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1608. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Trissotin dit avec raison à cet avocat de la cour : Que c’est en courtisan qu’il en prend la défense. Voltaire, qui, à la vérité, avait une bonne raison pour ne pas aimer que l’on décriât les femmes savantes (c’était son attachement pour la marquise du Châtelet), observe fort judicieusement et en homme de l’art, que dans la pièce dont nous parlons, « Molière attaque un ridicule qui semblait peu propre à réjouir ni la cour, ni le peuple à qui ce ridicule paraissait être également étranger, et qu’elle fut reçue d’abord assez froidement.

1609. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Le seul parti qu’il eût à prendre, était de lui donner une lettre de divorce, et de l’envoyer avec ses plus jeunes enfants chez son père, lequel comprendrait, il en était certain, la véritable raison qui le poussait à agir ainsi et donnerait à la pauvre femme consolation et conseil. […] Et je me mis à fouiller mes albums, et je trouvai le recueil qui porte pour titre : Sei tû Guishi deu (Les Chevaliers du devoir et du dévouement), ou le peintre Kouniyoshi nous représente les ronins dans l’action de l’attaque du yashki de Kotsuké : l’un portant une bouteille d’alcool « pour panser les blessures et faire de grandes flammes afin d’épouvanter l’ennemi », l’autre « tenant deux chandelles et deux épingles de bambou pour servir de chandeliers », celui-ci éteignant avec de l’eau les lampes et les braseros, celui-là ayant aux lèvres le sifflet « dont les trois coups prolongés » doivent annoncer la découverte de Kotsuké ; et presque tous dans des poses de violence et d’élancement, brandissant à deux mains des sabres et des lances, et tous enveloppés d’un morceau d’étoffe de soie bleue, avec leurs lettres distinctives sur leurs uniformes, leurs armes, leurs objets d’équipement, et tous ayant sur eux un yatate, écritoire de poche, et dans leur manche un papier expliquant la raison de l’attaque57.

1610. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Les procédés de Bernard lui firent honneur, quoiqu’on vît quelle en étoit la raison, & qu’il cherchoit à mettre son antagoniste dans son tort. […] Celui-ci le sçut, & voulut en avoir raison.

1611. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Son rival Gibert soutient avec raison que l’orateur Romain n’a jamais eu cette pensée ; qu’on ne doit se règler, en parlant en public, sur le goût de ceux qui nous écoutent, que lorsque leur goût est bon. […] Ce vieux & respectable orateur pouvoit avoir raison, en préconisant ainsi la représentation de nos chefs-d’œuvre dramatiques.

1612. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Nous avons déja perdu cette docilité pour les conseils des autres, qui tient lieu aux enfans de bien des vertus ; et notre perseverance aussi foible que notre raison, n’est point à l’épreuve des dégoûts. […] Le feu de l’âge en donne plusieurs à la fois, et c’est beaucoup, si la raison encore naissante peut être la maîtresse durant quelques momens.

1613. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

M. de Maistre a remarqué avec beaucoup de raison que les législateurs anciens n’ont rien écrit ; que l’Église n’a écrit que lorsqu’elle y a été contrainte, non pour établir, mais pour constater la croyance à des dogmes attaqués. […] Il est étonnant que ce problème si exactement formulé par un esprit aussi juste et aussi plein de raison n’ait pas été le simple corollaire du don primitif de la parole.

1614. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Le désespéré, c’était Donoso, le plus ardent, le plus religieux, le plus saint des deux, que Guizot, qui avait ses raisons pour ne pas vouloir de prophètes, appelait, par dérision, un Jérémie ; et l’espérant, c’était Raczynski, lequel persiste (dit-il dans sa Correspondance) à croire « que le jour viendra où la France tendra les mains vers Henri V », mais sans donner de cette foi une seule raison historique, et qui a espéré non pas jusqu’à la fin, mais sans fin, et qui a vu la fin de sa vie avant la fin de son opiniâtre espérance !

1615. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Courier avait deux excellentes raisons pour se gausser de Larcher, le solennel dadais au style noble. […] Or, il est bien certain que cette chose est commune à Hérodote, ancien et véritable historien, aussi bien qu’à ces poètes, afin que je passe sous silence ce qu’il a de particulier en ce qui sent à plein son vrai chrétien. » L’expression va peut-être un peu loin, mais au fond Saliat a raison.

1616. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico ; car, de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux, et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes. […] Telle était la raison de notre doute, de notre peu de sympathie pour la correspondance que voici.

1617. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Et ce doivent être aussi des Madame de Staël et des Madame de Souza ; car il est impossible que de pareilles femmes, qui ont prouvé leur supériorité dans des livres puissants ou délicieux, n’aient pas laissé des lettres plus elles-mêmes encore que leurs écrits, et qui, pour cette raison, nous les feraient aimer et admirer davantage. […] Aimer beaucoup les huîtres n’est pas une raison pour se connaître en perles.

1618. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Taine est le cornac sonore, appliqué au Panthéisme ce dernier coup de pied qui fait mourir deux fois les lions mourants… Quelle raison secrète a donc dicté la réclame de M.  […] Jules Simon et que l’ennui, un immense ennui, s’échappe de ses œuvres, mais raison de plus pour tout craindre.

1619. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Silvio Pellico29 [Le Pays, 6 août 1857] I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico, car de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes. […] Telle était la raison de notre doute, de notre peu de sympathie pour la correspondance d’aujourd’hui.

1620. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Martin Doisy catholique, aussi à l’aise dans son sujet que les protestants le sont peu, par la raison naturelle que pour juger l’Église qui n’a jamais varié, il ne faut pas être devenu — si tard que cela ait été — l’ennemi de cette Église, Martin Doisy a montré par tous les développements de son ouvrage que la charité, qui a sauvé et nourri le monde, n’a pas concentré son action dans les premiers temps du christianisme. […] En expliquant la charité chrétienne par le célibat et les monastères, Martin Doisy a trouvé dans le célibat religieux, dont il fait avec raison le principe générateur de la perfection de l’homme et de l’assistance sociale, un puissant et nouvel argument contre ce Communisme moderne qui veut remplacer la charité par le droit de tous.

1621. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Les révolutionnaires intransigeants ne manqueront pas de dire : « Vous voyez bien que nous avons raison d’être intransigeants, puisque vous l’êtes, et qu’entre nous la bataille doit être éternelle !  […] Or, la monarchie française ne peut pas revivre autrement qu’à la condition de reprendre ses traditions de christianisme là où elle a fait la faute et le crime tout à la fois de les abandonner… Et c’est cette pensée, qui est encore dans beaucoup d’esprits justes, mais quila cachent, pour des raisons qui veulent être plus ou moins prudentes ou qui se croient plus ou moins habiles, c’est cette pensée que Maurice de Bonald a eu le courage d’exprimer.

1622. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Tout ce qui est de regard et de récit dans ce Voyage d’Orient est à étonner de bon sens, de bonne humeur et de bon ton, toutes choses rares dans l’école romantique ; et s’il s’y rencontre des parties inférieures, ce sont les pages que l’auteur a voulu faire poétiques, comme la légende de la Reine de Saba, qu’il prétend avoir entendu raconter par un conteur de café, en Egypte, et que, pour cette raison, je ne mettrai point à sa charge. […] Gérard de Nerval, comme Edgar Poe, aimait les livres singuliers, bizarres, biscornus même à force de bizarrerie, les livres qui troublent l’entendement plus qu’ils ne l’éclairent, et qu’une raison forte laissera toujours à ses pieds.

1623. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

De race phocéenne et de pays profondément catholique, il bénéficie, dans son talent, de son pays et de sa race, et peut-être, pour cette raison, serait-il difficile à qui ne serait pas de la même terre que lui, — à moi, par exemple, chouette grise de l’Ouest et goéland rauque d’une mer verte, — de préciser avec exactitude à quels endroits du poème en question expire la poésie que M.  […] Frédéric Mistral a répondu au nom du provençal, dans ces malheureuses notes qui m’ont un peu dépoétisé sa personne, mais ce qu’il a dit ne modifiera pas l’opinion ; et comme il ne faut, dans notre heureux pays, qu’un lieu commun pour empêcher la vérité et la raison de faire leur chemin, il est bien probable qu’une telle impertinence barrera plus ou moins longtemps le passage à une œuvre digne par elle-même d’aller très-haut.

1624. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Et ce n’est pourtant qu’un simple recueil où, à trois ou quatre places au plus, le vin est vanté pour les raisons les plus mélancoliques qui puissent nous faire vanter le vin ! […] Il faut se faire une raison… En me plaçant sur leur passage Je verrai ceux de la maison !

1625. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Qu’importent ces laideurs morales passagères chez les poètes, où tout est de passage ; chez les poètes, ces innocents coupables lorsqu’ils sont coupables, pour qui, en raison même des facultés qui font leur génie, la liberté humaine est moins grande que pour les autres hommes dans ce malheureux monde tombé ! […] Qu’il grandisse ou qu’il rapetisse les hommes et les choses, qu’il se trompe ou qu’il ait raison, Heine est poète comme on respire ; il est poète, et poète idéal… Je l’aime, mais je sais le juger.

1626. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Ils tâchent d’étendre et d’agrandir la raison universelle ; de reculer les limites de toutes les connaissances ; d’élever la nature morale ; de dompter et d’assujettir à l’homme la nature physique ; d’établir pour nos besoins une correspondance entre les cieux et la terre, entre la terre et les mers, entre leur siècle et les siècles qui ne sont plus, ou ceux qui seront un jour ; de contribuer, s’il est possible, à la félicité publique, par la réunion des lumières, comme ceux qui gouvernent y travaillent par la réunion des forces.  […] D’autres écrivains dans différents genres, tels qu’Amyot, traducteur de Plutarque, et grand aumônier de France ; Marguerite de Valois, célèbre par sa beauté comme par son esprit, rivale de Boccace, et aïeule de Henri IV ; et ce Rabelais, qui joua la folie pour faire passer la raison ; et ce Montaigne, qui fut philosophe avec si peu de faste, et peignit ses idées avec tant d’imagination.

1627. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

Sans doute il comprenait avec raison sous cette dénomination les vagabonds sans lois et sans culte qui, pour échapper aux rixes continuelles de l’état bestial, cherchaient un asile dans les lieux forts occupés par les premières sociétés, faibles qu’ils étaient par leur isolement, et manquant de tous les biens que la civilisation assurait déjà aux hommes réunis par la religion. […] Aussi lorsque Tite-Live nous dit en général que les asiles furent le moyen employé d’ordinaire par les anciens fondateurs des villes, vetus urbes condentium consilium , il nous indique la raison pour laquelle on trouve dans l’ancienne géographie tant de cités avec le nom d’Aræ.

1628. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Nous avons les plus fortes raisons de douter que dans les premiers siècles de Rome, les filles succédassent. […] Peut-être est-ce pour cette raison que les nations barbares du moyen âge repoussèrent les lois romaines.

1629. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gennevraye, A. (1803-1888) »

Gennevraye, A. (1803-1888) [Bibliographie] Rimes et raison (1886).

1630. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 425

Va, mon petit Livret, je ne charge ton front D’un titre ambitieux, comme maints Auteurs font ; Je hais l’Architecteur qui, privé de raison, Fait plus grand portail que toute la maison.

1631. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hinzelin, Émile (1857-1937) »

. — Raisons de vivre (1894). — Le Huitième Péché (1895). — Labour profond (1897). — Toute une année (1898).

1632. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — P.-S. »

L’attachement pour la princesse Charlotte Bonaparte tint sans doute une grande place dans sa vie, mais ne peut être considéré comme la raison déterminante d’une mélancolie qui avait ses racines dans l’organisation même,

1633. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 384

Un culte superstitieux déshonore une Divinité quelconque ; par la même raison, un enthousiasme à petites ressources est-il indigne d’un grand homme qui en est l’objet.

1634. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 425

Il faut remarquer que ses Epigrammes ne sont que des saillies sans fiel, sans aigreur, sans satire, &, par cette raison, plus dignes d’amuser, que toutes celles que la haine, la jalousie ou la causticité ont produites.

1635. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 450

On blâme, avec raison, les mêmes défauts dans l’Histoire Romaine, qu’il composa avec le P.

1636. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 465

L’esprit ne plaît qu’autant qu’il assaisonne la raison, sans chercher à se montrer.

1637. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 500

C’est par-là qu’on peut expliquer la raison de leur peu de succès, & faire tourner à leur désavantage les éloges qu’ils obtiennent du caprice & de la mode.

1638. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 385

Si on n’a pas le talent de la plaisanterie, il faut du moins avoir le langage de l’honnêteté & de la raison.

1639. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 94

On doit cependant lui rendre justice du côté de la modération avec laquelle il présente ses raisons ; c’est beaucoup d’être modéré dans la dispute, lors même qu’on a tort.

1640. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article »

Avec plus de politesse & de discernement, elle eût pu tirer un parti avantageux de son esprit vif & facile, mais trop peu assujetti à la raison & au goût.

1641. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

. — Raisons tirées du caractère français […] — Raisons tirées du ton de la cour en France. — Cette vie devient de plus en plus agréable et absorbante. […] Par instinct, le Français aime à se trouver en compagnie, et la raison en est qu’il fait bien et sans peine toutes les actions que comporte la société. […] Vers le milieu du siècle, le mari et la femme logeaient dans le même hôtel ; mais c’était tout. « Jamais ils ne se voyaient, jamais on ne les rencontrait dans la même voiture, jamais on ne les trouvait dans la même maison, ni, à plus forte raison, réunis dans un lieu public. » Un sentiment profond eût semblé bizarre et même « ridicule », en tout cas inconvenant : il eût choqué comme un a parte sérieux dans le courant général de la conversation légère. […] La maréchale de Luxembourg est une autorité ; point de bienséance qu’elle ne justifie par une raison ingénieuse.

1642. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Voltaire appelait la métaphysique le roman de l’esprit ; Voltaire avait raison. […] S’il me fallait cependant chercher d’autres raisons de cette préférence personnelle pour la musique sur la peinture, j’en trouverais peut-être encore de plus motivées dans l’essence même de ces deux arts. […] Tout art véritable a pour objet le beau ; celui qui en approche le plus dans les actes est le héros, le saint, le martyr ; celui qui en approche le plus dans l’éloquence ou dans la poésie est le maître de la raison, du cœur ou de l’imagination des hommes ; celui qui en approche le plus dans la langue des sons est le sublime musicien ; celui qui en approche le plus dans la langue des formes et des couleurs est le plus grand peintre ou le plus grand sculpteur. […] J’étais informé de sa résidence, je savais son nom de guerre ; j’étais convenu par lettre avec lui d’une entrevue au village-frontière de la Chaux-de-Fonds pour des raisons qui sont restées secrètes. […] Le poète glissa, sans s’en apercevoir, de l’admiration et de la reconnaissance dans la passion ; il n’y perdit pas la vie comme Léopold Robert, mais il y perdit sa fortune, sa liberté et sa raison.

1643. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

II Un pauvre jeune conscrit de 1813, cueilli avant sa fleur, c’est-à-dire avant vingt ans, quoique boiteux, par ce hasard barbare de la conscription, pour remplacer les 500,000 hommes que nous venons de perdre sans rime ni raison nationale dans les glaces de Moscou, est amoureux d’une de ses cousines. […] Dieu sait si j’ai tort ou raison dans mon opinion ; mais en tout cas, elle est le plus sincère hommage à ce duo de talent des fils qui les grandit par leurs pères. […] Si tu veux avoir le nez et les oreilles gelés, tu n’as qu’à sortir comme cela. » Je vis bien alors qu’il avait raison ; je mis ses gros souliers, je passai le cordon des moufles sur mes épaules, et je jetai le manteau par-dessus. […] Mais la tante Grédel avait plus de raison que nous. […] Pense que de toute la conscription, il n’y en a pas dix peut-être qui puissent donner d’aussi bonnes raisons que toi pour rester.

1644. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Il y a là ces rapports de coordination si essentiels, si subtils, si ramifiés, qu’on peut appliquer à chacun de ces drames ce que Kant dit de sa Critique de la raison pure : « c’est un véritable corps vivant, dans lequel chaque partie est un organe. […] Si le traducteur ne met pas ici le même mot sous la même note, les modulations n’ont plus de raison d’être, et nous assistons à une de ces « orgies » qui dégoûtaient le maître. […] Les exceptions qu’on peut trouver à cette règle ont toutes une raison spéciale : c’est un aperçu soudainement ouvert sur une signification symbolique, ou bien une réminiscence mythologique légèrement indiquée (Voir Wolzogen : la Langue dans les poèmes de Wagner). […] C’est un charabia sans rime ni raison. […] at » C’est la raison du sacrifice qui est expliquée.

1645. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

C’est la victime devenue juge par l’impersonnalité sublime de la raison, célébrant son propre supplice et jetant comme le Brutus des Romains les gouttes de son sang vers le ciel, non comme une insulte, mais comme une libation au Dieu juste ! […] ” » Voilà le sage, voilà l’homme de raison et de piété ! […] Quelles sont ces conjectures, selon la raison, selon la foi de tous les grands esprits, depuis Job jusqu’à nos jours, les plus vraisemblables et les plus saintes ? […] Par la raison seule, nous n’en savons rien. […] C’est la philosophie de la raison, car Dieu, comme dit Élihu à Job, est plus grand que nous ; c’est la philosophie de la nécessité, car Dieu, comme ses œuvres le disent à Job, est plus fort que nous ; c’est la philosophie de la sainteté, car, comme dit l’Évangile, c’est la conformité de la misérable, fragile et perverse volonté de l’homme à la volonté parfaite, sainte et divine de Dieu ; c’est la divinisation de la volonté humaine, car notre volonté devient Dieu en s’assimilant contre elle-même à Dieu !

1646. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

S’il n’avait pas été à l’époque inférieure de la vie morale où l’on est perméable à son temps ; si, devant un des mille ruisseaux de sang qui sillonnent l’histoire, il avait eu cette fermeté de raison qui écrit pour les gens d’État, non pour les têtes poétiques, les enfants et les femmes, il aurait laissé la chimère d’un crime uniquement politique, et il aurait fait de la Saint-Barthélemy ce qu’elle est réellement, une action catholique, à laquelle nul historien n’a encore osé donner son nom. […] Il n’a su pénétrer ni les Guise, ni les Valois, ni personne, à plus forte raison ni Catherine de Médicis, l’un des caractères les plus compliqués des temps modernes : Catherine de Médicis, toute l’Italie de Machiavel, que Machiavel lui-même, revenant au monde, ne peindrait que par le dehors, s’il n’ajoutait pas à son génie. […] Si Thomas Carlyle, en voulant relever Cromwell de cette accusation d’hypocrisie qui accable sa gloire, a eu raison de dire qu’il n’y avait pas de grands hommes sans bonne foi, sans au moins la croyance en quelque supposition ontologique que l’on prend pour la vérité et même sans le fanatisme de cette croyance, il faut chasser Luther de ce troupeau superbe… Toute sa vie et jusqu’à la fin, il n’a cessé de dire, sur toutes choses, le contraire de ce qu’il avait avancé. […] Seulement, pour agir avec fruit sur l’opinion de la Grande-Bretagne, il fallait à la hideuse chronique de Henri VIII, de ce César de la décadence romaine, tombé, on ne sait comment, dans les temps modernes, ajouter cette discussion de doctrines dont l’Angleterre a plus besoin que tous les autres pays protestants, en raison du peu d’épaisseur de ce qui la sépare de la vérité. […] … Du reste, malgré ces fléchissements de la raison d’Audin, quand il s’agit de la gloire d’un siècle qui a dupé l’Histoire elle-même, — car l’Histoire dit « le siècle de Léon X » et elle l’a placé entre celui de Périclès et celui de Louis XIV, — ce livre rentre, par des côtés nouveaux et courageux, dans l’ensemble des travaux accomplis par Audin contre les idées et les thèses du Protestantisme.

1647. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

La raison en est précisément qu’on s’obstine à ne trouver qu’une différence de degré, et non pas de nature, entre les sensations actuelles et le souvenir pur. […] Mais rendez à la conscience son véritable rôle : il n’y aura pas plus de raison pour dire que le passé, une fois perçu, s’efface, qu’il n’y en a pour supposer que les objets matériels cessent d’exister quand je cesse de les percevoir. […] Les mêmes raisons qui font que nos perceptions se disposent en continuité rigoureuse dans l’espace font donc que nos souvenirs s’éclairent d’une manière discontinue dans le temps. […] Mais nous ne rejetons rien dans l’inconscient, par la raison fort simple que ce n’est pas, à notre avis, un effort de nature psychologique qui dégage ici la ressemblance : cette ressemblance agit objectivement comme une force, et provoque des réactions identiques en vertu de la loi toute physique qui veut que les mêmes effets d’ensemble suivent les mêmes causes profondes. […] Une conscience qui, détachée de l’action, tiendrait ainsi sous son regard la totalité de son passé, n’aurait aucune raison pour se fixer sur une partie de ce passé plutôt que sur une autre.

1648. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Je n’ai pas la prétention ici d’ajouter à leurs raisons, ni même d’adhérer à une préférence si déclarée : pour en avoir le droit, il faudrait avoir fait les mêmes comparaisons et avoir exploré lentement les mêmes chemins. […] Dans la dédicace à elle adressée, où il est fait allusion à la victoire de Rocroi, Mézeray dit galamment : « Ces belles mains qui ont pris le gouvernail de l’État en ont charmé les tempêtes. » Dans la préface, après avoir payé un ample tribut à ses auxiliaires par le burin et à ses collaborateurs, il en vient à parler de sa composition même : Quand j’ai entrepris ce long et pénible ouvrage, ma première intention n’était pas de le faire si ample ni de si grande étendue qu’il est ; je ne le voulais composer que des pièces et des appartements les plus nécessaires ; mais il s’est trouvé qu’en travaillant j’ai insensiblement changé de dessein… Tant de rois et de grands seigneurs n’ont pas pu s’accommoder en un si étroit logement, et je n’ai point vu de raison pourquoi je dusse omettre une guerre ou une affaire plutôt qu’une autre. […] Elle a eu tant de princes, tant de grands seigneurs et tant de démêlés, soit avec les autres nations de la terre, soit avec ses propres sujets, à raison d’un nombre infini de petites seigneuries qui l’ont divisée cinq cents ans durant, qu’il est impossible à un esprit seul de les pouvoir toutes débrouiller.

1649. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Cependant Joseph II, de son côté, a entamé sa guerre contre les Turcs, et moins heureusement qu’il n’avait compté ; le prince de Ligne n’a plus de raison pour ne pas être dans les rangs autrichiens. […] Je la croyais un bureau d’esprit, et c’en était un plutôt de raison. […] Le prince de Ligne, malgré sa douceur de mœurs habituelle, ne pouvait s’empêcher d’avoir quelque accès de misanthropie ; il en voulait aux engouements et à toutes ces contrefaçons de talent ou d’esprit qui usurpent la réputation des originaux et des véritables : « Il se fait, disait-il, dans la société un brigandage de succès, qui dégoûte d’en avoir. » Mais il était plus dans sa nuance de philosophie et dans les tons qui nous plaisent, lorsqu’il écrivait cette pensée qui résume sa dernière vue du bonheur : Le soir est la vieillesse du jour, l’hiver la vieillesse de l’année, l’insensibilité la vieillesse du cœur, la raison la vieillesse de l’esprit, la maladie celle du corps, et l’âge enfin la vieillesse de la vie.

1650. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Non, mes frères, s’écrie hardiment Massillon, ce ne sont pas ici des incrédules, ce sont des hommes lâches qui n’ont pas la force de prendre un parti ; qui ne savent que vivre voluptueusement, sans règle, sans morale, souvent sans bienséance, et qui, sans être impies, vivent pourtant sans religion, parce que la religion demande de la suite, de la raison, de l’élévation, de la fermeté, de grands sentiments, et qu’ils en sont incapables. […] Aussi, un siècle juste après Massillon, un orateur que je n’irai point jusqu’à lui comparer pour le talent, mais qui a soutenu bien honorablement l’héritage de la parole sacrée, l’abbé Frayssinous, dans ses conférences ouvertes sous l’Empire et depuis, avait à discuter devant d’honnêtes gens, la plupart jeunes, non plus désireux de douter, mais plutôt désireux de croire, les points controversés de la doctrine et de la tradition historique, et il le faisait avec une mesure de science et de raison appropriée à cette situation nouvelle. […] Duclos et Saint-Simon ont donné là-dessus les seules raisons, et les meilleures, pour l’excuser de n’avoir pas dit non : Dubois, dit Saint-Simon, voulut (pour second assistant) Massillon, célèbre prêtre de l’Oratoire, que sa vertu, son savoir, ses grands talents pour la chaire, avaient fait évêque de Clermont… Massillon, au pied du mur, étourdi, sans ressources étrangères, sentit l’indignité de ce qui lui était proposé, balbutia, n’osa refuser.

1651. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Quelque royaliste fervent, en parcourant le volume, aura été blessé de les voir dans la bouche de Louis XVI soit comme trop insignifiants, soit pour toute autre raison. […] non, je ne doute point de ton existence ; et soit que tu m’aies destiné une carrière immortelle, soit que je doive seulement passer et mourir, j’adore tes décrets en silence, et ton insecte confesse ta divinité » ; c’est à côté de ces mots que Chateaubriand écrit en marge : Quelquefois je suis tenté de croire à l’immortalité de l’âme, mais ensuite la raison m’empêche de l’admettre. […] [NdA] C’est une réfutation directe de la note marginale de l’Essai précédemment citée : « Quelquefois je suis tenté de croire à l’immortalité de l’âme, mais ensuite la raison m’empêche de l’admettre, etc., etc. » 18.

1652. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Il a poussé ses qualités jusqu’aux défauts mais, considéré tout entier par les côtés qu’admire la raison et par ceux que condamne la morale ; regardé, en un mot, des hauteurs de l’histoire, et non par les dessous d’une chronique méticuleuse, Henri IV ne sera jamais haïssable. » — Ainsi Henri IV, somme toute, n’est pas haïssable ! […] Je viens de faire le fol avec mes enfants, je m’en vais maintenant faire le sage avec vous et vous donner audience. » Et comme il s’agit de l’Édit de Nantes sur lequel on essaye de le chapitrer, il les remet en peu de mots au pas et à la raison. […] Berger de Xivrey à la date du 24 décembre 1603, a même les proportions d’un discours proprement dit, serré de raisons, et semé d’un bout à l’autre de traits vifs et graves.

1653. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Dans la seconde moitié du xviie  siècle on se croyait dans un grand siècle, et on avait raison ; on se croyait dans un siècle régulateur et digne de servir à jamais de modèle aux autres époques, et en cela on s’attribuait un peu plus qu’on ne devait. […] Et cependant ce n’est pas une raison pour tout sacrifier de celui qui fut aussi et avant tout un poète. […] Santeul, qui se flattait avec raison d’être tout de feu et qui mettait la poésie dans la verve, ne tarissait pas quand il parlait des vers exsangues de du Périer, qui usait ses ouvrages à force de les polir, et qui s’y consumait lui-même : Fecerat exsuccum labor improbus arsque poetam, Dum probat et damnat, dumque retractat opus.

1654. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Bossuet en particulier, qui aimait Santeul et qui avait raison de l’aimer (car celui-ci a tracé du grand évêque, en beaux vers, un portrait des plus vivants), Bossuet faisait le fâché ou l’était un peu, tandis que d’autres, l’abbé de Fénelon, l’abbé Fleury, Nicole, après avoir lu la pièce en question, se montraient plus indulgents. […] tu n’aurais plus raison à mes yeux. » Les jésuites voulaient quelque chose de plus positif, de moins conditionnel, et qu’il mît sapias au lieu de saperes, c’est-à-dire : « Tu n’as plus raison à mes yeux. » Le pauvre Santeul fit deux copies, l’une où était saperes pour les amis de M. 

1655. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Je voudrais qu’il eût tout à fait supprimé les autres petites notes de critique littéraire dans lesquelles il se contente d’approuver son auteur et de dire : « Pensée noble et noblement exprimée… Distinction fine et vraie… Jolie expression, etc… » Il n’y a pas de raison pour ne pas mettre cela presque à chaque paragraphe. […] Une anecdote, à la fin du chapitre des Femmes, et qu’a relevée avec raison M.  […] En présence du monarque malheureux, le philosophe s’est fait plus jacobite que de raison.

1656. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Nous sommes obligés de connaître Rome, comme des petits-fils de connaître leur vieille mère. » Il montrait que ce n’est pas tant à l’Université qu’il faut s’en prendre des maladies morales de la jeunesse qu’aux familles elles-mêmes, à l’esprit public et à l’air vicié du dehors, à la littérature enfin ; et faisant allusion à la grande plaie, selon lui régnante, au roman, il appelait de ses vœux un roman pareil à Don Quichotte, c’est-à-dire qui mît à la raison tous les mauvais romans du jour ou de la veille, et en sens inverse de Don Quichotte ; car, en ce temps-là, c’était la chevalerie, avec sa fausse exaltation idéale, qui était la maladie à la mode, et du nôtre c’est le contraire : « c’est le goût du bien-être personnel, c’est l’amour des jouissances positives, c’est l’égoïsme, c’est Sancho, en un mot, et non pas Don Quichotte. […] Veuillot, mais je pourrais soutenir sans paradoxe qu’au fond il devait l’aimer ; et voici mes raisons. […] D’un côté, l’imagination et la fée : de l’autre, la raison qui sait être piquante, et le conseil.

1657. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Lundi 21 et mardi 22 avril 1862 De ce que j’ai beaucoup aimé autrefois la poésie, de ce que je l’ai aimée comme on doit l’aimer quand on s’en mêle, c’est-à-dire trop, ce n’est pas une raison aujourd’hui pour n’en plus parler jamais. […] Il est vrai que celle-ci n’y est qu’à peine touchée ; et c’est sans doute la raison pour laquelle le poëte a cru pouvoir ainsi clouer en tête de son recueil ce titre voyant de Poésies Barbares, qui devient un attrait. […] Quand Bettina, dès la première ou la seconde entrevue avec Gœthe qu’elle aimait depuis longtemps en imagination, se livrait auprès de lui à des caresses d’enfant et à des échappées de folle vigne en fleur, l’auguste et indulgent contemplateur se contentait, de temps en temps, de la rappeler à la raison et de lui dire : « Du calme, du calme !

1658. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

elle a atteint l’âge de majorité et de raison ; elle trouve désormais tous ses stimulants et ses motifs d’agir en elle-même ; les lumières circulent, chacun a droit de parler et d’être écouté ; la somme totale de tous les avis, la résultante de toutes les contradictions est, en fin de compte, la vérité même ! Je ne nie pas que, sur certaines questions d’intérêt et d’utilité commune, où chacun peut être informé et renseigné, la voix de tous, dans nos siècles instruits et adoucis, n’ait sa part de raison et même de sagesse ; par la force même des choses et par le seul cours des saisons, les idées mûrissent. […] en France, le grand art consistera toujours à savoir user tantôt de l’une, tantôt de l’autre, à bien distinguer les temps et les moments : dans ce double jeu, la théorie peut avoir tort, l’habileté supérieure aura raison.

1659. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Lebrun a toute raison de dire « Ce sera du moins une nouveauté que des poésies laissées un demi-siècle en porte-feuille. […] La raison, la vie pratique, les affaires ont leur tour. […] Une telle poésie existe de droit et se justifie à elle seule. — Poésie modérée, bien que depuis lors nous en connaissions une autre, grande, magnifique, souveraine, et que nous nous inclinions devant, et que nous l’admirions en ses sublimes endroits ; — poésie d’entre-deux, moins vive, moins imaginative, restée plus purement gauloise ou française, plus conforme à ce que nous étions et avant Malherbe et après ; — poésie qui n’es pas pour cela la poésie académique ni le lieu commun, et qui as en toi ton inspiration bien présente ; qui, à défaut d’images continues, possèdes et as pour ressources, à ton usage, le juste et ferme emploi des mots, la vigueur du tour, la fierté du mouvement ou la naïveté du jet ; poésie qui te composes de raison et de sensibilité unies, combinées, exprimées avec émotion, rendues avec harmonie ; puisses-tu, à ton degré et à ton heure, à côté de la poésie éclatante et suprême, te maintenir toujours, ne cesser jamais d’exister parmi nous, et d’être honorée chez ceux qui t’ont cultivée avec amour et candeur !

1660. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Savez-vous qu’elles sont plates et insipides, vos épigrammes, quand elles ne sont pas grossières ou alambiquées ; elles sont surtout très-fades la plupart du temps, et Perrault, La Motte et Fontenelle, dans cette querelle fameuse, avaient grandement raison lorsque, voulant parler de madrigaux sans pointe, d’épigrammes sans sel ni sauge, ils disaient d’un seul mot : « Ce sont des épigrammes à la grecque. […] En procédant ainsi, il a mille fois raison de s’affranchir et de nous tirer du lieu commun et du convenu. […] Mais c’est une raison de plus pour que notre fond de perspective ne cesse de nous montrer cette beauté première, cette excellence parfaite dans son cadre et en ses contours limités.

1661. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

demandait-il et demandait-on de toutes parts dans le public : « On l’a arrêté, répondit-on de guerre lasse et pour unique raison, parce que si l’on se fût borné à suspendre ou à supprimer son journal, il eût exécuté ce qu’il avait annoncé ; il eût protesté, ne fût-ce que sur le plus petit carré de papier. […] Certains écrivains politiques s’exagèrent leur importance et s’enflent dans l’idée qu’ils ont d’eux-mêmes : raillez-les, remettez-les à leur place, montrez-leur qu’ils se chatouillent l’amour-propre et qu’ils se rengorgent plus que de raison. […] Ne nous vantons pourtant pas trop de notre éducation et de notre raison, nous les modernes.

1662. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Guizot a recueilli et reconquis, on le sent, toute cette piété filiale et maternelle avec les années ; mais de plus, et en dehors du sentiment pur, sa raison et sa prudence interviennent à tout instant pour compléter son principe de foi, pour l’appuyer et le corroborer par de puissantes considérations politiques et sociales : « Y a-t-on bien pensé ? […] Il y a des raisons et des excuses pour toutes les vicissitudes et les inconstances du sentiment. […] Mais ce n’est pas une raison pour lui d’aller directement l’humilier et l’offenser ; il convient d’être poli avec les hommes.

1663. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Elle eût évoqué l’affaire, s’en fût emparée par l’intelligence comme par le cœur, l’eût comprise dans le fond et dans la forme ; elle eût écouté les raisons des ministres de Louis XVI, y eût ajouté l’autorité de sa raison propre ; elle eût épargné à un roi faible ses tiraillements et son embarras, elle eût épousé sa politique sans abjurer la voix du sang : au lieu d’être un simple écho et de répéter sa leçon de Vienne, elle aurait eu sa façon de voir, un avis à elle, et indiquant toute la première la voie moyenne à suivre, la seule possible, renvoyant à Marie-Thérèse quelques-unes des objections que l’impératrice avait faites à Joseph II, elle eût réjoui Marie-Thérèse elle-même, et celle-ci, reconnaissant jusque dans les demi-résistances de sa fille ses propres pensées, sa propre sagesse, se fût écriée avec orgueil : « Elle est deux fois ma fille et mon sang !  […] Si Marie-Antoinette avait pu faire prévaloir, dès le début, les vœux et les sollicitations politiques de sa mère, c’est pour le coup qu’elle se fût vraiment compromise en France devant l’opinion, laquelle, par raison ou par mode, était toute en faveur de Frédéric ; mais, la campagne militaire en Bohême n’ayant abouti à aucun résultat décisif, on rentra de part et d’autre dans la voie des négociations, et dès lors, en effet, la France, prise pour médiatrice avec la Russie, put intervenir utilement dans la paix dite de Teschen, et couvrir le plus honorablement possible le pas en arrière de l’Autriche.

1664. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Zola, exemple-type d’érudition médico-littéraire, œuvre énorme en raison de l’énormité du procédé, œuvre lourde en raison du défaut d’assimilation de plusieurs de ses matériaux, œuvre imprudente, souvent, en raison des droits arrogés, mais œuvre superbe, de par sa sincérité. […] Peut-être a-t-il, quant à l’essence réelle de son esprit, pleinement raison, et reste-t-il le plus souvent, même au milieu de son laboratoire littéraire, un véritable poète épique 83.

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