Malgré ce caractère, elle étoit vive, impétueuse & vindicative.
Il me fallait là une de ces têtes plus rondes qu’ovales, de ces mines vives, et animées.
mais il faut dire qu’il y a vingt ans2 à peu près (étaient-ce les dernières flammes, plus vives de leur agonie, de notre crépuscule intellectuel ?
Son livre, qui est l’exposé lucide, dans un style vif et pur, de la doctrine catholique sur les rapports éternels de deux puissances, — la puissance séculière et la puissance religieuse, — est divisé en deux parties.
Ce qu’ils détestent, c’est tout le passé, même quand le passé donnerait raison aux plus vifs et aux plus impérieux de leurs instincts. […] Il revient souvent sur cette idée et sur cette expression qui est si vraie autant qu’elle est vive. […] L’irritation de Comte fut vive ; son étonnement, plutôt, fut extrême. […] L’humeur est vive chez lui, et prompte l’impatience, et vigoureuse « la haine du sot livre ». […] Sa parole est vive, brillante et spirituelle.
Les personnes de ce tempérament sont irritables et sensitives ; leur esprit est vif et brillant ; mais elles se fatiguent très vite. […] C’est pour cela, en tout cas, qu’il avait un si vif sentiment de la nature. […] Ce grand observateur aimait à travailler sur le vif. […] Ce grand-père était un petit homme robuste, avec des yeux très vifs ; fort estimé comme artiste. […] Il l’en remercie en ces termes : « La belle cravate, ouvrage de vos mains, m’a causé la plus vive surprise.
Brusquement on retombe dans les vives alarmes. […] Donc le pâtre a dit l’oracle : Pour que Thèbes vive, Ménécée doit périr. […] Au seizième siècle, le mouvement dramatique fut des plus vifs dans toute la Bretagne. Il fut retardataire comme vous pensez bien ; mais il fut des plus vifs. […] Son succès a été vif et parfaitement mérité.
Il n’en ira pas ainsi lorsqu’il s’agira de raconter le détail d’une de ces révolutions d’idées qui nous atteignent au vif de notre existence morale. […] Quoi d’étonnant que l’homme de ces rochers, de ces landes, de cet Océan, ait peu à peu diminué en lui l’existence extérieure pour ramasser ses forces vives autour du problème de sa destinée ? […] Son âme s’est trouvée devenir un champ de bataille de doctrines, ou plutôt d’opinions, et comme l’exercice, voire l’abus, de notre faculté dominante est aussi notre plus vif plaisir, M. […] Ce plaisir de ramasser en une formule une collection de menus faits est tellement vif pour cet esprit ardent, qu’il lui sacrifie tout : jolis effets de mots, belles images, musique des périodes. […] Comme tous les goûts très vifs, cette ardeur pour les hardies délices de l’existence militaire se compensait par de dures rancoeurs.
Nous montrons l’un des deux aussi au vif et aussi avant que nous le pouvons ; voilà tout. — Arrivant au genre d’éducation même que Delaroche semblait vouloir donner à ses fils, éducation toute choisie, toute délicate et de gentilshommes, Horace trouvait à y redire ; et certes, en pareille matière, il ne nous appartient non plus, à aucun degré, de prendre parti entre le beau-père et le gendre, et un gendre si lettré, si éclairé ; mais ce qu’il nous est permis de remarquer, c’est la nature et l’inspiration des conseils donnés, conseils tout paternels et quasi de patriarche. […] Dans son délire, son regret le plus vif, et qui s’exhalait sans cesse de ses lèvres, était de mourir dans son lit : « Mourir dans mon lit comme un épicier ! […] Horace Vernet avait l’imagination vive ; il pouvait s’exagérer certains dangers, se méprendre même en les articulant.
Hugo indique sa sympathie vive pour ces grands et opiniâtres caractères du marquis et du bailli de Mirabeau, grands caractères en effet, transmis de père en fils dans la race, depuis les Arrighetti gibelins, émigrés de Florence en 1268 ; Mirabeau, le plus célèbre des Riqueti, était de tous (qu’on en juge) le plus dégénéré. […] Nous n’imaginons pas que personne mette en doute que partout et dans tous les temps il ne vive et ne meure loin de tout éclat une multitude d’hommes supérieurs à ceux qui jouent un rôle sur la scène du monde, etc. » Peut-être il n’a manqué à Mirabeau lui-même qu’un peu plus de vertu, de discipline, et un cœur moins relâché, pour rester et vivre inconnu ou du moins médiocrement connu, et simplement notable à la manière de ses pères. […] ici, chair palpitante et solide, musculeuse et colorée sans excès ; là, tout nerf, là, toute flamme ; parfois semblable à une eau vive et limpide qui court, parfois à une robe de femme qui se déploie ; tour à tour rayon de lune ou ambroisie !
Que le lecteur veuille bien rappeler l’un des siens, et s’y abandonne, surtout s’il est récent, vif et prolongé ; de cette façon, il en verra mieux la nature. […] À ce moment, et en vertu de la correction, l’image présente me paraît sensation passée ; c’est là proprement le souvenir. — Sans doute, un instant après, à la réflexion, je saurai qu’il n’y a en moi qu’une image présente, que cette vive demi-vision interne de vagues bleues pailletées d’or et enserrées dans un demi-cercle de sables blancs est tout actuelle et interne. […] Mais, dans ce silence, l’image du fracas retentissant persiste, disparaît, reparaît, jusqu’à ce qu’une autre préoccupation ou une autre émotion vive la chasse de la scène pour y installer un nouvel acteur. — Or, à chacune de ses rentrées, l’image se trouve en conflit avec le groupe des sensations qui sont alors présentes.
Ouvriers habiles, gens de cœur, ces écrivains n’expriment rien mollement ; tous savent donner à leurs pensées un tour vif et hardi, ceux qui ont éprouvé les passions de leur époque, comme ceux qui n’en ont senti que la curiosité ardente pour tous les objets de la connaissance humaine. […] Quoique ce soit l’œuvre d’érudits, le grief national qui les a inspirés est si vif et si profond, qu’ils en oublient jusqu’à l’érudition, et qu’aucune imitation de l’antiquité ne paraît dans cette explosion de la vraie France blessée dans sa foi, dans son indépendance nationale, dans sa raison. […] Tout cela, sans doute, trop peu proportionné, trop long, d’Aubray l’avoue lui-même en finissant, quelquefois trébuchant de l’éloquence dans la déclamation, ou mêlé d’un certain mauvais goût, déjà moins pardonnable après Montaigne, mais vif, nerveux, abondant en raisons solides ; premier manifeste et première image durable du parti de la modération dans notre pays.
Elle lui mande tout ce qu’elle lui eût dit de vive voix ; il n’y a pas de petites nouvelles ni de petits sujets. […] Sensibilité vive, mais passagère et sans vapeurs ; raison nourrie sans être profonde, n’enfonçant guère dans les choses, mais parfois, et de la première vue, en découvrant le fond ; gaieté, sans rien d’éventé ; une douce mélancolie qui se forme et se dissipe au moment où elle s’exprime ; pas de vieillesse, sans la prétention de ne pas vieillir ; beaucoup de mobilité, avec le lest d’un grand sens qui écarte de la conduite l’imagination et les caprices ; du goût pour les gens en disgrâce, mais sans rancune contre les puissants ; une pointe d’opposition, comme chez tous les frondeurs pardonnés qui n’osaient ni se plaindre ni regretter, et qui se ménageaient pour un retour de fortune ; le cœur de la meilleure mère qui fut jamais, quoi qu’on en ait dit, capable d’amitiés persévérantes, et qui craignit l’amour plutôt qu’elle ne l’ignora ; tels sont les principaux traits de ce caractère, où le solide se fait sentir sous l’aimable, et où l’aimable n’est jamais banal. […] Mais la grandeur de la cause que défend Bossuet se communique à tout ce qu’il écrit pour elle, au lien que la cause de Saint-Simon est si mesquine et si personnelle qu’en lui donnant le dépit éloquent, l’art de faire ressortir les fautes, les couleurs vives pour peindre ses ennemis, le feu, l’emportement, l’éloquence des regrets, elle ne lui donne pas ce qu’elle n’a pas, la grandeur.
Pour que je vive, d’autres doivent mourir ; pour que je réussisse, d’autres doivent échouer. […] Quiconque a vu des gens se congratuler a eu l’occasion de remarquer une nuance de tristesse sympathique parfois, mais aussi du dédain, et de la malveillance vive, dans des compliments relativement sincères. […] Si nous entrevoyons que les qualités qui ont désigné un homme à l’admiration universelle, auraient pu, en d’autres circonstances, le pousser à l’échafaud, et réciproquement, peut-être aurons-nous une compréhension plus saine, sinon un plus vif amour des forces que nous méprisons.
Ma chambre était contiguë à la sienne, et dès le jour où nous nous connûmes, nous fûmes pris d’une vive amitié l’un pour l’autre. […] La civilité extrême de mes vieux maîtres m’avait laissé un si vif souvenir, que je n’ai jamais pu m’en détacher. […] J’ai eu un goût vif de l’univers.
Mais ses conclusions rencontrèrent une vive résistance. […] Après de vives discussions, le concours fut prorogé à l’année 1855. […] La flamme qui brûlait en lui et sur laquelle avaient en vain soufflé toutes ces tempêtes, un instant obscurcie, reparaissait vive et brûlante. […] N’en gardons pas les charges, si nous n’en voulons pas les avantages. » Néanmoins ses sentiments contre l’Empire étaient très vifs. […] Sa plus vive admiration était Virgile. « Je suis né, disait-il, de Virgile et de Vico. » Il méditait un commentaire sur Virgile.
D’ailleurs, au point de vue littéraire, l’éditeur de 1825, dans les portions où les manuscrits nous permettent de le contrôler, a perpétuellement agi comme s’il avait eu droit d’arranger et de traduire à sa guise les paroles du marquis d’Argenson, telles qu’il les trouvait toutes vives et ayant sauté du cœur sur le papier.
Il a dessiné en traits vifs et bien reconnaissables cette physionomie ardente et chevaleresque de M. de Salvandy, de celui que M.
On craint en effet dans cette minorité si puissante que, pour peu qu’on accorde au clergé cette seule petite faculté de former jusqu’au bout dans ses écoles des élèves aptes à subir l’examen du baccalauréat, il ne fasse à l’instant une trop vive et trop redoutable concurrence aux colléges de l’Université.
Dans la troisième lettre, la question prend une importance excessive ; elle est proclamée une cause toute nationale, à laquelle de nobles et pieuses intelligences portent le plus vif intérêt.
Cette nature vive, fraîche et sensible de l’auteur des Souvenirs, se peignait à mes yeux à travers ces récits plus ou moins semés de jolis mots et sur lesquels courait sa plume facile.
Le malheur, la puissance, la religion, le génie, tout ce qui frappait l’imagination des Athéniens excitait en eux une sorte de fanatisme ; mais cette impression se détruisait avec la même facilité, dès qu’on en substituait une autre également vive.
Le froid était vif, la consigne très courte, et le geôlier confirma le lendemain mon calcul.
Dans la seconde partie consacrée aux classiques Pierrots, de l’immortelle farce italienne, c’est un jet perpétuel d’esprit, de saillies alertes, vives, imprévues, toutes formulées dans des rondels pétillants.
Ainsi nous ont frappé les Symphonies de M. de Laprade, œuvre de méditation et de candeur, mélange d’inductions métaphysiques, de sentiments austères avec tendresse, et de vives émotions empruntées au spectacle de la nature et rapprochées toujours des grandes vérités inscrites au cœur de l’homme comme sur la voûte des cieux.
Selon Voltaire, Anne d’Autriche avait apporté à la cour de France une galanterie noble et fière qu’elle tenait du génie espagnol, et y avait joint les grâces, la douceur et une liberté décente qui n’était qu’en France : l’anecdote des férets d’aiguillettes en diamants qu’elle avait reçus du ici, et qu’elle donna presque aussitôt au duc de Buckingham, les vers où Voiture lui parle à découvert de son amour pour ce charmant Anglais et le plaisir qu’elle prit à les lire, le soin qu’elle mit à les garder, ces détails attestés par madame de Motteville annoncent dans la reine toute l’inconsidération d’un goût très vif, et sortent des bornes de cette galanterie noble et fière et de cette liberté décente que Voltaire lui attribue.
Avoir reçu du Ciel une imagination vive & féconde, un jugement aussi exquis que solide ; allier à l’étendue du savoir une profonde sagesse ; aux charmes de l’éloquence l’empire de la vertu ; à l’élévation des dignités un amour aussi éclairé qu’intrépide pour le bien ; avoir ajouté à ces qualités une application infatigable à cultiver ses talens, une modestie sincere, la véritable parure du mérite : tel est le privilége heureux qui distingue ce Grand Homme, à qui les hommages ne peuvent être trop prodigués.
Celui-ci, à une imagination vive, joint un génie tendre et rêveur ; il se sert même, ainsi que La Fontaine, du mot de mélancolie dans le sens où nous l’employons aujourd’hui.
On est plus vif dans ce siécle, mais on est moins laborieux que dans le siécle précédent.
L’air vif et presque toujours serain de ces regions subtilisoit leur sang, et les disposoit à la musique, à la poësie et aux plaisirs les moins grossiers.
Ces mœurs sauvages et grossières, fières et farouches, ces caractères déraisonnables et déraisonnablement obstinés, quoique souvent d’une mobilité et d’une légèreté puériles, ne pouvaient appartenir, comme nous l’avons démontré (livre II, Corollaires de la nature héroïque), qu’à des hommes faibles d’esprit comme des enfants, doués d’une imagination vive comme celle des femmes, emportés dans leurs passions comme les jeunes gens les plus violents.
Le voyez-vous se lever devant vous, l’essaim des figures françaises, toutes parées de vives couleurs que vous n’aviez pas aperçues ? […] Nulle part nous ne saisirons mieux au vif cette transformation que sur la scène comique. […] A-t-il écrit quelque chose de plus vif et qui s’enlève plus lestement que le petit acte du Retour imprévu ? […] Les uns comme les autres ne sont que de vives personnifications de telle ou telle classe d’individus, produits artificiels, qui de la littérature, qui de la société. […] Mais ici ce débraillé est saisi au vif et de pleine verve.
Ses ennemis qui ne voulurent pas moins que le faire brûler vif, minèrent sa réputation littéraire, et ne purent ébranler sa fermeté. […] Quel avantage a le chantre italien dans la manière vive et naturelle dont il s’en sert ! […] Il excuse la peinture de leurs vives galanteries, en présumant que Cupidon, étant allégoriquement l’amour de Dieu ou le Saint-Esprit, l’auteur ne présente que des voluptés spirituelles. […] La pureté des airs, la fraîcheur des bois, le murmure des sources vives, la vue et les soupirs des nymphes errantes sous les ombrages, tendent le piège le plus insidieux au penchant de son âge pour la volupté. […] Le chimérique ne saurait briller d’un plus vif éclat qu’en cette fiction mystique, et je défie les Isaïes, et tous les pères de l’église dans leurs plus véritables extases, d’avoir rien vu de si resplendissant.
On y rencontre de tems en tems de belles pensées, de solides réfléxions, & des descriptions fort vives. […] Un goût si vif annonçoit ce qu’il devoit-être un jour. […] Il est plein de métaphores vives & hardies ; ses descriptions, ses harangues & ses portraits sont d’un grand maître. […] Il manquoit de noblesse, de correction, de décence même dans son style ; mais il l’avoit énergique & vif. […] Ceux dont l’imagination flegmatique a besoin d’être échauffée par un écrivain, liront avec plaisir ces cinq morceaux dont la narration est aisée & le style vif & léger.
Voici par exemple une fable de Phèdre ; il lui manque bien peu pour être vive et jolie : « Un jour, dans un pré, une grenouille vit un boeuf ; et, envieuse d’une telle grandeur, elle enfla sa peau ridée, puis demanda à ses enfants si elle était plus grosse que le boeuf. […] Nous ne voulons pas le comparer aux fabulistes du moyen âge181, qui détrempent et délayent ses couleurs si vives et ses traits si nets dans une abondance terne de détails monotones ; il ne les a pas connus. […] Car je vous apprends, si vous ne le savez, que lorsque vos chars si triomphants entraient dans Rome et que de tous côtés on criait à haute voix : Vive, vive Rome l’invincible !
Thiers apprécie ce livre, qui fut le programme de la monarchie, en une vive et juste image. […] Sa joie fut vive en trouvant sa prévoyance si bien justifiée ; il revint se placer sur le terrain élevé où il avait bivouaqué, et d’où il embrassait toute l’étendue de ce champ de bataille. […] Mais ils s’arrêtaient dans les fonds, où ils étaient cachés par la brume et retenus par les ordres de l’Empereur jusqu’au moment opportun pour l’attaque. » Le choc des quatre-vingt-deux escadrons russes et autrichiens et les manœuvres de notre propre cavalerie s’ouvrant devant cette masse et se refermant pour la charger en détail ; les combats corps à corps de chacun de nos bataillons contre les bataillons ennemis ; la détonation de notre artillerie entrouvrant de ses boulets la glace des étangs sur lesquels l’infanterie russe s’est accumulée pour mourir de deux morts ; les deux souverains de Russie et d’Autriche fuyant à la fin du jour du champ de bataille, aux cris de Vive l’Empereur ! […] Les principaux officiers des deux armées se tenaient à l’écart et regardaient avec une vive curiosité ce spectacle extraordinaire du successeur des Césars vaincu et demandant la paix au soldat couronné que la révolution française avait porté au faîte des grandeurs humaines.
Elle enleva dès le premier entretien le goût très vif de madame Récamier. […] XVI Il y avait le salon de madame de Montcalm, sœur du duc de Richelieu et centre de son parti politique ; ce parti, c’était l’aristocratie intelligente, ralliée à la Révolution raisonnable, une égalité par le talent ; l’aristocratie de l’honneur, c’était son drapeau ; on y respirait un air doux et tempéré comme le caractère de la maîtresse de maison ; la fine et gracieuse figure de madame de Montcalm, retenue, quoique jeune encore, sur son canapé, y présidait avec un accueil qui n’avait rien de banal ; ses goûts étaient des amitiés vives ; ses opinions devenaient des sentiments ; on voyait défiler devant ce canapé tous les hommes éloquents et sages qui auraient pu réconcilier la Restauration avec la liberté. […] C’est sans doute à ces vives impressions de foi reçues dans l’enfance que je dois d’avoir conservé des croyances religieuses au milieu de tant d’opinions que j’ai traversées. […] Juliette n’était pas insensible à ces vives déclamations du cœur d’un frère du maître des armées ; elle n’acceptait de ces sentiments que le seul sentiment qu’elle pouvait rendre, l’amitié ; mais, dès l’âge de dix-huit ans, on voyait poindre dans ses réponses et dans sa réserve cet art naturel qui fut celui de sa vie : rester pure en paraissant émue, tout promettre et ne rien tenir.
Il ne faut pas qu’on s’y trompe, le titre ne donne pas une idée précise du livre ; bien qu’il soit d’un grand et vif intérêt, il n’a que très peu d’analogie avec ce que nous appelons ordinairement Mémoires. […] À la fin du mois d’août de cette même année, je fus éprouvé par une perte qui me causa une très vive douleur. […] N’étant pas très bien convaincus, — comme cela arrive ordinairement dans les choses qui nous sont personnelles, — de l’impossibilité de réussir, et honteux pour la plupart de céder la place à un candidat qu’ils se croyaient inférieur de beaucoup, à cause de son âge, des emplois qu’il avait remplis, de ses amitiés ou d’autres circonstances qui lui étaient propres, ils témoignèrent une assez vive répugnance à lui accorder leur voix. […] Le pape sortit après dîner, et il alla processionnellement, avec le Sacré-Collège, à l’église, au milieu des plus vifs et des plus continuels applaudissements.
Une action contemplée, un combat par exemple, cela était pour eux une série de sensations déjà plus vive, plus intéressante, par un certain reculement et une élimination des sensations étrangères au combat, par l’accumulation des sensations suivies du combat et leur prépondérance ; mais ce beau spectacle d’un combat, si le combat était réel, n’était-il pas, en tant que spectacle, atténué par l’éparsement sensationnel inhérent à sa réalité même ? […] Je me rappelle qu’au dernier an un esprit d’une très subtile et vive critique, assistant au Pasifal, exprimait que les personnages n’existaient point ; il disait notamment les insignes faiblesses du duo du second acte, l’homme subitement et immotivement illuminé et dès lors stagnant, la femme dont on ignore si elle est ou non d’elle-même attirée vers le garçon qu’elle appelle ; et il expliquait l’illogisme et le romantisme des trucs dramatiques ; et il s’étonnait de l’entière inutilité de tant d’accessoires ; réservant une admiration constante à l’orchestre, il méprisait intimement Parsifal pour un piètre mélodrame superbement décoré de symphonies : car ce subtil esprit — coupable seulement de se refuser par logiques de système à d’entiers côtés d’art — cherchait en le Parsifal et n’y pouvait trouver un drame. […] Richard Wagner, après une jeunesse adonnée aux erreurs des recherches incertaines, après une maturité féconde d’un progrès continu, entrant dans la sérénité d’une vieillesse vive de conscience, alors tout en le resplendissement des triomphes assurés et en l’expérience des efforts aboutis, parmi le calme d’un élargissement prodigieux de ciel, sous le ciel calme de son Bayreuth, avec la placidité grandiloquente de son âme fortifiée, instituait l’œuvre de longtemps songée ; dès les temps obscurs de ses erreurs, l’apparence était née en lui de cette œuvre du Parsifal, et pendant qu’il peinait en les ambitions de sa Tétralogie, de son Tristan, il suivait lointainement la grandissante image de son œuvre parfaite, enrichie chaque fois et muettement des trésors spirituels nouvellement acquis. […] Parsifal (vêtu de lys et de sang ; il chante d’une voix ferme) : Issu de l’inconscience des possibilités premières, un jour je fus mené par Dieu dans un temple de révélation, et dans le rougeoiment d’un Gral je vis le cœur vif de l’Amante et combien, en les souffrirs, aimer et l’aimer était bon.
Malheureusement cette amoureuse ou cette dévouée avait, tous les ans, des attaques de catalepsie, qui lui duraient deux ou trois jours, attaques que Servin attendait, comme les musulmans attendent la fin du rhamadan, et pendant ces jours, il disparaissait de la maison, et se flanquait une cuite de quarante-huit, de soixante heures, au bout desquelles, la pauvre femme allait le ramasser, plus mort que vif, chez quelque marchand de vin. […] Mais, vive, vive le gagneur d’argent, vive l’homme qui fait du métier, sans aucune aspiration.
Le vilain lui aussi veut avoir ses plaisirs ; et il en trouve un très vif, d’abord, à faire faire son portrait, puis, un plus vif, bientôt, à charger celui des autres, à en faire la caricature. […] Le seul nom de cette période, avec celui de Villon, qui surnage, et qui vive, c’est celui de Philippe de Commynes. […] La Ballade des Contredits de Franc Gontier] ; — un vif sentiment du « macabre » [Cf.
toi qui as envoyé du ciel un pain nouveau, et du rocher as fait jaillir la source vive dans le désert ! […] Le contrecoup de tant de luttes et comme le long souvenir de ces vives douleurs se retrouve aussi dans ses poésies, langage familier de son âme, non moins naturel pour lui que la prédication ou la prière. […] Mais, et ses chants l’attestent, il embrasse d’une foi vive les plus hauts mystères du christianisme, comme il en pratique les vertus secourables. […] Telle est la lente extinction des anciennes croyances : lors même qu’une foi jeune et pure en consume les restes du souffle de sa flamme, elles s’agitent sous la cendre ; elles jettent des lueurs encore vives, que fait ressortir le temps nouveau qui les entoure.
De tous nos maux secrets, c’est celui qui est le moins secret et en même temps le plus profond, et qui nous ronge jusqu’aux œuvres vives. […] En cela il représente bien, non, certes, le peuple lui-même, mais un des instincts du peuple, et le plus vif, et à l’état victorieux. […] Quand on passe de l’aristocratie à l’état démocratique, ceux-ci remplacent celles-là, et la haine n’est pas moins vive entre les uns qu’entre les autres. […] A côté il y avait l’homme de passions vives et de sensualité ardente, qui était moins intéressant, et dont pourtant il faut dire quelques mots. […] Sa curiosité naturelle étant vive, ce détachement lui fut relativement facile ; mais il lui fut profitable.
Un inconvénient, en effet, d’une histoire littéraire ainsi composée, c’est que le caractère personnel des rédacteurs, leur talent doit s’effacer pour ne laisser paraître et se développer que leur savoir, leurs recherches, et les résultats qui en ressortent : tout ce qui serait une vue un peu vive, une idée neuve un peu accusée, tout ce qui aurait un cachet individuel trop marqué semblerait jurer avec la circonspection et la méthode de l’ensemble. […] … » Nos fabulistes épiques du Moyen Âge, dont quelques-uns sans doute allaient en récitant, comme les rapsodes, par les villages et les bourgs, n’ont jamais de ces mouvements touchants ou élevés ; mais ils entendent la fable en elle-même et la développent souvent avec une grâce, une invention et une fertilité de détail, avec un riant d’expression qui serait encore aujourd’hui d’un vif agrément s’ils ne tombaient pas tout aussitôt dans la prolixité.
Je suis de ceux qui assistaient à ces petits cours intimes, à ces leçons que Jouffroy faisait à quinze ou vingt auditeurs dans sa petite chambre de la rue du Four-Saint-Honoré, et qui nous ont laissé une impression si vive. […] Il avait une langue pure, facile et pleine, une perception vive et pénétrante de la nature, un tour d’imagination assez romanesque, et un sentiment exquis de critique littéraire : il aurait pu se porter sur plus d’un sujet qui eût du corps, s’y reposer du moins et s’y refaire dans les intervalles de ses soliloques psychologiques trop prolongés.
Devant la maison natale était suspendu une sorte de dôme, également formé de guirlandes naturelles et qui produisait un effet charmant ; enfin, on y avait déjà disposé les mâts vénitiens et les lanternes de papier de couleurs vives et variées pour l’illumination du soir. […] Il y a aussi l’homme de tendresse, de roman ou de passiond, qui, après quelques semaines ou quelques mois de retraite, vient déranger l’homme d’étude et le demi-solitaire, et lui représenter un bonheur plus vif dans l’amour ou dans le plaisir.
Il en résulta, indépendamment des comptes rendus hebdomadaires de vive voix auxquels il excellait, une série de notices et de biographies qu’il nous est donné jusqu’à un certain point de juger. […] Pour l’anecdote, elle est très mêlée chez lui : il y en a de vives et de remuantes, il y en a de communes ; il ne choisit pas.
Deux grosses passions avaient en lui subjugué toutes les autresi : l’une était celle de s’instruire, et l’autre de se distinguer… Vicq d’Azyr avait gardé, même au milieu de ses succès académiques, un vif sentiment de ces premiers cours qu’il avait professés dans sa jeunesse et dans lesquels il s’était épanoui tout entier : « C’est un bel art, disait-il, que celui de l’enseignement. […] Les nombreux éloges de Vicq d’Azyr ne portent pas tous sur des sujets importants ni sur des hommes supérieurs ; mais dans tous, même dans les plus tempérés, on sent des parties vives, l’art de connaître et de faire aimer les hommes.
Peut-être est-ce le défaut des peintres : ils aiment trop à être bien, à avoir une vie qui ressemble à celle des bons propriétaires… À Venise, il se laisse peu à peu gagner à la couleur : il voudrait donner au costume de ses pêcheurs et de ses femmes quelque chose qui rappellerait les étoffes vénitiennes des siècles précédents : Les femmes en hiver ont des robes en laine avec d’immenses dessins de toutes les couleurs les plus vives. […] Marcotte, ce que Mme Walckenaer m’a dit souvent, que les soucis, les chagrins que l’on peut trouver dans l’état du mariage sont si vifs, qu’elle n’oserait conseiller à personne de prendre l’obligation si sérieuse d’élever une famille !
Les développements en seraient du plus vif intérêt ; le rôle du capitaine Birk, animé du jeu original de Préville, captiverait, échaufferait ; et je garantirais presque la réussite d’une pareille entreprise. […] On sent à cette vive peinture que Ramond, malgré sa précoce expérience, n’a pas épuisé encore cette puissance d’enthousiasme, cette ardeur de confiance et d’initiation qui peut entraîner même les plus éclairées des jeunes âmes : ici, il est presque fasciné par Lavater, il le sera tout à l’heure et pour quelque temps par un moins digne, par Cagliostro, un Lavater bien moins innocent.
On dirait que le gosier des oiseaux s’est aussi rafraîchi à cette pluie : leur chant est plus pur, plus vif, plus éclatant, et vibre émerveille dans l’air devenu extrêmement sonore et retentissant. […] Vive notre ciel de Languedoc si libéral en lumière, si bleu, si largement arqué !
Ce gentilhomme bernois, qui a dû vivre assez longtemps en Angleterre, qui a servi en France, écrit un français net et ferme, vif et dégagé, comme le fera plus tard son compatriote Bonstetten. […] Chacun d’eux, lorsqu’il est reçu dans ce corps, prononce un discours comme pour montrer de nouveau et de vive voix qu’il est digne du choix qu’on a fait en sa personne, et ce discours qui servira de modèle à d’autres, et qui montre sur quoi principalement un orateur a bonne grâce de s’exercer, doit contenir des éloges, des éloges donnés aux vivants et aux morts.
Bien lui prit, comme à Fontenelle, non seulement de vieillir, mais de savoir vieillir, d’hériter avec habileté et prudence des renommées disparues, de rester le dernier et le seul représentant parmi nous de tout un âge héroïque de la science, dont il discourait volontiers comme un Nestor, d’avoir gardé un vif amour de la pure science en elle-même, de l’avoir cultivée jusqu’à sa dernière heure, et d’avoir su trouver à propos dans l’érudition, dans la littérature, un complément et un prolongement varié qui est venu se confondre peu à peu, en la grossissant, dans sa réputation première. […] Nous, à la vive lumière de la philosophie, oublions donc aussi ces craintes chimériques du retour de l’ignorance, et marchons d’un pas ferme dans l’immense carrière désormais ouverte à l’esprit humain. » Ainsi parlait le jeune savant ; et plein d’un profond sentiment d’horreur pour le régime oppressif et ignare qu’on avait subi, pour ce retour inouï de barbarie en pleine civilisation, il montrait pourtant avec une satisfaction élevée le rôle honorable et indispensable des savants au fort de la crise et leur empressement courageux à répondre à l’appel de la patrie, tout décimés qu’ils étaient alors par l’échafaud.
Michelet, d’après lui en partie, et aussi d’après les sources mêmes qui sont les plus agréables et les plus fertiles, puisqu’elles sortent toutes vives des écrits de Fénelon et de Saint-Simon. […] Un esprit vif, actif, perçant, se roidissant contre les difficultés, à la lettre transcendant en tout genre.
Mais il est plus probable que Catherine écrivait ces pages, destinées à rester secrètes et confidentielles, pour se rendre compte à elle-même de ses années de jeunesse, de souffrance et de plaisir, pour revenir sur les impressions mélangées, mais si vives, qu’elle y trouvait en y repassant. […] Méchancetés, indiscrétions, mensonges, faux rapports, tracasseries, toutes les bêtises de la malice humaine rassemblées dans un cercle étroit et redoublées par l’étiquette, elle éprouve tout cela dans ses relations avec sa mère, avec l’Impératrice, avec son fiancé, avec les femmes qu’on lui donne pour argus ; elle est obligée de garder des mesures avec chacun, et, malgré sa grande jeunesse et son goût vif d’amusement et de plaisir, elle s’en fait une loi : comme chez tous les grands ambitieux (Sixte-Quint, Richelieu), sa passion dominante est assez forte pour se plier à tout et s’imposer d’abord la souplesse ; son orgueil fait le mort et rampe pour mieux s’élever ; seulement, femme et charmante femme qu’elle est, elle a ses moyens à elle, et elle y met de la grâce : « Au reste, je traitais le mieux que je pouvais tout le monde, et me faisais une étude de gagner l’amitié, ou du moins de diminuer l’inimitié de ceux que je pouvais seulement soupçonner d’être mal disposés en ma faveur.
La bêche en main dès l’aurore avec tout son monde, il travailla à élever un épaulement en terre gazonnée contre le vent du sud-est qui brûlait toute végétation ; et, fort de cet abri, il transplanta ensuite quelques arbres, surtout un chêne, cet ombrage si désiré, et le seul élève de toute cette plantation qui vive encore. […] Thiers, en prétendant établir comment on se passe d’un style proprement dit, donne au même moment l’exemple d’un style vif, pressé, excellent.
Il trouve Salammbô endormie dans une espèce de hamac ; il s’approche, elle s’éveille à la clarté trop vive d’une gaze qui prend feu et s’éteint au même instant ; elle croit d’abord à quelque apparition céleste : ce voile si rêvé, si désiré d’elle, Mâtho, comme s’il avait deviné sa pensée, le lui apporte, le lui montre dans sa splendeur ; il est tout près de l’en envelopper. […] Les localités, à défaut d’une carte précise qui les dessine, nous sont figurées en de vives images : Carthage, « galère ancrée sur le sable lybique », est soulevée, ballottée, et semble en péril aux moindres tempêtes.