Mérimée voulut refaire, en la variant, — on n’ose pas dire en la nuançant, — la grandiose figure de Mathilde de la Môle du Rouge et Noir, de Stendhal ; — de Stendhal, qu’il imita toujours et dont il avait beaucoup de choses, mais dont il n’eut jamais ce que j’estime le plus en Stendhal : l’aperçu et le piquant d’idées.
En vain l’a-t-il fait aussi, comme Christian, victime de l’absence d’éducation morale, cette plaie du siècle, et le ramène-t-il à l’ordre et à la vraie destinée par le sentiment paternel, comme il y a ramené Christian par l’amour ; en vain la scène du verre de champagne accepté, qui l’introduit dans le roman, est-elle charmante et attendrie, ce personnage de Chambornay nuit plus qu’il ne sert au développement du livre, et, avec le talent mâle, sobre et qui se ménage si peu de l’auteur, avec ce talent qui sait revenir si courageusement sur lui-même pour s’opérer de ses propres mains, on est étonné qu’il n’ait pas sacrifié et remplacé cette figure selon nous malvenue à travers toutes les autres qui le sontsi bien.
Ce mort est horrible, et rien ne peut faire un contraste plus singulier avec ce cadavre, cadavérique entre tous, que les hautes, longues, maigres ou rotondes figures, grotesquement graves, de tous ces docteurs britanniques, chargées de monstrueuses perruques à rouleaux.
L’autre déesse a une figure pleine de majesté et de charmes.
« Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu faire la magnificence et la piété pour honorer un héros ; des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus, des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant, et rien enfin ne manque dans tous ces honneurs que celui à qui on les rend.
Ou bien, crois-tu, Démiphon, que ma vieille figure aura maintenant plus de charmes pour lui ? […] Tu te figures bien, n’est-ce pas ? […] Saisissez-vous, dans ce dernier vers, le retour du symbole concret à la réalité invisible dont il était la figure, et comme cette figure et cette réalité s’engendrent et se ramènent naturellement l’une l’autre ? […] Ou plutôt, le père Goriot n’est plus que la figure symbolique de la paternité. Cette figure vit pourtant.
Je ne parle pas du Neveu de Rameau, qui n’est qu’une figure mise debout, dans un dialogue de deux personnes, avec cette verve qu’avait parfois Diderot, cet esprit sanguin et nerveux, — nerveux jusqu’à la danse de Saint-Guy et sanguin jusqu’à l’apoplexie, — ni des Bijoux indiscrets, cette polissonnerie sans esprit qui rappelle le Sopha, cette autre polissonnerie, et qui met Diderot au-dessous même du fils Crébillon. […] Il ressemblait à ces fontaines qui dégorgent incessamment et puissamment une eau violente par la bouche de quelque figure de lion rugissante, et toute oreille était pour lui une vasque qu’il inondait et qu’il remplissait, ce déclamateur, improvisateur, prédicateur, — car, chose étrange ! […] Dans ses livres nous avons vu Diderot, l’apôtre du matérialisme, enseignant la philosophie la plus abjecte du haut de ses ambitieuses théories et des grands mots sur lesquels il exhausse sa pensée, et dans la Correspondance nous le voyons de plain-pied, sans cothurne, — car ce païen en portait un dans ses écrits, — au coin du feu, en souliers plats ou en pantoufles, rabâchant, remâchant les idées de ses livres, sans leur plaquer le masque de ces grandes images qui ressemblaient au masque du comédien antique, lequel doublait l’effet qu’il produisait par sa figure agrandie. […] Je ne me figure pas qu’il eût poussé l’originalité jusqu’à dire du mal de son auteur.
Madame sourit dans son mouchoir, — tandis que son mari s’approche de son hôte très-intrigué, et lui dit tout bas à l’oreille deux mots qui lui mettent un pied de rouge sur la figure. […] Chacun d’eux ayant épuisé la somme d’arguments que lui fournissait son droit, après un bruyant échange de propos, les gestes remplacèrent le discours, et les parties commencèrent un échange de projectiles : — Si tu ne te tais pas, disait une voix d’homme, je te lance le flambeau à la figure. […] « J’ai reçu le coup de poing », me disait un jour en se frappant la poitrine un ouvrier dont l’imagination venait d’être vivement frappée par un grand spectacle. — Cette figure brutale rend parfaitement la nature de l’étonnement que m’a causé la vue de cette ville, où le gigantesque paraît se multiplier lui-même. […] Figure-toi la Cité des Mystères de Paris restituée par un architecte ami du sombre et de la malpropreté. […] En dehors des cinq ou six grandes figures tragiques qu’elle avait fidèlement restituées, elle a peu favorisé le théâtre contemporain, non par crainte d’impuissance, mais par sympathie, peut-être par reconnaissance pour les vieux poëtes, auxquels elle réservait de préférence ses souffles les plus puissants.
Elle prit en horreur les leçons de son pédagogue Deschartres, dont elle a immortalisé plus tard la figure, les vanités, les ridicules et la rude honnêteté ; elle se révolta, elle tourna à l’enfant terrible. […] Aurore passait pour une riche héritière, d’assez belle figure et d’un caractère gai, quand elle n’était pas en contact avec les emportements et les irritations de sa mère, qui avaient le privilège de la rendre affreusement triste. […] De grâce, arrêtons-nous sur le seuil du temple avant que Spartacus n’arrive pour clore l’histoire, et que toutes les figures plus ou moins touchantes du roman ne disparaissent dans les brumes d’un symbolisme universel. […] Les figures aimées, qu’on y rencontre avec tant de plaisir, dans les intervalles de la thèse qui déclame, peuplent encore notre imagination et sont comme le charme immortel de notre souvenir. […] Et ainsi l’âme, en retrouvant la figure humaine, se détend de la grandeur trop austère que lui imposent les cimes et les torrents.
L’oiseau, roi chronologique de la création, est demeuré jusqu’ici, et malgré ses perfectionnements, un animal ; la série des oiseaux ne semble pas, pour l’intelligence, supérieure à la série des mammifères, où l’homme figure à titre d’inexplicable exception. […] On ne se figure pas mieux un homme muet, qu’un chien muet, qu’un pinson muet. […] L’homme se figure être libre et tire de cette illusion de la joie et de la fierté. […] Il faut refaire la figure, mais d’abord couper la main malhabile, afin de parer à de futures erreurs. […] On vit un officier, admis dans la chambre de l’homme de Dieu, s’agenouiller devant lui, baiser la putréfaction de ses pieds, se vautrer dans l’ordure amassée vers les coins, se frotter la figure avec le drap du lit, gratter sur le pavé la sainte crasse, la respirer avec délices, l’enfermer en un sachet.
Voyez-vous le roi Louis XVI, avec son rire de gros fermier en goguette, avec sa figure débonnaire qui fait dire à un archevêque ce mot cruel : « L’heureux masque ! […] Je le vois encore avec sa figure émaciée de Christ souffrant, sa barbe de lin embroussaillée, sa chevelure de guerrier Franc, prodiguer à plein cœur les bons conseils, les paroles hautes et réconfortantes, les encouragements et les services délicats. […] C’est qu’à côté d’eux se dessinent, en traits plus nets et plus variés, une foule de figures féminines, caressées avec une prédilection visible par le pinceau du peintre. […] Pour quelle raison l’histoire ne figure-t-elle que dans la Faculté des lettres ? […] Je ne me charge pas d’expliquer par quel tour il peut être à la fois qualifié d’athée et de « conservateur en toutes choses » ; mais je me figure tout de même que, s’il avait été plus conservateur en matière religieuse, beaucoup de ses détracteurs et M.
Renan a revêtu de différentes formes, c’est lui qu’il nous a dépeint sous la figure de ses héros favoris. […] Pour compléter le portrait de l’homme idéal, il faudrait emprunter encore quelques traits à certaines figures que M. […] C’est ce trait de sa physionomie qui devait aller en s’accentuant : plus tard, une légère calvitie élargit encore son front, derrière lequel se dressèrent des touffes de cheveux rebelles, presque hérissés ; les yeux, pénétrants et froids, s’enfoncèrent sous des sourcils épais ; des rides labourèrent la figure, et le pli des lèvres, amincies sur la bouche édentée, devint dur, presque cruel. […] — Voilà, me dira un lecteur du Journal des Débats et de la Revue bleue, un Lemaître assez différent de celui qu’on m’a toujours décrit et que je me figure, moi qui le lis pourtant avec grand plaisir. […] Ils exécutent cette figure de rhétorique, dont j’ai oublié le nom, qui consiste à prendre la partie pour le tout, et qui, lorsqu’on la transporte ainsi hors du domaine de la grammaire, conduit à de dangereuses erreurs.
On a là un fort bel et fort distinct épisode de la vie féodale dans les premiers siècles : une scène de famille d’abord, dans le grand salon du château ; un départ pour un lointain voyage, d’après un vague désir, sur une idée brute et simple de chasseur en quête d’un merveilleux exploit, d’un monstrueux sanglier ; — une chasse en pleine forêt ; une grande et noble figure de gentilhomme, de franc homme, séparé de sa suite, debout sous un arbre, le pied sur sa bête tuée, son cheval à ses côtés, ses chiens couchés devant lui, son cor d’ivoire au col, et là se défendant contre une bande de gens de rien enhardis par l’espoir du butin et d’une riche proie. […] Pour mesurer toute l’étendue de la chute depuis le haut moyen âge jusqu’au dernier tiers du xve siècle, on n’a qu’à se rappeler le point de départ, cette noble figure du Lohérain Bégon le balafré, debout, adossé à son arbre et le pied sur son sanglier tué, entouré de ses chiens, défendant sa vie contre de misérables forestiers ; et, comme pendant, cet autre Lorrain manqué, le bon René, se promenant à Aix dans sa cheminée pour se réchauffer au soleil, — dans sa cheminée, c’est-à-dire sur un étroit parapet exposé au midi et abrité de tous les autres côtés (aprici senes). — Voilà le contraste, et il ne saurait être plus frappant, entre la force adulte et virile de ce puissant régime féodal et son extrême caducité et sénilité.
L’ensemble de sa figure, vue de loin et éclairée d’en haut, avait de l’éclat et de la force, mais du désordre. […] C’était le contraire de la figure de Robespierre, convergente et concentrée comme un système : l’une, méditation constante ; l’autre, explosion continue.
La cloche sonne, le prêtre s’agenouille, le matelot se découvre, toutes les figures se rassérènent, toutes les conversations se taisent : c’est à l’invisible Infini qu’on va parler. […] Le tambour de la coupole (la partie cylindrique) est percé de seize fenêtres ; c’est à travers ces fenêtres qu’en se promenant au Pincio on aperçoit quelquefois le soleil qui se couche. » XVI Depuis la base des piliers jusqu’à la cime de cinq cents pieds de la coupole, abîme de vide, les murailles élèvent avec elles jusqu’au faîte le miracle de tous les arts : chapelles, tombeaux, figures, peintures, mosaïques, balustrades de marbres précieux, symbole du crucifié, anges qui l’assistent sur la terre ou qui le reçoivent dans son éternité.
Ils dansaient ainsi de joie, pour danser, sans se douter seulement que le malheur les épiait sous la figure de ce capitaine des sbires et de ses amis, en habits noirs, derrière les arbres. […] J’allais y chercher le bon Dieu et j’y ai trouvé le diable sous la figure d’un ange.
me dit-il en me serrant les mains et en les élevant dans les siennes vers la voûte du cachot, je le veux bien ; tu es mon père et ma mère sous la figure de ma sœur, mais tu es bien plus encore, car tu es moi aussi, et plus que moi, ajouta-t-il, car je me donnerais mille fois moi-même pour te sauver une goutte de tes yeux seulement. […] … CCXXX Cette idée parut l’enlever d’avance à la nuit du cachot et le transporter tout éblouissant d’espérance au ciel ; je crus voir dans sa figure rayonnante un de ces anges Raphaël du cloître de Pise, qui éclairent, de la lumière de leur visage et de leurs habits, la nuit de la Nativité à Bethléem.
Hippolyte Valmore ; et « c’est un beau trait de caractère, qui achève d’ennoblir une belle figure. » Soit ; mais, si Valmore savait tout, j’ai beaucoup de peine à m’expliquer les faux-fuyants par lesquels Marceline répondait à ses accès de jalousie. […] … Si l’on vous livrait la correspondance intime de quelque femme de lettres d’aujourd’hui (et je la suppose indulgente) adonnée à la fréquentation des grands hommes, pensez-vous que nos contemporains célèbres y fissent tous aussi bonne figure et aussi immaculée ?
Quand je le vois ajouter ainsi ou retrancher, sur des conseils que lui apporte le courrier du matin, sacrifier à d’Argental un trait, allonger une tirade pour Cideville, improviser pour madame du Châtelet un effet de scène, je me figure un peintre, au milieu d’amis invités à voir sa nouvelle toile, qui, debout, devant son tableau, la palette en main, ferait des retouches à toute réquisition. […] A mesure que je m’éloigne des défauts, les beautés m’apparaissent, et, dans ce lointain où je les regarde une dernière fois, il me semble voir un monde ingénieux de personnages brillants, animés, éloquents, et au-dessus de toutes ces figures, dont plus d’une est indécise, une tête charmante et immortelle, Zaïre, et une tête sacrée, que les anciens appelaient l’épouse et la mère, Mérope.
-Pierre, comment M. de Chateaubriand, la plus grande figure littéraire de notre temps, se sont-ils placés tout d’un coup à côté d’eux ? […] Il est temps de dire un mot du style, cette qualité sans laquelle les ouvrages sont comme s’ils n’étaient pas ; on se figure assez généralement parmi les gens du monde, qu’écrire sa langue avec correction et avoir du style, sont une seule et même chose.
Alors ils auraient pu, avec toute leur science, trouver la raison de la filiation des langues et des transformations des mots lorsqu’ils passent d’une langue dans une autre ; ils auraient pu, après avoir remarqué que le son de la voix est un trait physiognomonique très important dans l’homme, peut-être le plus important de tous ; ils auraient pu, dis-je, remarquer combien est caractéristique aussi l’accent qui signale les peuples divers et qui anime leurs langues ; ils auraient pu remarquer qu’il y a des familles et des nations distinguées par l’analogie des sons de la voix comme par celle des lignes de la figure, ou des couleurs de la peau et par les habitudes des cheveux. […] Il faut d’abord supposer que les hommes ont subsisté, pendant un assez long espace de temps, privés du bienfait d’un langage organisé : ce furent de simples interjections, des cris, des onomatopées ; les signes des mains, l’expression de la figure, aidaient à l’intelligence de ces émissions de la voix.
pas que Flaubert, qui n’a pas une goutte du sang de Rabelais dans les veines, osât aborder par le côté bouffon, pour en rire insolemment un peu, la grande figure mortifiée de l’anachorète égyptien. […] Après le vigoureux hoquet panthéiste à travers lequel saint Antoine s’écrie qu’il « voudrait se mêler à tout, voler, nager, aboyer, beugler, hurler, souffler de la fumée, avoir une carapace, porter une trompe, s’émanier avec les odeurs, couler comme l’eau, se développer comme la plante, briller comme la lumière, pénétrer les atomes, Être la matière » , tout à coup, on ne sait pourquoi, le ciel se découvre dans les nuages d’or, « et on voit dans le disque même du soleil la figure rayonnante de Jésus-Christ ».
La courtisane Impéria dans toutes ses effigies, l’évêque de Coire, le cardinal de Raguse, le François Ier de La Mye du Roy, l’hôtelier des Trois Barbeaux, le moine Amador, le sire Julien de Boys-Bourredon, si mélancoliquement beau de regards et surtout de bouche, sont des portraits pensés et qui honorent autant l’intelligence que la main Mais dans cette longue galerie il y a aussi des figures manquées, ou répétées, ce qui est bien pis ; car la puissance trahie n’est pas de l’impuissance, tandis que la stérilité est bien plus qu’un malheur : c’est une misère. […] C’est ainsi que, dans ce roman sublime, Le Succube, quand il veut exprimer la dévorante séduction de cette Goule des cœurs, qui les suçait avec un simple regard jusque dans le fond de la poitrine, il figure cette puissance du regard par un rayon qui ressemble à un effet de soleil entrant par une porte ouverte et terminé par une griffe énorme… Un tel symbolisme est grossier et parfaitement indigne de l’artiste qui, dans Le Frère d’armes, a trouvé les deux yeux vivants du portrait, luisant si bien dans les ténèbres, et tirant, de leur expression seule, tout ce qu’ils ont de terrible et de merveilleux !
Mais étendons notre vue et songeons un peu à ce qu’a été la poésie lyrique moderne, en Angleterre, de Kirke White à Keats et à Tennyson en passant par Byron et les lakistes, — en Allemagne, de Burger à Uhlandet à Ruckert en passant par Goethe, — et demandons-nous quelle figure nous ferions, nous et notre littérature, dans cette comparaison avec tant de richesses étrangères modernes, si nous n’avions pas eu notre poésie, cette même école poétique tant raillée.
L’histoire seule a désormais à en profiter, et encore la seule histoire du monastère dont la mère Agnès a été sinon une grande, du moins une aimable figure.
Pareille faveur fut accordée à la Restauration : elle aura, en effet, sa seconde édition, — revue, augmentée et développée, très illustrée à coup sûr et très embellie, ornée de toutes sortes d’images et de figures brillantes, — mais, au fond et en définitive, une édition nullement corrigée74.
Le style s’y anime et se rehausse de figures ; on croirait lire deux chapitres de considérations de Montesquieu s’appliquant à notre histoire.
Je voudrais bien établir et déterminer en traits précis cette figure sympathique du jeune général, sans lui faire tort et sans la surfaire.
Je me figure que si le livre de M. de Musset s’arrêtait à cet endroit, si sa Confession expirait, en quelque sorte, en s’exhalant dans cet hymne triomphal et tendre, il aurait bien plus fait pour le but qu’il semble s’être proposé que par tout ce qu’il a mis ensuite.
Marmontel, La Harpe pourtant eurent des éclairs heureux ; ce dernier particulièrement, au début de son Cours de Littérature, institua avec noblesse, avec éloquence, la majestueuse figure d’Homère ; il disserta de l’Iliade surtout et de son ordonnance, de son effet d’ensemble, en des termes judicieux et sentis qu’il est bon de rappeler aujourd’hui qu’on est si aisément ingrat pour ce critique plus qu’à demi détrôné.
L’auteur, on le conçoit, prend occasion du récit de Simiane pour juger la première moitié du xviiie siècle et en retracer les principales figures ; aussi, dans le récit de Simiane, sent-on par trop fauteur de nos jours.
Partout ailleurs que devant vous, Messieurs, je pourrais craindre qu’on ne m’accusât d’avoir changé l’idée de Larroumet, d’avoir ôté à sa figure le brillant, la séduction de l’esprit, de la belle humeur, de la sociabilité, de la vivacité amusante, de lui avoir donné trop de sérieux et d’application grave.
C’est un critique nationaliste qui s’effare, au nom de la patrie, que nos grands Français aient été des hommes et soient peints comme tels, avec leurs travers et leurs petitesses, et qui nous somme de sacrifier l’histoire vraie au mensonge religieux que sa naïveté lui figure essentiel à l’honneur de son pays.
Les livres agissent de deux manières sur les mœurs : ou bien ils posent des modèles à suivre, ils imaginent des types dont l’imitation est conseillée, ce sont les livres des moralisateurs ; ou bien ils décrivent, sans arrière-pensée, des anecdotes et des figures contemporaines, véridiques ou de fiction, c’est-à-dire de combinaison, ce sont les livres des moralistes, qui agissent parce qu’ils font voir clair.
Sa ténacité laborieuse et son intrépide désintéressement méritent tout au moins le respect… Nous n’étions pas encore remis de la secousse nerveuse, de l’ébranlement que donnent les beaux vers, lorsque la porte s’ouvrit timidement, laissant se profiler dans la pénombre une figure fiévreuse et inquiète.
Je le dis franchement, je ne me figure pas comment on rebâtira, sans les anciens rêves, les assises d’une vie noble et heureuse.
Théophile Gautier l’a décrit avec amour48 : « Ce nez invraisemblable se prélasse dans une figure de trois quarts, dont il couvre entièrement le petit côté ; il forme sur le milieu une montagne qui me paraît devoir être, après l’Himalaya, la plus haute montagne du monde ; puis il se précipite vers la bouche qu’il obombre largement, comme une trompe de tapir, ou un rostre d’oiseau de proie ; tout à fait à l’extrémité, il est séparé en deux portions… Cela fait comme deux nez distincts, dans une même face, ce qui est trop pour la coutume… » Les gens de lettres sont alors riches en particularités comiques du même genre.
Je me figure et c’est peut-être une illusion ridicule, que jamais on n’eut autant besoin de se parler en France ni ailleurs, qu’à cette époque.
C’est en vain qu’on altérera sa figure, que l’on exigera de lui un rôle national, social et humain.
Installé à Paris à partir de 1860, il entre à la rédaction du Temps, puis devient une figure importante de la vie intellectuelle française protestante, comme en témoignent ces lignes combatives de Zola, publiées dans Le Figaro en 1881 : « c’est notre République surtout qui est menacée d’une invasion de protestants.
Se figure-t-on un aveugle de bonne volonté ?
On voit par les figures des masques antiques qui sont dans les anciens manuscrits, dans les médailles, dans les ruines du théatre de Marcellus et de plusieurs autres monumens, que l’ouverture de leur bouche étoit excessive.
Le très perspicace Vinel, qui a parlé si hautement et si profondément de Pascal, est très frappé de ce fait : l’antithèse, dit-il « est la figure tout intellectuelle que Pascal emploie de prédilection, si ce n’est même exclusivement, Et l’un de mes auditeurs me faisait observer, l’autre jour, que les antithèses, chez Pascal, se redoublent et s’entrecroisent, opposant plusieurs mots à plusieurs mots, la phrase à la phrase, et souvent une série à la série inverse, avec la plus attentive exactitude.
Sans doute, dans tous les ouvrages de Bossuet, l’esprit resterait étonné par un style vif, énergique et pittoresque ; par la grandeur des images et la hardiesse des figures ; par ce quelque chose de rude et de heurté d’un fier génie pour qui la faible langue des hommes est une condescendance de la pensée, car le feu de sa pensée, à lui, s’allume dans une sphère plus élevée.
Si la figure de Buloz revient à travers cet article, tant pis !
Qu’il nous donne donc de l’histoire, mais de l’histoire vivante, et non plus de l’histoire morte, de l’histoire cadavre, que toutes les académies du monde qui se croient des thaumaturges ne sont pas capables de ressusciter ; qu’il nous peigne les figures historiques qu’il rencontre et qu’il juge à travers sa diplomatie.
La première de ces deux vérités, c’est que les hommes avaient peur de lui lorsqu’il se présentait devant eux sous sa vraie figure et qu’il déclinait son nom et ses qualités. […] Don Quichotte est l’expression même de l’esprit de Cervantes, la figure de son talent, la forme visible de son imagination, une des plus étranges qu’il y ait eu au monde. […] En poésie, comme en bien d’autres choses, on peut donc dire en toute vérité que la forme emporte le fond, et que la figure domine la substance. […] Sa conception, d’abord précise et limitée comme une figure géométrique, brise bientôt ces lignes rigides et prend un caractère indéfini et indéterminé. […] Je voudrais avoir la plume de Sterne pour vous faire apercevoir quelques-unes des bizarres figures de ce monde singulier, et pour vous faire pénétrer quelques-uns de ses mystères occultes.
Mais réduite à la figure, et au sens de la figure, elle est profonde et réelle et vraie. […] Il l’aime comme un noble partenaire et il voit en lui sa propre figure. […] Il est une personne, vivante, il a une figure fort caractérisée, et dont les Évangiles nous donnent précisément le portrait. […] Il est permis de dire que l’histoire et la figure de Jésus homme et saint était métaphysiquement incalculable, comme tout ce qui est de l’homme. […] Mais cette figure d’abdication et d’anéantissement d’une race n’est, reportée sur un plan plus gros, et plus grossier, sur le plan économique et civique, que la projection de la commune figure morale et intellectuelle et psychologique et métaphysique.
La figure du perroquet s’est glacée. […] « La douce figure de la femme se rassérène : « — Ah ! […] Jamais je n’oublierai l’expression de sévérité que prit la figure du commandant quand il ajouta, en me mettant la main sur l’épaule : “Vous commanderez un jour, jeune homme ! […] Qu’on se figure l’aspect des démolitions, du percement d’une rue de Paris, et on aura une idée du tableau que présentait le sommet de la brèche. […] C’était à la vérité un jeune homme magnifique de taille, de figure, de chevelure ; son brillant costume de hussard modelait admirablement ses formes à la fois élégantes et fortes.
La vérité est qu’en un espace restreint, la nature se montre en Grèce sous les figures les plus diverses. […] Abel Hermant n’a nullement altéré ni forcé les traits de cette noble figure. […] Rodin lui-même dit de ses chères figures du Mans qu’elles ont « l’aspect archaïque grec dans toute sa force et sa simplicité ». […] La pensée sur le silence éternel figure non dans une copie, mais dans ces deux copies qui offrent toutes garanties d’authenticité. […] est-ce possible, contre un auteur si fameux, qui figure en bonne place, et bon gré mal gré, dans tous les manuels de littérature française ?
La critique se presse respectueusement autour de cette figure si française. […] Examinons donc sans parti pris cette lointaine figure de Chateaubriand que cinquante ans de préjugés ont rendue presque méconnaissable. […] En matière de beaux-arts, ce n’est plus le seizième siècle que nous préférons : nos prédilections vont aux primitifs, à ces peintres d’âme qui ont créé des figures si vivantes. […] Se figure-t-on les sensations inédites que nous donneraient des pêcheurs, des ouvriers, des aréonautes, qui seraient artistes ? […] Figures d’élégie, créatures mélancoliques et raffinées, elles réalisèrent par des souffrances les félicités amoureuses quelles rêvaient dans leur tragique jeunesse.
Notre peur n’est-elle pas celle dont frémissent la petite princesse qui se figure que ses idées bougent autour d’elle et le petit enfant qui a les doigts crispés dans les cheveux d’or de ses sœurs ? […] Si l’on se figure que, cette époque étant proche de nous, les documents sont à portée de notre main, quelle naïve illusion ! […] Symboliste, elle voyait dans la nature la figure des idées ; elle peuplait l’univers d’emblèmes et d’allégories : elle l’en a même un peu encombré. […] La figure est celle d’un drôle d’enfant. […] Je me figure qu’il épilogua là-dessus avec lui-même et, adolescent, fut gêné, fut offensé de voir sa mère qui avait cédé à une tentation d’amour.
Les ornements littéraires proprement dits y abondent : ornements convenus, figures de rhétorique, métaphores, antithèses, allusions d’histoire ou de mythologie. […] A-t-on jamais mieux fait voir l’espèce de possession que nos habitudes prennent de notre figure ? […] Mais, dans l’œuvre de Marivaux, hommes et femmes, tous, tant qu’ils sont, tous leurs succès et toute leur fortune, c’est toujours et uniquement à leur figure qu’ils les doivent. Passe encore pour Marianne ; quoique l’on puisse dire, à notre avis, qu’elle aide un peu trop sa figure, et qu’elle ne s’en sert pas toujours très catholiquement. […] Telle est l’impression que produit, selon la juste comparaison de Sainte-Beuve, la Marianne de Marivaux : aussi maigre, aussi sèche, aussi décharnée qu’une figure anatomique, avec tout ce qu’il faut pour vivre, et rien d’absent que la vie.
Moine d’une espèce nouvelle, qui ferait bonne figure dans un salon : au courant de tout, causant de tout, avec une verve intarissable, il mène grand train la conversation et l’anime de ses saillies. […] La société de Saint-Germain-des-Prés, avec ses figures originales de moines érudits, ne vaudrait-elle pas la peine d’être au moins esquissée en passant ? […] Et cela ne vaut-il pas bien les brillantes figures du Sermon pour l’Épiphanie ? […] La tête doit loger six lobes de cerveau et deux de cervelet ; sa figure doit donc répondre à cette destination. […] Boileau, qui méprise le sac de Scapin et gronde Molière d’avoir fait grimacer ses figures, est-ce un comique fin ou discret qu’il nous donne, quand il veut faire rire ?
On n’a qu’à fermer les yeux pendant une ou deux générations, et, en regardant après devant soi, on n’aperçoit plus qu’une ou deux grandes figures debout de toute leur hauteur. […] Une maternité si complète éclate dans cette ravissante figure qu’on ne sait pas où est le père et qu’on ne s’en inquiète pas. […] Bientôt elle eut quinze ans, Et sa raison brilla d’attraits plus séduisants : Sein voilé, front serein où le calme repose, Sous de beaux cheveux bruns une figure rose.
On a dit : « Il fallait nous montrer les difficultés que trouve l’institutrice devenue duchesse à s’adapter à son nouveau milieu, les fautes qu’elle commet contre le protocole mondain, les luttes qu’elle a à soutenir contre les belles dames du faubourg, etc. » À la bonne heure ; mais c’était sortir du pays bleu, c’était rentrer dans la réalité : et quelle figure eût faite alors l’innocente idylle du commencement ? […] Et je garde un faible pour Paméla, figure facile, mais très bien venue, d’une gentillesse, d’une gaîté, d’une bravoure et d’une sensibilité si « bonnes filles ». […] Là-dessus tombent à la maison Mikils et sa femme, avec des figures bizarres.
Je me figure l’impression d’un spectateur éclairé, revenant de la première représentation d’Andromaque. […] L’ironie même, le dépit, altèrent un moment sa douce figure : Retournez, retournez vers ce sénat auguste, Qui vient vous applaudir de votre cruauté30. […] Cette variété, image de la diversité des caractères et des passions, échappe à plus d’un esprit trop prévenu pour certaines qualités particulières du style, pour la force, par exemple, ou pour l’éclat des figures.
Il déclare la poésie par ses figures audacieuses et ses vers contraire à la raison. […] Ce serait comme un visage derrière une vitre : si nous passons rapides il échappe, mais dès que l’attention fixe notre regard sur les ténèbres, la figure bientôt sort de l’ombre et nous parle. […] « L’idéalisation des figures reproduites par l’art dans toutes les branches de l’art plastique et de la poésie, n’est nullement exclue par le précepte d’observer la vérité. » (Voir Renouvier, Nouvelle Monadologie, p. 320) ; 3º que le principe d’imitation prend plus ou moins d’importance suivant la philosophie de chacun et l’idée qu’on se fait des rapports de la nature à notre nature.
Anatole France a fait figure d’un homme d’extrême gauche. […] Il faut, ce me semble, que la figure de ces lieux n’ait pas été trop radicalement modifiée. […] Ce sont des paysages à figures, comme ceux des peintres de l’école traditionnelle. […] Mais parmi ces vieux terriens il fait un peu figure d’intrus et de parvenu. […] Ces deux ou trois cents dernières pages font figure de simple épilogue.
Une heure avant son mariage, au lieu de passer le temps, comme tant d’autres, à sa toilette ou à de frivoles amusements, elle s’entretient avec de vieux captifs dont la figure n’est pas réjouissante, et qui lui font des contes peu divertissants : elle écoute avec intérêt la prise de Jérusalem, le pillage de Césarée, et comment le sang des chrétiens baigna la Syrie enivrée ; détails pour lesquels le public montre aujourd’hui la plus grande indifférence. […] C’est en cela que Voltaire est inférieur à Fontenelle, qui dans sa coquetterie a de la profondeur, et couvre les pensées les plus fortes d’un vernis de négligence et de familiarité : Voltaire n’emploie l’élégance et l’agrément du style qu’à relever des figures communes et sans physionomie. […] On ne se figure pas à quel point l’habitude d’entendre des vers pleins, un dialogue juste, des sentiments vrais, dégoûte des hémistiches lâches et prosaïques, des faux brillants et du pathétique romanesque. […] Les momeries théâtrales y sont prodiguées jusqu’à la satiété, et l’auteur n’avait plus le vernis dont il savait les couvrir : on le voit qui se bat les flancs pour produire de l’effet ; son charlatanisme est à nu, et dans ce fatras de grands mots et de figures outrées, on cherche en vain la raison, la nature et la vérité. […] On peut s’assurer de la famille et des biens de la personne à qui l’on associe sa destinée : on voit sa figure et son extérieur ; mais son caractère, son humeur, ses qualités, ses défauts, on ne connaît tout cela que lorsqu’il n’est plus temps ; le voile ne se lève qu’après le mariage.
Nulle splendeur, nulle couleur dans son récit : son style est tout à fait nu, jamais de figures ; on peut lire dix mille vers de ces vieux poëmes sans en rencontrer une. […] L’allégorie enveloppe les idées pour leur ôter leur trop grand jour ; des figures idéales, à demi transparentes, flottent autour de l’amant, lumineuses quoique dans un nuage, et le mènent parmi toutes les douceurs des sentiments nuancés jusqu’à la rose dont « la suavité replenist toute la plaine. » Cette délicatesse va si loin que dans Thibaut de Champagne, dans Charles d’Orléans, elle tourne à la mignardise, à la fadeur. […] Le Saxon à la barbe rouge, au teint clair, aux grandes dents blanches, vient s’y asseoir à côté du Normand ; on y voit des franklins, pareils à celui que décrit Chaucer, « sanguin de complexion », libéral et grand mangeur comme ses ancêtres, amateur de repues franches, « chez qui le pain, la bière sont toujours sur la table », dont la maison n’est jamais sans viande cuite au four, chez qui la mangeaille est si plantureuse « que chair et poisson neigent dans son logis », qui « a maintes grasses perdrix en cage, qui a maintes brèmes et maints brochets dans son étang », qui tempête contre son cuisinier, « si la sauce n’est pas piquante et forte », et « dont la table reste à demeure, prête et garnie toute la journée. » C’est un homme important ; il a été shérif, chevalier du comté ; il figure « aux sessions137. […] Il portait à son côté une épée et un bouclier ; c’était un querelleur et un gaillard139. » Voilà les figures athlétiques, les culasses carrées, les façons de taureau joyeux, qu’on trouve encore là-bas, entretenues par le porter et la viande, soutenues par l’habitude des exercices du corps et des coups de poing.
Secondement : elle doit être claire ; et pour cela il faut éviter les transpositions violentes : parce que l’esprit, désorienté par le nouvel arrangement des mots, a peine à les rétablir dans leur ordre naturel : les équivoques ; parce que offrant tout à la fois deux sens à l’esprit, il perd du tems à chercher le véritable : les entassemens d’idées ; parce qu’il y a du travail à les rassembler et à en discerner les raports : la profusion des figures et la supression des mots qu’on laisse sous-entendre ; parce que l’esprit n’aprétie pas bien ensemble un grand nombre de métaphores et qu’il ne suplée pas toujours ce qu’on suprime. […] Qu’on examine leurs scenes les plus pointilleuses, on verra qu’ils ont eu d’abord dans l’esprit le fonds d’un sens raisonable ; mais qu’ils l’ont dédaigné sous sa forme naturelle comme trop ordinaire, et qu’ils se sont efforcés de le révêtir de figures bisares et d’allusions éloignées : de sorte qu’ils ont pris deux peines pour une ; l’une, de penser sensément, et l’autre de masquer ce qu’ils pensoient de judicieux sous le jeu frivole des figures. […] Ces antithèses continues et qui sous de nouvelles figures redisent toujours la même chose, sentent bien plus un poëte qui réve un sonnet, qu’un amant qui exprime sa douleur. […] Il ne m’appartient pas d’apprecier les agrémens ni les difficultés des autres : or en convenant que le goût des vers est naturel à tous les peuples ; ce que je crois vrai, puisque les vers sont nés du chant et que l’on a chanté par tout ; il faut convenir aussi que les différens peuples ne se sont pas rencontrés dans les regles qu’ils s’y sont prescrites ; quelques-uns même se sont passé des vers, et n’ont fait consister la poësie que dans la magnificence et l’audace des figures. […] Cette illusion est d’autant plus dangereuse, que les auteurs tragiques, s’imaginant qu’il faut toûjours de la poësie dans les vers, s’abandonnent mal-à-propos à l’excès des figures, et qu’ils sont enflés et recherchés où ils ne devroient être que d’une simplicité élégante.
Guizot, dans un intervalle de ses mâles et fermes histoires, s’est dit qu’il y avait lieu d’intéresser sans tant d’aventures et de beaux crimes : il a retracé et buriné à la manière hollandaise la figure de lady Russell, ce modèle des grandes veuves, de celles qui restent fidèles à un noble sang généreusement versé et à une vieille cause. […] Renée, pour une prochaine édition, de mieux marquer le contraste de l’une des figures, celle de la princesse de Conti, l’aînée des Martinozzi, avec ses brillantes sœurs et cousines qui aimaient tant le plaisir, le jeu, la folle et spirituelle orgie.
De nos jours je ne me figure pas un La Bruyère. […] Car, pour moi, j’aime beaucoup mieux notre église, qui a différents dessins et des figures dans des niches, que ces colonnes toutes semblables et qui ne signifient rien. » Cette opinion sur le gothique, énoncée en l’an VII par la bouche de Pierre, a-t-elle d’autre portée que celle d’une boutade piquante ?
Un sentiment si grandiose, une divination si compréhensive et si pénétrante, une pensée par laquelle l’homme embrassant l’immensité et la profondeur des choses, dépasse de si loin les bornes ordinaires de sa condition mortelle, ressemble à une illumination ; elle se change aisément en vision, elle n’est jamais loin de l’extase, elle ne peut s’exprimer que par des symboles, elle évoque les figures divines391. […] La raison raisonnante ne concevait pas de pareilles figures ; pour les faire rentrer dans son cadre rectiligne, il fallait les réduire et les refaire ; le Macbeth de Shakespeare devenait celui de Ducis, et le Mahomet du Coran, celui de Voltaire.
vous la distinguerez aisément entre toutes ses compagnes, car il serait difficile de trouver une figure semblable à la sienne. […] Sa figure ovale porte l’empreinte de la paix, de son âme et de la franchise de son caractère ; ses longs cheveux se reploient sur ses tempes en nattes épaisses, retenues au sommet de sa tête par de grosses épingles d’argent ; à son corset est suspendue une robe bleue qui, dans ses plis multipliés, enserre son beau corps.
Elle s’y prit ainsi : la blanchisseuse vint de bonne heure, ce qui lui était déjà arrivé plusieurs fois ; et la reine, suivant ce qui avait été convenu, mit la coiffe de cette femme, se chargea d’un paquet de linge, et se couvrant la figure de son manteau, elle sortit du château et entra dans la barque qui sert à passer le loch. […] Un moment elle releva son voile, et sa figure, où brillait une espérance qui n’était plus de ce monde, parut belle comme au jour de sa jeunesse.
Voltaire disait encore qu’il estimerait moins les Provinciales si elles avaient été écrites après les comédies de Molière : on comprendra ce jugement paradoxal, si l’on regarde avec quelle puissance expressive, quel sens du comique, et quel sûr instinct de la vie, sont dessinées les physionomies des personnages que Pascal introduit ; deux pères jésuites surtout, subtils et naïfs, celui dont l’ample figure occupe la scène de la 5e à la 10e lettre, et celui dont la vive esquisse illumine la 4e Provinciale. […] Pascal étudiera la Bible, fera valoir que seuls les Juifs ont conçu Dieu dignement, établira la vérité des livres saints et du livre de Moïse en particulier, la vérité des miracles de l’Ancien Testament, prouvera la mission de Jésus-Christ par les figures de la Bible et par les prophéties, puis par la personne même, les miracles, les doctrines, la vie du Rédempteur ; enfin il montrera dans la vie et les miracles des Apôtres, dans la composition et le style des Évangiles, dans l’histoire des saints et des martyrs, et dans tout le détail de l’établissement du christianisme, les marques évidentes de la divinité de notre religion.
À la lueur de la révélation qui éclate dans les paroles de Didier, elle voit la vraie figure de son passé et en a honte. […] Charles Baudelaire Quand on se figure ce qu’était la poésie française avant que Victor Hugo apparut, et quel rajeunissement elle a subi depuis qu’il est venu ; quand on s’imagine ce peu qu’elle eût été s’il n’était pas venu, combien de sentiments mystérieux et profonds, qui ont été exprimés, seraient restés muets ; combien d’intelligences il a accouchées, combien d’hommes qui ont rayonné par lui seraient restés obscurs, il est impossible de ne pas le considérer comme un de ces esprits rares et providentiels qui opèrent, dans l’ordre littéraire, le salut de tous, comme d’autres dans l’ordre politique.
A mesure qu’on approche des temps modernes, l’homme qui écrit cesse d’avoir figure d’humble parasite et de mendiant honnête. […] Mais on ne se le figure guère chanoine ou curé, fût-ce de Meudon, et Diderot encore moins.
Mais les Ministres de leur courroux n’ont pas bien secondé leur vengeance ; car, pour parler sans figure, il s’agissoit de faire arrêter mon Livre ; & le succès n’a pas répondu aux démarches que les Valets-protecteurs de la Secte ont faites, dans cette noble intention. […] Si je le tenois, disoit derniérement un Marquis Bel-Esprit-Philosophe, qui n’est brave que contre les gens d’Eglise, & qui figure dans la derniere édition ; si je le tenois, comme je…..
Ainsi, derrière le bourgeois Poirier, elle a placé le bourgeois Verdelet, un honnête et cordial personnage, plein d’indulgence et de sympathie : à côté du gentilhomme étourdi et futile, elle fait ressortir la mâle et sereine figure du duc de Montmeiran, un grand personnage, celui-là, presque un héros, presque un saint. […] On l’a rencontré ce matin, on le rencontrera ce soir, et Gavarni eut signé de son meilleur crayon cette figure d’un tour si moderne et si dégagé.
Avec une habileté de bon aloi on peut, même très jeune, faire figure de bel esprit. […] Giotto a vécu dans une cité plus morne qu’Euripide, mais dans un monde plus gai… La gigantesque figure qui couvre de son ombre l’Evangile s’élève, à tous les points de vue, au-dessus des penseurs de tous les siècles.
Elles viendront se classer dans un genre où figure un type de comique officiellement reconnu. […] D’un côté, en effet, nous voyons qu’il n’y a pas de différence essentielle entre un mot comique et un mot d’esprit, et d’autre part le mot d’esprit, quoique lié à une figure de langage, évoque l’image confuse ou nette d’une scène comique.
Floquet, dans l’abbé Ledieu, tous les éléments nécessaires et tous les traits pour recomposer cette grave et douce figure déjà pleine de rayonnement et de puissance.
Modelon, un de ses neveux du côté maternel, qui a dit très bien de lui : La France a ses Gilbert, il est de leur famille ; et qui se propose, un jour ou l’autre, de faire de ses œuvres une réédition plus complète, précédée d’une étude où tous les détails de sa vie morale intime seront exposés avec fidélité et affection : il est bien, il est convenable de ne laisser aucune ombre sur cette figure poétique la plus caractérisée et la plus intéressante que la Savoie ait produite dans ces derniers temps.
Je suis trop poëte moi-même (quoique je le sois bien peu) pour prétendre dire aucun mal de ce qui n’est qu’une conséquence, après tout, d’une sensibilité plus prompte et plus vive, d’une ambition plus vaste et plus noble que celle que nourrissent d’ordinaire les autres hommes ; mais, encore une fois, on ne se figure pas, même quand on a pu considérer les ambitions et les vanités politiques, ce que sont de près les littéraires.
On mettrait ainsi des physionomies distinctes à des figures qui de loin nous semblent toutes les mêmes, et d’une ennuyeuse monotonie sous le froc.
Il se figure d’ailleurs et il professe que les vraies religions se font toutes seules, d’elles-mêmes, par tout le monde, et qu’on ne les fait pas ; de sorte que ce révélateur, en chaque religion, serait à peu près un être superflu.
Pour la seconde fois, une figure idéale se dégage9 après celle du saint, celle du héros, et le nouveau sentiment, aussi efficace que l’ancien, groupe aussi les hommes en une société stable.
Si les rapports que peuvent avoir les idées entre elles étaient bien limités et bien sensibles, il serait en effet commode de les ranger dans le cadre qu’on a préparé : ce serait comme un jeu de patience, où chaque pièce, par sa dimension, par sa figure, par ses angles rentrants ou sortants, ne peut occuper qu’une place.
Sans cette opposition, plus de sonnet ; et ce qui a fait la fortune de celui-ci, ce ne peut être, nous l’avons vu, la perfection de la forme : c’est qu’il présente deux figures et deux tableaux qui se font pendant, comme ces chromolithographies accouplées dont l’une représente le Départ pour la chasse et l’autre le Retour de la chasse, ou bien le neveu surpris par l’oncle et l’oncle pincé par le neveu.
Je n’ai voulu vous remettre sous les yeux que le côté le plus intéressant de cette mobile et vivante figure de journaliste.
Parmi des affirmations d’idéalisme et de foi catholique ou aristocratique développées avec furie, je vois s’agiter des figures étranges et plus qu’humaines ; mais je vous jure que je ne les sens pas vivre.
; les gladiateurs faisaient bonne figure devant la mort évidente, pour ne pas avouer une faiblesse sous les yeux d’une foule assemblée.
Théodore de Banville Si Gautier a été longtemps méconnu comme poète, c’est qu’en cette qualité il dut soutenir la lutte contre un trop redoutable rival, contre le Théophile Gautier prosateur, qui, vêtu des plus belles étoffes de l’Orient, savait construire les palais, susciter les plus enivrantes féeries, évoquer mille gracieuses figures de femmes, et qui, pareil à la jeune fille du conte, ne pouvait ouvrir ses lèvres sans en laisser tomber des saphirs, des rubis, des topazes, et les lumineuses transparences de mille diamants.
Cette figure populaire, nous n’aurons plus le bonheur de la rencontrer.
Comme il n’y a pas dans ce tableau mystérieux un seul trait dessiné au hasard ; comme tous les mouvements, toutes les attitudes des deux figures qui se partagent la toile sont étudiés avec une sévérité scrupuleuse et inflexible, d’année en année nous découvrons dans cette composition un sens nouveau et plus profond, un sens multiple et variable malgré son évidente unité, qui ne se révèle pas au premier regard, mais qui s’épanouit et s’éclaire à mesure que notre front se dépouille et que notre sang s’attiédit.
On se passionna pour les figures caractérisées que présente l’histoire, et on fut impitoyable pour ceux des contemporains que l’avenir envisagera avec le même intérêt.
La pénitence, dont le baptême était la figure, l’aumône, l’amendement des mœurs 304, étaient pour Jean les grands moyens de préparation aux événements prochains.
Déjà dans Ézéchiel 369, l’être assis sur le trône suprême, bien au-dessus des monstres du char mystérieux, le grand révélateur des visions prophétiques a la figure d’un homme.
L’« Intelligence divine » (Mainyu-Khratú) figure dans les livres zends ; mais elle n’y sert pas de base à une théorie ; elle entre seulement dans quelques invocations.
Il est sûr que l’humanité morale et vertueuse aura sa revanche, qu’un jour le sentiment de l’honnête pauvre homme jugera le monde, et que ce jour-là la figure idéale de Jésus sera la confusion de l’homme frivole qui n’a pas cru à la vertu, de l’homme égoïste qui n’a pas su y atteindre.
On fait trop d’honneur à un but si commun et à des moyens si vulgaires, en leur attribuant cette prodigieuse élévation : c’est aussi méconnaître le pouvoir d’un excellent esprit, d’une âme parfaite, jointe aux charmes de la figure.
Ces trois années n’avaient point altéré cette figure dont le premier aspect n’avait pas été indifférent au roi.
Il se figure lui-même qu’il était, en ces temps éloignés, beaucoup plus libéral et plus voisin du tribun actuel qu’il ne le fut certainement.
Comment la figure de Mme de Sévigné ressort-elle de cette étude ?
Un petit nez délicat et retroussé n’était pas le moindre ornement d’un visage tout aimable… Son esprit était à peu près comme sa figure.
Ses aumônes considérables, son éloquence naturelle, les charmes de sa figure, gagnèrent les imaginations tendres & flexibles.
Je me figure que Thespis, sur l’idée d’Homère, dont on récitait les livres dans la Grèce, crut que des traits de l’histoire ou de la fable, soit sérieux, soit comiques, pourraient amuser les Grecs : il barbouillait même ces acteurs de lie, dit Horace, pour les rendre plus semblables à des satyres ; et il les promenait dans des chariots, d’où il disait souvent des paroles piquantes aux passants : voilà l’origine des tragédies satiriques.
L’auteur des Nièces de Mazarin est un Aristophane historique discret, qui s’arrête à temps, et qui vous enlève une figure sans la faire grimacer jamais.
Ces locutions insolites, ces tours inattendus, cette irruption sauvage de figures inconnues, tout cela, c’est de l’invasion.
Plusieurs figures animaient par leur mouvement cette décoration ; le Génie ardent et les ailes déployées ; une Minerve douce et austère, et qui mêlait le goût à ta fierté ; l’Étude méditant et dans un repos actif, la proportion légère marquée par une des Grâces ; l’âme de Michel-Ange sous l’emblème d’un génie céleste, s’élevant et semblant se perdre et se confondre dans des flots de lumière ; plus loin l’Envie ceinte de serpents, une vipère à la main, voulant vainement exhaler son poison sur la Gloire ; et la Haine enchaînée qui se débattait, qui cherchait, en frémissant, à se relever, et retombait sous ses fers.
En outre, deux grandes figures dominent l’ouvrage : Raphaël et Michel-Ange. […] Maurice Barrès en a fait une figure presque aussi belle. […] Pour moi, je me trouve fort honoré de compter parmi mes contemporains Claudel que je n’ai jamais vu et dont je ne connais pas la figure. […] Narcisse sent que son âme est adorable, mais voudrait en connaître la figure sensible et cherche un miroir. […] Certaines écoles ont pourtant fait assez bonne figure, à commencer par la Pléiade.
Ce n’est que dans un siècle aussi poli, aussi galant que celui de Louis XIV, que le génie poétique a pu dessiner cette figure presque divine de l’Andromaque française, qui semble transporter dans notre littérature moderne les miracles de la sculpture antique. […] Il chanta de même plusieurs autres rôles tragiques sous le masque : les masques d’hommes étaient faits sur le modèle de sa figure, et les masques de femmes ressemblaient au visage de ses maîtresses. […] Corneille aurait pu tracer le caractère de Mithridate ; mais le portrait de Monime n’appartenait qu’au pinceau de Racine ; il n’a point de rival dans l’art de dessiner ces figures angéliques où l’héroïsme de la vertu relève la pudeur, la timidité, la délicatesse ; la plupart de ses héroïnes ont la physionomie céleste des vierges de Raphaël ; leurs traits, leurs proportions offrent toute la noblesse et toute la perfection du style grec. […] Sur le premier plan de cet admirable tableau, on voit Mithridate et Monime, deux figures du style le plus large et le plus noble. […] Comment expliquer l’animosité des femmes contre un bel homme, estimé à la cour, et leur prédilection pour un obscur faquin tel que Pradon, dont la figure était aussi ridicule que les écrits ?
Il faut remarquer, à propos de ce « genre éminemment français », que peut-être en effet les étrangers (à en excepter les Italiens) n’y ont pas réussi du tout ; mais aussi que le nombre est très petit des Français qui y ont fait bonne figure. […] Partout on lui faisait « bonne chère », ce qui veut dire bonne figure et bel accueil. […] Il voit mieux encore, dans une lumière plus vive, dans un ramassé plus énergique, les figures humaines. […] Vous contredisez la Bible. » — Ce sont des « figures », répondait Calvin, « comme toutes les autres formes de parler qui nous décrivent Dieu humainement. » De même la colère » de Dieu. […] Ou se le figure trop poète de cour et toujours tournant autour des grands fauteuils.
Je prendrai comme exemple la figure du baron Hulot, dans la Cousine Bette, de Balzac. […] Aussi, comme Balzac a insisté sur la figure du baron Hulot, comme il l’a analysée avec un soin scrupuleux ! […] D’ailleurs, je veux mettre debout cette haute et sévère figure de Claude Bernard, en face des figures de Victor Hugo et de M. […] Telle est donc la haute figure de Claude Bernard. […] Aussi, les meilleures figures de M.
Ainsi, d’une âpre rêverie sur la mort, se dresse tout à coup l’effrayante figure, et son cri d’appel retentit : Holà hô ! […] » — la princesse Aricie, timide, aux pleurs sanglants, le vieil Ashvérus, avec son air de légende, apparaissent d’abord, figures très caractéristiques que créèrent et dont s’amusèrent les ancêtres. […] Ces grandes figures mystérieuses, le fossoyeur, le forgeron, le cordier, les pêcheurs, s’esquissent sur un fond de pluies, de neiges, et des rafales de vent, soudaines, rendent plus tragique cette image de désolation. […] On dirait qu’elle s’accoude au balcon de sa rêverie et se voit, silhouette grave ou souriante suivant l’heure, emblème surgi du fond obscur d’elle-même, figure de tristesse ou de joie. […] Chacune de ces figures, douée de vie, va et vient suivant le geste de son être, et nous les voyons se grouper avec « leur grâce de passantes parmi les roses ».
t’es sur la mer, une grande figure, qui grimpe au ciel, qui couvre tout. […] Chaque fois qu’un jeu de mots le démange, il faut qu’il nous le jette à la figure. […] Cette humble figure qui penche sa résignation dans une eau sans reflet est empruntée au célèbre tableau de Puvis de Chavannes. […] C’est qu’un nouvel usage les multiplie par eux-mêmes et les charge de richesse. » Les mots ont une âme et une figure. […] La figure du mot détermine la beauté de la forme, ses proportions, son harmonie.
La dame de la poste a vieilli sans changer de figure, les enfants ont grandi ; mais d’autres les ont remplacés qui semblent les mêmes. […] Voyez sa figure !) […] Leloir, très inférieur à lui-même dans le rôle de d’Ordeu, dont on pouvait faire une figure de vingt coudées ; par M. […] Il y a une figure d’évêque missionnaire (qui servira à quelque chose plus tard), fort curieuse, apparemment très vraie et d’une grande beauté noble, simple et un peu rude. […] La figure qu’il s’est faite est, du reste, excellente.
Les trompettes sonnent, les tambours battent, les armures défilent, les armées s’entre-choquent, les gens se poignardent entre eux ou se poignardent eux-mêmes ; les discours ronflent avec des menaces titanesques et des figures lyriques39 ; les rois expirent, tendant leurs voix de basse ; « la mort hagarde, de ses serres rapaces, étreint leur cœur sanglant, et comme une harpie se gorge de leur vie. » Le héros, le grand Tamerlan, assis sur un char que traînent des rois enchaînés, fait brûler les villes, noyer les femmes et les enfants, passer les hommes au fil de l’épée, et à la fin, atteint d’un mal invisible, s’emporte en tirades gigantesques contre les dieux qui le frappent et qu’il voudrait détrôner. […] Il envoie des assassins contre Antonio, et cependant il vient à elle dans l’obscurité avec des paroles affectueuses, semble se réconcilier avec elle et subitement lui montre des figures de cire couvertes de blessures, qu’elle prend pour son mari et ses enfants égorgés. […] VII En face de cette bande tragique aux traits grimaçants, aux fronts d’airain, aux attitudes militantes, est un chœur de figures suaves et timides, tendres par excellence, les plus gracieuses et les plus dignes d’amour qu’il ait été donné à l’homme d’imaginer ; vous les retrouverez, chez Shakspeare, dans Miranda, Juliette, Desdémone, Virginia, Ophélia, Cordélia, Imogène ; mais, elles abondent aussi chez les autres, et c’est le propre de cette race de les avoir fournies, comme c’est le propre de ce théâtre de les avoir représentées. […] » Voilà les touchantes et poétiques figures que ces poëtes mettent dans leurs drames ou à côté de leurs drames, parmi les meurtres, les assassinats, le cliquetis des épées, et les hurlements des tueries, aux prises avec des furieux qui les adorent ou les supplicient, conduites comme eux jusqu’à l’extrémité de leur nature, emportées par leurs tendresses comme ils le sont par leurs violences ; c’est ici le déploiement complet, comme l’opposition parfaite de l’instinct féminin porté jusqu’à l’effusion abandonnée, et de l’âpreté virile portée jusqu’à la roideur meurtrière.
A supposer qu’elle nous soit fournie empiriquement par la vue et le toucher (et Kant ne l’a jamais contesté), elle a ceci de remarquable que l’esprit, spéculant sur elle avec ses seules forces, y découpe a priori des figures dont il déterminera a priori les propriétés : l’expérience, avec laquelle il n’a pas gardé contact, le suit cependant à travers les complications infinies de ses raisonnements et leur donne invariablement raison. […] Certes, si l’on considère l’ordre admirable des mathématiques, l’accord parfait des objets dont elles s’occupent, la logique immanente aux nombres et aux figures, la certitude où nous sommes, quelles que soient la diversité et la complexité de nos raisonnements sur le même sujet, de retomber toujours sur la même conclusion, on hésitera à voir dans des propriétés d’apparence aussi positive un système de négations, l’absence plutôt que la présence d’une réalité vraie. […] Le même mouvement par lequel je trace une figure dans l’espace en engendre les propriétés elles sont visibles et tangibles dans ce mouvement même je sens, je vis dans l’espace le rapport de la définition à ses conséquences, des prémisses à la conclusion. […] Mais lorsque je trace grossièrement sur le sable la base d’un triangle, et que je commence à former les deux angles à la base, je sais d’une manière certaine et je comprends absolument que, si ces deux angles sont égaux, les côtés le seront aussi, la figure pouvant alors se retourner sur elle-même sans que rien s’y trouve changé. je le sais, bien avant d’avoir appris la géométrie.
« Si vous me demandez ce que c’est que le proconchi, je vous répondrai que c’est une langue qui a ses déclinaisons et ses conjugaisons, et qu’on peut apprendre aussi facilement que la langue latine, plus facilement même, puisque c’est une langue vivante qu’on peut posséder en peu de temps en conversant avec les Indiens puristes. » C’est un Espagnol qui parle, et il continue : « Au reste elle est harmonieuse et plus chargée de métaphores et de figures outrées que la nôtre même. […] On tire de ces choses des comparaisons, puis des figures, des métaphores nouvelles. […] Des principales qualités que les contemporains ont admirées dans Balzac. — 1º La pureté de l’élocution : — définition de ce mot et qu’il implique le choix, la propriété et l’agrément des termes. — 2º L’harmonie de la phrase et de la période [Cf. la Préface de Cassagne et le Discours de Godeau sur Malherbe]. — 3º La hardiesse, la justesse et l’abondance des figures. — Si Balzac à cet égard imite les Espagnols ; — et, à ce propos, de l’influence d’Antonio Perez [Cf. […] Les éditions particulières des Contes ou des Fables sont trop nombreuses pour qu’il nous soit possible d’en énumérer ici même les principales, et nous nous bornerons à signaler, pour la beauté de l’illustration, l’édition de 1735-1759, 4 vol. in-fº, pour les Fables, avec les figures d’Oudry ; — et l’édition des Contes dite des Fermiers Généraux, Amsterdam [Paris], 1 vol. in-8º, 1762, avec les figures d’Eisen. […] — Publication des premières Épîtres ; — de l’Art Poétique ; et des premiers chants du Lutrin, 1674. — Le « sieur Despréaux » figure pour la première fois sur la « liste des bienfaits du Roi » en 1676 ; — il est nommé pour « écrire l’histoire du Roi », 1677 ; — et renonce au « métier de poésie ».
Le jeune général se plut à écouter son bavardage et à regarder sa figure extérieure, qui n’était point déplaisante. […] Que nous voici loin de la figure sculpturale, impassible, intangible, où Taine avait voulu fixer les traits de l’Empereur ! […] Il me serait aussi difficile d’en donner une idée exacte que de peindre le sentiment d’orgueil et d’enthousiasme qui, dans ce moment solennel, épanouissait toutes les figures. […] Ces fortes expressions d’un grand poète ne sont point des figures de rhétorique. […] Cette antithèse lui sembla plus saisissante que toutes les figures de rhétorique dont on avait saturé sa jeunesse pensive.
Il ne faut donc pas s’y méprendre : il n’y a pas et il n’y a jamais eu de milieu historique concordant expressément avec ces figures tragiques. […] Dans nos pièces modernes, chaque fois qu’un personnage s’adresse à la divinité, il se tourne vers son image, si celle-ci figure dans la décoration. […] Dans le monde, aussi bien que sur le théâtre, le costume est une partie visible de nous-mêmes ; c’est lui qui, avec notre figure et nos mains, compose notre aspect extérieur. C’est ainsi, les mains et la figure nues, mais couverts de leurs vêtements habituels ou de costumes de circonstance, que se fixent dans notre souvenir toutes les personnes qui appartiennent à notre vie intime, à celle de notre âme. […] Dans les théâtres comiques, on prend résolument le taureau par les cornes, et l’on figure le bal le plus élégant au moyen de six ou huit figurants piètrement habillés.
En vain, ils s’attachent au sol et deviennent cultivateurs en troupes distinctes et en des endroits distincts, enfermés25 dans leur marche avec leur parenté et leurs compagnons, liés entre eux, séparés d’autrui, bornés par des limites sacrées, par des chênes séculaires où ils ont gravé des figures d’oiseaux et de bêtes, par des perches plantées au milieu des marais et dont le violateur est puni de supplices atroces. […] Il ne le figure pas, il le sent ; sa religion est déjà intérieure, comme elle le sera lorsqu’au seizième siècle il rejettera le culte sensible importé de Rome, et consacrera la foi du cœur39. […] Voir les figures et les repas à Hambourg et à Amsterdam.
VI Son nez fin et mince cependant descendait en ligne droite sur sa bouche ; ses lèvres, rarement fermées, avaient le pli habituel d’un sourire en songe ; son menton solide était carrément dessiné ; il portait bien l’ovale, ni trop fermé, ni trop ouvert, de sa figure. […] Il avait une figure sévère très remarquable, un teint fort cuivré, des cheveux gris argentés, et dont quelques mèches, encore noires comme ses sourcils épais, lui donnaient un air dur au premier aspect ; mais un regard pacifique adoucissait cette première impression. […] « Je sais bien que la rareté même de ces hommes inspirés et malheureux semblera prouver contre ce que j’ai écrit. — Sans doute, l’ébauche imparfaite que j’ai tentée de ces natures divines ne peut retracer que quelques traits des grandes figures du passé.
Et sur les paysages de houille et de ténèbres, nous voyons resplendir pour l’éternité la rouge et tragique figure de Souvarine, parmi le chœur innombrable et tumultueux des travailleurs sacrés. […] Ce serait fort compréhensible, car la légende n’enveloppe pas sa figure de cette brume légère et lointaine, grâce à quoi, une infinité de personnages fameux ont acquis de l’attrait, un fabuleux prestige. […] En écrivant la Comédie humaine, rongé par la fièvre qui toujours le dévora, Balzac essayait surtout de guérir sa haine, sa répulsion pour les hommes, en sculptant de hideuses figures et en peignant l’enfer des âmes.
Entre deux personnages qu’unissaient, dans une prodigieuse inégalité extérieure, tant de rapports d’âge, de figure, d’esprit, quand l’accord vint à être troublé, ce fut au plus petit et au plus sensible à en porter la peine. […] C’est par ce trait que se distingue, entre tant de figures imposantes, la figure du grand critique.
Il en est exactement de ces chansonniers de carrefour ce qu’il en est des peintres de caricatures, qui s’étudient à prendre la figure humaine en moquerie et à la traduire en dérision. […] Qu’on se figure jusqu’à quelle ébullition de haine ou de mépris de pareils chants, insaisissables par la loi, trop saisissables par l’allusion, portaient l’opinion d’un peuple irritable et illettré, qui voyait un Louis XI dans son roi et un bourreau dans M. de Martignac. […] Quand Béranger, s’arrêtant tout à coup comme saisi au pan de sa redingote par quelque main invisible, et prenant à deux mains son gros bâton de bois blanc à pommeau d’ivoire, il dessinait sur le sable des figures inintelligibles, tout en dissertant avec une éloquence rude, mais fine, sur les plus hautes questions de religion, de philosophie ou de politique !
Que l’Art s’en inspire, cela va de soi : ces rêveries sont l’essence même de l’Art, Au fond, que sont les Évangiles, si ce n’est une œuvre d’art, un merveilleux poème dont Jésus est la figure centrale et dans lequel se condensent les aspirations, non pas du peuple hébreux et de la race juive, mais de la race aryenne opprimée depuis des siècles par de durs conquérants ? […] Les peintres dessinaient d’abord leurs figures et ne les coloraient qu’ensuite : leurs tableaux étaient plutôt des enluminures que des pages de peinture, au sens moderne du mot. […] Elle n’est pas une pure abstraction ; elle est si peu abstraite, au contraire, qu’elle ressemble aux figures géométriques et aux mathématiques, qui nous fournissent non pas d’une façon abstraite, mais d’une façon visible et continue, non seulement les formes générales de tous les objets susceptibles d’être perçus par nous, mais encore toutes les formes possibles a priori. […] Certes, le maître de Carmen est l’une des figures les plus intéressantes de l’histoire musicale dans la seconde moitié de ce siècle, mais il est loin d’en être une figure essentielle. […] Nietzsche, qui se plaint sans cesse de l’état de ses nerfs, a-t-il jamais su ce qu’était la santé et pouvait-il comprendre ce qu’il y a de sain et de vigoureux dans ces grandes figures ?
Cette consigne de réformation radicale, disons-le pour nous conformer à ce souci de la sincérité absolue qui fut le plus beau trait de cette grande figure, Taine ne nous l’a donnée que théoriquement. […] Ce paysan dont j’évoquais tout à l’heure la figure, ce « fin laboureur » cher à George Sand, est-il, oui ou non, un homme intelligent ? […] Dans aucune de ses périodes vous ne rencontrerez une constellation de figures plus hautes que celles des grands généraux de cette grande guerre. […] Sa fille a des jupes courtes, des bas de soie, la figure couverte de poudre, les lèvres passées au rouge, les cheveux ondulés, fréquente les cinémas, achète chez le libraire tous les journaux de mode. […] La France, à regarder simplement sa figure physique sur la carte, est une résultante dont les composants sont, au sud, au nord, à l’est, à l’ouest, au centre, de petits pays intimement engagés dans l’unité nationale.
En proie à l’enthousiasme que vient de lui donner un paysage contemplé : Et c’est à ce moment-là encore, — grâce à un paysan qui passait, l’air déjà d’être d’assez mauvaise humeur, qui le fut davantage quand il faillit recevoir mon parapluie dans la figure, et qui répondit sans chaleur à mon « beau temps, n’est-ce pas, il fait bon marcher », — que j’appris que les mêmes émotions ne se produisent pas simultanément, dam un ordre préétabli, chez tous les hommes. […] Elle rappelait ainsi plus encore qu’il ne le trouvait d’habitude, les figures de femmes du peintre de la Primavera. […] La dissemblance entre ce sentiment et son objet n’est nulle part mieux marquée que dans ce passage : Quand du regard il rencontrait sur sa table la photographie d’Odette, ou quand elle venait le voir, il avait peine à identifier la figure de chair ou de bristol avec le trouble douloureux et constant qui habitait en lui. […] Il y avait dans sa figure quelque chose de beaucoup plus net et accusé, en même temps que dans son regard une flamme beaucoup plus chaude et lumineuse qu’on ne l’imaginerait d’après ces portraits de jeunesse. […] Verdurin, qui avait eu longtemps la prétention d’être aussi aimable que sa femme, mais qui riant pour de bon s’essoufflait vite et avait été distancé et vaincu par cette ruse d’une incessante et fictive hilarité —, elle poussait un petit cri, fermait entièrement ses yeux d’oiseau qu’une taie commençait à voiler, et brusquement, comme si elle n’eût eu que le temps de cacher un spectacle indécent ou de parer à un accès mortel, plongeant sa figure dans ses mains qui la recouvraient et n’en laissaient plus rien voir, elle avait l’air de s’efforcer de réprimer, d’anéantir un rire qui, si elle s’y fût abandonnée, l’eût conduite à l’évanouissement.
Elle errait comme une âme en peine, les yeux cernés, le désespoir sur la figure. […] Il a donné à Fortunio sa figure et sa tournure. […] Tout en discutant la coupe d’une robe ou les règles d’une figure de cotillon, il avait pénétré cet être, fermé et énigmatique comme un bouton de fleur : la jeune fille. […] Leurs ombres charmantes attesteront que son imagination ne s’était pas dépeuplée de figures virginales, et que jamais l’ulcère du mépris ne rongea secrètement son âme en face de jeunes filles, qu’elles fussent paysannes ou nobles demoiselles. […] Heureusement sa figure d’Ariane m’a fait penser à Bacchus.
Encore un regard ; car au-dessus de toutes ces figures un type surnage, le plus véritablement anglais, le plus saillant pour un étranger. […] À proprement parler, il n’y a qu’elle ; le monde est une figure qui la cache ; mais le cœur et la conscience la sentent, et il n’y a rien d’important, ni de vrai dans l’homme, que l’étreinte par laquelle il la tient.
Ceux qui dorment, ceux qui sont morts, ressemblent à des figures peintes : il n’y a que l’œil de l’enfance qui s’effraye à la vue d’un diable en peinture. […] Pourquoi faire cette figure ?
Voilà celle qui fut Elvire, la figure de rêve autour de laquelle se ramassèrent les plus profondes impressions, les plusfiévreuses aspirations, les plus languissantes mélancolies de Lamartine. […] En 1848, sous la République, il fera bonne figure à droite, soutenant d’abord le prince Louis Bonaparte : il viendra à l’idée républicaine et démocratique très tard, presque à la dernière heure, en 1850.
Est-ce notre idéal que nous trouvons dans une figure symbolique d’Oum ou de Brahma, dans une pyramide égyptienne, dans les cavernes d’Elora ? […] On se figure qu’un peuple n’a de littérature que quand il a des monuments définis et arrêtés.
Il alluma son fourneau, rougit ses tenailles, et, mettant le fer rouge devant la figure du saint : « Si tu ne tires pas la fièvre à cet enfant, dit-il, je vais te ferrer comme un cheval. » Le saint obéit sur-le-champ. […] Quoiqu’elle eût un respect instinctif pour Système, elle me disait toujours : « C’est un vieux terroriste. je me figure par moments l’avoir vu en 1793.
Ses yeux ronds percent malaisément le triple bourrelet de graisse de sa figure ; une voix aigre sort de ses lèvres de prosaïque macaron, et ce Thersite paperassier représente, par excellence, le culte des traditions. […] La fable, très simple du reste, le modelé des types et des figures, l’idéalité vivante des personnages, le réalisme poétique des scènes, tout est sorti de ce puissant cerveau, tout a jailli de cette imagination inépuisable.
Il en est de même pour la figure de la courtisane qu’il faut présenter tout autrement à un débauché ou à un rêveur romanesque ; cela est si vrai que parfois le type illusoire l’emporte, même chez des lecteurs renseignés, sur l’expérience la plus répétée. […] Francisque Sarcey (1827-1899), Normalien, puis journaliste et conférencier, fut une grande figure de la critique théâtrale des débuts de la Troisième République, avec ses chroniques du Temps, très attendues, qui furent recueillies entre 1900 et 1902 sous le titre « Quarante ans de théâtre ».
couronné de laurier, une lyre à la main, y paroît sous la figure d’Apollon. […] La magnificence du style & l’audace des figures brillent dans ses Odes.
Lors même que la liste pourrait être dressée des ridicules connus, la comédie se chargerait de l’allonger, non pas sans doute en créant des ridicules de pure fantaisie, mais en démêlant des directions comiques qui avaient passé jusque-là inaperçues : c’est ainsi que l’imagination peut isoler dans le dessin compliqué d’un seul et même tapis des figures toujours nouvelles. […] En première ligne figure la vanité professionnelle.
Tel du moins je me le figure.
On se le figure bien en ce prieuré perdu, en quelque âpre gorge ou sur un rocher nu des Pyrénées, plongeant son regard tour à tour sur l’Espagne et la France, vieillard tout chenu et à la face meurtrie, dur envers lui-même, se mortifiant, expiant le sang versé ; et cette âme de colère, apaisée enfin, se fixant opiniâtrement à la méditation des années éternelles.
C’est dans le livre même qu’il faut voir ces modèles complets qui ne restèrent point à l’état d’idée, et qui se réalisèrent avec plus ou moins de gravité et de douceur dans ces figures encore charmantes et légèrement distinctes sous le voile, Mme du Pérou, Mme de Glapion, Mme de Fontaines, Mme de Berval.
Racine se figure que le soleil n’a jamais éclairé un égal rassemblement de troupes ni un pareil ordre de bataille ; mais, en fait de revues, écoutez ceux qui en reviennent, la dernière est toujours la plus belle.
Je voudrais, en vérité, qu’un des amis particuliers de M. du Camp, Théophile Gautier, par exemple, fût un jour et dans quelque temps de l’Académie, pour lui apprendre comment les choses se passent dans cette abominable maison qu’il se figure comme une caverne et un repaire de Burgraves.
. — La nouvelle qui a obtenu le second accessit a pour scène les bords de la mer sur les côtes de Normandie, et pour sujet un épisode de la vie de pêcheur : au milieu de figures simplement vraies se détache celle de Pierre, qui donne son nom au récit, et qui est pleine d’idéal et de sensibilité.
Aristide lui-même, si on lit sa vie dans Plutarque, n’est pas si simple et si pur qu’on se le figure de loin.
Une terreur mêlée d’affection se peignit sur sa figure.
Peut-on s’étonner que les nations s’identifient avec les figures de héros qui ont ainsi vécu et lutté jusqu’à l’extrémité pour leur grandeur, et qu’elles disent dans leur enthousiasme d’instinct et par une de ces raisons du cœur, supérieures à la raison même : Eux, c’est moi !
M. de Laprade en a commis une de ce genre, lorsque dans une poésie assez récente (Correspondant du 25 janvier 1861) il s’est étonné et indigné de ce que l’Italie une et libre avait voté une statue à la mâle et patriotique figure de Machiavel.
Il parle de vérité ; mais est-ce qu’il se figure que parce que nous sommes polis et que nous nous exprimons sur certains grands sujets d’un air de doute et de défiance pour nos propres opinions, nous ne croyons pas aussi à la vérité ?
Ce qui est certain, c’est que les volumes recueillis aujourd’hui sont très-intéressants à lire, ou du moins à parcourir ; et soit qu’il ait choisi entre ses nombreux articles, soit qu’il ait corrigé çà et là des expressions, l’ensemble donne l’idée d’un Veuillot plus grave que l’on ne se le figure d’ordinaire.
On peut refaire ainsi des figures de poètes ou de philosophes, des bustes de Platon, de Sophocle ou de Virgile, avec un sentiment d’idéal élevé ; c’est tout ce que permet l’état des connaissances incomplètes, la disette des sources et le manque de moyens d’information et de retour.
À la place des belles figures de la mythologie grecque, on voit des diables, des sorcières, des vampires, et les nobles héros du temps passé doivent céder la place à des escrocs et à des galériens.
C’est une figure qui mérite qu’on l’étudie et qu’on en marque les traits avec précision.
Pour nous tous, qui sommes déjà d’autrefois, pour ceux qui, comme nous, ont été nourris des lettres dès l’enfance et qui sont plus volontiers critiques qu’artistes, plus des hommes de livres que des curieux de marbres et de statues, ce sont nos figures préférées, nos formes à nous, toutes poétiques et littéraires, lesquelles aussi, comme les trois ou quatre beaux groupes antiques conservés, nous apparaissent toutes les fois que nous regardons en arrière et décorent nos fonds de lectures et de souvenirs.
J’ai sous les yeux de jolies vignettes sorties du facile et spirituel crayon de Tony Johannot ; c’est le côté comique et gai, uniquement, qui est rendu, mais la dignité du héros, ce sentiment de respect sympathique qu’il inspire jusque dans sa folie, cette imagination hautaine qui n’était que hors de propos, qui eût trouvé sans doute son emploi héroïque en d’autres âges, et, comme on l’a très-bien nommée, « cette grandesse de son esprit et cette chevalerie de son cœur », qu’il sut conserver à travers ses plus malencontreuses aventures et qu’il rapporta intactes jusque sur son lit de mort, cela manque tout à fait dans cette suite agréable où l’on n’a l’idée que d’une triste et piteuse figure, et c’est au contraire ce que M.
Mais la réflexion que vous faites, monsieur, sur cette belle circonstance de l’histoire de ces anciens enfants des Saints, convient tout à fait à la haute idée qu’une religion aussi éclairée que la vôtre donne de l’image de Dieu qui est dans l’homme, et de l’alliance que Jésus-Christ a élevée à ia dignité de sacrement… » Et il prenait de là occasion pour citer, à son tour, plus d’une parole de l’Écriture se rapportant à l’union mystique du Verbe avec la nature humaine et du Sauveur avec son Église, toutes choses divines dont le mariage humain, en tant que sacrement, n’est que l’ombre et la figure.
Il y eut des figures longues.
Dans le beau siècle dont nous parlons, ce devoir rigoureux, cet avertissement attentif et salutaire se personnifiait dans une figure vivante, et s’appelait Boileau.
Fréron, rendant compte des Mémoires dans son Année littéraire 256, a très-bien remarqué qu’on peut lui appliquer à elle-même ce qu’elle a dit de la duchesse du Maine : « Son esprit n’emploie ni tours, ni figures, ni rien de tout ce qui s’appelle invention.
Il n’est pas vrai, malheureusement, qu’on ne soit jamais entraîné que par les qualités qui promettent une ressemblance certaine entre les caractères et les sentiments : l’attrait d’une figure séduisante, cette espèce d’avantage qui permet à l’imagination de supposer à tous les traits qui la captivent, l’expression qu’elle souhaite, agit fortement sur un attachement, qui ne peut se passer d’enthousiasme ; la grâce des manières, de l’esprit, de la parole, la grâce, enfin, comme plus indéfinissable que tout autre charme, inspire ce sentiment qui, d’abord, ne se rendant pas compte de lui-même, naît souvent de ce qu’il ne peut s’expliquer.
On apprendrait de lui la façon dont les figures se forment dans son esprit, sa manière de voir mentalement les objets imaginaires, l’ordre dans lequel ils lui apparaissent, si c’est par saccades involontaires ou grâce à un procédé constant, etc.
N’oublions pas la Bible, que Vigny et Lamartine feuillettent, et dans laquelle Hugo cherchera non pas seulement une matière de poésie, mais d’abord et surtout des procédés de style, des coupes, des figures, des épithètes.
Les raides et expressives statues des bons imagiers, les broderies végétales et les infinies ornementations qu’ils ciselaient patiemment dans la pierre nous intéressent pour le moins autant et nous paraissent peut-être aussi belles, quoique d’une autre façon, que les figures des Panathénées ou les acanthes des colonnes corinthiennes.
Il a su donner bonne figure jusqu’au pauvre Corbière.
Il convient de faire porter une enquête semblable sur la figure des choses.
Dès lors, l’évolution littéraire (et l’on pourrait dire l’évolution sociale) n’a plus pour figure un cercle, mais une spirale ; elle traverse les mêmes phases, mais dans un autre plan ; elle a, comme la terre, un double mouvement, mouvement de rotation sur elle-même, mouvement de translation dans l’espace.
Remarquons encore qu’il figure sur le célèbre tableau d’Henri Fantin-Latour Autour du piano, aussi appelé « les wagnéristes », peint en 1885.
Au mois de mai dernier a disparu une figure unique entre les femmes qui ont régné par leur beauté et par leur grâce ; un salon s’est fermé, qui avait réuni longtemps, sous une influence charmante, les personnages les plus illustres et les plus divers, où les plus obscurs même, un jour ou l’autre, avaient eu chance de passer.
En tous les lieux où il allait, sa belle et douce figure, sa physionomie vénérable et tendre, et comme doucement rayonnante, le faisaient aimer : des disciples chéris s’attachaient à lui et ne le quittaient plus.
Tout le reste, division de discours, preuves triomphantes & naturelles, érudition choisie, pensées neuves & sublimes, figures hardies, raisonnemens forts & suivis, pathétique admirable, diction élégante & correcte, lui sembloit étranger.
L’idéal, pour la peinture, doit se concentrer sur la noble figure de l’homme, et abandonner le reste du corps.
Elle n’est encore ici que la toute petite Révoil d’avant le mariage, la petite pensionnaire au corsage plat, aux bras plats, à l’esprit plat, au style plat, à toutes les platitudes, et on ne devinerait jamais que de ce vibrion — de cet insignifiant infusoire sortirait un jour cette organisation turbulente, imprécatoire et spumeuse qui a fait sur tout ce qui fut longtemps sacré parmi les hommes, la Religion, l’Église, la Papauté, les Rois, les anciennes Mœurs, ce qu’elle fit un soir sur la figure du capitaine d’Arpentigny… Tous les ouvrages de cette perdue d’esprit sont là pour l’attester.
Il s’est peint lui-même dans ses œuvres « avec sa pauvre figure pâle, ornée d’un nez en as de trèfle ».
Mais se figure-t-on l’étonnement d’un chimiste, ou d’un naturaliste qui lit ce morceau, surtout si jusqu’ici il a cru (sur parole) que la philosophie est une science ?
Delacroix : « l’énergie est chez lui l’aspiration de l’énergie, le rêve de l’énergie, la nostalgie d’un passé historique plutôt que la puissance de construction d’un avenir. » L’image de la cristallisation qui forme le leit-motiv du livre est à la fois le produit d’une imagination musicale, une figure de la réalité amoureuse : " il me semble, dit Stendhal dans une lettre, qu’aucune des femmes que j’ai eues ne m’a donné un moment aussi doux et aussi peu acheté que celui que je dois à la phrase de musique que je viens d’entendre. " la musique, surtout telle que la goûtait Stendhal qui n’y sentait qu’un motif de rêverie, c’est le monde et l’acte mêmes de la cristallisation parfaite, de sorte que Beyle, amoureux de second plan, simple amateur en musique, se définirait peut-être comme un cristallisateur.
Il n’y aurait pas d’humanité primitive si les espèces s’étaient formées par transitions insensibles à aucun moment précis l’homme n’aurait émergé de l’animalité ; mais c’est là une hypothèse arbitraire, qui se heurte à tant d’invraisemblances et repose sur de telles équivoques que nous la croyons insoutenable 5 ; à suivre le fil conducteur des faits et des analogies, on arrive bien plutôt à une évolution discontinue, qui procède par sauts, obtenant à chaque arrêt une combinaison parfaite en son genre, comparable aux figures qui se succèdent quand on tourne un kaléidoscope ; il y a donc bien un type d’humanité primitive, encore que l’espèce humaine ait pu se constituer par plusieurs sauts convergents accomplis de divers points et n’arrivant pas tous aussi près de la réalisation du type. […] Celle-ci portera un nom ; elle aura sa figure à elle, sa personnalité bien marquée, taudis que les mille esprits des bois ou des sources sont des exemplaires du même modèle et pourraient tout au plus dire avec Horace : Nos numerus sumus. […] C’est ainsi qu’Osiris, la figure la plus riche du panthéon égyptien, paraît avoir été d’abord le dieu de la végétation. […] Le genius romain était numen et non pas deus ; il n’avait pas de figure ni de nom ; il était tout près de se réduire à cette « présence efficace » que nous avons vue être ce qu’il y a de primitif et d’essentiel dans la divinité. […] C’est à peine s’ils ont un corps, je veux dire une figure imaginable.
Le monde corporel et ses lois ne leur semblent qu’un fantôme et une figure ; ils ne voient plus rien de réel que la justice, elle est le tout de l’homme comme de la nature. […] Ils ne se rebutent pas de toute cette poussière d’érudition qui s’échappe des in-folio pour leur voler sur la figure. […] Ils traitent les figures poétiques des Écritures, les audaces de style, les à-peu-près de l’improvisation, les émotions hébraïques et mystiques, les subtilités et les abstractions de la métaphysique alexandrine, avec une précision de juristes et de psychologues. […] VI Ouvrez Reynolds pour revoir d’un coup d’œil toutes ces figures, et mettez en regard les fins portraits français de ce temps, ces ministres allègres, ces archevêques galants et gracieux, ce maréchal de Saxe qui, dans le monument de Strasbourg, descend vers son tombeau avec le goût et l’aisance d’un courtisan sur l’escalier de Versailles.
En outre, ces parties limitantes ont une figure différente des parties internes ; dans un triangle, les parties d’espace contenues entre les angles sont des angles, les parties internes n’ont pas de figure. […] Les premières sont nécessairement continuées par cela seul qu’elles sont internes et forment ensemble un tout continu qui est la figure considérée. […] C’est évidemment la pensée qui s’adore elle-même sous les noms et sous la figure de l’idéal, car l’idéal est l’œuvre de la pensée, ou plutôt il en est l’essence et la loi suprême.
Je me figure quelque chose de semblable au grand inquisiteur Torquemada, environné des juges et des familiers de l’Inquisition, devant lesquels un hasard favorable au maintien des bonnes doctrines aurait fait amener tout à coup Luther ou Calvin. […] Les sculpteurs de Louis XIV ont été Classiques, ils ont placé dans les bas-reliefs de leur arc de triomphe, bien digne de l’ignoble nom de porte Saint-Martin, des figures qui ne ressemblaient à rien de ce qu’on voyait de leur temps. […] À cette époque, la figure colossale de Napoléon aura fait oublier pour quelques siècles les César, les Frédéric, etc.
Nous allons chercher bien loin dans le passé des figures de capitaines à remettre en lumière et en honneur ; n’oublions pas et tâchons de fixer sous leur éclair celles qui passent et brillent à nos yeux dans le présent. […] Les critiques très discrètes qu’on entrevoit permettent seulement de distinguer et de nuancer ces figures, que les bulletins avaient l’habitude d’offrir sous un jour trop uniforme.
Qu’on me permette de hasarder une toute petite observation encore : Virgile, dans sa comparaison, dit lumen aquæ, une lumière d’eau répercutée par le soleil… ; c’est une figure, un hypallage, je crois. […] avides, altérées, Ont osé cette fois descendre et se poser : Ton beau cou s’inclina, ta brune chevelure Laissa monter dans l’air un parfum plus charmant ; Mais quand je m’arrêtai contemplant ta figure, Deux larmes y coulaient silencieusement.
Voici une comédie sans un seul des procédés de la comédie, sans confident, sans figures de fantaisie, sans valets, sinon pour avancer une chaise ou porter une lettre ; sans Gros-René ni Mascarille, sans monologue, sans coup de théâtre. […] Le tissu en est aussi léger et les figures aussi solides.
Une personne ouvrant pour la première fois les yeux à la lumière perçoit immédiatement « l’étendue plane avec les rapports de grandeur et de position des figures qui peuvent s’y trouver dessinées ». […] Enfin cette organisation de tout l’objectif en choses diversement situées dans l’espace se transmet en s’accroissant par l’hérédité, et l’enfant naît avec le cerveau hanté des figures d’espace comme l’oiseau avec l’image du nid.
La poésie, comme nous la concevons, n’est en effet rien de ce qu’ils disent ; elle n’est ni le rythme, ni la rime, ni le chant, ni l’image, ni la couleur, ni la figure ou la métaphore dans le style ; elle n’est même pas le vers ; elle est tout cela dans la forme, bien qu’elle soit aussi tout entière sans forme ; mais elle est autre chose encore que tout cela : elle est la poésie. […] Si une voile dérive par un jour serein du port, on pense aux rivages lointains et inconnus où cette voile ira aborder, après avoir traversé pendant des jours sans nombre ce désert des lames ; ces terres étrangères se lèvent dans l’imagination avec les mystères de climat, de nature, de végétation, d’hommes sauvages ou civilisés qui les habitent ; on s’y figure une autre terre, d’autres soleils, d’autres hommes, d’autres destinées. — Émotion !
C’est la contre-épreuve du caractère tout entier sur le front ; c’est le résumé vivant et combiné de tous les traits flottant comme une atmosphère de l’âme sur la figure. […] « Jetez les yeux de toutes parts », dit Bossuet : « voilà ce qu’a pu faire la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien enfin ne manque dans tous ces honneurs, que celui à qui on les rend.
Ce n’est qu’alors aussi que se forment ces grands acteurs aussi rares que les grands poètes, qui, comme Roscius, Garrick, Talma, Rachel, Ristori, personnifient, dans un corps et dans une diction modelés sur la nature par l’art, les grandes ou touchantes figures que l’histoire ou l’imagination groupent sur la scène dans des poèmes dialogués pétris de sang et de pleurs. […] Cette adulation à Mme de Maintenon, trop clairement désignée sous la figure et sous le triomphe d’Esther, était même une offense et une ingratitude envers la favorite répudiée, Mme de Montespan, l’altière Vasthi.
Commençons par un de ces récits quelconques où Renart figure, et prenons-en un où il y ait de l’agrément, et pas trop d’allégorie ou de satire.
Ces hommes que de loin on se figure si unis ne l’étaient pas autant qu’on le pense.
Le voile qui couvrait le buste tomba ; la figure tout d’un coup se découvrit.
Quand il parlait comme lorsqu’il écrivait, Fénelon se tenait plus volontiers à mi-côte et sur les collines : « Son style noble et léger, a-t-il dit de Pellisson, ressemblait à la démarche des divinités fabuleuses qui coulaient dans les airs sans poser le pied sur la terre. » On peut le dire de lui-même et en supprimant l’image de fabuleuses ; sa parole avait quelque chose de noble et de léger qui rappelle ces figures angéliques, amies de l’homme, et se tenant toujours à sa portée, qui pourraient s’enlever plus haut, qui ne le veulent pas, et qui aiment mieux, dès qu’il le faut, redescendre.
Sa figure n’est pas régulière, mais elle semble cacher quelque chose de plus grand et de plus beau ; on voit son âme à travers le voile.
Ses animosités, ses rancunes personnelles et ses haines, ses indignations patriotiques et généreuses, ses tendres souvenirs des amis, des maîtres et des compagnons regrettés et pleurés, il y introduisit successivement tout cela par une suite d’épisodes coupés et courts, la plupart brusquement saillants avec des sous-entendus sombres, et il était permis à ceux qui restaient en chemin dans la lecture et qui ne la poussaient point au-delà d’un certain terme, de ne pas apercevoir dans l’éloignement la figure rayonnante de Béatrix et de ne pas lui faire la part principale et souveraine qui lui revient.
Morvonnais) devait écrire quelques pages sur Maurice3, elle le suppliait de ne pas omettre ce trait final essentiel, mais absent des écrits, et sur lequel la notice de la Revue des deux mondes n’avait pu que se taire : « Mais vous tous, ses amis, qui l’avez connu, faites mieux, et écartez, s’il vous plaît, de cette figure chrétienne, tout nuage philosophique et irréligieux. » Sollicitude touchante, et qui tenait aux plus profondes racines de l’âme !
Villars débuta auprès de Louis XIV par être un des pages de la grande écurie : « Avec une figure avantageuse, une physionomie noble, et de la vivacité qui relevait encore un extérieur prévenant par lui-même, il se fit bientôt connaître et distinguer du roi parmi ses camarades. » À un moment il aurait pu suivre à l’armée son cousin germain le maréchal de Bellefonds ; mais, pressentant la disgrâce de ce général et guidé par son étoile, il se détermina « à se tenir le plus près du roi qu’il lui serait possible. » S’attacher au roi, lui persuader qu’il ne dépendait et ne voulait dépendre que de lui, ce fut toute sa politique au dedans.
Sa manière s’appliquerait très mal uu vrai règne de Louis XIV ; on ne se figure pas Tallemant à Versailles ; le médisant de ces futures années en aura l’ampleur et la grandeur : ce médisant de génie sera Saint-Simon.
Je dirai la même chose du travail, très riche en matériaux, qui traite de la légende d’Alexandre le Grand, de la transformation de cette grande figure historique en fable chez la plupart des peuples.
Il y eut à l’origine de la littérature classique une école homérique : tel rhapsode qui, sans Homère, n’aurait jamais rien été ni rien laissé, a fait, grâce à Homère, telle description, je ne sais laquelle, mais qui figure très dignement, je me l’imagine, dans l’œuvre homérique.
Bonstetten, disons-le bien vite pour nos Français qui savent si bien ignorer et sitôt oublier (quand ils l’ont su un moment) tout ce qui ne figure pas chez eux, sous leurs yeux et sur leur théâtre, était un aimable Français du dehors, un Bernois aussi peu Bernois que possible, qui avait fini par adopter Genève pour résidence et pour patrie, esprit cosmopolite, européen, qui écrivait et surtout causait agréablement en français, et qui semblait n’avoir tant vécu, n’avoir tant vu d’hommes et de choses que pour être plus en veine de conter et de se souvenir.
Il y a un moment très difficile à fixer avec précision où, dans ces luttes du héros nouveau, de ce grand diable d’homme (comme il l’appelle) contre les souverains des vieilles races, le fer insensiblement se transmute et acquiert de l’or : laissons les figures ; il y a un moment où le fait devient droit, où l'utilité publique, la grandeur nationale, l’immensité des services rendus et à rendre, le prestige qui rayonne et ne se raisonne pas, se confondent pour sacrer un homme nécessaire et une race qui fait souche à son tour.
Lorsqu’on a fermé ces deux volumes dans lesquels ont passé devant nous tant de figures sérieuses, souriantes à peine, originales et modestes, une pensée vous suit ; on se fait à soi-même une question.
Je me figure l’action de ce ministre passionné, violent et un peu convulsif dans la modération, par une image : le chardu gouvernement roulait sur la pente, à l’aventure, et menaçait de verser : il mit le bras en travers de la roue, se brisa lui-même, mais l’arrêta.
Quand on ne l’a connu que vieux, on ne se figure guère M.
Or, voici la description : « D’un côté, cette médaille, qui est fort grande ; représente un enfant d’une figure très belle et très noble : on voit Pallas qui le couvre de son égide ; en même temps les-trois Grâces sèment son chemin de fleurs ; Apollon, suivi des Muses, lui offre sa lyre : Vénus paraît en l’air dans son char attelé de colombes, qui laisse tomber sur lui sa ceinture ; la Victoire lui montre d’une main un char de triomphe, et de l’autre lui présente une couronne.
Je prends cette historiette du dîner et ce serment dramatique des jeunes convives, sinon comme un fait précis, du moins comme une figure et un symbole.
Vous savez aussi bien que moi ces beaux vers : Felix qui potuit rerum cognoscere causas… Fortunatus et ille deos qui novit agrestes…, ce qu’un de mes amis et qui l’est aussi des Littré, des Renan, et même de Proudhon, je crois, s’est amusé à paraphraser ainsi, à votre intention et presque à votre usage ; et c’est à peu près de la sorte, j’imagine, du moins pour le sens, qu’un Virgile, ou un parfait Virgilien par l’esprit, s’il était venu de nos jours, aurait parlé : « Heureux le sage et le savant qui, vivant au sein de la nature, la comprend et l’embrasse dans son ensemble, dans son universalité ; qui se pose sans s’effrayer toutes ces questions, terribles seulement pour le vulgaire, de fin et de commencement, de destruction et de naissance, de mort et de vie ; qui sait les considérer en face, ces questions à jamais pendantes, sans les résoudre au sens étroit et en se contentant d’observer ; auquel il suffit, dans sa sérénité, de s’être dit une fois que “le mouvement plus que perpétuel de la nature, aidé de la perpétuité du temps, produit, amène à la longue tous les événements, toutes les combinaisons possibles ; que tout finalement s’opère, parce que, dans un temps suffisant et ici ou là, tout à la fin se rencontre, et que, dans la libre étendue des espaces et dans l’infinie succession des mouvements, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée40” ; heureux le sage qui, curieux et calme, sans espérance ni crainte, en présence de cette scène immense et toujours nouvelle, observe, étudie et jouit !
Ce dernier gardien ou geôlier de Napoléon ne saurait être excusé pour les mille tracasseries qu’il inventa, et qui trahissaient en lui l’absence de sentiments dont il n’avait pas le premier germe. « Il y a de ces figures qui ne trompent pas », jugea tout d’abord Napoléon en le voyant.
Reconnaissons enfin, après plus de deux siècles d’injustice et d’erreur, dans toutes les proportions de sa gloire un grand homme qui fut un martyr ; qui tout le temps qu’il traversa cette terre resta étranger au bonheur ; dont le cœur fut pur de toute tache, à l’abri de ces petitesses dont souvent ne sont point exempts les grands écrivains ; dont le chef-d’œuvre porte à un si haut degré l’empreinte d’une nature si noble, si élevée et si humaine, et qui de tous les hommes est celui dont l’âme se montrerait le plus sensible à une réparation pour l’outrage fait à la portée de son génie. » Et moi je dis : Ainsi est fait l’esprit humain ; il a soif d’une légende morale ; il a un besoin perpétuel de refonte et de remaniement pour toutes ses figures.
Qu’on se figure en effet quelle dut être la situation morale d’un écrivain modeste, mais consciencieux et savant autant que ferme et convaincu, qui était avec prudence de l’école de Montesquieu, qui méditait longtemps ses matières avant d’en offrir un tableau suivi, concentré, définitif, quel dut être son désappointement cruel et son mécompte, lorsque la grande Histoire du Consulat et de l’Empire de M.
Edmond Texier a fait un joli portrait, l’Homme répandu : Charles Monselet est pour moi la figure vivante du littérateur qui se disperse.
Or, est-il possible, à une si courte distance, d’idéaliser déjà si absolument, sa figure ?
Être bon, être aimé, voilà l’objet d’un chef d’État, d’un homme en place Cela va si loin qu’on se figure Dieu sur ce modèle.
. — J’ai le pouvoir de me rappeler un tableau, les Noces de Cana par Véronèse ; cela signifie qu’à l’âge où je suis, et avec la mémoire que j’ai, la résolution de me rappeler le tableau est constamment suivie, au bout d’un certain temps, par la renaissance intérieure, plus ou moins nette et complète, des figures et des architectures qui composent le tableau. — J’ai la faculté de percevoir un objet extérieur, cette table, par exemple ; cela signifie que dans l’état de santé où je suis, sans amaurose ni paralysie tactile ou musculaire, si la table est éclairée, si elle est à portée de ma main et de mes yeux, si je tourne les yeux vers elle, ou si j’y porte la main, ces deux actions seront constamment suivies par la perception de la table. — Les forces, facultés ou pouvoirs qui appartiennent à la trame ne sont donc rien que la propriété qu’a tel événement de la trame d’être constamment suivi, sous diverses conditions, externes ou internes, par tel événement interne ou externe.
Ce Francus fils d’Hector, et fondateur de la monarchie franque, était une pâle figure, un thème d’inspiration bien vide, où nul afflux de tradition populaire ne mettait la vie ; le Tasse, et même le Père Lemoyne, même Chapelain ont bien mieux choisi.
Au premier acte, couchée sur son lit, la mitre au front et un grand lis à la main, elle ressemble aux reines fantastiques de Gustave Moreau, à ces figures de rêve, tour à tour hiératiques et serpentines, d’un attrait mystique et sensuel.
Nous en voyons déjà des figures sérieuses et jeunes.
Ce sont des figures de rhétorique qui persuadent.
Cette interversion est capitale ; elle nous déporte du terrain scientifique vers le moral et l’esthétique, et même (bien que le mot ne figure point au Narcisse) vers le religieux.
Mais les Pensées comme les Maximes vivent par le fond ; et c’est faute de vue ou d’impartialité qu’on prend pour des figures peintes des corps pleins d’embonpoint et de vie.
* * * Parmi les dîners de la Côte d’Or, restés célèbres dans les fastes littéraires de l’heure, figure celui qui réunit, pour la première fois, Oscar Wilde et les poètes romans.
Son caractère aimable, et sans doute une de ces ravissantes figures 226 qui apparaissent quelquefois dans la race juive, faisaient autour de lui comme un cercle de fascination auquel presque personne, au milieu de ces populations bienveillantes et naïves, ne savait échapper.
Janin n’est pas et n’a pas voulu être un tableau sévère ; c’est une fraîche et moderne peinture, décorée de noms d’autrefois, animée des couleurs d’aujourd’hui, une trame mobile où se croisent des fils brillants, où se détachent de jeunes figures, où s’est jouée en tout honneur une amoureuse fantaisie.
Je me figure que je vivrai un jour dans ce petit paradis.
que j’aurais voulu, par un beau jour de Pâques, assister à sa messe ; contempler sa majestueuse et sereine figure, lorsque, entendant chanter autour de lui : Quemadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum, il repensait, avec un divin sourire de satisfaction, à cette soif infinie de son Pantagruel !
Si l’école de Pope avait conservé, comme Byron le désirait, la suprématie et une sorte d’empire honoraire dans le passé, Byron aurait été l’unique et le premier de son genre ; l’élévation de la muraille de Pope masquait aux yeux la grande figure de Shakespeare, tandis que, Shakespeare régnant et dominant de toute sa hauteur, Byron n’est que le second.
Il avait cinq pouces de taille de plus que Napoléon ; son front était de son père ; son œil, plus enfoncé dans l’orbite, laissait voir quelquefois un regard perçant et dur qui rappelait celui de son père irrité ; l’ensemble de sa figure pourtant avait quelque chose de doux, de sérieux et de mélancolique.
Aujourd’hui, il me plairait d’en détacher la plus belle et la plus intéressante figure, celle de Madame, à laquelle Cosnac eut l’honneur de se dévouer par un libre choix et pour laquelle il eut la gloire de souffrir.
Je vais partir du vieux monde pour le nouveau, et je me figure que je sens quelque chose de pareil à ce qu’on éprouve quand on est près de passer de ce monde à l’autre : chagrin au départ ; crainte du passage ; espérance de l’avenir.
Au xviie siècle, la Grèce ne fut pas aussi bien comprise ni aussi fidèlement retracée qu’on se le figure : Boileau qui, à la rigueur, entendait Homère et Longin, est cependant bien plus latin que grec ; Racine, dans ses imitations de génie et en s’inspirant de son propre cœur, n’a reproduit des anciens chefs-d’œuvre tragiques que les beautés pathétiques et sentimentales, si l’on peut dire, et il les a voulu concilier aussitôt avec les élégances françaises.
« Mais quand se désire savoir l’unique dualité et qu’alors elle engendre, sa synthèse, son désir du fruit en qui elle se définisse, d’un meilleur devenir la matière devient : et, qui de la fatalité du cercle virtuel est, progressive lentement à une droite, l’ouverture, l’ellipse loin exagère la figure d’espoir selon laquelle elle meut.
Enfin celle qui personnifie la mère douloureuse et voilée de ces drames, la créature souillée et candide qui répand sa douleur en pitié, on sait sa physionomie, le détail de sa chambre, les pièces de son costume ; celle qui restaura la paix dans l’âme défaite du criminel et lui rendit, par quelques paroles tremblantes, la joie de posséder des frères, est une pâle petite fille à la figure menue, dont les yeux, sous des cheveux blonds de lin, sont purs.
Huysmans se figure le mécanisme de l’âme humaine, exagère certaines facultés, amoindrit l’action de certaines autres, que ses romans tranchent sur leurs congénères, se sont nécessairement revêtus d’un style original et aboutissent à une philosophie générale déduite jusqu’en ses extrêmes conséquences.
Un critique célèbre avait jugé plus heureux le premier plan que l’auteur s’était proposé, et qu’il résumait ainsi dans une courte note : « L’armée d’Édouard Ier, comme elle cheminait dans le creux d’une profonde vallée, est tout à coup arrêtée à la vue d’une majestueuse figure apparaissant au haut d’une montagne inaccessible, reprochant au roi, d’une voix plus qu’humaine, les misères et la désolation qu’il a apportées sur cette terre, lui prédisant les malheurs de la race normande, et, par inspiration prophétique, annonçant que toute sa cruauté n’éteindra jamais l’ardeur du génie poétique dans cette île, et qu’il ne manquera pas d’hommes pour célébrer la vraie vertu et la valeur par des accents immortels, flétrir le vice et l’infâme volupté, et censurer hardiment l’oppression.
Benda se figure-t-il que Shelley n’a pas eu d’opinions politiques ? […] Valéry ajoute qu’il n’avait jusque-là rien lu sur l’amour qui ne l’eût ennuyé, mais qu’il fut séduit, dans Leuwen, par « la délicatesse extraordinaire du dessin de la figure de Mme de Chasteller, l’espèce noble et profonde du sentiment chez les héros », etc. […] Albalat a trouvé une lettre de Taine, qui ne figure pas, on ne sait pourquoi, dans sa Vie et correspondance en quatre volumes. […] Les pires tortonistes font figure d’esthètes en comparaison du grand Tolstoï. […] Il est vrai que, dans certaines équations encore, le temps fait figure de quatrième dimension.
Je me mis donc à l’œuvre, plein d’espérance et d’allégresse, je me pénétrai profondément de l’esprit des Essais, et, préparé de la bonne sorte, j’écrivis un petit livre qui a sa valeur et ne fait pas mauvaise figure dans la galerie assez inégale des Grands Écrivains Français. […] Son nom ne figure pas dans les dictionnaires. […] C’est un des exercices les plus ordinaires de la critique, de trouver dans un auteur tout ce que nous y avons mis d’avance ; et l’on ne se figure pas avec quelle facilité nous pratiquons cet exercice à propos de tout — et de rien. […] Tant de symétrie favorisant l’antithèse, c’est à la forme trop symétrique du grand vers français que Schiller attribue sans paradoxe l’abus de cette figure de rhétorique dans notre littérature. […] Il s’agit ici de composer avec des cartes, j’allais dire avec des idées et des mots, une figure idéale qui ait sa logique intérieure et soit harmonieusement combinée.
Après quelques mois de garnison à Cambrai, il vient à Paris et y fait d’abord un peu la figure du Huron de Voltaire, ou plutôt celle que, dans les Natchez, il prêtera à Chactas visitant Paris. […] Voilà enfin une figure sympathique. […] Je me figure, je vois Lucile à dix-huit ans, dans les bois de Combourg, parée de gui et de fleurs sauvages, dire à René, comme Velléda à Eudore : « Assieds-toi, écoute, sais-tu que je suis fée ? […] Il faut, ce me semble, que la figure de ces lieux n’ait pas été trop radicalement modifiée. […] Il y façonnait sa propre figure, telle qu’il voulait qu’elle apparût à la postérité.
Et combien d’autres figures réjouissantes ! […] N’est-ce pas ce qui éclaire et fait saillir les figures qu’il nous dépeint, ce qui rend le frisson de joie ou de douleur aux âmes qu’il interprète, ce qui, dans ses évocations d’âge et d’ordre divers, fait vivre le présent, rajeunit le passé, ressuscite l’histoire ? […] Un autre, au creux de la vallée, figure un trèfle à quatre feuilles……… La mer fourmille de ces romantiques canards qu’on nomme les eiders. […] Mais ce qui domine tout le livre, c’est la figure admirablement fruste et tragiquement émouvante de Léon Tolstoï. […] Dans le troisième Parnasse, de 1876, le nom de Verlaine ne figure plus : l’éditeur l’a rayé de ses papiers.
Racine l’aime, ce jeune roi (Racine est déjà reçu à la cour), et ce jeune roi goûte Racine, à qui il trouve une figure noble et beaucoup d’esprit. […] En regard, l’ardente figure d’Hermione. […] — En tout cas, ne peut-on pas dire que ces traits de dureté primitive, qui nous reportent subitement aux temps homériques, ne font, lorsqu’on s’y arrête, que donner du lointain à des figures que, par tous leurs autres traits, le poète a rapprochées de nous ? […] Néron, en l’écoutant, doit se sentir lié par la complicité du crime, par une reconnaissance affreuse, et par la terreur de ce que pourrait faire contre lui une femme qui a fait pour lui tout cela… Agrippine, du moins, se le figure. […] Le fait est raconté par Louis Racine, confirmé par une lettre de Boileau, et n’est point démenti par l’édition des Amants magnifiques, où le roi figure parmi les danseurs, car nous savons d’autre part que le roi, qui devait y danser et qui avait étudié son rôle, ne dansa point.
Il y avait cela si bien écrit sur sa figure : trompez-moi ! […] Long corps, jambes sans fin, longue figure et des bras qui n’en finissaient pas : celui-là faisait rire et pleurer à volonté. […] Paula qui l’entend et qui se figure que son mari joue la comédie, l’applaudit de toutes ses forces, et je crois bien que le malheureux jaloux en deviendrait fou, si S. […] Là est le difficile, et il ne suffit pas de nous dire avec une belle révérence : Chacun fait, ici-bas, la figure qu’il peut ! […] Même après cette lettre, très bien ponctuée et sans équivoque de Moncade, elle se figure que c’est un tour de Léonore ; et plus que jamais elle offre à Moncade — cinquante mille écus et Lucinde !
Et généralement, n’ayant rien de plus personnel que leur sensibilité, les lyriques, les vrais lyriques, n’ont rien aussi qui soit plus à eux que leurs « figures ». […] Le Tractatus theologico-politicus, en édition originale [Hamburgi, 1670, Kunrath], figure au catalogue de sa bibliothèque, sous le numéro 638. […] C’est le vingt-neuvième de la seconde partie, dans nos éditions actuelles, où il ne figure que depuis 1806. […] L’heureux pinceau, le superbe dessin Du doux Corrège et du savant Poussin Sont encadrés dans l’or d’une bordure ; C’est Bouchardon qui fit cette figure ; Et cet argent fut poli par Germain… Que reste-t-il maintenant, que d’organiser une idée si féconde, et en l’étendant, en la diversifiant, en l’approfondissant, que de lui donner, avec l’air de sérieux, l’air aussi d’honnêteté, de gravité, d’autorité qui lui manquent encore ? […] En un mot, si toute la nature consiste dans les combinaisons innombrables des figures et des mouvements, la géométrie, qui seule peut calculer des mouvements et déterminer des figures, devient indispensablement nécessaire à la physique, et c’est ce qui paraît visiblement dans les systèmes des corps célestes, dans les lois du mouvement, dans la chute accélérée des corps pesants, dans les réflexions et les réfractions de la lumière, dans l’équilibre des liqueurs, dans la mécanique des organes des animaux, enfin, dans toutes les matières de physique qui sont susceptibles de précision, car pour celles qu’on ne peut amener à ce degré de clarté, comme les fermentations des liqueurs, les maladies des animaux, etc., ce n’est pas que la même géométrie n’y domine, mais elle y devient obscure et presque impénétrable par la trop grande complication des mouvements et des figures. » Ajoutons quelques lignes encore, dont on verra mieux l’intérêt ou la portée philosophique, après cette apologie de la géométrie : « L’esprit géométrique n’est pas si attaché à la géométrie qu’il n’en puisse être tiré et transporté à d’autres connaissances.
Il figure aujourd’hui dans le troisième. […] Dans un article du Semeur (1843), Vinet mentionne « les funestes déclamations de l’infortunée qui a rendu célèbre le nom de George Sand », et, plus loin, il écrit : « … des romans trop fameux ont dégoûté les femmes elles-mêmes du rôle de la femme émancipée, et l’odieuse figure de Lélia reste debout aux confins du pays des chimères, pour en défendre l’entrée71. » PAUL SIRVEN. […] Les grandes figures, les grands noms, les scènes touchantes, le mouvement dramatique, la lutte et la persécution, l’héroïsme et le génie,’ le retour inopiné du primitif et de l’antique au milieu de l’âge le plus élégant et le plus décidément moderne, je ne sais quel écho solennel du désert parmi les bruits du grand règne et de la grande cité, que faut-il de plus pour attirer vers Port-Royal des esprits frivoles, à travers l’austérité des doctrines et la tristesse des mœurs ? […] Le Maître, Séricourt, Singlin, Lancelot, l’historien Fontaine, ce ne sont pas les toutes grandes figures ; mais qu’elles sont belles ! […] La figure étonnante de Saint-Cyran vous arrêtera surtout.
C’était, telle qu’on me l’a dépeinte, une figure antique, habillée le plus souvent non comme une dame mais comme une servante, en faisant l’office au logis, la femme de ménage parfaite, une mère aux entrailles ardentes, et avec cela douée d’une élévation d’âme et d’un sentiment de la justice qu’elle dut transmettre à ce fils dont elle était fière et jalouse. […] Si la figure d’Hippocrate se détruit et s’évanouit par un côté, qu’elle se relève aussitôt et subsiste de l’autre.
— Depuis lors, soit que l’élément féminin ou femmelin (comme l’a nommé un censeur austère) ait augmenté et redoublé chez les auteurs, soit que les femmes, de plus en plus appelées à l’initiation littéraire, aient répondu de plus en plus vivement, chaque écrivain célèbre a eu son cortège nombreux de femmes ; et si l’on retranche même ce qui est de la mode, de l’engouement, ce qui ne signifie rien en soi, puisque telle femme qui se jetait à la tête de lord Byron, de Chateaubriand ou de Lamartine, à leur moment, se serait jetée en d’autres temps à la tête d’un autre, il reste bien des physionomies particulières, distinctes, bien des figures non méconnaissables, dont l’entourage et l’accompagnement aideraient à définir le génie propre de l’écrivain et du poète ; car on aime si bien un auteur et on ne le préfère si décidément à tous, que parce qu’on s’apparente par quelque côté avec lui. […] Quoi de plus doux et de plus innocent, en effet, que de s’occuper dans un détail exact et avec une attention comme affectueuse d’une existence disparue, de ressaisir une figure nette et distincte dans le passé, de donner tous ses soins, pour la recomposer et la montrer aux autres, à celle qui ne nous est de rien, de qui l’on n’attend rien, mais dont je ne sais quelle grâce, quelle bienveillance souriante nous attire et nous a charmés ?
Souvent, n’ayant rien vu, rien entendu, il est à propos : souvent aussi il dit de bonnes naïvetés ; mais il est toujours agréable… « Sa figure, … une petite fille disait qu’elle était tout en zigzag. […] Volney tenait de d’Holbach une anecdote qui ne peint pas moins Delille que Diderot, deux figures si diverses27 : « On venait de vanter le bonheur de la campagne devant Diderot ; sa tête se monte, il veut aller passer du temps à la campagne : où ira-t-il ?
Ce Daphnis qu’il célèbre sans cesse, et qui apparaît comme l’inventeur à demi divin du criant bucolique, nous figure le génie même d’une race douée de légèreté, d’allégresse et de mélodie. […] La première idylle, on l’entrevoit par le peu que nous avons dit, à la fois douce et grave, et composée avec art, mérite le rang qu’elle occupe en tête du recueil ; un ancien a eu raison de dire qu’elle justifie ce mot de Pindare : « A l’entrée de chaque œuvre, il faut placer une figure qui brille de loin. » Si je pouvais me donner toute carrière3, j’aurais peine à ne pas aller droit, comme la chèvre, aux parties scabreuses et, pour ainsi dire, aux endroits escarpes de Théocrite, à cette idylle quatrième, par exemple, qui semblait si peu en être une aux yeux de Fontenelle, et dont le trait le plus saillant vers la fin est une épine que l’un des interlocuteurs s’enfonce dans le pied, et que l’autre lui retire.
Les autres, entrechoquant le crime et l’héroïsme, avaient promené parmi les ténèbres et sous les éclairs un cortége de figures contractées et terribles, désespérées par leurs remords, illuminées par leur grandeur. […] Ce keepsake est doré sur tranches, brodé de fleurs et d’ornements, paré, soyeux, rempli de délicates figures toujours fines et toujours correctes, qu’on dirait esquissées à la volée, et qui pourtant sont tracées avec réflexion sur le vélin blanc que leur contour effleure, toutes choisies pour reposer et pour occuper les molles mains blanches d’une jeune mariée ou d’une jeune fille.
On le voyait toujours simple et modeste avec une figure si séduisante, ses mœurs étaient pures et irréprochables, son éloquence naturelle était entraînante et irrésistible, on aurait dit qu’il tenait les cœurs dans sa main et les tournait à son gré ; plein de candeur et de franchise, ses lettres et ses entretiens découvraient tout ce qu’il avait dans l’âme, on croyait y lire… » V Heureux en amitié, le jeune poète ne le fut pas moins en amour. […] Ce costume, dans lequel elle resta pour jamais dans sa mémoire, ainsi que tous les traits de son visage et tous les détails de sa figure, recomposent çà et là le portrait de cette personne dans les odes et dans les sonnets de son poète.
L’iniquité est partout ; la mémoire humaine n’est pas démocratique, ou plutôt elle est trop étroite et trop fragile pour contenir et pour garder les peuples tout entiers dans ses annales ; elle s’attache à quelques figures grandioses, pittoresques, pathétiques, culminantes, qui sortent à ses yeux de la foule, et elle en fait l’aristocratie privilégiée de l’espace et du temps. […] On peignit tout l’extérieur de différentes figures, qui étaient autant d’emblèmes des différentes vertus qui l’avaient plus particulièrement distingué.
Nous sortions rêveurs de la soirée, promenant aux clartés de la lune, dans la rue de la Paix, l’image encore dansante, aux sons prolongés de l’orchestre, de cette figure de jeune Romaine sur un camée de Pompéia. […] Cette ravissante tête de femme, égale aux plus gracieuses figures antiques du musée du Vatican, frappa du même rayon le regard déjà refroidi de M. de Chateaubriand.
Ils lisaient l’un après l’autre, ou se faisaient lire par ceux d’entre eux qui savaient lire, la description des figures de chacun de nous. […] Enfin, le 3 novembre, nous arrivâmes à Florence, que nous n’avons plus quittée, et où je retrouvai le trésor vivant de ma belle langue, ce qui me dédommagea amplement de tant de pertes en tout genre, qu’il m’avait fallu supporter en France. » XII Qu’on se figure l’accès de rage d’Alfieri, homme si personnel et si mobile au gré de ses passions, après une telle aventure de la révolution, qu’il avait célébrée en républicain classique, et qui s’était retournée pour lui disputer sa tête au moment où il se sauvait devant elle !
— Noble figure ! […] Il parlait avec lenteur, sans se presser, comme on se figure que doit parler un vieux roi.
« Figure-toi, dit Gil Blas à Scipion, celle qu’Horace avait dans le pays des Sabins, près de Tibur, et qui lui fut donnée par Mécénas. » Horace lui-même l’avait longtemps rêvée avant que Mécène la lui donnât. […] Volontiers il n’y verrait qu’une figure ; car quelle apparence, dit-il, que « l’Écriture, si remplie de charité et de douceur, si pleine de compassion pour les faiblesses même d’un âge plus avancé, veuille qu’on traite durement des enfants dont les fautes souvent viennent plutôt de légèreté que de méchanceté ?
Ce que nous sommes pour notre figure, à plus forte raison le sommes-nous pour notre caractère. […] Autant nous aimons dans la vie à ne pas changer de connaissances, autant au théâtre les nouvelles figures nous plaisent.
De là une ardeur artificielle de paroles pour peindre sa sensibilité, et des figures violentes pour représenter ses ardeurs vertueuses. […] Toutes ces figures qui simulent l’emportement et l’enthousiasme sont, aux yeux des connaisseurs, des ailes de cire qui ne l’enlèvent pas de terre.
L’homme, comme la plante, est sauvage de sa nature : on n’est pas homme pour avoir la figure humaine ou pour raisonner sur quelques sujets grossiers à la façon des autres. […] On se figure trop facilement que la liberté est favorable au développement d’idées vraiment originales.
Et puisque cette figure de Tristan ne tarda pas à être entraînée dans le giron des légendes de la Table Ronde, déjà si imprégnées d’orientalisme, qu’il fut chanté par les Trouvères et par les Minnesinger, et puisque, surtout, les poètes français des 12e et 13e siècles n’avaient point du tout le respect religieux des mythologies celtiques qu’ils ne comprenaient point, et qu’au contraire ils ont profondément altéré ce qui en restait pour le mettre au diapason de leur époque, en faisant de ces vénérables divinités des preux chevaliers et de belles princesses, pour toutes ces raisons, nous n’apercevons plus aujourd’hui ce mythe de Tristan que comme à travers un épais nuage. […] Mais cette antique figure de Tristan, le dieu ou le porcher, était si imposante de simplicité et de vérité, que les futiles adjonctions qu’elle subit ne parvinrent jamais à la rendre entièrement méconnaissable.
Je crois que cette Revue elle-même n’eut point la marche sûre des grands dévouements : elle nous donna de précieuses informations, nous renseigna, avec netteté et conscience, sur tels faits extérieurs que nous désirions connaître ; mais en refeuilletant sa collection, je ne vois pas que rien s’en dégage de définitif : la figure de Wagner n’y apparaît point, qu’éparse et par ébauches rapides ; le sens de ses œuvres n’y est guère saisi ni exprimé qu’à travers les partis-pris et les rhétoriques de systèmes littéraires bien restreints ; les choses même de l’actualité y sont jugées avec des principes flottants, comme sous l’influence de bonnes ou mauvaises digestions, d’humeurs en va et vient, de colères d’un moment et d’étranges balancements psychologiques, Ici aussi, on a voulu garder sa vie. […] — se croient autorisés à porter des jugements avant d’être parvenus à une claire vue d’ensemble et de s’être abandonnés tout entiers à la loyauté des émotions profondes, — il semble qu’à tous la figure du maître se soit voilée, avec l’intelligence de son œuvre.
Ici il n’y a point de héros, point de personnage historique ou fabuleux accomplissant le fait épique ; il y en a mille, groupés dans ces visions, sans fil qui les relie entre elles : les trois personnes de la Trinité, le Père, le Fils, l’Esprit-Saint, la Vierge, les saints, les anges, les divinités de l’Olympe, celles des enfers païens, les habitants de l’empyrée chrétien mêlés aux figures fabuleuses de l’empyrée antique. […] Or d, or i, or l in sue figure.
Car si je me figure tour à tour, et isolément, chacun des moutons du troupeau, je n’aurai jamais affaire qu’à un seul mouton. […] Peut-être quelques-uns comptent-ils d’une manière analogue les coups successifs d’une cloche lointaine leur imagination se figure la cloche qui va et qui vient cette représentation de nature spatiale leur suffit pour les deux premières unités ; les autres unités suivent naturellement.
Si je représente par un cône SAB la totalité des souvenirs accumulés dans ma mémoire, la base AB, assise dans le passé, demeure immobile, tandis que le sommet S, qui figure à tout moment mon présent, avance sans cesse, et sans cesse aussi touche le plan mobile P de ma représentation actuelle de l’univers. […] En d’autres termes, plaçons-nous, dans la figure schématique que nous avons tracée (page 181), à ce point S qui correspondrait à la plus grande simplification possible de notre vie mentale.
Plus particulièrement, en ce qui regarde l’étendue concrète, continue, diversifiée et en même temps organisée, on peut contester qu’elle soit solidaire de l’espace amorphe et inerte qui la sous-tend, espace que nous divisons indéfiniment, où nous découpons des figures arbitrairement, et où le mouvement lui-même, comme nous le disions ailleurs, ne peut apparaître que comme une multiplicité de positions instantanées, puisque rien n’y saurait assurer la cohésion du passé et du présent. […] À vrai dire, tourbillons et lignes de force ne sont jamais dans l’esprit du physicien que des figures commodes, destinées à schématiser des calculs.
Il semble d’abord que la principale chose y soit les portraits des rois et reines, et que le texte n’y vienne que pour accompagner ces illustres images, cette suite de tailles-douces, figures et médailles, recueillies et payées par un amateur généreux, Remy Capitain.
Il est un sujet auquel il revient souvent, soit à propos de Besenval, soit à propos de La Harpe, toutes les fois qu’il en trouve l’occasion, c’est la reine Marie-Antoinette ; et chaque fois, inspiré par son cœur, par une imagination fidèle et émue, il nous la montre sous un vrai jour, avec ses ingénuités, ses étourderies innocentes, et dans tout l’éclat de sa figure « sur laquelle on voyait se développer, en rougissant, ses jolis regrets, ses excuses, et souvent ses bienfaits ».
— Quand Voltaire entendait lire cela en dînant, quelle figure faisait-il ?
On y voit le bon chanoine déjà vieux, la figure assez marquée de rides, le nez fort, le menton fin, l’œil vif, le sourcil avancé, mais la lèvre supérieure courte et la bouche entrouverte comme s’il écoutait surtout et s’il attendait ce qu’on va lui dire.
J’en voudrais donner aujourd’hui un exemple en m’occupant d’un personnage qui a été médiocrement remarqué jusqu’ici44, qui n’a été qu’un homme de société et très secondairement en scène, qu’on a rencontré un peu partout, nommé çà et là dans les mémoires du temps, et dont la figure assez effacée n’a guère laissé de souvenir qu’à ceux qui l’ont connu de plus près.
Dans le seul portrait qu’on a d’elle, elle est représentée déjà vieille, avec une coiffure montante et, je l’avoue, un peu hérissée, le voile rejeté en arrière, le front haut, les sourcils élevés et bien dessinés, la figure forte et assez pleine, le nez un peu fort, un peu gros, la bouche fermée et pensive ; elle a de la fierté dans le port et quelque épaisseur dans la taille.
Une âme telle que la vôtre, dont les amitiés doivent être aussi durables que sublimes, se persuadera malaisément que tout se réduit à quelques jours d’attachement dans un monde dont les figures passent si vite et où tout consiste à acheter si chèrement un tombeau.
On l’y voit l’un des derniers Gaulois, mais un Gaulois poli, offrant en lui un composé naturel de Régnier, de Racan et d’Horace, tout cela à petites doses ; tenant trop sans doute de Tallemant et de La Monnoye pour certaines gaietés de propos ; s’arrêtant du moins pour le fond avant Chaulieu, avant l’intention d’être hardi ; rachetant le trop de nature et d’abandon par une bonhomie sincère ; en un mot, une figure à part qui n’a rien de trop disparate, mais qui n’est pas la moins souriante parmi les chanoines d’autrefois.
Pour moi qui me suis occupé de d’Aubigné il y a vingt-sept ans pour la première fois quand je traversais le xvie siècle, je ne dirai aujourd’hui que ce qui me semble nécessaire pour présenter cette forte figure en son vrai jour, sans exagérer ni ses vertus, ni sa pureté, ni ses mérites, mais sans rien oublier non plus d’essentiel en ce qui le distingue.
Le roi, cependant, souriait de la figure animée et du tourment visible de Montluc.
Et toutefois, malgré l’impression de ce tort final, malgré ce désagréable affront que le temps avait fait à son visage, la belle Corisandre, comme on l’appelle encore ; cette aïeule du chevalier de Grammont, revue à son jour, nous laisse l’idée d’une amie dévouée, vaillante, romanesque ; elle fut bien la maîtresse qu’on se figure au roi de Navarre en Guyenne pendant les luttes de son laborieux apprentissage, l’aidant de son zèle, de ses deniers, de la personne de ses serviteurs ; elle fut à la peine et ne put atteindre jusqu’au jour du triomphe : une autre hérita facilement de son bonheur.
Car tel homme est disgracié de visage, mais un dieu répare sa figure en le couronnant d’éloquence, et le monde trouve un charme à le regarder ; et lui, sûr de lui-même, il parle avec une pudeur toute de miel, et il brille parmi la foule assemblée, et jorsqu’il passe à travers la ville, chacun le contemple comme un dieu.
Quoi qu’il en soit, il est, par le rare assemblage de ses mérites, une des figures originales de notre histoire ; et, quand pour le distinguer des autres de son nom et pour caractériser ce dernier mâle de sa race, quelques-uns continueraient de l’appeler par habitude le grand duc de Rohan, il n’y aurait pas de quoi étonner : à l’étudier de près et sans prévention dans ses labeurs et ses vicissitudes, je doute que l’expression vienne aujourd’hui à personne ; mais, la trouvant consacrée, on l’accepte, on la respecte, on y voit l’achèvement et comme la réflexion idéale de ses qualités dans l’imagination de ses contemporains, cette exagération assez naturelle qui compense justement peut-être tant d’autres choses qui de loin nous échappent, et on ne réclame pas.
Le sacrifice s’est consommé ; et, grâce à cette simplicité de cœur de la victime, grâce à la sublimité des sources où elle s’inspirait, il est descendu sur elle, dans cette immolation suprême, un rayon qui ne la quitte plus et qui répand sur ce front sans tache et dans ce regard céleste la clarté sereine d’une figure de Raphaël.
C’est comme un tome second ou, si l’on veut, un tome premier de ces races équitables et intègres qu’on aime à personnifier finalement sous le nom et la figure de d’Aguesseau.
Jouvin au Figaro dansdes articles de véritable critique, reprirent et poussèrent l’attaque : George Sand, dans le Siècle, sans répondre à personne en particulier, évoqua un Béranger noble, élevé, sérieux, fier, idéalisé et encore ressemblant, plusgrand que nature, une figure d’au-delà, telle qu’elle sort de la tombe à l’heure du réveil, en dépouillant toutes les petitesses humaines et les chétives misères.
Je me le figure comme une nature altière et saturée, qui est arrivée à l’ironie tranquille.
Ferrari, s’arrêtant sur le rôle et la fonction historique de la Rome moderne, et cherchant en vain à se la représenter sous une figure nouvelle digne de son passé, il va jusqu’à la vouer à jamais à la destinée mélancolique et pittoresque de gardienne des tombeaux ; il est poëte et peintre à outrance ce jour-là, ni plus ni moins que Chateaubriand : « Pour moi, s’écrie-t-il, je ne puis envisager sans terreur le jour où la vie pénétrerait de nouveau ce sublime tas de décombres.
Après cela, il est bien vrai que ce n’est pas sous forme et figure.de moraliste que se produit le plus essentiellement l’étude et la connaissance de l’homme au xviiie siècle, avant et après 89.
Selon une très heureuse expression pittoresque, on aurait dit, à de certains jours, que ces centaines de statues et de figures qui peuplaient les portails et les vitraux des cathédrales descendaient de leurs niches et de leurs verrières pour jouer en personne leur histoire devant le peuple69.
Quelques questions qui me sont adressées de divers côtés sur ce correspondant et ce malade de Ducis, Deleyre, m’engagent à y revenir un peu et à entrer dans quelques détails plus précis sur une figure des plus intéressantes et l’une de celles qui aident le mieux à comprendre ce monde de Rousseau et des philosophes, sur un personnage qui est lui-même un type parmi les secondaires.
Renan en détache un seul ; et véritablement, tel qu’il me semble le connaître, je ne me figure pas qu’il l’ait espéré ni qu’il le désire3.
Cette figure sévère et probe m’a paru à moi-même pouvoir offrir, dans son entière précision, le type de cette race d’hommes violents, emportés, chimériques, incomplets du moins, foncièrement honnêtes toutefois à l’état révolutionnaire, et devenus à la fin des instruments exacts, sûrs et pratiques sous une main habile, dans un Empire organisé.
s’écrie-t-il ; se figure-t-on ce que deviendraient l’homme, les hommes, l’âme humaine et les sociétés humaines, si la religion y était effectivement abolie, si la foi religieuse en disparaissait réellement ?
N’ai-je pas raison de dire qu’il y a eu concours sur ce beau nom, et que chaque talent est venu mettre son trait respectueux à l’expression dernière de cette figure bienfaisante ?
On se figure toujours en commençant qu’on va être tout différent de ce qui a précédé ; c’est le plus beau motif d’aller en avant et l’inspiration de la jeunesse.
. — Attaque de delirium : « Il buttait contre la fenêtre, s’en retournait à reculons, les bras marquant la mesure, secouant les mains, comme s’il avait voulu se les casser et les envoyer à la figure du monde » (p. 549).
Ses figures, nettement arrêtées en leurs contours, ont un vigoureux relief : il a une manière de peindre, grasse et comme substantielle ; ce ne sont pas les touches d’un homme qui croirait peindre les fluides apparences de l’universelle illusion.
Arvède Barine931, par une création synthétique que dirige un remarquable sens psychologique, rend de pâles figures historiques aussi vivantes, aussi réelles que des personnages de roman.
La foi du théologien transporte saint Bernard si loin et si au-dessus de la vie, qu’il néglige ces indications si lumineuses ; et quand il se rencontre dans les livres saints quelques fortes peintures ou des récits attachants de la vie, il les tourne à la figure, comme pour mettre une ombre mystique entre la réalité et lui.
Les défauts, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas le style, ces traits saillants qu’on veut mettre partout, ces mots « qui nous éblouissent un moment pour nous laisser ensuite dans les ténèbres, ces pensées fines, déliées, sans consistance, qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité » ; la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; les phrases arrangées, les mots détournés de leurs acceptions, les traits irréguliers, les figures discordantes ; — d’où tout cela vient-il, sinon de ce qu’on écrit hors de soi, à côté de soi, et qu’il y a un auteur au lieu d’un homme ?
Les molécules changent incessamment de place et dans ces déplacements continuels, les figures qu’elles forment passent successivement par toutes les combinaisons possibles.
Le trait général des œuvres religieuses est d’être particulières, c’est-à-dire d’avoir besoin, pour être comprises, d’un sens spécial que tout le monde n’a pas : croyances à part, sentiments à part, style à part, figures à part.
On se figure trop facilement que la simplicité, que nous concevons comme logiquement antérieure à la complexité, l’est aussi chronologiquement ; comme si ce qui, relativement à nos procédés analytiques, est plus simple, avait dû précéder dans l’existence le tout dont il fait partie.
Le chevalier normand allant conquérir l’Angleterre, écoutait avec autant de plaisir le trouvère Taillefer chanter les interminables exploits de Roland que les Grecs leurs aèdes ; une foule frémissait au spectacle des mystères de la Passion, comme une autre foule avait frémi jadis à celui des malheurs d’Œdipe ou de Prométhée ; le dévot s’extasiait devant la douloureuse figure d’un Christ en croix, comme jadis les Athéniens admiraient les chefs-d’œuvre du Parthénon.
Sans doute on ne peut pas plus comparer La Bruyère à Molière qu’on ne compare le talent de peindre les caractères à celui de les faire agir et de faire sortir leurs traits de la situation où l’art sait les placer ; mais, supérieur à Molière par l’étendue, la profondeur, la diversité, la sagacité, la moralité de ses observations, il est son émule dans l’art d’écrire et de décrire, et son talent de peindre est si parfait, qu’il n’a pas besoin de comédiens pour vous imprimer dans l’esprit la figure et le mouvement de ses personnages.
On dirait qu’après lui avoir arraché son masque, elle lui casse ce masque sur la figure. — » Hors d’ici !
On se figure volontiers la sagesse en cheveux blancs et la prudence en cheveux gris ; ici, elles se montrent plutôt avec un sourire, avec un parler jeune et plein de fraîcheur.
M. de Genlis dessinait parfaitement à la plume la figure et le paysage ; je commençai à dessiner et à peindre des fleurs.
Le portrait de Patru figure au Palais dans ce qu’on appelle la galerie des Douze, où sont rassemblés les plus illustres représentants du droit, de la magistrature et du barreau.
C’est par cette figure qu’un grand homme d’État anglais a donné l’idée la plus frappante de ce que doit être le gouvernement chez une nation forte, une nation qui a de grandes facultés et de grandes passions : car il n’y a point de grandes facultés sans grandes passions ; et malheur aux nations qui ne sont point passionnées !
Ce style, ainsi plein d’ornements et de figures, le plus souvent fin et gracieux, a aussi ses franchises et ses fermetés de ton.
Pensez seulement quelle figure je fais avec une petite bourse à cheveux et avec mes oreilles découvertes.
Jacques, le fils d’un maître d’école de Chalon-sur-Saône… Cinq ans, il a été militaire… Au siège d’Anvers, il est passé en revue par le duc d’Orléans qui remarque l’intelligence de sa figure parmi toutes les brutes qu’il a sous les yeux : « Voltigeur, êtes-vous content de la nourriture ?
D’un autre côté, il est également certain que les conditions normales et saines de l’organisme, que la structure des organes, les linéaments du corps, les traits de la figure peuvent aussi se transmettre par l’hérédité.
» Assurément c’est cela, tandis que, pour ce qui est de rire, on s’y laisse aller plus facilement parce qu’on est moins dupe et l’on fait moins figure de dupe en riant qu’en pleurant, le rire vous laissant toute liberté d’esprit et les pleurs marquant qu’on l’a perdue, et qu’on est pénétré jusqu’au fond et possédé par le sujet et par l’auteur.
C’est une conception de la vie humaine : « Je me figure — dit Vigny — une foule d’hommes, de femmes et d’enfants, saisis dans un sommeil profond.
Le même mystère insondable de mélancolie enveloppe toutes les figures qu’à peintes Burne-Jones M.
Pierre a soixante ans, une petite tête spirituelle et sereine, des traits nets vivement coupés, des yeux souriants et perçants, un beau front uni, un peu fuyant, régulièrement encadré par des lignes géométriques de cheveux gris, rien de maladif, d’inquiet, d’âpre ou de vague, comme dans nos figures modernes.
Et des autres rédacteurs du Globe, auxquels on aurait pu penser pour cette députation idéale que j’imagine et qu’il me plaît de rêver par les figures qu’elle me rappelle et qu’elle ressuscite, M. […] Leroux, cet esprit des plus idéalistes, si on se le figure à Weimar, eût paru par trop porter, comme on dit, l’eau à la rivière, le fleuve à la mer, porter l’Allemagne dans l’Allemagne même. […] Nisard a un grand et dernier avantage définitif sur celle d’Ampère, c’est qu’elle est faite et que l’autre ne l’est pas ; elle est debout et fait de loin fort bonne figure dans sa tour carrée, tandis que l’autre est restée à l’état d’ébauche, n’offrant qu’un vaste tracé, un frontispice et quelques colonnes çà et là : on n’a pas eu l’édifice, on a la ruine.
Natalis de Wailly a parlé de lui dans le Journal des Savants et a retracé avec une précision affectueuse comme une première esquisse de cette grave figure. […] Le livre qu’on examine, et dont le titre figure en tête de l’article, n’est le plus souvent aujourd’hui que le prétexte pour parler en son propre nom et produire ses vues personnelles. […] En le dessinant comme nous avons essayé de le faire, en passant et repassant le trait sur les lignes de cette figure modeste, mais expressive, en y indiquant soigneusement les creux et les dégageant à nu, nous n’avons certes pas prétendu diminuer l’idée qu’on en doit prendre ; nous croyons plutôt que c’est ainsi que le vieux maitre a chance de se mieux graver et plus avant dans la mémoire, et qu’au milieu de tant de physionomies transmises qu’un vague et commun éloge tendrait à confondre, la sienne, plus restreinte, demeurera aussi plus reconnaissable.
Qu’on se figure Louis XIV dans sa galerie de Versailles, entouré de sa cour brillante : un Gilles couvert de lambeaux perce la foule des héros, des grands hommes et des beautés qui composent cette cour ; il leur propose de quitter Corneille et Racine pour un saltimbanque qui a des saillies heureuses et qui fait des contorsions344 ! […] S’il est aisé d’apercevoir dans une grande littérature l’empreinte du siècle et de la race qui l’ont produite ; s’il est aisé d’entendre la guerre civile s’entrechoquer dans les vers heurtés de Dante, et de contempler dans la douce figure de Béatrix la personnification, de toutes les choses rêvées par cette époque ardente, et mystique de poètes théologiens ; s’il est aisé de suivre dans le théâtre de Voltaire les préoccupations philosophiques du dix-huitième siècle, et de voir dans le Faust de Goethe l’expression du génie métaphysique et profond de l’Allemagne ; croit-on qu’il soit beaucoup plus difficile de découvrir la cause naturelle d’où procèdent les prodiges apparents, les études calmes d’un Bernardin de Saint-Pierre en 1789, les tragédies attiques d’un Goethe à Weimar ? […] Se figure-t-on la haine que ce rieur accumulait sur sa tête ?
« Quelle opposition entre notre littérature du douzième siècle et celle des nations voisines. » J’arrête ici pour aujourd’hui la citation ; la méthode est bien ce que nous avons dit ; elle est doublement ce que nous avons dit ; quand par malheur l’historien parvient enfin aux frontières de son sujet, à peine réchappé de l’indéfinité, de l’infinité du circuit antérieur, il se hâte, pour parer ce coup du sort, de se jeter dans une autre indéfinité, dans une autre infinité, celle du sujet même ; à peine réchappé d’avoir absorbé une première indéfinité, une première infinité, celle du circuit, celle du parcours, et de tous ces travaux d’approche, qui avaient pour principal objet de n’approcher point, il invente, il imagine, il trouve, il feint une indéfinité nouvelle, une infinité nouvelle, celle du sujet même ; il analyse, il découpe son sujet même en autant de tranches, en autant de parcelles que faire se pourra ; il y aura des coupes, des tranches longitudinales, des tranches latérales, des tranches verticales, des tranches horizontales, des tranches obliques ; il y en aurait davantage ; mais notre espace n’a malheureusement que trois dimensions ; et comme nos images de littérature sont calquées sur nos figures de géométrie, le nombre des combinaisons est assez restreint ; tout restreint qu’il soit, nous obtenons déjà d’assez beaux résultats ; nous étudierons séparément l’homme, l’artiste, le penseur, le rêveur, le géomètre, l’écrivain, le styliste, et j’en passe, dans la même personne, dans le même auteur ; cela fera autant de chapitres ; nous nous garderons surtout de nous occuper dans le même chapitre de l’art et de l’artiste ; cela ferait un chapitre de perdu ; et si d’aventure, de male aventure nous parvenons à parcourir toutes les indéfinités, toutes les infinités de détail de tous ces chapitres, de toutes ces sections, il nous reste une ressource suprême, un dernier moyen de nous rattraper ; ayant étudié séparément l’homme, l’écrivain, l’artiste, et ainsi de suite, nous étudierons les relations de l’homme et de l’écrivain, puis de l’artiste et de l’art, et du styliste, et ainsi de suite, d’abord deux par deux, puis trois par trois, et ainsi de suite ; étant données un certain nombre de sections, formant unités, les mêmes mathématiques nous apportent les formules, et nous savons combien de combinaisons de relation peuvent s’établir ; cela fera autant de chapitres nouveaux ; et quand nous aurons fini, si jamais nous finissons, le diable soit du bonhomme s’il peut seulement ramasser ses morceaux ; que de les rassembler, il ne faut point qu’il y songe ; l’auteur a fait un jeu de patience où nulle patience ne se retrouverait. […] Par une sorte de sympathie douce, je me figure que je suis leur conscience. […] Sans doute il y a de l’anthropomorphisme à prêter à Dieu une conscience comme la nôtre ; mais l’usage des expressions anthropomorphiques en théologie est inévitable ; il n’a pas plus d’inconvénient que l’emploi de toute autre figure ou métaphore.
Je vais même plus loin : ce serait une grave erreur que de vouloir idéaliser systématiquement la figure des maîtres. […] Ces paroles de l’écrivain, ramassées on ne sait comment, tronquées, interprétées, consignées, non sans passion, par les uns et les autres peuvent pendant un certain temps jeter le trouble sur la véritable figure de l’artiste qui vient de mourir. […] Si même le roman est édité plus tard, comme l’affirme Mme Rivière, la figure de son mari ne sera-t-elle pas déjà en partie faussée par les publications précédentes, échelonnées dans le temps d’une manière tellement systématique ?
Pourtant, cette foisonnante galerie de figures, cette vie littéraire aux multiples événements piquants et au rythme tourbillonnant, est aussi surplombée par deux figures atemporelles, que Ghil élève au-dessus de sa chronique et auxquelles il rend un hommage appuyé. […] — « Les Décadents commencent à faire figure. […] Je me figure que ce n’est qu’à travers de longs rêves ou des ans d’étude et point dès l’éclair révélateur qu’on le peut traiter définitivement, mais vos indications ont ceci d’être neuves. […] Tout, dit Mallarmé, agit au théâtre par réciprocités, et relativement à une seule Figure ». […] Evidemment, la Figure centrale du drame Mallarméen, l’Homme, c’est le prêtre responsable du Divin, et opérant avec le Divin l’union de la Multitude.
Voudra-t-il, ne voudra-t-il pas tromper Philoctète et lui ravir son arc et ses flèches, auxquels est attaché le salut des Grecs, ce qu’Ulysse ne peut pas faire, parce que sa figure est connue de Philoctète, tandis que celle de Néoptolème ne l’est pas ? […] Il n’en est pas moins vrai que mégère, pour nous, figure toujours une femme d’un certain âge, mariée, belle-mère même, le plus souvent, et que le mariage n’a pas adoucie, mais que la pulchromaternité a exaspérée. […] Sa Stratonice s’est poussée d’elle-même au premier plan et est apparue au public comme une très grande figure tragique. […] Mais Orgon est un imbécile fieffé, une dupe ineffable, une figure à nasardes, un gigantesque gobe-mouches. […] Racine s’est plu à dessiner près d’elle, au second plan, une douce figure de femme tendre, timide et alarmée, mais calme, parce qu’elle a mis toute sa vie dans le devoir et dans les humbles vertus du foyer.
De la jeunesse, une figure décente, une fortune aisée, assez d’esprit pour ne pas dire des bêtises sans le savoir, assez de conduite pour ne pas faire des sottises, comme moi, en sachant bien qu’on en fait, une naissance et une éducation qui n’avilisse pas ses enfants, et qui ne me fasse pas épouser toute une famille de Cazenove, ou gens tels qu’eux1, c’est tout ce que je demande. […] « Je lis toujours mon roman : il y a une Ulrique qui, dans son genre, est presque aussi intéressante que Caliste ; vous savez que c’est beaucoup dire : le style est très-énergique, mais il y a une profusion de figures à l’allemande qui font de la peine quelquefois. […] Je ne comprends ni le but, ni l’architecte, ni le peintre, ni les figures de cette lanterne magique dont j’ai l’honneur de faire partie. […] La jalousie des patriciens bernois contre les officiers du pays de Vaud, leurs sujets, les passe-droits et les vexations auxquelles ceux-ci étaient en butte, entrèrent pour beaucoup dans la révolution helvétique. — Les May étaient des patriciens bernois : il y avait le régiment de May, dont un May de Buren était colonel, et le père de Benjamin Constant lieutenant-colonel. — L’ours, on le sait, figure dans les armes de Berne.
Cécile admire haineusement cette femme fatale et incompréhensible, « toujours sur la brèche du caprice », « petite âme de Slave à la fois cruelle et dominatrice », « figure muette sans écho », qui « devait planer comme une ombre » et qui « avait dû boire le lait d’une tigresse ». […] Mlle Cladel, heureusement, nous instruit, et désormais nous contemplerons en la directrice de la Renaissance, la « haute et insubmersible figure du devenir de la nation ». […] Ce singe, naturellement, ridiculise et puérilise les gestes nobles ou terribles qu’il contrefait ; les grands airs de Hugo deviennent chez lui les petites grimaces d’une petite figure à la fois enfantine et vieillote. […] Sa figure et son papotage n’avaient que la beauté du diable. […] Mais deux ou trois figures se dressent d’une beauté simple et originale et la Parricide à elle seule, me paraît valoir, — excusez, madame, mon peu d’estime pour une de vos grandes admirations — tout ce que je connais d’Antonio Ennès.
Et, par cette pensée qui ne manque pas d’une sorte d’héroïsme, on s’imagine avoir fortifié son âme ; pour avoir soumis son intelligence, on se figure avoir dompté son cœur. […] Nous atteignons ici l’objet propre de cette étude, qui est d’esquisser rapidement la figure littéraire de M. […] Auprès de lui la croyance fait d’abord triste figure ; mais à la longue elle l’emporte, car elle est la vie même. […] Bourget vient d’évoquer, contrastant avec la pourriture morale de sa génération, l’austère figure de l’abbé Taconet, le « grand chrétien ». […] Gréard ; il est difficile de dessiner une figure plus vivante d’une manière plus sobre et plus plastique et de mieux expliquer un homme par le développement interne de ses ressources, de ses aptitudes maîtresses et de ses besoins.
Tu m’as ramassé, essuyé, réconforté et me voilà quasi célèbre, que soit ma destinée d’écrivain, je n’oublierai pas que tu as été le généreux et le vaillant qui m’a ouvert la porte que tout le monde jetait à la figure du vagabond famélique, avec le fracas de l’épouvante ou le grincement du dédain. […] Ils portent si bien ça sur leurs figures ! […] C’est une de ces figures d’individus qui ont passé la journée à vendre quelque chose, bouquins ou tripes. […] Donato de me souffler sur la figure, eût-il même toutes ses dents. […] Le langage si profondément symbolique de la Bible offre beaucoup d’exemples de cette figure de l’ébriété matérielle par laquelle les Écrivains inspirés expriment, comme ils peuvent, le délire surnaturel de l’amour divin.
Voilà, certes, sur le compte de deux figures typiques qui nous sont chères, des réserves assez imprévues, et qui vont faire bondir d’indignation quelque dévot commentateur des chefs-d’œuvre où elles paraissent. […] Les traits choisis, recueillis à cet effet, s’assemblent, se composent sous sa main en un tout d’un relief extraordinaire, et alors la figure va bien au-delà de ce qu’il veut peindre. […] Même sûreté, même puissance de Molière à recueillir, à rassembler, par le jeu du dialogue, autour d’une de ces figures qu’il crée toutes vives, beaucoup de traits accessoires, de circonstances, dont l’effet est de la mettre pour nous, au mieux, dans son cadre, ou de lui donner un fond, un fond d’une teinte appropriée, et dont le détail la complète. […] Quand on se figure le règne de Louis XIV, on se le peint comme un règne uniforme, comme une époque de gloire, d’engouement et d’élégance. […] Ce n’est pas pourtant que Dom Juan soit un hypocrite véritable ; c’est une fausse figure d’hypocrite, c’est-à-dire une inattendue et invraisemblable métamorphose du personnage, qui permet à Molière de frapper sous son nom.
Se figure-t-on les hommes des premiers âges consentant à mourir dans l’ignorance de la seule chose qu’il importe à l’homme de connaître, afin de laisser à leurs fils et à leurs petits-fils un plus grand nombre de constatations positives, grâce auxquelles l’humanité pourra, de génération en génération, s’approcher toujours plus de la vérité5 ? […] Et si les volumes ne retournaient pas en masse, comme les corps, à la poudre d’où ils sont sortis, on verrait se changer en vérité littérale la figure hyperbolique de saint Jean supposant, dans le dernier verset de son évangile, l’existence de livres si nombreux que le monde ne pourrait pas les contenir. […] Mais ce sont des figures plutôt historiques que-littéraires ; les anthologies n’ont point réussi à graver quelque chose dans la mémoire du monde, de Marguerite ou d’Agrippa. […] Car Molière a vu sa gloire rehaussée le jour où l’imagination romantique s’est aperçue que toutes ses figures n’étaient pas nettement arrêtées dans les inflexibles contours de la précision classique, le jour où l’obscurité relative d’Alceste l’a rendue rêveuse, et où elle a pu s’emparer du misanthrope amoureux, du grand seigneur méchant homme et galant homme, voire même du pauvre Arnolphe, à moitié grotesque, à moitié navrant, pour les jeter, avec Hamlet et avec Faust, dans le grand alambic de ses métamorphoses. […] Se figure-t-on Bossuet transigeant avec l’incrédulité, rendant la religion mondaine, sacrifiant, à l’instar de Massillon, le dogme à la morale, la théologie à la rhétorique et achetant à ce prix les applaudissements de Voltaire ?
Les écrivains et les poètes anglais ne sont pas des hiérophantes et des brahmanes perdus dans la contemplation de l’immuable et de l’inaccessible : ce sont des magiciens merveilleux, et leur baguette, depuis Shakespeare jusqu’à Scott et Byron, a su évoquer des milliers de figures passionnées, mobiles, que le rayon de la vie a frappées, et dont la mémoire humaine a conservé un souvenir distinct, comme de personnes connues et aimées. […] Eh bien, si vous cherchiez à résumer ainsi par quelques emblèmes à la fois saisissants et clairs l’âme des œuvres de Shakespeare, si vous aviez à composer un frontispice pour ses œuvres, vous n’auriez même pas besoin de vous livrer au petit effort d’imagination que nous venons de faire pour exprimer par quelques figures précises le caractère des destinées romaines et celui de la poésie virgilienne. […] Père et protecteur de l’âme qu’il faut admirer, maître et juge de l’âme qu’il faut haïr, voici, sous les traits du magicien Prospero, qui unit la puissance à la science, la figure du génie humain ; à la fois poète et roi, il crée l’ordre et l’harmonie par la musique des enchantements, il dompte les anarchies et les conspirations par la baguette du commandement, toutes les choses lui obéissent par la seule vertu d’un air subtil qui s’appelle inspiration et par le seul attrait d’une effluve magique qui s’appelle sympathie. […] Pendant ce temps, le petit Laurence Sterne avait grandi, sans autre aventure qu’un accident qui faillit priver le xviiie siècle d’une de ses plus vives figures. […] C’est ce que je fais à ce moment même, ma Lumley, car, en prenant la plume, mon pouls bat plus vite, ma figure pâle brille de fièvre, et les larmes tombent sur le papier pendant que je trace le nom de Lumley. » Nous venons de voir une des averses de sensibilité de ce cœur aux ondées rapides et fréquentes qui fut un avril perpétuel ; voici maintenant une de ses matinées de soleil.
Une fois cette figure rêvée et trouvée, Shakespeare a créé son drame. […] L’air déconcerté et me saluant jusqu’à terre, il me commence une phrase inintelligible et reste au beau milieu en me regardant avec une piteuse figure qui avait l’air de demander l’aumône. […] Planche] que les figures mises en œuvre dans son drame nouveau sont revêtues de tous les caractères qui excitent l’intérêt et la sympathie. […] Peu à peu l’action se développe sans se compliquer, et l’intérêt n’a pas besoin, pour grandir, de recruter des figures inattendues ou d’accumuler des accidents invraisemblables. […] Mais il ne se fût peut-être pas défendu du besoin de placer une figure aimable ou une situation douce dans cette énergique et désolante peinture de la réalité.
Le premier est un homme de très haute taille, la figure couverte d’une épaisse barbe blonde. […] Intimidée par la grande figure qui se tenait au coin du foyer, l’enfant, qui était entrée souriante, s’arrêta interdite au milieu du salon. […] Chacun de ses personnages est pour lui une figure de connaissance qu’il décrit de mémoire. […] Ces deux figures remplissent le livre. […] D’une coquetterie implacable, comme elle était petite, d’un visage sans autre caractère que ce retroussé des figures de grisettes, elle avait mauvaise grâce à jouer à la Célimène.
Qu’on se figure bien ce que pouvait être l’ordre et l’habitude d’idées d’un homme qui venait de publier l’année d’auparavant son in-folio historique sur le xvie siècle, et des nombreux lecteurs parisiens qui l’avaient goûté.
Un tableau sans figures ressemble à la fin du monde. » Pourtant le prince de Ligne, dans les dernières années de sa vie passées à son Refuge sur le Leopoldsberg près de Vienne, paraîtra en être venu à admirer plus véritablement la nature pour elle-même.
Arrêtons-nous un instant et repassons, après tant d’autres critiques, sur cette figure originale de causeur mordant, peu lu aujourd’hui à titre d’auteur, et qui a été justement considérable dans le xviiie siècle.
C’est s’en faire une idée trop contrite et trop recueillie : pour se représenter avec vérité Bourdaloue vivant et éloquent, et pour corriger une impression trop monotone, il faut y joindre le portrait peint par Mlle Chéron et gravé par Rochefort : Bourdaloue y a les yeux ouverts, vifs, le nez assez aquilin, la figure maigre et un peu longue, la bouche fine, la physionomie animée, spirituelle et pénétrante ; enfin il n’a pas les yeux fermés, la lèvre close et la physionomie morte (ou au repos) du portrait peint par Jouvenet et gravé par Simonneau.
. — Quoique, pour le dire en passant, ce ne soit pas le plus ancien usage ; car parmi les restes sans nombre de l’Antiquité, bustes, statues, bas-reliefs, médailles, on ne voit jamais que la figure humaine soit représentée avec un chapeau ni rien qui y ressemble, à moins que ce ne soit une tête de soldat, laquelle alors a un casque ; et ce n’est point, évidemment, comme faisant partie du costume ordinaire, mais comme protection contre les chocs du combat.
Je ne fais qu’indiquer un portrait du général ministre Grumbkow, persécuteur odieux de Frédéric et de sa sœur : dans son duel avec le prince d’Anhalt, elle le montre effaré et tremblant, et rappelle toutes les autres preuves qu’il avait données de la même disposition, soit à la bataille de Malplaquet, où il était resté dans un fossé pendant tout le temps de l'action, soit au siège de Stralsund, où il s’était démis fort à propos une jambe dès le commencement de la campagne, ce qui le dispensa d’aller à la tranchée : « Il avait, conclut-elle, le même malheur qu’eut un certain roi de France, qui ne pouvait voir une épée nue sans tomber en faiblesse61 ; mais, excepté tout cela, c’était un très brave général. » Et ailleurs, montrant le roi son père qui ne s’accommodait pas des manières polies et réservées du prince héréditaire de Bareith, tout en le lui donnant pour mari : « Il voulait un gendre, dit-elle, qui n’aimât que le militaire, le vin et l’économie. » Certes, dans une société idéale où l’on se figure réunis les Caylus, les Hamilton, les Grammont, les Sévigné, les Coulanges, les Saint-Simon, les Staal de Launay, les Du Deffand, la margrave n’eut pas été hors de sa place ni dans l’embarras ; elle eût trouvé bien vite à payer son écho par maint trait d’esprit et de raillerie bien assénée, qui eût été applaudi de tous et de toutes, de même que son frère, en causant, n’était en reste de mots excellents ni avec Voltaire, ni avec personne ; mais à la lecture, et eu égard au genre et à la nature des tableaux, elle garde sa couleur étrange et son accent exotique.
En faisant cette retraite en bon ordre, il redevient tout à fait pareil au Vauvenargues ordinaire, qu’on se figure plus voisin du stoïcien que d’un coureur de fortune et d’un hasardeur d’entreprises.
Il faut entendre cette jolie petite personne, cette jolie chose, avec sa mignonne figure de cire, s’animer, parler des choses publiques, de la littérature, des auteurs, de Rousseau, de Voltaire, de l’impératrice Catherine, les remettre à leur place, causer, disserter (car elle disserte quand elle se sent à l’aise, là est peut-être un léger défaut) ; il faut l’entendre en ces moments se révolter, s’indigner, jeter feu et flamme : elle n’a plus d’hésitation alors ni de timidité ; elle dit tout ce qu’elle pense, tout ce qu’elle a sur le cœur ; c’est la réflexion qui déborde comme une passion contenue.
Rousset ne devait avoir une suite qui donnera occasion d’y revenir, je me reprocherais d’en avoir trop peu indiqué les résultats historiques, particulièrement en ce qui concerne la principale figure.
— Mais, au milieu de la nuit, Fotis n’a pas là des roses sous la main, et force est d’attendre au lendemain matin pour opérer la transmutation et réintégrer le beau Lucius dans sa première figure.
Mignet a mis dans tout son jour ce singulier personnage combiné, vrai Janus, cette bizarre et haute figure de cloître à la fois et d’histoire.
Pour l’un, c’est la littérature morale et haute, sévère et abstraite, ce qu’il appelle l’esprit pur, qui lui fait illusion ; pour l’autre, c’est la littérature négligente, aimable et facile, la seule joyeuse et vraiment heureuse ; pour un autre, c’est la marotte d’une noble cause dont il se figure être la personnification vivante et le représentant tout chevaleresque.
C’est une figure d’une grande vérité ; plus d’une jeune femme du faubourg Saint-Germain devait être ainsi vers 1835.
Son caractère sombre, triste ou grossièrement gai, la teinte de fanatique et de visionnaire dont il s’est revêtu et qui recouvre le noyau solide, qui dissimule à des yeux superficiels le bon sens le plus sain et le mieux équilibré, tout le sépare des figures héroïques qui sont de nature à séduire le génie français : il n’en est que plus foncièrement d’accord avec le génie de sa race ; il en est comme l’incarnation énergique.
Qu’on se figure le temps où une religion dominante interdisait toute dissidence dogmatique ou philosophique ; où tout hérétique ou schismatique ou mécréant était écrasé.
Cette noble figure n’avait contre elle que les casse-cou de l’histoire et les invectives qui honorent.
Réservons cette noble, innocente et spirituelle figure, pour nous y consacrer un jour.
Il est heureux pour lui qu’il sache tant de choses ; car, du train dont il y va, un fonds médiocre serait épuisé en une demi-heure. » — Qu’on mette en regard ce profil de Villoison avec la figure de Wolf, le maître éminent, le grand professeur, dont chaque parole porte et pénètre, et qui dispose d’une érudition « toujours vraie, sobre et forte », ainsi que l’a définie M.
Aujourd’hui il a essayé dans une suite de notices claires, aisées, agréables, de nous rendre présentes et vivantes les figures des pères et fondateurs de l’astronomie moderne, Copernic, Képler, Galilée, Newton, et de nous donner idée de leurs travaux.
On ne se figure pas l’effet heureux que produit dans une description toute physique, au milieu des couleurs qui viennent du dehors, quelques-uns de ces reflets sentis qui partent du dedans.
Il faut dire de plus que Jasmin lit à merveille ; que sa figure d’artiste, son brun sourcil, son geste expressif, sa voix naturelle d’acteur passionné, prêtent singulièrement à l’effet.
Une de ces bonnes, de ces excellentes, de ces enviables ou regrettables manières consiste (et la nature de notre versification semble y convier les rares élus) à revêtir sa pensée d’harmonie continuelle et d’élégance, à oser par moments, et par moments à se dérober, à préparer l’énergie, à voiler l’audace, à semer de grâces insensibles, de tours ingénieux, de figures heureuses et appropriées un tissu net, flexible et brillant.
Homère est le roi et presque le dieu des Anciens ; mais il y a bien des rangs au-dessous : Euripide, après Sophocle, y figure ; Théocrite, un des derniers, n’y messied pas ; et chez les Latins, Horace, Tibulle, Properce, même Ovide.
C’est une seconde création que Dieu a permis à l’homme de feindre en reflétant l’autre dans sa pensée et dans sa parole ; un verbe inférieur, mais un verbe véritable, qui crée, bien qu’il ne crée qu’avec les éléments, avec les images et avec les souvenirs des choses que la nature a créées avant lui : jeu d’enfant, mais jeu divin de notre âme avec les impressions qu’elle reçoit de la nature ; jeu par lequel nous reconstruisons sans cesse cette figure passagère du monde extérieur et du monde intérieur, qui se peint, qui s’efface et qui se renouvelle sans cesse devant nous.
Autour de ses couples d’amoureux, Marivaux groupe diverses figures : les unes qui ont un air de réalité, sans être tout à fait prises dans la vie contemporaine, des pères indulgents et bonasses, des mères parfois tendres, plus souvent, et plus exactement, dures, grondeuses, acariâtres, des paysans trop spirituellement finauds et lourdauds ; les autres, types de fantaisie, des Arlequins, et des Trivelins, des Martons, et des Lisettes, valets et soubrettes délurés, à peine fripons, diseurs de phébus, et parodiant en bouffonneries quintessenciées le fin amour des maîtres.
Il en fait la légende plutôt que l’histoire, malgré ses très sérieuses recherches : maudissant, invectivant, embrassant, bénissant, dressant au-dessus de tous ses ennemis, amis et serviteurs, la sainte figure du peuple, du peuple idéal, terrible, fécond et généreux comme la Nature, toujours grand et toujours pur, quoi qu’il fasse.
Il y avait un type dans cette figure entrevue de Mère de l’Église ; mais M.
Ce fut, après sa sœur Lucile, le premier grand dévouement qu’inspira cette figure de René, qui devait en inspirer encore plus d’un autre depuis, mais aucun d’un prix plus grand.
Non, il préférerait l’eau bénie du Nil, il viendrait habiter la mosquée de Gama el-Azhar, cette première clef de la sainte Kaaba. » À ce discours, les figures de ces vénérables vieillards s’épanouissaient ; leurs corps s’inclinaient, et, les bras croisés, ils s’écriaient : « Tayeh !
Sous la figure de l’abbé de Janson, il a peint lui-même, à son insu, quelques traits de sa propre nature, de sa propre ambition spirituelle d’apôtre : « L’apostolat, dit-il, qui était sa vraie, son unique vocation, le tourmentait et l’emportait dès les premiers jours de son sacerdoce. » On était à la fin de l’Empire : M. de Janson cherchait une carrière à son zèle, un champ pour y semer la parole, et n’osant songer à la France, alors muette, il errait en esprit de l’Amérique à la Chine, de la Chine aux bords du Gange : Tout à coup, au sein même de la patrie, poursuit l’orateur, un cri prodigieux s’élève : le descendant de Cyrus et de César, le maître du monde, avait fui devant ses ennemis ; les aigles de l’Empire, ramenées à plein vol des bords sanglants du Dniepr et de la Vistule, se repliaient sur leur terre natale pour la défendre, et s’étonnaient de ne plus ramasser dans leurs serres puissantes que des victoires blessées à mort.
On veut dans ce présent, et dès le jour même, des produite nets comme on se figure qu’ils ont eu lieu dans le passé.
Il faut que la tradition nous aide à rassembler ses traits et nous mette sur la voie, si nous voulons recomposer avec quelque certitude sa figure et son caractère.
Dans une lettre adressée au poète Gray et qu’il écrivait trois mois après celle que j’ai citée (janvier 1766), il disait, en dessinant à ravir les deux figures rivales de Mme Geoffrin et de Mme Du Deffand : Sa grande ennemie, Mme Du Deffand, a été un moment maîtresse du Régent ; elle est maintenant tout à fait vieille et aveugle ; mais elle a gardé toute sa vivacité, saillies, mémoire, jugement, passions et agrément.
À côté de ces figures rudes et mâles, une femme nous apparaîtrait, la reine Marguerite, sœur des Valois, qui nous laisse entrevoir dans ce qu’elle écrit un personnage élégant, fin, délicat, exquis, perfide, un type qui n’était point rare dans cette famille et dans ce cortège de Catherine de Médicis.
Si on voulait l’imiter, même en supposant qu’on le pût et qu’on y fût disposé par nature, si l’on voulait écrire avec cette rigueur, et cette exacte correspondance, et cette continuité diverse de figures et de traits, il faudrait à tout moment forcer notre langue à être plus forte et plus complète poétiquement qu’elle ne l’est d’ordinaire et dans l’usage.
Cet aveu nous donne la clef principale de la conduite de Mme de Maintenon pour l’ensemble des premières années : active, obligeante, insinuante sans bassesse, entrant avec une extrême sensibilité dans les peines et les embarras de ses amis et leur venant en aide, non point par amitié pure, non point par sensibilité véritable, ni par principe de tendresse et de dévouement, mais parce que, tenant plus que tout à leur jugement et à leur appréciation, elle entrait nécessairement dans tous les moyens de s’y avancer et de s’y placer au plus haut degré : la voilà bien comme je me la figure.
Mme de Genlis y est fort maltraitée : elle figure dans ce roman sous le nom de Mme de Gercourt, sentencieuse, pédante, adroite et flatteuse, visant à une perfection méthodique, fort suspecte de mettre « les vices en action et les vertus en préceptes ».
Au milieu de tout ce que j’ai dû omettre sur Beaumarchais, je serais heureux si j’étais parvenu à laisser se dessiner d’elle-même, dans l’esprit de mes lecteurs, sa figure si libre et si naturelle, telle que je la conçois, sans la forcer en rien, sans trop la presser, et en y respectant même les inconséquences.
Ce chef-d’œuvre de satire est celle qu’il adresse à son Esprit, sujet favori encore, toujours le même, rimes, métier d’auteur, portrait de sa propre verve ; il s’y peint tout entier avec plus de développement que jamais, avec un feu qui grave merveilleusement sa figure, et qui fait de lui dans l’avenir le type vivant du critique.
Je me figure que les mémoires du judicieux conseiller Cambacérès doivent être quelquefois ainsi.
De retour au pays natal, plein de doctrine, et d’une imagination riante où brillait la pudeur, d’une figure attrayante et d’un regard où se lisait la tendresse et la beauté de son âme, il faisait la joie de ses parents et « contraignait même ceux qui ne lui appartenaient en rien de l’aimer ».
Ce beau moment date du milieu du xviie siècle, et l’on ne se figure rien de comparable aux conversations de la jeunesse des Condé, des La Rochefoucauld, des Retz, des Saint-Évremond, des Sévigné, des Turenne.
Au contraire, une perception très claire, comme celle d’une figure de géométrie, renferme des émotions tellement faibles qu’elles sont insaisissables.
Le centre A (figure de la personne) a été relié par des rayons cérébraux, par des voies cérébrales, à B, rue de Lyon, à C, magasin de soieries, etc.
Ce philosophe, le même qui mourut, à la lettre, de rire en voyant un âne manger des figures dans un bassin d’argent, avait tout étudié, tout approfondi, écrit sept cent cinq volumes, dont trois cent onze de dialectique, sans en avoir dédié un seul à aucun roi, ce qui pétrifie Diogène Laërce.
Il figure dans le tableau de Gustave Boulanger représentant une « répétition du Joueur de flûte dans la maison pompéienne de l’avenue Montaigne ».
S’il y avait une ordonnance, des incidents, une figure, une tête, un caractère, une expression empruntée des Carraches, du Titien ou d’un autre, je reconnoitrois le plagiat, et je vous le dénoncerois.
Parce que l’imagination aime à achever les tableaux qu’on lui présente, faut-il que des descriptions poétiques ressemblent à ces figures indécises et changeantes que les nuages offrent à nos yeux ?
Dans cette Histoire des Pays-Bas, qui rappelle les histoires de cet historien, si gravement terne, et où il se trouve trois ou quatre grandes figures qu’elle devrait aimer et trois ou quatre autres qu’elle devrait haïr et qu’elle décrit sans émotion quelconque, a-t-elle, une seule fois accouché, frémissante, d’une page chaude ?
J’y éprouvais une sensation de gêne, car de très gros obus éclataient assez près, quand devant une tombe toute fraîche, j’aperçus un prêtre, sale, en bonnet de police, avec un écusson 79 sur ce bonnet, à la figure jeune et énergique, étonnamment énergique, qui priait à genoux, en pleurant.
Il a acheté un piano, il a fait élever sa fille comme une dame, il a envoyé son fils dans les grandes écoles, il a fini par quitter lui-même son village, où il faisait figure, pour s’engloutir dans les villes où sa trace s’est perdue et où sa race s’est tarie.
On sait qu’à tous les agréments de la figure, elle joignit tous ceux de l’esprit.
Concevrait-on autrement que la fable si poétique d’Ariane n’occupe qu’un coin du tableau, et figure dans le récit comme une légende retracée sur les tapisseries qui paraient la salle de noces des deux époux ?
Quel suivant figure dans son cortège ?
Il y avait dans la figure du héros de roman, un je ne sais quoi d’original et d’attrayant, qui nous fit prendre, dès cette heure, la résolution d’esquisser, quelque jour, les traits de la physionomie historique que nous retrouvions, sans peine, derrière le voile de la fiction. […] Le curé, dévot de l’héroïque martyre, patronne de son église et de celle qui lui avait donné l’être, ne voulut point que le temps effaçât tout souvenir d’un si heureux événement ; il nous laissa en commémoration la fameuse comédie, qui figure encore aujourd’hui, bien que mutilée, dans ses œuvres imprimées, et l’inscription placée à gauche de l’entrée de l’église, où tous ceux qui visitent aujourd’hui le village, peuvent la déchiffrer31. » Ce fut là le seul événement un peu marquant de cette période de la vie de Vicens Garcia. […] L’abbé Félix, figure un peu incertaine et un peu terne auprès de ce grand abbé Patrice, c’est sans doute encore un fils de la Chair, mais un fils de la Chair en qui prime, que dis-je ? […] « Et autour du guéridon allait et venait, se reposant d’un genou familier sur le rebord du pouf, une petite bonne enceinte, au visage minable d’une figure du moyen-âge, après les grandes famines. […] dont les origines valent la peine d’être étudiées, — et le portraicturer en pied sous sa maladive figure de poète et d’homme ?
Il en a plusieurs en vue, — trois ou quatre à la fois, — mais qui croirait que les mères de ces demoiselles « regardent sa bourse plus que sa figure » ? […] Mais ce qu’il faut ajouter, c’est que jamais thèses plus graves n’ont été incarnées dans des figures plus vivantes, ou encadrées dans de plus agréables intrigues et dans des drames plus passionnés. […] Le charme pur et douloureux de cette figure de jeune fille a séduit évidemment M. […] Ce qu’il est d’ailleurs intéressant de noter, c’est ce que la figure d’Henriette Scilly doit de plus fin et de plus délicat, à la conception même et aux exigences du roman psychologique. […] De tout ce qu’elle a de commun avec les autres femmes, le romancier n’a retenu, pour le faire entrer dans la composition de sa figure, que tout juste ce qu’il en fallait.
. — Voici le cardinal d’Amboise : « Vous diriez la forte encolure d’un paysan normand ; sur cette large face et ces gros sourcils baissés, vous jureriez que c’est un de ces parvenus qui, par une épaisse finesse, un grand travail, une conscience peu difficile, ont monté à quatre pattes3. » Et voici l’empereur Maximilien : « Cette grande figure osseuse, fort militaire, d’un nez monumental, est un don Quichotte sans naïveté. […] Je me le figure comme un vieux petit Chinois exilé chez nous. […] Et c’est seulement lorsqu’on s’est rendu compte des raisons profondes pour lesquelles il passionne, qu’on peut risquer une esquisse de cette figure attrayante autant que répulsive. […] Il hésite à descendre de ce glaçon branlant où il se jucha : l’Impératif catégorique, car il se souvient d’avoir reçu en pleine figure certain brandon acéré dont la flamme le brûle encore : « Quelle est la mission de toute instruction supérieure ? […] Et dans chaque cycle de l’existence humaine, il y a toujours une heure où chez un individu d’abord, puis chez beaucoup, puis chez tous, s’élève la pensée la plus puissante, celle du retour éternel de toutes choses — et c’est chaque fois, pour l’humanité, l’heure de midi23. » La figure de Nietzsche se dresse, maintenant, devant nous, en ses traits essentiels.
Wordsworth, Walter Scott, à côté de cette prodigalité de splendeurs accumulées, semblaient pauvres et ternes ; on n’avait point vu depuis Eschyle une pompe aussi tragique, et on suivait avec une sorte de saisissement le cortége des figures gigantesques qu’il amenait en files lugubres du fond du passé jusque sous nos yeux. […] Il y a un moyen sûr d’attirer la foule autour de soi, c’est de crier fort ; avec des naufrages, des siéges, des meurtres et des combats, on l’intéressera toujours ; montrez-lui des forbans, des aventuriers désespérés : ces figures contractées ou furieuses la tireront de sa vie régulière et monotone ; elle ira les voir comme elle va aux théâtres du boulevard et par le même instinct qui lui fait lire les romans à quatre sous. […] Les jeunes filles reposent dans le large appartement silencieux, comme de précieuses fleurs apportées de tous les climats dans une serre. « L’une a posé sa joue empourprée sur son bras blanc, — et ses bouclés noires font sur ses tempes une grappe sombre. — Elle rêve ainsi dans sa langueur molle et tiède. — L’autre, avec ses tresses cendrées qui se dénouent, laisse pencher doucement sa belle tête, — comme un fruit qui vacille sur sa tige, — et sommeille, avec un souffle faible, — ses lèvres entr’ouvertes, montrant un rang de perles. — Une autre, comme du marbre, aussi calme qu’une statue, — muette, sans haleine, gît dans un sommeil de pierre, — blanche, froide et pure, et semble une figure sculptée sur un monument1309. » Cependant les lampes alanguies n’ont plus qu’une clarté bleuâtre ; Dudu s’est couchée, l’innocente, et si elle a jeté un regard dans son miroir, « c’est comme la biche qui a vu dans le lac — passer fugitivement son ombre craintive. — Elle sursaute d’abord et s’écarte, puis coule un second regard — admirant cette nouvelle fille de l’abîme1310. » Que va devenir ici la pruderie puritaine ?
Tous sont tellement habiles à se déguiser, ils savent si parfaitement se composer des physionomies convenables pour chaque circonstance, que les malheureux n’ont pas de figure en propre et la perfection même de leur talent leur nuit dans l’esprit du lecteur, devenu incapable de les distinguer entre eux. Néanmoins, il faut convenir que ces figures assez peu nobles rehaussent l’intérêt du livre par la prestesse et l’ardeur avec lesquelles M. de Balzac sait les faire mouvoir. […] Derrière les deux prétendants principaux, quelle figure se glisse encore ?
Le nom de l’auteur ne figure pas sur le titre de la pièce, mais Neuf-Villenaine crut devoir la faire précéder d’une dédicace : À Monsieur de Molier, chef de la Troupe des Comédiens de Monsieur , frère unique du Roi. […] Molière, se fiant maladroitement à l’expression souriante de la figure d’un vieux courtisan, s’incline. […] Il figure nominativement de loin à loin dans les dépenses extraordinaires sur les livres de comptes pour journées et pour étrennes. […] Aussi se figure-t-on facilement l’étonnement ou plutôt le dépit de nos admirateurs enthousiastes, quand ils entendirent Alceste, plus fidèle à la vérité qu’aux convenances, prouver à Oronte, par bonnes et convaincantes raisons, que son sonnet ne valait rien. […] Enfin, la principale figure de cette grande composition, Alceste, fut généralement regardée comme le portrait du duc de Montausier.
Ce malaise douloureux, ce trouble profond que porte dans l’âme une si sombre et si fausse appréciation des choses en général et de l’homme lui-même, et qu’il ne rencontrait guère dans son propre temps, ni dans les temps dont il lisait l’histoire, Shakespeare les a devinés et en a fait la figure et le caractère de Hamlet. […] Mais Shakespeare peut fort bien n’y avoir pas regardé de si près, et s’être peu embarrassé de se rendre à lui-même un compte exact de la figure qui convenait à son monstre. […] « Le More avait avec lui un enseigne d’une très belle figure, mais de la nature la plus scélérate qu’il y ait jamais eu au monde… Ce méchant homme avait aussi amené à Chypre sa femme, qui était belle et honnête ; et, comme elle était italienne, elle était chère à la femme du More, et elles passaient ensemble la plus grande partie du jour. […] De ces cinq personnages soumis à l’action du malheur, Cordélia, figure céleste, plane presque invisible et à demi voilée sur la composition qu’elle remplit de sa présence, bien qu’elle en soit presque toujours absente. […] Cette fatalité qui, dans Macbeth, se révèle sous la figure des sorcières, et dans Richard III sous celle de Marguerite, n’est cependant en aucune façon la même dans les deux pièces.
Il avoit tout pour plaire, un caractère aimable & liant, une figure prévenante, des agrémens infinis dans la conversation, beaucoup d’élevation dans l’ame, l’imagination la plus brillante, une facilité singulière à bien faire des vers. […] Ces signes sont la croix, la palme, le monogramme de Jésus-Christ, des phioles teintes de rouge, les figures d’un bon pasteur ou d’un agneau, que l’on trouve gravées sur les pierres du tombeau : mais ces signes ne sont-ils pas encore équivoques ? […] Les nouvelles mariées passeroient pour des bégueules, si elles ne portoient au cou la figure de Poullear ou Pulleyar, Dieu de l’impudicité & de la génération, le Priape des Indiens. […] Comme ils croient qu’en mourant, l’ame ne fait que changer de corps, aussitôt qu’un d’eux est mort, ils le posent sur un lit de parade, & lui mettent un miroir devant les yeux, pour qu’il y contemple sa nouvelle figure. […] Les épouses chrétiennes portoient au cou, comme les payennes, la figure du dieu Poulléar ».
On l’emmène, après avoir jeté un mouchoir sur sa figure, pour que l’armée ne reconnaisse pas l’illustre blessé. […] Thiers, c’est un grand homme ; selon nous, c’est une grande figure, puisqu’il n’a rien grandi que lui-même.
C’est dans cette large sphère des affaires nationales ou européennes que les grandes individualités diplomatiques dessinent leurs figures pour l’admiration ou pour la réprobation de l’histoire. […] Sa figure délicate et fine révélait, dans ses yeux bleus, une intelligence lumineuse, mais froide, dont les agitations de l’âme ne troublaient jamais la clairvoyance.
Elle mourut en réputation de sainteté parmi le peuple de Ferrare ; les médailles que nous avons sous les yeux, et ses portraits, la représentent comme le profil de la mélancolie et de la douceur ; des yeux bleus, une chevelure noire, un front sans nuage, une bouche où l’intelligence fine donne de l’agrément à un sourire naturellement rêveur, un ovale arrondi des joues, un port de tête un peu incliné en avant, comme celui d’une figure qui écoute, ou comme le buste d’une princesse qui se penche pour accueillir avec pitié les malheureux, enfin la grâce française de sa mère mêlée à la gravité pensive d’une Italienne, font aimer cette femme, que son tendre intérêt pour le Tasse associe à jamais à son immortalité. Aimée, servie ou négligée par l’infortuné poète dont elle avait protégé les premiers chants, Léonora d’Este mérita du moins de rester, avec Laure et Béatrice, une de ces figures qui deviennent les saintes femmes du ciel ou du Calvaire de la poésie.
Qu’on se figure Napoléon, dans ses campagnes d’Allemagne, d’Espagne, de Russie, fournissant à Cuvier, avec lequel il aurait été en correspondance, les dépouilles de ces provinces et les éléments de ses recherches anatomiques : tel était Alexandre, en rapport journalier avec son ancien précepteur. […] Le peintre ne laissera point dans son tableau un pied qui dépasserait les proportions des autres parties de la figure, ce pied fût-il beaucoup plus beau que le reste ; le charpentier de marine ne recevra pas davantage une proue, ou telle autre pièce du bâtiment, si elle est disproportionnée ; et le choriste en chef n’admettra point, dans un concert, une voix plus forte et plus belle que toutes celles qui forment le reste du chœur.
C’est elle qui, tout en le développant, lui conserve néanmoins sa figure, tandis que le feu, s’il était seul chargé de cette fonction, accroîtrait cette figure sans règle et sans limites.
Seguin, chargé du rôle écrasant de Hans Sachs, en est arrivé à représenter magistralement cette grande figure, héroïque dans sa simplicité d’artisan-poète. […] Les « violets expirés » et les « roses agonisants » surprirent moins que ne scandalisa la transformation de Vénus en « Sodomita Libido », figure allégorique de la luxure, extraite de la Psychomachie de Prudence qui met en scène plusieurs duels de vices et de vertus.
Le jeu d’images est donc beaucoup plus complexe qu’on ne se le figure, mais enfin c’est toujours un jeu d’images statiques et simultanées, un simple spectacle kaléidoscopique qui n’enveloppe pas, comme tel, le sentiment du temps, et qui ne peut m’en offrir la représentation ou perspective que si, par-dessous, je replace le sentiment animateur de la transition ou du changement. […] Qu’on se figure en Dieu une intuition de l’éternel, c’est là une représentation tout hypothétique et, à vrai dire, dont nous n’avons aucune représentation ; mais enfin, étant admis un Être éternel, on peut lui supposer l’intuition de l’éternité.
Paul Féval ne nous donnerait pas des figures comme celles du juge de paix Foxley, de Pierre Peables le plaideur, et du capitaine de Jenny-la-Sauteuse (dans Redgauntlet), cette variété de trois ivrognes de génie. […] de l’esclave de la foi qui s’émerveillait d’avoir douté ; cette figure du libre penseur prisonnier de Dieu ; ce masque imprévu, si absolument divers, frivole et profond, travaillé par la fièvre du savoir, mais tout pénétré de sérénités naïves, qui m’a fait si souvent, si souvent, penser et pleurer… « Il est là, le vieil homme que j’aimais, — véritablement homme, pétri d’humilité et de dédains, de charité et de cruautés ; amalgame de douceur, d’amertumes, d’obéissance, de murmures, d’imprudence et de sagesse, et bon, loyal et généreux !
Examiner de près la réelle figure de cet homme illustre sans considération pour la foule respectueusement inclinée devant sa mémoire, c’est, à coup sûr, une audace dont je ne cherche pas à me dissimuler le péril. […] L’historien… Je cite encore : « Sa philosophie historique est tout aussi élémentaire, et osons le dire, ne supporte pas mieux l’examen… » Il nous semble en effet inutile d’insister sur la valeur d’une critique historique pour laquelle les hommes sont semblables à ces figures inertes que fait mouvoir sur un échiquier, qui serait le monde, la main d’un joueur, qui serait Dieu.
Car il est incontestable qu’un nombre en surpasse un autre quand il figure après lui dans la série naturelle des nombres : mais si l’on a pu disposer les nombres en ordre croissant, c’est justement parce qu’il existe entre eux des rapports de contenant à contenu, et qu’on se sent capable d’expliquer avec précision en quel sens l’un est plus grand que l’autre. […] Et cette sympathie se produit en particulier quand la nature nous présente des êtres aux proportions normales, tels que notre attention se divise également entre toutes les parties de la figure sans se fixer sur aucune d’elles : notre faculté de percevoir se trouvant alors bercée par cette espèce d’harmonie, rien n’arrête plus le libre essor de la sensibilité, qui n’attend jamais que la chute de l’obstacle pour être émue sympathiquement. — Il résulte de cette analyse que le sentiment du beau n’est pas un sentiment spécial, mais que tout sentiment éprouvé par nous revêtira un caractère esthétique, pourvu qu’il ait été suggéré, et non pas causé.
Un seul et même sujet (paysage, figure, situation morale) sera senti très différemment, selon le tempérament de l’artiste ; et la forme d’expression devrait être adéquate à cette façon de sentir, c’est-à-dire personnelle. […] Admettons encore que Brunetière ait eu raison pour le siècle de Louis XIV ; les temps ont changé, nous nous sommes démocratisés ; les rois en exil font assez piètre figure chez Daudet, et les rois en visite nous font rire aux larmes chez de Flers et de Caillavet.
Aujourd’hui M. de Gournay a voulu résumer et recueillir ce qu’on sait de positif sur Malherbe, et graver de nouveau les traits de cette sèche, altière et maîtresse figure.
Il m’a été permis, grâce à l’obligeante confiance de M. le baron Roederer, d’en prendre à l’avance une idée, et de pouvoir ainsi dessiner avec quelques traits nouveaux une figure historique dont le rang est marqué dans la littérature sérieuse et dans la politique honorable.
Lavallée a eu soin de placer aussi un portrait de l’illustre fondatrice, où revit cette grâce si réelle, si sobre, si indéfinissable, et qui, sujette à disparaître de loin, ne doit jamais s’oublier quand par moments la figure nous paraît un peu sèche ; il l’emprunte aux Dames de Saint-Cyr dont la plume, par sa vivacité et ses couleurs, est digne cette fois d’une Caylus ou d’une Sévigné : Elle avait (vers l’âge de cinquante ans), disent ces Dames, le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre si affectueuse et si régulière qu’elle effaçait les plus belles de la Cour… Le premier coup d’œil était imposant et comme voilé de sévérité : le sourire et la voix ouvraient le nuage… Saint-Cyr, dans son idée complète, ne fut pas seulement un pensionnat, puis un couvent de filles nobles, une bonne œuvre en même temps qu’un délassement de Mme de Maintenon : ce fut quelque chose de plus hautement conçu, une fondation digne en tout de Louis XIV et de son siècle.
Le ciel au-dessus était ouvert, peuplé en chaque point de figures vivantes, de patrons attentifs et manifestes, d’une invocation directe, et faciles à intéresser ; le plus intrépide guerrier marchait dans ce mélange habituel de crainte et de confiance comme un tout petit enfant.
Dans ce rôle actif qu’il eut avec distinction pendant une douzaine d’années, je me le figure toujours sous une image.
Bien des figures en sortirent, qui avaient au moins le mérite de n’avoir point leurs pareilles ni dans l’art ni dans la nature.
Mais la vraie oraison funèbre, la page immortelle (autant qu’une page humaine peut l’être), c’est cette lettre qu’on vient de lire, écrite dans l’effusion de la douleur par un roi qui ne veut être qu’un homme, un homme affligé, et avec des expressions non cherchées et naïves, dignes par leur tendresse de la jeune et aimable figure qui a disparu.
Le recueil ainsi conçu et rassemblé, il ne s’agissait plus que de savoir quelle forme, quelle figure définitive il prendrait, et quelle fée on lui donnerait pour marraine.
Je me figure que je vivrai un jour dans ce petit paradis, mais je veux que vous en soyez le dieu. » La lettre où il dit cela est de 1732, c’est-à-dire d’une date postérieure à son séjour en Angleterre.
Ceux qui ne l’ont connu que dans la dernière moitié de sa vie ne retrouvaient pas dans ce personnage grand, mince, un peu penché, dans cette figure fatiguée et dont la coloration elle-même était un indice de souffrance, ce qu’il avait pu avoir d’agréments et de grâce dans un âge plus favorisé.
Lorsqu’on a sous les yeux la magnifique édition in-folio de ce Virgile traduit, qui parut en 1649 entre les deux Frondes, avec figures, tables, remarques et commentaires, le portrait du traducteur en tête de la main de Mellan, on se prend à regretter que tant de dépense ait été en pure perte, et l’on voudrait se persuader que ce travail de Marolles et les autres travaux de lui qui succédèrent n’ont pas été inutiles à leur moment.
Je ne suis pas un ambitieux comme un autre (car il se figure ne pas l’être) ; — tout cela fait de lui, à cette période de sa vie, un personnage à demi comique pour le lecteur.
La richesse du cadre jurait avec la figure principale et avec de singuliers accompagnements d’humilité.
Je me figure, d’après les analyses qu’on nous en a données, quelque chose entre les Contes moraux de Marmontel et les Incas.
Croirait-on que jusqu’à ces derniers temps, l’existence de Mme de Boufflers, passé ce moment de 1789 et ce dernier voyage qu’elle fit en Angleterre, était restée un problème, et que cette figure si animée et si constamment en vue s’éclipsait totalement ?
Mignet, dans une de ces belles Notices dont il enrichit annuellement les fastes de l’Académie dont il est le secrétaire perpétuel, avait modelé, en quelque sorte, la figure de Sismondi et inauguré son buste6.
Nous y verrons un à un tous les fils dont se compose la trame la plus solide de l’histoire, le dessous et l’envers de la tapisserie ; nous apprendrons à y connaître au naturel quelques figures de diplomates guerriers, d’hommes d’État, gens d’esprit ou même écrivains originaux, que les récits du dehors et le spectacle de l’avant-scène laissaient à peine soupçonner43.
On ne se figure guère le grand Corneille faisant son miel comme l’abeille : M.
Hier je m’y rendis ; elle me vit une figure assez triste, et dès que nous fumes tête à tête, elle me demanda : « Avez-vous des nouvelles ?
me jeter ainsi votre démission à la figure, et croire que je renvoie ainsi les gens qui me servent bien !
Dans son pèlerinage à la Dent du Midi, assis sur le plateau de granit, au-dessus de la région des sapins, au niveau des neiges éternelles, plongeant du milieu des glacières rayonnantes au sein de l’éther indiscernable, vers le ciel des fixes, vers l’univers nocturne, Oberman me figure exactement ce sage de Lucrèce, qui habite Edita doctrina sapientum templa serena ; temple, en effet, tout serein et glacé, éblouissant de blancheur et semblable à un sommet neigeux que la lumière embrase sans jamais le fondre ni l’échauffer.
On saisira toute la portée de l’idée dont l’Italie n’est, à vrai dire, que la plus auguste figure.
Si une voile dérive par un jour serein du port, on pense aux rivages lointains et inconnus où elle ira aborder après avoir traversé pendant des jours sans nombre ce désert des lames ; ces terres étrangères se lèvent dans l’imagination avec les mystères de climat, de nature, de végétation, d’hommes sauvages ou civilisés qui les habitent, on s’y figure une autre terre, d’autres soleils, d’autres hommes, d’autres destinées
Qu’il continue de nous charmer, de nous toucher et de nous faire réfléchir ; qu’il continue d’être élégant, grave et languissant, de nous dessiner d’exquises figures de femmes (comme Thérèse de Sauves, Hélène Chazel et les deux Marie-Alice, ou comme Hubert Liauran, cette douce petite fille) et d’étudier les drames de la conscience dans l’amour.
De telles figures sont bonnes à regarder.
D’abord, qu’on ne se figure pas posséder un renseignement d’une précision suffisante, quand on a remarqué que tel auteur étranger fut en vogue à telle époque.
Nous allons voir maintenant le génie grec travailler cette donnée confuse, et tirer du disque à feu des bergers aryens la plus grandiose figure, l’incarnation la plus haute de l’Humanité.
De l’éclat, du roman, une destinée d’émotion, de dévouement et de tendresse, un touchant malheur, voilà ce qui attache à ces poétiques figures, et ce qui, une fois transmises et consacrées, leur procure dans l’imagination des âges un continuel rajeunissement.
À propos d’un saint Benoît mourant et recevant le viatique, par Deshays, il fait voir que si l’artiste avait montré le saint un peu plus proche de sa fin, « les bras un peu étendus, la tête renversée en arrière, avec la mort sur les lèvres et l’extase sur le visage », en raison de cette seule circonstance changée dans l’expression de la principale figure, il aurait fallu changer par suite toutes les physionomies, y marquer plus de commisération, y répandre plus d’onction attendrie : « Voilà un morceau de peinture, ajoute-t-il, d’après lequel on ferait toucher à l’œil à de jeunes élèves, qu’en altérant une seule circonstance on altère toutes les autres, ou bien la vérité disparaît.
Il est de la façon de Mlle de Scudéry, qui, dans son roman de Clélie, aurait peint Ninon sous la figure de Clarice.
Peyrottes m’a écrit pour réclamer contre cette bien légère épigramme ; il me dit que L’Écho du Midi, qui a imprimé sa lettre, a fait ici une bévue dont il n’est pas coupable, et qu’il avait mis ces autres mots : « J’ose dans ma timidité qui est bien près de l’audace… » Je lui donne acte de son Errata, sans que cela ôte rien au piquant de l’épisode où il figure, et à la moralité littéraire que j’en veux tirer.
La nature lui avait donné tous les avantages, la taille, le port, la figure, la force, et une ardeur en tous sens que dominaient finalement la raison et la volonté.
Toutes les lignes de cette remarquable figure sont sèches, mais nettes et fermes.
De temps en temps, dans ses propres discours, on le voit qui s’arrête et se retourne vers lui-même pour se congratuler avec raisonnement et réflexion ; il se prend naturellement comme type et figure du prince accompli ; il se voit en pied déjà et en attitude devant la postérité.
Je me suis arrêté avec plaisir sur cette figure naturelle et vive, qui est celle d’un Gil Blas supérieur, d’un Figaro sans mauvais goût et sans charge, venu avant que la philosophie et la littérature s’en soient mêlées.
Sa figure commençait à se dessiner pour moi, et je voyais dans le maréchal Marmont un militaire des plus instruits, des plus éclairés, animé du génie de son art, en possédant la philosophie, à la fois plein de flamme et de cœur, et finalement malheureux.
Je me figure que, s’il y resta si longtemps, ce fut surtout par curiosité et pour son amusement.
Sa figure maigre et longue, élégante, a bien le type du pays où il est né, le type bordelais ; son profil bien dessiné est d’un beau caractère et semble fait pour la médaille.
Il écrivait cela à un de ses amis M. de Suhm, envoyé de Saxe en Prusse, et l’une des figures les plus aimables et les plus attachantes qui se dessinent parmi ces premiers amis du grand Frédéric.
L’art du savant, de l’historien, et aussi de l’artiste, c’est de découvrir les faits significatifs, expressifs d’une loi ; ceux qui dans la masse confuse des phénomènes constituent des points de repère et peuvent être reliés par une ligne, former un dessin, une figure, un système.
Perçu comme une des figures détestables de « l’art humanitaire », Chenavard sera la cible des attaques d’un Balzac ou d’un Baudelaire.
D’ailleurs une figure grosse comme le poing ; une barbe de bouc, pas de dents.
Tels sont mes doutes à l’égard de Bossuet, et, si je les exprime, ce n’est point pour diminuer cette grande figure, mais par impartialité, et pour lui appliquer la même méthode de stricte justice que M.
Roger Cahen, Robert Hertz, Amédé Rothstein, toutes ces figures vigoureusement caractérisées offrent quelque chose de rare et de singulier.
Un autre critique du temps avait loué ces mêmes sermons en des termes plus surprenants encore, insistant sur ce qu’on n’y trouvait « nulle antithèse, nulle phrase recherchée, point de figures bizarres61 ! […] Et tandis que tous les autres prédicateurs s’efforcent d’ôter à Madeleine le vivant caractère d’une figure historique pour la réduire, dès le début du discours, à n’être que le modèle et le symbole, ou même l’allégorie de la pénitence, lui, s’efforce, au contraire, de préciser les traits, d’animer la personne, de lui donner une voix, un corps, et des sens. […] De pareils enseignements encore devaient faire, plus tard, du fils, — le dauphin, père de Louis XVI, — ce personnage dont on voit passer de loin en loin, dans les coulisses de l’histoire, la figure honnête, pieuse et légèrement niaise. […] Si cela m’est arrivé, je vous en demande mille pardons… Permettez que mon ouvrage paraisse, et ne contraignez pas l’artiste à toucher à la figure principale contre son propre goût. […] Je veux dire que, dans les magnifiques appartements du Grandval ou de la Chevrette, sous la figure de l’abatino, c’est un rayon de soleil qui entre, un rayon de soleil d’Italie.
Baron, âgé pour lors de neuf à dix ans, était dans la troupe de la Raisin, à qui Molière venait de prêter sa salle par humanité : il vit le jeune comédien, devina son talent, l’invita à souper, et le fit coucher chez lui : qu’on se figure la surprise de cet enfant quand, à son réveil, on lui apporta un habit magnifique ; il crut être bercé par un songe agréable, surtout lorsque Molière lui fit présent de six louis, en lui recommandant de ne les dépenser qu’à ses plaisirs, et qu’il lui montra l’ordre par lequel le roi lui permettait de quitter la troupe de la Raisin pour entrer dans celle de son bienfaiteur. […] Que l’on se figure à quel point le spectateur, instruit des projets d’Orgon, s’amusait et de la sécurité de l’amant, et de la surprise qui devait lui succéder […] Sosie, tremblant parce qu’il est nuit, et qu’il craint d’être arrêté comme voleur, arrive du port pour annoncer à la belle Alcmène qu’Amphitryon a battu les ennemis ; il fait une répétition de sa harangue, lorsque Mercure, qui lui a volé sa figure et son nom, vient l’interrompre, l’empêche d’entrer chez Alcmène, et le renvoie vers le port, à grands coups de bâton. […] Jupiter, toujours sous la figure d’Amphitryon, entreprend de faire oublier à la belle Alcmène les torts de son mari ; il y réussit, et voulant, dit-il, célébrer son raccommodement par un sacrifice à Jupiter, il ordonne à Sosie d’aller inviter le pilote Blépharon. […] Le genre. — D’intrigue dans l’un et l’autre ouvrage, mais d’intrigue surnaturelle, puisque la métamorphose de Jupiter, qui se donne la figure de son rival, en est la base.
Je me figure le diplomate poète, à Florence, dans ce milieu cosmopolite, passant ses soirées à la Pergola « entre des abbés et des filles », comme Hercule entre la Vertu et la Volupté ; le lendemain, improvisant ses vers dans les jardins de Boboli ou aux Cascine, l’oreille encore pleine des fioritures du ténor ou de la « prima donna » : quelque chose de leur manière rossinienne s’y glissa malgré lui, à son insu. […] Mon âme est un vent de l’aurore Qui s’élève avec le matin… Il est dans cet état de ravissement et d’allégresse divine où nous sommes tous entrés quelquefois, surtout parmi des paysages vastes et découverts, qui évoquaient en nous l’image de l’immensité et la beauté totale et la figure même de la planète, sur la montagne ou au bord de la mer lumineuse ; quand nous descendions, dans l’air léger, presque délivrés du sentiment de la pesanteur, vers les vallées doucement bruissantes de l’invisible sonnerie des troupeaux ; ou quand nous marchions l’été, dans une grande plaine, par un grand soleil, tout enveloppés de rayons et d’odeurs végétales. […] Ils voyaient ondoyer en bas, à grandes ombres, La bruissante mer de leurs feuillages sombres… Autres merveilles, et plus soutenues : la prodigieuse description de la terre avant le déluge ; le chœur des cèdres, les mœurs des tribus nomades, le culte des ancêtres et les discours des vivants aux morts ; les amours de Daïdha et de Cédar ; leur fuite dans la forêt vierge ; le défilé des peuples devant les géants, fresque lamentable, fourmillante et démesurée, mais piquée de détails violemment réalistes ; fresque symbolique et qui fait songer à l’éternelle et vaine procession de l’humanité douloureuse sous les yeux d’un Dieu méchant : Ils passaient, ils passaient, squelettes de la faim… ; tout le rôle de Lackmi, qui est la figure la plus vivante du poème, sa passion humble et furieuse, ses discours ardents, sa ruse, sa mort amoureuse ; la suprême malédiction jetée par Cédar au monde et à Dieu ; Et surtout, surtout, le Fragment du Livre primitif ! […] Or, il ressemblait physiquement, vers la fin, à un vieil aigle, et c’était la véritable figure de son âme.
Déjà celui de Goethe ne l’est pas beaucoup et, dans tout l’épisode de Marguerite, la figure de Faust pâlit singulièrement, et son personnage baisse de plusieurs degrés. […] Nous retracer tout cela sans donner trop mauvaise figure à son héros, qu’il aime beaucoup, c’est ce que M. […] Surtout chacun pense être un Napoléon ; chacun poursuit ce mirage ; chacun est comme hypnotisé par cette grande figure. […] Autour de lui des figures amusantes, comme celle de l’Anglaise, belle-mère d’une de ses élèves. […] Le tableau est fait à souhait, avec son troisième plan, son second plan, son premier plan enfin, où se détache, repoussée par la note noire du négrillon, la splendeur de la figure principale.
Les avantages de la figure ou de la fortune, un succès, un bon mot suffisent. […] « Ce sont là, dit-il, les petites chicanes de petits esprits : un poète néglige la distinction accidentelle du pays et de la condition, comme un peintre, satisfait de la figure, s’occupe peu de la draperie. » Il est inutile de relever le mauvais ton et la fausseté de cette critique. […] Qu’on se représente un fleuve immense, coulant au travers des plus épaisses forêts ; qu’on se figure tous les accidents des arbres qui accompagnent ses rives ; des chênes-saules, tombés de vieillesse, baignent dans les flots leur tête chenue ; des planes d’Occident se mirent dans l’onde avec les écureuils noirs, et les hermines blanches, qui grimpent sur leurs troncs, ou se jouent dans leurs lianes ; des sycomores du Canada se réunissent en groupe ; des peupliers de la Virginie croissent solitaires ou s’allongent en mobile avenue. […] Déjà hommes, sans être hommes, vous les voyez traîner leur figure pâle et leur corps énervé dans les cercles de Paris, décidant de tout en maîtres, ayant une opinion en morale et, en politique, prononçant sur ce qui est bon ou mauvais, jugeant de la beauté des femmes, de la bonté des livres, du jeu des acteurs, de la danse des danseurs, se regardant danser eux-mêmes avec admiration, se piquant d’être déjà blasés sur leurs succès, et, pour comble de ridicule et d’horreur, ayant quelquefois recours au suicide.
Le premier consiste à relever, à anoblir par des figures et à représenter par des images propres à nous émouvoir, tout ce qui ne toucherait pas s’il était dit simplement. […] était rendu avec des figures, il ne serait plus rien. […] La femme ménagère figure à côté de la savante, l’homme poli et humain à côté du misanthrope, et un jeune homme prodigue à côté d’un père avare.
Le demi-jour seyait bien à cette grave figure du xvie siècle ; j’aimais à apercevoir cette grande âme, avec la perspective de trois cents années.
Quoique l’auteur ait dit dans une note que ce portrait est le seul qui s’applique réellement à une personne déterminée, je ne saurais croire que le portrait d’Ismène ou de la beauté sans prétention, à qui il n’a manqué pour être célèbre que de mettre enseigne de beauté ; que celui de Glycère, la femme à la mode, et qui « s’est fait jolie femme il y a vingt ans sans beauté, comme on se constitue homme d’esprit sans esprit, avec un peu d’art et beaucoup de hardiesse » ; — je ne puis croire que le portrait d’Herminie si entourée, si pressée d’adorateurs, si habile à les tenir l’un par l’autre en échec, et qui n’aime mystérieusement qu’un seul homme sans esprit, sans figure, qui n’est plus jeune, qui se porte très bien toutefois, et qui est… son mari ; — que le portrait d’Elvire, la femme de cinquante ans, qui s’avise soudainement d’un moyen de se rajeunir en s’attachant à un homme de soixante-quinze ; — que tous ces portraits si nets et si distincts n’aient pas eu leur application dans le monde d’alors.
Le rire, en général, va peu aux mystiques ; on se figure malaisément un Fénelon jovial et en belle humeur.
Voilà les deux figures originales et, pour nous, les deux acteurs du roman.
On ne se figure pas qu’il s’est rencontré des instants uniques, où toute une nation avec son avenir était comme sur le tranchant du rasoir, et où un rien pouvait la précipiter presque indifféremment à droite ou à gauche.
Il ne faut pas demander au récit du général Pelleport, son ami et son collègue comme colonel pendant la retraite de Russie, et qui, comme lui, eut l’honneur d’être à l’extrême arrière-garde de l’arrière-garde, il ne faut pas lui demander, dirai-je tout d’abord, les mêmes qualités de correction, d’élégance, et d’un pathétique par moments presque virgilien ; mais la vérité, la candeur, un ton de sûreté et de probité dans les moindres circonstances, le scrupule, la crainte de trop dire jointe à une bravoure si entière et si intrépide, un bon sens pratique et des jugements à peine exprimés qui comptent d’autant plus qu’ils ne portent jamais que sur ce que le narrateur a su par lui-même, tout cela compense bien pour le lecteur ce qui est inachevé littérairement, et nous dessine dans l’esprit une figure de plus d’un bien digne et bien estimable guerrier.
Cependant, à deux pas de là, dans une nuance d’abord assez peu comprise du parti de l’Opposition, en dehors du libéralisme proprement dit, grandissait chaque jour une figure hautaine, altière, dédaigneuse et grave, un étrange et imposant personnage, s’appuyant à des convictions, presque à des dogmes en politique, et qui, sans se donner aucune peine pour cela, allait gagnant dans le pays en autorité et en prépondérance, — Royer-Collard.
. — Un gazon court et fourni, où le souviens-toi de moi ouvrait en clignotant ses jolies petites prunelles bleues… » Suit une description détaillée, minutieuse, comme l’auteur sait les faire, — et d’Albert, en effet, nous est donné lui-même comme un peu auteur, bien qu’inédit, — et il ajoute : « Que nous étions bien faits pour être les figures de ce paysage !
Tous les seigneurs et les courtisans prenaient parti dans la querelle du Cid ; à ces scènes d’appel et de désobéissance, je me figure qu’un frisson parcourait la salle, et parmi les rangs de la jeune noblesse on devait se regarder dans le blanc des yeux.
j’avais été obligé d’acheter une mauvaise selle et une bride à l’européenne ; j’étais monté sur un triste bidet gris qui n’avait ni jambes, ni allure, ni figure.
Je me figure quelquefois, à mes jours de réflexion sombre et de découragement, que je suis, — que nous tous, écrivains de profession et à la fois écrivains de scrupule et d’inquiétude, nous sommes les artistes d’un art qui s’en va.
Le comte de Saxe est une des grandes figures de la première moitié du XVIIIe siècle.
Que l’on se figure ce que ce militaire d’avant-garde, cet infatigable éclaireur d’avant-poste, devait ressentir d’une inaction qui brisait sa destinée et l’enchaînait au moment où elle était en plein essor.
Le premier paragraphe rétrograde sur les maux, les excès de la révolution, rembrunit tout à coup les figures ; on se dresse, on se regarde, on s’indigne ; mais on s’attend à des retours aux bienfaits, aux grands résultats de régénération sociale.
C’est cette sœur aînée qui avait appris à lire à la jeune Marceline tout enfant, et l’on trouve en maint passage des poésies un souvenir esquissé de sa douce figure.
C’est à qui mettra de grands cadres à de petites figures.
Le champ même de la littérature et de la poésie nous offre le spectacle, plus innocent du moins, de ces luttes et de cette mêlée des esprits ; et, en ce qui est de la langue en particulier, nous assistons à l’effort de Du Bellay et de ses amis pour l’avancer, pour l’illustrer, pour la rehausser d’ornements, de figures, pour lui donner la trempe et l’éclat.
Dans tout ce qu’il voit, dans tout ce qu’il lit, dans l’esprit de chaque collaborateur, je me le figure guettant une pièce au passage, une situation ; c’est sa chasse à lui.
Dans les figures historiques ou littéraires que tel autre déprime, dans celles qu’il exalte, je le retrouve au fond ; c’est lui encore qu’il préfère et qu’il célèbre sous ces noms divers ; dans les types favoris qu’à tout propos il ramène, il ne fait que sa propre apothéose.
Ce sont des enfilades de galeries qu’on ne se figure que si l’on y a pénétré.
On lut avec émotion, on connut pour la première fois dans son entière sincérité cet épisode unique, cette première Vendée restée la plus grande et la seule vraiment naïve ; on salua, on suivit avec enthousiasme et avec larmes ces jeunes et soudaines figures d’une Iliade toute voisine et retrouvée à deux pas dans les buissons et derrière les haies de notre France ; ces défis, ces stratagèmes primitifs, ces victoires antiques par des moyens simples ; puis ces malheurs, ce lamentable passage de la Loire, ce désastre du Mans, cette destruction errante d’une armée et de tout un peuple.
Ses contes et ses romans sont comme des problèmes de mécanique dont ses descriptions seraient les figures : de la réalité copieuse et substantielle, Voltaire ne tire en quelque sorte que des forces abstraites et des mobiles idéaux.
Daudet, finement et nerveusement, a su rendre certains aspects du Paris d’il y a trente ans, aspects de la ville, aspects des âmes ; il a dessiné de curieuses et vivantes figures : il a rendu aussi, en scènes touchantes ou grandioses, l’idée que de loin, par les indiscrétions des journaux ou la publicité des tribunaux, nous pouvons nous faire des existences princières dans les conditions que le temps présent leur fait.
Par un tour d’esprit charmant que rend d’autant plus malin beaucoup de bonté au fond, dame Oysille, après un récit où figure deux cordeliers libertins, s’écrie : « Mon Dieu, ne serons-nous jamais hors de ces contes de moines34 ?
Et si le goût nous vient de parler de sa manière, c’est parce que ce sceptique — qui ne l’est que plus que d’autres — nous paraît n’avoir été et n’être avant tout qu’un ouvrier de lettres, voire un artisan, — un artisan original et éclectique, aussi éclectique que son bourgeoisisme est raffiné, aussi original que sa médiévale figure n’en finit pas d’être expressive.
Le vulgaire aussi se figure que la rosée tombe du ciel et croit à peine le savant qui l’assure qu’elle sort des plantes.
XIX On se figure volontiers que la civilisation moderne doit avoir un destin analogue à la civilisation ancienne et subir comme elle une invasion de barbares.
Il a beau être, à son origine et dans son essence, un élan spontané de ceux qui souffrent vers le mieux-être, vers une répartition plus équitable des jouissances matérielles et spirituelles entre tous les membres de la société ; il a beau être, à ce titre, une aspiration vers une cité future qui n’existe qu’en idée dans le cerveau d’un petit nombre de penseurs ; sous l’inspiration de Marx et de ses disciples, il change de figure ; il se pique de renoncer aux chimères, de ne relever que de la science ; il raille les visées humanitaires ; il affiche la haine du sentiment ; il se moque de la fraternité et autres « fariboles » ; il met tout son espoir dans la force, cette accoucheuse des sociétés en travail ; il bannit l’idéalisme de l’histoire comme de la formation de l’avenir ; il déclare que l’intérêt est le point de départ réel de tous nos actes.
— Quitte donc ta figure, riposte Dorante102. » Que faire avec cet intarissable complimenteur ?
Quant à l’avis de Mme Cosima Wagner, il est tout à fait partial, la fille de Liszt ayant façonné avec habileté et opiniâtreté la figure posthume du grand homme.
Qu’on se figure Molière n’ayant pas à côté de lui Boileau pour l’exciter, le gronder, lui conseiller la haute comédie et Le Misanthrope ; Molière faisant une infinité de George Dandin, de Scapin et de Pourceaugnac en diminutif.
L’abbé Galiani est une des figures les plus vives, les plus originales et les plus gaies du xviiie siècle ; il a écrit bon nombre de ses ouvrages en français ; il appartient à notre littérature autant qu’aucun étranger naturalisé chez nous, presque autant qu’Hamilton lui-même.
cet homme dont Mlle de Lespinasse disait : « La figure de M. de Condorcet annonce la qualité la plus distinctive et la plus absolue de son âme, c’est la bonté » ; celui dont Grimm disait encore : C’est un très bon esprit, plein de raison et de philosophie ; sur son visage résident le calme et la paix ; la bonté brille dans ses yeux : il aurait plus de tort qu’un autre de n’être pas honnête homme, parce qu’il tromperait davantage par sa physionomie, qui annonce les qualités les plus paisibles et les plus douces… ; quoi !
À l’intérieur de ce cercle, de ce cadre indispensable dont il faut entourer toute figure de femme belle et spirituelle, n’entreront point du tout, ou du moins n’entreront qu’à peine et à mon corps défendant, les éclats, les ricochets de la politique, de la satire, les réminiscences de la polémique, toutes choses du voisinage et auxquelles, si on se laissait faire, un si riche sujet pourrait bien nous convier.
Une des figures les plus originales, les plus singulières et à la fois les plus naturelles du xviie siècle, est certainement la Grande Mademoiselle, fille de Gaston, nièce de Louis XIII et cousine germaine de Louis XIV.
» Le souffle poétique, ce qui est rare chez Mirabeau, semble avoir passé en cet endroit, et en cet autre encore : « Si vous me redonnez la liberté, même restreinte, que je vous demande, la prison m’aura rendu sage ; car le Temps, qui court sur ma tête d’un pied bien moins léger que sur celle des autres hommes, m’a éveillé de mes rêves. » Ailleurs, parlant non plus à son père, mais de son père, il dira par un genre d’image qui rappelle les précédentes : « Il a commencé par vouloir m’asservir, et, ne pouvant y réussir, il a mieux aimé me briser que de me laisser croître auprès de lui, de peur que je n’élevasse ma tête tandis que les années baissent la sienne. » On a refusé l’imagination proprement dite à Mirabeau ; il a certainement l’imagination oratoire, celle qui consiste à évoquer les grands noms historiques, les figures et les groupes célèbres, et à les mettre en scène dans la perspective du moment : mais, dans les passages que je viens de citer, il montre qu’il n’était pas dénué de cette autre imagination plus légère, et qui se sent de la poésie.
J’ai tâché, en le peignant, de dégager sa figure poétique et naturelle des questions brûlantes et des déclamations de parti auxquelles on a tout fait pour le mêler.
Je viendrai avec détail un autre jour à cette seconde figure, et j’aurai encore affaire, dans un exemple plus piquant qu’on ne le suppose, à l’honnêteté, à la morale et au culte de l’esprit.
Sa figure longue et un peu droite s’animait d’une fraîcheur éclatante, et s’adoucissait de ses yeux bleus pleins de candeur.
Une figure aimable, une tournure élégante, un port de tête assuré, soutenu d’une facilité rare d’élocution, d’une originalité fine et d’une urbanité piquante, lui valurent la faveur des salons et cette première attention du monde que le talent attend quelquefois de longues années sans l’obtenir.
Le premier numéro du National (3 janvier 1830) contient un court article de Carrel sur Rabbe, ce Méridional mort à quarante-trois ans, qui « était entré dans le monde à la suite de brillantes études, avec un esprit remuant, un caractère intrépide, des passions vives ; une belle figure, de l’esprit, du cœur, un geste mâle et parlant, une éloquence noble, hardie, animée, entraînante ».
Les billets étaient distribués, portant « une figure gravée de Figaro dans son costume ».
Et quand sur ce fond d’un paysage si neuf et si grand se détachent les deux plus gracieuses créations de figures adolescentes, et que la passion humaine y est peinte aussi dans toute sa fleur et dans toute sa flamme, il y a de quoi mériter à jamais de vivre, et de quoi couvrir bien des erreurs, des ignorances et des infirmités qui se trahissent ailleurs chez l’homme et dans son talent.
Au fond, l’œuvre de l’artiste sera la même que celle du savant ou encore de l’historien : « découvrir les faits significatifs, expressifs d’une loi ; ceux qui, dans la masse confuse des phénomènes, constituent des points de repère et peuvent être reliés par une ligne, former un dessin, une figure, un système. » Le grand artiste est évocateur de la vie sous toutes ses formes, évocateur « des objets d’affection, des sujets vivants avec lesquels nous pouvons entrer en société6. » Le génie et son milieu social, dont les rapports ont tant préoccupé les esthéticiens contemporains et surtout M.
Passe près de nous une figure hâve et peinée, d’un dessin assez romain.
Que dirions-nous d’un homme qui ayant à nous entretenir sur la chose du monde qui nous intéresserait le plus, s’en acquitterait par un discours étudié, compassé, chargé de figures et d’ornements ?
Nisard n’a pas dans la main une de ces torchères qui jettent d’un seul flot sur une grande figure un de ces jours complets qui ressemblent à la clarté d’or de l’apothéose, mais il promène la lueur prudente de son flambeau sur toutes les parties de la fantastique et sublime image, et il les fait successivement saillir.
Aussi, dans toutes ces figures qui nous semblaient si familières et qu’il fait passer devant nous, trouvons-nous des physionomies que nous ne connaissions qu’à moitié et dont le trait principal s’était perdu dans une lumière plus trompeuse que l’ombre.
Nettement, la figure de ses plaisanteries comme Mirabeau avait l’âme de son visage.
osé nous donner, dans son recueil d’aujourd’hui, une poésie d’yeux, après tant de poésies d’oreilles, et il y a dessiné, physiquement et géométriquement dessiné, en figure de pyramide, taillant pour cela ses vers comme des pierres, la poésie qui porte ce nom !
Les Mémoires secrets l’annoncent en ces termes : « Tous les grands, tous les princes, tous les ministres, toutes les jolies femmes sont avertis par des billets avec une figure gravée de Figaro dans son costume, et l’auteur se flatte que la reine elle-même honorera le spectacle de sa présence. » Mais, le vendredi 13 juin, pendant que « six cents voitures, dit Laharpe, défilaient dès le matin de tous les quartiers de Paris », au moment où la représentation allait commencer, un nouvel ordre de Louis XVI l’interdit tout à coup. […] C’est encore à Duclos, discutant sur le paradis, qu’elle disait : « Votre paradis à vous, Duclos, je le connais : c’est du pain, du vin, du fromage et la première venue. » La princesse de Talmont, maîtresse du prince Charles-Edouard, portait un bracelet orné de deux médaillons : d’un côté, le portrait du prétendant ; de l’autre, une figure du Christ. […] Art nouveau qui rappelle ces figures égyptiennes à angles durs qu’on voit sur d’anciens monuments. […] Tu n’as pas l’air chrétien, le croyant s’en étonne, Ô figure fatale, exacte et monotone, Pareille à sept clous d’or plantés dans un drap noir. […] La métaphore par laquelle les poètes se comparent à un instrument divin n’est, pour la plupart d’entre eux, qu’une simple figure de rhétorique, l’instrument étant doué d’une certaine énergie personnelle et n’exécutant en définitive que ce qu’il veut ; mais, en ce qui touche Lamartine, cette comparaison est la vérité même.
Flaubert raconte qu’Allévy transformait les chiffres en figures : 1 signifie une tour ; 2, un oiseau ; 3, un chameau, etc. […] Le Tout-Puissant n’a pas révélé au genre humain sans figures ni paraboles le dernier secret de l’Univers : M. […] Mais il lui faut du pittoresque : et elle se figure étourdiment qu’il est ailleurs, très loin, chez les patriarches qui font des miracles de renoncement ou chez les apaches qui font du mélodrame devers Charonne. […] Dans les larmes, mon enfance se trempait pour Verdun… » Le petit enfant ne sait pas qui était Napoléon ; il se figure que Napoléon avait épousé la France. […] Mais l’homme « aime la vieille figure de sa peine » ; il ne change pas de peine sans croire qu’on lui augmente sa peine.
Qui dit Piron rappelle à l’instant quelque chose et quelqu’un, une figure distincte, et tous, plus ou moins, vous comprennent. […] J’ai eu, en m’y mettant, à surmonter mon préjugé à moi-même, et à vaincre une certaine répugnance intime ; mais, après tout, c’est une figure inévitable dans l’histoire de notre littérature ; il avait droit à l’étude.
J’aime à me les représenter en ce moment, puisque nous sommes en Grèce, par un de ces bustes doubles où se complaisait souvent la fantaisie des artistes grecs : ils aimaient, on le sait, ces sortes de Janus à physionomies assortissantes ou le plus souvent contrastantes ; les vases sculptés nous offrent volontiers deux figures opposées dos à dos, nuque a nuque, et qui se complètent, Sophocle et Aristophane, Bacchus et Ariane, et sur un rhyton je vois Alphée et Aréthuse. […] Cela m’a fourni l’occasion de revoir les illustres qui connaissaient déjà ma figure, et aussi quelques-uns de ceux que je n’avais pas encore osé aborder.
Qu’on se figure en effet une poésie véritablement florissante, la moisson abondante et variée des Lyriques, des Élégiaques grecs, cette richesse où puisaient à pleines mains les fils et les héritiers des muses au sortir de l’âge de Solon, à l’entrée de celui de Périclès ; et nous, au contraire, à l’entrée de notre plus beau siècle, réduits, comme ici, à noter çà et là, à souligner quelques beaux vers, à glaner quelques fleurs heureuses et comme de hasard, dans une terre redevenue maigre et pleine de ronces. […] Je ne me figure jamais mieux cette convenance du Chœur dans les pièces des Grecs qu’en voyant son à-propos moderne si heureux, mais unique, dans cette ravissante pièce d’Esther, jouée et chantée par les filles de Saint-Cyr.
De plus (toujours dans la même supposition) il jouit de toutes ses facultés, il est d’une bonne santé, exempt de maux, content de ses enfants, d’une belle figure ; et, si, indépendamment de tant d’avantages, il termine bien sa carrière, il sera celui que vous cherchez, et digne d’être appelé heureux ; mais, avant sa mort, il faut suspendre notre jugement et l’appeler, jusque-là, l’homme favorisé de la fortune, et non l’homme heureux. […] La femme, considérant sa taille, touchée des grâces de sa figure, se prit à pleurer et, embrassant les genoux de son mari, le conjura, par tout ce qu’elle put imaginer propre à l’émouvoir, de ne point obéir.
Nous disons, nous, qu’aucun des hommes qui croient ainsi n’est du nombre de ceux qui sauvent les peuples… » Je me figure qu’ici encore son tempérament « peuple » se retrouve. […] Mais, si cette figure vous offense, d’autres ont de quoi vous retenir.
Son Neptune et son Eole « aux sourcils épais et pendants, aux yeux pleins d’un feu sombre et austère », ne sont que des figures rébarbatives. Les dieux de Fénelon ressemblent à ces vaines figures de la Vierge auxquelles s’essayent les peintres, depuis que le protestantisme et la philosophie ont effacé de notre imagination cet idéal que Raphaël avait reçu de la foi du moyen âge.
Les lois générales du ciel n’offrent ainsi aucune cause possible d’une diminution ou d’une augmentation de chaleur à la surface de notre globe ; car, à la distance où notre système est placé de toute étoile, la chaleur, même des plus prochaines, figure pour une quantité absolument nulle en comparaison de la chaleur solaire. […] Laplace a bien démontré qu’aucune cause liée à l’attraction universelle ne peut déplacer l’axe de rotation du sphéroïde terrestre, mais Laplace, dans tous ces calculs, a toujours considéré les corps célestes comme des masses rigides parfaitement homogènes ou, tout au moins, formées de couches concentriques d’une parfaite homogénéité sur toute leur circonférence, de sorte que leur centre commun de gravité dût coïncider avec leur centre de figure.
Et nous hésiterions entre les figures vénérables de Vigny et Stéphane Mallarmé, si le profond, multiforme et magnifique Baudelaire en qui précisément tout son siècle se résume et qui ouvre un siècle nouveau (car tous ceux qui sont venus après lui et ceux qui viennent encore, datent de lui et « l’ont dans le sang »), si Baudelaire ne suffisait à combler notre esprit, notre cœur et nos sens. […] Laissant de côté la séduisante erreur romantique, dont l’esprit latin commence à se délivrer avec peine, je salue la noble figure du poète Écouchard Lebrun qui fut le maître et l’inspirateur d’André Chénier et qui vécut assez pour conduire les Muses grecques à la cour de Bonaparte.
Ces mouvements automatiques d’accompagnement intérieur, d’abord confus et mal coordonnés, se dégageraient alors de mieux en mieux en se répétant ; ils finiraient par dessiner une figure simplifiée, où la personne qui écoute retrouverait, dans leurs grandes lignes et leurs directions principales, les mouvements mêmes de la personne qui parle. […] Ce mode de représentation suffira peut-être tant qu’on le limitera strictement aux faits qui ont servi à l’inventer : mais chaque fait nouveau forcera à compliquer la figure, à intercaler le long du mouvement des stations nouvelles, sans que jamais ces stations juxtaposées arrivent à reconstituer le mouvement lui-même.
La durée seule arrive au même résultat par accumulation : quand, par exemple, à la lumière de plusieurs étincelles électriques, on déchiffre un mot ou une figure. […] Il ne fixe sa vue que sur des objets brillants, sur la figure de sa mère ou de sa nourrice. […] Au mot « vertu », par exemple, je pense à quelque figure de femme ; au mot « bravoure », à un homme armé, etc. » (Ouv. cité, p. 80, 81.) — Cette conception des idées abstraites et générales pourrait s’appeler l’antipode du nominalistne.
Enfin, la Figure de Proue exprime le rêve réalisé, la révélation de la vraie vie : J’ai pris la grande route et ne puis m’arrêter. […] La mer lui figure les gestes devinés de l’amour : elle s’épuise à regarder, à vivre en elle les déhanchements des vagues : Je veux te quitter lasse ainsi qu’après l’étreinte La maîtresse s’arrache aux bras trop épuisants… Je sens, avoue encore cette jeune vierge, Ta marée envahir tout mon être béant, … Une image se précise ; une sirène se dessine dans le mouvement des flots, la sirène de son perpétuel désir : Quand pourrai-je sentir ton cœur contre le mien Battre sous ta poitrine humide de marée Et fermer mon manteau lourd sur ton corps païen ? […] Cependant, ce dernier volume, la Figure de proue, se termine par un hymne à sa terre natale.
Remarquons que les anciens avaient déjà parlé des illusions de l’amour, mais il s’agissait alors d’erreurs apparentées à celles des sens et qui concernaient la figure de la femme qu’on aime, sa taille, sa démarche, son caractère. […] Mais les grandes figures morales qui ont marqué dans l’histoire se donnent la main par-dessus les siècles, par-dessus nos cités humaines : ensemble elles composent une cité divine où elles nous invitent à entrer. […] Même si nous n’évoquons pas telle ou telle grande figure, nous savons qu’il nous serait possible de l’évoquer ; elle exerce ainsi sur nous une attraction virtuelle.
Mais moins qu’on ne se le figure peut-être. […] Mais, en somme, quelle grande figure et qu’avec tous ses défauts, c’est encore, avec Lamartine incomparablement plus poète, certes, mais infiniment moins artiste, le Maître ! […] leur grande figure et leur idéal, ces classiques-là osent se réclamer de Racine.
Mais Shakespeare s’en saisit, et la fable absurde qui ouvre le Conte d’hiver devient intéressante par la vérité brutale des transports jaloux de Léontès, l’aimable caractère du petit Mamilius, la patiente vertu d’Hermione, la généreuse inflexibilité de Pauline ; et, dans la seconde partie, cette fête des champs, sa gaieté, ses joyeux incidents, et au milieu de cette scène rustique, la ravissante figure de Perdita, unissant à la modestie d’une humble bergère l’élégance morale des classes élevées, offrent, à coup sûr, le tableau le plus piquant et le plus gracieux que la vérité puisse fournir à la poésie. […] Cette figure avait été dans l’origine, selon l’usage du temps, peinte des couleurs de la vie, les yeux d’un brun clair, la barbe et les cheveux plus foncés. […] Bien que cette malencontreuse réparation ait eu l’inconvénient d’altérer la physionomie du portrait de Shakespeare, elle n’a cependant pu tout à fait effacer, dit-on, cette expression de douce sérénité qui paraît avoir caractérisé la figure comme l’âme du poëte. […] Si l’illusion matérielle était le but des arts, les figures de cire de Curtius surpasseraient toutes les statues de l’antiquité, et un panorama serait le dernier effort de la peinture.
« Que j’aurai de plaisir de voir des créatures qui vont sortir de moi, de petites figures qui me ressembleront comme deux gouttes d’eau, qui se joueront continuellement dans la maison, qui m’appelleront leur papa quand je reviendrai de la ville, et me diront de petites folies les plus agréables du monde ! […] Et qu’il est loin aussi de ces petites figures qui devaient lui ressembler comme deux gouttes d’eau ! […] Il me semble que je l’entends d’ici qui rit à gorge déployée, et qui dit à mademoiselle Plessis, sa digne camarade : — « Figure-toi, ma chère (au Théâtre-Français, c’est l’usage, le fraternel toi descend et ne remonte pas, la plus ancienne dit toi à la plus jeune, et la plus jeune lui dit vous), figure-toi, ma chère, qu’ils y ont été pris ; ils ne m’ont pas reconnue dans le rôle de Sylvia ; ils se sont parfaitement contentés de ma petite personne mignonne, de ma petite voix criarde, de mon petit regard agaçant ; ils ont battu des mains ; sois donc tranquille, puisqu’ils m’ont prise pour Sylvia, toi-même tu peux représenter, demain, la Célimène du Misanthrope.
Lorsqu’elle était obligée de faire figure à la somptueuse Cour papale, Laure se montrait recherchée dans sa parure : les perles et les fleurs rehaussaient l’éclat de ses cheveux, sa robe était verte et lamée d’or, ou d’une couleur de pourpre, brodée d’azur semé de roses, avec des pierreries. […] Charles de la Mothe, qui édita les œuvres de Jodelle, en vante l’élégance et la majesté dans le style, les figures bien accommodées, les inventions subtiles, les hautes conceptions, la parfaite suite et la liaison du discours, la solide structure et la gravité des vers. […] bien, que dans mon bouquet léger, Passerat figure donc la fleur de vigne, puisqu’on dit qu’il aimait à boire, et Gilles Durant la fleur de souci, qu’il a chantée excellemment, comme nous verrons. […] L’une, de ses mains yvoirines, D’un gros carcan de perles fines, Couronne l’honneur de son front ; L’autre, sur la peau délicate De son beau teint, pend une agate, Qui portait figure d’un rond. […] Sa feuille est semblable en figure Aux trésors toujours verts que mettent sur leur front Les héros de la Thrace, et ceux du double Mont.
Chez nous, sous Henri II, à Paris, à l’hôtel de Reims, Jodelle, qui était jeune et d’une figure agréable, joua lui-même le rôle de sa Cléopâtre captive, devant le Roi et toute la cour, comme le jeune et beau Sophocle, à Athènes, avait joué lui-même sa Nausicaa.
« Je crois entendre pleurer à Turin ; je fais mille efforts pour me représenter la figure de cette enfant de douze ans, que je ne connais pas. […] Mais lorsqu’on s’éloigna un peu du jour de la chute de l’empereur, et que l’on aperçut, de l’autre côté des mers, sur le rocher de Sainte-Hélène, comme sur une sorte de piédestal, la figure de Napoléon inclinée dans ses pensées, cette vision poétique remua profondément les imaginations et devint un aimant irrésistible pour les poëtes. […] De même qu’à la fin de l’empire les souffrances intolérables que l’on endurait avaient rendu la France insensible à la gloire de Napoléon, et que, dans les premiers jours de la restauration, les écrivains et les lecteurs devaient lui refuser jusqu’à la justice, à mesure que le sentiment des souffrances s’éteignit, le souvenir des inconvénients de l’empire allait en s’effaçant, et la France, ce piédestal vivant qui avait plié sous le poids de la statue, pouvait, à l’aide du mirage qui se faisait dans les esprits à la voix des poëtes, être amenée à ne plus voir que l’élévation et l’éclat de la figure monumentale que l’histoire cédait à l’ode, au dithyrambe, à la méditation, à la chanson guerrière, au drame, au panégyrique, à l’épopée. […] C’était un descendant intellectuel de ce René, la figure la plus remarquable et la plus contemporaine peut-être que Chateaubriand ait tracée dans son Génie du christianismeaspirant à tout et mécontent de tout, fatigué des autres et de lui-même, et nourrissant je ne sais quelle amère tristesse qui débordait de son âme même au sein des plaisirs ; un génie situé entre la raillerie sceptique et désolante de Voltaire et la malédiction éloquente de Jean-Jacques Rousseau. […] L’admiration humaine était restée vide comme un de ces piédestaux d’où la statue vient d’être enlevée ; Byron condensa les brouillards de son climat, et remplit le vide avec une sorte de majesté nébuleuse et de grandeur fantastique ; nous entendons désigner ainsi ces figures sombres et tristes de Lara, Child-Harold, Manfred, et toute cette famille de génies inapplicables et de puissants caractères emprisonnés par les événements ou par leur dédain pour l’humanité, dans une fière immobilité, et demeurant en dehors de la vie réelle.
Il est singulier de voir la témérité avec laquelle, dans ces temps que notre imagination se figure si soumis, si respectueux, non seulement les abus, mais quelquefois les choses saintes, sont tournées en dérision, et non pas seulement à force de naïveté, comme on le suppose, mais quelquefois avec une malice profonde qui ferait peur à des temps plus cultivés. […] Leur poésie ressemble-t-elle aux fadeurs modernes où leur nom figure, ou bien ce talent a-t-il réellement quelque chose d’original ? […] Là figure l’institution de la Table ronde et l’enchanteur Merlin, un des personnages les plus populaires du moyen âge. […] À côté de Huon de Villeneuve et du poëte Adam, surnommé le Bossu d’Arras, et de tant d’autres trouvères aux sobriquets bizarres, il faut regarder cette grande et haute figure du Dante.
savoir le grec, ce n’est pas comme on pourrait se l’imaginer, comprendre le sens des auteurs, de certains auteurs, en gros, vaille que vaille (ce qui est déjà beaucoup), et les traduire à peu près ; savoir le grec, c’est la chose du monde la plus rare, la plus difficile, — j’en puis parler pour l’avoir tenté maintes fois et y avoir toujours échoué ; — c’est comprendre non pas seulement les mots, mais toutes les formes de la langue la plus complète, la plus savante, la plus nuancée, en distinguer les dialectes, les âges, en sentir le ton et l’accent, — cette accentuation variable et mobile, sans l’entente de laquelle on reste plus ou moins barbare ; — c’est avoir la tête assez ferme pour saisir chez des auteurs tels qu’un Thucydide le jeu de groupes entiers d’expressions qui n’en font qu’une seule dans la phrase et qui se comportent et se gouvernent comme un seul mot ; c’est, tout en embrassant l’ensemble du discours, jouir à chaque instant de ces contrastes continuels et de ces ingénieuses symétries qui en opposent et en balancent les membres ; c’est ne pas rester indifférent non plus à l’intention, à la signification légère de cette quantité de particules intraduisibles, mais non pas insaisissables, qui parsèment le dialogue et qui lui donnent avec un air de laisser aller toute sa finesse, son ironie et sa grâce ; c’est chez les lyriques, dans les chœurs des tragédies ou dans les odes de Pindare, deviner et suivre le fil délié d’une pensée sous des métaphores continues les plus imprévues et les plus diverses, sous des figures à dépayser les imaginations les plus hardies ; c’est, entre toutes les délicatesses des rhythmes, démêler ceux qui, au premier coup d’œil, semblent les mêmes, et qui pourtant diffèrent ; c’est reconnaître, par exemple, à la simple oreille, dans l’hexamètre pastoral de Théocrite autre chose, une autre allure, une autre légèreté que dans l’hexamètre plus grave des poètes épiques… Que vous dirais-je encore ?
Né en octobre 1665, à Paris, sur la paroisse Saint-Eustache, rue du Bouloi, mort à l’âge de soixante-douze ans, en juin 1737, même paroisse, même rue et peut-être même logis, Mathieu Marais est une de ces figures secondaires, mais non vulgaires et nullement effacées, qui peuvent servir à personnifier une génération et toute une classe d’esprits.
55 Il y aurait à chercher si parmi nos anciennes et grandes figures parlementaires, L’Hôpital, Harlay, Du Vair, Lamoignon, il n’y a pas eu, à l’occasion, en un jour d’honneur ou de danger, quelque illustre citation de Virgile ; car nous aussi Français, nous avons notre manière d’aimer Virgile, de le pratiquer familièrement et de l’appliquer.
L’antithèse est sa figure favorite.
Les pensées en sont remplies, les figures ménagées, les mots propres et choisis, les expressions nettes et les périodes harmonieuses. » Les traductions qu’il donne des Pères et qui sont presque continuelles dans son texte ont surtout suavité et largeur ; enfin il suffit de gravir, on recueille une abondance de miel au creux du rocher.
Cette figure de Mme Claës, où les hésitations magnétiques et les projections fluides des regards sont prodiguées, de même que le sont dans le portrait de Balthazar les idées dévorantes distillées par un front chauve, m’a bien fait concevoir le genre de portraits de Vanloo et des autres peintres chez qui des détails charmants et pleins de finesse s’allient à une flamboyante et détestable manière, à une manière sans précision, sans fermeté, sans chasteté. « Les personnes contrefaites qui ont de l’esprit ou une belle âme, dit M. de Balzac à propos de son héroïne peu régulière, apportent à leur toilette un goût exquis.
Faugère moins de quinze mois de travail et de soins scrupuleux pour mener à fin cette entreprise délicate, pour restituer avec certitude, sur tous les points, ce texte primitif réputé indéchiffrable, pour environner la publication de toutes sortes d’éclaircissements, d’additions et d’ornements (y compris un portrait de Pascal par Domat) qui achèvent de remettre en lumière une sainte et sublime figure.
Commençons par l’architecture du temple dans Athalie : chez les Hébreux, tout était figure, symbole, et l’importance des formes se rattachait à l’esprit de la loi.
Constant, toutes ces figures protestantes sérieuses et appliquées.
Balzac aussi figure sur la liste maudite : il y passe tout entier avec toute son œuvre.
Le hasard même a frappé leur figure de quelques désavantages repoussants ; ils se vengent sur l’ordre social de ce que la nature leur a refusé.
La Fable est un répertoire de figures et d’images dont le sens est fixé, et qu’on emploie pour éviter la sécheresse de l’expression propre.
« Quand on m’a dit, ou que il moi-même me suis dit : Tu es trop épais en figures : Voilà une phrase dangereuse (je n’en refuis aucune de celles qui s’usent emmi les rues françaises ; ceux qui veulent combattre l’usage par la grammaire se moquent) : … oui, fais-je, mais je corrige les fautes d’inadvertance, non celles de coutume.
Semblable occupation suffit, comparer les aspects et leur nombre tel qu’il frôle notre négligence : y éveillant, pour décor, l’ambiguïté de quelques figures belles, aux intersections.
Mais par là même elle se forme l’accès des « Journaux du jour », qui n’entendent pas en ce sens-là la politique et dont le public se figure n’avoir rien à faire avec les principes.
Rien de plus gracieux que cette figure de jeune fille passionnée et candide, intelligente et crédule, fière et timide, vivant au milieu des rêves de son imagination.
Qu’on se figure que, trente ans avant l’apparition du livre de Calvin, il n’y avait en France, pour toute Bible, qu’une sorte d’interprétation grossière, où la glose était mêlée au texte, et faisait accorder la parole sacrée avec tous les abus de l’Église romaine.
En attendant, je me contente d’un récit qui m’en apprend assez sur les causes de la guerre pour que je ne confonde pas cette conquête manquée avec une guerre juste, et l’ambition du roi avec la querelle de la France ; qui des luttes intérieures de la Hollande fait ressortir cette triste vérité, que l’invasion même ne réconcilie pas les partis ; qui m’intéresse aux deux nations, à la Hollande par la justice et par le respect du faible, à la France par le patriotisme et l’amour de la gloire ; qui, parmi plusieurs portraits d’un dessin aussi juste que brillant, me laisse imprimées dans l’esprit les deux grandes figures royales du siècle, Louis XIV et Guillaume III, esquissées comme certains croquis de grands maîtres, dont le crayon ne laisse plus rien à faire au pinceau.
Au vrai sens du mot, il est clair que nous ne pouvons nous représenter l’espace à quatre, ni l’espace à trois dimensions ; nous ne pouvons d’abord nous les représenter vides, et nous ne pouvons non plus nous représenter un objet ni dans l’espace à quatre, ni dans l’espace à trois dimensions : 1° parce que ces espaces sont l’un et l’autre infinis et que nous ne pourrions nous représenter une figure dans l’espace, c’est-à-dire la partie dans le tout, sans nous représenter le tout, et cela est impossible, puisque ce tout est infini ; 2° parce que ces espaces sont l’un et l’autre des continus mathématiques et que nous ne pouvons nous représenter que le continu physique ; 3° parce que ces espaces sont l’un et l’autre homogènes, et que les cadres où nous enfermons nos sensations, étant limités, ne peuvent être homogènes.
Quelquefois, quand l’occasion m’engage dans ces foules indifférentes, qui remplissent nos rues, je me figure au milieu d’une forêt d’arbres qui marcheraient.
On peut choisir comme exemple le second tiers du xviiie siècle alors que des seigneurs de la cour, souvent capitaines ou colonels, la figure rasée, la tête poudrée, portaient des dentelles et des manchons, se piquaient d’exceller dans le parfilage ou la broderie, se présentaient dans les salons avec des ciseaux et des aiguilles d’or.
Ce noyau, considéré quelquefois comme cause ou substance, est notre conception finale de la matière, laquelle se réduit ainsi à la résistance, l’étendue et la figure.
D’après leurs prédications, l’Univers reconnoît un seul Maître : le monde n’est plus qu’une figure qui passe, ses biens qu’une vapeur qui se dissipe ; la vie qu’un passage à un autre plus durable, & dont l’usage de la premiere fixera le sort : l’Homme, cet être auparavant si foible, triomphe de ce que le monde a de plus flatteur & de plus redoutable : les combats qu’il est contraint de livrer à ses passions, sont la source de son repos & de celui de ses semblables ; le mariage est rappelé à son institution primitive : les Loix qui n’arrêtoient que la main, agissent sur le cœur : la bienséance devient un devoir général, même à l’égard des ennemis : le disciple d’Epicure embrasse cette morale mortifiante & austere : on ne reconnoît plus l’Homme dans l’Homme, comme l’a dit Bossuet ; mais dans cette étonnante révolution, on reconnoît le doigt de Dieu.
On ne peut s’intéresser, faute de la comprendre, à cette figure équivoque dont les actions démentent les paroles.
Il est la première grande figure qui ouvre l’ère des révolutions, qui traduit en discours et en actes publics ce qu’avaient dit les livres ; la première qui se dessine, en la dominant encore, dans la tempête.
Enfin, pour achever de dessiner cette noble figure d’un poète honnête homme et homme de cœur qui, dans la plus horrible révolution moderne, comprit et pratiqua le courage et la vertu au sens antique des Thucydide et des Aristote, des Tacite et des Thraséas, il ne faut que transcrire cette page testamentaire trouvée dans ses papiers, et où il s’est peint lui-même à nu devant sa conscience et devant l’avenir : Il est las de partager la honte de cette foule immense qui en secret abhorre autant que lui, mais qui approuve et encourage, au moins par son silence, des hommes atroces et des actions abominables.
Or parmi ces objets qu’elle est contrainte de transformer afin de les percevoir, figure son propre moi, sa propre personne.
Jeudi 20 novembre Vierge, ce merveilleux dessinateur : un grand être chevelu, qui a quelque chose d’un Saint-Christophe dans un tableau du quinzième siècle, avec un rire de figure de cire, dans un visage inexpressif.
Tous les exemples peuvent être réduits à ceux-là, et je fais alors comme un peintre qui, voulant représenter la figure d’un ami absent, retouche son dessin jusqu’à ce qu’il ait trouvé l’expression du visage qu’il reconnaît aussitôt. » (Législation primitive, chap.
C’est ici que je rappelle que, même dans Clymène, il avait nommé Horace, ou l’avait fait nommer par Apollon, qui figure comme personnage de Clymène, et il l’avait fait nommer avec honneur.
La figure et les paroles d’Alfred Salabelle sont particulièrement caractéristiques.
Comment dépeindre la figure et l’âme d’un être qui a vécu et chanté tous les aspects, toutes les vies de l’univers, qui a été successivement charpentier, clerc, imprimeur, jardinier, maître d’école, journaliste, laboureur, infirmier, directeur de journal, entrepreneur de bâtiments, commis du gouvernement, et qui a rÉdit dans ses vers, avec une richesse incomparable de réalisme, les millions de spectacles et de sentiments auxquels il a participé ?
Si tous les mouvements de l’univers s’accéléraient tout à coup dans la même proportion, y compris celui qui sert de mesure au temps, il y aurait quelque chose de changé pour une conscience qui ne serait pas solidaire des mouvements moléculaires intra-cérébraux ; entre le lever et le coucher du soleil elle ne recevrait pas le même enrichissement ; elle constaterait donc un changement ; même, l’hypothèse d’une accélération simultanée de tous les mouvements de l’univers n’a de sens que si l’on se figure une conscience spectatrice dont la durée toute qualitative comporte le plus ou le moins sans être pour cela accessible à la mesure 22.
Localiser un souvenir ne consiste pas davantage à l’insérer mécaniquement entre d’autres souvenirs, mais à décrire, par une expansion croissante de la mémoire dans son intégralité, un cercle assez large pour que ce détail du passé y figure.
Mais les personnes auxquelles il était recommandé, et aussi ses visites aux académiciens, lui ont fait faire des connaissances. — Au reste il dit lui-même : « Un jeune homme qui arrive à Paris avec une figure passable et qui s’annonce par des talents est toujours sûr d’être accueilli. » (C’est aujourd’hui un peu changé.) […] Mais la différence était que ma Thérèse, aussi bien de figure que sa Nanette, avait une humeur douce et un caractère aimable…, au lieu que la sienne, pie-grièche et harengère, etc.. […] Je me figure qu’ils se disaient simplement : — Voilà un homme bizarre, mais d’un beau talent. […] Il se figure Julie sous ses traits. […] Et, quelques jours après, comprenant, à la figure d’Émile, que ses conseils ont été pris trop à la lettre par Sophie, et comprenant aussi que la délicate Sophie veut ménager son époux, il lui fait entendre que le chaste Émile a des réserves, et vingt autres indécences en style noble… De sorte que l’infortuné garçon, — que Rousseau a voulu si libre, si indépendant des hommes, jamais puni, jamais réprimandé, — a finalement son gouverneur pour belle-mère ; et quelle belle mère !
Des figures d’un pied et demi, sesquipedales ; des épaules découragées : « Vous étiez hier ? […] Les Plaideurs figurent dans son avoir pour 1 219 représentations, alors que Bérénice y figure pour 156 ! […] On sait qu’il n’y a pas à plaisanter, et qu’il n’est aucunement figure à nasardes. […] Cela fait un ouvrage dramatique où il y a une belle figure colossale, et des trous autour. […] Il faut que le spectateur se figure la mine que fera Mme de La Pommeraye quand elle apprendra l’issue de l’aventure et le succès de ses machinations.
Tels sont, pour moi, les véritables misanthropes figures sinistres qui conviennent au genre tragique et peuvent seuls être mêlés à une action intense. […] Les Martyrs de Chateaubriand, dès 1811, furent mis à la scène ; le Solitaire de M. d’Arlincourt figure en 1821 sur quatre scènes des boulevards. […] Desjardins donne une belle figure en lame de poignard à l’affreux tyran, Barbe-Bleue ultramontain. […] Il s’est fait la plus effroyable figure bassement sinistre qu’on ait jamais vue au théâtre. […] Il y fait très bonne figure, et c’est une pièce digne d’être vue et revue.
George Sand enfant, au coin de la cheminée, contemplait le garde-feu et, dans les reflets de la flamme, apercevait des figures et des scènes. […] On découvrira que la conscience prend une foule de formes et de directions, comme le mouvement revêt une foule de figures dans l’espace : elle est tantôt sensation de lumière, tantôt sensation de chaleur, tantôt faim ou soif, tantôt volition.
Sinon, je me contenterai de tirer ma révérence et je m’en irai causer avec ces sceptiques et délicats esprits de race française, vraiment intelligents, qui ont su percer le néant des dogmes et des affirmations, qui n’ont cru ni à leur œuvre, ni à l’œuvre humaine, avec Montaigne et avec Renan. » Il le dit, il le fera, il faussera bravement compagnie à tous les Romney du monde pour retourner lire les Essais de Montaigne, les Romans de Voltaire, ou les Dialogues philosophiques de Renan ; mais soyez sûrs que bien vite il reviendra auprès de cette noble Élisabeth Browning « l’âme extraordinaire, brûlée de foi, d’enthousiasme et d’amour », qui a créé en même temps que la figure de Romney celle d’Aurora Leigh et qui a écrit les « Sonnets from the Portuguese ». […] D’expressives figures de femmes, qui nous rappellent celles de Shelley ou de Coleridge, lui font cortège : lady Hastings, lady Lilian, Ellora… Et de merveilleux épisodes, comme la légende du roi Olaf, rehaussent ce roman-poème d’une beauté d’art plastique et somptueuse qui eût fait la joie de Tennyson : qu’une pareille œuvre ait passé à peu près inaperçue serait pour nous un sujet de juste étonnement, si nous ne savions que les modes littéraires sont plus tyranniques et plus exclusives en France qu’ailleurs.
Si l’on se contentoit de trouver entre l’ouvrage divin et l’ouvrage payen quelque rapport de stile, comme une preuve historique du génie commun des orientaux ; si l’on n’y cherchoit qu’à vérifier des usages et des moeurs, rien ne seroit plus raisonnable : mais d’aller jusqu’à vouloir faire respecter les plus grandes folies d’Homere par les miracles de l’écriture, et par quelques figures des prophetes, par éxemple, le cheval parlant d’Achille par l’ânesse de Balaan, les hommes combattans contre les dieux, par Jacob luttant contre l’ange, le songe d’Agamemnon, par celui d’Acab, etc. […] Les vrais caracteres de la divinité, sont posez en principes en tant d’endroits de l’écriture sainte, que quand les auteurs sacrez viennent à employer les figures, on les reconnoît d’abord pour ce qu’elles sont, et on ne les aprétie que ce qu’elles valent : au lieu que dans Homere ces prétenduës figures sont elles-mêmes les principes, et qu’il n’y a rien qui avertisse l’esprit de ne les pas prendre à la lettre. […] Idomenée dit à Neptune sous la figure de Thoas, que s’il ne combat pas, ce n’est ni lâcheté, ni paresse ; mais qu’il faut que ce soit la volonté de Jupiter.
Il crée lui-même ses expressions selon le besoin ; ce sont des figures hardies, mais familières. […] Moulant sur moy cette figure, il a fallu si souvent me testonner et composer pour m’extraire, que le patron s’en est fermi et aucunement formé soy mesme : me peignant pour aultruy, je me suis peinct en moy, de couleurs plus nettes que n’estoient les miennes premieres. […] J’entends souvent parler de devoirs envers soi-même, idée à laquelle correspondrait immédiatement celle de s’obéir à soi-même ; mais qui voudrait prendre au sérieux cette figure ou ce jeu de mots ? […] On se figure peut-être que leur religion n’était que la religion dite naturelle ; on a prétendu parfois faire d’eux de simples déistes. […] Malheureusement l’histoire ne s’attache qu’aux figures éminentes et laisse dans l’ombre, au fond du tableau, le gros de la population.
Une hagiographie des savants serait un livre délicieux et auquel notre pays donnerait beaucoup de figures variées, touchantes, attendrissantes, bizarres quelques-unes, toutes dignes de l’auréole. […] « Vous qui vous pencherez sur ces pages, avec l’émoi d’y revoir, parmi tant de choses mortes, des figures jadis connues, ne soyez point étonné de trouver l’enfant qui se raconte si peu semblable à votre souvenir. […] Ce qu’il demande aux vieux livres et aux papiers d’archives, c’est tout uniment « notre grand-père », et tel qu’était ce grand-père, avec ses passions, sa pensée intime, sa figure, son costume, son langage. […] La figure de Napoléon III apparaît, dans L’Empire libéral, sous un jour neuf et qui l’éclaire favorablement. Cette figure énigmatique, a-t-on pris coutume de dire ; et l’on en fait, ou à peu près, un prince Hamlet qui a vieilli.
Labarre, le célèbre harpiste, Thalberg le pianiste sans pareil, Lisztr et Berlioz sont les prétextes des réunions fixes ; on chante, on improvise, on rit, on s’amuse enfin, parce qu’on se connaît : et que peu de nouvelles figures pénètrent là. […] Pyat a 27 ou 28 ans, il est brun, assez grand, sérieux ; il porte sa barbe et ses moustaches comme on traduit les figures du Christ ; il semble avoir peu de souci de sa toilette ; on le trouve dans les foyers des théâtres des boulevards à toutes les premières représentations. […] J’ai bien senti quelques grands hommes descendre du piédestal que mon opinion leur avait bâti ; j’ai bien vu quelques personnages que j’avais peine à accoler aux figures que je m’étais créées par tels noms, ou par telles œuvres ; mais je dois dire aussi, qu’à les connaître, quelques hommes se sont élevés dans mon estime, et que le résultat de mes enquêtes m’a causé autant de véritables plaisirs que de déceptions.
Et déjà, à cause de tous ces mots, qui sont à la fois des programmes électoraux, des étalons de valeurs morales, des monnaies d’échange, il nous faut noter que, dans l’histoire de l’homme, de l’humain, dirons-nous (assez beaux joueurs pour accorder cette ultime concession, la dernière cigarette à ces Messieurs de la démagogie en soutane ou complet-veston parlementaire) l’histoire du langage fait figure non d’un chapitre à d’autres tangent mais d’une glose ramifiée, entremêlée au texte. […] Un peu d’habileté, les thèmes les plus ressassés faisaient figure, sinon d’excellent, du moins de très honorable Camembert. […] Byron, lui, préféra faire figure de maudit.
Et enfin, Lamartine a été, autant qu’on peut l’être, un homme réalisant l’idée complète que nous pouvons nous faire d’un homme de génie : il a été homme de pensée et il a été homme d’action ; il a été conducteur de peuple, il a été orateur, il a été poète avec une facilité merveilleuse : et si l’on veut chercher dans notre xixe siècle, c’est Lamartine, et ce n’en est pas un autre, qui a été vraiment chez nous le poète comparable à l’aède primitif, celui qui fait, dans notre xixe siècle, figure de héros. […] Vous connaissez cette figure séduisante et inquiétante, Chérubin, l’adolescent qui sent son cœur gonfler d’il ne sait quel trouble. […] Elsbeth est une des jolies figures de jeunes filles qu’il y ait dans notre littérature, — et vous savez qu’il n’y en a pas beaucoup.
Je l’ai dit : s’il est permis de conjecturer, je crois que Kestner dut toujours garder quelque chose de pénible sur le cœur à l’occasion de Werther, mais Lotte au fond n’en fut point offensée : je me la figure plutôt tacitement enorgueillie et satisfaite dans son silence.
Il a tout changé pour elle, patrie, condition, figure, esprit.
Elle était de tout temps pour les souffrants et les opprimés ; elle est pour eux encore le jour où elle se figure que le peuple triomphe et se délivre ; elle a son hymne du lendemain ; c’est à son frère Félix qu’elle l’adresse : « (1er mars 1848)… L’orage était trop sublime pour avoir peur ; nous ne pensions plus à nous, haletants devant ce peuple qui se faisait tuer pour nous.
C’est le Tombeau latin et françois du feu roi son frère… Je l’eusse bien pu enrichir, si j’eusse voulu (et l’œuvre en étoit bien capable, comme vous pouvez penser), de figures et inventions poétiques davantage qu’il n’est, et qu’il semblera peut-être à quelques admirateurs de l’antique poésie… Or, tel qu’il est, si Madame s’en contente, j’estimerai mon labeur bien employé, ne m’étant, comme vous savez mieux qu’homme du monde, jamais proposé autre but ni utilité à mes études que l’heur de pouvoir faire chose qui lui fût agréable.
Appliquez-vous donc, je vous en conjure, à obtenir, soit par des prières, soit à prix d’argent, tout ce que vous pourrez trouver qui ait quelque mérite : si vous pouvez vous procurer une figure entière, triumphatum est !
Voici La Fayette toujours enchanté de promener sa figure populaire à travers les mouvements dont il n’était pas le maître : « il humait le parfum des révolutions ».
Tomber dans l’excès des figures et de la couleur le mal n’est pas grand et ce n’est pas par là que périra notre littérature.
Les figures, les métaphores, sont des pièges du même genre, et dont il n’est guère plus facile de se garder.
On commença par toute la France, dit un des biographes de Rabelais47, à chercher le sens caché de ces livres de « haute graisse, légers au pourchas et hardis à la rencontre », que Rabelais compare à de petites boîtes « peintes au-dessus de figures joyeuses et frivoles, et renfermant les fines drogues, pierreries et autres choses précieuses. » Ce fut à qui romprait « l’os rnedullaire », pour y trouver « doctrine absconse, laquelle », disait Rabelais, « vous revelera de très-hauts sacrements et mystères horrifiques, tant en ce qui concerne nostre religion qu’aussi l’estat politique et vie oeconomique48. » Cette recherche mécontenta les catholiques ; Rabelais ne leur avait rien épargné de ce qui pouvait se dire, jusques au feu exclusivement ; elle désappointa les partisans des idées nouvelles, que Rabelais n’attaquait pas, mais qu’il défendait encore moins.
Je me figure volontiers Boileau chasseur69 : la chasse, pour un satirique, c’est encore la guerre ; mais comment supporter La Fontaine tueur de lapins ?
Lohengrin, cette figure qui lui était déjà apparue à Paris en même temps que celle de Tannhaeuser, mais qui ne lui avait laissé qu’une « impression presque désagréable » (IV, 353), s’empara de nouveau de sa fantaisie.
Jamais personne n'a su mieux donner une tournure ingénieuse aux plus minces bagatelles ; prodiguer, avec autant de grace que de facilité, la finesse des pensées, l'agrément des figures, la délicatesse des tours, l'élégance, & la légéreté.
Sieyès est une des figures les plus considérables de la Révolution, et à la fois il en est peut-être la plus singulière.
Se souvenir, c’est avoir dans cette même lumière une image vive et une image faible, semblables en qualité, différentes non seulement par l’intensité, mais encore par les relations avec les circonstances concomitantes : reconnaître son souvenir, c’est superposer les deux images, comme un géomètre superpose deux figures, et avoir conscience de leur identité partielle en même temps que de leurs contiguités différentes83.
Leurs figures, (Juven).