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1928. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Je ne pense pas que jamais on ait placé sur la toile des couleurs si crues, des corps si roides, des étoffes si semblables à du fer-blanc, des tons aussi criards.

1929. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« Nous voyons encore dans les relations que la Grande Tartarie, qui est au midi de la Sibérie, est aussi très-froide ; que le pays ne se cultive point ; qu’on n’y trouve que des pâturages pour les troupeaux ; qu’il n’y croît point d’arbres, mais quelques broussailles, comme en Islande ; qu’il y a, auprès de la Chine et du Mogol, quelques pays où il croît une espèce de millet, mais que le blé ni le riz n’y peuvent mûrir ; qu’il n’y a guère d’endroits, dans la Tartarie chinoise, aux 43e, 44e et 45e degrés, où il ne gèle sept ou huit mois de l’année ; de sorte qu’elle est aussi froide que l’Islande, quoiqu’elle dut être plus chaude que le midi de la France ; qu’il n’y a point de villes, excepté quatre ou cinq vers la mer Orientale, et quelques-unes que les Chinois, par des raisons de politique, ont bâties près de la Chine ; que, dans le reste de la Grande Tartarie, il n’y en a que quelques-unes placées dans les Boucharies, Turkestan et Charrisme ; que la raison de cette extrême froidure vient de la nature du terrain nitreux, plein de salpêtre et sablonneux, et de plus de la hauteur du terrain.

1930. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Les Visionnaires de Desmarets de Saint-Sorlin (1637)383 sont la première étude de caractères généraux qu’on ait faite d’après nature, avec intention formelle de placer le plaisir du spectacle dans la fidélité de la copie : et ces caractères sont des types ridicules de la société polie.

1931. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Pour lui, il plaçait le dogme avant tout, comme source et fondement de la morale433, et il s’attachait à expliquer, interpréter, justifier les mystères et les articles de foi, persuadé qu’un chrétien sait ce qu’il doit faire, lorsqu’il sait ce qu’il doit croire.

1932. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Je sais bien qu’il y a dans presque toutes leurs œuvres, des écarts, des fantaisies qui s’éloignent de l’objet du livre ; que, par exemple, le canotage nocturne de Manette pouvait se placer dans n’importe quel autre roman, et que l’aventure d’un goret taquiné par un singe dans un atelier n’était pas absolument indispensable à la peinture du monde des artistes.

1933. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Qu’il se montre, cet homme de génie qui doit placer la véritable tragédie, la véritable comédie sur le théâtre lyrique ! 

1934. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Il se plaça sous la protection de Mme de Metternich, et revint à Paris protégé par l’Empire, lui que nous avions fait connaître, nous blessant dans ce qu’on a de plus cher, après le patriotisme, dans notre parti vaincu.

1935. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Nous nous plaçons à l’antipode de ceux qui veulent réserver l’intensité aux objets extérieurs, qui vont même jusqu’à prétendre, comme on l’a fait récemment, que les états mentaux n’ont pas d’intensité et sont qualité pure.

1936. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Sur la cheminée, placés de travers et comme poussés l’un contre l’autre par un amoncellement de papiers, deux vases blancs à dessins bleus, d’un ancien modèle de Marly, et dans lesquels sont en train de mourir deux grandes herbes exotiques à feuilles poussiéreuses.

1937. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Ces trois chaires, rapprochées les unes des autres comme des stalles dans un chœur d’église, forment une façade semi-circulaire qui regarde l’orient ; en sorte que les bergers ou les chasseurs fatigués qui s’y placent et qui s’y assoient, pour se reposer à l’abri du vent, peuvent se voir obliquement les uns presque vis-à-vis des autres, et s’entretenir même à voix basse, sans que le mouvement de l’air dans ces hauts lieux emporte leurs paroles préservées du vent.

1938. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Si toutes les espèces d’un même genre sont descendues d’un même parent et ont hérité beaucoup en commun, on peut concevoir comment des espèces alliées, placées dans des conditions d’existence très différentes, peuvent cependant avoir les mêmes instincts et pourquoi, par exemple, le Merle de l’Amérique du Sud enduit son nid avec de la boue, comme notre espèce britannique.

1939. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Disons donc, comme nous l’expliquions dans Matière et Mémoire 55, qu’il est à la perception ce que l’image aperçue derrière le miroir est à l’objet placé devant lui, L’objet se touche aussi bien qu’il se voit ; il agira sur nous comme nous agissons sur lui ; il est gros d’actions possibles, il est actuel.

1940. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Pour prouver que telle est bien l’essence de la comédie, et qu’elle s’oppose par là à la tragédie, au drame, aux autres formes de l’art, il faudrait commencer par définir l’art dans ce qu’il a de plus élevé : alors, descendant peu à peu à la poésie comique, on verrait qu’elle est placée aux confins de l’art et de la vie, et qu’elle tranche, par son caractère de généralité, sur le reste des arts.

1941. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Tel est l’aspect sous lequel l’observateur doit voir les choses de l’âme humaine au point de vue où il s’est placé : l’acte volontaire lui apparaît comme lié et enchaîné à tel ou tel antécédent, et présente l’apparence extérieure d’un phénomène déterminé comme tous les autres.

1942. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Je dis ce que je sais, ce que j’ai vu, et, parmi d’autres, certaines choses que le critique est peut-être moins bien placé pour savoir et voir. […] L’état de communion préalable que je plaçais dans l’exposé de mes principes, à la base même de notre art et qui est, selon moi, nécessaire dans les deux cas (dans le théâtre clos, communion surtout esthétique ; dans le théâtre populaire, communion en profondeur) n’est plus réalisé d’avance.

1943. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

L’exposition de 1855 ouverte en pleine guerre de Crimée, celle de 1867, étalant ses splendeurs pendant qu’on fusillait au-delà des mers ce Maximilien l’Unique que notre gouvernement d’alors avait placé sur un trône acheté par tant de vies précieuses, celle de 1878 préludant au sanglant conflit russo-turc, enfin le centenaire et l’exposition dernière éclatant au milieu de luttes d’opinion sans exemple peut-être dans notre histoire et sous la menace d’une formidable coalition étrangère plus à nos aguets que jamais, démontrent à l’évidence l’inanité des rêveurs qui prétendent encore essayer de nous présenter ces gigantesques Concours Généraux comme des panacées universelles, comme les fêtes annonciatrices et les prémisses d’une fraternité prouvée dérisoire et odieusement mensongère par les événements eux-mêmes, et quels ! […] Ainsi Roger Marx, le fin et subtil critique que des ouvrages suggestifs (tels son Henri Regnault, son Chéret, telles ses études sur l’Estampe originale et la Gravure en médailles), et tant d’articles du Voltaire faisant autorité ont placé si haut dans l’élite, a profité de la splendide occasion offerte pour, dans une conférence donnée au Congrès de la Société centrale des architectes français, et tout récemment éditée en un séduisant volume, glorifier l’activité humaine déployée en ces circonstances périodiques, et se féliciter tout particulièrement pour notre pays des progrès accomplis depuis 1878 dans la décoration et l’art industriel.

1944. (1881) Le naturalisme au théatre

La formule veut que la question d’argent désespère les amoureux délicats ; et dès que deux amoureux, dans les conditions requises, sont mis à la scène, l’auteur dramatique emploie tout de suite la formule, comme il placerait une pièce découpée dans un jeu de patience.

1945. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

À une prétention d’exprimer par des sons, quasi indépendamment du sens des mots… Je lui parlai aussi de la strophe, déliée, placée par la période selon l’évolution de la pensée qui, de ses énergies, mesurait le Rythme, de la rime à distances variables, etc. : le poème, le livre, l’Œuvre, devront se présenter en sorte orchestrale, en vaste et multisonnante Symphonie. […] Et quant au « Finale » qui serait, si l’on veut, le Poème de Saint Jean, écrit très postérieurement et placé à la suite d’Hérodiade, il est purement dans la manière Mallarméenne.

1946. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Rœderer, j’en aurais vu et placé le triomphe le plus satisfaisant dans le cercle de Mmes de Sévigné et de La Fayette, plutôt que dans l’élévation et le mariage de Mme de Maintenon.

1947. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

. — (Seulement, pour éviter la disproportion entre les volumes, on a mis à la fin du tome premier ce que l’ordre naturel eût fait placer à la fin du second.)

1948. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

On trouverait à peine des exactions égales dans l’Irlande de 1830, sur ces domaines où, le fermier général louant à des sous-fermiers, et ceux-ci à d’autres moindres, le petit colon, placé au bas de l’échelle, portait à lui seul tout le poids de l’échelle entière, d’autant plus foulé que son créancier, foulé lui-même, mesurait les exigences qu’il pratiquait aux exigences qu’il subissait.

1949. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Si, après lui avoir fermé les yeux, on lui plaçait un objet assez volumineux dans la main, il s’étonnait de ne pouvoir la fermer ; il avait la sensation d’une résistance, mais rien de plus ; il ne pouvait rien dire de l’objet, quelles étaient sa forme, sa grandeur, son espèce, s’il était froid ou chaud, piquant ou émoussé, ni même s’il y en avait un.

1950. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Une autre femme placée dans le service de M. 

1951. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Lui aussi il alla, quelque temps avant moi, visiter à loisir la tombe d’Arquà, et il plaça dans les collines euganéennes, voisines de sa patrie, les scènes de son poème en prose de Jacobo Ortiz.

1952. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Au-dessus de ces nombreuses races d’animaux est placé l’homme, dont la main destructive n’épargne rien de ce qui vit ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s’instruire, il tue pour s’amuser, il tue pour tuer !

1953. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

M. de Calonne, qui protégeait la mère, fit sans doute placer la fille de manière à attirer les regards de la cour. — Le roi et la reine en furent, en effet, si ravis qu’ils firent entrer, après le dîner, l’enfant dans les appartements intérieurs pour l’admirer de plus près.

1954. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

IX Placé en apprentissage chez un graveur de Genève, il prend l’exemple et le goût du libertinage, de l’oisiveté, de l’astuce et du vol domestique.

1955. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Placez-moi où il vous plaira, et disposez de moi librement en toutes choses.

1956. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Du couvent, il l’a placée dans une maison hors de la ville, où elle vit enfermée, sous la garde de deux domestiques aussi simples qu’elle.

1957. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Qu’il daigne placer quelque part une députation venant offrir la couronne au futur Empereur.

1958. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Les deux maîtres étaient partis d’une situation égale : tous deux placés, sans fortune personnelle, dans un monde où les choses utiles, seules, sont payées, où les choses belles doivent, pour être récompensées, flatter les goûts extérieurs ; où les choses sublimes demeurent, nécessairement, sans rémunération.

1959. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Mais précisément, dans cette œuvre, règne, incontestablement, cette Volonté de l’artiste créateur, qui est placée sous les choses et qui les ordonne ; et nous trouvons son expression immédiate lorsque Beethoven, s’adressant aux transports furieux, qui reparaissent constamment après chaque accalmie, les appelle, comme avec le cri d’angoisse de l’homme s’éveillant hors d’un rêve terrible, et leur crie le Mot réellement parlé dont le sens idéal n’est autre que : « Et, pourtant, l’homme est bon ! 

1960. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

. — La Gouvernante, placée trop haut pour être bien vue, mais dans un ton roux superbe. — Un sujet non gravé dans le temps (Les Aliments de la convalescence), une femme cassant un œuf qu’elle se prépare à faire cuire dans une poêle : la femme dans des tons doucement roses, violacés, blanchâtres, sur un fond chaudement sombre.

1961. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

C’est un fanal placé sur le rivage où nous n’abordons qu’après le naufrage de la vie.

1962. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

XXII Au moment où l’enfant, placé sur son trône, est salué roi par l’acclamation des lévites, Athalie entre avec ses troupes, le rideau du temple se déchire ; elle voit l’enfant, son successeur, couronné.

1963. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

On ne se demande pas sans quelque inquiétude ce qu’il fût advenu de l’esprit français s’il eût persévéré dans cette direction, ou plutôt, — car il y devait persévérer, et nous le verrons bien, — si cette influence de l’esprit gaulois n’avait été, presque dès le début, contrebalancée par d’autres influences, au premier rang desquelles il faut placer celle de la scolastique.

1964. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

On peut dire que Hume est le fantôme perpétuel de Kant : dès que le philosophe allemand est tenté de faire un pas en arrière dans l’ancienne route, Hume lui apparaît et l’en détourne, et tout l’effort de Kant est de placer la philosophie entre l’ancien dogmatisme et le sensualisme de Locke et de Condillac, à l’abri des attaques du scepticisme de Hume.

1965. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Comme la salle était presque toujours comble (et pourtant c’était d’abord l’immense salle de la Gaîté, et ce fut ensuite la Porte-Saint-Martin), le paternel Ballande nous plaçait dans les coulisses. […] Mais, attendu que la lune est un astre pâle, effacé, anémique, langoureux, qui verse le sommeil et les rêves, et à cause du rôle assoupissant et léthargique qu’elle a toujours joué dans les élégies des poètes terrestres, j’aurais volontiers placé, dans cet astre à demi mort, une humanité mélancolique, endormie, lente, torpide, silencieuse, revenue de tout, et d’une sagesse totalement nihiliste. […] Flammarion l’a fait à son tour et l’a placé dans la planète Mars. […] J’aurais voulu que, à côté du père Muselle, qui eût figuré l’Avarice rustique et la Routine toute pure, il eût placé quelque vieille paysanne au grand cœur, comme il s’en rencontre encore, qui eût exprimé naïvement, — durement même, — la Tradition vénérable, la foi et les coutumes héritées et la docilité au passé. […] Et l’on comprend que ce sentiment s’exaspère jusqu’à la folie quand ce nom est un beau nom, quand non seulement il a duré, mais qu’il a été publiquement connu pendant des siècles, quand il figure dans les manuels de l’histoire de France, et quand ses derniers héritiers se trouvent placés dans les conditions particulières de vie privée et d’existence sociale que l’auteur des Fossiles a imaginées pour ses chers Chantemelle.

1966. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

En aristocratie, qui peut agir d’une façon désintéressée et se placer au-dessus des intérêts individuels et ne voir que le bien commun ? […] Or les corps intermédiaires placés sous les yeux du peuple lui donnent l’exemple de l’indépendance. […] C’est là que Montesquieu a placé sa fameuse épigramme sur le magicien de Rome, dont Voltaire s’est si souvent souvenu et qu’il a si souvent citée pour faire remarquer qu’on ne pouvait dire rien de plus fort et que les magistrats ne pouvaient condamner personne pour propos irréligieux après qu’un magistrat avait écrit et fait imprimer ces lignes : « Ce magicien s’appelle le Pape ; tantôt il fait croire que trois ne font qu’un, que le pain qu’on mange n’est pas du pain et que le vin qu’on boit n’est pas du vin, et mille autres choses de cette espèce… » Il y a plus fort, à certain égard, dans les Lettres Persanes..Il y a des passages où, sous une forme plaisante, Montesquieu accuse formellement les religions de troubler l’Etat et d’être comme condamnées par leur nature même à le troubler.

1967. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

« Dès ma première enfance, j’avais besoin de me faire un monde intérieur à ma guise, un monde fantastique et poétique… Me voilà donc, enfant rêveur, candide, isolé, abandonnée à moi-même, lancée à la recherche d’un idéal et ne pouvant pas rêver un monde, une humanité idéalisée, sans placer au faîte un Dieu, l’idéal même… Et voilà qu’en rêvant la nuit, il me vint une figure et un nom. […] Nous nous plaçons au point de vue de ce personnage. […] S’imaginer qu’une œuvre poétique de quelque importance, un drame, un poème épique, a jamais été obtenu par élaboration spontanée et inconsciente, sans calcul, ni réflexion, par une pure intuition du génie, c’est se placer en dehors de toute réalité.

1968. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Mais, quoique les figures bien placées embélissent le discours, et qu’elles soient, pour ainsi dire, le langage de l’imagination et des passions ; il ne faut pas croire que le discours ne tire ses beautés que des figures. […] C’est que par (…), il faut entendre d’abord en général le temple ; elle vint au temple et se plaça sous la voute. […] Après tout, dans quelque rang qu’on juge à propos de placer l’hypallage, il est certain que c’est une figure très remarquable.

1969. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Jules Simon, invité à la table de l’Empereur, placé à sa droite, se trouvait avoir devant lui M. de Moltke : « L’Empereur voulut bien causer avec moi tout le temps du dîner. […] On eût dit d’un feu d’artifice, mais on n’entendait rien ; pour nos yeux expérimentés, cela voulait pourtant dire : “On se bat là-bas.” » » Et ce là-bas, c’était Eylau, d’où les Français chassaient les Russes, après un épouvantable combat de nuit. » Et plus loin ce curieux portrait d’Augereau pendant la bataille : « Dans cet instant, je me trouvais placé à côté du maréchal, à sa droite : grave, il ne proférait pas une parole. […] La femme, toujours voilée, est placée au milieu du bruyant cortège, dont les salves continuelles de mousqueterie annoncent au loin l’arrivée. […] « Faites-vous conduire, — dit-il aux visiteurs de la Nouvelle-Calédonie, — à la ferme-école où sont élevés les fils des forçats et au couvent où sont placées leurs filles, prenez des renseignements, et vous serez contraints de reconnaître que tous se conduisent à merveille. » M. 

1970. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Il contient beaucoup de martyrs, personnages qui, placés dans une position difficile, firent preuve d’une belle fermeté ; il contient des fantômes, des saints nés d’une déformation verbale, d’une faute de lecture, d’une légende, d’un conte populaire ; il y a des saints de faveur, canonisés par raison d’état ; d’autres, en grand nombre, ont été élus directement par le peuple, à peu près comme aujourd’hui la foule adopte un tribun ; saint Columban, grand fondateur de monastères, fut un véritable homme politique, redouté des rois d’Austrasie. […] « Je mis, raconte Gœthe, mes livres de côté ; je me plaçai en face de la nature ; un squelette d’animal, avec ses détails infinis, était devant moi sur ses quatre pieds ; je me mis à l’étudier, en commençant par le commencement, par la tête ; l’os intermaxillaire me frappait les yeux le premier de tous, je l’examinai dans les différentes classes animales. » Il fit de cet os une quantité de dessins qui furent accueillis plus tard dans les Mémoires de l’académie Léopoldine de Bonn ; Camper, à qui il les envoya, lui fit des compliments, mais ne parla point de l’os intermaxillaire ; son siège était fait. […] Il y a dans les églises gothiques certaines pierres inaccessibles et invisibles, qui sont sculptées avec autant de soin que si elles avaient dû être placées à la hauteur des yeux : c’est la forme religieuse du goût de la perfection. […] Je lui accorderai, de plus, que l’accent aigu n’a aucune raison d’être sur des mots tels que irréligieux, dorénavant, énamourer ; que le second e de événement est ouvert et qu’il y a lieu d’écrire évènement, comme on écrit d’ailleurs avènement ; qu’il est fâcheux que les accents, souvent mal placés, ne soient pas allés se poser sur bloc ou sur broc, sur œuf ou sur œufs, qui auraient pu ainsi manifester clairement la différence de leurs sonorités. « Faute d’un signe diacritique, dit excellemment M. 

1971. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

. — Quant à la troisième langue dont parle César, Fauriel, qui la nomme proprement le gaulois, ne sait trop où en placer le siège ; il ne croit pas qu’il en reste aujourd’hui de vestige vivant, mais il ne doute pas qu’elle ne fût parlée au ve  siècle dans quelques cantons particuliers de la Gaule, et il cite à ce propos un passage curieux de la vie de saint Martin, par Sévère Sulpice : « On sait, dit Fauriel, que cette vie de saint Martin est écrite dans la forme d’un dialogue où figurent trois interlocuteurs, Posthumianus, Gallus, et Sulpice Sévère lui-même.

1972. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Il s’est placé sur un terrain si nouveau, et, je le reconnais, si supérieur à celui qu’il défendait dans le salon d’Uranie, que ma tâche sera très différente et beaucoup plus délicate.

1973. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Cette boule de cire est sphérique, dure, odorante, capable de rendre un petit son ; placée sur le poêle ardent, elle devient molle, elle perd toute sonorité et toute odeur, elle s’étale en bouillie plate.

1974. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

La joyeuse fanfare, placée à la septième mesure de l’allégro, résonna comme les cris de plaisir d’un criminel ; je crus voir des démons menaçants sortir de la nuit profonde ; puis des figures animées par la gaieté danser avec ivresse sur la mince surface d’un abîme sans fond.

1975. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

» Et, m’embrassant, il me plaça dans ce fourgon la tête sur un sac.

1976. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Ramené à Genève, il est placé chez un greffier qui n’en peut rien faire, puis chez un graveur qui le bat, à qui il vole ses asperges, ses pommes : il est alors enragé de lecture, il se farcit la tête de tout le cabinet de lecture voisin, malgré son maître qui brûle tous les livres qu’il attrape.

1977. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Marot, qui ne paraît pas avoir connu Charles d’Orléans, avait déjà placé Villon au rang où l’a maintenu Boileau.

1978. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Nous sommes par tant de côtés étrangers aux sujets de l’éloquence antique, qu’à moins de nous rendre l’orateur présent par la connaissance de sa langue, de nous placer sous son souffle, le plus médiocre livre qui nous parle de notre temps nous intéressera plus que les harangues de Démosthène et de Cicéron.

1979. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Mais peut-être faut-il oublier ces différences, et savoir se placer au-dessus des scrupules du goût, pour porter un juste jugement sur ce magnifique recueil de nos sermonnaires, monument unique dans l’histoire des lettres, sans modèle comme sans égal chez les autres nations chrétiennes.

1980. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

« Il serait plus exact de placer le but de la vie dans la souffrance (Wehe) que dans le bien-être.

1981. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Il avait fait placer son trône au sommet d’un tertre, et il s’y était assis comme sur un siège de théâtre, attendant un spectacle plutôt qu’une bataille.

1982. (1909) De la poésie scientifique

La partie philosophique, concurremment avec le plan complet de l’Œuvre » se développa ensuite sous le titre qui la plaçait en tête de l’Œuvre : En Méthode a l’Œuvre, en les éditions de 88 et 91  En 1904 est parue une dernière édition entièrement revue, augmentée, et arrêtée18.

1983. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Il nous conte que, dans la soirée de Magenta, son corps, qui n’avait pas donné dans la journée, fut placé dans un endroit couvert de morts et de blessés, et que ce contact de douze heures avec l’horreur des cadavres et, que toute cette nuit passée, l’arme au bras, sur le démoralisant ouvrage d’une grande bataille, fit que le matin une partie de ce corps, à la première canonnade, se laissa aller à la débandade.

1984. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Quant à placer, comme Baudelaire, la « langue natale de l’âme » dans les riches plafonds, les miroirs profonds et la splendeur orientale, c’est une de ces nombreuses absurdités qui remplissent ses vers et en font souvent la seule originalité : tout ce luxe faux et imaginaire, tout ce vain orientalisme n’est pas plus la langue natale de la vie que de l’« âme » : c’est un rêve artificiel et tout littéraire de l’imagination romantique.

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