[Portraits de maîtres (1888).]
Ce nom répond de la considération des maîtres qui l’habitaient, et émousse bien des épigrammes.
On ne sait pourquoi plusieurs Ecrivains lui ont donné Rotrou * pour Maître.
Les transports qui suivent la reconnaissance des deux époux ; cette comparaison si touchante d’une veuve qui retrouve son époux, à un matelot qui découvre la terre au moment du naufrage ; le couple conduit au flambeau dans son appartement ; les plaisirs de l’amour, suivis des joies de la douleur ou de la confidence des peines passées ; la double volupté du bonheur présent, et du malheur en souvenir ; le sommeil qui vient par degrés fermer les yeux et la bouche d’Ulysse, tandis qu’il raconte ses aventures à Pénélope attentive, ce sont autant de traits du grand maître ; on ne les saurait trop admirer.
., est de main de maître.
reprit Sakaye, où sont-ils en ce moment ces yébem propriétaires de la case et maîtres de tes jambes ?
Eh bien, voici un écrivain qui ne rabâche pas les idées ou les descriptions de ses maîtres, et qui pourrait bien devenir un jour un grand romancier : Charles Barbara, — un jeune homme qui s’est battu avec la vie et peut-être avec son talent, pour le faire sortir !
Non, je ne conviens pas, écrivain mon ami, que tu te contentes de ton propre suffrage, ni de celui de ton vieux maître, ni de celui de Dieu. […] Certain maître critique, adaptateur pédantesque du mot « évolution » aux choses de la littérature, connaît bien ce secret. […] On ne soupçonnait pas la portée de la révolution opérée par Descartes ; on pensait faire à ce maître assez d’honneur en l’égalant au docte Saumaise. […] Napoléon, médiocre en grammaire, avait, à l’occasion, le style d’un maître du monde, éclatant et prompt comme la foudre. […] Elle restera, ô maître !
Ce chien était un chien rural, sans maître, pelé, galeux, teigneux, mais rempli d’intelligence. […] Fogazzaro est passé maître. […] Jamais les maîtres de la doctrine évolutionniste n’ont prétendu apporter une nouvelle forme de l’idée de progrès. […] L’actualiste le plus décidé, le maître peintre des choses contemporaines, Daudet, rêvait de romans historiques : Napoléon, Talleyrand. […] Il en est un exemple miraculeux, il n’en est pas un modèle ; il n’en est pas un maître à suivre.
Sous le socle, cette inscription à demi effacée rappelle le temps auquel remonte cet ornement par l’enthousiasme dont il témoigne pour Voltaire, rentré dans Paris en 1777 : Qui que tu sois, voici ton maître, Il l’est, le fut, ou le doit être. […] « Jean-Joachim Goriot était, avant la révolution, un simple ouvrier vermicellier, habile, économe, et assez entreprenant pour avoir acheté le fonds de son maître, que le hasard rendit victime du premier soulèvement de 1789. […] Le dévouement irréfléchi, l’amour ombrageux et délicat que portait Goriot à ses filles était si connu, qu’un jour un de ses concurrents, voulant le faire partir du marché pour rester maître du cours, lui dit que Delphine venait d’être renversée par un cabriolet. […] Riche de plus de soixante mille livres de rente, et ne dépensant pas douze cents francs pour lui, le bonheur de Goriot était de satisfaire les fantaisies de ses filles : les plus excellents maîtres furent chargés de les douer des talents qui signalent une bonne éducation ; elles eurent une demoiselle de compagnie ; heureusement pour elles, ce fut une femme d’esprit et de goût ; elles allaient à cheval, elles avaient voiture, elles vivaient comme auraient vécu les maîtresses d’un vieux seigneur riche ; il leur suffisait d’exprimer les plus coûteux désirs pour voir leur père s’empressant de les combler ; il ne demandait qu’une caresse en retour de ses offrandes. […] En me voyant toujours assombri, haï, solitaire, le maître confirma les soupçons erronés que ma famille avait de ma mauvaise nature.
Fénelon est le premier que je lise avec inquiétude ; c’est encore un maître pourtant, mais avec lequel je fais des réserves, et qui, pour m’avoir trop flatté dans mes instincts d’opposition et d’indépendance, n’obtient plus de moi cet abandon, cette petitesse du disciple fidèle, que je sens avec douceur en lisant Bossuet. […] Les maîtres d’hôtel du roi, les gentilshommes ordinaires, seront tous nobles vérifiés. […] Être l’oracle lui était tourné en habitude, dont sa condamnation et ses suites n’avaient pu lui faire rien rabattre ; il voulait gouverner en maître qui ne rend raison à personne, régner directement, de plain-pied159. » Je reconnais là, pour mon compte, le contradicteur de Bossuet dans l’affaire du quiétisme. […] Dans ce petit gouvernement qui lui fut déféré sur tant de consciences, et qu’il exerça en maître si absolu, le chimérique domine encore. […] Il vante à cet égard la liberté dont jouissent les Anglais, chez lesquels chacun est maître souverain de la langue de tous.
… Le peintre Renoir, se trouvant, ces jours-ci, dans une maison protestante, où je ne sais quoi l’amena à parler des Valois, de Charles IX, le maître de la maison l’interrompit, en lui disant : « On ne parle pas de ces gens-là, ici ! » Vendredi 17 février Dire — c’est indéniable — que pendant près de vingt ans, les trois maîtres absolus de la France ont été Reinach, Cornélius Hertz, Arton, et que la France, éclairée sur ces trois personnages, garde pour se gouverner, le personnel de leurs administrations, de leurs bureaux ! […] Et, au milieu du pittoresque bric-à-brac de la demeure, apparaissent et disparaissent, les dents blanches, les noires faces riantes, les madras de couleur de deux négresses, qui sont la domesticité du maître de la maison. […] Tout à fait merveilleux, le fondu, le flou, le corrégianisme de cette planche, et c’est étonnant qu’il se soit rendu maître du procédé, aussi rapidement. […] — parfaitement, lui dis-je, et le possesseur des pendules, mourrait au moment, où toutes les pendules sonnent ensemble minuit, et encore n’aurait-il pas la jouissance de les entendre jusqu’au bout, il mourrait au onzième coup. » Grand dîner chez Daudet en l’honneur des fiançailles du jeune couple Hugo et Mlle Ménard-Dorian, auquel le maître de la maison dit gracieusement, que le reste des convives n’est, ce soir, que de la figuration.
La question de césure, chez les maîtres de la poésie classique, ne se pose même pas. […] Il est le protagoniste et le maître de toute une école dont feraient partie MM. […] La Pauvre Lise donne le gage que Gabriel Vicaire peut prendre rang par la sincérité et l’émotion parmi les petits maîtres, et que s’il n’apporte pas une manière de sentir et de s’exprimer toute neuve, il peut placer, à côté des belles choses du passé, des choses originales, originelles de lui, gravées avec le burin que lui laissèrent des maîtres disparus. […] Cette apathie même excite la colère du maître cuisinier Ansaïs, qui se dit qu’avec une telle chiffe on peut bien aller jusqu’à la voie de fait et qui le frappe au visage. […] Le Parnasse cessa d’être une jeune école et choisit comme chefs Leconte de Lisle et Banville, les vrais maîtres par les sujets, la forme et les traditions verbales — alors que Hugo était dans l’apothéose, que Baudelaire était mort après avoir esquissé son œuvre, et Th.
Vinet était connu, consulté ; le protestantisme dans ses différentes formes, et à proportion que la forme y offusquait moins l’esprit, le vénérait comme un des maîtres et des directeurs les plus consommés dans la science et dans la pratique évangéliques.
S’il n’avait fallu, pour se sauver, que de l’hypocrisie et du bigotisme, et que le maître eût parlé, peut-être ces générations flétries, vieillesse épuisée de la régence, s’y seraient assujetties, comme avaient fait les pères durant la pénitence de Louis XIV.
Venu plus tard à Bourges, pour y achever ses études de jurisprudence, sous le célèbre Alciat, il inspira au maître et aux disciples une véritable admiration ; et, quand il les quitta, docteur à vingt et un ans, il fut reconduit par eux en triomphe hors de la ville.
Le roi de Bavière a, près de son trône, une confidente, la plus aveuglée quand elle conseille elle même, la plus corruptible quand il se trouve quelqu’un qui la dirige pour diriger son maître, son imagination.
Scribe et Alexandre Dumas, en ce genre d’habileté, sont des maîtres qu’il lui sera très profitable d’étudier.
Ses poèmes sont achevés avec une perfection que n’ont jamais atteinte ni les maîtres parnassiens, ni aucun de nos poètes.
Séailles s’estime un libre esprit, c’est tout de même un professeur de l’école, et même un des meilleurs maîtres excitateurs.
Malgré ses réelles qualités de maître, comme il fut somme toute un talent excentrique, ne continuant directement nulle tradition, et n’en commençant pas une importante, apparemment sera-t-il classé dans les petits-maîtres.
La Harpe, écho docile du maître, répète et aggrave ces sévérités ; et cette diminution d’estime, dont Corneille est victime, dure jusque vers la fin. du règne de Louis XV.
Soit par douceur de caractère, soit par considération pour son ancien maître, Euripide ne vouloit pas éclater, Il garda toujours les bienséances.
Qu’ils soient à lui, ou qu’il les ait empruntés des maîtres qu’il a étudiés, il est sûr qu’il sait se les approprier et qu’on n’est pas tenté en regardant ses compositions de l’accuser de plagiat.
L’un qui est vétu de long et qui paroît le maître, saisit son esclave d’une main, et il tient dans l’autre main une espece de sangle dont il veut le frapper.
Stéphane Mallarmé Qui passe familièrement pour être avec Paul Verlaine, l’un des deux « maîtres » de la jeune littérature, est tout simplement un poète très personnel et exquis, malgré — et peut être à cause de — son apparente obscurité.
C’est de l’Histoire faite en artiste, un grand et rapide récit qui va de Byzas, le fondateur de Byzance, jusqu’à Mahmoud, le réformateur de l’Empire turc, enfin une espèce de biographie de Stamboul, majestueusement et colossalement individualisée sous le regard de l’historien, immense statue faite de pierres et d’hommes, comme les statues de Phidias étaient faites d’or et d’ivoire, qui a pour turban ses coupoles, et aux bras victorieux ou blessés de laquelle l’historien append, durant tout le cours de son histoire, les médaillons sanglants de ses maîtres et de ses vainqueurs !
Notre honoré maître est trop gras pour cet emploi.
Nous devons ajouter que le coup d’essai fut un coup de maître : dans cet ouvrage, que l’on représente comme un des chefs-d’œuvre de l’auteur et du genre, le sentiment paternel, la plus auguste et la plus sainte des affections humaines, l’image terrestre de l’amour de Dieu pour ses créatures, est réduit à l’état bestial. […] Gaberel, on réussissait à s’introduire dans les classes du collège, et les enfants rencontraient ces petits livres parmi leurs cahiers : ceux qui connaissent l’attrait des choses mystérieuses pour cet âge peuvent comprendre que ces ouvrages n’étaient livrés aux maîtres et aux parents qu’après avoir été lus et dévorés. […] Pour achever de nous désabuser et de nous instruire, nous ne saurions avoir de maître plus ingénieux, plus sagace et plus loyal. […] Albert de Broglie a esquissé ce tableau de main de maître. […] Il est curieux de retrouver, chez les écrivains et les poëtes qui avaient le mot d’ordre du maître, — Horace, par exemple, — la leçon de morale et le retour au culte des aïeux côtoyant des odes libertines à Lydie ou des maximes épicuriennes.
A partir de 1816, il devint maître de conférences à l’École, et fut en même temps attaché au collège Bourbon jusqu’en 1822, époque où M. […] Ils connaissaient les doctrinaires sans doute, ils étaient liés, ainsi que leurs maîtres, avec M. […] Ces cours privés étaient fort recherchés ; quelques esprits déjà mûrs, des camarades du maître, des médecins depuis célèbres, une élite studieuse des salons, plusieurs représentants de la jeune et future pairie, composaient l’auditoire ordinaire, peu nombreux d’ailleurs, car l’appartement était petit, et une réunion plus apparente serait aisément devenue suspecte avant 1828.
» V Tantôt on la poussait, par je ne sais quel engouement contre nature, à s’armer pour le démembrement de l’empire ottoman en faveur d’un pacha d’Égypte, ci-devant marchand de tabac à Salonique, ami des Anglais, révolté contre le sultan son maître ; à donner ainsi, aux dépens de la Turquie, notre alliée naturelle, un empire arabe aux Anglais, pour doubler ainsi leur empire des Indes, et à livrer, d’un autre côté, l’empire ottoman, affaibli d’autant, à la Russie ; politique à contresens de tous les intérêts de la France, que M. […] Voici ce que je me répondis, en croyant véritablement entendre la voix creuse et impassible, la voix lapidaire de l’oracle des cabinets : X « Il y a deux partis à prendre, quand on est maître absolu de ses décisions, le lendemain d’un événement qui a fait table rase en Europe, quand on est la France de 1848 et qu’on s’appelle république : on peut se placer en idée sur le terrain des ambitions napoléoniennes, des ressentiments de Waterloo, des vengeances militaires, des humiliations populaires, des propagandes insurrectionnelles, des appels des peuples contre tous les trônes ; on peut faire appel à toutes les turbulences soldatesques ou populaires ; jeter au vent tous les traités, toutes les cartes géographiques qui limitent les nations ; lever, au chant d’une Marseillaise agressive, un million de soldats lassés de la charrue ou de l’atelier ; les lancer, comme des proclamations vivantes, par toutes les routes de la France, sur toutes les routes de l’Italie, de l’Espagne, de l’Allemagne, de la Belgique, de la Hollande, et promener ces quatorze armées révolutionnaires avec le drapeau de l’insurrection universelle des peuples contre les rois, la grande Jacquerie moderne, le rêve de tous les démagogues et de tous les forcenés de gloire, contre toutes les bases sociales, contre tous les pouvoirs et contre toutes les paix du continent. […] Quelle que soit l’antipathie plus ou moins jalouse que l’on puisse porter comme Français à l’Angleterre, il suffit d’être homme pour s’enorgueillir, comme homme, d’une puissance de civilisation, de richesse, de commerce, d’intelligence, de navigation, d’armées de mer et d’armées de terre, capable d’avoir créé, dans cette poignée d’Anglo-Saxons, sinon les maîtres, du moins les modèles des peuples civilisés. » Lamartine.
— La peur inventa les dieux , a dit le poète : la peur inventa les maîtres des peuples, dit avec plus de raison l’homme d’État. […] Je crois que la jeune fille de l’entrepreneur Duplay, hôte de Robespierre, avait eu la pensée de devenir l’épouse du jeune et beau proconsul, fanatique séide de ce Mahomet d’entresol, quand la révolution que Robespierre croyait accomplir serait enfin close par cette bergerie plébéienne et sentimentale que Saint-Just et son maître croyaient établir à la place des inégalités nivelées et des échafauds abolis. […] Souberbielle savait tous ses secrets et partageait, même à quarante ans de distance, tout le fanatisme de son maître pour les grandes pensées populaires et vertueuses qu’il lui supposait encore.
Déjà les premiers arrivés, qui me précédaient, y frappaient à grands coups pour que la porte s’ouvrît à ma fuite ; mais le concierge, entendant ce tumulte et ces clameurs sans en connaître la cause, et craignant un assaut de la maison de son maître, refusait d’ouvrir : « — Ouvrez avec confiance, lui criai-je à demi-voix, ne craignez rien, c’est un ami d’Hugo, c’est moi, c’est Lamartine ! […] au maître en son château ! […] « Oui, une société qui admet la misère… oui, une humanité qui admet la guerre, me semblent une société, une humanité inférieures, et c’est vers la société d’en haut, vers l’humanité d’en haut que je tends, société sans rois, humanité sans frontières… « Je veux universaliser la propriété, ce qui est le contraire de l’abolir, en supprimant le parasitisme, c’est-à-dire arriver à ce but : tout homme propriétaire et aucun homme maître.
Aucun d’eux n’est oublié ; ils trouvent tous dans la gratitude de leur maître une aisance assurée pour le reste de leurs jours. […] Le pressentiment du repos définitif se faisait place à travers les dernières fatigues du jour ; il jouissait à moitié de l’apaisement que sa politique, si conforme au génie de son maître, avait assuré à l’Europe. […] L’ingratitude l’avertit, il l’attendait, il dédaigna de se défendre contre elle ; il ne pouvait lui opposer que vingt ans d’heureux et fort gouvernement, la tranquillité à Rome, sa pauvreté volontaire et l’amitié de son maître.
C’est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l’empire ; il croît, inconnu, auprès des cendres de Germanicus, et déjà l’intègre Providence a livré à un enfant obscur la gloire du maître du monde. […] Charmés d’y trouver deux chambres passablement arrangées et dans l’une desquelles on avait préparé le couvert, nous nous mîmes à table ; le lendemain, réveillé au bruit des marteaux et des chants, je vis le soleil se lever avec moins de soucis que le maître des Tuileries. […] À part la note poétique, Chateaubriand tenait plus de ce maître du style ; mais, quand la pompe des paroles est éloignée, la justesse de l’esprit éclate toujours dans Chateaubriand.
À première vue, il ne semble pas qu’il en soit ainsi, mais c’est à voir avec la statistique, et je n’y suis point maître. […] Enfin, l’un des plus grands poètes français, un élève de Malherbe qui égale souvent le maître, — et c’est une gloire dont bien peu peuvent se parer ! […] Nous traduisons : Un maître joueur de flûte fut Berbiguier, de Caderousse, à qui Napoléon Ier fit présent d’une flûte cerclée d’or : On dit qu’étant enfant il avait appris son art, le long des roseraies du Rhône, en imitant sur son sifflet ou son flageolet de roseau, le chant des rossignols et des fauvettes.
Dans l’après-midi on trouvait presque toujours, tenant compagnie à Valentin, le peintre Hafner, le naturiste coloriste, le maître des champs de choux violets, l’original artiste à l’aspect de caporal prussien, et déjà ivre depuis le déjeuner, et qui, le menton calé sur sa canne, en la pose que j’ai vue à l’oncle Shandy, dans une vieille illustration du roman de Sterne, regardait vaguement travailler son ami jusqu’à l’heure du dîner. […] Allez dire à votre maître… pour Mirabeau. […] 13 octobre Balzac dit, un certain soir, dans une soirée de Gavarni : « Je voudrais, un jour, avoir un nom si connu, si populaire, si célèbre, si glorieux enfin, qu’il m’autorisât… » Figurez-vous la plus énorme ambition qui soit entrée dans une cervelle d’homme, depuis que le monde existe, l’ambition la plus impossible, la plus irréalisable, la plus monstrueuse, la plus olympienne, celle que ni Louis XIV ni Napoléon n’ont eue ; celle qu’Alexandre le Grand n’eût pu satisfaire à Babylone, une ambition défendue à un dictateur, à un sauveur de nation, à un pape, à un maître du monde.
Vendredi 16 février Ce soir, au milieu de paroles vides et baveuses, un homme politique dit, que les seules salles à manger à Paris, où mangeaient des hommes d’État de l’étranger, et dont les maîtres de maison avaient tiré une force et une puissance extraordinaires : c’étaient les salles à manger de Girardin et de Gambetta. […] Mardi 10 avril Le nez de Zola est un nez très particulier, c’est un nez qui interroge, qui approuve, qui condamne, un nez qui est gai, un nez qui est triste, un nez dans lequel réside la physionomie de son maître ; un vrai nez de chien de chasse, dont les impressions, les sensations, les appétences divisent le bout, en deux petits lobes, qu’on dirait, par moments, frétillants. […] * * * — À voir ce qui commence, le régime de la liberté sera le plus effroyable despotisme qui ait jamais existé : le despotisme d’un gouvernement, un jour, maître et possesseur de tout.
L’instruction obligatoire a fait du français, dans les bas-fonds de Paris, une langue morte, une langue de parade que le peuple ne parle jamais et qu’il finira par ne plus comprendre ; il aime l’argot qu’il a appris tout seul, en liberté ; il hait le français qui n’est plus pour lui que la langue de ses maîtres et de ses oppresseurs. […] Deschanel insiste trop peu, sans doute pour n’être pas forcé de blâmer le rôle, alors vraiment odieux, de l’école primaire, du maître hâtivement fabriqué par les méthodes artificielles de l’Université. […] Nous disons statue par politesse et par peur ; pour ne pas contrarier nos maîtres et pour ne pas déchoir dans l’estime de nos contemporains.
Voltaire, philosophe, historien, critique, érudit, commentateur, poète épique, poète dramatique, poète satirique, poète burlesque et scandaleux, poète léger et rival en grâce d’Horace son maître ; Voltaire surtout, correspondant de l’univers et répandant dans ses lettres familières, chef-d’œuvre insoucieux de soixante-dix ans de vie, plus de naturel, d’atticisme, de souplesse, de grâce, de solidité et d’éclat de style qu’il n’en faudrait pour illustrer toute une autre littérature. […] Rousseau l’éloquence de nos tribunes ; il était le maître de diction des orateurs qui allaient naître et parler après sa mort. […] Malheureusement les ouvriers manquèrent à l’œuvre ; il y aurait fallu un atelier de Bacon, de Descartes, de Fénelon, de Voltaire, de Rousseau, de Montesquieu, de Franklin, de tous les hommes de littérature, de philosophie, d’arts, de sciences, de métiers réunis en un seul esprit, dont chaque membre eût été un maître de l’esprit humain.
Je ne sais si je n’ai pas à me reprocher la même faute envers les maîtres dont j’ai essayé d’étudier les idées morales. […] Renan a retenu des leçons de son premier maître, M. […] Parmi les maîtres du xviiie siècle, on le devine, c’est Rousseau qu’il a préféré. […] Renan d’admirer quelques-uns de ses anciens maîtres, de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ou d’Issy, qui n’étaient pas de bien grands clercs, mais dans l’âme desquels il croyait lire de belles choses. […] Qu’est-ce donc, en effet, qui l’a attiré vers ces maîtres qu’il a été le premier à nous présenter ?
Ce sont là des œuvres de maître, de belles leçons d’art données avec autant de savoir que de tact et d’impartialité. […] » Et tout cela parce qu’il a plu à M. de Bismarck de fausser une dépêche et de tromper son maître comme un Géronte ! […] À neuf heures du soir, il en est le maître et le feu cesse. […] Dans la maison du futur maître, les femmes, en entendant les détonations, commencent à pousser des you-you étourdissants. […] Mes grenadiers m’entendent et me répondent : alors la confusion est au comble parmi les conjurés, ils se dispersent de tous les côtés et je reste maître du champ de bataille.
s’écrie-t-il d’une voix tonnante, en couchant en joue le maître de la maison… Et maintenant, Morati, viens avec moi ! […] Ils sont volontiers maîtres d’étude, sergents de ville, commissaires de police, gendarmes. […] Saint Thiébault étant mort, ce pèlerin venait d’Italie et s’en allait vers les Pays-Bas, rapportant, au fond de sa besace, le pouce de son maître. […] Une domesticité innombrable et abjecte s’agite autour du maître, en une continuelle émulation de bassesse, de corruption et de cupidité. […] André Bellessort fréquenta des préfets, des sous-préfets, des maîtres d’école, des candidats à la députation.
Et voilà le roman, — tant refait depuis, — du maître d’étude et de la jeune noble. […] Rousseau décrira donc l’éducation d’un seul enfant par un seul maître. […] Il y faut d’abord certaines conditions : 1º pour l’élève ; 2º pour le maître. […] Alors, que le maître dise simplement « non », sans autre explication. […] — Ou anarchiste, ou séïde du maître : voilà la destinée d’un enfant élevé strictement selon Rousseau.
Un nervoso-bilieux, comme son maître. — De plus, Breton, comme Chateaubriand, — autre élément déjà noté. […] quand je n’aurais point de maître, crois-tu que je ne puisse savoir d’ailleurs ce que c’est que le juste et l’injuste ? […] J’étais le maître absolu de ma vieille robe de chambre ; je suis devenu l’esclave de la nouvelle. […] Celle-ci non seulement se communique à nous ; mais nous mêlons notre âme avec l’âme du maître, actuellement, activement. […] C’est un peintre-poète ; les autres maîtres ne sont que des prosateurs.
Ils s’ennoblissent par leurs grandes œuvres, ils deviennent les rivaux, les égaux, les vainqueurs de leurs maîtres ; ils n’ont plus besoin de les imiter, ils ont des héros à leur tour, ils peuvent montrer comme eux leurs croisades, ils ont gagné comme eux le droit d’avoir une poésie, et vont avoir une poésie comme eux. […] Il devient maître, se proclame le représentant de la Révolution, déclare que « la carrière est ouverte aux talents », et lance les autres avec lui dans les entreprises. […] Ayant refusé à Éton d’être le domestique1229 des grands écoliers, « il fut traité par les élèves et par les maîtres avec une cruauté révoltante », se laissa martyriser, refusa d’obéir, et, refoulé en lui-même parmi des lectures défendues, commença à former les rêves les plus démesurés et les plus poétiques. […] Jugez de l’indignation que de telles idées soulevèrent dans une société si obstinément attachée à l’ordre établi, si intolérante, où, par-dessus, les instincts conservateurs et religieux, le cant parlait en maître. […] À cet égard, Crabbe est aussi un des maîtres et des rénovateurs ; mais il a le style classique, et on l’a fort bien appelé « a Pope in worsted stockings. » 1196.
Je ne suis pas assez maître de mon génie ; J’ai fait, sans y penser, une cacophonie. […] Il se mêla d’une affaire qui déplaisait à son maître, et il perdit les bonnes grâces du prince, qui le frappa, dit-on, avec des pincettes. […] Attaquer le domestique, c’était attaquer le maître. […] Qu’un caractère, un talent s’y produise, voilà l’un des partis qui devient le maître, et l’État est assuré. […] Pour venir d’un si grand maître, l’exemple n’en est pas plus à suivre.
Pour le roman contemporain, c’est un maître, presque un ancêtre. […] Cet homme deviendra non seulement son mari, mais son maître absolu, son oracle, son dieu. […] Les deux caractères sont peints demain de maître, et se font valoir mutuellement. […] Ses personnages sont ses créatures, il est bien maître d’en faire ce qu’il veut. […] Il a livré aux Anglais le vaisseau qui devait ramener son maître en France, et, pour prix de cette trahison, ceux-ci lui ont laissé emporter un million appartenant à son maître et qu’il s’est approprié.
La princesse palatine, Elisabeth, avait donné l’exemple, la première, de ces nobles et sérieux attachements à un maître de génie envers qui l’amitié devient un culte. […] Il vient de parler de ses nobles hôtes, les maîtres du château de Montmorency, le maréchal et la maréchale de Luxembourg : « Je fis alors, dit-il, et bien malgré moi, comme à l’ordinaire, une nouvelle connaissance qui fait encore époque dans mon histoire ; on jugera dans la suite si c’est en bien ou en mal : c’est Mme la marquise de Verdelin, ma voisine, dont le mari venait d’acheter une maison de campagne à Soisy, près de Montmorency. […] Lorsqu’il fut obligé de fuir précipitamment de sa vallée de Montmorency, c’est à Mme de Verdelin que Mlle Levasseur confia la chatte du logis, la doyenne, qui se laissait peu approcher, sauvage et fière comme son maître. […] Elle n’était point d’avis du tout qu’entre les divers asiles qui s’offraient à Jean-Jacques il choisît la Prusse et Berlin : « Une très forte raison devrait suffire à vous en éloigner, lui disait-elle ; c’est l’accueil indistinct qu’on y fait à tout homme de lettres : fripon ou honnête, tout est fêté, pourvu qu’il soit subjugué et qu’il loue le maître.
Les vrais maîtres devraient tous faire grève ; comme Michelet, comme Flaubert, qui, en apprenant la candidature de son ami Renan s’écria : « Quelle modestie ! […] Et certaines de ses thèses sont sans doute imprudentes, mais d’infidèles disciples ont dépassé et compromis le maître. […] Pour démontrer son crédit, la dame lui présente et lui recommande un tas d’auteurs, dont certains ne viennent même chez elle que dans cet espoir Ces postulants l’entourent assidûment, comme vous l’avez remarqué, et lui donnent du « cher maître » à profusion. […] On ne peut trop savoir gré à l’esprit et au caractère du bon maître, dont il abomine forcément les idées.
C’est l’opulence de la contrée ; cela suffit pour vivre dans l’aisance relative, en y surajoutant le produit en nature du petit jardin, du champ réservé, de la vigne, du moulin, du verger en pente, qui donnent le blé de l’année, les pommes de terre, le maïs, les châtaignes conservées, les noix cassées par les maîtres et les serviteurs pendant les veillées d’hiver, sur la table solide de la cuisine ; le vin, les légumes, les fruits, cueillis par la servante et les enfants, et soigneusement encaissés et visités dans le fruitier ; tout ce qui est strictement nécessaire, en un mot, pour vivre largement et pour donner libéralement aux malades, aux infirmes, aux pauvres du village, aux mendiants errants et réguliers des villages voisins. […] Quelques grosses chaises et fauteuils de noyer, entre la table de cuisine et la cheminée, se prêtaient aux maîtres de la maison, quand ils venaient s’asseoir en commun avec les gens, soit pour prendre le repas banal dans l’écuelle de lourde faïence, soit pour leur faire la prière, soit pour causer des travaux du jour ou du lendemain. […] On reconnaissait à un papier encore propre sur les murs, à quelques meubles élégants et aux rideaux du vaste lit à colonnes, les réparations que le maître de la maison avait fait faire à l’époque de son mariage pour y recevoir sa charmante femme ; hélas ! […] Chacun va le voir et se promet de passer de douces heures et une longue vie devant ce foyer de la maison (car il est à tous, maîtres et valets), mais qui sait ?
Celui qui peut comprendre la prédication d’un Jocelyn de village et ces paraboles, Où le maître, abaissé jusqu’au sens des humains, Faisait toucher le ciel aux plus petites mains. […] C’est fatalement, enfin, que le peuple incrédule s’est élevé contre ses maîtres en incrédulité et leur a dit : « Donnez-moi une part ici-bas, puisque vous m’enlevez la part du ciel. » Tout est donc nécessaire dans ce développement de l’esprit moderne ; toute la marche de l’Europe depuis quatre siècles se résume en cette conclusion pratique : élever et ennoblir le peuple, donner part à tous aux délices de l’esprit. […] Car l’enfant, acceptant ce qu’on lui dit sans pouvoir en faire la critique, prenant son maître non comme un homme qui dit son avis à ses semblables, afin que ceux-ci l’examinent, mais comme une autorité, il est évident qu’une surveillance doit être exercée sur ce qu’on lui enseigne et qu’une autre liberté doit être substituée à la sienne pour opérer le discernement. […] » dit toujours le maître en parlant des noirs, quand c’est lui-même qui les tient dans la dégradation.
11 janvier Ces jours-ci, trouvant dans la rue de la Paix un encombrement de voitures de maîtres, tout semblable à celui d’une première au Théâtre Français, je me demandais quel était le grand personnage qui avait sa porte assiégée par tant de grand monde, quand, levant les yeux au-dessus d’une porte cochère, je lus : « Worth ». […] Le duc le prend en affection, le patronne près de la société, le donne comme maître de dessin à la grande-duchesse de Bade, se trouvant, en ce moment, à Nice. […] Ce n’est pas un château, c’est un magasin de curiosités, dont les maîtres semblent les conservateurs. […] Les maîtres ont l’orgueil du passé historique, qu’a acquis leur château, depuis l’entrevue de Ferrières, et la vieille Mme Rothschild nous retient longtemps dans le salon de famille, où Bismarck s’est rencontré avec Jules Favre.
C’est le foyer de la danse, où sur le jour d’une fenêtre, se silhouettent fantastiquement des jambes de danseuses, descendant un petit escalier, avec l’éclatante tache de rouge d’un tartan au milieu de tous ces blancs nuages ballonnants, avec le repoussoir canaille d’un maître de ballets ridicule. […] Le peintre vous exhibe ses tableaux, commentant, de temps en temps, son explication par la mimique d’un développement chorégraphique, par l’imitation, en langage de danseuse, d’une de leurs arabesques, — et c’est vraiment très amusant de le voir, les bras arrondis, — mêler à l’esthétique du maître de danse, l’esthétique du peintre, parlant du boueux tendre de Velasquez et du silhouetteux de Mantegna. […] Et le maître de l’établissement disait à Tardieu, que les cheveux de tout son monde devenaient comme cela, au bout de dix-huit mois. […] » J’étais élève de l’École, elle était élève de la Danse, j’avais seize ans, elle en avait peut-être dix-huit, vous voyez ça d’ici… À l’Opéra elle faisait de la pantomime avec un maître de ballet… Ne s’amusa-t-elle pas à vouloir se faire mon professeur dans cet art… Moi, qui étais mime dès l’enfance, vous pensez si ça m’allait, et me voilà, le portrait abandonné, à tourner autour d’elle avec des ronds de jambe, et des mains sur le cœur, me voilà à m’agenouiller, en simulacre de déclaration… Elle trouvait ça très drôle, et moi en arlequinant, vous vous doutez que je pelotais fort… Un jour, que nous arlequinions ainsi, le père entre tout à coup, et me voit serrer sa fille de très près.
Mais vite il s’anime pour énumérer chaleureusement la foule des poètes contemporaines, depuis les deux maîtres de cœur et d’art, Verlaine et Mallarmé, mis à part, et feu Jules Laforgue, jusqu’à Henri de Régnier, Verhaeren et Gustave Kahn. […] Bœcklin a retrouvé la couleur des vieux maîtres ; dans un livre qui doit paraître après sa mort, il nous dira son secret. […] Il en profite pour « rejeter, par ses seules forces, le joug de la supersitition », grâce aussi toutefois à Lourdes et autres œuvres de « maîtres de la pensée ». […] Prudents, ils le laissent se battre à leur place. — Il leur faut un cher Maître à vénérer.
Devenu lui-même de disciple maître, il professa avec éclat à Paris, à Rome, à Naples. […] Il s’endormait sur le sein de son maître, Dante, et il y faisait de divins songes. […] Je crois voir l’originalité souveraine dans cette force d’un grand esprit qui soumet ses idées, les fait obéir, et en obtient tout ce qu’elles peuvent, en sorte que le dernier secret du génie comme de la vertu serait encore de se rendre maître de soi. […] « Nous sommes tous des serviteurs inutiles », écrit-il en sentant déjà défaillir sa vie, « mais nous servons un maître souverainement économe et qui ne laisse rien perdre, pas plus une goutte de nos sueurs qu’une goutte de ses rosées.
Cela est vraisemblable ; mais, d’une part, Aristote avait commencé ses travaux zoologiques avant l’expédition d’Alexandre, et, d’autre part, quand celui-ci dépassa l’Asie-Mineure, les rapports entre le maître et l’élève s’étaient déjà bien refroidis : raison sérieuse pour douter que la sollicitude du royal disciple ait beaucoup contribué à enrichir les collections de son précepteur d’animaux expédiés de la Haute-Asie, de l’Afrique ou de l’Inde. […] Son école fut avant tout une école d’observateurs sagaces qui appliquèrent à l’étude des diverses parties de la nature la méthode et les principes du maître. […] Nous n’avons plus le Traité des plantes d’Aristote, et nous ne pouvons savoir dans quelle mesure le disciple est redevable à son maître ; mais il est certain qu’il en suivit scrupuleusement la méthode. […] Ainsi, il dit en parlant du hoche-queue : « On peut le trouver mal fait, parce qu’il n’est pas maître du mouvement des parties postérieures de son corps. »