— C’est que je n’aurais pas plus tôt dit A, répondait-il, que l’on voudrait me faire dire B. » L’Académie tout de même elle n’en veut pas finir avec la lettre A, de peur qu’on ne lui demande aussitôt ou elle en est de la lettre B. […] quel meilleur service pourrait-elle rendre aux lettres ? […] Ce serait, avant de mourir, de voir le Dictionnaire de la langue française passer la lettre B. […] Lamartine ne l’est pas moins, comme on pourrait s’en convaincre en feuilletant les lettres de ses années de jeunesse. […] Il n’a point borné son rôle à celui d’un amuseur ou d’un mandarin de lettres, et il s’est enfin servi de la parole pour la pensée.
Il voit dans des interview, des interview autres que ceux qui se font dans les journaux, un moyen de propagation intellectuelle tout nouveau, un moyen qu’il veut beaucoup employer, en ne le bornant pas seulement à l’interrogation de l’homme de lettres. […] Jeudi 12 mars En rentrant chez moi, enfin une lettre qui m’apporte une bonne nouvelle, une lettre de l’Odéon me demandant des brochures, pour commencer les répétitions de la reprise de Germinie Lacerteux. […] C’est à l’heure qu’il est, le seul valeureux dans les lettres, le seul prêt à compromettre un peu de la tranquillité de son esprit, le seul prêt à se donner un coup de torchon. […] La comtesse écrit une lettre de condoléances attendries au mari, et elle apprend qu’il a passé la nuit à se promener, sa lettre à la main. […] Et la comtesse apprend que, comme remerciement de sa lettre, il lui lègue dans son testament le fameux buste, dont il avait refusé cent mille francs.
Aimée d’un grand écrivain, ce grand écrivain l’avait transportée avec lui dans l’empyrée des lettres et de la gloire ; elle avait ce qu’on appelle un salon ; ce salon était un sanctuaire plutôt qu’une exposition d’esprit et de célébrités, un culte plutôt qu’une cour. […] M. de Chateaubriand représentait à la fois dans sa personne un Louis XIV des lettres et un Racine de décadence. […] La maîtresse de la maison, quoique très jeune et très gracieuse, ne permettait pas à l’esprit de parti d’y prévaloir sur l’esprit d’agrément ; on y rencontrait, sans acception d’opinion, tous les hommes de tout âge qui avaient un nom dans les lettres ou dans la politique, ou qui cherchaient une avant-scène à leur talent. […] C’étaient presque tous les jeunes hommes de lettres, poètes, écrivains, orateurs, publicistes, qui ont illustré depuis la tribune et la presse en France. […] Un triple cercle de femmes, presque toutes femmes de cour, femmes de lettres ou chefs de partis politiques divers, occupait le milieu du salon.
Sa place n’est pas là, il me semble… Et dans le triste recueillement, je revoyais le cher garçon, avec sa bonne figure, ses yeux limpides d’enfant s’allumant de passion, quand on parlait d’individus ou de choses qu’il n’aimait pas : une nature un peu grosse d’apparence, mais avec des délicatesses, et des tendresses curieuses en dessous, — et un lettré apportant à ses amis des lettres tout son dévouement, et sans réserve et sans restriction aucune. […] Et la lettre est écrite, au milieu de plaisanteries de Drumont, montrant un très vrai dédain du danger. En cachetant la lettre, Duruy dit qu’au Bois, aujourd’hui, on lui a demandé, si Drumont était « une épée » ? […] En dépit de mes relations amicales, et de ma haute estime pour la valeur personnelle de l’homme, je crois que le choix d’un savant, comme ministre de l’Instruction publique, est le choix qui peut être le plus hostile aux hommes de lettres : car un savant est à la fois tout plein de mépris pour leurs travaux, et tout à la fois un peu jaloux de leur renommée retentissante. […] Et aujourd’hui, que ce n’est plus un métier de meurt-de-faim, que les parents ne vous donnent plus votre malédiction comme homme de lettres, il n’y a plus, pour ainsi dire, de vraie vocation, et il se pourrait qu’avant peu de temps, il n’y ait plus de talent.
Après des assemblées tenues à Soissons et à Compiègne, et où les principaux croisés n’avaient pu s’accorder ni sur la date du départ ni sur la route à suivre, il fut résolu que l’on s’en remettrait à six messagers ou députés, à qui l’on donnerait pleins pouvoirs par lettres afin de traiter des voies et moyens d’exécution, et de passer les marchés pour l’embarquement et le transport De ces députés, deux furent nommés par Thibaut, comte de Champagne, deux par Baudouin, comte de Flandre, et deux par Louis, comte de Blois ; c’est-à-dire que les commissaires choisis représentaient en nombre égal les trois seigneurs les plus qualifiés et les plus puissants d’entre les nouveaux croisés. […] Rappelons-nous toutefois, en lisant ces vieux auteurs peu accoutumés aux lettres et à ce mode d’expression par l’écriture, que nous n’avons que des signes incomplets de leur force même d’esprit et de leurs ressources en ce genre. […] Au doge qui les accueillait avec honneur et les interrogeait, ils montrèrent leurs lettres de créance, et le doge leur dit : Seigneurs, j’ai bien vu vos lettres, et je sais très certainement que vos seigneurs sont les plus hauts hommes qui soient aujourd’hui de ceux qui ne portent point couronne.
Poujoulat, dans une suite de Lettres adressées à un homme politique étranger, s’attache à montrer que Bossuet n’est pas seulement grand dans les ouvrages célèbres qu’on lit ordinairement de lui, mais qu’il est le même homme et le même génie dans toute l’habitude de sa pensée et dans l’ensemble de ses productions. […] Il raconte qu’il a relu à la campagne les Œuvres de Bossuet et qu’il s’est plu, après chaque lecture, à rassembler ses réflexions sous forme de lettres à un ami : on parcourt utilement avec lui la suite des sermons, des traités théologiques qui renferment tous de si réelles beautés. […] M. de Bausset, il y a quarante ans, a donné de Bossuet une Histoire agréable, riche même de détails, et qui, à certains égards, ne sera pas refaite ; mais, sur bien des parties, il y a lieu à plus de recherches et à des investigations que les hommes de lettres distingués et les académiciens s’épargnaient volontiers alors. […] L’abbé Victor Vaillant, ayant à passer sa thèse de docteur à la faculté des lettres de Paris en 1851, choisit pour son sujet une Étude sur les sermons de Bossuet d’après les manuscrits.
On pourra un jour tirer de ses lettres des pages intéressantes à propos d’Ingres toujours, et d’Horace Vernet. […] En lisant attentivement la suite des lettres comme je viens de le faire, il y a place pour toutes les suppositions, pour celle qui attribue son désespoir final à une grande passion vainement combattue, comme pour celle qui y voit avant tout, et nonobstant les divers prétextes, une maladie d’artiste arrivé au terme, inquiet de sa propre renommée, jaloux de la soutenir, tourmenté du besoin de l’approbation d’autrui, et se croyant désormais impuissant à produire. […] On trouverait dans ses lettres écrites durant les deux ou trois années qui précédèrent sa fin, des paroles qui sont comme des pronostics : Hélas ! […] [NdA] Et encore, dans une lettre précédente adressée de Rome à Navez, à la date de septembre 1823 : A… finit un tableau de grandeur naturelle qui est l’enlèvement de Pandore par Mercure ; je ne l’ai pas vu dernièrement, mais S… m’a dit qu’il serait loin de faire un tableau frappé au bon coin ; tu m’entends.
Il l’accompagnait, en le publiant, d’une lettre explicative qui peut faire juger des hardiesses et des espiègleries littéraires du temps : Je vous envoie, madame, disait Dorat, l’extrait (il aurait pu dire la presque totalité) de cette singulière brochure, que le hasard a fait tomber entre mes mains, et qui, malgré la confusion des idées, l’oubli de tous les principes et de toutes les règles du théâtre, m’a paru mériter votre attention. […] Flatté de l’attention du célèbre petit-maître en poésie, que de loin on se figurait moins frivole qu’il ne l’était, il lui adressait de Paris où il était venu, à la date du 4 février 1778, la lettre suivante, qui accompagnait l’envoi de ses Élégies : Le jeune auteur d’un drame auquel M. […] Il vécut donc avec les bergers, avec les paysans ; et lorsque les Esquisses de l’état naturel, civil et politique de la Suisse, présentées dans une suite de lettres, par William Coxe, parurent en anglais et obtinrent du succès, Ramond se trouva en mesure à l’instant de les traduire en les perfectionnant, en y ajoutant nombre de chapitres originaux qui les complétaient et en faisaient un ouvrage tout nouveau. Ce sont ces Lettres de William Coxe, traduites de l’anglais et augmentées par le traducteur (1781), qui attirèrent vivement l’attention des curieux et qui commencèrent la réputation du jeune Ramond.
Il avait déjà dit, dans ses Lettres sur les Anglais, qu’on ne lisait plus Dante en Europe « parce que tout y était allusion à des faits ignorés : il en est de même d’Hudibras. » Mais dans une lettre adressée au Père Bettinelli, auteur des Lettres Virgiliennes, où Dante était traité assez lestement, Voltaire se découvrait encore davantage (mars 1761) : Je fais grand cas, écrivait Voltaire à ce littérateur italien, du courage avec lequel vous avez osé dire que le Dante était un fou, et son ouvrage un monstre. […] [NdA] Dante et les origines de la langue et de la littérature italiennes, cours fait à la Faculté des lettres de Paris par M.
Fénelon, qui n’était plus alors à Versailles, mais qui ne cessait de le suivre de l’œil et de l’environner de conseils, sentait bien le défaut capital joint à la qualité que nous signalons, et il en avertit dans beaucoup de ses lettres, pour qu’on y prenne garde et qu’on n’y abonde pas. […] Ce qu’il écrit à ce sujet est remarquable : « Par un préjugé que la vanité des gens de Lettres met en vogue disait-il, on s’imagine qu’un des premiers soins qui doivent occuper un roi, c’est de peupler ses États de savants. […] Pour moi, je me suis persuadé, par l’expérience autant que par la réflexion, que ce serait une très mauvaise politique d’augmenter sans discrétion la classe des gens de Lettres. […] Faible et fougueux, orgueilleux, méprisant, cruel railleur, et à chaque instant furieux… Fort pénétrant, précoce aux choses littéraires, ayant tous les défauts et des princes et des gens-de lettres.
Tant que je pourrai me soutenir, je soutiendrai la cause. » C’est ce qu’il répète sans cesse dans ses lettres à ses amis de Londres ou d’Italie. […] , tous ses maîtres lui avaient dit et répété bien des fois, avant de partir, ce que Pline le Jeune disait à un de ses amis qui était envoyé de Rome pour être quelque chose comme préfet à Sparte ou à Athènes : « Souviens-toi bien et ne perds pas un moment de vue que c’est en Grèce que tu vas, et au cœur de la plus pure Grèce, là où d’abord la civilisation, les lettres, toute culture, celle même du blé, passent pour être nées… Respecte les dieux fondateurs et instituteurs de toutes ces belles choses, et jusqu’au nom des dieux. […] Tâchons, pour l’honneur du drapeau, nous qui soutenons la retraite, que ce soit le plus tard possible, et que la nouveauté-dans les lettres, — cette nouveauté en partie si légitime, — ne batte pourtant pas à plate couture la tradition. […] C’est même un inconvénient dans l’état actuel que cet enseignement « qui tend à surexciter les aspirations, déjà excessives, des Grecs vers les carrières libérales : avocat, médecin, homme de lettres, la race grecque tend à s’absorber dans ces trois professions. » Le Grec est babillard, discuteur et aime à politiquer.
Lettres inédites de Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël, Mme de Souza, etc. publiées par le même94. […] Elle avait vingt-cinq ans, un goût très-vif pour les lettres et les beaux-arts, un caractère d’ange, et, malgré toute sa fortune, des circonstances domestiques pénibles et désagréables, qui ne lui permettaient d’être ni aussi heureuse ni aussi contente qu’elle l’eût mérité. » Ces circonstances, on peut assez les préciser aujourd’hui. […] La comtesse mit dans ses intérêts le cardinal d’York, frère de son mari, qui lui écrivit de Frascati le 15 décembre 1780, c’est-à-dire quelques jours après l’événement : « Ma très chère sœur, je ne puis vous exprimer l’affliction que j’ai soufferte en lisant votre lettre du 9 de ce mois. […] Vers la fin de la lettre que le cardinal d’York avait écrite à sa belle-sœur, il lui disait, par allusion à l’éventualité, si peu à prévoir, d’un rapprochement avec son mari : « Surtout ne dites jamais à qui que ce soit que vous ne voulez jamais entendre parler de retour avec votre mari.
Viollet-Le-Duc30 Lettres sur la Sicile. — Lettres écrites d’Allemagne31. […] Sur le fond de la question, on peut voir, indépendamment des pièces et rapports publiés dans Le Moniteur, la Lettre ou Réponse de M. […] Giraud, intitulée : De la réorganisation de l’École des Beaux-Arts : Réponse à la Lettre de M.
Émile Grimaud Avec une lettre du R. […] La politique, en effet, et ses fureurs vengeresses allaient déjà le ravir aux Lettres. […] La parodie parut pour la première fois dans les Lettres Normandes (tome VIII, page 238) sous ce titre : Êpigramme-quatrain sur un jeune doctrinaire qui fait de gros articles et de petits vers : Au Pinde pourquoi voltiger, Lorsque toujours vous y rampâtes ? […] Il était fort au courant de la littérature anglaise, et je trouve dans le tome I du Spectateur, page 153, un article de lui sur l’auteur des Lettres de Junius : il y indique et y appuie la solution qui les attribue à sir Philip Francis, la même qui a été si ingénieusement discutée et proposée par M. de Rémusat dans la Revue des Deux Mondes du 15 septembre 1868.
Ce fut madame de Caylus qui m’apprit hier cette particularité dont elle étoit effrayée, et qu’elle a sue, comme je crois, de M. le curé de Saint-Sulpice. » Et dans une autre lettre : « Le pauvre M. […] Chez Euripide, le vieillard a vu Agamemnon dans tout le désordre d’une nuit de douleur ; il l’a vu allumer un flambeau, écrire une lettre et l’effacer, y imprimer le cachet et le rompre, jeter à terre ses tablettes et verser un torrent de larmes. […] Quoi qu’il en soit, il énonçait à coup sûr, dans cette lettre à l’Académie, l’opinion de plus d’un esprit délicat, de plus d’un académicien de son temps, et Racine lui-même se serait probablement entendu avec lui pour critiquer sur beaucoup de points la diction de Molière. […] On n’écrivait pas de lettres au siège de Troie ; il n’est jamais question d’écriture dans Homère ; mais les Grecs songeaient plus aux convenances dramatiques qu’à l’exactitude historique.
Les établissements de l’espèce des cafés ne dataient guère que de ces années-là, et remplaçaient avantageusement pour les auteurs et gens de lettres le cabaret, où s’étaient encore enivrés sans vergogne Chapelle et Boileau. […] Il avait reçu comme une lettre morte les traditions du règne qui finissait ; il s’y attacha obstinément ; ses antipathies littéraires et sa jalousie contre les talents rivaux l’y repoussèrent chaque jour de plus en plus ; il tint pour le dernier siècle, parce que le petit Arouet était du nouveau. […] Le bon Brossette, ce personnage excellent mais banal, un des dévots empressés de feu Despréaux, espèce de courtier littéraire, qui caressait les illustres pour recevoir des exemplaires de leur part et faire collection de leurs lettres, s’était lourdement avisé, en écrivant à Rousseau, de lui signaler, comme une découverte, dans l’Ode à la Fortune, un passage qui semblait imité de Lucrèce. […] « … Mellin de Saint-Gelais dont les poésies sont fastidieuses à la mort, à dix ou douze épigrammes près, qui sont véritablement excellentes. » (Lettre de Rousseau à Brossette, du 25 janvier 1718).
Janin, en composant le roman qu’il vient de publier, a eu l’excellente idée, et bien digne d’un véritable homme de lettres, de se distraire depuis deux ans du spectacle des choses publiques, du spectacle de la rue, et de chercher dans un sujet emprunté au Grand Siècle un oubli des misères et des ennuis du présent. […] Janin est homme de lettres ; il l’est avant, pendant et après les révolutions. […] Mais, chez les anciens aussi, il a ses antécédents et presque ses modèles ; il va les chercher, à ses instants de loisir, chez Apulée, chez Pétrone, chez Martial, et il a parlé d’eux tous avec le sentiment de quelqu’un qui les entend mieux que par la lettre et par le texte, qui en ressaisit l’essence et l’esprit, et qui est, à quelque degré, de leur descendance. […] Savez-vous que c’est quelque chose dans les lettres que d’être soi, et de n’avoir pas de modèle avéré, dût-on mériter de ne pas avoir ensuite d’imitateurs ?
Laissons ces esprits sans amour et sans flamme, sans désir ; ce sont les tièdes : ils manquent du feu sacré dans les lettres. […] Après toutes les folies du début, la naissance de Gargantua par l’oreille gauche, la description mirifique de sa layette, les premiers signes qu’il donne de son intelligence et certaine réponse très coquecigrue qu’il fait à son père et à laquelle celui-ci reconnaît avec admiration le merveilleux entendement de son fils, on lui donne un maître, un sophiste en lettres latines ; et c’est alors que commence la satire la plus ingénieuse et la plus frappante de la mauvaise éducation de ce temps-là. […] Ce dernier, Bernardin de Saint-Pierre, dont le talent chaste, idéal, volontiers rêveur et mélancolique, semble le moins d’accord avec l’esprit de Rabelais, l’a pourtant saisi à merveille par le côté sérieux que nous indiquons, et il a dit de lui dans une page mémorable et qui n’est pas toute chimérique, bien que trop simple de couleur et trop embellie : C’en était fait du bonheur des peuples, et même de la religion, lorsque deux hommes de lettres, Rabelais et Michel Cervantes, s’élevèrent, l’un en France, et l’autre en Espagne, et ébranlèrent à la fois le pouvoir monacal et celui de la chevalerie. […] J’avais alors un souverain mépris pour Rabelais. » Dans ses Lettres philosophiques, il a parlé de lui très légèrement en effet, en le mettant au-dessous de Swift, ce qui n’est pas juste : « C’est un philosophe ivre, concluait-il, qui n’a écrit que dans le temps de son ivresse. » Mais, vingt-cinq ans plus tard, il lui a fait réparation en écrivant à Mme Du Deffand : J’ai relu, après Clarisse, quelques chapitres de Rabelais, comme le combat de frère Jean des Entommeures et la tenue du conseil de Picrochole ; je les sais pourtant presque par cœur, mais je les ai relus avec un très grand plaisir, parce que c’est la peinture du monde la plus vive.
Il y a quelques années, un Russe de distinction, le prince Alexandre Labanoff, s’est mis à rechercher avec un zèle incomparable, dans les archives, dans les collections et les bibliothèques de l’Europe, toutes les pièces émanant de Marie Stuart, les plus importantes comme les moindres de ses lettres, pour les réunir et en faire un corps d’histoire, et à la fois un reliquaire authentique, ne doutant pas que l’intérêt, un intérêt sérieux et tendre, ne jaillît plus puissant du sein de la vérité même. […] Dargaud leur a rendu justice avec effusion et cordialité ; il a fait passer dans les moindres lignes de son Histoire le sentiment de poésie et de pitié exaltée qui l’anime pour les souvenirs de la royale et catholique victime ; il a mérité une très belle lettre que Mme Sand lui a adressée de Nohant (10 avril 1851), et où elle le félicite en le critiquant à peine, et en parlant surtout de Marie Stuart avec charme et avec éloquence. […] Ces circonstances sont désormais prouvées d’une manière irréfragable et par les dépositions des témoins, et par les confessions des acteurs, et par les propres lettres de Marie Stuart, dont M. […] et déjà blanchie avant l’âge ; quand on l’entend, dans la plus longue et la plus remarquable de ses lettres à Élisabeth (8 novembre 1582), lui redire pour la vingtième fois : « Votre prison, sans aucun droit et juste fondement, a jà détruit mon corps, duquel vous aurez bientôt la fin s’il y continue guère davantage, et n’auront mes ennemis beaucoup de temps pour assouvir leur cruauté sur moi : il ne me reste que l’âme, laquelle il n’est en votre puissance de captiver » ; quand on a entendu ce mélange de fierté et de plainte, la pitié pour elle l’emporte, le cœur a parlé ; ce doux charme dont elle était douée, et qui agissait sur tous ceux qui l’approchaient, reprend le dessus et opère sur nous à distance.
Nous n’avons peut-être pas avancé une assertion qu’on ne puisse retrouver en germe, et parfois très nettement, dans les lettres de Flaubert, par exemple. […] Ce titre nous desservait trop pour qu’on n’affectât pas de le prendre à la lettre. […] Un critique anonyme a très intelligemment et très loyalement expliqué la vraie signification de ce titre ; « Il ne faut pas, dit-il, prendre à la lettre le titre de ce volume, d’apparence quelque peu puffiste. […] Ces traits d’esprit révèlent une belle passion pour les lettres, et il faut avoir de soi une bien haute estime pour traiter les autres sur ce ton.
Elle s’est appelée elle-même un voyou dans ses Lettres d’un voyageur. […] Or, dans ce volume d’Impressions littéraires, je retrouve publié un petit roman qui passe pour un chef-d’œuvre de Mme Sand (les Lettres à Marcie) et le petit roman n’est rempli que de prudhommismes d’images. […] Prenez-les donc ces Lettres à Marcie, et donnez-moi un démenti si vous pouvez, quand je dis que Mme George Sand a l’imagination (l’imagination dans le style), impuissante et vulgaire. Ouvrez les Lettres à Marcie, qui ne sont pas longues, et voyez si vous ne vous ferez pas, en entrant là-dedans, l’effet d’être dans le vestiaire d’une rhétorique tombée en loques, à force d’avoir servi à tout le monde, — le pire des maîtres !
Rigault, dont chacun peut lire dans les Débats de spirituels articles littéraires, et qui est un des plus brillants professeurs de l’Université, a soutenu, il y a quelques jours, ses thèses pour le doctorat devant la Faculté des lettres en Sorbonne. […] Tant qu’il ne s’occupait que des lettres, il ne pouvait se séparer d’elle et la regarder assez à distance pour se dire : « Et moi aussi je vaux autant que toi, ou mieux que toi. » On restait dans la religion du passé. […] Sénèque parle quelque part, dans ces mêmes lettres à Lucilius où on lit ces beaux passages, d’un jeune homme qui était si modeste et si classique en son temps, que s’il avait cru en composant écrire quelque chose qui surpassât les anciens ou les devanciers, il se serait retenu, de peur de commettre une sorte de sacrilège.
Mais quelques-uns des ouvrages en prose de Voltaire sont déjà comme les Lettres provinciales : on en aime la tournure ; on en délaisse le sujet. […] Montesquieu essaya ce genre de raillerie dans ses Lettres persanes ; mais il n’avait point la gaieté naturelle de Voltaire ; et c’est à force d’esprit qu’il y suppléa. […] L’homme de lettres, alors qu’il vit dans un pays où le patriotisme des citoyens ne peut jamais être qu’un sentiment stérile, est, pour ainsi dire, obligé de se supposer des passions pour les peindre, de s’exciter à l’émotion pour en saisir les effets, de se modifier pour écrire, et de se placer, s’il se peut, en dehors de lui-même pour examiner quel parti littéraire il peut tirer de ses opinions et de ses sentiments.
Jourdain, de se connaître aux belles choses , demandait à un homme de lettres le moyen de se connaître en vers : Monsieur, lui dit celui qu’il consultait, vous n’avez qu’à dire toujours qu’ils sont mauvais ; il y a cent contre un à parier que vous ne vous tromperez pas. […] Celui qui nous a donné la meilleure poétique est un des plus grands philosophes de l’antiquité ; les vers du Virgile de nos jours sont remplis d’une philosophie aussi solide qu’agréable ; enfin j’ai vu un roi, qui pour avoir gagné douze batailles n’en était pas moins philosophe et homme de lettres, avoir auprès de lui, sur la même table, Athalie et les Commentaires de César, et douter lequel des deux ouvrages il aimerait mieux avoir fait. […] C’est l’ouvrage d’un homme distingué par son rang, qui, après avoir utilement servi sa patrie3, n’a pas cru s’avilir en cultivant les lettres.
Comment se fait-il qu’il nous déclare sérieusement que l’obscur Tallemant des Réaux fut un des meilleurs littérateurs de son époque, et que son livre, à cela près de quelques crudités de langage, peut très bien se ranger sur les tablettes d’un homme de goût, entre les Mémoires du duc de Saint-Simon et les Lettres de madame de Sévigné ? […] Quand on lit Tallemant et quand on est, comme lui, un homme de lettres, on se coule dans sa peau par la pensée et on trouve le xviie siècle un bien grand siècle, parce que les plus nobles compagnies voient l’homme de lettres à côté des seigneurs et des hommes les plus élégants de la cour.
Il a son soin et son apprêt et il les porte partout, jusque dans ses lettres, où il a gardé le pli de ses livres et où je ne trouve aucune des qualités qui font d’une correspondance quelque chose de si vivant, de si intime, de si ouvert sur soi : la primesauterie, la négligence aimable, la grâce, la naïveté, l’impétuosité du mouvement, les enfantillages adorables des esprits puissants qui badinent avec leur force, comme des rois avec leur sceptre ou leur épée ! […] Les meilleures lettres qu’on ait de lui ne peuvent valoir, par le détail de l’observation (son seul mérite réel), les livres qu’elles rappellent par leur langage raisonnable, tranquille et d’une pâle élégance, quand il est le mieux réussi. […] Du reste, ce que nous avons dit de la Course au lac d’Onéida et des Quinze jours au Désert, il faut le dire de toutes les lettres et de l’ensemble des deux volumes : c’est le langage d’un homme bien élevé, mais qui ressemble trop au langage de tous les hommes qui sont bien élevés.
Or, le moyen de réagir le plus simple et le plus puissant qu’il y ait dans sa simplicité, c’est de demander à ceux qui, dans des articles développés, dans des articles de grande cérémonie, nous ont ressassé la cinquantaine d’anecdotes, à peu près, plus ou moins connues ou suspectes, dont Feuchtersleben a illustré son petit almanach de morale et d’hygiène, quel intérêt ils avaient à agir ainsi, si ce n’est l’intérêt d’un article à faire avec des anecdotes qui ne leur ont pas coûté un sou, puisque l’histoire des faits appartient à tout le monde, comme les lettres de l’alphabet ; si ce n’est, enfin, la ressource d’une copie trouvée dans un livre, commode quand l’imprimeur est là et que l’esprit n’y est pas,., ou, si vous voulez, n’y est plus ? […] M. le docteur de Feuchtersleben, c’est le Platon du spiritualisme multiplié par Jocrisse, mais par Jocrisse qui aurait passé de France en Allemagne, qui y aurait pris des lettres de naturalité, puis y aurait gagné des lettres de noblesse, et y serait enfin devenu M. le baron de Feuchtersleben.
Mme Desbordes-Valmore n’est pas une femme de lettres, puisqu’il y a de ces monstres qu’on appelle maintenant femmes de lettres. Nos pères, avec leur bon sens profond, appelaient hommes de lettres ces femmes-là, autrefois !
Nous avons cru deviner, quand nous rendîmes compte des Lettres parisiennes 7, la cause du retard de ce volume de poésies qui aurait dû, selon les us et coutumes de la librairie, être publié le premier, puisqu’il fut chronologiquement le premier livre de Mme de Girardin. […] un oubli de littérature, parce qu’il ne fallait pour l’écrire que la première femme d’esprit venue, ce qui ne vient pas, du reste, tous les matins : ce furent les Lettres parisiennes. […] Selon nous, Mme de Girardin, dans ces lettres charmantes, est beaucoup plus femme d’esprit qu’elle n’avait été poète du temps de Mlle Delphine Gay ; mais être femme d’esprit, c’est plus et c’est moins que d’avoir du talent, et nous n’avons à juger aujourd’hui que le talent de Mme de Girardin et ses poésies.
Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que quelques lignes que madame de Sévigné a jetées au hasard dans ses lettres, sans soin, sans apprêt, et avec l’abandon d’une âme sensible, font encore plus aimer M. de Turenne, et donnent une plus grande idée de sa perte. Il y a des mots qui disent plus que vingt pages, et des faits qui sont au-dessus de l’art de tous les orateurs ; par exemple, le mot de Saint-Hilaire à son fils : Ce n’est pas moi qu’il faut pleurer, c’est ce grand homme ; et ce trait du fermier de Champagne qui vint demander la résiliation de son bail, parce que, Turenne mort, il croyait qu’on ne pouvait plus ni semer, ni moissonner en sûreté ; et cette réponse, si grande et si simple, à un homme qui lui demandait comment il avait perdu la bataille de Rhétel, par ma faute ; et cette lettre qu’il écrivit au sortir d’une victoire : « Les ennemis sont venus nous attaquer, nous les avons battus ; Dieu en soit loué. […] « Monseigneur, si vous êtes honnête homme, vous m’aimerez ; si vous ne l’êtes pas, vous me haïrez, et je m’en consolerai. » Plusieurs personnes ont lu cette fameuse lettre qu’il écrivit au même prince, et qu’on ne saurait, trop citer.
Guizot la part d’éloge et d’hommage que lui devait doublement un ancien collègue de la Faculté des lettres et un historien. […] Bien vieux, dans sa retraite de Mâçon, séparé à regret de ses confrères de l’Académie, il aimait à correspondre avec eux par lettres ; il suivait leurs travaux, il s’intéressait à tout.
Sa seconde lettre sur le clergé français est intitulée : Y a-t-il encore des jésuites ? […] L'Athénée royal, l’ancien Lycée, fondé à la fin du xviiie siècle dans les années qui précédèrent la Révolution et où La Harpe avait commencé à professer son cours si célèbre ; cet Athénée qui revit le même La Harpe en bonnet rouge pendant la Terreur, puis repentant et faisant amende honorable de ses excès philosophiques ; cet Athénée pourtant qui était resté le centre de la philosophie du xviiie siècle, où les Garat, les Tracy, les Chénier, les Ginguené, les Daunou allaient causer du moins, quand ils n’y professaient pas ; qui eut la primeur des leçons de chimie des Lavoisier, des Fourcroy, et plus tard les cours de physiologie des Gall et des Magendie ; cet Athénée qui, sous la Restauration, était resté un foyer d’opposition libérale et l’antagoniste de la Société des Bonnes Lettres ; où Benjamin Constant jusqu’à la fin faisait des lectures ; où Mignet (il y a vingt ans) débutait par une leçon sur la Saint-Barthélemy qu’on lui redemandait d’entendre une seconde fois à huitaine (tant on la trouvait à la hauteur du moment)… eh bien !
Celui de tous qui semble lui avoir laissé de plus chers souvenirs est le célèbre prince de Ligne, si étonnant par ses saillies, ses impromptus, et les grâces intarissables de ses lettres et de sa conversation, L’on devine et l’on sent presque revivre sous la plume de M. de Ségur l’attrait de ces causeries brillantes et superficielles dont le seul but était de plaire, où l’on parlait de tout sans prétendre rien prouver, où l’on posait tour à tour, avec une érudition finement moqueuse ou adulatrice, de la France à l’Attique, de l’Angle ferre à Carthage, de l’empire de Cyrus à celui de Catherine. […] Espérons qu’il sera bientôt en état de le poursuivre, et qu’échappé à une maladie qui menaçait de le ravir aux lettres et aux libertés publiques, il trouvera encore de longs jours pour se souvenir et pour raconter, Il est du petit nombre de ces hommes qu’on aime toujours à entendre sur les personnages et sur les choses d’autrefois ; et, pour lui appliquer à lui-même ce qu’il a dit de M. de Malesherbes, quand il cause avec son lecteur, personne n’est tenté de mettre le signet.
Mais elle n’avait encore rien publié alors ; ses premiers écrits n’ont paru qu’après le mariage de mademoiselle de Rambouillet et la mort de Louis XIII, en 1643 : elle fut jusque-là accueillie à l’hôtel de Rambouillet, non comme auteur, mais comme fille d’esprit, convenablement élevée, sœur d’un homme de lettres fort répandu, et aussi comme une personne peu favorisée de la fortune, dont la société, agréable à Julie qui était du même âge, n’était pas sans quelque avantage pour elle-même33. […] Lettre de Voiture à mademoiselle de Rambouillet, qui était à Grosbois, chez Madame la Princesse, avec mademoiselle de Bourbon.
On me communiqua des lettres de lui ; je n’en fis usage qu’avec discrétion. […] À la même, peu de jours après (la lettre n’est pas datée) : Je vais vous envoyer un exemplaire de la pièce de vers que j’ai faite pour la police.
Leurs lettres, qu’ils appellèrent anti-Marotiques, ne méritoient que le mépris & l’indignation. […] Informé des obstacles que de vils rimailleurs vouloient mettre à son retour en France, il sentit sa bile s’allumer, & répondit aux lettres anti-Marotiques, par une plaisanterie, sous le titre de Fripelippes.
C’est à propos d’une lettre où Mme Taine proteste contre la publication faite par le Figaro de douze sonnets signés de Taine et qui, selon le vœu de leur auteur, devaient rester à jamais inédits. […] Quel faux lettré, quel déplorable Baudelairien assembla donc ces lettres déprimantes ?
Daudet, lui, venait « cultiver » les lettres à Paris ; terrible culture dans un terrain fait de bien durs cailloux. […] — « Pour une lettre d’amour, c’est une lettre d’amour, hein ? […] Je rouvre ma lettre : les journaux du matin m’apprennent la mort de Loisillon. […] quelle perte pour les lettres françaises ! […] Je trouve dans une revue très intéressante, la Plume, une lettre que M.
Sully Prudhomme, répond par la lettre suivante, en autorisant la Revue Bleue à publier la lettre qu’il m’adresse : Châtenay, 24 mai 1903. […] Je suis allé à la Société des Gens de lettres, on m’a remis la petite feuille qui contient les conditions du concours, et le commentaire. […] Dans la lettre à laquelle je me référais à l’instant, M. […] Catulle Mendès dans son rapport sur les lettres françaises, me semblent s’inspirer de la raison même. […] Desdevises du Dèzert, professeur à la Faculté des lettres de Clermont, dans la Terre Nouvelle, revue lyonnaise aujourd’hui disparue.
. — Mémoires de Diderot, Lettre à Mlle Volant, III, 66. […] Lettre à M. de Beaumont, 24. — Rousseau juge de Jean-Jacques, troisième entretien, 193. […] Émile, livre I, et Lettre à M. de Beaumont, passim. […] Discours sur l’influence des sciences et des arts — Lettre à d’Alembert sur les spectacles. […] Il faut des arts, des lois, des gouvernements aux peuples, comme il faut des béquilles aux vieillards. » (Lettre à M.
[Lettre (Berlin, le 20 mars 1821).] […] [Lettre (1827).] […] … Et on me dit que, dans le même moment où j’achève cette lettre, vous allumez votre lampe et vous vous remettez tranquille à votre œuvre commencée. […] Mais j’ai gardé la lettre. […] Henry Houssaye Immense a été et est encore son action sur les lettres françaises.
Mme de Beaumont analysait, dans les lignes suivantes d’une lettre à M. […] Mais la lettre même qui le contient est remise à Ellénore. […] Une lettre écrite par le peintre Charlet, lettre dont l’authenticité ne peut être contestée, nous apprend même que Géricault a plus d’une fois songé au suicide, et que sans la vigilance de ses camarades, il est probable qu’il eût accompli son sinistre projet. […] Les circonstances ayant séparé ces fidèles amis, ils avaient suppléé à l’absence par les lettres. […] » Enfin, dans une lettre de Berne, du 20 septembre 1820, il écrit ces lignes » : Mon ami, aie soin de toi.
Il représente sous une enveloppe grossière un Parlement des Idées, comme l’Académie représente, par sa forme, le Concile des Lettres françaises. Il y a autour du Parlement comme autour de l’Académie une disponibilité de foi, un crédit, qui font qu’on peut espérer à tout instant que le dieu tombé remontera, que là-bas l’idéologie politique resplendira, qu’ici les lettres pures seront honorées. […] Et, dans l’état actuel des lettres et du journalisme, le dextrisme de façade y est presque aussi normal, ou va presque autant de soi, que le sinistrisme verbal au Parlement. […] Plus ou moins, les lettres et Paris ont tenu la même fonction au xixe siècle, ont incarné, prolongé, ramené la Révolution. […] Contrepoids d’autant plus nécessaire que la France est le seul pays où (sauf Allemane) les chefs socialistes parlementaires ne se soient recrutés que parmi les professeurs, les hommes de lettres et les avocats.
Si haut qu’on remonte dans le moyen âge, on trouve dans la littérature le culte et l’imitation des lettres antiques. […] De nulle lettre ils n’ont connaissance. […] Au seuil même du temple que lit-on « écrit en lettres ioniques d’or très pur » ? […] C’est principalement quand il suppose des lettres écrites par eux qu’il glisse à ce travers. […] Les quelques lettres que nous avons de lui sont très soignées et un peu du même ton que ce que je viens de citer.
Un Bernardin plus complet en ressort, peint par lui-même, cette fois-ci, dans ses lettres intimes, et comme achevé de peindre dans les lettres de ses correspondantes, de ses « amies », — plus nombreuses encore que celles de Rousseau, — dans les lettres aussi de ses deux « femmes », la pauvre Félicité Didot, et l’heureuse Désirée de Pelleporc. […] Nous avons quelques-unes des lettres de la princesse Marie Miesnik à Bernardin de Saint-Pierre, et elles sont caractéristiques. […] Mais des lettres de femmes l’y consolaient encore, et l’aidaient à supporter les ennuis de son exil, — si peut-être elles ne l’encourageaient pas dans sa métaphysique. […] L’ouvrage le classa parmi les gens de lettres, lui ouvrit le salon de mademoiselle de Lespinasse, et l’enrôla pour un moment dans la troupe des philosophes. […] Beaucoup plus récemment, dans une lettre qui servait de Préface à ses Trophées, M.
madame, quand l’illustre Sévigné, que vous aimez tant, écrivait des riens, elle les adressait à sa fille en lettre close, et puis en ce temps-là qu’y avait-il de plus sérieux à dire ? […] En 89, madame de Genlis ne voit et ne loue, dans le but de la réforme, que l’abolition des lettres de cachet et du droit de chasse, c’est du moins quelque chose ; en 93, elle n’a de larmes que pour Athalie, bannie de la scène française.
Mais alors les voies littéraires n’étaient pas préparées au génie ; les langues, celles du nord en particulier, n’étaient pas faites, ou n’étaient pas polies : il n’y avait qu’une seule langue commune à tout le monde savant, et vraiment digne de lui ; l’enfant qu’on destinait aux lettres l’apprenait en naissant, et le latin pour lui était presque la langue de sa nourrice. […] Tissot, déjà honoré à sa première publication du suffrage de Chénier, nous paraît un service de plus rendu par le respectable écrivain à la poésie et aux lettres latines, dont il fait passer dans notre langue une des plus agréables productions.
L’idée est excellente : on ne fera jamais trop de pensions aux gens de lettres. […] Edmond de Goncourt n’avait pas de précautions à prendre pour s’assurer une place honorable dans l’histoire des lettres.
Récompenser des écrivains qui se prennent de querelle, c’est le moyen de les rendre encore plus nombreuses, & de mettre en combustion toute la république des lettres. […] Bayle trouve fort singulier que Costar ait voulu faire un procès criminel à un homme de lettres, qui s’étoit servi de ses armes propres.
Corollaires relatifs à l’origine des langues et des lettres, dans laquelle nous devons trouver celle des hiéroglyphes, des lois, des noms, des armoiries, des médailles, des monnaies. On n’a pu trouver jusqu’ici l’origine des langues, ni celle des lettres, parce qu’on les a cherchées séparément.
Cette lettre est possible, mais peu vraisemblable. […] Il était digne d’avoir écrit cette lettre, comme Aristote était digne de l’avoir reçue. […] Il continua, pendant la guerre d’Alexandre en Syrie, en Égypte et en Perse, à recevoir de lui des lettres et à lui répondre. […] Il cite des lettres écrites par Alexandre lui-même à Cratère, à Attalus et à Alcétas, qui confirment ce fait important. […] Cette lettre d’Alexandre à Olympias subsiste, et elle disculpe assez Alexandre du prétendu supplice du philosophe athénien, inventé par les calomniateurs macédoniens ou grecs de l’armée.
Enfin, à Prague, une lettre très gracieuse de M. […] Alors la littérature devint écrite : des lettres peu nombreuses, vite négligées pour leurs valeurs linéaires, évoquant, sans la gêner, une vie, tout différente, de notions. […] Mais la Grèce antique, déjà fort civilisée, et tard venue dans l’humaine évolution, a été la terre privilégiée des lettres. […] Puis vint le tourbillon où tout s’abîma : et les lettres, qui avaient longtemps survécu à leur utilité, durent à leur tour s’effacer. […] La partie spécialement biographique est faite surtout avec des lettres du Maître : la partie critique avec les jugements de Richard Wagner très habilement réunis et cités.
Mercredi 8 mai Une lettre d’Alidor Delzant, m’annonce que Burty est mourant chez lui. […] Et dans la crainte qu’il se déclarât un cas chez la femme et les enfants, avec l’aide de la police, il embarquait de force la veuve et sa petite famille, au milieu des injures de la femme… qui, arrivée en Europe, lui adressait une lettre de remerciement. […] Le jour tombé, il ne lisait pas, aux lumières, une ligne d’un journal, une ligne même d’une lettre : il la mettait dans sa poche, disant qu’il la lirait le lendemain. […] En tout une vingtaine de Parisiens dans les lettres et le reportage, et une fête avec tente pour les autorités, et musique de foire, comme pour les comices agricoles de Madame Bovary. […] » Et elle se mettait à lui préparer les lettres de faire part, qu’elle aurait à envoyer, Pélagie ajoutait que la mère, à force d’avoir pleuré dans sa vie, avait les yeux d’un violet particulier, d’un violet ressemblant à certaines petites figues du Midi.
L’heureux, c’est le soleil, l’air doux, le chant des oiseaux, bonheurs à moi ; puis une lettre de Mimi, qui est à Gaillac, où elle me parle de Mme Vialar, qui t’a vu, et d’autres choses riantes. […] Notre cœur est comme un arbre entouré de feuilles mortes. » Ce frère tombe malade à Paris ; — elle l’apprend ; elle lui écrit sans oser lui envoyer la lettre, de crainte de froisser la nouvelle épouse. […] « Une lettre, mais pas de toi ! […] « Je suis fatiguée d’écriture, deux grandes lettres m’ont brisé la main. […] « Mme et M. de Faramond, une lettre de Louise, hier une d’Antoinette, plaisir et bonheur.
» Une lettre de M. […] Ce succès un peu banal dure encore, et il durera tant que les souvenirs classiques seront la religion des hommes de lettres. […] Nous n’exigeons pas qu’un homme de lettres et un homme d’État, impliqués dans un même homme, compromette à tout propos son œuvre politique devant la multitude, par ses professions de foi philosophiques, téméraires et radicales, qui aliènent de lui la liberté et la raison d’une partie de son siècle. […] Elle n’y répondait que par de rares lettres dont l’accent n’avait plus que la langueur des regrets. […] Y avait-il une folie comparable à celle d’un parti éclipsé qui ne pouvait présenter en ligne de bataille pour généraux que des avocats ou des hommes de lettres, et pour soldats que des enfants ou des vieillards, reste d’une noblesse émigrée, en suspicion à la masse du peuple ?
« Illustre, généreuse et héroïque ame, dit Rabelais parlant de sa mort, tout parfait et nécessaire chevalier à la gloire et protection de la France, que les cieuxrepetoient comme à eux deu par propriété naturelle. » L’amour des lettres et les talents se transmettaient alors du père au fils, comme un héritage, le plus souvent augmenté et amélioré par le fils. […] On ne songe pas assez qu’à la fortune de l’écrit est attaché le repos de l’écrivain, et que, dans la carrière des lettres, les revers de réputation sont plus douloureux que dans toute autre. […] Le plus notable des nouveaux poètes est aussi le plus marqué de cette bigarrure ; c’est Ronsard, dont la renommée et la chute sont un si grand enseignement dans l’histoire des lettres françaises. […] L’harmonie consiste pour lui dans le son des lettres. […] Lettre à M.
Tandis que le beau livre de Renan, la Réforme intellectuelle et morale, si plein de pensées fortes, neuves, lumineuses, est à peu près inconnu des jeunes gens, et n’eut à son apparition qu’un tout petit succès d’estime dans le monde des lettres, l’œuvre de M. […] Taine l’a eue pour la première fois en écrivant son étude sur Racine, étude qui montre bien à quel point un professeur de lettres peut rester insensible à la poésie, à la beauté et savoir le français sans le comprendre. […] Une comédie de Sardou, une lettre de Mérimée nous donnent plus la vision de l’époque que ces neuf volumes de fatras. […] M. de Goncourt, qui ne fut durant son existence qu’un collectionneur, voulut être un homme de lettres après sa mort et fonda une académie. […] Bossuet n’a pas écrit currente calamo ses oraisons funèbres, ni Montesquieu ses Lettres persanes, ni Balzac ses romans, ni Mérimée ses contes.