Chaque bourgeois y croyait trouver son voisin peint au naturel ; et il ne se lassait point d’aller voir ce portrait : le spectacle d’ailleurs, quoique outré et hors du vraisemblable, mais parfaitement bien exécuté, attirait les spectateurs ; et on laissait gronder les critiques sans faire attention à ce qu’ils disaient contre cette pièce. […] Mais il étale en vous ses plus rares merveilles : Il a sur votre face épanché des beautés Dont les yeux sont surpris et les cœurs transportés : Et je n’ai pu vous voir, parfaite créature, Sans admirer en vous l’auteur de la nature, Et d’une ardente amour sentir mon cœur atteint, Au plus beau des portraits où lui-même il s’est peint. […] Cette femme, qui inspira une si forte passion à Molière, et qui le rendit si malheureux, n’avait pas une beauté régulière ; voici le portrait que Molière en a fait lui-même à une époque où elle lui avait déjà causé beaucoup de chagrins: « Elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde ; les plus touchants qu’on puisse voir. […] Pour vous répondre donc sur la connaissance parfaite que vous dites que j’ai du cœur de l’homme par les portraits que j’en expose tous les jours, je demeurerai d’accord que je me suis étudié autant que j’ai pu à connaître leur faible ; mais si ma science m’a appris qu’on pouvait fuir le péril, mon expérience ne m’a que trop fait voir qu’il est impossible de l’éviter: j’en juge tous les jours par moi-même.
. — A un certain endroit, dans le portrait de quelque hérétique, il avait lâché le mot polisson ; prenant lui-même les devants et courant après : « C’est un mot que j’ai mis là uniquement pour tenter votre goût, écrivait-il.
A l’instant où on leur prononça l’arrêt, ils remirent au greffier des lettres, des cachets et des portraits destinés à leurs familles.
Elle ne connaît pas l’homme en général, mais l’homme du monde161, et ne connaissant pas l’homme naturel, elle a beau dessiner des types abstraits, elle ne fait que des portraits d’individus162, et non l’image éternelle de l’homme, comme Shakespeare.
Il a tenu les hommes séparés, il les a empêchés de se concerter, il a si bien fait, qu’ils ne se connaissent plus, que chaque classe ignore l’autre classe, que chacune se fait de l’autre un portrait chimérique, chacune teignant l’autre des couleurs de son imagination, l’une composant une idylle, l’autre se forgeant un mélodrame, l’une imaginant les paysans comme des bergers sensibles, l’autre persuadée que les nobles sont d’affreux tyrans. — Par cette méconnaissance mutuelle et par cet isolement séculaire, les Français ont perdu l’habitude, l’art et la faculté d’agir ensemble.
. — Commentaire sur le portrait de Thersite dans Homère, etc.
Il m’a semblé qu’en insérant ces pages sur ma sœur dans un volume, livré au commerce, je ferais aussi mal que si j’exposais son portrait dans un hôtel des ventes.
Ils nous apprennent que « dans le palais de Mademoiselle, ou faisait accueil au mérite, et que tout ce qu’il y avait de beaux esprits, y trouvaient leur place comme chez Mécénas. » Les mémoires de la princesse et son petit roman allégorique de la princesse de Paphlagonie renferment les portraits d’une multitude de personnes célèbres par leur esprit.
Les portraits, l’ échevin au rameau d’olivier, ont été inutilement exposés, on ne les a pas vus.
Lui, l’auteur des Nièces de Mazarin, de Madame de Montmorency, et, dans son Louis XVI, de ce portrait de Marie-Antoinette qui seul vaut une biographie, lui qui semble avoir spécialement jusqu’ici l’intelligence et le goût des femmes dans l’histoire, ne pouvait pas, puisqu’il abordait le Moyen Age, oublier une des plus purement grandes qui aient jamais existé… Aussi l’a-t-il peinte comme il sait peindre et nous l’a-t-il donnée.
comme nous avons tous vécu plus ou moins intimement depuis notre enfance avec les grands hommes de ce temps, le mieux connu de tous parce qu’il est le plus glorieux de nos Annales ; comme jamais époque ne produisit plus de ces Mémoires personnels qui sont les fruits des civilisations avancées, nous avons peine à reconnaître, malgré la fidélité des portraits, dans cette clarté sagement distribuée de l’histoire, les hommes que nous avons contemplés sous une lumière ardente et rapprochée, à travers cette lentille de cristal brûlant des Mémoires.
Il n’y a pas dans son histoire un grand portrait cohérent et d’ensemble de Robespierre.
Outre les sept Contes posthumes dont nous avons parlé, il contient la notice biographique par le conseiller Frédéric Rochlitz, qui fut publiée en 1822 par la Gazette de Leipzig, quelques traits sur la caractéristique d’Hoffmann, une correspondance de sa jeunesse, des extraits de son livre de notes, sa correspondance musicale, enfin des portraits et des dessins de ce singulier tohu-bohu vivant d’artiste, qui avait en lui trois aptitudes auxquelles il se suspendait tour à tour, ne sachant s’il devait être poète, musicien ou peintre, — embarras que, par parenthèse, n’éprouve point un homme de génie, dont la vocation est l’immaîtrisable élan de ses facultés !
Sans ce don des pleurs de l’amour, qu’avait eu, comme lui, sainte Thérèse, et sans ce sourire de la charité qui avait fleuri autrefois sur les lèvres de François de Sales, savez-vous à qui il eût ressemblé, ce Curé d’Ars dont l’abbé Monnin a publié un portrait si stupéfiant, à la tête de son histoire ?
Les anecdotiers de l’histoire — qui passeraient bien un médaillon, ou même un grand portrait de saint Vincent de Paul, mais pas plus que cela, les honnêtes gens !
je crains fort, pour mon compte, que les amis de Guérin, qui avaient pris pour lui faire trompette un hautbois tortueux aussi peu sûr de ses sons, ne se repentent maintenant d’un choix déterminé par le nom seul de l’instrumentiste ; mais ce que je sais de science certaine, c’est que Guérin n’avait nul besoin que l’auteur des Consolations, qui n’est nullement celui des affirmations et des certitudes, affirmât, sous réserve de s’abuser, un genre de génie que Guérin était bien de force à affirmer tout seul, et que l’auteur des Portraits contemporains ajoutât au mou de ses affirmations le mou de sa manière, en donnant, pour éclairer son œuvre, ce médaillon, vaporeux et gris, d’une biographie, qui, cependant, n’est pas sans charme (le charme du sujet), mais dans lequel je ne trouve que le profil fuyant et énervé de cette individualité poétique, — plus poétique que son talent même !
Quand il arrive à la jeunesse de Cortez, d’ailleurs peu connue, de ce grand homme qui commença par le ribaud, de ce mauvais sujet obscur dont le visage physique, « couleur de cendre, — dit-il, — mais aux yeux de braise », n’a été illuminé plus tard que par la gloire, José-Maria de Heredia a moins l’aisance de son talent, trop large pour s’étrangler dans une biographie qui tourne au portrait.
C’est comme les costumes dans les anciens portraits !
Les portraits dont l’éditeur tenait à l’orner, — le plastique, par Chassériau, gravé sur acier par Flameng, le littéraire, par M.
En effet, Laurent est un poète, comme Sténio, qui, disait-on, était déjà un portrait ; débauché comme Sténio, amoureux comme Sténio, bien plus de l’émotion de l’amour que de la femme aimée, recherchant cette émotion moins pour l’éprouver que pour la peindre, contradictoire comme un enfant et comme tant de génies, lorsque la religion, qui fait seule l’harmonie et l’ordre dans ces têtes sublimes et troublées, n’y verse pas la paix féconde et la lumière !
Elle n’aime que ses portraits de famille.
En effet, Laurent est un poète, comme Sténio qui, disait-on, était déjà un portrait, débauché comme Sténio, amoureux comme Sténio, bien plus de l’émotion de l’amour que de la femme aimée, recherchant cette émotion moins pour l’éprouver que pour la peindre, contradictoire comme un enfant et comme tant de génies, lorsque la religion, qui fait seule l’harmonie et l’ordre dans ces têtes sublimes et troublées, n’y verse pas la paix féconde et la lumière !
On voit qu’avant de monter sur le trône, il avait médité en philosophe les devoirs d’un homme d’état, et ce magnifique portrait des devoirs d’un souverain était en même temps une leçon pour le tyran qui l’écoutait, et un engagement que le nouveau César prenait avec l’empire.
Au comble de ses vœux, Beaumarchais adressa au roi cette dépêche enthousiaste : Un amant porte à son col le portrait de sa maîtresse, un avare y attache ses clefs, un dévot son reliquaire ; moi, j’ai fait faire une boîte d’or ovale, grande et plate, en forme de lentille, dans laquelle j’ai enfermé l’ordre de Votre Majesté, que j’ai suspendu à mon col avec une chaînette d’or, comme la chose la plus nécessaire à mon travail et la plus précieuse pour moi. […] On raconte que, recevant un jour un portrait de sa fille, Marie-Thérèse s’écria d’un ton amer et dur : « Au lieu du portrait d’une reine de France, j’ai reçu celui d’une actrice ! […] Dans sa fameuse lettre au poète Gray, de janvier 1766, qui est toute une galerie de portraits, après avoir passé en revue les femmes les plus considérables du temps, il ajoute : « Mme de Rochefort diffère de tout le reste. […] C’est encore à Duclos, discutant sur le paradis, qu’elle disait : « Votre paradis à vous, Duclos, je le connais : c’est du pain, du vin, du fromage et la première venue. » La princesse de Talmont, maîtresse du prince Charles-Edouard, portait un bracelet orné de deux médaillons : d’un côté, le portrait du prétendant ; de l’autre, une figure du Christ. […] On a cité, par exemple, en regard de ses réflexions misanthropiques sur l’amitié, ce passage de son portrait fait par lui-même : « J’aime mes amis, et je les aime d’une façon que je ne balancerais pas un moment à sacrifier mes intérêts aux leurs. » On a appelé ses amis en témoignage : « J’ai vu, écrit Mme de Sévigné, son cœur à découvert… il est au premier rang de ce que je connais de courage, de mérite, de tendresse et de raison ; je compte pour rien son esprit et ses agréments… M. de La Rochefoucauld a perdu sa mère ; je l’enaivu pleurer avec une tendresse qui me le faisait adorer ; c’était une femme d’un extrême mérite ; et enfin, dit-il, c’était la seule qui n’ait jamais cessé de m’aimer… Le cœur de M. de La Rochefoucauld pour sa famille est une chose incomparable. » Ou bien, on a allégué le modèle que ce grand peintre du cœur humain avait eu sous les yeux, la société égoïste et démoralisée de la Fronde ; on a montré les origines particulières de son mépris de l’homme en général, et par là on a cru pouvoir diminuer la portée des Maximes.
Elle avait eu un père massacré à l’Abbaye, une mère et un frère guillotinés, une sœur morte en prison, puis une vie morne et décolorée… J’ai vu son portrait par madame Vigée-Lebrun. […] « Le portrait, dit-il, que j’ai tracé des Espagnols explique assez pourquoi cette nouvelle n’a pu être imprimée sous le gouvernement impérial. […] Et, à côté des portraits, il y a les récits des événements auxquels il a assisté, qu’il a vus de ses yeux, qu’il croit souvent avoir dirigés. […] C’est fait d’autobiographie, de souvenirs personnels, de confessions, d’anecdotes, de portraits, de lettres, de morceaux d’histoire, de descriptions, d’impressions de voyage, de rêveries. […] Ce Joubert fut assurément le plus distingué des amis de Chateaubriand, qui a fait de lui un portrait amusant et tendre.
Ce portrait est un véritable chef d’œuvre en vingt-trois pages ; mais qu’il est peu motivé ! […] Les livres d’histoire, aussi, ne me paraissent tout à fait complets qu’accompagnés de portraits authentiques des acteurs dans les grands drames qui y sont racontés. […] Veuillot de n’avoir pas placé son portrait en tête de son livre, comme cela se pratique assez souvent aujourd’hui quand l’auteur est un peu bien tourné. […] Je signale cette lacune du portrait aux éditeurs pour la seconde édition. […] Il y a donc le portrait de l’évêque, celui de sa sœur, mademoiselle Baptistine, celui de sa servante, madame Magloire, celui de son mobilier même.
Sans parler de la scène des portraits dans le Misanthrope, dont les larges touches étoilées et profondes font pâlir les caractères de La Bruyère, qui me semblent toujours avoir été peints ou gravés sur du cristal. […] J’aurais souhaité qu’on y vît aussi le portrait d’un de leurs premiers bibliothécaires, le P. […] D‘abord, il se rendait très bien compte de l’attrait qu’il exerçait ; et nous ne pouvons en douter puisqu’il a fait lui-même son portrait dans l’androgyne que sa Magicienne de l’Atlas a pétri de neige et de feu. […] Que ce soit un paysage ou un portrait, tous deux composent comme des peintres. […] Tout devait en effet l’attirer dans ce prélat dont Mgr Baudrillart a tracé un portrait magnifique et définitif.
Auguste interprète de Dieu parmi vous, on ne se déliera point des oracles qu’il rendra par ma bouche, car je ne le ferai jamais parler pour mes intérêts. » Il est évident qu’il y a, dans ce portrait du ministre de paix, comme une réminiscence peu lointaine du Vicaire savoyard. […] Quand je fais le portrait d’un personnage, et tant que je le fais, je me considère toujours un peu comme chez lui ; je tâche de ne point le flatter, mais parfois je le ménage ; dans tous les cas, je l’entoure de soins et d’une sorte de déférence, pour le faire parler, pour le bien entendre, pour lui rendre cette justice bienveillante qui le plus souvent ne s’éclaire que de près. […] Je finis avec l’Europe, c’est s’en aller en bonne compagnie. » — On m’assure pourtant que ce fut six semaines seulement avant sa mort qu’il écrivit ce fameux portrait de Voltaire pour le mettre dans les Soirées, au IVe Entretien déjà composé. […] Je me rappelle que j’avais commencé son portrait, et que, voulant le mettre dans son costume de chancelier, il me promit de venir, je « crois, le jour de l’an où il devait faire sa cour au roi. […] Voir l’étude sur le comte Xavier de Maistre, insérée dans la Revue des deux Mondes, numéro du Ier mai 1839 ; on ne l’a pas mise dans ce volume, d’après la règle qu’on s’est posée de n’y pas faire entrer de vivants. — (Cette étude sur le comte Xavier est entrée depuis dans le tome II des Portraits contemporains, 1846.)
. — Comparaison des portraits de Reynold et de ceux de Lely. — Doctrines et tendances contraires en France et en Angleterre. — Les révolutionnaires et les conservateurs. — Jugement de Burke et du peuple anglais sur la Révolution française. […] Ainsi jugea Gay dans son Opéra du Gueux, et la société polie applaudit avec fureur au portrait qu’il traçait d’elle. […] À l’aurore du siècle, les dames, entre deux révérences, développent des portraits étudiés et des dissertations subtiles ; elles entendent Descartes, goûtent Nicole, approuvent Bossuet. […] Le public les reconnaîtra dans la rue ; il n’y a plus qu’à écrire des noms sous ses portraits. […] VI Ouvrez Reynolds pour revoir d’un coup d’œil toutes ces figures, et mettez en regard les fins portraits français de ce temps, ces ministres allègres, ces archevêques galants et gracieux, ce maréchal de Saxe qui, dans le monument de Strasbourg, descend vers son tombeau avec le goût et l’aisance d’un courtisan sur l’escalier de Versailles.
Pans un très beau tableau de Fantin-Latour, Coin de table, à Manchester actuellement, croyons-nous, il y a un portrait en buste de M. […] Il logeait dans une chambre où il y avait, entre autres vieilleries, un portrait d’« ancêtre », pastel un peu défraîchi et que la moisissure avait marqué au front, parmi divers endommagements, d’une tache assez maussade, en effet, mais qui frappa Rimbaud de façon tellement fantastique et même sinistre que je dus, sur sa demande réitérée, reléguer ailleurs le lépreux marquis. […] Quoi de comparable dans le théâtre espagnol, si fier pourtant, à cette splendide scène des portraits ! […] Chacun sait que, pensionné sous la Restauration, le poète, après quelques velléités d’opposition plus littéraire et dramaturgique6 que politique, avait été élevé à la pairie par ce Louis-Philippe de qui il trace d’ailleurs un portrait si flatté dans Les Misérables. […] Quant à mon vieux camarade Edmond Lepelletier, je ne puis lui en vouloir du portrait un peu vieux jeu qu’il trace de moi.
Ses portraits sont tracés avec la plus exacte vérité : mais comme c’est le visage réel de l’homme, & jamais la charge de ce visage qu’il montre, il ne fait point éclater le rire. […] Mais on l’a trouvé trop familier dans cette longue Epître préliminaire où il trace les portraits des trois Satyriques latins. […] C’est une espêce d’inspiration prophétique, un caprice d’imagination, où il y a des portraits touchés avec force & frappés de bonne main.
c’est le seul mot que j’aurais voulu changer à ce portrait superbe. […] Et ce n’est là que quelques traits que je détache de ce portrait, qui est moins un portrait que la vie, la voix, le geste et l’âme d’un homme, gravés ineffaçablement sur la toile palpitante et vivante du cœur d’un autre homme.
Goldsmith, dans son délicieux poëme du Village abandonné, a peint l’idéal de tous ces curés modestes, de ces vicaires bienfaisants, dont il a reproduit ensuite le portrait avec plus de réalité, mais non moins de charme, dans son Vicaire de Wakefield. […] Dans son poëme du Bourg, les deux portraits du ministre (vicar) et du vicaire ou second (curate) sont des morceaux achevés de précision, de grâce malicieuse, de relief personnel et domestique.
Voici un portrait qu’il ne m’appartenait pas de faire. […] J’ai vu son portrait peint par Riesener le père, datant de 1812, et avant cet embonpoint qu’il prit dans la suite : la finesse et la sensibilité y frappent tout d’abord.
En tête donc se verrait, pour la première fois, le portrait d’André d’après le précieux tableau que possède M. de Cailleux, et qu’il vient, dit-on, de faire graver, pour en assurer l’image unique aux amis du poëte. […] Brizeux, insérées autrefois au Globe sur le portrait, une lettre de M. de Latour sur une édition de Malherbe annotée en marge par André (Revue de Paris 1834), le jugement porté ici même (Revue des Deux Mondes) par M.
Aussi, après quelques fortes pages contre la bassesse et l’hypocrisie de certains portraits auxquels le peintre ne met du moins pas les noms, voyez avec quelle hâte et avec quel charme le poète, vite fatigué de mépriser et de haïr, nous ouvre son foyer de vertu et d’amour. […] Le portrait de ma mère est là qui nous sourit ; Je sens autour de nous rayonner son esprit ; Durant les entretiens, les jeux de la soirée, Je consulte du cœur cette image adorée, Sachant bien qu’elle assiste et protège ici-bas Le père en ses travaux, les fils en leurs ébats.
Ce portrait n’est pas seulement d’un grand peintre, il est d’un grand moraliste. […] C’est dans ce portrait surtout qu’il faut étudier les véritables opinions de Tacite : on se caractérise par ses amitiés ; on se juge par les jugements qu’on porte sur les autres.
Je l’ai connu peu d’années avant sa fin ; le portrait que je fais de ses années pleines et mûres serait certainement le portrait vivant de ses premières.
Il l’indique avec une justesse admirable : « Sachez, lecteur, dit-il, que celui sera veritablement le poète que je cherche en nostre langue, qui me fera indigner, apayser, esjouyr, douloir, aymer, hayr, admirer, estonner bref qui tiendra la bride de mes affections, me tournant çà et là à son plaisir. » C’est l’image même de la haute poésie, et le portrait de nos grands poëtes. […] Où il est imitateur, ce n’est pas ce peintre de Du Bellay qui, en face d’un exemplaire déjà représenté par un autre, rencontre les mêmes linéaments ; c‘est un copiste qui reproduit un portrait déjà fait, à quelques ajustements près par lesquels il pense se l’approprier.
» “Mais ma seule consolation dans ces misères a été de vous voir sans cesse, et de contempler dans votre visage l’image vivante et le portrait fidèle de mon mari mort : consolation qui a commencé dès votre enfance, lorsque vous ne saviez pas encore parler, qui est le temps où les pères et les mères reçoivent plus de plaisir de leurs enfants. […] IV, chap. 5] PORTRAITS DE J.
Voici le portrait de Charlemagne, et qu’il nous soit un enseignement ! […] Du reste, cet incroyable jugement, bâti sur les Charivaris du temps de Charlemagne (il y en avait), est bientôt réparé par l’inconséquence habituelle de l’auteur qui, dans un portrait, abominablement flatté, de l’empereur Frédéric Barberousse, pour lequel il se sent les plus tendres entrailles, compare, pour lui faire piédestal, le juste, le vaillant Frédéric, si ambitieux d’épargner ses ennemis, ambition nouvelle, à ce superstitieux et sanguinaire Charlemagne de la page 106, transformé, comme vous allez le voir à la page 468.
Nul de ces jeunes morts qui ne mérite son portrait, une étude, son reliquaire. […] Il est grièvement déchiré, et on voit les buissons au travers, mais je suis heureux d’envoyer le portrait de ce glorieux bout de soie qui est un peu « moi », car il est nous tous.
Ceux qui ont servi sous le général Friant, questionnés sur ses mérites et qualités, nous ont donné de lui une idée que le colonel Michel, un d’entre eux, a résumée heureusement dans ce vivant portrait : Le général Friant, par son bon naturel, son excellent cœur, ses sentiments généreux, l’humanité qui le dominait, aimait ses soldats, les soignait comme ses propres enfants, vivant de leur vie, se mêlant avec eux, tout en conservant sa dignité ; il en était chéri et estimé au point que pas un d’eux n’eût balancé à sacrifier sa vie pour sauver celui qu’ils appelaient : Notre bon, notre brave père. — (Tombant mortellement blessé près de lui à la Moskowa, un voltigeur lui disait : « Mon général, voilà quatorze ans que je suis sous vos ordres ; votre main, et je meurs content
… Parce que j’avais parlé de Fanny. « Parmi les critiques, y disait-on, l’un des mieux avisés, non pas le plus consciencieux, mais le plus matois… » C’était moi, mon cher directeur, moi en personne, et l’aimable portrait se terminait de la sorte : « Il glorifiera Fanny, l’honnête homme !
Je ne suis pas, en fait de portraits, pour les panégyriques purs.
Sainte-Beuve a donnée par mégarde, dans les Portraits littéraires, tome I, à son Étude sur l’Histoire de la vie et des ouvrages de Pierre Corneille, par M.
C’est le nom d’un chef cosaque zaporogue, et, dans ce caractère sauvage, féroce, grandiose et par instants sublime, le romancier a voulu nous offrir un portrait de ce qu’étaient encore quelques-uns de ces chefs indépendants des bords du Dnieper durant la première moitié du xviie siècle, date approximative à laquelle se rapportent les circonstances du récit : « C’était, dit-il, un de ces caractères qui ne pouvaient se développer qu’au xvie siècle, dans un coin sauvage de l’Europe, quand toute la Russie méridionale, abandonnée de ses princes, fut ravagée par les incursions irrésistibles des Mongols ; quand, après avoir perdu son toit et tout abri, l’homme se réfugia dans le courage du désespoir ; quand sur les ruines fumantes de sa demeure, en présence d’ennemis voisins et implacables, il osa se rebâtir une maison, connaissant le danger, mais s’habituant à le regarder en face ; quand enfin le génie pacifique des Slaves s’enflamma d’une ardeur guerrière, et donna naissance à cet élan désordonné de la nature russe qui fut la société cosaque (kasatchestvo).
Enfin la Revue illustrée vient de donner son portrait, après ceux de MM.
Hélas l’œuvre posthume de Baudelaire se réduit presque à des titres de nouvelles et de romans, tels que : Le Marquis invisible, la Maîtresse de l’idiot, la Négresse aux yeux bleus, la Maîtresse Vierge, les Monstres, l’Autel de la volonté, le Portrait fatal… Evidemment ces titres lui semblaient très singuliers et très beaux.
Les portraits modérés, tels que ceux de Gresset, de d’Aguesseau, de Vauvenargues, sont touchés avec une grâce parfaite, et comme enlevés avec légèreté.
* * * — Portrait d’un vieux monsieur en omnibus.
* * * — Aujourd’hui, Gavarni nous fait le portrait, de vive voix, de Chicard.
Elle a fait ces vers sur son portrait : Nanteuil, en faisant mon image, A de son art divin signalé le pouvoir.
Les comédies sont les portraits de famille d’une nation.
Ses contes, où la science des mœurs était, comme dans la société, revêtue d’expressions spirituellement décentes, devinrent une galerie de portraits frappants de ressemblance ; et dans ses tableaux malins, piquants et variés, le peintre habile eut l’art d’amuser surtout ses modèles.
Voir Portraits politiques et littéraires.
qu’au lieu d’aimer extérieurement, elles concentrent leur affection dans elles-mêmes et se l’adjugent exclusivement, s’habituant, en femmes bien avisées et rigoureusement justes, à ne voir dans l’homme qu’un élément de rentes. » Nous ne savons pas si le portrait est ressemblant, mais élément de rentes est bien joli !
Après Les Nièces de Mazarin, dont le succès a été brillant et mérité, il publie Madame de Montmorency, qu’il fera suivre, dit-on, d’autres portraits et d’autres biographies.
Qu’importe qu’on y passe auprès de figures comme Frédéric II, — ce poème de Lord Byron au Moyen Âge, — comme Grégoire IX, — cette énergie de quatre-vingt-dix-huit ans, — comme Urbain IV, Clément IV, Alexandre IV, sans que l’auteur les regarde et soit tenté d’en faire le portrait !
… Stendhal pouvait pincer cette bouche si ferme qu’on voit dans ses portraits, et garder par derrière sa tête, comme dit Pascal, ces observations qui avaient chez lui l’aigu du stylet.
Malgré le portrait de Balzac, Catherine de Médicis, qui jeta sur la France cette ventrée de Princes pervers ou scélérats, était encore plus perverse et scélérate que ses fils.
Son portrait, mis à la tête du volume et très ressemblant, rappelle, par son énergie de dogue, la tête de Granier de Cassagnac, — cette autre grande plume de guerre, — mais avec une expression plus gaie.
et qui va nous montrer, dans la Sainte Térèse entrevue, une autre Sainte Térèse inconnue : c’est le livre des Fondations… Sainte Térèse est toujours pour l’imagination ou l’ignorance française le fameux portrait de Gérard ; la belle Sainte à genoux, avec sa blancheur de rose macérée, son œil espagnol qui garde, sous la neige du calme bandeau, un peu trop de cette mélancolie, qui ne vient pas de Dieu, car il n’en vient nulle mélancolie, et ces mains de fille noble qui, jointes très correctement sur le sein, disent aussi un peu trop à la bure sur laquelle elles tranchent, qu’elles étaient faites pour la pourpre.
Fantaisiste enchanté que ce Saint-Maur, il nous peint un jour des portraits de femmes sur porcelaine, médaillons d’un contraste et d’un charme inouïs : c’est Sylvanie, Orphyse, Yseult, Myrto et Flavie, — mais celle-là peinte sur onyx !
Assurément, l’auteur de la notice est trop exercé et trop compréhensif pour ne pas voir, du premier regard, ce qu’il y avait de véritablement grand dans Beyle : aussi marque-t-il bien la descendance de son génie, qu’il fait venir de La Bruyère et de Saint-Simon ; mais après ce large classement, après le rapport de famille spirituelle saisi avec la justesse d’un naturaliste de la pensée, on voudrait de Beyle, d’un si sérieux artiste, un portrait plus étudié et plus sévère.
Regardez, en effet, le portrait placé à la tête de ce volume, et voyez si sur cette face résolue et tranquille de lion au repos il n’y a pas la tristesse immense de notre âge, cette tristesse qui pénètre tout, hélas !
Tout à coup, 1830 éclata, et quelques jours après qu’on eut bu à cette coupe de Circé révolutionnaire, le journaliste Brucker, transformé en… farouche et en garde national, demandait, à Vincennes, la tête de M. de Peyronnet, avec lequel, par parenthèse, il s’est lié plus tard ; cette tête poétique qui fait de beaux vers et qui, en envoyant son portrait à son ennemi mortel devenu son ami jusqu’à la mort, écrivait ce quatrain tourné avec la grâce qui n’empêche pas d’être un homme d’État, en terre de France : J’entends encor l’hymne infernal, (Il faut bien dire que c’était La Marseillaise pour ceux qui ne la reconnaîtraient pas à l’épithète).
Et pourtant il y en a une autre qui sera tout à l’heure la vraie voix d’Arthur de Gravillon, et dont ici il n’a donné qu’une note, quand, esprit poétique qui a tout vu de la poésie que ce type de dévotes cachait, il a fait sa spirituelle réserve : « On dit les dévotes comme on dit les champignons, et l’on ne songe souvent point que, parmi tous ces poisons, il y a d’excellents champignons et de vénérables dévotes », et qu’alors il nous a écrit cette délicieuse page attendrie sur la piété des femmes vraiment pieuses, pour nous prouver qu’il pourrait faire des portraits exquis et reposés de dévotes adorables, et que c’est là sa vocation En effet, la colère n’a duré qu’un moment, elle est évaporée maintenant dans cet Hogarth de colère !
Tous les artistes connaissent les caricatures de Léonard de Vinci, véritables portraits.
Fléchier louait en antithèses, La Bruyère en portraits, Massillon en images, Montesquieu en épigrammes, et l’auteur de Télémaque en phrases tendres et harmonieuses.
(Au reste, elle n’est pas laide sur le seul portrait qu’on ait d’elle, et qui la représente à cinquante ans environ.) […] Après Lesage, Dancourt et Marivaux, qui avaient de la saveur, la comédie se traîne dans de fades portraits, dans de petites satires de mœurs et dans de petites intrigues amoureuses ! […] Avec l’ombrageux Jean-Jacques, la maréchale fut toute simplicité, toute sérénité, toute tolérance, montra une admiration qui semblait absolument involontaire et se garda d’avoir trop d’esprit. — L’agréable portrait qu’il nous fait d’elle se termine ainsi : « Je crus m’apercevoir, dès la première visite, que, malgré mon air gauche et mes lourdes phrases, je ne lui déplaisais pas. » Il ne lui déplaisait pas. […] Son portrait est long, mais agréable. […] Délicieux en somme, avec ses lenteurs, tout ce portrait physique et moral de Sophie.
Qui donne le portrait promet l’original. […] Et Molière a parfaitement « fait le portrait » et « fait le développement » et « fait la tirade » ; Le Misanthrope est plein de portraits, d’épîtres ou de discours en vers, et pareillement le Tartuffe, et non moins Les Femmes savantes et L’École des femmes. […] C’est le portrait du « bienfaiteur » par ostentation : Aimer les siens ? […] Il est vif, l’intrigue en est ingénieuse et claire, et le portrait central est très nettement dessiné. […] Sa femme nous trace son portrait de la manière suivante : Il lui faut, avant tout, les titres, la puissance.
Or, en littérature, l’universel diffère du général exactement dans la mesure où le chapitre de Théophraste sur l’Épargne sordide diffère du portrait que Boileau lui-même nous a laissé du lieutenant criminel Tardieu. […] Dans cette inépuisable galerie d’originaux qui forme le livre des Caractères, Le Sage n’aura eu qu’à puiser à pleines mains, les animer, et faire agir en quelque sorte sur la grande scène de la vie ces portraits descendus de leur cadre. […] Regardez-y toutefois de plus près : ce ne sont plus des caractères, c’est déjà des portraits et des tableaux de mœurs qu’ils peignent. […] Il n’y a point de ces mines-là dans le monde. » Voilà le portrait. […] C’est le portrait de son cœur, comme il dit, qu’il nous trace en ces termes.
Il y a eu une modernité pour chaque peintre ancien ; la plupart des beaux portraits qui nous restent des temps antérieurs sont revêtus des costumes de leur époque. […] C’est surtout dans une vaste galerie de portraits (celle de Versailles, par exemple) que cette proposition devient facile à vérifier. […] J’ai rarement vu un portrait militaire plus ressemblant, buriné d’une main plus hardie et plus spirituelle. […] Ce portrait, esquissé d’une façon familière, aurait besoin du concours du graveur. […] Il a disséminé çà et là quelques bons portraits.
Je ne méritai guère d’être châtié ; mais, malgré ma tranquillité ordinaire, il eût été dangereux de le tenter, et j’aime à penser que, faisant en rhétorique le portrait du cheval parfait, je sacrifiai un succès au plaisir de peindre celui qui, en apercevant la verge, renversait son cavalier. » Ce ne sont pas seulement les écoliers de rhétorique, ce sont quelquefois les hommes qui sacrifient un succès, c’est-à-dire la chose possible, au plaisir de peindre ou de faire une action d’où résulte le plus grand honneur à leur rôle, la plus grande satisfaction à leurs sentiments. […] Sans prétendre suivre en détail La Fayette dans son personnage politique à dater de 89, j’aurai pourtant à parcourir ses Mémoires pour l’appréciation de quelques-uns de ses actes, pour le relevé de quelques-uns de ses portraits anecdotiques ou de ses jugements. […] L’homme de 89, c’est-à-dire d’audace et d’innovation, mais avec limites et garanties, avec circonspection passé son 14 juillet, et avec arrêt devant les 10 août, l’esprit sans préjugés, courageux, qui apporte au monde sa part d’innovation et de découverte, mais qui ne prétend pas le détruire tout entier pour le refaire ; qui ouvre sa brèche, mais qui reconnaît bien vite, en avançant, de certaines mesures imposées par le bon sens et par le fait, par l’honnêteté et par le goût ; qui n’abjure pas dans les mécomptes, mais se ralentit seulement, se resserre, et attend aux endroits impossibles, sans forcer, sans renoncer… : qu’on achève le portrait, que je craindrais de faire trop vague en le traçant dans cette généralité. […] Il y a là, sur Sieyès, à la page 103, un admirable portrait.
Celle de Bacon a produit des observations, des expériences, des découvertes, des machines, des arts et des industries entières. « Elle a allongé la vie, elle a diminué la douleur, elle a éteint des maladies ; elle a accru la fertilité du sol ; elle a enlevé la foudre au ciel ; elle a éclairé la nuit de toute la splendeur du jour ; elle a étendu la portée de la vue humaine ; elle a accéléré le mouvement, anéanti les distances ; elle a rendu l’homme capable de pénétrer dans les profondeurs de l’océan, de s’élever dans l’air, de traverser la terre sur des chars qui roulent sans chevaux, et l’océan sur des navires qui filent dix nœuds à l’heure contre le vent. » L’une s’est consumée à déchiffrer des énigmes indéchiffrables, à fabriquer les portraits d’un sage imaginaire, à se guinder d’hypothèses en hypothèses, à rouler d’absurdités en absurdités ; elle a méprisé ce qui était praticable ; elle a promis ce qui était impraticable, et, parce qu’elle a méconnu les limites de l’esprit humain, elle en a ignoré la puissance. […] On n’étudiait point autre chose à Rome, et chacun sait quelle part elle a dans la philosophie anglaise : Hutcheson, Price, Ferguson, Wollaston, Adam Smith, Bentham, Reid, et tant d’autres, ont rempli le siècle dernier de dissertations et de discussions sur la règle qui fixe nos devoirs, et sur la faculté qui les découvre ; et les Essais de Macaulay sont un nouvel exemple de cette inclination nationale et dominante ; ses biographies sont moins des portraits que des jugements. […] Chez lui, les portraits se mêlent au récit. […] La multitude étonnante des détails, le mélange de dissertations psychologiques et morales, des descriptions, des récits, des jugements, des plaidoiries, des portraits, par-dessus tout la bonne composition et le courant continu d’éloquence occupent et retiennent l’attention jusqu’au bout.
Aux côtés de la cheminée, une mauvaise aquarelle, le portrait d’une langoureuse et maladive Anglaise, que Flaubert a connue à Paris, dans sa jeunesse, et puis encore des dessus de boîtes, à dessins indiens, encadrés comme des gouaches, et l’eau-forte de Callot, une Tentation de saint Antoine : les images conseillères du talent du Maître. […] » Là, un silence, et la causerie repart : « Avez-vous remarqué qu’aujourd’hui, les hommes célèbres n’ont pas la signification de leur physionomie… Voyez leurs portraits, leurs photographies… Il n’y a plus de beaux portraits… Les gens remarquables ne se distinguent plus… Balzac n’avait pas de caractéristique… Est-ce que vous reconnaîtriez, sur la vue, M. de Lamartine ? […] Nous contenons tous plus des autres, et alors contenant plus des autres, notre physionomie nous est moins propre… Nous sommes plutôt des portraits d’une collectivité que de nous-mêmes… » Michelet a remué, comme cela, de hautes idées, pendant près d’une demi-heure.
Un peintre fait un portrait de fantaisie, qui n’est d’après aucun modele. […] Les habillemens changerent toûjours ; & les François au bout de chaque siecle, pouvoient prendre les portraits de leurs ayeux pour des portraits étrangers. […] Doit-on dans l’histoire insérer des harangues, & faire des portraits ? […] Les portraits montrent encore bien souvent plus d’envie de briller que d’instruire : des contemporains sont en droit de faire le portrait des hommes d’état avec lesquels ils ont négocié, des généraux sous qui ils ont fait la guerre. […] Il paroît que les portraits qu’on trouve dans Clarendon sont faits avec plus d’impartialité, de gravité & de sagesse, que ceux qu’on lit avec plaisir dans le cardinal de Retz.
Victor Hugo me semble avoir mieux peint Louis XI comme portrait que comme caractère. […] Victor Hugo n’a pas le genre de figure que lui donnent ses portraits. […] Le nom du poète au bas du portrait, gravé en caractères gothiques, est l’emblème de la nouveauté de son œuvre. […] Victor Hugo ne reconnaissent pas plus le poète dans ce portrait, qu’ils ne reconnaissent Mirabeau dans la caricature que M. […] Son œil est doux, beaucoup moins caverneux qu’on ne le fait dans ses portraits.
Le développement du caractère de Néron est un chef d’œuvre ; les portraits d’Agrippine, de Burrhus, de Narcisse, sont dignes de Tacite, le plus grand peintre de l’antiquité. […] Voltaire fut un de ceux qui accrédita le plus ce préjugé ; on lit dans son Temple du Goût : Plus pur, plus élégant, plus tendre, Et parlant au cœur de plus près, Nous attachant sans nous surprendre, Et ne se démentant jamais, Racine observe les portraits De Bajazet, de Xipharès, De Britannicus, d’Hippolyte : Tendres, galants, doux et discrets, Ils ont tous le même mérite ; Et l’Amour, qui marche à leur suite, Les croit des courtisans français. […] Corneille aurait pu tracer le caractère de Mithridate ; mais le portrait de Monime n’appartenait qu’au pinceau de Racine ; il n’a point de rival dans l’art de dessiner ces figures angéliques où l’héroïsme de la vertu relève la pudeur, la timidité, la délicatesse ; la plupart de ses héroïnes ont la physionomie céleste des vierges de Raphaël ; leurs traits, leurs proportions offrent toute la noblesse et toute la perfection du style grec. […] Le portrait de Mithridate, tracé par Racine, est d’une ressemblance parfaite ; c’est Mithridate lui-même qui pense, agit et parle.
On disait que c’était mon portrait. […] Mon père a tracé son portrait « Grand, mince, sa tête avait une physionomie arabe qu’il se plaisait à faire remarquer et ressortir parfois, en l’encapuchonnant d’un burnous en temps de bal masqué. […] Mon père a tracé ainsi son portrait. […] — Regarde-le donc, me dit-il, tu ne vois pas comme il ressemble au portrait de ta grand-mère, qui est dans la chambre des tantes, à Montrouge. Il avait, en effet, le nez aquilin, les yeux bleus, la carnation blanche et blonde, du portrait que je connaissais bien.
Les trois portraits d’un Baudelaire, d’un Fromentin et d’un Amiel trouvent dans ce contraste l’unité qui permet de les réunir comme trois visages symboliques et complémentaires de la durée littéraire française. […] Aussi ce voyage dans les musées de Belgique et de Hollande conduit-il Fromentin, comme à un intérêt supérieur, à une préoccupation d’analyste et de psychologue, au portrait des peintres. […] Un portrait par Rembrandt, qui fait le désespoir des peintres, encourage les écrivains à la transposition d’art, et beaucoup se sont essayés à un portrait de Rembrandt lui-même. […] Celui qu’essaye Fromentin est peut-être le plus séduisant : un portrait intelligent, fureteur, passionné, avide d’aller au fond et de saisir l’homme, en défiance cependant contre les généralisations courantes. […] En quête d’un portrait que règlent l’âge, l’humeur, la lumière, nous conservons donc le loisir et la perspective de modifier encore plusieurs fois notre crayon d’Amiel.
La critique biographique, celle que j’ai nommée la dernière, mais qui tient en réalité le haut du pavé à l’heure qu’il est, se propose, avant tout, la ressemblance du portrait. […] Un bon portrait de Massillon, de Bourdaloue, du docteur Arnauld ou de la mère Angélique, en vaut bien un autre ; peut-être même vaut-il mieux et a-t-il plus de chance, s’il ressort bien, d’illustrer l’artiste en passant à la postérité. […] Il faut l’avouer : la recherche exclusive du vrai courrait grand risque de nous faire oublier qu’il y a un beau, ou plutôt que le beau et le vrai ne font qu’un et que la source du laid c’est le faux, si la critique à principes ne se tenait à côté de la critique à portraits pour perpétuer les traditions de l’art. […] Aujourd’hui il peindra au pastel Ninon ou Cidalise, demain d’une chaude couleur vénitienne il fera le portrait de Violante, la maîtresse du Titien. […] La légende, c’est l’histoire vue à travers l’imagination populaire avec ses mille détails naïfs et pittoresques, ses familiarités charmantes, ses portraits de fantaisie plus vrais que les portraits réels, ses grossissements de types, ses exagérations héroïques et sa poésie fabuleuse remplaçant la science, souvent conjecturale.
Un portrait d’Holbein, étroit de cadre, me révèle mieux l’âme des hommes et des femmes que ne font ces portraits somptueux dont l’auteur, peintre d’étoffes, aurait aussi bien pu être tailleur, couturier, que sais-je ? […] … C’est un mélange de plaisanterie et de gravité ; c’est une caricature et c’est un portrait ; c’est de l’énorme gaieté, c’est aussi de la mélancolie pénétrante ; c’est de la folie et c’est de la sagesse ; c’est de la moquerie féroce et qui, parfois, dissimule une véritable tendresse. […] En conséquence, sa « philosophie » est aussi bien dans ses portraits que dans ses autres tableaux. […] Il n’abuse pas de leur faiblesse pour les tourmenter ; il ne les pousse point à la caricature, le portrait suffit ; il ne complique pas leur châtiment, il n’aggrave pas leur « douloureuse », la vérité suffit. […] Et l’on est sage, on est content de la citer d’abord, comme une excuse ou, au moins, comme une précaution, lorsqu’on va tracer le portrait de l’un des esprits les plus divers de ce temps.
Vandal a préféré laisser aux événements le soin de tracer peu à peu les portraits et de faire apparaître, à mesure qu’ils se révèlent en action, les aspects de chaque caractère. […] Les portraits qu’il a semés dans le récit, ceux d’un Necker, d’un Fouché, d’un Bernadotte, sont d’une touche juste, fine, spirituelle. […] On le devine à voir, d’après ses portraits, son enveloppe épaisse et triviale. […] Il ne s’est pas appliqué à faire saillir certains traits de son modèle, à éclairer de préférence un côté du portrait. […] Mais peu à peu on arrivait à mettre un nom sur ce portrait descendu de son cadre.
Macaulay, qui est fort suivi aujourd’hui : « Les meilleurs portraits, a dit ce grand peintre historique, sont peut-être ceux dans lesquels il y a un léger mélange de charge… Quelque chose est perdu pour l’exactitude, mais beaucoup est gagné pour l’effet… Les lignes moins importantes sont négligées, mais les grands traits caractéristiques s’impriment pour toujours dans l’esprit. » C’est ainsi qu’on raccommode après des siècles et qu’on refait bien des personnages. […] Sachons pourtant qu’en parlant si plaisamment de Malherbe et en traçant le portrait du poète-grammairien auquel il oppose celui d’un libre et naïf génie, c’est-à-dire le sien propre, Régnier jugeait bien plus son adversaire d’après ses propos que sur ses écrits et ses œuvres mêmes.
Mais, parmi tant de tours ingénieux, apologues, contes, portraits, dialogues, dans le sérieux comme dans la mascarade, la tenue demeure irréprochable et le ton parfait. […] Il est presque l’égal de La Bruyère pour la conduite des effets ménagés, pour l’artifice calculé des développements, pour la brièveté des résumés poignants, pour la raideur assommante des ripostes inattendues, pour la multitude des réussites littéraires, pour l’exécution de tous ces morceaux de bravoure, portraits, descriptions, parallèles, invectives, où, comme dans un crescendo musical, la même idée, diversifiée par une série d’expressions toujours plus vives, atteint ou dépasse dans la note finale tout ce qu’elle comporte d’énergie et d’éclat.
Elles en expriment les rêves avec la vie, l’idéal avec la réalité, comme la fiction du théâtre de Scribe est le plus fidèle portrait qu’on puisse trouver de la bourgeoisie française aux environs de 1840. […] Le début du Charroi de Nîmes est peut-être très ancien dans son fond ; mais tel que nous l’avons, c’est une très belle amplification littéraire ; le procédé appliqué au développement de l’idée est sensiblement analogue à celui de la fameuse scène des portraits d’Hernani ; c’est la traduction grandiose d’une idée grande.
Lorsque les tendances de la monarchie se précisèrent dans la résistance égoïste, les instincts de Lamartine se déterminèrent aussi vers l’opinion démocratique : il écrivait son Histoire des Girondins (1817), si peu historique, toute chaude d’éloquence, illuminée de portraits prestigieux, et qui emplit les âmes d’un vague et puissant enthousiasme révolutionnaire. […] Blaize, 1866, 2 v. in-8.A consulter : Sainle-Beuve,Portraits.
Elles sont fort railleuses et moqueuses, même des gens qui ne leur en donnent pas de sujet. » Huet, évêque d’Avranches, a publié, en 1659, les portraits écrits par Mademoiselle, portraits dont celui des précieuses fait partie.
Avant de partir pour mon expédition, j’avais laissé tous mes effets et mon portrait à M. le résident de France72. […] Il ne manquera à mon bonheur que de vous y recevoir un jour et d’y avoir une compagne qui ressemble à la vôtre, et un fils semblable à celui dont vous me faites le portrait.
Ce sont là les véritables portraits dans lesquels une femme se transfigure réellement sur la toile vivante de notre imagination ; portraits dont les couleurs ne noircissent ou ne s’éraillent jamais, parce que la mémoire vit et les renouvelle sans cesse.
· L’historien, sans songer à être peintre, fait à cet endroit un portrait fort ressemblant de Louis XVIII, le grand modérateur, sur lequel reposait l’exécution du pacte tant bien que mal contracté.
La juste mesure et la proportion dans un portrait sont la première loi de la ressemblance.
Dans ses Études d’après nature 45, il a donné de bons portraits rustiques copiés sur modèle, vrais, consciencieux, honnêtes.
Servois, l’ancien élève de l’École des chartes, un M. de Garriod, ancien officier savoisien, homme modeste et d’un vrai mérite, profond connaisseur en peinture, il ajoutait ce fin portrait d’un troisième : « J’attirais aussi quelquefois le professeur de belle littérature de l’Université (à la Sapience), dont j’ai entendu les leçons avec plaisir : mémoire facile et sûre des plus beaux textes latins et italiens, prononciation parfaite, et sur le tout un sentiment irréprochable d’excellent humanisme pour rapprocher, à chaque leçon, quelques beaux passages classiques de l’antique et de la moderne Italie.
Je ne réponds pas ici de la rigoureuse exactitude philosophique de cette manière de voir et de dire ; je ne parlais là qu’en littérateur et d’après l’opinion spécieuse généralement reçue (Note des Portraits contemporains, tome II, page 509).
Dans le portrait de Montesquieu, je ne crois pas qu’il soit exact de faire du grand écrivain un causeur aussi insignifiant et aussi dénué de saillies que nous le montre M.
En même temps s’était formé un public curieux de tels récits, et qui dans l’antiquité même ne goûtait rien tant que les vies, les portraits d’âmes grandes et hautaines se dépeignant par leurs actions.
[Profits et portraits (1891).]
Avec quelques contes, un portrait littéraire et deux ou trois dissertations, ce n’est que récits de voyages.
Saint-Pavin, l’esprit fort, le poète, l’ami de Ninon, trace de lui-même ce portrait peu flatté 49 : Mon teint est jaune et safrané, De la couleur d’un vieux damné, Pour le moins qui le doit bien estre Ou je ne sçay pas m’y connoistre.
Malgré quelques différences dans les dehors, il faut encore ranger dans cette catégorie, la plupart des portraits d’écrivains, les articles savants et partiaux de M.
Ne reconnoît-on pas les castillans dans le portrait que Justin fait des iberiens.
— n’est le La Rochejacquelin de la, réalité ; — que la Charlotte Corday d’Adam Salomon, traduite en marbre de l’Ange de l’assassinat de Lamartine, n’est physiquement la vraie Charlotte Corday, qui fut, comme le savent ceux qui ont vu ses portraits originaux, une figure piquante de trumeau, le minois chiffonné d’une soubrette du xviiie siècle !
Mais quand on est condamné à n’être qu’un masque, on se soucie bien des portraits !
Là est, selon moi, un problème plus intéressant qu’un portrait.
À voir le portrait mis en frontispice du volume de Teste, Léon XIII semble porter ses années comme sa tiare, et même cette tiare, alourdie de ce qu’on lui a ôté, doit à son front peser davantage… Il a la maigreur nerveuse des hommes qui sont faits pour résister au temps comme à autre chose.
il n’y a pas une seule de ces grandes ou honteuses physionomies ramassées dans un portrait ardemment ou profondément coloré.
… Mais jusqu’à ce coup de foudre qui allume la poussière d’un homme et en fait un poète, et sur lequel il n’est permis à personne, si optimiste soit-on, de compter, que Monselet aille dans sa voie vraie, indiquée par la nature de ses facultés, et s’il fait des vers encore, que ce soit seulement pour ce public de cœur qui prend tout de nous avec ivresse, — nos rimes, nos cheveux et nos portraits !
La première fois que celui qui écrit ces lignes le rencontra, — il y a de cela des années, — il ressemblait encore à ce portrait de son salon où, sous de longs et magnifiques cheveux noirs, éclatait, sombre, ce visage qu’on aurait dit fait de la beauté de quatre races différentes : la juive, la bohémienne, la phocéenne et la mauresque, et où le lion et l’aigle se confondaient, comme dans une chimérique tête de blason.
Accrochons dans nos maisons, au bon endroit, ces portraits d’ancêtres. […] Les Nouveaux Pastels sont des portraits d’hommes. […] Leurs portraits sont exposés, et vous pouvez les voir tout à votre aise. […] Vous pourrez, d’ailleurs, voir son portrait si jamais vous allez à Ploumilliau ; il est dans l’église, et personne n’a jamais pu le regarder sans avoir peur. […] Un type manque à cette série de portraits un peu grossement ébauchés par un peintre qui n’a pas le loisir de préciser et d’affiner les traits.
Mais le meilleur portrait de Verlaine est celui qu’a tracé M. […] Veber sont déjà vénérables et caducs, comme des portraits d’ancêtres. […] Ainsi Zola, ayant soigneusement catalogué toutes les turpitudes d’un arrondissement agricole, nous a bâti “le paysan français” ; ainsi Bourget, après analyse de cette écume où s’ébattent fraternellement rastas, noble et financiers, nous a donné “la physiologie de l’amour moderne”. — Rien n’est assurément moins légitime que cette façon de concevoir un “type” représentant soi-disant toute une classe ou toute une société. — Ce n’est plus un portrait, plus même une caricature, mais un véritable monstre qu’on a rarement occasion, Dieu merci ! […] Hanotaux, avant de commencer le portrait, en pied du cardinal, crayonna deux esquisses, où apparaissaient, en lignes déjà précises, les traits, de son héros. […] Son portrait, exposé au Salon frondeur du Champ de Mars par le littéraire Jacques Blanche, commença de répandre le bruit de son nom hors des cénacles.
De sorte que votre portrait de Shakespeare n’est pas vrai : et toute votre thèse dépend de ce portrait ; et toute votre thèse dégringole, n’étant appuyée sur rien, que sur la plus extravagante conjecture. […] Une jeune fille fait le portrait de ses amies. […] Admirables portraits, d’une excellente justesse. […] J’ai bien un portrait de lui, dans mon album. Vais-je le dénicher, parmi tant de portraits ?
Elle est un portrait. […] Les éditeurs de sa correspondance ont donné son portrait d’après une peinture de madame Vigée Le Brun. […] Je puis dire encore qu’on peut voir en ce moment le portrait de cette dame à l’Exposition des Trente-Trois, rue de Sèze. […] On devine, à voir seulement ce portrait, que la porteuse de ce joli visage loge en sa petite personne une âme ironique. […] Voulez-vous son portrait ?
De même, si deux peintres de génie ont fait le portrait de la même personne, vous avez deux portraits fort différents, qui tous deux cependant ressemblent au modèle, mais dont chacun, en même temps, exprime le caractère et le tempérament du peintre. […] Ne vous imaginez pas que le génie soit nécessairement échevelé comme une pythonisse ; qu’il ait toujours les cheveux en coup de vent comme le portrait de Chateaubriand par Guérin. […] A part un petit nombre d’assez bons paysagistes et quelques peintres de portraits, le reste est au-dessous du médiocre, et pourrait faire beaucoup mieux sans faire bien. […] — On dit que Louis XVI avait dans son cabinet, aux Tuileries, ce portrait de Charles Ier, et le contemplait souvent…Ô rêverie ! […] Cromwell disait à Pierre Lély, peintre allemand, mais qui vécut en Angleterre : « Ayez soin de faire mon portrait avec exactitude et sans flatterie.
On goûte enfin sans retenue la saveur des multiples portraits croqués sur le vif, qui font ainsi se croiser au tournant des pages Fénéon le « Méphisto Yankee », et le « vieux chat roux au visage nerveux », Verhaeren. […] Toutefois le portrait se fendille peu à peu. […] Au-dessus de sa tête, son portrait par Manet reproduisait son habituelle attitude : un cigare (au lieu de la pipe d’à présent) à la main droite, et la gauche à moitié dans la poche du veston. […] Les « Ecrits pour l’Art » avaient publié de lui, avec des pages inédites sur Wagner, un portrait d’une heureuse vérité. […] Quant au « Poète », son portrait est tout particulièrement traité : « D’une main forte aux doigts carrés d’homme volontaire il promenait à la ronde un paquet de Richmond.
Ce ne sont pas des tableaux de la vie humaine, ni des portraits historiques : c’est une âme de poète qui s’ouvre. […] Les portraits d’Alberoni autorisent l’induction qu’on peut tirer de sa naissance : ce fils d’un jardinier du Plaisantin est un paysan. […] Et plutôt que de me reposer ainsi, j’aurais préféré que l’auteur me retînt moins longtemps dans sa galerie, en ne m’y montrant que les tableaux expressifs et les portraits intéressants. […] Il n’y a point de visage dont l’expression soit unique et constante : le meilleur portrait ne ressemble pas tous les jours. […] Les portraits, ingénieusement composés pour les soubrettes (nous voilà bien loin de Martine !)
Chacun de ces portraits laisse une empreinte vivante dans l’imagination. […] VIII Le portrait qu’Hélène fait de la sagesse d’Ulysse est relevé par le portrait qu’Anténor, autre fils de Priam, fait de son éloquence.
Il fallait des passions et non des principes à la démocratie ; elle avait trouvé un jeune homme de talent, elle lui dit : « Fais mon portrait, mais flatte-moi, et défigure mes ennemis, je te nommerai peintre du peuple. » Du côté opposé, les historiens de la Révolution dans le parti royaliste, religieux, aristocratique, n’avaient écrit sous le nom d’histoire que le martyrologe des victimes de 1791 à 1794 ; ils avaient barbouillé de sang tous les principes les plus saints et les plus innocents de la philosophie révolutionnaire du dix-huitième siècle. […] Le second mobile qui me sollicitait intérieurement à écrire cette histoire à la fois dramatique et critique de la Révolution française, était, je l’avoue, un mobile humain, une ambition d’artiste, une soif de gloire d’écrivain toute semblable à la pensée d’un peintre qui entreprend une page historique ou un portrait, et qui n’a pas pour objet seulement de faire ressemblant, mais de faire beau, afin que dans le tableau ou dans le portrait on ne voie pas uniquement l’intérêt du sujet, mais qu’on voie aussi le génie du pinceau et la gloire du peintre.
Quand il a réuni une quantité suffisante de matériaux, il les groupe sous diverses légendes : il possède tout un dossier sur chacun de ses personnages ; il parle d’eux comme s’ils vivaient réellement ; il indique leur âge, les circonstances dans lesquelles ils se sont développés : il imagine même souvent des détails qu’il ne livre pas au public, mais dont il tire les conséquences Surtout, il soigne le portrait. […] A droite de la porte, au-dessus d’un sofa en velours rouge, on remarque surtout le portrait de M. […] Des deux côtés du portrait sont des appliques en verre de Venise ancien.
Samedi 6 février Un artiste, nommé Desboutin, que je ne connaissais pas, a apporté chez Burty, jeudi, deux ou trois portraits à la pointe sèche : des planches suprêmement artistiques. […] Il va faire un séjour à Stamboul, chez le peintre de Sa Hautesse, qui exerce sa profession au milieu des scènes les plus bouffonnes : « Un nez, des yeux, une bouche, deux moustaches, tu vois, c’est le sultan, qui désignant chaque morceau de sa figure avec son doigt, ajoute : « Maintenant, fais mon portrait. » Et déjà il lui a tourné les talons. […] Il fait un coloré et spirituel portrait de Royer-Collard : « Un œil très fin, très malin, sous un épais sourcil, un œil embusqué sous une broussaille, le bas de la figure disparaissant dans une cravate, qui montait parfois jusqu’au nez, au dos une grande redingote du Directoire, et toujours les bras croisés et la tête renversée en arrière… « Il m’avait déclaré qu’il avait lu mes livres, que les uns lui plaisaient, les autres non, mais qu’il ne voterait pas pour moi, parce que j’apporterais une température qui changerait le climat de l’Académie… Je vous l’avoue, j’aimais aller à l’Académie, les séances du dictionnaire avaient un intérêt pour moi ; je suis très amoureux d’étymologies, charmé par ce qu’il y a de mystère dans ces mots de subjonctif, de participe… J’étais assidu autour de cette table, où juste en face de moi, comme vous l’êtes, monsieur de Goncourt, j’avais Royer-Rollard.
L’emblème agrandit gaiement le portrait. […] Et voici Alfred de Vigny, le véritable portrait du poète et l’âme de son œuvre. […] Quelle justesse de l’intelligence, dans ces portraits littéraires que sont les contes de La Vieillesse d’Hélène ! […] Guimbaud, le portrait. […] dans sa petite chambre, n’a-t-elle point à regarder les portraits de son amant ?
Je ferai même plus, Monsieur, en vous offrant une chose à laquelle vous n’aviez, je suppose bien, nullement songé : c’est de faire graver mon portrait pour le placer en tête de ce volume. […] tout serait perdu, plus de confidences, plus de portraits ! […] Hippolyte Lucas, l’auteur des Caractères et Portraits de Femmes que nous connaissons, était venu se placer dans une loge de parterre voisine de de celle où j’avais remarqué Mme Delphine Gay. […] Calamatta, jeune graveur, qui vient de faire un beau portrait dont on a orné les œuvres complètes de George Sand, puis enfin, mon ami, l’auteur d’un acte de vaudeville, et… moi. […] Comme elle ressemble au portrait qu’on doit s’en faire !
Je détache, en le soulignant avec intention pour qu’on s’y arrête, ce portrait de Grâce Mirbel, à l’époque où Antoine la revoit, découvre en elle une beauté nouvelle, donc une femme nouvelle : « Le nez fin, très peu busqué, respirait la rose épanouie, et les cils noirs et courbes voilaient les longs yeux baissés. […] C’est le même procédé de composition par Portraits détachés où s’affirme un extraordinaire don visuel, par Descriptions de nature, isolées en apparence, mais liées intimement aux minutes pathétiques du drame, enfin par Morceaux, exécutés avec ce souci de leur donner une exceptionnelle importance10. […] — « Chaste entre les chastes — c’est le principal portrait de la mère d’Augustin — restée vierge de cœur, Thérèse-Angélique conservait du mariage et de la maternité un dégoût invincible pour l’œuvre de chair. […] Un mouvement auquel correspondent tant d’efforts, et dans des sens si différents, assez imposant d’ailleurs pour avoir suscité l’ombrage des jalousies viriles, ne saurait se réfléchir en cinq Portraits, quand même ces Portraits seraient ceux des Femmes-auteurs qui par la vigueur du talent s’imposent au premier rang.
Il ne s’agit nullement de comparer ce beau sonnet, d’un souffle un peu court, à la frémissante chevauchée de la Légende des Siècles ; tout de même, c’est un arrière-petit-cousin… Hors du siècle, le chef-d’œuvre d’Albert Giraud, évoque ces galeries de portraits où les ancêtres occupent les places d’honneur. […] Kinon (Victor). — Portraits d’auteurs. […] Bruxelles, Larcier, 1909. — Portraits d’auteurs. […] Albert Giraud, Hors du siècle, « Le portrait du Reître ». […] Victor Kinon, Portraits d’auteurs, « Georges Ramaekers », p. 265.
Il y a trouvé pour garde-malade Mlle Elsa, la jeune infirmière, sœur d’un maître éminent de l’Université, et il a tracé de cette robuste et pure vierge suédoise un portrait magistral. […] Mais la même année 1903 voit paraître la Table alphabétique et analytique des Premiers lundis, Portraits contemporains et Nouveaux lundis de Sainte-Beuve. […] Giraud donne un portrait de l’auteur qu’il aborde, un portrait qu’il n’a point tracé. […] Il contient vingt-quatre portraits à la plume, improvisés d’abord pour le journal Le Figaro, mais repris et remaniés, ou même refaits, pour le livre. […] Ils sont à rapprocher de l’invective violente contre Leconte de Lisle : Portrait académique (1896).
Son portrait a été mis en regard avec le portrait de Jésus-Christ. […] Il conta comme l’habit des Franciscains n’étoit point le véritable habit de saint François, & donna, pour démonstration de la chose, plusieurs portraits qu’on avoit de ce patriarche, & sur-tout son saint habit qu’on gardoit à Assise. […] Dans l’instant, il tira de sa poche un portrait de saint François d’après l’original qu’en conservent les grands ducs de Toscane, dans leur palais, à Florence…. […] Servin chargea encore les portraits qu’avoit fait d’eux La Martelière, & conclut pour l’université. […] On a fait de ce théologien estimable un portrait ridicule.
On a donc un portrait du roi tel que Nivernais l’a connu alors, portrait qui est judicieux, sensé, et d’une circonspection qui ne nuit point à la ressemblance64.
Que le portrait de l’homme bienveillant et sensible a d’attrait austère ! […] I, de l’édition de mes Portraits contemporains, 1869.
Dans tout le discours du colon : « Je passe donc mes jours loin des hommes, etc. », il a tracé son portrait idéal et son rêve de fin de vie heureuse. Mais, à part ce portrait un peu complaisant de lui-même, je ne crois pas qu’il y en ait d’autre dans Paul et Virginie ; ces êtres si vivants sont sortis tout entiers de la création du peintre.
Quelques arcs et deux carquois remplis de flèches étaient suspendus aux murs ; sur un côté du divan paraissait un grand tableau représentant un cheval libre franchissant un torrent, et, derrière le cadre, je reconnus un portrait de Bonaparte presque entièrement dérobé à la vue. […] ces jugements si défavorables, ces portraits si peu ressemblants que la presse multiplie, n’ont-ils rien qui puisse vous choquer, Milady ?
Hugo a parfaitement compris, admirablement exécuté dans le portrait de son évêque M. […] On croit voir des portraits de famille dans certaines figures du tableau, telles, par exemple, que la transparente sœur madame Baptistine et la vieille madame Magloire, sœur volontaire aussi plutôt que servante de la maison épiscopale ; on croit deviner que le poète, comme le peintre Rubens, mettant partout sa femme ou sa sœur dans ses tableaux, s’est souvenu de son heureuse enfance de la rue du Colombier, et a retracé le profil de sa mère ou la face réjouie de quelque bonne tante auxiliaire de sa mère, dans les figures de ces deux saintes femmes de l’Évangile, domestiques du saint évêque de Digne.
Les dames de la cour, les femmes les plus illustres du temps s’habillent en nymphes ou en bergères, et c’est sous ce travestissement qu’elles ont légué leur portrait à la postérité. […] Tandis que Desportes mange douillettement les revenus d’une quantité de grasses abbayes, son neveu, Régnier, esquisse en traits inoubliables le portrait des poètes crottés.
« Seroit-ce que pour devenir tempérant & sage ; il faut commencer par être furieux & fou. » Il voit plutôt le contraire : il voit que la peinture qu’on fait d’elles les rend préférables à la vertu ; que les plus grands scélérats jouent sur le théâtre le plus beau rôle ; qu’ils y paroissent avec tous les avantages & tout le coloris des exploits des héros ; que les Mahomet y éclipsent les Zopire, & les Catilina les Cicéron ; que de semblables portraits ne sont propres qu’à faire revivre les originaux. […] Le portrait qu’il trace des acteurs & des actrices les feroit bien rougir, s’il étoit ressemblant.
Son fils Henri, dont Forneron, souvent très artiste (voir son portrait d’Élisabeth et surtout sa mort de Marie Stuart), écrit qu’il avait le charme et la témérité de Borgia, — un Borgia blond, « plus Italien que Lorrain, malgré ses cheveux d’or, plus paladin que général, plus conspirateur qu’homme d’État, et qui mourut d’une conspiration », — eut, par un hasard inouï de guerre, le bonheur de prendre à son père, par une blessure reçue à la même place, son fier surnom de Balafré. […] Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle, ce Scribe qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix, ce Solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net, le rey netto, au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale, Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, — résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, — comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire.
Villeroi et Jeannin traitaient avec franchise, et dans les portraits qu’on a tracés du caractère de ce dernier, au milieu des éloges dus à son habileté, on n’a pas oublié de parler de sa candeur, une candeur compatible avec la tactique des négociations.
On sourit en commençant à lire ; peu à peu la verve et la sincérité du narrateur nous gagnent, et l’on finit, au milieu de tant de soucis plus pressants, de tant d’intérêts du jour qui nous tirent et nous sollicitent, par se laisser aller de bonne foi, jusqu’à concevoir avec lui des doutes sur la parfaite convenance des deux portraits de Nestor et de Philoctète, placés à travers l’action et venant interrompre ou retarder le combat d’Adraste et de Phalante.
[NdA] Au tome iii des Portraits contemporains et divers, édition de 1855, pages 118-155.
Sa digne mère, dont il est le portrait, continue de vivre pour jouir d’un tel fils, et il suffit d’avoir eu l’honneur de la voir une fois pour sentir tout ce qui a dû présider de pieux, de tendre et d’antique à cette première éducation du foyer.
Voir au tome II des Portraits contemporains.
Mais le portrait ne peut aller plus loin que la ressemblance, et les sensations sont bornées par les sens.
A ce moment Mme de Rémusat nous accueille, si fine, si intelligente, égale pour le moins à Mme de Caylus et à Mme de Staal-Delaunay, et dont les mémoires ont le mérite incomparable de nous dérouler, avec le portrait du premier consul et de l’empereur, les transformations successives des sentiments de l’écrivain à l’égard de cet homme et comme la lente découverte du modèle par le peintre Et voulez-vous quelque chose d’extraordinaire ?
Je laisse le critique littéraire (très classique, ainsi qu’il sied à un Marseillais), l’observateur des mœurs contemporaines, le politique militant, le peintre de portraits (voyez ceux de Gambetta, de Rouher, de Lepère, de M.
C’est que dans la préface de ses Portraits « d’aujourd’hui et de demain » il avait proclamé le droit à la haine.
Chacune des pensées inscrites dans ce terrible procès-verbal est si nue, si franche, si finement analysée, et dérobée avec tant d’adresse aux souffrances du cœur, que chacun de nous est tenté d’y reconnaître son portrait ou celui de ses intimes.
C’est un portrait excellent, nuancé dans le relief, touché dans le fini, et qui fait vraiment honneur à son peintre.
Les plus beaux tableaux furent jugés des portraits.
Il nous traçait, par exemple, deux petits portraits de Sadolet et d’Érasme quand il nous donnait à confectionner une lettre d’Érasme à Sadolet.
12 L’abbé d’Olivet, dans le complément qu’il a donné à la galerie des portraits académiques de Pélisson, étend sur le cadre destiné à Furetière le crêpe noir des Doges décapités.
Nous avons vu que les jansénistes de la Fronde s’étaient scandalisés qu’un cardinal eût dans sa maison des statues et des portraits légèrement vêtus ; le duc de Mazarin s’en fit aussi un cas de conscience, toutes ces nudités le révoltèrent : et que fit-il ?
Ce sont des portraits à plaisir, où vous ne cherchez point de ressemblance, et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor. […] Il veut peindre, lui, d’après nature, et que dans ses portraits « on reconnaisse les gens de son siècle » ; et, de la considération de son art, c’est ainsi qu’insensiblement il passe à l’observation de la société qui l’entoure. […] Ou bien encore, c’est pour pouvoir, au moyen de la peinture de la jalousie, comme achever le portrait de Phèdre, en y ajoutant de ces touches, plus larges et plus profondes, que la haine en s’y mêlant vient ajouter à la représentation de l’amour. […] ORONTE Des caractères, monsieur, des caractères… et des portraits. […] des caractères, des portraits… Votre discours me fait soupçonner… que vous êtes un peu Moliériste.
Anatole France voit un bourgeois médiocre, bavard et procédurier (le portrait ne diffère pas beaucoup de celui que Taine a tracé dans les Origines), Évariste Gamelin est à son tour guillotiné. […] Les Études et portraits, puis ces deux volumes : Pages de critique et de doctrine, se composent d’articles rédigés au hasard de l’actualité. […] Il a donné, dans le poème des Aïeules, d’éclatants et touchants portraits de famille. […] Dans divers ordres d’idées, il a magnifiquement exprimé la valeur que l’amour confère aux pauvres gens ou aux choses insignifiantes qui l’ont inspiré : Au Salon, le portrait véritable et charmant, C’est celui que je vois dans l’âme de l’amant. […] Le Louvre possède son portrait, au fusain, rehaussé de pastel, par Léonard de Vinci.
En tout ceci d’ailleurs, je ne prétends rien faire qui ressemble à un portrait littéraire. […] Au milieu de ces graves émotions, qui ont laissé leur trace profonde dans cette Biographie, il y a place pour des épisodes d’un intérêt tout romanesque, pour quelques tableaux de mœurs, pour des portraits d’amis et de contemporains, tracés d’un crayon léger et fin. […] Mais, encore une fois, quelle exigence nouvelle est-ce là de vouloir que Béranger nous expose une galerie de portraits ? […] C’est là un portrait de pure fantaisie que rien ne justifie, que tout condamne. […] » Ce sont là, comme le dit l’auteur lui-même, des médaillons, d’humbles portraits, qui disent simplement nos bonheurs intimes et nos chagrins.
Mme de Campvallon est en effet le portrait de scélérate le plus ferme qu’on ait tracé dans la littérature depuis le sinistre chef-d’œuvre de Laclos. […] Le lecteur trouvera en tête du volume le portrait de cet animal vraiment distingué et qui fait honneur au goût de son admiratrice. […] Le meilleur des tableaux de Mme Babolain, née Paline, est certainement le portrait qu’elle a obtenu de M. […] Ils ne visent pas à être des types, ils se contentent d’être des individualités très vivantes et des portraits très ressemblants. […] Daudet avait déjà montré dans Fromont jeune une connaissance si complète et tracé des portraits presque voisins de la perfection.
» Sur quoi Orante fait un portrait satirique de l’amant emporté, et Climène de l’amant transi. « Eh bien ! […] Elle fait songer aux dissertations amoureuses et morales de la Clélie ou du Grand Cyrus, aux portraits de La Bruyère et des grands sermonnaires. […] elle vous place un petit portrait à la Théophraste, en huit ou dix vers, qu’elle débite comme une leçon. […] Le portrait du poète ridicule, qui n’arrive pas à lire sa tragédie, semble exaspérer la Harpe. […] » Un album égaré par la fillette, et où le portrait de Max se trouve crayonné à toutes les pages, lui apprend qu’il est aimé, et depuis longtemps.
Lui aussi fait des « anges bouffis et colorés », quand il dit de Polyxène : « C’est un lis immolé sur des autels rouges » ; du signe du Taureau, « Le Taureau de Phénicie paît des étoiles dans le céleste parc » ; du tonnerre, « l’artillerie céleste crache des balles de grêle » ; d’un aveugle ivrogne, « Il n’y voyait goutte, quoiqu’il en bût beaucoup. » Lope de Vega dédiait un de ses ouvrages à Marini ; il lui envoyait son portrait ; il disait que « le Tasse n’avait été que l’aurore du soleil de Marini. » L’exemple donné par Lope de Vega, et suivi plus tard par Caldéron, ne séduisit pas Cervantes. […] Il s’en est rendu témoignage dans l’épître où, traçant son portrait avec cette candeur « qui a fait tous ses vices », il rappelle le temps où son esprit A tout le genre humain sut faire le procès, Et s’attaqua lui-même avec tant de succès. […] Le morceau le plus piquant est le portrait de ces regratteurs de syllabes, qui prennent garde … qu’un qui ne heurte une diphtongue152 ; portrait excellent, parce qu’il y aura toujours des superstitieux de grammaire pour y ressembler.
Au cours des suivants portraits, ou plus tard, nous aurons sans doute l’occasion de la compléter ; son principe servira encore à nous guider, en nous incitant à rechercher, non pas ce que devraient faire, selon de terribles règles, selon de tyranniques traditions, les écrivains nouveaux, mais ce qu’ils ont voulu faire. […] Maintenant, il faut prévenir que l’ordre de ces portraits, sans être tout à fait arbitraire, n’implique aucune classification de palmarès, il y a même, hors de la galerie, des absents notoires, qu’une occasion nous ramènera ; il y a des cadres vides et aussi des places nues ; quant aux portraits mêmes, si quelques-uns les jugent incomplets et trop brefs, nous répondrons les avoir voulus ainsi, n’ayant la prétention que de donner des indications, que de montrer, d’un geste du bras, la route. […] D’autres ont et avouent la tendance à tout simplifier, n’observent et ne comparent les faits que pour en extraire des résumés et des quintessences ; ils ont scrupule et comme pudeur à raconter des mécanismes si souvent décrits : ils établissent des portraits d’âmes, ne gardant de l’anatomie physique que la seule matérialité nécessaire à soutenir le jeu des couleurs.
La tragédie est un tableau d’histoire, la comédie est un portrait ; non le portrait d’un seul homme, comme la satyre, mais d’une espece d’hommes répandus dans la société, dont les traits les plus marqués sont réunis dans une même figure. […] S’il est peint avec force & vérité, il aura toûjours, comme les portraits de Vandeyk & de Latour, le mérite de la peinture, lors même qu’on ne sera plus en état de juger de la ressemblance ; & les connoisseurs y appercevront cette ame & cette vie, qu’on ne rend jamais qu’en imitant la nature. […] Observons, à-propos de cette piece, qu’il y a quelquefois un grand art à charger les portraits. […] & à la scene & aux habits près, c’est notre portrait même que nous voyons. […] Enfin de nuance en nuance, il se trouve avoir fait le portrait d’un homme content, au lieu du portrait d’un homme affligé.
III Commençons par son portrait à vingt-cinq ans, car peu de ses contemporains l’ont connu, tant c’était un solitaire de la foule ; il passait seul dans les rues, sur les promenades, le long de nos quais ; on le remarquait à l’élégance de son costume, à la noblesse sans affectation de son attitude, à la sérénité de son beau visage, à la douceur affable de son regard ; on se disait : « C’est quelqu’un au-dessus du vulgaire, c’est un diplomate étranger, c’est un jeune homme sur le front duquel la Providence a écrit une grandeur future. » On s’arrêtait, mais on ne savait pas son nom. IV Je vais vous faire son portrait exact, la moyenne de son apparence, tel qu’il était dans son brillant uniforme de mousquetaire en 1822, tel qu’il était en 1825, enfin tel qu’il était en 1863, quelques mois avant sa mort ; toujours jeune et agréable d’esprit, sans que le temps eût presque rien changé à sa taille et à son visage, excepté quelques légères nuances imperceptibles de transition, entre les cheveux qui menaçaient de blanchir et les ondes molles et blondes de sa chevelure qu’il laissait flotter sur le collet de son habit. […] Il fond en larmes sur la tabatière où est le portrait.
Je lui répondis donc: « Oui, voilà les montagnes où demeurait votre chère Virginie, et voilà le portrait que vous lui aviez donné, et qu’en mourant elle portait sur son cœur, dont les derniers mouvements ont encore été pour vous. » Je présentai alors à Paul le petit portrait qu’il avait donné à Virginie au bord de la fontaine des cocotiers. […] Il saisit avidement ce portrait de ses faibles mains, et le porta sur sa bouche.
Faguet racontait, par manière de rire, qu’il l’avait écrit sans s’en douter, à force de contempler, entre autres choses, le portrait de Sainte-Beuve et celui de Sarcey qui sont comme les dieux lares de son logis. […] Aussi ses portraits sortent-ils des petits coins des « Caractères » et ses batailles de Van der Meulen. […] Je prends le portrait du jeune Nicolas de Galandot : « … Il n’éprouvait aucun de ces mouvements sourds qui portent parfois à de brusques écarts dont la surprise déconcerte. […] On retient les portraits des avocats, celui surtout de l’illustre Torson du Foudray, grand cœur, grave talent, et qui perd toutes les « nobles causes », qu’il plaide, d’ailleurs éloquemment et d’une belle voix de basse, « pour l’honneur ». […] Quant aux portraits, que nous avons déjà trouvés amusants et justes, ils sont encore d’une grande finesse psychologique.
Ainsi, dans cette fin de discours, il se mit à faire un magnifique éloge de la piété tendre et sensible, puis, en regard, un non moins magnifique portrait de la vraie philosophie ; puis, au sortir de ce parallèle, il s’échappa dans une vigoureuse sortie contre le fanatisme qui, seul, trouble la paix si facile à établir, disait-il, entre les deux parties intéressées ; s’animant de plus en plus devant cet ennemi, pour le moment du moins, imaginaire, l’orateur compara tout d’un coup le fanatique ou l’hypocrite à l’incendiaire Catilina lorsqu’il vint pour s’asseoir dans le sénat de Rome et que tous les sénateurs, d’un mouvement de répulsion unanime, le délaissèrent sur son banc, seul, épouvanté et furieux de sa solitude… On se retournait, on regardait de toutes parts pour chercher cet incendiaire, car il était bien évident que, dans la pensée de Garat, ce n’était point M. de Parny. […] A considérer l’original de ce portrait, je songeais qu’il en est un peu pour nous du talent de Parny comme de ce profil, et qu’il a besoin d’être bien regardé pour qu’on en saisisse aujourd’hui le trait léger, le tour presque insensible.
Je l’ai ici dans un fidèle et charmant portrait de Mlle Stéphanie de Virieu, la sœur de notre ami commun, Aymon de Virieu, chez qui nous passions l’été en Dauphiné, au pied des monts de la Grande Chartreuse ; cette jeune personne, le Van Dyck à la sépia des femmes, fit son portrait pour moi, et le même pour lui aussi.
Quant à Cooper, il fait le portrait de la nature, et ses sauvages, ses forêts, ses mers, ont pour nous un charme comparable à celui des plus grands poèmes. […] D’ailleurs il se livre rarement à cette contemplation ; son génie le porte à individualiser la vie, c’est-à-dire à peindre toutes les formes de ce qu’on appelle la matière et de ce qu’on appelle l’esprit ; à peindre des portraits, des caractères et des passions.
Je veux bien que ce portrait soit vrai de Chapelain prosateur et académicien, pourvu qu’au chapitre sur Boileau, le titre d’excuseur de toutes les fautes, que je vois percer sous ce portrait, soit vrai de Chapelain poète.
Lavater, qui attendait un portrait de Herder, se figura que ce profil était celui du philosophe allemand, s’extasia sur les qualités intellectuelles et poétiques de l’homme. […] Mantegazza, lui, fait à sa manière le portrait des diverses nations.
Samedi 21 janvier Nittis a commencé au pastel, ces jours-ci, un grand portrait de sa femme, qui est la plus extraordinaire symphonie de la blancheur. […] Il y a à peu près vingt ans, que mon frère et moi l’avons faite, cette préface, en tête des Portraits intimes du dix-huitième siècle.
Sainte-Beuve remarque que René est un des prénoms de Chateaubriand : afin d’achever le portrait de René Chateaubriand, j’ai puisé dans ses autres écrits. […] L’anecdote suivante est typique : La richissime Mme Mackay, qui débuta comme servante dans un bar d’une des villes minières du Colorado, ayant commandé, pour une somme fabuleuse, son portrait à Meissonier, et ne le trouvant pas à son goût, — le consciencieux artiste avait fait ressemblant, — l’accrocha dans son cabinet d’aisance.
Jusqu’à notre siècle, on n’avait guère procédé en histoire que par narrations, par tableaux ou par portraits ; on parlait des grands hommes et de leurs œuvres politiques, comme dans l’antiquité, plutôt que des institutions religieuses, sociales, juridiques, économiques, qui sont l’œuvre des causes naturelles ou traditionnelles plus ou moins indépendantes des faits politiques. […] Michelet, Quinet et Lanfrey, l’un avec son sens historique si sûr, éclairé par l’intime commerce avec les choses et les hommes du passé, l’autre avec sa magistrale gravité de philosophe moraliste, le troisième avec ce sentiment du droit qui ne l’abandonne jamais dans ses jugements et ses portraits.
Je regrette de ne pouvoir en profiter dans cette réimpression : ces sortes cette portraits seraient à recommencer plus d’une fois.
Elle aussi, du moment que le champ lui est ouvert, elle a son idéal, c’est de former la parfaite novice et la parfaite dame de Saint-Louis, l’institutrice religieuse et raisonnable par excellence ; elle en propose à ses jeunes maîtresses et en retrace en vingt endroits un portrait admirable : simplicité, droiture de piété, justesse soumise, nulle singularité, nulle curiosité d’esprit, une égalité sans tristesse, un renoncement absolu de soi, et toute une vie tournée à un labeur pratique et fructifiant.
Quel portrait juste, vrai, bien proportionné, il en eût tracé !
Ces portraits et caractères composés si savamment, mais composés et concertés, auraient pris plus de naturel et de vie ; les originaux vrais auraient apparu, se seraient développés avec ampleur, abandon, et je ne sais quel charme qui leur manque ; je le suppose toujours à l’abri du trop de facilité et du laisser-aller.
Gilbert a rassemblé à ce propos différents passages de ses maximes et de ses caractères, qui se rapportent évidemment à cette situation personnelle ; on le soupçonnait auparavant, on en est sûr désormais : et par exemple dans ce portrait de Clazomène qui est tout lui : « Quand la fortune a paru se lasser de le poursuivre, quand l’espérance trop lente commençait à flatter sa peine, la mort s’est offerte à sa vue ; elle l’a surpris dans le plus grand désordre de sa fortune ; il a eu la douleur amère de ne pas laisser assez de bien pour payer ses dettes, et n’a pu sauver sa vertu de cette tache. » L’amitié si tendre, si familière, que nous voyons établie entre Vauvenargues et Saint-Vincens nous permet de nous figurer en la personne de ce dernier un de ces amis dont La Fontaine avait vu des exemples autre part encore qu’au Monomotapa : Qu’un ami véritable est une douce chose !
Suit un portrait en pied, ou du moins en buste, où le rival est peint dans sa majesté virile et sa forte placidité, avec tous les avantages qui peuvent inquiéter et humilier un être susceptible et faible, et encore plus nerveux que tendre : Lorsque le dîner fut fini et que les convives eurent été s’asseoir dans le grand salon autour des tables de whist, lentement je me rapprochai de Fanny qui se chauffait les pieds devant le feu.
J’allais (tant l’art de l’arrangeur est parfait, et tant il a mis d’attention à se dérober), — j’allais oublier d’avertir que le tout est lié par un récit biographique rapide, par des transitions indispensables, par des fils adroits et légers ; que toutes les explications nécessaires au lecteur lui sont agréablement et brièvement données, qu’elles viennent à propos au devant de lui ; que tous les petits faits, toutes les anecdotes qui se rattachent au cercle de Mme Récamier, celles qu’elle aimait à raconter elle-même, nous sont rendues avec ce tour net et dans cette nuance qui était le ton particulier de son salon ; qu’une fine critique, toujours convenable, corrige et relève, par-ci par-là, le trop de douceur dans les portraits.
Balzac imagine et invente beaucoup plus dans ses portraits de provinciaux ; il surcharge et surajoute à tout instant : M.
Encore une belle figure, un grand portrait militaire de plus, que nous possédons, et cette fois non de profil et à demi, mais en pied et tout entier, grâce au travail de M.
Le portrait vu dans sa première épreuve a pour l’amateur et pour l’homme de goût un prix que rien dans la suite ne peut rendre.
Le livre d’Eckermann est la meilleure biographie de Gœthe : celle de l’Anglais Lewes pour les faits, celle d’Eckermann pour le portrait du dedans et la physionomie.
Nous sommes ici dans des portraits de magistrature un peu noirs et tristes, qui ne se discernent bien qu’au bout de quelques minutes, au fond de ces hauts appartements donnant sur des rues étroites, où le soleil ne pénétrait que rarement.
Bignon, en se justifiant en bonne partie des inculpations de l’abbé de Pradt, n’a jamais mieux répondu que par ce mot qui qualifie et marque l’ensemble du procédé : « Quand le caractère d’un homme s’est décelé par de certains traits, il n’est plus possible de compter pour rien son jugement. » Ce mot mérite de rester définitivement attaché à tout portrait de l’abbé de Pradt.
Tout certainement n’est pas faux dans ce portrait à demi satirique, et il y a des traits qui doivent avoir été observés au naturel : le contre-sens est dans l’intention générale et dans l’ensemble.
Note Ces premiers portraits sont des compositions plutôt que des biographies.
Il y a là un autre M. de Léonard qui n’est pas le nôtre, mais une espèce d’ingénieur du Prince, et qu’il s’agit de capter en tout honneur : une boîte d’or avec portrait de Sa Majesté paraît produire un effet merveilleux.
Là, le miroir en main et ce grand homme en face, Il n’est contorsion, posture ni grimace Que ce grand écolier du plus grand des bouffons Ne fasse et ne refasse en cent et cent façons : Tantôt, pour exprimer les soucis d’un ménage, De mille et mille plis il fronce son visage, Puis, joignant la pâleur à ces rides qu’il fait, D’un mari malheureux il est le vrai portrait.
Voici les vers qu’on lit au bas de son portrait gravé par Hubert : Bologne est ma pairie et Paris mon séjour.
Déjà la plume de Baudelaire ne tremblait pas quand il lamentait les accords mourants du Portrait : La maladie et la mort font des cendres De tout le feu qui pour nous flamboya, De ces grands yeux si fervents et si tendres, De cette bouche où mon cœur se noya… Ainsi c’était trouvé avant Leconte de Lisle l’art d’être ému et d’émouvoir sans geste.
.) ; l’Association Wagnérienne Universelle : nouveaux statuts ; direction ; listes ; divers ; formulaires ; Bibliographie ; représentations wagnériennes en 1884 et en 1885 En outre, trois portraits : Wagner (d’après le buste de Schaper), Louis II et Liszt.
C’est là, suivant M. de Musset, le don Juan véritable, tout poétique, Que personne n’a fait, que Mozart a rêvé, Qu’Hoffmann a vu passer, au son de la musique, Sous un éclair divin de sa nuit fantastique, Admirable portrait qu’il n’a point achevé, Et que de notre temps Shakspeare aurait trouvé.
On regrette qu’un observateur aussi impartial et aussi supérieur n’ait pas tracé un pareil portrait de la reine aux divers moments de son existence, jusqu’à l’heure où elle devient une grande victime, et où ses hautes qualités de cœur éclatent assez pour frapper et intéresser tout ce qui est humain.
C’est dans tous les genres que, du règne d’Henri IV à la Révolution, notre Prose multiplie ses chefs-d’œuvre ; pamphlets vengeurs tels que la Ménippée et les Provinciales, pensées, maximes, portraits, mémoires, traités de morale, correspondance, éloquence sacrée, histoire, comédie, roman, conte, rien ne lui est étranger.
Tous les traits que Moliere emploïe pour craïonner son misantrope, ne sont pas également heureux, mais les uns ajoutent aux autres, et pris tous ensemble, ils forment le caractere le mieux dessiné et le portrait le plus parfait qui jamais ait été mis sur le théatre.
Le Spectateur, d’Addison, ayant été traduit en 1714 à Amsterdam, sous ce nom : le Spectateur ou le Socrate moderne où l’on voit un portrait naïf des mœurs de ce siècle et plusieurs éditions de l’ouvrage s’étant vendues avec une rapidité prodigieuse, tous les libraires se mirent à commander à leurs auteurs à gages des Spectateurs de tendances et d’opinions diverses.
Cependant, dans le portrait qu’a publié M.
Ils sont persuadés que l’écrivain, borné au rôle d’historien-philosophe, doit mieux voir et mieux peindre ce qu’il voit ; qu’en cherchant moins à en imposer aux autres, il en impose moins à lui-même ; que celui qui veut embellir, exagère ; qu’on perd du côté de l’exacte vérité tout ce qu’on gagne du côté de la chaleur ; que pour être vraiment utile, il faut présenter les faiblesses à côté des vertus ; que nous avons plus de confiance dans des portraits qui nous ressemblent ; que toute éloquence est une espèce d’art dont on se défie ; et que l’orateur, en se passionnant, met en garde contre lui les esprits sages qui aiment mieux raisonner que sentir.
Le lecteur n’a qu’à mettre en regard les portraits du temps, ceux d’Italie et ceux d’Allemagne ; il apercevra d’un coup d’œil les deux races et les deux civilisations, la Renaissance et la Réforme : d’un côté, quelque condottiere demi-nu en costume romain, quelque cardinal dans sa simarre, amplement drapé, sur un riche fauteuil sculpté et orné de têtes de lions, de feuillages, de faunes dansants, lui-même ironique et voluptueux, avec le fin et dangereux regard du politique et de l’homme du monde, cauteleusement courbé et en arrêt ; de l’autre côté, quelque brave docteur, un théologien, homme simple, mal peigné, roide comme un pieu dans sa robe unie de bure noire, avec de gros livres de doctrine à fermoirs solides, travailleur convaincu, père de famille exemplaire. […] Sur-le-champ il changea de sujet, et fit le portrait du prélat parfait, portrait qui ne cadrait pas bien avec la personne de l’évêque, et il fut dénoncé pour ce fait. […] Guizot, Portraits politiques, 63. […] Guizot, Portraits politiques.
Huit ans avant Amiel, le Vaudois Secrétan, qui avait entendu le philosophe à l’Université de Munich, avait tracé le portrait de ce « petit vieillard de soixante ans, à figure socratique, à tournure militaire, à démarche ferme et puissante. […] (C’est le portrait de M. […] Il revoit les portraits des anciennes élèves, songe à celles qui auraient pu plaire. […] Quand Méphistophélès vient revoir son cher Ferney, il jette en passant un regard entendu sur le professeur Amiel, il ajoute un portrait à la Guerre civile de Genève. […] Le professeur pourrait relire dans Petit-Senne le portrait du grimpion, où cet incident était prévu.
Sa mère était « une personne exemplaire, célèbre dans tout le voisinage par ses aumônes430. » Son père, étudiant à Christ-Church et déshérité comme protestant, avait fait seul sa fortune, et, parmi ses occupations d’homme de loi, avait gardé le goût des lettres, n’ayant point voulu « quitter ses libérales et intelligentes inclinations jusqu’à se faire tout à fait esclave du monde » ; il écrivait des vers, était excellent musicien, l’un des meilleurs compositeurs de son temps ; il choisissait Cornélius Jansen pour faire le portrait de son fils qui n’avait encore que dix ans, et donnait à son enfant la plus large et la plus complète des éducations littéraires431. […] Quand on venait le visiter, on le trouvait ordinairement « dans une chambre tendue d’une vieille tapisserie verte, assis dans un fauteuil, et habillé proprement de noir » ; « son teint était pâle, dit un visiteur, mais non cadavéreux ; ses mains, ses pieds avaient la goutte » ; « ses cheveux, d’un brun clair, étaient divisés sur le milieu du front et retombaient en longues boucles ; ses yeux, gris et purs, ne marquaient point qu’il fût aveugle. » Il avait été extrêmement beau dans sa jeunesse, et ses joues anglaises, délicates jadis comme celles d’une jeune fille, restèrent colorées presque jusqu’au bout. « Sa contenance était affable ; sa démarche droite et virile témoignait de l’intrépidité et du courage. » Quelque chose de grand et de fier respire encore dans tous ses portraits ; et certainement peu d’hommes ont fait autant d’honneur à l’homme. […] On pense involontairement aux portraits des théologiens du siècle, âpres figures enfoncées dans l’acier par le dur burin des maîtres, et dont le front géométrique, les yeux fixes se détachent avec un relief violent hors d’un panneau de chêne noir. […] Réponse au Portrait royal, ouvrage attribué au roi, en faveur du roi.
Il semble qu’il se soit peint dans un portrait de saint Paul, un des plus beaux qu’il ait tracés. […] De même qu’on voit un grand fleuve qui retient encore, coulant dans la plaine, cette force violente et impétueuse qu’il avait acquise aux montagnes d’où il tire son origine, ainsi cette vertu céleste qui est contenue dans les écrits de saint Paul, même dans cette simplicité de style, conserve toute la vigueur qu’elle apporte du ciel d’où elle descend116. » N’est-ce pas là, sauf la différence des rôles, le portrait de Bossuet ? […] Tout à coup, elle sort de sa retraite et recommence ses étranges nouveautés de la grâce, dont la plénitude était telle qu’il fallait, selon ses paroles, « la délacer pour l’empêcher d’en crever. » Elle professe de nouveau cet état passif « où Jésus-Christ même est un dernier obstacle à la perfection d’un cœur qui reçoit Dieu immédiatement, dans le vide de toute affection, de toute crainte, de toute espérance, de toute pensée quelconque. » Un poète du temps décrit cet état dans ce portrait plaisant de Mme Guyon : Ce modèle parfait, ce Paraclet nouveau, Donne du pur amour un spectacle bien beau, Quand tout d’un coup, sentant un gonflement de grâce, Elle crève en sa peau si l’on ne la délace. […] Voltaire trouve néanmoins du bien à dire d’un très médiocre portrait satirique que fit ce duc de l’abbé de Rancé, le réformateur de la Trappe.
Dans les commencements de nos relations, madame de Girardin me faisait un peu peur, et je me souviens de l’avoir dit à madame Allan, qui me répondit : « J’ai été comme vous ; je craignais qu’elle n’eût trop d’esprit, mais depuis j’ai reconnu qu’elle avait au moins autant de cœur. » Je répétai ce mot plus tard à madame de Girardin. « Voilà, me dit-elle, l’éloge le plus agréable qu’on puisse faire de moi. » — Existe-t-il un portrait ressemblant de madame de Girardin parvenue à sa maturité ? […] On ne pouvait pas lui faire une plus grande peine qu’en lui attribuant un sentiment de vengeance. « Non, s’écriait-il, si j’avais pensé à faire le portrait d’un homme, j’aurais manqué le portrait de mon type ! […] C’est dans ces circonstances que, songeant à employer mes journées et à tirer parti de ma bonne volonté pour un travail quelconque, flottant entre les peintres de fleurs sur éventails et tabatières, les portraits à quinze francs et la littérature, je fis, entre tous ces essais, un roman fort mauvais qui n’a jamais paru. […] On faisait pour cinq francs des portraits plus ressemblants que les miens.
Cette idée fixe, que M. de Stendhal eût appelée cristallisation, fait nécessairement perdre un peu de terrain au pauvre Étienne, d’autant plus que Gaston, qui a très bien vu l’homme au coup de fusil, et qui s’est pris pour lui d’une belle passion, promet à sa mère de le lui montrer tôt ou tard, et lui en fait, en attendant, un portrait si magnifique, que l’émotion de la femme commence à devenir complice de la reconnaissance de la mère. […] Cousin nous dit, dans une préface émouvante et attristée : — « L’âge arrive, le ciel s’assombrit ; nous nous devons à de plus sérieuses pensées. » — On ne le croirait pas, à voir tout ce qu’il a de jeunesse, de tons chauds et riches, d’ardeur intime et contenue, chaque fois qu’il aborde le portrait de son héroïne et des belles personnes qui l’entouraient. […] En retraçant avec complaisance cette charmante figure d’enfant, M. de Beauchesne ne s’est pas proposé seulement de faire un gracieux portrait.
On avait également contracté dans le commerce de l’histoire le goût du portrait et celui de la psychologie. […] Sous les embellissements qu’y ajoutait le désir de plaire à une noble clientèle, il fallait bien que l’on retrouvât, dans le portrait de la princesse Clarinte, quelque chose au moins de la vraie marquise de Sévigné. […] La vérité d’un portrait ne dépend pas de l’exactitude entière de chacun des traits que le peintre dessine, mais plutôt d’une espèce de sympathie qui s’éveille entre son modèle et lui ; de la convenance qu’il découvre entre l’expression d’un visage et la nature de son propre talent. […] Toutefois, de quelques-unes de ses Pensées diverses, d’un court portrait qu’il a tracé de lui, mais surtout d’une étude attentive de son Esprit des lois, de ses Lettres persanes, de son Temple de Gnide, il y a des indications à tirer, sinon des « révélations » ; — et M. […] Possible que Tartufe ait quelques traits de M. de Roquette ; que la cour, en tremblant, ait reconnu le maître lui-même dans le fameux Sermon sur l’Impureté ; qu’on doive mettre des noms propres, celui de Brancas ou celui de Lauzun, sous les portraits de La Bruyère ; mais La Bruyère, Bourdaloue, et Molière se flattent bien d’avoir en même temps insinué dans leur œuvre quelques traits qui soient de tous les temps comme de tous les lieux ; — et c’est même pour cela que leurs comédies, que leurs portraits et que leurs sermons survivent à tant d’autres.
C’est tout ce que je puis vous dire : il est trop mêlé à mes souvenirs, sa mort est trop récente, je suis trop étonné de l’idée de ne plus le revoir, pour essayer quoi que ce soit qui ressemble à un portrait. […] Aux murs de ses salons étaient suspendus quelques tableaux choisis, un beau paysage de Ruysdael, le portrait de Molière par Sébastien Bourdon, un Giotto, un fra Bartolomeo, des Guerchin, fort estimés alors. […] On peut se le figurer, jeune, d’après un portrait à l’eau-forte où il s’est représenté un crayon à la main, sous une architecture à la Piranèse. […] Il est le septuagénaire charmant que Prud’hon a peint dans le beau portrait conservé au Louvre. […] Son portrait, dessiné par Collin de Plancy, fut approuvé par l’archevêque de Paris.
De même que, dans un portrait, la nature de l’artiste se combine avec celle du modèle, de sorte qu’on y trouve à la fois quelque chose de l’un et de l’autre, et que, plus est vigoureux le génie ou le tempérament du peintre, plus intense est cette combinaison, cette complexité, ce mariage des deux natures, cette harmonie, — exemple, le Portrait de Charles Ier , par Van Dyck, — de même chaque génération survenante, involontairement et sans le savoir, mêle ses propres impressions aux œuvres de génie des siècles passés, soit en littérature, soit en peinture, soit en musique, et cela donne lieu à des effets nouveaux, que n’ont pas prévus les auteurs eux-mêmes. […] Cela devient même, à un certain moment, une mode, un divertissement de société : tout le monde se mêle de peindre des portraits ou des caractères, d’écrire des maximes et des réflexions morales ; on n’échange plus une visite ni un billet sans se communiquer mutuellement ses primeurs en ce genre ; ce qui donne lieu à des discussions et à des productions nouvelles. […] Au quatrième acte, Dorise, pour se défendre contre l’audacieux Pymante, lui crève un œil avec une des aiguilles de sa coiffure ; là-dessus, notre amoureux éborgné dit à l’aiguille : Ô toi, qui, secondant son courage inhumain, Loin d’orner ses cheveux, déshonores sa main, Exécrable instrument de sa brutale rage, Tu devais pour le moins respecter son image : Ce portrait accompli d’un chef-d’œuvre des cieux, Imprimé dans mon cœur, exprimé dans mes yeux, Quoi que te commandât une âme si cruelle, Devait être adoré de ta pointe rebelle ! […] Dans la préface, il dit avec cette vanité qui lui est naturelle : « Ne me croyant que soldat, je me suis encore trouvé poète… J’ai passé plus d’années parmi les armes que d’heures dans mon cabinet, et j’ai usé beaucoup plus de mèches en arquebuses qu’en chandelles. » Et, dans un autre endroit : « Si je me connais en vers, et je pense m’y connaître… » Il fit mettre, en tête d’une de ses pièces, son portrait, avec cette épigraphe : Et poète et guerrier, Il aura du laurier. […] On ne peut se défendre d’une certaine tristesse en lisant cette dédicace : À Monseigneur Le Cardinal de Richelieu Monseigneur, « Je n’aurais jamais eu la témérité de présenter à Votre Éminence ce mauvais portrait d’Horace, si je n’eusse considéré qu’après tant de bienfaits que j’ai reçus d’Elle, le silence où mon respect m’a retenu jusqu’à présent passerait pour ingratitude, et que, quelque juste défiance que j’aye de mon travail, je dois avoir encore plus de confiance en Votre bonté.
Les portraits des rois norvégiens, comme ceux d’Homère, sont vigoureusement tranchés et empreints d’une forte individualité. […] Ainsi, au xve et même au xvie siècle, les portraits des personnages français, hommes et femmes, nous frappent décidément par leur laideur relative, un certain tâtonnement maladroit de la nature, un dégrossissement laborieux. […] Une certaine lady Ayres, s’étant procuré le portrait de lord Herbert, en avait fait faire une copie en miniature, qu’elle portait au cou en guise de médaillon. […] Essayons avec son aide de présenter au lecteur le portrait fidèle d’un des plus beaux esprits du dernier siècle et du plus étrange ecclésiastique qui fut jamais dans aucun pays chrétien. […] Ce qu’était à cette époque le jeune écolier, nous pouvons nous le figurer aisément par les portraits de l’homme fait qui nous restent de lui et qui nous représentent une physionomie si conforme au caractère de son génie, car les traits de Sterne changèrent peu, et il semble avoir conservé toute sa vie le visage de son enfance.
Les genres nobles sont ceux qu’ont illustré les anciens : la tragédie, l’épopée, l’histoire envisagée d’une certaine manière, avec « portraits » et discours… C’est peut-être même parce que les portraits existent dans les historiens antiques et dans Plutarque, qu’on en fit tant au cours du xvie et du xviie siècle, et que nos historiens académiques en font encore. […] Trois mentons, et, sans mentir, l’air d’un fort marchand de porcs. » Tel est le portrait qu’en fait Gozlan. […] C’est une caricature du Méridional, ce n’est pas un portrait. […] Et quels portraits ! […] Son portrait ?
Le texte est repris dans Poète tragique, portrait de Prospéro, Paris, Émile-Paul frères, 1921, p. 233-249. […] Shakespeare ou le portrait de Prospéro, préface de Bernard Thomas, Paris, Éditions François Bourin, 1990. […] Prikaz est ensuite publié chez Stock dans la collection « Les contemporains » dirigée par Florent Fels, avec une préface de Georges Gabory et un portrait de Salmon par Marcel Sauvage.
Le portrait qu’ils s’en font est imaginaire ; jamais on ne s’est représenté plus faussement le paysan ; aussi le réveil sera-t-il terrible. […] Beugnot, Mémoires, I, 136 Duc de Lévis, Souvenirs et portraits, 156 Moniteur, séance du 22 novembre 1872, Discours de M.
Procédés de démonstration : descriptions, analyse : De même que l’écriture de Flaubert se décompose finalement en une succession de phrases indépendantes douées de caractère identiques, ainsi ses descriptions, ses portraits, ses analyses d’âmes, ses scènes d’ensemble se réduisent à une énumération de faits qui ont de particulier d’être peu nombreux, significativement choisis, et placés bout à bout sans résumé qui les condense en un aspect total. […] Les portraits de Flaubert sont tracés par ce même art fragmentaire.
C’est ici qu’il convient de le peindre dans sa jeunesse, car c’est un portrait de jeunesse qui sied surtout à Vicq d’Azyr.
Blanchemain, orné de portrait, armoiries, fac-similé d’écriture, se termine par quelques lettres et pièces en prose, notamment deux discours moraux qui ont dû être composés par Ronsard pour la petite académie du Louvre présidée par Henri III.
Dans ses nombreuses stances, l’intention me semble valoir beaucoup mieux que le résultat ; voici, au reste, un des meilleurs endroits où il rappelle, en se l’appliquant, une parole du saint livre : Profaner le talent, c’est pis que l’enfouir : Ces hautes paroles m’étonnent, J’en dois être en mon cœur bien plus touché que toi ; J’en blêmis, j’en tremble d’effroi, Et jusque dans mon âme à toute heure elles tonnent ; Ma plume en est confuse, et tous ses jeunes traits N’en forment à mes yeux que d’horribles portraits.
Mais, si je n’y prends garde, je vais achever le portrait avant d’avoir commencé à esquisser la vie.
Le portrait de Rabelais, rapproché de Montaigne, a de la justesse.
J'ai fait autrefois, en 1862, dans la Revue des Deux Mondes, un article sur Mademoiselle de Liron, où j'ai rendu pleine justice à ce roman à la fois délicat et réel ; l'article a été recueilli depuis dans le volume des Portraits de Femmes, édtion de 1855.
Qu’avez-vous prétendu au juste dans ce portrait de pure et angélique enfant auquel vous vous êtes visiblement affectionné ?
Comme il s’est peint lui-même avec saillie et vérité dans un beau sonnet de la fin, à l’occasion du portrait peint que Fabre avait fait de lui !
Viollet-Le-Duc, qui démontrera et justifiera dans le détail cette manière de juger et de considérer l’art romain, nous offre, en maint endroit de ses Entretiens, des passages frappants qui font portrait : « Le Romain est avant tout politique et administrateur, il a fondé la civilisation moderne ; est-il artiste comme l’étaient les Grecs ?
Veyrat, tel qu’on me le dépeint et que ses portraits me le montrent, était grand, mince, très bien de figure et de taille, brun, légèrement frisé, la moustache plate, la lèvre arquée, le front large et proéminent : les souffrances creusèrent de bonne heure sa physionomie, qui était très accentuée.
Vous devez vous connaître à ce portrait ; il fait l’apologie de l’estime que j’ai pour vous.
Le maréchal Ney, chargé d’une des opérations les plus importantes dans la combinaison de Napoléon, redoubla de confiance pour Jomini, et, depuis le passage du Rhin, il le tint près de lui pour le travail journalier de son cabinet et l’expédition des ordres ; il n’aimait pas, et pour cause, son chef d’état-major titulaire, le général Dutaillis, créature de Berthier, celui dont l’abbé de Pradt nous a tracé un portrait au naturel, et des moins flatteurs, dans son Ambassade de Varsovie.
Nous avons comparé plus d’une fois la muse d’André Chénier au portrait qu’il fait lui-même d’une de ses idylles, à cette jeune fille, chère à Palès, qui sait se parer avec un art souverain dans ses grâces naïves : De Pange, c’est vers toi qu’à l’heure du réveil Court cette jeune fille au teint frais et vermeil : Va trouver mon ami, va, ma fille nouvelle, Lui disais-je.
Les Italiens n’ont pensé qu’à faire rire en composant leurs pièces ; tout but sérieux, même déguisé sous les formes les plus légères, ne peut y être aperçu ; et leurs comédies sont la caricature de la vie, et non son portrait.
On choisit pour coiffure « des poufs au sentiment », dans lesquels on place le portrait de sa fille, de sa mère, de son serin, de son chien, tout cela garni des cheveux de son père ou d’un ami de cœur ».
Les romans et les épopées ne sont que des caricatures du type vigoureux dont Corneille nous donne le portrait, et Descartes la définition.
Ce qui est intéressant, c’est une nouvelle, un roman, une comédie de mœurs, un portrait, une chronique, un article de journal ; mais un recueil de « pensées » n’a de valeur qu’à la condition que toutes se rapportent à un même point de vue, ou reflètent une même philosophie, ou tendent à nous faire connaître la personne même du moraliste : et alors il faut que cette personne ne soit point la première venue.
Après sa mort, et peut-être de son vivant, son portrait ornait la chambre de la fondatrice ; elle lisait et relisait ses billets dont elle faisait des recueils, et qu’elle gardait précieusement.
Pour faire le plus charmant et le plus vrai portrait de Voltaire, il suffirait d’extraire avec choix quelques-unes de ses propres paroles ; Voltaire n’est pas homme à se contraindre, même en ce qui le juge, ni à retenir longtemps ses pensées : Ne me dites point que je travaille trop, écrivait-il vers ces années de Cirey : ces travaux sont bien peu de chose pour un homme qui n’a point d’autre occupation.
J’ai entendu citer avec éloge un portrait de Louis XV, qui est au chapitre x du second volume.
Le portrait qu’on a d’elle à cette époque du Temple, — un profil avec les cheveux négligemment noués, — a de la finesse dans la correction, de la noblesse et de la gravité sans surcharge.
Il l’embrassa et lui envoya, peu de jours après, son portrait : « Le duc de Reichstadt, dit M. de Montbel, y est représenté à mi-corps, assis vis-à-vis du buste de son père, ayant l’air d’écouter avec beaucoup d’intérêt en dehors du tableau. » Au bas, il avait écrit de sa main les vers d’Hippolyte à Théramène : Attaché près de moi par un zèle sincère, Tu me contais alors l’histoire de mon père.
Ducis avait placé le buste du grand William dans sa chambre à coucher, non loin du portrait de son père et de sa mère : Je n’oublierai jamais, dit M.
Le Voyage proprement dit s’ouvre avec bonheur et avec émotion par une visite à Épaminondas, le plus parfait des héros anciens ; il se termine, au dernier chapitre, par un portrait du jeune Alexandre : le récit tout entier s’encadre entre cette première visite à Thèbes, où le sujet apparaît dans toute sa gloire, et la bataille de Chéronée, où périt la liberté de la Grèce.
L’horreur de la vérité apparaît à ceci qu’avec une documentation assez consciencieuse et sérieuse, jamais, non jamais, ni un homme ni une femme ne nous apparaît dans un roman de Zola tel qu’il nous fasse dire : « C’est cela, je le connais. » Jamais d’aucun de ces personnages on ne s’avisera de dire : « Il semble qu’on l’a vu et que c’est un portrait. » Mauvais critérium ?
C’est le cas, par exemple, des romantiques en France, des peintres décoratifs encore, qui réussissent généralement si mal à peindre l’individu, le portrait.
Dans La Vie de mon père, l’auteur de Monsieur Nicolas et du Paysan perverti nous a tracé le portrait de sa propre famille : c’est la décence et la gravité mêmes, avec une nuance marquée d’orgueil héréditaire, et un besoin très vif d’estime et de considération.
Or, pour développer la matière propre à la haute poésie qui la met en œuvre, nous avons sondé, comparé le goût universel des temps et des nations ; indispensable tableau de ce qui leur sembla digne d’être célébré, tableau d’où rejaillirent les clartés qui devaient nous diriger en nos jugements ; et pour reconnaître par quelles facultés le poète sait démêler et choisir cette même matière, que son art embellit avec tant d’efforts et de persévérance, nous dûmes interroger sa vie, scruter les sentiments intérieurs de son âme, descendre dans le mystère de sa studieuse sagesse, et revenir ainsi, par cet examen de son portrait moral, au principe sur lequel je fondai particulièrement mon cours, qui tend à rapporter aux vertus du cœur de l’homme le caractère analogue de son génie. […] « Œil creux, noir, vif, et barbe rare, « Large sein, col gros, poil crépu, « Taille petite, et corps trapu, « Tel est le portrait du barbare. […] Mes vers renferment un portrait d’Attila qui n’est que la faible copie de celui que nous laissa par écrit l’ambassadeur qui lui fut député par le Bas-Empire. […] Le tableau vivant du Lutrin s’assimile, pour la franchise de la touche et du coloris, à ceux de l’école flamande : même vigueur, même relief, même finesse, et même naïveté ; ses personnages plaisants ne sont pas de nobles portraits de Van Dyckm, mais de piquantes et originales figures de Gérard Doun, de Van Ostadeo et de Teniersp. […] Delille trace ainsi le portrait d’Euryale : « En grâces, en beauté, nul Troyen ne l’égale ; « À peine adolescent, de son léger coton « La jeunesse en sa fleur ombrage son menton.
Visible surtout cette délicatesse dans les photographies retrouvées des premiers âges, alors que les enfants grandissent, ces premières photographies éclaircies par le temps où ne reste des intelligents et gracieux petits visages, avec les yeux en transparence, que la ligne principale, le trait, ce qui suffit d’un portrait d’enfant, ce que saurait dessiner toute mère aimante. […] Et avant de refermer la porte, quand il s’en allait, sanglé dans sa tunique, chercher le courrier à la poste, pas une fois l’adjudant n’eût manqué de retourner la tête et de sourire au portrait. […] Malheureusement, ce persécuté par sa conscience néglige un jour de fermer son livre, et sa fille une charmante créature qui, physiquement, est le portrait vivant de sa femme, surprend le fatal secret qui torture son père. […] Continuant le drame, je trouve ces beaux morceaux, dignes de Ruy Blas, dans un monologue de Mazarin : Il lève la tête vers le portrait du cardinal de Richelieu. […] On ne connaît guère la Clairon que d’après les magnifiques gravures, bustes et portraits peints ; quant à sa vie intime, on ne la sait que par Frétillon et ce qu’on a écrit sur Mlle Cronel ; presque autant de diffamations, car les libelles, les petites revues de chantage existaient déjà alors, sous d’autres titres.
Non pas que l’expression soit forcée : au contraire, la physionomie, flottant dans le vague du brouillard, se dérobe plutôt à notre vue : elle nous contraint et nous dit d’aller à sa recherche et l’émotion est partagée entre le spectateur et le portrait même. […] Maintenant que les traits de son visage étaient en repos, il y avait peut-être quelque ressemblance entre sa physionomie et le portrait arabe, pendu au mur au-dessus de sa tête. […] Avez-vous remarqué ces deux portraits de femmes au-dessus de mes meules ? « C’est la même jeune femme, mais peinte au milieu d’une atmosphère différente ; j’aurais pu faire quinze portraits d’elle, tout comme de la meule. […] j’ai encore dans mes cartons une petite collection de portraits que je me suis amusé à croquer, et de temps en temps il me vient la tentation de les donner au public, mais je n’en ferai rien.
J’aurais pu sans doute insister plus que je ne l’ai fait sur les imperfections de leurs œuvres et sur les limites de leur génie ; mais il me semble que j’aurais alors altéré la vérité du portrait que je voulais tracer d’eux. […] Vacherot, à qui Taine devait rendre un si bel hommage en traçant dans ses Philosophes français le portrait de M. […] À mesure qu’il vieillissait, ce caractère de sérénité robuste et aimable s’était accentué, et le peintre Bonnat l’a bien rendu, dans l’admirable portrait qu’il a fait de son ami, un des rares portraits qui existent de Taine, car sa modestie répugnait à poser devant l’objectif des photographes, comme à répondre à l’indiscrétion des interviewers. […] Malgré la passion qui anime souvent ses récits et ses portraits, il a ici encore servi la science et la vérité. […] Michelet aima passionnément la France ; il a tracé d’elle au second volume de son Histoire un portrait ému, enthousiaste, comme on ferait d’une personne adorée.
On fit voir son portrait à Napoléon : « gentille fille, blonde, très fraîche, avec de belles couleurs, une peau rose et blanche, des yeux d’un bleu de faïence claire… ». […] Plusieurs témoins oculaires nous ont retracé le portrait de Marie-Louise, au moment de ces épousailles. […] La caricature des Français fut tracée par l’auteur de Corinne, dans le portrait du comte d’Erfeuil, léger, vaniteux, bavard, résumant par les grâces de son aimable personne tous les défauts que nous tenons de notre extrême sociabilité. […] Pendant la bataille de la Moskowa, il resta assis sur une pierre, regardant le portrait du roi de Rome, qu’on venait de lui envoyer, et répétant, sur un ton machinal : « Il faut voir ce qu’il sera à vingt-cinq ans. » Les généraux lui obéissaient à peine. […] Voici son portrait : M.
. — Bernard d’Héry, sa « Notice » en tête des éditions de 1783 et de 1810 ; — Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. […] — Elle l’aurait en tout cas plus mal encore inspiré quand elle lui a dicté ses Bijoux indiscrets, 1748 ; — un mauvais roman dans le goût de ceux de Duclos et de Crébillon ; — infiniment plus grossier ; — et un livre dont il dira plus tard « qu’il se couperait volontiers un bras pour ne pas l’avoir écrit ». — Sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, 1749 ; — et de l’intérêt qu’en offre la comparaison avec le Traité des sensations, de Condillac. — Elle vaut d’ailleurs à Diderot d’être mis à Vincennes ; — non point pour aucune hardiesse qu’elle contienne ; — mais pour une phrase qui déplaît à Mme Dupré de Saint-Maur, — l’amie de Réaumur, de l’Académie des sciences. — De la différence de situation entre Diderot et d’Alembert ; — et qu’il n’est pas impossible qu’elle soit pour quelque chose dans les tiraillements qui se produiront entre eux. — Le vrai portrait de Diderot tracé quelque part par Bacon : « Sunt qui cogitationum vertigine delectantur, ac pro servitute habent fide fixa aut axiomatis constantibus constringi. » IV. — Les premières difficultés de l’Encyclopédie Si les Jésuites qui rédigeaient le Journal de Trévoux ont été jaloux du succès de l’Encyclopédie ? […] VII. — André-Marie de Chénier [Constantinople, 1762 ; † Paris, 1794] 1º Les Sources. — H. de Latouche, « Notice », en tête de l’édition de 1819 ; — Sainte-Beuve, Mathurin Régnier et André Chénier, 1829, dans son Tableau de sa littérature française au xviiie siècle ; Portraits littéraires, 1839, t. I ; Portraits contemporains, 1844, t. […] X. — Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre [Le Havre, 1737 ; † 1814, Éragny] 1º Les Sources. — Aimé Martin, Essai sur la vie et les ouvrages de Bernardin de Saint-Pierre, en tête de son édition des Œuvres, Paris, 1818 et 1826 ; — Correspondance de Bernardin de Saint-Pierre, publiée par Aimé Martin, et précédée d’un Supplément aux Mémoires de sa vie, par le même, Paris, 1826 [On se souviendra en consultant ce Supplément, comme en lisant l’Essai d’Aimé Martin, qu’il avait épousé la veuve de Bernardin de Saint-Pierre] ; — Villemain, Littérature française au xviiie siècle ; — Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t.
Le portrait littéraire n’y est jamais fait, et la figure du personnage y est vivante, individuelle, tracée d’une manière ineffaçable en quelques traits. […] … C’est un homme qui… et des portraits ; et, pour varier, entre les portraits, des anecdotes, des actualités, des nouvelles à la main. […] Tel grand réaliste moderne, Balzac, a échoué piteusement à vouloir faire des portraits de duchesses, et tel autre moins grand, très bien doué encore, Zola, a dénaturé le réalisme à s’obstiner dans la peinture cruelle de tous les bas-fonds. […] Ce n’est guère qu’un portrait ; ce n’est guère que l’étude minutieuse d’un seul sentiment, ou d’un groupe de sentiments qui ont ensemble étroit parentage, et qui s’entrelacent les uns dans les autres. […] Il y a là des portraits bien faits, des scènes bien racontées, et des «
Quand je dis que j’aurais désiré trouver un tel portrait idéal, je ne suis pas juste, car il y est, bien qu’un peu trop dispersé ; les chapitres xiii et xiv de l’Introduction, qui ont pour titre : Exposé sommaire de la doctrine médicale d’Hippocrate ; Remarques sur le caractère médical et le style d’Hippocrate ; ces chapitres ne sont autre chose que la description exacte, précise, définitive, de la forme de science et du genre de talent de l’Homère médical. […] Géruzez, m’écrit : « Ouvrez à son intention votre Pline le Jeune, et voyez au livre Ier la lettre à Catilius Severus ; vous y trouverez le portrait de notre ami sous le nom de Titus Ariston.
Ce costume, dans lequel elle resta pour jamais dans sa mémoire, ainsi que tous les traits de son visage et tous les détails de sa figure, recomposent çà et là le portrait de cette personne dans les odes et dans les sonnets de son poète. […] Ses portraits, conservés dans la maison de Sades et ailleurs, la représentent dans ce costume vert comme elle est peinte dans le troisième sonnet de son poète.
La figure humaine, dont la Suisse et dont sa propre famille lui offraient les plus beaux types, l’expression des sentiments simples sur les traits, les attitudes, ces gestes de l’âme, furent sa principale étude dans de nombreux portraits. […] XXI La renommée de ses portraits descendit de la Chaux-de-Fonds jusqu’à Neufchâtel.
Le poète trace rapidement en traits proverbiaux du pays le portrait du beau villageois ambulant et son caractère. […] Mireille, leste et accorte, assaisonna pour eux un plat de féverolles avec l’huile des oliviers, et vint ensuite en courant l’avancer vers eux de sa belle main. » Le portrait de Mireille, tracé en courant par le poète, en cinq ou six traits empruntés à la nature rurale, rappelle la Sulamite, dans le cantique amoureux de Salomon.
Voici le portrait vrai, d’une touche très fine, qu’en fait madame Lenormant à cette date : « Madame Récamier trouvait d’ailleurs dans la duchesse de Devonshire la douceur d’une société intime et les plus agréables sympathies de goût et d’humeur. […] morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris.
Wagner m’est complètement indifférente ; ce qui est plus sérieux, c’est que grâce à son absolue incapacité de comprendre une seule pensée de Wagner, de juger un seul de ses actes, il a fait du maître un portrait qui n’est que la plus monstrueuse caricature, et qui cependant repose sur des faits généralement exacts. En effet, ce livre contient un nombre infini de tout petits faits très exacts, des petits faits matériels, et c’est ce qui le rend précieux pour le spécialiste ; mais quant à tout le reste : le portrait que M.
Ici qu’il me soit permis de dire un mot du portrait que mon frère et moi, faisons de Sainte-Beuve. Nous n’avons obéi à aucun petit et misérable sentiment dans ce portrait, ayant bien certainement plutôt à nous louer qu’à nous plaindre du critique ; nous avons été tout bonnement mordus par ce désir d’analyste, de pousser à fond la psychologie d’une individualité très complexe, ainsi qu’un naturaliste, amoureux de sa science, disséquerait et redisséquerait un animal, dont l’anatomie lui semblerait avoir été incomplètement ou mal définie par ses confrères.
Lisez le portrait de Juana, vous le diriez tracé par la main de Byron ou d’Hugo, non du Byron de Don Juan, mais du Byron d’Haïdé. […] On eût dit un portrait de la débauche antique, Un de ces soirs fameux, chers au peuple romain, Où, des temples secrets, la Vénus impudique Sortait échevelée, une torche à la main.
Daté sur le manuscrit de la fin de l’automne 1926, le texte paraît à Marseille dans la revue d’André Gaillard, Les Cahiers du Sud n°6, avec un portrait de l’auteur par Tchelitchev ; l’achevé d’imprimer est du 5 décembre 1927. […] En même temps qu’il refuse une conception ésotérique et élitiste de la poésie, Crevel semble répondre à Roger Martin du Gard, codirecteur des Nouvelles littéraires, qui, peu de jours avant la sortie du Manifeste du surréalisme le 11 octobre 1924 publiait dans la rubrique « Opinions et portraits » un éloge ambigu de Breton : « Aujourd’hui, il a vraiment le port d’un inquisiteur ; que de tragique et de lenteur dans les regards et dans les gestes !
Je me souviens qu’une femme qui doutoit un peu de la bonté de mes yeux me demanda son portrait que j’entamai sur-le-champ et qu’elle n’eut pas le courage de me laisser finir ; elle me ferma la bouche avec une de ses mains. […] C’est alors qu’il y a cent tableaux de chevalet pour une grande composition, mille portraits pour un morceau d’histoire ; que les artistes médiocres pullulent et que la nation en regorge.
C’est un portrait à lire et que je voudrais citer, si je n’étais retenu par le respect du grand homme et des honnêtes gens qui ont rendu si français ce nom de Richelieu.
Les conseils de Fénelon sont donnés en des termes appropriés et vifs, qui deviennent autant de traits à recueillir pour un portrait fidèle de ce bon duc : J’ai souvent remarqué que vous êtes toujours pressé de passer d’une occupation à une autre, et que cependant chacune en particulier vous mène trop loin.
Il est heureux pour les critiques de n’être point comme Montesquieu qui ne tirait jamais, disait-il, du moule de son esprit qu’un seul portrait sur chaque sujet.
Un soir nous passâmes cinq heures ensemble, et il me parla d’Éléonore, etc. » Sur Le Brun, il y a un commencement de portrait qui, en trois coups de crayon, est admirable : « Le Brun a toutes les qualités du lyrique.
Par le plus grand bonheur du monde j’ai recouvré un portrait de la personne que j’ai la mieux aimée, combien y a-t-il ?
Il y a quelque égoïsme et bien de la superbe dans ce portrait si méprisant du monde, mis en regard de cette sorte d’insensibilité mi-sceptique et mi-stoïque qu’il caresse et qui est son idéal secret.
En retraçant un portrait du parfait souverain en ces belles années de Henri IV, il semble quelquefois dessiner d’après nature, mais il laisse aux lecteurs les applications à faire, et il ne le dit pas.
Gabrielle même, avec cette galante lettre datée de devant son portrait (« Je vous écris, mes chères amours, des pieds de votre peinture… »), n’a rien obtenu de si parfait ni de si joli.
L’auteur ou les auteurs de cette notice, au moment de la terminer, ayant conscience d’être allés trop loin, ne peuvent s’empêcher de dire : « En admettant même que nous eussions un peu trop ombré le tableau, notre portrait ne serait-il pas-encore plus fidèle que celui qu’a tracé Scipion Dupleix ?
Bossuet en particulier, qui aimait Santeul et qui avait raison de l’aimer (car celui-ci a tracé du grand évêque, en beaux vers, un portrait des plus vivants), Bossuet faisait le fâché ou l’était un peu, tandis que d’autres, l’abbé de Fénelon, l’abbé Fleury, Nicole, après avoir lu la pièce en question, se montraient plus indulgents.
Ses portraits indiquent une physionomie fière.
Il nous en a tracé un portrait charmant ; ne lui a-t-il point prêté un peu ?
Un charmant portrait gravé, joint au volume, nous donne l’idée de cette beauté fine au col long et mince et qui appellerait le pinceau d’un Hamilton.
Guizot, a tracé de lui, au tome III de ses Mémoires, un portrait supérieur, éloquent, ressemblant, généreux d’intention jusque dans sa sévérité, admirable de talent, pour tout dire.
Toute la différence des points de vue est là. » L’article sur Rancé, recueilli dans le volume intitulé Derniers Portraits, avait paru d’abord dans le Journal des Débats le 29 septembre 1846 : c’est là que Mme Swetchine l’aura lu, et elle en aura transcrit la pensée qui se rapportait à son dessein.
Nettement, un excellent sur le Père Ventura, un très-malin sur les Portraits politiques de M. de La Guéronnière.
Cette aversion du vulgaire, du trop simple et du trop facile même dans l’honnête, de ce qui n’a ni nouveauté, ni originalité, ni profondeur, l’a conduit, dans son remarquable travail sur Channing, à tracer sous forme d’éloge le plus spirituel et le plus ironique des portraits.
Voir le livre de Sénac de Meilhan, le Gouvernement, les Mœurs et les Conditions en France avant la Révolution, suivi des Portraits des personnages distingués de la fin du xviiie siècle, avec une Introduction par M. de Lescure (1862) ; et voir aussi l’intéressant article de ce dernier dans la Revue germanique du 1er septembre.
David le sculpteur, qui avait fait le voyage de Weimar vers ce temps et tout exprès pour en rapporter le majestueux portrait et le buste, envoya bientôt à Gœthe (mars 1830) une caisse contenant sa collection de médaillons en bronze ou en plâtre, avec des livres de nous tous d’alors, fiers et heureux que nous étions de rendre hommage au patriarche de la poésie et de la critique : « David, disait Gœthe (14 mars), m’a, par cet envoi, préparé de belles journées.
Il explique lui-même, au reste, ses contradictions intérieures, les éléments divers et contraires qui s’agitent, qui se heurtent en lui, et desquels se compose son essence ; et voulant rassurer son ami, il se dépeint et se développe soudainement à nos yeux dans un magnifique portrait : « (5 février 1784).
Reinhold Dezeimeris me répondit : « Il peut bien se faire que Paul, et même Agathias, n’aient point été absolument ce que nous appelons des avocats » ; mais que nous importe au fond pour leur portrait ?
Taschereau dans la Bibliothèque elzévirienne, travail dès l’abord fort estimable que l’auteur a de plus en plus complété et nourri, revint mettre sous les yeux toutes les pièces biographiques, précédemment ou plus récemment connues, et fournir tous les éléments pour l’étude du caractère dans un portrait futur, et qui reste à faire, du brusque et altier tragique.
J’ai sous les yeux copie du portrait de Jean-Bon par David, à cet âge de quarante-cinq ans environ.
Les Empereurs romains, caractères et portraits historiques : un vol. in-8°.
Au milieu de ces oublis, de ces absences, où pourtant ne manquent jamais la bonne foi et la candeur, notez comme très-présent un portrait de feu le cardinal-duc de Rohan, qui est le plus joli, le plus vrai et le plus malin du monde.
Cet article, qui avait pour but de rallier à la Revue des Deux Mondes un groupe d’écrivains et de critiques, présente sur la plupart des personnages littéraires une suite d’aperçus qui tiennent au courant et qui sont comme des appoints aux précédents portraits.
C’est ce que les critiques du dernier siècle n’ont pas évité en parlant de La Fontaine : ils l’ont trop isolé et chargé dans leurs portraits ; ils lui ont supposé une personnalité beaucoup plus entière qu’il n’était besoin, eu égard à ses œuvres, et l’ont imaginé bonhomme et fablier outre mesure.
De là bien des contrastes singuliers, des transpositions de tons, et tout un portrait de fantaisie.
D’un bout à l’autre de ses quatre livres, ce ne sont que vigoureux portraits ou rapides croquis.
Pseudonyme de Mme Vincens : Essais et fantaisies (1888) ; Portraits de femmes (1888). ; Princesses et grandes dames (1890) ; Bourgeois et gens de peu (1894).
Dans les portraits littéraires que j’esquisse, je ne cherche qu’à reproduire l’image que je me forme involontairement de chaque écrivain, en négligeant ce qui, dans son œuvre, ne se rapporte pas à cette vision.
Buffon, traçant un portrait du caractère moral de la race nègre, avait dit : « Je ne puis écrire leur histoire sans m’attendrir sur leur état.
Le reflet rose de la lampe dormait sur la table, Derrière lui, son portrait, peint par Whistler, semblait s’effacer dans un brouillard de rêve.
Ce qu’il y faut chercher, c’est l’humanité simultanée, c’est la grande harmonie de la nature humaine, c’est le portrait de notre belle enfance.
Le résultat de ce travail est un portrait intellectuel plus ou moins complet, selon la valeur des documents employés et l’application du critique, de l’écrivain placé dans son milieu : les rapports entre l’homme et l’œuvre se trouvent déterminés ceux entre l’homme, l’œuvre et l’époque, sont indiqués.
S’il faut absolument adapter un nom propre au portrait peut-être idéal de cette précieuse, pourquoi ne prendrait-on pas celui de mademoiselle de Scudéry ?
À chaque pas, et même à ne voir les choses qu’en profane, on rencontrerait des portraits pleins de vie et de talent (celui du Coq, du Rossignol, par exemple, au livre des Oiseaux) ; à chaque pas on trouve aussi des anecdotes plus ou moins authentiques, mais piquantes, et qui toutes, même dans leurs erreurs, jettent un grand jour sur les habitudes, les manières de voir et les superstitions de l’Antiquité.
Droz s’accuse plus fermement ici qu’elle n’avait accoutumé de faire jusqu’alors ; elle atteint parfois à l’énergie : « On croyait, dit-il de Mme de Pompadour, que cette femme, en perdant ses charmes, perdrait aussi la puissance ; mais Mme de Pompadour vieillie était encore nécessaire à Louis XV : elle le dispensait de régner. » Le chancelier Maupeou est peint dans un portrait vigoureux et spirituel.
— et le portrait de Mlle de La Vallière que Louis XIV aperçut en passant sur quelque panneau mythologique.
Il y a dans ce portrait ce qui se rencontre rarement chez Carrel, un éclair lumineux qui tranche sur un fond de misanthropie, et le rayon de soleil.
Continuant donc de s’adresser humblement au souverain Être, il lui demande, puisqu’il doit avoir des ennemis, de les lui accorder à son choix, avec les défauts, les sottes et basses animosités qu’il lui désigne ; et alors, avec un art admirable et un pinceau vivifiant, il dessine un à un tous ses ennemis et ses adversaires, et les flétrit sans âcreté, dans une ressemblance non méconnaissable : « Si mes malheurs doivent commencer par l’attaque imprévue d’un légataire avide sur une créance légitime, sur un acte appuyé de l’estime réciproque et de l’équité des deux contractants, accorde-moi pour adversaire un homme avare, injuste et reconnu pour tel… etc. » Et il désigne le comte de La Blache si au vif que tous l’ont nommé déjà ; de même pour le conseiller Goëzman, de même pour sa femme et pour leurs acolytes ; mais ici la verve l’emporte, et le laisser-aller ne se contient plus ; à la fin de chaque portrait secondaire, le nom lui échappe à lui-même, et ce nom est un trait comique de plus : Suprême Bonté !
C’est là que, dans les loisirs d’une vie toute pieuse, toute studieuse, et où les plus nobles amitiés avaient leur part, il composa les deux premiers volumes de l’ouvrage intitulé Esquisse de Rome chrétienne, destiné à faire comprendre à toutes les âmes élevées le sens et l’idée de la Ville éternelle : « La pensée fondamentale de ce livre, dit-il, est de recueillir dans les réalités visibles de Rome chrétienne l’empreinte et, pour ainsi dire, le portrait de son essence spirituelle. » Interprète excellent dans cette voie qu’il s’est choisie, il se met à considérer les monuments, non avec la science sèche de l’antiquaire moderne, non avec l’enthousiasme naïf d’un fidèle du Moyen Âge, mais avec une admiration réfléchie, qui unit la philosophie et la piété : L’étude de Rome dans Rome, dit-il encore, fait pénétrer jusqu’aux sources vives du christianisme.
On complète l’appréciation du philosophe, de l’artiste, ou du poëte, par le portrait de l’homme.
C’est le fouillis d’un tiroir curieux renversé… Et les Portraits littéraires et toutes les séries des Lundis ne sont que la rotation d’un kaléidoscope littéraire, tourné par les caprices, les engouements et surtout par les petites haines de l’auteur.
Les contemporains d’une œuvre de valeur relative, frappés par l’exactitude du détail, par la justesse extérieure du portrait, par les allusions aux mœurs du jour, flattés dans leurs défauts mêmes, les contemporains sont trop partie intéressée pour être de bons juges ; ils confondent aisément ce qui n’est que photographie instantanée avec ce qui est œuvre d’art.
— Ces fautes découvrent une dernière habitude de son esprit, et achèvent son portrait.
Beaucoup d’espace, beaucoup de jour, peu de meubles ; en fait de livres, une bibliothèque toujours ouverte où sont les quatre-vingt-quatre volumes de Voltaire, et les trente-deux volumes de Condillac ; une autre, énorme, comblée d’ouvrages de fonds, mémoires des académies, journal des savants, recueils des mémoires et des historiens originaux, catalogues de faits de toute espèce et de toute forme ; dans un cabinet, quelques herbiers, deux ou trois squelettes, des cartons de portraits ou d’estampes, bref un choix de spécimens.
Les uns y vont esquisser des portraits, les autres des sujets de comédie, ceux-ci viennent s’y délasser de leur travail, ceux-là s’escrimer sur les matieres du temps. […] Aussi des voyageurs s’appesantissent-ils sur ce que d’autres n’auroient seulement pas remarqué, aussi avons-nous tant de portraits différens des nations & des villes. […] Vous en faites un joli portrait. […] Il a quelque chose de la Bruyere dans les portraits qu’il fait. […] Vous avez bien raison, me dit notre homme à portraits ; mais ici le torrent entraîne les personnes les plus raisonnables.
Croyez-vous, Chevalier, qu’il n’y ait pas d’excellentes choses et des choses très pratiques dans l’Art poétique de Boileau, dans la Grammaire de Noël et Chapsal, dans les soi-disant Portraits de Gustave Planche ? […] « C’est une sincérité et une honnêteté de l’ancienne chevalerie », écrivait madame de Sévigné445, et voici le portrait passablement flatté qu’en 1651 mademoiselle de Scudéry traçait du héros sous le nom de Mégabate : « On voyait tous les jours, en ce temps-là, au palais de Cléomire, un homme de très grande qualité, appelé Mégabate, gouverneur d’une province de Phénicie446, et dont le rare mérite est bien digne d’être connu de l’illustre Cyrus qui m’écoute… Quoique d’un naturel fort violent, Mégabate est souverainement équitable, et je suis fortement persuadé qu’il n’y a rien qui lui pût faire faire une chose qu’il croirait choquer la justice… Il ne donne pas son amitié légèrement, mais ceux à qui il la donne doivent être assurés qu’elle est sincère, qu’elle est fidèle et qu’elle est ardente. […] En effet, je crois que s’il eût eu une maîtresse pâle, il n’eût jamais pu dire qu’elle eût été blanche ; s’il en eût eu une mélancolique, il n’eût pu dire aussi, pour adoucir la chose, qu’elle eût été sérieuse, et, tout ce qu’il eût pu obtenir de lui, eût été de ne lui parler jamais de ce dont il ne pouvait lui parler à son avantage… Ceux qui cherchent le plus à trouver à reprendre en lui, ne l’accusent que de soutenir ses opinions avec trop de chaleur… Il est certain qu’il est un peu difficile, et que les moindres imperfections le choquent ; mais il faut souffrir sa critique comme un effet de sa justice… Je n’aurais jamais fait si je voulais vous dire tout ce que Mégabate a de bon ; c’est pourquoi il vaut mieux que j’achève cette légère ébauche de sa peinture, en vous assurant que cet homme est incomparable, et qu’on n’en peut parler avec trop d’éloges447. » Tallemant a fait de Montausier un portrait moins idéal. — « M. de Montausier, dit-il, est un homme tout d’une pièce ; madame de Rambouillet dit qu’il est fou à force d’être sage.
Renouard, Annales de l’imprimerie des Estienne, Paris, 1843 — Léon Feugère, Caractères et portraits du xvie siècle, 1859 ; et nouvelle édition, Paris, 1875. — Sayous, Les Écrivains français de la Réformation, 2e éd., Paris, 1881. […] VI. — Jacques Amyot [Melun, 1513 ; † 1593, Auxerre] 1º Les Sources. — Roulliard, Histoire de Melun ; — Bayle, dans son Dictionnaire, article Amyot ; — Abbé Lebœuf, Mémoires sur l’histoire civile et ecclésiastique d’Auxerre ; — De Blignières, Essai sur Amyot, Paris, 1851 ; — Léon Feugère, Caractères et portraits du xvie siècle, Paris, 1859. […] Moralistes français] sur les citations de Montaigne et l’impossibilité de les détacher du contexte. — Mais il a oublié que l’édition de 1595 contenait plus de « six cents » additions au texte de 1588 ; — et, d’une manière générale, que le caractère des Essais se définit précisément par leur composition successive. — L’idée n’en doit pas remonter au-delà de 1572 [Cf. livre I, chap. xx]. — L’édition de 1580 ; — et pourquoi de bous juges y voient le portrait le plus ressemblant de Montaigne ; — elle contient moins de citations et, par suite, l’apparence en est moins pédantesque ; — les raisonnements, étant interrompus par moins de digressions, y sont plus faciles à suivre ; — et l’allure en a quelque chose de plus vif. — Comparaison du chapitre de l’Institution des enfants dans la première et la seconde éditions. — Comment le texte de Montaigne s’enrichit, et souvent s’encombre de la diversité de ses lectures ; — que Montaigne retranche rarement, qu’il corrige toujours ; — et qu’il ajoute beaucoup. — Comparaison de l’Apologie de Raymond de Sebonde dans les éditions de 1580 et de 1588 ; — Absence entière de plan et de composition. — Les scrupules du styliste. — Dans quelle mesure il convient d’adopter les additions de l’édition de 1595.
Il y a là trois ou quatre portraits, celui de Périclès (surtout, tout à fait bien venu), celui de Cléon, celui d’Hyperbolos, celui d’Alcibiade, qui sont merveilleusement précis et lumineux. […] La silhouette serait devenue portrait. […] Le premier portrait en avait été tracé par Molière dans Les Précieuses ridicules. […] On se sent en présence d’un beau portrait, de deux beaux portraits ; mais non pas d’une pièce ayant une forte unité et où l’on sache bien à quoi il faut s’attacher. […] Peu m’importe que les portraits de famille du troisième acte d’Hernani soient bons ou mauvais.
Ce sont des indications sur lesquelles il faudra revenir, c’est un portrait qu’un jour nous essayerons d’esquisser. […] Une lettre de l’abbé Trublet, le fameux archidiacre de Saint-Malo, celui-là même dont Voltaire a tracé le portrait si connu : L’abbé Trublet avait alors la rage D’être à Paris un petit personnage… …………………………………….. […] Qui voudra connaître à fond ce qu’était, ou ce que pouvait être, un premier commis sous l’ancien régime, n’aura qu’à consulter les Mémoires de Marmontel ; à moins qu’il n’aime mieux s’en tenir au portrait quoique trop noir, que Voltaire a tracé de Saint-Pouange dans son roman de l’Ingénu. […] Il a chassé, il a couru, il s’est battu contre l’animal féroce, il s’est exercé, il s’est conservé, il a produit son semblable, les deux seules occupations naturelles. » J’arrête ici le portrait métaphysique du sauvage, et je vous épargne celui de « sa compagne ».
Ils confirment simplement, sans l’enrichir, le portrait assez simple qui ressort des romans et de la Correspondance. […] Faire le portrait de sa génération, voilà une belle ambition, et tout à fait irréalisable. […] Les communistes mis à part, ces portraits d’hommes politiques ont tout l’air d’une distribution de roses dont les épines seraient mouchetées. […] Schérer s’efforce, en 1870, de démontrer que Balzac est inexistant, ses portraits sont froids et faux, il n’a ni âme ni passion ! […] Le paysage d’idées ne servait, pour Sainte-Beuve, que de fond au portrait.
Les portraits de Champagne sont autant de monuments où vivront à jamais ses plus illustres contemporains. […] Ajoutez à tous ces portraits, celui de Champagne ; car le peintre peut être mis à côté de ses personnages. […] On s’accorde à reconnaître Mignard pour un de nos meilleurs peintres de portraits : la grâce, quelquefois un peu raffinée, se joint en lui au sentiment. […] Mais c’est surtout dans le portrait que nous avons porté la gravure à la perfection. […] Il faut bien le dire aussi : les portraits de ces deux habiles maîtres n’ont pas l’importance historique de ceux de leurs devanciers.
C’est par d’autres morceaux et de plus solides que sa Littérature anglaise lui survit, par des portraits tels que ceux de Swift et de lord Byron ; ils ne sont que de la critique sentie, mais avec quelle ardeur et quelle justesse ! […] Quand la publication sera complète, il y aura lieu de reprendre l’œuvre entière de cette vie laborieuse et de tracer, en rapprochant cette œuvre de cette vie, un portrait définitif de ce beau génie. […] Tous ces visages sont des portraits. […] Le critique des Portraits est déjà né. […] Nisard, lui, ne s’y trompait pas, ni Weiss, qui a parlé, comme il convenait, de la puissance de d’Aurevilly à tracer d’admirables portraits d’histoire.
A-t-on de nos jours écrit quelque chose de plus cru que le portrait suivant ? […] Ce style énergique, cette imagination ardente et féconde indiquent un cœur passionné, et achèvent le portrait. […] Mais cette profondeur a son infini, de même que l’éclat des yeux à miroir a son absolu » Le portrait continue ainsi pendant deux cents lignes. […] Çà et là pourtant ces chastes figures ont des taches ; mais dans les autres les fautes sont telles, que le portrait en est tout gâté. […] Arrêtons-nous ici ; ces trois portraits feront juger des autres.
Je crois que j’ai bien cela ici… J’espère ne pas mériter dans cet ouvrage le reproche de n’être qu’un peintre de portraits de la rue Saint-Denis.
Les Mémoires de La Fare, dans les trop courts récits et les portraits qu’ils renferment, sont pleins d’esprit, de finesse, de bonne langue, et tous les jugements qu’il fait des hommes sont à considérer.
. — Et aussi ne nous figurons point Cowper toujours affublé de cette espèce de bonnet de nuit bizarre sous lequel on nous le représente invariablement dans ses portraits.
— Mais ceci est de tous les temps : ce qui est plus particulièrement du nôtre, c’est l’application perpétuelle de la science à tout ce qui améliore et perfectionne la vie : l’éclairage, le chauffage de nos maisons, cette eau qui d’elle-même monte à tous les étages, ces jeux de lumière et de soleil où se peignent comme magiquement nos portraits, ces nouvelles rapides que nous recevons d’une santé chérie avec la vitesse de la foudre, cette vapeur furieuse et soumise qui nous emporte presque au gré de la pensée, tout cela nous pose à chaque instant des problèmes que la paresse seule de l’esprit pourrait ne pas agiter et ne pas s’inquiéter de résoudre.
[NdA] Voici deux portraits, l’un de M. de Noyon et l’autre de l’abbé de Caumartin, que je tire d’un opuscule où l’on ne s’aviserait guère de les aller chercher, du Tombeau de Santeul, par l’abbé Faydit (1698).
M. de Levis, dans le portrait qu’il a tracé de Besenval, commence en ces termes : Le baron de Besenval était un officier suisse qui avait servi avec distinction pendant la guerre de Sept Ans ; il joignait à l’intrépidité qui de tout temps a caractérisé sa nation ce feu de valeur qui paraît appartenir à la nôtre ; il avait une belle taille, une figure agréable, de l’esprit, de l’audace : que faut-il de plus pour réussir ?
J’aime les lettres, j’honore ceux qui les professent, mais je ne veux de société avec eux que dans leurs livres, et je ne les trouve bons à voir qu’en portrait.
Puisque j’ai parlé de Lamennais à cette date de 1833, et tel qu’il paraissait encore aux yeux de ce cercle fidèle, comment ne pas indiquer le portrait de lui que Guérin a tracé dans une lettre du 16 mai à M. de Bayne de Rayssac, l’un de ses amis du Midi ?
Ils échangent leurs cadeaux d’amitié : Vauban aura le portrait de Louvois, peint par Mignard ; Louvois recevra de Vauban « un Plan de Lille bien rectifié, avec la description de tout son paysage à la portée du canon à la ronde, où toutes choses, jusqu’au moindre fossé, sont mises dans leur place juste, et où il ne manque pas la moindre chose du monde » ; présent sévère et de main de maître aussi.
Sa complexion est flegmatique et naturellement mélancolique… » Voilà une esquisse qui n’est pas à faire pitié, ce semble, et qui peut se voir encore après le portrait du Titien, Il fallut à Charles-Quint du temps, même après sa renonciation publique, pour se décharger de tous ses titres et de toutes ses couronnes, pour « se dénuer de tout », selon son expression sincère.
Soulié d’achever le portrait conjectural de cette jeune femme d’ordre et de solide élégance, Mme Poquelin.
Le poète critique attribue même un peu trop à Homère quand, se souvenant à son sujet d’un mot d’Horace pour le réfuter, il dit que là où nous voyons une faute et une négligence, il n’y a peut-être qu’une ruse et un stratagème de l’art : « Ce n’est point Homère qui s’endort, comme on le croit, c’est nous qui rêvons. » Le beau rôle du vrai critique, Pope l’a défini et retracé en divers endroits pleins de noblesse et de feu, et que je rougis de n’offrir ici que dépolis et dévernis en quelque sorte, dépouillés de leur nette et juste élégance : « Un juge parfait lira chaque œuvre de talent avec le même esprit dans lequel l’auteur l’a composée : il embrassera le tout et ne cherchera pas à trouver de légères fautes là où la nature s’émeut, où le cœur est ravi et transporté : il ne perdra point, pour la sotte jouissance de dénigrer, le généreux plaisir d’être charmé par l’esprit. » Et ce beau portrait, l’idéal du genre, et que chaque critique de profession devrait avoir encadré dans son cabinet : « Mais où est-il Celui qui peut donner un conseil, toujours heureux d’instruire et jamais enorgueilli de son savoir ; que n’influencent ni la faveur ni la rancune ; qui ne se laisse point sottement prévenir, et ne va point tout droit en aveugle ; savant à la fois et bien élevé, et quoique bien, élevé, sincère ; modeste jusque dans sa hardiesse, et humainement sévère ; qui est capable de montrer librement à un ami ses fautes, et de louer avec plaisir le mérite d’un ennemi ; doué d’un goût exact et large à la fois, de la double connaissance des livres et des hommes ; d’un généreux commerce ; une âme exempte d’orgueil, et qui se plaît à louer, avec la raison de son côté ?
Rousset, m’aideront aussi moi-même à renouveler le portrait et à le continuer dans les parties que l’historien n’a pas traitées.
Duveyrier a tracé de lui une vie abrégée et un beau portrait en ces termes : « … Héritier de la réputation de ses ancêtres, Othman, dès son enfance, s’est fait remarquer par sa perspicacité.
En faisant le portrait de sa vieille puritaine vaudoise, Mme de Gasparin ose (avec toutes sortes de précautions, il est vrai), rappeler la bouche et le sourire de la Joconde.
Je ne veux pas tracer de cette seconde manière un trop long dessin, qui pourrait paraître à quelques-uns comme un portrait de fantaisie, et où s’inscrirait pourtant plus d’un nom : elle est d’autant plus vraie d’ailleurs qu’elle n’est pas précisément une manière, un procédé général, et qu’elle se décrit moins.
On a un charmant portrait de Mme de Sévigné jeune par l’abbé Arnauld ; il faut qu’elle ait eu bien de l’éclat et de la couleur pour en communiquer un moment au style de ce digne abbé, qui ne paraît pas avoir eu, comme écrivain, tout le talent de la famille : « Ce fut en ce voyage, dit-il en ses Mémoires (à l’année 1657), que M. de Sévigné me fit faire connoissance avec l’illustre marquise de Sévigné, sa nièce… Il me semble que je la vois encore telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de M. son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poëtes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la jeune Diane, tant il éclatoit d’agrément dans la mère et dans les enfants !
Pour ceux qui n’ont vu que les portraits, il est impossible de ne pas trouver entre ces deux femmes, dont les œuvres sont si différentes de caractère, une grande ressemblance de physionomie, ne serait-ce que dans le noir des yeux et dans la coiffure.
Que cette chambre d’une simple et virginale élégance, qu’ornait en un coin le portrait du père, et, au-dessous, la harpe (hélas !
Duc de Lévis, Souvenirs et portraits, 156.
Jugez-en par Racine, un des deux ou trois écrivains du siècle à l’âme desquels la Grèce a vraiment parlé : qui s’attendrait que Racine voulût retrancher du Banquet de Platon, comme inutile et scandaleux, tout le discours d’Alcibiade, ce portrait de Socrate, ce pur chef-d’œuvre où l’enthousiasme et la moquerie se mêlent avec une grâce subtile ?
Deux choses lui restaient dans sa cage inféconde, Le portrait d’un enfant et la carte du monde, Tout son génie et tout son cœur.
Il multiplia les portraits : ses Lisette et ses Frontin passent leur temps à faire les caractères satiriques de tous les gens qui paraissent ou qu’on nomme dans la comédie.
Près de la porte, des photographies du prédicateur sont exposées, comme aux vitrines du Gil Blas les portraits des actrices, « des mouquettes » et de M. le comte Irison d’Hérisson.
vois-tu, quand on veut poser, il ne faut pas avoir d’enfants. » — Son enfant mort, il n’a rien de plus pressé que de faire le portrait du pauvre petit hydrocéphale, ce qui est bien, et de le présenter au Salon, ce qui est mieux.
Bergeret en qui l’auteur se portrait et se parodie.
On relèverait dans son Discours des portraits tracés avec vigueur et relief, notamment celui de Monk, celui de Cromwell.
Les murs de son appartement furent couverts de peintures représentant des armes de toute espèce, des chevaux, des éléphants, des dromadaires et des tigres, des portraits de ces rois et de ces héros de l’Iran, qu’il était chargé de célébrer.
Il s’aperçoit que cette petite Marie, à laquelle il n’avait jamais songé pour sa beauté, est plus fraîche qu’une rose de buisson, et il se détaille le gracieux portrait en concluant : « C’est gai, c’est sage, c’est laborieux, c’est aimant, et c’est drôle… Je ne vois pas ce qu’on pourrait souhaiter de mieux. » Dans le chapitre qui suit la « Prière du soir » et qui a pour titre « Malgré le froid », il y a un moment où j’ai craint qu’une brusquerie fâcheuse ne vînt gâter la pureté de l’ensemble : mais que voulez-vous ?
Il est un peu de ceux dont parle Vauvenargues (dans le portrait de « Lacon ou le petit homme »), de ces connaisseurs qui mettent dans une même classe Bossuet et Fléchier, qui trouvent que Pascal a bien du talent, et que Nicole n’en manque pas.
La Bruyère aussi a la faculté de l’observation pénétrante et sagace ; il remarque, il découvre toute chose et tout homme autour de lui ; il lit avec finesse leurs secrets sur tous ces fronts qui l’environnent ; puis rentré chez lui, à loisir, avec délices, avec adresse, avec lenteur, il trace ses portraits, les recommence, les retouche, les caresse, y ajoute trait sur trait jusqu’à ce qu’il les trouve exactement ressemblants.
Dans un très beau mémoire de lui, où il y a des portraits historiques très bien touchés, il nous a exposé sa conduite et ses vues.
Quand le frère de Jordan vint, le lendemain matin, lui annoncer la triste nouvelle, la première chose qui frappa ses yeux, en entrant dans le cabinet du roi, fut le portrait de celui qu’ils avaient perdu.
Le portrait que MM. ses éditeurs publient à la tête de ses Œuvres doit être ressemblant, mais il trompera l’imagination de plus d’un ou de plus d’une, qui a rêvé de l’auteur de Marie.
Son Alfred de Vigny, dans les Portraits contemporains, est digne d’être regardé longtemps. […] C’est le 13 novembre 1859 que les Portraits de la marquise, petite comédie de circonstance, composée par Feuillet pour l’Impératrice, fut représentée au palais de Compiègne. Sa Majesté, pour marquer son approbation, fit faire son portrait en miniature et l’offrit à l’heureux auteur. […] Études et portraits . — Sensations d’Italie […] Donc, Émile Pouvillon, le cœur gros, dut quitter la maison accoutumée, le jardin où des lauriers-roses fleurissaient dans des pots de faïence vernie, les chambres amies où les portraits des « anciens » souriaient dans des cadres fanés.
J’aime le portrait qu’il trace en quelques touches, de Proust enfant, et que voici : L’enfant que Marcel Proust était en 1888 (et qui a subsisté, je crois, peu changé jusqu’à sa fin), ce jeune prince persan aux grands yeux de gazelle, aux paupières alanguies ; respectueux, onduleux, caressant, inquiet ; quêteur de délices, pour qui rien n’était fade ; irrité des entraves que la nature met aux tentatives de l’homme, — surtout de l’homme qu’il était, si frêle ; — s’efforçant à convertir en quelque chose d’actif le passif qui semblait son lot ; tendu vers le plus, le trop, jusque dans sa bonté charmante : cet enfant romantique, je le dessinerais volontiers, de mémoire 39. […] Je ne saurai pas vous faire son portrait physique, ni vous décrire son apparence. […] Il y avait dans sa figure quelque chose de beaucoup plus net et accusé, en même temps que dans son regard une flamme beaucoup plus chaude et lumineuse qu’on ne l’imaginerait d’après ces portraits de jeunesse. […] Je retiens principalement de ce portrait en abrégé les mots : « respectueux et onduleux » et cette remarque : « s’efforçant à convertir en quelque chose d’actif le passif qui semblait son lot ». […] On peut en ressentir parfois de l’agacement ; mais le personnage s’impose ainsi à nous avec une réalité, une abondance, une variété qu’aucun portrait délibéré ne pourrait produire.
des deux portraits d’Homere . j’ai fait deux portraits opposez d’Homere, sur des memoires bien différens ; et sans rien garantir de ce qu’ils contiennent, je ne me suis donné en cela que comme un simple historien. […] Qui en croiroit Me D on s’imagineroit que des deux portraits que je fais d’Homere, le portrait flatteur est l’ouvrage des plus grands hommes de l’antiquité ; et que j’ai emprunté les traits du portrait critique, seulement de Desmarets et de Mr Perrault.
Un beau livre, À Rebours, a même été méconnu au point que le héros, Des Esseintes, un extravagant, par exemple, un détraqué, a quelque temps été pris pour un portrait du fier et charmant poète des Chauves-Souris. […] Comme le mobilier modeste mais touffu, point milliardaire, mais chaud et frais d’objets gentils, courtepointe et dessus de meubles au crochet, tableautins et statuettes ingénus, avec le portrait du père Hugo sur le marbre, comme il sied, d’un secrétaire, le meuble important de la chambre haute et trois miennes images, photos et lithos, aux murs, en point trop mauvaise place. […] Mais comme cela va mieux, ce poète qui est moi ne veut pas se séparer de vous sans vous laisser de lui un souvenir moins grave et voici précisément ce qu’il écrivait dernièrement à une dame qui lui demandait de ses cheveux : L’AIMÉE Voici des cheveux gris et de la barbe grise, Tu me les demandas en un jour d’enjouement, Pour, disais-tu, les encadrer bien gentiment Autour de ce portrait où ma grâce agonise. […] Le portrait de la reine Mab, le rôle de Mercutio, toute la comédie de Comme il vous plaira sont pleins de ces qualités, qui reflètent répandues partout, en mille passages, les plus évidentes beautés côte à côte avec des orgies d’émotion. […] La presse anglaise, londonienne et provinciale, me fut, dans l’ensemble, favorable, et je voudrais adresser ici mon cordial salut à la rédaction de bien des journaux, notamment le Times, le Pall Mail Gazette, le Star (qui, entre parenthèses, a publié de moi un portrait où je reconnais plutôt mon ami, l’excellent poète breton Le Goffic), la Gazette de Saint-James, le Liverpool Port, le Manchester Guardian, le Sketch, etc…, qui tous ont droit à ma plus chaude gratitude.
On ne sait s’il s’agit d’un portrait ou d’une arabesque ; on reste suspendu entre la vérité et la fantaisie ; on voudrait monter au ciel ou descendre en terre, et l’on saute au plus vite hors de l’échafaudage maladroit où le poëte veut nous jucher. […] Il faut que le public reconnaisse les personnages, qu’il crie leurs noms sous leurs portraits, qu’il applaudisse à l’insulte dont on les charge, qu’il les bafoue, qu’il les précipite du haut rang où ils veulent monter. […] Il était malade depuis longtemps, impotent, contraint de beaucoup écrire, réduit à exagérer la flatterie pour obtenir des grands l’argent indispensable que les éditeurs ne lui donnaient pas797. « Ce que Virgile a composé798, disait-il, dans la vigueur de son âge, dans l’abondance et le loisir, j’ai entrepris de le traduire dans le déclin de mes années ; luttant contre le besoin, opprimé par la maladie, contraint dans mon génie, exposé à voir mal interpréter tout ce que je dis, avec des juges qui, à moins d’être très-équitables, sont déjà indisposés contre moi par le portrait diffamatoire qu’on a fait de mon caractère. » Quoique bien disposé pour lui-même, il savait que sa conduite n’avait pas toujours été digne, et que tous ses écrits n’étaient pas durables.
Mœurs, portraits, événements, récits, depuis les intrigues les plus hautes jusqu’aux plus minimes personnages, l’anecdote vivifie tout, illumine tout. […] Il savait trop le prix des affections et il a rendu trop de services pour qu’on ait pu le croire un instant capable d’ingratitude ; et, s’il faut réfuter le reproche le plus connu, je trouve qu’il n’a même pas dépassé ses droits d’observateur et de romancier, en faisant du duc de Morny le portrait historique immortalisé par le Nabab. […] C’était un gros garçon blond et rose, rasé comme un jeune lord… Son portrait crayonné par Jean Véber dans l’Ermitage de 1896, offrait un masque d’un caractère étrange. […] Ce grand garçon, aux manières distinguées et de solide carrure normande, n’aimait pas beaucoup que l’on publiât son portrait. […] On n’attend pas de moi un portrait en pied de Mme Adam, ni que j’apprécie en quelques mots trop rapides le rôle et les idées qui firent d’elle, à une certaine époque, une des personnalités les plus en vue du monde républicain.
Voltaire composa un distique latin pour mettre au bas de son portrait : Lambertinus hic est, Romæ decus et pater orbis, Qui mundum scriptis docuit, virtutibus ornat. […] D’une épouse criminelle, le poète n’hésite pas à faire une mère incestueuse : peut-être un si affreux portrait est-il plus conforme au caractère que l’histoire donne à cette reine ; mais Sémiramis pénitente, humiliée, à moitié convertie, plaît davantage à notre délicatesse ; il y a des vérités trop fortes pour la scène. […] La jalousie furieuse qui l’anime contre une épouse vertueuse, parce qu’il a vu son portrait entre les mains d’un petit étourdi, est un trait de démence ; lui-même a une maîtresse. […] Ses comédies n’offrent ni tableaux ni portraits, mais des miniatures de fantaisie qui ressemblent à tout et ne ressemblent à rien : il n’a voulu peindre que les femmes ; ses figures d’hommes ne sont jamais que des accessoires qui se trouvent là par occasion ; et dans les femmes, il n’a peint qu’une seule chose, la manière dont elles se laissent surprendre par l’amour, et les efforts qu’elles font pour déguiser aux autres et à elles-mêmes une passion naissante.
Je les considérais tous deux, l’un comme un grand galion espagnol, et l’autre comme un vaisseau de guerre anglais ; maître Jonson, comme le galion, était exhaussé en savoir, solide, mais lent dans ses évolutions ; Shakspeare, comme le vaisseau de guerre anglais, moindre pour la masse, mais plus léger voilier, pouvait tourner à toute marée, virer de bord, et tirer avantage de tous les vents par la promptitude de son esprit et de son invention. » Au physique et au moral, voilà tout Jonson, et ses portraits ne font qu’achever cette esquisse si juste et si vive : un personnage vigoureux, pesant et rude ; un large et long visage, déformé de bonne heure par le scorbut, une solide mâchoire, de vastes joues, les organes des passions animales aussi développés que ceux de l’intelligence, le regard dur d’un homme en colère, ou voisin de la colère ; ajoutez-y un corps d’athlète, et vers quarante ans, « une démarche lourde et disgracieuse, un ventre en forme de montagne109. » Voilà les dehors, le dedans y est conforme. […] Sur cette invitation, Mosca lui fait le plus voluptueux portrait de la femme de Corvino, Célia.
Elle mourut en réputation de sainteté parmi le peuple de Ferrare ; les médailles que nous avons sous les yeux, et ses portraits, la représentent comme le profil de la mélancolie et de la douceur ; des yeux bleus, une chevelure noire, un front sans nuage, une bouche où l’intelligence fine donne de l’agrément à un sourire naturellement rêveur, un ovale arrondi des joues, un port de tête un peu incliné en avant, comme celui d’une figure qui écoute, ou comme le buste d’une princesse qui se penche pour accueillir avec pitié les malheureux, enfin la grâce française de sa mère mêlée à la gravité pensive d’une Italienne, font aimer cette femme, que son tendre intérêt pour le Tasse associe à jamais à son immortalité. […] C’est le portrait le plus répandu du Tasse dans tous les musées d’Italie.
Le cardinal Bembo les reçut à Padoue, lui fit faire son portrait, et lui donna trois chevaux turcs pour continuer son voyage. […] Altoviti m’a fait voir son portrait en bronze, et m’a dit qu’il était de vous : il m’a fait le plus grand plaisir ; mais il l’a placé dans un faux jour, ce qui l’empêche de produire le merveilleux effet dont il est susceptible.”
Mais il n’y a pas d’écart entre l’auteur et son œuvre si elle est bonne, puisque l’œuvre exprime l’auteur, puisque tout bon artiste ne fait jamais que son propre portrait. […] Comment faire l’accord entre ces mots : notion divine et notion humaine, d’une part, et, d’autre part, entre cette double notion et l’affirmation que le poète ne fait jamais que son propre portrait ?
Brayer Paul Lindau : Richard Wagner (avec le portrait de Richard Wagner), traduit en français par Johannnès Weber (1 vol. in-18, 3 fr. 50). […] Dujardin dresse un portrait de Wagner théoricien de l’art, qui sert le symbolisme.
Le portrait de Richard Wagner gravé à l’eau-forte par Eug. […] A côté des nombreux portraits de Wagner faits à l’étranger, celui-ci, d’un artiste français, doit tenir une des meilleures places.
Je suis bien éloigné de croire que ce portrait doive s’étendre sur tous ceux qui courent la noble carrière des sciences ; je le suis encore plus d’en vouloir faire aucune application particulière ; ce serait avilir et défigurer par la satire un écrit que je voudrais uniquement consacrer à la vertu, à l’avantage des lettres et à la vérité. Les peintures générales sont les seules que la philosophie et l’humanité doivent se permettre : il est vrai que comme on pense rarement à se les appliquer, elles ne sont pas aussi utiles qu’elles devraient l’être ; mais les portraits isolés et ressemblants le sont encore moins.
Sainte-Beuve l’a recueilli dans le second volume des Portraits contemporains. […] Ce mélange de force et de douceur, cette pensée ferme et souple, ce christianisme intérieur, cette noblesse d’âme, Sainte-Beuve a parfaitement vu et apprécié tout cela, non seulement dans l’article du 15 septembre 1837, mais dans bien d’autres endroits, et plus particulièrement dans une note sur l’Académie de Lausanne qui figure à la fin du tome Ier de Port-Royal, et enfin dans l’article nécrologique qu’il donna aux Débats le 17 mai 1847, et qui se trouve reproduit dans les Derniers Portraits (1852) ou Portraits littéraires, III (1864). […] Il est à noter que, lorsque l’article a reparu dans les Portraits contemporains, la mention de M. […] On lit encore dans Sainte-Beuve, dans la note de l’article sur Benjamin Constant et Mme de Charrière (Portraits littéraires, III, p. 210) : « On m’assure, depuis que tout ceci est écrit, que la lettre n’est qu’un pastiche, du fait d’un M. […] Un livre de son « rapsode », les Critiques et portraits littéraires de M.
Duclos, son ami, l’un de ceux qui ont le mieux parlé de lui, et dont la brusquerie habituelle s’est adoucie pour le peindre, a dit : « De la naissance, une figure aimable, une physionomie de candeur, beaucoup d’esprit, d’agrément, un jugement sain et un caractère sûr, le firent rechercher par toutes les sociétés ; il y vivait agréablement. » Marmontel enfin, moins agréable cette fois que Duclos, et avec moins de nuances, nous dit : « L’abbé de Bernis, échappé du séminaire de Saint-Sulpice, où il avait mal réussi, était un poète galant, bien joufflu, bien frais, bien poupin, et qui, avec le Gentil-Bernard, amusait de ses jolis vers les joyeux soupers de Paris. » Cette figure ronde et pleine, cette belle mine rebondie et à triple menton, qui frappe dans les portraits de Bernis vieilli, il la prit d’assez bonne heure : mais d’abord il s’y mêlait quelque chose d’enfantin et de délicat ; et toujours, jusqu’à la fin, le profil gardera de la distinction et de l’élégance : le front et l’œil sont très beaux.
Quand on ouvre, au Cabinet des estampes, le cahier où sont les portraits de Sully et de sa femme, on y voit le Sully tel qu’il nous a été transmis par la gravure et qu’il est fixé dans la mémoire, c’est-à-dire vieux, le front haut et chauve, la figure sillonnée et rude, l’air fâché, avec barbe longue et moustache grise, le tout encadré dans cette fraise bien roide que nous savons, et son écharpe sur l’armure.
Lavallée a eu soin de placer aussi un portrait de l’illustre fondatrice, où revit cette grâce si réelle, si sobre, si indéfinissable, et qui, sujette à disparaître de loin, ne doit jamais s’oublier quand par moments la figure nous paraît un peu sèche ; il l’emprunte aux Dames de Saint-Cyr dont la plume, par sa vivacité et ses couleurs, est digne cette fois d’une Caylus ou d’une Sévigné : Elle avait (vers l’âge de cinquante ans), disent ces Dames, le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre si affectueuse et si régulière qu’elle effaçait les plus belles de la Cour… Le premier coup d’œil était imposant et comme voilé de sévérité : le sourire et la voix ouvraient le nuage… Saint-Cyr, dans son idée complète, ne fut pas seulement un pensionnat, puis un couvent de filles nobles, une bonne œuvre en même temps qu’un délassement de Mme de Maintenon : ce fut quelque chose de plus hautement conçu, une fondation digne en tout de Louis XIV et de son siècle.
M. de Falloux cite quelque chose de ces extraits, entre autres un portrait fort curieux et caractéristique de Fontenelle, mais qui est textuellement copié des Nouveaux Mélanges de Mme Necker (tome I, pages 164-170).
Voir au tome second des Portraits et Notices historiques de M.
Il lui dit tout d’abord qu’elle était mieux que son portrait, ce qui devait être vrai.
Mais, en vérité, est-il besoin de faire leur portrait, et ne suffit-il pas des détails qu’on vient de donner sur leur condition ?
Il n’est pas rare de constater de graves méprises d’un peuple à l’égard d’un autre, tantôt faute de moyens sérieux d’informations, tantôt parce que l’original a changé, tandis que son portrait, une fois tracé, restait immuable et continuait à passer pour fidèle.
J’ai dit l’originalité singulière de madame Huguet : c’est l’amour maternel sous une vilaine forme ; mais le portrait est franc, sincère et d’une vérité qui fait violence à l’antipathie.
Pourtant la vérité générale de pareils tableaux se prouve aussi, se déclare d’elle-même, et, en les voyant, on a droit de s’écrier comme devant un portrait dont on n’a jamais connu le modèle : Que c’est vrai !
C’est de ce même M. de Bonald que M. de Lamartine, après l’avoir chanté en poète dans sa jeunesse, vient de donner un portrait tout aimable et adouci à la fin du second tome de son Histoire de la Restauration.
[NdA] C’est ce que j’ai fait dans un de mes premiers articles insérés dans la Revue de Paris en 1829 (voir au tome Ier des Portraits littéraires).
Il y a un certain concert de Feydeau qui sert de cadre à une suite de portraits satiriques.
La sage et sensée Mme de Motteville nous a tracé de lui en ces premières années des portraits charmants : dans un bal qui eut lieu chez le cardinal Mazarin, Le roi, dit-elle, avait un habit de satin noir, en broderie d’or et d’arpent, dont le noir ne paraissait que pour en relever davantage la broderie.
Dans le beau portrait qu’il a tracé d’un général qui remplit toutes les conditions du commandement, il n’oublie pas celle-ci : « Un général doit être aussi magnifique que sa fortune le lui permet. » Ce n’est pas mon fait ici de suivre pas à pas Marmont dans tous les degrés de sa carrière.
[NdA] On voulait faire le portrait de Voltaire ; d’Alembert le lui demandait.
Aussi Cazalès n’obtenait-il guère en société qu’une faveur de souvenir… Les portraits qu’Arnault a donnés des personnages de sa connaissance, et qu’il s’est amusé à tracer dans les années de sa vieillesse, sont animés de ces traits heureux et vraiment spirituels, qui sortent tout à fait du commun.
Donc, plus un auteur veut peindre l’homme complexe de notre société, c’est-à-dire précisément l’être qui nous intéresse davantage, plus il doit se résigner à ce que cet être complexe change au bout de peu d’armées et ne se reconnaisse plus dans le portrait qu’il aura fait de lui.
On y trouve des caractères soutenus, des portraits d’après nature, des contrastes menagés avec art, une composition variée, des comparaisons justes.
Concevez-vous qu’un peintre, dessinant sur sa toile un coin de bataille, et se fiant pour cela à sa fantaisie, puisse être si bien servi par le hasard qu’il se trouve avoir exécuté le portrait de soldats réels, réellement mêlés ce jour-là à une bataille où ils accomplissaient les gestes que le peintre leur prête ?
De ce point de vue, le portrait qu’il brosse de Michelet est particulièrement féroce en pointant les insuffisances et les partis pris du « plus détestable historien du XIXe siècle » (id. […] Portrait de Benjamin Constant A l’âge de dix ans, Benjamin Constant adressait à sa famille des lettres d’observateur et de mondain consommé, jolis monstres, uniques dans toute la littérature, dont le ton parfait nous place. […] Analysant lui-même avec beaucoup de perspicacité, dans une page de Raphaël, les contradictions du caractère prêté à Mme de Warens par l’auteur des Confessions, il en est si déconcerté qu’il les attribue à un « mystère dans la main égarée du poète », Mais ce mystère, c’est-à-dire l’avis de son propre caprice substitué à celui de la nature, égare sa main aussi ; et, par exemple, le portrait de Brissot dans l’Histoire des Girondins n’est pas plus absurde que tous les autres portraits de Lamartine. […] Il s’est trouvé que peignant par aventure dans les Misérables un évêque qui est un saint, Mgr Myriel, un criminel qui redevient honnête homme sous l’influence révélatrice de la charité chrétienne, Jean Valjean, un gardien de l’ordre public qui est un héros, Javert, c’est-à-dire trois personnes qui honorent par leur vertu le vieil idéal religieux ou militaire qui leur fournit une inflexible discipline du cœur et de la volonté, il s’est trouvé, dis-je, que Victor Hugo a exécuté les seuls portraits vrais qui soient sortis de sa plume.
Alexandre Dumas le père n’a pas résisté au désir de nous le peindre, et il en a tracé une esquisse comparable à ses meilleurs portraits : C’était un des plus beaux jeunes hommes que l’on pût voir. […] Dans le fumoir, vaste salle décorée d’appliques en stuc jaspé, plusieurs gentlemen achèvent leurs cigares et vident leurs demi-tasses, dominés par un portrait du prince de Galles, qui semble présider l’assemblée. […] En attendant, ajoute l’indiscret Brada, elle « porte un habillement et une coiffure qui donnent à son portrait en buste l’exacte apparence d’un homme ». […] Elle ressemblait à ces portraits du xviie siècle, qui ont tous un air de commandement. […] En passant, notre guide nous nomme complaisamment tous les athlètes fameux, tous les coureurs célèbres qui ont triomphé dans la poussière olympique : Pheidolas, l’illustre cavalier de Corinthe, a consacré le portrait d’Aura, sa bonne jument.
Les directeurs, qui parlent du public à peu près comme la Pythie eût parlé d’Apollon delphique, montaient sur le trépied, et proclamaient, avec de grands éclats, que ce mystérieux public demandait autre chose : des entrailles de taureau, ou des portraits d’assassins. […] Et ce portrait de la République : Elle a bien changé, la République ! […] Un portrait sur une tombe, cela seulement était convenable : sous terre, un peu de cendre qui jadis composa une figure, retourne à l’universel, selon des lois qu’au-dessus connaît et formule un esprit lucide dans ce beau visage rêveur… Le monument qu’il faut réclamer, c’est ainsi que l’a dit M. […] Des traits attribués d’abord à d’autres individus, quand l’image de Poil de Carotte n’était encore qu’une esquisse dans l’esprit de son créateur, viennent s’ajouter au portrait nouveau. […] Mais le romancier se soucie bien moins de le montrer tel qu’il est en réalité, que de nous faire connaître le portrait qui se forme de lui dans l’imagination de la jeune femme.
J’avais payé ces bonnes grâces d’un esprit supérieur par un portrait littéraire et par des articles de la Revue des deux mondes, à l’occasion de ses livres. […] Quel joli portrait de lui on ferait, onctueux, brillant, transparent, avec son œil clair et félin, miroir de l’âme ! […] Un autre, faisant le portrait de Roger de Beauvoir, pour qu’on n’en ignore, le montrera décidément blond.
C’est un délicieux portrait de femme, un de ceux que, dans une nuit d’insomnie et d’extase, on lève de suspendre à son chevet, un de ceux qu’il faut ravir pour les posséder. […] Sainte-Beuve trace le portrait du marquis de Couaën : « Noble figure, déjà labourée, un front sourcilleux, une bouche bienveillante, mais gardienne des projets de l’âme, le nez aquilin d’une élégante finesse ; quelques minces rides vers la naissance des tempes, de ces rides que ne gravent ni la fatigue des marches ni le poids du soleil, mais qu’on sent nées du dedans, à leurs racines attendries et à leur vive transparence. […] Au lieu de vous envoyer son portrait ou toute autre bagatelle inutile, il vous fait donner un sac de roupies.
Et qu’on me permette à ce propos une remarque sur le régime et la diète de Bernis : ce régime n’était pas ce qu’on pourrait croire lorsqu’on a entendu parler du faste de sa table, et qu’on voit l’embonpoint de son visage dans ses portraits.
Elles ont été dernièrement réimprimées en trois volumes, avec portrait, fac-similé, etc.
Ce manuscrit intitulé Mon portrait historique et philosophique, et qui des mains de la famille a passé dans celles de M.
Mais ce que je désirerais vivement, c’est que le manuscrit que j’ai sous les yeux, Mon portrait historique et philosophique, qui n’a été imprimé que tronqué et très incomplet, s’imprimât dans toute sa suite (à part huit ou dix pensées qu’il faudrait absolument retrancher comme étant de trop mauvais goût) ; on aurait alors un Saint-Martin à l’usage de tout le monde, à l’usage de ceux qui hantent Gui Patin comme de ceux qui lisent Platon ; un peu singulier, un peu naïf, agréable, touchant, élevé, communicatif, parfois bien crédule, nullement dangereux : on aurait enfin ce qui plaît toujours dans un auteur et ce qu’on aime à y rencontrer, un homme et un homme simple.
Nous ne croyons pas à tout ce qu’il dit, et il va un peu loin à sa louange lorsqu’en un moment d’effusion il croit faire son portrait en deux mots : « Je n’ai pas l’honneur d’être encore bien connu de Sa Majesté.
[NdA] Deux volumes in-8°, avec portrait, fac-similé et cartes spéciales ; chez Didier, quai des Augustins, 35.
Celui-ci, très apprécié des romantiques, ouvrait la marche dans la série des Grotesques de Théophile Gautier, qui en traçait un portrait de verve où l’homme est deviné sous le poète et où Villon apparaît dans son relief comme le roi de la vie de Bohème.
Elle a fait faire, à cette intention, un portrait grossier de son enfant, qu’elle place dans le temple : « La mère du petit Micythe, à cause de sa pauvreté, le consacre et le donne à Bacchus, ayant fait ébaucher son image.
Viollet-Le-Duc ; et s’il a, comme je crois l’avoir vu, le portrait du premier Mansart, du seul digne de renom, dans son cabinet et sur sa cheminée, il faut même que ce soit un pinceau bien habile et bien cher qui le lui ait fait accepter : autrement il eût préféré, sans nul doute, un maître de la pure Renaissance.
Catinat ne s’est pas trompé ; il n’y a pas de retour de la part d’un jaloux : « Le parfait silence de M. de Rubentel, écrit-il quelques jours après, ne t’a point surpris ainsi que moi ; je suis bien sûr que ce sera très fort malgré lui s’il se trouve dans quelque endroit où tu seras. » Cherchez vite si vous êtes curieux, lisez dans Saint-Simon le portrait de ce Rubentel, ancien lieutenant colonel du régiment des gardes, ancien lieutenant général, brave homme de guerre, mais difficile à vivre, d’une humeur à faire damner les gens, d’autant plus roide et plus cassant qu’on lui fait plus d’avances, et furieux si on le néglige ; enfin un fagot d’épines.
Je me réservais, dans cette réimpression, de mettre le nom de la personne à laquelle j’avais songé par contraste ; mais je ne le ferai point, et par une très bonne raison : c’est que le portrait a cessé pour moi d’être exact et ressemblant.
» Pour achever ces indiscrétions sur l’auteur d’Arthur, je dirai que, si celui de Volupté l’avait connu, il semblerait avoir songé à lui expressément dans le portrait de l’ami de Normandie.
On n’a pas hésité à glisser dans l’intervalle de ces portraits quelques articles de pure critique et même de polémique, tels que celui-ci, qui furent écrits dans la Revue des Deux Mondes, pour répondre à des besoins ou parer à des dangers du moment.
Ce portrait faisait d’abord partie de la série des POËTES et romanciers modernes dans la Revue des Deux Mondes ; il s’agissait, en commençant, de justifier et d’expliquer cette classification.
Au sortir de Grégoire de Tours, avec le rhéteur et rimeur Fortunat, il garde tout son piquant, et sait être neuf dans ce curieux portrait, même après Augustin Thierry.
Dans les trois morceaux suivants, où le critique aborde des ouvrages plus ou moins historiques, il se disposait insensiblement à en venir aux portraits de quelques historiens contemporains.
M. de Saint-Priest fait de saint Eloi, de ce fidèle Achate du héros mérovingien, un portrait très-aimable, très-parlant ; il lui retrouve quelque chose de la physionomie d’un Fénelon primitif.
Il me semble étrange que des gens qui achèteraient au poids de l’or une douzaine de portraits originaux de cette époque pour orner une galerie, ne jettent jamais les yeux sur tant de tableaux mouvants de la vie, des actions, des mœurs et des pensées de leurs ancêtres, peints sur place, avec de simples, mais fortes couleurs. » En France, Saint-Palaye déjà l’avait rappelé à l’attention des érudits ; M. de Barante le mit en valeur pour tous15.
Je le comparerais volontiers à un statuaire qui, travaillant sur l’argile pour y exprimer d’héroïques portraits, n’emploie d’autre instrument que le pouce, et qui, pétrissant ainsi son œuvre, lui donne un suprême caractère de vie avec mille accidents heurtés qui l’accompagnent et l’achèvent ; mais cela est incorrect, cela n’est pas lisse ni propre, comme on dit.
Je ne sais si je m’abuse, mais un tel trait bien simple, si on l’omettait quand on en a connaissance, ferait faute au portrait du moraliste, et l’on n’aurait pas tout entier devant les yeux l’auteur de l’Essai sur la Bienveillance.
Les dernières lignes de ce portrait cependant me semblent bien définir ce monstre de sophisme.
Pour nous mettre sous les yeux toute une série d’études de femmes, qu’il avait en portefeuille, il imagina de haranguer un ami fictif, supposé enclin à se marier ; il se donna un caractère déplaisant de célibataire grincheux : mais au moins, d’une suite de portraits, il avait fait un sermon et une Satire.
Même la tragédie de Corneille est une peinture saisissante de la vie politique de son temps : s’il ne fait en général ni portraits ni allusions, la réalité contemporaine l’enveloppe, le domine, et transparaît sans cesse dans son œuvre.
Voyez comment il loue la vérité des personnages dans Térence : Ce n’est plus un portrait, une image semblable : C’est un amant, un fils, un père véritable.
Les vieillards faisaient mentir l’admirable portrait du vieillard d’Horace, qui ne trouve chose à louer que dans le temps où il a été jeune.
Pourtant, de ce qu’aucun peintre n’a pu faire un portrait tout à fait ressemblant, devons-nous conclure que la meilleure peinture soit de ne pas peindre ?
Molière y obéit encore, quand il s’efforce de tracer, non plus des portraits, mais des caractères, des types, quand il prétend peindre « l’avare » ou « le misanthrope ».
La lettre était datée : « Paris, le 7 mai 1841 » et on y voyait entre autres choses : « Le monde doit posséder un portrait de ce grand homme, clair et noble comme lui.
Le don qu’elle m’a fait de son portrait est tout ce qu’il y a de plus agréable pour moi depuis que le suis à la cour.
D’un acte à l’autre, cinq mois ont passé : nous retrouvons Paul Forestier crayonnant, sous le regard de son père, le portrait de Camille devenue sa femme.
Washington y est très bien vu et présenté dans un judicieux portrait.
Elle l’a peint, d’ailleurs, dans un portrait officiel et fait pour être montré.
Mais la lettre est à peine écrite, que cette vieille amie meurt, et M. de Maistre répond au comte Golowkin, leur ami commun, qui lui avait appris cette triste nouvelle : Vous ne sauriez croire à quel point cette pauvre femme m’est présente ; je la vois sans cesse avec sa grande figure droite, son léger apprêt genevois, sa raison calme, sa finesse naturelle et son badinage grave (quel admirable portrait !).
Cette partie désagréable et petite de la vie de Rollin ne saurait se supprimer, si l’on veut être fidèle et ne pas se faire à plaisir un portrait trop embelli.
Aimé Martin, a rendu à sa mémoire plus d’un service ; il a complété sur quantité de points l’édition des Œuvres de celui qu’il admirait par-dessus tout : pourtant il a poussé le zèle et l’enthousiasme jusqu’à tracer de lui un portrait romanesque et une de ces biographies impossibles qui mettent tout d’abord en garde un lecteur de bon sens.
Je crois avoir trouvé une de ces pages caractéristiques dans le portrait du chameau ; il s’y est surpassé.
Il y donne de curieux renseignements sur la colonie française de Gallipolis et sur une autre dite du Poste-Vincennes : la différence de caractère du colon américain et du colon français y est tracée d’une manière frappante et sévère, et dans deux portraits caractéristiques qui seraient dignes d’Aristote.
Des visions l’obsèdent, de faibles rappels sonnent dans son souvenir ; un vague fantôme de femme reparaît ainsi, en quelques phrases obscures, à la fin de plusieurs chapitres des Reisebilder ; cette « Maria la morte », dont il croit entendre la « voix soyeuse » dans un vieux palais de Vérone, dont il retrouve le vague visage dans une galerie de très anciens portraits à Gênes : « Dans mon cœur vibrait le souvenir de Maria la morte.
Ce n’est donc pas un tissu de jolis sentiments, de déclarations tendres, d’entretiens galants, de portraits agréables, de mots doucereux, ou quelquefois assez plaisants pour faire rire, suivi à la vérité d’une dernière scène où les3 mutins n’entendent aucune raison, et où, pour la bienséance, il y a enfin du sang répandu, et quelque malheureux à qui il en coûte la vie.
Ses Portraits français intéressent surtout par le style gracieux et sûr, mais ses monographies de contemporains, bien que s’abstenant volontairement de dénigrer, n’en dénotent pas moins une clairvoyance peu commune, et, parce qu’il sourit souvent, il ne faudrait point conclure à l’indulgence aveugle de ce critique.
Monsieur le marquis de La Fare que le monde et la république des lettres regretterent comme un de leurs plus beaux ornemens lorsqu’il mourut en 1712 avoit prié monsieur l’abbé De Chaulieu de lui donner son portrait.
Dans le Dévouement, qui n’est plus que la générosité de ce cœur exaspéré de solitude, — dans ce beau portrait d’une touche lumineuse et cependant si mélancolique, Toujours je la connus, pensive et sérieuse, où, sous la placidité familière des images, on sent l’agitation de l’âme qui voudrait se rasséréner dans ce calme de la raison et de la vertu ; dans L’Enfant rêveur, Le Creux de la vallée, En m’en revenant un soir d’été, après neuf heures et demie, La Gronderie, la Pensée d’automne ; dans la magnifique pièce, souvenir, allumé comme un candélabre, dans l’âme de tout ce qui eut vingt-ans : Les flambeaux pâlissaient, le bal allait finir, Et les mères disaient qu’il fallait s’en venir… où le néant de la vie se met à sonner tout à coup, dans ces deux poitrines rapprochées qui étouffent de la valse et du bonheur de se toucher, ce glas funèbre : … Ah !
Le théâtre, dans une farce d’un grand homme66, nous en a conservé la peinture ; et si on excepte le degré d’exagération théâtrale qu’il faut toujours pour que la fiction produise l’effet de la vérité, et que le ridicule soit en saillie, les portraits étaient ressemblants.
Faguet compose de solides et vivants portraits, recueillant dans une image d’ensemble tout ce que peuvent lui fournir de détails significatifs la vie, la pensée, le style d’un auteur. […] Sous prétexte de résumer pour nous des recueils de documents, elle nous a donné un de ces portraits de femmes qui sont toujours assurés de nous émouvoir, à la condition que les traits en soient nets et dessinés simplement. Elle nous a donné, du même coup, dans son étude, deux ou trois portraits d’hommes, ceux du père, du mari, du fils de Mme Goethe : et je lui sais gré, en particulier, d’avoir parlé de ce dernier avec une si libre franchise. […] J’ai mentionné plus haut les portraits du médecin Charmide et du chirurgien Dabaisse : il y a une trentaine de portraits qui valent ces deux-là, dessinés avec une précision, une sûreté remarquables. […] Et puis, en outre des portraits.
Il est vrai que, averti par l’ancien proverbe, je pense toujours aux vivants ; mais, quand je voudrais oublier Épicure, comment le pourrais-je, lui dont nos amis ont le portrait, non seulement reproduit à grands traits par la peinture, mais encore gravé sur leurs coupes et sur leurs bagues ? […] Phidias, n’ayant pas la liberté d’écrire son nom sur le bouclier de Minerve, y grava son portrait.
Au milieu de la soie claire d’un panneau, un noir Bonvin, représentant un homme attablé dans un cabaret, apparaît à la façon d’un portrait de famille, d’un ressouvenir de basse origine, du père de la fille passant la tête au milieu de sa fortune. […] Il y a au fond une ténuité et une fine ciselure dans ses traits, que ne rendent pas ses portraits, qui ont grossi et épaissi son visage.
George Elliot elle-même a écrit : « En vérité, il n’y a pas un seul portrait dans Adam Bede, mais seulement les suggestions de l’expérience arrangées en nouvelles combinaisons. » Ce qui est vrai de George Elliot, génie de second ordre pour l’invention et la composition, le sera encore plus pour les grands génies littéraires ou artistiques. Il n’est pas dans leurs œuvres un seul portrait, une seule copie exacte d’un individu réel vivant sous leurs yeux.
Je trace des portraits, je situe chaque événement moral dans un paysage approprié. […] Un choc trop léger sur une matière explosible ne détermine aucun commencement d’explosion56. » Mais une poésie considérée dans son ensemble, en tant qu’elle constitue un tout indécomposable qui s’offre le portrait fugace d’une âme, crée une ambiance, imprime une direction, nous fait converger au point où nous devons coïncider avec l’esprit du poète.
Dans ce portrait idéal du sage, tel qu’il le présente, les stoïciens modernes différeraient pourtant des anciens, dit-il, sur quelques points : « Par exemple, ils ne regarderaient pas toutes les fautes comme également graves, tous les vices comme également odieux. […] Cette lacune n’a donc pas été remplie, et la tradition s’est rompue avant que l’esprit en ait pu être fixé par un héritier fidèle dans le portrait du sage. […] Toute la partie relative à l’invasion des Franks me semble écrite avec une vigueur et une fermeté que ne conserve pas toujours la plume de l’historien ; le portrait de Clovis n’y est en rien flatté ni embelli : il suffit à M. […] Voir l’article sur Mme de Staël, Revue des Deux Mondes du 1er mai 1835, page 291, et dans le volume des Portraits de Femmes (1852), page 109.
Comme écrivain pur et simple, ― c’est le seul Bloy accessible au lecteur désintéressé de la crise surnaturelle, ― l’auteur du Désespéré a reçu tous les dons ; il est même amusant ; il y a du rire dans les plus effrénées de ses diatribes : la galerie de portraits qui s’étage en ce roman du LVe au LXe chapitre est le plus extraordinaire recueil des injures les plus sanglantes, les plus boueuses et les plus spirituelles. […] « Un jour, comme je regardais dans un album le vague portrait d’une jeune fille, quelqu’un passa qui dit un nom… Ainsi je vous connus ; ayant entendu votre nom, ô vous, je vous rêvai. » Ainsi débute un poème à la gloire de cette femme de rêve que l’on retrouve, souvenir ou vision, « face adorable », en plusieurs autres pages où elle est le symbole de l’idéal, de l’inaccessible. […] Disraéli, s’il ne réussit pas, parfois s’exaspère et devient Blanqui ; il paraît que c’est toujours de l’énergie : comme la caricature est encore un portrait. […] Et le Pauvre continue, faisant du Christ des misérables un portrait qui, trait pour trait, s’applique à lui, le Pauvre.
Elle se complaît dans l’anecdote, dans les portraits, dans l’analyse des caractères, comme pourraient le faire Plaute ou Molière. […] Sue, en traçant le portrait de Louis XIV, a cédé au désir de le présenter sous une face nouvelle, plutôt qu’à un sentiment de haine contre la monarchie absolue. […] Il ne répudie aucun des accidents humains qui peuvent compléter le portrait de son héros ; il ne dédaigne aucun des détails familiers enregistrés par la biographie ; mais il ne s’abstient jamais de soumettre ces accidents et ces détails aux grandes lignes tracées par sa volonté toute-puissante. […] Le poète qui voudra mettre en scène un roi célèbre, ou un vice qu’il aura coudoyé, abandonnera la lecture des pamphlets pour la lecture des annales authentiques, et le portrait satirique pour le portrait comique.
Il convient de regarder dans leurs jolis portraits d’autrefois les femmes vieillies et de lire dans leurs premiers livres les écrivains qui depuis se sont industrialisés. […] Et les portraits me donnaient une impression de vérité originale. « Tour à tour rêveurs mélancoliques et passionnés fougueux », ces gens-là agissaient en grands enfants généreux ; leurs gestes, nécessaires et inattendus, exprimaient, en brusques éclats, des sentiments de toujours. […] Madame Cassot, qui dut être, j’imagine, une institutrice au style incorrect et aux manières timides, s’effare devant cette « nature violente, emportée », et conclut le portrait par cette ligne infiniment instructive : « Cette fille, c’était l’inconnu. » *** Hélas ! […] La Bruyère, entre deux portraits vigoureux, laisse tomber une pensée banale dans une expression amusante. […] Il y a pourtant dans celle-ci une jolie page : le portrait en phototypie de l’auteur-marchandise.
L’antithèse portrait ou le Portrait ; V. […] elle est particularisée avec des traits tellement généraux qu’il n’y en a peut-être aucun dans son portrait qui lie se retrouvât en n’importe quelle autre femme secrètement amoureuse. […] Une période de la poésie française est ici étudiée et fixée en de sérieux portraits, avec aussi peu d’ironie que s’il s’agissait d’un groupe anglais ou scandinave. […] L’introduction expose principalement les principes du vers libre, étude que l’auteur reprend et développe, au cours de ses portraits, quand il arrive aux principaux protagonistes de cette méthode.
Son portrait de Jean Lyon de Gand, l’orateur et le meneur populaire, serait reconnaissable encore et frappant de vérité aujourd’hui.
Je le crois aussi ; mais, monsieur le voleur, nous avez bien fait, vous ne serez pas puni pour cela, et vous auriez été couronné à Lacédémone. » Il ne tarit pas là-dessus, il est comme notre ami Sacy ; il n’en a jamais assez de la relire : « Je suis enchanté, monsieur, de la manière dont vous parlez des Lettres de Mme de Sévigné ; elles m’ont fait la même joie, et je les relis comme elle relisait les lettres de sa fille, pour faire durer le plaisir. » Sur Mme de Motteville, dont les Mémoires parurent pour la première fois en 1723, on n’a jamais mieux dit que Mathieu Marais sous l’impression toute vive d’une première lecture : « Il n’y a jamais eu ensemble tant de faits secrets, tant de caractères bien marqués, tant de portraits ressemblants et une connaissance si grande de la Cour et des familles.
Nous avons tous admiré son portrait, où, sous le pinceau attendri d’un fils, transpirait l’âme maternelle.
Portraits contemporains, édit. de 1869, au tome I, page 214.
Par là ce portrait me paraît plus touchant et plus édifiant encore que les plus belles figures de Port-Royal… Ceux qui aiment par-dessus tout ces révélations intimes, ce spectacle des plus humbles destinées individuelles où la poésie et l’idéal sortent de la réalité la plus positive, — ceux-là vous doivent une reconnaissance d’autant plus vive… Tant de gens ne s’inquiètent que de ce qui brille, de ce qui fait du bruit ou du tapage… » — « Une seule chose m’étonne, écrit quelqu’un (une main de femme, qu’une grande amitié a liée à Mme Valmore), c’est qu’on puisse faire un choix dans ces lettres si ravissantes de bonté, de sensibilité, d’ignorance de sa propre valeur qui donne tant de prix à ces richesses morales.
Il y a encore quelques points du portrait que je retoucherais « Avec ses cent bras qui atteignaient à tout, il fut le Briarée de la littérature. » Ce Briarée est un reste de superstition à la fable, comme en cet endroit du commentaire où M.
Bien ne peut égaler l’impression que font éprouver certains mouvements de l’âme ou des portraits hardiment tracés.
Benvenuto Cellini raconte qu’étant entré un jour au palais en montrant son portrait gravé au duc, il le trouva indisposé et couché sur le même lit que son cousin, et qu’ayant demandé à Lorenzino s’il ne consentirait pas à lui donner le sujet d’un revers de sa médaille, celui-ci lui avait répondu avec enjouement « qu’il fût tranquille et qu’en ce moment même il pensait à lui en fournir un digne de la gloire d’Alexandre, et qui étonnerait le monde. » Alexandre se tourna avec un sourire de pitié dédaigneuse sur son lit et se rendormit.
C’est aussi le livre qu’il a le plus profondément imprimé de son caractère, et qui porte le plus de marques de la suite de sa vie et des développements de son esprit ; c’est à la fois son système religieux, sa conduite et son portrait.
Mme du Deffand n’avait pas tort de lui dire qu’il eût dû mettre son livre en maximes et en portraits.
D’après ce portrait flatteur, est-il un seul Militaire, depuis le Maréchal de France jusqu’au simple Soldat, qui puisse refuser ses hommages, à la Philosophie ?
La frivolité sèche et revêche de madame Fourchambault, la bonhomie soumise de son mari, l’étourderie légèrement vicieuse, mais non dépravée, de leur fils, l’excentricité décente de mademoiselle Letellier, l’égoïsme panaché d’honneur et de chevalerie du préfet, autant de portraits vivement dessinés, légèrement touchés : on est amusé avant d’être ému.
XI : « Il pense et il parle tout à la fois ; mais la chose dont il parle est rarement celle à laquelle il pense ; aussi ne parle-t-il guère conséquemment et avec suite. » [Il s’agit du portrait de Ménalque ou le caractère distrait dans La Bruyère, Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, « De l’homme », 7 (VI), éd.
Il y a un couplet qui est un peu connu parce qu’il a été cité dans quelques manuels de littérature, c’est une description, un portrait de Vénus : C’est pourquoi nous dirons en langage rimé Que l’empire flottant en demeura charmé.
Hésiode n’offre qu’une galerie de divines figures dont il trace magnifiquement les portraits, et ne raconte que des faits isolés dont la grandeur surnaturelle excite l’admiration. […] Le poète, après vous avoir commandé de ne point trahir la ressemblance en vos portraits, vous avertit qu’il est rare de donner un air de vérité individuelle à des caractères généraux, et qu’il est plus sûr de les retirer d’une fable ou d’une histoire connue, que de produire des êtres ignorés et de qui l’on n’ait parlé jamais.
Il n’est pas un portraitiste selon le grand Holbein, qui assemble toute une âme et toute une destinée dans l’unité composée d’un portrait. […] Il faudrait ajouter les petits volumes, — Jadis, Autour de Sainte-Hélène, Sur Napoléon, Petites histoires, etc., — qui sont comme les carnets de croquis où il note premièrement des aspects et des gestes, des signes qu’il utilisera plus tard, enfin les « préparations » du grand portrait. […] Ce personnage de Jérôme Servet me paraît être l’un des plus fins portraits qu’aient tracés à la perfection nos romanciers d’à présent, et avec quelle aisance, quelle sûreté habile, quelle malice, émue pourtant ! […] Ceci me troublait, par exemple : comment mon grand-père, qui professait, à l’endroit des énergumènes, une si vive hostilité, possédait-il le portrait de celui-là ? […] Il y a un portrait de ce petit garçon, en tunique de collégien, tunique militaire, à boutons d’or et haut col noir.
S’il est vrai que Mlle Victoire fasse son portrait, et que vous vouliez mettre le comble à toutes les obligations que je vous ai, vous ordonnerez qu’on m’en envoie une copie réparée par la jeune artiste. […] Cela m’est bien doux, mon ami, de me donner du temps pour le morceau et de ne m’en point donner pour le portrait. Voilà le portrait, belle épreuve ; la petite page viendra bien avant le temps que vous m’accordez. […] C’est une bagatelle comme il me l’a demandée, mais je suis sûre que cette bagatelle lui fera plaisir. » Cette bague était une pierre gravée, et cette pierre gravée était son portrait. […] Il paraît que la gaieté du mot plut à celui auquel il était adressé, car on le trouve gravé au bas du portrait qu’on fit de lui lorsque son talent l’eut rendu tout à fait célèbre.
Il y a dans Alfred49 un portrait de l’épouse qui, pour la pureté et l’élévation, égale tout ce qu’ont pu inventer nos délicatesses modernes : « Ta femme vit maintenant pour toi, pour toi seul. […] Alfred emprunte ce portrait à Boëce, mais le refait presque entier.
Les portraits qui composent ce volume sont d’une ressemblance parfaite, et aucun des nombreux imitateurs que M. […] II C’est surtout le portrait du paysan russe avant cette année où la courageuse initiative de l’Empereur actuel a généreusement élevé au rang de citoyens et de propriétaires libres, sept à huit millions de serfs qui lui doivent tout ce qui constitue la vie civile.
On fit de sa personnalité littéraire d’iniques portraits. […] Et l’on conçoit aisément que cet homme atrabilaire, lâchement persécuté par la rapacité des hommes, s’en soit augustement vengé en faisant de ceux-ci d’atroces portraits, en décrivant leur abjection.
Je n’oserais pas néanmoins écrire son portrait sur un simple coup d’œil, mais voici quelques lignes inédites de ce portrait.
quelle bonne pensée nous avons eue de monter à lui en voyant son portrait dans notre loge ! […] En traversant la chambre vide de Judith, quelques jours après sa mort, je fus étonné et attendri de voir un chapelet encore suspendu à un clou contre la muraille, à la place où avait été son lit ; tout auprès, un petit portrait de Béranger jeune était suspendu à un autre clou.
Puis des souvenirs d’autrefois : statues ou bustes de l’empereur, portraits de ses maréchaux, drapeaux français de la Révolution ou du premier Empire… Et alors, on a beau savoir que la guerre est impie, absurde, abominable ; que les armées permanentes volent chaque année, aux peuples d’Occident, une somme incalculable de travail et de richesse, et que ce palais où l’on se promène est proprement le temple du Meurtre et de la Destruction ; on a beau se dire tout cela : comme, après tout, les peuples se battent depuis quelque dix mille ans — et peut-être parce qu’on sent confusément que la guerre est ce qui donne à l’énergie humaine et au courage, père des autres vertus, leur plein développement — on est ému jusqu’aux entrailles, un petit souffle froid vous passe dans les cheveux … et tenez, par exemple, ce guidon de la garde impériale, où sont inscrits les noms de toutes les capitales de l’Europe, ce carré de soie pâlie fait un plaisir à regarder, mais un plaisir ! […] Cette fois, l’homme du monde était sec comme un clou et noir comme une taupe ; il portait ces mots tatoués sur la poitrine : « République française », et un portrait de femme (quelque marquise !) […] Le Gaulois, l’autre jour, donnait votre biographie et votre portrait, et vantait à ses lecteurs votre « physique de diplomate ». Si j’en juge d’après ce portrait (car je n’ai jamais eu l’honneur de vous rencontrer), vous avez bien plutôt cet air spécial de réserve, de circonspection, de modestie et de gravité qu’on remarque, dans les églises, chez les personnes recommandables préposées à l’entretien des autels et des ornements sacerdotaux.
Quand le poète s’écrie qu’il ne veut pas mourir sans flétrir, sans percer de ses flèches, sans pétrir dans la fange les bourreaux qui moissonnent les têtes comme les épis d’un champ, sans tracer pour la postérité des portraits qui éternisent l’infamie de ses modèles, personne ne peut songer à lui reprocher la confusion des images qu’il appelle à son secours. […] Les souvenirs de la Grèce antique viennent se fondre fort heureusement dans le portrait de l’héroïne, et se marient à l’histoire contemporaine d’une façon si naturelle, que l’esprit s’aperçoit à peine de la distance qui sépare Charlotte Corday d’Harmodius. […] Le portrait des deux sœurs, Marianna et Noëmi, fait le plus grand honneur à l’imagination de M. […] Je ne sais si le portrait de ces deux sœurs a été tracé d’après nature ; mais, réel ou idéal, il révèle une grande finesse d’observation.
Et la bonne courtisane place sur la nappe, en face de son couvert, le portrait de sa mère. […] Il a des portraits d’une charmante vivacité de touche : celui de Lapommeraye, celui de Yung, celui de Paul Féval, celui de M. […] Ce portrait, Laurent l’arrache de la muraille, mais son épouvante est si forte qu’il roule sur le plancher, tout contre Thérèse écroulée. […] On s’attendait à des portraits, à des personnalités : il n’y en avait point. […] Il demande mille francs ; Jacques lui jette un louis, et le drôle laisse le portrait en disant : « J’en ai d’autres. » Pouah !
Alexandre Dumas fils ; lorsque dans ses romans, et à force de pénétrer profondément dans le vif et les entrailles de cette époque, il a créé des types devenus du premier coup populaires, que dans ses comédies il a transformé le moule du théâtre et marqué cet art difficile d’une ineffaçable empreinte, que dans ses brochures et ses préfaces il a jeté son mot, et un mot indépendant, sur vingt questions vitales de la société, — ce n’est pas dans un chapitre de livre que l’on peut avoir la prétention de résumer toute cette œuvre, d’étreindre toute cette esthétique, de ramasser toute cette psychologie… C’est assez dire que je ne dessinerai pas ici un portrait en pied de M. […] Eugène Melchior de Vogtié, ont donné d’Ivan Serguiévitch Tourguéniev des portraits d’une saisissante réalité. […] Imaginez que La Bruyère eût mis en action tel ou tel de ses portraits, La Rochefoucauld telle ou telle de ses maximes, le roman d’analyse eût seul satisfait leur besoin de vérité morale, leur curiosité des motifs secrets des actions humaines, leur goût d’y voir clair dans les rouages compliqués du sentiment. […] Pas une anecdote, pas un portrait, par un raisonnement concluant ne se détachent, qui donnent une impression de quelque chose de précis et d’individuel.
Il s’y trouvait un portrait de l’aide de camp, piquant, rapide, brillamment enlevé ; l’autre jour le délicieux causeur, avec une pointe de raillerie, nous le récitait encore ; rien que ce portrait-là portait avec lui toute une fortune sous l’Empire ; mais y avait-il encore un Empire ? […] Voir le volume de Portraits de Femmes.
. ; il blanchira peu à peu, il se bourbonisera, jusqu’à ce qu’en 1814 et en 1816 il ait pris la teinte marquée que lui voulaient ses amis d’alors, et qui est surtout sensible dans les portraits posthumes qu’ils ont faits de lui.
Ce sont de vieux portraits de famille qui se décrochent, descendent du grenier avec leurs toiles d’araignée et se mettent à parler à tort et à travers.
Sa vie et sa correspondance (suite) Mardi 20 avril 1869 On ne peut tout dire à la fois, et quand on a exprimé les traits principaux d’un caractère, on s’aperçoit presque aussitôt qu’on en a omis d’autres qui les corrigent, qui les complètent et qui doivent entrer aussi pour une part essentielle dans le portrait vivant de la personne.
En effet, les peintres qui ont l’imagination la plus lucide, ceux qui font de mémoire un portrait entier, Horace Vernet14, qui peignait de tête des uniformes compliqués, n’ont pas d’hallucinations ; ils ne confondent pas leurs représentations mentales avec les objets extérieurs ; sauf exception, tous déclarent que, pour eux, elles restent toujours mentales. — C’est qu’ici joue un mécanisme dont l’emploi est universel dans notre intelligence.
Sayous donc furète avec beaucoup de loyauté et beaucoup de bonheur ces découvertes dans tous ces recoins du monde français, et nous fait des portraits fins, vrais, originaux, critiques de toutes ces figures d’hommes et de femmes qui gravitaient en ce temps-là dans la sphère de l’esprit français, de la langue française et de la philosophie française.
« En résumé, dit-il, mêlant en lui à une vraie faculté créatrice de civilisation on ne sait quel esprit de procédure et de chicane, fondateur et procureur d’une dynastie, quelque chose de Charlemagne et quelque chose d’un avoué. » Nous l’avons connu aussi ; nous l’avons beaucoup estimé, peu aimé ; nous ne lui devons rien ; nous pourrions le peindre impartialement, la justice ne manquerait pas au portrait.
LXV Mais cet écueil fut émaillé par lui de paysages pittoresques, de tableaux enchanteurs et variés, de portraits variés, de scènes pieuses, empruntées aux deux religions, d’invocations aux deux muses de la plus gracieuse et de la plus sublime éloquence, et des morceaux de prose poétique les plus achevés.
Gardez donc de donner, ainsi que dans Clélie, L’air ni l’esprit français à l’antique Italie, Et sous des noms romains faisant notre portrait Peindre Caton galant et Brutus dameret.
Ce bref jugement sur Desportes et Bertaut n’est pas moins exact que le portrait de Ronsard ; là encore l’histoire de la poésie ne doit être qu’un commentaire de Boileau.
Le moraliste y oubliait si souvent le théologien que le fameux jésuite Garasse y dénonça des hérésies ce qui lui attira ce portrait du pédant dans la préface de cette édition : « Le pédant, dit Charron, est non-seulement dissemblable et contraire au sage, mais roguement et fièrement il lui résiste en face, et, comme armé de toutes pièces, il s’esleve contre lui et l’attaque, parlant par resolution et magistralement. » Montaigne eût mieux asséné le coup.
Il décide de devenir un « peintre wagnérien » et il réalise deux portraits du compositeur en 1883.
* * * Je l’ai vu disparaître dans le caveau, où sont mon père, ma mère, et où il y a encore une place pour moi… * * * En rentrant, je me suis couché et, couvrant mes draps de ses portraits, je suis resté avec son image jusqu’à la nuit.
Dans la Lettre à Lamartine, on se souvient du portrait que Musset fait de l’homme et de sa condition.
Elle était ainsi la femme déclassée, et l’on dirait que Pascal lui-même a voulu tracer le portrait de cette créature malheureuse : « Le peu de temps qui lui reste l’incommode si fort et l’embarrasse si étrangement, qu’elle n’essaye qu’à le perdre : ce lui est une peine insupportable de vivre avec soi et de penser à soi ; ainsi, tout son soin est de s’oublier soi-même et de laisser couler ce temps, si précieux et si court, sans réflexion, en s’occupant de choses qui l’empêchent d’y penser.
Il l’a dit, et on l’a dit de lui avec une pleine netteté et avec une authenticité parfaite, et l’auteur d’un portrait de M. de La Fontaine, dans les Œuvres posthumes, nous rapporte ceci : « Dès que la conversation commençait à l’intéresser et qu’il prenait part à la dispute, ce n’était plus cet homme rêveur ; c’était un homme qui parlait beaucoup et bien. » Et La Fontaine a dit, en songeant évidemment à lui-même : La dispute est d’un grand secours.
« Chevalier (s’appelle-t-il lui-même) des temps écoulés, il défend ces gracieux et beaux portraits de marquises, chefs-d’œuvre de Boucher, de Lencret et de Greuze. » Mais une raison de cette maigreur, l’amour d’une fausse élégance dans les arts, pouvaient-ils voiler à un esprit qui eut longtemps le sentiment de l’histoire, cette autre corruption dans les mœurs, bien plus épouvantable, qui allait faire tomber à quelques années de là toute cette société pourrie sur la planche de l’échafaud et devant laquelle l’historien, l’historien politique, devait enfin se dégriser et se retrouver ?
En quatre mots, la chose serait réglée, si, derrière ce portrait en pâte trop tendre d’un empereur qui ne méritait pas la dignité du bronze, et qui, philanthrope ensanglanté, ne regardait pas apparemment les chrétiens qu’il faisait égorger comme des hommes, il n’y avait pas la gloire du Christianisme qui s’élève et sa puissance qui se constitue !
L’imitation est plus sensible encore dans le portrait d’Hélène.
Et le portrait de ce Gaston de Lamarthe n’est-il pas trait pour trait, le portrait de M. de Maupassant ? […] Nous n’avons point de portrait authentique de Cléopâtre et le visage de la reine n’a pas laissé le moindre reflet sur cette vaste terre où il causa tant de deuils et de malheurs. […] L’Italien jurait la Vierge et les saints que c’était le portrait authentique de Cléopâtre, celui-là même qui fut porté à Rome devant le char triomphal d’Octave. […] Nous dirons que c’est là comme une de ces illusions de féerie, où tous les nez s’allongent à la fois sur tous les portraits, et nous nous moquerons de la numismatique qui se moque de nous. […] Je trouve à propos dans un élégant recueil de critique, qui vient de paraître, Profils et Portraits, quelques remarques fort justes sur ces Contes héroïques et féeriques, de Théodore de Banville.
Lasserre a fait de Benjamin Constant un portrait qu’il faut connaître. […] Dans les Portraits contemporains, nous trouvons réunis deux articles de Sainte-Beuve sur Hugo poète. […] Je me souviens d’avoir vu un portrait de Becque jeune. […] De seize à vingt ans, Stendhal fut mon guide et je ne me lassais point d’admirer, sur son portrait, sa large face et son collier de barbe. […] Ô lune, — tu ressembles vraiment — de façon authentique — à ces portraits que donnent — chaque an de ta personne — les almanachs comiques. — Mais c’est indifférent, — car comme auparavant — toujours je chanterai — ta gloire, et je louerai — d’un gracieux fredon, — ô Phœbé, ô Cynthie, — le bel Endymion — ton berger de Carie. — Je fais comme jadis — le vieil Aristophane, — qui tenait sur les dieux — un langage profane, — mais qui les révérait — ainsi qu’il le devait. — Il a fait chez Pluton — descendre son patron — Bacchus avec un due… — Je n’ai pas les vertus — de la féconde veine — de l’auteur de Plutus ; — mais je suis après tout — natif aussi d’Athènes.
Cousin, qui eût épouvanté Vaugelas : Dans ce portrait gravé on y sent des yeux très attendris. […] Van Dyck est-il pour cela un plagiaire, ou l’un des maîtres du portrait, au génie le plus pur, à la plus aristocratique personnalité ? […] Ils feront tous un paysage différent. « Au musée de Montpellier, dit Alfred Mortier, j’ai vu une dizaine de portraits d’un Mécène, que peignirent successivement Delacroix, Ricard, Courbet et d’autres artistes éminents. […] Et ne dites pas qu’un portrait particulier n’est pas un type général. […] Portraits et souvenirs, par H.
À vingt-cinq ans, il était très beau, et le portrait qu’elle en fait dans son roman, Lui, nous dit assez combien elle admira ce magnifique géant normand. […] Du Camp nous dit que Frédéric, c’est Flaubert ; est-il bien sûr de ne pas avoir posé lui-même pour certains aspects du portrait ? […] Ce portrait fin et tempéré était plus difficile que Mme Bovary, et Flaubert en a peut-être fait un chef-d’œuvre encore plus pur que celui d’Emma. […] Flaubert n’a pas fait un portrait flatté de sa femme du monde. […] Tout romancier voudra désormais faire le portrait de sa génération, ou de ce qu’il en a vu dans les milieux où sa destinée l’a fait passer.
Ayant fait dans les Portraits contemporains l’expérience de la première, il l’abandonna pour l’autre, et en somme il n’eut pas tort, puisque c’est dans ce métier de critique du passé, de port-royaliste et de commentateur des classiques qu’il est devenu, à son tour, là où nous sommes tous des bœufs, le seul véritable buffle. […] Hugo en fait treize portraits éblouissants, et voici comment il les fait. […] Ces traits ne sont pas plus des portraits que le Jonas et l’Isaïe de la Sixtine ne nous rendent la figure des personnages bibliques. […] La critique qui s’attache à un écrivain, qui le construit à la manière dont le peintre construit un portrait, ne pouvait travailler utilement qu’en s’installant dans sa durée, en le suivant dans la création progressive de lui-même par lui-même, en reliant par un fil les figures dissemblables qu’il a réalisées aux divers moments de la vie, de son œuvre, de son influence, de son action.
. — Ce portrait serait à joindre à ceux que nous avons tracés des principaux poëtes de la même époque, à la suite de notre Tableau de la Poésie française au xvie siècle (édition de 1843).
Sa mère et son enfant sont tout près, chers tombeaux, Deux portraits devant lui, de son cœur deux flambeaux !
les vieux châteaux, avec leurs grandes salles, leurs meubles antiques, leurs larges fenêtres d’où l’on voit tout le ciel, les portraits de belles dames et de grands seigneurs, cela fait je ne sais quel plaisir à voir, à s’y voir errant de chambre en chambre.
Constant et Mme de Staël ; et s’il a eu la délicatesse de ne pas faire d’Ellénore un portrait cruellement applicable, il n’a pas essayé de peindre un autre que lui-même dans Adolphe.
Et les journaux vous font une place parmi les faits divers et publient votre portrait, au mitan des autres clichés de l’anthropométrie.
Nous nous piquons de reconnaître notre personne dans la personne qui s’appelait Montaigne, dans ce portrait qu’il se garde bien de faire en une fois, de peur d’omettre certains traits et d’en forcer d’autres, mais qu’il a comme répandu dans tout le cours de son ouvrage.
C’est là qu’il voit la belle Iseult, aux blonds cheveux, qui le guérit, et il fait d’elle à son retour un portrait si flatteur à son oncle, que le roi veut l’épouser.
Madame Lecoutellier serait aussi un portrait frappant, si l’auteur avait plus franchement accentué les traits odieux qui percent sous ses simagrées mondaines.
Quand, dans l’asile d’Earlswood, un imbécile peut répéter exactement une page de n’importe quel livre, lue bien des années auparavant et même sans la comprendre ; quand un autre sujet peut répéter à rebours ce qu’il vient de lire, comme s’il avait sous les yeux une « copie photographique des impressions reçues » ; quand Zakertorf joue, les yeux bandés, vingt parties d’échecs à la fois, sans regarder autre chose que des échiquiers imaginaires ; quand Gustave Doré ou Horace Vernet, après avoir attentivement contemplé leur modèle, font son portrait de mémoire ; quand un autre peintre copie de souvenir un Martyre de saint Pierre par Rubens avec une exactitude à tromper les connaisseurs, on devine bien que la conservation et la reproduction si exactes des impressions reçues doit avoir ses causes dans les organes.
Ses successeurs ont multiplié les tirades, les portraits, etc.
Peu nous importent les descriptions plus ou moins réussies de cette femme qui ressemble à un portrait de Rubens : ce que nous cherchons en elle, comme dans son amant, c’est l’étincelle divine, la notion morale, et elle n’est pas plus dans l’une que dans l’autre.
Comment, par exemple, ne pas gémir de voir une nation éclairée, et qui compte parmi ses critiques les Pope et les Addison, de la voir s’extasier sur le portrait de l’apothicaire dans Roméo et Juliette. […] Cela rappelle l’éloquent sophiste dont M. de La Harpe a fait un portrait admirable. […] Non seulement, elle en réprime l’énergie dangereuse et les ennoblit par des motifs plus purs, mais elle les élève, par la règle même quelle leur impose, à une hauteur encore plus héroïque qui assure la prééminence des caractères que nous admirons dans nos histoires modernes. » On peut appliquer ici pour jugement à l’auteur la comparaison qui suit immédiatement ce morceau, aussi bien pensé que bien écrit : « C’est ainsi que dans les ouvrages immortels auxquels nous sommes toujours ramenés par un attrait inépuisable, on reconnaît l’expression d’une belle imagination, soumise à une raison forte et sévère, mais enrichie de ses privations mêmes, et qui venant à se déclarer par intervalles, atteste toute la grandeur de la conquête. » Le reste de la vie de Rollin est rempli par ces petits détails qui plaisaient tant à Plutarque, et qui lui faisaient dire : « Comme les peintres qui font des portraits, cherchent surtout la ressemblance dans les traits du visage, et particulièrement dans les yeux où éclatent les signes les plus sensibles des mœurs et du naturel, il faut qu’on me permette de rechercher dans l’âme les principaux traits, afin qu’en les rassemblant je fasse de la vie des grands hommes un portrait vivant et animé56. » On nous saura gré de citer en entier le mouvement oratoire par lequel l’auteur termine son ouvrage : « Louis XVI, frappé d’une renommée si touchante, a acquitté ce que nous devions à la mémoire de Rollin : il a élevé son nom jusqu’aux noms les plus fameux, en ordonnant qu’on lui dressât une statue au milieu des Bossuet et des Turenne. […] Si l’on trouvait ce portrait de l’erreur dans les Caractères de La Bruyère, on le remarquerait peut-être. […] Pour faire un portrait aussi fidèle, il ne suffisait pas d’avoir le modèle sous les yeux ; il fallait encore posséder, dans un degré éminent, le talent du peintre.
La réalité n’est jamais inférieure au portrait pour celui qui sait recréer la réalité et interpréter le portrait.
Ainsi, dès la dixième page, je me heurte à cette phrase, qui serait impie si elle n’était absurde : « Grandet… songeait que cette pauvre créature (une servante) pourrait un jour comparaître devant Dieu, plus chaste que ne l’était la vierge Marie elle-même. » Dans le portrait d’Eugénie, dont il veut faire un type d’angélique pureté, une sorte de madone à demi voilée dans l’ombre de la vie domestique, on rencontre quelques-unes de ces échappées de matérialisme plastique qui deviendront plus tard sa manie. […] La duchesse de Langeais fut une des plus chatoyantes figures de cette galerie où M. de Balzac a prétendu mettre les derniers portraits de nos dernières grandes dames. […] Mais la constante émanation de son âme sur les siens, cette essence nourrissante, épandue à flots comme le soleil émet sa lumière ; mais sa nature intime, son attitude aux heures sereines, sa résignation aux heures nuageuses ; tous ces tournoiements de la vie, où le caractère se déploie, tiennent comme les effets du ciel à des circonstances inattendues et fugitives qui ne se ressemblent entre elles que par le fond d’où elles se détachent, et dont la peinture sera nécessairement mêlée aux événements de cette histoire. » — Quant à lady Arabelle, son portrait est d’un trop haut ragoût pour qu’une longue citation soit possible. […] Il y a, comme cela, une cinquantaine de portraits de grands prêtres, tous de la même force et frappants de ressemblance : tous ces mages, Scarron, Rabelais, Lucrèce, Aristophane et consorts, sont, d’après M. […] Voici cette belle page ; elle donnera une idée de ce style nerveux, concis, où la lumière et le jour éclairent des profondeurs au lieu de faire chatoyer des surfaces : « Quand je considère cette nation elle-même, je la trouve plus extraordinaire qu’aucun des événements de son histoire, En a-t-il jamais paru sur la terre une seule qui fût si remplie de contrastes et si extrême dans chacun de ses actes, plus conduite par des sensations, moins par des principes ; faisant ainsi toujours plus mal ou mieux qu’on ne s’y attendait, tantôt au-dessous du niveau commun de l’humanité, tantôt fort au-dessus ; un peuple tellement inaltérable dans ses principaux instincts, qu’on le reconnaît encore dans des portraits qui ont été faits de lui il y a deux ou trois mille ans, et en même temps tellement mobile dans ses pensées journalières et dans ses goûts, qu’il finit par se devenir un spectacle inattendu à lui-même, et demeure souvent aussi surpris que les étrangers à la vue de ce qu’il vient de faire ; le plus casanier et le plus routinier de tous quand on l’abandonne à lui-même, et, lorsque une fois on l’a arraché malgré lui à son logis et à ses habitudes, prêt à pousser jusqu’au bout du monde et à tout oser ; indocile par tempérament, et s’accommodant mieux toutefois de l’empire arbitraire et même violent d’un prince que du gouvernement régulier et libre des principaux citoyens ; aujourd’hui l’ennemi déclaré de toute obéissance, demain mettant à servir une sorte de passion que les nations les mieux douées pour la servitude ne peuvent atteindre ; conduit par un fil tant que personne ne résiste, ingouvernable dès que l’exemple de la résistance est donné quelque part ; trompant toujours ainsi ses maîtres, qui le craignent trop ou trop peu ; jamais si libre qu’il faille désespérer de l’asservir, ni si asservi qu’il ne puisse encore briser le joug ; apte à tout, mais n’excellant que dans la guerre ; adorateur du hasard, de la force, du succès, de l’éclat et du bruit, plus que de la vraie gloire ; plus capable d’héroïsme que de vertu, de génie que de bon sens, propre à concevoir d’immenses desseins plutôt qu’à parachever de grandes entreprises ; la plus brillante et la plus dangereuse des nations de l’Europe, la mieux faite pour y devenir tout à tour un objet d’admiration, de haine, de pitié, de terreur, mais jamais d’indifférence ?
Il y avait au seizième siècle une coutume charmante : les faiseurs d’odes et de sonnets manquaient rarement de faire placer à la première page de leur livre le portrait de la belle personne en l’honneur de laquelle ils avaient rimé leurs sonnets et leurs odes. […] Si ceux que l’on appelait alors les Fantaisistes avaient voulu se conformer à la coutume de la Renaissance, je crois, en vérité, que, pour les portraits, ce n’est pas les modèles qui eussent fait défaut ! […] Toute son âme, avec ses rêves de sublimités ou ses appétits de bassesses, avec ses amours et ses haines, il la met dans le portrait qu’il croit faire, et ce portrait, toujours, tient beaucoup plus du peintre que du modèle.
Si donc, à cette époque, on s’était contenté de marquer le moyen âge de traits généraux, ceux-ci auraient conservé le privilège de nous le rendre à peu près tel que nous pouvons encore le concevoir aujourd’hui ; mais ce sont les traits particuliers qui ont gâté le portrait et lui donnent maintenant un certain air de caricature. […] On devait donc avoir grand soin de ne pas feuilleter les gravures de modes, les journaux illustrés, mais de s’inspirer de portraits, de bustes, de gravures, c’est-à-dire, en un mot, d’œuvres d’art. […] Au deuxième acte du Misanthrope, dans la scène des portraits, Célimène occupe le centre optique ; mais au dénouement, au cinquième acte, c’est Alceste qui prend cette place, tandis que Célimène est à gauche, correspondant au groupe de Philinte et d’Eliante qui occupe la droite. […] Ce n’est plus le portrait à l’huile, peint largement, qui doit la flamme de la vie au tempérament de l’artiste : c’est l’implacable photographie qui fouille les rides, exagère les défauts et grossit les plus charmants détails. […] En un mot, un drame ne se profile jamais ici-bas sur un fond neutre, semblable à ces fonds gris sur lesquels les peintres enlèvent vigoureusement un portrait, mais sur des tableaux animés eux-mêmes, sur des lambeaux d’histoire humaine et sociale qui sont souvent le commentaire le plus éloquent du drame, soit qu’ils expliquent la fatalité d’un acte par l’influence du milieu traversé, soit que par contraste ils en accusent plus fortement l’horreur.
En même temps, par ses portraits de M.
Un dogme n’est rien par lui-même ; voyez les gens qui l’ont fait, tel portrait du seizième siècle, la roide et énergique figure d’un archevêque ou d’un martyr anglais.
c’étaient de bons moments, monsieur, et puis je lui répondais ensuite sur tout ce qu’il me demandait de mon pauvre et beau Hyeronimo, le vrai portrait en force de sa cousine en grâce : comme quoi sa taille dépassait de la main la tête de la jeune fille, comme quoi ses cheveux moins bouclés étaient noirs comme les ailes de nos corneilles sur la première neige ; comme quoi son front était plus large et plus haut, ses joues plus pâles et plus bronzées par le soleil ; ses yeux aussi fendus, mais plus pensifs sous ses sourcils ; sa bouche plus grave, quoique aussi douce ; son menton plus carré et plus garni de duvet ; son cou, ses épaules, sa taille plus formés.
» Aujourd’hui les magazines répandent dans tous les milieux les noms et les portraits des actrices et l’analyse des pièces ; il en est de même des modes nouvelles : dans le moindre village, on a vu des coiffures à la grecque et des robes entravées.
« Une des premières règles, dit Voltaire, est de peindre les héros connus tels qu’ils sont ou plutôt tels que le public les imagine47. » C’est en vertu de cette règle que nous refusons de reconnaître Mahomet, Cicéron, César, aux portraits défigurés que Voltaire en a tracés.
Ce doit être un portrait que cette tête charmante, pleine de compassion ingénue et de sainte bonté.
* * * — Dans ce roman des « Frères Bendigo » ( Les Frères Zemganno), il y a quelques chapitres que j’écris avec le portrait de mon frère devant moi, il me semble que ça porte bonheur à mon travail !
Poe se marie ; et les circonstances lui ayant ainsi permis d’augmenter le rayon de ses souffrances, voici les désastres qui reviennent et se suivent, que chassé de ville en ville et de rédaction en rédaction, restant besoigneux, lent à travailler, querelleur, aigri, affolé par le spectacle de la maladie qui minait sa femme, semblait l’abandonner et la ressaisissait, il se jeta dans le vice qui consomma sa ruine, se mit à boire les redoutables liqueurs que l’on débite en Amérique, ces délabrants mélanges d’alcool, d’aromates et de glace ; et toujours luttant contre sa tentation et toujours succombant, reportant l’amour enfantin qui purifiait sa pauvre âme, de sa femme morte à sa belle-mère, quêtant un peu de sympathie auprès de toutes les femmes qu’il trouvait sur un chemin et ne recevant qu’une sorte de pitié timide, ayant tenté de se suicider pour une déconvenue de cette espèce, atteint enfin de la peur de la bête pourchassée, du délire des persécutions, multipliant ses dernières ivresses qui le menaient de chute en chute à la mort, — il en vint, l’homme en qui se résumaient la beauté, la pensée, la force masculine, à avoir cette face de vieille femme hagarde et blanche que nous montre un dernier portrait, cette face creusée, tuméfiée, striée de toutes les rides de la douleur et de la raison chancelante, où sur des yeux caves, meurtris, tristes et lointains, trône, seul trait indéformé, le front magnifique, haut et dur, derrière lequel son âme s’éteignait.
Il faut ou créer ou traduire », rien de pire en effet qu’un portrait qui n’est pas ressemblant.
C’est peut-être elle que Molière a visée dans le personnage de Philaminte, qui est aussi scientifique que littéraire, et c’est elle que, certainement a visée Boileau dans le portrait de la femme savante de la Satire sur les femmes.
Il y a, par exemple, contre Saint-Just et contre Marat, quelques traits qui sont des portraits en quelques traits ; mais ce n’est que dans la dernière page de ce livre robuste que nous retrouvons pleinement l’écrivain qui s’était si fièrement comprimé et étouffé jusque-là.
Moins érudit, moins pédant dans la forme, le digne prêtre languedocien serait un pendant au portrait du recteur de Vallfogona. […] Ce portrait fait comprendre quel était l’intérêt de la séance du 8 mars ; et pourtant je n’ai pas tout dit. […] C’est le travail de son frère Ernest dans la Revue Nouvelle : c’est le portrait que trace de lui Edmondo de Amicis, et qu’a traduit une vaillante feuille parisienne, La Revue Littéraire et Artistique. […] Buet n’eût pas écrit le portrait étrangement idéalisé que l’on va lire et dans lequel l’original ne se fût jamais, entendez-vous bien ? […] En vain, on lui représente que ses enfants sont son vivant portrait.
Le hasard joue toujours un certain rôle dans les relations sociales et dans les recueils d’essais ou de portraits littéraires. […] Si cette jeune fille savait regarder et voir, elle reconnaitrait son portrait dans tous les portails de nos églises gothiques, car elle est l’incarnation de notre style, de notre art, de notre France… » Et Rodin va, enivré d’une émotion sacrée, de Nevers au Mans, d’Amiens à Reims, de Laon à Chartres, — Chartres, la merveille des merveilles ! […] Car les Portraits imaginaires de Pater ne sont pas au fond autre chose que de la critique. […] « Un homme de lettres dans toute l’acception du terme, impressionnable, impatient, irritable… Une âme d’artiste, aux vives réactions féminines, entièrement dominée par ses mouvements intérieurs, par les influences du dehors, par les suggestions de toute nature qui viennent traverser ou aider ses desseins » : voilà, semble-t-il, un portrait de Schiller, assez exact. […] Mais quoi de plus curieux, de plus touchant et finalement de plus vrai que ses points de vue divers sur Jean-Jacques, ses retouches au portrait qu’il en trace, ou plutôt ces portraits successifs selon l’heure et la lumière, comme dans une série de Claude Monet ?
Il est impossible de mieux ressembler à un très vieux et très vénérable portrait de famille. […] Maubant est toujours le plus respectable des portraits de famille. […] Huit portraits satiriques défilent, puis une dissertation en règle. […] Apparemment ; et nous savons en effet que les portraits et les dissertations sur l’amour étaient fort à la mode en ce temps-là. […] Elle a de l’esprit, elle est médisante et elle le montre un peu longuement dans la scène des portraits.
Amarante, dans le Portrait du peintre de Boursault, considère le discours d’Arnolphe comme une parodie du sermon et cette parodie comme une impiété : Au seul mot de sermon, nous devons du respect, C’est une vérité qu’on ne peut contredire. […] Bien entendu, la comédie devant être une représentation de la vie et, par conséquent, nous faire plus souvent des portraits du mal que du bien, nous admettrions que les créatures vraiment bonnes ne fussent, chez Molière, que des exceptions reposantes et rassurantes. […] Ces highlanders qui pénètrent dans les maisons pour châtier les femmes adultères sont des gens bien mal élevés ; et cette petite lady Dora qui, après son retour à la vertu, garde à son cou le médaillon qui contient le portrait de son amant et un de ses billets doux, est une personne bien inconséquente. […] ………………………………………………………… Je comprends à présent, portraits des vieux ancêtres, Qui tous avez haï les tyrans et les traîtres, Pourquoi vous me suiviez d’un regard courroucé, Lorsque, enfant, devant vous, si souvent j’ai passé ! […] Regards des vieux portraits, flammes sous les vieux heaumes, Ô Torelli, c’étaient vos illustres fantômes, Qui, du pays des morts chassés par la douleur, Venaient maudire en moi l’intrus et le voleur !
Arvède Barine nous a donné le portrait dans la collection des Grands écrivains français. […] C’était bien le genre de talent qui manquait le plus à M. de Lescure… Si maintenant on était curieux d’un supplément d’informations, et, pour s’assurer de l’entière vérité du portrait, si l’on voulait plus de documents qu’un tout petit cadre n’en pouvait contenir ou utiliser, alors il faudrait consulter la consciencieuse et volumineuse Étude de M. […] Il faut que madame Boisguilbert fasse pour lui son portrait : « Je suis grande, et, comme vous paraissiez le croire, une blonde aux yeux bleus… Je ne suis nullement jolie… Le soleil a bruni mon teint, et en outre j’ai eu quatre enfants… » Mais elle lui parle d’une de ses nièces. […] La rapidité n’en a plus rien de romantique : peu de portraits, peu de descriptions, à peine quelques dissertations ; mais des faits, des sentiments ; et les personnages presque uniquement caractérisés par leurs discours ou par leurs actions. […] C’est qu’on ne peint pas un portrait comme on brosse un décor de théâtre ; mais quand surtout c’est l’âme qu’on y veut faire parler, il y faut je ne sais quelle exécution moins matérielle en ses moyens, la lucidité dans la complication, et la transparence dans la profondeur.
Il s’est rabattu sur le réel, sur les personnages historiques, mais ses portraits des Origines sont composés en somme comme son Étienne Mayran. […] « Or, un jour, une veuve de trente ans… » Ce Touriri, qui avait vers 1889 la figure d’Ernest Renan, voici que, pareil à ce portrait de l’artiste que les sculpteurs allemands mettaient au pied d’une chaire à prêcher quand ils l’avaient achevée, M. […] Giraudoux se verra peut-être dans son atelier comme Rembrandt entre ses portraits de lui-même, les uns proches de lui, et les autres si étrangement loin, se confondant avec un aspect de la lumière ou une idée du modelé. […] Il semble bien, d’après ses préfaces et ses appendices, que Constant n’ait prétendu nous offrir à travers une demi-fiction que son propre portrait, celui d’un homme « qui n’a suivi aucune route fixe, rempli aucune carrière utile », ayant « consumé ses facultés sans autre direction que le caprice, sans autre force que l’irritation ». […] Et il n’y a que cette façon pour l’artiste d’aborder le génie, ou même tout simplement d’aborder le portrait de l’intellectuel : le considérer non en lui-même, mais dans ses rapports avec les hommes.
Sans ce portrait de poète moderne, il n’y aurait pas grand-chose à glaner dans Modeste Mignon ; mais ce nous est encore une preuve de l’attention toute spéciale que la critique doit porter aux œuvres de M. de Balzac ; il n’est production si imparfaite sortie de sa plume, qui ne contienne çà et là quelques perles, et le roman que nous examinons, bien pauvre, bien faiblement conçu, possède pourtant le caractère de Canalis. […] Mais rien que pour le portrait du poète de l’école angélique, nous recommanderions volontiers la lecture du dernier livre de l’auteur d’Eugénie Grandet.
Je passe au panorama de Stevens, qui m’a demandé à retoucher mon portrait, et qui, me faisant remarquer qu’il m’a représenté, dominant le groupe naturaliste, me dit : « Ça embête des gens, mais j’ai voulu vous mettre là, comme le papa ! » À propos du portrait de Baudelaire, Stevens me raconte, qu’il l’avait vu à sa première perte de mémoire, au retour de chez un marchand, chez lequel il avait acheté quelque chose, et à qui, dans le premier moment, il n’avait pu donner son nom, et il ajouta que la désolation du pauvre diable faisait peine.
Scène II LES MÊMES et, lumineuse toutefois, l’Ombre de MISTRAL farandolant sur un merveilleux portrait du Comte (par Whistler). […] Scène III LES MÊMES ; puis, d’un exquis portrait de Sarah Bernhardt surgit, tel le génie familier du Comte, LA MUSE DES POÈTES.
Galton (Revue scientifique, 13 juillet 1878 et 6 septembre 1879), il résulterait que l’image générique obtenue par la fusion optique de plusieurs images particulières serait plus belle que les images composantes ; ainsi la beauté de Cléopâtre, méconnaissable dans chacun des portraits que nous possédons de la reine d’Egypte, revivrait dans la moyenne, optiquement réalisée, de ces portraits ; la femme, obtenue par le même procédé, serait plus belle que toutes les femmes ; l’idéal serait donc une moyenne.
* * * L’exquise gravité alanguie du portrait de Mme Panckoucke, cette grâce finie…, on dirait une source appuyée à tous les bords de sa vasque. […] Dans les portraits ce n’est pas quelque surprise d’attitude qu’inscrit Cézanne, mais l’ardente grandeur du repos. […] — Dans tous les portraits de Madame Cézanne je lis l’ineffable confiance de la lassitude. […] En achevant ce portrait d’André Gide, je sens que je n’ai pas réduit les hostilités dont j’avais entrepris de le défaire.
Les pommettes saillantes, les joues en plan droit, les lèvres fortes… — mais vais-je tenter un portrait ? […] Je transcris deux petits poèmes pour l’exemple : Chère, si quelque jour je faisais ton portrait, Quand j’aurais tendrement dessiné chaque trait, N’ayant pas pour fixer le rose de ta joue Le blond de tes cheveux où du soleil se joue Les cernes de tes yeux, d’assez fines couleurs, J’irais vite au jardin attraper sur les fleurs Qu’ils chiffonnent en leur contant des turlutaines Tous les beaux papillons aux mobiles antennes, Et je pourrais alors colorer mon croquis Ayant, avec le choix des tons les plus exquis, Dans chaque papillon, deux palettes : ses ailes, Et grave, je prendrais avec le doigt sur elles De l’or, du blanc, du bleu, du bistre et du rosé Comme un peintre qui prend du pastel écrasé. […] dira-t-on de Vénus, et quant à Jupiter, il a… … dans son allure, bien qu’il reste De marbre par la pose encore et la blancheur, Je ne sais quoi qui sent son antique marcheur… J’aime mieux le pittoresque portrait de Morphée : Un petit vieux paraît, rythmant sa marche avec Le bruit d’un grain qui sonne au creux d’un pavot sec Les situations les plus embarrassées Il les dénoue à coups de papavéracées… Ceci le prouve : de l’ancien Rostand, il ne reste plus que la verve, verve médiocre, et que le goût du jeu, jeu brillant, jeu lassant. […] Sainte-Beuve a consacré deux études successives (décembre 1829 et janvier 1830) à Racine dans ses Portraits littéraires.
Des dieux auxquels on a cessé de croire, des héros dont les exploits et les amours sont des fables, des mœurs dont les descriptions nous semblent des inventions étranges du poète au lieu du portrait ressemblant de la civilisation que nous avons sous les yeux, tout cela intéresse peu le vulgaire des lecteurs ; le savant seul s’y plaît, mais la foule se détourne et court aux légendes et aux complaintes des chanteurs de rues ; de là un triste abaissement du niveau de l’imagination du peuple.
Effacer ce portrait pour quelques mécontentements de courtisan, pour une inconstance de cœur ou pour un scrupule de critique, n’était pas seulement une offense au poème, c’était une offense gratuite au cœur de Léonora, innocente des sévérités de son frère.
Les chambres, les salons, les terrasses, les paons qui venaient comme des chiens ailés becqueter les vitres quand on nous ouvrait les fenêtres, les hirondelles qui se préparaient à partir et qui voltigeaient autour du toit comme pour faire leurs adieux à leur demeure ; enfin, les belles peintures que madame de Lamartine et votre nièce ont prodiguées dans les appartements, les portraits chéris de votre fille qui sortent partout des murailles comme pour vous appeler à la revoir dans un autre monde… Nous ne pouvions penser à enregistrer tout dans nos souvenirs ; mes filles prenaient des notes en silence, moi je priais tout bas pour les habitants absents de ce lieu où l’on a tant aimé et tant souffert.
Les six conjurés ne pouvaient nier le complot, car ils s’étaient fait peindre tous les six dans un tableau régicide avec cette devise écrite au bas de leurs portraits : « Nos périls communs sont le nœud de notre amitié !
Essayons de le devancer en présentant ici un portrait véridique du philosophe français.
La Bruyère, qui l’a bien senti, ajoute à l’excellent portrait qu’il en a tracé : « Corneille élève, étonne, maîtrise. » Quand Descartes définit l’admiration « une subite surprise de l’âme qui fait qu’elle se porte à considérer avec attention les objets qui lui semblent rares et extraordinaires34 », ne semble-t-il pas définir l’impression que nous recevons, soit de la représentation, soit de la lecture des pièces de Corneille ?
L’intelligente et facile princesse, envers qui il ne convient pas d’être plus sévère que ne le fut celui qui eut le droit de l’être le plus, s’y entoura de tous les beaux esprits du temps, et le Petit Olympe d’Issy de Michel Bouteroue 13 est le tableau de cette cour, à laquelle ne manqua ni la gaieté ni l’esprit : Je veux d’un excellent ouvrage, Dedans un portrait racourcy, Représenter le païsage Du petit Olympe d’Issy, Pourveu que la grande princesse, La perle et fleur de l’univers, A qui cest ouvrage s’addresse Veuille favoriser mes vers.
Des Epigrammes, des Réflexions, des Portraits, des Altérations de faits…..
Y paraissent des auteurs comme Ezra Pound (qui contribuera à Action) ou Joyce (célébré longuement par Fels dans le n° 6) qui y prépublie Portrait de l’artiste en jeune homme.
Elle vaut mieux pour lui et pour sa ressemblance que l’ignoble portrait de Courbet.
Ce n’était pas les portraits de deux ou trois comédiennes connues, et qui, mêlées dans un ensemble brouillé et confus, restent dans un vague anonyme.
Sans doute c’est un art qui exagère et pourtant on le définit très mal quand on lui assigne pour but une exagération, car il y a des caricatures plus ressemblantes que des portraits, des caricatures où l’exagération est à peine sensible, et inversement on peut exagérer à outrance sans obtenir un véritable effet de caricature.
que si je me suis voué à la photographie, ce n’est pas pour faire tout simplement les portraits de ceux-ci et de ceux-là ? […] Vous vous souviendriez aussi de l’étrange tristesse répandue sur son visage dans le beau portrait attribué à Sébastien Bourdon, et comme, en dépit de la perruque, Molière a bien « une tête d’aujourd’hui ». […] Un soir, elle vient le voir secrètement dans sa loge, à Drury-Lane ; elle lui donne son portrait, et a le tort d’oublier son éventail. — Un instant après, Kean reçoit la visite de son ami le prince de Galles. […] Edmond Kean, voyez-vous, est un grand diseur de vérités, et devant qui les princes et les lords n’ont qu’à bien se tenir… Au dernier acte, Eléna de Kœfeld, effrayée par l’algarade de Drury-Lane, vient redemander à Kean son portrait. […] La scène représente un intérieur bourgeois de petite ville, un salon cossu, net et ciré, avec le portrait de Léon XIII au-dessus du piano et, sur la cheminée, le buste du comte de Chambord.
Il n’y a pas un trait de vérité concrète et vivante dans le portrait de la lieutenante criminelle Tardieu ; Onuphre et Cydias sont des généralisations vagues ; Néron est le tyran de lieu commun, Joad le prêtre en général, et Phèdre l’adultère par abstraction. […] La nature, féconde en bizarres portraits, Dans chaque âme est marquée à de différents traits. […] Et remarquez que nous sommes tellement individualistes que, vous qui me lisez, vous ne laissez pas de vous reconnaître un peu en ce portrait, et que, moi qui écris ceci, j’ai terriblement peur qu’il ne me ressemble. […] C’est tout à fait la méthode (instinctive) de Théophile Gautier critique : faire d’un auteur aimé un portrait, et d’une œuvre chérie un tableau à la plume, qui donne, plus ramassée, la sensation que produit l’artiste lui-même. […] Vacherot, qui, tout simplement, contient deux très justes portraits des deux amis inséparables tant qu’ils vécurent tous les deux, inséparables dans nos souvenirs.
Ce qui est certain, c’est qu’il a oublié d’en profiter pour caractériser quelques parties du talent de Vigny, et qu’elles font défaut au portrait qu’il nous en a tracé. […] Paléologue, et pour achever le portrait, j’aurais mis ce qu’il n’a point dit de Grandeur et servitude militaire. […] C’est celle de savoir si, de l’œuvre d’un poète ou d’un romancier, nous avons le droit d’extraire, en quelque sorte ce que nous en aimons ou ce que nous y trouvons de supérieur ; s’il nous est permis d’oublier dans quel fatras souvent quelques rares inspirations sont pour ainsi dire étouffées ; et dessinant ou peignant un « portrait littéraire », si nous n’y ferons entrer que ce qui loue notre modèle, mais rien de ce qui pourrait nuire à la fausse ressemblance que nous en donnons ainsi. […] Si c’est un mérite à un portrait que d’être ressemblant, qui ne sait que c’en est le moindre ? […] C’est la liberté qu’on accorde aux peintres de genre ou de portraits, les plus libres assurément de tous, qu’on ne rend point responsables de la laideur ou de la vulgarité de leurs modèles, ou encore, selon le mot bien connu, qui nous plaisent et qui nous enchantent par la peinture de choses dont nous n’admirons point, dont nous n’aimons point, dont nous pouvons au besoin haïr quelquefois les originaux.
Plutarque en a éternisé le souvenir dans une lettre de consolation qu’il écrivit à sa femme, et où respirent cette vérité et cette simplicité de douleur qui sied si bien aux esprits les plus élevés ; il trace un portrait des vertus d’une épouse et d’une mère, en y mêlant cette teinte de mœurs antiques et ces allusions poétiques qui donnent un si grand attrait à la lecture de ses écrits. […] « L’amour est mon péché52 », dit-il quelque part, comme aurait pu dire Molière ; et, à côté d’un portrait de femme, délicat et charmant, il fait dans quelques vers de tels reproches à celle qu’il aime, qu’on doit supposer que, s’il obtint quelques faveurs de grande dame, il eut à rougir de plus d’un choix indigne de lui. […] Le personnage de Miranda appartient à cette galerie de portraits féminins si heureusement dessinés par Shakspeare ; mais cette innocence native, nourrie dans la solitude, le distingue et l’embellit. […] Un livre attribué à Charles Ier, et publié sous le titre de Portrait du roi, avait redoublé l’indignation publique contre le parlement et le tribunal régicide. […] Quel que soit le peu d’intérêt qui s’attache à tant d’autres êtres fantastiques, dont Milton crayonne des portraits arbitraires, la plupart de ces portraits, comme types d’une passion ou d’un vice, sont d’admirables allégories ; et, malgré les deux vers de Boileau qui s’appliquent si bien à Milton : Et quel objet enfin à présenter aux yeux, Que le diable toujours hurlant contre les cieux !
IV Ainsi naquit ce théâtre ; théâtre unique dans l’histoire comme le moment admirable et passager d’où il est sorti, œuvre et portrait de ce jeune monde, aussi naturel, aussi effréné et aussi tragique que lui. […] Bianca, croyant Césario ruiné, vient s’offrir à lui comme épouse, et, apprenant qu’il n’en est rien, renonce à lui à l’instant sans une plainte. « Ne m’aimez plus ; je prierai pour vous afin que vous ayez une femme vertueuse et belle, et quand je serai morte, pensez à moi quelquefois, avec un peu de pitié pour ma témérité… J’accepte votre baiser, c’est un cadeau de noces sur une tombe de vierge91. » La duchesse de Brachiano est trahie, insultée par son mari infidèle ; pour le soustraire à la vengeance de sa famille, elle prend sur elle la faute de la rupture, joue exprès la mégère, et, le laissant libre avec sa courtisane, va mourir en embrassant son portrait. — Aréthusa se laisse blesser par Philaster, arrête les gens qui veulent retenir le bras du meurtrier, déclare qu’il n’a rien fait, que ce n’est pas lui, prie pour lui, l’aime en dépit de tout, jusqu’au bout, comme si toutes ses actions étaient sacrées, comme s’il avait droit de vie et de mort sur elle. — Ordella s’offre afin que le roi son mari puisse avoir des enfants92 ; elle s’offre au sacrifice, simplement, sans grands mots, tout entière93 ; quoi que ce soit ; « pourvu que ce soit honnête, elle est prête à tout hasarder et à tout souffrir. » — Lorsqu’on la loue de son héroïsme, elle répond qu’elle fait « simplement son devoir. — Mais ce sacrifice est terrible !
* * * Bien que, dans une régénération littéraire, on puisse noter des natures très diverses et des tempéraments fort différents, il existe entre eux je ne sais quel air de famille, comme dans ces galeries de tableaux où l’on a réuni plusieurs portraits d’un même règne ou d’une même époque. […] Ce que nous montre Proudhon, c’est donc, à mon avis, bien moins la psychologie de Napoléon que, dans sa terrifiante réalité et dans son horreur barbare, le portrait de l’homme de guerre moderne, de celui que M.
Donc, je regardais, hier, dans une revue américaine, les portraits des nouveaux membres de la municipalité de New York et je constatais à mon grand étonnement que les deux tiers de ces Américains éminents portent la moustache. […] Il est à peine besoin d’écrire sous un portrait du passé des années précises.
On veut rencontrer l’homme partout ; et on ne s’intéresse point à des portraits chimériques, qui ne ressemblent à rien de ce qu’on connaît. […] S’il est peint avec force et vérité, il aura toujours, comme certains portraits, le mérite de la peinture, lors même qu’on ne sera plus en état de juger de la ressemblance.
Lanson pour tracer un portrait en pied du grand évêque. […] Vainement encore, en 1838, un Allemand, Louis Feuerbach — dont la trace n’est pas effacée dans l’histoire de l’hégélianisme, — a donné de Bayle un portrait où respire quelque chose de l’agrément très singulier, de la vivacité, de la mobilité, de l’air d’audace aussi de son modèle. […] Le portrait serait moins vivant. […] Cependant, je voudrais bien savoir ce qu’elle répondrait aux faits suivants : « Un portrait percé de plusieurs coups de couteau par la jalousie d’une femme qu’elle a quittée pour s’attacher à Mme de Nantiat, autre femme du dernier dérèglement… Cette femme, logée chez elle, est l’objet de ses adorations continuelles en présence même de ses valets ; … « Les jurements exécrables proférés au jeu, et les discours infâmes tenus à table ; … « Des chansons dissolues chantées à toutes les heures du jour et de la nuit ; … « Sa conversation audacieuse avec M. le curé de Saint-Cosme, aussi éloignée de la pudeur que de la religion ; … « J’ajouterai que Mme de Murat et ses complices sont tellement redoutées dans leur quartier que personne n’ose s’exposer à leur vengeance… » Et le mari, demandera-t-on, que faisait-il pendant ce temps-là ? […] Mais Mme de Mérignac était plus ferme en ses idées ; et non seulement nous lui devons le portrait de Bayle, qu’elle fit graver, et la grande édition de ses Œuvres, dont elle prépara les matériaux ; mais tout donne à croire qu’à ces services littéraires elle ajouta l’hommage d’une pensée déjà détachée de toute croyance positive, mûre pour le déisme, et conforme au plus strict enseignement du maître.
On devrait imprimer son portrait avec sa consultation autour, colorié dans le goût d’Epinal. […] Son portrait se voyait partout, aux devantures des épiceries comme des cabarets : sur l’un, il avait l’air d’un vieillard coléreux et dyspeptique ; sur d’autres, une bouche énorme et lippue étalait le sourire d’une brute contente ; ou bien, c’était la face inquiétante d’un fou radieux ; ou bien encore, une tête de cadavre à longs cheveux pleureurs, avec des yeux caves orientés vers le zénith. […] Pour des sommes variant de cinq cents à deux mille francs, on acquérait les titres de fondateur, fondateur principal, fondateur insigne ; on dessous de ce tarif, on avait droit aux appellations minimes de donateur ou de zélateur ; au-dessus, le brevet de bienfaiteur était décerné ; on vous offrait par-dessus le marché l’inscription de votre nom sur une plaque de marbre « et au Livre des Elus » ; enfin le portrait « à l’huile » de tout bienfaiteur était suspendu dans la salle de réunion du Conseil. […] » Chacune a fait son propre portrait.
Ainsi vécut, ainsi composa le « grand et malheureux Molière », comme l’appelait toujours le duc d’Aumale, quand il montrait à ses visiteurs de Chantilly le portrait par Mignard qui nous conserve cette physionomie si humaine. […] Il le dit du moins dans une de ses lettres : « Vu que Julien est un coquin, et que c’est mon portrait, Mme *** se brouille avec moi. […] Le sombre symbole sévillan est devenu un portrait psychologique, — à la Française. […] Comparez à l’un et à l’autre le portrait à l’eau-forte que Vallès, dans son terrible Jacques Vingtras, nous a laissé de son père, à lui, le paysan devenu petit fonctionnaire.
Voilà les douces retraites, disons mieux, les demeures enchantées qui préservent votre ami des influences de l’automne. » Voilà comment il ajuste son propre portrait dans ce cadre rustique de sa vie à l’âge où la sagesse l’y confine.
Dès ses débuts, parmi la rhétorique insincère du romantisme flamboyant, une puissance originale apparaissait : il donnait un paysage soigneusement encadré, un coin de banlieue, un jour de pluie ; il copiait une naïade du parc de Versailles, un vieux portrait au pastel782 .
Son évangile est celui dont la lecture a le plus de charme ; car à l’incomparable beauté du fond commun, il ajoute une part d’artifice et de composition qui augmente singulièrement l’effet du portrait, sans nuire gravement à sa vérité.
Il décide de devenir un peintre wagnérien et il réalise deux portraits de Wagner en 1883.
Il est aussi différent de déterminer le caractère d’un peuple et de raconter son histoire, que de faire le portrait d’un homme et de tracer sa biographie.
Sifflé un vieux paquet de ficelles dont le portrait de mon père, les gants de ma fille, le domino de madame, le mari qui manque le train, sont les bouts les moins roussis et les moins usés !
On lui apporte le portrait de Sacountala, peinte au milieu de ses compagnes dans les jardins de l’ermitage.
L’embryon demeure ainsi comme une sorte de portrait, conservé par la nature, de l’état ancien et moins modifié de chaque animal.
Les espèces et groupes d’espèces, qu’on nomme aberrants, et qu’on pourrait appeler des fossiles vivants, nous aideront à ressusciter le portrait des anciennes formes de la vie.
Son seul malheur est de n’avoir pas encore trouvé ou inventé, comme Balzac ou madame Sand, un de ces vastes sujets humains où l’écrivain, réunissant à un centre commun tous les fils de son imagination, compose un tableau qui saisit tout l’homme, au lieu de faire des portraits à bordures trop étroites. […] Ajoutons enfin, pour terminer ces deux portraits, que Pierre était de sept ou huit ans plus âgé que Boris.
Tandis que, pour la plupart des anciens psychologues, l’image était une sorte de fantôme sans siège déterminé, existant « dans l’âme », différant de la perception non en degré, mais eu nature, lui ressemblant « tout au plus comme un portrait ressemble à l’original » ; pour la psychologie physiologique, entre la perception et l’image, il y a identité de nature, identité de siège et seulement différence de degré. […] Elle paraît très analogue au procédé connu par lequel Galton, eu superposant plusieurs photographies, obtient le portrait composite d’une famille, c’est-à-dire l’accumulation des ressemblances et l’élimination des petites différences : mais prétendre, comme on l’a fait, que ce procédé explique la formation des idées générales, est une thèse insoutenable ; il n’en explique que le plus bas degré, ne pouvant agir que sur de grosses ressemblances Ces images génériques renferment-elles un élément moteur ?
Il y a apparence qu’aucun de ces deux portraits ne ressemble bien. […] L’histoire les représente en détail ; elle raconte les actions de tels et de tels hommes qui ont eu le plus de part aux événemens célébres ; mais elle ne s’embarasse pas de faire convenir ces actions entr’elles ; elle n’est responsable que de la vérité, quelque bizarre qu’elle puisse être : elle allie sans dissimulation dans la même personne, la sagesse et l’imprudence, la timidité et la valeur, l’injustice et la probité : et c’est par ces portraits fidéles d’originaux qui ont existé, qu’elle donne la connoissance générale de l’homme, en faisant voir dans les exemples particuliers le bien et le mal dont toute l’espece est capable.
Le portrait achevé s’explique par la physionomie du modèle, par la nature de l’artiste, par les couleurs délayées sur la palette ; mais, même avec la connaissance de ce qui l’explique, personne, pas même l’artiste, n’eût pu prévoir exactement ce que serait le portrait, car le prédire eût été le produire avant qu’il fût produit, hypothèse absurde qui se détruit elle-même.
Écoutons ensemble si vous voulez : Voyez-vous comme la tirade sur les ruelles, comme la conversation sur les portraits, les impromptus, l’histoire romaine mise en madrigaux, etc., paraissent froids ; le public ne rit que du bout des dents. […] Et qu’on ne me dise pas que ce n’était point là le portrait de l’abbé Cotin. […] Quel joli portrait M.
Il resterait peut-être à varier, à égayer décemment ce portrait, de quelques-unes de ces naïvetés nombreuses et bien connues qui composent, autour du nom de l’illustre savant, une sorte de légende courante, comme les bons mots malicieux autour du nom de M. de Talleyrand : M.
Thiers le juge sévèrement, mais avec justice ; c’est un des portraits les plus vrais et le plus vigoureusement historique de son tableau.
Son talent, sa gaieté, sa figure faisaient de lui l’idole des jeunes compagnons de Brutus ; les historiens font un charmant portrait de ce général enjoué, qui riait de tout, même de la mort.
… Son portrait du sage ou du vertueux n’est pas moins admirable de définition et de style.
Cette munificence acquit à mes yeux un triple prix parce qu’elle me fut transmise par madame Récamier, femme digne de cette société avec les illustrations de Londres, de Paris et de Rome, et qui m’a légué elle-même un souvenir immortel, le beau portrait de notre ami commun le duc Matthieu de Montmorency.
La nature flamande de sa carnation rappelait les portraits de Rubens plus que ceux des belles Italiennes du moyen âge ; son corps s’était alourdi par la chair ; ses joues, encore fraîches, donnaient trop de largeur à sa figure ; mais l’éclat tempéré de ses beaux yeux bleus et le sourire très affectueux de ses lèvres faisaient souvenir de l’attrait qu’ils devaient avoir à quinze ans.
Marie-Joseph Chénier, quand il fait le portrait de Tibère, prend pour modèle un empereur qui n’est pas romain.
Haydn fut et resta un serviteur princier, forcé à se soucier pour la distraction d’un seigneur ami de l’éclat… Il demeura toujours soumis et dévoué, et conserva, jusque sa vieillesse, la paix d’une âme sereine et bienveillante : seuls, dans son portrait, les yeux sont comme remplis d’une douce mélancolie.
Fantin-Latour, contempler deux choses — splendides, il est vrai — : une symphonie de couleurs sombres (le livret dit : un Portrait), par M.
Ce n’est plus le récit, c’est le drame ; ce n’est plus la draperie, c’est le nu ; ce n’est plus le portrait, c’est l’homme ; l’homme avec tous ses traits vivants, calqués sur les beautés comme sur les difformités de sa nature ; la photographie du siècle ; un roi, une cour, des flatteurs, des courtisans, des ambitieux, des hypocrites, des hommes de bien, des méchants, des femmes, des pontifes, une nation tout entière saisie au passage dans son mouvement le plus accéléré, et reproduite, non pas seulement par l’art, mais par la passion.