Il me tend la relique très vieille et très charmante. […] Pons se répétait ces mots à lui-même, en chevauchant vers le château de Miremonde, où demeurait alors le héros incomparable dont le nom seul suffit encore à noyer d’un trouble charmant les yeux des femmes. […] Elle était charmante. […] Nous lui parlerons de cet article. » Ces déclarations indiquaient une grande confiance dans les lumières de mistress L…, mais semblaient marquer, dans ce ménage, d’ailleurs charmant, un léger défaut d’intimité. […] Pourtant, il a bien senti le sortilège du maître charmant, de l’Athénien qui naquit pour perpétuer la grâce adolescente d’Éros, d’Aphrodite, d’Hermès, d’Apollon et des Muses.
La reine Marguerite, celle qu’on appelle la reine Margot, première femme d’Henri IV, écrit ses Mémoires, et ils sont charmants ; mais elle a soin de ne s’y peindre qu’en buste : elle avait ses raisons pour cela. […] Mme de Gesvres arrive, belle, charmante et de bonne grâce ; Mme d’Arpajon était au-dessus de moi ; je pense que la duchesse (de Gesvres) s’attendait que je lui dusse offrir ma place ; ma foi ! […] Ailleurs, mistress Bellamy nous raconte comme quoi un charmant jeune homme mourut d’amour pour elle, et voulut être enseveli avec un bout de ruban, qui venait d’elle, mais qu’elle ne lui avait pas donné, grand Dieu ! […] » Et ceci pourrait être d’elle, si ce n’était de Mlle de Launay, en ses agréables Mémoires, écrits avec une netteté charmante et une précision délicieuse, mais où elle laisse percer, comme vous voyez, le petit bout d’oreille scientifique. […] « — Mais, sans cette terrible formule, sans ce coup de pistolet tiré en l’air, le livre, qui est charmant, eût été bien moins lu !
La peinture se débat dans un jour inquiétant et charmant, plutôt crépusculaire. […] Je n’ai point de regrets vers cette heure charmante des Jeunes-France. […] Cette triste morale, ce fond noir et mauvais d’un génie si charmant, peut-être est-il injuste d’en faire La Fontaine seul comptable. […] Ce qu’ils déclament est bien délicieux, souvent et presque toujours leur geste est charmant comme leur costume est magnifique. […] Sa mémoire est triste et charmante.
Une charmante jeune fille a été témoin de ce sauvetage : c’est Mlle Geneviève de Baraglioul, fille de Julius, Lafcadio raconte sa vie à ce dernier et lui apprend ses idées… Je n’ai jamais recherché, dit-il, que ce qui ne peut pas servir. […] C’est bien à regret qu’il ne le coiffe pas du san-benito et ne l’envoie pas gigoter dans une chemise soufrée, suivant le mot charmant d’Edouard Drumont. […] Ils ont le charme de la variété ; ils nous font souvent mieux connaître l’auteur que des œuvres plus considérables en apparence, mais ramassées sur une matière unique et d’horizon plus restreint ; ils nous offrent de charmants voyages au pays des idées, qui est celui de la réalité vraie, ou qui la résume avantageusement par des raccourcis synthétiques. […] Édouard s’en aperçoit, trouve cela charmant, et engage aussitôt son voleur comme secrétaire.
C’est sur un ton digne de la Nouvelle Héloïse qu’il parlera de la bonne grâce de la bure, de la campagne sauvage plus pittoresque que les terrains cultivés, des sentiers plus charmants que les grands chemins. […] Maintenant, sa vie lui apparaît comme « une charmante promenade à travers la réalité ». […] Renan s’est contenté d’esquisser, comme Spinoza, qui « a été à son heure celui qui a vu le plus profond en Dieu », et saint François d’Assise, dont la vie fut « un accès de charmante folie, une perpétuelle ivresse d’amour divin ». […] L’article était écrit déjà avec cette verve aimable, dépourvue de toute espèce de fiel, qui est une des plus charmantes caractéristiques de M. […] On trouva cela charmant, parce qu’en ce moment-là on était en veine de scepticisme.
Quand on voit chez les Grecs, à partir des Alexandrins, de telles subtilités ingénieuses pénétrer et corrompre la poésie, même celle qui reste à tant d’égards charmante encore, on est tenté de se demander si cette veine sophistique, transmise par les Latins, et qu’en retrouve tout à l’extrémité de leur littérature dans Ausone, n’aurait point pu s’infiltrer d’une manière ou d’une autre jusqu’à ceux des beaux-esprits provençaux ou italiens du moyen âge, qui ont recommencé comme les autres ont fini. […] Ce qui est sûr, c’est qu’après avoir lu Méléagre, on comprend mieux Ovide, et tant de jeux d’esprit, dès longtemps en circulation chez les Grecs, où le charmant élégiaque latin n’a pas toujours mêlé la même flamme.
Peut-être sa main débile, qui n’a pas été façonnée pour l’effort, ne peut-elle jamais parvenir à tendre assez puissamment la corde de l’arc pour que la flèche du vers atteigne le but et touche l’âme en la charmant, comme le trait invisible de l’archer qui déchire l’air en le traversant et qui résonne à l’oreille en perçant le cœur ? […] La jeune femme, habituée de bonne heure au monologue par l’exercice quotidien de sa plume et par l’éloquence des hommes supérieurs entendus dès l’enfance chez son père, se laissait emporter par son enthousiasme ; la charmante timidité de son sexe et de son âge, cette pudeur de l’âme, aussi rougissante que celle du corps, n’était jamais née en elle.
Tandis que la poésie chevaleresque devient chaque jour plus froide, ou plus extravagante, un homme lui donne sur son déclin une perfection fugitive et la grâce exquise des choses frêles : c’est le prince Charles d’Orléans121, le fils de Valentine de Milan, demi-italien de naissance, et qui, du privilège de sa race plus que par une studieuse assimilation, posséda l’art des formes sobres et charmantes. […] Et sa pensée prolonge le spectacle, jusqu’aux torsions de l’agonie, à l’effondrement écœurant de tant de choses ; douces et charmantes.
Prudence présente Armand à Marguerite comme amoureux fou de sa beauté à peine entrevue, et la dame, qui l’a trouvé charmant tout d’abord, le remercie par un regard du bon goût de ses yeux, sinon de son coeur. […] Ce doit être un portrait que cette tête charmante, pleine de compassion ingénue et de sainte bonté.
Randon, et à toute la charmante société. […] Ce ne sont que des princesses, des starostines, des palatines, charmantes à la vérité ; mais il n’y a pas là un cœur qu’on puisse approcher du sien.
Charles Nodier, faisait de charmants vers avant de faire son excellente prose. […] Jules de Rességuier me l’a demandé dans une des plus charmantes pièces de ses Tableaux poétiques, l a Bayadère, composition pleine d’harmonie, de couleur et de nouveauté : on concevra qu’il m’était plus aisé de lui obéir que de lui répondre.
On est au cœur de l’hiver ; l’opération peut rencontrer des difficultés très grandes, et Joubert n’est pas homme à se les dissimuler : elles sont présentées avec des alternatives de crainte, même d’accablement, puis tout à coup des reprises d’ardeur et d’espérance, dans des lettres charmantes et naïves (sauf quelques lauriers qu’il craint de voir changer en cyprès ; c’était le style du temps).
Quels vers charmants que ceux qui terminent la justification d’Othello, et que La Harpe a si bien traduits !
Toutes les impressions s’atténuent ; le parfum est si faible que souvent on ne le sent plus ; à genoux devant leur dame, ils chuchotent des mièvreries et des gentillesses ; ils aiment avec esprit et politesse ; ils arrangent ingénieusement en bouquets « les paroles peintes », toutes les fleurs « du langage frais et joli » ; ils savent noter au passage les sentiments fugitifs, la mélancolie molle, la rêverie incertaine ; ils sont aussi élégants, aussi beaux diseurs, aussi charmants que les aimables abbés du dix-huitième siècle : tant cette légèreté de main est propre à la race, et prompte à paraître sous les armures et parmi les massacres du moyen âge, aussi bien que parmi les révérences et sous les douillettes musquées de la dernière cour !
L’agilité du charmant esprit qui va et vient de l’une à l’autre les unit sans les brouiller.
Ainsi, dès le début du siècle, le Loyal Serviteur racontait avec sa charmante simplicité les faits du chevalier Bayard : ainsi le rédacteur des Mémoires, du maréchal de Vieilleville212 fit valoir le rôle de ce sage et honnête homme dans les conseils de François Ier, de Henri II et de Charles IX.
Un autre normalien, tout voltairien d’esprit et de style, conteur exquis et charmant causeur, d’intelligence plus agile que forte, et plus en surface qu’en profondeur, impertinent, tapageur et gamin, Edmond About843, fut un indépendant agréable à l’empire, qui le protégea, le décora : il y avait un point pourtant sur lequel About ne transigeait pas, c’était la question religieuse ; il représentait l’opinion anticléricale dans le parti bonapartiste, et il combattit toujours vivement le gouvernement lorsqu’il voulut se servir de l’Église ou parut la servir.
Or, quoi qu’en puissent dire les fanatiques des défauts de Musset, ce charmant génie, c’est cette faculté de dédoublement, cette surveillance perpétuelle de la réflexion sur la sensation, qui fait la véritable inspiration.
Causeur charmant, il ne pontifiait pas.
Hâtez-vous donc d’embrasser ces règles et d’être heureux. » Voilà un charmant moyen pour ennoblir la nature humaine.
Le charmant docteur, qui pardonnait à tous pourvu qu’on l’aimât, ne pouvait trouver beaucoup d’écho dans ce sanctuaire des vaines disputes et des sacrifices vieillis.
Il a écrit, à propos d’une comédie de Collé et de La Métromanie de Piron, des pages charmantes, délicates, que je prise bien plus comme témoignage vrai de son talent que d’autres plus saillantes et où il élève la voix.
Sera-ce à voir les gracieuses esquisses, les charmantes bluettes des petits théâtres, où l’esprit tourne trop souvent au, jargon ?
France abondent en dissertations charmantes et futiles.
Tout ce tableau est charmant, et le dernier vers plein de poésie.
Voilà la longue comparaison homérique avec ces détails charmants : Καλὸν, τηλεθάον, τὸ δέ τε πνοιαὶ δονέουσι, Παντοίων ἀνέμων, καί τε βρύει ἄνθεῖ λευκῷ109.
On juge dans l’âge de l’imagination et de la fantaisie, et les jugements qu’on porte ne sont que des caprices, charmants comme la jeunesse, mais souvent aussi peu raisonnables.
Délicieuse et charmante histoire que cette histoire de la toilette chinoise du pauvre lazariste, par laquelle Huc commence son voyage !
Dès l’origine, rien n’annonçait dans ses facultés éphémères qu’elle était plus qu’une jeune fille, — la jeune fille-type, la jeune fille éternelle, la charmante et volage combinaison de poussière rose, qui croule si vite en cendres grises sur nos cœurs !
Charmant et détestable sorcier, espèce de Circé à sa façon qui changeait les hommes en bêtes, pour peu qu’ils missent le bout des lèvres dans la coupe de ses écrits, Voltaire, sur cette question de la Ligue comme sur tant d’autres questions d’histoire, a perverti le sens public pour un temps qu’on peut prévoir, mais qu’il est impossible de mesurer.
Il n’y a pas beaucoup d’années que je parlai avec enthousiasme de ces deux livres charmants et bien étonnants sous une plume protestante, tant le sentiment des plus pures et des plus brûlantes Mystiques de l’Église catholique les animait de son incomparable accent !
Le mot de Bélise à Trissotin est bien drôle : « Mais quand vous avez fait ce charmant : Quoi qu’on die !
Doué d’une âme qui fut son génie, on aurait pu dire de lui le mot charmant du vieux Mirabeau : « Qu’il était fait de la rognure des anges. » Mais, puisque des anges sont tombés, une telle rognure ne garantit pas les hommes ; et Saint-Martin, si chrétiennement né, se perdit.
Elle y avait gardé ce défaut, qui n’empêchait pas mademoiselle de Retz d’être charmante et d’être aimée de son cousin le cardinal.
Mais il est permis de constater que ses doctrines émancipatrices ont eu pour conséquence immédiate d’exiler du Parnasse français nombre de poètes charmants et de rétrécir la conception de la poésie. […] C’est charmant et d’une nuance très fine. […] Ses traits étaient irréguliers, son nez trop petit, mais sa bouche charmante, et tout son visage imberbe respirait une intelligence de feu. […] Mais qui des deux eut l’idée d’emmener la mystérieuse et charmante Jane Clairmont, qu’ils appelaient Claire ? […] Doumic a rappelé, lorsque nous avons eu la douleur de le perdre, quel homme charmant et rare fut « ce type accompli du libraire à la française » et avec quel plaisir ses auteurs lui rendaient visite simplement pour causer.
C’est là une personne humaine à jamais damnée, la victime des luxures brutales, celle, suivant la biblique expression d’un poète, « en qui vont les péchés d’un peuple », un crime inexpiable de notre civilisation de mensonge… « Sois charmante et tais-toi… », murmure l’adorateur de la beauté. […] De Ryons a fourbi son esprit et sa bravoure ; mais, à cette défiance continuelle, il a perdu l’habitude de s’abandonner, le don charmant de la sympathie ouverte, l’exquise facilité des épanchements intimes. […] Les femmes de Tourguéniev Ces indications, qui marquent les points par où Tourguéniev se sépare de nos romanciers, seraient incomplètes si l’on n’évoquait ici le peuple charmant de ses femmes. […] Il a gardé devant l’être féminin l’impression de l’inconnu, de la charmante et tendre énigme, qui s’en va du cœur de l’homme avec la chimère des belles, des nobles amours. […] Mais toujours, même dans le fond de ces êtres charmants, le romancier montre quelque chose d’inexprimable et d’inaccessible.
Je ne puis que les analyser ; et combien de détails charmants, étranges, émouvants ou irritants je laisserai de côté ! […] Quel charmant tableau ! […] Encore un bon prêtre, et qui est charmant pour lui. […] Il y a là tout un tableau d’intérieur charmant et cordial, un joli coin de roman bourgeois, — et qui était neuf alors. […] cette Sophie si charmante et si bien élevée… Oui, c’est une manie de Rousseau.
… — Plus bas, c’est les jolis seigneurs, c’est leurs galanteries avec les jolies femmes, dont la vieillesse ou la maladie perdront sitôt le charmant visage. […] Pourquoi le poète des Fleurs du mal commence-t-il un madrigal à sa maîtresse par cet hémistiche : « Sois charmante et tais-toi ? […] C’est pour cela que nous devons une reconnaissance aux historiens qui nous permettent d’écarter le voile et de nous rapprocher de ce charmant et profond Français. […] Ce qu’il y avait de bonté charmante, de poésie, d’accueil dans ce geste d’amitié, je le sentis. […] L’avantage d’une telle disposition est cette mobilité charmante que nous venons de reconnaître chez Lamartine.
« Corfou n’est pas très frais, mais Corfou est charmant, je parle de l’île plutôt que de la ville, petite ville vénitienne et génoise sans caractère, qui ne serait rien par elle-même si elle n’avait pas la mer, son horizon, ses campagnes et son esplanade. […] On a fort exalté depuis un certain nombre d’années les génies supérieurs, austères, grandioses, jusqu’à en écraser parfois les plus charmants. […] Le public, qui jouit couramment d’une lecture facile et charmante, ne se doute pas de tout ce qu’ont souvent exigé de soins et donné de peine ces éditions d’ouvrages ou de correspondances posthumes : une famille à satisfaire, des scrupules sans nombre à ménager, la vérité à ne point fausser ni trahir, les convenances pourtant à respecter, celles du moins qui eussent paru telles à l’auteur lui-même s’il avait vécu, c’est là le revers de la toile, et ce n’est pourtant qu’un faible aperçu de la tâche morale et littéraire qui était échue aux éditeurs dévoués de Maurice et d’Eugénie de Guérin.
Vous trouverez de charmants ou sérieux portraits de femmes : celui de Dora, qui reste petite fille dans le mariage, dont les mutineries, les gentillesses, les enfantillages, les rires, égayent le ménage comme un gazouillement d’oiseau ; celui d’Esther, dont la parfaite bonté et la divine innocence ne peuvent être atteintes par les épreuves ni par les années ; celui d’Agnès, si calme, si patiente, si sensée, si pure, si digne de respect, véritable modèle de l’épouse, capable à elle seule de mériter au mariage le respect que nous demandons pour lui. […] Il offre innocemment en spectacle, lorsqu’on vient le voir, de charmantes scènes d’intérieur ; il étale le cœur d’un père, les sentiments d’un époux, la bienveillance d’un bon maître. […] Rien d’étonnant si un romancier les aime, s’il prête à leur âme la sensibilité et l’innocence qui reluisent dans leurs regards, s’il juge que ces frêles et charmantes roses doivent se briser sous les mains grossières qui tenteront de les assouplir.
Sainte-Beuve (1re partie) I Mon cher Sainte-Beuve, Je reçois et je relis, avec un plaisir égal à celui de ma jeunesse, ces deux charmants volumes que vous avez pensé à m’adresser à Saint-Point. […] Après avoir essayé de retracer l’enivrement d’un cœur de poète à l’entrée de la vie, Joseph continue en ces mots : Songe charmant, douce espérance ! […] Il réprima toujours les attendrissements Qui naissent sans savoir, et les troubles charmants, Et les désirs obscurs, et ces vagues délices De l’amour dans les cœurs naturelles complices.
Des dessins de Férogio, une charmante esquisse d’Hébert, un blond Baudry, une Nuit de Rousseau, qui est comme le « Songe d’une nuit d’été » de Fontainebleau, des Chassériau, des fleurs de Saint-Jean, une Macbeth de Delacroix ; enfin, deux petits tableaux de femmes nues, dont le faire va de Devosge à Devéria, — deux tableaux du maître, chez lequel Gautier apprit la peinture au faubourg Saint-Antoine. […] Le mot de Rivarol : L’impiété est une indiscrétion, cela est charmant ! […] Aujourd’hui elle se sent entre hommes, et se livre et s’abandonne, et est vraiment charmante.
Il était là, dans sa pose assurée, et me tendait, avec son charmant sourire, une petite bouteille pleine d’eau limpide et transparente. « Allons, dis-je en me levant et en lui serrant la main avec une sorte d’enthousiasme, conduis-moi, je te suis. » Il sourit de nouveau, et se remit en marche. […] Serguéi Petrowitch n’a pas reçu d’éducation ; il ne parle pas le français, mais il est, ne vous en déplaise, un homme charmant. […] Le voilà qui arrive à grandes enjambées, ton homme charmant ! […] Édouard, que nous connaissons déjà, annonçait à ses lecteurs une nouvelle douloureuse : « La charmante et séduisante Moscovite, écrivait-il, une des reines de la mode, l’ornement des salons parisiens, madame de Lavretzky, était morte presque subitement ; et cette nouvelle, qui n’était malheureusement que trop vraie, venait de lui parvenir à l’instant. — On peut dire, continuait-il, que je fus un des amis de la défunte. » Lavretzky reprit ses vêtements, descendit au jardin et se promena en long et en large jusqu’au matin.
À cette époque, tous les penseurs, tous les philosophes de profession faisaient un crime à Voltaire de son ingénieuse plaisanterie du Mondain, qui n’est au fond qu’un extrait en vers charmants de tout ce qu’il y a de meilleur dans ces longues théories sur la perfectibilité. […] Tibulle a décrit en vers charmants cette pompe champêtre, comme elle existait chez les Romains. […] Un homme d’un esprit charmant et d’une facilité fort aimable : je rapporte ses propres expressions. […] Rousseau, qui la cite auprès de la matrone d’Éphèse, dans une ode charmante : Andromaque, en moins d’un lustre, Remplaça deux fois Hector. […] Cette image charmante de Virgile est celle de la poésie, et surtout de la poésie épique.
Oserai-je traduire ces songes d’amoureux et de peintre, ces charmantes imaginations païennes et chevaleresques où Pétrarque et Platon semblent avoir laissé leur souvenir ? […] Là est la « fleur du coucou, qui pousse avant la venue de l’hirondelle, la jacinthe des prés azurée comme des veines de femmes, la fleur du souci qui se couche avec le soleil et se lève avec lui, pleurante304. » « De loin, sur sa porte qui luit, la charmante aube dore toutes les cimes où la nuit vient d’attacher ses perles, et les troupes d’oiseaux, dans la joie du matin, font si bien vibrer leurs voix gazouillantes, que les collines et les vallées répondent et que l’air qui bruit et résonne ne semble plus composé que de sons. […] Il en est ravi, il ne peut s’empêcher de regarder et d’admirer la charmante créature qui vient d’éclore ; il veut la voir encore, en voir de pareilles, et ne songe point à autre chose. […] Qu’il soit romanesque, impossible même, ce tableau n’en est que plus charmant. […] Avant tout, c’est une âme éprise de la beauté sublime et pure, platonicienne par excellence, une de ces âmes exaltées et délicates, les plus charmantes de toutes, qui, nées au sein du naturalisme, y puisent leur séve, mais le dépassent, approchent du mysticisme, et par un effort involontaire montent pour s’épanouir jusqu’aux confins d’un monde plus haut.
Beaucoup de ces feuilletons sont autant de petites œuvres charmantes, faisant un ensemble, se répondant l’un à l’autre par des situations qu’elle imagine, par des correspondances qu’elle se suggère. […] Que lui dire, à cet être charmant et rieur, mais ayant le germe des défauts déjà ?
Voici la traduction chrétienne et moralement rigoureuse de ce trait d’apparence charmante. […] Mais quel charmant et sérieux exemple de la maîtresse de maison, chrétienne rigoureuse et pourtant aimable !
Dans ce démembrement de notre propre légation, j’avais perdu de vue la charmante ambassadrice. […] C’est une odyssée en prose tout à la fois élégante, badine, pittoresque, érudite, charmante, de six mois, à travers la mer homérique.
Victor Hugo, qui a, dit-on, une charmante épouse, des fils de talent, des filles de vertu dans sa famille, voulût accorder leur main aux fils ou aux filles de son héros Jean Valjean, si Jean Valjean, malgré son trésor dont le premier centime était l’argenterie de son évêque ou la pièce de quarante sous du pauvre enfant qui lui avait servi de guide, était de condition égale à la condition d’un honnête homme de génie. […] « Cet étroit enclos, ayant les cieux pour plafond, n’était-ce pas assez pour pouvoir adorer Dieu tour à tour dans ses œuvres les plus charmantes et dans ses œuvres les plus sublimes ?
À son retour en France, l’ambassadeur avait amené Rizzio avec lui, à la cour de François II ; attaché à un des seigneurs français qui avait escorté Marie Stuart en Écosse, la jeune reine l’avait demandé à ce seigneur pour conserver auprès d’elle, dans ce royaume où elle se sentait moins reine qu’exilée, un souvenir vivant des arts, des loisirs et des délices de la France et de l’Italie, pays de son âme ; musicienne elle-même autant que poëte, charmant souvent ses tristesses par la composition des paroles et des airs dans lesquels elle exhalait ses soupirs, la société du musicien piémontais lui était devenue habituelle et chère. […] Il pensa sans doute qu’il ne pourrait résister seul longtemps à l’envie des nobles écossais ligués contre lui, qu’il fallait un roi pour les assujettir à l’obéissance, et que ce roi, d’un extérieur charmant, mais d’un caractère et d’une intelligence subalternes, lui serait à jamais reconnaissant de l’avoir porté au trône et le laisserait régner, à l’abri de l’envie publique, sous son nom.
L’historien que nous citons et qui a visité ses ruines décrit ainsi cette première prison de la reine : « Ce séjour de Lochleven, sur lequel le roman et la poésie ont répandu des lueurs si charmantes, l’histoire plus vraie ne peut le peindre que dans sa nudité et dans ses horreurs. […] Son visage, pénétré d’une béatitude intérieure et comme éclairé du dedans, n’avait jamais brillé d’une beauté si charmante et si pure.
Ce fut alors, entre les déesses, une querelle exquise, pareille à celle d’Obéron et de Titania, dans le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, — « La reine a pour page un aimable enfant, volé à un roi indien, le plus charmant captif qu’elle ait jamais possédé, et le jaloux Obéron voudrait faire de l’enfant un cavalier de sa suite, pour courir avec lui dans les forêts sauvages. […] Toutes les tristesses des deuils précoces, tout ce qu’il y a d’éphémère dans les beautés et les joies terrestres s’exprimait par ce corps charmant, languissamment renversé.
est le fond de ce pays démocratique, les a enjolivées d’un bien charmant détail, inventé en l’honneur du Grand Lama qu’elle adore… et de ses produits. […] même son Lantenac a quelque chose d’exsangue et de métallique dans l’héroïsme qui crierait un peu à la manière des ressorts, si Hugo ne l’avait huilé et ouaté avec ces choses charmantes qu’on appelle la légèreté française : la plaisanterie devant la mort, l’élégance, le ton comme il faut de sa classe !
» — « Non, répondit quelqu’un de la maison, il est dans ce moment occupé, il raccommode sa culotte. » Cet homme charmant et tout à fait homme d’esprit était cardinal, ambassadeur à Rome.
La plus longue pièce du volume est le poëme de Peau-d’Ane, et Peau-d’Ane, dans l’intention du poëte, tout en conservant bien des charmantes naïvetés premières, relevées dans un rhythme svelte et élégant, Peau-d’Ane est devenu un mythe.
Pendant cette singulière maladie qui ravage les races à bout de sang, de soudaines accalmies succèdent aux crises. » La liste est longue, des traitements suivis : hydrothérapie, suppression des alcools, du café et du thé, régime lacté, promenades et exercice, assa fœtida, valériane et quinine, sans compter l’emploi d’une thérapeutique morale où « il essaya des lectures émollientes, tenta, en vue de se réfrigérer le cerveau, des solanées de l’art, lut ces livres si charmants pour les convalescents et les mal à l’aise… les romans de Dickens ».
Les deux volumes où il a consigné ses impressions du Sahara et du Sahel contiennent des tableaux étonnants, dont la couleur intense fait pâlir les finesses charmantes de sa peinture : ces descriptions sont en un sens de la critique, la critique des sujets, si je puis dire ; car on y voit la réflexion de l’artiste analyser à l’aide des mots des sensations pittoresques dont sa main ne saurait rendre la puissance.
Voici une cheville d’une autre espèce : C’est là que nous vivions Pénètre, Mon cœur, dans ce passé charmant Je l’entendais sous ma fenêtre Jouer le matin doucement.
Et c’est la « jeune dame » par-ci, « la belle paresseuse par-là » ; et « la chère rêveuse » avec sa « charmante petite moue », et le mari qui est « le cher tyran », et les apostrophes dans le goût du siècle dernier : « Objet sacré, ne craignez rien !
PONTICUS Oui, laisse dans tes yeux parler ton cœur charmant.
Je n’ai pas dit, de ses poésies, tout ce qu’elles suggéraient dans les détails ; il y en a de charmants, ou qui le seraient si quelque trait à côté n’y faisait tache, ou s’ils n’étaient !
La beauté est une création de l’imagination-humaine : elle est un mensonge charmant, une illusion enchanteresse.
Quoi de plus charmant qu’un sentier ?
Lui, si à l’aise au bord de son charmant petit lac, était gêné, dépaysé en face des pédants.
Louis XIV donnait à Charles II des subsides, il lui donna aussi une maîtresse : l’émigration de Jacques II le rendit à Louis XIV en lui donnant un grand guerrier, Berwick, et, ce qui est plus rare, un charmant écrivain, le chroniqueur léger des élégances.
Cet aigle trouverait charmant ce colibri jaseur.
Charmant dans un cercle de courtisans & de femmes, de sçavans & de beaux esprits, souhaité partout, & ne se livrant qu’à des amis intimes, aimant & rendant aimable la vertu, fait pour le peuple & le grand monde, la ville & la cour, il n’y parut que pour en être l’idole.
L’identité d’inspiration se retrouve jusque dans le choix des personnages de la charmante nouvelle allégorique que Furetière a, suivant le goût du temps, intercalée dans la seconde partie de son roman.
Rareté charmante, du reste, dans un homme qui s’est mêlé d’écrire, — dont le talent n’a pas fait la vie, mais dont la vie, au contraire, a fait le talent !
Rareté charmante, du reste, dans un homme qui pourtant s’est mêlé d’écrire, — dont le talent n’a pas fait la vie, mais dont la vie, au contraire, a fait le talent.
Or, c’est ce tableau, ou plutôt ce livre, que nous demanderons aujourd’hui à deux voyageurs contemporains qui viennent chacun de publier son voyage, tous deux appartenant à cette race d’écrivains préoccupés du pittoresque, qui ne vivent que pour le pittoresque, et qui vont l’un et l’autre justifier, l’un malgré des qualités souvent charmantes, et l’autre par ses défauts très réels et très persistants, ce que nous venons de dire des livres de voyages.
Ainsi, autant que nous en pouvons juger par un extrait affaibli, pour célébrer Apollon, il avait dans un hymne introduit toute une légende inconnue et charmante, où cependant les souvenirs de Delphes gardaient leur place : « Le jeune dieu65, à sa naissance, recevait de Jupiter une lyre, un diadème d’or, et était envoyé sur un char traîné par des cygnes à ce temple de Delphes, nombril de l’univers, disait-on, pour y rendre des oracles.
On a dîné la veille avec l’auteur dans une maison charmante ; on doit déjeuner le lendemain avec lui, chez un ancien ami de collège. […] C’est une intimité, un coin naturel et charmant. […] » tandis que la charmante Louise Contat, lui adressant sans le vouloir l’éloge le plus flatteur, s’écriait : « Voyez donc Talma, qu’il est laid ! […] Ici, l’œuvre était une peinture charmante d’un coin de notre société ; les premiers actes surtout offraient les détails d’une observation très fine et très vraie ; j’aimais moins la fin qui tournait au larmoyant. […] Mademoiselle Legault est une très charmante ingénue, un peu minaudière, dont on a voulu à tort forcer les notes aimables.
… Tout ce passage est charmant. […] Sans cette première impression d’artifice, qui ne se dissipe que peu à peu, je trouverais la piece charmante, comme elle l’est en effet. […] Cela est charmant. […] Caprice charmant, d’une convenance imprévue et parfaite ! […] Ils sont abominables, — et charmants.
On trouve, à ce sujet, dans ses ouvrages une anecdote charmante, et qui semble bien plus digne de l’ancien âge d’or de la Grèce que du siècle de fer de Domitien. […] C’est à ce caractère de composition qu’il faut rapporter le Songe d’une nuit d’été, pièce inégale, mais charmante, où la féerie fournit au poète un merveilleux plaisant et gai. […] Sa pièce intitulée As you like it (Comme il vous plaira) est pleine de vers charmants, de descriptions légères et gracieuses. […] La vie de Pope fut constamment tourmentée par des querelles littéraires ; on s’étonne de trouver parmi ses ennemis la spirituelle lady Montague, qui, pendant qu’elle voyageait en Orient, lui avait écrit des lettres charmantes. […] Parmi les lettres nombreuses de Pope, il en est de charmantes, et qui semblent plus naturelles qu’on ne l’espérerait d’un écrivain si correct et si soigné.
Il trouvait que l’amour, avec les songes charmants qu’il amène, la poésie, le plaisir et le reste, sont de belles choses, conformes aux instincts de l’homme, et partant aux desseins de Dieu. […] Affectueux, plein d’abandon, innocemment moqueur, avec une imagination naturelle et charmante, une fantaisie gracieuse, une finesse exquise, et si malheureux ! […] Pauvre et charmante âme, qui périt comme une fleur frêle d’un pays chaud transplantée dans la neige : la température du monde se trouva trop rude pour elle, et la règle morale, qui eût dû l’abriter, la déchira de ses aiguillons. […] Il n’y a point de sourire virginal aussi charmant que celui de l’aube, ni de joie plus triomphante que celle de la mer lorsque ses flots fourmillent et frissonnent à perte de vue sous la prodigue splendeur du ciel.
« Enfant, tu es un bouton naissant, ma mignonne, tu as une grâce charmante ; si Dieu le veut, tu deviendras grandelette. […] Ses modèles furent le Virgile des Bucoliques, l’Horace des Odes, Catulle, Tibulle, Properce, Anacréon, Théocrite, ces poètes charmants et dangereux ; il les a traduits parfois, parfois il les a suivis de près, mais dans la mesure qui convient à un poète moralisateur, et en ce genre, je ne sais qu’Anselme Mathieu qui lui soit égal. […] — Je pense Aux nids charmants où j’aimai. […] La présentation a lieu sur la fourche maîtresse d’un pommier sauvage où Francis surprend sa future fille en train de croquer des pommes vertes : la scène est charmants, et celle qui la suit ne laisse pas de doutes sur l’avenir de Denise. […] Le pays est charmant, la solitude et le repos délicieux, mais insupportables pour un homme habitué depuis plus de vingt années aux émotions de la vie de Madrid, aux combats de la politique, aux agitations du grand monde.
Beau, charmant et célèbre, il devait être fort recherché. […] C’est un excellent poète de second ordre, d’une grâce et d’une élégance charmantes. […] Il y a néanmoins de beaux moments dans ses poèmes, ses comédies sont charmantes, c’est entendu. […] Leuwen est charmant. […] Charmante jeune fille en fleur, mais avec un cœur d’artichaut, si j’ose m’exprimer ainsi.
Vous devriez bien me procurer quelques-unes de ces badineries charmantes de M. de Forcalquier que nous voyions quelquefois à Paris, et qui sortaient de son esprit comme un éclair. » Le comte de Forcalquier était auteur ; il avait écrit un drame historique en prose, Charles VII à l’imitation du François II du président Hénault, et ces « badineries charmantes » dont parle Montesquieu étaient des comédies de société, la partie la plus légère et la meilleure de son bagage littéraire. […] Le père en sons charmants enfle son doux gosier. […] Un morceau charmant sur le pigeon voyageur : L’oiseau. […] Guizot aime à citer les sources, les anciennes chroniques ; c’est une des grâces principales de sa belle et charmante histoire. […] De la superstition, il en surabondait, cela va sans dire ; mais quand notre siècle sans foi vient sèchement railler cette religieuse époque de ses crédulités charmantes, il me semble entendre un vieil avare dans sa triste masure débiter de froids sermons sur le luxe.
Mais elle est charmante en elle-même, elle est printanière, c’est la musique d’un homme bien portant. […] On fait moins de tort au vieux Dumas en donnant son deuxième et son quatrième actes pour de franches digressions, — qui peuvent être charmantes, et qui, je l’avoue, ont paru telles à la foule. […] Il fut charmant, lui, très doux et très clairvoyant à la fois, et il me donna les meilleurs conseils. […] Eh bien, mais Bassecourt est charmant. […] Car Barbe-Bleue est bien de cette époque néfaste et charmante où l’on prenait la vie si gaiement et avec une philosophie si dégagée.
Comment ne se contente-t-on pas d’un si charmant métier quand on le comprend si bien ? […] Jamais si charmante comédie ne fut taillée dans si peu d’étoffe. […] Elle en avait la conscience, et défiait parfois le lecteur avec une audace charmante. […] Les générations se succèdent sans interrègne sur ce trône charmant : la jeunesse est morte, c’est-à-dire elle est vieille, c’est-à-dire elle est nous ; vive la jeunesse ! […] Ceux-ci sont les habiles, les vrais convertisseurs dont le lecteur subit l’empire sans défiance, et qui réforment en charmant.
Quant à sa fille, la charmante Ophelia, son caractère consiste à n’en pas avoir, ce qu’on n’a pas assez remarqué. […] Le doux Wilhelm ne compte-t-il pas deux victimes dans sa vie d’apprentissage, la charmante et passionnée Marianne, la sensible et poétique Mignon ? […] Puisqu’ils ont même sagesse, ils doivent avoir eu même cœur, et tous nos lecteurs savent certainement combien celui de Wilhelm est charmant, sensible et affectueux. […] Ses premières visites, par exemple, sont charmantes, pleines de douces rêveries, de tendres entretiens, d’affectueuses larmes. […] Ses fils sont de braves garçons, et ses filles sont charmantes ; mais les enfants, dépouillés du caractère de leur père, lui sont fort inférieurs.
Challes a fait de charmants portraits de jeune fille : « Sylvie n’avait au plus que dix-neuf ans ; elle était d’une taille un peu au-dessus de la moyenne, mais faite à charmer, si menue que je la prenais facilement entre mes mains toute vêtue en corps. […] En plein midi joyeuse, une fleur au corset, illumination du jour, elle passait ; elle allait, la charmante, et riait, la superbe. […] J’ai le reflet charmant des yeux dont tu m’accueilles […] * * * L’abbé Monselet est un de nos plus charmants écrivains, et de nos plus malins, il s’est mis dans la Gazette de Paris, afin de s’entourer de repoussoirs. […] Ce sont des bourreaux charmants. — Il a une tâche auguste. — C’est le sublime forçat du bagne d’innocence.
Michel Teissier est marié ; il a la meilleure des femmes et deux filles qui sont charmantes. […] C’est en vain que nous nous révoltons, que nous parlons de justice et de charité, et que nous tissons nos rêves immatériels et charmants. […] C’est pourquoi il a beau affecter dans ses propos de mépriser la femme et de ne voir en elle que le petit animal charmant et inconsistant, — au fait, cela est-il si injuste ? […] Il y a des choses charmantes, il y en a de délicieuses et de pénétrantes qui ne veulent rien dire. […] C’est une erreur charmante.
Mais au sentiment religieux qui le soutient et le guide dans sa pénible carrière le paysan russe joint un tour d’esprit gracieux et poétique ; les pages charmantes intitulées la Prairie semblent avoir pour objet principal de mettre en évidence cette disposition naturelle. […] Ce sera charmant ; je prendrai un cuisinier, nous souperons ensemble et vous coucherez à Chipilofka. […] … une quinzaine d’années, nous remarquâmes, ma femme et moi, la fille du starosta ; c’était une charmante enfant ; elle avait même un je ne sais quoi, vous me comprenez, quelque chose de très-prévenant dans les manières.
Seuls, des adolescents et des parias sont capables de posséder les dons charmants du néophyte. […] Elle a doté son génie d’une fraîche et robuste suavité, et cependant, préparé de cette façon, il fût resté, sans nul doute, le délicieux poète d’églogues qu’il s’était révélé, tout d’abord, dans ses charmants Contes à Ninon. […] La fructification des chairs nous paraîtra auguste, sacrée, très charmante.
Vendredi 1er mars Une attention charmante de Mme Rodenbach. […] De retour, presque aussitôt un dîner de quarante-huit couverts, disposé d’une manière charmante, dans deux pièces, où deux grandes tables, fleuries de fleurs d’amandiers, forment un T, et où la table des vieux, a pour tête la table des jeunes, au milieu de laquelle apparaît la mariée, toute jolie avec son clair visage et son rire sonore, — tout le dîner, égayé, animé, fouetté, par des violons tsiganes faisant rage, et dont les chabraques rouges promènent leurs musiques nerveuses derrière le dos des convives. […] Vendredi 30 août Déjeuner chez les Brisson, l’aimable et charmante fille de Sarcey, ayant témoigné le désir de m’avoir avec les Daudet : déjeuner, toutefois, où je me rends avec une certaine crainte de rencontrer Sarcey, après les choses désagréables, que nous nous sommes dites réciproquement.
Une fois passé à l’état de mystère, le père de la Chouette, de Tortillard et de la Goualeuse, et de tant d’autres charmantes créations, se serait vu entouré d’une prestigieuse auréole, dont les plus entêtés critiques n’auraient osé nier l’éclat… Malheureusement, les hommes entourés de la faveur publique ne consentent jamais à se tirer un coup de pistolet, même par-dessus la tête. […] …………………………………………………………………………………… « Sérieusement, il faut que l’improvisation se montre bien rétive ou bien épuisée pour qu’un romancier ait recours à de pareils expédients ; que George Sand y prenne garde, on rencontre encore dans ses productions quelques détails charmants, quelques scènes vivement senties ; mais sa pensée a perdu la vieille et noble habitude de la clarté et de la distinction. […] Elle est charmante.
Quelles âmes jeunes et charmantes ! […] « Pourtant, charmante fleur, ne dédaignez pas cet âge que vous allez connaître si tôt ; le matin rose laisse sa lumière se perdre dans l’éclat plus riche du midi623. » Tous ses vers coulent avec une harmonie, une limpidité, une aisance continues, sans que jamais sa voix s’élève, ou détonne, ou éclate, ou manque au juste accent, sinon par l’affectation mondaine qui altère uniformément tous les tons pour les assouplir. […] Toutes ces charmantes personnes arrivent très-vite au langage des laveuses de vaisselle. […] Dans ce bel état il rencontre chez le duc de Devonshire une jeune fille charmante, dont il s’éprend. […] Rien de plus charmant que ces effusions ; elles mettent d’abord les hommes sur un pied de paix, d’amitié ; ils quittent tout de suite leur attitude défensive et précautionnée ; ils voient qu’on se livre à eux, et, par contre-coup, ils se livrent ; l’épanchement a provoqué l’épanchement.
Ils sont, la plupart, d’une confusion charmante. […] Mais Peau-d’Âne en un milieu moderne, sans les robes couleur de soleil et de lune, sans le prince Charmant, sans les fées, Peau-d’Âne en manches à gigot et en jupe directoire, traversant le boulevard au bras d’un ingénieur des mines, vous n’y pensez pas ! […] Adieu, âme charmante et ailée, âme des vieux bardes Gwichlan et Taliésin, qui fûtes l’âme des derniers de nous, du meunier de la Léta qui tille son lin en chantant, et du piqueur de pierres trégorrois qui rythme ses coups de marteau sur l’air de l’Annini-goz ! […] Mlle de Scudéry était dans l’intimité une âme charmante, très douce aux siens, et d’une sûreté de commerce incomparable. […] Il en eut la beauté, que des aèdes chantèrent84 ; il en a hérité la grâce, et aussi la légèreté, le rien, ce don charmant de discourir d’abondance en mots fleuris et doux.
Le caractère de Francaleu est d’un comique charmant, & les autres personnages de la piéce ne sont pas moins agréables à voir sur la scène. […] Je leur récitai la fable ; ils la trouverent charmante ; ils s’extasioient.
— Le jour même de sa réception, nous avions relu Namouna, Rolla et les Secrètes pensées de Rafaël, gentilhomme français ; nous avions relu ces vers charmants qui s’adressent aux Porte-clefs éternels du mont inaccessible, Guindés, guédés, bridés, confortables pédants, Pharmaciens de bon goût, distillateurs sublimes, Seuls vraiment immortels et seuls autorisés ! […] -elle doit la prendre corps à corps, lui arracher un à un les vêtements de convention dont on l’entoure malgré elle, et la montrer aux hommes étonnés telle qu’elle est, jeune, charmante, souriante, indulgente et radieuse.
Il est surtout un passage de son récit qui m’a paru charmant au milieu de sa recherche, et bien touchant d’invocation à travers sa grâce un peu affectée ; je vais le traduire aussi fidèlement que possible : on y verra un contraste parfait avec la manière et le ton de Villehardouin ; ce sont les deux civilisations et les deux littératures en présence.
Il s’était fait à Saverne une des plus charmantes résidences du monde ; il y tenait une cour véritable, et il voulut que Ramond en fût.
Au milieu de la grandeur, la gaieté de la Cour, la légèreté même survivent et se perpétuent, grâce surtout à ces charmantes filles du roi, la princesse de Conti et Mme la duchesse.
Que de bons et charmants feuilletons dans la bouche d’anciens ministres, et qui n’ont jamais été écrits !
Enfin, Mme Arnould Plessy, de la Comédie française, a lu avec une grâce charmante Les Chercheurs d’or, de M.
L’amour supplée aux longs souvenirs par une sorte de magie. » Mais il ne nous indique aucun de ces détails qui lui ont paru si charmants, ou il ne les indique que d’une façon très générale ; il aime mieux s’écrier : « L’amour n’est qu’un point lumineux, et néanmoins il semble s’emparer du temps, etc. » — Un jour il écrit à Ellénore, pour lui donner idée de ce qu’il souffre pendant les heures qu’il vit séparé d’elle : « … J’erre au hasard courbé sous le fardeau d’une existence que je ne sais comment supporter.
En lisant cette belle histoire qui sans doute a ses défauts, ses redites et ses longueurs, mais où rien n’est oublié ; où toutes les sources contemporaines se sont versées dans un plein et vaste courant ; où se déploie, sous air de facilité, une si grande puissance de travail ; où tout est naturel, — naturellement pensé —, naturellement dit ; si magnifique partout de clarté et d’étendue, et qui offre dans le détail des touches de la plus heureuse finesse ; où le style même, auquel ni l’historien ni le lecteur ne songent, a par endroits des veines rapides et comme des venues d’autant plus charmantes ; — en achevant de lire cette histoire, à laquelle il ne manque plus qu’un ou deux volumes de complément et de surcroît, je dirai encore ce que diront à distance tous ceux qui la liront : c’est que, quelque regret qu’ait droit d’avoir l’historien dans l’ordre de ses convictions politiques, la postérité trouvera qu’il n’eût pu employer les années fécondes de son entière maturité à rien de mieux qu’à édifier un tel monument.
N’est-ce pas là un récit charmant, qui donne juste le ton et qui en dit plus que toutes les réflexions ne pourraient faire ?
Tout cela est charmant et d’une tristesse adoucie ; mais tout à côté ce sont des accents étouffés de douleur et presque de désespoir.
Mais que de qualités charmantes et pures en lui !
M. de Sémonville, que nous avons connu de tout temps si actif, si empressé à se mêler du jeu des événements publics et de leurs chances, avait enlacé Joubert par le plus sûr des liens ; une jeune personne charmante, sa belle-fille32, avait fait impression sur le cœur du général, et allait devenir sa femme.
Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse.
Ses croquis parlementaires sont charmants.
D’où nous vient-il pourtant ce fonds commun de contes merveilleux, d’ogres, de géants, de Belles au bois dormant, de Petits-Poucets aux bottes de sept lieues, tous ces récits d’un attrait si vif et d’une terreur charmante aux approches du sommeil, qui se répètent et se balbutient avec tant de variantes, des confins de l’Asie aux extrémités du Nord et du Midi de l’Europe ?
Royer-Collard qui les avait connues, et qui parlait d’elles dans leur première jeunesse comme de quelque chose de charmant et de mélodieux, comme d’un nid de rossignols.
» Il est difficile d’intéresser la postérité à des plaisirs passés, qui ont pu paraître charmants à leur minute ; mais elle-même aurait tort aussi de trop chicaner des gens qui ont pris où ils l’ont voulu un divertissement à leur usage.
À la fin du xie siècle se forma l’art des troubadours70 : art subtil et savant, plus charmant que fort, plus personnel et plus passionné au début, plus large aussi et embrassant dans la variété de ses genres la diversité des objets de l’activité et des passions humaines, puis de plus en plus restreint au culte de la femme, à l’expression de l’amour, et dans l’amour de plus en plus affranchi des particularités du tempérament individuel, soustrait aux violences de la passion, aux inégalités du cœur, de plus en plus soumis à l’intelligence fine et raisonneuse, et encadrant dans des rythmes toujours divers des lieux communs toujours les mêmes.
Je ne puis me tenir de détacher de la conclusion ces lignes où l’émotion de l’érudit, tout en se contenant, teint son style d’une couleur charmante : … Certes nous avons eu, depuis la Renaissance, une littérature plus belle, plus variée, plus riche pour le cœur et pour l’esprit que la poésie rude et simple de Roland ; et, quand nous revenons écouter ce langage naïf en sortant des harmonies savantes de nos grandes œuvres littéraires, il nous semble entendre le bégayement de l’enfance.
Le charme est bien secondaire que donne l’incontestable maîtrise, l’audace heureuse, l’instrument parfait et charmant de l’écrivain.
Puis humble, n’osant plus parler, elle attend l’heure Où le héros charmant va fuir, silencieux, Et dans ses longs cheveux répandus elle pleure.
Au mois de mai dernier a disparu une figure unique entre les femmes qui ont régné par leur beauté et par leur grâce ; un salon s’est fermé, qui avait réuni longtemps, sous une influence charmante, les personnages les plus illustres et les plus divers, où les plus obscurs même, un jour ou l’autre, avaient eu chance de passer.
Ajoutez un teint éblouissant de fraîcheur, des bras, des mains admirables, un charmant sourire, une parole appropriée, et qui s’inspirait moins de l’esprit que de l’âme, du désir d’être bonne et de plaire.
Que d’habiles et charmants artistes du vers français à peine soupçonnés des lettrés !
Le capitaine d’Arpentigny, l’auteur d’un livre charmant sur la physionomie de la Main, et dans son temps, la plus élégante cravache des Gardes du Corps, oublia qu’il en avait une, ce jour-là, et couvrit du mépris le plus miséricordieux et le plus gai cette Furie… C’est à travers ces attitudes — légendaires déjà — qu’on verra toujours Mme Colet, quand on s’avisera de la regarder.
Le poëte romain n’avait rien gardé du contraste charmant et tout lyrique qui formait en partie l’exposition du drame d’Euripide, rien de ce chœur de jeunes Chalcidiennes venues au camp des Grecs pour attendre la souveraine de Mycènes, et accueillir de leurs saluts et de leurs chants le char où paraît Iphigénie près de sa mère, qui tient sur ses genoux le petit Oreste endormi.
C’est assez d’avoir pu rallier à ce nom, par un art délicat et charmant, les images de la poésie grecque et jusqu’au souvenir de l’antique vertu romaine.
Je lisais le premier ouvrage de Tourgueneff : les Chasseurs russes, et je faisais durer autant que possible le plaisir, en posant souvent le volume sur mes genoux et en m’enivrant des mœurs naïves et des charmantes images dont chacune de ces nouvelles était un recueil délicieux. […] Dans sa pensée, il la contemplait avec son charmant sourire, avec son beau et franc regard. […] D’abord je ne m’éloigne que pour peu de temps, et je pars avec une société charmante et de la façon la plus agréable ; en second lieu, je suis convaincu qu’après avoir cédé à cette dernière fantaisie, après avoir satisfait à ce désir de voir de nouvelles contrées et de nouveaux peuples, j’en reviendrai à la vie la plus calme et la plus casanière. […] — Mais vraiment, reprit la baruinia, c’est une charmante bête… Dites qu’on me l’apporte.
Les défilés, les chants, les intermèdes de toute sorte devaient mettre en valeur le trésor de scènes charmantes, vivantes, savoureuses qui nous ravissent encore aujourd’hui. […] Et il ne reste plus sur la scène qu’un charmant causeur, rompu du reste à la gymnastique savante du Théâtre de la Foire, habile comme pas un aux cabrioles, aux virevoltes du tréteau, et c’est par quoi il tient encore par un fil à l’art dramatique. […] Je mets à part bien entendu les aimables divertissements parisiens qui font florès au Théâtre des Variétés et ne s’accordent aucune importance : la mousse de champagne de Flers et Caillavet, fils de Meilhac et Halévy, et l’ironie souvent charmante de Capus, de Donnay, ceux-ci plus près de la vérité dramatique que le faux psychologue Porto-Riche surnommé le Racine juif ; ils sauvent les notions de plaisir, d’élégance, et même de sensibilité poétique : lisez Amants. […] Je citerai Henri Brochet, auteur de charmantes moralités.
Mais quelle douce et charmante vision du monde il se fait ainsi ! […] Ils seraient charmants ! […] Et voici enfin l’héroïne du roman, la charmante, l’adorable Henriette. […] Ce n’est point un mince mérite au délicat et charmant causeur de l’avoir esquissé. […] En vérité, de cette dernière il en fut quand même, puisque en une séance solennelle, par une dérogation généreuse et charmante aux usages, M.
Charmante Emma, jeune et constante amie ! […] Le même homme qui a tracé ce tableau, a écrit la scène charmante des adieux de Roméo et de Juliette. […] L’idée primitive du Minstrel est charmante, et la plupart des détails en sont très agréables. […] Sur l’autre rive, on voyait des plaines charmantes. […] Il a fait un usage charmant de la fable dans ses lettres sur le sentiment de la pitié, et l’on sait que Pygmalion adora sa statue.
car, il faut bien l’avouer, miss Blanche n’a pas dédaigné d’écrire une charmante pièce de vers sur la petite servante arrachée au foyer paternel, « triste exilée sur la terre étrangère. » Hélas ! […] Il avait essayé trois fois de me faire assassiner dans le cours de la négociation ; mais naturellement nous étions amis en public, et nous échangions des saluts de la façon la plus cordiale et la plus charmante. […] En ce moment il courtise une charmante personne, mistress Rebecca Crawley, qu’il aime pour son hypocrisie, son sang-froid et son insensibilité sans égale.
dit le charmant duc à Violab. […] À peine mariées, le peu qu’elles ont appris, et qui, tantôt, leur fait horreur, tantôt les contente, tue en elles cette charmante générosité. […] » Il disait : — Les jeunes gens sont ridicules parce qu’ils prennent tout au sérieux, mais ils sont charmants quand ils sont ridicules !
Bédier s’est appliquée à discerner ; tout cela est charmant ; pourtant je préfère, avec Alceste, Si le Roi m’avait donné… À part quelques exceptions, cette poésie a surtout une valeur relative, comme indice d’une mode et comme document de l’esprit aristocratique ; mais à ce point de vue encore le roman chevaleresque est plus complet, plus précis. […] Évidemment Daudet cherche encore sa voie et s’est d’abord trompé ; seule L’Arlésienne demeure au répertoire, grâce à la musique de Bizet. — Le lyrisme et le romanesque fantaisiste seront longtemps encore chez Daudet des défauts, défauts charmants dès qu’ils ne compromettent plus l’harmonie de l’ensemble ; dans une période nouvelle nous assistons à l’évolution décisive et triomphale du talent épique ; ce sont les Lettres à un absent (1870-1871), Tartarin de Tarascon (1872), les Contes du lundi (1873), Fromont jeune et Risler aîné (1874), Jack (1876), Le Nabab (1877), Les Rois en exil (1879), Numa Roumestan (1881), L’Évangéliste (1883), Sapho (1884), Tartarin sur les Alpes (1885), L’Immortel (1888), Port-Tarascon (1890). […] Mais je laisse de côté le théâtre purement comique, bien que la satire y soit très intéressante (Le Roi, Le Bois sacré), et que d’autre part Tristan Bernard y mette une note charmante de sentimentalité (Le Danseur inconnu).
Il y a un charmant récit d’une visite que lui rend, au camp du Fondouck, un cheik d’une tribu, qui ne veut boire du vin que goutte à goutte, et qu’il grise guttatim en déjeunant. […] Cette nomination de général de division qui lui arrive en même temps que la nouvelle que son fils a passé un bon examen pour Saint-Cyr, lui tire de la plume et du cœur cette lettre charmante et qui décèle en Saint-Arnaud des qualités, des jets de source qu’on ne peut s’empêcher d’aimer : Cher enfant, tu es admissible, et moi je suis général de division.
Il me dit en entrant : « Vous avez hier récité des vers ; eh bien, j’en fais et je viens vous les lire. » Il m’en récita de charmants, un peu dans le goût d’André Chénier. […] On lui demanda désormais des vers à lui-même, et c’est alors que nous lui vîmes faire ses charmantes pièces de l’Andalouse et du Départ pour la chasse (le Lever).
C’est déjà la manière littéraire d’Antigone ; aux divagations perpétuelles du livre du Sentiment a succédé une mesure grave, sobre, solennelle à la fois et charmante de mélodie, un écho retrouvé du mode virgilien. […] Ballanche, la Parthénéide de Baggesen, publiée en français vers ce même temps6, n’a d’autre sujet et d’autre action qu’un pèlerinage à la Iung Frau entrepris par un jeune Suisse Norfrank, et par trois jeunes filles à lui confiées, trois charmantes sœurs auxquelles il sert de guide et dont il aime la dernière.
Je m’étais assis à côté d’elle au bord du ruisseau, loin d’Élise et de ma sœur ; nous les accompagnâmes le soir jusqu’au moulin à vent, où je m’assis encore à côté d’elle pour observer, nous quatre, le coucher du soleil qui dorait ses habits d’une lumière charmante. […] J’ai remonté la Ressouse dans les prés, et, en continuant toujours d’en côtoyer le bord, je suis arrivé à vingt pas d’un bois charmant, que je voyais dans le lointain à une demi-lieue de la ville et que j’avais bien envie de parcourir.
Or l’innocence du génie c’est sa modestie. » Ce mot charmant la peignait elle-même, car elle avait de l’enfance sur ses joues et de la maturité dans l’esprit. […] La physionomie charmante de la maîtresse de la maison était fatiguée et attristée sous un sourire forcé ; toute son amitié souffrait en elle.
Depuis vingt années ces rives désertes et charmantes ont changé de face. […] Au lieu d’abandonner son produit, comme ceux de sa famille ont coutume de le faire, ce charmant petit poisson veille dessus avec toute la sollicitude d’un oiseau qui couve ; il se tient immobile au-dessus du nid, observant ce qui se passe aux environs.
Et tant d’autres charmants passages. […] C’est charmant, pas bien réel ; les vraies couleurs, les vraies nuances ont des dégradations infinies que le pinceau de Coppée, quoique délicat et menu, ne semble pas bien fait pour rendre ; mais, par contre, ce pinceau est léger autant qu’habile, et fin comme l’esprit même du poète244.
Mais alors, si vous êtes si charmants les uns pour les autres, laissez donc vos pointes d’épée que vous cachez sous des roses.
La Bruyère, dans son discours de réception à l’Académie, parlant de Fénelon, qui était le dernier académicien reçu et qui, trois mois avant lui, avait fait un charmant discours, disait : … Après ce que vous avez entendu, comment osé-je parler, comment daignez-vous m’entendre ?
Les éditeurs se sont beaucoup servis, et avec raison, du charmant Éloge de Dangeau par Fontenelle ; car Dangeau, qui était de la Cour et de tant de choses, y compris l’Académie française, était aussi membre honoraire de l’Académie des sciences.
On connaît la charmante pièce de Claudien, Le Vieillard de Vérone : « Felix qui patriis aevum transegit in agris… » Trois poètes l’ont imitée : Mellin de Saint-Gelais, Ronsard et Racan.
Préface dont une moitié est charmante, et qui ressemble à une conversation vive, abondante, inattendue ; allant tout droit devant elle, et comme en a matin et soir cet esprit si fertile et si en train à toute heure.
Huit mois avant de mourir, il avait épousé une jeune personne indienne, élevée à Calcutta, et venue à Paris depuis peu d’années : « C’est en effet, dit Mlle de Guérin, une ravissante créature en beauté, en qualités et vertu, Ève charmante, venue d’Orient pour un paradis de quelques jours. » Le mariage se célébra à l’Abbaye-aux-Bois.
Le charmant portrait que Voltaire a tracé du héros de Denain dans Le Siècle de Louis XIV est bien plus celui qui nous semble juste, sauf l’indispensable teinte de flatterie, laquelle encore est si transparente qu'elle laisse bien apercevoir les défauts.
Le noble vieillard était flatté de se voir si compris et si adoré par une femme d’esprit et de vertu, qui avait encore des restes de beauté, et dont le mari, ne l’oublions point (car Buffon était sensible à ces choses), tenait une si grande place dans l’État : « Mon âme, lui écrivait-il galamment, prend des forces par la lecture de vos lettres sublimes, charmantes, et toutes les fois que je me rappelle votre image, mon adorable amie, le noir sombre se change en un bel incarnat. » Il a le cœur en presse, dit-il, la veille du jour où il doit l’aller voir ; mais s’il l’attend chez lui, elle, en visite, à Montbard, que sera-ce ?
Il avait vingt-quatre ans, d’aimables dehors, de la naissance ; il parlait l’anglais avec facilité et aimait même à l’écrire : « Car cette langue, disait-il, se prête à tout, au lieu qu’en français il faut toujours rejeter dix pensées avant d’en rencontrer une qu’on puisse bien habiller. » Il y contracta tout d’abord d’étroites amitiés, y vit le grand monde, fut présenté à la cour, et, ce qui nous intéresse davantage, fut admis, à Cambridge, dans l’intimité du charmant poète Gray. « Jamais, disait-il, je n’ai vu personne qui donnât autant que Gray l’idée d’un gentleman accompli. » Nous avons un récit de ces mois de séjour à Cambridge, par Bonstetten, qui s’est plu à mettre en contraste le caractère mélancolique de Gray avec la sérénité d’âme de son autre ami, le poète allemand Matthisson, qu’il posséda plus tard chez lui comme hôte en son château de Nyon, dans le temps qu’il y était bailli.
Il se répand affectueusement quand il écrit aux siens dont il est séparé, à sa fille qui a grandi dans l’absence et qu’il ne connaît pas : on sait en quels termes imprévus de forte et charmante tendresse.
Le charmant Hamilton, Grimm et Galiani, sont les principaux noms qui se présentent d’abord quand on cherche des exemples de ces parfaits naturalisés.
Guizot, a besoin d’y regarder à deux fois. » Un mot charmant de Louis-Philippe est celui qu’il dit à la reine Victoria au château d’Eu, dans le jardin potager ; il avait offert à la reine une pêche, elle ne savait comment la peler.
Il a dans ce dernier genre de très jolis morceaux que je me reprocherais de ne pas indiquer, sur l’Enfer, sur l’autre vie ; un charmant et bel article sur Spinosa.
Le comte d’Orsay était un libertin, un dissipateur, mais un charmant et galant homme.
Royer-Collard répliqua : « N’ayez pas peur, vous vous défendez contre tout le monde. » Le mot est charmant, et, de plus, il est juste et a tout son poids dans la bouche d’un homme qui ne faisait guère de compliments.
C’est lui qui, accosté, au milieu d’un groupe d’amis, par un philosophe soi-disant stoïcien ou cynique qui lui demandait arrogamment, au nom de sa barbe et de son manteau, de lui donner de quoi acheter du pain, répondait : « Qu’il soit ce qu’il veut, donnons-lui pourtant quelque chose, si ce n’est comme à un homme, du moins comme étant homme nous-mêmes… tanquam homines, non tanquam homini. » C’est là une charmante application encore du sentiment et du mot de Térence.
C’est la situation de plus d’une fille d’Ève, carthaginoise ou non ; c’était un peu celle de Mme Bovary au début, les jours où elle s’ennuyait trop et où elle s’en allait solitaire à la hêtrée de Banneville : « Il lui arrivait parfois des rafales de vent, des brises de la mer qui, roulant d’un bond sur tout le plateau du pays de Caux, apportaient jusqu’au loin dans les champs une fraîcheur salée… » On se rappelle ce charmant passage.
Viollet-Le-Duc se sépare des architectes classiques proprement dits, à le suivre dans les fines et savantes explications qu’il a données de l’architecture française des XIIe et XIIIe siècles, sa grande et principale étude, son vrai domaine royal, si je puis ainsi parler, et à y reconnaître avec lui, sous des formes si différentes à l’œil, et si grandioses à leur tour ou si charmantes, quelque chose de ces mêmes principes et de ce libre génie dont l’art s’est inspiré et s’inspira toujours aux époques d’invention heureuse et de florissante originalité ; tellement qu’à ne voir que l’esprit, il y a plus de rapport véritable entre les grands artistes de la Grèce et nos vieux maîtres laïques bâtisseurs de cathédrales, qu’entre ces mêmes Phidias ou Ictinus d’immortelle mémoire et les disciples savants, réguliers, formalistes, qui croient les continuer aujourd’hui.
On remarquera pourtant dans son poëme En Médoc une veine poétique amoureuse assez délicate, un talent de description harmonieux et nuancé ; voulez-vous, par exemple, une charmante aurore ?
Camille Rousset vient de nous donner l’histoire, jeune homme charmant et sage, sur qui reposaient toutes les espérances du maréchal et tout l’avenir de cette race des Fouquet, ainsi restaurée et ressuscitée du fond de l’abîme.
Dirai-je que Racine ne leur ressembla jamais dans sa retraite ; qu’il ne vit plus rien de ce qu’il avait quitté ; qu’il n’eut point, à ses heures de rêverie, des apparitions charmantes qui remuaient, comme autrefois, son cœur ?
Le fantastique en effet n’est autre chose qu’une folle réminiscence, une charmante étourderie, un caprice étincelant, quelquefois un effroyable éclair sur un front serein ; c’est un jeu à la surface dont l’invisible ressort gît au plus profond de l’âme de la Muse.
C’était pour moi, dans son enfance, quelque chose de doux et de charmant d’écouter sa petite parole trébuchant contre ces deux consonnes, et ses colères contre sa nou-ice.
Il est dans leur caractère d’aimer à réunir, dans les objets même d’une plus haute importance, la gravité des formes à la légèreté des sentiments ; et l’Arioste est le plus charmant modèle de ce genre national.
II Je feuillette ses chroniques : elles sont gaies, charmantes, ingénieuses, éloquentes.
Il faudrait prendre le mot « charmant », le nettoyer de sa banalité et comme le frapper à neuf ; puis, ainsi rajeuni, le mettre pour tout commentaire au bout de ces Contes, Essayons pourtant quelques remarques.
Stéphane Mallarmé et sur Jules Laforgue datent d’une dizaine d’années et ne bénéficient pas du recul avec lequel nous pouvons voir aujourd’hui ces charmants écrivains ; cependant ils sont pour le détail à peu près définitifs.
les cordiales et charmantes soirées où s’entrecroisaient tant d’opinions variées !
C’était un rabbi de plus (il est vrai, le plus charmant de tous), et autour de lui quelques jeunes gens avides de l’entendre et cherchant l’inconnu.
Ce charmant récit de trois ou quatre pages, très fin, très gai, qui exagère la réalité, qui ne va pas tout à fait jusqu’à la caricature, qui a de l’ivresse et du montant, qui semble écrit après déjeuner, est peut-être le premier échantillon, dans notre littérature, de ce genre un peu chargé, mais d’une charge légère, où Janin s’est tant joué depuis.
Chez lui comme chez Aristophane, bien que plus rarement, on distinguerait des parties pures, charmantes, lucides et véritablement poétiques.
Non loin de lui, et avec le regret d’être séparé d’un ami si cher, Horace présiderait à son tour (autant qu’un poète et qu’un sage si fin peut présider) le groupe des poètes de la vie civile et de ceux qui ont su causer quoiqu’ils aient chanté, — Pope, Despréaux, l’un devenu moins irritable, l’autre moins grondeur : Montaigne, ce vrai poète, en serait, et il achèverait d’ôter à ce coin charmant tout air d’école littéraire.
En récompense, voici un charmant et naïf tableau d’une autre disgrâce un peu antérieure, de celle du comte d’Argenson, ancien ministre de la Guerre sous Louis XV, et renvoyé en 1757 pour avoir pris parti contre Mme de Pompadour au moment de l’assassinat de Damiens ; la page qu’on va lire de Marmontel est un renseignement précieux pour la peinture de la maladie morale que nous étudions : Dans l’un de ces heureux voyages que je faisais à Saumur, dit-il en ses Mémoires, je profitai du voisinage de la terre des Ormes pour y aller voir le comte d’Argenson, l’ancien ministre de la Guerre, que le roi y avait exilé.
Gaston Dubedat, esprit éclairé et généreux, qui mit au service de mes idées personnelles ce charmant et sévère périodique.
Si tu ne t’adresses jamais qu’à un polisson de dix-huit ans, tu as raison, mon ami, continue à faire des culs et des tétons ; mais pour les honnêtes gens et moi, on aura beau t’exposer à la grande lumière du Salon, nous t’y laisserons pour aller chercher dans un coin obscur ce Russe charmant de le Prince, et cette jeune, honnête, décente, innocente marraine qui est debout à ses côtés.
Cela n’est absolument que poché, mais charmant, expressif, plein de vie et d’esprit ; cependant couvrez l’instrument, et vous jugerez que c’est un fumeur.
Tous les petits talents, tous les petits caractères, les petits arts ; les petites femmes, peuvent très bien n’être pas sincères et être charmants, de ce charme que la dépravation des hommes adore et qu’on nomme la félinité.
Les épisodes du chant suivant portent l’empreinte d’une douce mélancolie qui, charmant et reposant le lecteur, signalent aussi bien la vive sensibilité du poète que son rare talent à les conformer au sujet, aux personnages et aux époques célébrés par son génie. […] Cette charmante histoire, moins belle par l’exécution que l’épisode de Virgile, l’emporte par la beauté de la composition, en offrant le double spectacle d’une fidélité pieuse et d’une amitié fraternelle. […] Méditons ces épisodes charmants : le Tasse, mieux que personne, a su faire contraster les images de la faiblesse avec les plus énergiques figures. […] Quel repos charmant dans ces vers du beau poème de Psyché, comparable aux plus beaux morceaux de Virgile et aux fragments exquis de Catulle. […] Le modèle original présente Orphée déplorant la mort d’Eurydice : « Son époux s’enfonça dans un désert sauvage ; « Là, seul, touchant sa lyre, et charmant son veuvage, « Tendre épouse !
Mais cette tendance que nous avons à trouver charmantes lus images de rêverie, bien que fondée sur une illusion, est pourtant à retenir. […] Les spectacles qui lorsque nous les avons réellement perçus nous ont paru seulement agréables, deviennent charmants lorsque nous nous en donnons la vision mentale. […] Nos rêveries font les fleurs plus charmantes, le ciel plus profond, les couchants plus diaprés, les voix de la nature plus émouvantes. […] Un objet perçu dans sa réalité, si charmant, si admirable qu’il puisse être, ne donne jamais une impression de poésie. […] Il faut que nous puissions trouver en eux quelque chose de charmant, de délicat, de touchant, de noble, d’élevé, en un mot que nous puissions leur appliquer quelque qualificatif d’ordre esthétique.
Créations charmantes et douloureuses de la poésie familière, vous avez une place dans mon imagination fraternelle au-dessous de la simple et sainte Eugénie Grandet. […] La versification de l’Illusion est toute vive, toute cavalière, toute charmante. […] Hermangarde plaît, mais Vellini fascine ; Hermangarde est charmante, mais Vellini est charmeresse. […] Rien n’est doux, frais et reposé comme les premiers mois de cette villégiature amoureuse où Marigny semble avoir vaincu le Passé ; rien n’est plus auguste et plus charmant à la fois que les chevauchées des deux époux à travers cette campagne marine, que M. […] Nulle part on ne retrouve le Sacy, tout à la fois charmant et sévère, du journal des Débats, qui, naguère encore, écrivait si parfaitement sur ses chers livres de la grande époque, et dont le style un peu faible, un peu pâle, trop dépouillé peut-être, avait pourtant un bouquet si fin et bien particulier.
Ses vers évoquent tour à tour, avec une intensité violente, des coins de paysage charmants et de grossières images d’Épinal — ou pire encore. […] Il y a aussi Jules Bois ; mais Jules Bois est surtout un charmant conférencier. […] Voltaire, en un conte charmant, la Princesse de Babylone, la raille spirituellement et superficiellement. […] disent-ils, Untel est un si charmant homme. » Hé ! […] Arden n’écouta pas ces spectres ; aussi écrivit-il un livre charmant.
Nous retrouverons du moins quelques-uns de ces traits intéressants du Fauriel jeune dans les lettres suivantes, qui sont si honorables pour lui, puisqu’elles montrent combien il fut goûté d’une femme, la première de toutes en esprit et en bonté, de celle qui, selon une expression heureuse, sut avoir la supériorité si charmante. […] Ne venez donc pas, à moins que votre ministre ne vous le dise cordialement. » Et quelques jours après, reprenant plus en détail cette distinction dans les divers degrés d’amitié, Mme de Staël lui écrivait en des termes charmants, qui sont l’expression comme ingénue de sa nature, et qui nous rendent un peu le mouvement de sa conversation même : « Ce vendredi soir (fin d’été de 1801). […] Faites honneur au crédit que je me suis donné l’air d’avoir sur vous. — Vous m’avez écrit une lettre où il y a des phrases charmantes ; mais nous ne nous entendons pas. […] L’auteur de cette Parthénéide ou Parthénaïs, Baggesen, poëte danois des plus distingués, l’avait composée en allemand et avait su heureusement lutter en cette langue étrangère avec la Louise de Voss, avec l’Hermann et Dorothée de Goëthe ; son charmant poëme donnait la main aux leurs pour compléter le groupe pastoral. […] Dans l’excellent et instructif Discours préliminaire qu’il a mis en tête du volume, Fauriel a caractérisé surtout cette dernière classe d’une manière charmante et d’un ton pénétré ; il nous fait à merveille sentir combien en Grèce la poésie est et n’a jamais cessé d’être l’organe habituel et inséparable de la vie, l’expression sérieuse et nullement exagérée d’un sentiment naturel plus exalté qu’ailleurs.
Un original, un amateur, tellement séduit par sa liberté d’imagination, sinon d’action, qu’il en a refusé de s’engager dans aucune des voies régulières de la société, afin de muser dans leurs intervalles, et auquel la société pourra gracieusement octroyer sa pitance, s’il l’amuse, mais sans la lui assurer par contrat Un rêveur, un épicurien de la rêverie et du vagabondage qui pourra être un grand poète comme Jean-Jacques, un mélange de grand poète et de paresseux charmant comme Gérard de Nerval, ou simplement un raté distingué, un bohème pittoresque… Il faut à la société quelques êtres a-sociaux (je ne dis pas anti-sociaux) de cette sorte, pour la détendre. […] De la jolie Mme de Larnage, qui lui laissait entrevoir de charmants échantillons d’elle-même, il n’a su que faire. […] Et rien ne favorise cette assiette du jugement, rien surtout ne la conserve à celles qui naturellement la possèdent et ne défend des vertigineuses tentations du snobisme et de l’abracadabra la périssable solidité de leur charmante cervelle, comme de n’être pas demeurées absolument étrangères, dans leur éducation, à tout exercice rationnel de la pensée. […] Max Frantel, rédacteur à Comœdia, est un charmant jeune homme et un journaliste plein d’esprit. […] L’imagination des conteurs de village, en étant devenue maîtresse, a pu d’ailleurs y ajouter de charmants ornements, et quelques absurdités de plus.
Partout la guerre… Et à chaque instant les plus charmants motifs pour la peinture. […] Mercredi 5 octobre Aux environs du boulevard Exelmans, en ces petits bouquets de bois, soudainement nés et sortis de l’abatage des palissades de séparation, brûlées par les mobiles, dans un vif coup de soleil, c’est charmant, ces restaurants en plein air, sous les noisetiers roux. […] Et comme antithèse à ces amoureuses de grand chemin, deux charmantes femmes assises par terre, à côté d’un élégant officier, jouant avec la marquise de l’une d’elles. […] Le canon tire six coups, puis le commandant enlève de son trépied le petit instrument de cuivre à prendre les hauteurs, le met précieusement dans une boîte de fer-blanc, le fourre dans sa poche et s’en va, tandis que sur la pièce s’assied un jeune artilleur, un blond à la figure féminine, empreint de ce quelque chose d’héroïque que le peintre Gros donne à ses figures militaires, et qui, le bonnet de police de travers sur la tête, une ceinture algérienne aux rayures éclatantes lui serrant les reins, la cartouchière au ventre, tout débraillé, et charmant de désordre pittoresque, se repose de la fatigue de cet exercice de mort. […] … Oui, figurez-vous l’aspect d’un fricoteur, d’un étudiant de trentième année… il n’était pas soigné… et puis sa manie de porter des sous-de-pied étroits, et des pantalons gris-perle, remplis de taches, avec toujours un habit noir. » « Quand je l’ai revu en Belgique, c’était un autre homme, on aurait dit un vieux capitaine de cavalerie… Mais, il faut le reconnaître, qu’il s’agisse de l’ancien ou du nouvel Hugo, il a toujours eu une séduction dans l’accueil, une grâce de politesse charmante… Je me rappelle que quand nous allions chez lui, avec nos femmes, il n’en laissait pas partir une, sans lui mettre sur le dos son châle ou sa capeline.
Benoit est un charmant imaginatif qui invente des histoires pour le plaisir de les inventer, les contes pour le plaisir de les conter. […] La clef des romans de ce genre se trouve dans la dédicace de La Fin d’un beau jour au charmant esprit qu’est M. […] Il y a peut-être un dialogue possible entre le contrôleur des poids et mesures (dont le critique fait lourdement le personnage) et la charmante Suzanne. […] Le plaisir de la table nous a fourni, au crépuscule de la douceur de vivre, le livre charmant de Brillat-Savarin. […] Dans le charmant pays de joie et de sourire qu’est la Touraine, de jeunes époux réalisent une figure de bonheur aussi agréable à regarder qu’un beau tableau ou un joli paysage.
Je distingue, entre tous ces articles sévères, d’analyse et de discussion, celui qui traite des Mélanges littéraires de M. de Sacy, une oasis charmante au milieu de ces graves domaines, une causerie pleine de laisser aller, où M. […] Et le tout est relevé d’une grandeur d’âme qui n’accorde rien à l’ostentation, mais qui rapporte tout à la conscience ; qui cherche la récompense du bien, non pas dans le bruit public, mais dans le sentiment du bien même… » Bel éloge, en effet, qu’il faut lire surtout dans ce charmant latin de Pline, et qui s’applique si parfaitement à M.
Oui, celle qui ne vous a jamais vu, qui n’a fait que vous lire, qui, sur un mot sorti un jour de votre âme, se met à croire en vous, à s’y attacher, à vous suivre dans toutes vos vicissitudes ; qui se hasarde, après des années, à vous le dire en tremblant, sans se nommer ; qui est prête, parce que vous l’avez consolée une fois, à accourir si vous souffrez, si vous êtes dans le malheur, si seulement l’ennui vous prend et le dégoût du monde, de ses flatteries ou de ses amertumes ; qui vous dit : « Le jour où vous en aurez assez des plaisirs, où vous sentirez que les bons instants sont devenus bien rares et que le dévouement d’une femme ou d’une fille vous fait défaut, ce jour-là, souvenez-vous de moi, appelez-moi, faites un signe, et je viendrai » ; celle-là, dût-on ne jamais user de ce sacrifice charmant, donne au poète, fût-il de l’âme la plus altière et un mépriseur d’hommes comme Byron, le plus flatteur des diplômes et des certificats de poésie, la plus chère conscience de lui-même et sa plus belle couronne. […] Avant la fièvre, je charmais les douleurs de mon bras en chantant vos charmants airs ; je me suis bien affligée dans ce moment de la médiocrité de ma voix ; j’aurais voulu pouvoir rendre toute la mélodie de cette délicieuse musique : mais elle est si parfaite que, malgré le défaut de mon expression, tout le monde en était charmé ; je la quittais pour vous lire.
Ausone est quelquefois un charmant poète. Ses ouvrages d’ailleurs sont des plus intéressants par les côtés historiques ; ils sont riches en détails de toutes sortes sur la vie littéraire, sur ce monde des rhéteurs et des grammairiens, et sur les nuances précises qui séparaient les uns des autres, sur la vie domestique, sur les mœurs de cette société avancée qui ne songe qu’à couler la vie dans de charmantes villas, sur les rives du Rhin et de la Moselle, et qui s’amuse à analyser ses jouissances en vue des Barbares qui déjà s’amoncellent, et à la veille de la grande invasion qui va déborder sur le monde.
Ce séjour fut charmant, mais court ; l’image de Laure, un moment oubliée, le rappelait comme à son insu à Avignon ; il y revint ; en la retrouvant, il retrouva son délire. […] Où trouvera-t-on une femme aussi accomplie ; des propos si sages, si mesurés, un maintien et des manières si honnêtes, une voix si charmante ?
Il fallait un grand citoyen au monde pour le régénérer en le charmant ; le voilà ! […] Peut-être je bénirais Dieu de m’avoir rendu témoin de ces choses, si je n’étais trop convaincu que le règne de ces rois plébéiens peut devenir encore plus funeste à la France et au monde que celui des rois capétiens. » VIII Il passe son temps à Londres au métier de cocher amateur, montant à cheval le matin et conduisant le soir sur son siège son compagnon de voyage de rue en rue ; de là en Hollande, où il croit aimer, à La Haye, une charmante Hollandaise récemment mariée ; séparé d’elle par une convenance de situation, il fait semblant de vouloir mourir et se laisse facilement ramener à la vie par son domestique.
Je reprends ma charmante et poétique route de Pistoja à Modène, je passe comme un éclair à Mantoue, à Trente, à Inspruck, et de là par la Souabe, j’arrive à Colmar, ville de la haute Alsace, sur la rive gauche du Rhin. […] Il loue enfin, à vie, une charmante maison, en plein soleil, sur le quai de l’Arno, près du pont de la Trinité, et il fait disposer cet asile pour la comtesse et pour lui.
C’est un esprit charmant, brillant, et dans ses livres il a le génie même de la conversation, nourri des plus riches études. […] Les images peuvent être charmantes.
Il n’attend pas toujours qu’on le loue, il s’en charge lui-même ou il y aide les gens : le tout avec du tact, de la mesure, de charmants retours de vérité sur lui-même, où il se met à sa place, et rend de très bonne grâce ce qu’il a pris de trop. […] De ce mélange de maximes empruntées aux anciens ou tirées de son fonds, s’est formé comme le miel de ce doux livre, qui a fait dire à Montesquieu parlant de Rollin : « C’est l’abeille de la France. » Mot charmant et profond, où l’on sent à la fois l’affection et le jugement, vraie saillie de cœur à propos d’un homme dont le cœur est tout le génie.
Trait charmant, le sublime du genre. […] Le début promettait ; mais à l’âge de plus de quarante ans, une actrice charmante, Mlle Quinault, le jeta lui-même dans des nouveautés qui n’eurent guère moins d’éclat ni une fin plus heureuse que celles dont il avait ri.
Il n’a rien écrit de plus simple et de plus charmant que ses surprises et ses joies de botaniste. […] Pour ceux dont le sens moral est à l’épreuve de ses doctrines sur le droit de jouir, de sa politique par la souveraineté de l’individu, de sa morale fondée sur la double chimère de l’innocence naturelle de l’homme et de la corruption irréparable des sociétés : pour ceux-là, ce qui leur reste de cette lecture, c’est, parmi quelques souvenirs charmants, une impression attristante de ce mélange de lumière et d’ombre, de vrai et de faux, de hauteurs et de chutes, dans des ouvrages où les mauvais esprits deviennent pires, où les bons ne deviennent pas meilleurs.
Elle était vêtue de loques de modèle, arrangées par Eugène Giraud, et avait la figure couverte d’un affreux masque en fil de fer, qui l’a rendue méconnaissable pour tout le monde… Elle parle, avec une effusion charmante, du plaisir qu’elle a eu de rencontrer des hommes impolis, elle qui est, dit-elle, toujours habituée à les trouver la bouche en cœur, — et de s’entendre dire par les femmes, qu’elle était vieille et laide… Sur la défense que prend le peintre Hébert, d’une femme vivement maltraitée par quelqu’un de la société, le pratique Emile de Girardin lui dit à demi-voix : « Mais vous voulez donc la voir complètement éreintée ? […] Alors Michelet de s’écrier, avec une charmante bonhomie : « Je lui disais : Tiens, prends mon Homère, mon Dante… enfin je lui offrais les plus belles choses !
L’homme toujours plus charmant et plus affectueusement poli, à mesure qu’on le connaît et qu’on l’approche. […] Voilà, chez la princesse, de ces aisances naturelles, rondes, familières et charmantes : « Ah !
À la fin, au sortir d’une forêt enchantée, peuplée des plus charmantes apparitions féminines, — Béatrice elle-même lui apparaît de l’autre côté d’un ruisseau. […] Il y a là une charmante comparaison, à propos des controverses du chrétien discutant sa soumission à l’Église.
Cependant, vous le savez, cette majesté n’avait rien de farouche : un abord charmant, quand il voulait se laisser approcher ; un art d’assaisonner les grâces, qui touchait plus que les grâces mêmes ; une politesse, de discours qui trouvait toujours à placer ce qu’on aimait le plus à entendre.
Le charmant poète Gray qui, dans sa solitude mélancolique de Cambridge, étudiait tant de choses avec originalité et avec goût, écrivait à un ami en 1760 : Froissart (quoique je n’y aie plongé que çà et là par endroits) est un de mes livres favoris : il me semble étrange que des gens qui achèteraient au poids de l’or une douzaine de portraits originaux de cette époque pour orner une galerie, ne jettent jamais les yeux sur tant de tableaux mouvants de la vie, des actions, des mœurs et des pensées de leurs ancêtres, peints sur place avec de simples mais fortes couleurs.
Dans l’épilogue qui termine le chant VIe et que je veux citer pour exemple du ton, l’auteur se représente comme ayant passé la nuit à méditer sur ces astres sans nombre et sur tout ce qu’ils soulèvent de mystères, jusqu’au moment où l’aube naissante les fait déjà pâlir et quand, à côté de lui, l’insecte s’éveille au premier rayon du soleil : Ainsi m’abandonnant à ces graves pensées, J’oubliais les clartés dans les Cieux effacées : Vénus avait pâli devant l’astre du jour Dont la terre en silence attendait le retour ; Avide explorateur durant la nuit obscure, J’assistais au réveil de toute la nature : L’horizon s’enflammait, le calice des fleurs Exhalait ses parfums, revêtait ses couleurs ; Deux insectes posés sur la coupe charmante S’enivraient de plaisir, et leur aile brillante Par ses doux battements renvoyait tous les feux De ce soleil nouveau qui se levait pour eux ; Et je disais : « Devant le Créateur des mondes « Rien n’est grand, n’est petit sous ces voûtes profondes, « Et dans cet univers, dans cette immensité « Où s’abîme l’esprit et l’œil épouvanté, « Des astres éternels à l’insecte éphémère « Tout n’est qu’attraction, feu, merveille, mystère. » Ce sont là des vers français qui me font l’effet de ce qu’étaient les bons vers latins du chancelier de L’Hôpital et de ces doctes hommes politiques du xvie siècle s’occupant, se délassant avec gravité encore, dans leur maison des champs, comme faisait M.
On a de lui une lettre sur la mort de son meilleur ami, l’abbé de Langeron : elle est triste, elle est charmante, elle est légère.
Et nous aussi, nous voyons le libre concert et l’union de l’Église et de l’État ; et, à ce point de vue plus particulier du Génie du christianisme qui nous occupe, n’est-ce donc rien comme signe charmant de douce influence regagnée et socialement établie, que cette image de la Vierge envoyée hier par l’Empereur à nos flottes, et qui y est reçue avec reconnaissance en protectrice et en patronne ?
Louis XIV, lorsqu’il entendit pour la première fois Bossuet, le goûta beaucoup et eut envers lui un procédé charmant, bien digne d’un jeune roi qui a encore sa mère : il fit écrire au père de Bossuet, à Metz, pour le féliciter d’avoir un tel fils.
En revanche sa petite-fille, Mme de Maintenon, en sera un modèle exact et charmant ; elle en aura pour deux.
Marcotte la première glace et qu’il se sera débarrassé du trop de cérémonie en lui écrivant, lorsqu’il se sera accoutumé à voir en lui ce qu’il était véritablement, bien moins un protecteur que le plus tendre et le plus délicat ami, il aura des choses charmantes à lui dire, et il s’y complaira plume en main, et même en oubliant pour des heures son pinceau.
Toute cette scène est racontée par celui-ci d’une manière vive et charmante.
D’autres esprits cependant prirent l’alarme ; ce procédé didactique mettait trop en lumière le désaccord de quelques opinions de l’auteur avec sa condition de prêtre et de théologien ; et comme l’a dit Voltaire : Montaigne, cet auteur charmant, Tour à tour profond et frivole, Dans son château paisiblement, Loin de tout frondeur malévole, Doutait de tout impunément, Et se moquait très librement Des bavards fourrés de l’école ; Mais quand son élève Charron, Plus retenu, plus méthodique, De sagesse donna leçon, Il fut près de périr, dit-on, Par la haine théologique.
Mme de Grammont ne jette que de rapides diversions et n’obtient que de charmants éclairs à travers ces préoccupations nombreuses : « Je suis sur le point de vous recouvrer un cheval qui va l’entrepas, le plus beau que vous vîtes et le meilleur, force panache d’aigrette.
C’est le même écrivain qui dira de Mme de Sévigné qu’elle est « une incomparable épistolière », appliquant à ce charmant et libre esprit un mot de métier, qui ne convient qu’à Balzac, épistolier de profession en effet, et qui en avait patente.
Lui qui lisait Plutarque, il put quelquefois méditer un passage de la vie de Timoléon, qui m’a toujours paru charmant et à faire envie.
Un peu d’application et d’étude suffit pourtant bientôt pour dissiper ou pour réduire la plupart de ces fausses vues et de ces objections exagérées à distance : à le considérer de près, dans ses actes et dans ses Œuvres, on reconnaît qu’avec ses défauts et ses taches Frédéric est de la race des plus grands hommes, héroïque par le caractère, par la volonté, supérieur au sort, infatigable de travail, donnant à chaque chose sa proportion, ferme, pratique, sensé, ardent jusqu’à sa dernière heure, et sachant entremêler à son soin jaloux pour les intérêts de l’État un véritable et très sincère esprit de philosophie, des intervalles charmants de conversation, de culture grave et d’humanité ornée.
Certainement ce don lyrique, entre ses dons divers, il ne l’avait pas ; poète charmant, vif, inimitable dans la raillerie, pathétique même par accès et sensible par éclairs, il n’avait ni la splendeur des images, ni la magnificence du ton, ni ce que l’antique Pindare a appelé « la pure clarté des muses sonores ».
Puis, peu à peu, sur cette première couche littéraire, réputée aujourd’hui superficielle, et qui était du moins délicate et légère, on viendrait ajouter graduellement des teintes plus fortes, plus marquées, des figures plus expressives ; on lirait cette suite de mémoires charmants qui faisaient autrefois partie de toute éducation d’homme et de femme comme il faut : Mme de Motteville, Mlle de Montpensier, le cardinal de Retz, Mme de La Fayette, Mme de Caylus, tout Mme de Sévigné : Saint-Simon, qui outre déjà, ne viendrait que le dernier après tous les autres.
Il nous en a tracé un portrait charmant ; ne lui a-t-il point prêté un peu ?
On cite une madame d’Aligre de Boislandry, dont il a fait un portrait charmant, d’un tour inattendu : « Il disait que l’esprit dans cette belle personne… » C’est un diamant pur que ce petit fragment, comme il l’intitule.
C’est refaire du printemps, et voilà l’hiver qui vient.. » Tout cela, convenez-en, est bonnet charmant, avec une pointe de malice. — Que de choses encore il me reste à dire !
J’ai relu même quelques charmantes pensées de Mme de Tracy sur les douceurs de l’âge d’argent, cet âge qui sépare la dernière jeunesse de la première vieillesse, et où la femme entre en pleine possession de son indépendance.
. — Mme de Sévigné nous a montré également la marquise de Villars dans sa vieillesse, et jouissant discrètement de la renommée victorieuse de son fils : « Sa mère est charmante par ses mines, et par les petits discours qu’elle commence et qui ne sont entendus que des personnes qui la connaissent. » On possède donc maintenant les doubles Relations du marquis et de la marquise de Villars, de l’ambassadeur et de l’ambassadrice de France à Madrid en 1679 ; toutes deux se complètent et nous offrent de cette monarchie en décadence et en ruine le plus curieux, le plus instructif tableau.
Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Fontenelle a fait de Fagon un Éloge charmant et fin, comme tous ses Éloges.
J’aurais aimé, du moins, au sujet des Essais, là où je me sens un peu plus sur mon terrain, à indiquer ceux qui me paraissent dans leur genre des morceaux accomplis ou charmants (le Lamennais, les Souvenirs d’un vieux professeur allemand, sur l’Art italien catholique, sur l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ, etc.) ; mais je me hâte et ne crains pas d’aborder un seul et dernier point, celui qui intéresse le plus vivement, à l’heure qu’il est, le public et la jeunesse.
il y aurait plaisir et honneur à le louer pour son charmant esprit et son grand sens.
La traduction de son Faust par l’aimable et gentil Gérard de Nerval lui avait fait un vrai plaisir, et il la louait comme très bien réussie : « En allemand, disait-il, je ne peux plus lire le Faust, mais dans cette traduction française, chaque trait me frappe comme s’il était tout nouveau pour moi. » Il vérifiait ainsi ce qu’il avait dit autrefois dans une poésie charmante : Emblème.
Dans le genre de la Farce et de la Comédie, ç’a été bien différent : Molière avec ses chefs-d’œuvre, au moins avec quelques-unes de ses pièces les plus gaies, est au bout de la comédie même du moyen âge et du xve siècle : en attendant le grand homme et la grande comédie, la petite pièce a des récréations charmantes à offrir chemin faisant, presque à toutes les étapes.
Bersot en a donné un tout à fait charmant, l’autre jour, dans les Débats.
Quant à Corneille, il n’y a qu’une manière de le bien apprécier, c’est de le voir à son moment, à son début, dans tout ce qu’il a fait éclater, aux yeux de notre nation, de soudain et d’imprévu, dans tout ce qu’il a su enfermer en peu d’années de charmant, de grandiose et de sublime.
Cet homme charmant et instruit, cette jeune fille aimable et belle, comme si une divinité jalouse les choisissait entre tous, sont impitoyablement frappés.
c’eût été assurément trop exiger, c’eût été trop demander à une jeune reine de vingt-trois ans, mais, enfin, les suppositions ne sont pas défendues, et je veux me figurer, un moment, une jeune princesse comme il s’en est vu sur le trône en divers temps et en ce même xviiie siècle, une tête politique déjà capable sous des traits charmants : à ces cris d’alarme, à cet appel parti de Vienne, Marie-Antoinette, si elle eût été cette princesse égale de tout point à sa situation, eût répondu avec une pleine sympathie filiale sans doute, mais dans un sentiment français non moins vif et en reine qui sent aussi le poids de sa couronne.
C’était une charmante famille que ces Chabanon, une famille des plus lettrées, des plus virtuoses, des mieux douées pour les arts comme aussi des plus unies et des plus aimantes.
Colomba, dans sa nouveauté, a tenu tête au fameux traité du 15 juillet ; elle y a fait une diversion charmante, et, si on a tant parlé du traité, ce n’est pas assurément sa faute à elle, car on ne parlait que d’elle en même temps.
La grande affaire de Lesage est de peindre les mœurs : son roman est une galerie de tableaux, souvent charmants et vrais.
Une vie désordonnée, des dettes, des duels, des séductions : tout ce que de charmants seigneurs faisaient communément sans perdre leur réputation de galants hommes, tout ce qui valait à un Lauzun sa royauté mondaine.
Parmi les gens du monde, Mme de Rémusat, avec quelque diffusion et sans grande force de pensée, en a écrit de charmantes, qui sont d’un esprit éclairé, agile, fin connaisseur du monde : mais les plus originales, je crois, sont celles de ce Doudan947 qui vécut précepteur, puis ami, dans la famille de Broglie.
Froissart en mêle trop rarement à ses charmants récits mais là composition est elle-même une idée générale d’un ordre supérieur.
Buffon semble nier les bonheurs du premier jet, suspecter la verve, exclure la peinture à fresque, aussi charmante dans les pages d’un livre que sur les murs d’une coupole.
L’esquisse merveilleuse s’éparpillait en croquis légers ; la haute théorie s’enguirlandait d’anecdotes charmantes qui, exquises dans leur grâce ou plaisantes en leur malice, valaient un rire juste et sobre. » « On entrait chez Mallarmé, écrit encore un poète de la génération suivante, M.
Il disait avec une grâce parfaite, car son propos se retrouvait charmant dès qu’il le voulait : « Ma langue m’a porté grand dommage, aussi m’a-t-elle fait beaucoup de plaisir : c’est raison que je paie l’amende. » Si l’on ne se tenait sur ses gardes en lisant Commynes, on se prendrait par instants, non seulement à excuser et à goûter Louis XI, mais à l’aimer pour tant de bonne grâce et de finesse.
Il s’était marié dès novembre 1794, à l’âge de vingt et un ans, à une jeune personne « dont les qualités aimables se peignaient sur sa figure charmante ».
On a une lettre charmante de lui au chanoine Maucroix pour lui demander sa collaboration.
Nous savons presque par cœur ces lettres charmantes qui ouvrent le recueil de toutes celles de Mme de Sévigné, et où elle nous montre si vivement son enjouement d’esprit jusque dans les plus grandes angoisses de son cœur.
Charmante réponse, si on se la représenteu surtout adressée à ce brusque et intempestif M. de Montlosier10.
Guizot pour revenir aux lettres pures, qui sont sa grande, son incontestable et charmante supériorité, n’en déplaise au philosophe.
Lorsque plus tard, dans ses fameux procès, on lui reprocha son extraction bourgeoise, Beaumarchais parla de ce père d’une manière charmante, et qui rappelle Horace : Vous entamez ce chef-d’œuvre, disait-il à Mme Goëzman (sa partie adverse), par me reprocher l’état de mes ancêtres.
J’ai quelquefois pensé à ces liens charmants en voyait deux cygnes sur une eau limpide se laisser emporter au courant.
Ces grands vieux monts horribles sont de merveilleux faiseurs de roses et de violettes ; ils se servent de l’aube et de la rosée, mieux que toutes vos prairies et que toutes vos collines, dont c’est l’état pourtant ; l’avril de la plaine est plat et vulgaire à côté du leur, et ils ont, ces vieillards immenses, dans leur ravin le plus farouche, un charmant petit printemps à eux, bien connu des abeilles.
A quelle discipline rapporter la poésie désolée d’Alfred de Musset et les charmantes fantaisies de ses comédies ?
C’est un homme assez singulier, tout à fait charmant du reste, presque toujours, mais assez singulier en vérité.
Ce que les anciens appelaient d’un mot charmant umbratilis vita n’existe plus guère.
À la délicatesse infinie, aux grâces soutenues, aux nuances choisies de son style, on reconnaît le rayon pâle et charmant d’un jour affaibli qui s’éteint.
Je profiterai de l’occasion inappréciable qui m’est offerte pour parler de Camille Jordan, pour rappeler ce qu’il fut dans la vie publique et pour le montrer dans l’intimité, aimé, goûté, presque adoré de femmes supérieures ou charmantes, et justifiant la vivacité de cette prédilection par des qualités et des trésors de simplicité, de sincérité, de candeur, d’honneur, de dévouement et de franchise. […] Je compte rester encore plusieurs semaines. — Comment se porte votre charmante petite Caroline137? […] « Il est impossible, cher Camille, d’écrire une plus charmante lettre que celle que je reçois de vous ; elle m’a émue jusqu’au fond du cœur.
Esprit fin, poli, conversation souvent piquante, anecdotique ; et, plus au fond encore, pour les plus intimes, peinture vive et déshabillée des personnages célèbres, révélations et propos redits sans façon, qui sentaient leur xviiie siècle, quelque chose de ce que les charmantes lettres à sa femme, aujourd’hui publiées, donnent au lecteur à entrevoir, et de ce que le rôle purement officiel ne portait pas à soupçonner. […] Blessé presque dès son arrivée à la déroute de la Brandy-wine, La Fayette écrit, pour la rassurer, à madame de La Fayette ces charmantes lettres qui ont été si remarquées pour la coquetterie gracieuse du ton, mon cher cœur, et pour l’agréable assaisonnement que ce fin langage du xviiie siècle apporte à la sincérité républicaine des sentiments. […] il y a de l’instinct. » Dans les dîners, quand il le voulait et qu’il n’y avait pas de mauvais visage qui le renfonçât, il était le plus charmant convive, et soigneux même de plaire à tous.
Il avait élevé et aimé purement une jeune fille charmante, instruite, honnête, Esther Johnson, qui dès l’enfance l’avait chéri et vénéré uniquement. […] Le charmant maître de maison qui veut plaire, qui sait plaire, qui n’a horreur que de l’ennui, qui ne se défie point de moi, qui ne se contraint pas, qui est toujours lui-même, qui pétille d’idées, de naturel et d’enjouement ! […] Même lorsqu’il arrive à la charmante Vanessa, sa veine coule semblable : pour la louer enfant, il la pose en petite fille modèle au tableau d’honneur, à la façon d’un maître d’école990
dernier vers charmant, imité de La Fontaine avant sa conversion ; mais depuis quand la mort, pour le chrétien, est-elle un doux sommeil et le cercueil un oreiller ? […] Bien qu’on n’ait pas retrouvé les quatre livres d’odes dont il parlait à un ami un an avant sa mort, il en a laissé une suffisante quantité de belles, de sévères, et surtout de charmantes. […] Mais André Chénier, en sa fréquentation méditée, et jusqu’en sa plus libre et sa plus charmante allure, a du studieux à la fois et de l’étrange ; il sait ce qu’il fait, et il le veut ; son effort d’artiste se marque même dans son triomphe. […] » Mot charmant, dont une moitié au moins reste plus vraie qu’on n’ose le dire !
Adieu, charmant Barbet. […] Charmant petit Persée, tu me procureras un moment bien agréable. […] Je vous avouerai que je trouve bien un peu dur que vous ayez passé tout d’un coup du charmant heural à une correspondance ordinaire, et que vous ne commenciez vos lettres qu’en recevant les miennes et pour les faire partir tout de suite. […] « Dites-moi un peu, singulière et charmante personne, où tend cette modestie ?
Ils ont eu la charmante liberté d’esprit, la surabondance de gaieté inventive, la gracieuse ivresse d’imagination qui poussent l’enfant à fabriquer et à manier incessamment de petits poëmes, sans autre but que de donner carrière aux facultés neuves et trop vives qui tout d’un coup s’éveillent en lui. […] Il a fallu l’exhumation de Pompéi pour nous faire soupçonner l’harmonie et la vivacité charmantes de la décoration dont ils revêtaient leurs murs, et c’est de nos jours qu’un architecte anglais a mesuré l’imperceptible inflexion des horizontales renflées et des perpendiculaires convergentes qui donnent à leur plus beau temple sa suprême beauté. […] Quand les Athéniens plusieurs fois vaincus eurent décrété la mort contre celui qui parlerait de reprendre Salamine, Solon, en costume de héraut, le chapeau d’Hermès sur la tête, parut soudainement dans l’assemblée, monta sur la pierre où se tenaient les hérauts et récita avec tant de force une élégie, que la jeunesse partit sur-le-champ « pour délivrer l’île charmante et détourner d’Athènes l’opprobre et la honte ». […] Se promener dans les jardins pendant la nuit, écouter les cigales, s’asseoir au clair de la lune en jouant de la flûte ; aller boire de l’eau dans la montagne, apporter avec soi un petit pain, un poisson et un lécythe de vin » qu’on boit en chantant ; aux fêtes de famille, suspendre une couronne de feuillage au-dessus de sa porte, aller avec des chapeaux de fleurs ; les jours de fêtes publiques, porter des thyrses garnis de feuillages ; passer des journées à danser, à jouer avec des chèvres apprivoisées, voilà les plaisirs grecs, plaisirs d’une race pauvre, économe, éternellement jeune, habitant un pays charmant, trouvant son bien en elle-même et dans les dons que les dieux lui ont faits.
Orphée charmant les animaux au son de sa lyre est la seule figuration mythologique que l’on rencontre parmi les peintures des catacombes. […] Dans le même temps, il écrit ses premiers vers, et ils sont charmante et même tout empreints d’originalité. […] On le voyait tour à tour expansif ou taciturne, replié en lui-même ou plein d’une charmante gaîté. […] C’était charmant, pour les petites filles, quoique un peu monotone ; c’était, au contraire, bien gênant pour les petits garçons. […] Que de charmants détails, et ce qui se lit entre les lignes, et ce qui se dit à l’oreille !
» À l’affaire d’Aumale (1592) où Henri s’expose si imprudemment, Rosny est dépêché par les plus fidèles serviteurs du roi pour lui faire remontrance sur le terrain même et le prier de ne point se hasarder ainsi sans besoin : « Sire, ces messieurs qui vous aiment plus que leurs vies, m’ont prié de vous dire qu’ils ont appris des meilleurs capitaines, et de vous plus souvent que de nul autre, qu’il n’y a point d’entreprise plus imprudente et moins utile à un homme de guerre que d’attaquer, étant faible, à la tête d’une armée. » À quoi il vous répondit : « Voilà un discours de gens qui ont peur ; je ne l’eusse pas attendu de vous autres. » — « Il est vrai, Sire, lui repartîtes-vous, mais seulement pour votre personne qui nous est si chère ; que s’il vous plaît vous retirer avec le gros qui a passé le vallon, et nous commander d’aller, pour votre service ou votre contentement, mourir dans cette forêt de piques, vous reconnaîtrez que nous n’avons point de peur pour nos vies, mais seulement pour la vôtre. » Ce propos, comme il vous l’a confessé depuis, lui attendrit le cœur… Il y a dans ces Mémoires de Sully, et si l’on en écarte les cérémonies et les lenteurs, des scènes racontées d’une manière charmante et même naïve.
Hors de là, dans le monde, quand il y allait par rencontre ; à Bâville, quand il y passait quelques jours ; à la maison professe des Jésuites rue Saint-Antoine où il vivait, c’était un homme « d’un esprit charmant et d’une facilité fort aimable », d’une rare bonté et d’un parfait agrément dans le commerce ; très gai, et se plaisant avant tout à une amitié sans contrainte.
Il a parlé quelque part de cette forme et de cette espèce de directeur à la mode et très goûté de son temps, « qui semble n’avoir reçu mission de Dieu que pour une seule âme, à laquelle il donne toute son attention ; qui, plusieurs fois chaque semaine, passe régulièrement avec elle des heures entières, ou au tribunal de la pénitence ou hors du tribunal, dans des conversations dont on ne peut imaginer le sujet, ni concevoir l’utilité ; qui expédie toute autre dans l’espace de quelques moments, et l’a bientôt congédiée, mais ne saurait presque finir dès qu’il s’agit de celle-ci » : directeur délicieux et renchéri, exclusif et mystérieux, dont Fénelon est le type idéal le plus charmant (le Fénelon de Mme Guyon et avant l’exil de Cambrai).
Beyle, qui vivait dans des salons charmants, littéraires et autres78, a donc parlé de ceux du faubourg Saint-Germain comme on parle d’un pays inconnu où l’on se figure des monstres ; les personnes particulières qu’il a eues en vue (dans le portrait de Mme de Bonnivet, par exemple) ne sont nullement ressemblantes ; et ce roman, énigmatique par le fond et sans vérité dans le détail, n’annonçait nulle invention et nul génie.
Peu importe ; la docilité de Picard est charmante : C’est d’un bien bon augure pour moi, écrivait-il à M.
Chapelle et son camarade de voyage, âgés l’un et l’autre de trente à trente-deux ans, se mettent en route pour faire un tour dans le Midi, et dans le compte rendu léger de leur voyage qu’ils envoient à leurs amis de Paris, ils trouvent moyen de faire avec un naturel parfait une charmante satire littéraire : de là le grand succès et cette vivacité de faveur qu’on ne s’expliquerait pas autrement aujourd’hui.
Je ne peux ici entrer dans aucun détail, parce que votre ouvrage court tout Genève, et qu’on ne le rend point ; mais soyez très certain que c’est le seul de notre siècle qui passera à la postérité, parce que le fond en est utile, parce que tout y est vrai, parce qu’il brille presque partout d’une poésie charmante, parce qu’il y a une imagination toujours renaissante dans l’expression… Et plusieurs années après (1er septembre 1773) : Je fus certainement l’avocat d’une cause gagnée quand je fus si charmé du poème des Saisons : soyez sûr que cet ouvrage restera à la postérité comme un beau monument du siècle.
s’écriait-il aussitôt ; son air charmant et majestueux se répand sur toutes ses actions ; sa maison royale emprunte quelques rayons de sa gloire ; son âge est mûr et parfait ; le travail infatigable lui est devenu naturel… Son amour extrême pour nous sacrifie toutes ses veilles à notre repos, et s’il abrège et méprise le temps du sommeil, c’est parce qu’il le passe sans nous… Ne vous étonnez pas, messieurs, du zèle de ce discours : chaque mot est un trait de flamme… Cela paraissait ridicule, dit de ce ton, même alors, — surtout alors62.
Il avait une maison à la ville et une à la campagne que ma grand-mère lui prêtait, c’est la Poyade sur les bords de la Charente, qu’on dit être un séjour charmant ; la charge lui valait un revenu honnête.
Elle était donc gagnée quand même par ce tour charmant, spirituel, amusant, qui reconquit plus tard Frédéric ; elle fit comme la postérité, elle rit et elle fut désarmée.
Son nom pourtant restera toujours attaché au souvenir de la Révolution française, moins encore pour avoir été son adversaire à main armée et impuissant le jour de son début, que pour nous avoir raconté et dévoilé avec son insouciance trop nue et une trop insolente aisance la société gâtéeav, corrompue, railleuse et frivole qui, sous des dehors charmants, nourrissait tant de vices, et qui avait atteint et passé la mesure où les choses humaines veulent être renouvelées.
Son Voyage aux eaux des Pyrénées (1855), illustré de soixante-cinq vignettes sur bois par Doré, et qui s’accommode très bien de ce dangereux vis-à-vis, rappelle à quelques égards les charmants Voyages de Topffer, et l’on y trouve des pages descriptives qui peuvent se mettre à côté des paysages de montagne tracés par Ramond et par Senancour.
Le jeune chevalier, pour le dire en passant, fit bientôt fausse route et perdit son avenir ; il s’amouracha d’une charmante et brillante folle, Mlle Navarre, fille d’un receveur des tailles à Soissons, aimée du maréchal de Saxe, et qui nous est connue par les Mémoires de Marmontel et par ceux de Grosley.
L’attitude de Mme de Choiseul était d’accord avec la vérité : elle resta bien sincèrement, bien tendrement éprise de l’homme dont elle était glorieuse, dont elle disait que ce n’était pas seulement le meilleur des hommes, que « c’était le plus grand que le siècle eût produit », et de qui elle écrivait un jour avec une ingénuité charmante : « Il me semble qu’il commence à n’être plus honteux de moi, et c’est déjà un grand point de ne plus blesser l’amour-propre des gens dont on veut être aimé. » Elle eut fort à s’applaudir de l’exil de Chanteloup et fut seule peut-être à en savourer pleinement les brillantes douceurs ; elle y voyait surtout le moyen de garder plus près d’elle l’objet de son culte, et, sinon de le reconquérir tout entier, du moins de le posséder, de le tenir sous sa main, de ne le plus perdre de vue un seul jour.
c’est sans doute aimer avant tout l’élégance, la grâce, le naturel et la vérité (au moins relativement), la sensibilité, une passion touchante et charmante ; mais n’est-ce pas cependant aussi, sous ce type unique de perfection, laisser s’introduire dans son goût et dans son esprit de certaines beautés convenues et trop adoucies, de certaines mollesses et langueurs trop chères, de certaines délicatesses excessives, exclusives ?
Cet écran est d’une grandeur médiocre : du côté du tableau, c’est Madame Royale peinte en miniature, très ressemblante, environ grande comme la main, accompagnée des Vertus, avec ce qui la fait reconnaître : cela fait un groupe fort beau et fort charmant.
Ceux qui l’ont connu à cet âge de première jeunesse et à cette heure de transition nous le dépeignent le plus charmant jeune homme, d’une figure agréable, très-distingué de tournure, très-élevé de sentiments, tout à fait de race ; tel d’ailleurs de caractère et d’humeur qu’on le voit encore aujourd’hui dans l’intimité, avec des intermittences de gaieté et de sérieux, habituellement doux comme un enfant, naïf même, et, quand il le faut, d’une audace, d’une vaillance et d’une intrépidité rares ; ayant naturellement le goût du bien, mais subissant l’influence des divers milieux.
. — Adieu, mes joyeux amis ; je me meurs, et je désire vous voir bientôt tous contents dans l’autre vie. »11 C’est ainsi que pour ce charmant esprit tout servait de texte à gaieté et à raillerie sans amertume.
Plusieurs s’étaient offerts ; ils n’avaient trouvé en elle qu’une femme bonne, charmante, affectueuse, toute à ses devoirs, indulgente et enjouée avec ses amis.
Sur la montagne, la verdoyante ramée des hêtres triomphait si bien du feuillage noir des sapins, elle s’étendait si lustrée, si criante, elle montait si vaillamment jusqu’à la région des pâturages, et ceux-ci commençaient à verdoyer si ferme, qu’à part la coupole de neige qui couvrait le fin sommet, on ne voyait que ce vert terrible qui semblait refouler la pensée en soi-même. » En allant chez la vieille, il y a un endroit plus élevé, un col à passer, et, si l’on s’y arrête pour jouir du spectacle, on voit en bas cette vallée se déroulant au plus loin dans sa moire verte et « d’un vert criard », mais de l’autre côté, du côté du village, au-dessus et par-delà, on voit la montagne et ses dernières pentes, mouchetées de sapins, semées de hêtres et offrant aussi des places plus riantes, car la saison y est retardée, et quand le vallon est en mai, on n’est là-haut qu’en avril : « Les vergers croissaient parmi, et comme j’avais monté pour arriver au col, je retrouvais fleuris les arbres qui, dans le vallon, avaient passé fleur. » Voilà des expressions charmantes et neuves, nées de l’observation même.
Quelque idée qu’en aient pu donner en France ceux qui l’ont vue ici, on sera surpris du ton de bonté, d’affabilité, de gaîté qui est peint sur cette charmante figure.
La Bruyère a célébré une femme charmante, et il l’a fait avec d’autant plus de plaisir et de goût qu’elle était plus maltraitée par l’opinion.
Il fit précéder sa pièce, à l’impression, d’une charmante dédicace à son jeune fils, et qui rappelle pour le ton ces autres vers délicieux que chacun sait, adressés à sa campagne de la Madeleine.
En disant cela, ses yeux tombèrent involontairement sur le berceau du charmant enfant que son pied balançait avec distraction sur le plancher et qui dormait en souriant aux anges, comme on dit dans le patois de Lucques.
Le Jeu de Robin et de Marion, qui fut représenté en 1283, à Naples, environ dix-huit mois après les Vêpres Siciliennes, devant la cour française de Charles d’Anjou, est un poème gracieux, parfois spirituel ou charmant, parfois d’une grossièreté voulue.
Il restera pourtant dans le Cid français un reflet de l’Espagne, et c’est ce qui fera la magie, la séduction juvénile et charmante de l’œuvre.
Il efface la brutalité et la polissonnerie, qui sont le fond des mœurs réelles ; il les purifie, il n’en conserve que les apparences de souveraine élégance, l’exquise finesse des manières et du ton ; et c’est à son insu que le monde charmant qu’il nous présente révèle sa nature intime par un indéfinissable parfum de sensualité.
Il a dans la pensée et dans l’expression des trouvailles charmantes, mais qui sont toujours les trouvailles d’un touriste myope.
.*. orateur est d’ailleurs charmant.
Vous vous souvenez de la charmante scène où madame de Blossac apprend au vieux Maréchal qu’il n’y a jamais eu de M. de Blossac. — « Jamais ?
Ce thème éternel est rajeuni ici par une imagination charmante.
On en avait tant parlé à l’avance, on en avait tellement célébré les parties charmantes, tellement voilé les faiblesses ou les rudesses disgracieuses, que le public savait les unes et n’a été que plus vivement choqué des autres.
Quel dommage que l’orgueil misanthropique s’y mêle, et que des tons cyniques fassent tache au milieu de tant de beautés charmantes et solides !
Les images chez lui sont rares et sobres ; on a souvent cité ces mots charmants : Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire.
On s’est moqué de quelques mauvais vers de ce prince métromane, lesquels ne sont pas plus mauvais après tout que bien des vers du même temps, qui passaient pour charmants alors et qui ne peuvent aujourd’hui se relire ; et l’on n’a pas fait assez d’attention aux œuvres sérieuses du grand homme, qui ne ressemblerait pas aux autres grands hommes s’il n’avait mis bien réellement son cachet aux nombreuses pages de politique et d’histoire qu’il a écrites, et qui composent un vaste ensemble.
Vous êtes charmant dans la conversation ; vous savez instruire et amuser en même temps.
Un mot charmant qui exprime bien cette passion de d’Aguesseau pour les lettres, c’est ce qu’il dit un jour au savant Boivin avec qui il lisait je ne sais quel poème grec : « Hâtons-nous, s’écria-t-il ; si nous allions mourir avant d’avoir achevé !
Dans le chapitre « Des menteurs », par exemple, après s’être étendu en commençant sur son défaut de mémoire, et avoir déduit les raisons diverses qu’il a de s’en consoler, il ajoutera tout à coup cette raison jeune et charmante : « D’autre part (grâce à cette faculté d’oubli), les lieux et les livres que je revois me rient toujours d’une fraîche nouvelleté. » C’est ainsi que, sur tous les propos qu’il touche, il recommence sans cesse, et fait jaillir des sources de fraîcheur.
Le nez paraît noble et charmant ; la narine un peu ouverte indiquerait la force.
J’ajouterais qu’on trouverait en ce moment bon nombre de poètes particuliers très distingués, et qu’on pourrait tirer de leurs œuvres un choix à la fois honorable et charmant.
Saint-Simon, qui nous l’a peinte à ravir dans sa première forme, nous la montre encore dans le plein de sa beauté et dans la grandeur de sa représentation, qu’elle sut soutenir à travers toutes les fortunes : C’était une femme plutôt grande que petite, brune avec des yeux bleus qui disaient sans cesse tout ce qui lui plaisait, avec une taille parfaite, une belle gorge, et un visage qui, sans beauté, était charmant ; l’air extrêmement noble, quelque chose de majestueux en tout son maintien, et des grâces si naturelles et si continuelles en tout, jusque dans les choses les plus petites et les plus indifférentes, que je n’ai jamais vu personne en approcher, soit dans le corps, soit dans l’esprit, dont elle avait infiniment et de toutes les sortes ; flatteuse, caressante, insinuante, mesurée, voulant plaire pour plaire, et avec des charmes dont il n’était pas possible de se défendre quand elle voulait gagner et séduire ; avec cela un air qui, avec de la grandeur, attirait au lieu d’effaroucher ; une conversation délicieuse, intarissable, et d’ailleurs fort amusante par tout ce qu’elle avait vu et connu de pays et de personnes ; une voix et un parler extrêmement agréables, avec un air de douceur ; elle avait aussi beaucoup lu, et elle était personne à beaucoup de réflexion.
On sait que, la charmante reine à laquelle elle appartenait étant morte à l’âge de vingt-six ans (14 février 1714), Philippe V dut songer incontinent à se remarier.
À l’une des cérémonies qui accompagnèrent sa première communion, comme elle était en toilette avec une robe longue et traînante qui l’embarrassait, et qu’elle se retournait souvent pour la rejeter en arrière, une de ses compagnes lui dit : « Cette Sophie est ennuyeuse avec sa tête et sa queue. » — « Toi, ça ne te gênera pas, répondit-elle, car tu n’as ni queue ni tête. » Toute la personne même de Mlle de Lavalette était celle d’une jolie brune piquante, avec des regards pleins de feu, plus faits encore pour exprimer l’ardeur ou la malice que la tendresse ; d’une charmante taille, qu’elle garda jusqu’à la fin, d’une taille et d’une tournure bien françaises.
Un morceau d’histoire, un épisode détaché, où l’on pourrait mettre la concision énergique d’un Salluste ou mieux la naïveté charmante d’un Xénophon, le tenterait bien.
La nature avait beaucoup fait pour lui : il avait l’élocution vive, facile, insinuante, le commerce sûr et charmant.
Habitué à le voir chaque jour et à causer avec lui à chaque heure, il continue ce commerce de loin par de petits billets charmants d’intention et presque de bonhomie.
Il est vrai que Banville possédait une façon féerique et charmante de dire les choses, qui enlève de la rigueur à ses axiomes, surtout quand il les formule si net et si court ; quand il est certain d’avoir enclos une loi scientifique dans la brièveté d’un verset de décalogue, c’est le plus souvent un trait heureux qu’il nous a donné.
Ceux qui le lurent furent surtout saisis, comme d’une charmante nouveauté, de la manière dont du Méril avait envisagé, pénétré et même peint la société chinoise, et ceux-là qui aiment toutes les formes de l’histoire convinrent qu’il avait mis la main sur la plus difficile et la plus piquante.
Elle avait des pages frappantes et charmantes, signées de leur talent même, et qui disaient le nom de Joseph de Maistre sans le prononcer.
C’est une organisation d’artiste réfléchie qui sait plonger également dans la rêverie et la réalité à je ne sais combien de brasses, et nous en rapporter parfois des choses effrayantes ou charmantes, inconnues à la lumière des livres communs… Seulement, il n’a besoin de se mettre derrière personne : ni derrière Quincey, ni même derrière Poe.
Wordsworth qui, moins local que Brizeux, a peint comme lui des paysans, des colporteurs, des charretiers, des mendiants, des fileuses, des femmes qui vont au lavoir, tous ces êtres de réalité naturelle, pittoresque et charmante, plus près que nous de la poésie des choses, Wordsworth a des manières de les regarder très-nouvelles, et nous nous permettrons de dire : très-inventées, car on invente pour arriver au vrai.
Dans tout le chapitre sur les catholiques, je me suis borné à échantillonner de quelques touches magnifiques ma froide esquisse ; pourtant, à la minute (janvier 1917) où je corrige mes épreuves, la lettre d’un bien cher ami m’apporte un fait charmant, et je l’épingle sur mon feuillet.
Et c’est avec ces phrases qu’il prétend réfuter le charmant Laromiguière !
Abel Hermant appelle une « charmante promenade parmi les lauriers roses, les myrtes, les mythes et les idées ». […] Si charmantes dans leur naïveté que soient les sculptures gothiques, elles ont presque toutes une rigidité gauche, un archaïsme manifeste. […] La basilique déçoit, mais, depuis Ancône, la promenade en voiture est charmante. […] Frédéric convient que Voltaire est charmant, mais ajoute qu’il est cher. […] J’avoue que j’en ai fait dans ma première jeunesse : j’en ai gardé un souvenir charmant.
A sa rencontre s’avançait, d’un air timide, un rival digne de lui ; c’était le charmant Auteur du Ververt, autre badinage poëtique, égal au Lutrin par le mérite de l’expression, & supérieur à ce Poëme par l’agrément du sujet. […] Plus sobre de nos jours, & non moins incommode ; Il réforme, ou prévient la mode ; Contre un sexe charmant épuise tous les traits : Dirige ses chevaux, vante ses équipages ; Adopte un plat Auteur, siffle les bons ouvrages, Et trop souvent en produit de mauvais. […] Les Beaupré & les Beauval, Soubrettes de l’ancien tems, se taisaient pour applaudir à Desmarres, & celle-ci applaudissait encore davantage sa niece charmante, l’inimitable Dangeville. […] Invention, dessein, coloris, tout est remarquable dans ce tableau charmant. […] M. de Moncrif, dans toutes ses productions Lyriques, & en particulier dans l’acte charmant de Zélindor, fait briller la délicatesse d’esprit & d’expression qui le distingue.
Ces allégories, qui nous paraissent froides et surannées, leur paraissaient charmantes dans leur nouveauté. […] Quel bon vin que la jeunesse. » La phrase est charmante ; mais madame Sand est-elle bien sûre que ses souvenirs soient exacts, et que l’eau rougie n’ait pas été accompagnée de quelques bouteilles de vin de Champagne frappé ? […] Il semble que la société tout entière se compose de femmes effrontées sans cesser d’être charmantes, de vieillards chez lesquels le défaut de gravité et de dignité est transformé en indulgente sagesse, de jeunes gens corrompus et corrupteurs, sans cesser d’être honorables. […] Mais est-ce avec raison qu’on l’a loué d’avoir mis un terme au long divorce qui a existé entre les plaisirs de l’imagination et les vertus paisibles de la vie de famille, et d’avoir marié l’esprit judicieux et moral de la charmante Henriette avec l’esprit des personnages ? […] Sibylle n’existe pas plus que Marguerite, elle n’a jamais existé ; c’est une de ces ombres charmantes qui naissent dans les champs de l’idéal sous le souffle des poètes.
Les lettres d’Esther dans À combien l’amour revient aux vieillards (qui n’est pas un de ses meilleurs romans) sont charmantes et délicatement balancées. […] Mais l’homme fut charmant et l’on sent cet homme dans l’œuvre sans que cela choque. […] « Très remarquable novelliere, très charmant conteur de nouvelles, a dit de lui, en 1892, Edmond de Goncourt, mais un styliste, un grand écrivain, non, non ! […] — C’est charmant, ajouta-t-il : malheureusement, il n’y a que ça ! […] La vérité pourrait bien être que pour ce charmant Marcel, cette espèce de « fils de roi » à la Gobineau, c’est-à-dire né n’importe où, mais fils de roi pourtant par les qualités, les résonances de son esprit — obtenir ses entrées dans ce monde si fermé, être « reçu », était une conquête.
Il ne se borne pas à éclaircir en critique les circonstances peu connues de la vie de Moschus, il aspire à en vulgariser les charmantes idylles en sciolti plus ou moins fidèles, premier coup d’essai, que bientôt son goût plus mûr répudiera. […] Les lecteurs de Pétrarque ne sauraient désirer un meilleur guide dans les mille sentiers du charmant labyrinthe ; il s’y moque finement, à la rencontre, du commun des lettrés italiens qui ne remontaient ni si haut ni si avant.
Comme la vraie et fervente preuve de son amour, Sa femme, sa propre femme, sa charmante et vertueuse femme. […] Il est allé plus loin, il est entré dans la poésie pure, il a écrit des vers d’amour délicats, voluptueux, charmants, dignes de l’idylle antique169.
Le moindre poids soulevé du cœur oppressé lui rend l’élasticité et la vie ; le Tasse se complut à célébrer depuis cette hospitalité du gentilhomme de Novare, dans son charmant dialogue du Père de famille. […] Né d’une race à la fois chevaleresque et poétique, élevé par une mère d’élite et par un père déjà glorieux, recueilli dans la fleur de son adolescence par un prince qui lui ouvrit pour ainsi dire sa propre famille, protégé, aimé peut-être par la sœur charmante de ce prince, qui fut pour lui, sinon une amante, du moins une autre sœur, et qui lui pardonna tout, même ses négligences et ses distractions de sentiment que tant d’autres femmes ne pardonnent jamais, illustre avant l’âge de la gloire par des poèmes que la religion et la nation popularisaient à mesure qu’ils tombaient de sa plume ; disputé comme un joyau de gloire entre la maison d’Este, la maison de Médicis, la maison de Gonzague, la maison de la Rovère, ces grands patrons des lettres en Italie ; misérable et errant par sa propre insanité, mais non par la persécution de ses ennemis ; comblé d’enthousiasme et de soins par la jeune princesse Léonora de Médicis ; chéri à Turin, désiré à Florence, appelé à Rome ; retrouvant à Naples, toutes les fois qu’il voulait s’y réfugier, la patrie, l’amitié, la paix d’esprit, l’admiration d’une foule de disciples fiers d’être ses compatriotes ; enfin rappelé pour le triomphe à Rome par un neveu du souverain de la chrétienté, fanatique de son génie et providence de sa fortune ; mourant dans ses bras avec la couronne du poète en perspective et le triomphe pour tombeau : on ne voit rien dans une telle vie qui soit de nature à accuser l’ingratitude humaine, excepté quelques années de cruelle séquestration dans un hospice de fous, qui n’accusent pas, mais qui dégradent un peu son protecteur devenu son geôlier ; mais cette infortune n’est-elle pas souvent, dans l’économie d’une grande destinée, l’ombre qui fait mieux ressortir la note pathétique, qui attendrit le cœur de la postérité, et qui donne à la gloire quelque chose d’une compassion enthousiaste du monde ?
Ainsi, dans Shakespeare, un personnage, en voyant une charmante jeune fille, dit : « Heureux les parents qui la nomment leur fille ; heureux le jeune homme qui l’amènera comme fiancée ! […] Par exemple : « J’entendis le rire des aimables jeunes filles, et, lorsqu’elles frappèrent mes yeux, je les vis assises sur des chaises de fin roseau. » — Vous avez ainsi tout d’un coup la plus charmante situation, car on ne peut se représenter des chaises de roseau sans avoir l’idée d’une légèreté et d’une élégance extrêmes. — Et puis un nombre infini de légendes, qui se mêlent toujours au récit et sont employées pour ainsi dire proverbialement.
Elles étaient charmantes ! […] XXII Voilà ce charmant livre d’Eckermann sur les entretiens de Goethe pendant les dix dernières années de sa vie.
Cependant les deux âmes du mari et de l’amant vivent une vie singulière et charmante, au travers de ces fines pages. […] Paul Verlaine, un poêle parnassien de grand talent, a montré dans Jadis et Naguere, parmi maints poèmes médiocres, dans une inanité totale d’idées ou de plans, quelques musiques charmantes, languides et mièvres, et d’une tristesse souriante.
XXV Je répète que je n’écris pas ici et aujourd’hui la vie de Béranger ; je l’écrirai peut-être ailleurs, et certes ce serait, si j’en avais le talent, un charmant poème que cette histoire qui a voulu se circonscrire elle-même entre l’atelier d’un ouvrier et la mansarde d’un chansonnier, entre l’aiguille et la plume, deux outils de travail, l’un pour le pain de la famille, l’autre pour la gloire de la patrie. […] « C’était un homme bien charmant et bien étourdi que mon père », me disait souvent Béranger. « Quoique je n’eusse que dix-huit ans, j’étais plus sensé et plus prudent que lui dans les affaires auxquelles il m’initiait, et qu’il avait fini par me remettre presque entièrement pour s’occuper plus librement de ses plaisirs et de ses machinations politiques.
Le mot était charmant, mais il n’était ni exact, ni équitable. […] presque charmant, presque touchant et presque beau.
Plusieurs des Dames de Saint-Cyr étant mortes en ces années, il est dit de l’une d’elles (Mme d’Assy) dans les Mémoires de Saint-Cyr, en des termes légers et charmants : C’était un esprit doux et bien fait, un bon naturel qui n’avait que de bonnes inclinations ; l’innocence et la candeur étaient peintes sur son visage, qui, jointes à sa beauté naturelle, la rendaient tout aimable.
Mais laissons-le achever lui-même ce récit familier et charmant : En ce point que j’étais là, le roi se vint appuyer à mes épaules et me tint ses deux mains sur la tête ; et je pensais que c’était monseigneur Philippe de Nemours, lequel m’avait fait trop d’ennui tout ce jour-là pour le conseil que j’avais donné, et je dis ainsi : « Laissez-moi en paix, monseigneur Philippe. » Mais, comme je tournais la tête, voilà que par aventure la main du roi me tomba au milieu du visageaj, et je connus que c’était lui à une émeraude qu’il avait en son doigt ; et il me dit : « Tenez-vous tout coi, car je vous veux demander comment vous fûtes si hardi, vous qui êtes un jeune homme, pour m’oser conseiller ma demeurée, à l’encontre de tous les grands hommes et les sages de France, qui me conseillaient mon départ… » Le reste de la scène et la réponse se prévoient aisément : Joinville seul avait deviné le cœur chrétien du saint roi.
Daru, occupé des grandes affaires et portant le dur poids de l’administration des provinces conquises ou de l’approvisionnement des armées, trouvait encore le temps d’entretenir avec ses amis littérateurs de Paris, les Picard et les Andrieux, une correspondance charmante d’attention, pleine d’aménité et de conseils, il y avait là tout à côté le plus lettré des commissaires des guerres, le moins classique des auditeurs du Conseil d’État, Beyle, qui faisait provision d’observations et de malices, qui amassait toute cette jolie érudition piquante, imprévue, sans méthode, mais assez forte et abondante, avec laquelle il devait attaquer bientôt et battre en brèche le système littéraire régnant.
La vie de ce poète original, à la fois grave et charmant, est des plus singulières, toute simple au-dehors et semée au-dedans d’écueils et de précipices ; il est arrivé à composer ses œuvres si morales et si attachantes par un chemin très détourné, très éloigné des voies communes, et qu’il n’eût conseillé à personne.
L’aîné des fils du prince Guillaume était l’héritier présomptif du trône, et celui qui succédera en effet à Frédéric ; mais ce cadet aimable et charmant avait séduit le héros par les plus heureuses qualités naturelles, et faisait sa secrète joie… Tu Marcellus eris !
Il en est une surtout que je ne crains pas de donner pour un charmant récit original ; cela s’appelle le Séminaire.
Ce sont de charmants petits Essais de morale que ses lettres à cette date.
Dans l’Assemblée du Clergé de 1682, le prélat avait également déployé avec une supériorité incomparable toutes ses qualités de président, et il avait mérité d’être ainsi défini dans ce dernier rôle par un des évêques témoins et admirateurs, M. de Cosnac, lequel savait d’ailleurs saisir le fort et le faible des gens : « Sa civilité et sa conversation étaient charmantes et auraient été pourtant mieux reçues, si elles n’eussent pas été également répandues à tous ceux qui le voyaient.
Il débute avec Mme d’Albany en lui envoyant de Pescia, de cette métairie charmante ou il aimait à se retrouver avec sa mère, les deux premiers volumes de son Histoire des Républiques italiennes (18 juin 1807) : « Si votre noble ami avait vécu, lui écrit-il, c’est à lui que j’aurais voulu les présenter, c’est son suffrage que j’aurais ambitionné d’obtenir par-dessus tous les autres.
Elle écrivait d’Ormesson, le 7 juillet 1703, à Mme de Grignan ; — elle vient de parler de MM. de Boufflers et de Villars : « Mais, madame, je m’amuse à vous parler des maréchaux de France employés, et je ne vous dis rien de celui [Catinat] dont le loisir et la sagesse sont au-dessus de tout ce que l’on en peut dire ; il me paraît avoir bien de l’esprit, une modestie charmante ; il ne me parle jamais de lui, et c’est par là qu’il me fait souvenir du maréchal de Choiseul ; tout cela me fait trouver bien partagée à Ormesson : c’est un parfait philosophe, et philosophe chrétien ; enfin, si j’avais eu un voisin à choisir, ne pouvant m’approcher de Grignon, j’aurais choisi celui-là… » De son côté, Fénelon, en décembre 1708, énumérant toutes les qualités nécessaires à un général qui eût commandé une armée sous le duc de Bourgogne et qui, en même temps, lui eût servi de mentor, écrivait au duc de Chevreuse : « Il faudrait qu’au lieu de M. de Vendôme, qui n’est capable que de le déshonorer et de hasarder la France, on lui donnât un homme sage et ferme, qui commandât sous lui, qui méritât sa confiance, qui le soulageât, qui l’instruisît, qui lui fît honneur de tout ce qui réussirait, qui ne rejetât jamais sur lui aucun fâcheux événement, et qui rétablît la réputation de nos armes.
Il m’a répondu une lettre charmante, et quelques jours après il est venu me voir, pour me dire qu’il partait pour la campagne pour huit ou dix jours, et qu’à son retour il viendrait dîner avec moi.
Alfred T… (Tattet), très-décousue, mais étincelante, un grand drame sérieux en cinq actes, intitulé la Coupe et les Lèvres, une charmante petite comédie en deux actes, A quoi rêvent les Jeunes Filles, et enfin un soi-disant conte oriental, Namouna, dont le sujet n’est qu’un prétexte de divagation sinueuse, et dans lequel se trouvent, après vingt folles échappées, les deux cents plus beaux vers qu’ait jamais écrits M. de Musset, toute sa poésie en résumé et tout son amour. — Le personnage principal de la Coupe et les Lèvres, Charles Frank, n’est pas d’une autre famille que Manfred, Conrad, le Giaour, quoiqu’il nous offre une individualité bien retrempée, et que sa médaille soit sortie d’un seul jet.
Le plus léger des deux, Vert-Vert, est peut-être celui qui, à cette distance, a le moins perdu dans son ensemble : il se retrouve d’un bout à l’autre agréable et charmant.
Afin d’êtnre juste, il ne faut pourtant pas oublier que quelques années auparavant (1677), dans l’Épître à M. de Lamoignon, le poëte avait fait une description charmante de la campagne d’Hautile près La Roche-Guyon, où il était allé passer l’été chez son neveu Dongois.
Ceci est tout français et charmant ; nous quittons vite la poésie, non pas par caprice maladif, comme par exemple Henri Heine, mais par amour de la clarté, par gaieté, pour sortir des grands mots et voir les choses nues.
C’est un peintre de mœurs charmant, délicat, ingénieux ; c’est un maître écrivain, qui excelle à mettre en scène, comiquement, un travers, un préjugé : mais son observation a la portée du Français à Londres de Boissy, et du Cercle de Poinsinet.
Cette rencontre en une même compagnie de toutes les opinions et de tous les genres d’esprit vous plaira : ici le rire charmant de la comédie, le roman pur et tendre, la poésie au puissant coup d’aile ou au rythme harmonieux ; là, toute la finesse de l’observation morale, l’analyse la plus exquise des ouvrages de l’esprit, le sens profond de l’histoire.
Une tradition, rapportée par Stobée, disait que celle fange charmante avait été détrempée de larmes : symbole mélancolique de toutes les puissances de douleur que la femme possède et qu’elle exerce sur l’homme.
Celle-ci a laissé de Fontenelle un portrait charmant qui la peint pour le moins autant elle-même que le philosophe qu’elle savait si bien apprécier : Les personnes ignorées, écrit Mlle Le Couvreur, font trop peu d’honneur à celles dont elles parlent, pour oser mettre au grand jour ce que je pense de M. de Fontenelle ; mais je ne puis me refuser en secret le plaisir de le peindre ici tel qu’il me paraît.
On le voit donner à ses jeunes sœurs de charmants conseils dont la gaieté ne faisait qu’assaisonner la justesse.
Michaud, homme fin, aimable, de plus en plus spirituel en vieillissant, et dont on cite une foule de mots charmants, était le Voltaire de ce petit groupe qui comptait de jeunes noms, dignes déjà de s’associer avec le sien.
Quant à Saint-Simon, qui tâche de ne point paraître du secret, et de faire le modéré et le modeste dans le triomphe, il faut l’entendre se dépeindre lui-même et nous confesser l’ivresse presque sensuelle de sa joie : Contenu de la sorte, dit-il, attentif à dévorer l’air de tous, présent à tout et à moi-même, immobile, collé sur mon siège, compassé de tout mon corps, pénétré de tout ce que la joie peut imprimer de plus sensible et de plus vif, du trouble le plus charmant, d’une jouissance la plus démesurément et la plus persévéramment souhaitée, je suais d’angoisse de la captivité de mon transport, et cette angoisse même était d’une volupté que je n’ai jamais ressentie ni devant ni depuis ce beau jour.
On cite chez lui quelques exemples charmants d’une langue neuve et véritablement trouvée, mais ils sont rares.
Il sortit de là pour être mousquetaire, assista aux derniers moments de Louis XV, reçut un jour, au passage, un regard charmant de la jeune et nouvelle reine Marie-Antoinette : il paraît que ce furent là les plus vifs souvenirs de ce jeune mousquetaire au cœur simple, à la figure noble et pleine de candeur.
M. de Chateaubriand en jugeait ainsi à son retour d’Orient, en les relisant la mémoire encore pleine du souvenir des plages historiques qu’il avait visitées : « C’est, selon moi, disait-il, le plus beau morceau de Plutarque, et d’Amyot son traducteur. » Dans les traités moraux de Plutarque, que de charmantes pages aussi, riches de sens, pleines d’aisance et de naturel, et qui ont un air de Montaigne !
Raynouard ; mais, tout en suivant et caressant cet enfant gâté, l’érudit laborieux et sagace déchiffrait des manuscrits, recueillait d’anciens textes, retrouvait des poésies charmantes ; il trouvait même, sans trop le dire, ou du moins en ne le disant qu’incidemment, des grammaires en vieux langage où étaient indiquées avec précision les règles de l’ancienne langue des troubadours : il s’en prévalait adroitement pour dénoncer ces règles, pour les découvrir, pour remettre l’ordre et la régularité là où, au premier coup d’œil, on aurait été tenté de ne voir que hasard et confusionb.
Il y a des endroits vraiment où, quand on lit les Mémoires de Retz, en ces scènes charmantes et si bien menées sous sa plume, il ne nous paraît pas tant faire la guerre à Mazarin que faire concurrence à Molière.
L’ode, dans Horace, a déjà perdu de ce caractère primordial : quelques-unes de celles où il célèbre les grandes choses romaines ont pu être chantées en effet, mais la plupart n’étaient que des odes de cabinet, et ce charmant Horace, le modèle et le trésor des esprits cultivés, n’est lui-même qu’un lyrique déjà éclectique.
La sage et sensée Mme de Motteville nous a tracé de lui en ces premières années des portraits charmants : dans un bal qui eut lieu chez le cardinal Mazarin, Le roi, dit-elle, avait un habit de satin noir, en broderie d’or et d’arpent, dont le noir ne paraissait que pour en relever davantage la broderie.
Tout cela se vérifie à ravir dans ses charmants Mémoires, écrits avec aisance et naturel, qui enchantaient Mme de Coulanges et qui désennuyaient Mme Du Deffand.
Et le marquis d’Argenson, qui le juge très bien à cette date, disait : Comme il a infiniment d’esprit, il fait un usage charmant de ce qu’il sait ; mais il met plus d’esprit dans ses livres que dans sa conversation, parce qu’il ne cherche pas à briller et ne s’en donne pas la peine.
Il dit d’une manière charmante, au début de ses Mémoires, que, si la Providence lui en laissait le choix, « il n’aurait aucune objection pour recommencer la même carrière de vie depuis le commencement jusqu’à la fin, réclamant seulement l’avantage qu’ont les auteurs de corriger dans une seconde édition les fautes de la première ».
Son œil brun, vif, spirituel, et quelquefois d’une douceur charmante ou d’une mélancolie profonde, était surmonté d’un arc de sourcil fort élevé, qui donnait à sa physionomie une expression très originale.
Et à ceux qui voulaient des images douces, Chateaubriand avait, à pleines mains, à en offrir de telles, de charmantes et de parlantes toujours : on lut le chapitre « Des rogations », et l’on pleura.
Cela est si vrai que, depuis l’origine même de l’art, les écrivains, les musiciens et les peintres n’ont jamais hésité à présenter dans leurs œuvres les spectacles les plus pathétiques, à user des modulations les plus plaintives ; les genres les plus élevés dans l’estime publique sont les genres tragiques ; les plus grandes œuvres que l’art humain a produites, sont des œuvres montrant des images tristes et développant des idées lugubres qui restent grandioses, saisissantes, charmantes et ne font jamais à quelque point qu’on les pousse, de peine nocive, de vrai mal, de mal dont on veuille se défendre6.
La Conquête de Plassans regorge de contrastes, du dur abbé Faujas à la molle femme qu’il domine ; tout un village grouille dans la Faute entre deux ecclésiastiques opposés, une fille idiote et pubère ; et la charmante ensorceleuse du Paradou.
Nisard, est une certaine raison, non spéculative, mais pratique, qui ne se laisse dominer ni par l’imagination ni par la sensibilité, mais qui n’est cependant pas une raison froide et abstraite, qui se colore et s’anime, sans jamais s’emporter, qui partout cherche le vrai, mais le vrai aimable, séduisant, charmant, non pas le vrai arbitraire des métaphysiciens, ou le vrai absolu et abstrait du savant, mais ce vrai solide et éprouvé de la vie mondaine, de la vie pratique, de la vie morale.
Elle est pour moi un recueil de contes, de vieilles et charmantes histoires.
Supposons quelque bonne farce de boxeurs, quelque énormité britannique, pleine de sang caillé et assaisonnée de quelques monstrueux goddam ; ou, si cela sourit davantage à votre imagination curieuse, supposons devant l’œil de notre virginale Virginie quelque charmante et agaçante impureté, un Gavarni de ce temps-là, et des meilleurs, quelque satire insultante contre des folies royales, quelque diatribe plastique contre le Parc-aux-Cerfs, ou les précédents fangeux d’une grande favorite, ou les escapades nocturnes de la proverbiale Autrichienne.
Renan appelle « le plus charmant de tous les arts », subsiste sans doute et subsistera longtemps encore chez la femme, mais elle tend souvent à dévier de son but, qui est de faire ressortir la beauté des membres : on a peur de montrer même ses mains ! […] Ce n’est en aucune façon la représentation du vent que nous admirons dans le bateau à voiles, c’est surtout l’apparence de la vie sous sa forme la plus charmante, sous sa forme ailée. […] Renan appelle quelque part la pudeur chrétienne une « charmante équivoque » ; on pourrait dire dans le même sens que toute la poésie mystique de la nature, toute la religion de l’art est aussi une équivoque ; mais ce sont ces équivoques qui font le prix de la vie. […] Parfois, je l’avoue, j’ai envié la fourmi, dont l’horizon est si étroit qu’elle est obligée de monter sur une feuille ou sur un caillou pour voir à un demi-pas devant elle : elle doit distinguer une foule de choses charmantes qui nous échappent entièrement ; pour elle, une allée sablée, une petite pelouse, une écorce d’arbre sont pleines de poésies inconnues pour nous. […] Le masque est si charmant que j’ai peur du visage, Et même en carnaval je n’y toucherais pas.
Toutes ces pièces fugitives sont charmantes. […] L’affabilité charmante du prince et le désintéressement singulier de l’artiste ont tout fait. […] J’ai mis au net le Traité d’Harmonie de Bemetzrieder ; c’est, si je ne me trompe, un bel et charmant ouvrage. […] Devrain, témoignez-lui toute l’estime que son esprit, son talent, son caractère honnête, doux et charmant, m’ont inspirée ; chargez-le de mon respect pour M. […] Ne m’oubliez pas auprès de Mme et de Mlle Lafont, et de leurs charmantes élèves que je respecte toutes.
Le corps de jupe est assez haut par devant ; mais par derrière on leur voit jusqu’à la moitié du dos, tant il est découvert, et ce n’est pas une chose trop charmante, car elles sont toutes d’une maigreur effroyable ; et elles seraient bien fâchées d’être grasses : c’est un défaut essentiel parmi elles. […] Mais des êtres jeunes, agiles et charmants peuplent toute la pente. […] Je visitais les Arènes de Nîmes avec l’architecte du département, lorsque je vis à dix pas de moi un oiseau charmant, un peu plus gros qu’une mésange, le corps gris de lin, avec des ailes rouges, noires et blanches. […] Quand le chemin de fer lui amenait un ami, il se ranimait, et sa conversation redevenait charmante ; ses lettres l’étaient toujours ; il ne pouvait s’empêcher d’avoir l’esprit le plus original et le plus exquis. […] Quand je vins chercher le corps, je ne trouvai sur son visage aucune trace de souffrance ou d’anxiété ; sa physionomie était celle d’un homme endormi, et le dernier rêve qu’il avait fait était le plus pur, le plus charmant de tous ceux dans lesquels il s’était complu.
Vous ne serez pas surpris que notre La Fontaine contribue à cet enseignement par son charmant poème d’Adonis. […] Relisez ce qu’en écrit La Harpe ; je ne me flatterais pas de suppléer à ce charmant et délicat éloge. […] En lisant les fables attendrissantes de Thisbé, d’Alcyon, et de la fille pieuse d’Érésicton, on croit lire les charmantes traditions de la Genèse ; en lisant les épisodes de Ruth et Booz, de Joseph, et du fidèle Tobie, on croit lire les plus belles fables des Métamorphoses. […] « Dans le lieu le plus frais d’une riche campagne, « Le héros et les chefs, et le charmant Ascagne, « Sur la verdure assis, et d’ombrage couverts, « Réparent par des mets les fatigues des mers. […] Aussi se plaît-il à transformer les divers instincts en passions humaines ; et nos sentiments et notre voix, qu’il prête aux animaux, sont les ressorts du merveilleux des charmants récits dont ce fabuliste s’amuse et nous enchante.
Cependant on ne peut nier que Béranger n’ait trouvé pour la peinture du plaisir amoureux des couleurs vives et charmantes. […] Ces strophes charmantes qui jaillissent avec tant d’abondance et de rapidité, ont coûté au poète un peu plus de temps que le sonnet d’Oronte. […] Quand on pense que l’auteur de ces deux pièces charmantes a sérieusement pensé à tenter le théâtre, il est impossible de ne pas regretter la résolution modeste à laquelle il s’est arrêté. […] Le Voyage imaginaire nous présente, sous une forme charmante, un des rêves chéris du poète. […] Hugo avec une modestie charmante, en demandant grâce pour cette ambitieuse comparaison, une idée est comme une montagne et présente plusieurs aspects, selon le point de vue où l’on se place.
En revanche, les femmes, et tout ce qui leur ressemble, ont pris avec fureur au charmant poème, et Lamartine a pu m’écrire, peu de jours après la publication, un petit billet en forme de bulletin, qui commence par ces mots : « Jocelyn triomphe d’heure en heure dans le cœur des femmes… » XV De Vigny dit de Jocelyn : « Ce sont des îles de poésie noyées dans un océan d’eau bénite. » XVI Lamartine, dans Jocelyn et dans la poésie privée, domestique, est toujours comme un roi qui se fait berger. […] LXXV Royer-Collard disait à l’un de ses familiers, dans une de ses dernières malices à l’adresse de Villemain : « Devinez ce que j’ai fait depuis que je ne vous ai vu (1839) : j’ai pioché dans ces deux volumes que vous voyez (Tableau du xviiie siècle) pour tâcher d’y découvrir une idée qui lui soit propre, afin de tâcher de lui en faire mon petit compliment… Je savais bien d’avance que je n’y trouverais rien… Alors voici ce que je viens de lui écrire : “Je ne veux pas encore vous juger d’après ces deux volumes : j’attends toujours votre Grégoire VII…” Et comme Grégoire VII ne viendra jamais, vous voyez que cela me laisse de la marge. » — Il disait encore, en lui appliquant un mot qu’on avait dit de Crébillon le tragique : « Il a fait, il fait et il fera toujours Grégoire VII. » Et si l’on trouve que c’est là un jugement bien dur et fort injuste sur deux agréables et charmants volumes, qui avaient été autrefois une suite de leçons merveilleuses, et que c’est de plus une injustice par trop commode de la part d’un esprit supérieur, mais qui ne s’est jamais donné la peine de faire un livre, eh ! […] Ce n’est qu’un charmant causeur et professeur
C’est alors que, retiré absolument des affaires, au seuil d’une robuste vieillesse, vivant de préférence en sa charmante habitation du Bois-Roussel (dans l’Orne), au milieu des libertés champêtres ou des joies de la famille, il se livra à ses goûts d’étude et de société combinés, et à la composition d’ouvrages moitié littéraires, moitié historiques, où il se développa avec une originalité entière.
La Fontaine, au contraire, semble avoir conçu l’amitié aussi vive que l’amour, et il les a quelquefois mêlés par une sorte de confusion charmante.
Et quand nous avons entendu ainsi Marivaux s’exprimer avec esprit et calcul, dans un style perlé et distillé, faire des mines charmantes et caresser chaque syllabe en y mettant une intention, n’allez pas lui dire, avec la plupart des critiques d’alors, qu’il n’écrit pas assez simplement, qu’il court après l’esprit, et autres reproches qui, au milieu des éloges, viennent tout d’abord à la pensée.
Les jambes étaient débiles, la tête paraissait un peu trop grosse pour le corps ; mais il avait une figure charmante, et des yeux dont une femme lui disait qu’ils étaient « doublés d’âme ».
Le prince de Ligne aurait voulu que M. de Meilhan, dans l’émigration, écrivît ses mémoires : Écrivez, lui disait-il, des souvenirs, des mémoires de votre jeunesse, ministériels, et de Cour et de société ; — vos brouilleries et vos raccommodements de Rheinsberg, la vie privée et militaire du prince Henri, ses valets de chambre comédiens français, ses houzards matelots, ses chambellans philosophes ; et puis les zaporogues et les évêques du prince Potemkim, et ensuite vos conversations avec le prince de Kaunitz ; — ce sera un ouvirage charmant.
Guilh et Guireau furent plus tard charmants pour leur convive improvisé, et me comblèrent de soins et de prévenances53.
Gavarni succéda, à la Mode, à un aimable crayon de femme, de jeune fille, mais dont les dessins charmants n’avaient pourtant pas assez de précision pour la gravure.
Les amoureux sont aisément crédules ; elle est tentée de voir là-dedans un signe et une intention de la Providence : « Je ne veux point pénétrer les desseins du Ciel, je ne me permettrai pas de former de coupables vœux ; mais je le remercie d’avoir substitué mes chaînes présentes à celles que je portais auparavant, et ce changement me paraît un commencement de faveur. » Elle est extrêmement attendrie ce jour-là (7 juillet) ; les épanchements de la journée ne lui ont pas suffi ; elle s’y remet dans la soirée encore ; son âme déborde ; elle laisse échapper l’hymne intérieur comme dans un couplet mélodieux ; elle a beaucoup lu Thompson, elle l’imite ; elle a de sa prosodie scandée, elle a de la simplicité avec pompe : « Douce occupation, communication touchante du cœur et de la pensée, abandon charmant, libre expression des sentiments inaltérables et de l’idée fugitive, remplissez mes heures solitaires !
. — Catinat ressentit en effet, avec un esprit d’humilité et un vrai trouble, ce « comble d’élévation » que le roi mettait dans sa famille ; sa correspondance avec son frère, à ce moment, est touchante et d’un naturel charmant.
Dans sa charmante retraite de Passy, il était intéressant à visiter : il aimait la conversation, et bien qu’un cornet acoustique fût nécessaire, il suffisait d’y jeter quelques mots pour amener sur ses lèvres des récits vivants et où l’âge ne se faisait sentir que par plus d’à-propos et d’expérience.
Lamartine a peu écrit en prose : pourtant son discours de réception à l’Académie française, sa brochure de la Politique rationnelle, un charmant morceau sur les Devoirs civils du Curé, un discours à l’Académie de Mâcon, indiquent assez son aisance parfaite en ce genre, et avec quelle simplicité de bon sens jointe à la grâce et à l’inséparable mélodie sa pensée se déroule sous une forme à la fois plus libre et plus sévère.
Ni le glaive ni les édits n’avaient pu dissiper le prestige charmant de ce panthéisme rural, immortalisé par Hésiode et par Virgile : l’Ager romanus, les vallons de l’Arcadie ou de la Sabine, conservèrent longtemps ces fêtes gracieuses où Pan et Palès, à l’ombre des platanes, au bruit des fontaines murmurantes, recevaient la brebis marquée de cinabre et la fleur de pur froment.
Des traits charmants, ramenés chaque jour par les misères qui les multiplient en se multipliant, font bénir le nom de Fénelon et surtout sa présence.
Dans le Repas ridicule, dans les Embarras de Paris, dans la Lésine de la satire X, la réalité vulgaire est traduite avec une exactitude puissante : et dans le Lutrin, ce qui est purement pittoresque et traduisible par le dessin et la couleur, profils et gestes de chanoines, de chantres, meubles, flacons, « natures mortes », tout cela est indiqué d’un trait sûr et léger, avec une charmante sincérité.
Pour la même raison, et par le même procédé, Voltaire est un charmant conteur.
Toutes les parties de ses romans qui ne sont ou peuvent n’être que des contes à la Voltaire, sont charmantes : quel malheur qu’il ne s’en soit pas tenu là !
Daphné, chrétienne par docilité, mais l’imagination et le cœur encore pleins des divinités anciennes, mêlant avec candeur le culte du Christ, dieu des morts, au ressouvenir des dieux de la vie, est une figure d’une vérité délicate et charmante.
Quelques-unes nous trouvent si distraits et si occupés des soins de la vie, que leur présence nous donne un plaisir de surprise, ou si incapables d’en retenir l’impression dans nos faibles cerveaux que, comme un air de musique difficile et charmant, nous avons besoin de les rapprendre sans cesse.
Lélio, trahi par sa maîtresse, s’est ainsi sauvé à la campagne, et, à l’entendre, quand on lui vante une femme aimable, c’est comme si on lui parlait d’une charmante vipère.
Quand Chateaubriand, au début de notre siècle, écrivit son Génie du Christianisme, qui n’est au fond et encore partiellement que le génie du catholicisme, il défendit sa religion en montrant qu’elle était artistique, aimable, qu’elle avait des fêtes charmantes, des cérémonies touchantes, des beautés extérieures de toute espèce.
Huet naquit à Caen, en 1630, d’un père déjà vieillard, qui lui communiqua peut-être de ce tempérament rassis et de cette égalité d’âme qui le distingua dans toute sa longue vie ; d’une mère jeune, spirituelle, « d’une humeur charmante, d’un entretien enjoué, d’un esprit délicat et pénétrant, qui savait remarquer finement le ridicule des choses et des personnes ».
Turgot ne s’en tient pas, en fait de morale, à une pure impression mobile de sensibilité physique, il a des principes plus fixes : « Je suis en morale, dit-il d’une manière charmante, grand ennemi de l’indifférence et grand ami de l’indulgence, dont j’ai souvent autant besoin qu’un autre. » Condorcet, dans son besoin d’activité et de propagation extérieure, paraît croire qu’on ne peut éviter certains vices peu dangereux sans risquer de perdre de plus grandes vertus : « En général, les gens scrupuleux, pense-t-il, ne sont pas propres aux grandes choses. » Turgot ici l’arrête tout court ; il semble deviner l’homme de parti et de propagande qui perce déjà, et il lui dit : « La morale roule encore plus sur les devoirs que sur les vertus actives… Tous les devoirs sont d’accord entre eux.
Elle faisait de ces choses qui eussent été charmantes de la part d’une toute jeune fille : pendant un voyage en Flandre où M. de Lauzun commandait comme général, un jour d’horrible pluie, comme il s’approchait souvent de la voiture du roi nu-tête et le chapeau à la main, Mademoiselle ne pouvait se contenir et disait au roi : « Faites-lui mettre son chapeau !
Mais, à ce dîner, la première impression passée, il fut charmant, séduisant, traitant les plus vastes sujets avec une énergie brillante ; et, sur le chapitre de l’Allemagne en particulier auquel M. de La Marck l’amena, il parla encore mieux qu’il n’en avait écrit.
Il ne la connut en effet qu’en 1814, et cette idée de séparation et de privation paternelle revient souvent sous sa plume, paroles et expressions les plus vives et qui vont au cœur : « L’idée de partir de ce monde sans te connaître, lui écrit-il, est une des plus épouvantables qui puissent se présenter à mon imagination. » Il avait une autre fille aînée qui était également loin de lui, et qui était alors à marier, avec toutes sortes de qualités, mais sans fortune ; c’est en pensant à elle qu’il s’écriait d’une manière charmante : « Ah !
Il est des expressions moins marquées et plus douces, et qu’elle place d’une manière charmante : « Faites, écrit-elle à son fils, que vos études coulent dans vos mœurs, et que tout le profit de vos lectures se tourne en vertu… » — « Parmi le tumulte du monde, ayez, mon fils, lui dit-elle encore, quelque ami sûr qui fasse couler dans votre âme les paroles de la vérité. » Et enfin (car elle affectionne cette expression), dans son petit Traité de l’amitié : « Que les heures sont légères, s’écrie-t-elle, qu’elles sont coulantes avec ce qu’on aime !
Dès les premières pages, quand il nous peint sa famille modeste, unie et heureuse (il était fils, je crois, d’un tailleur), le bon prêtre qui lui apprend le latin, l’abbé Vaissière ; le premier camarade et ami de cœur qu’il se donne pour modèle, le sage Durant ; quand il nous fait connaître de près sa mère, charmante et distinguée d’esprit dans sa condition obscure, son père sensé et d’une tendresse plus sévère, ses tantes, ses sœurs, on croit respirer une odeur de bonnes mœurs et de bons sentiments qui lui resteront, et qu’il ne perdra jamais, même à travers les boudoirs où plus tard il s’oubliera.
Je finis malgré moi. » Elle a un beau et doux moment, l’unique, le dernier ; c’est après la victoire de Belgrade, où Bonneval eut si grande part et où la renommée proclame sa vaillance : Quel moment charmant, s’écrie-t-elle (septembre 1717), à ajouter au plaisir de votre bonne santé, le seul qui m’ait occupée jusqu’à cette heure, que celui de la victoire à laquelle tout le monde vous donne la plus grande part !
Encore une fois, tout cela serait charmant et d’une singularité pleine de grâce dans un jeune et brillant militaire qui veut qu’on soit avant tout avec lui de la religion des braves ; mais, transposé dans l’ordre de la discussion politique et dans un système qui professait une entière liberté de presse, cela criait et jurait à chaque pas.
Ces charmantes paroles ont été écrites, remarque un biographe de Rollin36, dans la même rue où Bernardin de Saint-Pierre devait écrire l’histoire de son Fraisier.
L’étude des clichés donnerait d’analogues résultats, mais plus curieux encore et bien plus concluants, parce que les exemples seraient innombrables de ces images jadis charmantes et qui ont aujourd’hui le ridicule des vieux visages fardés.
Guyau étudie à ce sujet l’esthétique du souvenir, qui lui inspire des pages d’une poésie charmante.
Soyez les Furies, on vous nommera Euménides, les Charmantes ; tuez vos frères, on vous nommera Philadelphe ; tuez votre père, on vous nommera Philopator ; soyez un grand général, on vous nommera le petit caporal.
Eugène Guinot, — un journaliste qui se croit toujours à la mairie, — célèbre, pour la cinquante-troisième fois, le mariage du jeune clerc d’huissier Nanouchet avec la charmante comtesse Pascalowich, dont le saute-ruisseau a sauvé, — au péril de ses pantalons, — le voile vert pris aux branches d’un acacia ; alors, l’éternel suisse d’Aix-la-Chapelle étale en montre, dans la colonne réservée que lui loue tout chroniqueur bien élevé, les deux crânes de Charlemagne enfant et de Charlemagne empereur.
Ce n’est guère un récit que je tente, c’est plutôt une confession votive que j’exhale, un regret que j’exprime à l’illustre disparu, ou, suivant la parole charmante de la Duchesse de Clermont-Tonnerre, à propos de Remy de Gourmont, un « tardif envoi de pleurs »c que je lui fais.
Comment, par exemple (il est bon de citer des noms), un homme comme Audin, l’une des plus charmantes plumes et des plus poignantes aussi du catholicisme de ces derniers temps, Audin, l’historien et le biographe, n’a-t-il que l’aumône dérisoire d’une mention chétive, quand, à côté, M.
Auguste Le Prévôt, où il est estompé dans une rêverie pieuse, à la nuance de laquelle il aurait dû s’arrêter, mais qu’il a forcée et trop forcée partout ailleurs ; dans la pièce qui commence par le vers : J’arrive de bien loin, et demain je repars ; idée charmante, inspirée par la famille, cette source de toute poésie intime ; dans Les Larmes de Racine, où l’on retrouve le détail secret, domestique, obscur, dans lequel M.
Grâce à l’hypocrisie charmante de sa pensée et à la puissante tactique des demi-mots, il ose tout.
C’était une chaste harmonie, mélodieuse sans art, émue sans passion terrestre, presque monotone et toute charmante ; c’étaient les premiers et les délicieux vers de M. de Lamartine : l’Isolement, le Soir, le Vallon, le Lac, la Foi, le Temple, les Étoiles ; tous ces échos de douce rêverie, dont nuls sons ne pouvaient être détachés et retentir dans les vastes auditoires des cours publics, sans faire éclater les mille applaudissements d’une jeunesse idolâtre.
Pour la commodité du lecteur, il a semblé à propos de joindre à cette introduction le texte même du court et charmant ouvrage qui en est l’objet. […] Nous avons fait de charmantes promenades le long des ruisseaux et sous les avenues de grands hêtres. […] — Rien n’est impossible à Dieu. » Cet emblème du bâton desséché qui reverdit ou fleurit se retrouve dans quelques légendes pieuses ; c’est un produit charmant et spontané de l’imagination populaire. […] La singulière et charmante doctrine dans laquelle l’oiseau unit si intimement le dieu d’Amour et l’amour de Dieu, convient aussi, à ce qu’il me semble, bien qu’elle ait une forme de sermon, à un prédicateur laïque plus qu’ecclésiastique. […] Le poète a créé ainsi une sorte de magie nouvelle et charmante, tout imprégnée de l’esprit de son temps, et en faveur de laquelle on lui pardonnera d’avoir affaibli, en la reléguant presque au second plan, l’ingénieuse sagesse du vieux conte.
D’où un délicieux chaos, un charmant labyrinthe parmi lequel on voit les professeurs désorientés se mendier l’un à l’autre le bout, qu’ils n’auront jamais, du fil d’Ariane. […] Ils ne cessèrent de crier, ces crédules charmants, et ils crient encore : « Il va venir ! […] Aucun génie n’aurait pu imiter avec cette perfection la délicieuse et fraîche sottise de ces charmantes petites âmes. […] Je ne voudrais avoir l’air de m’égayer de l’innocence littéraire de tant d’êtres charmants, et dont la destinée heureuse est de vivre loin de toute littérature. […] Une civilisation dégagée du christianisme verrait sans peur l’amour élégant devenir pour quelques jeunes filles une profession charmante.
Cette charmante philosophie conjugale n’est pas pour nous déplaire. […] Il n’aime que les cuisinières. » Charmante femme, charmante éducation ! […] Charmante sensibilité féminine ! […] Comme je ne pense pas que ce soit une force « métapsychique » qui fasse vibrer à trois mille kilomètres de distance les récepteurs de la télégraphie sans fil, je n’insiste pas sur cette toute charmante « métapsychique ». […] Le renard qui trouve les raisins trop verts nous a donné un exemple charmant de cette attitude dédaigneuse.
Besogne étiquetée, mais charmante, toute de procédés et de recettes, mais pleine de cette jouissance paisible de voir pousser en leur saison des fleurs attendues. […] N’est-ce pas une note charmante sur les idées du temps ? […] Je connais des conteurs charmants, des fantaisistes adorables, des poètes en prose dont j’aime beaucoup les livres. […] Voilà tout ; ce n’est rien, et c’est d’un comique excellent, d’une ironie charmante, dans la justesse de l’observation et du rendu. […] D’ailleurs, pour qu’on ne me soupçonne pas d’analyser le livre à mon point de vue, je préfère en prendre le compte rendu dans un charmant article que M.
N’est-ce pas encore un tableau charmant que cette mélancolique et nocturne lecture ? […] Et la chanson est charmante, souvent : Montchrétien est un de nos derniers et plus exquis lyriques, avant le règne du bon sens éloquent. […] Gil Blas est charmant partout où il n’est que Français, travesti à l’espagnole, mais Français de la tête aux pieds et de corps et d’âme. […] C’est un charmant esprit, original, et qui fait penser à mille choses dont on ne s’aviserait jamais. […] Mais c’est un fait : allez entendre au théâtre La Surprise de l’amour si charmante à la lecture.
Ce genre de spectacle, depuis si charmant et si français, alors au berceau, était des plus humbles et des plus bas ; il consistait en de simples parades qui, nées sous la Régence, et grâce aux libres mœurs qu’elle favorisait, en avaient pris le ton. […] Le monologue du jeune auteur dramatique pendant qu’on représente sa pièce pour la première fois est d’un charmant et toujours vrai naturel.
parce que les scènes invraisemblables, le comique arbitraire, les cérémonies burlesques, les Turcs, la danse des dervis, dara, dara bastonnara, toutes ces charmantes folies enfin, qui sont comme un souvenir de la comédie ancienne, nous font sortir un peu de la réalité qui nous obsède dans les scènes avec le maître de philosophie et avec Nicole. […] Jourdain, et tant d’inoffensives folies, et cette scène charmante de La Princesse d’Élide où Moron caresse un ours !
Quand il parle de son œuvre, il a la modestie la plus charmante, une modestie qui n’est plus guère de ce temps-ci, où la vanité littéraire a perdu toute pudeur ; et quand il parle de sa personne, il a l’humilité la plus vraie. […] Plus d’une fois il m’a désolé par la façon dont il traite des gens pour qui j’ai de l’indulgence, de la sympathie, ou même du respect Mais il eut en même temps des « faiblesses » charmantes.
Cette femme charmante, qui n’est plus qu’un point, à peine visible à l’œil nu, dans la constellation romantique, fut pendant dix ans une étoile lumineuse. […] Et finalement je trouve charmant que ce nom et ce titre soient usurpés par un institut de frivolités.
Exemple, un palanquin ; nous voilà transportés dans l’Orient des merveilles : toutes nos idées, assez vagues en soi, nous paraissent aussitôt charmantes ; l’impression ne serait plus la même s’il s’agissait d’une vulgaire chaise à porteurs de nos pays, où nous voyons tout de suite un malade étendu. […] » Voici maintenant un lever de soleil en Grèce, avec de petits détails d’une précision charmante : Le soleil se levait entre deux cimes du mont Hymetle ; les corneilles qui nichent autour de la citadelle planaient au-dessous de nous ; leurs ailes noires et lustrées étaient glacées de rose par les premiers reflets du jour ; des colonnes de fumée bleue et légère montaient dans l’ombre le long des flancs de l’Hymelte ; Athènes, l’Acropolis et les débris du Parthénon se coloraient de la plus belle teinte de la fleur du pêcher ; les sculptures de Phidias, frappées horizontalement d’un rayon d’or, s’animaient et semblaient se mouvoir sur le marbre par la mobilité des ombres du relief : au loin, la mer et le Pirée étaient tout blancs de lumière, et la citadelle de Corinthe, renvoyant l’éclat du jour nouveau, brillait sur l’horizon du couchant comme un rocher de pourpre et de feu.
Albert est un charmant garçon ; Werther et lui se lient d’amitié. […] Ce jardin ainsi livré à lui-même depuis plus d’un demi-siècle était extraordinaire et charmant.
Alors, très gaîment, avec une patience charmante, elle s’efforçait de m’apprendre à jouer aux dames. […] Je n’avais pas encore lu le Faust de Goethe, sans cela il est certain que je l’aurais pris pour Méphisto : grand, très maigre, le teint brun, les traits fins, la mince barbe effilée en pointe, il avait le regard aigu, la bouche narquoise et dédaigneuse, Il fut charmant pour sa filleule et s’apitoya beaucoup sur ce bras, que l’on était en train de serrer dans une bande de taffetas noir. […] Il avait le nez légèrement aquilin, les lèvres fortes et des yeux vert de mer d’une couleur étrange et charmante ; une barbe brune assez fournie encadrait son visage, dont la bonté était éveillée par une ironie spirituelle. » Je n’ai gardé qu’un souvenir assez confus, des commères en grande toilette, qui causaient et riaient avec leurs compères. […] Elles disaient que ce devait être un jeune prêtre, qui avait, peut-être, sa sœur dans le couvent ; d’autres cachaient des sourires, pleins de sous-entendus ; quelques-unes le trouvaient charmant. […] Jamais, il ne cessa de regretter « ce pur et charmant écrivain, qui, à l’esprit le plus ingénieux, au caprice le plus tendre, joignait une forme sobre, délicate et parfaite », celui à qui Goethe écrivait, après la traduction de Faust en français, que Gérard publia à l’âge de dix-huit ans : « Je ne me suis jamais si bien compris qu’en vous lisant. » Le chagrin causé par sa mort tragique ne s’effaçait pas ; mon père et ma mère en parlaient souvent entre eux, avec de vagues idées d’enquête et de représailles, car ils n’avaient jamais cru au suicide.
Il y en a de charmantes, il y en a d’admirables ; très peu sont banales. […] Voyez la mort de Turpin : l’archevesque tout blessé, voyant Roland pâmer, prend son olifant pour aller puiser de l’eau ; à Roncevaux, à une eau courante, — il veut aller, en donnera à Roland. — Tant s’efforça qu’il se mit sur ses pieds (en estant) ; — à petits pas il marche tout chancelant, — si faible qu’il ne peut aller en avant ; — il n’en a force, trop a perdu de sang. — Ains qu’il eut fait un seul arpent du camp, — le cœur lui faut et il tombe en avant … » Et quel tableau que celui de ces deux hommes blessés à mort qui se dévouent l’un à l’autre jusqu’au dernier souffle, échangent de leurs mains tremblantes d’inutiles secours, et cela sans que l’auteur gâte par un mot maladroit la beauté de sa vision, sans qu’il paraisse, sans qu’il fasse semblant d’exister, Roland revient de pamoison, comprend que l’archevêque est mort et le poète ne dit que ceci : « Il a grand douleur. » Le réalisme de Roland est violent et charmant ( « énorme et délicat ») : « Le comte Roland voit l’archevêque à terre, — dehors son corps voit sortir les boyaux, — » dessus le front lui jaillit la cervelle, — sur sa poitrine, entre les deux aisselles, — il a croisé ses blanches mains, les belles. » De pareils tableaux, comparables en précision réaliste aux plus nettes peintures homériques, les vieux poèmes français en sont pleins. […] Voyez quelle idée il avait du naturel : dans la lettre même qu’à titre d’exemple on nous donne il vante l’ingénuité de Mme de Sévigné, cette précieuse charmante qui n’a jamais exprimé un sentiment qu’enjolivé de mignardises. […] Ce jeune homme, mort à vingt-sept ans, fut un des héros de l’esprit français ; rien de biblique ne l’avait touché ; sa morale était charmante, instinctive et libre ; une vie d’art et de cœur s’épanouissait en lui. […] C’est dans le bibelot, dans la pièce manuelle, le meuble, l’étoffe, qu’il faut chercher les tentatives les plus curieuses et les plus heureuses, domaine d’ailleurs indéterminé et charmant, celui où l’art, devenu familier, peut se goûter plus intimement.
Un artiste comme Catulle Mendès, qui de plus est un homme du monde et du boulevard, devait sûrement pouvoir raconter de charmantes anecdotes. […] — en tout cas elle n’avait pas plus de vingt-cinq ans, — charmante, spirituelle et presque jolie. […] Ce charmant petit livre est la confession fort curieuse d’une âme. […] La terre fine et friable qui le recouvre peut produire des plantes charmantes, mais elle n’est pas le terrain ; du moins elle ne l’est point aux yeux du paysan et du connaisseur. […] — « Mallarmé », disait-on, « est avant tout un charmant homme et un charmeur.
Mais alors vous n’étiez qu’un enfant, l’enfant dont le charmant portrait orne encore la chambre bleue de ma grand’mère, et qu’elle nous montrait à mes frères et à moi, dans notre enfance, du doigt levé de sa belle main, quand elle nous engageait à vous ressembler. […] Feuillet n’était capable de tracer les charmantes pages du Journal de Bernard, sur lesquelles s’ouvre le roman, ni surtout les trois chapitres où se trouvent étudiées les impressions d’Aliette, transportée soudain de sa province en plein milieu du Paris élégant et frivole. […] Aucune tête n’est plus charmante. […] C’est alors un concert d’idées tour à tour fines et pittoresques, gaies et songeuses, une féerie intellectuelle comparable, par la fantaisie charmante ou perfide, aux comédies romanesques de l’auteur d’As you like. […] Je le ferme, et voici qu’une demi-hallucination évoque devant mon souvenir le spirituel et charmant seigneur de l’île de Port-Cros, qui nous a quittés d’hier.
Il me souvient que l’Editeur, homme vieillissant, charmant et paternel, un peu interloqué peut-être par ce livre hors de la norme, me présenta à Armand Silvestre13. […] Mais c’est avec cette nuance charmante d’hommage que Verlaine, comme s’excusant en même temps, constata leur égalité dans l’admiration du nouvel Age poétique : Eh ! […] Viélé-Griffin appuie sa revendication de la complète liberté des vers sur une phrase écrite par Théodore de Banville, vœu du noble poète des Exilés réalisé par Paul Verlaine, qui préféra pourtant au vieil alexandrin par lui délivré, le déséquilibre et le risque charmant des nombres impairs et dissonnants. […] Votre lettre est charmante. […] De Jean Philibert, qui est de l’Aude : « Les « Ecrits » m’apportent la même et apaisante fièvre d’art, avec la compagnie des charmants, sincères, ou robustes camarades de· toujours, et d’encore.
N’est-il pas charmant, par exemple, et vraiment paradoxal aujourd’hui, de nous avoir parlé de Chateaubriand sans s’être cru obligé de brosser une toile de fond avec une image de la Bretagne ? […] Comme ils sont souvent éloquents et charmants, nous nous laissons séduire par eux, et un bon Tourangeau comme Jules Lemaître en arrive à écrire son article comique sur les Littératures du Nord. […] Les Six beautés sous les arbres, c’est le titre d’un livre charmant que M. […] Henri Bremond un apologue charmant. […] Dans le manifeste vivant et charmant qu’il écrivit lors de la reprise de la N.R.F.
Cette amitié si particulière du président de Lamoignon pour Gui Patin prouve une chose : c’est que ce dernier, malgré ses sorties et ses saillies parfois excessives, était en effet « agréable et charmant en conversation », qu’il avait le bon sens dans le sel, et était de ceux qu’un esprit solide pouvait agréer dans l’habitude.
C’est une branche charmante et bien variée de la littérature française dès le Moyen Âge que le conte, depuis les auteurs de fabliaux jusqu’à La Fontaine, en passant par les nouvelles de la cour de Bourgogne, par les jolis romans d’Antoine de La Sale, par les contes de Marguerite de Navarre, de Des Périers.
Venant de parler des autres généraux en vogue et en renom, et de Villars même, qui était alors sur le pied de conquérant, Mme de Coulanges, dans une lettre à Mme de Grignan (1703), écrivait : Mais, madame, je m’amuse à vous parler des maréchaux de France employés, et je ne vous dis rien de celui dont le loisir et la sagesse sont au-dessus de tout ce que l’on en peut dire ; il me paraît avoir bien de l’esprit, une modestie charmante : il ne me parle jamais de lui… C’est un parfait philosophe, et philosophe chrétien ; enfin, si j’avais eu un voisin à choisir, ne pouvant m’approcher de Grignan, j’aurais choisi celui-là.
Tel devient le français librement manié par ce charmant esprit qui y taille à sa guise, et qui se prenait parfois à souhaiter une langue toute neuve, afin d’y exprimer plus fraîchement ses pensées93.
Combien de charmantes jeunes filles épousèrent les pointes de ses lances, et furent écrasées sous les pieds de ses insolents mercenaires !
Ce talent admirable d’orateur moraliste et tendre, cette âme charmante, virgilienne et racinienne, ce panégyriste de la Madeleine repentie, après une première saison d’austérité et de ferveur, s’était apaisé comme il est naturel, s’était même attiédi du côté de la foi et était arrivé, sur la fin, à plus de sagesse humaine peut-être que divine.
Vous qui ouvrez un journal, ou si le journal vous paraît chose trop légère, vous qui lisez ces recueils qu’on appelle des Revues, représentez-vous bien ce que vous devez, les longs soirs d’hiver au logis ou les après-midis d’été à la campagne, à ces esprits charmants, faciles, élevés, inépuisables, qui, depuis trente ans et plus, vous ont donné, dans des récits variés, de continuelles jouissances et des surprises de lecture devenues pour vous une habitude, — et qui vous les donnent sans trace d’effort, comme l’arbre donne ses fruits, comme la source verse l’onde.
De cette espèce de comparaison que je ne fais qu’indiquer en passant, on aurait grand tort de conclure qu’il n’y a pas dans ces lettres de M. de Tocqueville de charmants tableaux.
Je demande, très-humblement, à un grand écrivain la permission de courir un moment ici sur ses terres, et d’y recueillir, s’il se peut, quelques épaves échappées de ses mains, dans le voyage charmant où il convie ses lecteurs, à travers le xviie siècle.
Pellisson, lorsque celui-ci vint à la Trappe après sa conversion, non pas comme un bon livre, mais comme un livre fort propre et bien relié ; que dans les deux premières années de sa retraite, avant d’être religieux, il avoit voulu relire les poètes, mais que cela ne faisoit que rappeler ses anciennes idées, et qu’il y a dans cette lecture un poison subtil caché sous des fleurs qui est très-dangereux, et qu’enfin il avoit fallu quitter tout cela. » Quand vint la lutte sérieuse, Rancé, on le voit, n’hésita point ; le culte charmant résista peu en lui à cet endroit ; aussi il n’était que scoliaste et non poëte, il étouffa plus aisément sa colombe, qui n’était que celle d’Anacréon.
Plus enfant, m’a-t-on dit, à Saint-Malo, dans sa petite chambre haute (contraste charmant de goûts qui le peint d’avance), il avait aimé à faire de la dentelle.
Arthur lui-même, à part ces cruels moments, est accompli de façons et presque charmant de cœur ; et cependant, le dirai-je ?
M.de Lionne est le maître de cette école solide et charmante dont M.de Pomponne, à la fois plus vertueux et moins appliqué, n’est déjà plus.
Esther, avec ses douceurs charmantes et ses aimables peintures, Esther, moins dramatique qu’Athalie, et qui vise moins haut, me semble plus complète en soi, et ne laisser rien à désirer.
Je trouve Zadig et Candide, que nous avons tous lus, messieurs (tous ceux du moins qui ont eu le loisir de lire), deux romans philosophiques qui ont paru à beaucoup de bons esprits les productions d’une raison charmante encore, lors même qu’elle est le plus amère.
IX Nous avons parcouru nous-même, non loin de Bethléem, cette charmante vallée du Térébinthe.
Catherine de Médicis et Marie de Médicis régnèrent en France ; l’Italie poétique et artistique émigra avec elles, les arts les suivirent ; elles bâtirent le Louvre et le charmant château des Tuileries ; leur règne fut le règne de quelques vices et de beaucoup de génie.
Chrétien de Troyes a esquissé parfois la charmante comédie de l’amour aux prises avec la vanité, et s’il n’entend rien à la passion, il sait envelopper délicatement le sentiment sincère de naturelle coquetterie.
Parfois cette vérité éprouvée et sentie éclate dans son œuvre d’une façon charmante ; et tant pis, ou plutôt tant mieux, si elle bouscule et dérange les symboles laborieusement combinés.
Mais c’est dans la peinture que ce travestissement a toute sa grâce : et nos bavards mystères ne nous offrent rien qui ne soit cent fois plus charmant dans les tableaux des vieux maîtres allemands ou hollandais.
Mme de Sablé s’était retirée depuis 1659 auprès de Port-Royal, ajoutant la dévotion à tous ces défauts et qualités qui composaient sa charmante personne.
Même Musset a eu dans un degré supérieur le sens de la caricature artistique, qui ramasse et déforme un type par une simplification vigoureuse : dame Pluche, Blazius, Bridaine, le prince de Mantoue, le podestat Claudio sont de charmants grotesques.
J’aurais été de ceux qui demandaient à l’auteur, au temps de la grande faveur de Paul et Virginie, s’il était vrai que ce couple charmant eût fait une si cruelle fin.
Ceux-là disaient à voix basse, en la voyant monter à la tour de Scée : « Certes, ce n’est pas sans raison que les Troyens et les Achéens aux belles cnémides endurent pour une telle femme des maux si affreux, car elle ressemble par sa beauté aux Déesses immortelles. » Ceux-ci l’appellent, en la maudissant, des noms qu’on donne aux enchanteresses : « Ame sereine comme la mer tranquille… parure de la richesse… trait charmant des yeux… fleur du désir enivrant le cœur. » — Plus tard, dans l’Oreste d’Euripide, Electre insulte d’abord Hélène, lorsqu’elle rentre de nuit dans Argos, « craignant les pères de ceux qui sont morts sous les murs d’Ilion ».
Rien de plus noble et de plus charmant.
Lionnette est le gouffre, charmant et terrible, qui a englouti cette fortune.
Dans ses Mémoires, le chapitre par lequel il entame sa vie politique et qu’il intitule « De Bonaparte », débute également par une page qui va rejoindre la dernière invocation de ce poème des Martyrs : « La jeunesse est une chose charmante ; elle part au commencement de la vie, couronnée de fleurs, comme la flotte athénienne pour aller conquérir la Sicile… » Et le poète conclut que, quand la jeunesse est passée avec ses désirs et ses songes, il faut bien, en désespoir de cause, se rabattre à la terre et en venir à la triste réalité.
dans cette indigne histoire ou chronique scandaleuse de son temps, n’avait-il pas trouvé moyen de mettre, à côté de Mme d’Olonne et de Mme de Montglat, sa propre cousine, cette charmante Mme de Sévigné elle-même !
Il avait les gros yeux de la race, et qui, charmants dans les portraits de ses père, oncle et aïeul, le devenaient aussi chez lui toutes les fois qu’une femme s’oubliait à le regarder : « Ce sont ces certains yeux couchés, disait-il, que, sur mon honneur, je ne saurais appeler beaux, dusses-tu me battre (c’est à Sophie qu’il écrivait cela), mais qui enfin disent assez bien, et quelquefois trop bien, tout ce que sent l’âme qu’ils peignent. » Il tenait pourtant de sa mère (Mlle de Vassan) des caractères qui gâtaient fort et qui ravalaient même, disait son père, la hauteur originelle du type, qui en altéraient certainement la noblesse, mais qui en corrigèrent aussi la dureté.
Voilà en quelles mains ce charmant génie (comme toute la France) était tombé, voilà à quels hommes il eut affaire.
Maintenant, charmant de simplicité, sans tyrannie en voyage, et gai de la joie d’un collégien en vacance, et charmeur à la fois autant par les grandes idées qu’il remue, que par la grâce ingénue de sa plaisanterie et de ses imitations naïvement maladroites de la pratique de M.
Admirez la nature qui d’un peu de boue et d’oxyde fait cette charmante pierre verte. — J’admire bien plus les hommes, répondit Jérôme Bonaparte, qui font de cette pierre une écritoire.
C’est un Poëme charmant, dit M. de Voltaire, mais un Poëme épique.
Nos lecteurs y gagneront au moins quelques pages charmantes.
Je ne doute pas qu’Anacréon ne fût en effet pour les Grecs un auteur charmant : mais je ne doute pas non plus que presque tout son mérite ne soit perdu pour nous, parce que ce mérite consistait sûrement presque en entier dans l’usage heureux qu’il faisait de sa langue ; usage dont la finesse ne saurait être aperçue par des yeux modernes.
Et il ajoute, pour que nous continuions d’observer Cosette et d’être heureux avec elle, ce couplet demeuré célèbre : « La poupée est un des plus impérieux besoins et en même temps un des plus charmants instincts de l’enfance féminine.
Ce caractère, ce genre de diction, je ne veux pas dire tempéré, comme l’ont nommé quelques hébraïsants trop classiques, mais unique, mais original, et semblable, pour ainsi dire, à une inspiration si divine qu’elle ne coûte aucun effort, qu’elle n’agite pas le prophète, qu’elle ne trouble pas le son de sa voix et qu’elle tombe doucement de ses lèvres, nous en avons de nombreux exemples dans Pindare ; mais une gracieuse image s’en retrouve aussi dans l’ode charmante d’Horace : Quem tu, Melpomene, semel Nascentem placido lumine videris, Illum non labor Isthmius Clarabit pugilem, etc.
tu es venu vers le magnifique haras de cette terre féconde en coursiers, vers cette, Colone à la blancheur argentée, où le rossignol soupire ses mélodieux accents sous le vert feuillage. » Mais, si les juges voulurent écouter encore avant d’absoudre Sophocle, jamais ode plus charmante n’avait célébré le ciel, la terre, les souvenirs d’Athènes : « Cette contrée où Bacchus, toujours en fête, se promène entouré du cortège de ses divines nourrices, où, sous une céleste rosée, le narcisse verdoyant se pare chaque jour de gracieuses guirlandes, le narcisse, antique couronne des déesses, et le safran aux fruits dorés, les inépuisables sources du Céphise ne se lassent pas d’y répandre leurs ondes.
Mistral, lui, s’est littéralement incrusté dans sa bourgade, qui est du reste charmante. […] Paul Sabatier et Henry Thode, très érudit lui aussi, et qui renouvelle la matière par une charmante fraîcheur d’impressions. […] Sa vie même, remplie de scènes charmantes, au milieu des champs et des bois, allait fournit des thèmes inépuisables au grand peintre qui décora la basilique supérieure d’Assise et à ses successeurs. […] Un épisode charmant expose l’histoire de la fée Vigorine, qui avait posé son anneau sur la tige d’un lys non encore éclos, et du sire de Brolangie à qui un enchanteur promit l’empire du monde s’il ôtait cet anneau. […] Il a une fille charmante.
De là cette charmante pudeur, ce quelque chose de voilé, de sobre, d’exquis, à égale distance de la rhétorique du sentiment trop familière aux races latines, et de la naïveté réfléchie de l’Allemand… La réserve apparente des peuples celtiques, qu’on prend pour de la froideur, tient à cette timidité intérieure qui leur fait croire qu’un sentiment perd la moitié de sa valeur quand il est exprimé et que le cœur ne doit avoir de spectateur que lui-même. » Faut-il attribuer ces prédispositions de l’âme celtique à l’héréditaire influence d’un climat mélancolique et qui multiplie autour de l’homme les impressions vagues et ensorcelantes ? […] J’ai dit fréquemment : les ambitions d’Ernest le préoccupent plus que ses affections, et ses nouvelles affections plus que les anciennes… » Et une autre fois : « En voyant dans vos lettres les traces de vos souffrances, je ne puis m’empêcher de songer que vous et moi, monsieur, nous cherchons dans mon frère quelqu’un qui n’est plus… Ce que nous voulons saisir en lui n’est plus qu’un fantôme et un souvenir… » Puis, comme effrayée de ce qu’elle vient d’oser sentir, la charmante créature ajoute : « Pourtant je suis assurée qu’il m’aime, et, en présence du chagrin que vos regrets lui font ressentir, il m’est impossible de ne pas croire à l’étendue, à la profondeur de l’amitié qu’il vous porte… » La vérité est que l’ami et la sœur paraissent avoir, à des degrés divers, été des créatures sensibles jusqu’à la douleur et touchées de maladie. […] Ce que nous recherchons pour nous en émouvoir dans l’œuvre des grands poètes de jadis, c’est l’empreinte, laissée sur une matière saisissable, de cette forme d’âme à jamais abolie ; c’est la ligne charmante de la petite feuille d’un matin reproduite sur une pierre qui demeure, et qui nous permet de rêver indéfiniment. […] Pierre et de son ami, les deux métaphysiciens logés près du Jardin des Plantes « qui ne vont point dans le monde, ne jouent pas au whist, ne prennent point de tabac, ne font point de collections. — Ils aiment à raisonner… » S’il est aux Italiens, et qu’il voie s’accouder sur le velours d’une loge une charmante enfant, rose et virginale dans une robe idéalement bleue, il l’analyse, il discute, il songe, il aperçoit à son sujet cinq ou six grandes vérités de psychologie sociale, et il se dit : « J’en ai tiré tout ce qu’elle valait… » Il s’est mis lui-même en scène, dans la première intransigeance de son tempérament natif, sous le masque transparent du touriste Paul, le philosophe du Voyage aux Pyrénées, qui prétend — j’ai déjà cité ce passage — qu’en somme le sens le plus sensible, le plus capable de plaisirs nouveaux et divers, c’est le cerveau… ». […] De Donawerth, en avril 1809, il écrit à un ami : « A cinq heures vingt minutes, départ pour Augsbourg ; journée charmante.
Mais, durant ces vingt dernières années, par une contrepartie facile à saisir, la même critique a eu de charmants dédains, d’adorables ignorances à l’égard des écrivains qui avaient l’audace de trouver que les motifs et l’espace ne manquent pas encore pour marcher en avant. […] Là régnait sans conteste la théorie de l’art pour l’art, une théorie charmante pour les gouvernants qui craignent l’action dissolvante de la pensée. […] Vous vous rappelez, mon cher Millerand, l’intérieur modeste et charmant où nous reçut, par un jour neigeux d’avril 1890, le président de la Confédération. […] Le voilà épris de la charmante inconnue ! […] Que d’adorables tantes, que de charmantes sœurs et surtout que de jolies fillettes !
un… cent fois plus encor que je ne di. » J’ai vu quelques acteurs commencer le rôle de Lélie avec une vérité charmante ; j’en ai distingué surtout un qui, en paraissant sur la scène, pré venait le spectateur par l’étourderie la plus aimable : je me préparais à le féliciter, à la fin de la pièce, quand voilà tout à coup mon Lélie qui, en ramassant la bourse, acte Ier, scène vii , étend les bras, s’élance sur la pointe du pied, comme on nous peint quelquefois Mercure, puis, ainsi suspendu, s’écrie d’un ton de fausset : À qui la bourse ; et cet à qui la bourse, si comique par la situation, n’avait certainement pas besoin, pour ressortir, ni du ton faux, ni de l’attitude forcée de l’acteur. […] Après ces deux actrices, mademoiselle Lusi, charmante dans une infinité de rôles, mais plus femme de chambre que soubrette, et mademoiselle Joly, l’espoir de la scène française, lorsque nous l’avons perdue56, ont trouvé nombre d’admirateurs. […] Le Mercure du poème latin débite tout uniment le prologue au public ; le Mercure du poème français, en s’adressant à la Nuit, qu’il prie de tripler le bonheur de Jupiter, ne détruit pas l’illusion, et remplace, par un dialogue charmant, l’ennui d’un long monologue ; cependant Boileau préférait le prologue latin61.
» Il va à l’endroit où il l’a vue pour la première fois, puis à un autre où il l’a entendue chanter ; « il n’y a point d’heure du jour ou de la nuit où il ne pense à elle. » Personne n’a depuis trouvé des paroles plus vraies et plus tendres ; voilà les charmantes « branches poétiques » qui avaient poussé à travers l’ignorance grossière et les parades pompeuses ; l’esprit humain au moyen âge avait fleuri du côté où il apercevait le jour. […] On a le droit et le pouvoir, comme ici Chaucer, de copier et de traduire, parce qu’à force de retoucher on imprime dans ses traductions et dans ses copies son empreinte originale, parce qu’alors on refait ce qu’on imite, parce qu’à travers ou à côté des fantaisies usées et des contes monotones on peut rendre visibles, comme ici Chaucer, les charmantes rêveries d’une âme aimable et flexible, les trente figures maîtresses du quatorzième siècle, la magnifique fraîcheur du paysage humide et du printemps anglais.
Elle est là, à côté de moi, avec sa belle et charmante tête, dans laquelle, avec l’âge, s’accuse, de jour en jour, un peu plus le type de la mulâtresse. […] 4 août Un tableau charmant, — rien que le peintre à trouver : — un homme couleur de bronze, à la membrure d’un Saint-Christophe, dans le rouge délavé de la pourpre mouillée de sa chemise de laine, offrant à la vague, le petit émoi, la petite peur, les petits membres d’une petite fille, toute blonde, toute rose, toute blanche.
Entre un assez grand nombre d’hommes aimables et de femmes charmantes que ce séjour rassemblait, et qui tous s’étaient sauvés de la ville, à ce qu’ils disaient, pour jouir des agrémens, du bonheur de la campagne, aucun qui eût quitté son oreiller, qui voulût respirer la première fraîcheur de l’air, entendre le premier chant des oiseaux, sentir le charme de la nature ranimée par les vapeurs de la nuit, recevoir le premier parfum des fleurs, des plantes et des arbres ; ils semblaient ne s’être faits habitans des champs que pour se livrer plus sûrement et plus continûment aux ennuis de la ville. […] Contre le mur vertical qui forme le derrière de la fontaine, debout, le dos appuyé contre ce mur, deux figures charmantes pour la grâce, le naturel, le caractère, la position, la mollesse, l’une d’homme, l’autre de femme ; c’est un époux, peut-être et sa jeune épouse, ce sont deux amans, un frère et sa sœur.
Il semble que, par la bouche de l’honnête homme de la pièce, Shakespeare ait voulu exprimer l’effet général de ce charmant et singulier ouvrage. […] Il y a dans cette pièce un heureux mélange de sérieux et de gaieté qui en fait une des plus charmantes productions de Shakespeare : c’est encore une de celles que l’on revoit avec le plus de plaisir sur le théâtre de Londres. […] Pétrarque veut peindre, à son entrée dans le sommeil de la mort, celle qu’il a peinte, si souvent et avec tant de passion charmante, dans l’éclat de la vie et de la jeunesse : Non come fiamma che per forza è spenta, Ma che per se medesma si consume, Sen’ andò in pace l’anima contenta, A guisa d’un soave e chiaro lume, Cui nutrimento a poco a poco manca, Tenendo al fin il suo usato costume. […] Le More brûlé du soleil, au sang ardent, à l’imagination vive et brutale, crédule par la violence de son tempérament aussi bien que par celle de sa passion ; le soldat parvenu, fier de sa fortune et de sa gloire, respectueux et soumis devant le pouvoir de qui il tient son rang, n’oubliant jamais, dans les transports de l’amour, les devoirs de la guerre, et regrettant avec amertume les joies de la guerre quand il perd tout le bonheur de l’amour ; l’homme dont la vie a été dure, agitée, pour qui des plaisirs doux et tendres sont quelque chose de nouveau qui l’étonne en le charmant, et qui ne lui donne pas le sentiment de la sécurité, bien que son caractère soit plein de générosité et de confiance ; Othello enfin, peint non seulement dans les portions de lui-même qui sont en rapport présent et direct avec la situation accidentelle où il est placé, mais dans toute l’étendue de sa nature et tel que l’a fait l’ensemble de sa destinée ; c’est là ce que Shakspeare nous fait voir. […] Des sentiments noblement exprimés, quelques dialogues naturels et des scènes charmantes rachètent les nombreux défauts de cette composition.
Rien qu’en approchant de chez les Verdurin quand il apercevait éclairées par des lampes, les grandes fenêtres dont on ne fermait jamais les volets, il s’attendrissait en pensant à l’être charmant qu’il allait voir épanoui dans leur lumière d’or. […] J’aime le portrait qu’il trace en quelques touches, de Proust enfant, et que voici : L’enfant que Marcel Proust était en 1888 (et qui a subsisté, je crois, peu changé jusqu’à sa fin), ce jeune prince persan aux grands yeux de gazelle, aux paupières alanguies ; respectueux, onduleux, caressant, inquiet ; quêteur de délices, pour qui rien n’était fade ; irrité des entraves que la nature met aux tentatives de l’homme, — surtout de l’homme qu’il était, si frêle ; — s’efforçant à convertir en quelque chose d’actif le passif qui semblait son lot ; tendu vers le plus, le trop, jusque dans sa bonté charmante : cet enfant romantique, je le dessinerais volontiers, de mémoire 39. […] Paul Desjardins, qui vous l’évoqueront adolescent : L’enfant que Marcel Proust était en 1888 (et qui a subsisté, je crois, peu changé jusqu’à sa fin), ce jeune prince persan aux grands yeux de gazelle, aux paupières alanguies ; respectueux, onduleux, caressant, inquiet ; quêteur de délices, pour qui rien n’était fade ; irrité des entraves que la nature met aux tentatives de l’homme, — surtout de l’homme qu’il était, si frêle ; — s’efforçant à convertir en quelque chose d’actif le passif qui semblait son lot ; tendu vers le plus, le trop, jusque dans sa bonté charmante : cet enfant romantique, je le dessinerais volontiers, de mémoire 76. […] Je vous donne quelques exemples : Swann a pris l’habitude de voir tous les soirs Odette chez les Verdurin : Rien qu’en approchant de chez les Verdurin quand il apercevait, éclairées par des lampes, les grandes fenêtres dont on ne fermait jamais les volets, il s’attendrissait en pensant à l’être charmant qu’il allait voir épanoui dans leur lumière d’or.
Pendant de longs mois, le charmant sceptique avait gardé un silence prudent ou paresseux. […] Une femme charmante et très écoutée, Mme de Sévigné, qui, semblable aux reines de nos salons et de nos dîners parisiens, par lesquelles se font les élections académiques, n’eut pas besoin, pour faire régner son influence, de donner des preuves d’un goût toujours sûr, le lança d’abord dans la gloire, la seule vivante, la seule vraie, celle du nom qui voltige sur toutes les lèvres vilaines ou jolies. […] Louis Bouilhet, qui paraît avoir été des premiers, a exprimé en termes savoureux la volupté de bien écrire : C’est un métier charmant et bien digne d’envie, Par Castor et Pollux ! […] Votre esprit charmant et profond s’est amusé141 à chercher le résidu métaphorique d’une phrase purement abstraite et métaphysique en apparence : « L’âme possède Dieu dans la mesure où elle participe de l’absolu. » Ramenée aux origines sensorielles dont elle est issue, retraduite dans les images qui lui ont donné naissance, voici ce que cette petite phrase devient ou redevient : « Le souffle est assis sur celui qui brille, au boisseau du don qu’il reçoit en ce qui est hors le fendu. » Véritable rébus, dont l’énigme commence à s’éclaircir un peu par l’explication suivante : « Celui dont le souffle est un signe de vie (l’homme) prendra place (après la mort) dans le feu divin, source et foyer de la vie, et cette place lui sera mesurée sur la vertu qui lui a été donnée (par les démons) d’étendre ce souffle chaud, cette petite âme invisible, à travers l’espace que rien ne divise (le bleu du ciel). » Est-ce la sentence d’un sage ou quelque hymne védique ?
Sur les pas du charmant conteur révélé à la France par les traductions de l’infatigable Defauconpret, on se précipita vers le moyen âge. […] Mérimée, admirable styliste, publia la Jacquerie, la Chronique du Règne de Charles IX, le Faux Démétrius, œuvres charmantes, dignes de servir de modèles à une génération qui en a assez peu profité, Je ne parlerai pas des nombreux romans historiques d’Alexandre Dumas, dans lesquels l’histoire, vue au kaléidoscope, se plie à tous les caprices du plus aimable conteur des temps modernes ; de George Sand, de Charles Didier, de Jules Sandeau, qui ont abordé avec plus ou moins de bonheur le genre importé par Walter Scott. […] d’un côté du Rhin comme de l’autre, le vent des locomotives a fait fuir les gnomes et les lutins, les nixes et les willis, les esprits charmants ou terribles qui peuplaient les campagnes, les bois et les solitudes, et n’a laissé à leur place que l’homme vulgaire et affairé, bourgeois ou paysan, lequel ne rappelle en rien les types excentriques qui ont charmé notre enfance. […] Charles Nodier, le charmant conteur, contribua beaucoup aussi à la reconstitution de la langue poétique en France. […] Ses vers sont charmants sans doute, tout imbus de sentiment et de fraîcheur, mais un peu trop travaillés, trop ouvrés, trop ciselés à-la manière des artistes en miniatures.
Il nous trace de lui-même une charmante image : il se peint sous les traits d’un étudiant de province, à la fois naïf et d’esprit alerte, assidu aux cours et capable de les juger, pourvu d’une garde-robe un peu ridicule qu’il aura le bon goût de changer à propos, attaché au dialecte de sa ville natale auquel il s’applique pourtant à renoncer, rempli de bonne volonté pour tous : en somme, un étudiant modèle, à qui les plus sévères ne sauraient que reprocher. […] Nul ne l’approche sans être vaincu par elle ; Goethe lui-même, de son propre aveu, subit le sort commun : pour elle, il oublia son loyal héros, qui, peu à peu (dans la première version), s’efface pour lui livrer la scène : « Malgré moi, confesse-t-il, ma plume lui appartenait tout entière, l’intérêt qu’elle excite allait croissant ; et comme à la fin Goetz demeure en dehors de l’action et ne reparaît que pour prendre fâcheusement part à la guerre des paysans, il est bien naturel qu’une charmante femme l’ait supplanté auprès de l’auteur qui, secouant les liens de l’art, pensait à s’essayer dans un nouveau champ. » Cette « charmante femme » n’est rien moins que la cheville ouvrière de la pièce : c’est elle qui, en séduisant Weislingen, l’éloigne de Marie et empêche sa réconciliation avec Gœtz ; elle séduit aussi Sickingen ; elle séduit Franz, l’écuyer de Weislingen, qui, sur ses ordres, empoisonnera son maître. […] Goethe la trouva charmante, devint l’hôte assidu de la « Maison allemande », sans que Kestner en prît ombrage. […] Dès son arrivée à Weimar, il trouva ce qu’il lui fallait, en la personne de Mme de Stein : charmante sans être belle, de caractère agréable, intelligente, délicate, de santé chétive, un peu romanesque, très sentimentale, Charlotte de Stein rappelait par plus d’un trait les douces figures raisonnables, tendres, dévouées, de Frédérique Brion et de Charlotte Buff. […] Le rôle d’Arthur avait été confié à la toute jeune et charmante Christiane Neumann, fille orpheline de l’acteur de ce nom, dont tout Weimar était enchanté, Goethe particulièrement.
Elles produisent sur moi l’effet de cet idiome grec, dont les sons charmaient le malheureux Philoctète dans son désert. » Son âme, son imagination étaient montées dans le tous-les-jours à un très haut ton ; ses lettres, sa conversation étaient d’un pittoresque inépuisable : il y versait son âme en images continuelles ; il poétisait tout à coup : « L’air de ce globe n’est pas bon ; ce soleil-ci n’est pas le véritable, je m’attends à mieux. » Quelquefois un peu de singularité, un geste grandiose qui faisait sourire, quand lui-même il était en robe de chambre et en bonnet de coton : « J’habite dans la lune, je crache sur la terre. » « Je rêve en ermite et en pauvre ermite, mes pieds appuyés sur mes vieux chenets du temps du roi Dagobert et du bon évêque saint Éloi. » Puis à côté de ces airs antiques, le plus souvent des nuances toutes fraîches et charmantes.
J’ai fait de ce bon et charmant homme un portrait un peu arrangé, mais véridique et fidèle au fond, dans la première des Pensées d’Août ; c’est lui qui est Doudun, et dont j’ai raconté l’histoire ; dont j’ai surtout retracé la touchante piété filiale.
Les charmants vers se succèdent sous la plume de Du Bellay, exprimant ses tristesses et sa consolation : Si les vers ont été l’abus de ma jeunesse, Les vers seront aussi l’appui de ma vieillesse ; S’ils furent ma folie, ils seront ma raison.
Lassé de ces bruits sonores et des statues de tout métal debout sur leurs socles démesurés, on se rejette avec une sorte de faiblesse en arrière et, comme Dante en ses cercles sombres, on réclame un guide compatissant et à portée de la main : O Virgile, Térence, Racine, Fénelon, grands hommes et si charmants, pris au sein même et dans les proportions de l’humanité, où êtes-vous ?
Les exemples de l’histoire lui sont aussi présents que les amis qu’il admet à sa table, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi ; et lorsque le sujet le comporte, il sait répandre à pleines mains, dans sa conversation, ce sel précieux que l’on dirait recueilli dans l’Océan où Vénus prit naissance. » Sa femme Clarisse et ses enfants étaient ordinairement les objets de ses plus charmantes plaisanteries.
Et ses héroïnes, ses amoureuses, Géluta, Mila, Atala, Cymodocée, les indiennes et la grecque sont de jolies statuettes d’albâtre, dont l’élégance molle écœure vite : Chateaubriand ne connaît pas la femme ; il nous présente toujours des variantes du même type irréel ; toujours il a logé son fantôme d’amour 657 vague et insubstantiel, dans des corps charmants, entrevus un jour par lui en quelque lieu des deux mondes, et qui ont caressé ses yeux ou fait rêver son âme, sans qu’il ait jamais su ou daigné pénétrer la personnalité réelle qui s’y enveloppait.
déjà trop restreint, de ceux qui aiment les lettres et notre langue charmante pour elle-même, qui trouvent dans leur seul esprit des jouissances nobles et désintéressées.
Devons-nous regretter aussi qu’elle n’ait pas, comme chez nos voisins, comme autrefois dans la Grèce, son domaine propre, son pays de chimères ingénieuses et charmantes ?
Si je la regarde ensuite, soit dans les caractères que Rabelais a créés, soit dans tout ce qu’il conservé et perfectionne de ce don charmant du récit, aussi antique que notre France, je ne la trouve pas moins admirable.
Parmi les auteurs de Mémoires, il faut noter les deux frères Du Bellay, famille d’excellents esprits, vivant dans les grandes affaires de la première moitié du siècle et, qui les racontent, l’un dans de simples Mémoires, à la façon des chroniqueurs ses devanciers155, l’autre dans des histoires un peu fastueusement taillées sur le patron de Tite-Live, avec une certaine ambition pédantesque qui dans ce temps-là n’était pas d’un mauvais exemple156 : le Loyal serviteur, un inconnu, peut-être un des secrétaires de Bayard dont il a raconté la vie dans une chronique pleine de grâce, de facilité et de naturel, où l’admiration, au lieu d’être banale, comme dans Froissart, est toujours sentie et justifiée ; petit ouvrage charmant, du même caractère que les écrits de Marguerite de Valois, un fruit de l’esprit français touché par le premier souffle de la Renaissance157.
Est-ce pour ce mérite de composition qu’on le lit encore, ou pour quelques-uns des charmants caprices de la langue de son maître, conservés dans la sienne, et pour ses naïves infractions à ses propres règles ?
c’est Charmant, mais qui recule Devant l’ombre d’un geste oublieux et moqueur… Les hochets promis à la Belle stagnent, frustes Pièges éventés, dans les ténèbres augustes.
Saint-Victor arrive, ébouriffé, non peigné, non bichonné, en déshabillé de tout l’être, et charmant garçon ainsi et beau comme un éphèbe de la Renaissance dans son rayonnant désordre, car il n’est pas fait pour l’habillement moderne qui le vulgarise et le perruquifie… * * * — Un ouvrier ébéniste, d’un de ces mots de peuple, a devant moi défini le style de ce temps sans style, le style du xixe siècle.
, p. 389-390 : poème qui raconte une soirée solitaire au Théâtre-Français : « Je vis que devant moi, se balançait gaiement / Sous une tresse noire un cou svelte et charmant ; / Et voyant cet ébène enchâssé dans l’ivoire, / Un vers d’André Chénier chanta dans ma mémoire, / Un vers presque inconnu, refrain inachevé, / frais comme le hasard, moins écrit que rêvé. »] 236.
… « Entrer dans la peau du bonhomme » est une expression à la mode dans laquelle les hommes trouvent charmant d’empailler leur pensée ; mais je demande dans la peau de quel bonhomme Sainte-Beuve, qui n’en était pas un, est entré pour en sortir et rentrer dans la peau d’un autre ?
Pensez donc : visiter les premières maisons de modes et aussi les petites, à Paris et en province ; interroger la patronne, pénétrer dans les ateliers et surprendre les employées au milieu du travail, groupées au naturel, lasses, nerveuses, attentives, bavardant, honteuses d’être vues avec leurs manches de lustrine, douces, moqueuses ou hardies ; se faire présenter à mademoiselle Irma, qui est apprêteuse et cause très volontiers de son métier ; à l’artiste mademoiselle Mathilde, qui invente les plus jolis chapeaux de Paris, et manie les plumes et les rubans comme un poète les rimes riches ; tenir entre ses mains de petits cahiers de jeunes filles disparues, qui n’ont laissé après elles que de pauvres petites idées de luxe qui sont déjà passées de mode et ces quelques feuilles de journal souvent banales, souvent charmantes, avec des blancs, des endroits tout froissés et quelquefois des traces de larmes ; n’est-ce pas de quoi s’émouvoir, et sourire, et prendre pitié ?
Zola n’était pas encore au temps où Mme de Staël écrivait : « La littérature est l’expression de la société. » Avant Mme de Staël, La Bruyère avait commencé son livre des Caractères par cette phrase charmante en sa douce malice : « Je rends à mon siècle ce qu’il m’a prêté. » Les Grecs et les Latins, avant La Bruyère, avaient plus d’une fois dit à peu près la même chose.
Ainsi, de ce poëte laborieux enseveli sous un in-folio, il a survécu, par le choix du goût, quelques vers charmants, de même que le temps et le hasard avaient sauvé quelques parcelles de la couronne d’or de Simonide ou d’Alcée.
Cette toilette funèbre redouble envers les femmes de délicatesse et de luxe : elles ont leur gynécée dans la ville mortuaire, et leurs formes charmantes, ouvragées par des mains d’artistes, s’y métamorphosent en un vague mélange de parfums et d’orfèvrerie. […] Retourne à tes vieilles idoles aux têtes d’éperviers ou de singes, tandis que les Dieux charmants et superbes qu’elles ont enfantés sans le savoir répandent sur le monde la vie, la liberté, la lumière ! […] reprit-elle en levant les yeux d’un air charmant, je ne regarderai jamais avec indifférence tout ce qui peut venir d’un pays qui m’est si cher. » Puis elle me dit en français assez bas : « J’aurais mieux aimé vous voir habillée à la mode de France qu’à celle d’Espagne. — Madame, lui dis-je, c’est un sacrifice que j’ai fait au respect que j’ai pour Votre Majesté. — Dites plutôt, continua-t-elle en souriant, que la rigidité de la duchesse vous a effrayée. […] » — s’écrie une jeune veuve : — car, par une sorte de pudeur charmante, les femmes, dans les Voceri, parlent presque toujours de leur mari comme d’un frère : — « Ô mon cerf au poil brun !
D’autres périphrases, au contraire, sont charmantes et font luire un rayon de poésie presque païenne dans le demi-jour du sanctuaire chrétien. […] Même quand ils ne sont qu’esquissés, ils sont souvent charmants. […] — On dit que vous avez pour page une fille charmante, qui est malade pour neuf mois… et par votre faute. […] — On ajoute que le Cardinal un tel a voulu vous enlever ce page charmant… et que vous l’avez fait assassiner. […] Adieu, mon cher ami ; souvenez-vous de moi dans vos charmantes sociétés ; j’aurai toujours dans mon cœur le souvenir d’un ami si digne et si respectable.
Peuple charmant & frivole, humain & brave, ingénieux & savant, philosophe & voluptueux, avec lequel nous avons tant de ressemblance, n’aviez-vous pas des Sophocle & des Euripide, des Aristophane & des Menandre, des Socrate & des Platon, dans les temps même où vos prospérités rendoient vos mœurs encore plus douces & plus voluptueuses ? […] Le Peintre charmant de Ververt & de la Chartreuse n’a pas moins mérité les suffrages du goût, lorsqu’il a mis sur le Théâtre sa Comédie du Méchant.
L’analyse directe des pensées et des sentiments est transposée en quelque sorte par lui, comme par les réalistes du xixe siècle, dans la langue des gestes et des attitudes, ce qui nous vaut, avouons-le, des tableaux d’une grâce charmante. […] En Grèce, la religion, loin d’entraver l’imagination artistique, lui suggère, au contraire, les fictions les plus charmantes et l’entretient dans le culte de la beauté idéale. […] Et ce corps charmant, il est le premier à l’étaler dans la triste déchéance de la maladie, de la vieillesse et de la mort : Celui qui perd vent et haleine, Son fiel se crève sur son cœur, Puis sue Dieu sait quelle sueur. […] C’est un son de voix : « Le marin grasseyait en parlant, et le timbre de sa voix, quoique agréable et mélodieux, trahissait toutefois l’habitude des plaisirs de la table et du commandement. » C’est un mouvement nerveux : « Le vieux comte Rostow s’écria en reniflant légèrement comme s’il aspirait un flacon de sel anglais » ; un geste gracieux : « Charmant, reprit la petite princesse en piquant son aiguille dans son ouvrage, pour faire voir que l’intérêt et le charme de l’histoire interrompaient son travail175. » C’est un trait de négligence : « Comme il (Charles Bovary) avait eu longtemps l’habitude du bonnet de coton, son foulard ne lui tenait pas aux oreilles ; aussi ses cheveux, le matin, étaient rabattus pêle-mêle sur sa figure et blanchis par le duvet de son oreiller dont les cordons se dénouaient pendant la nuit176. » Il y a de la finesse dans beaucoup de ces remarques, et les idéalistes ne se les interdiraient pas. […] Que de charmants badinages emmêlant la malice et la sentimentalité, petites libertés du cousinage, mutineries de fillettes dépitées de n’être encore qu’à leurs yeux seuls de grandes filles, larmes limpides, tendresses innocentes qui sont le pressentiment candide et serein de l’amour, coquetteries encore puériles dans leur science, doux unisson des âmes par les romances chantées en accord, charme original des déguisements qui s’improvisent avec la permission des parents, petits commerces épistolaires d’impressions intimes, confessions défiantes aux grandes sœurs, aveux plus libres à l’oreille des mères, élans de piété de la seizième année, velléités passionnées et inquiètes de vocation religieuse, qui ne sont que la noble distraction d’un cœur impatient d’aimer !
Un caprice d’atavisme reproduisait chez le poète les traits du général noir ; ils étonnent tout d’abord, quand on regarde ses portraits ; remarquez, dans cette laideur spirituelle et charmante, les grosses lèvres, les dents blanches, les cheveux crépus. […] La Russie nous est apparue comme un immense miroir, capable seulement de refléter les images que nous lui envoyions, images souvent confuses et mal venues, quelquefois lumineuses et charmantes. […] nuit charmante ! […] À l’orient, du côté d’Eletz et des sources du Don, il y a des vallées charmantes, emplies la nuit de grands feux et de bruits de chevaux ; Orel est un des centres d’élevage, les petits paysans et leurs poulains vaguent tout l’été dans ces pâtis de marais. […] De ces années laborieuses datent les charmantes nouvelles d’inspiration si variée : Moumou, l’Accalmie, les Trois Rencontres, le Premier Amour, et vingt autres, légères aquarelles appendues entre les grands tableaux tout le long de la riche galerie du peintre.
Le grand orateur, si agréable causeur quand il en avait le temps, y fut charmant. […] * Je suis à l’âge où l’on se répète volontiers, comme pour s’exercer à dire adieu à la vie, ce charmant vers d’Horace : Linquenda tellus, et domus, et placens Uxor. […] Pour Garsonnet je prie le lecteur de concilier, s’il le peut, avec les conditions qui font l’écrivain solide et fécond, l’aimable portrait que trace Bersot de « cet homme d’esprit, ce causeur charmant, toujours prêt, toujours de bonne humeur, railleur et même très plaisant, fréquentant les théâtres et tous les lieux où il se faisait de bonne musique, dont il jouissait avec délices ; possédant par cœur, opéras, sonates, symphonies, très répandu dans les relations de société ». […] Qu’avons-nous besoin de poésie, d’art, d’esprit, d’œuvres fortes ou charmantes ?
je vous le promets, dit-elle en souriant ; soyez donc sage. » Et Ghérard le lui jura, en baisant sa main qu’il pressa sur son cœur. » Durant les deux derniers mois de sa vie, Farcy avait loué une petite maison dans le charmant vallon d’Aulnay, près de Fontenay-aux-Roses où l’appelaient ses occupations.
Ce n’était pas sa faute, sans doute, mais ce fut son malheur ; sa tête charmante mais sans expérience n’avait rien du génie viril de gouvernement que demandait une telle époque.
La mort de cette mère, le mariage de cette charmante sœur, l’éducation de son frère achevée, le partage des biens de la maison, dans lequel il ne se réservera que Saint-Lupicin, livrèrent ce jeune sage prématuré à la solitude et à lui-même.
La vivacité pathétique de ses expressions laisse voir l’ardeur de ses sentiments pour cette jeune et charmante princesse.
La duchesse de Parme, Marie-Louise, que j’avais vue en passant à Parme, m’avait paru charmante et bien éloignée de l’affreuse image que les libéraux et les bonapartistes français avaient faite d’elle à Paris.
ne pus-je m’empêcher de m’écrier, en entendant cette jeune paysanne emprunter naïvement une si charmante image pour exprimer son inexprimable anxiété d’amante et de musicienne, en jouant son air dans le vide, sans savoir si ses notes tombaient sur la pierre ou dans le cœur de son amant.
La page charmante du roman de Psyché, où La Fontaine a peint cette intimité délicieuse de nos grands écrivains, est dans toutes les mémoires : il serait oiseux de la citer.
Déjà, dans tous ses romans précédents, on trouvait des paysages charmants, et George Sand s’était révélée comme un grand peintre de la nature.
Mais ce qui n’est pas pour la confirmer, c’est que dès le xve siècle on trouve de charmants poètes français nés en pays d’oc, et qui ne donnent déjà point l’impression d’écrire dans une autre langue que la leur ; il y a par exemple Martial de Paris, né en Auvergne.
Ils danseraient, ce qui est charmant et bien plus hygiénique que de publier.
Quelle nouveauté charmante, en effet, après les froides allégories de Jean de Meung que cet Olympe grec ses dieux si aimables !
Sophie Arnould, cette charmante femme, qui était la joie, l’esprit, la gaieté de son siècle, est devenue, en passant par le cabinet de travail de M. de Goncourt, plus agaçante qu’une religieuse janséniste.
Vis-à-vis, de l’autre côté de la rivière, était la charmante vallée du Tromeur, arrosée par une ancienne divonne ou fontaine sacrée, que le christianisme sanctifia en y rattachant le culte de la Vierge.
Aux concerts appartient la symphonie, le poème lyrique ; telles, ces œuvres entendues récemment : Saugefleurie, si charmante, de d’Indy, Espana, de Chabrier, les grandes Rhapsodies, de Lalo, les Argonautes, d’Augusta Holmès, exécutés au Conservatoire ; aussi, les poèmes symphoniques de notre maître César Franck que nul, pourtant, ne joue.
D’autres Wagnéristes, à dire vrai, sont demeurés plus indifférents : Lohengrin leur paraissait une œuvre charmante mais encore trop pareille aux opéras connus.
Enfin, le 29, le drame attendu de Gœtterdaemmerung, un drame dans la manière de Parsifal, c’est à dire un poème de pure musique disant l’éternel des passions humaines, sous le symbole de quelque vague conte que jouent des gens : — l’amour, Siegfried ; la séduction, Gutrune et Siegfried ; et la douleur, Brünnhilde, par lesquels ces deux premiers actes vivent l’essence de notre vie, jusqu’à la péroraison finale et héroïque, très charmante, du troisième acte.
Ils abusent déjà, les malheureux, des plus charmantes qualités de l’esprit !
Une pièce de vers commence ainsi : Louis quand vous irez dans un de vos voyages Vers Bordeaux, Pau, Bayonne et ses charmants rivages, Toulouse la romaine, où dans ses jours meilleurs J’ai cueilli tout enfant la poésie en fleurs Passez par Blois.
… Les contemporains de Villemain, ceux qui furent les témoins de ses succès d’université, de concours publics, d’académie, de toute cette gloire, charmante mais éphémère comme une aurore, crurent à un petit Pic de la Mirandole retrouvé.
Par une matinée de juin, avec trois compagnons, je circulais dans Ablain, pire qu’un désert, longue rue dépecée par la mitraille, où venait encore à de longs intervalles un obus, et soudain voici que d’une cave s’élève un air charmant et savant de Bach, chanté par un violoncelle que soutient un piano.
Tandis que la culture d’esprit et la supériorité de nature révèlent à l’œil ou à l’oreille de l’artiste tant de grands ou charmants spectacles, tant de sublimes ou ravissantes harmonies, n’est-il pas vrai que tout cela est lettre close pour l’œil et l’oreille d’un idiot, d’un rustre, ou même d’un homme simplement vulgaire ?
Quel est l’ami qui a inspiré ce mot charmant, digne du chapitre de Montaigne sur la Boétie ? […] Shakespeare, opprimé par un surcroît de poésie, mettait sur la scène des cantates, des opéras, des rêveries, et tous les enfants charmants ou dévergondés de la fantaisie. […] Puis, avec une naïveté charmante, il montra au messager la carpe, qui coûtait environ un écu : « Jugez vous-même si je me puis dispenser de dîner avec ces pauvres enfants qui ont voulu me régaler aujourd’hui et n’auraient plus de plaisir s’ils mangeaient ce plat sans moi. […] C’est Agni, le feu qui sort des bâtons frottés l’un contre l’autre, « tout habillé de splendeur », aux couleurs changeantes, aux formes innombrables, mais charmant, qui court sur toute la terre, languit et renaît, « devient souvent vieux et redevient toujours jeune ». […] La beauté ne le séduit pas, « car les corps les plus charmants ne lui semblent qu’une bulle d’eau et un fantôme ».
Je remercie Dieu. » N’est-ce pas charmant, cette absence de romanesque chez l’auteur de Raphaël Maria-Anna Birsch paraît avoir été une créature excellente. […] 1º C’est d’abord le développement, en quatre ou cinq magnifiques symphonies, de ce délicieux psaume énumératif de François d’Assise, où l’âme légère et si douce de ce saint de plein air invite toutes les créatures à louer Dieu avec, peut-être, des réminiscences de ces charmantes hymnes du Bréviaire romain, pour Matines, pour Laudes, pour Vêpres, etc., où le rapport de chaque prière avec l’heure du jour est si gracieusement indiqué, et où l’on dirait que pénètre un peu de la nature, comme un rayon de soleil qui vient tomber sur le tabernacle, ou comme une branche de feuillage aperçue par le vitrail entr’ouvert : Celui qui sait d’où vient le soleil qui se lève Ouvre ses yeux noyés d’allégresse et d’amour. […] Chez les âmes élues, la puissance d’aimer engendre la souffrance, qui en est le signe et la mesure ; et la souffrance, à son tour, agrandit et exalte la puissance d’aimer : de sorte qu’elles ne se peuvent bientôt emplir et satisfaire qu’en prenant à leur compte, par la charité, toutes les souffrances des autres… Dans les derniers épisodes du poème, Jocelyn nous offre le spectacle d’une âme entièrement et uniquement aimante aimante parce qu’elle est douloureuse, et douloureuse d’être aimante… Et ce spectacle n’a rien d’abstrait, puisque cette âme se présente sous les espèces charmantes d’un prêtre de campagne, caché dans un village alpestre, vivant parmi les enfants et les paysans, au milieu d’une nature rude et magnifique.
Sa charmante figure a mûri. […] C’est original et charmant. […] Il désire le contact avec la bonne humeur pétillante de ce charmant garçon, comme une peau de chat pour son rhumatisme moral.
Gabriel Séailles aime ces entretiens familiers où se plaît sa bonne humeur charmante. […] Je défie avec cela le malheur de m’atteindre ; je porte avec moi le parterre charmant de la variété de mes pensées.
Maffei, d’ailleurs, n’était pas un auteur de profession, un faquin obscur, qu’on pouvait dépouiller sans rien dire ; c’était un homme d’importance, un marquis ; c’était plus qu’il n’en fallait pour s’attirer de la part de Voltaire une épître charmante, où les louanges sont prodiguées avec tout l’art et toutes les grâces de la politesse française. […] En 1763, au milieu des réjouissances de la paix, pendant qu’on représentait au Théâtre-Français une petite pièce charmante, intitulée L’Anglais à Bordeaux, Le Kain imagina d’attrister Paris par l’image de ce meurtre abominable ; il se flattait que la gaîté et les grâces de l’Anglais à bordeaux feraient supporter l’horreur de la mort de César ; c’était une espèce de conspiration contre le public, à qui l’on faisait acheter bien cher le plaisir de voir la petite pièce.
Embarqué au port de Marseille, il fit dans la traversée des vers charmants que je ne vous traduirai pas, et dans lesquels il chantait son départ, qui n’était pas un pèlerinage.
Il savait, du reste, admirablement, par des comparaisons charmantes, exprimer les nuances les plus rares de ses sentiments. […] Le volume parut en 1855 avec de charmantes illustrations de Gustave Doré. […] Il put organiser sa vie selon les exigences de son travail et de sa santé, renoncer entièrement aux obligations mondaines sans avoir à souffrir de la solitude, se faire le centre d’un cercle choisi de lettrés, de savants et d’artistes, passer de longs mois à la campagne sur les bords du lac d’Annecy, dans cette charmante propriété de Boringe qu’il acquit en 1874, où il trouvait, avec un renouveau de vigueur, le calme indispensable pour mettre en œuvre les matériaux accumulés à Paris pendant l’hiver, et où sa famille et ses amis jouissaient délicieusement, dans de longues et libres causeries, des trésors de son cœur et de son esprit, répandus sans compter avec une bonne grâce toujours souriante. […] Ce que j’ai dit des œuvres historiques de Michelet, je pourrais le dire aussi de ses petits livres, où se mêlent, d’une façon charmante et bizarre, la science, la philosophie, la psychologie et la poésie, qui entraînent et ravissent l’imagination et le cœur sans convaincre ni satisfaire la raison. […] Ce fut l’origine d’une série de livres d’une forte et charmante originalité, l’Oiseau (1856), l’Insecte (1857), la Mer (1861), la Montagne (1868), qui furent comme autant de chants d’un poème de la nature ; la poésie se faisait l’interprète de la science, et cette série de tableaux et de descriptions d’une vérité et d’une puissance merveilleuses formaient dans leur large développement comme un hymne mystique au Dieu infini, unique, présent et vivant dans la multiplicité des choses.
Bacon, s’il a parfois regardé, n’a jamais vu ; c’est pourquoi son style, imaginatif et charmant, est d’une si étrange imprécision. […] Son esprit est tellement funèbre, qu’il répand le deuil sur les choses les plus charmantes. « Entrez, dit-il, dans un jardin de plantes, d’herbes et de fleurs, même dans la saison la plus douce de l’année. […] Il y avait donc une Vénus ; le catholicisme populaire la conserva et, ironie charmante, c’est dans l’évangile même qu’il alla lui chercher un nom et une illusion d’existence historique. […] Les petits chemins de France sont un des délices de France, et un des plaisirs les plus charmants de l’été est de se promener le long des allées de ce grand parc où les bêtes et les hommes mangent et travaillent fraternellement à la lumière du soleil ou à l’ombre des beaux arbres. […] Il est temps que le style se réjouisse de modeler strictement la pensée, comme les plus charmantes robes féminines sont celles qui sourient démontrer la beauté des femmes dont elles ne sont plus que la pudeur.
C’est un point lumineux dans ce demi-jour des premières années où tout est confondu, plaisirs, espérances, regrets, et où les souvenirs sont brouillés et incertains, parce qu’aucune pensée ne les a gravés dans la mémoire ; amour charmant qui ne sait pas ce qu’il veut, qui se prend aux yeux bleus d’une fille comme le papillon aux roses du jardin par un instinct de nature, par une attraction dont il ne sait point les causes et dont il n’entrevoit pas la portée ; innocent besoin d’aimer, qui plus tard se changera en un désir intéressé de plaire et de se voir aimé ; passion douce et sans violence, rêve en l’air ; première épreuve d’une sensibilité qui se développera plus tard ou qui plutôt s’éteindra dans des passions plus sérieuses ; petite inquiétude de cœur qui tourmente souvent un jeune écolier, un de ces enfants aux joues roses que vous croyez si insouciant, mais qui déjà éprouve des agitations inconnues, qui étouffe, qui languit, qui se sent monter au front des rougeurs auxquelles la conscience n’a point part. » — La grâce facile où se jouera si souvent la plume de Charles Labitte se dessine déjà dans cette page délicate où je n’ai pas changé un mot.
Un soir, au moment de partir pour le bal de l’Opéra, elle trouve sur la toilette la Nouvelle Héloïse 486, je ne m’étonne point si elle fait attendre d’heure en heure ses chevaux et ses gens, si, à quatre heures du matin, elle ordonne de dételer, si elle passe le reste de la nuit à lire, si elle est étouffée par ses larmes ; pour la première fois, elle vient de voir un homme qui aime Pareillement, si vous voulez comprendre le succès de l’Émile, rappelez-vous les enfants que nous avons décrits, de petits Messieurs brodés, dorés, pomponnés, poudrés à blanc, garnis d’une épée à nœud, le chapeau sous le bras, faisant la révérence, offrant la main, étudiant devant la glace les attitudes charmantes, répétant des compliments appris, jolis mannequins en qui tout est l’œuvre du tailleur, du coiffeur, du précepteur et du maître à danser ; à côté d’eux, de petites Madames de six ans, encore plus factices, serrées dans un corps de baleine, enharnachées d’un lourd panier rempli de crin et cerclé de fer, affublées d’une coiffure haute de deux pieds, véritables poupées auxquelles on met du rouge et dont chaque matin la mère s’amuse un quart d’heure pour les laisser toute la journée aux femmes de chambre487.
Tous les soirs, elle voulait la voir ; quand elle l’apercevait à travers les vitres, c’étaient des cris de plaisir ; quand elle marchait, il lui semblait que la lune marchait aussi, et, pour elle, cette découverte était charmante ; Comme la lune apparaissait selon les heures à divers endroits, tantôt devant la maison, tantôt par derrière, elle criait : « Encore une lune, une autre lune !
. — De même sous une tragédie du dix-septième siècle, il y a un poëte, un poëte comme Racine, par exemple, élégant, mesuré, courtisan, beau diseur, avec une perruque majestueuse et des souliers à rubans, monarchique et chrétien de cœur, « ayant reçu de Dieu la grâce de ne rougir en aucune compagnie, ni du roi, ni de l’Évangile » ; habile à amuser le prince, à lui traduire en beau français « le gaulois d’Amyot », fort respectueux envers les grands, et sachant toujours, auprès d’eux, « se tenir à sa place », empressé et réservé à Marly comme à Versailles, au milieu des agréments réguliers d’une nature policée et décorative, parmi les révérences, les grâces, les manéges et les finesses des seigneurs brodés qui sont levés matin pour mériter une survivance, et des dames charmantes qui comptent sur leurs doigts les généalogies afin d’obtenir un tabouret.
Favorite charmante et dangereuse d’une monarchie vieillie, plutôt que reine d’une monarchie nouvelle, elle n’eut ni le prestige de l’ancienne royauté : le respect ; ni le prestige du nouveau règne : la popularité.
Ces deux fontaines ornent cet endroit charmant, sans diminuer en rien la majesté.
XCIV — Notre malheur, s’écria la belle sposa, en se jetant d’un bond sur le berceau de son enfant, en l’élevant dans ses deux beaux bras nus jusqu’au-dessus de sa tête, et en collant ensuite son charmant visage sur la bouche souriante de son nourrisson ; notre malheur !
Il demande des neiges aux montagnes, des eaux aux torrents, des pluies aux tempêtes, il franchit ses rives, et désole ses bords charmants.
C’est comme dans les lais, virelais, ballades et pastourelles de Froissart : les jolies pièces abondent ; c’est quelque chose de fin, de vif, de charmant, une fantaisie discrète, une forme sobre ; mais une ingénuité d’opéra-comique dans les paysanneries, et partout une fausse naïveté, une adroite contrefaçon du sentiment, une grâce qui inquiète comme expression d’une incurable frivolité et puérilité d’esprit.
Ce dur logicien était un très bon homme, doux, aimable, le plus respectable et le plus tendre des pères, qui écrivait à ses enfants des lettres charmantes, pleines de fine raison et de sensibilité délicate.
Il y a sans doute autant de bonhomie robuste et charmante, autant de goût pour la vie simple et les détails familiers, autant de complaisance et d’art à nous faire sentir, quelle qu’en soit l’enveloppe et la condition sociale, combien c’est intéressant et digne d’attention, une âme humaine ; il y a, je le veux bien, autant de tout cela chez le Georges d’outre-Manche que chez le George français ; je dis qu’il n’y en a pas plus, parce que je crois que c’est impossible.
Alphonse Daudet Ce que l’on va rendre à la terre cet après-midi, c’est l’enveloppe mortelle d’une âme charmante, servie par les sens les plus fins et qui sut exprimer par des mots les frissons qu’elle recevait des hommes et des choses ; âme infiniment impressionnable, tendre, frémissante, aimante.
Cette manière de versifier, quand elle ne conduit pas à une sensualité vaine permet évidemment à l’instinct de s’épanouir en claires fleurs ; elle peut s’accorder souvent avec le talent et ils l’ont prouvé ; mais si elle favorise la naissance de mille compositions légères et charmantes, elle ne recèle pas assez de force vive pour s’ordonner en une œuvre décisive et grande.
Mais les vraies mœurs démocratiques seraient les plus charmantes, les plus douces, les plus aimables.
Il n’était pas théologien ; ce n’était nullement un esprit supérieur ; on pouvait d’abord le trouver simple, presque commun ; puis on s’étonnait de découvrir sous cette humble apparence la chose du monde la moins commune, l’absolue cordialité, une maternelle condescendance, une charmante bonhomie.
D’un autre côté, votre charmante image m’en donne jour et nuit. […] Mais ce qui est curieux, ce qui nous appartient ici, c’est d’en suivre les conséquences ; et, rien qu’en les suivant, c’est de voir tant de figures charmantes ou tragiques venir l’une après l’autre, en enchantant notre imagination, nous prouver qu’une idée, et le désir de la répandre, n’ont jamais rien gâté dans un drame ou dans un roman. […] … Miroir profond et sombre Où des anges charmants, avec un doux souris Tout chargé de mystère, apparaissent à l’ombre Des glaciers et des pins qui ferment leur pays. […] Mon malheur est plus fort que ta pitié charmante, Ô Déesse ! […] Sa politesse un peu dédaigneuse arrêtait les questions sur les lèvres, et ses manières aristocratiques, — plus voisines de la brusquerie d’Alceste que de la condescendance universelle de Philinte, — eussent défié tranquillement l’interrogante subtilité du plus adroit des interviewers… Causeur charmant, étincelant quand il le voulait bien, Dont il partait des traits, des éclairs et des foudres, M.
Chez eux toutes les impressions s’atténuent : le parfum est si faible que souvent on ne le sent plus ; à genoux devant leur dame, ils chuchotent des mièvreries et des gentillesses ; ils aiment avec politesse et esprit ; ils arrangent ingénieusement en bouquet « les paroles peintes », toutes les fleurs « du langage frais et joli » ; ils savent noter au passage les sentiments fugitifs, la mélancolie molle, la rêverie incertaine ; ils sont aussi élégants, aussi beaux diseurs, aussi charmants que les plus aimables abbés du dix-huitième siècle : tant cette légèreté de main est propre à la race, et prompte à paraître sous les armures et parmi les massacres du moyen âge, aussi bien que parmi les révérences et les douillettes musquées de la dernière cour ! […] On s’en aperçoit vite à la façon dont ils célèbrent la Madone ; rien de plus différent du sentiment saxon, tout biblique, que l’adoration chevaleresque de la Dame souveraine, de la Vierge charmante et sainte qui fut le véritable dieu du moyen âge.
Le mot d’Auguste sur Horace est charmant, mais on ne peut citer, même en latin. […] Ces vers charmants sur la duchesse d’York rappellent ceux de La Fontaine sur la princesse de Conti.
À titre de grand seigneur et d’homme célèbre, le scandale qu’il donnait criait plus haut que tout autre : il était a public sinner ; un jour un ecclésiastique obscur lui envoya une prière qu’il avait trouvée dans les papiers de sa femme, charmante et pieuse personne, morte récemment, et qui en secret avait demandé à Dieu la conversion du grand pécheur. […] Il écrivait son Beppo en improvisateur, avec un laisser-aller charmant, avec une belle humeur ondoyante, fantasque, et y opposait l’insouciance et le bonheur de l’Italie aux préoccupations et à la laideur de l’Angleterre. « J’aime à voir le soleil se coucher, sûr qu’il se lèvera demain, — non pas débile et clignotant dans le brouillard, — comme l’œil mort d’un ivrogne qui geint, — mais avec tout le ciel pour lui seul, sans que le jour soit forcé d’emprunter — sa lumière à ces lampions d’un sou qui se mettent à trembloter — quand Londres l’enfumée fait bouilloter son chaudron trouble1304. » — « J’aime leur langue, ce doux latin bâtard — qui se fond comme des baisers sur une bouche de femme, — qui glisse comme si on devait l’écrire sur du satin — avec des syllabes qui respirent la douceur du Midi, — avec des voyelles caressantes qui coulent et se fondent si bien ensemble, — que pas un seul accent n’y semble rude, — comme nos âpres gutturales du Nord, aigres et grognantes, — que nous sommes obligés de cracher avec des sifflements et des hoquets1305. » — « J’aime aussi les femmes (pardonnez ma folie), — depuis la riche joue de la paysanne d’un rouge bronzé — et ses grands yeux noirs avec leur volée d’éclairs — qui vous disent mille choses en une fois, — jusqu’au front de la noble dame, plus mélancolique, — mais calme, avec un regard limpide et puissant, — son cœur sur les lèvres, son âme dans les yeux, — douce comme son climat, rayonnante comme son ciel1306. » Avec d’autres mœurs, il y avait là une autre morale ; il y en a une pour chaque siècle, chaque race et chaque ciel ; j’entends par là que le modèle idéal varie avec les circonstances qui le façonnent.
À côté de cette barbarie, une société charmante, pleine d’esprit, de lumières et de grâce. […] Le tirage au sort n’a guère été appliqué qu’à Athènes et à Florence, c’est-à-dire dans les deux seules villes où il y ait eu un peuple d’aristocrates, un peuple donnant par son histoire, au milieu des plus étranges écarts, le plus fin et le plus charmant spectacle.
Il fit son cabinet de travail et sa salle de lecture du taillis ombreux, du ruisseau, du lac, de la cascade… Son amour pour la nature était tel que chaque page de sa poésie est associée, dans l’esprit de ses amis, avec les plus charmants paysages des contrées qu’il habita. […] Des Grieux s’insurge, lorsque Tiberge vient lui prétendre qu’on peut trouver dans l’austérité de la vertu des charmes supérieurs à ceux que procurent les plaisirs de l’amour ; il proteste, ardemment : « De la manière dont nous sommes faits, il est certain que notre félicité consiste dans le plaisir ; je défie qu’on s’en forme une autre idée ; or le cœur n’a pas besoin de se consulter longtemps pour sentir que de tous les plaisirs, les plus doux sont ceux de l’amour. » Il s’aperçoit bien qu’on le trompe lorsqu’on lui en promet ailleurs de plus charmants ; et cette tromperie le dispose à se défier des promesses les plus solides. […] Établissez bien que les délices de l’amour sont passagères, qu’elles sont défendues, qu’elles seront suivies par d’éternelles peines ; et ce qui fera peut-être encore plus d’impression sur moi, que plus elles sont douces et charmantes, plus le ciel sera magnifique à récompenser un si grand sacrifice ; mais confessez qu’avec des cœurs tels que nous les avons, elles font ici-bas nos plus parfaites félicités. » Bayle avait dit, plus froidement : « La première idée qui se présente à ceux qui veulent examiner l’état d’irréligion, est l’idée d’une liberté fort heureuse, selon le monde, dans laquelle on satisfait tous ses désirs sans aucune crainte, sans aucun remords.
Dans sa Normandie surtout, quels paysages minuscules et charmants n’a-t-il pas dessinés, tout en chassant : une fissure de Falaise, un morceau de plage gluant de varech, une oseraie d’où se lèvent des bécassines, un fossé de ferme ombragé de hêtres et d’ormes… Les fermes isolées dans leurs cours carrées, avec leurs toits de chaume couverts d’iris « aux feuilles pareilles à des sabres », il en parle mieux qu’en artiste, ce rural. […] Descotes nous présente la jeune famille en un groupe charmant « comme un bouquet de cyclamens ». […] Mais j’avais sous le bras un livre charmant. […] J’imagine sa grâce frêle de jeune fille, non point jolie, mais charmante de douceur et de langueur fine.
Toute la grâce du sujet est dans la conception même d’une si charmante affectation de naïveté. […] Elle s’était figurée les batailles comme un jeu, les peines de la vie de camp comme un passe-temps : aussi quoi qu’il pût arriver, l’avenir nous souriait, et plus sauvages se présentaient les vastes déserts américains, plus séduisants et plus beaux ils nous apparaissaient… » Rien de plus charmant et de plus noble à la fois que ce roman d’amour dans les pampas, parmi les hasards de la vie de partisan. […] épouvante du lâche, — joie du brave, santé du malade, — mystère immense, jeunesse infinie, — beauté formidable et charmante. […] En revanche, on retrouve en M. de Amicis un peintre de race, un miniaturiste charmant, dès qu’il enchâsse dans un cadre restreint une vue particulière, dès qu’il s’applique à une étude de détail.
Il ne s’agit pas ici de faire admirer l’œuvre charmante et profonde d’un grand poète, mais de montrer tout le profit que poètes et dramaturges, et Vielé-Griffin lui-même, pourront retirer, s’ils le veulent, de cette juste admiration. […] Pépiement des timbres, vivace caresse de la mélodie, cauchemar des formes, délire des danses, naïveté charmante du prince Ivan (comme il méritait donc d’être sauvé !) […] Clouard, ait chez lui la vertu et le foisonnement que nous admirons en Pascal, en La Rochefoucauld, voire en La Bruyère… mais j’y trouve, à ne pas dire grand’chose, une désinvolture charmante, un tour aisé, leste et vivant — de la liberté en somme. […] Catulle Mendès a marqué à plusieurs reprises sa grande admiration pour Edmond Rostand ; dans « Les autres et nous », article publié dans Les Annales du théâtre et de la musique en 1903, soucieux de « démêler si l’envahissement de la France théâtrale par l’esprit étranger est propice ou contraire au développement de notre génie personnel », portait aux nues Rostand, « seul, jeune et rayonnant, avec son charmant et magnifique génie, traditionnel et neuf ».
Sens-tu s’allumer dans tes veines un feu secret à l’aspect d’un objet charmant ?
Pour nous figurer cette conversation hardie et charmante, il nous faut prendre les correspondances, les petits traités, les dialogues de Diderot et de Voltaire, ce qu’il y a de plus vif, de plus fin, de plus piquant et de plus profond dans la littérature du siècle ; encore n’est-ce là qu’un résidu, un débris mort.
Vie du Tasse (2e partie) I Mais une autre faveur plus tendre et plus durable que celle des rois, des papes et des cardinaux, veillait de loin sur lui malgré sa disgrâce ; c’était celle des deux charmantes princesses de Ferrare, Lucrézia, duchesse d’Urbin, et Léonora, toujours restée à la cour de son frère.
La première ne contenait que des jeunes gens sur le siége et de jeunes personnes dans la voiture ; elles étaient charmantes, mais ce n’était pas de la beauté que je cherchais ; dans la seconde, deux femmes d’un âge plus mûr étaient assises seules et causaient ensemble avec animation.
Cette cour était une école de belles-lettres, ornée de femmes charmantes et entremêlée de fêtes spirituelles.
Puis ce sont nombre de mots fins et charmants qui sentent fort leur cartésianisme : « Je vous aime trop pour que les petits esprits ne se communiquent pas de moi à vous, et de vous à moi. » Et ailleurs : « J’aimerais fort à vous parler sur certains chapitres ; mais ce plaisir n’est pas à portée d’être espéré.
Les lettres françaises doivent à ce beau dessein deux ouvrages charmants, la Pluralité des mondes et les Éloges des savants.
La charmante enfant que le vieillard admettait toujours avec un sourire fut dépêchée près de son lit.
À l’ancienne quelquefois, notamment dans cette charmante pièce Le Pays, qui résonne comme d’un accent de la Pléiade.
La présentation de l’œuvre dada est toujours pleine de goût pour l’œil, qu’il s’agisse des tableaux aux couleurs charmantes, très mode, ou des livres et revues toujours délicieusement mis en pages, selon des ordonnances de catalogues de parfumerie.
Il la date de 1789, que les benêts de liberté trouvèrent une époque si charmante !
Ces charmantes fleurs de politesse et de décence nous feront oublier ce charretier en habit brodé. — « Monseigneur, en entrant chez lui, trouva madame la duchesse de Chartres et madame la duchesse qui fumaient avec des pipes qu’elles avaient envoyé chercher au corps de garde suisse.
Dans la romanesque, en considérant, non le style étrange et incorrect, mais la diversité charmante de la composition, je citerai Tarare. […] L’opéra villageois se rapporte à ce genre : j’en aurais mille exemples charmants à citer, si je ne préférais vous rappeler ici la flexibilité du génie de J. […] Nous lisons dans l’Art poétique ce vers charmant : « Le Français, né malin, créa le vaudeville.
Comme eux, comme les Alexandrins qui vivaient autour des Ptolémées, Mallarmé eût fait un charmant poète de cour. […] Le sonnet d’Oronte est plus naturel et plus primitif que la chanson d’Alceste, et tard seulement, par un raffinement suprême, par un équilibre précaire de raison nue, le génie classique arrivera à exprimer en termes mesurés et vrais « ce que peut dire un cœur vraiment épris », à balayer la complexité charmante de la poésie précieuse pour s’élargir aux vallées humaines, au fleuve du lyrisme romantique. […] La Déclaration Foraine l’expose en le plus charmant apologue. […] Les plus anciens de ces vers sont le charmant sonnet, refait pour les Poésies Complètes, de Placet Futile Princesse, nommez-nous berger de vos sourires.
vous verrez de nouveau que c’est en confondant les applications des règles, qu’il réprouve cette charmante pièce ; car, il leur soumettait les Fâcheux, comédie créée sur d’autres conditions. […] Une seule vue philosophique brille en chacun de ces gais et charmants ouvrages. […] J’admire un beau château : « Il ne tiendrait qu’à moi d’en avoir un plus beau, « Me dis-je ; j’aperçois une femme charmante : « Je l’aurai, si je veux ; et cela me contente.
Voilà l’effet que la sincérité, si rare et si charmante, devrait toujours produire sur nous, même quand elle nous heurte, si nous étions assez ennemis du mensonge pour préférer une contradiction raisonnée et courageuse à un feint assentiment dicté par la timidité du cœur et par la paresse de l’esprit. […] Doudan a raillé cet esprit de « fausse admiration », qu’il appelle « l’hypocrisie du goût » ; il s’est agréablement moqué des admirateurs, par bon genre et par convenance, de la Princesse de Clèves : J’entends dire que la Princesse de Lleves est encore pour nous un livre charmant. […] L’Odyssée et même l’Iliade réservent à qui aura le courage de les lire comme un roman ou un poème du jour les plus charmantes surprises. […] Nous estimons, au contraire, que Charles d’Orléans, poète charmant, gracieux, délicat, mais non pas grand poète, n’a point à se plaindre de la postérité, qui, voyant dans le gentil prince au joli babil une de ces antithèses commodes qu’elle aime avec Villon, le grossier génie plébéien, a placé, pour la symétrie, son léger bagage poétique dans un des plateaux de la balance, en l’opposant lui-même comme le dernier des troubadours au premier des lyriques modernes. […] Il est probable, ou plutôt il est sûr, que la race des femmes aussi spirituelles, aussi généreuses, aussi vives, aussi abondantes et primesautières que Mme de Sévigné, aussi capables qu’elle d’écrire une lettre charmante et aussi incapables de faire un livre, n’est point perdue en France ; mais que voulez-vous qu’elles fassent à présent ?
Ce fut dans ces vallons où par mille détours, Inachus prend plaisir à prolonger son cours : Ce fut sur son charmant rivage Que sa fille volage Me promit de m’aimer toujours. […] Dans Armide, le don de plaire est un prestige ; dans Renaud, l’amour est un enchantement : les plaisirs qui les environnent, les lieux même qu’ils habitent, ce qu’on y voit, ce qu’on y entend, la volupté qu’on y respire, tout n’est qu’illusion, et c’est le plus charmant des songes.
Il en fait un menteur, ce qui, je le reconnais, était à peu près imposé par le sujet ; mais, ce qui n’était pas imposé par le sujet, il en fait non pas le Don Juan ordinaire qui est simplement l’homme qui veut mettre dans sa vie le plus possible de sensations vives ; mais il en fait un méchant, le méchant, « le grand seigneur méchant homme » qui fait le mal parce que le mal est amusant, l’homme qui jouit moins de posséder une femme que de désespérer un mari et aussi la femme, l’homme qui voyant deux fiancés très épris l’un de l’autre « se figure un plaisir extrême à pouvoir troubler leur intelligence et rompre cet attachement dont la délicatesse de son cœur est offensée », le néronien en un mot qui dit exactement comme Néron : Je me fais de leur peine une image charmante. […] A ceux qui sont des sots partiellement, comme Chrysale, il en donne de tout à fait charmants. […] C’est un excellent jeune homme et il faut le recevoir, parce qu’il n’est pas de ceux qui nous apportent, plus ou moins démarquées, des phrases de manuel sur « Andromaque héroïne de l’amour maternel », mais un jeune homme qui lit la pièce lui-même, attentivement, qui se place en face d’Andromaque, qui se laisse penser et qui, avec son intelligence lucide, son sens droit, son tact sûr, sa raison ferme, conclut qu’elle est idiote ; et qui nous donne son impression à lui, bien personnelle, avec une naïveté charmante. » Au point de vue du bon sens, la vertu est donc, non pas, peut-être, la chose la plus ridicule du monde, mais une chose qui ne laisse pas d’être ridicule ; et, en nous rappelant au bon sens, et en nous y circonscrivant, et en nous disant : « Vous serez sûrs d’être dans le bon sens si vous n’êtes pas ridicules ; c’en est la « marque ; n’ayez d’autre but dans la vie que d’éviter qu’on rie de vous, » Molière, incontestablement, a détourné les hommes de tout effort vers la vertu et de tout goût pour elle, très convaincu, du reste, à ce qu’il semble, que les hommes n’en avaient aucun besoin ; et l’on conçoit que cela, si raisonnable aux yeux de la plupart des hommes, ait été très désagréable à Jean-Jacques Rousseau. […] Les plus vieux sont pour elle les plus charmants, et je vous avertis de n’aller point vous faire plus jeune que vous êtes. […] Il n’y avait presque pas une fête, pas un sacrifice, pas une cérémonie où l’on ne vît des bandes de filles des premiers citoyens couronnées de fleurs, chantant des hymnes, formant des chœurs de danse, portant des corbeilles, des vases, des offrandes et présentant aux sens dépravés des Grecs un spectacle charmant et propre à balancer le mauvais effet de leur indécente gymnastique.
Cette conversation charmante qu’il écoute, le joli dialogue ! […] Ce récit, et surtout les deux qui suivirent, le Roman d’un jeune homme pauvre et l’Histoire de Sibylle, appartiennent à une première manière, la plus caractéristique peut-être du talent de Feuillet, en tout cas la plus charmante et dont plusieurs ne lui pardonnent pas de s’être écarté. […] Dans cette étrange serre chaude de Paris, l’enfant est déjà une jeune fille, la jeune fille est une femme, et la femme est un monstre, un monstre charmant et redoutable. […] Cette nature désolée, cette morte charmante en toilette de fête ! […] Celui-ci avait commencé par de charmantes pièces qui étaient d’un poète : il promettait de se montrer un digne petit-fils de Pigault-Lebrun ; il annonçait un second Regnard.
Ces petits poèmes, que Vigny polissait durant ses années de service militaire, quand, lieutenant, puis capitaine dans la maison du roi, il utilisait ses loisirs à la façon d’un Descartes ou d’un Vauvenargues, sont des productions charmantes et délicates, quoique surpassées en perfection par des maîtres plus voisins de nous. […] C’est par là que Sainte-Beuve encore a eu raison de le qualifier de poète charmant. […] L’Œdipe roi n’exclut pas les Odes anacréontiques, les élégies de Tibulle vivent à côté du poème de Virgile et la poésie charmante croît à l’ombre de l’épopée comme les fleurettes au pied du chêne. […] Quinet le trouva au milieu de sa famille, groupe charmant de neuf filles qui en ce moment exécutaient un oratorio de Haendel, Samson, avec le recueillement le plus correct.
Il n’a pas cet art charmant qui se joue à la surface. […] Rien n’est plus charmant, et rien ne semble plus pur que les premiers temps d’une passion. […] Elle s’évanouira comme le parfum d’une fleur, et laissera au cœur de tous ceux qui l’auront rencontrée le souvenir d’une petite ombre charmante… » Cela est exquis ; et c’est justement la « poésie de la maladie », thème fort exploité du temps de Millevoye. […] Car celui que l’Académie a voulu honorer, ce n’est apparemment ni le professeur disert dont les leçons furent solides et charmantes, ni l’écrivain auteur de livres appréciés.
Ce fut un défilé de Beaux-Ténébreux et de Princes Charmants, d’Hertulies, d’Imogènes et de Phénissas : un moyen âge poussiéreux, fardé, rance à faire vomir. […] — Loin de là ; plusieurs en ont tiré des effets charmants, en ont usé pour traduire des émotions très fines : M. […] Il est ridicule et parfois charmant.
Que dans les « Chevaux de Diomède », ce soit l’illusion qui donne les plus sûrs plaisirs à cet amateur de jolies bêtes ; que, dans « le Songe d’une femme », (dont la moralité, qui eût fait envie à Stendhal, dit que « l’amour, c’est de la gastronomie »,) chacun, avec le convive de son choix, finisse par réussir de piquantes dînettes : voilà peut-être le résumé de ces livres charmants. […] Boylesve écrit d’ailleurs dans une préface qui contient de bonnes pointes à l’adresse de certains de ses confrères : « Les abus des cyniques, dans la liberté d’écrire, tueront — si ce n’est déjà fait — ce qu’il y avait de charmant à écrire librement en notre langue pourvu que l’on fût honnête homme. […] Au vrai et pour parler net, cette charmante et fine personne, avec toutes ses qualités et son intelligence, finit par se rendre un peu pesante à Tellier et par gâcher son propre bonheur.
Il y a pourtant ici des beautés charmantes et touchantes, celles du pays humide.
La charmante reine de Naples, Caroline Bonaparte, était fière d’avoir près d’elle un pareil ornement de sa cour.
Mais je pensais que la gravité du sujet avait peut-être rebuté l’esprit si charmant, quoique si solide, de Voltaire, et qu’il ne fallait pas demander à un homme universel, — réputé léger, — un jugement sur un magistrat — réputé érudit. — Je m’étais réservé de lire à fond Montesquieu quand j’en aurais le temps et de me faire une idée juste de l’Aristote de la France.
Et de là vient la puissance pathétique de ces effusions de tendresse douloureuse, lorsqu’il peint la grâce si charmante et si tôt flétrie de Madame, de ces effusions de sympathie admirative, lorsqu’il conte les victoires, l’héroïsme, la simplicité du prince de Condé : si ce n’est pas de l’histoire, c’est à coup sûr de la poésie.
Il y loue « la solidité des observations, beaucoup de savoir et d’esprit, sans aucune affectation ni de l’un ni de l’autre ; des termes choisis, mais sans scrupule et sans enflure, et des mots qu’on disait bannis par l’Académie, employés où il était nécessaire, pour protester contre le reproche d’innovation55. » On peut regretter de n’y pas trouver cet étonnement naïf et généreux qui nous saisit encore aujourd’hui à la vue de ces beautés si neuves et si charmantes, de ces vers si vigoureux et si délicats, de toutes ces grâces de la jeunesse dans le génie et dans les personnages qu’il crée.
L’esprit de Jésus n’est pas là, et si le fils de Zébédée a vraiment tracé ces pages, il avait certes bien oublié en les écrivant le lac de Génésareth et les charmants entretiens qu’il avait entendus sur ses bords.
Tandis que, pleine d’images charmantes, de plaisanteries, se déroule l’amusante intrigue, sur la scène, l’orchestre, au lieu d’expliquer les profondes intimités psychologiques des personnages, dispose les spectateurs à être joyeux, doucement, tranquillement, comme il convient, pour qu’ils donnent intérêt à l’action générale.
Mais Klingsor, versé dans les sciences occultes, était un grand magicien, il fit sortir de terre un château de perdition rempli de filles charmantes qui attirèrent les chevaliers dans leurs filets.
Elles ne font entendre qu’un imperceptible gazouillement, semblable aux paroles qu’on balbutie en rêve, comme si ces charmants oiseaux, qui aiment tant la demeure de l’homme, avaient peur de réveiller les enfants encore endormis dans la chambre haute.