/ 2133
1381. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il nous recommandait de choisir un sujet d’étude et de nous y cloîtrer. […] Considérez avec quelle entente de la vie du langage ceux-là sont choisis. […] C’était le même don incomparable : choisir de belles matières et leur donner ce tour d’élégance qui transforme en un bijou d’art un ustensile d’une utilité aussi quotidienne qu’une aiguière ou qu’une coupe. […] … » On sait le rôle qu’il choisit dans la tragédie de son époque. […] Ses rimes sont choisies et savantes.

1382. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

L’amour voulant s’incarner au dix-neuvième siècle dans quelque être joufflu, rondelet, a choisi le joli abbé Monselet. […] Ni Musset, ni Hugo, ni Lamartine, ni Barbier, ne forment une société bien sympathique à la nature ; si nos pères « les aimèrent », c’est qu’il n’y avait pas à choisir. […] Il a bien choisi cette forme et a su prendre à Alphonse Karr plusieurs de ses plus jolis mots, sans doute pour les conserver aux phalanstères futurs. […] Michelet a choisi une forme toute différente de celle de M.  […] Vois le sort de l’archange Ingres et du démon Courbet, et choisis.

1383. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Et l’Empereur a raison de ne pas attribuer uniquement à la flatterie les propos de ses familiers, disant qu’il a le droit de choisir une belle fille, ce qu’on appelle un morceau de roi. […] Je plains seulement la pauvre princesse qu’il choisira, car je suis sûre que ce ne sera pas moi qui deviendrai la victime de la politique. […] Que serait-il advenu si l’Empereur, au lieu de Soult, avait choisi pour major général le comte Belliard ou Bailly de Monthione ? […] Il est donc urgent d’envoyer dans nos colonies non seulement des fonctionnaires, des soldats et des trafiquants, mais encore des voyageurs soigneusement choisis dans cette élite qui sait voir et entendre. […] Par conséquent, il importe que ces jeunes et heureux boursiers soient choisis non point parmi les écolâtres gonflés, bouffis et aveuglés de pédantesque suffisance, mais parmi ceux qui ont les yeux frais, la plume agile, la langue bien pendue et le jarret nerveux.

1384. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Il constatait les ravages faits par l’extrême fréquence du divorce et il travaillait à faire disparaître de la législation cette cause d’immoralité ; c’est le moment que choisissait Mme de Staël pour faire l’apologie du divorce ! […] Entre deux dangers il choisissait le moindre ; et il préférait encore la laisser libre de communiquer avec ses ennemis du dehors, plutôt que de laisser derrière lui, dans sa capitale, cette « machine de mouvement », alors que lui-même était retenu sur les lointains champs de bataille. […] L’écho sonore mis au centre de tout répète les voix du siècle et ne choisit pas entre elles. […] Ce dut être vers la même époque qu’il arrêta la forme et choisit les couleurs de son costume, quoique l’idée ne lui soit venue que bien plus tard d’adopter la limousine pour vêtement d’intérieur. […] Il est vrai de dire qu’il ne l’avait pas choisi : il s’y était laissé reléguer, faute de mieux et sans résignation.

1385. (1896) Écrivains étrangers. Première série

C’était un grand embrouilleur d’idées, parfois même un psychologue subtil ; mais il avait choisi le métier de poète, et c’était un poète médiocre. […] Jamais il n’a été capable de se contenir, de modérer son souffle, de choisir parmi ses idées. […] En voici du moins quelques passages, choisis çà et là, et qui se rapportent plus spécialement à des questions littéraires. […] C’est, nous dit-il, dans cette intention qu’il a choisi, et traduit en collaboration avec M.  […] La part qu’il s’est choisie me paraît la plus belle.

1386. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Le soir, on voit dans cette place des charlatans, des marionnettes, des joueurs de gobelets, des conteurs de romances, en vers et en prose, des prédicateurs même ; et enfin des tentes pleines de femmes débauchées, où l’on va en choisir à son gré. […] Le gouverneur et les magistrats d’Ispahan, avec qui j’étais tous les jours, le firent volontiers, et je choisis ce logis-là, n’en trouvant point de plus commode, à cause de sa situation qui est proche du palais royal et de la place Royale, proche des Anglais et des Hollandais, des Capucins et des Carmes. […] Il leur dit « qu’il ne doutait pas qu’ils ne l’eussent tous appris d’eux de la même sorte, et qu’ainsi ils auraient connu comment leur défunt monarque avait rendu l’esprit, sans avoir déclaré par écrit ni de vive voix auquel de ses deux fils il laissait le sceptre, et que, par cela, il était de leur devoir de procéder à cette élection au plus tôt, tant pour ne laisser davantage dans une condition privée celui des princes à qui la Providence avait destiné la couronne, que pour mettre l’État en sûreté, qui courait toujours fortune tandis qu’il n’aurait point de maître, vu qu’il en était des monarchies comme des corps animés, qu’un corps cesse de vivre au moment qu’il demeure sans tête, un royaume tombait dans le désordre au moment qu’il n’avait plus de roi ; que, pour éviter ce malheur, il fallait, avant de se séparer, élire de la sacrée race imamique un rejeton glorieux qui s’assît au trône qu’Abas II venait de quitter pour aller prendre place dans le ciel ; que ce monarque, de triomphante mémoire, avait laissé deux fils, comme il s’assurait que personne de ceux devant qui il parlait ne le révoquait en doute, l’un, Sefie-Mirza, qui était venu au monde il y avait environ vingt ans, et avait été laissé dans le palais de la Grandeur en la garde d’Aga-Nazir ; l’autre, Hamzeh-Mirza, âgé de quelque sept ans, qui se trouvait ici près d’eux à la cour, sous la garde d’Aga-Mubarik, présent en leur assemblée ; que, de ces deux, après avoir invoqué le nom très-haut, ils choisissent celui que le vrai roi avait préparé pour le lieutenant du successeur à attendre. » Par ce successeur à attendre, les Perses veulent dire le dernier des imaans (îmâm), qui est dans leur opinion comme leur Messie, dont ils attendent à tout moment le retour.

1387. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Si la compagnie de l’abbé n’était pas tout à fait celle que j’aurais choisie, je m’aimais encore mieux avec lui que seul. […] On choisit un exemple, et ce fut le mot vertu. […] Le vieillard est moins pressé, il attend, il choisit : le jeune homme veut une femme, le sexe lui suffit ; le vieillard la veut belle.

1388. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Pour préciser et pour raisonner sur un exemple, choisissons un poème qui soit connu de tout le monde : les Nuits, si l’on veut. […] Les analyses que j’ai tentées doivent avoir établi que si l’essence de la poésie est bien un rythme de l’âme, le poète doit être libre de choisir au gré de son inspiration, parmi les ressources de la langue, la forme qui s’adapte le mieux à son tempérament et à la nature de son émotion. […] Mais prétendre exalter l’un de ces modes d’expression au détriment des autres, prétendre même choisir arbitrairement certaines formes et nier les autres, ne serait qu’aveugle parti-pris.

1389. (1891) Esquisses contemporaines

La sagesse divine, qui choisit « les choses folles du monde pour confondre les sages », en présente une troisième : nous apercevons, marchant au travers des siècles, une multitude que conduit le symbole d’une autre croyance. […] Elles choisissent, entre les extrêmes, une position moyenne qui convient mieux à leur médiocrité. […] On s’est choisi pour cela des conducteurs de second ordre, qui ont enseigné à se tenir au plus près de la réalité matérielle. […] Il entra aussitôt dans le cercle choisi de ma Société théologique, où il fut un des meilleurs debaters. […] La volonté ne choisit pas ; elle abdique dans le désir ou se réalise par l’obéissance.

1390. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Au contraire, au milieu des mille peintures contradictoires d’un musée, l’œil se lasse et fait des concessions à ce sentiment du kaléidoscope qui est inné en l’homme ; le bonhomme, la maison, l’arbre, le ciel, disparaissent des tableaux qu’on regarde, et font place à de petits assemblages agréables de plaques roses, bleues, rouges, jaunes, où chacun choisit ce qui lui rit le plus ; le dessin, la couleur et la nature n’ont rien à voir dans ces goûts-là. […] Pourquoi me diront presque toutes les écoles, avoir choisi comme termes d’opposition le bon et le mauvais, et pourquoi le vrai et le faux, l’utile et l’inutile vous semblent-ils représenter le bon et le mauvais, mieux que le beau et le laid par exemple ? […] » Sous ces titres sont groupés divers articles contradictoires plus ou moins bien choisis, mais qui servent à montrer combien sont incertains, vacillants, les antiréalistes, et quel tohu-bohu d’idées indécises ils opposent à des idées très nettes. […] Champfleury explique que celui-ci invente toutes les extravagances possibles sans contrôle, tandis qu’en parlant des mœurs actuelles, on est tenu à la vérité, à l’étude sérieuse. — Il repousse l’injure du daguerréotype : « L’homme n’étant pas machine, ne peut rendre les objets machinalement. — Le romancier choisit, groupe, distribue ; le daguerréotype se donne-t-il tant de peine ?  […] Quand le romancier veut décrire une ou plusieurs classes, il en choisit les caractères principaux et les analyse séparément ; à force d’étudier son sujet, l’observateur s’identifie avec lui, il connaît ses habitudes, sait quand et comment il est heureux, il devine ses antipathies et ses amitiés ; d’avance il peut dire comment il se conduira en face de tel ou tel individu, dans telle ou telle circonstance.

1391. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Après cela, nous ne ferons aucune difficulté de reconnaître qu’il développe en cette carrière nouvelle plusieurs des qualités épiques, un art véritable de composition, des agréments de conteur, et qu’il y rencontre, dans le genre gracieux, bien des peintures fines et molles, telles qu’on peut les attendre de lui : l’épisode de Thaïs et Elinin a mérité d’être extrait du poëme dont il fait partie et de trouver place dans les Œuvres choisies, où, ainsi détaché, il peut paraître comme un malicieux fabliau. […] Cette interprétation très-vraisemblable de la Journée champêtre se trouve dans la belle et excellente édition des Œuvres choisies de Parny, de Lefèvre, 1827 ; on croit y reconnaître à mainte page la plume exacte et exquise qui, dit-on, y a présidé (M.

1392. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

À vingt-huit ans le gouvernement de Florence le choisit d’acclamation pour secrétaire de la république. […] Sa femme commandait aux ministres choisis par elle, aux favoris par lesquels elle régnait ; elle ne régnait alors ni stupidement ni scandaleusement, comme ses ennemis l’ont écrit et l’ont fait croire au monde.

1393. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Vignet nous fit signe, à Virieu et à moi, de nous séparer de la foule et de choisir un site écarté pour notre lecture. […] Aucun site ne paraissait mieux choisi pour une pareille lecture.

1394. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Ayez le plus grand soin d’épier et de choisir le moment convenable, car il faut que cela soit fait ce soir, et à quelque distance du palais, et ne perdez pas de vue que j’en veux paraître entièrement innocent, et afin qu’il ne reste dans l’ouvrage ni accrocs ni défauts, qu’avec Banquo son fils Fleance qui l’accompagne, et dont l’absence n’est pas moins importante pour moi que celle de son père, subisse les destinées de cette heure de ténèbres. […] Viens sous la forme de l’ours féroce de la Russie, du rhinocéros armé, ou du tigre d’Hyrcanie, sous quelque forme que tu choisisses, excepté celle-ci, et la fermeté de mes nerfs ne sera pas un instant ébranlée ; ou bien reviens à la vie, défie-moi au désert avec ton épée : si alors je demeure tremblant, déclare-moi une petite fille au maillot. — Loin d’ici, fantôme horrible, insultant mensonge !

1395. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Pourtant je crois qu’en art comme en politique, chacun se doit à tous ; c’est au public de choisir dans le contingent d’idées qui lui sont apportées, de faire une moyenne et de juger en dernier ressort. […] A première vue, en effet, il paraît indigne d’un grand peuple de garder rancune à un mort pour une blessure d’amour-propre faite dans un moment mai choisi pour la vengeance.

1396. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Sacountala, vois comme cette jolie malica a choisi pour son époux ce bel arbre, qu’elle entoure de ses rameaux en fleurs. […] Le vénérable anachorète, supérieur de l’ermitage, chante en ses vers ces adieux et ses vœux à Sacountala, sa favorite : « Divinités de cette forêt sacrée, que dérobe à nos regards l’écorce de ces arbres majestueux que vous avez choisis pour asile ; « Celle qui jamais n’a approché la coupe de ses lèvres brûlantes avant d’avoir arrosé d’eau pure et vivifiante les racines altérées de vos arbres favoris ; celle qui, par pure affection pour eux, aurait craint de leur dérober la moindre fleur, malgré la passion bien naturelle d’une jeune fille pour cette innocente séduction ; celle qui n’était complètement heureuse qu’aux premiers jours du printemps, où elle se plaisait à les voir briller de tout leur éclat ; Sacountala vous quitte aujourd’hui pour se rendre au palais de son époux ; elle vous adresse ses adieux.

1397. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Devine si tu peux, et choisis si tu l’oses ! […] Le poète de Dieu n’en pouvait pas choisir un plus conforme à ce dialogue divin.

1398. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Ils vont dévotement dans les églises où ils faisaient, au temps de leur jeunesse, de si bonnes farces pendant les messes de minuit ; ils protègent les couvents qu’ils faisaient un peu piller à la barrière d’Enfer, le 29 juillet 1830 ; ils demandent l’absolution de leurs vieux péchés et font pénitence aux genoux de deux ou trois d’entre eux qu’ils ont pieusement choisis ad hoc. […] Dans le temps, fort peu regrettable, où il y avait en France des grands seigneurs, il était d’usage que l’écrivain se choisît un patron auquel il faisait de ronflantes dédicaces.

1399. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

On ferait avec ces deux ouvrages de Ramond, et en laissant de côté les considérations purement scientifiques, une suite de Morceaux choisis dans le genre de ceux de Buffon, et qui mériteraient d’avoir place dans toutes les jeunes bibliothèques.

1400. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

On doit choisir, quand on veut les peindre, entre ses souvenirs et même entre ceux d’autrui.

1401. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

et la revoyant quelquefois ; et là, dans la paix, dans le silence, mûrissant quelques beaux fruits préférés, résumant dans quelque livre choisi, et qu’on ne recommence pas, les trésors de son imagination ou de son cœur, ou, comme Montaigne, le suc le plus exquis de ses lectures et de son étude !

1402. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

ne daignant même pas pénétrer jusqu’au cœur les sujets oiseux que j’avais imprudemment choisis, mais qu’il me condamnait maintenant à poursuivre, comme s’ils eussent été les seuls qu’il jugeât dignes de moi.

1403. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Quel fut, cette immortelle et quadruple campagne terminée, quel fut le jeune général que Bonaparte choisit entre tous pour envoyer au Directoire le drapeau dont la Convention avait fait présent à l’armée d’Italie, drapeau qui revenait si glorieux, si surchargé de victoires ?

1404. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Ce n’est pas en vain qu’on a été choisi, même pour manquer le rôle de César, et qu’en tombant au premier souffle du Destin, on est une preuve, un illustre pronostic de plus de la fortune de César.

1405. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

. — Je prends cet exemple et j’en pourrais choisir maint autre chez M. de Laprade.

1406. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Ce qui est certain, c’est que les volumes recueillis aujourd’hui sont très-intéressants à lire, ou du moins à parcourir ; et soit qu’il ait choisi entre ses nombreux articles, soit qu’il ait corrigé çà et là des expressions, l’ensemble donne l’idée d’un Veuillot plus grave que l’on ne se le figure d’ordinaire.

1407. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Rochebilière, déjà désigné et choisi pour second par M. 

1408. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Mais entre tout ce qui défilait devant lui de ces contes de la Mère l’Oie, si mêlés et faits presque indifféremment pour tenir éveillé l’auditoire ou pour l’endormir, il eut le bon goût de choisir et le talent de rédiger avec simplicité, ingénuité.

1409. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Eckermann, homme d’un talent personnel qui, seul et de lui-même, ne pouvait atteindre bien haut, s’est choisi la bonne part.

1410. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Choisi pour la charge de procureur du roi des requêtes de l’hôtel, reçu haut la main avec honneur et sans subir l’examen, puis six ans après (1671) pourvu de la charge d’avocat général au grand Conseil, reçu également sans subir d’interrogatoire et avec dispense d’âge (il fallait avoir trente ans, et il n’en avait que vingt-huit), on voit que Foucault était ce qu’on appelle un excellent sujet, régulier, exemplaire, et même brillant dans les parties sombres : il s’agit d’un brillant qui n’est que relatif.

1411. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Feuillet un auteur qui s’est livré à cette veine de réhabilitation des bons ménages et des mœurs provinciales honnêtes par impuissance d’en comprendre et d’en peindre d’autres, ou, dans un autre sens, de faire de lui un auteur tout à fait dégagé, qui n’aurait choisi ce motif et ce thème de talent que comme le plus neuf et le plus opportun pour le quart d’heure, le plus susceptible de succès.

1412. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

M. de Pradt eût pu atteindre son but avec un peu plus de modération et de prudence dans ses discours, et sous un règne moins contraire aux gens d’Église et moins porté à choisir pour les places les plus élevées des instruments aveuglément soumis. » Nous ne saurions admettre un tel portrait flatté du spirituel et loquace abbé, nous qui vivons depuis assez longtemps pour l’avoir rencontré, à notre tour, et pour l’avoir entendu dans sa vieillesse.

1413. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Le Seigneur vous a donc choisi pour ménager, de sa part et en son nom, un mariage qui, selon votre rapport, a tant de marques de la destination et du choix de Dieu.

1414. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

J’aurais aimé encore à connaître cette figure de bon goût, la marquise de Montesson, et à assister chez elle aux dernières réunions de l’ancien régime dans ce qu’il avait de varié et de choisi.

1415. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

» Mais c’est surtout la comparaison suivante qui, pour l’idée du moins et le jet, me semble ressaisir à merveille la grâce homérique : Parfois, quand un ruisseau, courant dans la prairie, Sépare encor d’un champ, où croît l’herbe fleurie, Un troupeau voyageur aux appétits gloutons, Laissant se consulter entre eux les vieux moutons, On voit, pour le franchir, quelque agneau moins timide Choisir en hésitant un caillou qui le ride, S’avancer, reculer, revenir en tremblant, Poser un de ses pieds sur ce pont chancelant, Et s’effrayer d’abord si cette onde bouillonne En frôlant au passage une fleur qui frissonne, Si le buisson au vent dispute un fruit vermeil, Ou si le flot s’empourpre aux adieux du soleil, Puis reprendre courage et gagner l’autre rive ; Alors tout le troupeau sur ses traces arrive ; Dans le gras pâturage il aborde vainqueur, Il s’y roule en bêlant dans les herbes en fleur, Tandis que seul au bord le berger le rappelle, Et trop tard sur ses pas lance son chien fidèle.

1416. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Ce caractère se retrouve à chaque instant dans ses rôles ; elle les choisit, elle les compose, elle les proportionne à son usage, à ses moyens physiques.

1417. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Les Allemands ne sont pas même certains de bien choisir lorsqu’ils veulent imiter.

1418. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Il est lettré, il a des convictions sur tout ; arrivé à l’âge de choisir une profession, il s’est dit : « Je jugerai les livres des autres. » Dès lors, il ne doute pas, il n’a pas de sensibilité nerveuse ni de trouble d’âme.

1419. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

« Entrant aujourd’hui en lice pour obtenir de cette célèbre université de Francolin la couronne doctorale, et n’ayant autre chose à craindre dans cette entreprise que la risée de mes auditeurs, qui pourrais-je plus à propos choisir pour protecteur que vous qui la savez changer en applaudissements ?

1420. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Si l’on pousse les gens, ils prennent dans l’édition Perrin les Morceaux choisis de Mallarmé, et se dilatent sur la Prose pour des Esseintes ou Une dentelle s’abolit.

1421. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Dans certains cas il faut choisir entre gêner les autres et se gêner par trop soi-même.

1422. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Louis XVII consacre notre défaite, comme si Dieu avait choisi ce moyen d’inspirer à la France, athée et régicide, un retour salutaire et de lui faire expier son crime et ses erreurs.

1423. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Nullement ; et, du reste, l’auteur sait varier ses formes, choisira chaque moment celle qui convient le mieux.

1424. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Dans ses souvenirs elle choisissait de préférence un trait fin, un mot aimable ou gai, une situation piquante, et négligeait le reste ; elle se souvenait avec goût.

1425. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Et puis, pourquoi nous mettre dans cette alternative absolue d’avoir à choisir entre les deux espèces de roués ?

1426. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Ce que Retz voudrait pour agir sur l’esprit de la compagnie, pour l’exciter suffisamment sans l’opprimer, ce serait d’avoir, non à Paris, mais hors de Paris, une armée, une véritable armée au service de la Fronde ; il s’écrierait volontiers comme l’abbé Sieyès : « Il me faut une épée. » Un moment il espéra avoir trouvé celle de M. de Turenne ; on pouvait plus mal choisir ; mais elle lui manqua.

1427. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Enfin, pour choisir le dernier et, selon quelques-uns, le plus éminent entre ces mérites d’Anselme, je dirai qu’il joignait à ses qualités de moraliste et de praticien des âmes une faculté qui en est souvent séparée, l’élévation paisible et le tour contemplatif du métaphysicien qui s’applique aux conceptions premières des choses.

1428. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Ces faits nus, ou accompagnés de considérations et de narrations, qu’ils résument et qu’ils prouvent, ces faits soigneusement choisis, renseignant sur toutes les phases des personnages, arrivant aux moments essentiels de leur vie fictive, forment toute la contexture des romans de M. de Goncourt, sans lien presque qui les aligne, sans transition qui les assemble et les dénature par une relation logique.

1429. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

L’histoire ne choisit que les événements et les lieux qui ont un certain caractère de généralité.

1430. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Nos chansons de geste furent l’objet d’une imitation universelle, tant leurs thèmes étaient bien choisis et leurs fables saisissantes.

1431. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Faute d’acteurs instruits dans l’art dont nous parlons, elle choisit un danseur et une danseuse, qui véritablement étoient l’un et l’autre d’un génie supérieur à leur profession, et pour tout dire, capables d’inventer.

1432. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Lorsque les hommes qui se sont arrogé le domaine de l’intelligence ou de l’imagination, et qui ont renoncé en même temps à l’inspiration de la poésie, se sont ainsi avancés sans mission, ils ont cru pouvoir choisir parmi leurs propres pensées.

1433. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Ces deux noms que nous avons choisis sont beaux et populaires.

1434. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

D’abord il faut lui rendre grâces, au nom de la France et de l’humanité, de ce qu’il choisit pour élever ses enfants, Montausier et Bossuet, Fénelon et Beauvilliers.

1435. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

En 1490, le vicaire du pape ayant défendu aux clercs et aux laïques de garder leurs concubines, le pape révoqua la défense, « disant que cela n’est point interdit, parce que la vie des prêtres et ecclésiastiques est telle qu’on en trouve à peine un qui n’entretienne une concubine ou du moins n’ait une courtisane… » César Borgia, à la prise de Capoue, « choisit quarante des plus belles femmes qu’il se réserve ; et un assez grand nombre de captives sont vendues à vil prix à Rome… » Sous Alexandre VI, « tous les ecclésiastiques, depuis le plus grand jusqu’au plus petit, ont des concubines en façon d’épouses, et même publiquement. […] Seigneur Jésus, retirez-moi, choisissez-moi dans cette masse. […] Son compagnon Ridley « dormit, la nuit qui précéda, aussi tranquillement que jamais en sa vie », et attaché au poteau, dit tout haut : « Père céleste, je te remercie humblement de m’avoir choisi pour être confesseur de la vérité même par ma mort. » À son tour, comme on allumait les fagots, Latimer s’écria : « Bon courage, maître Ridley, soyez homme, nous allons aujourd’hui, par la grâce de Dieu, allumer une chandelle en Angleterre, de telle sorte que, j’espère, on ne l’éteindra jamais. » Il baigna d’abord ses mains dans les flammes, et, recommandant son âme à Dieu, il mourut. […] —  Alors je choisis, pour me tenir, une place sous une grosse poutre qui était en travers du clocher, pensant que je serais là en sûreté. —  Mais bientôt je me remis à penser que si la cloche tombait dans son balancement, elle pourrait frapper d’abord le mur, puis rebondir sur moi et me tuer malgré la poutre. —  Cela fit que je me tins à la porte du clocher. —  Et maintenant, pensé-je, je suis en sûreté ; car si une cloche tombait, je m’esquiverais derrière ces gros murs, et je serais sauvé malgré tout. —  En sorte qu’après cela j’allais encore voir sonner, sans vouloir entrer plus avant que la porte du clocher. […] En sorte que lorsqu’il se leva, il prit un bâton pesant de pommier sauvage, et descendit vers eux dans le cachot, et là se mit d’abord à les injurier comme s’ils étaient des chiens, quoiqu’ils ne lui eussent jamais dit un mot déplaisant ; puis il tombe sur eux et il les bat terriblement, de façon qu’ils n’avaient plus la force de s’assister ni de se retourner par terre424. » Ce bâton choisi avec l’expérience d’un forestier, cet instinct d’injurier d’abord et de tempêter pour se mettre en train d’assommer, voilà des traits de mœurs qui attestent la sincérité du conteur et font la persuasion du lecteur.

1436. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Deschanel rappelle un passage de Sainte-Beuve : « Lamartine est, de tous les poètes célèbres, celui qui se prête le moins à une biographie exacte, à une chronologie minutieuse, aux petits faits et aux anecdotes choisies… Il est permis, en parlant d’un tel homme, de s’attacher à l’esprit du temps plutôt qu’aux détails vulgaires, qui, chez d’autres, pourraient être caractéristiques… » De ce sentiment de Sainte-Beuve, M. de Vogüé nous donne, avec sa magnificence habituelle, la raison philosophique : « En quoi votre décomposition par l’analyse est-elle plus légitime que la création synthétique de la foule ? […] « Souvent traditionnelles, générales comme il convient à un esprit philosophique, effacées quelquefois par l’usage, peu nourries, toujours délicates, les comparaisons interviennent dans son style poétique non pas comme d’insistantes et serviles copies de la réalité, mais comme les allusions légères d’un esprit qui plane sur la nature. » M. de Pomairols observe aussi que, dans l’immense champ des images, « Lamartine choisit spontanément     Tout ce qui monte au jour, ou vole, ou flotte, ou plane, parce que, occupé avant tout de l’âme, il se plaît à retrouver au dehors les attributs de légèreté, de souplesse, de transparence de l’élément spirituel. » Et encore : « C’est l’élément liquide qui fournit à Lamartine le plus grand nombre de ses images… Tous les phénomènes qu’offre la fluidité, aisance, transparence, reflets du ciel, murmures harmonieux, défaut de saveur peut-être, manque de limites et de formes arrêtées, tous ces caractères de la fluidité se confondent avec les attributs de l’imagination lamartinienne. » Et voici, entre beaucoup d’autres, un exemple bien joliment choisi et commenté, à l’appui de ces remarques : « Il est des êtres, semble-t-il, pour qui l’idée de pesanteur n’est pas à craindre, comme la jeune fille. […] Ce qu’il veut, c’est mettre entre Laurence et Jocelyn l’irréparable, sachant bien, d’ailleurs, qu’il y a des âmes (et Jocelyn en est une) qui ne lésinent point avec le devoir, qui finissent par chérir celui-là surtout qu’elles n’ont pas choisi librement, car elles le sentent d’autant plus impérieux qu’il exige d’elles un plus grand sacrifice. […] Choisis ! 

1437. (1929) Amiel ou la part du rêve

Du passé je me tournerai vers l’avenir, et, tout humilié par celui-là, je me formerai un renouvellement de vie ; je choisirai enfin nettement ma vocation, je fixerai l’œuvre que je veux accomplir, et, de là, je construirai mes plans pour l’année prochaine et les suivantes, dirigés tous vers ce but unique… je ne resserrerai pas trop ma liberté. […] Mais, venu à Berlin pour y prendre le grade de docteur, il n’a choisi ni commencé aucun travail de thèse. […] Veuves, femmes, jeunes filles, grand’mères m’ont ouvert elles-mêmes la chapelle de leurs secrètes pensées… J’ai été un directeur laïque, choisi spontanément par ses pénitentes. […] Certes Amiel fait intervenir ici dans sa longue analyse son incapacité de vouloir, son refus de choisir, sa peur de s’engager, son horreur de l’irrévocable, son hyperbole de neutralité. […] * Le jour où il eut ses cinquante ans, Amiel choisit une dernière fois sa vie, qui demeura la même : la matière du Journal, ce qu’il fallait à l’organisme pour déposer ce calcaire.

1438. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Vous êtes choisi ou exclu. […] Il faut choisir. […] Dieu a toujours choisi. Il a choisi son peuple entre mille autres dans l’antiquité. […] Il est un être qui nous aide beaucoup, que nous aidons aussi, qui fait beaucoup en nous, pour qui nous faisons quelque chose, à qui nous pouvons ne pas obéir, qui s’en irrite alors, et qui nous punit, et qui nous pardonne ; à qui nous pouvons obéir, à qui nous plaisons alors, aux yeux de qui c’est un mérite, faible sans doute, mais réel, parce que nous pouvions faire autrement, et qui nous aime alors, non comme des choisis, mais comme des serviteurs qui ont su se faire choisir. — C’est ce Dieu que nous imaginons sans cesse, qui est à la portée de nos intelligences faibles, et il faut confesser que c’est à condition de l’imaginer ainsi que nous l’aimons. — Tout cela est plein de manichéisme et infecté de pélagianisme, c’est incontestable ; mais c’est cependant à cela que l’humanité moyenne et même assez élevée se ramène toujours, et c’est sur quoi les religions les plus épurées, les plus fières et les plus rigides finissent toujours par fermer un peu les yeux.

1439. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Elle aimait écrire sur ces sujets de prédilection, et le faisait à la dérobée, ainsi que pour certaines lectures que Mme Necker n’eût pas choisies. […] On y lisait en effet (et je ne choisis pas le pire endroit) : « Delphine parle de l’amour comme une bacchante, de Dieu comme un quaker, de la mort comme un grenadier, et de la morale comme un sophiste. » Fontanes, qui se trouvait désigné à cause de l’initiale, écrivit au Journal de Paris pour désavouer l’article, qui était effectivement de l’auteur de la Dot de Suzette et de Frédéric. […] Rien, au dire des témoins, n’était éblouissant et supérieur comme leur conversation engagée dans ce cercle choisi, eux deux tenant la raquette magique du discours et se renvoyant, durant des heures, sans manquer jamais, le volant de mille pensées entre-croisées. […] Elle mourut environnée pourtant de tous les noms choisis qu’on aime à marier au sien ; elle mourut à Paris74 en 1817, le 14 juillet, jour de liberté et de soleil, pleine de génie et de sentiment dans des organes minés avant l’âge, se faisant, l’avant-veille encore, traîner en fauteuil au jardin, et distribuant aux nobles êtres qu’elle allait quitter des fleurs de rose en souvenir et de saintes paroles.

1440. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

On doit le louer d’avoir choisi un tel terrain pour se mesurer avec ses adversaires, car c’est l’idée de Dieu qui est le point culminant de toute philosophie ; c’est celle-là surtout qui occupe la première place dans les débats philosophiques de notre temps. […] Entre les innombrables questions que les idées que je viens d’exposer pourraient provoquer, je me contenterai d’en choisir une. […] Pourquoi écarter d’abord par une fin de non-recevoir toutes les solutions pour choisir ensuite celle qui vous convient ? […] Choisissez entre Épicure et Kant, entre le dogmatisme athée et le scepticisme transcendant.

1441. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Combien d’entre nous n’eussent pas mis choisir pour la rime, c’est le cas de le dire ! […] Et largement, malgré les étiquettes sans nul doute voulues telles de sa table des matières, il veut bien rendre compte au public, ce public auquel il faut à la fin rendre compte, — ce public, entendons-nous, choisi, trié, exclusivement servi et exclusif qui serait donc le nôtre, — de sa sollicitude pour les seuls efforts sérieux de ce commencement de fin de siècle littéraire-ci. […] Et encore, si l’on me donnait à choisir, préférerais je de beaucoup le Livre de Jade pour son originalité plus grande, sa forme plus pure, sa poésie plus réelle et plus intense. […] J’ai même dû, à la fin, et un peu comme les chefs vendéens à qui, par ironie, on offrait un fuseau et une épée, choisir l’épée, naturellement, et combattre pour les Décadents, qui étaient, au moins, pittoresques et soleil couchant, et faire en quelque sorte d’une injure un drapeau : car, tandis que Symboliste se trouvait dans le dictionnaire, où Décadent n’était pas, la première de ces deux épithètes est toute rhétoricienne, et, dans l’espèce, une abstraite tautologie, un pléonasme pur et simple.

1442. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

La flamme, je l’étouffé, et je retiens ma voix77, dit quelque part le poète ; et il exprime peut-être à la fois un effet de son état moral et un caractère du genre qu’il a choisi. […] Le point est de bien choisir ; car tout n’est pas miroir, et tout miroir n’est pas de taille à réfléchir un siècle et un monde. […] Ce qu’elle propose, elle le réfute ; ceci n’est pas bon, mais le contraire ne vaut rien ; il faut choisir entre deux écueils, entre deux manières de périr ; la mort même ne tranche pas le nœud, la mort ne raccommode rien. […] Je ne puis concevoir qu’ils aient choisi ce nom pour leur système, qui, d’abord, méritait bien d’avoir un nom à soi, et dont la dénomination impropre ouvre la porte à une foule d’erreurs et de malentendus. […] De là une position contradictoire et fausse ; de là la nécessité, finalement obéie, d’une transaction ; ainsi par exemple, l’âme, déplacée d’un poste qu’elle n’a pas su défendre, l’abandonne, et va concentrer, exagérer ses forces sur un point différent, qu’elle a choisi sous l’inspiration du caractère ou même des circonstances.

1443. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Mais la légende même qu’a choisie le vieux poète, comme elle paraît artificielle et puérile auprès du drame qui s’agite dans Patrie ! […] Le poète nous met sous les yeux, ramassée en traits choisis, toute l’épouvante d’un des plus sombres épisodes de l’histoire moderne : l’occupation et la répression des Pays-Bas par le duc d’Albe. […] Ils expriment tout, et même le reste, par les mots les plus choisis, les plus jolis, les plus décents. […] Plusieurs des morceaux choisis par les candidats (avec le secours de leurs professeurs) sont vraiment bien ennuyeux ou bien insignifiants ! […] En même temps j’ai conçu pourquoi la douzaine de littérateurs et d’artistes qu’on voit là était si singulièrement choisie, et pourquoi les noms semblaient avoir été tirés dans le béret bleu de M. 

1444. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Il est bon de choisir des modèles qui ne soient que des occasions. « À propos d’Ésope » aurait pu être le titre des Fables de La Fontaine, comme « À propos de Théophraste » le titre des Caractères. […] Le tout dans ce cas est de bien choisir l’objet de sa prédilection, et on ne saurait dire qu’Horace ait choisi mal. […] Ils sont si peu partisans de la liberté de la presse qu’ils ne cessent de réclamer les rigueurs de l’autorité contre leurs adversaires, et qu’ils sont ravis quand on les choisit eux-mêmes comme censeurs, et qu’ils s’acquittent en toute sévérité de ces missions. […] Saisset nous apprend qu’il avait choisi lui-même le terrible sujet des idées de Joseph de Maistre sur l’existence du mal sur la terre : « M.  […] Sarcey a choisi de préférence à celui que je lui avais proposé, a été traité avec mesure et avec un certain talent.

1445. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il n’accueille pas tous les rythmes inventés par Ronsard : il choisit et il élague ; il élague beaucoup, mais il comprend, aussi bien que Ronsard, que l’ancienne métrique ne suffit plus aux nouveaux besoins de l’oreille, et c’est dans deux ou trois des moules créés par Ronsard qu’il verse ses vers pleins, serrés et solides. […] Elle a sa moralité à elle, cette petite Yvette qui voudrait bien rester honnête, qui est stupéfaite qu’il n’y ait aucun moyen d’échapper à la fatalité de la situation domestique où elle se trouve, et qui finit par tomber par le moyen même qu’elle a choisi pour échapper à la honte. […] là non plus, je n’ai pas la peine de choisir. […] France a choisi pour ce rôle, et j’ai peut-être peu besoin de vous dire qu’une fois que M.  […] Il est donc dans des conditions particulières où l’on est particulièrement exalté, nerveux et romanesque ; il est « en plein rêve », comme dit l’auteur, qui sait très bien choisir ses titres de chapitre.

1446. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Il y en a bien des raisons, parmi lesquelles je ne veux choisir, pour la donner ici, que la moins désobligeante, ou la plus flatteuse même, pour nos critiques impressionnistes. […] Il a mieux choisi dans Laurette, sinon dans la Canne de jonc ou dans la Veillée de Vincennes, que je viens de relire, et que décidément je n’aime point. […] C’est alors, en effet, si je mettais sous les yeux du lecteur quelques phrases de la Princesse Maleine ou quelques vers, — non pas même choisis, — du Pèlerin passionné, c’est alors que M.  […] N’y en a-t-il pas aussi qu’en les choisissant pour les imiter, le romancier sera toujours suspect d’avoir plutôt choisies dans l’intérêt de son propre talent, ou de ses passions, que dans l’intérêt de la vérité ? […] Mais à peine a-t-il visité quelques appartements que la bonne dame, plus subtile, loue, pour l’habiter « en famille », l’hôtel même qu’avait choisi ce fils d’humeur trop indépendante, et, moyennant la promesse d’un cheval et d’une voiture, on se réconcilie.

1447. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Et, en premier lieu, parce que, sur trois, deux au moins de ces textes sont assez mal choisis. […] Quelques extraits, bien choisis, mis en ordre, coordonnés sous quelques axiomes supérieurs, pourraient donc largement suffire à tout ce que nous réclamons. […] Charles Giraud, dans un chapitre de son livre sur la Maréchale de Villars, et M. de Lescure, plus récemment, dans une intéressante préface qu’il a mise aux Œuvres choisies de Mme de Lambert, ont donné pour preuve de sa sévérité de mœurs que ni Mme de Tencin ni Mme du Deffand n’auraient jamais passé le seuil de son salon. […] Il croira trop, sur son expérience de la vie, « que le désir de s’élever à la fortune est le motif presque général qui détermine les hommes dans le choix d’une condition », et, en tout cas, dans ses préfaces, il déclarera trop crûment « que l’état de la sienne ne lui permet pas de choisir pour sujet de son travail tout ce qui demande du temps et de la tranquillité ». […] Son plus mauvais roman est sans contredit celui où il s’avisera plus tard — sous le titre étrangement choisi de Mémoires d’un honnête homme — de rivaliser avec le brillant, l’extravagant et le licencieux auteur du Sopha.

1448. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Les personnages de nos Arlequins nous semblent fort heureusement choisis pour donner un air de vérité à ces sortes de pièces, à cause du masque qui fait indispensablement partie de leur costume, et de ce costume lui-même, qui prête à l’illusion plus que tout autre. […] Le roi lui promit que, si son remède réussissait, il la marierait avec l’homme le plus noble et le plus riche du royaume, qu’elle choisirait elle-même. […] Il arriva que les seigneurs vénitiens changèrent la garnison qu’ils tenaient dans Chypre, et choisirent le More pour capitaine des troupes qu’ils y envoyaient. […] Touchstone, qui est dans son genre un philosophe grotesque, n’est pas l’amoureux le plus fou de la pièce ; si pour aimer il choisit la paysanne la plus gauche, et s’il aime en vrai bouffon, ses saillies sur le mariage, l’amour et la solitude sont des traits excellents : il est le seul qu’aucune illusion n’abuse. […] C’est, à la vérité, le duc d’York, personnage dont l’histoire nous fait connaître l’incapacité et la nullité, qu’il a choisi pour représenter ce dévouement toujours si ardent pour l’homme qui gouverne, cette facilité à transmettre son culte du pouvoir de droit au pouvoir de fait, et vice versa, se réservant, seulement pour son honneur, des larmes solitaires en faveur de celui qu’il abandonne.

1449. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Le mètre qu’a choisi M.  […] Comme exemple du procédé de Sir Charles Bowen, nous choisirions sa traduction du fameux passage de la cinquième églogue sur la mort de Daphnis. […] Le mètre, qu’il a choisi, nous semble mieux fait pour la majesté soutenue de l’Énéide que pour l’accent pastoral des Églogues. […] Il lui faut choisir entre sa perte et celle de sa cité. […] Il est difficile de choisir dans le présent volume un passage de préférence à un autre pour caractériser avec plus de précision la manière de M. 

1450. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

L’ouvrage avait deux volumes ; mais le second contenait simplement les Œuvres choisies de Pierre de Ronsard, avec notices, notes et commentaires. […] H…, qui ayant vu venir des soldats se ranger sur la place avait voulu aussi savoir ce qui se passait, et avait choisi ce poste d’observation, s’y croyant parfaitement en sûreté et espérant bien de là juger de la situation.

1451. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Il se comporte en cela comme ces rois habiles qui ont soin de se choisir plusieurs alliés, afin de ne se trouver à la merci d’aucun. […] Cet exemple d’Ariane est-il bien choisi ?

1452. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Couppier étant parti la veille, je suis allé rendre les Novelle morali ; on m’a donné à choisir dans la bibliothèque ; j’ai pris madame Des Houlières, je suis resté un moment seul avec elle. […] Ampère était plutôt en analyse un inventeur fécond, égal à tous en combinaisons difficiles, mais retardé par l’embarras de choisir ; il était moins décidément écrivain.

1453. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Un peu plus tard et d’eux-mêmes, ils vont le choisir pour commandant de la garde nationale, pour maire de la commune, pour chef de l’insurrection, et, en 1792, les tireurs de la paroisse marcheront sous lui contre les bleus, comme aujourd’hui contre le loup. — Tels sont les derniers restes du bon esprit féodal, semblables aux sommets épars d’un continent submergé. […] L’archevêque de Cambray, duc de Cambray, comte de Cambrésis, a la suzeraineté de tous les fiefs dans un pays qui compte soixante-quinze mille habitants ; il choisit la moitié des échevins à Cambray et toute l’administration du Cateau ; il nomme à deux grandes abbayes, il préside les États provinciaux et le bureau permanent qui leur succède ; bref, sous l’intendant et à côté de lui, il garde une prééminence, bien mieux, une influence à peu près semblable à celle que conserve aujourd’hui sur son domaine tel grand-duc incorporé dans le nouvel empire allemand.

1454. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Ce qui arrive en plusieurs cas ; d’abord lorsque tous les rayons du spectre, rassemblés de nouveau par un autre prisme, viennent frapper le même point de la rétine et excitent ainsi le maximum, le minimum et tous les degrés de chaque sensation élémentaire ; ensuite lorsque, deux rayons ayant été choisis dans le spectre, l’inégalité des trois sensations élémentaires excitées par le premier est compensée par l’inégalité en sens contraire des trois sensations élémentaires excitées par le second. […] Un prêtre écossais, affecté d’anérythropsie, choisît un jour du drap rouge écarlate pour s’en faire une soutane noire.

1455. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Oui, je le déclare, si la nature nous reprenait les années qui se sont écoulées depuis notre naissance, et que chacun, selon les caprices de son orgueil, fût libre de se choisir d’autres parents que ceux qu’il avait, je laisserais le vulgaire s’emparer des noms illustres qui ont brillé au milieu des faisceaux et dans les chaises curules, et moi, dussé-je passer aux yeux de tous pour un insensé, je resterais satisfait des parents que m’avaient accordés la bonté des dieux. » V Le jeune Horace étudiait ainsi à Rome à seize ans, pendant l’écroulement de Rome. […] Ce volume choisi était très court.

1456. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Un bien qui nous est dû se fait si peu priser, Qu’une femme fût-elle entre toutes choisie, On en voit en six mois passer la fantaisie Mais, lui dit Éraste, tout le monde médit de ce joug, et tout le monde y vient : Pour libertin qu’on soit, on s’y trouve attrapé ; Toi-même, qui fais tant le cheval échappé, Nous te verrons un jour songer au mariage. […] Aussi Molière, qui a fait châtier Sganarelle par une fille d’esprit, choisit une ingénue pour duper Arnolphe.

1457. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

On choisit la salle de l’Opéra comme la scène des prodiges. […] Ce bouclier était mal choisi dans le cœur de madame de Maintenon, qui n’avait couvert ni Fénelon, ni madame Guyon, ni aucun de ses amis, du moment que son crédit pouvait être compromis par ses amitiés.

1458. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Les électeurs et les princes de l’empire choisissent leur chef tantôt dans une maison, tantôt dans une autre ; le chef, l’empereur ainsi élu, reconnaît les limites de son autorité dans des lois grossières, mais religieusement observées, et surtout dans l’esprit électif qui n’était point alors un vain simulacre. […] « Depuis que Galilée eut fait rouler sur un plan incliné des boules dont il avait lui-même choisi le poids, ou que Toricelli eut fait porter à l’air un poids qu’il savait être égal à une colonne d’eau à lui connue, ou que plus tard Stahl eut transformé des métaux en chaux, et celle-ci en métaux par la suppression et l’addition de certaines parties, depuis ce moment un flambeau a été donné aux naturalistes.

1459. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

On joindra à la lecture des Institutions de Quintilien, quelques chapitres choisis du Traité des études, de Rollin ; Le Cours de belles-lettres78 , de l’abbé Batteux ; L’Orateur, de Cicéron ; La Poétique, d’Aristote ; La Poétique, d’Horace. […] Qu’au contraire il ait à traduire le gens Corneliana, s’il est embarrassé entre les différentes acceptions du mot gens, il aura, pour se diriger et s’éclairer, le sens du reste de la phrase dont il cherchera à se donner l’explication en français, et sera conduit à choisir la seule traduction du mot gens qui puisse entrer dans une phrase française raisonnable.

1460. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

» Combien de fois ne forma-t-il point là-dessus, d’avance, un système de vie paisible et solitaire : J’y faisais entrer une maison écartée, avec un petit bois et un ruisseau d’eau pure au bout du jardin ; une bibliothèque composée de livres choisis, un petit nombre d’amis vertueux et de bon sens, une table propre, mais frugale et modérée.

1461. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Vous qui êtes d’un goût si exquis et si dédaigneux, vous êtes réduite à être dégoûtée de vous-même… Chaque fois qu’il revient sur ce point pénible, Fénelon a soin de montrer combien l’épreuve est bien choisie, combien l’espèce de mal est appropriée à cette fine et fière nature, la plus faite pour en ressentir l’affront.

1462. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

L’abbé Victor Vaillant, ayant à passer sa thèse de docteur à la faculté des lettres de Paris en 1851, choisit pour son sujet une Étude sur les sermons de Bossuet d’après les manuscrits.

1463. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il n’apprit point le latin. » Ce qui ne veut pas dire que Bailly n’en ait appris plus tard ce qui lui était nécessaire pour comprendre les livres de science écrits en cette langue, et pour choisir à ses divers ouvrages des épigraphes bien appropriées ; mais il manqua d’un premier fonds classique régulier et sévère, et ce défaut, qui qualifie en général son époque, contribua à donner ou à laisser quelque mollesse à sa manière, d’ailleurs agréable et pure.

1464. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

On me dira peut-être que j’ai eu tort de choisir le sujet d’un tableau important dans des scènes qui ne touchent pas l’âme et qui, à la plupart, paraissent ridicules.

1465. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

On peut lire dans les Mémoires de Goethe le récit du séjour qu’il fit dans cette ville savante, et assister au mouvement littéraire tout germanique qui s’y agitait dans un cercle choisi d’étudiants.

1466. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Gandar ne pouvait choisir un plus juste et plus manifeste exemple de l’helléniste français par excellence.

1467. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Je comprends que lorsqu’on a à écrire, non pas seulement quelques pages, mais des volumes tout entiers, et à fournir un long cours de récit, on ne se laisse pas trop aller à ces bonnes fortunes qui tentent, que l’on choisisse de préférence un ton simple, uni, qu’on s’y conforme et qu’on y fasse rentrer le plus possible toutes choses, au risque même de sacrifier et d’éteindre quelques détails émouvants.

1468. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

La pensée, chez lui, naît tout armée, les images éclatent d’elles-mêmes : il n’a qu’à choisir et à en sacrifier quelques-unes pour faire aux autres une belle place, la place qui paraisse la plus naturelle.

1469. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Se peut-il un portrait plus vrai, qui dise plus et moins, qui rappelle mieux les Souvenirs de Caylus, que celui-ci (je le choisis entre dix autres) de la princesse d’Hénin, avec laquelle la vicomtesse de Noailles avait passé une partie de sa jeunesse : J’ai vu en elle une chaleur et une vivacité qui étonneraient bien aujourd’hui.

1470. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Il a fait des traductions ; regardez le bel auteur qu’il a choisi : il a mis Perse en vers français.

1471. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Il y eut dès lors dans la jeunesse toute une école choisie, une génération éparse d’admirateurs qui se répétaient le nom du Guérin, qui se ralliaient à cette jeune mémoire, l’honoraient en secret avec ferveur, et aspiraient au moment où l’œuvre pleine leur serait livrée, où l’âme entière leur serait découverte.

1472. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

De deux maux, il choisit le moindre ; il préfère encore le jeter du côté des Jésuites, car il sait bien qu’il ne peut se tenir et marcher seul.

1473. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Elle tira de sa poche sa boîte à mouches, et en choisit une de médiocre grandeur qu’elle m’appliqua sur le visage.

1474. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Les trois premiers furent pris dans l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ou dans la classe de l’Institut qui y répondait : Halévy fut le premier que l’Académie des Beaux-Arts eut l’idée de se choisir dans son propre sein, et elle eut la main heureuse.

1475. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Ayant à choisir entre les trois génies, c’est sous celui de Virgile que M. 

1476. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Veuillot franc, violent, fin pourtant, âpre non moins qu’adroit à l’attaque, riant ou mordant à belles dents, et sachant choisir sur le prochain les endroits vulnérables et tendres ; ayant rompu avec la moitié et plus de la moitié de ses confrères, et seul contre tous s’en faisant craindre.

1477. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

pourquoi aller choisir exprès cet endroit pour y loger un équivoque alléchant et insidieux ?

1478. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Il a fallu assez de temps pour que l’œuvre fût appréciée à son prix par les modernes ; mais le bon Amyot avait certainement le sentiment et l’instinct de ce qu’elle valait, lorsqu’il choisir exprès pour l’une des premières traductions du grec qu’il comptait donner au public.

1479. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il est aujourd’hui à la tête d’un nombreux public choisi ; il dispose d’une faveur immense : c’est dire qu’il a aussi une grande responsabilité.

1480. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Enfin l’abbesse vint à la grille lui déclarer que son épouse avait choisi cette maison pour asile, et qu’elle y restait sous la protection de Mme la grande-duchesse.

1481. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Viollet-Le-Duc comme un adversaire et un ennemi, ont eu un art à part et, selon lui, incomparable, un talent unique, délié, fin, composé d’instinct et de réflexion, qui les a conduits dans tout ce qu’ils ont fait à choisir, à corriger, à rectifier, à épurer ; à s’approprier les emprunts mêmes, à les convertir, à les transformer ; à trouver l’expression la plus noble, la plus élégante ; à deviner, par la perfection des sens, des combinaisons de lignes que l’expérience a converties plus tard en lois de stabilité.

1482. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Fréron, dans cette grande lutte et ce mouvement d’idées qui partageait le xviiie  siècle, avait choisi le rôle de défenseur de l’autel et des saines doctrines contre les philosophes : quand on se donne une telle mission, il faut être deux fois irréprochable.

1483. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Quelques-uns diront qu’il n’avait fait que changer de lieux communs : il les choisit du moins, cette fois, plus élevés et plus nobles.

1484. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Racine au lieu du repos qu’il a choisi.

1485. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Sainte-Beuve à un ami peu de jours après (le 28 avril 1868), d’avoir à se justifier d’avoir reçu dans la plus étroite intimité, au fond d’un faubourg, sans bruit et sans éclat, six amis auxquels le jour était indifférent, et dont l’un, le plus considérable, devant quitter Paris, avait choisi d’abord à tout hasard ce vendredi-là (eh !

1486. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

En face du public, c’est autre chose, c’est la distribution bien entendue de revenus assez considérables, la dispensation de certaines récompenses littéraires, la provocation à de certains travaux ou exercices plus ou moins bien choisis.

1487. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

C’est une conversation douce et choisie, d’un charme croissant, une confidence pénétrante et pleine d’émotion, comme on se figure qu’en pouvait suggérer au poëte le commerce paisible de cette société où une femme écrivait la Princesse de Clèves ; c’est un sentiment intime, unique, expansif, qui se mêle à tout, s’insinue partout, qu’on retrouve dans chaque soupir, dans chaque larme, et qu’on respire avec l’air.

1488. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

⁂ Jusqu’à présent, nous avons supposé les observateurs partant d’un diagnostic connu et consciemment choisi.

1489. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

S’il est donc vrai que choisir le malheur est un mot qui implique contradiction en lui-même ; la passion de la gloire, comme tous les sentiments, doit être jugée par son influence sur le bonheur.

1490. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Laquelle choisir ?

1491. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Ce Francus fils d’Hector, et fondateur de la monarchie franque, était une pâle figure, un thème d’inspiration bien vide, où nul afflux de tradition populaire ne mettait la vie ; le Tasse, et même le Père Lemoyne, même Chapelain ont bien mieux choisi.

1492. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Il faut choisir entre trois partis : ou représenter le premier Tartuffe, ou représenter le second, ou essayer de réaliser un Tartuffe mitoyen ; car, de « fondre » les deux l’un dans l’autre, il n’y faut guère songer.

1493. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

À choisir entre cette sécheresse et la ribote des Schaunard et des Rodolphe, on hésite.

1494. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

De là, elles vont souper chez quelque ami choisi.

1495. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Cette rhétorique modulera sur le thème sonore de l’altruisme, qu’on choisira comme principe, fond et unité de la vie, et qu’on imposera ensuite au voisin conformément aux habitudes d’influence si parlementaires et si françaises.

1496. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

On l’entend en écoutant un souffle léger qui crie en nous, « Père 217. » Le Dieu de Jésus n’est pas le despote partial qui a choisi Israël pour son peuple et le protège envers et contre tous.

1497. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Ce paradis terrestre, il le trouva, il se le créa, et c’est à Cirey, auprès de Mme du Châtelet, qu’il en avait choisi le lieu, non sans art, dans un pays de frontières, un pied en Lorraine et l’autre en France.

1498. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Mais déjà une nouvelle passion est éclose dans le cœur ouvert de Marie Stuart ; celui qu’elle choisit cette fois n’a ni la faiblesse de Darnley, ni les grâces de salon d’un Riccio : c’est le comte de Bothwell, âgé de trente ans, laid, mais à l’aspect martial, brave, hardi, violent et capable de tout oser.

1499. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Lorsqu’aux jours de fête il lui arrivait de faire représenter des pièces pour son spectacle, elle ne choisissait pas les plus sérieuses.

1500. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

C’est lui qui fait ici de la psychologie appliquée : avec le cynisme d’un esprit lucide et sachant qu’il est autre, il se pare, aux yeux de la dupe qu’il a choisie, de qualités générales dont la représentation existe par avance, sous forme de notion, dans tous les esprits : générosité, vertu, bonté piété, religion et il compte, pour établir sur celle-ci son empire, que, prenant le change, elle l’identifiera avec ces concepts que son attitude évoque.

1501. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

  Étant donné tel état de l’esprit à exprimer, il n’est donc pas seulement à s’occuper de la signification exacte des mots qui l’exprimeront, ce qui a été le seul souci de tout temps et usuel : mais ces mots seront choisis en tant que sonores, de manière que leur réunion voulue et calculée donne l’équivalent immatériel et mathématique de l’instrument de musique qu’un orchestrateur emploierait à cet instant, pour ce présent état d’esprit : et de même que pour rendre un état d’ingénuité et de simplesse, par exemple, il ne voudrait pas évidemment dès saxophones ou des trompettes, le poète instrumentiste pour ceci évitera les mots chargés d’O, d’A et d’U éclatants.

1502. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Mais il faut comprendre que le fait même de l’imitation, le fait intime grâce auquel un écrivain s’enrôle sous telle bannière plutôt que sous telle autre, qu’il parvient à se servir avec quelque succès et quelque originalité de l’esthétique qu’il a choisie, a une cause profonde, et se ramène, comme tous ses actes, à sa constitution intellectuelle, à ses aptitudes, à ses tendances.

1503. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Sous la chamarrure des uniformes, en le déguenillement des souque-nilles, à travers le poli ou le débraillé des manières, ou des paroles choisies ou éructées, il sait discerner le fond même, boueux ou délicat, de l’homme, la simple créature matérielle, souffrante, transgressante, endolorie, irascible, périssable et vive.

1504. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Il faut bien discerner le moment où l’action doit commencer et où elle doit finir, bien choisir le nœud qui doit l’embarrasser et l’incident principal qui doit la dénouer, considérer de quels personnages secondaires on aura besoin pour mieux faire briller le principal, bien assurer le caractère qu’on veut leur donner.

1505. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Cependant, comme sur un visage où régnait la douleur et où l’on a fait poindre la joie, je retrouverai la passion présente confondue parmi les vestiges de la passion qui passe, il peut aussi rester au moment que le peintre a choisi, soit dans les attitudes, soit dans les caractères, soit dans les actions, des traces subsistantes du moment qui a précédé.

1506. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

On croit avoir vu cent prêtres qui ressemblaient à celui-là ; c’est une des plus fortes preuves de la sotise des règles de convention, et du moyen d’intéresser en se renfermant presque dans les bornes rigoureuses de la nature subsistante, choisie avec un peu de jugement.

1507. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Il faut donc que l’artisan du tableau ait choisi un sujet, que ce sujet se comprenne distinctement et qu’il soit traité de maniere qu’il nous interesse.

1508. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Tout ce qu’il importe, c’est de choisir celle qui paraît la meilleure pour le but qu’on se propose.

1509. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Vraiment, le moment est bien choisi. — Je recommande spécialement à M. de Suttières Nostalgies d’obélisques.

1510. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Répétons donc encore une fois que l’homme ne choisit pas l’état social par préférence, mais que cet état lui est imposé.

1511. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

L’auteur du Bébé est de cette école de sentiment et de peinture, avec les facultés de son ordre et le cadre du tableau de genre qu’il s’est choisi.

1512. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Et ces deux systèmes de notation sont acceptables l’un et l’autre, pourvu qu’on adhère strictement à celui qu’on aura choisi.

1513. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Toutes ces œuvres, pour n’être pas rimées, n’en ont pas moins une poésie charmante, si, par ce nom, l’on entend le don d’exprimer d’une manière rare des idées, ou de décrire des paysages au moyen d’images choisies ; et aussi, selon la belle expression de Diderot : tout ce qu’il y a d’élevé, de touchant dans une œuvre d’art, dans le caractère ou la beauté d’une personne ou même dans une production naturelle.

1514. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Les idées lui viennent sans qu’il les choisisse ou qu’il les ordonne, et elles ne se présentent pas sous la livrée commune de mots généraux ; elles accourent en métaphores, en expressions familières, en habits de folles ou de paysannes ; et dès l’abord, elles saisissent ; l’accent de la phrase est un chant.

1515. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Un esprit élevé dans ces habitudes court droit aux faits sitôt qu’on lui propose une question générale ; il en choisit un particulier et contingent ; il le garde incessamment sous ses yeux ; il sait qu’il n’a pas d’autre moyen de préciser et vérifier ses idées ; il y revient sans cesse ; il sait que ce fait est la source de tous les termes abstraits qu’il va recueillir et combiner.

1516. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Fouiller des bibliothèques, déchiffrer d’horribles manuscrits, restaurer les textes mutilés, choisir entre les leçons, discuter l’authenticité du document, conjecturer son âge, chanceler partout sur le sol mouvant des probabilités, se plonger dans la foule querelleuse des commentateurs, user sa vue et sa pensée sur les sottises innombrables et sur les platitudes incroyables dont la populace littéraire et philosophique obstrue les œuvres des grands hommes, c’est là une étude si minutieuse, si stérile en conclusions générales et en vérités certaines, qu’il fallait pour l’entreprendre les instincts et les habitudes d’un érudit.

1517. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Mounet-Sully a dû nécessairement prendre parti, et, parmi tous les Hamlets que nous avons inventés, en choisir un et s’y tenir. […] On pourrait dire que le romanesque consiste presque uniquement à choisir, dans la réalité, ce qui s’y rencontre de plus rapproché de notre idéal moral, — tandis que c’est souvent un choix d’une tout autre espèce qui constitue la poésie proprement dite, dont le romanesque n’est qu’une variété. […] Il n’a voulu que s’enchanter lui-même d’une vision choisie. […] Entre Louise et Froufrou, Sartorys n’hésite pas ; comme il est d’un caractère sérieux et un peu concentré, c’est naturellement la folle et l’évaporée qu’il choisit, ne se doutant pas que Louise l’aime, et que Louise, ce serait le bonheur… Dès lors, voyez comme tout le drame se déroule aisément et logiquement. […] Je n’en veux pas citer un seul, car je n’aurais pas le cœur de choisir.

1518. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Et de tous ces documents, choisis et présentés avec son industrie habituelle, contrôlés par la rigueur de sa méthode, commentés enfin avec son ordinaire malice, M.  […] Pour tous ceux dont l’errante imagination s’abandonnerait volontiers au cours sinueux de leur rêverie, comme aussi pour tous ceux dont l’observation subtile, ayant quelque chose de trop « choisi », risquerait, par là même, d’avoir quelque chose de trop étroit, le théâtre est la meilleure école… Feuillet en fit l’épreuve, et il en profita. […] Élevons donc des statues sur nos places publiques, mais choisissons ceux à qui nous les élevons. […] si jamais on a peint en vers, ou pour mieux dire, si jamais on a « sculpté », c’est dans des vers comme ceux-ci ; et, naturellement, je ne les ai pas choisis sans quelque intention de montrer comment le souci de la forme se lie au respect de l’antiquité. […] Par préférence à tant d’autres sujets dont il se fût également rendu maître, s’il a choisi l’histoire du peuple d’Israël, on lui doit de croire qu’il en avait d’autres raisons, moins personnelles, plus générales, que de faire les honneurs de son propre talent, et de nous en donner en spectacle la vigueur ou les grâces.

1519. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Les poèmes choisis de M.  […] Maurice Barrès dans l’admirable préface qu’il a écrite pour les Poèmes choisis. […] La table des matières de ces Poèmes choisis en est une nouvelle preuve, après ses deux romans : Ascension et le Repentir. […] Maurice Barrès, on éprouve une sorte de joie délicate, dépouillée, choisie. […] On n’a pas toujours l’impression que les traits choisis soient les plus beaux, ni les plus caractéristiques, les mieux adaptés à la pensée ou au mouvement de la phrase.

1520. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Un portrait par Whistler, en tête du florilège Vers et Prose, évoque, comme le poète l’a voulu, sa figure en quelques traits sobres et choisis, de crayon. […] Pourtant ce terme d’impressionnisme qui, dans l’un et dans l’autre cas, paraît si vague, est peut-être, au contraire, fort justement choisi pour désigner ce qu’il y a de parallèle entre un moment de la poésie et un moment de la peinture. […] C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet, et en dégager un état d’âme par une série de déchiffrements ». […] Serein je vais choisir un jeune paysage Que je peindrais encor sur des tasses, distrait. […] « L’enfantillage de la littérature jusqu’iciaété de croire, par exemple, que choisir un certain nombre de pierres précieuses et en mettre les noms sur le papier, même très bien, c’était faire des pierres précieuses.

1521. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Mais, comme je ne suis pas ici pour faire du chagrin à Corneille, je choisirai, au contraire, quelques passages où, sans arriver à l’onction, sa rhétorique espagnole reste pourtant assez respectueuse du texte et, bien que cette traduction soit toujours une « amplification », n’altère pas trop le caractère propre des délicieux versets latins. […] Il s’agit de choisir entre une femme et l’empire du monde. […] 4e Toutefois, il y a presque toujours une femme par qui l’homme de Rénie mûrissant se plaît spécialement à être adoré, qu’il n’aime pas précisément, mais en qui il s’aime, et qui lui est le miroir choisi de son orgueil. […] Zola a fait sur les choses pour les décrire (car il choisit et résume, après tout, malgré qu’il en ait), nous le refaisons nous-mêmes sur ses descriptions. […] J’en concluais que, si l’Académie l’avait choisi malgré tout cela, c’était donc qu’elle l’avait choisi, chose inouïe, uniquement parce qu’elle l’avait lu et que « sa grâce avait été la plus forte ».

1522. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Voilà de la logique, j’en appelle au monde des employés ; mais on ne choisit pas toujours sa carrière, et plus d’un, en sortant de son ministère, répétera longtemps encore : Tout le monde n’a pas le bonheur de pouvoir être ouvrier ! […] Rigault, ce charmant esprit qui le déclarait : « une plante rare, ne naissant que dans les âmes choisies ». l’amour naïf, vrai, sincère, fait tous les frais du roman de M.  […] Son ami Gaudron avait choisi son terrain tout près de celui du père Flaubert, Je me suis appuyé sur une balustrade pour respirer. […] Dans le monument qui sera élevé au grand sculpteur Barye, le Comité a choisi les meilleures de ses œuvres pour lui en faire un piédestal. […] Voilà le moment de l’action choisi par l’artiste.

1523. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il est décoré, engraissé, bien noté, également estimé par le ministre qui l’a choisi et par les « vaillantes populations » dont il préside les comices. […] Voici comment il parvint à se former une opinion raisonnée sur l’école dite « symboliste », qu’il choisit de préférence, la jugeant mûre pour une étude scientifique, comme tous les objets déjà fossiles. […] Il marcha longtemps, par les sentiers caillouteux avec vingt-deux jeunes gens, pris comme lui, dans le canton : la loi le voulait ainsi ; les plus beaux et les plus forts étaient choisis. […] C’est un instinct où se mêlent et se concilient deux tendances contradictoires de notre nature : le besoin de solidarité, qui nous force à marcher en troupeaux et le goût de particularisme qui nous incline à choisir et à exclure. […] Ils ont choisi un exégète moins grave et plus intelligent : M. 

1524. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Quoique le Télémaque ait été écrit, surtout en vue de sa signification politique et comme cours de morale à l’usage d’un jeune homme destiné à régner, Fénelon ne pouvait être infidèle à sa nature de poète au point de ne pas chercher à orner ses préceptes de tout le charme littéraire que comportait la fiction qu’il avait choisie. […] Dieu a voulu que la perfection morale répandît ainsi autour d’elle une émanation pénétrante ; afin qu’il soit donné aux âmes faibles de s’éclairer, de se purifier, de s’agrandir en respirant le même air que ces hommes choisis. […] Pour conclure entre l’imagination et le goût, laissons une large action à la faculté qui retranche, qui modère, qui taille et choisit entre les jets trop vigoureux de la pensée, mais n’oublions pas que cette sorte de critique est plus exposée que l’imagination elle-même à se mêler des caprices et des préjugés de la mode, et qu’un vrai poète doit surveiller en lui l’esprit de son temps avec plus de défiance encore que son propre génie. […] Il doit envisager toujours le sujet particulier qu’il a choisi sous son aspect le plus général, le plus rationnel, le plus idéal. […] Pour faire servir la poésie au renversement de ce qu’on avait adoré, pour donner le principal rôle à la difformité, au ridicule, on choisit des acteurs au-dessous de l’humanité ; les animaux investis de la parole, devinrent les organes du prosaïque bon sens, des instincts grossiers, des passions, des rancunes, et, il faut le dire aussi, des justes griefs de la race esclave.

1525. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

De tous les noms hébreux que Hugo pouvait choisir pour couronner un vers, il faut avouer qu’il n’y en avait certainement aucun qui sonnât aussi bien, aussi beau que Jérimadeth, et surtout qui sonnât aussi hébreu ; qui fût à ce point du temps et du lieu, du pays ; aussi couleur locale et couleur temporelle. […] Il n’avait pas choisi un nom bien hébreu, mais il avait forgé un nom bien hébreu. […] Non plus seulement un Adam charnel, créé, tenté, perdu, chassé, père de tout homme, mais un deuxième Adam charnel, enfanté, élu, choisi père d’un peuple élu. […] Eh quoi, choisir péniblement un nom parmi ceux qui existent, laborieusement, quelle servitude, quel aplatissement, quelle soumission à l’histoire et devant la géographie. […] Puisqu’il faut choisir, étant donné qu’il faut choisir, on ne prend pas même le nom essentiel, celui qui représenterait le plus, celui qui représenterait au centre.

1526. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Guy de Maupassant si on lui disait qu’il n’est pas un réaliste pur : ne le lui disons donc pas ; mais remarquons que c’est un réaliste qui choisit. […] Bourget ait choisi ce sujet à dessein afin de montrer tout son mépris pour l’imbroglio et les aventures. […] Bourget n’a pas étudié ici un cas exceptionnel, unique, comme dans Crime d’amour, vous devez bien penser qu’il a choisi un cas tout au moins rare. […] vraiment l’instant est bien choisi, mes petites odalisques ! […] L’époque choisie, il faut aussi l’occasion.

1527. (1940) Quatre études pp. -154

Être esclave ou bien libre ; voilà la question : choisis ! […] Si je voulais choisir, entre toutes les attitudes de Hugo, celle qui caractérise le mieux l’idée que je me fais de son génie, je l’évoquerais sans doute en contemplation devant l’Océan ; ou bien encore dans ce look out de sa maison de Guernesey, où il était heureux de se sentir en « plein ciel ». […] Un Burns ne craint pas d’appeler par leur nom toute une série d’oiseaux, dans une énumération où un poète français aurait soin de choisir, pour ne prendre que le plus caractéristique et le plus brillant. […] Pour montrer ainsi l’essence de la poésie romantique, que va-t-il choisir ? […] Des deux états poétiques auxquels on peut penser, l’un qui est tout d’élan et qui monte comme une prière, l’autre qui est absolue rigueur, on ne choisit ni l’un ni l’autre, et l’on remplace les sonorités mystérieuses ou les rapports exacts par des facilités qui tout au long d’un poème se répètent sans pitié.

1528. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

L’influence n’est pas douteuse, et s’il ne s’agissait que d’en dater l’origine, il n’importe pas beaucoup que l’on choisisse l’année 1725, qui est celle de la publication des Lettres sur les Anglais, de Béat de Muralt ; ou l’année 1733, qui est celle de la fondation du journal de l’abbé Prévost ; ou encore l’année 1734, qui est celle de la publication des Lettres philosophiques de Voltaire. […] Vous ne vous êtes pas contenté de vouloir leur plaire, mais vous avez imité, vous avez subi, pour leur plaire, des modèles que vous n’aviez point choisis, que vous avez souffert que l’on vous imposât. […] La tragédie shakespearienne ; — et d’un éloge significatif que Campenon donne à Ducis [1733 ; † 1816] ; — « qu’on ne l’a vu qu’une seule fois aller choisir ses sujets chez les tragiques grecs ». —  Importance relative du rôle de Ducis à cet égard. — Les « adaptations » d’Hamlet, 1769 ; — de Roméo et Juliette, 1772 ; — du Roi Lear, 1783 ; — de Macbeth, 1784 ; — d’Othello, 1792 ; — et d’un mot curieux de Sedaine [Lettre à Ducis] : « Celui qui n’a pris que Zaïre dans Othello a laissé le nécessaire ». — Que cependant c’est encore l’auteur de Zaïre qui a donné le signal aux imitateurs ou adaptateurs de Shakespeare ; — et à Ducis en particulier ; — et qu’à l’exception de la première de ces directions, celle de la tragédie philosophique [Cf. pourtant les « Préfaces » de V.  […] Ce qui n’empêche qu’il y ait pour les curieux de fort belles éditions de Lemierre [en Œuvres choisies], Paris, 1811, F.  […] 3º Les Œuvres. — On a eu le tort, dans toutes les éditions de Buffon, y compris la première [Paris, 1749-1804], de vouloir remplir le titre qu’il avait choisi lui-même pour son grand ouvrage ; et ainsi de confondre son œuvre avec celle de ses continuateurs, pour en former un Cours complet d’histoire naturelle.

1529. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Aristote loue Homère d’avoir choisi, pour composer l’Iliade et l’Odyssée, les épisodes de l’histoire d’Achille et d’Ulysse qui mettent le mieux en valeur leur caractère. […] L’École des indifférents et Simon le Pathétique construisent avec des états d’âme, des rêves, des fantaisies, des tendresses et des regrets, une rotonde de lumière colorée, de bouquets et de parfums où se tiennent, comme un peuple choisi, des esprits de vie intérieure. […] Entre les figures d’Occident, nous n’avons que l’embarras du choix : un hasard heureux veut que l’actualité choisisse pour moi et me tende le dernier des trois Bob. […] Cette difficulté, dans le sujet de La Symphonie pastorale, était peut-être insurmontable : on peut exprimer en quelques pages, par des points de repère bien choisis, toute la durée d’un enfant qui devient homme, et cela parce que sa durée est la nôtre propre, celle que nous-mêmes avons vécue ; il n’en est pas de même de la durée d’une idiote, muette et aveugle, qui en quelques années devient une belle créature, sensible, intelligente, éloquente, et les points de repère les mieux choisis paraissent ici artificiels parce que notre expérience ne nous fournit rien qui puisse les réunir. […] Je crois bien qu’un autre eût choisi la voie large et facile, qui eût été de faire occuper par l’amour la valeur que Balzac fait tenir par l’argent, et qui lui eût fourni probablement une belle occasion d’échouer.

1530. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Quand on est initié comme je le suis, comme je viens de l’être par toutes sortes de témoignages, à cet intérieur d’honnêteté, de simplicité et de devoir, le cœur se révolte à penser que c’est cet homme-là, la droiture et la vertu même, une âme en qui jamais une idée mauvaise ou douteuse n’a pénétré, que c’est lui qu’on est allé choisir tout exprès pour le dénoncer à tous les pères de famille de France comme un type d’immoralité. — Et cela, parce qu’il pense autrement que vous, partisan littéral de la Genèse, sur l’origine des choses et l’éternité du monde ! […] On sent qu’une seule et même main (comme pour le grand Dictionnaire de Johnson) a choisi les épis et noué le faisceau.

1531. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

L’abbé de Tressan, mal reçu d’elle un jour, ne put s’empêcher de dire à Delille : « Quand on choisit ses nièces, on les devrait mieux choisir. »  — On trouvera à la fin de cet article une note contradictoire au sujet de madame Delille : une personne respectable qui l’a beaucoup connue a cru que l’opinion était à redresser sur son compte.

1532. (1929) Dialogues critiques

Qui choisiriez-vous comme candidat de la presse ? […] Entre A et non-A, entre le signe plus (+) et le signe moins (—), il faut choisir.

1533. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Entre les diverses classes d’événements par lesquels on peut définir les choses, l’homme en choisit une, y ramène la plupart des autres, suppose qu’il pourra un jour y ramener le reste. Mais, si l’on analyse celui qu’il a choisi, on découvre que tous les éléments originels et constitutifs de sa définition, comme de la définition de tous les autres, ne sont jamais que des sensations, ou des extraits plus ou moins élaborés de sensations.

1534. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Le ciel bas et brumeux de Venise en automne, le silence des grèves interrompu seulement par le bruit des pierres de ses quais qui tombent une à une dans l’eau morte de ses lagunes, étaient un site et un séjour admirablement choisis d’instinct pour la conception et pour l’exécution d’une telle œuvre. […] Et pourquoi n’aurais-je pas choisi, pour cette innovation, un des plus littéraires des peintres de ce temps, Léopold Robert ?

1535. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il est sans doute à quelque degré de la famille des Brossette et des Boswell, de ceux qui se font volontiers les greffiers et les rapporteurs des hommes célèbres ; mais il choisit bien son objet, il l’a adopté par choix et par goût, non par banalité ni par badauderie aucune ; il n’a rien du gobe-mouche, et ses procès-verbaux portent en général sur les matières les plus élevées et les plus intéressantes dont il se pénètre tout le premier et qu’il nous transmet en auditeur intelligent. […] Je vous le répète donc : restez avec nous, et non pas seulement cet hiver ; choisissez Weimar pour votre séjour définitif.

1536. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

. — Pour le connaisseur de la littérature de Tristan et Isolde, c’est un vrai délice de voir comment dans cette masse informe et embrouillée que nous a léguée le Moyen Age, Wagner a su choisir tout ce qui était beau, sans jamais s’enchevêtrer lui-même. […] C’est donc agir d’une façon parfaitement arbitraire que de choisir telle œuvre et de déclarer : voici le vrai système, les antres sont ou bien poussées trop loin, ou bien viciées par des concessions.

1537. (1909) De la poésie scientifique

C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le Symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d’âme par une série de déchiffrements. » C’est-à-dire que Mallarmé, interdisant avec raison à l’art descriptif et purement extérieur l’accès du poème, hiératise exclusivement un art qui évoque, qui suggère d’images de plus en plus spiritualisées et de valeurs analogiques très proches, telles pensées choisies d’après de premiers rapports d’émotivité.

1538. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Tous deux altèrent et choisissent en ce qu’ils perçoivent, et cela est si juste que s’il va plusieurs sortes d’idéalismes, de Sophocle à Gœthe, il va tout autant de genres de réalisme, de peintres hollandais à nos impressionistes, de Restif à Stendhal, à Balzac, à Zola, à Dickens, à Dostoïwski et à Tolstoï. […] L’homme de lettres, en prenant cette désignation dans un sens choisi, est par définition un homme supérieur, c’est-à-dire dont l’activité cérébrale dépasse celle d’une unité sociale moyenne : c’est-à-dire encore un homme qui dépense sa plus grande somme d’énergie à penser.

1539. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Ils sacrifièrent la nature à l’art : ils choisirent une métaphysique de sentiment, & un persifflage inconnus jusqu’alors. […] On ne choisit plus les héros sur le trône : on les tira de partout, même de la lie du peuple.

1540. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

III Madame Hugo n’aimait pas Napoléon, elle choisissait pour amis ses ennemis ; après la défaite de Waterloo, afin de fouler aux pieds la couleur de l’Empire, elle se chaussa de bottines vertes, ce simple fait caractérise la nature violente de ses sentiments9. […] Mais que son héros, battu à Waterloo, soit emprisonné à Sainte-Hélène, que son père, pour avoir refusé de rendre à l’étranger la forteresse de Thionville soit accusé de trahison, que Louis XVIII, fasse son entrée triomphale dans Paris, escorté de « cosaques énormes, roulant des yeux féroces sous des bonnets poilus, brandissant des lances rouges de sang et portant au cou des colliers d’oreilles humaines, mêlées de chaînes de montres11 » ; et le jeune poète, pare « sa boutonnière d’un lys d’argent », choisit pour sujet de sa première tragédie, une restauration, et injurie Bonaparte « ce tyran qui ravageait la terre12 ».

1541. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Attrait ou répugnance naturelle de l’esprit qui le préserve des engouements illogiques et qui lui fait choisir les aliments sains de l’intelligence, comme la répugnance physique du palais ou de l’odorat préserve le corps des substances suspectes ou nuisibles. […] Boileau ne pouvait pas plus malheureusement choisir son modèle que dans Horace, l’Hafiz de l’Occident, le Saint-Évremond de Rome, le Voltaire de la poésie fugitive ; Boileau, l’habile aligneur de vers travaillés au marteau et à la lime, le calqueur patient des choses incalquables de l’antiquité, le janséniste de la religion comme du style, dont toutes les grâces et tous les amours n’étaient que des contrefaçons de légèretés lourdes et de voluptés pénibles, par un érudit !

1542. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Rousseau, entrait à petite dose choisie et épurée dans ces études. […] Il n’y avait pas de guide plus mal choisi pour faire voir la belle nature, car lui-même ne voyait que son livre.

1543. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

On peut reprocher à Mme Georgette Leblanc d’avoir choisi une héroïne trop banale et chez qui il ne pouvait être intéressant d’éveiller une personnalité. […] Elle semble avoir délibérément choisi des médiocres.

1544. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Le père des hommes et des dieux enchaîné par l’amour et vaincu par le sommeil, s’endormoit ainsi sur la cime escarpée de l’Ida ; et Morphée s’en alloit à tire-d’aile vers les vaisseaux des grecs, annoncer à Neptune qui ceint la terre que Jupiter someilloit. " le moment que l’artiste a choisi est donc celui où l’amour et le sommeil ont disposé de Jupiter, et je demande si l’on aperçoit dans toute la composition le moindre vestige de cet instant d’yvresse et de volupté. ô Vénus, c’est en vain que tu as prêté ta ceinture à Junon, cet artiste la lui a bien arrachée. […] Si La Grenée avoit pensé à choisir des natures moins communes ; s’il avoit pensé à donner plus de profondeur à sa scène ; s’il avoit eu plus de spectateurs, plus d’incidents, plus de variété, quelques grouppes ou masses, tout aurait été mieux.

1545. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Le rôle du corps n’est pas d’emmagasiner les souvenirs, mais simplement de choisir, pour l’amener à la conscience distincte par l’efficacité réelle qu’il lui confère, le souvenir utile, celui qui complétera et éclaircira la situation présente en vue de l’action finale. […] Choisissons tout de suite, parmi les résultats auxquels l’application de cette méthode peut conduire, ceux qui intéressent notre recherche.

1546. (1903) La renaissance classique pp. -

Mais le point le plus important peut-être est de voir si le sujet qu’on a choisi est vraiment littéraire. […] Avec un sûr discernement, ils choisissent, ils éliminent.

1547. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Godefroy en tête des Œuvres choisies de Massillon, 1868).

1548. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Lesquelles choisirions-nous ?

1549. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Il le croyait du moins, et récapitulant sa vie dans sa vieillesse, revoyant ses affections passées dans leur vrai jour, et ne comptant que celles qui méritaient de survivre, il disait : « La source de tous mes malheurs et ce qui ne se peut réparer, est d’avoir perdu une femme que j’avais choisie selon mon cœur, et pour qui j’avais tout quitté.

1550. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Mme de Staal de Launay, dans ses ingénieux Mémoires, a immortalisé cette petite scène de raccommodement qui eut lieu à souper, le 5 avril, dimanche d’avant Pâques de 1716 : ce jour des Rameaux n’était pas choisi sans dessein pour le pardon chrétien des injures : Avant que je fusse à la Bastille, écrit Mlle de Launay, M. de Valincour m’avait fait faire connaissance avec M. et Mme Dacier ; il m’avait même admis à un repas qu’il donna pour réunir les anciens avec les modernes.

1551. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Je vais donc simplement aujourd’hui payer envers Chateaubriand ma dette et célébrer l’anniversaire du Génie du christianisme, en traitant une question assez délicate, sur laquelle j’ai recueilli des notions précises, mais dont la solution sera tout à l’honneur du poète : sans cela, on peut le croire, je n’eusse point choisi un tel jour pour en venir parler.

1552. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Cette fâcheuse fin de son voyage à Rome lui en gâta tout le plaisir s’il en eut, et on ne le voit jamais revenir ensuite sur ses impressions d’Italie ; il semble n’avoir nullement rempli la recommandation de La Fontaine, qui lui écrivait à la fin de sa lettre sur les Fêtes de Vaux : « Adieu, charge ta mémoire de toutes les belles choses que tu verras au lieu où tu es. » Malgré son vœu d’être en repos, Maucroix eut quelques devoirs à remplir pendant certaines années : le chapitre le choisit pour l’un de ses deux sénéchaux, et le chargea de défendre ses intérêts, ses prérogatives.

1553. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Il y a des gens qui ont le courage de prétendre, comme s’ils y avaient assisté, que le lieu choisi près de la rivière n’était pas tout à fait aussi immonde qu’on l’a dit.

1554. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Le Moyen Âge en masse était réputé purement barbare, et il n’est guère douteux que s’il eût fallu choisir, on n’eût donné sans regret la Sainte-Chapelle pour la colonnade du Louvre.

1555. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

J’ai eu l’occasion plus d’une fois, et dans Le Moniteur même51, d’en parler avec quelque étendue : aujourd’hui je voudrais en aborder quelques portions encore, et dans la correspondance de Frédéric avec les membres de sa famille, je choisirai particulièrement celle qu’il eut avec le plus célèbre et le plus distingué d’entre ses frères, avec le prince Henri.

1556. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Mme des Ursins, en recevant les ordres du roi par Torcy, ne se sent pas de joie ; Mme de Noailles en a la première effusion et le rejaillissement : « Au reste, madame, je suis transportée de joie, et depuis le matin jusqu’au soir je ne suis occupée qu’à penser combien vous êtes aimable. » Il est curieux de voir comme d’abord elle diminue la portée et la visée de sa mission : elle est choisie pour accompagner Mme la princesse de Savoie jusqu’à Madrid ; voilà tout ; rien au-delà ; qu’elle mette le pied en Espagne, cela lui suffit ; elle ne restera que juste autant qu’il le faudra pour ses affaires et autant que le roi le lui commandera : elle n’est qu’un instrument docile, obéissant et presque inerte dans la main des puissances de Versailles.

1557. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

— parce qu’enfin, comme Édith au col de cygne, s’il avait fallu choisir et reconnaître parmi les morts de la bataille le corps du roi vaincu qu’elle avait aimé, les moines eux-mêmes se seraient adressés à elle pour les aider dans leur pieuse recherche.

1558. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

car il est allé choisir exprès ces deux grands noms (tome I, page 40). imaginez, au contraire, que, tout à côté, les lettres de Béranger remettent les choses à leur juste point : cet homme de sens, tout coquet qu’il est par moments, ne se surfait pas d’une ligne en politique ni en littérature.

1559. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Son énergie sa volonté et la destinée difficile qu’elle ne s’était point choisie tinrent longtemps ce caractère en forme et à la gêne, avant qu’il nous apparût tout fait, tout cimenté et dans sa pleine consistance.

1560. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Je ne crois pas que si l’Université moderne avait eu à produire un échantillon d’elle-même, elle eût pu choisir un plus parfait modèle entre les élèves dont elle s’honore ; car il n’était pas comme d’autres également brillants, mais infidèles : il n’aspirait pas à en sortir.

1561. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Ces derniers, parfaitement choisis d’ailleurs, et dont nous aurions bien mauvaise grâce à nous plaindre, sont un peu uniformes et sur une gamme exclusivement flatteuse.

1562. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Je prendrai, par exemple, la plus célèbre de ses phrases s’il fallait en choisir une, celle dans laquelle on a résumé sa vie : « J’ai toujours été la même, vive et triste ; j’ai aimé Dieu, mon père et la liberté. » C’est ému, cela fait rêver, mais c’est elliptique.

1563. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Il lui est échappé un jour de dire à M. de Sacy, au risque de scandaliser ce fidèle et religieux admirateur des belles œuvres d’autrefois, que s’il lui était permis par faveur singulière de choisir entre les notes que Tite-Live avait eues à sa disposition, et l’histoire elle-même de Tite-Live, il donnerait toute cette magnifique composition et cette prose des Décades pour les simples notes.

1564. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Mais d’où sortent-elles donc ces générations nouvelles, qu’un fanatisme abstrait séduirait et qui iraient choisir si mal leurs oracles ?

1565. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Mais quand il fallut choisir plus tard entre Diderot et Jean-Jacques, Deleyre n’hésita pas, et pour lui Rousseau eut raison, les Encyclopédistes eurent tort.

1566. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Pétrone a parlé de l’heureuse curiosité, du goût choisi d’Horace, Horatii curiosca felicitas : c’est toute une définition en deux mots.

1567. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Il a tort, car les beautés de Corneille, celles qui ravissent, qui enlèvent et qui font passer sur tous ses défauts, il ne les voit pas, il ne les sent pas, et elles sont véritablement autre part que dans cette pièce ingénieusement monstrueuse qu’il a choisie en exemple.

1568. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il y a mieux : ce parfait état de société, cet ordre idéal et simple que M. de Girardin a en vue, je le suppose acquis et obtenu, je l’admets tout formé comme par miracle : on a un pouvoir qui réalise le vœu du théoricien ; qui ne se charge que de ce que l’individu lui laisse et de ce que lui seul peut faire : l’armée n’est plus qu’une force publique pour la bonne police ; l’impôt n’est qu’une assurance consentie, réclamée par l’assuré ; l’individu est libre de se développer en tous sens, d’oser, de tenter, de se réunir par groupes et pelotons, de s’associer sous toutes les formes, de se cotiser, d’imprimer, de se choisir des juges pour le juger (ainsi que cela se pratique pour les tribunaux de commerce), d’élire et d’entretenir des ministres du culte pour l’évangéliser ou le mormoniser… ; enfin, on est plus Américain en Europe que la libre Amérique elle-même, on peut être blanc ou noir impunément.

1569. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

« Tel est le pays que les premiers rameaux de la race de Japhet (indo-européenne), partis d’Asie, ont peuplé, soit en descendant par terre l’escalier du Pinde, soit en arrivant par mer d’île en île ; c’est la patrie qu’ils ont choisie. » C’est ainsi que la science renouvelle, en le fixant et le précisant, ce que l’imagination, la poésie et la peinture avaient si souvent touché.

1570. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Il explique pourquoi il n’aurait pu lui-même être choisi pour cette mission de Dresde à la place du duc de Richelieu : « Il faut que ce soit un Français né sujet du roi.

1571. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

On objecte toujours l’usage ; mais il y a une distinction à faire, et que Dumarsais dès le principe a établie : c’est la prononciation qui est un usage, mais l’écriture est un art, et tout art est de nature à se perfectionner. « L’écriture, a dit Voltaire, est la peinture de la voix : plus elle est ressemblante, meilleure elle est. » Il importe sans doute, parmi tous les changements et les retouches que réclamerait la raison, de savoir se borner et choisir, afin de ne point introduire d’un seul coup trop de différences entre les textes déjà imprimés et ceux qu’on réimprimerait à nouveau ; il faut les réformer, non les travestir.

1572. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Ce fut Talleyrand alors qui fut choisi comme l’interprète du Directoire auprès du général Bonaparte dans deux circonstances qui avaient un caractère révolutionnaire : la première, pour le décider à assister à la fête anniversaire du 21 janvier ; la seconde, pour justifier l’assassinat de deux jeunes gens qui avaient fait une manifestation royaliste au café Garcby.

1573. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Les voyageurs, las d’attendre l’Encyclique qui ne devait les joindre qu’en route, quittèrent Rome en frétant un voiturin : « Cette manière de voyager, lorsque rien ne vous presse, dit l’auteur, est la plus agréable que puissent choisir ceux qui doivent rechercher une stricte économie.

1574. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Dès qu’on n’est plus inspiré par un sentiment souverain, impétueux, unique, qui décide et apporte avec lui l’expression ; dès qu’on flotte entre plusieurs sentiments, et qu’on peut choisir ; qu’on en est à redire les choses profondes, à exhaler le superflu des émotions nouvelles, il faut que le travail, l’art, ou, pour exiger le moins possible, un certain soin quelconque aide à l’exécution, et y ajoute, y retranche à l’extérieur par le goût ce que l’âme, tout directement et du premier coup, n’a pas imprimé.

1575. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Pendant les six premières années de son séjour à Paris, et jusqu’à la chute de Fouquet, La Fontaine produisit peu ; il s’abandonna tout entier au bonheur de cette vie d’enchantement et de fête, aux délices d’une société choisie qui goûtait son commerce ingénieux et appréciait ses galantes bagatelles ; mais ce songe s’évanouit par la captivité de l’enchanteur.

1576. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Ç’a été tout naturellement le cas aujourd’hui dans cette séance, l’une des plus remplies et des plus neuves qu’ait jusqu’ici offertes l’Académie française à la curiosité d’un public choisi ; M. le comte Molé devait recevoir M. le comte Alfred de Vigny, lequel venait remplacer M.

1577. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Ainsi, dans le style de Buffon, parmi quelques ornements vieillis, le vrai, le grand, le noble de la nature choisie subsistent, et si l’on aperçoit quelques rides, c’est dans un monument immortel.

1578. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Ces contreforts, si ce n’est pas précisément la morale qui les a tous fournis, c’est, elle au moins qui veut en apprécier la valeur, les choisir et les imposer.

1579. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Nous ne pouvons connaître tous les faits et il faut choisir ceux qui sont dignes d’être connus.

1580. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Il n’est pas vrai que tous nos actes se réduisent à l’amour de nous-mêmes, « car la sympathie est un fait de la nature humaine dont l’influence se fait sentir loin, et qui constamment modifie et contrarie les impulsions purement égoïstes. » Et de même, l’utilité n’explique pas tous nos actes, puisqu’il n’est point rare de voir un homme refuser d’embrasser une profession lucrative, qui lui paraîtrait déshonorer les traditions d’orgueil de sa famille et choisir plutôt une vie de privations et de misère.

1581. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Cette circonstance rend assez difficile de deviner qu’elle est la belle à qui Boileau en voulait ; dans un espace de seize années, il se rencontre bien des contemporaines entre lesquelles Boileau a pu choisir.

1582. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

En réalité, c’était plutôt un lettré, un érudit, admirant et étudiant la nature à travers les livres et les traités des autres, desquels il extrait et compile élégamment la substance et la fleur, et pas seulement la fleur, car il ne choisit pas toujours, et il agrée les erreurs tout autant que les vérités.

1583. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Cet éloge, qu’il composa presque en entier avec un heureux tissu de phrases choisies dans Montaigne, annonce, par la pensée comme par le ton, un esprit juste, une oreille juste, une âme sensible, noble, élevée.

1584. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Le médecin anatomiste Pecquet avait été choisi par Fouquet pour être son médecin de plaisir, pour l’entretenir à ses heures perdues des plus jolies questions de la physique et de la physiologie ; Pecquet ne se consola jamais d’avoir été séparé de lui.

1585. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Je crois pouvoir dire que la masse est fatiguée de choisir et de délibérer.

1586. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

C’est là que, dans les loisirs d’une vie toute pieuse, toute studieuse, et où les plus nobles amitiés avaient leur part, il composa les deux premiers volumes de l’ouvrage intitulé Esquisse de Rome chrétienne, destiné à faire comprendre à toutes les âmes élevées le sens et l’idée de la Ville éternelle : « La pensée fondamentale de ce livre, dit-il, est de recueillir dans les réalités visibles de Rome chrétienne l’empreinte et, pour ainsi dire, le portrait de son essence spirituelle. » Interprète excellent dans cette voie qu’il s’est choisie, il se met à considérer les monuments, non avec la science sèche de l’antiquaire moderne, non avec l’enthousiasme naïf d’un fidèle du Moyen Âge, mais avec une admiration réfléchie, qui unit la philosophie et la piété : L’étude de Rome dans Rome, dit-il encore, fait pénétrer jusqu’aux sources vives du christianisme.

1587. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Étienne fut choisi pour remplacer M. 

1588. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Dans l’histoire romaine, il a, pour préluder, choisi La Guerre sociale (1844), et il a présenté par ce côté peu expliqué jusqu’ici le duel gigantesque de Marius et de Sylla.

1589. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

C’est quand on a lu ainsi dans une journée cette quantité choisie des meilleures fables de La Fontaine, qu’on sent son admiration pour lui renouvelée et afraîchie, et qu’on se prend à dire avec un critique éminent : « Il y a dans La Fontaine une plénitude de poésie qu’on ne trouve nulle part dans les autres auteurs français66. » De sa vie nonchalante et trop déréglée, de ses dernières années trop rabaissées par des habitudes vulgaires, de sa fin ennoblie du moins et relevée par une vive et sincère pénitence, qu’ai-je à dire que tout le monde ne sache ?

1590. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

« Il ne restait plus qu’à choisir, disait-il, entre des maux inévitables ; la question n’était pas de savoir si l’on pouvait obtenir l’aristocratie ouladémocratie, mais si l’on aurait une société démocratique sans poésie et sans grandeur, mais avec ordre et moralité, ou une société démocratique désordonnée et dépravée, livrée à des fureurs frénétiques ou courbée sous un joug plus lourd que tous ceux qui ont pesé sur les hommes depuis la chute de l’empire romain. » Au reste, M. de Tocqueville, quand il propose et indique les remèdes qui lui paraissent nécessaires, se contente des indications les plus générales et n’entre pas dans les détails particuliers.

1591. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

En théologie, il a essayé de trouver un milieu entre la religion révélée et l’athéisme : à ceux qui ne verraient là qu’une chimère, je demanderai de vouloir bien nous dire avec précision lequel de ces deux termes extrêmes ils ont eux-mêmes choisi.

1592. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Il serait difficile de choisir un meilleur exemple de deux formes spécifiquement distinctes ; pourtant elles sont reliées par un grand nombre de formes intermédiaires dont on ne saurait affirmer l’origine hybride ; et de nombreuses preuves expérimentales établissent qu’elles descendent l’une et l’autre de parents communs, et, par conséquent, qu’elles doivent être rangées comme deux variétés. » D’autres passages de l’ouvrage faisant allusion à ce paragraphe ont également été supprimés ou modifiés par l’auteur.

1593. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Il trie les siennes et les choisit, et ce n’est pas sa faute, à lui, si elles ne sont pas plus piquantes.

1594. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Il y a enfin, comme partout, l’incapacité ou le génie, et la liberté qui choisit le bien ou le mal.

1595. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Ruskin avait dit, en 1843, au début de son œuvre : « Ils (les artistes) doivent aller à la nature en toute simplicité du cœur et marcher avec elle, obstinés et fidèles, n’ayant qu’une idée : pénétrer sa signification et rappeler son enseignement sans rien rejeter sans rien mépriser, sans rien choisir. »31‌ Quel enseignement plus haut et plus simple put jamais être donné ?

1596. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

De temps en temps, il prend des notes sur un cahier relié fort propre, avec un porte-crayon d’argent, toujours rempli de mine de plomb choisie, d’une petite écriture régulière et nette, qu’un copiste admirerait.

1597. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il s’appuya directement, dès le principe, sur l’article de la Constitution qui déclarait que nul ne pouvait être empêché, en se conformant aux lois, de professer le culte qu’il avait choisi. […] Partout vos concitoyens réclament le libre exercice de tous les cultes ; partout ces hommes simples et bons qui couvrent nos campagnes et les fécondent par leurs utiles travaux tendent leurs mains suppliantes vers les pères du peuple en leur demandant qu’il leur soit enfin permis de suivre en paix la religion de leur cœur, d’en choisir à leur gré les ministres et de se reposer, au sein de leurs plus douces habitudes, de tous les maux qu’ils ont soufferts !  […] La voici en ce qu’elle a d’essentiel ; il s’adresse, par manière d’apostrophe, à ses compatriotes lyonnais : « Après avoir prouvé que jamais votre ville n’avait joui d’un calme plus profond que depuis trois mois à l’ombre des paternelles administrations qu’elle s’était choisies, montrant que si, à des époques plus reculées, quelques assassinats y avaient été commis, comme dans toutes les autres parties de la République, par la négligence du gouvernement, ils n’appartenaient à aucun système réfléchi, à aucun mouvement contre-révolutionnaire, mais à la seule impulsion de la vengeance individuelle, je disais : Et dans quelle ville une telle vengeance dut-elle paraître davantage, je ne dis pas excusable ou permise, mais naturelle ?

1598. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

C’est pourquoi on voyait souvent plusieurs centaines de leurs prêtres attachés les uns aux autres en façon de chaîne circulaire, chacun tenant un soufflet qu’il appliquait à la culotte de son voisin, expédient par lequel ils se gonflaient les uns les autres jusqu’à prendre la forme et la grosseur d’un tonneau, et pour cette raison ils appelaient ordinairement leurs corps d’une façon très-exacte « les vaisseaux du Seigneur. » Et afin de rendre la chose plus complète, comme le souffle de la vie de l’homme est dans ses narines, ils faisaient passer les rots les plus choisis, les plus édifiants et les plus vivifiants par cet orifice, pour leur en donner la teinture, à mesure qu’ils passaient1007. […] Pour expliquer, interpréter et appliquer les lois, on choisit ceux dont le talent et l’intérêt consistent à les pervertir, à les brouiller et à les éluder. » Un noble est un misérable pourri de corps et d’âme, ayant ramassé en lui toutes les maladies et tous les vices que lui ont transmis dix générations de débauchés et de drôles. […] Un prince est un metteur en œuvre de tous les vices, incapable d’employer ou d’aimer un honnête homme, « persuadé que son trône ne peut subsister sans corruption, parce que cette humeur courageuse, indocile et fière, que la vertu inspire à l’homme, est une entrave perpétuelle aux affaires publiques. » À Lilliput, il choisit pour ministres ceux qui dansent le mieux sur la corde.

1599. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Du reste, on n’y voit aucune apparence de fiction1024. » C’est là tout son talent, et de cette façon ses imperfections lui servent ; son manque d’art devient un art profond ; ses négligences, ses répétitions, ses longueurs, contribuent à l’illusion ; on ne peut pas supposer que tel détail, si petit, si plat, soit inventé ; un inventeur l’eût supprimé ; il est trop ennuyeux pour qu’on l’ait mis exprès ; l’art choisit, embellit, intéresse ; ce n’est donc point l’art qui a mis en monceau ce paquet d’accidents ternes et vulgaires, c’est la vérité. […] Il ne se réprime pas, il se laisse aller, il coule sur sa pente, sans trop choisir son lit, sans se donner de digues, bourbeux, mais à grands flots et à plein lit. […] À présent, dis-moi, qu’est-ce que tu choisis ?

1600. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

On raconte qu’il prend garde à ne pas adresser d’enveloppes qui soient de son écriture, qu’il fait porter ses lettres à la boîte par l’intermédiaire de personnes interposées et qu’il choisit des bureaux de poste très éloignés de son quartier de manière que ses lettres prennent un caractère encore plus impersonnel14. […] Ces extraits sont pourtant d’ordinaire les plus caractéristiques de la lettre, car ils sont choisis de manière à intéresser le bibliophile. […] Dans l’impossibilité de savoir quoi choisir, il n’y a qu’un remède : tout détruire.

1601. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

qui n’ont pas choisi leurs places… qu’il faut leur pardonner d’être médiocres ». […] Le lendemain à six heures, j’avais trente peignes à choisir. » 27 septembre Nous revenons de la campagne pour le dîner Magny. […] Il y a dans la correspondance de Garrick, un de Vigny qui lui demande de l’argent, mais très noblement… qui le choisit parmi tous, pour l’obliger.

1602. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Et nous les choisirons sans doute selon l’importance de leur ministère. […] Falconet avait été choisi par l’impératrice Catherine de Russie pour exécuter à Saint-Pétersbourg la colossale statue en bronze de Pierre le Grand. […] Génin, ne se contenta pas de jaboter à son tour sur Diderot, mais publia deux volumes de ses Œuvres choisies, coupés — mais avec des ciseaux prudents — dans l’énorme pièce que les frères Garnier nous déroulent aujourd’hui… Doctrinaire attardé et philosophe débordé maintenant par des philosophies que Diderot lui-même, avec son matérialisme, ne satisferait plus, M. 

1603. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

On s’étonnera peut-être que M. de Barante ait choisi pour l’annoter un livre de Capefigue. […] Le père Rigolet lui-même ne raisonnait pas avec plus de subtilité quand il disait à l’empereur de la Chine que l’Église avait choisi les quatre évangiles qui se contredisaient le plus afin que la vérité parût avec plus d’évidence. […] Les réformes prosodiques de 1830 sont acceptées par tout barbacole capable de brocher au hasard des morceaux choisis pour les classes, par l’anthologiste le plus machinal, par le plus mécanique collecteur de poésies, par un Merlet. […] Mais quant à l’écrivain qui ne prend chez les autres que ce qui lui est convenable et profitable, et qui sait choisir, c’est un honnête homme. […] On est amené à reconnaître qu’à ce moment de l’humanité un esprit religieux était contraint de choisir entre le mysticisme des néoplatoniciens et le dogmatisme chrétien.

1604. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Il avait bien plus nettement que Delille le sentiment champêtre et mélancolique, qui distingue la poésie des Gray, des Goldsmith, des Cowper : son imagination, où tout se terminait, en aurait tiré d’heureux points de vue, et aurait importé, au lieu du descriptif diffus d’alors, des scènes bien touchées et choisies. […] De poétiques fleurs compose un nouveau miel ; Laisse les vils frelons qui te livrent la guerre A la hâte et sans art pétrir un miel vulgaire ; Pour toi, saisis l’instant : marque d’un œil jaloux Le terrain qui produit les parfums les plus doux ; Reposant jusqu’au soir sur la tige choisie, Exprime avec lenteur une douce ambroisie, Épure-la sans cesse, et forme pour les cieux Ce breuvage immortel attendu par les Dieux. […] Proposé à chaque session par les suffrages de ses collègues, il était choisi par l’Empereur. […] M’appeler son triomphe et sa gloire mortelle, Et tant d’autres doux noms choisis pour m’obliger, Indignes de sortir d’un courage150 fidèle, Où, si soudain après, l’oubli s’est vu loger !

1605. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

En ces moments choisis, la critique se sait écoutée aussi bien que la poésie ; elle prend toutes ses aises ; elle se rappelle avec une généreuse ardeur, le précepte des maîtres : « Les hommes14, en se communiquant leurs idées, cherchent aussi à se communiquer leurs passions. […] Vous étiez dieux aussi, jeunes gens, mêlés aux déesses joyeuses : Saint-Aignan, La Meilleraye, Maulevrier, Langeron, Thémines, Sillery, Fiesque, Coligny, Richelieu, danseurs choisis de Clio et de Melpomène, de Thalie et de Calliope, et autres cruautés aimables, mademoiselle de Praslin, et les trois Mazarins, suivies de tout le corps de la musique. […] Le bruit de ces fêtes, le bruit de ces amours expiées, ces improvisations de Molière et de Lulli, son camarade, et non moins que le souvenir de ces fêtes, ces aimables et chers souvenirs de l’histoire de Versailles : La Vallière, Montespan, dont le nom se mêle encore aux souvenirs poétiques du grand siècle, nous ramènent aux drames sans fin dont les amours de Louis XIV ont été le sujet, et parmi ces drames (car il faut que l’on sache de quelle façon ces royales amours ont été traitées), j’en choisis deux, un drame de la Gaîté, c’est-à-dire un drame quasi-français, et un drame anglais, écrit en anglais, par un bel esprit célèbre de l’Angleterre, M.  […] On prenait son temps, on choisissait son heure et l’heure du roi.

1606. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

On aura plus de peine à s’en apercevoir sur l’exemple que nous avons choisi, mais l’exemple n’en sera que plus instructif et l’argument plus probant. […] Nous sentons bien alors que la ligne parcourue entre deux arrêts se décrit d’un seul trait indivisible, et qu’on chercherait vainement à pratiquer dans le mouvement qui la trace des divisions correspondant, chacune à chacune, aux divisions arbitrairement choisies de la ligne une fois tracée. […] Mais l’artifice de Zénon consiste à recomposer le mouvement d’Achille selon une loi arbitrairement choisie. […] Ce mouvement a été choisi par elle comme représentatif du temps, et il est uniforme par définition.

1607. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

. — Ce devoir d’amphitryon rempli, — il choisit sur sa tête un long fil, noir encore… et, après l’avoir dextrement arraché, le roule en gracieuse arabesque sur le bord de son assiette. […] Au milieu de la discussion qui commençait à s’échauffer survint un ami commun des deux conjoints : — Bonjour, mes enfants, leur dit-il, vous vous disputez avant le mariage, c’est manger le dessert avant le potage ; — faites-vous des concessions mutuelles ; — toi, Monsieur, tu choisiras le notaire qui dressera le contrat ; — vous, Madame, réservez-vous le droit de choisir d’avance l’avoué qui fera la séparation de corps. […] Quand il en rencontre un de sa connaissance sur le boulevard, il l’emmène volontiers dîner, et choisit dans le restaurant la place où il sera le mieux en vue. […] Étant très-fatigués de la journée de plaisir que nous avons passée à Boulogne, nous nous sommes rendus à minuit à bord de la Panthère pour y choisir nos places. […] Causeries dramatiques Mademoiselle Rachel L’année qui vient de s’achever semble avoir donné pour mot d’ordre à celle qui commence de continuer son hécatombe de victimes choisies.

1608. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Madame Paul Junka a des qualités presque solides et elle a su choisir son sujet. […] Toujours le cabotinisme des mots choisis pour leur étrangeté, des phrases tordues en poses impossibles, des allitérations cliquetantes. […] *** Simone Arnaud choisit les plus impossibles et les plus raides parmi les héros cornéliens ; elle les exagère et les ankylose encore ; puis elle les habille en femmes. […] D’héroïques phtisiques, condamnés par le docteur à choisir entre quelques jours d’amour ou beaucoup d’années d’ennui, optent pour la passion, et nous assistons à leurs baisers et à leurs crachats. […] S’il a une âme généreuse, il choisit le groupe d’où il lui semble qu’on voit le plus de vérité ; il n’ose pas aller droit aux lueurs en une vaillante recherche solitaire.

1609. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

C’est ce moment que l’on choisit pour nous donner Shakespeare sans coupures, par un grand respect que, par parenthèse, les Anglais n’ont point et n’ont jamais eu depuis le dix-septième siècle. […] Le poète de cette vocation domine moins ses sujets, les choisit, les épouse plus conformes à lui-même et se porte sur certains points en entier ; il s’y porte comme un lion. […] Mais il choisit, dit Sainte-Beuve. D’abord tout le monde choisit, et Shakspeare comme un autre. Ensuite est-ce qu’il choisit tant que cela ?

1610. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Il n’eût sans doute pas choisi d’autre fin, et l’on peut penser de lui ce que Mérimée disait de Beyle : « Il ne craignait pas la mort, mais il n’aimait pas à en parler, la tenant pour une chose sale et vilaine plutôt que terrible. […] Le jury, choisi alors parmi l’Institut, se donnait, tous les ans, le plaisir de lui refuser un ou deux tableaux. […] Toute sa vie il resta sur la brèche, exposé aux coups, lorsque des maîtres plus adroits ou plus susceptibles se retiraient des expositions et se faisaient admirer en petite chapelle par des dévots choisis. […] ” « Je vis la scène brutale des buveurs dans la cave d’Auerbach ; le moment choisi, comme étant la quintessence de la scène entière, était celui où le vin renversé jaillit en flammes et où la bestialité des buveurs se montre de diverses manières. […] Quand de cette bouche aimée s’envolent les pensées secrètes de votre cœur avec les vers du maître admiré que vous récitez en même temps qu’elle, il vous semble que c’est pour vous seul qu’elle parle ainsi, pour vous seul qu’elle trouve ces accents qui remuent toute une salle, pour vous seul qu’elle a choisi ce rôle, pour vous seul qu’elle a mis cette rose dans ses cheveux, ce velours noir à son bras ; réalisant le rêve des poètes, elle devient pour le critique une espèce de maîtresse idéale, la seule peut-être qu’il puisse aimer.

1611. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Durant ce séjour à Buriton, il prend possession de la bibliothèque de son père, qui était d’abord bien inégalement composée ; il l’accroît, il l’enrichit avec soin, et en forme par degrés une collection à la fois considérable et choisie, « base et fondement de ses futurs ouvrages, et qui deviendra désormais la plus sûre jouissance de sa vie, soit dans sa patrie, soit à l’étranger ».

1612. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Des deux endroits où Joinville en parle, je choisis le plus vif.

1613. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Et comment aurait-il parlé, en même temps que de la nature, de ce qui donne à la vie privée son embellissement et tout son charme, des femmes qu’il aimait, mais qu’au fond il estimait assez peu, dont il décomposait et niait les plus naturelles vertus par la bouche de Ninon, et en faveur de qui, sous le nom de Bernier, et pour tout réparer, il se contentait de dire : « Maintenons dans les deux sexes autant que nous le pourrons ce qui nous reste de l’esprit de chevalerie… » Mais ce reste d’esprit de chevalerie qui, dès lors bien factice et tout à l’écorce, était bon pour entretenir la politesse dans la société, est loin de suffire pour renouveler et pour réjouir sincèrement le fond de l’âme, pour inspirer le respect et l’inviolable tendresse envers une compagne choisie, et pour former au sein de la retraite une image de ce bonheur dont le grand poète Milton a montré l’idéal dans ces divines et pudiques amours d’Adam et Ève aux jours d’Éden.

1614. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Les lettres suivantes, choisies par l’éditeur dans un nombre fort considérable, sont de peu d’intérêt et, à dire le vrai, un peu enfantines ou un peu écolières ; ils font tous deux leur apprentissage de langue et d’esprit ; ils achèvent leur rhétorique par lettres.

1615. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Mais, si odieuse que lui paraisse la tyrannie pontificale, il dit ailleurs que s’il lui fallait absolument choisir, il la trouverait encore préférable à la licence effrénée qui innove sans cesse dans le dogme, et à l’horrible anarchie qui en est la suite. — Casaubon, dans sa haine et sa peur des excès, était en religion ce que bien des honnêtes gêna de notre connaissance sont en politique.

1616. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Il était aux bains della Villa, près de Lucques, lorsqu’il apprit que MM. de Bordeaux l’avaient choisi absent pour maire de leur ville.

1617. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

qui a dit en cette prose épaisse, et riche, grassement paysanesque et roturière ; ce que Guérin a dit dans sa langue élégante et choisie, ce qu’il a exprimé de son ciseau mythologique, et fin ?

1618. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Cette Épître nous montre par une suite d’exemples ou de remarques habilement choisies que pour qui veut connaître à fond un seul homme, un individu, tout trompe, tout est sujet à méprise, et l’apparence et l’habitude, et les opinions et le langage, et les actions même qui souvent sont en sens inverse de leur mobile : il n’y a qu’une chose qui ne trompe pas, c’est quand on a pu saisir une fois le secret ressort d’un chacun, sa passion maîtresse et dominante (the ruling passion), dans le cas où chez lui une telle passion existe.

1619. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Elle choisit noblement ses modèles, mais elle a toujours des modèles sur lesquels elle tâche expressément de se former.

1620. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Le rédacteur des Mémoires du Maréchal de Richelieu, qui travaillait sur de bons documents, a parlé d’elle en termes plus choisis et plus convenables, qui s’accordent mieux avec les traits de nos peintres précédents, les Tocqué et les La Tour.

1621. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

C’est, en vérité, choisir bien étrangement son champ de bataille.

1622. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Je choisis naturellement celles-ci.

1623. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Seulement il veut choisir l’emplacement le plus beau ; il veut tout voir auparavant, afin, plus tard, de tout surpasser.

1624. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Jasmin a du feu, de l’entraînement sans doute ; il a besoin de la passion actuelle pour arriver au bien : mais il travaille, il travaille opiniâtrement, dit-on ; il lime ses vers, il rejette, il choisit, il a un art de style enfin.

1625. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Mais pourquoi Chénier a-t-il été choisir dans le recueil de Théocrite cette idylle-là plutôt qu’une autre ?

1626. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Mme de Sévigné loue continuellement sa fille sur ce chapitre des lettres : « Vous avez des pensées et des tirades incomparables. » Et elle raconte qu’elle en lit par-ci par-là certains endroits choisis aux gens qui en sont dignes : « quelquefois j’en donne aussi une petite part à Mme de Villars, mais elle s’attache aux tendresses, et les larmes lui en viennent aux yeux. » Si on a contesté à Mme de Sévigné la naïveté de ses lettres, on ne lui a pas moins contesté la sincérité de son amour pour sa fille ; et en cela on a encore oublié le temps où elle vivait, et combien dans cette vie de luxe et de désœuvrement les passions peuvent ressembler à des fantaisies, de même que les manies y deviennent souvent des passions.

1627. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

S’il fallait se prononcer et choisir entre des productions presque également charmantes, nous serions bien embarrassé vraiment ; car si Eugène de Rothelin nous représente le talent de Mme de Souza dans sa plus ingénieuse perfection, Adèle nous le fait saisir dans son jet le plus naturel, le plus voisin de sa source et, pour ainsi dire, le plus jaillissant.

1628. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Ces traces légères remirent Christel aux regrets de la vie élevée et choisie pour laquelle elle était née.

1629. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Mais si, parmi les sons musicaux, on en choisit un très grave, par exemple l’octave inférieure de l’orgue, on s’aperçoit que les sensations élémentaires, quoique formant alors un tout continu, ce qui est nécessaire pour que le son soit musical, y restent cependant distinctes jusqu’à un certain degré71.

1630. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

De nos jours, comme dans l’antiquité, il faut que les hommes qui sont doués de ce don choisissent entre leur génie et leur bonheur, entre la vie et l’immortalité.

1631. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Seulement le père Hilario ne pouvait plus sortir du couvent à cause de ses infirmités croissantes, et la reconnaissante famille lui préparait un panier de châtaignes choisies, que Hyeronimo et Fior d’Aliza devaient lui porter, le lendemain, au monastère, en souvenir du salut qu’ils lui devaient.

1632. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Non moins habilement, Perrault choisit la forme du dialogue : c’est la plus commode, quand il faut plaire à un public léger ; elle a de plus cet avantage, qu’elle permet à l’auteur aussi d’être léger et superficiel, et que le décousu, le paradoxe, l’affirmation téméraire et sans preuves, tout ce qui invaliderait une exposition dogmatique, se tourne ici facilement en grâces.

1633. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Pour ces hautes conceptions, le poète a choisi une forme étriquée et raffinée : d’un bout à l’autre s’égrènent des sonnets alternant avec quatre quatrains.

1634. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

tout simplement parce qu’elle assure ceux qu’elle choisit de leur propre mérite, qu’elle le garantit solennellement, que parfois même elle l’apprend au public qui l’ignorait ; parce qu’elle donne de la considération, de l’importance, des galons, un chapeau, une épée.

1635. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Ainsi font les éditeurs et collecteurs de Pensées, Pensées choisies, Esprit d’un auteur ou d’un ouvrage, qui vous massacrent bravement vingt, cinquante ou cent volumes pour en extraire un.

1636. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Le procédé donne la liberté de ne pas choisir ; permet d’être soi en toute richesse complexe, sans souci d’harmonie ; autorise l’impudeur d’étaler sa beauté et ses verrues.

1637. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Je trouve aussi, en tête d’un volume intitulé Œuvres choisies de Napoléon (1844), quatre ou cinq pages des plus remarquables, signées d’un pseudonyme, mais qui attestent une plume distinguée12.

1638. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Sohrab choisit un cheval assez fort pour le porter, un cheval fort comme un éléphant ; il assemble une armée et se met en marche, non pour combattre son père, mais pour combattre et détrôner le souverain dont Roustem est le feudataire, et afin de mettre la race vaillante de Roustem à la place de ce roi déjà fainéant.

1639. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Il s’appliquait aussi, à propos de ces attaques qu’on insérait contre lui dans son propre journal, ce que disait Louis XIV d’un courtisan qui critiquait Versailles ou Marly : « Il est étonnant que Villiers ait choisi ma maison pour en dire du mal. » Geoffroy commençait à s’entêter de lui-même et de son importance, ce qui est un signe de faiblesse.

1640. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Comme elle choisit dans Voltaire !

1641. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Cette rareté de bonnes gens, qui lui paraît être la honte du genre humain le ramenait d’autant plus à aimer les amis choisis qu’il s’était faits : « La comparaison ne fait que trop sentir le prix des personnes vraies, douces, sûres, raisonnables, sensibles à l’amitié, et au-dessus de tout intérêt. » Une seule fois, on lui surprend encore une curiosité d’esprit, c’est pour le prince Eugène, en qui il a cru apercevoir un vrai grand homme.

1642. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Le père, j’allais dire l’amant, de Mme de Vieumesnil, de Mme de Beauséant, gardera sa place sur la tablette du boudoir la plus secrète et la plus choisie.

1643. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

La vue de la campagne, la succession des aspects agréables, le grand air, le grand appétit, la bonne santé que je gagne en marchant, la liberté du cabaret, l’éloignement de tout ce qui me fait sentir ma dépendance, de tout ce qui me rappelle à ma situation, tout cela dégage mon âme, me donne une plus grande audace de penser, me jette en quelque sorte dans l’immensité des êtres pour les combiner, les choisir, me les approprier à mon gré, sans gêne et sans crainte.

1644. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Florian, pour réussir dans le monde et saisir la veine du moment, avait eu à choisir dans ses propres goûts ; il y avait en lui un coin de pastoureau et de troubadour langoureux, qu’il s’était plu à développer exclusivement, plume en main : sa réalité, plus mêlée et plus vive, valait mieux que cet idéal-là.

1645. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

« Qui ne me voudra savoir gré, dit-il, de l’ordre, de la douce et muette tranquillité qui a accompagné ma conduite, au moins ne peut-il me priver de la part qui m’en appartient par le titre de ma bonne fortune. » Et il est inépuisable à peindre en expressions vives et légères ce genre de services effectifs et insensibles qu’il croit avoir rendus, bien supérieurs à des actes plus bruyants et plus glorieux : « Ces actions-là ont bien plus de grâce qui échappent de la main de l’ouvrier nonchalamment et sans bruit, et que quelque honnête homme choisit après, et relève de l’ombre pour les pousser en lumière à cause d’elles-mêmes. » Ainsi la fortune servit à souhait Montaigne, et, même dans sa gestion publique, en des conjonctures si difficiles, il n’eut point à démentir sa maxime et sa devise, ni à trop sortir du train de vie qu’il s’était tracé : « Pour moi, je loue une vie glissante, sombre et muette. » Il arriva au terme de sa magistrature, à peu près satisfait de lui-même, ayant fait ce qu’il s’était promis, et en ayant beaucoup plus fait qu’il n’en avait promis aux autres.

1646. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Parmi les chefs polonais, il en choisit pour ses héros qui n’ont pas soutenu plus tard ce caractère : il les voit de loin dans les poses chevaleresques qu’ils se donnent, et tout à leur avantage.

1647. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Il en indiquait les défauts, il en montrait les beautés toutefois, et remarquait que Voltaire, qui s’était essayé sur un sujet à peu près semblable dans Zulime était loin d’avoir réussi à égaler Racine : « C’est donc une terrible entreprise, concluait-il, que de refaire une pièce de Racine, même quand Racine n’a pas très bien fait. » Que La Harpe, lié comme il était à Voltaire par les liens d’une reconnaissance presque filiale ; à qui Voltaire écrivait : « Mes entrailles paternelles s’émeuvent de tendresse à chacun de vos succès » ; que La Harpe eût pu choisir un autre moment et une autre circonstance pour parler de Voltaire dans cette trêve de silence qui s’observait depuis sa mort, on le conçoit aisément : mais, quand on a lu le judicieux et innocent article dans le Mercure même, on a peine toutefois à comprendre la colère et l’indignation factices qu’il excita au sein de la coterie voltairienne.

1648. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mme des Ursins, parmi les princesses d’Europe, en choisit exprès une des moindres, qu’elle pût créer comme de ses mains et former à sa dévotion.

1649. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

— Le duc d’Orléans le choisit toutefois pour entrer dans le nouveau gouvernement, et d’Antin, qui ne savait pas dire non à celui qui régnait, se laissa faire.

1650. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Au mot Appartenir, on avait mis pour exemple : « Il appartient au père de châtier ses enfants. » Là-dessus Bernardin proteste, il se révolte, et trouve étonnant qu’entre tant de relations chères qui lient un père aux enfants, on soit allé choisir la plus odieuse, celle par laquelle il les châtie : Là-dessus, Morellet, le dur ; Suard, le pâle ; Parny, l’érotique ; Naigeon, l’athée ; et autres, tous citant l’Écriture et criant à la fois, m’ont assailli de passages et se sont réunis contre moi, suivant leur coutume.

1651. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

L’humanité, ce voyageur pressé, choisit de plus en plus dans son bagage, et rejette ce qui lui serait trop embarrassant.

1652. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

La théorie de Richelieu est dans ces paroles ; il est vrai, comme il nous l’a dit ailleurs, que, s’il fallait absolument choisir, il jugeait la punition plus nécessaire encore que la récompense, et il la faisait marcher devant.

1653. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Qui aurait dit que la Providence eût choisi un poète pour bouleverser le système de l’Europe et changer en entier les combinaisons politiques des rois qui y gouvernent ?

1654. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

On choisira entre les plaisirs divers que l’on peut se procurer avec la même somme d’argent.

1655. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

C’est dans le milieu, dans la généralité négligée par Balzac, que Murger a choisi ses personnages.

1656. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Par un de ces hasards comme il y en a dans la vie, il avait été mêlé à cette famille de Montijo dans laquelle l’Empereur avait choisi si romanesquement une Impératrice, et, petite fille alors obscure, il lui avait (détail qu’il nous donne dans ses Lettres à Panizzi) quelquefois fait manger des gâteaux chez le pâtissier.

1657. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Excepté, en effet, cet article sur les entretiens politiques de Robert Southey, le lauréat et le tory, les autres articles du volume sont choisis avec discernement par l’excellent traducteur, qui a si lumineusement pensé en mettant dans un cadre spécial le critique, que les Miscellanées publiés à Londres avaient placé pêle-mêle avec l’écrivain politique et que la traduction d’Œuvres diverses de Macaulay, faite de compte à demi par Amédée Pichot et par Forgues, avait également confondus.

1658. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

L’éditeur avait bien choisi son moment, le moment historique, pour remettre sous les yeux d’un public, devenu la postérité, le grand nom intellectuel de Joseph de Maistre, l’inoubliable nom de l’homme qui n’a pas fait seulement le livre du Pape, mais qui — autant, du moins, que l’influence des hommes peut faire quelque chose en ces décisions surnaturelles de l’Esprit-Saint, — pourrait bien avoir fait aussi le Concile du Vatican.

1659. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Pour les autres, c’était un prodige… un prodige dont on pourrait juger, car il avait choisi un sujet de livre adéquat à sa force.

1660. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Regarde et choisis !

1661. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Les jolies affiches coloriées qu’on colle sur les murs de nos rues pour nous engager à choisir telle station d’hiver ou d’été, bains de mer, eaux thermales, montagnes, forêts, les affiches enfin de la grande pharmacie pour neurasthéniques ne nous montrent-elles pas, dans un coin, l’indigène qui travaille ou s’amuse, toujours en costume national, la bergère des Alpes qui file, le guide des Pyrénées qui part pour l’ascension matinale, faisant claquer son fouet enrubanné, le bouvier d’Auvergne, la jolie Niçoise, avec un chapeau chinois, l’écailleuse des Sables-d’Olonne en jupe courte, et combien de Bretons et de Bretonnes de tous les villages de Bretagne ?

1662. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Comme les empereurs romains prenaient le plus souvent leurs ministres parmi les affranchis, c’est de préférence parmi les non-nobles qu’ils choisirent leurs fonctionnaires, instruments de la centralisation.

1663. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Choisissez à présent.

1664. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Deux ans après, le cardinal Duperron fut choisi par le roi pour faire un éloge funèbre, qui prêtait bien plus à l’éloquence ; c’était celui de la fameuse Marie Stuart.

1665. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Magendie a choisis depuis plusieurs années pour titre de ce cours, ont pour but de consacrer cette union indissoluble de la physiologie expérimentale et de la pathologie que nous ne devrons mais perdre de vue. […] La quantité du sucre pour 100 de tissu du foie choisi dans les portions les plus saines était 1,10 gr., le sucre calculé pour la totalité du foie 17,10 gr. […] L’action de la gélatine, que j’ai choisie pour mes expériences comme étant la substance azotée la plus facile à se procurer à l’état de pureté, est donc des plus remarquables. […] Nous choisissons un animal, un chien ou un lapin, en ayant soin de le prendre dans un moment convenable, dans l’intervalle de deux repas, la digestion précédente étant complétement achevée. […] Je pris pour cela ces végétaux cellulaires microscopiques, appartenant à la classe des champignons, et je choisis la levure de bière.

1666. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Le jour où Néron, croyant lui faire plaisir, lui envoie une robe et des bijoux choisis par lui dans le « musée des empereurs », elle reçoit ce présent comme un outrage. […] Ellida s’y trouve, suivie de son mari qui, après quelques menaces, finit par renoncer à la lutte, car il comprend qu’Ellida ne peut rester avec lui, ne l’ayant pas choisi volontairement. […] Cette « Bibliothèque choisie » est une drôle de collection. […] L’impression des premières lectures d’enfance est profonde et merveilleuse, surtout quand elles ne sont ni choisies ni imposées par un maître. […] Mais, tout de même, n’aurait-il pu choisir, pour établir ce point de départ, des moyens un peu plus « humains », et ne point nous présenter d’abord, dans la personne d’Anna de Grécourt, une créature aussi furieusement exceptionnelle ?

1667. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

L’homme n’ayant qu’un but, le bonheur ou le plaisir ; qu’une loi, la satisfaction de ses instincts et de ses appétits, il ne peut jamais avoir à choisir entre des motifs contraires, à sacrifier son plaisir à la loi ou la loi à son plaisir, puisqu’il y a identité entre son plaisir et la loi. […] Tu n’as pas choisi ta destinée, tu l’as subie…46. » Ingénieuse apologie du libertinage, assurément ! […] « Il me semble que l’individu (c’est de la femme que parle l’auteur) choisi entre tous pour souffrir des institutions profitables à ses semblables, doit, s’il a quelque énergie dans le caractère, se débattre contre ce joug arbitraire… Ainsi, toutes les réflexions d’Indiana, toutes ses démarches, toutes ses douleurs se rapportaient à cette grande et terrible lutte de la nature contre la civilisation 76. » Voilà le cri de révolte poussé. […] … Il ne choisit pas, mais il jeta son amour dans sa vengeance pour qu’elle fut plus affreuse et plus complète. […] pourquoi n’ai-je pas choisi plutôt la route du vice ?

1668. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

La plupart ont choisi, et les plus puissants, le second parti. […] Poincaré et Deschanel sont bien choisis comme devant être les politiciens dirigeants ; et je les vois nous gouvernant, vers 1910, entourés de quelques jeunes gens, ferrés sur l’histoire, sachant ce que c’est que Richelieu, Talleyrand, Guizot et Thiers ; je vois cela sans aucune espèce de déplaisir, encore que cela, à cette date, ne me concernera plus. […] Il y en a un très grand nombre ici, et qui semblent très bien choisis, sans esprit de système, avec goût et avec un extrême souci d’être complet. […] Sans doute on ne peut nier que tout ne soit dans tout ; mais, un sujet étant choisi, il y a, cependant, des éliminations nécessaires, et personne n’est plus persuadé que moi de deux choses, à savoir qu’il faut parler de tout et qu’on ne peut pas dire tout à la fois. […] Sur un poète prosaïque sans doute ; supposez qui vous voudrez, il n’y a qu’à choisir : Ça un poète ?

1669. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Ce qui se fait dans le milieu choisi par l’auteur eût pu se passer aussi autre part, et l’étude humaine qu’il a écrite y eût conservé toute son intensité de vérité ; M. de Maupassant a choisi pour son héros une profession, tout comme il eût choisi un costume, mais le monsieur est toujours le même. […] … Mais nous en sommes là… Il faut choisir… Moi, je suis à vos ordres : décidez ! […] Aussi n’a-t-il été probablement choisi que pour attirer le regard et intriguer l’esprit. […] Sa mère le décida au mariage, et choisit pour lui une personne intelligente, dévouée, et qui, par surcroît inattendu, était pieuse. « La fille qui lui naquit, dit Sainte-Beuve, et qui a été plus tard si digne de son père, une aide intelligente dans ses travaux, fut élevée, selon la foi de sa mère, chrétiennement. […] Baudry, que Littré avait d’abord l’intention d’exposer à sa fille ses propres convictions lorsqu’elle serait d’âge à les comprendre, et de la mettre alors à même de choisir entre les opinions de son père et celles de sa mère ; mais que, le moment arrivé, il recula devant le chagrin qu’il aurait causé à sa femme : la bonté de son cœur se refusa à une épreuve de ce genre, et, dussent les stoïciens de l’athéisme l’en blâmer, il jugea que cette expérience « ne valait pas les larmes qu’elle aurait fait couler ».

1670. (1923) Nouvelles études et autres figures

Ces devoirs étaient plus courts que ceux d’aujourd’hui et choisis presque toujours de nature à piquer la curiosité. […] Il hésita sur le titre : il choisit enfin Légende des siècles. […] Hugo a prudemment choisi dans un nombre de poèmes déjà considérable. […] C’est pourquoi, si j’avais l’honneur de compter parmi les hommes considérables appelés à en choisir le titulaire, je voterais pour M.  […] Et, parmi ces impressions, il ne choisira que celles qui s’harmonisent et d’où se dégage le signalement de son modèle, sa physionomie immuable.

1671. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

MA CHÈRE COUSINE, L’Intermédiaire des chercheurs m’a posé la question suivante : « Quels sont les vingt volumes que vous choisiriez si vous étiez obligé de passer le reste de votre vie avec une bibliothèque réduite à ce nombre de volumes ?  […] Or il ne s’agit pas ici de choisir les vingt plus beaux livres qui aient été écrits, mais ceux avec qui il me plairait le plus de « passer le reste de ma vie »… Voyons, de bonne foi, est-ce que j’éprouve si souvent que cela le besoin de lire la Bible, Homère, Eschyle, etc. ? […] Et, comme ce sont les artistes qui choisissent leurs morceaux … on est exposé à entendre des choses un peu pénibles. […] Vous aurez des enfants, et vous leur choisirez pour parrains des membres de l’Institut. […] Vos adversaires même ont pour vous de l’estime et du respect, et l’on dit que l’Académie vous a choisi autant peut-être pour vos belles relations et pour votre réputation de galant homme et d’homme de goût que pour le mérite de vos ouvrages.

1672. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

(Belles-Lettr.) ce mot vient, selon quelques-uns, d’electus, choisi ; on ne voit pas qu’aucun autre mot latin puisse être son étymologie : en effet, il y a du choix dans tout ce qui est élégant. […] c’est que cette naïveté est dépourvûe de mots choisis & d’harmonie. […] On doit choisir avec un soin scrupuleux ses auteurs & ses exemples. […] Le goût dépravé dans les alimens, est de choisir ceux qui dégoûtent les autres hommes ; c’est une espece de maladie. […] Il n’y a que le cas où les statues rendoient des oracles, qui ait pu faire penser que ces statues avoient en elles quelque chose de divin ; mais certainement l’opinion regnante étoit que les dieux avoient choisi certains autels, certains simulacres, pour y venir résider quelquefois, pour y donner audience aux hommes, pour leur répondre.

1673. (1886) Le roman russe pp. -351

L’art classique imitait un roi qui gouverne, punit, récompense, choisit ses préférés dans une élite aristocratique, leur impose des conventions d’élégance, de moralité et de bien dire. […] — Quand le manuscrit de Griboïédof commença de circuler, en 1824 (la censure en interdit la publication, et l’auteur ne vit jamais sa pièce imprimée), sa gloire naquit d’un coup, comme elle naissait alors, dans les cercles choisis qui imposaient leurs admirations à la masse ; elle balança un instant celle de Pouchkine. […] Tous deux admirent et sentent la nature ; mais pour le premier de ces artistes, c’est un modèle qui pose devant le chevalet et dont on choisit certaines attitudes ; pour le second, le modèle est devenu une maîtresse despotique, dont on exécute humblement toutes les fantaisies. […] Jamais peut-être on n’avait rendu aussi sensible, par un exemple particulier, la mélancolique opposition entre la pérennité de la nature et la caducité de l’homme ; jamais points de comparaison mieux choisis ne nous avaient fait mesurer plus cruellement la chute impitoyable du temps. […] Jamais elle ne riait ni ne plaisantait avec celui qu’elle avait choisi, elle l’écoutait en le considérant avec une sorte de stupeur ; parfois cette stupeur se changeait brusquement en terreur glacée ; son visage revêtait alors une expression morte, sauvage ; elle s’enfermait dans son appartement, et sa femme de chambre, l’oreille collée à la serrure, l’entendait sangloter sourdement.

1674. (1908) Après le naturalisme

Voilà donc bien la créature obligée de choisir parmi toutes les actions de toutes sortes, celles qui lui sont bienfaisantes, qui lui apportent les réparations et l’accroissement dont elle a besoin ; d’éloigner, de refuser celles qui ne peuvent que lui nuire. […] Toujours pour l’expression d’une scène, d’un spectacle, le dessin et la couleur parleront mieux que les vocables, si ingénieusement qu’on les choisisse et dispose. […] La plupart des électeurs votent sans savoir ce qu’ils font, sans même parfois connaître le candidat dont ils choisissent le nom. 

1675. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Peut-être leur charme ne s’exerce-t-il pas également sur tous les esprits : et dans cette impuissance il y a tout à la fois de leur faute et de celle du lecteur, mais les partisans qu’elles sauront toujours rassembler, seront toujours assez nombreux et surtout, assez choisis pour écarter l’oubli et forcer le respect. […] Si un poète est épris de ces anciennes mœurs, au point de choisir pour sujet de ses chants, ce qui est fort naturel, que n’imite-t-il Goethe ? […] On affirme que l’occasion n’est pas toujours bien choisie ; que le Tityre, tu patulæ recubans , arrive quelquefois là où personne ne se repose, où il n’est question ni de berger, ni de hêtre.

1676. (1813) Réflexions sur le suicide

Il est permis à l’homme de chercher à se guérir de tous les genres de maux : mais ce qui lui est interdit c’est de détruire son être, c’est-à-dire la puissance qu’il a reçue de choisir entre le bien et le mal. […] — Cet entretien avec le docteur Feckenham releva mon âme abattue, la Providence venait de m’accorder ce qu’Asham désirait pour moi, une mort volontaire ; je ne me tuais pas, mais je refusais de vivre, et l’échafaud consenti par ma volonté, ne me semblait plus que l’autel choisi par la victime.

1677. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

La comédie choisit ses personnages parmi les petites gens, les petits caractères et les petits esprits, parce que les natures de cet ordre étant moins capables de passions profondes sont plus propres à figurer sur une scène d’où le pathétique doit être entièrement exclu. […] Goethe, avec ce grand sens qu’il a porté dans tonies les créations de son ferme génie, a choisi pour l’essai poétique de sa jeunesse la lutte du moyen âge expirant contre les premiers efforts d’organisation de la société moderne.

1678. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Maintenant que l’ennemi, épuisé, se bornait à une canonnade, il résolut de reconnaître de ses yeux l’île de Lobau, d’y choisir le meilleur emplacement pour l’armée, d’y faire en un mot toutes les dispositions de retraite. […] À l’exception de la guerre d’Espagne, lèpre systématique qui rongeait la force militaire de la France, le moment était assez bien choisi par Napoléon pour accomplir ce rêve.

1679. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

« Dans ce temps-là, un musicien de la chapelle du pape, Jean Jacomo de Césène, me fit prier par Laurent, trombone de Lucques, de vouloir l’aider à exécuter quelques morceaux choisis, le jour de la fête de Sa Sainteté. […] Alors il prit une figure terrible, en ajoutant : Choisis donc entre ma malédiction paternelle et ma bénédiction.

1680. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Je le trouvai occupé à les choisir, et il le faisait si lentement, qu’il me fallut attendre nuit close avant qu’ils me fussent livrés. […] Il choisit Benvenuto pour fortifier les portes principales de Florence.

1681. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

André Theuriet, à qui la direction du Petit Journal fit appel par deux fois, comme pour une loyale épreuve des dispositions intellectuelles de ses abonnés, s’efforça de leur rendre sensible ce parfum d’idéal dont l’auteur du Secret de Gertrude a su pénétrer le réalisme choisi et savoureux de ses œuvres. […] Pour éviter la confusion, ceux qui seraient destinés aux classes humbles et laborieuses ne contiendraient qu’un nombre restreint de volumes, choisis avec soin.

1682. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Ils dédaignaient son fils, Télémaque ; ils dévoraient ses biens ; ils exigeaient, la menace à la bouche, que Pénélope choisît entre eux un époux. […] Voyez comme tout est vivant dans ce tableau d’Homère, parce qu’il n’y a omis aucun des détails qui vivifient le tableau. — D’ailleurs il est bien choisi, ajouta notre mère, car je connais peu de scènes, à la campagne, plus animées, plus gaies et plus pittoresques que la conduite du linge de la famille par le char à mules ou à bœufs au lavoir, que les jeunes filles aux bras et aux jambes nues foulant le linge dans l’écume bleue du ruisseau azuré par le savon, et que les draps blancs étalés sur les arbustes du pré comme des tentes où le vent s’engouffre, en y faisant pleuvoir les fleurs d’églantier ou d’aubépine. » XXI La lecture de tous les chants se continua ainsi pendant quinze jours d’une saison sans nuages.

1683. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Il y a travaillé pour les délicats, pour les esprits choisis, pour les âmes religieuses, pour le petit nombre des Élus, aussi petit, ce nombre-là, en littérature que dans le ciel ! […] Cet homme d’imagination romanesque s’est jeté dans la réalité historique avec un incroyable élan, et de toutes les histoires qu’il pouvait écrire il a choisi la plus troublée, la plus méconnue, la plus travestie, la plus insultée et la plus dangereuse au talent qui la touche, si le talent a la malheureuse ambition de cette sottise qu’on appelle la gloire… L’impopularité tente les esprits héroïques.

1684. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

L’Académie le choisissait comme un sujet et un visage agréable au roi.

1685. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Rendant hommage aux poètes français du xvie  siècle, à ceux que Malherbe avait eu le tort de trop dépriser, et leur faisant jusqu’à un certain point réparation, Godeau, dans le discours qui servait de préface à la première édition de Malherbe, ajoutait pourtant : « La passion qu’ils avaient pour les anciens était cause qu’ils pillaient leurs pensées plutôt qu’ils ne les choisissaient. » Et il fait sentir que la méthode habile et combinée, cette méthode d’abeille par laquelle Horace imitait les Grecs, a succédé en France, grâce à Malherbe, à l’imitation confuse, à l’importation trop directe et trop entière des originaux grecs eux-mêmes.

1686. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Dans cette position nouvelle, distingué aussitôt par la compagnie, il fut chargé de la plupart des rapports dans les procès criminels, de la rédaction des remontrances qui revenaient alors assez fréquemment, et fut presque toujours choisi pour commissaire dans les affaires publiques.

1687. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Il y avait parmi ces premières élèves et maîtresses de Saint-Cyr une Mme de La Maisonfort, femme distinguée, esprit curieux, amoureux des recherches, et qui était faite pour un tout autre cadre que celui qu’elle s’était choisi ; elle ne pouvait se résoudre à renoncer à la tendresse de son cœur, à la délicatesse de son esprit et de son goût.

1688. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Et c’est ainsi que cette part de labeur qu’on avait acceptée et qu’on ne s’était point choisie, cette part qui pouvait ne sembler d’abord qu’ennui et corvée inévitable, imposée à l’ami des Muses, devient sa gloire la plus sûre auprès de la postérité ; car, à la suite et dans le cortège de celui qui ne mourra point, il a pris rang, lui aussi, comme témoin des prodiges, et il est entré dans l’histoire.

1689. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Laissons les comparaisons inutiles ; je me contenterai de supposer qu’on a une idée générale et suffisante de la manière et de la veine de l’abbé Delille, et je choisirai rapidement, dans le poème de La Tâche, les endroits qui indiquent chez le poète anglais d’autres sources et d’autres inspirations.

1690. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Frédéric vit le bon côté, le côté sérieux de ce succès de son frère dans l’opinion : Le public en France, lui écrivait-il (13 septembre 1784), suit ce droit bon sens naturel qui voit les objets sans déguisement ; mais les ministres ont bien d’autres réflexions à faire, dont la principale roule sur leur conservation… Mais j’ose me flatter que votre séjour disposera les esprits en notre faveur, et que si la France voit enfin qu’elle est obligée de revirer de système, elle nous choisira comme son pis-aller.

1691. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Dites à vos messieurs qu’elle ne sera manquée que pour eux, que c’est à moi qu’on a promis le privilège, et que, quand je l’aurai une fois, je choisirai la compagnie qui me plaira.

1692. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

En 1709, après avoir refait une armée, Villars sut si bien choisir ses postes, et il en occupa d’abord un si bon ou qu’il rendit tel, dans la plaine de La Bassée, que les ennemis, bien que supérieurs de quarante mille hommes, n’osèrent risquer une attaque ; après l’avoir tâté, ils renoncèrent pour le moment à une bataille et se rejetèrent sur le siège de Tournai, qu’ils entreprirent.

1693. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

S’il regrette que le public « ou ceux qui le gouvernent sous une autorité suprême », les grands critiques d’alors, ne traitent pas plus favorablement ce qu’il n’a cessé de leur offrir, il se dit qu’il y a des destinées contre lesquelles on ne se défend pas : « Tant il est aisé de voir, conclut-il avec un accent de componction, que, par une certaine fatalité inviolable, les uns sont choisis et les autres sont délaissés !

1694. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

La société était choisie : elle se composait de peu d’ecclésiastiques, de quelques gentilhommes de campagne, du lieutenant général du bailliage de Bouzonville et de son épouse, du procureur du roi et de sa famille.

1695. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Une société plus choisie saurait mettre un prix plus juste à votre mérite.

1696. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

C’est ainsi qu’une nuit, en Italie, il rêva qu’il était à Genève, en tiers avec sa sœur et une autre dame genevoise ; celle-ci se mit à lui parler avec franchise de ses qualités et défauts, et, entre autres vérités un peu dures, elle lui dit : « J’ai encore un reproche impardonnable à vous faire : c’est d’avoir abandonné votre patrie, et d’avoir voulu renoncer au caractère de citoyen genevois. » — Je me défendis d’abord, nous dit Sismondi, qui a pris soin de relater par écrit ce songe, en représentant que la société n’était formée que pour l’utilité commune des citoyens ; que, dès qu’elle cessait d’avoir cette utilité pour but et qu’elle faisait succéder l’oppression et la tyrannie au règne de la justice, le lien social était brisé, et chaque homme avait droit de se choisir une nouvelle patrie.

1697. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il faut donc en prendre son parti et laisser faire les curieux, les laisser courir et battre la campagne en tous sens à leur guise, sauf ensuite à distinguer et à choisir dans ce qu’ils nous rapporteront.

1698. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Le devoir fait, la tâche remplie, l’enfant continuait de vaquer à ses rêves ; il est évident, à lire ces pages de description détaillée et comme attendrie, que l’enfance de Dominique n’est pas une fiction de l’auteur, et qu’il y a là-dessous une réalité vive et sensible, prise sur le fait et étudiée d’après nature ; on y sent l’observation de quelqu’un qui a vécu au sein de la campagne, qui a vu passer bien des fois et repasser sur sa tête le tour des saisons, qui en sait les harmonies et les moindres mystères : « Chaque saison nous ramenait ses hôtes, et chacun d’eux choisissait aussitôt ses logements, les oiseaux de printemps dans les arbres à fleurs, ceux d’automne un peu plus haut, ceux d’hiver dans les broussailles, les buissons persistants et les lauriers.

1699. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Elle méconnaît le champion qu’elle s’est choisi ; elle lui jette à la face presque le même mot qu’Hermione lancera à Oreste après la mort de Pyrrhus : Qui te l’a dit ?

1700. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Voir à la page 30 d’une petite brochure qui a pour titre : Lettres choisies de Déranger à Mme Hortense Allard de Méritens.

1701. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Catinat était encore une fois sur le pied d’un négociateur en armes ; ce n’était pas le rôle qu’il eût choisi de préférence.

1702. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Il aurait pu se dispenser aussi de personnalités qui déparent son bel ouvrage, et mieux choisir les pièces justificatives qu’il a données.

1703. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Il s’attachait aux faits, interrogeait les voyageurs, s’enquérait des coutumes sauvages comme des anecdotes les plus civilisées ; s’intéressait à la forme d’une dague ou d’une liane, à la couleur d’un fruit, aux ingrédients d’un breuvage ; il rétrogradait sans répugnance et avec une nerveuse souplesse d’imagination aux mœurs antérieures, se faisait à volonté Espagnol, Corse, Illyrien, Africain, et de nos jours choisissait de préférence les curiosités rares, les singularités de passions, les cas étranges, débris de ces mœurs premières et qui ressortent avec le plus de saillie du milieu de notre époque blasée et nivelée ; des adultères, des duels, des coups de poignard, de bons scandales à notre morale d’étiquette.

1704. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

— Mais entre tous mes torts de détail, pour couper court, je choisirai l’un de ceux que M.de Loménie me reproche le plus, et sur lequel il s’égaye vraiment un peu trop.

1705. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

On est donc heureux quand on retrouve ce premier portrait chez les personnages voués depuis à la célébrité, et quand un hasard imprévu nous vient révéler ce qu’ils furent précisément au moment unique et choisi, en cette fleur, en cette heure ornée, comme disait la Grèce : dans tout le reste de notre vue sur eux, il y a plus ou moins anachronisme.

1706. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Cependant le fond révèle une pensée déjà indépendante, qui choisit sa matière selon le besoin, et la traite selon la vérité.

1707. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

L’opposition de ce monde au nôtre sautait aux yeux : de là à choisir un Oriental pour critique de nos travers et de nos préjugés, il n’y avait qu’un pas ; et Du Fresny donna, en 1707, les Amusements sérieux et comiques d’un Siamois.

1708. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Son esprit étant éminemment et presque uniquement un produit de cette fin de siècle (l’influence de la tradition gréco-latine est peu marquée chez lui), il s’en tient aux écrivains des trente dernières années et choisit parmi eux ceux avec qui il se trouve en conformité d’intelligence et de cœur.

1709. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Notez que, si la morale double est, en effet, dans la plupart des cas, l’invention commode et l’expression du scepticisme, elle se peut parfaitement allier avec la croyance en un Dieu qui se soucie de certains hommes, choisis par lui pour de grands desseins, au point de conclure avec eux, même en morale, des pactes spéciaux.

1710. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il faut discerner la façon dont chaque auteur a su profiter des modèles qu’il a choisis ou rencontrés ; il y a cent degrés dans cet art ; on ne saurait confondre le copiste qui abdique son indépendance, et se fait le docile esclave d’un devancier avec l’adaptateur habile qui crée en imitant, qui prend un grain de semence chez autrui, le fait lever, fleurir, fructifier en pousses vigoureuses et nouvelles ; ni surtout avec l’inventeur qui ne puise guère qu’une noble émulation et un encouragement dans la contemplation des chefs-d’œuvre offerts à ses regards.

1711. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

choisis entre ces deux parts celle que tu croiras la meilleure. » — Zeus ne se méprit point, mais voulant prendre le trompeur en flagrant délit, il enleva la graisse des deux mains, découvrit les os, et dit au Titan : — « Fils de Japet, subtil entre tous les êtres, ô cher !

1712. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Mais il y songe trop tard ; il se tient trop longtemps immobile dans une position peu sûre ; il choisit mal ses points en arrière, et ne serre pas d’assez près les défilés de la Sierra-Morena par où il doit repasser.

1713. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Cette mort soudaine réveilla les bruits de poison, quoiqu’il fût certainement peu vraisemblable que les personnes soupçonnées depuis plusieurs mois eussent choisi ce moment pour renouveler leur tentative, en les en supposant capables.

1714. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Elle aspira à se faire une place et à laisser une empreinte dans son cœur, sans y parvenir ; mais que du moins son nom reste attaché à la renommée de celui qui si souvent la repoussa, et à qui elle se dévoua sans murmure ; qu’il lui soit donné (seule consolation qu’elle eût choisie) de vivre à jamais, comme une suivante, dans sa gloire !

1715. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

En causant, elle avait le don du mot propre, le goût de l’expression exacte et choisie ; l’expression vulgaire et triviale lui faisait mal et dégoût : elle en restait tout étonnée, et ne pouvait en revenir.

1716. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Sa contenance au-dehors était froide, polie, et pouvait sembler de la roideur ou de la morgue à ceux qui ne le connaissaient pas ; mais dans la familiarité il était, dit-on, la gaieté même, franc jusqu’à l’abandon, et certainement fidèle et dévoué jusqu’à la fin pour ceux qu’il avait une fois choisis.

1717. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Mais ces introductrices ne paraissent essentielles que pour les premiers temps : il faut que le jeune homme aille ensuite de lui-même et qu’il se choisisse quelque guide charmant plus familier.

1718. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Devant une peinture de pareille dimension, il faut choisir ; je prendrai de préférence deux grandes scènes, pour y démontrer quelques-unes des hautes qualités de Saint-Simon.

1719. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Ne riez pas, c’est comme cela. » Et il engage cet ami Dalinville à faire comme lui, à se mettre de l’un au moins des deux bords : Comme compatriote, comme ancien camarade d’études, je vous donne à choisir de vous mettre dans celui que vous voudrez ; vous serez accepté d’un côté comme de l’autre ; j’en ai la certitude.

1720. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Sans compter le plaisir désintéressé qu’il y a à revivre quelque temps en idée dans cette compagnie choisie, je répondrai avec une parole de Goethe, le grand critique de notre âge : Ce serait, dit-il en parlant de Mme de Tencin, une histoire intéressante que la sienne et celle des femmes célèbres qui présidèrent aux principales sociétés de Paris dans le xviiie  siècle, telles que Mmes Geoffrin, Du Deffand, Mlle de Lespinasse, etc. ; on y puiserait des détails utiles à la connaissance soit du caractère et de l’esprit français en particulier, soit même de l’esprit humain en général, car ces particularités se rattacheraient à des temps également honorables à l’un et à l’autre.

1721. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Sayous, un autre parrain littéraire que Linguet ; mais on ne choisit guère plus son parrain que ses parents, et on entre dans le monde, et même dans le monde littéraire, comme on peut.

1722. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Enfin, après avoir rassemblé en six volumes dissertations, grammaire, textes choisis, tout le trésor des troubadours, et en préparant six autres volumes de Lexique, qui ont achevé de paraître qu’après sa mort, il faisait plus, il franchissait la Loire, non pas en conquérant cette fois, mais en auxiliaire, et condescendait jusqu’à nous autres Picards et Normands ; il faisait sur notre vieille langue française l’application et la vérification des mêmes règles grammaticales essentielles qu’il avait reconnues dans l’ancienne langue du Midi, et montrait que nos bons vieux auteurs du xiie  siècle n’écrivaient pas au hasard5 ; de sorte que tous ceux qui s’occupent maintenant de la publication des vieux textes rencontrent à l’origine M. 

1723. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Il avait de bonne heure, et par une sorte d’instinct qui l’honore, choisi cet illustre écrivain pour son grand homme de prédilection et pour l’objet de son culte.

1724. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

La fortune pourtant lui ménageait de plus grands revers : on le choisit entre tous les gens d’affaires de l’entourage de Fouquet pour servir d’exemple mémorable, et il dut songer à la fuite hors du royaume.

1725. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Il assistait avec sourire à ces excès de passion de ses amis ; même quand il les servait dans l’attaque, il choisissait entre les traits, il s’était fait un cercle à son image, en partie composé d’hommes jeunes que le libéralisme repoussait par ses lieux communs et qui n’étaient royalistes que par préférence politique.

1726. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Parlant de son ami le maréchal de Berwick et le montrant, dès l’adolescence, à la tête d’un régiment et gouverneur d’une province, Montesquieu disait : « Ainsi, à l’âge de dix-sept ans, il se trouva dans cette situation si flatteuse pour un homme qui a l’âme élevée, de voir le chemin de la gloire tout ouvert, et la possibilité de faire de grandes choses. » Sans prétendre rien dire de pareil de cette charge de président à mortier obtenue de bonne heure, Montesquieu du moins fut dès lors sur le pied de tout voir, de juger les hommes à leur niveau, et de n’avoir pas à faire d’effort pour arriver et s’insinuer jusqu’à eux ; il n’eut qu’à choisir entre les relations qui s’offraient.

1727. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

La première année il fut choisi sans opposition ; mais, à la seconde, un membre influent parla contre lui, et il s’annonçait comme devant le contrecarrer à l’avenirg.

1728. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Nous allons représenter l’Œdipe de Voltaire, dans lequel je ferai le héros de théâtre ; j’ai choisi le rôle de Philoctète ; il faut bien se contenter de quelque chose… M. de Suhm, qui l’a compris, et qui lit, à travers cette indifférence soi-disant philosophique, le regret et le tourment d’une âme amoureuse des grandes choses, lui va toucher la fibre secrète et le rassure en lui disant : La réflexion que vous faites, Monseigneur, sur le bonheur qu’il y a à venir à propos dans le monde est des plus justes, et serait très propre à consoler le héros (le prince d’Anhalt) dont Votre Altesse Royale a une si haute opinion, si à ses qualités guerrières il savait joindre votre philosophie, Monseigneur.

1729. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Flaubert, partagé entre le formalisme et le réalisme, définit très bien la recherche de la sensation choisie, qu’il croit être le but de l’art, mais qui n’en est qu’un des éléments. « Je me souviens, dit-il, d’avoir eu des battements de cœur, d’avoir ressenti un plaisir violent en contemplant un mur de l’Acropole, un mur tout nu ; celui qui est à gauche quand on monte aux Propylées.

1730. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Cette maison, lourd cube blanc à angles droits, choisie par ceux qui l’habitaient sur la désignation du hasard, parfois intentionnelle peut-être, avait la forme d’un tombeau.

1731. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Son signe principal est de ne point inventer : il recueille, choisit et transmet.

1732. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Comme toutes les femmes qui, dans le domaine de l’esprit, autant que dans la sphère du cœur, ne peuvent être jamais des grandeurs solitaires, elle a choisi son Seigneur par l’admiration, la lecture préférée, et elle a peint comme lui la nature ; et elle a écrit dans sa manière, mais, grâce à Dieu !

1733. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Elle a bien choisi son moment !

1734. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Par un contraste inexplicable, il a choisi Hegel, le triste Hegel et son monstrueux prosaïsme, — Hegel l’antipoète, l’antechrist de toute poésie, qui a osé écrire que « la nature n’est rien en soi, qu’il n’y a rien de réel en elle que le mouvement de l’idée », et qui, répliquant à Kant préoccupé d’un soleil central pour les étoiles que l’astronomie devait un jour découvrir, ne craignit pas de répondre : « Il n’y a point de raison dans les rapports des étoiles entre elles ; elles appartiennent à la répulsion formelle.

1735. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Et l’heure est bien choisie pour ce débarras.

1736. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Chapitre v Les israélites Une grande affaire d’Israël dans son éternelle pérégrination, c’est de se choisir une patrie.

1737. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Je vais essayer de donner des exemples choisis de comique absolu et significatif, et de caractériser brièvement l’esprit comique propre à quelques nations principalement artistes, avant d’arriver à la partie où je veux discuter et analyser plus longuement le talent des hommes qui en ont fait leur étude et leur existence.

1738. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

 » Ces images peuvent nous rappeler ce que nous avons admiré dans Pindare, et ce que Dante n’avait pas ln, ces îles des bienheureux, où abordent les âmes choisies, où la lumière ne s’éteint jamais, où le souffle léger du zéphir agite les rameaux odorants des arbres.

1739. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Nous avons à choisir entre quatre siècles, dont chacun, y compris le nôtre, a sa beauté et sa grandeur. […] De ces quatre siècles lequel choisir ? […] N’est-il pas permis, après tout, d’en choisir de moins élevés ? […] Elle va choisir, ce jour-là même, un époux. Les États, sur sa demande, lui ont désigné trois seigneurs, trois comtes, qui paraissent les plus dignes d’être distingués par elle ; mais elle s’est réservé le droit de choisir, soit un des trois, soit n’importe qui.

1740. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

L’exemple [mot grec] donc mal choisi. […] Nous choisissons un de ces motifs, nous le préférons aux autres, nous nous décidons à agir dans un sens déterminé. […] Il n’a pas la force d’arrêter son activité, de réfléchir ; l’homme seul peut se contenir, s’arrêter, réfléchir, et choisir. […] Le premier veut que nous nous tenions dans un état d’équilibre, sans adhérer à aucune opinion ; le second croit que nous pouvons en choisir une et nous y tenir. […] L’instinct raisonné conseillera donc de les choisir de préférence aux autres.

1741. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Puis, ce choix fait — il est discutable, sans doute, mais il fallait choisir — j’ai cru distinguer qu’il représentait un ensemble, une sorte de courbe : parti d’un point déterminé, on aboutissait à un autre point déterminé, et les noms de M.  […] En voici un choisi entre quelques autres. […] Ces bibelots, choisis avec art chez les fournisseurs à la mode dont vous aimez à vous entourer, ne sont-ils pas autour de vous pour accaparer, pour dilapider votre attention ? […] je ne pourrai le satisfaire qu’à moitié, ma réponse le laissera libre de choisir lui-même entre les deux alternatives. […] Bourget a choisie.

1742. (1802) Études sur Molière pp. -355

. — Bien choisi ; où peut-on amener des originaux de tout âge, de tout sexe, plus naturellement que chez une coquette du grand monde ? […] Le caractère principal. — Molière a le mérite d’avoir choisi pour son premier rôle un caractère de tous les temps et de tous les pays, mais n’en a-t-il pas rétréci l’effet, en ne lui donnant que des nuances propres à n’être senties qu’en France seulement ? […] Je ne prononce pas, mais je cite au tribunal que j’ai choisi, et l’auteur de la note et l’acteur qu’elle a induit en erreur. […] Don Sanche, prince d’Aragon, élevé comme fils d’un pêcheur, sous le nom de Carlos, se distingue par mille exploits guerriers, et se fait aimer de la reine de Castille ; don Lope de Gusman, don Manrique et don Alvare de Lune, grands de Castille, sont épris de leur souveraine, qui, forcée de choisir entre eux, remet sa bague à Carlos, et lui dit : Marquis, prenez ma bague, et la donnez pour marque, Au plus digne des trois, pour en faire un monarque. […] Molière, chargé de choisir un sujet propre à amener des divertissements qui tinssent du miracle, prend dans la fable de Psyché l’instant le plus favorable pour mettre à contribution le ciel, la terre et les enfers.

1743. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Il ne nous appartient pas de choisir entre les diverses interprétations. […] Peut-être, mais c’est que nous penserions vaguement alors à un homme qui aurait pu se trouver là, ou parce que, pour une raison ou pour une autre, ce point spécial du trottoir nous intéressait particulièrement, de telle sorte que la tuile semble l’avoir choisi pour y tomber. […] Mais au-dessous d’elle est une pensée spontanée et semi-consciente, qui superpose à l’enchaînement mécanique des causes et des effets quelque chose de tout différent, non pas certes pour rendre compte de la chute de la tuile, mais pour expliquer que la chute ait coïncidé avec le passage d’un homme, qu’elle ait justement choisi cet instant. […] Qui donc m’avait choisi ?

1744. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Elle use du vers de dix syllabes, qui fut celui de la Chanson de Geste ; c’est ce vers que Pierre de Ronsard choisit, en souvenir des épopées nationales, pour sa trop latine Franciade. […] Donc, « Inventeur d’odes étincelantes, qui lancez au loin la double flèche des rimes d’or, « Nous, la Jeunesse, nous vous aimons et nous vous célébrons parce que vous fûtes la Joie ; et, bien que je ne sache ni lire ni écrire, j’ai été choisie, étant la plus belle, pour offrir à votre image, sous l’azur de ce soir, les plus royaux des lys dans la neige de mes seins victorieux, et tous les lauriers d’or dans la gloire éparse de mes cheveux roux !  […] Jamais le Parnasse ne prétendit être une école ; il ne fut, en réalité, que rassemblement en une amitié qui n’a jamais été disjointe, sinon par des déchirements de funérailles, et qui persiste encore, étroite et indissoluble, de quelques jeunes esprits qu’associèrent, non pas des hasards de rencontre ou des complaisances de camaraderie, mais de réciproques estimes intellectuelles ; et nous eûmes bien le droit de nous préférer, puisque nous nous étions choisis. […] Dans les augustes cathédrales antiques où l’on vient prier encore, le sacristain, moyennant un pourboire, ne manquera pas de vous montrer, aux stalles des chanoines, sous les sièges, de fort falotes et même obscènes sculptures : garçons qui accolent des filles, évêques qui renversent des servantes, diablotins qui choisissent pour vases de nuit des bouches de cardinaux… Pensez-vous que ces drôleries à l’envers des stalles, — dont vous vous amusez, ne dites pas non, — empêchent de s’élever l’aiguille sublime du clocher et le son des cloches pures vers l’éternelle beauté du Ciel ? […] Plus volontairement poète, (ce mot « volontairement » implique dans ma pensée un rare et bel éloge, car si l’inspiration est indispensable au poète, la volonté, don aussi, qui choisit, règle et coordonne, ne l’est pas moins), Gustave Kahn m’apparaît comme un inventeur très divers, très puissant et très délicat.

1745. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Celui qui, pour la première fois, reçut des coups sans pouvoir les rendre, celui qui dévora sa honte, celui qui fut abreuvé d’humiliations et roué de coups par un maître injuste, celui-là fut consolé de sa misère en songeant qu’un juge invisible attend ceux qui ont pâti et ceux qui ont triomphé, et que la justice divine rétablira l’équilibré rompu par la malice humaine… Dans l’infinie complexité de la vie morale, Renan a choisi un domaine déterminé, où s’est concentré l’effort de son infatigable ténacité. […] Enfin, pour achever, par un trait qui leur semble capital, leur ressemblance avec le décevant modèle qu’ils ont choisi, ils font le ferme propos de ne jamais conclure. […] Il choisit, dans l’histoire de l’humanité, plusieurs exemples qui lui parurent frappants et il en fit le sujet de plusieurs monographies, qui sont les applications diverses d’une même méthode31. […] Pareillement, dans ce fouillis d’hommes et d’œuvres, qui a couvert le sol de l’Angleterre, depuis la conquête saxonne et la conquête normande jusqu’aux poèmes d’Alfred Tennyson, l’historien de la Littérature anglaise a commencé vraisemblablement par choisir les têtes les plus hautes, les plus fortes, les plus pleines, les plus riches de sève, celles qui dominent la population vague des êtres rabougris et inférieurs : Shakespeare, Milton, Swift, Byron, Dickens, Macaulay, Carlyle, Stuart Mill. […] Mais, loin de la cohue vociférante des foules, il a cherché une retraite propice aux rêves délicats et aux extases choisies.

1746. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

* Entre l’avocat factieux et le factieux qui n’est pas avocat, si vous me donnez à choisir, c’est ce dernier que mon cœur préfère. […] Il est vrai que, pour parler d’un sujet si en dehors des programmes, je choisissais le moment où, après la leçon régulière faite sur une chaise de paille en guise de chaire, mes jeunes auditeurs se réunissaient autour du poêle pour entendre, soit des éclaircissements sur les points de la leçon restés obscurs, soit quelque digression sur certaines choses du dehors que je ne voulais pas paraître ignorer par une pruderie dont mon auditoire n’eût pas été dupe. […] En cas de double, de triple candidature, le plus souvent les candidats sont, ou à peu près égaux, ou, de si peu inégaux, que choisir dans l’ex œquo est un vrai travail. […] A l’embarras de choisir n’allez pas ajouter celui où vous jetterait un engagement prématuré. […] Éloge un peu maigre, semble-t-il, en ce temps de louanges et de critiques violentes ; aussi ajouterai-je volontiers du plus récent, qu’en traitant une matière qu’il est de préjugé et presque de bon ton de railler comme usée, l’orateur l’a rajeunie et en a élevé le genre, en y répandant avec les grâces d’une langue choisie, les plus pures inspirations d’un cœur tendre au bien, au devoir et au sacrifice.

1747. (1914) Une année de critique

Armé de la sorte, il parcourt le mince arpent qu’il a su choisir assez ignoré pour qu’il y reste des découvertes à faire, assez étroit pour qu’on ne lui en dispute point la possession. […] Il ne se soucie pas de choisir les mots qui, dans l’esprit du lecteur, auront un retentissement mystérieux, éveilleront le souvenir, susciteront le rêve. […] Quand un romancier a atteint à une si sûre intuition des réalités de l’âme, il peut choisir n’importe quels personnages et les placer où il lui plaît : jamais il n’écrira rien de banal. […] D’autre part, s’ils voulurent réellement écrire le roman de l’Algérie moderne, le symbole qu’ils choisirent, quelle que soit sa valeur esthétique, apparaît insuffisant. […] Pour mes fils, dont je veux faire de bons petits français, je ne choisirai pas d’autre maître que M. 

1748. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Belin suivait son cours d’études à Paris en 1593 et 1594, années de la Ligue finissante : c’est de cette époque notamment que Patin n’a aucune thèse : Je vous les demande, écrit-il, à tel prix qu’il vous plaira, et m’offre de vous en faire satisfaction à votre plaisir, soit en argent, soit en livres, ou en toute autre chose qu’il vous semblera bon de choisir.

1749. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Pourtant nous voilà bien avertis de l’idéal qu’il s’est choisi ; La Motte est pour lui le beau intellectuel, simple, majestueux, son Jupiter Olympien en littérature et son Homère : l’autre Homère, avec ses grands traits et ses vives images, n’est bon tout au plus qu’à débaucher les esprits.

1750. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Dans les derniers conseils qu’il donne à son fils, à ce fils dont il s’est si peu occupé, et envers qui il ne revendique aucun des droits de l’autorité paternelle, mais seulement le privilège de l’« affection » et de la « prédilection » (ce sont les termes mesurés qu’il choisit), il insiste sur certaines recommandations précises et pratiques ; il lui dit en lui faisant passer un reste de fortune : Il faut avant tout se garantir de la misère ; tout autre malheur doit peu affecter un homme jeune et bien portant ; mais le besoin, la dépendance et le mépris des autres empoisonnent la vie, flétrissent l’âme, abâtardissent le génie.

1751. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Villars va s’appliquer à remplir de tout point le programme : confiant avec raison dans la position qu’il s’est choisie à Haute-Sierck, il a l’œil à tout ; observe les moindres mouvements des ennemis, et cherche à deviner ce qu’il ne voit pas : « Enfin, Sire, je tâche d’imaginer tout ce que peuvent faire les ennemis, et Votre Majesté doit être persuadée que l’on fera humainement tout ce qui sera possible. » Marlborough s’ébranle avec une armée composée d’Anglais, de Hollandais et d’Allemands, qu’il disait être de cent dix mille hommes, et que Villars estimait de quatre-vingt mille, et publiant bien haut qu’il allait attaquer les Français.

1752. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

La vue de ces mots tracés il y a plus de vingt ans, le souvenir de ces épingles choisies par Nancy (sa sœur), tout cela m’a bouleversée.

1753. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Quand le soleil, sur les six heures du soir, commençait à perdre la force de ses rayons, on nous menait promener vers le champ des moissonneurs, et ma mère y venait aussi bien souvent elle-même, ayant toujours mes sœurs et quelques-unes de mes tantes avec elle… Elles s’allaient toutes reposer en quelque bel endroit d’où elles prenaient plaisir de regarder la récolte, tandis que nous autres enfants, sans avoir besoin de ce repos, nous allions nous mêler parmi les moissonneurs, et, prenant même leurs faucilles, nous essayions de couper les blés comme eux… Après la moisson, les paysans choisissaient un jour de fête pour s’assembler et faire un petit festin qu’ils appelaient l’oison de métive (c’est le mot de la province) ; à quoi ils conviaient non seulement leurs amis, mais encore leurs maîtres, qui les comblaient de joie s’ils se donnaient la peine d’y aller.

1754. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

J’en suis toujours à choisir dans Villon et à ne m’arrêter complaisamment que sur quelques-unes des choses exquises qui se détachent aisément du cadre artificiel où il les a placées.

1755. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Il était bien le premier à le sentir, et lorsqu’on 1815 il se trouva lancé dans une voie toute nouvelle et qui se rapportait si peu à ses engagements précédents, au lieu d’agir en tout comme un véritable esprit politique qui, après avoir bien réfléchi et calculé, se détermine et ne bronche plus, il éprouva le besoin de s’appuyer au dehors sur l’opinion de quelqu’un : à cet effet, il choisit le général La Fayette comme une sorte de confident responsable.

1756. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il est sans doute, à quelque degré, de la famille des Brossette et des Boswell, de ceux qui se font volontiers les greffiers et les rapporteurs des hommes célèbres ; mais il choisit bien son objet, il l’a adopté par choix et par goût, non par banalité ni par badauderie aucune ; il n’a rien du gobe-mouche, et ses procès-verbaux portent en général sur les matières les plus élevées et les plus intéressantes, dont il se pénètre tout le premier et qu’il nous transmet en auditeur intelligent.

1757. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Gerbier, Port-Royal et Clairaut, ce jeune, homme choisissait bien en tout point ses parrains intellectuels.

1758. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Don Carlos ayant été choisi pour être parrain de ce premier enfant, une fille, il se trouvait tellement débile qu’il ne put tenir lui-même l’infante sur les fonts et la rapporter de la chapelle du château dans la chambre de la reine : il fallut que don Juan lui rendît ce service.

1759. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

La conclusion de l’acte et la décision du roi, c’est que l’affaire mérite d’être plus amplement délibérée : en attendant, don Sanche (singulièrement choisi pour un tel office) reconduira Chimène en son logis ; don Diègue reste à la Cour prisonnier sur parole, et l’on fait chercher Rodrigue.

1760. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

C’est ce dernier côté qu’il a choisi.

1761. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Si Votre Majesté choisit un homme dont le caractère soit serré, le maintien discret, ou qui soit complimenteur, il ne fera absolument rien.

1762. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Je compte, que ces dames s’amuseront fort bien ; j’ai un corps d’officiers très bien choisi… » A sa sœur, la princesse de Holstein, quinze jours après et pendant le séjour même de ces dames, il en parlait de plus en plus gaillardement, en vrai voisin de Rabelais, plaisantant toujours sur ses houlans, qu’il comparait à des moines reclus.

1763. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Jomini proposait de se borner à choisir avec soin, en arrière des frontières, quelques points stratégiques et de les fortifier comme points d’appui, de ravitaillement et de refuge, pour les armées actives.

1764. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Billault, termine en disant que l’histoire lui assignera sa place « au premier rang de cette Pléiade de grands hommes qui, depuis 1789, ont illustré nos Assemblées parlementaires. » Or la Pléiade n’est composée que de sept étoiles, de sept noms ; et depuis 1789, si l’on choisit sept grands orateurs seulement, M. 

1765. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Lamartine est de tous les poètes célèbres celui qui se prête le moins à une biographie exacte, à une chronologie minutieuse, aux petits faits et aux anecdotes choisies.

1766. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

A travers ce vaste champ de connaissances où sa condition l’a jeté, il s’est orienté de bonne heure ; furet et gourmet, il suit ses lignes sans en sortir, sans s’égarer ; il choisit et range à bonne fin le grain et la perle.

1767. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

L’ensemble de l’ouvrage est conçu et construit dans une pensée d’art ; il se compose de dix livres, dont chacun embrasse un objet déterminé, et roule autour d’un sujet habilement choisi, contrasté, balancé, dans lequel l’auteur tente et rencontre souvent des nouveautés très-piquantes et bien des insinuations lumineuses.

1768. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Dévoilons-en pourtant, avec la pudeur qui sied, un modèle de plus, déjà bien ancien, et dont les monuments secrets nous sont venus dans un détail heureux où nous n’aurons qu’à choisir.

1769. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Si le statuaire, qui est aussi à sa façon un magnifique biographe, et qui fixe en marbre aux yeux l’idée du poëte, pouvait toujours choisir l’instant où le poëte se ressemble le plus à lui-même, nul doute qu’il ne le saisît au jour et à l’heure où le premier rayon de gloire vient illuminer ce front puissant et sombre.

1770. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Pour Dieu, ne calomniez point la France à qui vous pouvez faire tant d’honneur. » Et il l’engage à choisir dorénavant dans Shakspeare, mais à, relire toute Athalie.

1771. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Quoique le latin lut la langue des clercs, la nécessité cependant d’instruire le peuple les obligea souvent d’écrire en français, et la nécessité de captiver l’attention de ces esprits dévots, mais enfantins, leur fit parfois choisir pour édifier les sujets les plus amusants et qui parlaient le plus à l’imagination.

1772. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Il choisit, comme suite des causes psychologiques, des faits extraordinaires qui secouent violemment ou saisissent fortement l’imagination : ainsi ce terrible cinquième acte de Rodogune, amené par quatre actes qui, malgré Cléopâtre et ses éclats furieux, restent en somme assez calmes.

1773. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Flaubert lui apprit à poursuivre le caractère original et particulier des choses, à choisir l’expression qui fait sortir ce caractère.

1774. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

En voici un exemple que je choisis pour sa clarté.

1775. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Chapuzeau nous explique pourquoi l’on donnait la préférence aux jours ordinaires : « Ces jours ont été choisis avec prudence, dit-il, le lundi étant le grand ordinaire pour l’Allemagne et pour l’Italie, et pour toutes les provinces du royaume qui sont sur la route ; le mercredi et le samedi, jours de marché et d’affaires où le bourgeois est plus occupé qu’en d’autres, et le jeudi étant comme consacré en bien des lieux pour un jour de promenade, surtout aux académies et aux collèges.

1776. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

L’architecture gothique paroît très-variée, mais la confusion des ornemens fatigue par leur petitesse ; ce qui fait qu’il n’y en a aucun que nous puissions distinguer d’un autre, & leur nombre fait qu’il n’y en a aucun sur lequel l’oeil puisse s’arrêter : de maniere qu’elle déplaît par les endroits même qu’on a choisis pour la rendre agréable.

1777. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

En général, il choisit parmi les modèles mis en lumière par la Renaissance ceux qui conviennent le mieux à son tour d’esprit, et de préférence les poésies érotiques, qui sont les sources les plus fréquentées à cette époque.

1778. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ce qui fait que le vrai poète choisit bien les mots, c’est qu’il les invente plutôt qu’il ne les sait.

1779. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Si vous ne vous résignez pas à dire des mensonges depuis l’ouverture de vos portes jusqu’à leur fermeture, ou si vous ne choisissez pas des commis qui aient le talent et l’audace d’en dire, vous crèverez de faim, etc., etc. »« Je défie tous les membres de la société bourgeoise, qu’ils soient riches ou pauvres, qu’ils soient capitalistes ou prolétaires, de raconter leur histoire économiques, leurs stratagèmes et leur tactique financière publiquement sans rougir » (p. 484).

1780. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Nous choisissions de préférence ces petits cafés blancs à banquettes rouges, comme il en existait encore à cette époque aux environs de la rue de Flandre, à l’enseigne de Béranger, quand ce n’était pas le café du Commerce ou le café du Cercle.

1781. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Je choisis ici cette dernière méthode et je dis par exemple : Si à une époque quelconque le réalisme domine en littérature, les théories dominant à la même époque dans le domaine juridique ont dû, en vertu de la concordance que nous posons comme régulière et nécessaire, être également réalistes.

1782. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Lohengrin choisi, la moins curieuse des œuvres de Wagner… admettons encore.

1783. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

La pluie qui tombe du Ciel générateur féconde la Terre ; alors elle enfante, pour les mortels, la pâture des bestiaux et le grain de Déméter. » — Ailleurs, il pousse ce cri qui dissout l’Olympien sculpté par Phidias, et disperse dans l’infini son corps et son âme, sa foudre et son sceptre, sa barbe pluvieuse et sa chevelure rayonnante ; « Zeus est l’air, Zeus est le ciel, Zeus est la terre, Zeus est tout ce qu’il peut y avoir au-dessus de tout. » Dans un Chœur de l’Orestie, le Dieu qu’on invoque semble invité à choisir lui-même son nom, dont le poète n’est pas sûr. — « Zeus !

1784. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

La Fatalité plaisante quelquefois, et choisit, pour ses plus violentes catastrophes, les plus comiques messagers.

1785. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Il n’y a pas de milieu ; mortel, il faut choisir ! 

1786. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Quand une chose ou un homme lui déplaisait, ou ne valait pas la peine qu’il s’y arrêtât plus longtemps, il se détournait et portait son regard ailleurs dans ce vaste univers où il n’avait qu’à choisir ; non pas indifférent, mais non pas attaché ; curieux avec insistance, avec sollicitude, mais sans se prendre au fond ; bienveillant comme on se figure que le serait un dieu ; véritablement olympien : ce mot-là, de l’autre côté du Rhin, ne fait pas sourire.

1787. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Le jardin est seulement de la largeur de la maison, laquelle donne d’abord sur une sorte de terrasse en parterre plantée d’une variété de fleurs les plus choisies.

1788. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Ils devinent, ils écoutent, ils choisissent et s’orientent à travers ce qu’ils entendent dire dans la conversation.

1789. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Enfin il nous sent, il nous aime, il est un des nôtres, et nous devons bien à ce charmant abbé une sépulture littéraire honorable, choisie, toute mignonne, urna brevis, une petite urne élégante et qui ne soit pas plus grande que lui.

1790. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

cette figure-là n’a qu’à choisir, elle sera tour à tour, et à volonté, Esther ou Célimène 5.

1791. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Puis, affichant nettement sa théorie subversive de tout pouvoir constitué, il ajoute : « On connaît mon profond respect pour les saints décrets de l’Assemblée nationale ; je ne parle si librement de celui-ci que parce que je ne le regarde pas comme un décret. » Ainsi, dans les décrets de l’Assemblée il se réserve de choisir ceux qui ‘lui conviennent, et de considérer les autres comme non avenus, sous prétexte qu’ils ont été votés par une majorité formée de membres du clergé et de la noblesse, plus nombreux dans l’Assemblée qu’ils ne devraient, l’être.

1792. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

est allée tomber dans le bel étang de Mortfontaine ; elle a choisi le site le plus poétique pour y mourir.

1793. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Dans le partage qu’il fit de la succession avec ses deux frères, il choisit de préférence les pierreries, ce qui brillait ; il se jeta naturellement là-dessus comme Achille sur les armes : Nous fûmes tous trois contents, dit-il ; j’étais ravi d’avoir de belles pierreries ; je n’avais jamais eu que des boucles d’oreilles de 200 pistoles et quelques bagues, au lieu que je me voyais des pendants d’oreilles de 10 000 francs, une croix de diamants de 5 000 francs, et trois belles bagues : c’était de quoi me parer et faire la belle.

1794. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Cette dernière fut particulièrement une de celles que le roi s’était choisies pour en paraître amoureux.

1795. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

À la manière déférente dont il parle de Marmontel, de Thomas, de Raynal et des auteurs secondaires, on sent que, pour leur céder si aisément le haut du pavé en littérature, ce n’est pas là le champ de bataille définitif qu’il s’est choisi.

1796. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Elle apprit en perfection l’italien, l’espagnol, et son principal plaisir était dans la lecture et dans les conversations choisies, dont elle n’était pas dépourvue dans son voisinage.

1797. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Pigalle fut choisi pour faire la statue du patriarche ; mais quand elle sut que le statuaire voulait le faire absolument nu, Mme Necker poussa les hauts cris.

1798. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Ne perdant point de vue sa carrière dans le monde, l’abbé Maury recueillit en 1777 ses Discours choisis sur divers sujets de religion et de littérature, et il se mit en mesure de postuler un fauteuil à l’Académie française.

1799. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

La postérité, de plus en plus, me paraît ressembler à un voyageur pressé qui fait sa malle, et qui ne peut y faire entrer qu’un petit nombre de volumes choisis.

1800. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

On choisit exprès le temps où Louis XVIII était à la messe.

1801. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

On peut croire qu’il choisit bien ses points d’attaque ; les vers les plus étranges ne lui échappent pas ; il décrit spirituellement, et avec une verve railleuse assez légère, ce public des premières représentations d’Hernani, dont nous étions nous-même, public fervent, plein d’espérance et de désir, et qui mettait toute sa force en ce moment à tenter une révolution non pas précisément dans l’État, mais dans l’art.

1802. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

monsieur, les hommes n’ayant guère à choisir qu’entre la sottise et la folie, où je ne vois point de profit je veux au moins du plaisir ; et vive la joie !

1803. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

La lecture de Robinson fut pour lui un événement ; lui aussi, il cherchait en imagination son île, mais bientôt ce ne fut plus une île solitaire, il s’y donnait des compagnons ; il la peuplait à son gré d’un monde choisi, dont il se faisait le législateur pacifique : car il était ambitieux, et son penchant le portait naturellement ou à s’isoler ou à se donner le beau rôle.

1804. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Je comparerais encore de tels esprits à des arbres dont il faut savoir choisir et savourer les fruits ; mais n’allez jamais vous asseoir sous leur ombre22.

1805. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Elle groupera, autour de cette figure choisie, le temps qui l’aura entourée.

1806. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

C’est par des raisonnements analogues que le roman moderne, éliminant de l’esprit l’empire des facultés supérieures, et des groupes l’ascendant des hommes d’élite, pose en principe l’inutilité de l’effort volontaire et choisit ses personnages parmi les êtres moralement et intellectuellement dégénérés.

1807. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

C’est ce crépuscule que choisit Shakespeare ; large nuit commode au rêve où cet inventeur à l’aise, met tout ce que bon lui semble, ce roi Lear, et puis un roi de France, un duc de Bourgogne, un duc de Cornouailles, un duc d’Albany, un comte de Kent et un comte de Glocester.

1808. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Je conseille à un auteur né copiste, et qui a l’extrême modestie de travailler d’après quelqu’un, de ne se choisir pour exemplaires que ces sortes d’ouvrages où il entre de l’esprit, de l’imagination, ou même de l’érudition : s’il n’atteint pas ses originaux, du moins il en approche, et il se fait lire.

1809. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Entraîné d’un pôle à l’autre et sans cesse emporté dans un mouvement de pendule, l’esprit devenait incapable de se fixer, c’est-à-dire de choisir, de conclure et de se décider.

1810. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

En général ses remarques sont bien fondées, & la plûpart de ses exemples sont heureusement choisis, à quelques-uns près qu’il n’auroit pas dû prendre dans les choses de galanterie.

1811. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Les secondaires ne sont propres qu’à l’état qu’on a choisi.

1812. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Si un tartare, un cosaque, un russe voyait cela, il dirait à l’artiste : tu as pillé toutes nos garde-robes, mais tu n’as pas connu une de nos passions… autre moment mal choisi.

1813. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Elles se contentent de déterminer le nombre arithmetique des syllabes qui doivent entrer dans chaque espece de vers et de marquer quelles de ces syllabes doivent être longues, quelles doivent être bréves, et où l’on peut choisir de mettre des longues ou des bréves.

1814. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

L’exemple, dira-t-on peut-être, est mal choisi ; cette strophe presque toute entière est mauvaise en elle-même, et indigne d’être comparée à son modèle.

1815. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

D’autres que nous ont choisi dans le poëme de M. 

1816. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Qu’il choisisse.

1817. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

On a choisi de réimprimer, pour faire suite, deux études, sur le Juif Errant et sur le Lai de l’Oiselet. […] Il devait, en outre, ainsi que son écuyer, — « qui de ce fut très content » — choisir une compagne parmi les dames qu’il voyait sans compagnon. […] Soyez le bienvenu, cher sire, Mon amant choisi entre tous !  […] Il était rentré dans la montagne, Il avait choisi son amour, Et à cause de cela le quatrième pape Urbain Fut perdu pour l’éternité. […] Il a toutes les trois sciences, hébraïque, grecque et latine, et il connaît tous les langages et a à sa disposition tous les mots les plus choisis de toutes les provinces, en sorte que s’il parle avec des Florentins tu diras qu’il est né et nourri à Florence, et ainsi avec des Génois et avec des Bergamasques et avec des Siciliens, et avec des gens de n’importe quel autre lieu, si bien que c’est une chose de grande admiration que le fait de cet homme.

1818. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Pour l’astronome, les systèmes sont des hypothèses entre lesquelles on choisit la plus commode (H.  […] Qu’il invente ou qu’il choisisse, c’est le même sens Critique porté au plus haut point. […] Il y a de grands trésors dans ces pages heureusement choisies et la preuve que, même si on enlève à Léonard quelques richesses légendaires, il lui en reste assez pour demeurer l’un des grands esprits de l’humanité. […] Ecrit d’un style très condensé, il contient tant de remarques précieuses qu’on ne sait lesquelles choisir. […] A quoi bon les trains rapides, quand on peut, dans sa propre voiture, et en partant à l’heure que l’on choisit, parcourir dans le même temps, et même plus vite, la même distance ?

1819. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Après avoir choisi un sujet heureux, il le disposa avec tant d’art, il sut amener des situations tellement touchantes, qu’il cacha l’impuissance où il était de les développer avec sentiment et profondeur. […] Il eut le bonheur de choisir pour son héros le plus romanesque et le plus aventureux des souverains. […] Ce fut alors que la philosophie se crut arrivée au terme qu’elle ambitionnait : des ministres furent choisis dans ses rangs ; et furent appelés à tenir les promesses de leurs écrits ou de leur doctrine. […] Tels ne sont point les motifs qui vous le firent choisir ; ce n’est pas les lettres que vous voulûtes honorer en lui : ou plutôt vous avez saisi avec empressement l’occasion de signaler un de ces exemples si rares, où le talent n’est pas seulement consacré à satisfaire l’esprit, mais où, se produisant sur le théâtre de la vie réelle, il se montre comme un sentiment de l’âme et se confond avec la vertu. […] Tronchet, que Louis XVI avait choisi.

1820. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Mlle de Scudéry, Mlle de La Fayette, Racine étudient quelques sentiments choisis, un seul même parfois : l’amour. […] L’art affranchi des règles. — Conclusion Ainsi rapproché du réel par la nature des sujets qu’il choisit, il essaie de s’y conformer aussi par la manière dont il les traite. […] Meissonier est une exactitude qui choisit, qui, par conséquent, n’est plus celle du réalisme. […] Zola n’a pas visé plus haut : il avoue qu’il a voulu « représenter le débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge qui se rue aux jouissances » ; il a voulu « étudier des tempéraments et non des caractères ; il a choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. […] C’est contre ces dernières réserves que sont dirigées les revendications du réalisme actuel : pour lui, du moment que l’observation doit remplacer à elle seule l’imagination, la fantaisie, l’humour, le sentiment personnel et toutes les autres facultés littéraires, l’art n’ayant plus le devoir de choisir, le goût ne peut plus exercer son rôle d’arbitre souverain : il est révoqué de ses emplois, relevé de sa surveillance.

1821. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Rien au monde ne vaut pour lui la vie de labeurs, de recherches désintéressées et de tranquille mépris du monde qu’il a choisie. […] Considéré à ces moments-là, il apparaît aussi peu moderne que possible, et tel que ces artistes anonymes de nos cathédrales qui passaient leur vie, inconnus et ravis, dans le lent accomplissement de la tâche qu’ils avaient choisie, au recoin le plus obscur du grand édifice. […] Il consiste, avant tout, à la voir d’un certain point de vue, bien choisi, ce qui est n’en voir qu’une portion. […] Et ils sont lus personnellement, ce qui vaut beaucoup mieux que de l’être par « fragments bien choisis », dans les livres des autres. […] Le peuple aura donc ses représentants, qu’il choisira très bien, car « il est admirable pour cela », qui interviendront dans la direction générale des affaires publiques.

1822. (1929) La société des grands esprits

Il ne m’en est jamais tombé sous la main, et je ne connais à l’usage de la jeunesse que de courts « morceaux choisis ». […] L’ordre n’est pas fait… Tout homme est d’épée et d’entreprise, et choisit son maître… Il faut prendre parti. » Mettons tout gentilhomme, mais par chance Descartes l’était. […] Dès aujourd’hui, l’on croit rêver, lorsqu’un bon humaniste, classant Virgile comme classique, et Shakespeare comme romantique, les juge ennemis et pense qu’il faut choisir entre eux. […] Michelet choisit, c’est entendu. […] Ne serait-ce pas ces fameux bourgeois, si assidûment bafoués, qui ont choisi la meilleure part et peuvent se moquer de lui ?

1823. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Comme il rêvait et désirait tout, et qu’en outre il répugnait à toute discipline, il ne sut pas choisir son métier et sa vie. […] « et que les anciens attribuaient à la fatalité. » — « L’auteur eût choisi le sujet de Phèdre s’il n’eût été traité par Racine. […] Mais s’il avait été chargé de choisir lui-même et s’il avait pu trouver les sept, les sept l’auraient vite dégoûté ou exaspéré. […] Toujours il choisit l’attitude qui plaît le plus à son imagination. […] Il dit dans le Congrès de Vérone : la fortune m’avait choisi « pour me charger de la puissante aventure qui, sous la Restauration, aurait pu renouveler la face du monde ».

1824. (1898) Essai sur Goethe

. — Ici, rien de semblable : un exemplaire choisi de l’humanité se forme et s’affine sous nos yeux ; en le suivant, nous nous élevons au-dessus du commun point de vue, nous « voyons » d’une hauteur inaccoutumée. […] On reconnaîtra que le sujet choisi réalisait à peu près ces conditions. […] En sorte qu’il reprocha vivement à Goethe de n’avoir pas choisi cette personne, auprès de laquelle il n’aurait pas perdu son temps, plutôt que l’autre, à laquelle il ne pouvait prétendre. […] Il sacrifia les sentiments qui troublaient la paix limpide de son âme, il ne voulut plus d’autres passions que celles qui pourraient réjouir ses sens sans menaces pour sa sérénité et, persuadé de l’excellence de cette nouvelle manière d’être, il choisit, pour la célébrer, l’histoire de Torquato Tasso. […] Pour vous éclairer sur les détails de cette nature, vous embrassez son ensemble, et c’est dans l’universalité de ses phénomènes que vous cherchez l’explication profonde de l’individualité […] Semblable à l’Achille de l’Iliade, vous avez choisi entre Phtia et l’Immortalité.

1825. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Mais on ne doit pas conclure pour cela que ces tems ayent une même valeur ; la différence d’inflexions suppose une différence originelle de signification, qui ne peut être changée ni détruite par aucuns usages particuliers, & que les bons auteurs ne perdent pas de vûe, lors même qu’ils paroissent en user le plus arbitrairement ; ils choisissent l’une ou l’autre par un motif de goût, pour plus d’énergie, pour faire image, &c. […] Mais tout détail qui concerne le pur matériel de quel que langue que ce soit, doit être exclu de ce Dictionnaire, dont le plan ne nous laisse que la liberté de choisir des exemples dans telle langue que nous jugerons convenable. […] C’est par une suite de cet usage du génitif, que ce cas a été choisi comme le signe de la déclinaison, voyez […] Ne pouvoit-on pas choisir un tout autre caractere ? […] Au reste le choix entre ces différentes formes est uniquement une affaire de goût, & il arrive souvent à cet égard la même chose qu’à l’égard de tous les autres synonymes, que l’on choisit plutôt pour la satisfaction de l’oreille que pour celle de l’esprit, ou pour contenter l’esprit par une autre vûe que celle de la précision.

1826. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Ce sont des adieux que je vais faire au ciel d’Orient, et j’aspire à me renfermer comme vous dans l’horizon du ciel natal, dans le cercle étroit des affections domestiques et des petits devoirs de la vie de chaque jour. » J’ai dit qu’il préparait ses thèses : il avait choisi pour sujet de sa thèse française Ronsard d’abord ; mais bientôt le Ronsard tout entier l’avait effrayé ou rebuté, et il s’était restreint à suivre de près « l’imitation d’Homère et de Pindare » dans le vieux poète. […] Gandar, en ces mêmes années, crut devoir payer tribut à l’Académie de Caen par une étude qui sentît le sol et qui le naturalisât Normand jusqu’à un certain point : il choisit Poussin167, dont le génie sévère s’accordait bien avec ses propres goûts de sérieux et de moralité.

1827. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Quand ses filles furent en âge d’être mariées, elles purent choisir leurs maris suivant leurs goûts : chacune d’elles devait avoir en dot la moitié de la fortune de son père. […] Mais chaque fois que je retrouvais au penchant de la côte voisine le mignon castel aperçu, choisi par mon premier regard, je m’y arrêtais complaisamment.

1828. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Dans un plan de gouvernement tracé pour le duc de Bourgogne, je vois que la maison du roi doit être composée des seuls nobles choisis. […] Ses écrits de spiritualité ont été le pain de beaucoup d’âmes, parmi les personnages les plus choisis et les plus qualifiés de son temps.

1829. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Les ai-je lus dans cette petite chambre, que j’habitais alors Hotel de la Marine, en face la Banque — une chambre si basse, qu’il fallait choisir un endroit pour changer de chemise. — Et je ne l’ai plus, cependant, ce Montaigne, … quand j’ai voulu aller à Athènes, il a fallu vendre mes livres… Mais j’ai encore le Rousseau… » Jeudi 17 juin L’étonnement est extrême chez moi, en voyant la révolution qui s’est faite, tout d’un coup, dans les habitudes de la génération nouvelle des marchands de bric-à-brac. […] Il avait choisi une nouvelle fort peu pathétique, et l’a lue d’une voix larmoyante. » C’est bien singulier, dit encore Tourguéneff, c’est bien singulier comme quelquefois des natures pas lettrées trouvent des notes shakespeariennes.

1830. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Delzant est chargé de la direction de son tombeau, un tombeau monumental, mais tout fier qu’il soit d’avoir été choisi pour la direction artistique, il est ennuyé de ce que la défunte exige là-dedans, de la sculpture de Doré… Sur quoi, je ne puis m’empêcher de lui dire : « Mais, voilà une occasion d’ériger dans son format gigantesque La Bouteille de Doré, et d’en faire la pyramide de celle qu’on accusait parfois de se piquer le nez. […] Il choisit bien son moment.

1831. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

L’inspiration du génie n’est pas seulement réglée, mais aussi constituée en grande partie par le goût même, qui, parmi les associations innombrables que suscite le hasard, juge du premier coup, choisit. Ecrire, peindre, sculpter, c’est savoir choisir.

1832. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Il laisse froid parce qu’il est froid lui-même, comme son procédé, et il l’est malgré les mots qu’il choisit les plus passionnés et les plus brûlants, comme dans Stella, où l’ennui filtre encore, cet ennui mystérieux, inexplicable, qui vient sur nous à travers des beautés relatives, secondaires, obtenues par le travail et l’effort dans la plupart des œuvres de Gœthe, et, pour quelques-unes d’entre elles que nous signalerons, tellement insupportable que l’admiration des plus fanatiques en est déconcertée et que le livre leur en tombe des mains. […] On ne l’avait guères jugée, en France, que sur deux ou trois échantillons : la Fiancée de Corinthe, le Pêcheur, etc., choisis par madame de Staël, l’aumônière de Gœthe, laquelle leur avait fait la charité d’une embellissante traduction, comme en fait la charité à un homme nu en lui donnant et en lui brodant des culottes.

1833. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Rousseau lui a choisi une part, qui sera plus communément enviée. « Saint-Preux, disait-il à Bernardin de Saint-Pierre, n’est pas tout à fait ce que j’ai été mais ce que j’aurais voulu être »26. […] Entre les cent façons dont Amour sait se faire aimer, ne choisissons pas, puisqu’en toutes on peut être d’honnêtes gens. […] Que dire, quand Benjamin tombe en dévotion et fait des duretés de Mme Récamier un moyen choisi par la providence pour le ramener à Dieu ! […] Il lui faut incendier l’âme entière qu’il a choisie, jusqu’en ces replis extrêmes que le simple Jupiter ignorait, que le Christianisme a creusés pour les réserver à l’amour divin. […] Aussi a-t-elle choisi de tous les amants possibles le plus inférieur par position et le plus débile par caractère, misérable matière où elle projette quelque chose de sa transcendance

1834. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

… » Et ailleurs : « Aussi vile que féroce, jamais elle (la Révolution) ne sut ennoblir un crime ni se faire servir par un grand homme ; c’est dans les pourritures du patriciat, c’est surtout parmi les suppôts détestables ou les écoliers ridicules du philosophisme, c’est dans l’antre de la chicane et de l’agiotage qu’elle avait choisi ses adeptes et ses apôtres. » Ce style-là, loin d’être du bon de Maistre, n’est que du mauvais La Mennais. […] C’est entre ces deux suppositions qu’il faut choisir, suivant le parti qu’on a pris sur la vérité du christianisme. » S’il se prononce dans les pages qui suivent, et avec une incomparable éloquence, pour le triomphe immortel de ce christianisme tant combattu, il a du moins donné jour à la perspective sur le rajeunissement. […] A propos de la ville de Washington, qu’on avait décidé de bâtir exprès pour en faire le siège du Congrès : « On a choisi, dit-il, l’emplacement le plus avantageux sur le bord d’un grand fleuve ; on a arrêté que la ville s’appellerait Washington  ; la place de tous les édifices publics est marquée, et le plan de la Cité-reine circule déjà dans toute l’Europe.

1835. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

La force de la preuve serait d’ailleurs proportionnelle au degré d’écartement des lignes d’évolution choisies, et au degré de complexité des structures similaires qu’on trouverait sur elles. […] Il est difficile de savoir si c’est l’habitude contractée qui se transmet, ou si ce ne serait pas plutôt une certaine tendance naturelle, celle-là même qui a fait choisir pour la domestication telle ou telle espèce particulière ou certains de ses représentants. […] C’est ce qu’il nous reste à montrer d’une manière plus précise sur l’exemple même que nous avons choisi, la formation de l’œil chez les Mollusques et chez les Vertébrés.

1836. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Disons seulement qu’elle se rattache à notre habitude de considérer tout mouvement en avant comme le rétrécissement progressif de la distance entre le point de départ (qui est effectivement donné), et le point d’arrivée, qui n’existe comme station que lorsque le mobile a choisi de s’y arrêter. […] Mais l’intelligence intervient, avec la faculté de choisir : c’est une autre force, toujours actuelle, qui maintient la précédente à l’état de virtualité ou plutôt de réalité à peine visible dans son action, sensible pourtant dans sa pression : telles, les allées et venues du balancier, dans une horloge, empêchent la tension du ressort de se manifester par une détente brusque et résultent pourtant de cette tension même, étant des effets qui exercent une action inhibitrice ou régulatrice sur leurs causes. […] Disons plutôt que la réalité est grosse de possibilités, et que la mère voit dans l’enfant non seulement ce qu’il sera, mais encore tout ce qu’il pourrait être s’il ne devait pas à chaque instant de sa vie choisir, et par conséquent exclure.

1837. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Du moins, les plans et les tables dressés par notre ami nous ont-ils permis de choisir avec sûreté entre les diverses rédactions. […] On voudra bien prendre ce tableau de la littérature française comme on a pris autrefois le Tableau de Paris de Mercier : l’auteur l’a écrit d’abord comme citoyen, bourgeois, badaud de la République des Lettres, ayant sa place à la terrasse du café de leur commerce, emboîtant le pas à leurs musiques militaires, fier des monuments de sa ville et assidu aux séances de la société qui les conserve, faisant le matin sa tournée des œuvres nouvelles, en rapportant une sous le bras comme un melon bien choisi, abritant sous son parapluie la jolie idée qu’il aura suivie, comme dit à peu près Diderot, et se résignant d’ailleurs à ce que son idée ait déjà été plus ou moins suivie par Diderot ou un autre. […] La Révolution française, cet événement universel sans commune mesure avec la Révolution insulaire des Anglais, la frappe d’autant plus fort qu’elle était appelée, choisie de Dieu, pour une mission plus grande. […] Paul-Louis a contribué à fonder cet hellénisme du style savant, cette bonhomie artificielle pour laquelle il ne faut pas être sévère, d’abord parce qu’on pourrait en dire, comme Courier le dit de Chateaubriand, qu’elle porte son masque à la main, et ne nous trompe plus, — ensuite parce que, bien que de gauche, elle appartient précisément à la même veine que l’hellénisme de droite de Chateaubriand, du Génie et des Martyrs ; et puis parce que, descendant eux-mêmes, tous deux, du Télémaque et de l’abbé Barthélemy, ils aboutissent à Anatole France, la Chavonnière et la Béchellerie de ces deux Parisiens se répondant trait pour trait dans les paysages littéraires, politiques et tourangeaux, — enfin et surtout parce que cet atticiste se lit toujours, que s’il nous amuse trop volontairement de ses victimes réactionnaires il nous amuse très involontairement de lui-même, que l’intérêt de l’homme atteint et dépasse l’intérêt du style, que son œuvre a un contenu, qu’elle apporte autant de lumière sur les idées politiques de la France, sur la vie politique de la France (choisissons un terme de comparaison qui eût plu à Courier) que les poésies de Théognis sur la vie intérieure des cités grecques de son temps.

1838. (1864) Études sur Shakespeare

L’héritier, les rosettes aux souliers, pouvait dans cette soirée choisir pour la danse une compagne villageoise, et le lord, sans déroger, se mêlait au jeu vulgaire de post and pair 9. » Et la joie, l’hospitalité, le grand feu de la salle, la table mise, le pudding, l’abondance des viandes, se trouveront dans la maison du fermier comme dans celle du gentilhomme ; la danse, quand la tête commence à tourner de boisson, les chants du ménestrel, les récits des anciens temps quand les forces sont épuisées par la danse, tels sont les plaisirs qui couvrent alors la face de l’Angleterre, « et qui, de la cabane à la couronne, apportent la nouvelle du salut… C’était Noël qui perçait la plus vigoureuse pièce de bière ; c’était Noël qui racontait le conte le plus joyeux, et les cabrioles de Noël pouvaient réjouir le cœur du pauvre homme durant la moitié de l’année10. » Ces fêtes de Noël duraient douze jours, variées de mille plaisirs, ranimées par les souhaits et les générosités du premier jour de l’an, terminées par la solennité des rois, ou « douzième jour ». […] Le goût connu de la reine y avait joint les galanteries de l’école. « Quand la reine, dit Wharton, visitait la demeure de ses nobles, elle était saluée par les Pénates et conduite dans sa chambre à coucher par Mercure… Les pages de la maison étaient métamorphosés en dryades qui sortaient de tous les bosquets, et les valets de pied gambadaient sur la pelouse sous la forme de satyres… Lorsque Élisabeth traversa Norwich, Cupidon, se détachant d’un groupe de dieux sur l’ordre du maire et des aldermen, vint lui offrir une flèche d’or dont ses charmes devaient rendre le pouvoir invincible... ; présent, dit Hollinshed, que la reine, qui touchait alors à sa cinquantième année, reçut avec beaucoup de reconnaissance18. » Mais la cour a beau faire ; ce n’est pas d’elle-même que lui viennent ses plaisirs ; elle les choisit rarement, les invente encore moins, et les reçoit en général de la main des hommes qui prennent la charge de l’amuser. […] Dieu emploie la volonté humaine à accomplir des intentions que l’homme n’a point eues, et le laisse marcher librement vers un but qu’il n’a pas choisi. […] Que devant un tableau de martyre, l’un s’émeuve de l’expression d’une piété fervente, l’autre de l’aspect d’une douleur résignée ; que la cruauté des bourreaux pénètre celui-ci d’indignation ; qu’une teinte de satisfaction courageuse répandue dans les regards de la victime rappelle au patriote les joies du dévouement à une cause sacrée ; que l’âme du philosophe s’élève par la contemplation de l’homme se sacrifiant à la vérité : peu importe la diversité de ces impressions ; elles sont toutes également naturelles, également libres ; chaque spectateur choisit, pour ainsi dire, le sentiment qui lui convient, et quand il y est entré, aucun fait extérieur ne vient l’y troubler ; nul mouvement n’interrompt celui auquel chacun se livre selon son penchant.

1839. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Molière avait bien compris que le moment ne pouvait pas être mieux choisi pour demander cette grande permission à la majesté royale, d’attaquer directement et de front, les faux dévots et leur sacristie. […] Tel est ce placet ; Molière s’y met convenablement à sa place ; il faut que le roi choisisse entre lui ou ses ennemis ; sinon plus de comédies pour le château de Versailles, ce qui était une grande menace à faire à Louis XIV. […] Ceci dit (car je vais de préface en préface, expliquant, de mon mieux, comment l’unité se peut rencontrer même dans un travail de vingt-cinq ans) j’arrive au commencement de la comédie et à la fin de la comédie, c’est-à-dire que, partant de Molière j’arrive à Molière ; çà et là ramassant dans mes pages choisies ce que madame de Sévigné appelait si bien : La fleur du panier. […] En un mot, c’est une grande habileté, pour nous autres, les journalistes de ce siècle exposé aux tempêtes, d’arriver au cherché, au rare, au curieux, au précieux. — Un journal bien fait aurait à choisir aujourd’hui entre l’Oraison funèbre de Henriette d’Angleterre et Le Doyen de Killerine, il prendrait Le Doyen de Killerine.

1840. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Du moment où je vous montrais assez de bienveillance pour vous donner à choisir entre un congé immédiat et un délai de six mois, vous deviez me faire la flatterie de me prendre pour votre patronne et conseillère. […] Ces imbéciles ont choisi des figures de sculpteurs. […] Et on vous choisit !! […] Je vous ai choisi avec l’espoir de vous admirer sans bornes plus tard !

1841. (1925) Proses datées

Je les y rencontrai assez souvent et même, le soir où Mallarmé, devant un public choisi, donna lecture de la conférence sur Villiers de l’Isle-Adam qu’il avait prononcée à Bruxelles, je me trouvai assis à côté de Degas, auditeur sans bienveillance. […] le beau souvenir que ces heures où l’amitié se mêlait à l’admiration et où deux grands artistes échangeaient des propos, choisis par un beau jour de printemps, en face des arbres et de l’eau et pour la joie respectueuse d’un auditeur juvénilement ébloui ! […] Mille anecdotes couraient sur l’existence que menait en des logis ornés avec le goût le plus bizarre, avec la recherche la plus rare, ce personnage de fine et hautaine allure qui ne sortait de ses ermitages de Paris ou de Versailles que vêtu d’étoffes choisies, en même temps impeccable et singulier, cravaté de soies précieuses et ganté des plus souples peaux. […] Considéré ainsi, du point de vue qu’a choisi M. des Cognets pour le représenter à nos yeux, Lamartine prend nettement figure de mystique. […] Ils révèlent chez le collégien une certaine habileté et l’on y peut deviner les indices encore bien indistincts d’un talent original, mais ces indices qui, maintenant, nous apparaissent à la lumière de la gloire, il eût fallu, pour en discerner l’obscure promesse, des yeux plus exercés que ceux du colonel Aupick qui songeait pour son beau-fils à un avenir tout autre que celui de la poésie et qui, par sa situation, se trouvait eh mesure de pouvoir aider efficacement aux débuts de la carrière qu’il plairait au jeune bachelier de choisir.

1842. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Avec ce fond de mépris pour la forme que notre civilisation, à notre insu, a infusé dans nos veines, nous ne percevons pas le sens de cet être irréel, insexuel, suprahumain, qui n’est qu’un assemblage choisi, un recueil des lignes les plus belles disséminées par la nature sur des corps différents. […] Ordinairement les écrivains, par l’ensemble de leurs procédés, par les sujets qu’ils ont choisis, par les goûts qu’ils ont manifestés, peuvent se ramener à une formule assez simple et se résumer dans leurs grandes lignes. […] Intentionnellement, nous avons choisi nos preuves dans un ordre d’idées qui ne leur était pas habituel, afin qu’apparut avec plus de netteté ce phénomène d’une sensitivité divinatoire, indépendante de toute science, de toute logique, de tout labeur cérébral, et qui semble, en somme, le seul trait caractéristique de leur nature. […] — Si l’on porte même le débat sur la question des sujets choisis dans le monde moderne, — ce qui est en somme d’une bien mesquine importance, — ne les avait-il pas implicitement admis en publiant Claude Gueux, le Dernier Jour d’un Condamné, et plus tard les Misérables ? […] Leur style, discutable devant les traités de versification et les grammaires, correspond admirablement à leur tournure d’esprit poétique et aux sujets qu’ils avaient choisis.

1843. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Corneille a choisi la meilleure part. […] Corneille a choisi la meilleure part. […] Puis le hasard choisit l’une d’elles entre toutes, et la place au centre du combat. […] Mais il combat pour la nature entière, les puissances d’en haut espèrent en son effort, il a été choisi et de là vient le surcroît de sa force. » C’est le même débat qui se déroula si longtemps, que de savoir ce que ce serait que le roi. […] Dans un même raidissement initial et pour ainsi dire ponctuel chacun des deux groupes a bien su choisir le raidissement qui lui revenait et dont il avait besoin.

1844. (1910) Rousseau contre Molière

On conviendra que le moment est mal choisi par Dubois ; ou plutôt qu’il est admirablement choisi par Molière pour qu’Alceste, les nerfs tendus, passe sa colère sur son imbécile de valet. […] Je ne dirai point du tout que si Molière avait fait d’Alceste un personnage inébranlable aux coups qui le frappent et sensible seulement aux vices dont il est témoin, il n’aurait pu que prêcher tout le temps, faire des sermons continuels et aurait été un personnage de théâtre fort ennuyeux ; je ne dirai point cela, quoique victorieusement incontestable, parce que Rousseau aurait toute prête une très bonne réponse : « Alors ne mettez pas le misanthrope sur le théâtre ; choisissez des sujets qui soient susceptibles de comique et non des sujets qui n’en sont susceptibles qu’à la condition qu’on les dégrade. » Mais je dirai, ce qui a beaucoup plus d’importance, que le personnage de Molière est vrai et le personnage que rêve Rousseau est faux ; et que si le personnage de Molière est vrai, l’on n’est plus en droit de dire que Molière la fait tel pour faire rire : il l’a fait tel parce qu’il peint les hommes. […] Là-dessus Alceste entre en rapports avec un avocat qu’il a choisi absolument au hasard et qui se trouve être le plus honnête homme des honnêtes gens. […] 2° que, parmi les sentiments exprimés par les personnages, le public choisira précisément pour les caresser et pour les éprouver lui-même les sentiments mauvais, puisqu’il est foncièrement bon et n’apporte au théâtre que des sentiments tout prêts pour le bien ? […] Suivons donc la nature, voilà pour Molière la règle des règles, j’entends celle qui règle les autres et à laquelle, donc, il faut qu’on les rapporte toutes… Peut-être est-il hasardeux de supposer que Molière ait choisi Angélique pour être l’interprète la plus fidèle et la plus exacte de sa pensée et pour formuler la règle des règles.

1845. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

… Et voilà l’heure que tu choisis, toi, pour l’on aller de la bataille… — Ah ! […] En ménage est un roman réaliste plus qu’on ne peut l’imaginer, mais qui n’est certes pas sans intérêt ; je choisis, autant que possible, un passage qui peut donner idée de la tonalité générale du livre et de sa partie descriptive, par trop descriptive peut-être ! […] … attends… Il y a une rue qui s’appelle comme ça… la rue où il y a la poste aux lettres… Jean-Jacques Rousseau, c’est cela… » Nous allons au boulevard acheter le buste, nous le fourrons dans la voiture avec les robes de quarante-neuf francs et les chapeaux de treize francs cinquante… Nous rentrons, et pendant qu’Hermance arrangeait une petite malle, Pauline s’habille… Elle choisit une robe de percale à petits pois et un chapeau de paille avec des coquelicots… Elle était à croquer… Nous descendons… Nous remontons dans le landau… Nous allions partir, quand Pauline se frappe le front : — Ah ! […] Je choisis parmi les passages qui résument le mieux l’humour de l’auteur. […] Nous verrons tout à l’heure si le moment est bien choisi pour faire d’un prédicateur de notre Évangile une sorte de bête furieuse au tempérament indomptable ; mais nous ne voulons présentement parler que de l’œuvre de l’écrivain, de l’artiste, et elle est considérable.

1846. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Damis avait choisi Dorine pour sa commère, ce qui vous explique l’esprit, la verve et en même temps le bon goût de la jeune catéchumène… Donc l’enfant grandit sous les chênes touffus, au bord des ruisseaux, à l’ombre des bocages en fleurs ; fleurs de chiffons, chênes en bois peint, ruisseaux tracés sur la toile. […] Il eût porté en toutes les professions qu’il eût choisies une grande autorité, une force, une conviction. […] Toute sa maison se compose d’une pauvre servante et d’un petit garçon ; le gendre qu’il s’est choisi est riche en vertus, et c’est là tout. […] Quand Forlis arrive chez son ami, son ami S’écrie qu’il a mal choisi l’heure : C’est mon ami, je vais l’embrasser simplement. […] Il est bien heureux vraiment que la femme du Mari à bonnes fortunes s’appelle Adèle, c’est là un nom bien simple et bien choisi, pour un si grand génie ; au train dont y allait le poète comique, Adèle aurait bien pu se nommer Amanda.

1847. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Exhortez-le à se mettre au-dessus de l’opinion : chaque jour il fera sentir à ses censeurs qu’il a choisi le parti le plus avantageux… » Pour lui, peut-être ; mais pour la société ? […] Le voici, ce discours : « Qu’il est doux de pouvoir se dire à soi-même : Seul d’entre les mortels, j’ai été choisi pour représenter les dieux sur la terre ! […] choisissez : je ne vous obéis point, je suis de votre avis. » « Scévola réchauffant sa main sur le sein de sa maîtresse, est-il plus heureux que lorsque son bras s’enflamme, et tombe en gouttes ardentes sur un brasier ? […] Pour finir cet extrait d’une manière intéressante, j’avais à choisir entre deux morceaux : l’un est la description d’un déluge ; l’autre, une scène morale entre Sénèque, Lucilius et Gallion. […] Entre ces embûches, choisissez celle que vous voudrez.

1848. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Dans le premier recueil des Lettres choisies, publié en 1683, et augmenté dans les éditions suivantes, on a extrait, on a retranché beaucoup ; on a légèrement retouché et rajeuni le style.

1849. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

« Le vaste, dit-il, est toujours un vice. » Mais, comme il anime et relève, par les exemples qu’il choisit, cette dissertation toute grammaticale en principe !

1850. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Telles déjà, selon l’oracle ancien, Au fond d’un bois, les divines abeilles, Gage choisi de clémentes merveilles.

1851. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

On ne s’y livre pas d’abord de propos délibéré ; on se dit qu’il faut tout connaître et qu’il sera toujours temps de choisir : mais, l’âge venant, cette vertu du choix, cette énergie de volonté qui, se confondant intimement avec la sensibilité, compose l’amour, et avec l’intelligence n’est autre chose que la foi, dépérit, s’épuise, et un matin, après la trop longue suite d’essais et de libertinage de jeunesse, elle a disparu de l’esprit comme du cœur.

1852. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Il ne faut pas lui conseiller de se choisir, de se réprimer, mais d’aller et de poursuivre toujours : on se rattrape avec lui sur la quantité.

1853. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Les Lettres écrites de Lausanne, délicieux roman de Mme de Charrière, montrent combien le goût, le naturel choisi et l’imagination aimable étaient possibles, à la fin du dernier siècle, dans la bonne société de Lausanne, plus littéraire peut-être et moins scientifique que ne l’était alors celle de Genève.

1854. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Daunou, avait trouvé moyen dans cette simple note d’apparence bibliographique, et par une citation malicieusement choisie, de faire ressortir les locutions, selon lui vicieuses, et le néologisme, auquel il ne pardonnait pas.

1855. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Au temps qu’il était encore professeur de philosophie, il éprouvait un grand ennui à l’arrivée de tous les livres de la foire de Francfort, si peu choisis qu’ils fussent, et se plaignait que ses fonctions lui ôtassent le loisir de cette pâture.

1856. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

« Je n’ai donc point cherché à désigner deux amis chargés de régler cette affaire avec messieurs vos témoins : si honorables que soient quatre personnes choisies à cette fin et dans ces conditions, je ne sens pas là de vrais arbitres.

1857. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Plus le thème est simple, et plus le développement est clair ; or, dans toute cette littérature, la première obligation de l’auteur est de développer clairement le thème qu’il s’est choisi.

1858. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Tous aussitôt poussent des cris d’allégresse, s’embrassent, s’empressent autour de lui et le choisissent pour magistrat ; de toutes parts on danse sous les ormeaux, et la félicité désormais est établie sur la terre  Je n’exagère pas.

1859. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

La probité, la justice, la bonne foi, personne n’ignore qu’elles avaient choisi le cœur et toute l’âme de Laurent pour leur domicile et le temple qui leur était le plus agréable.

1860. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Voici les séparations qui n’abattent pas l’amour et ne lassent pas la fidélité : Guigemar et sa bien-aimée qui retrouvent intacts après des années les nœuds qu’ils se sont liés mutuellement autour de leurs corps ; Milon épousant en cheveux gris celle qu’il a choisie dès l’enfance.

1861. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Mais l’usage de l’instinct crée le mérite et le démérite : l’homme est libre, et, selon sa science, choisit entre les actes que son instinct lui suggère ; s’il suit la nature et l’Évangile, qui en termes différents lui font le même commandement, la nature l’avertissant de travailler pour l’espèce, l’Évangile lui enjoignant de se dévouer au prochain, il se désintéressera ; il éloignera l’ambition, l’avarice, la volupté, l’égoïsme : il sera doux, humble, charitable, et s’efforcera de vaincre par l’amour les misères sociales.

1862. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Ou en cite deux : le Mystère du siège d’Orléans, œuvre orléanaise, qui n’est pas de beaucoup postérieure à la délivrance de la ville, ou tout au moins ne l’est pas à la réhabilitation de Jeanne d’Arc : on s’explique suffisamment le sentiment de piété locale qui fit choisir ce sujet, d’autant que la fête anniversaire du 8 mai était devenue la vraie fête patronale de la ville d’Orléans.

1863. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

On en cherche les originaux : et comme ils sont en général si intelligemment choisis et si exactement rendus qu’ils ont derrière eux chacun une nombreuse série d’individus, il est rare qu’on ne trouve pas autour de soi, dans ses connaissances, une figure capable d’avoir servi d’original au peintre.

1864. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Dans ce chaos où tout se mêle, où rien n’est fixé, chacun choisira la matière et la forme qui lui plairont.

1865. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Je me contenterai de choisir dans Toute la Lyre, pour votre plus noble divertissement, quelques exemples de ce don d’amplification étourdissante et vertigineuse.

1866. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Calvin l’avait compris aussi lorsque pouvant choisir entre le latin et le grec, cet homme, à qui Platon n’était pas moins familier que Cicéron, prit ses modèles dans la littérature latine, il prouva qu’il sentait mieux sa langue que Rabelais.

1867. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Avoir sans cesse en vue le public, ne penser à soi qu’après tous les autres, composer, c’est-à-dire s’ajuster à l’esprit d’autrui, sacrifier des idées, ranger celles qu’on choisit, ménager les transitions, non de rhétorique, mais de logique, voilà l’art au dix-septième siècle, et l’art ainsi appliqué est du dévouement.

1868. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Choisir pour l’héroïne des Martyrs une fille des Homérides, une prêtresse d’Homère, quel beau défi jeté à ceux qui préféraient, sur la foi de Voltaire, la Jérusalem délivrée à l’Iliade, et le Roland furieux à l’Odyssée !

1869. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Choisissons, dans l’histoire, un héros à notre humeur dont nous nous répéterons les gestes devant la glace.

1870. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Le meilleur système que l’on puisse suivre pour faire l’éducation des races sauvages, c’est celui que la Providence a suivi dans l’éducation de l’humanité ; car ce n’est pas au hasard apparemment qu’elle l’a choisi.

1871. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Que de fois je fus tenté de choisir une vie simple et vulgaire, que j’aurais su ennoblir par l’intérieur.

1872. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

En supposant que l’Homme soit réduit par sa nature à la triste destinée de choisir entre les erreurs ; pourquoi ces prétendus Apôtres de l’humanité, qui n’en sont que les ennemis ; s’obstinent-ils à se décider pour la plus odieuse & la plus funeste ?

1873. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Et son père, qui intervient dans cette horrible querelle, prend insolemment son parti ; il se retourne avec fureur contre le gendre qu’il a choisi, il se rallie avec transport au prétendant qu’il a évincé !

1874. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Considérant que la collection de ces papiers et de ces lettres renferme toute ma correspondance confidentielle, qui remonte à 1812 ; que, pendant une portion considérable de cette période de temps, j’ai été employé au service de la Couronne, et que, quand je n’ai pas occupé de fonctions publiques, j’ai pris une part active aux affaires du Parlement ; qu’il est très probable que cette correspondance offrira de l’intérêt et sera de nature à apporter quelque lumière sur la conduite et le caractère des hommes aussi bien que des événements de cette époque, je donne à mes exécuteurs testamentaires tout pouvoir de choisir dans cette correspondance ce qui leur paraîtra devoir être publié ; je les laisse juges de l’opportunité de cette publication, ayant la conviction complète qu’ils y mettront une discrétion sans égale ; que toute confidence que j’aurais reçue et qui ne serait pas honorable, ne sera pas trahie, qu’aucuns sentiments privés ne seront froissés sans nécessité, et qu’aucun intérêt public ne sera compromis par une publicité indiscrète ou prématurée.

1875. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Mais, suivant moi, la plus belle (s’il fallait choisir), la plus complète des pièces d’André Chénier, est celle qu’il composa vers ce temps, et qui commence par cette strophe :       Ô Versailles, ô bois, ô portiques !

1876. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

L’homme de nos jours qui a le mieux exécuté cette gamme surprenante de Héros de l’Europe à Ogre de Corse, c’est Fontanes, choisi pendant tant d’années pour cultiver, développer et diriger le sens moral de la jeunesse.

1877. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

A-t-on choisi sa matière en sachant ce qu’on pouvait ?

1878. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Il faut rectifier les passions humaines et les émonder comme on émonde un arbre, et non pas autre chose. » C’est un exemple frappant — et je l’ai choisi exprès — mais il n’est pas le seul, de l’anti-stoïcisme de La Fontaine.

1879. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

II J’ai choisi parmi des œuvres récentes cinq textes où nous allons trouver des traces plus précises encore de cette nouvelle conception.‌

1880. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Ce petit troupeau, exemplaire et choisi, avait pour mission d’être le gardien d’un idéal, dont toute âme un peu délicate peut s’inspirer en principe, sans l’appliquer intégralement dans la réalité. […] Elle pouvait plus mal choisir : il y a des poètes plus grands, et surtout plus parfaits ; il n’y en a guère de plus essentiellement poètes. […] De son temps, on n’avait que des morceaux choisis. […] Ni Emma Bovary, ni Salammbô, ni saint Antoine ne sont de ces personnages médiocres qu’affectionnent les véritables naturalistes : et lorsque Flaubert en choisit de tels, il les rend représentatifs jusqu’au symbole. […] Conseils pour choisir des bœufs.

1881. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Les uns, très frappés des extrêmes dangers de l’individualisme, et convaincus que là où l’individualisme triomphe la nation disparaît, ont repoussé l’individualisme sous ses deux formes, ont combattu la liberté et la démocratie tout ensemble, et, sans choisir entre les deux dangers, ont voulu conjurer l’un et l’autre, donnant le noble et triste spectacle de penseurs solitaires luttant contre l’histoire elle-même, et puisqu’elle était tout entière contre eux, ne pouvant, pour l’arrêter, lui opposer que leurs raisonnements. D’autres, sentant qu’il fallait choisir, ont cru que la démocratie était un plus grand danger que la liberté, et ont cherché à combattre l’individualisme sous sa forme démocratie par l’individualisme sous sa forme liberté. […] Qu’un innocent soit sacrifié pour que la loi du meurtre ne risque point de languir parmi les hommes, cela est dans l’ordre, puisque c’est injuste ; mais cet innocent n’est innocent qu’en ceci qu’on ne sait pas s’il est coupable ; c’est n’importe qui ; l’injustice est réalisée, parce que ce n’est pas un homme ayant mérité formellement la mort qui la subit ; mais elle le serait d’une façon bien plus éclatante, si c’était un innocent, choisi comme tel et à titre d’innocent, qui fût frappé, et s’il l’était en lieu et place d’un coupable et pour expier la faute de ce coupable. — Les hommes n’ont pas manqué de voir cette conséquence dernière du principe, et d’y adhérer. […] Si l’on n’avait jamais ouï parler de gouvernement et qu’il fallût en choisir un, on prendrait pour un fou celui qui délibérerait entre la monarchie héréditaire et l’élective. […] Il se pose incessamment l’alternative bien nette, bien tranchée, d’où une résolution ferme va évidemment sortir, et que sont admirables à formuler ceux précisément qui ne prendront jamais un parti : ou une vie calme, régulière, toute à l’étude, toute à mon livre, sans un regard jeté dehors ; ou le pouvoir, la lutte, les responsabilités, l’action incessante. — Se mettre au choix si souvent, c’est n’avoir pas choisi, et qui n’a pas choisi de bonne heure, d’instinct, et sans même délibérer, délibérera toujours.

1882. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

A-t-on été dérouté parce qu’lbsen, au lieu d’un aigle, a choisi un oiseau de son pays, un canard sauvage ? […] J’ai reçu, cette semaine, un excellent livre de classe : Lectures choisies de Jean-Jacques Rousseau, publiées par l’éditeur Armand Colin et annotées avec une judicieuse prudhomie par M.  […] Sardou de n’avoir montré, comme on dit, qu’un côté de la Révolution, le côté sinistre et hideux ; mais j’imagine qu’un auteur dramatique est libre de choisir son sujet, et que M.  […] Choisissez entre les deux. » Et personne ne s’est levé pour répondre : « Pardon, cela n’a aucun rapport avec la question agitée : Avocat, il s’agit d’un chapon, Et non point d’Aristote et de sa Politique. […] Je ne trouve pas qu’il ait choisi, dans la vie des couples Yves-Jeanne et Kadik-Elisabeth, l’heure la plus pleine de faits moraux intéressants.

1883. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Au plus fort de la passion ils s’arrêtent pour réfléchir, se demander si réellement ils aiment, s’ils ont choisi la meilleure voie. […] Dès ce temps, elle mettait en moi l’amour des vocables choisis, techniques, imagés, des vocables lumineux… je l’écoutais avec le plaisir d’un enfant amoureux de musique et qui en entend. […] Où le problème se complique, c’est quand il s’agit de choisir entre Taine et Michelet au sujet de la Révolution. […] Ce charmant troupeau de sœurs de Monelle enferme la féminité tout entière et, par sa variété même, il nous dévoile ce qu’aurait pu être Monelle suivant la route qu’elle aurait choisie. […] Il a choisi également des intelligences moyennes et les a placées dans des conditions besogneuses, afin que la lutte fût plus nette et que l’on comprit mieux l’immense effort.

1884. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

La poésie même n’est autre chose, au fond, qu’un ensemble de mots choisis pour pouvoir vibrer davantage à l’oreille et qui contiennent pour ainsi dire en eux-mêmes leur propre accent. — Quant au chant, M.  […] Si l’on nous donnait à choisir entre Shakespeare et Virgile, il serait permis d’hésiter. […] Il est encore plus certain de trouver quelques échos dans tout un peuple que dans une petite société choisie, mais asservie à l’étiquette, facile à l’épouvante, et où d’ailleurs on se serre trop pour lui faire place. […] (Il me faudra choisir pour la rime flambeau) « Que les beaux yeux de ma comtesse... […] Comme s’ils pouvaient jamais avoir trop de mots pour bien choisir celui qui exprime le mieux l’idée !

1885. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Et, dans l’infatuation où il est de sa personne, quand il n’a plus de Colbert pour diriger ses finances, de Turenne, de Condé, de Luxembourg pour diriger ses armées, de Lionne, enfin, ni de Pomponne pour diriger sa diplomatie, c’est le moment qu’il choisit pour se précipiter dans la guerre qui doit aboutir au funeste traité d’Utrecht. […] Philarète Chasles, Études sur le xvie  siècle, et de Puibusque, Histoire comparée des littératures française et espagnole]. — Une observation de Cassagne : « M. de Balzac, dit-il, choisit toujours bien ses métaphores, et il ne manque pas de les suivre après les avoir choisies. » — Qu’il faut ajouter à ces qualités, naturelles ou acquises, un perpétuel souci de les observer [Cf. la lettre à Costar sur la grande éloquence]. […] XVII, p. 378 et suiv.]. — C’est Chapelain que choisira Colbert, en 1661, pour en faire en quelque sorte le « surintendant des lettres » ; — et, en effet, jusqu’à Boileau, on ne reprochera à la Pucelle que d’être « ennuyeuse » ; — mais on en avait dit autant de Polyeucte. […] — Les grands succès de Crébillon : Atrée, 1707 ; — Électre, 1708 ; — Rhadamiste, 1711. — Comment le romanesque se réintroduit dans la tragédie par l’intermédiaire des « chefs-d’œuvre » de Crébillon. — Le choix des sujets ; — et qu’en les choisissant ordinairement « atroces », Crébillon est encore plus soucieux de les choisir « extraordinaires » [Cf. le sujet d’Atrée, celui de Rhadamiste, ou encore celui de Pyrrhus]. — La nature de l’intrigue dans le théâtre de Crébillon ; — et de deux signes auxquels on reconnaît ce qu’elle a de romanesque, — d’artificiel et d’arbitraire : — l’action part d’une pour se nouer par un quiproquo et se dénouer par une reconnaissance. — La peinture des caractères dans le théâtre du Crébillon ; — et, que n’y étant pas plus consciencieuse que la peinture des passions n’y est fidèle, — ses tragédies manquent de tout intérêt général ou humain. — De quelques autres traits du théâtre de Crébillon ; — et de l’affectation déclamatoire qu’il prend pour de l’éloquence. — Les tragédies de Crébillon ne sont que des « mélodrames » en vers. […] XV. — Le salon de Mme de Lambert 1º Les Sources. — Lettres choisies de M. de La Rivière, Paris. 1751 : — Fontenelle, Éloge de Mme de Lambert ; — Mémoires de Mme de Staal-Delaunay, de D’Argenson, du président Hénault ; — D’Alembert, Éloges de Sacy, de Sainte-Aulaire, de La Motte ; — Sainte-Beuve, « Mme de Lambert », au t. 

1886. (1774) Correspondance générale

Quant à la nuit de Vernet, je conviens que, tout admirable qu’elle soit dans son tableau, elle n’avait pas la majesté ni le pathétique de la nature, ce qui signifie tout au plus que mon exemple est mal choisi, mais ce qui n’empêche pas mon principe d’être vrai. […] Choisissez, écrivez, envoyez, envoyez souvent. […] Il est à présumer que moins un artiste pense à lui-même, plus il pense à ses ouvriers ; Falconet avait son intérêt à les choisir excellents, c’est ce qu’il a fait. […] Qu’ils partent, et quel que soit l’asile qu’ils auront choisi, fût-ce au bout du monde, j’irai. […] L’auteur dira qu’il a choisi ce genre d’écrire tranquille pour conformer son éloquence au caractère de son héros ; mais M. de La Harpe n’est jamais plus violent, et vous verrez que, pour louer convenablement Fénelon, il fallait s’interdire tout mouvement oratoire.

1887. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

C’était l’époque où Bernardin, à qui la mort avait enlevé sa première femme, mademoiselle Didot, choisissait la plus ravissante et la plus vertueuse de ses élèves pour se donner une compagne et pour léguer à ses enfants, après lui, une mère. […] Lainé, le courageux orateur de ce parti, qui était alors le parti de la France, adopta Aimé Martin comme un des jeunes Français à la fois philosophes et royalistes ; il lui voua une affection paternelle et le fit choisir par la Chambre du temps pour secrétaire de l’assemblée.

1888. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Or, Zola avait à choisir entre deux traditions également puissantes, la tradition romantique, qui avait eu avec Victor Hugo sa suprême apothéose, et la tradition réaliste dont Balzac nous avait donné le bégayement génial. […] Mais, voyez-vous, mon cher critique, on l’a dit excellemment, — et c’est la sagesse des poètes qui l’affirme : Il n’y a que de beaux vers et de mauvais vers, — il n’y a que de bons et de mauvais écrivains que l’on reconnaît à leur don d’exprimer la vie, créée en eux, reflétée, ou vue simplement à travers leur tempérament particulier, — car les idées évoluant selon l’ombre ou la lumière des âges sont communes à tous les hommes, et le génie se révèle par l’empreinte qu’il laisse au front des mots choisis pour les formuler !

1889. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Puis elle me décrivait sa maison, au bas de la côte de Grasse, choisie par le général, autrefois ambassadeur à Constantinople, dans un endroit qui lui rappelait la Corne d’Or, une maison à la chambre du général, tendue avec de la toile, et ressemblant à une tente, et à l’écurie renfermant deux carrosses d’apparat, dont la propriétaire avait été obligée de vendre les chevaux, quand elle avait été réduite à vivre de sa pension de veuve : carrosses, que les bonnes sortaient et promenaient, une heure, tous les samedis, sur les pavés de la cour. […] Il nous parle de son jardinier japonais, parlant le français par axiomes, axiomes choisis dans l’idiome le plus moderne.

1890. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

qu’il faut choisir ? […] On conçoit que, pour une œuvre de ce genre, si le poëte doit choisir dans les choses (et il le doit), ce n’est pas le beau, mais le caractéristique.

1891. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Mais un vaurien dit : « Rousse ou blonde, « Moi, pour femme, je te choisis. […] Que les sujets de ces bas-reliefs soient choisis avec scrupule pour l’édification et non pour la corruption du peuple.

1892. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Le roman ne devrait être, à l’heure présente, qu’une œuvre choisie, bien composée, bien écrite, capable de satisfaire les délicats, comme les naïfs, parvenant à force de talent à nous émouvoir à l’égal de la réalité. […] Il choisit ses producteurs parmi les plus beaux spécimens du troupeau il en connaît toute l’ascendance et il obtient, par cette sélection, les résultats désirés.

1893. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Vous voyez bien qu’ici le débauché n’opprime pas l’homme ; Grammont dirait qu’il l’achève, et que l’esprit, le cœur, les sens ne trouvent leur perfection et leur joie que dans l’élégance et l’entrain d’un souper choisi. […] On y trouve des fêtes, des ameublements splendides, une compagnie parée et choisie, des nouvelles et des commérages : on y rencontre des pensions, des titres, des places pour soi et pour les siens ; on s’y divertit et on y profite : c’est tout gain et tout plaisir. […] Il choisit et il classe ; il épure et il ordonne. […] Son poëme est comme un parc monarchique, digne et nivelé sans doute, mais arrangé pour le plaisir des yeux et rempli de points de vue choisis.

1894. (1899) Arabesques pp. 1-223

Quelle position immédiate et pratique allez-vous personnellement choisir ou avez-vous déjà choisie pour assurer votre économie matérielle et, par suite, le libre développement de votre énergie idéologique ? […] « Quelle étrange erreur de choisir comme législateur social Jésus qui vivait au milieu d’une société autre, sur une terre autre, dans un temps autre ! […] On sait comment les choses se passent : chaque arrondissement contient quelques malins qui se forment en comité pour envoyer siéger dans cette caverne d’Ali-Baba qu’on appelle la Chambre un notable choisi à cause de sa fortune, de sa voix sonore ou de son habileté à tromper les simples.

1895. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Peut-être quelques assassinats, intelligemment choisis, sont, dans les temps révolutionnaires, le seul moyen pratique de retenir la hausse dans des limites raisonnables. […] Depuis le commencement de la campagne, et je le répète, c’est la cause de nos revers, depuis Wissembourg jusqu’à Montretout, nous n’avons jamais pu masser des troupes sur un point choisi, dans un temps donné. » On apporte une selle de mouton. […] Sur les hauteurs du cimetière, que les morts russes et polonais ont choisi pour lieu de leur sépulture, des femmes, couchées sur les pierres des tombes, écoutent, se soulevant pour voir. […] Mais pourquoi, me dira-t-on, choisir ces milieux ?

1896. (1932) Les idées politiques de la France

Disons simplement que ce qui assurerait le mieux l’avenir d’un parti populaire à base et à sympathie catholiques, ce serait sans doute un tribun laïque ou un journaliste puissant, et, s’il fallait choisir entre les deux, plutôt un tribun. […] Le comte de Chambord aussi choisissait, qui voulait bien être roi de France, mais de la France du drapeau blanc. […] En 1890, le même Léon Bourgeois, ministre de l’Instruction publique en fait, et de l’Éducation nationale en puissance, terminait, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, son discours aux lauréats du Concours général par un portrait du jeune Français de demain, qui est la page que je choisirais si l’étranger dont je parlais me demandait cette fois de lui faire connaître un type de notre idéologie radicale, non plus dans le lieu de sa formation individuelle et morale, mais dans l’acte même de sa poussée oratoire et de son expansion politique. […] Le ciment de ce ménage, le Code qui les a mariés, leur régime de communauté consistent en ceci, sur quoi nous avons déjà appelé l’attention au sujet du radicalisme : ces deux partis sont, dans la démocratie française, les seuls partis qui vivent démocratiquement, c’est-à-dire sous le régime égalitaire des comités et des chefs librement choisis.

1897. (1895) Hommes et livres

Notre étudiant s’empresse aussi de choisir un parrain, qui est le docteur Saporta, et de se faire inscrire sur les registres de l’Université. […] La fortune l’avait porté si haut qu’il lui fallait un parachute ; il le choisit en homme sage. […] Mais on ne choisit pas toujours ses procès, et il faut plaider, quand on est attaqué, fût-ce sans ombre de raison. […] La comédie a changé de ton ; et, quelles que soient les mœurs, le goût lui impose sa forme et lui choisit ses objets. […] Que sert après cela qu’il aille choisir et combiner des incidents pour y ajuster, y recoller certaines façons de sentir et de penser ?

1898. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Si j’étais le maître de choisir, en me supposant ambitieux, je ne voudrais ni du sceptre des rois ni des faisceaux consulaires.

1899. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Seulement, dans le dernier de ses rapports, daté de 1816, ayant à parler du concours pour l’Éloge de Montesquieu, le Nestor de l’Académie s’animait, l’octogénaire sentait son cœur s’échauffer en songeant qu’il lui avait été donné d’être admis, bien jeune, dans la société de l’illustre écrivain, et il le définissait avec autorité et délicatesse en quelques mots mesurés et choisis qui expriment eux-mêmes la parfaite urbanité littéraire177.

1900. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

J’ai voulu relire quelque chose de ce gentil maître Clément, et je me suis donné ce plaisir dans l’excellente édition choisie que vient précisément de publier, en la faisant précéder d’une savante étude, un des hommes qui savent et qui sentent le mieux notre ancienne société et notre vieille langue, M. 

1901. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

De côté, sur ces tablettes odorantes, voilà les livres choisis, les maîtres essentiels du goût et de l’âme, et quelques exemplaires somptueux où se retrouvent encore tous les noms de l’amitié, les trois ou quatre grands noms de cet âge.

1902. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Certes, si quelque prophétique vision, quelque miroir enchanté lui avait déroulé à l’avance sa carrière publique si courte et si remplie, ses dépêches au Pape et au roi du fond du boudoir austère, son apparition toujours applaudie à la barre des assemblées, et, pour clore le drame, elle-même en robe blanche, la chevelure dénouée, montant triomphalement à l’échafaud, si elle eût pu choisir, certes elle n’aurait pas hésité ; comme l’antique Achille, elle eût préféré la destinée militante, tranchée à temps et immortelle, à quelque obscure félicité du coin du feu.

1903. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Seulement l’art, dans la force de génération qui lui est propre, a quelque chose de fixe, d’accompli, de définitif, qui crée à un moment donné et dont le produit ne meurt plus ; qui ne varie pas avec les niveaux ; qui n’expire ni ne grossit avec les vagues ; qui ne se mesure ni au poids ni à la brasse, et qui, au sein des courants les plus mobiles, organise une certaine quantité de touts, grands et petits, dont les plus choisis et les mieux venus, une fois extraits de la masse flottante, n’y peuvent jamais rentrer.

1904. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Au tome second des Œuvres choisies de La Monnoye (page 296), on lit un récit détaillé de cette mort de Santeul par La Monnoye ; témoin presque oculaire ; rien n’y vient ouvertement à l’appui du dire de Saint-Simon : Santeul s’était levé le 4 août, encore gai et bien portant ; il ne fut pris de ses atroces douleurs d’entrailles que sur les onze heures du matin ; il expira dans la nuit, vers une heure et demie.

1905. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Il fut à lui-même sa première pensée : toutes les fois qu’il y eut à choisir entre sa patrie et lui, il ne songea qu’à lui-même ; il prit le décorum pour l’honneur, et l’honneur pour la vertu.

1906. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Les strophes suivantes, que nous choisissons dans les Romances sans paroles, et dont le charme est appréciable même pour le lecteur non décadent, contiennent à la fois un exemple de ce vers privé de rime et un exemple de l’un des rythmes qui appartiennent à M. 

1907. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

On ne distingue pas par la langue les méchants écrivains des bons, et, parmi ceux qui sont jugés les meilleurs, on n’en choisit pas dont la langue doive faire autorité.

1908. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

C’est son vrai nom, et cet amour pour toutes choses ajoute à la gloire de ce goût ; car il n’y a pas peu de mérite, quand on aime tout, à savoir choisir.

1909. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Il serait à désirer que Porson, Brunck et bien d’autres critiques allemands n’eussent pas choisi cet étrange moyen de devenir des Aristarque.

1910. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

La ville de Bayreuth, lieu des Représentations de Fête Wagnériennes, — le premier exemplaire et le modèle de toutes Représentations de Fête, — choisie par le Maître peut être pour quelque hasard, peut être, quoique admirable, pour quelque cause particulière, Bayreuth s’impose, aujourd’hui, nécessaire : site, édifice, théâtre miraculeusement propres aux artistiques jouissances, objet très convenant à sa fin, Bayreuth a cette éternelle consécration, l’agrément originel de Wagner ; et, s’il est bon que les Wagnéristes, en des temps fixes et réguliers, se réunissent de tous les pays, et qu’ils se réunissent au Théâtre de Fête, en un lieu absolument international, et Wagnérien, il est bon, aussi, qu’ils se réunissent auprès de la tombe du Maître.

1911. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

D’après les nouveaux statuts, le centre de l’Association sera à Bayreuth et le président de l’Association choisi à Bayreuth ; mais le Comité Central, chargé des affaires courantes, reste à Munich.

1912. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Et dans l’œuvre de Wagner il a choisi des émotions très précises, qu’ensuite il a transposées dans le langage pictural : insoucieux parfaitement de l’exactitude scénique, des traditions de costumes ou de décors, tout occupé au sens intime des scènes, et le restituant.

1913. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Ce bizarre et laborieux problème ne suffisait pas encore à ses desseins ; pour mieux prouver sa force, il choisit le sujet le plus ardu, et, se rappelant sans doute que l’auteur des Martyrs avait devancé dans son œuvre quelques-unes des conquêtes où s’est signalée la rénovation de l’histoire au xixe  siècle, il se dit qu’il devancerait aussi les conquêtes de l’archéologie la plus récente, les recherches encore inachevées de la haute érudition sémitique, … opera interrupta, minaeque murorum ingentes .

1914. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

L’homme a laissé les Sept tirant au sort les portes où chacun d’eux conduira sa troupe : — « Choisis donc les meilleurs guerriers, dit-il au jeune roi, et place les promptement aux avenues de la ville. » C’est alors que le Chœur des femmes entonne sa longue plainte par des litanies de dieux protecteurs appelés à l’aide : Arès d’abord, patron de la guerre : — « Antique enfant de cette terre, regarde cette ville que tu as tant aimée autrefois. » — Puis Zeus « Père » universel ».

1915. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Plus d’un lecteur y fut pris et se dit avec étonnement : « Mais est-il possible qu’une personne comme Mme de Duras, qu’une femme du monde et qu’une femme, soit allée choisir une pareille donnée ?

1916. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

» C’était dans une société plus intime, plus choisie, et où il se sentait apprécié comme il voulait l’être, qu’il était le plus à son avantage.

1917. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Le père de Barrière était joaillier de la Reine, et, un jour, une belle dame vint choisir chez son père des bijoux.

1918. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Flaubert a choisi pour son roman antique, Carthage, comme le lieu de la civilisation la plus pourrie du globe, et, en six mois, il n’a fait encore, dit-il, que deux chapitres : un repas de mercenaires et un lupanar de jeunes garçons11.

1919. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Des actes, des bêtes, des plantes portent des noms dont la signification radicale ne leur fut pas destinée primitivement ; et cependant ces noms métaphoriques ont été choisis, assez souvent sur toute la surface de l’Europe, comme d’un commun accord .

1920. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Si La Fontaine a choisi ce genre, les fables  nous allons démontrer cela tout d’abord  c’est pour des raisons qu’il n’a pas dites, mais qu’on peut supposer assez facilement, je crois.

1921. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Enfin, nous avons si peu la tête épique, comme on l’a dit un jour avec justesse, que du temps de Racine, par exemple, et c’est Sainte-Beuve qui en fait la remarque, les esprits choisis qui goûtaient Virgile l’estimaient plus pour ce qu’il avait de poli et de suprêmement élégant que pour sa manière et ses qualités véritablement originales et grandioses.

1922. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Ce sont les étudiants de 1847 qui, après avoir fait la République de 1848, ont fait l’Empire ou du moins l’ont subi… Choisissez !

1923. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Fromentin possède une science des valeurs comparées qui lui fait choisir le substantif raisonnable, l’épithète ordinaire, plutôt grise et, comme disait Sainte-Beuve, « l’expression fine et légère, pas trop marquée, caractéristique pourtant ».

1924. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Entre ces deux « lois d’évolution » nous n’avons pas besoin de choisir ici.

1925. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Ses chefs choisis ont couvert de leurs débris l’abime de la mer ; ils sont, comme la pierre, descendus jusqu’au fond.

1926. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Partout dans notre enseignement de 1828 et de 1829, comme dans celui de 1815 à 1821, règne la doctrine la plus opposée au panthéisme, celle de l’intelligence, comme enfermant la conscience et la personnalité ; en sorte qu’il faut choisir entre un Être premier, dépourvu d’intelligence, s’il est sans personnalité et sans conscience, ce qui est l’athéisme ordinaire, et un Être premier, véritablement intelligent, qui se connaît lui-même ainsi que l’univers et l’homme, et préside à la destinée de son ouvrage. […] La préparation nécessaire, qui nous avait manqué jusqu’alors, nous ayant été permise, nous pûmes choisir des sujets précis et bien déterminés sur lesquels s’établit un sérieux et régulier enseignement, qui, en rappelant et continuant nos cours de 1815 à 1821, en étendit la portée, en agrandit l’influence. […] Et il ne faut pas dire que, dans mon admiration pour les conquérants, j’oublie l’intérêt dû aux victimes ; je n’entends point ce langage : il faut choisir entre un peuple corrompu, vicieux, dégradé, indigne d’exister puisqu’il ne sait pas défendre son existence, et l’humanité qui n’avance et ne peut avancer que par le retranchement de ses éléments corrompus. […] Quand on entre dans une carrière, c’est un devoir de rechercher les traces de ceux qui nous y ont devancés, et de reconnaître soigneusement les voies qu’ils ont suivies, qui les ont bien conduits ou qui les ont égarés, afin de choisir les unes et d’éviter les autres. […] ce nom bien ou mal choisi, et qui depuis quelque temps commence à se répandre et à retentir un peu en France et ailleurs, ce nom reporte involontairement ma pensée à l’époque déjà bien éloignée où, pour la première fois, il fut prononcé sans éclat et sans écho à cette chaire, dans l’obscurité de mon premier enseignement.

1927. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Elles allaient simplement se percher sur les grands bois ; elles finissent par choisir les chênes du grand mail et elles y font leur perchée. […] Bossuet note plusieurs mots avec l’intention de choisir à la fin ceux qui lui seront le plus convenables. […] Les remarques y sont choisies, les descriptions d’une belle brosse. […] * … Un jour, j’avais choisi — entre cent, — trois roses : l’une jaune, l’autre blanche, et la troisième au cœur de feu. […] L’auteur, en rééditant ses critiques, n’oublie aucune précaution : « J’ai beaucoup écrit, dit-il en note, sur Victor Hugo ; il m’a paru suffisant de choisir et de donner ici les deux articles dont l’un exprime l’extrême louange, et dont l’autre pose la restriction.

1928. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Dieu a voulu que tout homme fût éloquent à l’heure où il analyse les battements de son cœur ; doit-on s’étonner qu’à cette heure choisie les éloquents deviennent sublimes ? […] L’antique épopée choisissait entre mille un événement haut comme une tour et l’exhaussait encore à plaisir ; le roman, épopée subalterne, mais populaire, prend le premier fait venu et l’accommode au service d’une idée. […] À entendre le poëte donnant des conseils sur la peau et le bois à choisir, sur la manière de percer les trous des tuyaux à leur juste place et la façon de faire dire à l’instrument gonflé par le souffle d’une poitrine humaine les douleurs, les joies et les amours, on dirait un Faune enseignant à un berger d’églogue l’art de joindre avec de la cire les roseaux d’une flûte de Pan. […] Louis Ratisbonne a été choisi comme exécuteur testamentaire par Alfred de Vigny, ce cygne de la poésie, dont il a publié les derniers chants. […] Ingres, avec lequel son talent a plus d’un trait de ressemblance, savant et naïf comme lui, prenant comme lui ses modèles aux belles époques du passé, comme lui persévérant dans l’unité de sa vie, toujours semblable à soi et marquant du même cachet ses œuvres capitales : Lucrèce, Agnès de Méranie, Charlotte Corday, L’Honneur et l’argent, Le Lion amoureux, dépassées, au point de vue de l’éloquence, par l’épique inspiration de son Galilée ; Émile Augier, ce frère jumeau du début de Ponsard, son second dans la querelle des deux écoles, cet autre talent fait de clarté, de vigueur, de hardiesse et de liberté gauloise ; plus souple et moins convaincu ; plus curieux, plus attentif aux mouvements de la littérature ; prompt à se porter du côté où va celui qui marche, non pas pour marcher à la suite, mais pour aller plus loin encore ; né pour oser, étonné d’avoir remporté un prix de l’Académie Française, se sachant meilleur gré d’avoir fait L’Aventurière que Gabrielle, et heureux de s’être racheté par Le Mariage d’Olympe ; main hardie, résolue à lever les masques de la société ; père de ce drôle cynique que nous avons vu tout à l’heure, qui se nomme Giboyer comme Figaro se nomme Figaro ; petit-fils lui-même de Regnard et de Beaumarchais ; qui fait de la prose son arme de combat, garde le vers pour la comédie de passion ou d’aventure, et, un moment trahi par la fortune du théâtre, se prépare un quatrième triomphe avec une grande œuvre écrite dans la grande forme littéraire ; Octave Feuillet, écrivain d’élite, que la lecture d’Alfred de Musset a d’abord révélé à lui-même, mais qui est entré en possession de sa nette et gracieuse originalité ; Marivaux d’un siècle sérieux, sérieux comme son siècle, et dont l’esprit a vécu plus intimement dans la confidence du cœur ; plume finement taillée pour les délicates et ingénieuses analyses ; auteur dramatique d’un ordre à part ; nature charmante et distinguée qui a fait des sentiments de l’honnête homme et de l’homme de famille son exquise élégance ; qui ne veut pas laisser à ce qui est en dehors du bien le privilège de la séduction ; qui prête l’attrait au bon conseil, à la foi simple, à la pratique des vertus douces et modestes ; champion de la province dont il est l’hôte et qu’il a raison d’aimer parce qu’il y garde bien sa physionomie personnelle, parce qu’il y emporte, pour les mieux étudier à l’écart, les souvenirs avec lesquels il s’est élevé aux hardiesses de Dalila, et qu’il y trouve les modèles, discrètement, ingénument supérieurs, du Village et du Cas de conscience ; Georges Sand, nom illustre même au théâtre, talent androgyne comme Mme Ém. de Girardin, plus mâle à son début, mais où la femme tend peut-être à se dégager chaque jour davantage, tandis que Mme Ém. de Girardin, par une contraire évolution, arrivait dans ses dernières œuvres au caractère complet de la virilité ; Georges Sand, écrivain supérieur, plume douée d’un don de magie, passion pénétrante et subtile, séduction qui trouble et qui égare, charme inquiétant vis-à-vis duquel il faut veiller sur soi, de peur d’être surpris et d’admettre, en applaudissant, que la lignée d’Adam est toujours égoïste, irrésolue, sans grandeur et sans courage ; que la descendance d’Ève est toujours dévouée, intrépide, héroïque ; que, dans ce monde mal fait où rien n’est à sa place, on doit toujours chercher la plus pure vertu au fond de toutes les chutes et le plus légitime orgueil au fond de toutes les misères : conclusion inévitable d’un théâtre qui n’en est pas moins essentiellement aristocratique dans sa forme précieuse et distinguée, exquis par la vérité délicate du détail, par la finesse lumineuse du dialogue et la grâce vivante du tableau, consacré enfin par trois grands succès : François le Champy, Le Mariage de Victorine et Le Marquis de Villemer ; Alexandre Dumas fils, l’aîné, par le succès, des auteurs de la comédie moderne, celui qui l’a émancipée et mise en état de tout dire ; riche et complète nature, mélangée de rêverie, de chimère, d’audace et de justesse d’esprit ; praticien consommé, fécond en expédients, rompu à toutes les combinaisons de la scène, et attiré vers les thèses dangereuses où s’endort quelquefois l’action alanguie ; tenté de se perdre dans le discours, dans la discussion et le paradoxe ; prêt à sauver telle pièce qui se sent sombrer et lui fait un signal de détresse ; risquant tout pour lui-même et ne hasardant plus rien pour les autres ; sûreté de coup d’œil impitoyable ; main d’opérateur qui coupe dans le vif et dégage de tout ce qui le gêne le succès du Supplice d’une femme ou celui d’Héloïse Paranquet ; Théodore Barrière, qui devait être journaliste s’il n’eût été auteur dramatique, et qui a fait du vaudeville le précurseur de la petite presse : chroniqueur avant la chronique quotidienne, oseur, improvisateur, Parisien-né comme la Fronde, hardi à l’escarmouche, prompt aux hardiesses de la comédie satyrique, recommençant Aristophane selon notre mesure et s’incarnant avec éclat dans le Diogène nouveau dont il a créé la figure et le nom ; mais impatient, capricieux, obéissant à deux instincts qui le poussent l’un vers le pamphlet, l’autre vers l’élégie et l’idylle ; trop pressé de produire pour choisir entre les deux, d’arriver à temps pour finir, et de finir pour achever ; esprit fécond qui sait bien que les revers ne comptent pas, mais qui a le droit de compter fièrement ses grandes victoires ; moraliste vigoureux qui a eu le coup de fouet et le coup de dent, qui vise ailleurs aujourd’hui et va un peu à l’aventure, mais qui retrouvera la voie des belles soirées quand, au lieu d’allumer sa lanterne pour chercher où en est le succès chez les autres, il se reprendra tout simplement à étudier Les Faux Bonshommes et Les Filles de marbre, avec le cigare étincelant de Desgenais ; Victorien Sardou, venu après les autres, et qu’ils rencontrent aujourd’hui sur toutes les scènes ; comparable par sa fécondité à Eug. 

1929. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Il n’était pas difficile, en quelques citations perfidement choisies, en résumant superficiellement les théories esthétiques de Kant, Baumgarten, Herder, Winckelmann, Home, Shaftesbury, Burke, du père André, de Gœthe, de Schiller, de Fichte, de Hegel, de Schopenhauer, de Darwin, de Renan, de Grant Allen, d’Eugène Veron, d’Herbert Spencer, de Guyau, etc., etc., de constater les divergences qui divisent tous ces penseurs. […] Ce qu’il y a de secondaire dans les religions et ce qui les distingue cependant les unes des autres, c’est la fable, le symbole qu’elles choisissent pour se formuler ; ce qui est éternel, universel et évident, c’est le fond immuable d’humanité sur lequel elles reposent. […] À ce propos, je rappellerai une bien piquante boutade attribuée à Tchen-Ki-Tong, ce diplomate chinois qui fut, il y a quelques années, l’une des physionomies les plus populaires du boulevard parisien. « En Chine, disait un soir dans un salon ce mandarin ironique, on choisit les professeurs parmi les candidats qui ont échoué. » Comme on se récriait autour de lui, comme on lui demandait : « Que faites-vous donc avec les candidats qui ont réussi ?  […] L’exemple est très heureusement choisi, et Tolstoï ajoute avec raison qu’aucun art ne met aussi bien en relief que l’exécution musicale la justesse de l’observation du peintre russe. […] Et il ajoute : « En réalité, l’âme de ces maîtres d’autrefois était une autre âme ; plus grande peut-être, mais plus froide et encore éloignée de la vie surexcitée : la mesure, la symétrie, le mépris du charmant et du sensuel, une inconsciente âpreté, la fraîcheur matinale, l’horreur du passionné comme si leur art en eût dû souffrir, — voilà ce qui constitue le sentiment et la moralité de tous les maîtres anciens, qui choisissaient et spiritualisaient non pas arbitrairement, mais nécessairement leurs moyens d’expression, avec une moralité analogue. — Faut-il cependant, cela posé, contester aux tard-venus le droit d’animer les œuvres anciennes suivant leur âme ?

1930. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Il se peut que de cette première cellule partent deux, trois, quatre, dix filets ; entre ces dix filets, le courant en choisit un, par force, et toujours le même, celui qui est habitué à le recevoir. […] Nous avons choisi la plus simple, la plus cohérente, la mieux appropriée à l’opération mentale qu’elle supporte, et il s’est trouvé qu’elle en explique plusieurs détails inexpliqués.

1931. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Maurice Denis ou Osbert, vous n’éprouverez pas de fraîches ou ardentes sensations naturelles, mais vous discerneriez les extériorisations, en des paysages choisis, des sentiments de ces auteurs — nostalgiques ou joyeux. […] C’est sans doute en ces fréquentions si choisies, qu’il prit cette forme dogmatique que tant d’acerbes esprits lui ont frivolement reprochée.

1932. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

. — Oui, oui… d’autant plus que ce livre, il faudrait le préparer par un voyage, fait par soi-même, choisir ses décors… Enfin, je ne sais, il me semble que ce livre irait à la trépidation de mon cerveau… à mon état maladif, quoi ! […] Je ne veux pas entrer dans le détail ; et chercher à vous démontrer que mes tableaux n’ont pas été choisis, si à l’aveuglette, que vous le dites, et, que l’homme qui veut bien écouter la pièce, y trouvera cette perversion de l’affectivité, qui, selon vous, manque.

1933. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Là, comme ma tante n’avait pas le mépris de l’enfant, du gamin, quand il lui semblait trouver chez lui une intelligence, elle me souffrait auprès d’elle, la plus grande partie de la journée, me donnant toutes ses petites commissions, me faisant l’accompagner au jardin, porter le panier où elle mettait les fleurs, qu’elle choisissait elle-même pour les vases des salons, s’amusant de mes pourquoi, et me faisant l’honneur d’y répondre sérieusement. […] Dès ce temps, elle mettait en moi l’amour des vocables choisis, techniques, imagés, des vocables lumineux, pareils, selon la belle expression de Joubert, « à des miroirs où sont visibles nos pensées », — amour qui, plus tard, devenait l’amour de la chose bien écrite.

1934. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Ils devinent, ils écoutent, ils choisissent et ils s’orientent à travers ce qu’ils entendent dire dans la conversation. […] « Cette malle doit être à nous. » Ce n’est plus la critique qui naît de l’art, comme la réaction d’abord du public, et ensuite d’élites choisies, spécialisées, devant l’œuvre de l’artiste. […] est-il choisi au hasard ? […] Si, exception faite pour Pascal, on donnait à choisir à un homme d’aujourd’hui entre la perte de tous les ouvrages des Messieurs de Port-Royal et le Port-Royal de Sainte-Beuve, la décision ne serait pas douteuse : à l’exception d’une petite minorité d’érudits et de vieux jansénistes, Sainte-Beuve emporterait tous les suffrages.

1935. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Évidemment, dès le premier jour où l’on vit afficher, sur les murs de Paris, une image de mon roman représentant une scène assez vive, que je n’avais d’ailleurs pas choisie, il y eut un effarement général, on crut que ce livre dont l’affiche ne représentait qu’une scène épisodique, n’était fait que de scènes demi-galantes. […] Paul Meurice, on le devine dès qu’on a ouvert son livre, n’a point inventé là un roman ; il a, dans un cadre d’une grande simplicité, fait tenir une suite de tableaux admirablement choisis que le temps n’avait pas effacés de sa fidèle mémoire. […] Fidèle à nos habitudes, je ne me contenterai pas de discuter sur les intentions du romancier, mais je choisirai un passage de son livre pour que le lecteur puisse apprécier lui-même et juger en connaissance de cause. […] J’ai vu des mères s’arrêter en sanglotant, puis choisir celui de leurs enfants qui était le plus faible, l’embrasser en pleurant et l’abandonner déjà à moitié mort sur le bord de la route pour sauver les autres. […] Sa Majesté sourit, et, me prenant le menton, daigna me dire : — « Tu n’as pas choisi la plus mauvaise porte.

1936. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Quelle richesse, quelle surabondance, chez le premier, et, dans la ligne de discussions ou de remarques, qu’il a finalement choisie, quelle assurance ! […] Mais qu’il faut réagir à fond, et persister dans la voie de la réaction choisie, si l’on veut aboutir à quelque chose. […] La sottise choisie et la sottise diffuse du XIXe les rejetèrent. […] Le traitement par les substances végétales, empiriquement choisies, dites « les Simples » est le modèle du traitement par persuasion prolongée et transmise de génération à génération, en quelque sorte traditionnellement. […] L’habitant français du XIXe siècle aura souffert des maux inouis, tenant à l’imbécillité de ses dirigeants, choisis par lui, encore plus qu’à leur malfaisance ; il aura cru que ces maux étaient nécessaires.

1937. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Désigné un jour par Fauriel pour être son suppléant dans la chaire de littérature étrangère à la Faculté des lettres (1834-1835), il fut amené à choisir un sujet d’études qui ne rentrât pas trop dans les matières si diverses déjà traitées par le savant titulaire : il n’hésita pas et prit les origines du théâtre moderne ; il s’en occupait aussi dans des conférences dont il fut chargé vers le même temps à l’École normale.

1938. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Remarquez que le sujet était lui-même choisi avec tact et avec goût : rien d’éclatant, rien qui promît trop ; l’orateur pouvait être aisément supérieur à son sujet.

1939. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Mais, pour un livre déjà lu, dans lequel (comme je le suppose) on reprend, on relit sans cesse ; dans lequel le frère, déjà étudiant, ou la sœur aînée choisit les morceaux à lire à haute voix, le soir, autour de la table à ouvrage, cette abondance, cette richesse extrême, qui laisse au choix tant de liberté heureuse, et qui rassemble en chaque endroit tant de genres de beautés, a bien aussi ses avantages.

1940. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

J’omets cette foule de réunions moins en vue et vouées à une goguette moins choisie, qui pullulèrent alors, et qui n’ont pas laissé de traces ni d’archives ; mais l’institution qui sembla l’héritière directe des Dîners du Vaudeville, et qui représente la gaieté sous l’Empire, comme l’autre réunion l’avait représentée sous le Directoire et sous le Consulat, ce fut la société du Rocher de Cancale ou du Caveau moderne.

1941. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Quoi qu’il en soit, le tableau que Farcy a tracé de souvenir est un chef-d’œuvre de délicatesse, d’attendrissement gracieux, de naturel choisi, d’art simple et vraiment attique : Platon ou Bernardin de Saint-Pierre n’auraient pas conté autrement.

1942. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

En montant par un certain versant et par des sentiers bien choisis, on arrive au plus haut sans rien découvrir, et, au dernier pas exactement qui vous porte au plateau du sommet, tout se déclare.

1943. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Tout compte fait, il a calculé que la procédure, même coûteuse, lui coûtera moins qu’une surtaxe, et, de deux maux, il choisit le moindre.

1944. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

On en plaisantait à la table rustique ; on ne pouvait comprendre que la plus belle jeune fille de tout le pays, qui avait le choix entre les prétendants de tous les villages, eût choisi pour son fiancé un pauvre adolescent qu’on se figurait encore enfant à cause de la candeur de son esprit et de la docilité de son caractère.

1945. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Elle entoura tes pieds d’un long tapis de mousse, Où toujours en avril elle faisait germer Pervenche et violette à l’odeur fraîche et douce, Pour qu’on choisît ton ombre et qu’on y vînt aimer.

1946. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

II Un si beau jour, dans un si beau lieu, est admirablement choisi pour parler du beau dans la littérature et dans l’art.

1947. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Eh bien, c’est ce que l’intelligence de la nation vous donnera quand toutes les classes, tous les capitaux, tous les salaires, tous les droits, tous les devoirs, représentés dans la législation par le suffrage proportionné de tous, auront choisi le suffrage universel à plusieurs degrés pour l’harmonie sociale ; mais c’est ce qu’aucun homme sensé et consciencieux ne consentira jamais à vous donner dans ce que vous appelez l’organisation du travail ou socialisme radical, qu’on vous a amenés à vociférer ici sans en comprendre l’exécrable non-sens ! 

1948. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Mon mari taillait les chalumeaux, creusés et percés de dix trous, autant que de doigts dans les mains, avec une embouchure pour le souffle ; il choisissait, pour ces hautbois attachés à l’outre de peau de chevreau, des racines de buis bien saines et bien séchées pendant trois étés au soleil.

1949. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il choisit Chapelain : c’était alors de bonne politique.

1950. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Et qui d’amour se sentira saisir, Connoistra bien que je voulus choisir Vie pour moi, et non pour mes écrits.

1951. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Jamais il ne choisit le type le plus caractéristique, le trait humain, la passion ordinaire.

1952. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Saint Tudwal fit le voyage de Rome ; c’était un ecclésiastique si exemplaire que, naturellement, les cardinaux, ayant fait sa connaissance, le choisirent pour le siège vacant.

1953. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Il a été scientifique par l’obligation où il s’est mis de travailler sur le modèle vivant, de peindre d’après nature, de choisir ses sujets dans le monde contemporain ; il a prétendu même recourir non seulement à l’observation, mais à l’expérience ; il s’est intitulé roman expérimental.

1954. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Plus loin ils disent encore : « nous n’ignorons pas combien est difficile et même périlleux le rôle des modérés ; c’est pourtant celui que nous avons osé choisir.

/ 2133