mais dans un ton aigre et écourté, ces beaux vers si largement phrasés et qui chantent dans toutes les mémoires : Une mélancolique et piteuse chanson Respirant la douleur, l’amour et la tristesse.
La richesse embauma mon berceau de ses fleurs, Et plus tard, quand j’entrai dans les jeux de la vie, Mon étoile toujours, et selon mon envie, Monta comme un soleil, — et jamais les douleurs N’obscurcirent les jours de ma jeunesse verte.
car elle nous fait volupté et douleur ; autant de bien que de mal en même temps.
De là tant de faveurs accordées aux femmes par les lois impériales pour compenser les dangers et les douleurs de l’enfantement.
Il fuit toute compagnie, il s’absorbe dans sa douleur. […] Sa douleur s’attendrit, son intelligence se ranime. […] Elle cherche dans les douleurs semblables à la sienne un écho sympathique. […] Ils se sentent pleins d’un grand désir de confesser leur douleur. […] Hélas serve Italie, asile de douleur, Nef sans nocher dans la grande tempête.
douleur ! […] Même la douleur est bonne, car elle est encore une puissance d’être et se confond avec cette joie sacrée, latente, intuitive qui bande perpétuellement notre énergie du fond de notre âme. Griffin parle quelque part de la douleur « éternelle et suave ». […] Chez le philosophe l’idée est un concept ; chez le poète elle devient amour ou haine, joie ou douleur, affection, désir. […] Quatre livres : celui de la Douleur, de l’Amour, du Vertige, de la Folie renferment l’âme dolente ou épanouie du pauvre pécheur.
Simple et de bonne foi dans sa mort comme il l’avait été dans sa vie, il n’affectait pas cette stoïcité théâtrale ni ces félicités anticipées des hommes qui se prétendent au-dessus de la nature et de la douleur. […] « Les parents, les amis et les disciples de Koung-tsée ne furent pas seuls à donner des marques publiques de consternation et de deuil ; tout ce qu’il y avait de personnes instruites se fit un devoir de témoigner sa douleur, et le roi Ngai-Koung lui-même, qui l’avait négligé lorsqu’il vivait, sentit, au moment qu’on lui annonça sa mort, tout le prix de la perte qu’il avait faite. […] Mon cœur flétri se glace et saigne de douleur à chaque fin d’automne, lorsque vient le moment de décider du sort des criminels.
« La duchesse est revenue d’Albano abîmée, désolée de la douleur de son cher cardinal. […] Elle fit arrêter sa voiture, en descendit, et pleura un moment en silence sur le sein de son amie ; puis, par une de ces inconséquences de la douleur qui traversent quelquefois les cœurs brisés, mais qu’il faut respecter comme des révélations du désespoir, elle témoigna à madame Récamier la passion qu’elle ressentait de revoir une dernière fois le visage encore visible de l’ami de sa vie, avant que le marbre de son monument recouvrît pour jamais sa face. […] Il mourut sans douleur, dans une félicité vague comme son âme, moitié dans une philosophie rêveuse, moitié dans un christianisme élastique qui recueillait ses dernières comme ses premières aspirations.
Sa mère, Helvia, femme supérieure par le courage et la vertu, comme toutes les mères où se moulent les grands hommes, l’enfanta sans douleurs. […] La mort lui ayant enlevé bientôt après sa fille Tullia, délices et orgueil de son cœur, il en conçut une telle douleur qu’il s’offensa de ce que cette douleur n’était pas assez partagée par sa nouvelle épouse, jalouse, sans doute, de n’être pas le seul objet de ses tendresses, et qu’il s’éloigna d’elle et se renferma dans la solitude avec ses larmes et son génie.
Quand il a pris sa croissance, le cerf l’expose au soleil afin de le mûrir et de le sécher, et, lorsqu’il ne ressent plus de douleur en frottant son bois contre les arbres, il quitte les lieux où il s’était retiré ; il est rassuré, parce qu’il a des armes pour se défendre. […] Ils sont à sacrifier sans hésitation, si ce n’est sans douleur, à des biens qu’ils ne valent pas. […] Plus coupable que Criton, ce n’est pas sous le coup de la douleur qu’il commet cette confusion déplorable ; c’est dans un de ses ouvrages les plus élaborés et les plus approfondis, le Traité de l’âme.
mais il est si fier, à bon droit, de sa force morale, que je n’osais même le consoler, et la douleur du vieillard fait autant souffrir que celle d’une femme ! […] « “Le temps que durait jadis l’inspiration produite par le café diminue ; il ne donne plus maintenant que quinze jours d’excitation à mon cerveau, excitation fatale, car elle me cause d’horribles douleurs d’estomac. […] C’est ce que j’ai lu de plus éloquent dans l’expression de la douleur. » XX C’est vers ce temps qu’il imagina de prendre son rang, la gloire et la fortune d’assaut par un coup de main.
Wagner donne comme exemple ces deux phrases : « l’amour enfante la joie, et la douleur » et « l’amour donne le bonheur et la vie ». Dans le premier cas il modulerait dans un autre ton entre les mots joie et douleur ; dans le second, la phrase entière resterait dans le même ton. […] Elle s’adresse à Parsifal et l’engage à oublier sa douleur pour se livrer à l’ivresse de l’amour.
Toutes mes passions futures encore en pressentiments, toutes mes facultés de comprendre, de sentir et d’aimer encore en germe, toutes les voluptés et toutes les douleurs de ma vie encore en songe, s’étaient, pour ainsi dire, concentrées, recueillies et condensées dans cette passion de Dieu, comme pour offrir au Créateur de mon être, au printemps de mes jours, les prémices, les flammes et les parfums d’une existence que rien n’avait encore profanée, éteinte ou évaporée avant lui. […] L’oiseau qui a perdu ses petits chante encore ; c’est encore l’air du temps du bonheur qu’il redit, car il n’en sait qu’un ; mais, par un coup de son art, le musicien n’a fait que changer la clef, et la cantate du plaisir est devenue la complainte de la douleur. […] Or le chant des oiseaux, par exemple, est tellement commandé pour notre oreille, qu’on a beau persécuter l’hôte des bois, ravir leurs nids, les poursuivre, les blesser avec des armes ou dans des pièges, on peut les remplir de douleur, mais on ne peut les forcer au silence.
« Pour charmer ses chagrins, loin des regards profanes, « A ce lugubre asile elle invitait ses mânes, « L’appelait auprès d’elle ; et chers à ses douleurs, « Deux autels partageaient le tribut de ses pleurs. […] Vertueuse et sublime réponse où respire l’éternelle douleur de son veuvage, et qui ne laisse plus douter que la victime des liens de Pyrrhus ne soit, dans le fond de son âme, restée la fidèle épouse du seul Hector. […] Il faut, en un mot, qu’un poème épique ressemble à la vie qui est pleine d’incidents et de sensations, par lesquels nous passons continuellement du plaisir à la douleur, et de l’agitation au repos. […] Quelles oppositions que celles de la douleur empreinte à la fois sur les figures de l’amour, de l’amitié, du zèle, et de la maternité ! […] La diction sera donc sublime dans les mouvements de l’orgueil, tempérée dans les sentiments paisibles et doux, humble dans la douleur.
Indifférent aux douleurs et aux carnages, il raconte tout avec une tranquillité qui choque à la première lecture. […] La brièveté des rêves, le néant du cœur, les arra chements de la passion, la rupture des tendresses, voilà les douleurs dont se compose son œuvre. […] Si ce premier amour est une trahison, nos dispositions pessimistes s’aggraveront de toute l’amertume subie, de toutes les douleurs souffertes, de toute la surprise qui nous a désenchantés. […] Il ne songea pas à la douleur qu’il lui causait ; il la punit malgré lui de ne lui avoir pas donné le bonheur qu’il attendait. […] Quand on songe aux trésors d’affection que cet homme a gaspillés, on est tenté de le mépriser pour sa petitesse, s’il ne méritait d’être plaint pour ses majestueuses douleurs.
Il n’est de grandes joies ni de grandes douleurs que les douleurs et les joies publiques. » Et j’allais dire, évidemment ! […] D’abord, elle contient de la douleur et, par-là, mérite la sympathie. […] Tant d’éloges, toute sa conduite les a démentis, jusqu’à ce jour, si proche de sa mort, où la douleur la mène à être moins distraite. […] … » Il y a là un accident de douleur, et d’orgueil douloureux, qui trouble et qui émeut, n’est-ce pas ? […] Esclavage et douleur : si la somme de la douleur qu’il y a dans le monde diminue par le bienfait des machines, les poètes ont tort de se lamenter ; les ouvriers ont tort de ne pas aimer les machines.
« En arrivant, j’ai trouvé, comme vous me l’aviez dit, une lettre de vous datée du 9, mon cher Delaroche ; quoique vous ayant vu depuis, j’y réponds par la raison toute simple qu’elle traite des questions graves qu’il m’importe à mon tour de traiter de vous à moi ; car je veux et je dois vous ouvrir mon cœur tout entier, au risque de vous déplaire sous certains rapports, et peut-être de voir nos relations se refroidir de nouveau ; mais il est des circonstances où ce serait un crime de se taire, puisqu’il y va de votre bonheur à venir et de vous préserver du plus affreux de tous les malheurs, de cette douleur sans compensation de rester seul sur la terre ! […] J’espère que ce témoignage de mon estime adoucira les douleurs que vous éprouvez, et je fais des vœux sincères pour votre prompt rétablissement.
Quant à la nation, de même et par un mouvement de sympathie généreuse, il se sentait redevenir Français à mesure que la France était plus malheureuse et plus écrasée ; il aimait à se confondre avec nous dans une même douleur unanime : « J’ai toujours la même aversion, disait-il (mai 1814), pour la toute-puissance partout où elle se trouve, parce qu’en effet je la vois partout également immodérée dans son ambition et son orgueil… Je crains pour les plus forts l’ivresse du pouvoir à laquelle si peu de têtes résistent ; je la crains encore après la modération, vraiment digne des plus grands éloges, du premier moment. […] Sa maison, grâce en partie à son aimable compagne, était l’une des plus agréables dans cette cité républicaine si bien policée, dont il eut la douleur, avant de mourir, de voir renverser tout l’édifice, et dont la chute hâta sa fin.
J’avais noté aussi sa plainte sur l’infirmité du cœur humain trop tôt consolé, qui manque de sources inépuisables de douleur pour certaines pertes, et je la rapprochais d’une plainte pareille dans Atala. […] Au tome second des Œuvres choisies de La Monnoye (page 296), on lit un récit détaillé de cette mort de Santeul par La Monnoye ; témoin presque oculaire ; rien n’y vient ouvertement à l’appui du dire de Saint-Simon : Santeul s’était levé le 4 août, encore gai et bien portant ; il ne fut pris de ses atroces douleurs d’entrailles que sur les onze heures du matin ; il expira dans la nuit, vers une heure et demie.
Était-ce la peine d’aller surprendre les faiblesses, les douleurs, les confidences de leur intérieur pour les étaler ensuite en style qui appelait le sourire devant leurs ennemis ? […] Il faut bien, ajoutai-je lentement, que l’affliction soit de quelque profit aux hommes, puisque Dieu si bon a pu se résoudre à les affliger. » XV Ainsi finit le livre par une réflexion morose sur la vie, et par une réflexion juste et consolante, pleine de confiance en Dieu qui a fait ou permis la douleur.
Il n’y a que lui qui ait ces joies, ces douleurs, ces désirs, ces dégoûts. […] Pour amuser sa douleur, il se plut à s’en exagérer les causes : son orgueil ne voulait pas avoir de communes misères.
Tant que nous profitons de la douleur et de la mort des autres, c’est-à-dire tant que nous vivons, il nous faut accepter, si nous voulons être sincères, la responsabilité de cette douleur et de cette mort.
Ma tristesse était redoublée par la douleur que j’avais été obligé de causer à ma mère. […] La douleur abaisse, humilie, porte à blasphémer.
Quand elle disparaît, il s’élance après elle, et, ne la retrouvant plus, devient fou de colère et de douleur. […] Dans l’exaltation de sa douleur, poussée par les conseils d’un prêtre-eunuque et aussi par un mystérieux instinct qui la trouble, Salammbô va trouver Mâtho sous sa tente, comme Judith a visité Holopherne, et lui reprend, on devine à quel prix, le zaïmph étincelant.
un écrivain justement célèbre, qui serait mort de douleur s’il avait connu ses disciples, un philosophe aussi parfait de sentiment que faible de vues, n’a-t-il pas, dans ses pages éloquentes, riches en détails accessoires, pauvres au fond, confondu lui-même les principes de l’art social avec les commencements de la société humaine ? […] Il y a dans cette douleur et cette expression de mépris de Sieyès un excès maladif, et le Lycurgue, qui s’est brisé contre l’expérience humaine, a tourné au misanthrope.
Quand au plaisir succède la douleur, l’image du plaisir, sa résonance affaiblie, qui en est l’image mnémonique, ne subsiste-t-elle pas jusque dans l’état de souffrance ? […] Voilà pourquoi leur différence réelle est en même temps une différence sentie, que je pourrai ensuite dégager et abstraire ; voilà pourquoi aussi je puis me souvenir du plaisir au sein de la douleur.
Pourquoi dans les maux de l’âme, dans la douleur, dans la passion, n’aurions-nous pas recours au médecin ? […] La doctrine de la chute n’explique rien de ce qu’il s’agit d’expliquer ; par exemple, elle n’explique pas une grande partie du mal qui couvre la terre, la douleur chez les animaux, leur appliquera-t-on la doctrine du péché originel, et, pour rappeler le mot de Malebranche, « ont-ils donc mangé du foin défendu ?
Par un privilège de la jeunesse, la douleur est ce qui compte le plus dans toute vie humaine, et ce qui s’imagine le moins bien, quand on n’a pas souffert. […] « Ni gesticulations, ni cris, ni horreurs, ni trop de larmes… Le Christ est une des plus élégantes figures que Rubens ait imaginées pour peindre un Dieu… Vous n’avez pas oublié l’effet de ce grand corps un peu déhanché, dont la petite tête, maigre et fine, est tombée de côté, si livide et si parfaitement limpide en sa pâleur, ni crispé, ni grimaçant, d’où toute douleur a disparu, et qui descend avec tant de béatitude, pour s’y reposer un moment, dans les étranges beautés de la mort des justes.
Tout est dit alors ; on l’abandonne à ses propres forces, on la laisse se débattre avec la douleur.
et ce n’est qu’une bière Peinture délicate et originale de la douleur d’une mère dont l’espoir est trompé !
Elle est poltronne devant la douleur, poltronne contre l’opinion ; poltronne contre le ridicule, ce fantôme qui s’évanouit quand on marche dessus !
J’avais résolu de ne pas traiter un sujet qui ne peut rapporter que de la douleur à qui le traite et sur lequel les opinions combattent et l’esprit de parti se déchire.
Sans la maladie, sans la douleur qui lui a donné le peu de fil et de mordant qu’on trouve dans ses œuvres, il aurait été, comme tous les humanitaires de son temps, un badaud, un optimiste, un philanthrope, un niais d’esprit, et sans la mort prématurée qui le fait vivre, il serait mort, sur pied, de son vivant !
Nous avons noté plus haut l’erreur de l’Imagination populaire, dupe, par sympathie pour des douleurs qu’il serait plus brave de mépriser, et cette erreur, nous l’avons excusée en la comprenant.
Sans la maladie, sans la douleur qui lui a donné le peu de fil et de mordant qu’on trouve dans ses œuvres, il aurait été, comme tous les humanitaires de son temps, un badaud, un optimiste, un philanthrope, un niais d’esprit, et sans la mort prématurée qui le fait vivre, il serait mort, sur pied, de son vivant !
Nous avons noté plus haut l’erreur de l’Imagination populaire, dupe, par sympathie pour des douleurs qu’il serait plus brave de mépriser, et cette erreur, nous l’avons excusée en la comprenant.
Tessier avec infiniment de justesse, Cabanis, qui avait contre l’Église et les idées religieuses les haines perverses de son époque, voulait, dans la civilisation de l’avenir, remplacer les prêtres, dont le rôle était fini (pensait-il), par les vingt mille médecins qui allaient toucher en haut et en bas à toutes les réclamations de la société moderne et la gouverner en la retournant sur son lit de douleur.
Quand il s’arrêtait aux Églises, il s’y reposait de ses longs chemins sur les genoux devant le sanctuaire, les bras en croix, insensible à tout, aux plus affreuses fatigues, à la douleur, à la faim, imperméable à la création tout entière, lui qui n’était plus qu’une âme et qu’on eût pu appeler, dans nos langages de la terre : le cataleptique de l’amour de Dieu !
Païen jusque dans les souffrances, au lieu de voir l’expiation dans la douleur, il y voit l’esthétique.
Comparez Charles Demailly, le nerveux et pâle héros du roman, qui épouse une actrice après un amour à la fenêtre et pour faire des poses de tableautin dans sa chambre à coucher, et puis qui, s’apercevant après son mariage qu’une actrice n’est jamais une femme, mais des bouts de rôle cousus à des grimaces, devient fou de la découverte ; comparez-le à l’ambitieux et superbe Lucien de Rubempré, qui fait presque sauter les carreaux de la Conciergerie en s’y pendant, confessé par Vautrin, le faux prêtre, qui se convertit du vol à l’espionnage sous le coup de la plus monstrueuse des douleurs.
Positivement, le lecteur assiste à l’opération du chirurgien ; positivement il entend crier l’acier de l’instrument et sent les douleurs.
Nos soldats ont eu dans le sacrifice et dans la douleur une attitude mentale propre, selon qu’ils étaient animés par telle ou telle croyance, mais chez tous, en dépit de cette coloration que leur donnaient des doctrines contraires, les traits étaient pareils, au point qu’on eût pu les superposer : c’étaient les traits éternels de la France.
Quand la consternation et la douleur sont dans une assemblée, il est aisé alors d’être éloquent.
Lorsqu’il n’y avait plus de peuple héroïque, il se forma encore par la réflexion et la science des âmes invincibles à la douleur et au plaisir.
Quand il s’aperçoit de sa méprise, quand il entrevoit l’abîme creusé sous ses pas, il y a dans l’épanchement de sa douleur quelque chose de naïf et d’attendrissant. […] Les luttes de l’intelligence humaine sont pour lui des douleurs sans enseignement. […] S’il ne mesure pas la douleur aux forces de sa créature, il ne mérite pas mes prières, et je le maudis. — J’avais rêvé la gloire, et voici qu’elle m’échappe. […] Affilié à la secte la plus pure de la république universelle, à la secte des quakers, le docteur est indulgent aux douleurs qu’il ne partage pas. […] Le poète confierait sa douleur, la mère chaste et pieuse le consolerait sans remords.
Maintenant il apparaît borné, incertain de lui-même, et, comme si les douleurs de la vie ne suffisaient point, on y ajoute, non pas les tourments du souvenir qui persiste, mais les angoisses du souvenir qui s’éteint. […] Car nous l’avons associée à nos propres douleurs, nous ne lui demandons que de souffrir avec nous et de bercer nos cœurs meurtris aux échos de sa propre souffrance. […] S’il s’en détourne un instant, c’est pour être pris de la grande douleur que cause l’inachevé à ceux qui ont soif de repos et de perfection. […] À peine s’il introduit quelques variations à l’éternelle cantilène de nos courtes joies et de nos plus longues douleurs. […] Vous vous révoltez à la pensée des douleurs et des laideurs que révèle le cours de la vie.
C’est cependant un des meilleurs tableaux de Mlle Villany, avec celui de l’expression de la douleur, qui a été son grand succès. Elle l’explique ainsi sur le programme : « La douleur physique, représentée par le changement des lignes du corps, comme expression artistique. » Et c’est bien cela. […] Tout est pur dans cette danse, d’ailleurs qu’elle mime la douleur, qu’elle mime la joie. […] J’en suis mauvais juge, rien de ce qui est dans la nature ne pouvant me choquer, mais je pense qu’il n’y a pas de quoi distraire d’une douleur vraie, ni de quoi allumer les curiosités. […] Ils sont un peu de la race des martyrs, qui ne consentaient pas à avouer leur douleur.
« Elle resta haute, immobile jusqu’au bout, souriant avec mépris à la douleur et à l’injure, comme une prêtresse esclave, que ne peut traîner à lui le vainqueur. […] Une nuit, sous les cimes neigeuses de Kidar-Kanta, dans une forêt élevée à dix mille pieds au-dessus du niveau de la mer, il est saisi de douleurs d’entrailles si atroces qu’il en a le délire. […] Quand il mourut, la douleur de ces malheureux éclata par des témoignages d’une telle violence qu’elle ressemblait à de la fureur. […] » Quelques semaines s’écoulèrent, et toutes ces espérances étaient détruites, Victor Jacquemont, épuisé par trente jours de maladie, condamné par ses médecins et par lui-même, étendu sur ce lit de douleur qu’il ne devait plus quitter, adressait à son frère des adieux touchants et suprêmes. […] Le 7 décembre, il fut saisi de douleurs violentes qui annoncèrent sa fin.
« Le héros, énergique affirmation de la Volonté de vivre, dit-il, meurt sans que nous en éprouvions une douleur, parce que nous sentons qu’il n’est qu’une apparence et que la vie éternelle de la Volonté n’est pas détruite par sa disparition. […] Le tragique est l’expression la plus élevée et la plus intense de la douleur humaine, il est la douleur même s’exprimant dans une action isolée. […] Lisez sa longue correspondance avec Liszt, avec ses amis Heine et Fischer, avec son compagnon de 1848 Auguste Rœckel ; c’est un cri de douleur ininterrompu. […] Cela nous autorise pleinement à considérer ses dernières diatribes contre Wagner comme des manifestations morbides, comme des produits malsains de son génie déjà moribond, d’autant qu’au moment de la rupture, il avait su exprimer en termes élevés et d’une mélancolie intense la douleur de la séparation. […] Elle commence avec les sons vagues et informes que murmure le nouveau-né pour manifester sa joie d’être, et elle ne s’arrête qu’au cri rauque que nous arrache la douleur, la colère ou l’effroi.
C’est lui qui l’a jetée sur ce lit de douleur, et c’est moi qui l’y veille. […] L’indignation, la douleur, le mépris, le dégoût, sont ses sentiments ordinaires. […] Il doit y avoir dans la douleur du sacrifice une sorte de plaisir que les hommes ne comprennent pas… Ne méprisons pas ces instincts parce que nous ne pouvons les sentir. […] Lorsque ce misanthrope si réfléchi et si âpre rencontre un épanchement filial ou une douleur maternelle, il est blessé à l’endroit sensible, et, comme Dickens, il fait pleurer1355.
Soubrany, noyé dans son sang, gardait, malgré sa douleur, le calme et l’attitude fière, qu’on avait toujours remarqués en lui.
Quelle fraîcheur de ne plus trouver des débuts de chapitre de cette grâce : « Après une douleur intense, physique ou morale, l’homme éprouve une stupeur très douce où il semble qu’il abdique sa volonté et qu’il s’abandonne à sa chance.
Elle se dévoua à consoler de respectables douleurs, au lieu de rechercher des plaisirs ou des avantages personnels : en entrant dans le monde, elle sembla vouloir s’y placer sous un vénérable patronage qui la préservât des écarts et des calomnies.
En effet, des airs caracterisez, sont susceptibles de toutes sortes d’expressions de joïe et de douleur, d’amour et d’emportemens furieux, comme les autres airs.
Sa joie, sa douleur également, sont immenses.
Cette poésie de Chénier paye-t-elle à la France la douleur et la honte d’avoir eu les Jacobins pour maîtres ?
… De liarder avec elle, d’oublier ses sacrifices, de ne pas prendre sa part de ses charges et de ses douleurs !