traduit admirablement son modèle, lequel, à cet endroit, est des plus beaux : « Touche ces cheveux blancs à qui tu rends l’honneur ; Viens baiser cette joue, et reconnais la place Où fut jadis l’affront que ton courage efface. » — Admirable !

1519. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Le travers dans lequel l’estimable collectionneur a donné ici à corps perdu est si commun qu’il mériterait à peine qu’on s’y arrêtât : aussi faut-il que nous le rencontrions au milieu de notre chemin pour avoir l’idée de le relever.

1520. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Rien n’est cependant plus du sien, et Sa Majesté est persuadée qu’il convient tout à fait à son service, de faire entrer son armée en Piémont la campagne prochaine… Vous devez avoir reçu une lettre de Sa Majesté par laquelle elle vous marque que, voulant absolument que son armée entre en Piémont la campagne prochaine, elle ne vous rendra en aucune façon responsable des événements de la campagne, et c’est ce qu’elle m’a encore ordonné de vous confirmer… Comme je crois que vous voulez bien me compter au nombre de vos amis, j’ai cru ne pouvoir vous donner une plus grande marque que j’en suis que de vous avertir pour vous seul, s’il vous plaît, que Sa Majesté est persuadée que, si votre goût n’était point aheurté à une guerre défensive, il ne se trouverait peut-être pas tant de difficultés à en faire une offensive cette année : ainsi, quoique je ne sois pas capable de vous donner des conseils, cependant je crois devoir vous donner celui de renouveler de soins et d’attentions pour essayer de rendre facile, par l’avancement de la voiture (du voiturage) des farines, une chose que le roi désire aussi ardemment. » Catinat répondait en remerciant Barbezieux de cet avis amical, et il protestait que la défensive n’était point chez lui un parti pris et que son goût n’était point aheurté à ce genre de guerre ; qu’elle lui tenait, au contraire, l’esprit dans une continuelle inquiétude dont il aimerait mieux se décharger en agissant ; il ajoutait : « Le roi me demande des mémoires sur les dispositions de l’offensive : je ne puis que me donner l’honneur de les lui envoyer aussi détaillés qu’il m’est possible avec les difficultés qui se rencontrent dans leur exécution, afin qu’il lui plaise de donner ses ordres pour les surmonter. » Louis XIV se rendait en dernier ressort aux raisons et démonstrations de Catinat ; mais il se formait de lui peu à peu une idée qui n’était plus aussi avantageuse qu’auparavant, ni aussi brillante.

1521. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

« Son infatigable activité, nous dit-il, et l’habitude qu’elle avait de correspondre, non-seulement avec les nombreux membres de sa famille, mais avec les princes étrangers, avec ses conseillers et avec une foule d’autres personnes, me permettaient de penser que je ferais une ample moisson, et j’espérais pouvoir publier toute la Correspondance de Marie-Thérèse. » Malheureusement, M. d’Arneth dut renoncer en partie à ce projet : il rencontra des refus auprès de la plupart des familles nobles d’Autriche.

1522. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

. — Vous et votre excellent fils, vous êtes pour moi, à cet égard, des modèles, et tels que je n’en ai pas rencontré deux fois dans ma carrière de critique littéraire et de biographe.

1523. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Le fait est que l’ensemble, la composition, a manqué à d’admirables éléments ; le chef de l’orchestre a surtout fait défaut, et par le tort des circonstances, n’a jamais pu se rencontrer.

1524. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Il est doublement aimable au fond de l’Allemagne, où il est rare de rencontrer ce que nous sommes accoutumés à trouver à Paris en fait de gaieté et d’esprit, et Villiers, qui est distingué sous ce rapport à Paris même, l’est encore bien plus parmi les érudits de Gottingue.

1525. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

194 Ce mélange d’ironie, de familiarité, de grâce et d’enthousiasme, ne s’est jamais rencontré que dans Platon.

1526. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Ils s’étaient rencontrés, connus, aimés.

1527. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Ce goût n’est pas chose absolument nouvelle en littérature ; il s’est déjà rencontré dans des sociétés d’une culture raffinée, au temps de Théocrite, au temps de Virgile, chez nous au siècle dernier ; mais il est certainement plus fort et plus profond aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été.

1528. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Au fait, ce n’est ni dans le peuple ni dans la petite bourgeoisie, mais seulement dans les classes oisives et dont la sensibilité est encore affinée par toutes les délicatesses de la vie, que pouvait se rencontrer une espèce d’amour assez compliquée, assez riche de nuances pour lui offrir une matière égale à ses facultés d’analyste.

1529. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

vous avez raison ; là on peut évoluer durant toute l’éternité sans se rencontrer jamais.

1530. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Mais enfin ils sont susceptibles de rencontrer une adhésion unanime.

1531. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

. — « Devant les portes du Tartare, le fils de Japet supporte le Ciel vaste, de ses mains infatigables, là où le Jour et la Nuit se rencontrent ; se parlant l’un à l’autre, lorsqu’ils passent tour à tour le large seuil d’airain.

1532. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

C’est une de ces poupées peintes, comme chacun de nous en a rencontré : spectres mondains dont la poitrine est un corset, dont la cervelle ressemble à un tiroir à chiffons.

1533. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Qui n’a rencontré, dans quelque salon, M. de Chantrin, le bellâtre frisé, brossé, peigné, poncé, bien élevé, orné de favoris soyeux dont pas un poil ne passe l’autre, et juchant, sur sa cravate blanche, une de ces têtes de cire où flânent, comme dit Stendhal, « des idées convenables et rares ».

1534. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

La maison de Mlle Le Couvreur, à certains jours, devait être du petit nombre de celles où l’esprit et la raison avaient chance de se rencontrer.

1535. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Ce groupe d’hommes honorables, mais obstinés, rencontra vite des obstacles insurmontables, et ils abdiquèrent.

1536. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Il expose tout ce plan dans les Mémoires de Mme d’Épinay, et parlant à elle-même, avec une crudité brusque et pittoresque qu’elle a pu forcer quelquefois, mais qu’elle n’a certainement pas inventée : une femme douce et polie est incapable d’inventer de pareilles physionomies et de pareils propos, si elle ne les a pas rencontrés en effet.

1537. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Avant son mariage, il avait eu vers 1732, d’une dame française (Mme du Bouchet) qu’il avait rencontrée en Hollande, un fils naturel auquel il s’était attaché avec une extrême tendresse.

1538. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Quand même la critique et la science rencontreraient dans Jeanne d’Arc des points à jamais inexplicables, je sais que le malheur, après tout, ne serait pas grand, et qu’il n’y aurait pas tant de quoi s’étonner.

1539. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

C’est là, c’est dans le club de Clichy, à cette époque de réaction et aux environs du 18 Fructidor, qu’il rencontra pour la première fois M. 

1540. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Jamais les Condorcet en politique, les Saint-Lambert en morale, les Condillac en analyse philosophique, n’ont rencontré un jouteur plus serré et plus démontant ; car notez que, pour les réfuter, il ne dédaigne pas de prendre un peu de leur méthode ; il mêle un peu d’algèbre à son raisonnement, il a des formules pour revenir au ciel, et il se sert des mots exacts avant tout, il les presse et les exprime pour leur faire rendre tout l’esprit qu’ils recèlent et toute la pensée.

1541. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Irrité des contrariétés qu’il rencontrait à chaque pas dans les délibérations et les résolutions de cette assemblée, le prince de Condé revenait à ses instincts très peu parlementaires et menaçait d’avoir raison de ces bonnets carrés comme de la populace, à main armée et par la force.

1542. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Jugeant la politique, absurde selon lui autant qu’ingrate, qui avait scindé et désaffectionné les royalistes vers 1823, il disait : « Je ne suis jamais trop sévère contre les bassesses du cœur humain, je le connais trop pour cela, mais je ne pardonne jamais la bassesse quand elle est en dehors de l’intelligence, quand elle est stupide. » Il avait fini par se détacher complètement des personnes en fait de gouvernement, et il ne se souciait plus, disait-il, que des peuples : « Les peuples vont, non parce qu’on les gouverne, mais malgré qu’on les gouverne. » Son bon moment de royalisme avait été lorsqu’il venait le matin dans le cabinet de M. de Chateaubriand aux Affaires étrangères : il y rencontrait M. 

1543. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

écrivait au directeur Carnot Bonaparte, général de l’armée d’Italie, en parlant d’un personnage qu’il venait de rencontrer et de manier.

1544. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

La prochaine fois que nous nous rencontrâmes à la Chambre, il me parla (ce qu’il n’avait jamais fait auparavant), et avec beaucoup de civilité ; et il témoigna toujours depuis un empressement à me servir en toute occasion, si bien que nous devînmes grands amis, et que notre amitié dura jusqu’à sa mort.

1545. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Richelieu raconte qu’il était en visite chez un recteur de Sorbonne au moment où on vint lui apprendre la mort du maréchal : il revint au Louvre, après en avoir conféré un moment avec ses collègues : « Continuant mon chemin, dit-il, je rencontrai divers visages qui, m’ayant fait caresses deux heures auparavant, ne me reconnaissaient plus ; plusieurs aussi qui ne me firent point connaître de changer pour le changement de la fortune. » Il fut le seul de ce ministère que Luynes parut ménager d’abord et vouloir excepter de la disgrâce et de la vengeance commune.

1546. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Il dut à cette justesse d’esprit et à cette modération de rencontrer surtout des bienfaiteurs, et il se les attacha non moins par son mérite que par la mesure et la dignité de ses sentiments.

1547. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Je pourrais, en citant, donner de jolis mots qui s’y rencontrent ; mais c’est le sens même et la suite qui fait le prix de ce délicieux morceau ; voici quelques traits pourtant : Son esprit, dit-il de Montaigne, a cette assurance et cette franchise aimable que l’on ne trouve que dans ces enfants bien nés, dont la contrainte du monde et de l’éducation ne gêna point encore les mouvements faciles et naturels… Les vérités (dans son livre) sont enveloppées de tant de rêveries, si j’ose le dire, de tant d’enfantillages, qu’on n’est jamais tenté de lui supposer une intention sérieuse… Sa philosophie est un labyrinthe charmant où tout le monde aime à s’égarer, mais dont un penseur seul tient le fil… En conservant la candeur et l’ingénuité du premier âge, Montaigne en a conservé les droits et la liberté.

1548. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker, dans la teneur morale de sa vie, doit sembler plus d’accord avec ses doctrines religieuses que ne le fut avec les siennes le brillant et fragile auteur de tant d’écrits passionnés : mais l’idée du Génie du christianisme (je le prouverai un jour par une pièce décisive que j’ai été assez heureux pour rencontrer) fut sincère à l’origine et réellement conçue dans les larmes d’une pénitence ardente, bien que trop tôt distraite et dissipée.

1549. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Les mêmes raisons subsistant, je puis continuer la même opération ; et il est clair que je ne saurais rencontrer de limite, car la limite serait une unité qui ne pourrait plus s’ajouter à elle-même, qui ne serait plus identique aux autres unités ; ce qui est contre l’hypothèse.

1550. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Or, les conditions de la société humaine sont de deux sortes : il y en a quelques-unes d’éternelles, qu’on trouve réalisées même dans les sociétés les plus sauvages ; il y en a de conventionnelles, qui ne se rencontrent que dans une nation déterminée à tel moment de son histoire.

1551. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

« Sans rencontrer personne, il se glissa dans le petit enclos.

1552. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Octave-Auguste, le matin de la bataille d’Actium, rencontra un âne que Panier appelait Triumphus ; ce Triumphus doué de la faculté de braire lui parut de bon augure ; Octave-Auguste gagna la bataillé, se souvint de Triumphus, le fit sculpter en bronze et le mit au Capitole.

1553. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

. : & si l’on examine les endroits qui lui plaisent dans les auteurs, tous ces ornemens s’y rencontrent.

1554. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Il suit de là qu’en allant vers le nord ou en gravissant une montagne, nous rencontrons plus souvent de ces formes rabougries, qui sont directement dues à l’action nuisible du climat, qu’en avançant vers le sud ou en descendant une montagne.

1555. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Des femmes Homère, des femmes Sophocle, des femmes Shakspeare, ne s’y rencontrent pas.

1556. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Il a vu positivement, à l’œil nu, la main de Dieu, qui prit Habacuc par les cheveux, se perdre dans les cheveux embroussaillés de Hello, dont on peut dire peut-être ce que madame de Fontenay disait du doux platonicien Joubert : que son âme avait un jour rencontré son corps et qu’elle s’en tirait comme elle pouvait.

1557. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Cette pensée n’a rencontré qu’un médiocre enthousiasme de l’un et de l’autre côté de la Manche.

1558. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

L’humanité s’est passée d’elles pendant fort longtemps ; et elles n’auraient peut-être jamais paru dans le monde s’il ne s’était rencontré jadis, en un coin de la Grèce, un petit peuple auquel l’à-peu-près ne suffisait pas, et qui inventa la précision 8.

1559. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Cousin, habitué à l’empire, s’étonna de rencontrer un esprit si original et si libre ; quoique un peu choqué, il l’estima et ne tenta point de le convertir.

1560. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Front musicien, presque silencieux disions-nous, modeste et empressé, on le rencontrait surtout à la Rédaction du « Scapin », de mise très soignée, portant constamment la redingote. […] C’est de ce moment précis, au premier semestre de 1888, que peut prendre valeur documentaire la constatation de Gustave Kahn : « Mais parmi les poètes, de ceux qu’on rencontrait chez Mallarmé, nous soulevâmes un adversaire, M.  […] en attendant Ronsard et Racine : ce « pélerin passionné » découvrait successivement toutes les littératures et tous les temps — et sans se rencontrer soi-même. […] Moréas le protéique n’est plus même « roman » : il a rencontré Malherbe, et Racine « en qui nous devons chercher les règles du vers et le reste ». […] Mais en allant vers le Sud-Ouest Français, ne rencontrons-nous point une singulière, une très caractérisée puissance constructive : Jean de Meung après Guillaume de Lorris, Ronsard épique avec la Franciade, Rabelais, du Barta  et, moderne, Strade, qui était aussi du Poitou ?

1561. (1903) Propos de théâtre. Première série

Nous voulons [vous reconnaissez son style], nous voulons que les forces essentielles du drame, après avoir agi les unes sur les autres, ou l’une sur l’autre, par courroies de transmission, se rencontrent elles-mêmes de plein contact. […] Je me fais un devoir de ne détourner personne du mariage ; mais si vous rencontrez par hasard la jeune fille de vingt-deux à vingt-trois ans qui dirige depuis l’âge de quinze ans le ménage de son bon papa resté veuf de bonne heure ; mon Dieu, épousez-la, mais après l’avoir beaucoup étudiée, et épousez-la surtout si vous avez cette idée, très juste du reste, qu’il n’y a de maris heureux que ceux qui obéissent absolument à leurs épouses. […] Armande, jalouse et perfide, excite sa mère contre Clitandre en le peignant comme plein de mépris pour les talents littéraires de Philaminte. — Trissotin et Clitandre se rencontrent, discutent et se traitent réciproquement fort mal. — Clitandre rend compte à Chrysale du mauvais état de ses affaires, et Chrysale, toujours plein de confiance dans sa fermeté de caractère, quand sa femme n’est pas là, l’assure qu’il peut compter sur l’autorité paternelle. […] III J’ai dit qu’en composant Mithridate, Racine avait rêvé un drame, et qu’en chemin, il en avait rencontré un autre. […] L’extrême force et l’extrême faiblesse se rencontrent dans l’absolue inconscience.

1562. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Oui, ce qui fait d’Hokousaï l’un des artistes les plus originaux de la terre : c’est cela qui l’a empêché de jouir de la gloire méritée pendant sa vie, et le Dictionnaire des hommes illustres du japon constate que Hokousaï n’a pas rencontré près du public la vénération accordée aux grands peintres du Japon, parce qu’il s’est consacré à la représentation de la Vie vulgaire 10, mais que, s’il avait pris la succession de Kano et de Tosa, il aurait certainement dépassé les Okiyo et les Bountchô. […] La même année paraît Shunkiô-jô, Distractions du printemps , un volume de poésies dont Hayashi n’a jamais rencontré qu’un seul exemplaire, un volume aux nuances douces, amorties des planches, annonçant une publication faite par une société d’amateurs. […] Dans l’espace de ces trois ans, le joueur a rencontré dans ses voyages le fils du Chinois, n’a pas été reconnu par lui, est entré même en relations intimes avec celui-ci, qui lui a donné une lettre pour annoncer son retour à sa femme. […] C’est, tout d’abord, la planche où se voit ce sujet si souvent représenté sur les gardes de sabre, ce vieillard mystérieux rencontré sur un pont, qui, pour éprouver la patience d’un jeune homme, se fait trois fois repêcher sa sandale, — au bout de quoi il lui donne un rouleau dont les instructions lui servent à faire le nouvel empereur de Chine. […] Une autre suite, dont on ne connaîtrait que deux planches (H. 50, L. 28), et qui semble une série des Mois de l’année, à deux planches, que j’ai rencontrées seulement dans la collection Hayashi.

1563. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Au contraire, si vous parcourez les annales des autres nations, vous y rencontrerez de loin en loin des traces du génie isolé de quelques auteurs inspirés par la nature, et luttant contre la sourde ignorance de leur siècle. […] Dans aucun temps il n’usa de représailles envers ses rivaux modérés, parmi lesquels se rencontra le fameux Racine, qui lui-même fut presque ingrat à ses services. […] Riche des fruits de ses travaux et d’un répertoire qu’il avait entièrement créé, il consacra ses biens à l’établissement des membres pauvres de sa famille, à l’entretien de ses acteurs, dont il s’était fait des enfants et des frères, et au secours des indigents, au nombre desquels il en rencontra un qui lui fit dire : Où la vertu va-t-elle se nicher ? […] « Vous me paraissiez bien petits et bien méchants de là-haut ; mais c’est bien pis à qui vous voit de près. » Non content de les draper si hardiment, il blesse en passant quelques poètes, et quelques magistrats coureurs de nuit ; car lorsqu’on lui demande quels voyageurs il a rencontrés dans sa route aérienne, il répond n’avoir vu que deux ou trois beaux esprits s’égarant à chercher des dithyrambes et le poème d’Ion à Chio, puis quelques astres nocturnes qui revenaient de souper, précédés de la lumière des falots. […] Mais ces comédies ne ressemblent pas aux nôtres ; quelques rhéteurs sont fatigués des défauts qu’ils y rencontrent, et ne pouvant se rendre compte de l’enthousiasme qu’elles ont excité, prennent le parti commode de condamner l’antiquité ; et arguent de là que le théâtre d’Aristophane étant mauvais n’avait rien qui dût le faire réussir.

1564. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

De même qu’en effet pour qu’un seul grain de blé germe, lève en herbe, et mûrisse, il faut que la main du semeur en jette à poignées dans le sillon, de même, pour que, de loin en loin, un chef-d’œuvre apparaisse dans l’histoire de l’art, il faut que ce chef-d’œuvre ait été précédé de nombreux, de laborieux, de pénibles essais, parmi lesquels nous ne devons pas trop nous étonner d’en rencontrer de bizarres ou de ridicules. […] Puisses-tu rencontrer, soit en paix, soit en guerre, Toute chose contraire, et sur mer et sur terre ! […] Voilà des autorités, je pense, nous dit le poète, heureux de notre embarras ; et vous, Messieurs, si vous voulez sentir toute la force de son argument, songez de combien de pièces toute la critique que nous faisons se réduit à demander, d’un air incrédule et moqueur, où, en quel temps, dans quel monde, en quel pays se sont passés les événements ou rencontrés les caractères que l’on nous développe à la scène ? […] (Toutes les mères ont tremblé pour leur fils, mais une seule s’est trouvée dans la condition d’Andromaque ; et il ne s’est rencontré qu’une Hermione, mais toutes les duchesses ou toutes les blanchisseuses ont ressenti comme elle les tortures de la jalousie…) Et il en est arrivé ceci : qu’en traitant la tragédie de cette manière toute nouvelle, Racine, de purement oratoire qu’elle était encore dans l’œuvre de Corneille, l’a rendue, Messieurs, proprement poétique. […] C’est ce qu’ils ne disent pas, mais c’est ce qu’ils pourraient dire ; les flots ne sont pas plus changeants ; et je ne crois pas que les surprises du hasard aient jamais rencontré des âmes plus ployables.

1565. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Un père et une fille, une mère et un fils, qui ne se sont jamais vus, se rencontrent et découvrent tout à coup ce qu’ils sont l’un à l’autre : étonnement, stupeur, et en avant la « voix du sang » ! […] Léonide, reine de Sparte, nièce d’un usurpateur, a rencontré Agis, fils du roi détrôné, le sauvage et gracieux Agis qu’élèvent secrètement, dans la solitude, le philosophe Hermocrate et sa vieille sœur Léontine. […] Tandis qu’elle promenait en Italie son humeur excentrique, son spleen et sa beauté fatale, elle a rencontré à Rome un gentilhomme mûr, le général comte de Canalheilles, et lui a inspiré une violente passion. […] Je suis heureux qu’un hasard me fasse rencontrer, au courant de ces causeries dramatiques, M.  […] « Leurs mains, dit Émile Zola, se rencontraient dans les hachis. » Il n’y a pas, dans la chanson de Mlle Demay, de traits de cette beauté.

1566. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Un type vrai, d’humanité moyenne, éclatant de réalité, rencontré la veille dans la rue, retrouvé plus précis et plus saillant dans ce manuscrit, voilà ce qui avait sauté aux yeux d’Émile Augier et ce qui devait y sauter. […] Baptiste rencontra Jeanne et la trouva belle. […] — Soit. » La scène entre Judith et Aubier est gauche et passe difficilement, mais celle où se rencontrent Aubier et Suzanne est d’une main extraordinaire. […] Vous aurez la bonté de ne pas me bouder violemment, comme vous faisiez quand vous vous rencontriez avec lui chez moi, ce qui, — vous ne le savez pas, parce que vous ne savez rien du monde, — ce qui est une façon d’écrire sur une affiche de six pieds de haut : « Je suis l’amant de cette femme !  […] Une seconde fois, comme elle sortait d’une autre auberge, à dix kilomètres de la précédente, elle rencontra le même personnage qui lui demanda dix mille francs.

1567. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Il leur arriva donc de rencontrer M.  […] Se rencontrer mille pour aimer une fouine ! […] C’est là, sur les bords arrondis de quelque musicale fontaine, qu’il doit rencontrer la jeune fille au cœur primitif, au front limpide et beau.

1568. (1925) Dissociations

Or, ces deux classes d’être humains se rencontrent en nombre à peu près égal dans les autobus et dans les tramways : d’où conflit entre ceux qui ne peuvent respirer que les vitres baissées et ceux qui les redoutent et n’y voient que des portes ouvertes aux rhumes, maux de gorge et bronchites. […] L’homme qui sort Dans une de mes rares sorties, j’ai rencontré l’homme qui exerce la profession qui m’est la plus antipathique : il se promène. […] Les passages étaient très fréquentés et en cas de pluie soudain& on était sûr d’y rencontrer quelqu’un de connaissance.

1569. (1896) Le livre des masques

Il a rencontré le Vent de novembre : Le vent sauvage de novembre, Le vent, L’avez-vous rencontré, le vent Au carrefour des trois cents routes… ? […] Mais Jean Moréas, qui a rencontré ses amis en chemin, parti de plus loin, s’annonce plus fièrement.

1570. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Le sens qu’on attachera à ces mots sera, ou le sens propre, ou le sens figuré : dans le premier cas, on aura trouvé le vrai sens du mot, et il ne faudra que le rencontrer encore une ou deux fois pour se convaincre qu’on a deviné juste ; dans le second cas, si on rencontre encore le même mot ailleurs, ce qui ne peut guère manquer d’arriver, on comparera le nouveau sens qu’on donnera à ce mot, avec celui qu’on lui donne dans le premier cas ; on cherchera dans ces deux sens ce qu’ils peuvent avoir d’analogue, l’idée commune qu’ils peuvent renfermer, et cette idée donnera le sens propre et primitif. […] La première, c’est que dans un grand nombre de mots il y a des lettres qui tantôt se prononcent et tantôt ne se prononcent point, suivant qu’elles se rencontrent ou non devant une voyelle : telle est, dans l’exemple proposé, la dernière lettre s du mot temps, etc. […] Quoi qu’il en soit, et quelque réforme que notre langue subisse ou ne subisse pas à cet égard, un bon dictionnaire de langue n’en doit pas moins tenir compte de la différence entre l’orthographe et la prononciation, et des variétés qui se rencontrent dans la prononciation même.

1571. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

L’abbé de Pons riposta, non sans se féliciter d’avoir rencontré un si galant adversaire, et il reprit la question, ou plutôt il l’étendit en la changeant de terrain, dans sa Dissertation sur les langues en général, et sur la nôtre en particulier.

1572. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

De cette sorte, et si l’on s’en tenait à cette règle, la connaissance des faits irait s’accroissant en réalité ; on entendrait successivement bien des témoins, mais des témoins toujours utiles ; on ne recommencerait pas sans cesse d’éternels récits qui n’ont de prix que chez les narrateurs vraiment originaux et compétents, en attendant qu’ils aient rencontré l’artiste définitif et suprême.

1573. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Pour ceux qui aiment à se rendre compte de leurs admirations, Villon bien souvent a tort, et deux ou trois perles dans son fumier, deux ou trois exquises ballades les consolent à peine des difficultés et des obstacles qu’ils rencontrent à chaque pas dans l’ensemble.

1574. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Molé rencontrait Benjamin Constant dans les derniers temps de la Restauration et lui demandait comment il allait, il en reçut cette réponse : « Je mange ma soupe aux herbes, et je vas au tripot »,

1575. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Avec Mme du Deffand et de la part de celle-ci, nous allons rencontrer plus d’une mauvaise humeur, plus d’une injustice également, plus d’une méchanceté même, comme les femmes du monde s’en permettent en langage envers des amies de tous les jours ; mais la suite aidera à corriger ce qui n’était que jugement hasardé, boutade, et à établir le vrai point.

1576. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Royer-Collard et de Danton ; mais le piquant est que tous deux se soient rencontrés, coudoyés, se soient touché la main, et que l’un, à son second point de départ, se soit si nettement souvenu et inspiré de l’autre pour le repousser, l’abhorrer et lui ressembler à tout jamais si peu.

1577. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Amour exhale ses plaintes ; il est rencontré par Vénus qui le cherchait partout.

1578. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

J’avais autrefois rencontré Gavarni, je ne l’ai connu que tard ; mais j’ai beaucoup causé avec ceux qui l’ont pratiqué de tout temps, je me suis beaucoup laissé dire à son sujet, et insensiblement l’idée m’est venue de rendre à ma manière cette physionomie d’un artiste qui en a tant exprimé dans sa vie et qui les comprend toutes ; j’ai voulu l’esquisser telle qu’à mon tour je la vois et la conçois et telle qu’on l’aime.

1579. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

— D’Albert aime la beauté et n’aime qu’elle ; mais il l’aime à un degré où il devient à peu près impossible de la rencontrer, et lorsqu’il aura l’air d’aimer quelque être qui lui en offre une certaine image, il sentira que ce n’est là qu’un prétexte et un fantôme, et que réellement il n’aime pas.

1580. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Les habiles critiques qui ont étudié et éclairé ses œuvres ont remarqué combien, en cela, il fut peu favorisé du sort, combien sa faculté poétique ne rencontra guère que de chétives occasions, et ils ont répondu pour lui, et à sa décharge, en alléguant l’exemple de Martial, à qui l’on demandait, sur des riens, des épigrammes pleines de feu : « Tu me demandes, ô Cæcilianus, des épigrammes toutes piquantes et toutes vives, et tu ne m’offres que des thèmes froids et morts.

1581. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Et puis, il faut le dire, il y a eu un moment et un jour où les chemins se sont croisés, et où l’on a dû se rencontrer, se heurter et se contrecarrer très nettement.

1582. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

 » On entrevoit quel genre de difficultés Jean-Bon rencontra en tout temps, difficultés inhérentes à la nature même des choses, mais qui depuis la fin de 1812 s’accroissaient à proportion des chances défavorables et sous la menace des événements.

1583. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Tissot qui la rencontra, sans la chercher, dans son trajet, sur l’odieuse charrette, de la Conciergerie à la place de la Révolution.

1584. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

J’ai rapproché précédemment (page 85) le nom du maréchal de Saxe de celui de Kléber ; j’ai été heureux de rencontrer depuis, dans la Vie politique et militaire de Napoléon par Jomini (tome I, page 302), une confirmation de cette vue.

1585. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Il avait trouvé dans Ney un protecteur qui l’avait apprécié d’emblée, et l’on peut dire qu’il n’en pouvait rencontrer un à qui son genre de mérite s’appliquât mieux et s’adaptât avec plus d’avantage.

1586. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Quoi qu’il en soit, le Napoléon de 1815 n’a jamais rencontré de juge plus impartial, plus ouvert, plus disposé à faire la part des mérites comme celle des contretemps ou des défaillances.

1587. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Il était dans ces dispositions, et toutefois il s’était mis à l’étude du droit, lorsque, revenant un jour de Poitiers, il rencontra dans une hôtellerie Ronsard, jeune également, un peu son aîné, je crois, encore inconnu, et méditant lui-même sa réforme et révolution poétique : les deux jeunes gens s’entendirent à première vue et se lièrent.

1588. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Plusieurs de ces difficultés se rencontraient dès les chapitres préliminaires de l’Introduction sur les Ibères, les Celtes et les Phocéens ; malgré tout l’esprit de détail et les finesses d’interprétation que l’auteur y a semés, il n’a pu éviter de laisser ce portique de son œuvre assez semblable aux époques incertaines et coupées qu’il y représente, quelques pierres druidiques éparses ou superposées, quelques inscriptions à demi comprises, quelques noms roulés comme des cailloux dans le torrent.

1589. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Plus d’analyse conviendrait peu, à propos des deux volumes que nous annonçons ; et puis il nous serait impossible, en continuant de les feuilleter, de ne pas nous rencontrer nous-mème face à face sous la plume de M.

1590. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Les autres personnages de la cour ne sont pas moins agréablement dessinés. « En s’étendant un peu longuement sur ce séjour en Russie, écrivions-nous il y a plus de quinze ans déjà, lors de l’apparition des Mémoires, l’auteur ou mieux le spirituel causeur a cédé sans doute à plus d’un attrait : là où lui-même a rencontré tant de plaisirs et de faveurs qu’il se plaît à redire, d’autres qui lui sont chers ont recueilli dans les dangers d’assez glorieux sujets à célébrer.

1591. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Nous nous étions rencontrés non par hasard, mais par attraction, il y avait un an et demi, dans les montagnes de la Savoie, divines solitudes pour commencer ou finir la vie !

1592. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Ce fut là que Fénelon rencontra madame Guyon.

1593. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

S’il y avait plus de rapidité ou de sobriété (ce qui par endroits se rencontrait dans Renart), on ne voit pas ce qui manquerait au Vilain Mire ou au Vilain qui conquit paradis par plaît, au conte de Saint Pierre et du Jongleur, à quelques autres encore.

1594. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Allégories, depuis le Temple de Cupido jusqu’au Balladin, personnifications, abstractions, allitérations, rimes batelées, fraternisées, vers équivoqués, acrostiches, toutes les pédanteries, toutes les bizarreries, tous les tours de force se rencontrent chez maître Clément, et trahissent ses origines.

1595. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Même dans ses œuvres lyriques — il y a de belles choses dans son Imitation ou dans son Office de la Vierge — les qualités ordinaires du style lyrique, richesse des images, délicatesse des sonorités, ne se rencontrent guère : là encore les éléments concrets, sensibles, pittoresques font à peu près défaut.

1596. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il ne se rencontra pas, par malheur, dans le siècle un autre Voltaire pour faire sur cette grotesque invention une autre Diatribe du docteur Akakia.

1597. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Il s’est rencontré des princes d’une nullité incontestable, même aux yeux de l’observateur le plus respectueux.

1598. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Il se détermine à se rencontrer avec Fabio l’épée à la main.

1599. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

L’explication qu’il en donne est peut-être plus prudente que vraie. « Les hommes de goût, pieux et éclairés, dit-il100, n’ont-ils pas observé que, de seize chapitres qui composent le livre des Caractères, il y en a quinze qui, s’attachant à découvrir le faux et le ridicule qui se rencontrent dans les objets des passions et des attachements humains, ne tendent qu’à ruiner les obstacles qui affaiblissent d’abord et qui éteignent ensuite dans tous les hommes la connaissance de Dieu ; qu’ainsi ils ne sont que des préparations au seizième et dernier chapitre, où l’athéisme est attaqué et peut-être confondu, où les preuves de Dieu, une partie du moins de celles que les faibles hommes sont capables de recevoir dans leur esprit, sont apportées, où la providence de Dieu est défendue contre l’insulte et les plaintes des libertins ? 

1600. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Là est la source des antinomies que nous avons rencontrées soit dans l’ordre de la production, soit dans celui de la consommation, soit enfin dans le mode d’intégration des valeurs sociales.

1601. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Dans le 1er cas, nous pouvons aller de A à B par un chemin continu sans quitter C et sans rencontrer les coupures ; dans le second cas cela est impossible.

1602. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Mais il avait rencontré du Plessys qui, subtil et charmeur, lui avait imposé momentanément une attitude.

1603. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

C’est ainsi que, vagabonde et errante, la rencontrèrent les Parnassiens de 1864.

1604. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Villiers de L’Isle-Adam rencontra Wagner à Triebschen.

1605. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Sachez donc que M. de Beaubourg a rencontré, au Prater de Vienne, une dame qu’il avait autrefois courtisée à Paris, avec le fiasco le plus humiliant.

1606. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Chaque savant personnage que rencontrait le jeune homme sur son chemin (et l’Académie de Caen en réunissait alors un grand nombre) lui devenait ainsi un nouvel instigateur d’étude ; il absorbait avidement chaque source vive qui lui était offerte, et, toujours altéré, il en demandait encore.

1607. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Il faudrait qu’ils se vissent avant de se rencontrer en public, pour éviter les inconvénients de la surprise.

1608. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Il enjambe les époques, il accouple les noms les plus étonnés de se rencontrer, Louis XVI et le grand Théodose, M. 

1609. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Voyant ceux à qui elle s’adressait réservés et sur leurs gardes, elle se mit en colère, ce qu’elle faisait toutes les fois qu’elle rencontrait la moindre résistance, et elle leur dit « que, quand on avait une fois acquis l’habileté de succéder à la couronne, il fallait, plutôt que de se la laisser arracher, mettre le feu au milieu et aux quatre coins du royaume ».

1610. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Quand la condition sociale et le rang naturel se rencontrent, tout est bien, on a l’harmonie.

1611. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Un jour que Mme de La Fayette le rencontra dans un accoutrement qui tenait des deux sexes, en habit d’homme et avec des pendants d’oreilles et des mouches, cette femme d’esprit et de raison lui dit, sans doute en plaisantant et pour lui faire honte, que ce n’était guère la mode pour les hommes, et qu’il serait mieux tout à fait en femme.

1612. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

C’étaient des révérences profondes, des assurances de soumission à n’en pas finir, mais il faisait la sourde oreille à toute parole tendre ; et non seulement lui, mais Baraille, officier de sa compagnie, et qui était son homme de confiance, faisait de même : Toutes les fois que je le rencontrais (Baraille), je le saluais, nous dit Mademoiselle, pour lui donner quelque envie de m’approcher ; il faisait toujours semblant de croire que c’était à quelque autre personne que je m’adressais, et me faisait cependant de profondes révérences d’un côté, et se retirait de l’autre : dont j’étais au désespoir.

1613. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Le fils, Georges de Scudéry, est célèbre par ses vers empanachés, par ses jactances et ses rodomontades dans lesquelles il eut le malheur, un jour, de rencontrer et d’offenser Corneille : la postérité ne le lui a point pardonné.

1614. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Mme Necker, née loin de Paris, arrivant de la Suisse française dont elle était l’honneur, n’eût rien tant désiré que de rencontrer à Paris un salon exactement pareil à celui de Mme de Lambert, c’est-à-dire où l’esprit trouvât son compte et où rien de respectable ne fût blessé.

1615. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Il avait rencontré chez Voltaire Vauvenargues, qui, déjà mourant, venait habiter Paris : Marmontel se logea en face de lui, l’assista, l’entretint, recueillit ses leçons, et dans son âme trop mobile, trop sujette aux influences d’alentour, mais foncièrement honnête et droite, il conserva jusqu’à la fin, et à travers tous les philtres qui l’égarèrent, un goût de cette philosophie saine et pure qu’y avait versée l’éloquence de Vauvenargues.

1616. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

voyons, dit Condorcet avec son air et son rire sournois et niais, un philosophe n’est pas fâché de rencontrer un prophète. » — « Vous, monsieur de Condorcet, vous expirerez étendu sur le pavé d’un cachot ; vous mourrez du poison que vous aurez pris pour vous dérober au bourreau, du poison que le bonheur de ce temps-là vous forcera de porter toujours sur vous. » On s’étonne un peu du genre de plaisanterie dite d’un ton si sérieux, puis on se rassure, sachant que le bonhomme Cazotte est sujet à rêver.

1617. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Il tenait du duc d’Orléans, futur régent, du marquis de La Fare, de Chaulieu et des habitués du Temple, du grand prieur de Vendôme chez qui, plus tard, Voltaire jeune le rencontrera au passage : il lui suffisait, en tout état de cause, de rester digne de ce qu’il appelait la société des honnêtes gens, mais ce mot commençait à devenir bien vague ; et Saint-Simon, plus sévère et qui pressait de plus près les choses, disait de lui : « C’était un cadet de fort bonne maison, avec beaucoup de talents pour la guerre, et beaucoup d’esprit fort orné de lecture, bien disant, éloquent, avec du tour et de la grâce, fort gueux, fort dépensier, extrêmement débauché (je supprime encore quelques autres qualifications) et fort pillard. » Ce qui s’entrevoit très bien dans le peu qu’on sait du rôle du chevalier de Bonneval dans ces guerres d’Italie, c’est qu’il n’était pas seulement né soldat, mais général : il avait des inspirations sur le terrain, des plans de campagne sous la tente, de ces manières de voir qui tirent un homme du pair, et le prince Eugène dans les rangs opposés l’avait remarqué avec estime.

1618. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Quel plus vif et plus engageant début que celui de la pièce, quand le comte et Figaro se retrouvent et se rencontrent sous le balcon !

1619. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Pourtant ce fut lui qui, à la fin, rencontra cette mesure si délicate et si rare, qui l’introduisit, qui la montra possible par ses écrits, qui l’offrit vivante dans sa personne, et qui, sur la pente nouvelle où l’Université, bon gré mal gré, se trouvait conduite, l’inclina doucement aux réformes utiles, lui ménageant un dernier âge fécond encore et prospère.

1620. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Au milieu de ces pièges et de ces écueils qui se rencontrent à chaque pas dans la chambre du prince, Cosnac se ménage, et quelquefois se dérobe et s’abstient avec plus de prudence et de sens qu’on ne pourrait l’attendre d’une si grande et si ambitieuse jeunesse.

1621. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Il écrit pourtant, à d’Alembert : « Ne vous rétractez jamais, et ne paraissez pas céder à ces misérables en renonçant à l’Encyclopédie. » D’Alembert, en effet, est dégoûté, et l’entreprise commence à rencontrer à Paris une opposition sérieuse.

1622. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Dumont de Genève, cet homme d’esprit dont les Souvenirs ont beaucoup de valeur à titre d’exactitude et de finesse, a dit en signalant quelques-uns des membres de l’Assemblée constituante qu’il rencontrait assez habituellement : Volney, grand homme sec et atrabilaire, était en grand commerce de flatterie avec Mirabeau ; il avait de l’exagération et de la sécheresse ; il n’était pas des travailleurs de l’Assemblée.

1623. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Pendant l’année 1792, Volney, je l’ai dit, tenta en Corse une entreprise industrielle et coloniale ; il allait y chercher la paix agricole, il y rencontra des discordes, des haines et des guerres domestiques, exaspérées encore par le contrecoup de la Révolution française et fomentées par les intrigues de Paoli.

1624. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Des copies que nous possédions, nous rencontrions des extraits, publiés d’après les originaux, dans les catalogues de vente de lettres du 3 février et du 14 mai 1845, du 16 avril 1849, du 10 mars 1847, du 2 mars 1854.

1625. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Tels clichés, abstraits pour celui qui écrit, gardent pour celui qui lit une valeur d’image ; si donc plusieurs métaphores de ce genre se rencontrent liées ensemble par un rapport maladroit, il en résulte un effet de comique assez amusant.

1626. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Pourvu que nous sentions dans la création de l’artiste la spontanéité et la sincérité d’expression que nous rencontrons partout dans la réalité, « l’antipathique même redevient en partie sympathique, en devenant une vérité vivante qui semble nous dire : Je suis ce que je suis, et telle je suis, telle j’apparais7. » Ainsi sera refaite, dans l’art à tout le moins, une place et une large place aux individualités, ces ondulations et miroitements divers du grand flot de la vie, qui semblait tout d’abord les emporter pêle-mêle.

1627. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

En roule, j’ai rencontré le Dieu des panthéistes, mais je n’ai su qu’en faire, ce pauvre être étant vague et tout mêlé au monde ; il y est emprisonné, et vous bâille au nez, sans volonté et sans pouvoir.

1628. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Décidément, cela se confirme ; on croit avoir rencontré Shakespeare sans muselière.

1629. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Nous n’en parlerions point si ce système n’avait pas rencontré des approbateurs en Angleterre et des propagateurs en France.

1630. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Claude Bernard ; le métaphysicien y rencontrera également matière à de sérieuses réflexions.

1631. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Son Problème du Style, ses Épilogues, qu’ont une force durable, sa Culture des Idées, son Esthétique de la Langue Française ont des grâces saines, un aspect de vérité riante qu’on n’a pas coutume de rencontrer en de tels sujets.

1632. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Sans ce frein, je les regarderai comme des animaux féroces qui, à la vérité, ne me mangeront pas quand ils sortiront d’un long repas, et qu’ils digéreront doucement sur un canapé avec leurs maîtresses, mais qui certainement me mangeront, s’ils me rencontrent sous leurs griffes quand ils auront faim, et qui, après m’avoir mangé, ne croiront pas seulement avoir fait une mauvaise action. » (Tom. 

1633. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

On y voit les raisons de ce qui est commun à toutes les langues ; on y fait sentir les principales différences qui s’y rencontrent.

1634. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Ils ont rencontré l’un et l’autre le vrai rythme, sans y penser.

1635. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

La construction latine permet de renverser l’ordre naturel des mots et de les transposer jusques à ce qu’on ait rencontré un arrangement dans lequel ils se prononcent sans peine, et rendent même une melodie agréable.

1636. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

L’obligation où se trouve le poète de chercher l’expression, lui fait souvent rencontrer la plus énergique et la plus propre, qu’il n’eût peut-être pas trouvée s’il eût écrit en prose, parce que la paresse naturelle l’eût porté à se contenter du premier mot qui se serait offert à sa plume.

1637. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Cela doit nous prouver, sans doute, que les erreurs qui ont pris racine sont infiniment longues à périr, et qu’il faut nous attendre, pendant longtemps encore, à rencontrer dans notre chemin, les illusions et les préjugés que nous pouvions croire à jamais ensevelis.

1638. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

C’est un Grec né deux mille ans trop tard, et quand nous le vîmes pour la première fois, il nous fit songer à ce dernier prêtre d’Apollon que Julien rencontra dans un petit dème de l’Attique, allant, faute de mieux, sacrifier une oie sur l’autel demi-écroulé de son dieu tombé en désuétude. […] Lebrun ajoute que le public de 1825 n’était guère différent de celui de 1820, n’a-t-il pas oublié ce groupe de jeunes gens qui se connaissent déjà par leurs noms, se cherchent, se rencontrent au parterre, spectateurs aujourd’hui, impatients d’être écoutés à leur tour et à qui le théâtre appartiendra demain ? […] À partir de 1848, il y a encore des essais de tragédie mitigée, des drames en vers où se marient les deux genres, des traductions du théâtre grec, du théâtre anglais et du théâtre espagnol, attestant l’éclectisme qui est à coup sûr la conquête du mouvement de 1830 et signées de noms antérieurs à 1848 ; mais, pour trouver parmi les hommes nouveaux quelque chose de ce tempérament qui produit la grande œuvre du théâtre, il faut le rencontrer vers la fin de 1856 chez Louis Bouilhet, l’auteur de Madame de Montarcy, un dernier disciple des maîtres de 1830, qui s’est formé seul sur les degrés de l’école silencieuse, et dont le premier poëme dramatique vient s’épanouir aux lumières de l’Odéon comme une fleur de pourpre, née de quelque fibre vivace, poussée au loin par les pénétrantes racines de Ruy-Blas. […] Au moment où il avait renversé tout ce qui pouvait lui faire obstacle, qu’était-ce donc que cette résistance inattendue qu’il rencontrait dans le public ? […] Le Mari à la Campagne et Une Femme de quarante ans s’étaient rencontrés à propos pour faire un spectacle attirant moitié rire et moitié larmes.

1639. (1925) Comment on devient écrivain

Nous rencontrons tous les jours des types ; chacun de nous est un type ; pourquoi en met-on si peu dans les livres ? […] Quand il lisait un livre nouveau, quand il rencontrait un homme intéressant, ou‌ bien s’il arrivait un événement politique ou social important, il l’inscrivait aussitôt, en le jugeant du point de vue de Bazaroff. […] « Un homme appelé Régillanus fut choisi pour être empereur, par la seule raison que son nom avait une consonance royale ; et Jovien fut promu à la souveraineté, parce que son nom approchait le plus de celui de Julien59. »‌ Les Annales du dix-septième siècle racontent que Molière, cherchant un nom pour un des personnages du Malade imaginaire, celui qui est chargé de donner des clystères, rencontra par hasard un garçon apothicaire, auquel il demanda : « Comment vous nommez-vous ? […] Plus d’une fois nos visages pâlirent et nos yeux troublés se rencontrèrent ; mais un seul instant nous perditi tous deux. […] C’est un grand bonheur, pour un homme de lettres de rencontrer un pareil guide.

1640. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Herckenrath aboutit à cette formule qu’il met en italiques pour en signaler l’importance : « Nous aimons à rencontrer l’harmonie et l’ordre dans l’apparente irrégularité. » La différence est-elle prodigieuse ? […] Vous l’avez rencontré dix fois. […] Un monde organique plein de défauts ne devrait pas se rencontrer. » D’accord. […] Eh bien, cette causerie est la rapsodie la plus fade de lieux communs et de banalités que j’aie jamais rencontrée sur mes pas. […] Si l’auteur trouve le mythe dans ses lectures, il faut que, dès qu’il l’a rencontré, il l’ait vu tout de suite traversé, parcouru, éclairé et animé par l’idée dont il est le signe sensible.

1641. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Car nous connaissions Francis Nayrac, ou du moins ses semblables, pour les avoir autrefois rencontrés dans Mensonges ou dans Crime d’amour. […] La théorie de la Providence a donc rencontré jusqu’ici de plus nombreux partisans et de plus nombreux défenseurs, de plus illustres ou de plus éloquents. […] Quels obstacles cette fusion a-t-elle rencontrés ? […] Quoi de plus naturel, si jamais ni nulle part, on n’a rencontré l’homme isolé, ni la famille même autrement qu’à l’état de tribu ? […] J’ai rencontré de loin en loin dans le monde, je ne puis pas dire que j’aie beaucoup connu le galant homme, le spirituel écrivain, le hardi journaliste à qui j’ai l’honneur de succéder parmi vous.

1642. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Taine auraient-ils jugé cette morale avec la même faveur s’ils l’avaient rencontrée chez des Français, par exemple chez les hommes de la Révolution, ou encore du Premier Empire ? […] Un dimanche soir, au collège, mon voisin d’étude me dit qu’il avait rencontré une jeune fille rousse, nommée Sylvie, mais qu’il ne savait pas ce qu’il devait en faire. […] Il y a dans le Roi au masque d’or et dans quelques-uns des contes publiés à sa suite, une sorte de douceur tragique que je ne crois pas avoir jamais rencontrée ailleurs. […] Toutes les espèces du médecin d’aujourd’hui, vous les rencontrerez dans son livre, depuis le héros jusqu’au simple brigand. Vous y rencontrerez même des espèces que, sans doute, vous ne soupçonniez pas : ainsi l’ovariotomiste, qui épargne aux femmes les ennuis de la maternité : ou simplement le dichotomiste, qui partage l’argent qu’il extorque à ses clients avec les médecins qui les lui amènent.

1643. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Mais ils ne les cherchent pas, ils les rencontrent ; ils ne songent point à nous les étaler ; ils allaient ailleurs, ils les ont trouvées, sur leur route. […] Pecksniff ne peut pas se rencontrer en France.

1644. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

« J’y trouvai Caton, que je ne m’attendais pas à rencontrer ; il était assis et tout entouré de livres stoïciens. […] Nous étant donc ainsi rencontrés tous deux sans y songer, il se leva aussitôt.

1645. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Enfin le roi cherchait-il un tiers parti dans les chambres, il ne rencontrait que quelques hommes honnêtes et diserts de second ordre, appoint inconsistant de grands partis, convoitant le pouvoir sans avoir l’audace d’y prétendre ni l’énergie de le saisir dans la tempête. […] Je le connaissais de longue date, pour l’avoir rencontré dans la société politique de madame de Montcalm, sœur du duc de Richelieu.

1646. (1925) La fin de l’art

Le dernier projet le transporte au bois de Vincennes et jusqu’ici il n’a pas rencontré d’objection. […] De là l’apparition de ces formes étranges, qu’il faut s’attendre à rencontrer de plus en plus dans la littérature courante : il s’enfuya, il ria, il souria, etc.

1647. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Enfin, comme l’imagination d’un ou de plusieurs auditeurs est la circonstance déterminante de cette modification de la parole intérieure, il est naturel que, par intervalles, elle devienne une imitation de la parole d’autrui ; aussi est-ce spécialement dans cette variété que se rencontrent des sons spécifiques étrangers aux habitudes ou aux facultés de la parole extérieure individuelle. — Dans le dialogue imaginaire, la parole intérieure est donc doublement impersonnelle : quand je crois parler, je parle, autant que je puis, le langage de tous ; puis, souvent, je suppose une réponse : alors, j’imite et la voix et les habitudes de langage de l’interlocuteur que ma fantaisie s’est donné. […] Nous n’en trouvons pas seulement la trace dans les fictions conventionnelles de la poésie et de l’éloquence antiques ; nous la rencontrons aussi à l’origine de nombreuses locutions, parmi lesquelles nous avons déjà cité les plus usuelles, comme la voix de la conscience et d’autres semblables.

1648. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Il s’est rencontré peut-être dans l’Inde, mais beaucoup plus tard. […] Le grand obstacle qu’ils rencontreront est celui qui a empêché la création d’une humanité divine.

1649. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Joseph de Maistre En tardant si longtemps, depuis la première promesse que nous en avions faite181, à venir parler de cet homme célèbre, de ce grand théoricien théocratique, il semble que, sans l’avoir cherché, nous ayons aujourd’hui rencontré une occasion de circonstance et presque un à-propos. […] Dans son long séjour en Russie, ce noble esprit, si vif, si continuellement aiguisé par le travail et l’étude, n’a presque jamais été averti, n’a presque jamais rencontré personne en conversation qui lui dît Holà ! […] Si j’en crois de bons témoins, il mérite d’être reconnu celui de tous les hommes peut-être en qui un tel phénomène s’est le plus rencontré et qui s’est le moins permis.

1650. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

« Tout art est gratuit… désintéressé comme tel… Dans la production même de l’œuvre, la vertu d’art ne vise qu’une chose : le bien de l’œuvre à faire, la beauté à faire resplendir dans la matière, la chose à créer selon ses lois propres, indépendamment de tout le reste. » Mais, ceci dit, un art théoriquement pur va rencontrer quelque chose d’étranger à lui, peut-être d’opposé à lui, un instrument, une matière. […] Par son ampleur comme par sa portée, par l’unanimité qu’il rencontrait ou suscitait dans le peuple présent aux fêtes, c’était bien le drame total. […] J’ai rencontré un sujet de drame chrétien, il m’a tenté et je l’ai traité de mon mieux, sans le moindre souci de sa réalisation à la scène, ni de l’accueil qu’il pourrait recevoir.

1651. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Vous ne rencontrez jamais un quadrupède se promenant du haut en bas d’un mur : donc vous ne devez pas représenter des quadrupèdes sur vos murs. […] Avant de l’avoir rencontré, nous n’aurions su dire comment il devait être fait pour nous plaire. […] On a peu d’occasions de rencontrer ces types presque parfaits qui sont pour le peintre et le sculpteur une véritable révélation de la beauté physique. […] On s’étonne que l’artiste ait si bien rencontré, et tellement à point, la matière qui devait rendre sa pensée. […] Ils savaient bien qu’il n’y a vraiment pas de chimères, ni de harpies, et qu’ils n’étaient pas exposés à en rencontrer une au détour du chemin.

1652. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Rien ne trompe, d’abord, comme de généraliser trop vite ; ensuite, comme de vous attacher à ce que vous rencontrez, dans un peuple étranger, de grossier et de mauvais ton à vos yeux. […] J’honore ceux-ci, car ils mènent le monde : mais ils m’ennuient profondément. » Cet état d’esprit le ramenait invinciblement à se renfermer en lui-même ou dans ce cercle de vrais amis, autres nous-mêmes, que, seuls, les concentrés connaissent, et que, seuls, les expansifs ignorent : « Il y a en moi un instinct qui me porte à me renfermer en moi, alors même que j’y dois rencontrer une pensée triste. […] Il a raison ; car les institutions ne sont que des hommes qui se sont disposés dans tel ou tel état pour s’être rencontrés dans tels sentiments qui étaient communs au plus grand nombre d’entre eux. […] Elle était informée trop tard et se manifestait elle-même trop lentement pour peser immédiatement sur les résolutions quotidiennes du pouvoir central ; elle arrivait presque toujours après coup et rencontrait devant elle le fait accompli. — Mais à mesure que la facilité et la rapidité de l’information et des communications sont devenues plus grandes, elle a été mise en jeu plus rapide, en action plus continue, et elle a touché les dépositaires du pouvoir comme de plein contact. […] Pour le moment, nous n’avons qu’à faire remarquer comment Proudhon dissout, en quelque manière, la théorie des nationalités dans les difficultés qu’il y a à les définir ; et, parce qu’il ne peut pas ou ne veut pas voir en quoi consiste une nation, n’aperçoit pas le droit des nations, le droit des gens ; et enfin, niant le droit des gens, est bien amené à ne rencontrer devant lui, comme principe international, que la force, et à s’incliner devant elle.

1653. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

C’est cette même marquise de Lassay pour laquelle Chaulieu, qui en était épris, et qui la rencontrait sans cesse dans la petite cour de Mme la Duchesse à Saint-Maur, a fait une foule de jolis vers, et ceux-ci entre autres où il parle de son cœur d’un ton presque aussi ému que l’eût pu faire La Fontaine : Il brûle d’une ardeur désormais éternelle ; Et, livré tout entier à qui l’a su charmer, Il sert encore un Dieu qu’il n’ose plus nommer51.

1654. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Comme on s’étonnait à Vienne qu’à la veille du départ, et devant bientôt peut-être se rencontrer tous deux le pistolet au poing dans les batailles, il reçût publiquement du prince Eugène des marques d’estime et de cordialité, Villars dit ce mot souvent répété depuis : « Voulez-vous que je vous dise où sont les vrais ennemis du prince Eugène ?

1655. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Il y eut un jour où la grandeur biblique et la beauté hellénique se rencontrèrent, se fondirent et se mêlèrent d’esprit et de forme dans une haute simplicité ; et quand nous parlons aujourd’hui de la tradition et de ce qui ferait faute, si elle avait manqué, de ce qui serait absent dans les fonds les plus suaves, dans les plus nobles fresques de la mémoire humaine, nous avons le droit de dire, à des titres également incontestables : Quoi ?

1656. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Dans tous ces écrits, dans le texte, les préfaces, les moindres notes, dans tout ce qui sort de la plume de M. de Lescure, on sent l’âme, le cœur, la sève, un bouillonnement d’esprit et de noble ambition ; l’âge lui en retirera assez, et, loin de le blâmer de ce trop de vivacité et de ferveur, je suis tenté plutôt de lui appliquer le mot de Chateaubriand : « Laissons l’écume blanchir au frein du jeune coursier. » Aujourd’hui il a rencontré sur son chemin, dans le cours de son ardente recherche en tous sens, le Journal manuscrit de Mathieu Marais, et il nous le donne avec des suites de lettres de ce même avocat curieux et savant.

1657. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Mathieu Marais, en effet, a eu, comme tant d’autres, sa velléité et sa démangeaison d’Académie, et il rencontra Montesquieu sur son chemin.

1658. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

88» Le regret de Tocqueville, de ne pouvoir trouver dans les circonstances de son temps un objet digne de lui et, en quelque sorte, le joint d’une grande cause, comme l’avait rencontré M. 

1659. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Mais l’on conçoit que dans cette extrémité d’opinion, d’anxiété et de fièvre, au premier pas de son noviciat et s’ignorant lui-même, il se soit attaché en 1815 à un homme de Dieu, à un esprit de saint qui se rencontra sur sa route ; il écrivait à la même date (10 août 1815) : « J’ignore encore entièrement ce que je ferai.

1660. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Il connut de bonne heure Bossuet et s’était lié avec lui sur les bancs des écoles : « Il eut le bonheur, dit M. de Chateaubriand, de rencontrer aux études un de ces hommes auprès desquels il suffit de s’asseoir pour devenir illustre. » Le biographe s’est laissé aller à être modeste pour l’humble héros : Bossuet, on le verra tout à l’heure, s’exprimera plus librement ; c’est lui qui revendiquerait pour lui-même le bonheur et l’honneur de s’être assis à côté de Rancé, de cet homme dont il ne parlait jamais sans être saisi d’une admiration sainte. 

1661. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Ce cadre voulu, cette forme essentielle et sensible, cette réalisation instantanée de sa chanson, cet éclair qui ne jaillit que quand l’idée, l’image et le refrain se rencontrent en un, Béranger l’obtient rarement du premier coup.

1662. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Il a heureusement rencontré, pour s’insinuer avec ses contes et ses romans auprès de la femme, le moment où l’imagination de celle-ci était le plus éveillée, après l’émancipation de Juillet, par les peintures et les promesses saint-simoniennes.

1663. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Jean-Jacques, dont c’était aussi le vœu, mais qui ne s’y tenait pas, eut occasion, à ses débuts, de rencontrer souvent l’abbé Prévost chez leur ami commun Mussard, à Passy ; il en parle dans ses Confessions (partie II, livre VIII), et avec un sentiment de regret pour les moments heureux passés dans une société choisie.

1664. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

« Jamais, avant ce moment, nous n’avions eu, monsieur, aucun rapport personnel ; jamais nous n’avions eu l’occasion d’échanger une parole ; jamais même nous ne nous étions rencontrés ni vus.

1665. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Il faut donc exister seul, puisqu’il est interdit de secourir le malheur, et qu’on ne peut plus rencontrer l’affection.

1666. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Dans l’analyse des diverses affections morales de l’homme, il se rencontrera quelquefois des allusions à la révolution de France ; nos souvenirs sont tous empreints de ce terrible événement : d’ailleurs, j’ai voulu que cette première partie fut utile à la seconde, que l’examen des hommes un à un put préparer au calcul, des effets de leur réunion en masse ; j’ai espéré, je le répète, qu’en travaillant à l’indépendance morale de l’homme, on rendrait sa liberté politique plus facile, puisque chaque restriction qu’il faut imposer à cette liberté, est toujours commandée par l’effervescence de telle ou telle passion.

1667. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Les idées générales et le raisonnement suivi ne se rencontrent que chez une petite élite.

1668. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Hugo, s’il se rencontrait déjà dans Notre-Dame de Paris : un comique d’imagination, sans esprit, sans finesse et sans idées, robuste, vulgaire, un peu lourd, tout renfermé dans les éléments sensibles du style et du vers, dans l’image et dans la rime, quelque chose de copieux et de coloré dont on ne saurait nier la puissance.

1669. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Pour préjuger l’accueil qui serait aujourd’hui réservé à un Sainte-Beuve, il suffit de se rappeler que les Promenades littéraires de Remy de Gourmont, qui supportent le parallèle avec les Causeries du lundi, ont été publiées dans Le Temps et que, réunies en volumes, quoique n’ayant pas rencontré le large public qu’elles méritaient, elles sont toujours lues.

1670. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il se rencontrait des Français pour penser, des écrivains pour imprimer, que le peuple n’était pas si fou quand il voulait déchirer le corps de Colbert, puisqu’il avait été malheureux, et malheureux par Colbert.

1671. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Or ce que j’ai voulu inculquer avant tout en ce livre, c’est la foi à la raison, la foi à la nature humaine. « Je voudrais qu’il servît à combattre l’espèce d’affaissement moral qui est la maladie de la génération nouvelle ; qu’il pût ramener dans le droit chemin de la vie quelqu’une de ces âmes énervées qui se plaignent de manquer de foi, qui ne savent où se prendre et vont cherchant partout, sans le rencontrer nulle part, un objet de culte et de dévouement.

1672. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

La grande Mademoiselle, qui n’a pas encore rencontré Lauzun, craint aussi de se donner un maître sous le nom de mari, et quand elle rêve de transformer les dames et les officiers de sa cour en bergers et en bergères vivant aux champs et gardant des moutons enrubannés, elle entend que le mariage soit interdit dans cette société idéale.

1673. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

On n’a pas oublié la fièvre de maternité qui fit éruption dans le beau monde de Paris, quand Rousseau eut dénoncé comme de mauvaises mères les femmes qui livraient leurs enfants à des nourrices ; jusque dans les couloirs de l’Opéra, on put rencontrer des enfants à la mamelle que leurs jeunes et pimpantes mamans venaient allaiter durant les entr’actes.

1674. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Comme premier président de la Cour des aides, la carrière de Malesherbes demanderait tout un chapitre ; il suivit la ligne de conduite des hommes les plus courageux et les plus indépendants de l’antique magistrature française, se signala par des remontrances énergiques et qui touchaient aux grands intérêts de la nation, ne rechercha en tout que la droite équité, et, s’il rencontra la popularité dans cette voie, du moins il n’y sacrifia jamais.

1675. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Bussy, dans l’exil, en se souvenant des femmes qu’il avait connues, disait : « Elles aimaient, de mon temps déjà, l’argent et les pierreries plus que l’esprit, la jeunesse et la beauté. » On doit plaindre Bussy de n’avoir su rencontrer que de pareilles femmes à l’époque où vivaient les Sévigné, les La Fayette et bien d’autres.

1676. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Pastoret ; il y fut rencontré par le commissaire et ses acolytes qui y faisaient, de leur côté, une visite domiciliaire, et qui prirent sur eux de s’assurer de sa personne, sans ordre et par mesure de précaution.

1677. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Biot, il était en mission dans le Nord et qu’il a pu le rencontrer.

1678. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Continûment, d’un élan exaspéré, elle affronte avec son rêve cette réalité différente et le brise à des formes rigides auxquelles elle avait prêté d’autres contours, — semblable à quelque tragique voyageur muni d’une fausse carte et qui, dans la nuit, rencontrerait des précipices où il pensait trouver une route unie et résistante.

1679. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Leur conduite est constamment conforme aux lois de la probité, à la conception que l’idéal de l’époque a formée de l’honnête homme, et à vivre de la sorte, ils rencontrent à la fois la fortune et l’estime publique.

1680. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

22 mai Chez Charles Edmond nous rencontrons About.

1681. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Après avoir entendu la lecture (comme on aurait désiré que vous pussiez l’entendre, messieurs), de cette composition vraiment classique et pleine d’urbanité, le jury n’a pas été surpris de rencontrer le nom de l’auteur, M. 

1682. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Je vous ai dit, de plus, et je vous le répète, qu’il se donnait en même temps, facilement à la vérité, mais enfin avec une certaine sollicitude, une éducation scientifique assez importante, causant avec les savants qu’il rencontrait chez Mme de La Sablière, étudiant Descartes, s’éprenant de cette nouvelle philosophie « subtile, engageante et hardie » ; enfin il n’y avait aucune des grandes avenues de la connaissance en son temps qu’il n’eût pénétrée et parcourue.

1683. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

C’était l’expression d’un sentiment naturel qui, à force de profondeur et de beauté vraie, a rencontré, sans la chercher, la forme littéraire la plus exquise — Maurice de Guérin avait une sœur, non pas seulement de sang, mais de génie.

1684. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Il faut bien l’avouer : dans les termes où je l’ai défini, le roman populaire est assez malaisé à rencontrer.

1685. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Nous en rencontrerons de perçus ou de perceptibles ; ceux-là pourront être tenus pour réels.

1686. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Vous en rencontrez, il est vrai, un second : les changements homogènes et calculables sur lesquels la science opère semblent appartenir à des éléments multiples et indépendants, tels que les atomes, dont ils ne seraient que l’accident ; cette multiplicité va s’interposer entre la perception et son objet.

1687. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Jusqu’à son temps74, les voyageurs qui se rencontraient sur terre ou sur mer, se demandaient réciproquement s’ils n’étaient point des brigands ou des pirates, en prenant sans doute ce mot dans le sens d’étrangers.

1688. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Quel plaisir désormais peut se rencontrer pour moi ?

1689. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Depuis j’ai rencontré des hommes forts comme du bronze (steady bronze-men), et qui cependant jouissent de la vie comme si tous leurs pores étaient une langue ou un palais et que tous les événements, toutes les choses qu’ils voient fussent des aliments pleins de saveur. […] Beaux et vertueux, ces jeunes gens se rencontrent et s’aiment ; l’amour naît toujours sournoisement, ce n’est que lorsque le mal est inguérissable qu’on se sent malade, qu’on cherche des remèdes. […] Le père May est bon et ne veut pas le laisser voir ; violent, emporté, il fait souffrir tout le monde par sa brusquerie et sa brutalité : « En traversant la place, il rencontra son père qui vint à lui. […] Le ton rempli de modération et de dignité avec lequel vous m’avez communiqué vos observations diffère trop de celui que je suis habitué à rencontrer ailleurs, — je veux dire partout, — pour que je n’en prenne point acte, et ne vous en remercie. […] Vous êtes fait comme cela et vous vous en vantez ; vous ne vous doutez pas qu’écrire est aussi simple que parler, que le style est un instrument et non un but ; vous n’avez donc pas rencontré de beaux parleurs déplaisants et ennuyeux ?

1690. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

… Nous autres gens à l’esprit grossier, qui sommes habitués à donner aux mots les sens déterminés et brutaux que leur prêtent les dictionnaires, nous sommes toujours étonnés quand nous rencontrons sous la plume de M.  […] Ne croyez pas que sa vieillesse lui soit à charge ou lui apporte quelques angoisses sur l’Au-delà : il ne demande plus qu’une mort douce et subite ; il ne désire pas une autre vie, ayant trop joui de celle-là ; et si par hasard il y en a une, il est plein de confiance en la bonté infinie qu’il a rencontrée en ce monde. […] Ici, le pessimisme de Schopenhauer vient rejoindre le mysticisme : parties de points différents, les deux doctrines se rencontrent au terme de leur périple et s’unissent dans un mépris commun, quoique expliqué par d’autres raisons, de la volonté et de l’action. […] Pourtant, il n’a pu feuilleter les écrits contemporains ni suivre les représentations théâtrales sans rencontrer une foule de délicats problèmes, sur lesquels il a été appelé à donner son avis. […] Il évite d’en mettre un seul dans ses pièces : il leur préfère les notaires, qui deviennent des espèces de confesseurs laïques, très sages, pénétrés des insuffisances du Code, habiles à y suppléer par leur finesse personnelle, et qui ont cet avantage signalé de pouvoir rencontrer au bal de l’Opéra les femmes de leurs clients, affolées de jalousie (Francillon).

1691. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Après avoir écrit à Raynouard pour lui envoyer son acte de naissance et prouver qu’il était bien l’auteur de la mention honorable que lui avait accordée l’Académie française, Victor Hugo adresse à son cousin une lettre dont le fond est d’un cœur exquis, mais où se rencontrent des phrases comme celle-ci : « C’est un étrange effet du malheur que nous ayons déjà rempli les fonctions les plus sacrées d’une amitié dont nous avons à peine formé les premiers nœuds, etc… Songe à ton respectable père, etc. » Mais ce n’est pas longtemps que Victor Hugo suit les chemins battus ; ses lettres à Alfred de Vigny, alors officier au 5e régiment de la garde royale ; à Lamennais, à David d’Angers, à Hérold, au baron Taylor, à tant d’autres, nous le montrent bientôt marchant résolument dans la voie qu’il ne quittera plus. […] Il est vrai que nous y étions employés en même temps et que notre amitié date de cette époque ; mais un hasard malin faisant que ni lui ni moi n’étions jamais à notre bureau, nous ne nous sommes jamais rencontrés qu’au dehors, sur les boulevards, dans les théâtres, partout enfin ailleurs qu’à la Préfecture de la Seine. […] Dans cet ouvrage d’une forme très personnelle et très originale, je rencontrai des observations qui me parurent commander l’attention et qui, sous une forme fantaisiste, renfermait des opinions fort justes sur la politique, la philosophie, l’art, etc. […] Heureusement, le hasard me fit aussi rencontrer au bas d’une page cette petite note : « Il peut être utile de rappeler ici que la publication du Triomphe de la mort a commencé dans le Mattino, de Naples, le 12 février 1893, tandis que la publication de Lourdes n’a commencé dans le Gil Blas que le 15 avril 1894. » Sans examiner le cas particulier de l’emprunt fait à M.  […] La préface, très originale d’allure, l’entrée en matière donnera idée du mouvement du livre et de la fantaisie aisée qui y règne : « À l’heure où tous les poètes sont ivres, c’est-à-dire inspirés — après trois heures du matin, toutes les brasseries étant closes, Amphatisias le Magnanime, dont le génie n’est inconnu que du public, rencontra dans une rue escarpée de Montmartre un grand fantôme haillonneux qui l’arrêta.

1692. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Il rougissait de rencontrer un pauvre plus pauvre que lui-même16, et jamais il n’accepta une aumône dépassant son besoin immédiat. […] Sa théorie esthétique est des plus amusantes : le beau existe en soi, il est l’objet d’un véritable jugement, il ressort à un sens spécial en quoi se rencontrent la sensibilité et l’entendement. […] Mais l’élève n’existe pas ; il y a, chez les hommes comme chez les enfants, des personnalités plus ou moins différenciées, assez sensibles pour que l’on n’ait jamais rencontré ni deux hommes identiques, ni deux enfants tout pareils. […] Meyer, est une graphie fréquente au moyen-âge. » Toutes les graphies simplistes se rencontrent dans les textes anciens, aussi bien, du reste, que les plus compliquées. […] , II) qu’en 842 Landulf, archevêque de Capoue, considérait les moines comme des jettateurs dangereux à rencontrer : Quotiens monachum visu cerno, semper mihi futura dies auspicia tristia subministrat.

1693. (1774) Correspondance générale

Supprimez cette figure, plus d’harmonie dans la composition ; les autres figures seront désunies ; la France, adossée à de grands drapeaux nus, n’aura plus d’effet, et l’œil sera choqué de rencontrer presque dans une ligne droite, dont rien ne rompra la direction, trois têtes de suite, celles du Maréchal, de la France et de la Mort. […] Pendant quinze jours que je n’en ai eu aucun besoin, je ne rencontrai pas autre chose sous mes yeux. […] Je vous en parle selon ma conscience, je ne donnerais pas dix louis de tout ce que les frères peuvent légitimement répéter contre leur sœur ; et encore est-elle exposée à perdre la vie pour se procurer ce petit avantage illicite : car elle était morte si elle eût été rencontrée dans les rues, lorsqu’elle portait de nuit, sous différents déguisements, des paquets déguenillés dans son tablier. […] Un homme qui avait quelquefois de l’éloquence et de la chaleur me disait : « Je ne crois pas en Dieu, mais les six lignes de La Harpe contre l’athéisme sont les seules que je voudrais avoir faites » ; et je pense comme cet homme, non que je croie ces lignes vraies, mais parce qu’elles sont éloquentes ; encore l’orateur n’a-t-il rencontré que la moitié de l’idée. […] Les grands sont si sujets à rencontrer des fripons qu’ils se méfient des honnêtes gens.

1694. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Vous rencontrerez dans Chaucer des enfilades de peintures pareilles. […] Ils ont eu des émotions fortes, parfois tendres, et les ont exprimées chacun selon le don originel de leur race, les uns par des clameurs courtes, les autres par un babil continu ; mais ils n’ont point maîtrisé ou guidé leurs impressions ; ils ont chanté ou causé, par impulsion, à l’aventure, selon la pente de leur naturel, laissant aux idées le soin de se présenter et de les conduire, et lorsqu’ils ont rencontré l’ordre, c’est sans l’avoir su ni voulu.

1695. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Je demanderai avant tout à chacun d’eux ses titres d’artiste, certain de rencontrer un penseur et une haute nature morale, mais non comme l’entend la plèbe intellectuelle, là où j’admirerai la puissance, la passion, la grâce, la fantaisie, le sentiment de la nature et la compréhension métaphysique et historique, le tout réalisé par une facture parfaite, sans laquelle il n’y a rien. […] Les lacunes, les négligences de style, les incorrections de langue y abondent, car les forces de l’artiste ne suffisent pas toujours à la tâche ; mais les parties admirables qui s’y rencontrent sont de premier ordre.

1696. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

c’est vraiment bien malheureux qu’on n’ait pas de lui, jetée sur le papier, sa pensée de 1852 à 1860, en ces années, où nous avons rencontré chez lui la plus originale cervelle philosophique de ce siècle. […] * * * — La race bourbonnaise, cette race du Centre, marquée à tous les bons signes de la pauvreté d’une province et de l’éloignement d’une capitale, race laide, rabougrie, a une caresse dans l’accueil et le service que je n’ai rencontrée nulle autre part.

1697. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Chose frappante, tous ces contrastes se rencontrent dans les poëtes eux-mêmes, pris comme hommes. […] Il fera rencontrer l’apothicaire à Roméo, les trois sorcières à Macbeth, les fossoyeurs à Hamlet.

1698. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Toutefois nous ne pouvons nous empêcher d’éprouver un sentiment de tristesse quand nous rencontrons sous nos doigts les débauches de gaieté folle dans ces volumes, dont les mères déchireront bien des pages pour préserver l’innocence de leurs fils. […] Il est si rare de rencontrer dans un même homme la popularité, la résistance et la politique : donnez ce spectacle au monde et cette consolation aux bons citoyens.

1699. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Vous pouvez casser la glace brillante qui le recouvre, sans rencontrer le torrent gonflé et bourbeux qui gronde sous son voisin541 ; le ruisseau qui en sortira n’aura que de petites échappées, rentrera de lui-même et vite dans son lit accoutumé. […] Et le monde l’y aide ; les circonstances rencontrées achèvent la révolution naturelle ; le goût change par sa propre pente, mais aussi par l’ascendant de la cour. […] Sitôt que vous voulez le peindre avec vérité, en philosophe, vous rencontrez le vice, l’injustice et partout l’indignation ; le divertissement périt sous la colère et la morale. […] On y rencontrait la politesse des formes, non celle du cœur ; ils n’avaient du monde que la convention et les convenances, l’étourderie et l’étourdissement.

1700. (1932) Les idées politiques de la France

Libéralisme et religion Faguet a intitulé en 1903 le Libéralisme un livre où il déclare ne rencontrer en France le libéralisme nulle part et dans nul parti : « Le Français, dit-il, est homme de parti avant tout, et homme de parti très passionné, et il ne souhaite rien au monde, après le succès de ses affaires particulières, que le triomphe de son parti et l’écrasement des autres. » Faguet passe alors en revue les quatre partis qui en ce temps se partageaient la Chambre, socialistes, radicaux, progressistes, nationalistes (notons ici que, depuis 1903, les deux partis de droite ont été réduits à chercher d’autres étiquettes, tandis que les noms des deux partis de gauche sont bon teint et défient le temps) et il explique qu’un seul est libéral, c’est-à-dire se dit libéral, parce qu’il est dans l’opposition. […] Reste en somme ceci, qu’en 1932, trente ans après l’année où Faguet consacrait le livre annuel du mois qu’il passait à Dinard à démontrer que la France est un des pays les moins libéraux de l’univers, que le libéralisme n’est pas français, et que lui Faguet n’avait jamais rencontré un Français qui fût libéral, si ce n’est quelques royalistes, la France nous apparaît comme le seul grand pays de l’Europe continentale (je laisse de côté les petits États) où le libéralisme des idées et des mœurs ait survécu. […] Si la politique, en France, ce sont les idées, le néo-opportunisme des Intérêts ne risque-t-il pas de traverser les zones dangereuses qu’a rencontrées Guizot en 1848, et où lui-même a été blessé les 11 mai 1924 et 8 mai 1932 ? […] André Siegfried a rencontré, au cours de son étude sur le terrain, ce type du radical proconsulaire ; il n’a pas eu de peine à montrer qu’il était à peine besoin de gratter le radical proconsulaire pour trouver le radical consulaire.

1701. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Ce fut du moins un terrible sire en son temps que Rodrigue, un « routier » redoutable, fâcheux à rencontrer ; et ce serait sans doute un l’on bien dangereux que don Quichotte, s’il opérait librement aujourd’hui dans la banlieue de Madrid ou de Barcelone ! […] Ce qui mettait, en effet, la grâce efficace et la morale en péril, ce n’étaient pas les opinions particulières, et comme isolées, d’un Caramuel ou d’un Diana, c’était le molinisme, c’était le probabilisme, c’était, à ses yeux comme aux yeux de l’auteur de l’Augustinus, la protection ouverte et déclarée que rencontraient ces doctrines parmi les théologiens de la Compagnie de Jésus. […] À chaque progrès de la théorie répondra maintenant un progrès de la pratique, dont les limites, si jamais nous les atteignons, ne se rencontreront qu’aux confins mêmes du monde. […] Aussi, pour bien entendre l’histoire des idées au xviie  siècle, il ne faut pas nier l’influence du cartésianisme, il faut seulement la restreindre ; et surtout il faut bien voir qu’ayant rencontré le jansénisme en face de lui, c’est le cartésianisme qui a été momentanément et presque complétement vaincu. […] C’est-à-dire : depuis qu’il l’a rencontré, toutes ses qualités d’autrefois se sont tournées en autant de défauts.

1702. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Couat, que nous rencontrons dans la littérature antique un amour qui ne soit plus une fatalité du corps, comme chez les tragiques, ni une adoration mystique de la beauté comme dans Platon, ni simplement un agrément et une recherche de l’esprit comme dans les mythologues alexandrins, mais qui contienne tous ceux-là, en y ajoutant quelque chose de plus humain. […] Or, il s’est rencontré à deux moments différents de notre histoire littéraire, au xvie et au xixe  siècle, des poètes de noble race, fils du ciel plutôt que du sol gaulois, peu français par le tour d’esprit, mais avec le démon dans l’âme, qui, trouvant trop prosaïques la pensée et la langue usuelles, leur ont fait une certaine violence et ont voulu conquérir la couronne de poésie par des voies extraordinaires et par un labeur surhumain. […] Tout ce qu’on peut faire est d’en citer quelques fragments réussis ; en voici un assez beau sur les dieux de la Grèce, mais l’écrivain, par une distraction étrange de la part d’un antiquaire aussi minutieux, leur a laissé les noms romains qu’on leur donne dans l’Université de France et au théâtre de la Gaîté : Ils se penchaient du haut des nuages pour conduire les épées ; on les rencontrait au bord des chemins, on les possédait dans sa maison ; — et cette familiarité divinisait la vie. […] Eman Martin : « J’ai trouvé cette phrase dans un feuilleton du journal Le XIXe siècle : J’aime encore mieux une voix médiocre qui chante, qu’une voix d’or qui braille à tire-larigot, et je voudrais savoir si l’on peut appliquer au verbe brailler la locution à tire-larigot, que je n’ai rencontrée jusqu’ici qu’en compagnie du verbe boire. » M.  […] Un jour, Mérimée rencontra un homme en qui l’absence complète de bêtise lui causa un véritable ravissement.

1703. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Si cela est vrai aux époques de calme, quand les sociétés vivent de leur vie régulière et se développent dans des conditions normales, cela l’est bien plus encore aux époques de crise et de transition, ou à certains moments d’inquiétude, de mobilité aventureuse et de défaillance morale qui se rencontrent parfois dans la vie des nations. […] » On le voit, les deux écoles de notre littérature contemporaine, bien que leurs points de départ semblent très différents, se rencontrent au point d’arrivée ; et sur cette grande question de la liberté morale, comme tout à l’heure sur la question spéciale du suicide, toutes deux aboutissent à la même conclusion. […] À chaque pas vous y rencontrez de ces héros hasardeux, archanges foudroyés, empreints d’une grandeur satanique, filous magnanimes, bandits généreux, assassins sublimes, qui sortent du bagne pour monter au Panthéon. […] Au premier rang nous rencontrons encore ici un drame dont nous avons parlé déjà, à propos de la théorie de la responsabilité sociale : Le Brigand et le Philosophe. […] Un poète s’était rencontré qui, résumant en lui le scepticisme de Faust et l’ironie de Voltaire, les découragements de Werther et les vagues mélancolies de René, avait orné ces amères pensées du vêtement d’une poésie splendide, et les avait échauffées d’un sentiment profond des beautés de la nature.

1704. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Mais, en revanche, comme je l’ai dit, les trouvailles sublimes sont très souvent, sont le plus souvent, choses qui n’appartiennent pas au premier jet et qui ont été rencontrées par Hugo revenant sur son poème et s’inspirant de lui. […] Là-dessus, tout en écrivant mes études sur les moralistes et politiques en question, je rencontrais des étrangers : Allemands, Hongrois, Russes. […] Comme Leroux était toujours vêtu en un homme du peuple (ce que je suis loin de lui reprocher), l’auteur de l’anecdote aura rencontré Pierre Leroux et l’aura pris pour un ouvrier. […] Vous n’avez qu’à jeter un petit regard circulaire sur votre entourage : au lieu d’une, vous en rencontrerez deux et, si vous n’en rencontrez pas plus, c’est que vous avez été favorisé du destin. […] Il fut froissé d’une pareille discrétion de gratitude à l’égard d’un prédécesseur : « … Vous les avez marquées, ces dissidences, et fortement, par l’oubli expressif que vous avez fait, dans votre histoire, de celle qui vous précédait et que vous rencontriez à chaque pas.

1705. (1923) Au service de la déesse

Tandis que William Stanley, sixième comte de Derby, avait « l’une des plus belles et, des plus élégantes écritures qui se puissent rencontrer ». […] L’abbé Prévost dut rencontrer de ces convois. […] Manon, l’abbé Prévost l’a rencontrée. […] Depuis combien de siècles ne nous étions-nous pas rencontrés ? […] Objets ou idées et leurs mots sont de vieux compagnons, pleins de communs souvenirs ; ne les traitez pas comme s’ils venaient de se rencontrer.

1706. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Ce fut le 9 juin 1772 qu’il la rencontra pour la première fois à un bal champêtre à Wolpertshausen ; et peu auparavant, tout près de là, au village de Gaubenheim, il avait fait la connaissance de Kestner, sans savoir sa liaison avec Charlotte.

1707. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Un libraire se rencontrera-t-il pour donner corps à cette bonne pensée, plus honorable qu’intéressée assurément ?

1708. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Paris, sur tous ces points, a eu raison et gain de cause ; et tantôt corrigeant la Cour, tantôt l’imitant et rivalisant avec elle, il contribuait au moins de moitié à vérifier et confirmer cette remarque de Vaugelas : « Notre langue se perfectionne tous les jours ; elle cherche une de ses plus grandes perfections dans la douceur. » Sur la locution A présent, Vaugelas nous apprend une particularité assez étrange : « Je sais bien que tout Paris le dit, et que la plupart de nos meilleurs écrivains en usent ; mais je sais aussi que cette façon de parler n’est point de la Cour, et j’ai vu quelquefois de nos courtisans, hommes et femmes, qui l’ayant rencontrée dans un livre, d’ailleurs très-élégant, en ont soudain quitté la lecture, comme faisant par là un mauvais jugement du langage de l’auteur. » Vaugelas indique comme équivalent et à l’abri de toute critique A cette heure, Maintenant, Aujourd’hui, Présentement ; mais A présent, qui vaut certes Présentement, l’a emporté et s’est, maintenu malgré la Cour.

1709. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

L’un et l’autre vers qui se rencontrent dans une même image sont tout simplement sublimes.

1710. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Le chancelier y déclare n’avoir jamais rencontré jusque-là en aucun auteur français pareille vivacité et distinction de style et une grâce aussi continue.

1711. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Cette larve du fatalisme, par où que vous mettiez la tête à la fenêtre, vous la rencontrez.

1712. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Roland estimait les écrits sur les Noirs, les Lettres au marquis de Chastellux, et qui fondait alors le Patriote, et aussi avec Bancal, qui venait de quitter le notariat, pour s’adonner aux lettres, à la politique, et que Lanthenas, ami intime et domestique des Roland, avait rencontré durant un voyage dans la capitale.

1713. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Rappelez-vous ce marquis dont on parlait tout à l’heure, ancien capitaine aux gardes françaises, homme de cœur et loyal, avouant aux élections de 1789 que les connaissances essentielles à un député « se rencontreront plus généralement dans le Tiers-état, dont l’esprit est exercé aux affaires ». — Quant à la théorie, le roturier en sait autant que les nobles, et il croit en savoir davantage ; car, ayant lu les mêmes livres et pénétré des mêmes principes, il ne s’arrête pas comme eux à mi-chemin sur la pente des conséquences, mais plonge en avant, tête baissée, jusqu’au fond de la doctrine, persuadé que sa logique est de la clairvoyance et qu’il a d’autant plus de lumières qu’il a moins de préjugés. — Considérez les jeunes gens qui ont vingt ans aux environs de 1780, nés dans une maison laborieuse, accoutumés à l’effort, capables de travailler douze heures par jour, un Barnave, un Carnot, un Roederer, un Merlin de Thionville, un Robespierre, race énergique qui sent sa force, qui juge ses rivaux, qui sait leur faiblesse, qui compare son application et son instruction à leur légèreté et à leur insuffisance, et qui, au moment où gronde en elle l’ambition de la jeunesse, se voit d’avance exclue de toutes les hautes places, reléguée à perpétuité dans les emplois subalternes, primée en toute carrière par des supérieurs en qui elle reconnaît à peine des égaux.

1714. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

On accourut ; il rencontra d’abord Poggio, un des complices de l’archevêque, le terrassa et le traîna par les cheveux.

1715. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Et toi, allée solitaire du jardin du Luxembourg, séparé alors du jardin fruitier des Capucins par un mur à hauteur d’appui du jardin de Catherine de Médicis, ne te souviens-tu pas des larmes amères et contenues dont j’arrosai tes dalles un jour où je lisais seul le dernier Adieu de Graziella, et où Sainte-Beuve, que je rencontrai par hasard, fut étonné de mes larmes mal essuyées et me demanda vainement la cause de ma tristesse.

1716. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il a mis la poésie dans la tragédie, cette poésie si rare dans Corneille, et que Rotrou par accident a rencontrée.

1717. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Or, c’est sur le terrain industriel que les nations, que les races se rencontrent aujourd’hui.

1718. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Guy de Maupassant Les Poésies de Catulle Mendès : Il est si rare de rencontrer un livre qu’on aime parce qu’on y retrouve tout ce qui vous plaît, et la forme et la pensée, et toutes ces préoccupations d’artiste que beaucoup de poètes ne soupçonnent même pas.

1719. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Mallarmé a rencontré des lecteurs qui le comprennent, ce qui est déjà une preuve bien convaincante de l’infinie bonté de Dieu, mais il a trouvé des admirateurs d’autant plus fanatiques qu’ils sentent que l’objet de leur admiration est plus inaccessible.

1720. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Calvin était alors dans le Poitou, et Rabelais dut probablement l’y rencontrer attiré plus par l’helléniste que par le futur sectaire.

1721. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Admirable conseil, puisqu’il est vrai qu’on ne peut éviter les rimes faciles et rencontrer les difficiles qu’en pénétrant plus ayant dans le sujet, ni rimer richement et sévèrement que par le même travail qui fait trouver les pensées fortes ou délicates.

1722. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Et ne s’est-il pas rencontré au xvie  siècle quelque méchant général persuadé que s’il reculait devant un ennemi hérétique, c’était par scrupule de religion ?

1723. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Heuschel, dont les beaux concerts n’ont pas rencontré le succès qu’ils méritaient, ait espéré conquérir avec un programme wagnérien une salle comble, le grand imprésario wagnérien qui aura le courage de nous donner les chefs-d’œuvre du maître n’est pas encore apparu sur notre horizon.

1724. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Ces traits empruntés à des écrivains que sépare un long intervalle de siècles, ces traits disséminés, sans lien, sans cohésion vivante, qui se rencontrent celui-ci chez Hérodote, celui-là chez Pline, l’un chez Sanchoniaton, l’autre chez Ammien Marcellin, pense-t-on qu’on puisse les réunir violemment sans produire autre chose qu’un monstre ?

1725. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

On ne saurait douter d’ailleurs que ces nouveau-venus n’aient été attirés, dans la patrie nouvelle qu’ils ont choisie, par des considérations d’intérêt personnel et parce qu’ils prévoyaient y rencontrer des facilités pour améliorer leur état.

1726. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Flaubert, une intelligence hantée par de Sade, auquel il revient comme à un mystère et à une turpitude qui l’affriolent, et gourmand de la turpitude et la collectionnant, et heureux, selon son expression, de voir un vidangeur manger de ce qu’il transporte, et s’écriant, toujours à propos de M. de Sade : « C’est la bêtise la plus amusante que j’aie rencontrée ! 

1727. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

De pareilles merveilles ne se rencontrent point dans l’histoire des Ordres Militaires qui ont joué pendant quelque tems un rôle si brillant.

1728. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Il en est d’autres, au contraire, qui sont exceptionnelles ; non seulement elles ne se rencontrent que chez la minorité, mais, là même où elles se produisent, il arrive le plus souvent qu’elles ne durent pas toute la vie de l’individu.

1729. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

En ce cas, l’imagination, réduite au néologisme intérieur, se rencontrerait très rarement dans la parole intérieure.

1730. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Vergier fréquentait beaucoup les Herwart, et il y rencontrait sans cesse La Fontaine.

1731. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Toute cette partie du travail de Sainte-Beuve est empreinte d’une grandeur morale qu’on est moins accoutumé à rencontrer en cet écrivain que ses qualités d’un autre ordre, précieuses aussi, mais moins relevées, et elles prouvent merveilleusement à quel point cette organisation, qu’on ne croyait que fine, pourrait devenir large et forte quand elle touche à des sujets grands.

1732. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Mais le Richardson historique qui n’a pas rencontré de Clarisse parmi les Longueville, les Sablé, les Chevreuse, est aujourd’hui aussi froid et aussi ennuyeux que le peintre de Grandisson, en nous racontant la vertu d’une femme qui pour tout Lovelace eut… Louis XIII !

1733. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Il y a, en effet, dans ce livre, çà et là, des choses charmantes mêlées à ces folies qu’on est accoutumé à rencontrer dans Michelet, ce brillant déséquilibré !

1734. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Vous ne rencontrerez, dans ce livre, aucune de ces longues descriptions, de plusieurs pages, et quelquefois d’un chapitre entier, dont l’école romantique avait donné le fâcheux exemple.

1735. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

De là des lourdeurs, des redites fréquentes, des idées reprises à quelques pages de distance, presque dans les mêmes termes, avec une insistance qu’on me pardonnera en y voyant, une fois de plus, cette conformité du même idéal rencontré chez des écrivains originaux, mais parents d’une esthétique mère. […] Or je demande, aujourd’hui que la poésie dite symboliste est universellement connue, sentie, admirée, où nous pourrions rencontrer quelque obscurité susceptible de nous arrêter au milieu d’une lecture. […] À côté d’une douce ironie nous rencontrons des strophes de la qualité de celle-ci : J’ai beau faire, les sept ciels resteront dans mes yeux : leurs couleurs éternelles, suaves et magnifiques, leurs divines lumières flottent sous mes prunelles, quand je ferme pieusement mes paupières catholiques. […] Le lyrisme, pour pénétrer dans le « gros public », a besoin de rencontrer non seulement un esprit commun, mais une âme commune. […] Alors qu’une fâcheuse influence des littératures latines obligeait quantité d’artistes à chanter les héros d’une mythologie froide et fermée à nos entendements d’Occidentaux, alors qu’une âme française se pliait sans souplesse à des pastiches de littératures étrangères — ce qui fait dire à Mockel : « En France on n’écrit pas selon les croyances et les légendes françaises ; la tradition française est d’écrire selon les traditions des autres » — tout un groupe de poètes s’est rencontré pour exalter l’âme populaire de notre pays avec ses inventions, son folklore, ses chansons naïves, mais pleines de suc.

1736. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Aux différents carrefours de l’histoire, il rencontra de telles hordes, ainsi dépourvues, soumises aux rudes traitements de la sauvagerie humaine et du destin. […] On le rencontrait, et Verlaine, celui-ci beaucoup plus âgé, mal vêtu, en outre, bohème imperturbable, qui, pour le visage, ressemblait à Socrate et, pour le reste, à Diogène. […] Quand on le rencontrait et quand on se mettait à causer avec lui, on avait l’impression qu’il fallait quelque temps avant qu’on l’eût appelé hors de son rêve continuel. […] * *    * Quelques années plus tard, j’ai rencontré Mgr Duchesne à Rome, où il était déjà directeur de l’École française. […] Sur les paquebots et à la table dansante des dining-cars, dans les musées, partout, tu en rencontreras d’autres, tout neufs ceux-là et qui auront le désagrément des choses neuves, que l’usage n’a point adoucies.

1737. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Et c’est une succession de phrases transcendantales « que le péché n’est pas, comme on l’a dit bêtement, la copulation, mais la distraction de l’individu de l’harmonie universelle… que le moi, le moi est tout à fait méprisable, vu que c’est une victime de la subjectivité de l’être, en un monde illusoire… qu’il craint d’être empoigné, comme par une pieuvre, par la subtilité des causes occultes… qu’il s’est fait un changement en lui, que les formes littéraires ne sont rien, qu’il donnerait tout ce qu’il a écrit pour une page de Normand… » Enfin il se lève pour prendre congé, me disant qu’il aimerait bien à se retrouver avec moi, là-haut, que ce serait surtout agréable de se rencontrer dans Sirius, la planète à la blancheur incandescente. […] Samedi 5 décembre Un viveur du grand monde parisien déclarait devant moi, qu’il n’aimait que les filles, et il les exaltait en disant, que ces créatures sorties du trou aux vaches, arrivent à être les maîtresses du goût et de la mode de Paris, et cela par une admirable diplomatie et la plus savante conduite de la vie, sachant qu’elles perdent leur position, rencontrées un maquereau au bras, ou une robe canaille sur le dos.

1738. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Ils ne se contentaient pas de les appliquer dans les exercices pratiques de l’Inquisition, qui reste un phénomène historiquement avéré, bien qu’on n’ose plus en parler par peur de se rencontrer avec M.  […] Sans doute il ne manquera pas de se banaliser à son tour, par suite de la facilité croissante des voyages et de l’européanisation progressive des plus lointaines contrées ; aussi s’explique-t-on la colère de Loti contre les agences de tourisme, les snobs et les badauds qui pullulent par tout le globe sur les voies naguère les plus inaccessibles et faisaient dire à un humoriste : « J’arrive du désert : il y avait un monde fou. » Outre que ces gens sont habituellement laids, ridicules et en dissonance criarde avec les lieux qu’ils visitent, ils menacent Loti de le priver de sa raison d’être, et si l’on ose dire, de lui couper l’herbe sous le pied, puisqu’il sera évidemment inutile de décrire minutieusement les bords du Nil ou du Gange le jour où l’on s’y rendra avec autant d’aisance que sur ceux de la Marne et pour y rencontrer les mêmes visages, les mêmes estaminets ou les mêmes gares de chemin de fer. […] Verlaine aurait-il suivi les mêmes voies s’il n’avait pas rencontré Rimbaud ? […] Quelle joie de rencontrer un jeune écrivain qui résiste hardiment à cette mode et ne craint pas de passer pour un intellectuel !

1739. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Après les prétentions impérialistes de nos trois ambitieuses critiques, nous rencontrerons peut-être celle qui se contentera d’exceller dans sa rue, et de cultiver un petit jardin. […] Vous ne les avez jamais rencontrés, ni La Bruyère non plus. Ce qu’il a rencontré, ce sont des hommes, et il a extrait de ces hommes de quoi former ces caractères. […] Mais l’élan vital, la force de synthèse permise à la critique rencontreront toujours un obstacle en un point, celui-ci.

1740. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

On remarqua fort un incident : M. de Talleyrand et le duc de Bassano, qui ne s’étaient pas vus depuis 1814 et qui ne s’aimaient guère50, se rencontrèrent dans l’escalier : ils se donnèrent la main.

1741. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

On aime à rechercher quelles furent, à cette époque de 1815, les relations de Mme de Krüdner avec quelques personnes célèbres, dont l’âme devait, par plus d’un point, rencontrer la sienne.

1742. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Viguier, ce sage optimiste par excellence, cherchait, dans ses causeries abandonnées, à lui épancher quelque chose de son impartialité intelligente, il lui arrivait de rencontrer à l’improviste dans l’âme de Farcy je ne sais quel endroit sensible, pétulant, récalcitrant, par où cette nature, douce et sauvage tout ensemble, lui échappait ; c’était comme un coup de jarret qui emportait le cerf dans les bois.

1743. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Dans la soirée il dit, en secouant la tête, comme un homme qui se ravise, qu’au fond le petit Didier, quoique un peu trop bon garçon, avait toute son estime comme excellent ouvrier ; qu’il faisait au besoin l’ouvrage de tout le monde ; qu’il était trop grand pour rester à jamais toucheur ; que la Jumelle ne pouvait épouser un enfant qui piquait encore les bœufs au labour comme une fille, mais que, si sa condition se relevait un peu au château avec ses gages, et que, si par exemple on le faisait garçon de charrue en titre avec cent vingt francs par an, deux paires de sabots, une paire de souliers et six chemises de toile de chanvre, on pourrait penser à sa proposition, l’autoriser à courtiser la Jumelle, et que, toute belle et toute recherchée qu’elle était, sa fille pourrait rencontrer pis que le fils de la veuve.

1744. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Je la suivis quelque temps comme un oisif qui se promène, et je priai un obligeant inconnu, qui avait franchi avec moi la muraille, d’aller me chercher un cabriolet à la place la plus voisine où il pourrait en rencontrer un.

1745. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

. — En lisant un livre de géologie, j’ai rencontré un éléphant fossile découvert dans la Laponie, et une pirogue déterrée dans l’île des Cygnes, en creusant les fondations du pont des Invalides.

1746. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

C’est un monde, un chaos que ce roman, encombré de digressions, d’épisodes, de méditations, où se rencontrent les plus grandes beautés à côté des plus insipides bavardages.

1747. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Après la fatalité inconsciente des choses, il rencontra la fatalité furieuse de l’égoïsme humain.

1748. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais cet esprit novateur, cet esprit qui renverse toute tradition, toute autorité, et qui cherche, devient nécessairement un esprit de doute et de scepticisme, aussitôt qu’il a passé certaines limites et qu’il ne veut plus connaître de point d’arrêt ; et il devient nécessairement un esprit d’athéisme, s’il poursuit encore longtemps sa course sans rencontrer Dieu.

1749. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Tristan Derème a répondu dans L’Ère nouvelle : Je rencontrai, hier matin, mon ami M. 

1750. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Je n’hésite pas, pour ma part, à leur attribuer l’extrême difficulté que les romanciers de ma génération ont rencontrée pour se faire connaître du public.

1751. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Il rencontra Schumann en 1833 lors d’un voyage en Allemagne, passa plusieurs années comme musicien à la cour de Nicolas Ier et fonda l’école de violon du conservatoire de Saint-Pétersbourg.

1752. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Mais la représentation de cet ouvrage rencontra des obstacles qui la firent ajourner indéfiniment.

1753. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Les ondes réfléchies rencontrent de nouvelles vagues qui arrivent et le produit des deux est une vague stationnaire, formant pour ainsi dire un patron ou un type sur la surface.

1754. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Un gentleman, qui dirigeait une ferme, avait dans sa chambre une liste des mots qui avaient chance de se rencontrer dans les discours de ses ouvriers.

1755. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

Dans la collection je prends la raison la plus vraisemblable et, si l’on est surpris de me rencontrer, je réponds avec la plus grande sincérité : « On étouffait dans la maison ; j’ai voulu voir mes roses. » Encore bien moins l’hypnotisée sait-elle d’où lui vient l’idée d’aller trouver son docteur tel jour à telle heure précise ; cependant, en vertu d’une suggestion à longue échéance, elle y va et elle découvre à cette démarche les raisons les plus plausibles : — Il y a longtemps que je ne vous ai vu ; j’ai voulu vous demander de vos nouvelles, vous donner des miennes, vous consulter. — La suggestion hynoptique ne peut exciter à un acte sans susciter la tendance à expliquer cet acte par des raisons ; l’initiative du sujet trouve ensuite telles raisons déterminées.

1756. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Mais comparution et parution, tout court, que l’on commence à rencontrer, prouvent du moins qu’il n’est pas nécessaire d’être du bas peuple pour changer les i en u.

1757. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

non, le temps ne me dure pas ; seulement quelquefois je voudrais bien, comme à présent, revoir le visage de ceux qui me rencontrent sur le chemin, et que j’ai connus dans les vieux temps.

1758. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

En effet, à part les principes qu’il n’a point et en restant dans l’ordre abaissé des impressions personnelles, Villemain ne sait résoudre aucune des questions de critique qui se rencontrent sur son passage, et même sur celles-là qu’une érudition plus forte que la sienne a le plus discutées, l’existence d’Homère, par exemple, la moralité de Sapho, l’authenticité des Orphées, etc., etc., la décision de Villemain ne dépasse pas le doute, et il rappelle à l’esprit le mot de Goethe, que nous ne nous lasserons jamais de citer à ces sceptiques, qui devraient être les trappistes de la pensée, car qui doute n’a pas le droit d’enseigner et même de parler : « J’ai bien assez d’opinions douteuses en moi sans que vous y ajoutiez encore ! 

1759. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

En termes que sa modération fait d’autant plus émouvants, l’un des survivants, Eugène Marsan, me disait hier : « Jamais groupe plus uni ne s’est peut-être rencontré… Nous nous plaisions tant… » Et voici que sur ces trente compagnons d’apprentissage, quatorze sont morts pour la France et deux disparus.

1760. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Eddington : « Les événements n’arrivent pas ; ils sont là, et nous les rencontrons sur notre passage.

1761. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Comme d’autres lecteurs ont pu rencontrer la même difficulté, et que nul, assurément, ne l’aura formulée d’une manière plus claire, nous allons citer cette lettre dans ce qu’elle a d’essentiel.

1762. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Que presque tous les philosophes de l’école expérimentale se soient rencontrés dans la théorie qui explique tout le mécanisme de l’esprit humain par l’association, il n’y a rien à cela que de naturel.

1763. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Nous remarquerons que la plupart des grands auteurs épiques ont erré solitaires, ou n’ont rencontré que des disgrâces dans les cours, qui ne se prêtent pas à leur caractère et à leur indépendance. […] Il n’est pourtant pas rare de rencontrer d’habiles gens qui s’y trompent, et Boileau les désignait ainsi : « Tel s’est fait par ses vers distinguer par la ville, « Qui jamais de Lucain n’a distingué Virgile. […] Cet illustre aveugle, abandonné par des pêcheurs sur un bord de l’île de Chio, passa la nuit errant au rivage, et fut rencontré, le matin, par un berger qui le sauva de la fureur de ses chiens, et le reçut dans sa cabane. […] En cette sphère chimérique, rien n’est plus surprenant que de rencontrer les Parques déroulant sur un éternel dévidoir le fil de la vie humaine : et quand leurs quenouilles sont épuisées, elles sortent de leur palais, et vont remettre les noms et les étiquettes des hommes expirés, à un vieillard agile et robuste ; c’est le Temps qui court sans cesse, et qui, secouant son manteau, jette leurs titres dans le fleuve de l’oubli : la plupart s’y engloutissent : des vautours, des chouettes, des oiseaux croassants, images des flatteurs, des complaisants, des bouffons et des favoris des grands, reprennent les noms dans leur bec, et les font surnager peu d’instants ; après quoi ils retombent et s’abîment : d’un autre côté de beaux cygnes, images des poètes, emportent les seuls noms recommandables au souvenir, et, les ravissant au Léthé, les déposent dans le temple de la Gloire immortelle où la nymphe les reçoit de ces oiseaux éclatants pour les inscrire sur sa colonne.

1764. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

L’amateur de tulipes ou l’amateur de prunes de La Bruyère se retrouve très bien dans le monde littéraire, et tel dilettante se rencontrera qui ne voudra point sortir du pur Louis XIII, comme tel expert en meubles qui ne voudra pas sortir du pur Louis XVI. […] Ce nouvel humanisme n’a pas, il est vrai, rencontré un ou deux de ces génies supérieurs, dont l’humanisme ne peut pas se passer, étant certainement impuissant à lui tout seul à créer un grand classique ; mais il a, comme il fait toujours, dans le repos de la littérature personnelle épuisé par son magnifique effort, suscité, échauffé et nourri quatre ou cinq poètes d’un très grand talent, qui semblent bien être nés tels, que, sans lui, ils n’eussent ni trouvé leur voie, ni rencontré la matière conforme à leur tempérament. […] Sur ces bancs illustres du « lycée des travailleurs », Sarcey rencontra Edmond About. […] Il continuait ainsi Voltaire, et se rencontrait souvent avec Lessing, qu’à cette époque, il me l’a dit, il n’avait pas lu. […] Que les chiens dans les pays secs se précipitent vers les sillons qu’ils rencontrent, en explorent une cinquantaine en descendant, espérant toujours que cette rigole desséchée les conduira à un abreuvoir, c’est une erreur très intelligente.

1765. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Mais la Provence entière, municipes, parlement et noblesse, démagogie et rhétorique, le tout couronné d’une magnifique insolence méridionale, s’est rencontré dans Mirabeau, le col du taureau, la force du Rhône6. » Si nous sommes tombés d’accord qu’il y a quelque analogie entre le style empourpré et gaillard de Mme de Sévigné et le généreux vin de Bourgogne, n’en trouvez-vous pas une de même sorte entre le style de Montesquieu et le vin de Bordeaux ? […] En effet, en admettant l’échelle des intelligences, tel que le spirituel docteur l’a définie, l’idiotie en bas, la folie en haut, la raison au milieu dans une petite place fort confuse et difficile à discerner, nous lui accordons que souvent des facultés exceptionnelles — c’est-à-dire extraordinaires plutôt qu’éminentes, — se rencontrent entre le milieu et l’extrémité supérieure, entre la raison et la folie. […] Quant à moi, j’aime à rencontrer le génie dans un corps doué d’une constitution convenable. » Le robuste Gœthe n’admettait donc point que le génie fut ordinairement scrofuleux-rachitique. […] Je n’ai pas rencontré ce savant livre, mais j’en imagine volontiers les deux principales divisions : — d’une part, les hommes soi-disant sérieux, portant des cols droits et se plaisant à être guillotinés par leur cravate ; de l’autre, les gens naturels, tolérant à grand’peine le col brisé, et encore pour se conformer à l’usage, qui ne nous laisse que le choix des carcans ! […] C’est là, et dans son imagination, qu’il a rencontré ces belles femmes indolentes, nues sous les arbres, avec des enfants ailés, et se jouant paresseusement comme dans les jardins des harems.

1766. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il laissa même Virgile appeler Brutus un vengeur, et placer Caton dans l’Élysée, satisfait de ne plus rencontrer de tels hommes sur la terre. […] Il est bien vrai que l’héroïne Leucippe, captive et sans secours, conserve une irréprochable pureté et une parfaite constance ; mais les peintures les plus libres et les traces les plus choquantes de l’infamie des mœurs antiques se rencontrent dans ce roman. […] Mais le roman, laissé à lui-même, n’en est pas moins l’insipide redite de ces amours de convention, de ces infortunes triviales, de ces vaines descriptions que l’on a vues partout, et qui reviennent comme des importuns cent fois rencontrés et toujours inévitables. […] Lorsque la reine chassait dans le parc, au lever du jour, elle était rencontrée par Diane, qui la saluait comme le modèle de la pureté virginale. […] Ces personnages, qui se rencontrent au hasard, disent des choses qu’on ne peut oublier.

1767. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Quand un chuchotement court ainsi dans le peuple, toutes les voix officielles crient inutilement ; la nation a rencontré son poëme, elle bouche ses oreilles aux importuns qui tâchent de l’en distraire, et bientôt elle le chantera de toute sa voix et de tout son cœur. […] Telles sont les premières entrées du péché ; elles peuvent trouver leur barrière dans une sincère prière du cœur, et leur frein dans le regard d’un homme respectable ou dans les avis d’un seul sermon ; mais quand de tels commencements sont négligés…, ils se changent en ulcères et en maladies pestilentielles ; ils détruisent l’âme par leur séjour, tandis qu’à leur première entrée ils auraient pu être tués par la pression du petit doigt373. » Tous les extrêmes se rencontrent dans cette imagination-là. […] « Puis ils vinrent à rencontrer plusieurs des trompettes du roi habillés de vêtements blancs et resplendissants, qui de leurs sons hauts et mélodieux faisaient retentir même le ciel.

1768. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Mais ce qui le fatigue le plus, ce qui lui fait plus de peine, c’est de rencontrer sur son chemin, de ces hommes absolument dépourvus de sensibilité, qui ont les yeux environnés de miracles & qui ne les voient pas ; immobiles devant les objets les plus frappans de la Nature, dédaignant les miracles des beaux Arts & leur utilité ; agités par les plaisirs vulgaires, qui rappellent tout au vil égoïsme, & qui raisonnent encore leur indifférence sur des objets de sentiment. Quoique l’homme de Lettres se dise que de pareils hommes sont nés tels, que leur caractère froid & flégmatique dépend de leur sang, il ne peut s’empêcher d’avoir pour eux cette antipathie qui doit se rencontrer entre des âmes si opposées. […] Tel homme célèbre n’a jamais rencontré dans le cours de sa vie tel autre homme célèbre son rival ou son antagoniste, quoique habitans tous deux de la même ville ; il n’a ni le droit de réprimande, ni même le droit de remontrance ; chacun dans sa vie privée ne doit répondre que de ses œuvres, & quand son confrére a fait une faute, il doit dire en gémissant : il a failli.

1769. (1929) Amiel ou la part du rêve

L’influence de Schelling, dans ces années quarante, était faible ; il ne faut pas plus la chercher sur Amiel que sur Secrétan, ou sur Félix Ravaisson, ce Français que le Vaudois avait rencontré en 1836 dans le cabinet du penseur. […] Elle lui répondit, et quelques jours plus tard il la rencontra à Genève, chez Mme Barthélemy Bouvier, dans la maison de qui elle était descendue. […] Quand Philine lui dit ce qu’elle croit qu’il est bon qu’il croie, au lieu de lui dire ce qu’il croit qui est, il déplore de la trouver menteuse. « J’ai toujours agi comme si la femme était la constance, la loyauté, la fidélité, la tendresse. » Le jour où il rencontrerait la moins folle femme du monde, il la voudrait sage, et Louis XI disait qu’il n’y en a point.

1770. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

J’ai un goût, le Chevalier a un goût, et quand nous nous rencontrons dans un salon, nous causons toujours, nous discutons parfois, non comme des pédants qui ont un système, mais comme des personnes bien élevées qui ont du goût. […] Dans le jardin où sont les statues, je rencontrai le Chevalier.

1771. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Les grandes et parfaites peintures, les chefs-d’œuvre mûrs n’enfoncent pas en vous un si parfait souvenir de figures : seules, ces femmes peintes des Primitifs s’attachent à vous comme la mémoire d’êtres rencontrés dans la vie. […] Dans la rue les gens qui se rencontrent, dans les restaurants, les gens qui causent ; tout Paris parle de nous dans nos oreilles.

1772. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Elles ont donc, un moment, rencontré les mêmes ennemis en face d’elles, scolastiques et théologiens, et, un moment, elles ont combattu le même combat. […] Mais c’est aussi pourquoi nous ne nous étonnerons pas de la résistance que la Réforme a rencontrée d’abord en France.

1773. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il lisait les historiens anciens, dont nous rencontrerons les traces multipliées dans l’Essai sur les Révolutions ; il étudiait Montesquieu, qui lui a toujours imposé ; Rousseau, dont il délestait les idées et dont il adorait le tour d’imagination ; Bernardin de Saint-Pierre, qui, pour lui, est un sot doué d’un style merveilleux ; deux hommes enfin dans lesquels, d’instinct, il reconnaissait ses pairs et dont il a toujours été jaloux, mettant son génie à rivaliser avec l’un, et à ruiner l’autre : Bossuet et Voltaire. […] Il a beaucoup aimé, surtout vers la fin, à se donner comme un homme non seulement désabusé, mais qui n’a jamais été dupe, et n’a jamais rencontré chose assez grave pour se donner la peine d’y croire. […] Les sociétés antiques, les sociétés modernes et les sociétés sauvages se rencontrent, et se heurtent un peu, reconnaissons-le, dans l’Essai — Il faut que le christianisme, le fétichisme, l’amour naturel, l’amour chrétien, l’amour moderne se donnent rendez-vous dans Atala ; — que la nature, les ruines, la civilisation, la société, la solitude, le désir d’action et la passion du néant se retrouvent dans les quelques pages de René ; — que la guerre antique, la guerre moderne, l’état de nature, la civilisation extrême, la barbarie féroce, le raffinement désespéré, l’amour inconscient, l’amour abandonné et tendre, l’amour mélancolique et amer ; ce n’est pas assez : le xviie  siècle et l’âge primitif, les forêts vierges et Versailles, un aède et Racine, une manière de patriarche et Louis XIV, le Bassin de Neptune et le Meschacébé, quelque chose comme Ossian et Voltaire, les « bocages de la mort » et l’Académie française, les nuits de Booz et les soupers de Ninon de Lenclos, s’arrangent ensemble (et d’une manière charmante, en vérité) dans ces délicieux Natchez. […] Il rencontrait là des idées nouvelles, où son éducation purement chrétienne et son tour d’esprit naturellement optimiste ne l’avaient pas mené d’eux-mêmes.

1774. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Et puisqu’ici ces deux noms amis se rencontrent, notons en passant que, sous la Restauration, M.

1775. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

La littérature des Latins se répand, se divulgue ; des entreprises utiles en rendent les accès de plus en plus faciles et patents ; la difficulté n’est pas là ; elle est encore où elle s’est presque toujours rencontrée en France, dans l’étude, la connaissance, le goût senti de la littérature grecque que tout le monde s’accorde si bien à louer et que si peu savent aborder comme il faut.

1776. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Dans la lettre si connue où elle raconte l’effet de cette mort sur Mme de Longueville, Mme de Sévigné ajoute aussitôt : « Il y a un homme dans le monde qui n’est guère moins touché ; j’ai dans la tête que s’ils s’étoient rencontrés tous deux dans ces premiers moments, et qu’il n’y eût eu personne avec eux, tous les autres sentiments auroient fait place à des cris et à des larmes que l’on auroit redoublés de bon cœur : c’est une vision. » Jamais mort, au dire de tous les contemporains, n’a peut-être tant fait verser de larmes et de belles larmes que celle-là.

1777. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Voilà de ces délicatesses qui ne se rencontrent que dans La Fontaine.

1778. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Dans cette pensée, elle chercha avec anxiété les occasions de rencontrer le général Bonaparte et de l’éblouir par sa conversation.

1779. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Michel-Ange, déjà mûr et vieillissant, mais toujours jeune de séve et de cœur, disciple de Dante et de Pétrarque, avait rencontré, comme ces grands hommes, pour son bonheur, sa Laure et sa Béatrix.

1780. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Et le nouveau, c’est la nouveauté extérieure, c’est la sensation nouvelle, l’apparence encore non rencontrée : ce public ne creuse pas, ne prolonge pas ses impressions par ses pensées : il ne voit pas au-delà de la forme particulière et sensible.

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