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823. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

. — Les Femmes (1853). — Nouvelles Guêpes (1853-1855). — Une poignée de vérités (1853). — Proverbes (1853). — Soirées de Sainte-Adresse (1853). — Histoire d’un pion (1854). — Un homme fort en théorie (1854). — Dictionnaire du pêcheur (1855). — La Main du diable (1855). — La Pénélope normande (1855). — Les Animaux nuisibles (1856). — Histoires normandes (1856). — Lettres de mon jardin (1856). — Promenades hors de mon jardin (1856). — Rose et Jean (1857). — Encore les femmes (1858). — Menus propos (1859). — Roses noires et blanches (1859). — Sous les orangers (1859). — En fumant (1861). — Les Pleurs (1861) […] C’était aussi le temps où, ces jouets de l’âme, Tes romans s’effeuillaient sur des genoux de femme, Et laissaient à leurs sens, ivres du titre seul, L’indélébile odeur de la fleur du Tilleul !

824. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre troisième. »

Celui-ci ne prit ni femme, ni abbaye, ni emploi ; il se livra, à son talent pour la poésie, qui lui fit une grande réputation. […] Une femme d’esprit, lasse de voir dans nos livres des peintures satyriques de son sexe, appliqua aux hommes qui font les livres, la remarque du lion de cette fable. Elle avait raison ; mais les femmes ont mieux fait depuis : c’est de prendre leur revanche, de faire des livres, et de peindre les hommes à leur tour.

825. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Carle Vanloo » pp. 183-186

On sait bien que les contours sont doux dans les femmes, qu’on y discerne à peine les muscles, et que toutes leurs formes s’arrondissent ; mais elles ne sont pas rondes et sans inégalité. Un œil expérimenté reconnaîtra dans la femme du plus bel embonpoint les traces des muscles du corps de l’homme ; ces parties sont seulement plus coulantes dans la femme, et leurs limites plus fondues.

826. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Restout » pp. 187-190

Quel groupe que celui d’Esther et de ces femmes qui la secourent ! […] Dans le tableau de Restout une seule femme soutient Esther. […] Il s’agit bien de toucher de son sceptre une femme charmante, adorée et qui se meurt de douleur !

827. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Quelques détails de toilette assez gracieux et vivement rendus, et qui révèlent une main de femme dans un temps où l’on ne décrivait pas, ne sont point assez pour qu’on nomme hardiment madame de la Fayette, cette platonicienne sans le savoir, qui ne voit absolument rien dans le monde que l’expression chaste des sentiments. […] À ne juger donc que littérairement un ouvrage dont historiquement Barbier a très peu prouvé l’origine, nous n’acceptons pas, par respect pour la mémoire de madame de la Fayette, le cadeau qu’on veut faire aujourd’hui à une femme qui a trouvé dans un petit coin de son cœur un filon de génie, et qui peut se passer de tous les cadeaux avec la seule perle qu’elle porte à son front. […] Sans ce nom d’une femme qui est le plus charmant souvenir de nos esprits et dont on les couronne, ils ne soulèveraient pas, même l’espace d’un jour, le poids de leur obscurité.

828. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Ma femme est une joyeuse commère, ma maison ouverte à tout venant. […] En même temps Kalitine acheta une maison à O…, où il se fixa définitivement avec sa femme. […] Une femme passe et prononce quelques mots d’une voix glapissante. […] « Apporte le kwass », dit encore la même voix de femme. […] C’est à l’amour d’une femme que j’ai immolé mes meilleures années ; eh bien !

829. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Cette créature dangereuse s’est éprise de Lucien de Rubempré, ce beau Lucien auquel nulle femme ne résiste. […] Tous les poèmes reproduisent le même point de vue, la même femme apparaît toujours, le même homme remonte constamment en scène. La femme, dans ces poésies, est un être essentiellement fait pour le plaisir. […] Hormis cet homme égoïste, et cette femme au corps si beau, à l’âme si nulle, il n’y a personne dans ces poèmes. […] Cette femme à tout prendre n’est pas celle à qui nous pouvons désormais nous attacher ; elle a de la grâce, d’accord ; mais elle ne possède ni vertu, ni force.

830. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Sa première femme étant morte moins d’un an après son mariage, il en prit une autre qui mourut aussi. […] Les dames de Rennes ne voulurent pas accorder à la femme d’un simple membre des états l’honneur de la première visite, qui, suivant elles, n’était dû qu’à la femme du commandant et non point à sa fille : elles partirent toutes pour la campagne. […] Je crois même qu’une femme qui aime son mari est encore plus heureuse qu’un mari qui aime sa femme. […] Non, je ne demande plus que cette femme m’aime. […] Le grand amour, profond et sérieux, fut pour la femme qui inspira le Lac.

831. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Il lui faut accepter le pardon d’une femme, et l’oubli de l’autre. […]  » Qu’est-ce qui cause la moitié des souffrances des femmes ? […] La femme avisée ne s’obstine jamais à donner une explication. […]  » En général, les hommes ne prennent point en pitié les larmes des femmes, et quand c’est une femme de leur entourage qui pleure, ils se bornent à sortir, en fermant la porte avec fracas. […]  » Tout ce qui n’est pas flatterie paraît injustice à la femme.

832. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Il court, malgré sa résolution, dans les bras de sa femme ; il fléchit le genou devant sa mère. […] Celle de Macbeth devient complète, quand sa femme l’a décidé à l’assassinat. […] Fragilité, ton nom est femme. —  Un petit mois. […] » Cela ne tarit pas. « Ne sais-tu pas que je suis femme ? […] C’est le triomphe naïf et abandonné d’une femme du peuple.

833. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il amena sa femme à Dublin, et après deux ans de mariage, y mourut au mois d’avril de l’année 1667. […] Il est vrai qu’il avait alors en Irlande un autre amour, et qu’il pouvait désirer que les deux rivales continuassent de s’ignorer, mais lorsque cet obstacle eut disparu, lorsque cette autre femme elle-même eut succombé, abreuvée de jalousie, de honte et de douleur, pourquoi refusa-t-il d’avouer la suppliante Stella pour sa femme ? […] Les choses défendues ne semblent-elles pas plus douces ; la soie prohibée fait les délices des femmes, et le vin de contrebande celles des hommes. […] Celle-ci répondit à son infortunée rivale qu’elle était la femme de Swift, et elle envoya à ce dernier la lettre de Vanessa, en quittant Dublin. […] Elle approchait de sa fin et ne voulait pas mourir loin de lui ; elle espérait mourir publiquement sa femme.

834. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Horace et La Fontaine sont de charmants tableaux de cabinet par le dessin, la touche, la couleur, mais ce sont des tableaux licencieux en face desquels on ne doit conduire ni sa femme, ni sa sœur, ni son fils. […] Il s’attacha successivement et tour à tour à cette classe équivoque des femmes romaines qu’on appelait les courtisanes. Ces femmes n’avaient aucune analogie avec les victimes du libertinage qu’on appelle ainsi de nos jours. L’Inde, la Grèce et Rome leur reconnaissaient un rang social, inférieur aux femmes chastes légitimement mariées et mères de famille (matrones), mais supérieur aux femmes de débauche perdues dans la fange de la population des faubourgs. […] Huit esclaves, hommes, femmes ou enfants, suffisaient sous ses lois à la culture et à l’exploitation rurale de sa petite ferme.

835. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Tels sont encore, dans La Petite Dorrit, le vieux Flintwinch, qui promène si bizarrement son torticolis de pendu réchappé par l’atmosphère ténébreuse de la maison Clennam, ou cet aventurier presque de race, Rigaud, dont les mains blanches et sales sont étrangement soupçonnées d’avoir étranglé une femme dans un endroit écarté, près de Marseille. […] Micawber, à l’instigation de sa femme, prend la résolution de jeter le gant à la société, la sommant de lui donner une position digne de ses talents. […] Dickens était porté à reproduire tout l’existant ; il a commencé, d’abord comme tous ses congénères, par prendre ce qu’il est convenu que l’on dédaigne ; il s’en est tenu là, et dans toute son œuvre on aurait peine à trouver un grand homme ou une femme séduisante, ou simplement des gens bien élevés. […] Barnabé Rudge a le spectacle de l’effroyable assaut que donne la populace orangiste contre la prison centrale de Londres, la nuit, à la lueur des torches et des incendies, quand dans les ruisseaux bleus flambants d’eau-de-vie, des amas d’hommes et de femmes brûlent lentement en cuvant leur ivresse. […] Micawber, sa mère la femme geignarde, bavarde et sans tête qu’est Mme Nickleby, Charles Dickens fut élevé avec des frères et sœurs qui ne le valaient guère, d’abord à Chatam, au bord de la mer, puis dans une de ces désolantes petites maisons basses qui forment les faubourgs de Londres.

836. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

M. de Caumartin avait eu d’une première femme, Marie-Urbaine de Sainte-Marthe, un fils qui devint par la suite un magistrat et un administrateur distingué ; ce fut l’élève de Fléchier79. Ayants perdu sa première femme en 1654, M. de Caumartin, resté veuf pendant dix ans, épousa en 1664, en secondes noces, Mlle de Verthamon. […] Dans le chapitre intitulé : « Du commerce avec les femmes », l’artiste insiste sur l’utilité honnête à en tirer, tout en marquant les sages précautions. […] Mme de Caumartin la douairière, la jeune Mme de Caumartin étaient du voyage, ainsi que quelques-unes des femmes ou des mères des principaux magistrats. […] C’est ainsi qu’il dira, par le même jeu de mots que Racine : « Cependant il est certain que pendant qu’il (un mari) faisait brûler ce chaume, sa femme brûlait d’amour avec son galant. » Pour marquer la fécondité des femmes de Clermont, et le grand nombre d’enfants qu’ont la plupart d’entre elles, il dira que la petite vérole, qui est la contagion des enfants, « s’étant répandue, s’est enfin lassée dans la ville, et après en avoir emporté plus de mille, s’est retirée de dépit qu’elle a eu qu’il n’y parût pas ».

837. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

On a assassiné sur les chemins des femmes qui portaient du pain… M. le duc d’Orléans porta l’autre jour au conseil un morceau de pain, le mit devant la table du roi et dit : « Sire, voilà de quel pain se nourrissent aujourd’hui vos sujets… » — « Dans mon canton de Touraine, il y a déjà plus d’un an que les hommes mangent de l’herbe »  De toutes parts la misère se rapproche ; « on en parle à Versailles plus que jamais. […] C’est à ce point que les nègres de nos îles sont infiniment plus heureux ; car, en travaillant, ils sont nourris et habillés, avec leurs femmes et leurs enfants ; au lieu que nos paysans, les plus laborieux du royaume, ne peuvent, avec le travail le plus dur et le plus opiniâtre, avoir du pain pour eux et leur famille, et payer les subsides. » En 1740613, à Lille, à propos de la sortie des grains, le peuple se révolte. « Un intendant m’écrit que la misère augmente d’heure en heure ; le moindre risque pour la récolte fait cet effet depuis trois ans… La Flandre est surtout bien embarrassée ; on n’a pas de quoi attendre la récolte, qui ne sera que dans deux mois d’ici. […] Dans le Quercy et ailleurs, point de bas, ni de souliers, ni de sabots. « Impossible, dit Young, pour une imagination anglaise de se figurer les animaux qui nous servirent à Souillac, à l’hôtel du Chapeau Rouge ; des êtres appelés femmes par la courtoisie des habitants, en réalité des tas de fumier ambulants. […] Cette femme, son mari et son ménage sont un échantillon assez exact de la condition du petit cultivateur propriétaire. […] Les femmes n’ayant presque pas de lait, les enfants d’un an mangent de ce pain dont je vous ai parlé ; aussi une fille de quatre ans a le ventre gros comme une femme enceinte… Les seigles ont été gelés cette année, le jour de Pâques ; il y a peu de froment ; des douze métairies qu’a ma mère, il y en a peut-être dans quatre.

838. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Zemfira pense aux villes, les femmes y sont si bien parées ! […] « Console-toi, lui dit le père de Zemfira ; aimer, c’est pour toi souffrance et tristesse ; aimer, pour un cœur de femme, c’est un divertissement. […] Derrière viennent les maris, les frères, les filles et les femmes. […] Dans une grande soirée, il distingue une jeune femme remarquable par sa beauté et plus encore par son grand air. […] c’est ma femme… Mais comment as-tu déjà oublié ta voisine de campagne, Tatiana ?

839. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Ces deux romans m’avaient été signalés comme écrits par une jeune femme qui venait assez souvent dans un cabinet de lecture de la place de l’Odéon et qui vivait d’une vie originale, d’une vie de garçon et d’étudiant. […] Je vis en entrant une jeune femme aux beaux yeux, au beau front, aux cheveux noirs un peu courts, vêtue d’une sorte de robe de chambre sombre des plus simples. […] Ce préservatif contre un sentiment d’amour en présence d’une jeune femme qui excitait l’admiration fut précisément ce qui fit la solidité et le charme de notre amitié. […] Mme Sand y fut invitée, elle était la seule femme. […] C’est la loi commune, et la femme célèbre y est doublement sujette.

840. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

On n’a cessé, par exemple, de nous présenter au théâtre la conduite immorale des hommes envers les femmes, avec l’intention de se moquer des femmes trompées. La confiance que peuvent avoir les femmes dans les sentiments qu’elles inspirent, peut être, avec raison, l’objet de la raillerie ; mais le talent se montrerait plus fort, le sujet serait pris de plus haut, si c’était au trompeur que s’attachât le ridicule, si l’on savait le faire porter sur l’oppresseur, et non sur la victime. […] Les femmes de nos jours, soit en France, soit en Angleterre, ont excellé dans le genre des romans, parce que les femmes étudient avec soin, et caractérisent avec sagacité les mouvements de l’âme ; d’ailleurs on n’a consacré jusqu’à présent les romans qu’à peindre l’amour, et les femmes seules en connaissent toutes les nuances délicates. Parmi les romans français nouveaux, dont les femmes sont les auteurs, on doit citer Caliste, Claire d’Albe, Adèle de Sénanges, et en particulier les ouvrages de madame de Genlis ; le tableau des situations et l’observation des sentiments lui méritent une première place parmi les bons écrivains.

841. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Aucune femme n’a mieux tenu parole. » Marie-Anne est bonne, brave, fière et triste. […] Cette femme en deuil, immobile et vivant d’un souvenir, M. de Glouvet a su nous la faire voir. Il a su, dès sa première apparition, la fixer dans une attitude qu’on ne peut plus oublier : Une femme tenait la barre du gouvernail. Cette femme était vêtue de noir. […] Fleuse, silencieux, ramène le vieux Robine chez Buré : « Vous devez quatre mois ; faites-le souper. » Buré et sa femme geignent et réclament.

842. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Rousseau, qui commençait à devenir célèbre, le présenta un jour à Mme d’Épinay, aimable et spirituelle femme, très mal mariée, riche, et dont la jeunesse, dénuée de guide, s’essayait alors un peu à l’aventure : M.  […] Son nez, pour être un peu gros et légèrement tourné, n’en avait pas moins l’expression la plus marquante de finesse et de sagacité : Grimm, disait de lui une femme, a le nez tourné, mais c’est toujours du bon côté. Il est aisé, avec ces mêmes traits, on le sent, de faire de Grimm un homme très laid et une caricature ; ceux qui savent combien la physionomie dispense les hommes de beauté s’en tiendront, sur son compte, à l’impression d’une femme d’esprit et d’un ami délicat. Sur ces entrefaites, Mme d’Épinay eut une affaire de famille désagréable : sa probité fut mise hautement en doute par ses proches ; la pauvre femme, qui avait été chargée par une belle-sœur mourante de détruire des lettres compromettantes, était accusée d’avoir brûlé un papier d’affaires important ; ce papier se retrouva depuis. […] Voyant une femme vive et généreuse, pleine de sollicitude pour le bien-être de l’homme de talent infortuné, il l’avertit assez sévèrement de son imprudence.

843. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Ses femmes, ses merveilleuses femmes russes, mélange infiniment instable d’égoïsme, d’enthousiasme, de dissimulation, de frivolité, sont peintes ainsi, la froide Mme Odintsof de Pères et Enfants et surtout la comtesse Irène, l’héroïne de Fumée, qui faillit par un retour et un conflit de passions si profondément humaines briser à deux reprises la carrière de son amant. […] Ses femmes passent par toutes les dégradations variables de leur nature, et chacune, de la jeune fille à l’aïeule, possède quelque particularité originale et illogique, quelque trait réellement vivant, qu’aucune classification ne peut saisir, M.  […] Dans un salon de province, il défend brillamment toutes les belles idées générales qui rendent la vie séduisante ; le progrès, l’immortalité de l’âme, la noblesse de la femme. […] Sipiaguine, le fonctionnaire pseudo-libéral de Terres vierges, a parfois avec sa femme des sentiments honnêtes et bons. […] L’homme est faible, la femme est tenace, le hasard est tout-puissant ; se résigner à une vie décolorée est difficile, s’y résigner complètement est impossible…, et ici il y a beauté et sympathie, chaleur et lumière, comment s’y dérober ?

844. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Mme de Montglat, beauté brillante et gracieuse, aimait la musique et les vers ; elle en faisait même d’assez jolis et chantait mieux que femme de France de sa qualité ; elle parlait et écrivait avec une facilité surprenante et le plus naturellement du monde. […] On rencontre un nom de femme ou d’homme, vite un portrait. […] madame, il ne tient qu’à vous que je ne passe pour être le plus honnête homme de France. » — Le marquis de Sévigné de même, qui laissait sa charmante femme pour Ninon, était persuadé « qu’on ne peut être honnête homme sans être toujours amoureux. » Ce qu’on voyait pendant les hivers, ce n’étaient donc pas seulement les distractions bruyantes et faciles de toute jeunesse guerrière, c’était une rare émulation chez quelques-uns qui se piquaient d’honnêteté, et des gageures de cette sorte : « Le duc de Candale, qui était l’homme de la Cour le mieux fait, crut qu’il ne manquait rien à sa réputation que d’être aimé de la plus belle femme du royaume ; il résolut donc à l’armée, trois mois après la campagne, d’être amoureux d’elle (Mme d’Olonne) sitôt qu’il la verrait, et fit voir, par une grande passion qu’il eut ensuite pour elle, qu’elles ne sont pas toujours des coups du ciel et de la fortune. » On s’embarquait de parti pris avec quelqu’un, avec quelqu’une, pour se faire honneur dans le monde, pour faire parler de soi, et « parce que les femmes donnaient de l’estime aussi bien que les armes ». […] Sa femme lui sert furieusement dans la province ; sans elle la noblesse ne le visiterait guère : il se lève là à onze heures comme ici, et s’enferme quelquefois pour lire, n’aime point la chasse et n’a rien de populaire.

845. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Une femme ne peut plier les genoux, un homme ne peut déployer son bras, prendre son chapeau sur sa tête, et tirer un pied en arrière, que sur un écran. […] Que signifie à côté de ce portefaix étendu sur des ballots, cette femme qui conduit un lion par la crinière ? La femme et l’animal s’en vont du côté du portefaix endormi, et je suis sûr qu’un enfant s’écrierait : maman, cette femme va faire manger ce pauvre homme-là qui dort, par sa bête. Je ne sais si c’est son dessein ; mais cela arrivera si cet homme ne s’éveille, et que cette femme fasse un pas de plus. […] C’est que le corps de l’homme, sa poitrine, ses bras, ses épaules, c’est que les pieds, les mains, la gorge d’une femme sont plus beaux que toute la richesse des étoffes dont on les couvrirait.

846. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

. — Écrivant dans sa vieillesse un parallèle de Thémistocle et d’Aristide comme modèle pour perfectionner les Vies de Plutarque, il adresse ce petit écrit à Mme Dupin, femme du fermier général, l’une des quatre ou cinq jolies femmes de Paris qui s’étaient engouées de lui, et il lui dit dans sa lettre d’envoi : Voilà, madame, Aristide et Témistocle dont j’ai comancé la vie dans ce charmant séjour que vous habitez (à Chenonceaux) ; vous les trouverez écrites suivant ce nouveau plan que je vous propozai un jour sur les bords du Cher dans une de nos promenades filozofiques où vous trouviez tant de plézir… J’avoue que j’eus une grande joie de voir ainsi qu’à votre âge, et avec les charmes de la jeunesse, vous étiez capable d’estimer le sansé, lorsque tout ce qui vous anvironne n’estime que l’agréable présant, au lieu que l’utile ou le sansé ne regarde que l’agréable futur. […] Ainsi chassé d’une académie, ayant eu une autre académie tuée sous lui, l’abbé, toujours serein et impassible, continua d’écrire tous les matins ses idées, de les lire tous les soirs à qui voulait l’entendre (ne fût-ce qu’à une jolie femme), et d’échec en échec, il ne laissa pas de dire : « Patience ! […] Un jour qu’il venait d’entendre Mme de Talmont une femme du monde qui parlait bien et pensait peu : « Mon Dieu ! […] Rousseau, s’autorisant de l’exemple donné par ce singulier ecclésiastique, nous dit : « Un célèbre auteur de ce siècle, dont les livres sont pleins de grands projets et de petites vues, avait fait vœu, comme tous les prêtres de sa communion, de n’avoir point de femme en propre ; mais se trouvant plus scrupuleux que les autres sur l’adultère, on dit qu’il prit le parti d’avoir de jolies servantes, avec lesquelles il réparait de son mieux l’outrage qu’il avait fait à son espèce par ce téméraire engagement.

847. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

« Cultiver la vertu est la science des hommes, et renoncer à la science est la vertu des femmes. « Il faut écouter sa femme et ne pas la croire. […] « Les femmes les plus curieuses baissent volontiers les yeux pour être regardées. « La langue des femmes croît de tout ce qu’elles ôtent à leurs pieds. « Quand les hommes sont ensemble, ils s’écoutent, les filles et les femmes se regardent.

848. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

II Il y a déjà quelque temps que l’abbé Marcel Bouix a traduit, avec un talent éclatant de fidélité, les œuvres complètes de sainte Térèse, de cette femme qui eut deux génies, quand il n’en faut qu’un seul à un homme pour être immortel. […] Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi ; elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre ! […] La Térèse des Fondations est une des plus majestueuses femmes d’État qui se soient assises par terre ou sur un escabeau au lieu de s’asseoir sur un trône ! […] Ce n’était pas uniquement, comme ceux qui ne l’ont pas lue ont la bonté de le concéder, une femme supérieure par l’imagination, par la disposition poétique, exaltée par la Prière, et trouvant dans réchauffante macération de la Règle et du Cloître l’expression embrasée qui ressemble chez elle à un encensoir inextinguible, le cri qui épouvante presque les cœurs et qui fait croire que le Génie a des rugissements comme l’Amour. […] elle était encore la femme puissamment rassise dans la raison telle que les hommes conçoivent la raison quand l’Extase, qui enlève l’esprit au ciel et ce corps de boue volatilisé dans les airs, la lâchait et la mettait par terre.

849. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Il nous peint admirablement ce petit homme, grandi par le reflet de sa femme, ce conquérant ménager qui, du génie magnifique et généreux de la Féodalité, n’a gardé que la manière de lacer son casque et de se tenir sur la selle. […] Si un jour, et dans l’absence et sous les cris de paon des hidalgos révoltés contre le grand étranger auquel ils ne voulaient plus obéir, Isabelle fut sur le point de renier celui qui lui avait donné un monde, il faut rappeler qu’elle était femme et qu’elle aimait son époux. La foi et l’amour ne se dédoublent pas chez les femmes. […] Une femme jeune, noble et belle, se dévoua à sa destinée et l’épousa, quoiqu’il fût étranger et pauvre et qu’il eût sur le front des cheveux blancs. […] La femme, dit l’Orient, c’est la fortune !

850. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Une femme de Sichem vint puiser de l’eau. Jésus lui demanda à boire, ce qui excita chez cette femme un grand étonnement, les Juifs s’interdisant d’ordinaire tout commerce avec les Samaritains. Gagnée par l’entretien de Jésus, la femme reconnut en lui un prophète, et, s’attendant à des reproches sur son culte, elle prit les devants : « Seigneur, dit-elle, nos pères ont adoré sur cette montagne, tandis que vous autres, vous dites que c’est à Jérusalem qu’il faut adorer  Femme, crois-moi, lui répondit Jésus, l’heure est venue où l’on n’adorera plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem, mais où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité 674. » Le jour où il prononça cette parole, il fut vraiment fils de Dieu.

851. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Il résulte, je crois, de ce qui précède, qu’on peut regarder la révolution opérée dans la langue comme l’ouvrage de deux sociétés distinctes qui se partageaient la société générale des femmes honnêtes. […] Quatre objets, qui se représentaient sans cesse aux yeux ou à la pensée sous la monarchie ancienne, et surtout dans la littérature, avaient fait contracter ces habitudes de respect : les femmes, les prêtres, les grands, les rois. […] … L’adoration pour les femmes n’est plus assez exaltée, pour prêter à ce langage l’accent de vérité qu’il avait dans des temps de galanterie. […] La littérature anglaise n’a jamais présenté cette séparation des styles qui a été si rigoureusement observée en France, parce qu’elle n’a jamais connu comme les Français ce quadruple culte des prêtres, des grands, des rois et des femmes.

852. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Les écrivains qui accréditent cette erreur ne remarquent pas que si leur opinion était juste, la gloire de Molière, qu’ils croient rehausser, serait au contraire rabaissée : car, s’il était vrai qu’il eut fait la guerre à la marquise de Rambouillet, à sa fille Julie, aux Sévigné, aux La Fayette, aux La Suze, au lieu de la faire seulement aux Scudéry, on pourrait dire qu’il est sorti vaincu d’un côté, étant vainqueur de l’autre, un effet, s’il a purgé la langue et les mœurs des affectations hypocrites et ridicules des Peckes, d’un autre côté les femmes illustres, qui ont survécu à l’hôtel de Rambouillet et en avaient fait partie, ont banni du langage et des mœurs des grossièretés et des scandales qu’il protégeait, et y ont apporté des délicatesses et des larmes dont elles ont eu les premières le sentiment. La gloire de Molière et celle des femmes illustres du temps sont intéressées à ce que la postérité reconnaisse la différence de leur tâche, qui n’avait rien d’opposé, l’une étant de purger la société d’un ridicule, l’autre d’y introduire un mérite nouveau ; cette tâche, il faut leur savoir gré de l’avoir également bien remplie. […] Nous verrons la part immense que les femmes ont eue à cette formation de la langue.

853. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

La solitude lui paraît mauvaise ; il songe « que, dans ces jours d’épreuve, la femme a besoin de la protection de l’homme et l’homme du regard consolateur de la femme ». […] Elle a, suivant sa fantaisie de femme, changé, transposé, raccourci, retranché. […] On croit savoir cependant que cet auteur est une femme. […] Voici d’abord une lettre passionnée, écrite par la femme de l’accusé. […] relire ses chers poètes et n’être pas pour cela une femme perdue !

854. (1925) La fin de l’art

Les femmes de Rembrandt sont généralement de celles qu’on aime mieux voir en peinture que dans la réalité. […] Les femmes qui veulent à la fois paraître des beautés et des penseuses se méprennent sur leurs possibilités : il faut opter. […] L’antiquité, c’est les hommes d’un côté et les femmes de l’autre. […] Femme et poète, elle est aussi un écrivain. […] Il est un moment où toutes les femmes semblent pareilles.

855. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Et quand la rue monte et que les femmes s’étagent, ne voyez-vous pas, ami Aurélien, la lumière jongler avec des oranges et des pommes d’amour ?  […] La femme s’y trouve moins ménagée encore que l’artiste. […] « … Une maîtresse femme cette Catherine ! […] Bien qu’il ait vécu en solitaire à Paris et en mahométan à Constantinople, Gérard a aimé, — une seule femme, — et l’a aimée jusqu’au tombeau. […] Sur le banc placé devant nous, une vieille femme suivait avec une fiévreuse attention la pantomime expressive des marionnettes.

856. (1923) Nouvelles études et autres figures

Et cette femme fut nommée Pandore… » C’est un passage d’une radieuse poésie. […] Il lui faut avoir l’œil sur ses bœufs, sur ses domestiques, sur sa femme. […] On ne sait jamais avec les femmes. […] Il dépêcha sa femme pour ramener les fugitifs ou du moins Claire. […] Les deux femmes s’affrontèrent.

857. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rocha, Ida »

Charles Fuster Ce livre est un des plus pénétrants qu’une femme poète ait jamais écrits. Il sera désormais impossible de former l’anthologie des femmes poètes sans accorder à Mme Ida Rocha une belle place.

858. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

La poésie ne mourra pas tant qu’il y aura sur la terre un homme et une femme. […] Il est très tolérant ; ses femmes sidoniennes le rendent pieux envers Astarté, ses femmes ammonites lui font révérer Moloch, l’idole aux trois yeux, à tête de taureau. […] Il exclut la femme du sacerdoce. […] Voilà la puissance de la femme sur un saint. […] D’abord, les femmes.

859. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Il devait revenir plus tard à Paris avec sa femme et sa nièce, et je devais le connaître chez la comtesse de Marcellus, ma voisine et sa dernière amie. […] Les femmes sont belles, et pourraient se passer de l’être ; elles ont tout ce qui peut faire valoir la beauté, et même y suppléer. […] C’était une bonne pâte d’homme, le vrai père de sa fille, et que sa femme ne trompait pas, parce qu’il n’en était pas besoin. […] Les vieilles femmes de la cité d’Aoste se ressouviennent fort bien d’en avoir vu sortir, pendant les nuits sombres, une grande femme blanche, tenant une lampe à la main. […] Tout à coup je les vis s’arrêter : la jeune femme pencha la tête sur le sein de son époux, qui la serra dans ses bras avec transport.

860. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Il a une femme jeune, belle, ambitieuse aussi, lady Macbeth. […] Nul homme né d’une femme ne peut nuire à Macbeth. […] Comment se porte ma femme ? […] Ma femme tuée aussi ! […] Sa femme lady Macbeth expire de remords et de terreur.

861. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

La pauvre femme a ses raisons pour cela. […] Qui est cette femme étrange et dangereuse ? […] » Une femme superbe sort lentement du gouffre. […] Une paix profonde, une douceur inconnue inonde l’âme de la femme repentie. […] Il brandit la lance et fait signe au vieillard et à la femme de le suivre.

862. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Ma femme, qui est institutrice, en a un. […] Il épousa une jeune femme, pauvre comme lui. […] — habitait près de Lucerne, à Tribchen, avec celle qui allait devenir sa femme, dans une solitude paisible, favorable aux épanchements. […] Devant la multitude une femme s’enfuit, Frissonnante, éperdue, et courbant vers la terre Le front déshonoré de la femme adultère Que lapident déjà la menace et le bruit. […] Et mon cœur ne voit plus le rivage Où vit, en m’oubliant, une femme aux yeux bleus.

863. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

Et si l’on recherche dans le livre du poète la raison d’un si mauvais état de conscience, et sur la face de l’acteur, pourquoi il se convulse, élève sa moustache en découvrant la bouche, cligne des yeux terribles, montre les dents et prend un air de tigre pour chanter les papillons, on voit que cette raison est la femme. […] On était de meilleure humeur autrefois ; on n’exigeait point que les femmes, pour plaire, fussent « décomposées ». […] Maintenant, le madrigal est de dire un teint vert, et l’on veut voir sur les joues des femmes la poésie excitante de la Morgue et des filets de Saint-Cloud.

864. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre V. Suite des précédents. — Héloïse et Abeilard. »

La voix de cette femme mourante est douce et triste ; ce sont les derniers bruits du vent qui va quitter la forêt, les derniers murmures d’une mer qui déserte ses rivages. […] Femme d’Abeilard, elle vit, et elle vit pour Dieu. […] Héloïse, philosophant sur les faibles vertus de la religion ne parle ni comme la vérité, ni comme son siècle, ni comme la femme, ni comme l’amour : on ne voit que le poète, et, ce qui est pis encore, l’âge des sophistes et de la déclamation.

865. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Des femmes sont assises par terre ou couchées sur des gradins bas. […] Ces femmes sont des prostituées. […] Le commerce des femmes plaisait fort à Becque, je le veux bien. […] Les femmes mentent plus naturellement que les hommes. […] L’un vante sa mère, l’autre sa sœur, l’autre sa femme.

866. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Je ne connais rien qui doive être plus doux que de se promener à cette heure-là avec une femme aimée. » Pauvre Farcy ! […] C’est qu’en effet il ne lui a manqué d’abord qu’une femme aimée, pour entrer en pleine possession de la vie et pour s’apprivoiser parmi les hommes. […] Mais, soit qu’il s’exprimât trop obscurément, soit que la préoccupation de cette femme distinguée fût ailleurs, elle ne crut jamais recevoir dans Farcy un amant malheureux. […] qui se dévouera, madame, lui répondit-il, si nous, qui n’avons ni femme ni enfants, nous ne bougeons pas ?  […] Ils ressemblent à ces femmes bien élevées et sans richesses, qui ne peuvent souffrir un époux vulgaire, et à qui une union mieux assortie est interdite par la fortune.

867. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Il y a de ces trois natures dans la sienne : une femme, un poète, un orateur à la langue d’or, au cœur de citoyen. […] Non, cela n’est pas possible, parce que cela n’est pas naturel ; le beau n’est pas seulement dans les choses mortes, il est aussi dans les choses vivantes, dans les femmes surtout, ce résumé palpitant de toutes les idéalités froides qui se révèlent et qui sourit comme la poésie sourit au poète. Le feu du volcan universel est un cœur de femme. […] On murmure à voix basse que la beauté, le talent, la célébrité d’une femme d’exception, qui cache son nom comme il convient aux femmes de porter un voile dans la foule, ou aux Clorindes de revêtir une armure d’homme en combattant ; on murmure, disons-nous, que l’attrait d’esprit, le nom voilé, les éclats de célébrité de cette personne, ont fasciné d’un éblouissement désintéressé les yeux et l’âme de ce Platon de la solitude ; que, semblable à ces chevaliers dont la race et le sang coulent dans ses veines, il a senti le besoin de porter dans le cloître ou dans les combats une dame de ses pensées, et qu’il lui a voué ce qu’on appelle un culte, un servage, une foi chevaleresque, épurée de tout, hors de la joie de se dévouer ! […] Ce servage volontaire et avoué d’une âme enthousiaste à la femme suzeraine ne fut-il pas, dans le moyen âge de l’Italie, de l’Espagne et de la France, un des caractères de la chevalerie des sentiments ?

868. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

. — Ce chevalier français, nous dit-il, était lieutenant-colonel d’un régiment de cavalerie émigré licencié, et vivait habituellement avec sa femme dans un modeste village des environs de Liége. […] Il ne quittait guère sa femme qu’il paraissait aimer tendrement ; il habitait à une certaine distance, sur le penchant des montagnes de Vévey, un chalet au-dessus du lac Léman. Il recherchait surtout à Lauzanne la conversation de quelques hommes et de quelques femmes de lettres distingués, jetés là par la Révolution française ; il leur communiquait des fragments d’un livre mystérieux dont il s’occupait dans sa retraite. […] Béatrix d’Aragon, Agnès de Bragelongue, Émélie de Montendre, Hélène de Grammont furent les femmes célèbres de cette période. […] De tels vers ne peuvent avoir été écrits que par une femme sublime, une amante, une épouse, une mère, une veuve, une aïeule, un poëte, une amie des plus grands hommes et des premières femmes de son temps ; la naïveté a des caractères qu’aucun artifice ne peut imiter.

869. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Comme un fruit de douleurs qui pèse aux flancs de femme Impatient de naître et pleurant d’être né ? […] Vois comme cet oiseau dont le nid est la tuile Nous suit pour emporter à son frileux asile Nos cheveux blancs pareils à la toison que file La vieille femme assise au seuil de sa maison ! […] Premier rayon du ciel vu dans des yeux de femmes, Premier foyer d’une âme où s’allument nos âmes, Premiers bruits de baisers au cœur retentissants ! […] car je crois que vous êtes le plus vieux de la vallée. » — « J’ai quatre-vingts ans », me répondit le vieillard. « Ma femme, la Madeleine, est morte il y a sept ans ; elle était bien plus jeune que moi. […] Je ne sais pas ce qu’il ordonnera de nous ; mais souvenez-vous toujours de mon père, de ma mère, de mes sœurs, de ma femme et de moi ; et quand vous direz vos prières sur votre chapelet, réservez toujours sept ou huit grains en mémoire d’eux. » Je serrai de nouveau la main du coquetier, et je continuai mon chemin.

870. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 328

L’Honnête Femme & la Femme Héroïque lui firent une grande réputation dans leur nouveauté.

871. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Claretie : « Les femmes ont voulu l’égalité, on la leur a donnée ; on ne cède à une femme ni son tour d’ascenseur, ni sa place dans le métropolitain ; l’égoïsme des hommes capitulait devant la femme, maintenant il la bouscule… », etc. […] Et la femme en a quelque fierté. […] Pourquoi la femme ne donne-t-elle plus le bras dans la rue ? […] Aux femmes ? […] Mais toutes les femmes de haut parage lisaient au seizième siècle.

872. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Cette seconde image d’une des plus hautes personnifications de l’esprit humain sous la forme d’une femme m’inspira un second respect pour la fécondité de mon siècle. […] Je m’y tenais dans l’ombre et dans le silence, mais madame de Raigecourt ne manquait pas une occasion de m’y faire apercevoir et d’inspirer aux hommes ou aux femmes célèbres de la société le désir de me connaître. […] Une femme d’un âge indécis, d’un costume brun, d’une figure pétrie par les soucis du veuvage et les tendresses maternelles, était occupée à surveiller deux ou trois de ses fils encore enfants. […] C’était Victor Hugo et Charles Nodier, suivis de leurs charmantes jeunes femmes et de beaux enfants. […] regardez nos femmes, nos filles, nos enfants qui sont là avec nous !

873. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

femme ou fée ? […] — Ma femme. — Ce n’est pas ta femme, c’est la mienne ! […] ma femme ! […] « Je n’en ai pas. » Ta femme comment va-t-elle ? […] » Non, un porc, un Arlésien m’aura volé ma femme et tué mes enfants !

874. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bazan, Noël (18..-19..) »

. — Le Livre d’une femme (1891). — La Messe bleue (1899). […] Noël Bazan dit avoir reçu le manuscrit d’amour d’une femme, qui aima deux ans avec tout l’emportement de son cœur.

875. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Ses deux femmes le poursuivent en justice. […] C’est une femme ici qui parle, et une femme qui donne le ton à la meilleure société de son temps. […] Elle dit ailleurs, au ressouvenir de ses succès de jolie femme : « Je me jouais de toutes les façons de plaire ; je savais être plusieurs femmes en une. […] La coquetterie des femmes fait les hommes à bonnes fortunes. […] A-t-il enlevé femme ou fille ?

876. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

Ce n’est plus seulement une femme que je désire, une femme belle et jeune, comme toutes celles que j’ai précédemment désirées. […] Ce que je veux, c’est une femme toute jeune et toute naissante à la beauté ; je consulte mon rêve, je le presse, je le force à s’expliquer et à se définir : cette femme dont le fantôme agite l’approche de mon dernier printemps, est une toute jeune fille.

877. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

La politique était chez eux une branche de la morale ; ils méditaient sur l’homme en société ; ils ne le jugeaient presque jamais que dans ses rapports avec ses concitoyens ; et comme les états libres étaient composés en général d’une population fort peu nombreuse, que les femmes n’étaient de rien dans la vie19, toute l’existence de l’homme consistait dans les relations sociales : c’était au perfectionnement de cette existence politique que les études des philosophes s’attachaient exclusivement. Platon, dans sa République, propose comme un moyen d’accroître le bonheur de la race humaine, la destruction de l’amour conjugal et paternel, par la communauté des femmes et des enfants. […] On ne trouve pas un seul portrait de femme dans les caractères de Théophraste ; leur nom n’y est jamais prononcé comme celui d’un être faisant partie des intérêts de la société. […] Est-ce la destinée d’une courtisane qui peut prouver le rang que les lois et les mœurs accordent aux femmes dans un pays ?

878. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Certes ce n’est pas en France ; jamais on n’y a vu une jeune fille bien née, bien élevée, à moitié nue, un genou sur le lit, sollicitée par son époux en présence de ses femmes qui la tiraillent. Une innocente prolonge sans fin sa toilette de nuit ; elle tremble, elle s’arrache avec peine des bras de son père et de sa mère, elle a les yeux baissés, elle n’ose les lever sur ses femmes, elle verse une larme. Quand elle sort de sa toilette pour passer vers le lit nuptial, ses genoux se dérobent sous elle ; ses femmes sont retirées, elle est seule, lorsqu’elle est abandonnée aux désirs, à l’impatience de son jeune époux. […] En effet, quel est celui d’entre nous qui, possesseur d’un chef-d’œuvre de peinture ou de sculpture capable d’inspirer la débauche, ne commence pas à en dérober la vue à sa femme, à sa fille, à son fils ?

879. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

L’auteur a cru sans doute qu’une personne aussi honnête et aussi bien née que Julie, ne devait employer aucune sorte de déguisement ; il n’a pas songé que le lecteur ne pouvait jamais se mettre assez parfaitement à la place de l’amant, pour ne pas blâmer un ton si libre ; c’est peut-être celui du véritable amour ; mais ce ton paraît affaiblir l’amour même dans la bouche d’une femme, dont il faut que l’expression, pour être tendre et vive, ait toujours l’empreinte de la modestie. […] Rousseau, se remarque surtout dans ce qu’il dit des femmes ; on sent qu’il les a aimées et les aime encore à la fureur, et les détails de convoitise sont, à mon gré, ceux où il réussit le mieux. […] Rousseau prend aux femmes, paraît surtout dans son quatrième volume : comme il est beaucoup plus attaché à cette moitié du genre humain qu’à l’autre, il s’est aussi beaucoup plus utilement occupé du soin de son éducation ; presque tout ce qu’il dit à ce sujet est vrai, bien pensé, et surtout praticable. Il oublie pourtant quelquefois l’extrême respect qu’il porte au sexe, à qui il dit impitoyablement les plus grossières injures : mais ces injures ne gâteront pas sa cause auprès des femmes ; et comme je l’ai déjà dit ailleurs, beaucoup de péchés lui seront remis parce qu’il a beaucoup aimé.

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