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1595. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

Les philosophes n’en font guère cas, et dans l’histoire des philosophies petite sera sa place.

1596. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Edmond de Goncourt n’avait pas de précautions à prendre pour s’assurer une place honorable dans l’histoire des lettres.

1597. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Votre place est marquée dans l’exécution de ces grandes œuvres modernes ; car, en même temps que vous êtes du présent, vous tenez fortement au passé.

1598. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 348-356

C’étoit peu de se pénétrer de l’esprit des Institutions humaines, de les considérer dans le but qu’elles se proposent, d’en calculer les inconvéniens & l’utilité : il falloit interroger les Législateurs eux-mêmes, se mettre à leur place, développer ce qu’ils ne laissoient qu’entrevoir, analyser les divers rapports que les Loix ont entre elles & avec tout ce qui tient à l’homme, expliquer enfin les motifs de leur établissement.

1599. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Aussi nous ne craignons pas de donner à Quinault une place parmi les Poëtes qui ont illustré le Siecle de Louis XIV.

1600. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Aujourd’hui, les chapitres se sont retrouvés, et il saisit la première occasion de les remettre à leur place.

1601. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Hallé » pp. 71-73

Il y a un autre mérite que peu d’artistes auroient eu et que beaucoup moins de spectateurs auroient senti ; c’est dans une multitude de figures, toutes debous, toutes vêtues de même, toutes rangées autour d’une table quarrée, toutes les yeux attachés vers le même point de la toile, des positions naturelles, des mouvements de bras, de jambes, de tête, de corps si variés, si simples, si imperceptibles, que tout y contraste, mais de ce contraste, inspiré par l’organisation particulière de chaque individu, par sa place, par son ensemble ; de ce contraste non étudié, non académique, de ce contraste de nature.

1602. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 12, qu’un ouvrage nous interesse en deux manieres : comme étant un homme en general, et comme étant un certain homme en particulier » pp. 73-80

Qu’on se mette en la place de Cesar, et l’on trouvera sans peine cet endroit.

1603. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

On ne dit pas d’un acteur qu’il chante lorsqu’il ne place qu’à propos les soupirs, les accents les plus aigus et les plus graves, comme les tons les plus variez.

1604. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

Toute lacune dans l’examen des œuvres et des hommes qui se sont fait une place quelconque au soleil de la publicité ou qui l’ont usurpée, ne sera donc jamais que provisoire.

1605. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

Si Varron la distingue de la théologie civile et de la théologie naturelle, c’est que, partageant l’erreur vulgaire qui place dans les fables les mystères d’une philosophie sublime, il l’a crue mêlée de l’une et de l’autre.

1606. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Est-ce que je ne fleuris pas bien à ma place sous ta fenêtre ? […] Ce poème, fait pour le petit nombre, place Laprade au premier rang des philosophes en vers. […] Sa religion, c’est Dieu libre et agissant librement dans les âmes ; sa république, c’est la règle de l’ordre moral et politique imposée à tous par tous pour qu’il n’y ait place à aucune tyrannie, pas même à celle du peuple, la pire de toutes, parce qu’elle est sans règle, sans responsabilité et sans vengeur.

1607. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Ils se disent à eux-mêmes : Voilà quelqu’un qui n’a pas les mêmes objets que nous en vue dans ses sorties à travers nos rues et nos places publiques ; voilà un étranger à nos intérêts d’ici-bas, voilà le feu sacré qui passe et qui nous coudoie sans nous voir. […] XXVII Les diverses terrasses sur lesquelles le donjon grisâtre est élevé ou auxquelles il est adossé, ou dont il est flanqué d’un côté, donnent des places diverses aux chambres : de plain-pied d’un côté, avec les jardins, on est de l’autre au premier étage ; cette disposition de terrain sur les pentes de montagnes donne du mouvement, du pittoresque, des escaliers, des paliers, des rampes extérieures et intérieures aux maisons ; elles semblent, comme un manteau pétrifié, suivre en rampant dans leur inflexion au sol les ondulations de la roche ou du gazon qui les porte. […] XXXIV C’est dans un musée domestique tout semblable à cette chambre à coucher, où le lit sans rideau trouve à peine assez de place pour ses quatre pieds de bois blanc, que j’ai visité, jadis, l’enthousiaste et heureux vieillard de Smyrne, M. 

1608. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Il fut aussitôt enlevé de sa résidence ; puis, seul avec le cardinal Pacca, pro-secrétaire d’État, sans un domestique, sans personne des siens, — on ne permit ensuite qu’à un petit nombre de le suivre, — on le jeta dans une mauvaise voiture, sur le siège de laquelle le général français avait pris place. […] Néanmoins, à cette répétition, je sortis de ma place, puis m’avançant jusqu’auprès de lui, à l’autre extrémité, et le saisissant par le bras, je m’écriai : “Sire, j’ai déjà affirmé à Votre Majesté que, si j’étais resté dans ce poste, j’aurais assurément fait mon devoir.” […] Elle était en réalité la reine de l’Italie ; son palais sur la place de la colonne Trajane était le palais des artistes et l’hospice de tous les voyageurs illustres.

1609. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Mais garde-nous nos places dans leur cœur. […] Le vieillard but à sa place. […] oui, dit la vieille mère, mais il y en a un que vous ne voyez pas et que nous voyons nous, tout comme s’il était là, et à qui nous laissons sa place vide autour de la table.

1610. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Je crains, en y réfléchissant, qu’il ne place son héros d’abord un peu trop au-dessus, puis un peu trop au-dessous — ou en dehors — de l’humanité. […] Tandis que votre désir bat de l’aile contre la cloison de la réalité, il ne s’aperçoit point que ce qu’il place par-delà cette cloison, c’est encore et toujours ce qui est en deçà. […] Le poète y place une « flore inconnue ».

1611. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Duel intermittent d’ailleurs, qui n’empêche pas entre elles un échange de bons offices, quand elles savent rester chacune à la place qui lui appartient en propre ! […] Seulement faut-il regretter que ces fantaisies enfantines cèdent de jour en jour la place à des vérités plus viriles et, somme toute, plus grandioses ? […] Si nous considérons, au contraire, une époque où la première place appartient aux sciences concrètes, à la zoologie, à la botanique, aux sciences naturelles et médicales, nous pouvons deviner ce que seront dans leurs traits essentiels la philosophie et la littérature du temps.

1612. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Il n’y avait pour cela qu’un moyen : leur affecter dans le cerveau une place toujours actuelle, un organe toujours prêt à les ressusciter, — un petit coin où reverdira le brin d’herbe, un autre où se lèveront les astres. […] De plus, l’« âme » est par définition un « être simple », et cet être prétendu simple devient par la mémoire une sorte de réceptacle et de magasin, comme celui que saint Augustin décrit éloquemment, ou l’on admet la présence « latente » des idées ; on introduit ainsi dans l’âme une multiplicité indéfinie d’images, on place en elle le pendant de toute la variété qui vient se peindre dans le cerveau : champs, maisons, villes, mers, ciel ; dès lors, à quoi bon surajouter à l’organisme vivant un être nouveau qui n’est que le double de cet organisme ? […] On sait que des gravures exposées aux rayons solaires et conservées dans l’obscurité peuvent, plusieurs mois après, à l’aide de réactifs spéciaux, révéler la persistance de la vibration lumineuse sur leur surface67. — Mais comment, objectent les adversaires de vibrations persistantes dans le cerveau, tant de mouvements et d’ondulations en sens divers pourraient-ils trouver place et se propager dans le cerveau pendant toute la vie ?

1613. (1904) En méthode à l’œuvre

Il en est de même d’une quatrième édition, portant le Titre « ne varietur » de En Méthode à l’Œuvre, parue en sa place d’Argument à l’Œuvre, en 1891. […] Mais, on ne prit pas garde que deux de ses éléments s’opposent à d’égales divisions, à intervalles équidistants que sont les césures : d’une part, de la pensée qui le crée en dehors de tout empirisme et pré-conception, le propre Rythme, — et, d’autre part, la propriété de hauteur, d’intensité et de longueur des sons ou timbres-vocaux, qui, devant être adéquats à l’Idée, sont partie intégrante de sa mesure, et, par partielles et inégales durées déterminent eux-mêmes la place des temps marqués, au long de l’expiration totale. […] Brutale s’il est nécessaire, mais savante continuement : trouvant entre les timbres-vocaux la nuance transitoire, et, pour les consonnes, les remplaçant entre elles, opérant les permutations phoniques de leurs degrés, — l’Allitération, ainsi, devient en elle-même telle qu’une adventice série instrumentale… Pour terminer, sans rappeler sa particularité de couleur et de timbre, il sied dire de « l’e muet » quel précieux élément instrumental il est, — qui peut toutes nuances selon sa place, depuis donner une valeur pleine, ou éteindre et lui-même et presque les sonorités qui l’entourent.

1614. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

dans une de ces chambres de domestiques, où le soleil, donnant sur une tabatière, fait l’air brûlant comme en une serre chaude, et où il y a si peu de place, que le médecin est obligé de poser son chapeau sur le lit… Nous avons lutté jusqu’au bout pour la garder, à la fin il a fallu se décider à la laisser partir. […] Et peut-être l’espèce d’hésitation du monde lettré à accorder à Balzac la place due à l’immense grand homme, vient-elle de ce qu’il n’est point un écrivain qui ait un style personnel ? […] Je suis fatigué, j’en ai assez, je laisse la place aux autres.

1615. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

C’est que toute nouveauté verbale n’acquiert que lentement et souvent après de très longues années sa place définitive dans les habitudes linguistiques. […] Il fallait peut-être plus de modération, car l’opinion de Malherbe sur l’excellence du parler de la place Maubert123 a toujours sa valeur, et il y a un usage obscur qui souvent sera l’usage universel, demain. […] Lescolle de ceste doctrine n’est point es auditoires des professeurs hébreux, grecs et latins en l’Université de Paris : elle est au Louvre, au Palais, aux Halles, en Grève, à la place Maubert. » (Cité par J.

1616. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

La protase ne revient donc à nos deux premiers actes qu’à raison de la première place qu’elle occupait dans une tragédie ou dans une comédie, et nullement à cause de son étendue. […] L’ouverture de la scène présente aux yeux une place publique, un palais, un autel ; à la porte du palais d’Œdipe, des enfants, des vieillards prosternés, demandant la fin de leurs maux. […] Par exemple, il ne serait pas vraisemblable qu’un général d’armée venant de prendre par force une ville importante, se trouvât seul dans la grande place ; et, par conséquent, si l’on mettait un monologue en la bouche de ce personnage, on ferait une chose ridicule.

1617. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

      Comme une aigle aux ailes immenses       Agile habitante des cieux, Franchit, en un instant, les plus vastes distances, Parcourt tout de son vol et voit tout de ses yeux,       Tel, à son gré changeant de place,       Bossuet à notre œil retrace Sparte, Athènes, Memphis aux destins éclatants ; Tel il passe, escorté de leurs grandes images,       Avec la majesté des âges       Et la rapidité du temps227. […] Elle devrait être écrite en caractères éclatants dans toutes les places publiques, aux portes des maisons, dans toutes nos chambres : mais elle devrait encore bien plus être gravée dans nos cœurs, et faire le continuel sujet de nos entretiens. […] Partout ailleurs, c’est un homme qui parle à des hommes : ici, c’est un être d’une autre espèce : élevé entre le ciel et la terre, c’est un médiateur que Dieu place entre la créature et lui.

1618. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Voici la description du jardin de Mme C… : « Le jardin de Mme C… mérite aussi d’avoir place dans cette histoire. […] Si, à la place du Mont Valérien, ils avaient eu seulement le Mont Blanc, toute la littérature française eût été changée  C’est vrai ! […] Donc, le goût pittoresque de Stendhal est très douteux ; mais Stendhal est incomparable lorsqu’il se met à causer avec son voisin de diligence, avec son voisin de bateau, avec l’homme qu’il rencontre en un café de Tours ou qu’il rencontre sur la place publique d’Orléans.

1619. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Feydeau, l’auteur de Fanny aurait dû rester ce qu’il était, un réaliste que je ne comparerai pas à Champfleury, — un réaliste de l’état-major de la place, qui emboîte le pas derrière M.  […] Il est resté à son ancienne place ; il n’a pu s’enlever. […] Aujourd’hui, il a changé de place sa chambre noire.

1620. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

On ne devient pas une autorité sociale en une génération, mais à force de frapper à la même place, de père en fils, une race finit par acquérir une influence considérable, qui est la grande raison d’être de la vie. […] Ces bons Français ont conscience d’avoir trouvé leur vraie place et de s’unir à quelque chose de mystérieux et de supérieur, dont leur âme était avide, qui les soulève et les dilate. […] Je serai mieux et plus à ma place de soldat dans la terre de France, dans un de ces beaux champs pour lesquels je donne ma vie, je vous le jure, avec joie.

1621. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

C’est à ce point que « les sens n’ont pas une seule place dans le théâtre de Racine » (!) […] Alors, et ceci se place trois cents ans au moins environ avant Jésus-Christ, viennent des gens, qui certes, et M.  […] Il ne jette pas un regard sur ces salons du xviiie  siècle qui ont été les places fortes, les places de sûreté et les places de ravitaillement de l’armée encyclopédique. […] Sa place dans la composition lui prouve où cette irrévérence peut conduire un homme de goût et d’imagination. […] Ils le voient à la place où résident souvent les mots, sur du papier.

1622. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Pitt avait perdu son crédit en perdant sa place ; un seul fait aurait dû répondre à cette question : M.  […] Mais bientôt, emporté par les préjugés de son pays, il place Shakspeare au-dessus de tous les génies antiques et modernes. […] Combien y a-t-il d’années que les grands hommes du siècle de Louis XIV sont mis à leur véritable place ? […]  » On prétend que dans les derniers temps de sa vie il trouva sous son couvert, en se mettant à table, un billet à peu près conçu ainsi : « Le roi est debout à la Place des Victoires, à cheval à la Place Vendôme ; quand sera-t-il couché à Saint-Denis !  […] Mais si les premiers talents littéraires peuvent remplir glorieusement les premières places de leur patrie, à Dieu ne plaise que je leur conseille jamais d’envier ces places !

1623. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Amaury se jette dans cette fange, sans regarder la place où il tombe ; il s’y plonge tout entier, sans ivresse, sans remords, poussé par un instinct aveugle et brutal. […] C’est que sa place est ailleurs ; elle est au milieu du mouvement philosophique qui emporte le dix-huitième siècle, au milieu de ces prosateurs austères, harmonieux et sceptiques qui le mènent si doucement à une révolution sociale ; la place de Rousseau est au milieu de ces immortels réformateurs qui sont ses rivaux, mais auxquels il ressemble comme à des frères. […] Nous le demandons ; qu’eût fait de mieux, à sa place, le diplomate le plus consommé ? […] Nos habiles, à ma place, y eussent souvent été dans l’embarras. […] La conquête, la civilisation, le tribut, trois faits qui ont chacun leur place, chacun leur temps ; système puissant, qui soumet une population de 60 millions d’âmes à une armée de 50 000 hommes.

1624. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

On y parvient par deux moyens ; en mettant les idées chacune à sa place dans l’ordre naturel, et en exprimant nettement chacune de ces idées. […] L’éloquence, dit très bien Voltaire, a tant de pouvoir sur les hommes, qu’on admira Balzac de son temps, pour avoir trouvé cette petite partie de l’art ignorée et nécessaire, qui consiste dans le choix harmonieux des paroles, et même pour l’avoir souvent employée hors de sa place. […] à mettre, comme nous l’avons dit, chaque idée à sa véritable place, à ne point omettre d’idées intermédiaires, trop difficiles à suppléer, à rendre enfin chaque idée par le terme propre : par ce moyen on évitera toute répétition et toute circonlocution, et le style aura le rare avantage d’être concis sans être fatigant, et développé sans être lâche. […] Cette place est donc celle qu’il est le plus important de bien remplir, pour l’avantage et pour l’honneur d’un corps littéraire. […] Aussi peut-on dire de Fontenelle qu’il a rendu la place dont il s’agit très dangereuse à occuper.

1625. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il avait d’ordinaire la première place et tous les prix à la fin de l’année. La première question des parents au retour du collège était : « Quelle place as-tu ? […] Une place était vacante à l’Institut, à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ; Eugène Burnouf vint trouver M.  […] Littré, avec l’assentiment de tout ce qui compte dans la science, revoyait (1851) et annotait pertinemment la traduction du Manuel de Physiologie de l’illustre Mueller de Berlin, et y mettait une Préface philosophique où il assignait à la biologie ou physiologie sa vraie place et son vrai rôle dans l’ordre des sciences.

1626. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

… La danse finie, j’observerai la place où elle se tient, et je ferai ma rude main bien heureuse en touchant la sienne. […] Telle est dans sa réalité et sans aucun déguisement cette Simétha qu’il ne faut comparer ni à la Didon de Virgile ni à la Médée d’Apollonius, si riches toutes deux de développements et de nuances, mais qui a sa place entre l’ode de Sapho et l’Ariane de Catulle. […] place ! place ! 

1627. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Les écrivains politiques en état de frénésie ou de cécité qui se sont faits les organes de cette théorie de la liberté illimitée, et qui ont été assez malheureux pour se faire des adeptes, n’ont pas réfléchi que tout jusqu’à la plume avec laquelle ils niaient la nécessité de la loi était en eux un don, un bienfait, une garantie de la loi ; que l’homme social tout entier n’était qu’un être légal depuis les pieds jusqu’à la tête ; qu’ils n’étaient eux-mêmes les fils de leurs pères que par la loi ; qu’ils ne portaient un nom que par la loi qui leur garantissait cette dénomination de leur être, et qui interdisait aux autres de l’usurper ; qu’ils n’étaient pères de leurs fils que par la loi qui leur imposait l’amour et qui leur assurait l’autorité ; qu’ils n’étaient époux que par la loi qui changeait pour eux un attrait fugitif en une union sacrée qui doublait leur être ; qu’ils ne possédaient la place où reposait leur tête et la place foulée par leurs pieds que par la loi, distributrice gardienne et vengeresse de la propriété de toutes choses ; qu’ils n’avaient de patrie et de concitoyens que par la loi qui les faisait membres solidaires d’une famille humaine immortelle et forte comme une nation ; que chacune de ces lois innombrables qui constituaient l’homme, le père, l’époux, le fils, le frère, le citoyen, le possesseur inviolable de sa part des dons de la vie et de la société, faisaient, à leur insu, partie de leur être, et qu’en démolissant tantôt l’une tantôt l’autre de ces lois, on démolissait pièce à pièce l’homme lui-même dont il ne resterait plus à la fin de ce dépouillement légal qu’un pauvre être nu, sans famille, sans toit et sans pain sur une terre banale et stérile ; que chacune de ces lois faites au profit de l’homme pour lui consacrer un droit moral ou une propriété matérielle était nécessairement limitée par un autre droit moral et matériel constitué au profit d’un autre ou de tous ; que la justice et la raison humaine ne consistaient précisément que dans l’appréciation et dans la détermination de ces limites que le salut de tous imposait à la liberté de chacun ; que la liberté illimitée ne serait que l’empiétement sans limite et sans redressement des égoïsmes et des violences du plus fort ou du plus pervers contre les droits ou les facultés du plus doux ou du plus faible ; que la société ne serait que pillage, oppression, meurtre réciproque ; qu’en un mot la liberté illimitée, cette soi-disant solution radicale des questions de gouvernement tranchait en effet la question, mais comme la mort tranche les problèmes de la vie en la supprimant d’un revers de plume ou d’un coup de poing sur leur table de sophistes. […] Il représentait le père des pères, Dieu, de qui il émanait dans le mystère de la création et dont il tenait la place et l’autorité sur sa descendance. […] L’herbe sans suc est entièrement desséchée (la barbe) ; je n’ai plus de place où m’asseoir pour me reposer !

1628. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Enfin, allant de ville en ville, “toujours pleurant, rimant toujours”, il voit à Masino son cher ami de Lisbonne, l’excellent abbé de Caluso ; il voit aussi les deux maîtres de ce style facile et souple qu’il s’efforçait d’atteindre, Parini à Milan et Cesarotti à Padoue ; il revient ensuite en Toscane, il y fait imprimer un nouveau choix de ses tragédies ; puis, incapable de supporter sa douleur, il veut se distraire en changeant de place et part soudain pour l’Angleterre. […] Je fis tout ce trajet en douze jours, et j’avais beau courir, je croyais à peine changer de place. […] Quand je vis qu’il s’obstinait, ne voulant pas confier à un domestique de place une réponse verbale qui aurait pu être changée ou altérée, j’écrivis sur une petite feuille de papier : “Victor Alfieri, pour éviter tout malentendu dans la réponse qu’il fait rendre à M. le général, la remet par écrit à son domestique. […] Il plut à ces messieurs (je ne saurais les nommer, car mon ami Caluso s’était démis de sa place de secrétaire de l’académie), il leur plut, dis-je, de m’élire membre de cet institut et de me l’apprendre directement par une lettre.

1629. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

À leur apparition, chacun courut prendre sa place. […] Quand il arriva à la place où nous étions, il s’écria : “Ah ! […] « Quand Napoléon entra dans la chapelle, il jeta tout d’abord son regard sur les places réservées aux cardinaux. […] « L’Empereur passa de Saint-Quentin dans les Pays-Bas, et il retourna peu après à Compiègne, ou à Saint-Cloud, — je ne me souviens pas très exactement de cela, mais je crois que ce fut à Compiègne. — Nous étions à Paris, et, comme nous n’avions plus de rentes, chacun s’empressa de renvoyer sa voiture, son domestique de place, et se contenta d’une habitation moins coûteuse.

1630. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

On ne le place pas si haut pour peu qu’on sache mieux le grec que La Motte-Houdart, et le vieux français que Lenglet-Dufresnoy. […] Le siège du château recommence ; Vénus jette dans la place un brandon allumé. […] Il y a longtemps que César a montré les Gaulois, nos pères, à la fois disputeurs difficiles aux puissances, badauds curieux et crédules, se pressant, sur la place de leur ville, autour de l’étranger qui apporte des nouvelles du pays voisin. […] Si j’en fais la remarque, c’est qu’une opinion a voulu déposséder Villon de la place qu’il tient de Boileau, et faire honneur de ce progrès de l’art d’écrire en vers à Charles d’Orléans, père de Louis XII (1301-1467).

1631. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Dans les sermons de Bossuet, la doctrine tient plus de place que la morale. […] Cependant le Christ tient plus de place que Dieu dans les sermons. […] Ou, s’il faut croire que quelques parties de l’orateur lui ont manqué, nous, pour qui tout le mérite de l’action oratoire est perdu, et qui, les yeux sur un livre inanimé, ne pouvons plus sentir que la muette éloquence des paroles écrites, nous n’en donnerons pas moins la première place au prédicateur qui a écrit le plus fortement. […] C’est un premier trait du rhéteur, dans Massillon, que de négliger le dogme et les mystères, et de donner toute la place à l’enseignement moral.

1632. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Aucune défaillance ne devant souiller ce grand sacrifice, les Trois Cents renvoyèrent leurs alliés douteux, pensant que les cœurs débiles étaient aussi dangereux dans une lutte extrême, que les bouches inutiles dans une place assiégée. […] Perséphone put l’entendre du fond de son temple dressé tout auprès sur une pente de l’Oeta, et marquer leurs places au festin funèbre. […] Aussitôt après la victoire, Pausanias fit élever sur la place publique de la ville un autel à Zeus libérateur — Eleutherios. — Le sacrifice de l’action de grâces ne pouvait être allumé que par le feu du temple de Delphes ; il fallait, en un jour, aller chercher et rapporter le rayon sacré. […] Les vaisseaux, tirés sur le rivage, furent entourés d’une estacade de pierres et de pieux ; soixante mille hommes bordaient la côte ; la place semblait inabordable, étant deux fois défendue.

1633. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Au reste, Spencer lui-même n’a pu s’en tenir à ce mode élémentaire d’enregistrement, et il a dû faire une place dans son système aux principes de Lamarck et de Darwin. […] Si à chaque instant, dans l’univers, tout était phénomène nouveau ou ensemble nouveau de phénomènes sans que rien ne durât, si, à l’instant présent, tout était à la fois produit et anéanti, pour laisser place dans l’instant suivant à une apparition également instantanée, comme un éclair infiniment petit par la durée et infiniment grand par l’étendue, il faudrait supposer que le monde à chaque instant meurt et renaît. […] La cause serait le monde de l’instant A, le phénomène universel A, qui cesserait d’être pour laisser place au monde de l’instant B, au phénomène universel B. […] Quant à la « conscience », assurément elle ne peut se réduire à un mécanisme abstrait et purement géométrique ; il y a donc dans l’univers quelque chose qui rend possible la conscience et la sensation, il y a place dans le monde pour le sentiment et pour la pensée ; mais nous ne savons rien a priori des conditions qui rendent possibles la conscience et, la sensation ; nous ne pouvons affirmer a priori que la nature agit comme nous sous une idée, sous l’idée du tout, conséquemment en vue d’une cause finale.

1634. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Là-dessus Gautier esquisse le type des femmes qu’il a vues, au dernier lundi de l’Impératrice : des femmes maigres, décharnées, plates, osseuses, minces à tenir dans la main, avec un rien de corps, une infiniment petite place sur elles, pour les exercices de l’amour : des femmes au teint de chlorose à l’apparence fantomatique et malsaine, — avec seulement de l’esprit sur la figure. […] * * * — Sur le registre des massacres de Septembre, on lit : « Jugé par le peuple et mis en liber… » liber est effacé, et à la place en surcharge, est écrit en mort. […] Juge… Nous étions là toutes dans l’amphithéâtre… Il y avait un monde fou… des étudiants en masse… On avait bouché le jour des fenêtres… C’était éclairé par un réflecteur pour mieux voir… Des matelas avaient été posés en largeur sur la table de l’amphithéâtre… On faisait une grande place sur laquelle le réflecteur donnait… Auprès une table, et tous les instruments de chirurgie… Et puis à côté, de grandes terrines avec des éponges, grosses comme la tête… M.  […] » Il y a encore d’autres moyens d’avoir des soldats au Mexique : celui qui réussit le mieux, c’est de faire de la musique sur une place, puis fermer toutes les issues, et organiser une presse au lasso.

1635. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Drumont, à dîner, nous apprend qu’il fait des conférences antisémitiques, place Maubert et ailleurs. […] Dans les derniers temps de sa vie, un jour Daudet lui contait ceci : passant sur la place du Carrousel, par une de ces journées d’août, où cette place a la chaleur torride du désert, il voyait, derrière une voiture d’arrosage, un papillon traverser toute la place, dans la fraîcheur de l’eau tombant en pluie, et Daudet s’extasiait sur l’intelligence de l’insecte, et le joli de la chose.

1636. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Dans l’une les mots sont employés à donner des choses une image la plus précise possible, une image intellectuelle qui laisse dans l’esprit peu de place aux sentiments associés ; dans l’autre, au contraire, l’image est vague, lointaine, grandie, à peine aperçue et mystérieusement belle ; de l’émotion qu’elle suggère, toute intelligence est excluse. […] Ce sont des artistes fort peu artificieux et qui malgré la place que l’observation tient dans leur œuvre, s’y mettent tout entiers. […] Il décrit de préférence des lieux abrupts et sauvages ou féerique-ment riches, représente volontiers l’homme comme malade, difforme, pâle, blessé ou charmant et magnifique, l’analyse en ses passions extrêmes et déchaînées : l’amour éperdu, le remords angoissant, la mélancolie profonde, la douleur de préférence ou la joie lyrique et folle, le doue d’une noblesse ou d’une férocité d’âme également démesurées, le place en des incidents forcés où la crise des émotions se trouve grandie par leur conflit. […] Entre la place que celle-ci accorde à l’artiste et celle qu’il prétend occuper, il n’y a nulle analogie.

1637. (1894) Textes critiques

Ainsi : Seguin les paysannes de Trégunc, les silhouettes de danseurs de gavotte et joueurs de biniou, les hauts, arbres fusées et lombrics de la route de Clohars ; — O’Conor les modèles suggérés, à l’heure de la sieste, par les passants locaux de la place triangulaire, dédain un peu du choix, par croyance que le peintre, hors du temps, n’a que faire du lieu et de l’espace ; — Filiger les Bretons résignés, ovale presque losange, encadrés aux portes de verdure des fermes et des noces, faits pour le supplice dont ils ne bougeront pas, qui donc ne fanera pas ces lépidoptères (je les trouverais bien plus beaux crucifiés — et qui sait ? […] Et pour un laps de vie Dieu lui a cédé sa place de Synthèse. […] En ce temps d’universel cyclisme, quelques séances dominicales, un été, très courtes (de deux à cinq), d’une littérature d’abord pas trop abstraite (le Roi Lear, par exemple ; nous ne comprenons pas cette idée d’un théâtre du peuple), en des campagnes distantes de peu de kilomètres, avec des arrangements pour ceux qui usent des chemins de fer, sans préparatifs d’avance, les places au soleil gratuites (M.  […] Prudents, ils le laissent se battre à leur place. — Il leur faut un cher Maître à vénérer.

1638. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

» La population, brassée par l’enthousiasme journalistique, jeta trois cent mille hommes, femmes et enfants, derrière le char du pauvre qui emportait le poète au Panthéon, et un million sur les places, les rues et les trottoirs par où il passait. […] Un instant on croit la régence possible, Victor Hugo s’empresse de la demander, place des Vosges ; on proclame la république, Victor Hugo, sans perdre une minute, se métamorphose en républicain. […] Il laissa ce rôle aux idéologues, aux hurluberlus qui rêvent leur vie ; il se contenta d’être un homme raisonnable, ne s’inquiétant, ni de l’effigie de ses pièces de cent sous, ni de la forme du gouvernement qui maintient l’ordre dans la rue, fait marcher le commerce, et donne des pensions et des places. […] Sa haine des socialistes, qu’il dénonça si férocement en 1848, est si intense, que dans sa classification des êtres, qui troublent la société, il place au dernier échelon Lacenaire, l’assassin, et immédiatement au-dessus, Babeufa, le communiste22.

1639. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Pour cet effet, je prens l’objet le plus simple, un beau buste antique de Socrate, d’Aristide, de Marc-Aurèle ou de Trajan, et je place devant ce buste l’abbé Morellet, Marmontel et Naigeon, trois correspondants qui doivent le lendemain vous en écrire leur pensée. […] Cette jambe d’Hersé, à l’extrémité de laquelle il y a un si beau pié, cette jambe étendue et posée sur ce si beau, si prétieux genou de Mercure, est de quatre grands doigts trop longue ; en sorte que laissant ce beau pié à sa place, et raccourcissant cette jambe de son excès, il s’en manqueroit beaucoup, mais beaucoup, qu’elle tînt au corps ; défaut qui en a entraîné un autre, c’est qu’en la suivant sous la draperie, on ne scait où la raporter. […] Ni esprit, ni dignité, ni passion, ni poésie, ni mensonge, ni vérité. çà, maître La Grenée, car je ne l’appellerai jamais autrement, place-toi devant ton propre ouvrage et dis-moi ce que tu en penses. […] Placez au fond de votre tableau, les dehors d’une place assiégée ; que la partie supérieure de la fortification soit couverte d’une grande vapeur, ou fumée rougeâtre, et épaisse.

1640. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

De tels développements, amenés avec art au moment propice, qui planaient en quelque sorte sur tout l’auditoire, qui promenaient sur toutes les têtes comme un vaste miroir étendu où chacun pouvait reconnaître dans une facette distincte sa propre image, et se dire que l’orateur sacré l’avait révélé ; de tels développements qui, lus aujourd’hui, nous font un peu l’effet de lieux communs, étaient alors, et sur place, des tableaux appropriés et de grands ressorts émouvants. […] La condition la plus heureuse en apparence a ses amertumes secrètes qui en corrompent toute la félicité : le trône est le siège des chagrins comme la dernière place ; les palais superbes cachent des soucis cruels, comme le toit du pauvre et du laboureur ; et, de peur que notre exil ne nous devienne trop aimable, nous y sentons toujours, par mille endroits, qu’il manque quelque chose à notre bonheur.

1641. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le duc de Bourgogne tient naturellement une grande place, la plus grande, dans cette correspondance de Fénelon, en ces années, et c’est le côté aussi qui nous intéresse le plus ; c’est comme un jour à demi poétique et romanesque qui nous est ouvert sur l’histoire. […] Il a dans sa place et dans son naturel de grands pièges et de grandes ressources.

1642. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Il s’étonnait du soin, selon lui excessif, qu’on prenait à décrire si longuement leurs mœurs, et surtout à faire admirer leur industrie : « Car enfin, disait-il, une mouche ne doit pas tenir dans la tête d’un naturaliste plus de place qu’elle n’en tient dans la nature. » Il semble que Buffon, se tenant au point de vue de l’homme et placé entre les deux infinis, celui de l’infinie grandeur et celui de l’infinie petitesse, n’ait été sensible qu’au premier. […] Le côté métaphysique particulier aux auteurs domine un peu trop dans cet examen, qui est d’ailleurs plein de fermeté et qui, ce me semble, place Buffon naturaliste au rang où Cuvier le voyait déjà.

1643. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Entre Chaulieu et Maucroix il y a place pour le xviiie  siècle, qui commence : Maucroix est resté en deçà ; il tiendrait plutôt de Régnier et de nos bons aïeux. […] J’ai un jour proposé que, dans une édition des poésies de Malherbe, on ajoutât quatre ou cinq pièces de Racan et de Maynard comme étant des productions, si l’on peut dire, de la même Flore lyrique : ces stances de Maucroix mériteraient d’y avoir place à côté de Racan.

1644. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

D’Alembert le lança dans la carrière des éloges, et lui montra en perspective la place de secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences qui devait être prochainement vacante, en lui promettant de l’y pousser ; mais dès qu’il eut Condorcet sous la main, il se détacha de Bailly et le sacrifia sans scrupule : ce n’était pas l’homme qu’il fallait à l’œuvre habile, agressive et plus ou moins couverte, que d’Alembert avait en vue. […] Nul homme à Paris ne peut dire que je lui aie demandé ou fait demander son suffrage, pas même que j’aie témoigné aucun désir des places où je suis parvenu.

1645. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

En novembre 1825, il félicite son ami Navez du mariage ; c’est une idée qui reviendra souvent et qui tient une grande place dans la réflexion mélancolique et dans le regret moral de Léopold Robert : « Je te félicite d’avoir enfin pris le parti de te marier et d’avoir trouvé surtout une aimable moitié qui trouvera plus son plaisir d’être chez elle que de sortir. […] Quoi qu’il en soit, j’ai un caractère trop inquiet, un caractère mal fait, je puis dire, qui m’empêche d’avoir ce contentement que tant d’autres auraient à ma place.

1646. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Mais ce bonheur et cet intérêt, où le place-t-il ? […] M. de La Rochefoucauld, parlant ou écrivant des choses de la vie, se souvenant des choses du cœur et de ce monde des femmes qu’il connaissait si bien, n’aurait jamais fait, comme Ménage éloquent ou comme le philosophe amoureux ; il ne se serait point écrié tout d’abord avec emphase : « Nous sommes parvenu à découvrir toute une littérature féminine, aux trois quarts inconnue, qui ne nous semble pas indigne d’avoir une place à côté de la littérature virile en possession de l’admiration universelle. » Sans compter qu’il n’est pas honnête de prétendre avoir découvert ce que beaucoup d’autres savaient et disaient déjà, cela n’est pas de bon goût d’emboucher ainsi la trompette à tout moment et de proclamer sa propre gloire en si tendre sujet.

1647. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

.)… Ceux qui occupent des places comme la vôtre sont d’ordinaire traités comme les dieux ; plusieurs les craignent, tous leur sacrifient, mais il y en a peu qui les aiment, et ils trouvent plus aisément des adorateurs que des amis. […] Mais lorsque, dans deux cents ans, ceux qui viendront après nous liront en notre histoire que le cardinal de Richelieu a démoli La Rochelle et abattu l’hérésie, et que, par un seul traité, comme par un coup de rets, il a pris trente ou quarante de ses villes pour une fois ; lorsqu’ils apprendront que, du temps de son ministère, les Anglais ont été battus et chassés, Pignerol conquis, Casal secouru, toute la Lorraine jointe à cette couronne, la plus grande partie de l’Alsace mise sous notre pouvoir, les Espagnols défaits à Veillane et à Avein, et qu’ils verront que, tant qu’il a présidé à nos affaires, la France n’a pas un voisin sur lequel elle n’ait gagné des places ou des batailles : s’ils ont quelque goutte de sang français dans les veines, quelque amour pour la gloire de leur pays, pourront-ils lire ces choses sans s’affectionner à lui ?

1648. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Un trait piquant d’abord plaît, frappe, étonne ; Mais il s’émousse, et devient monotone ; Et si le goût ne le place avec choix, Si d’un sel pur grâce ne l’assaisonne, Si l’épigramme à la vingtième fois Ne vous plaît mieux, elle n’est assez bonne. […] Elle est toute seule dans une grande place qui est environnée de trois couvents, des jacobins, des capucins et des carmélites ; de manière que je suis là comme dans un petit ermitage, où mes amis ne laissent pas de me venir voir quelquefois, et où quand il me plaît d’en sortir, je n’ai qu’à faire deux cents pas pour me trouver dans le cœur de la ville.

1649. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Mais le pas régulier de Mme Necker qui revient se fait entendre ; Mlle Germaine a repris sa place ; tout redevient cérémonieux ; rien n’indique le moindre dérangement dans les attitudes, — rien si ce n’est la perruque de M.  […] Un phénomène tout semblable se faisait remarquer alors chez les hommes en place de presque tous les pays de l’Europe.

1650. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Il monta dans ma voiture et me pria de le faire descendre au Salon des princes, club fréquenté par toute la noblesse, où il espérait rencontrer des gens qui lui donneraient des nouvelles. » Le club était fermé, et il fallut aller jusqu’à Monceaux, en traversant la place Louis XV remplie de troupes. […] Vous en parlez bien à votre aise, me dira-t-on, et j’aurais voulu vous voir en sa place : Croyez-vous donc qu’on soit si bien dans une armoire ?

1651. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Le cauchemar domine ; l’Enfer tient plus de place que le Paradis. — « La société voyage dans les cercles de Dante. — Je vois comme une voûte de fer s’abaisser sur les peuples. — La société est idiote quand elle n’est pas frénétique, — cette pauvre société idiote qui s’en va à la Morgue en passant par la Salpêtrière. » C’est lui qui dit ces choses, et on peut imaginer quelle perspective lui composent ces belles images. […] Cen’était pas là ma place.

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