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1520. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

On n’entendait dans la grande cour derrière que les hennissements des chevaux, les cris des postillons, les éclats de rire des servantes, le roulement des voitures, arrivant ou partant, sous les hautes portes cochères.

1521. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Il retape pour la cour une pièce de Voltaire, un opéra de Rameau ; il fait jouer de sa musique chez un fermier général, chez le magnifique M. de la Popelinière.

1522. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

L’habileté des gouverneurs, précepteurs, serviteurs de toute nature, consistait à se faire mépriser des enfants ; ils se gardaient bien d’y manquer, sachant que c’était faire leur cour aux parents.

1523. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

De fait on a pensé plus librement il y a un demi-siècle à la cour de Weimar, sous un gouvernement absolu, que dans notre pays qui a livré tant de combats pour la liberté.

1524. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Tous deux aussi furent rappelés à la cour de Bavière par Louis II.

1525. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

. — Cependant, les besoins matériels forçaient le maître à essayer quand même de terminer ces opéras, que la cour de Weimar lui payait ; et en septembre 1851 il commençait à esquisser la musique du Jeune Siegfried.

1526. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Il semble qu’Ormuzd et Arihmane, les deux Génies lumineux et ténébreux de la Perse, aient pris, dans sa cour, une figure humaine ; l’un pour le retenir, l’autre pour l’entraîner.

1527. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

., et de cour d’assises, que je voulais peindre dans la réalité brutale de la mise en scène, et les trois parties de mon roman se condensent en un seul morceau.

1528. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Je vivrais mille ans que je n’oublierais pas certaines heures du soir où, m’échappant pendant la récréation des élèves jouant dans la cour, j’entrais par une petite porte secrète dans l’église déjà assombrie par la nuit et à peine éclairée au fond du chœur par la lampe suspendue du sanctuaire ; je me cachais sous l’ombre plus épaisse d’un pilier ; je m’enveloppais tout entier de mon manteau comme dans un linceul ; j’appuyais mon front contre le marbre froid d’une balustrade, et, plongé, pendant des minutes que je ne comptais plus, dans une muette, mais intarissable adoration, je ne sentais plus la terre sous mes genoux ou sous mes pieds, et je m’abîmais en Dieu, comme l’atome flottant dans la chaleur d’un jour d’été s’élève, se noie, se perd dans l’atmosphère, et, devenu transparent comme l’éther, paraît aussi aérien que l’air lui-même et aussi lumineux que la lumière.

1529. (1903) La renaissance classique pp. -

* Pour le comprendre, pour en avoir en quelque sorte l’intuition vivante, il faut, un beau jour, — avec piété, avec recueillement, — visiter cette longue série de merveilles qui commence au vieux Louvre et, par la cour du Carrousel, les Champs-Élysées, l’Arc-de-Triomphe, la Muette, Sèvres et Saint-Cloud, aboutit à Versailles.

1530. (1885) L’Art romantique

« J’ai vu une petite Annonciation, de Delacroix, où l’ange visitant Marie n’était pas seul, mais conduit en cérémonie par deux autres anges, et l’effet de cette cour céleste était puissant et charmant. […] Le tissu et le grain ne sont pas les mêmes que dans les étoffes de l’ancienne Venise ou dans celles portées à la cour de Catherine. […] Je me souviens que c’était dans un hôtel très-calme, un de ces hôtels où l’herbe verdit les coins de la cour, dans une rue silencieuse, la rue des Poitevins. […] Sa poésie, à la fois majestueuse et précieuse, marche magnifiquement, comme les personnes de cour en grande toilette. […] Même à l’apogée de son plus violent tumulte, la musique n’exprime qu’un délire de gens accoutumés aux règles de l’étiquette ; c’est une cour qui s’amuse, et son ivresse la plus vive garde encore le rhythme de la décence.

1531. (1902) La poésie nouvelle

Dénués de critique, les hommes du Moyen-âge travestirent la Grèce et Rome en une féodalité de hauts barons et de seigneurs ; les écrivains du xviie  siècle se représentèrent l’entourage de l’empereur Auguste ou du roi des rois Agamemnon comme la cour de Louis XIV ; plus récemment encore, Hugo transforma suivant sa propre imagination la légende des siècles.

1532. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Comparez une maison de Saint-Germain ou de Fontainebleau à une maison de Pompéi ou d’Herculanum, deux jolies villes de province qui jouaient par rapport à Rome le rôle que Saint-Germain ou Fontainebleau jouent aujourd’hui par rapport à Paris ; comptez tout ce qui compose aujourd’hui un logis passable, grande bâtisse de pierre de taille à deux ou trois étages, fenêtres vitrées, papiers, tentures, persiennes, doubles et triples rideaux, calorifères, cheminées, tapis, lits, sièges, meubles de toute espèce, innombrables brimborions et ustensiles de ménage et de luxe, et mettez en regard les frêles murailles d’une maison de Pompéi, ses dix ou douze petits cabinets rangés autour d’une petite cour où bruit un filet d’eau, ses fines peintures, ses petits bronzes ; c’est un abri léger pour dormir la nuit, faire la sieste le jour, goûter la fraîcheur en suivant des yeux des arabesques délicates et de belles harmonies de couleurs ; le climat ne réclame rien de plus. […] Mais ce que l’on voyait dans les façons, le geste et la pose du Grec, ce n’était pas l’homme de cour, c’était l’homme de la palestre.

1533. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Les personnes de la cour et de la ville, au courant des récentes anecdotes royales et littéraires, substituaient facilement les véritables noms aux noms factices des héros de l’illustre Sapho. […] La préciosité n’est pas désagréable quand elle est soutenue Mme de Sévigné pare ses sentiments dès le matin, comme elle se pare elle-même ; elle leur passe l’habit de cour. Chez elle, qui allait à la cour avec délices, ces précautions ne sont pas des simagrées ; cela ne représente pourtant pas le naturel ; c’est de l’aisance, ce n’est pas de l’ingénuité.

1534. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Mais il paraît que cela préservait des maladies de l’enfance, que cela attirait sur le « voué », la protection des dieux je veux dire de la Vierge et de la cour céleste. […] — La cour. […] Le paradis, selon les classes sociales : un salon où l’on est présenté au roi, la cour ; un théâtre où l’on fait, dans les coulisses, connaissance avec les acteurs du destin ; un cirque sans façons où l’on fraternise avec les héros du paillon ; une « société » où l’on chante en chœur les éternels refrains, etc.

1535. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Trente ans plus tôt, sous Louis XIII et Richelieu, il risquait fort de n’être pas apprécié dans une cour si maussade, et le cardinal-poète ne lui eût pas laissé sa liberté d’action. Trente ans plus tard, sous un roi devenu scrupuleux, au milieu d’une cour dépravée, mais hypocrite, il se serait trouvé plus embarrassé encore. […] Il plut à Louis XIV de retenir à sa cour l’évêque de Condom, petite ville de quatre mille habitants, située à cent soixante lieues de Paris, et de le nommer précepteur du Dauphin. […] On sait quelle sérieuse idée ce grand homme, si peu soucieux de gloire littéraire, avait de ses devoirs : c’est pour obéir à sa vocation de précepteur du Dauphin et de prédicateur du Roi qu’il a écrit et prêché à la cour ; c’eût été pour obéir à sa vocation d’évêque de Condom qu’il se serait enfermé dans le gouvernement de son évêché et dans la prédication de province.

1536. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le gouvernement très simple de David dans sa forteresse de Sion le fait penser à la petite royauté d’Abd el-Kader et aux essais dynastiques que nous voyons, de nos jours, se produire en Abyssinie, à la cour des Négus de Magdala et de Gondar. […] Voici le parvis des Prêtres, cour carrée, pavée de larges dalles, entourée par de vastes portiques. […] La bonne Marie-Yvonne, la boulangère qui l’habite actuellement, nous conte, en nous guidant vers l’escalier de pierre et en ouvrant les vieilles portes rondes, où le vent entre par le « trou du chat », que les touristes anglais sont tout étonnés, lorsqu’ils regardent cette façade à un seul étage, blanchie à la chaux, la cour proprette et étroite, le petit jardin où verdoient des carrés de légumes, régulièrement alignés. […] Taine s’est enfermé, avec Tite-Live, dans la société romaine, afin de voir d’où viennent et où aboutissent l’art de combattre, de négocier et d’administrer, l’invincible amour de la patrie, le courage orgueilleux et froid, le projet soutenu de conquérir le monde, de le garder et de l’exploiter. — Avec La Fontaine, Racine, La Bruyère, Saint-Simon, Fléchier, il s’est arrêté dans le décor pompeux de la monarchie absolue et de la société polie, empire de la raison oratoire et des idées générales, où le talent de bien dire, l’art de louer, de médire, de conter avec grâce sont prisés par-dessus tout, patrie d’une littérature de salon et de cour, milieu propice à l’éclosion de cet esprit classique qui, après avoir fait des merveilles en littérature, devint l’esprit jacobin et fit des ravages en politique.

1537. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Lui qui définit l’Etat un organisme, c’est-à-dire un assemblage de centres locaux, tous actifs et progressifs, il ne peut que répugner à l’absolutisme unitaire de Louis XIV, qui, concentrant tous les pouvoirs dans la main du roi et toutes les forces vives de la nation dans la cour, a tari l’existence provinciale. […] L’ancien régime, en exagérant par la vie de cour l’importance des qualités de finesse et d’agrément, a petit à petit développé puis porté à son plus intense degré ce que M. 

1538. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

À la cour de la duchesse, après avoir raconté toutes les folies de son maître, il termina son discours par ces paroles admirables : « Eh bien ! […] Tant qu’il y aura une Espagne, l’ingénieux hidalgo don Quichotte sera un personnage aussi incontestablement historique que le duc d’Albe, Philippe II et toute sa cour. […] À la cour de la duchesse, Sancho se conduisit de même : après avoir égayé ses illustres hôtes du récit des sottises de son maître, il conclut en protestant de son amour pour lui : « Tel qu’il est, fou, visionnaire, absurde, je l’aime cependant, et je ne lui tiens point rancune des coups de bâton qu’il m’a valus. […] On pense à l’existence d’une cour minuscule où le principal office du grand chambellan serait d’ordonner d’atteler pour la promenade journalière du prince, où les principales affaires du premier ministre seraient la destitution d’un jardinier négligent ou la promulgation d’ordonnances pour l’éclairage des réverbères.

1539. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Rien n’égale la servilité de la Cour de cassation. » La chose est facile à comprendre, d’après ce que nous venons d’écrire. […] De la justice de paix à la Cour de cassation, la justice ira désormais en diminuant, jusqu’à devenir imperceptible. […] Elles ont envahi la Cour par les philosophes, puis la haute magistrature et bourgeoisie, puis la moyenne et petite bourgeoisie, puis le monde ouvrier, produit isolé et perturbé du mouvement industriel sans cesse grandissant, produit, en somme, inassimilé. […] La Cour de Louis XVI en était infestée.

1540. (1888) Études sur le XIXe siècle

je maudis dans leur cour, dans leur antre, Ces rois dont les chevaux ont du sang jusqu’au ventre ! […] « Je la vis pour la première fois à Florence, au moment où elle descendait de voiture dans la cour de la gare. […] Il passe ses journées à l’auberge, dont la propriétaire est bonne pour lui parce qu’il est beau garçon, il s’enivre en compagnie des pires sujets du village qui l’entraînent à tous leurs mauvais coups ; enfin, dans une expédition de contrebande, il donne un coup de couteau au brigadier don Michel, ce qui le conduit en cour d’assises.

1541. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

. — Le sous-lieutenant au régiment de Navarre, 1786 ; — sa présentation à la cour ; — son premier séjour à Paris ; — et son départ pour l’Amérique, 1791. — Il revient en France pour émigrer, 1792 ; — et servir à l’armée de Condé, 1792-1793. — Années d’épreuves et de misère ; — le séjour de Londres ; — et l’Essai sur les révolutions, 1797. — La mort de sa mère, 1798 ; — et la conversion de Chateaubriand. — Il conçoit l’idée de son Génie du christianisme. — Retour en France, 1800. — Publication d’Atala, 1801 ; — et du Génie du christianisme, 1802. — La seconde édition du livre et la dédicace : « Au citoyen premier consul. » — Chateaubriand est nommé secrétaire d’ambassade à Rome ; — ministre en Valais ; — et donne sa démission à l’occasion de l’exécution du duc d’Enghien. — La préparation des Martyrs et le voyage d’Orient. — Publication des Martyrs, 1809 ; et de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, 1811. — Élection à l’Académie, 1811. — L’Empereur refuse d’approuver son Discours de réception, — et achève de s’en faire un irréconciliable ennemi. — La brochure : De Buonaparte et des Bourbons, 1814 ; — et comment le succès en jette Chateaubriand de la littérature dans la politique. — Son œuvre est désormais terminée ; — quoi qu’il y puisse ajouter en volume ; — et, après les déboires que lui ménage le gouvernement de la Restauration, — il n’aura plus pendant vingt-cinq ans qu’à suivre les effets de son influence ; — qu’un poète [Th.  […] 2º L’évolution du romantisme au théâtre ; — et que, si l’on en cherche le principe dans l’appropriation du théâtre anglais ou allemand ; — dans l’introduction sur la scène française des sujets nationaux ; — ou dans l’imitation du décor exotique ; — on le cherchera longtemps sans le trouver. — Le romantisme au théâtre n’a consisté qu’à prendre en tout le contrepied du classicisme ; — à nier l’existence des règles ; — et à proclamer une liberté dont le premier effet a été d’abaisser la tragédie au niveau du mélodrame : — C’est ce que l’on peut constater en relevant le chemin — que Vigny a fourni d’Othello, 1829, à Chatterton, 1835 ; — Hugo, de Cromwell, 1827, aux Burgraves, 1843 ; — et Dumas, d’Henri III à sa cour, 1829, à Mademoiselle de Belle-Isle, 1839. — Un second, trait qui caractérise le drame romantique est l’esprit de révolte dont il est inspiré ; — et que, sans avoir besoin de descendre jusqu’aux élucubrations de Félix Pyat, — on reconnaît assez aisément dans l’Antony de Dumas, 1831 ; — dans Le Roi s’amuse de Victor Hugo, 1832 ; — et dans le Chatterton lui-même de Vigny, 1835. — Et, comme il faut enfin que la liberté la plus déréglée aboutisse à une règle, — un dernier caractère du drame romantique est l’affirmation de la souveraineté de la passion ; — et sous le nom d’énergie, la glorification du crime. […] 3º D’Alexandre Dumas : Henri III et sa cour, 1829 ; — Christine à Fontainebleau, 1830 ; — Napoléon Bonaparte, 1831 ; — Antony, 1831 ; — Charles VII chez ses grands vassaux, 1831 ; — Richard Darlington, 1831 ; — Teresa, 1832 ; — La Tour de Nesle, 1832 ; — Angèle, 1833 ; — Catherine Howard, 1834 ; — Don Juan de Marana, 1836 ; — Kean, 1836 ; — Caligula, 1837 ; — Paul Jones, 1838 ; — Mademoiselle de Belle-Isle, 1839 ; — L’Alchimiste, 1839 ; — Un mariage sous Louis XV, 1841 ; — Lorenzino, 1842.

1542. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Mais, puisque c’est l’usage de cette cour, faites ce que vous voudrez, et pis encore, tout m’est indifférent dans ce monde.

1543. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

L’Allemagne est humiliée ou conquise à Austerlitz et à Wagram, Weimar frémit ; la bataille d’Iéna efface Berlin de la carte du royaume ; la guerre de Pologne poursuit cette cour infortunée jusqu’à Kœnigsberg.

1544. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Richet, transformée par suggestion en archevêque de Paris, croit voir le président de la république, lui présente ses compliments de nouvel an et écoute la réponse du président en disant à voix basse : « Eau bénite de cour. » Une autre, transformée par suggestion en général d’armée, voit des chevaux, des aides de camp, donne des ordres, se sert d’une longue-vue.

1545. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Les Mémoires retentissants d’une princesse royale ne disent-ils pas comment elle a dû fuir la cour pour ne pas y étouffer et pour vivre ailleurs sa « pleine vie », d’ailleurs moins tragique que celle d’Emma Bovary ?

1546. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Il était déjà descendu dans la cour et exposé.

1547. (1890) Dramaturges et romanciers

Dans une scène des Parisiens, Desgenais se compare lui-même à un des anciens bouffons de cour ; la comparaison est excellente. […] Or, pendant qu’il était ambassadeur d’Angleterre à la cour de Louis XIII, il fut très vivement attaqué par un confesseur de Marie de Médicis, dont le nom échappe en cet instant à ma mémoire. […] Un autre, surpris dans la même position que le précédent, a l’héroïsme de se faire passer pour voleur ; on mande le commissaire de police afin qu’il dresse son enquête pour une prochaine cour d’assises, et il arrive pour constater une promesse de mariage.

1548. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Une porte campagnarde, et la cour, d’où parmi de rosiers monte l’escalier de pierre haut et rustique. […] à toute heure et en un seul lieu qui est 6, Cour Saint-François, rue Moreau (tout près des Quinze-Vingts). […] Nous prendrions rendez-vous, et il me l’amènerait dans la cour, lui restant présent, le temps de le voir, lui parler, qu’il apprenne quel est son père, et un honnête homme, en outre ! […] Assez littéraire pour avoir produit un ou deux Articles du lointain Henri de Regnier, par exemple, assez anarchiste pour avoir eu, en les personnes de son directeur et de deux rédacteurs attitrés, tout simplement, les Honneurs de la Cour d’assises !

1549. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Quelquefois, à la prison une petite cour est annexée où nous pouvons nous promener un peu, mais cette cour n’est elle-même qu’une prison : la limite est reculée de quelques pas, voilà tout. […] Pour être admis en sa familiarité, il faut lui faire la cour, il faut respecter ses habitudes et surtout ses caprices ; il faut attendre qu’elle vous fasse signe.

1550. (1929) La société des grands esprits

Mais il avoue que Pic de la Mirandole, qui n’était ni un démagogue ni un hérésiarque, fut condamné par la cour de Rome et dut battre prudemment en retraite. […] Ce n’est qu’après cette mort que Voltaire accepta de se fixer à la cour du roi de Prusse, où il restera trois ans (1750-1753). […] Voltaire mandait de Berlin à sa nièce, Mme Denis : « La langue qu’on parle le moins à la cour, c’est l’allemand. […] « Il est difficile, prononce Macaulay, d’imaginer aucune raison, à moins que ce ne fût la rage même de la faim, qui ait pu décider aucun homme à cette misère d’être le compagnon du grand roi. » Le critique anglais ajoute que « le plus pauvre auteur de l’époque, vivant à Londres, couchant sur un grabat, dînant dans une cave, se faisant une cravate de papier et n’ayant qu’une épingle pour tout bijou, était plus heureux qu’aucun des hôtes littéraires de la cour de Frédéric. » Pour ce qui touche particulièrement Voltaire, le roi souffrait, en outre, d’une jalousie inavouée.

1551. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

« Jeune, fait comme Adonis, un léger coton couvrait ses joues comme la pêche… On aimait sa bonne mine et sa taille légère… — c’est lui-même, sur ses vieux jours, qui se mire ainsi, comme une jolie femme, dans le souvenir de ses grâces un peu fanées alors ; — et habile d’ailleurs à saisir le temps, un mot, un soupir… il n’y avait point de femme qui ne fût jalouse de le subjuguer2. » Faut-il en croire les bruits de cour ? […] Hugo en a retrouvé l’écho, — comme aussi bien presque tous les traits dont il a composé la physionomie de son personnage, — dans les Mémoires sur la cour et Espagne, de madame d’Aulnoy, lesquels ne sont point du tout une source qu’on doive mépriser. […] et n’est-ce pas reprocher aux Andromaque, aux Bérénice et aux Phèdre d’avoir quelque chose de plus achevé, de plus durable, et de plus vrai que les modèles de cour dont on croit reconnaître quelques traits dans leur physionomie ? […] Des alliances, des mariages, l’introduction des mœurs de cour, le luxe du harem, tout cela détacha les princes de l’ancien idéalisme, les détourna de la voie d’Israël, les rendit favorables aux pompes des cultes idolâtriques.

1552. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Bossuet, d’abord attaché aux jésuites ou à leurs adhérents, puis lié avec les messieurs de Port-Royal, puis se tenant à distance et observant la neutralité, était assurément un politique ; il ne se sentait pas de goût en général pour être du parti des disgraciés, des persécutés et des vaincus ; il avait fort égard à la doctrine et aux opinions en faveur à la Cour ; il avait un faible pour tout ce qui régnait à Versailles ; son esprit même, son talent avait besoin, pour se déployer tout entier et atteindre à toute sa magnificence, de l’appui ou du voisinage de l’autorité et de l’accompagnement de la fortune.

1553. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Le terrain était miné sous les pieds, et, quoique l’atmosphère générale des esprits fût alors fort calmée et presque libre d’orages, une Cour aveugle ne le croyait pas, et on ne croyait guère en elle.

1554. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Les Troyennes captives au sein arrondi te pleureront tout le jour et toute la nuit. » XXVI Ici le poète change de note sur sa lyre et décrit en vers presque burlesques les travaux et les aventures de Vulcain, ce dieu forgeron, époux de Vénus, condamné à faire rire l’Olympe comme un bouffon de cour.

1555. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Je n’aperçois même jamais le palais du sénat (j’entends la cour Hastilie, non pas ce palais, nouveau monument bien plus vaste et qui paraît plus petit à mes yeux), que je ne songe à Scipion, à Caton, à Lélius, et surtout à mon aïeul.

1556. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Au milieu de cette cour un peu surannée, vous aviez le beau rôle, fidélité désintéressée au passé, affection compatissante au présent, foi muette dans un mystérieux inconnu qui s’approchait sans dire son nom.

1557. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

. — Puis, c’est l’atelier de menuiserie où les conspirateurs, déguisés en ouvriers, ont creusé un souterrain qui aboutit à la cour de la prison.

1558. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Jeudi 2 février Mme Ganderax, à laquelle quelqu’un demandait, si elle permettait à la loute, sa petite fille, de la tutoyer, répondait spirituellement : « Si j’habitais, rue de Varenne, un grand hôtel, entre cour et jardin, je lui imposerais le vous… mais je n’habite qu’un petit appartement ; vous comprenez alors que le tu… » Lundi 6 février Aujourd’hui Carrière est venu faire une esquisse de ma personne, sur mon canapé de Beauvais, et ayant pour fond une des portières à fleurs, que je viens d’acheter.

1559. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Je me défie d’un poète qui ne voit ni caractère, ni gloire dans son époque, et fait rouler son âme cinq cents ans en arrière derrière fossés et pont-levis, dans la cour d’un vieux château, pour y chanter quelque noir chef50. » IV — Déplacement dans l’espace et invention des milieux.

1560. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Laissant de côté la séduisante erreur romantique, dont l’esprit latin commence à se délivrer avec peine, je salue la noble figure du poète Écouchard Lebrun qui fut le maître et l’inspirateur d’André Chénier et qui vécut assez pour conduire les Muses grecques à la cour de Bonaparte.

1561. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Des échanges, des rapports de coordination attestent l’eurythmie des éléments composants associés et l’on ne voit pas, par exemple, comment se pourraient séparer les tragédies de Racine de leur lieu d’élaboration, la cour de Louis XIV.

1562. (1927) Des romantiques à nous

Il peint l’événement de la même touche enjouée dont il peindrait l’arrivée d’une ambassade de Périclès à la cour de Louis XIV. […] Delteil ait un peu insisté sur ce que j’appellerais les effluves sexuels de Jeanne et les troubles qu’en éprouvent, soit le dauphin, soit les jeunes hommes élégants ou rudes avec qui elle est en perpétuel contact à la cour et dans les camps.

1563. (1925) Portraits et souvenirs

En bas du tableau, vingt seigneurs tolédans, la golile au cou, assistent avec de hautes mines revêches et graves à la mise au linceul du feu Comte, tandis qu’au-dessus d’eux le cadavre nu du défunt reçoit audience de la Cour céleste. […] En effet, tous les palais s’ouvraient aux porteurs de « haute » même le Palais Ducal, tandis que les autres masques ne pouvaient qu’en traverser la cour.

1564. (1887) Essais sur l’école romantique

J’aime ce récit pittoresque du mariage de la fille d’un haut baron avec le duc de Soubise, dont elle a heurté le corps dans la cour du Louvre, et qu’elle épouse, mourant, à l’hôtel de Saint-Eustache ; j’aime la touchante histoire de la vie et de la mort de la frégate la Sérieuse, racontée par son capitaine, pièce charmante qui termine le recueil, la dernière faite et la meilleure. […] Il y a encore des filous comme ceux de la cour des Miracles ; des mendiants qui vous tendent la main au jour, et la nuit vous coupent la bourse et la gorge, au besoin ; des boiteux qui se font de fausses entorses, des lépreux qui se font de fausses plaies, des culs-de-jatte qui courent plus vite que des gendarmes à cheval ; race infâme dont on retrouverait encore de beaux restes dans quelques cabarets de la Cité, mais dont le vrai type existait au xve  siècle, grâce à une police maladroite et insuffisante, grâce au droit d’asile des églises, et à la protection toute particulière que les princes accordaient à la canaille, surtout Louis XI, qui l’aimait de toute la haine qu’il portait à la noblesse. […] La chambrette, les meubles, les vêtements des personnages, leurs attitudes, et, au milieu de tout cet éclat fané, de cette magnificence mesquine, de cette cour routinière, le vieux roi mourant, se faisant tâter le pouls par maître Coictier, son médecin, ou s’agenouillant dévotement devant les amulettes de plomb qui entourent son chapeau, tout cela fait un tableau de genre, étincelant d’esprit et de coloris. […] Victor Hugo se met à la suite des écrivains populaires ; il plaide, dans un morceau original, pour un prisonnier qui a assassiné d’un coup de ciseau le directeur de la prison, et il altère imprudemment un fait de cour d’assises, un fait de notoriété publique, pour donner tort à la société et raison au prisonnier assassin ; il plaide en beaux vers pour les malheureuses qui rôdent le soir dans les environs de l’hôtel de ville, contre les belles dames parées qui vont danser au bal que la ville de Paris donne au roi.

1565. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Ce fut le seul moment de sa vie où Chateaubriand fut à la fois populaire et bien en cour. […] Homme de sentiment et de pensée trop faible pour faire vivre puissamment, d’une vie complète, un Claude Frollo, un Marius, un Didier, un Hernani, il l’est assez pour prêter une vie extraordinaire à une cathédrale, à une cour des miracles, un quartier, à une ville, à un champ de bataille.

1566. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Bref, il lui fait la cour… Il lui déclare d’avance que « jamais il ne l’abandonnera et que jamais il ne l’épousera ». […] Le Devin fut joué d’abord en 1752, à Fontainebleau, devant la cour. […] L’habit de cour, si favorable aux jeunes personnes, marquait sa jolie taille, dégageait sa poitrine et ses épaules, et rendait son teint encore plus éblouissant par le deuil qu’elle portait alors.

1567. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Richelieu se mêla à la cour des cardinaux, aux intrigues. […] Les pages sur le Louvre et la Cour sont exquises. […] Le pays, le pouvoir semblaient un enjeu que les partis de cour se disputaient par un échec compliqué et retors.

1568. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Il y avait, dans cette France à la veille des catastrophes, une antithèse violente jusqu’à la contradiction entre cet élément latent de santé durable et le tableau de corruption que présentait la cour, Paris, la littérature. […] Dans le jeune courtisan aimé de Mme de Stein, ils entrevoient la poésies sacrée pour eux, d’une intrigue de cour, comme ils goûtent, dans les aventures du voyageur d’Italie, cette autre poésie, l’ensorcellement de l’homme du Nord par la volupté du Midi ; la nostalgie de l’éternel Faust pour l’éternelle Hélène.‌ […] Il fut avant tout et par-dessus tout — et c’est par cela qu’il dépasse l’Allemagne et rentre dans la psychologie européenne de notre âge, — le fils d’un notable bourgeois, — mais un fils émancipé et qui a voulu changer de milieu, aller à la cour et devenir un noble. […] et, brusque antithèse, on aperçoit, brossée avec un relief magistral, une toile d’artiste hollandais :‌ … Cette cour peu hantée,‌ Cette vieille maison pauvrement habitée, ‌ Une vieille à travers la vitre sans rideau, ‌ Une autre au puits venue et puisant un seau d’eau.‌

1569. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Mais cela ne le troublait pas ; il avait en lui du sang d’émigré et le dédain inné pour les faveurs plébéiennes souvent aussi mal acquises que les faveurs de cour.

1570. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

si, pour obtenir quelque misérable secours, votre épouse n’eût pas été obligée de leur faire sa cour ?

1571. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Peut-on oublier désormais tant de pages éclatantes, tant de scènes terribles ou touchantes, tant de figures à jamais vivantes, Claude Frollo, Quasimodo, la Sachette, Esmeralda, Louis XI, la fourmillante Cour des Miracles, l’assaut épique de la vieille cathédrale par les Truands ?

1572. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Le peuple ignorait la dissolution du souverain et de sa cour ; il saluait les cortèges officiels de ses vivats enthousiastes.

1573. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Je ne fuirai point les cours comme toi, je saurai me vêtir de pourpre ; je ferai ma cour aux maîtres du monde, et peut-être en obtiendrai-je ou l’abolition de la loi mauvaise, ou la grâce de l’homme de bien qui l’aura enfreinte.

1574. (1899) Arabesques pp. 1-223

Huysmans invente des miracles qu’il serait réjouissant de voir exposer en cour de Rome. […] La cour des Adieux qui pue l’odeur des vieilles bottes de Bonaparte à son déclin.

1575. (1902) Propos littéraires. Première série

Saintis, « ami d’enfance », fait la cour à Mme Sauvigny et doit l’épouser après un certain temps d’épreuve. […] Donc, la partie proprement ecclésiastique de Rome, c’est l’abbé Froment allant en cour de Rome plaider pour son livre, La Rome Nouvelle. […] Je ne sais pas si c’est vrai, n’ayant jamais eu à me défendre en cour de Rome, mais on sent que ce doit l’être.

1576. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Aujourd’hui, dans un pèlerinage à travers les boutiques de japonaiseries, j’ai l’idée de dédommager Vidal de sa déconvenue, en lui faisant faire une pièce de La Fille Élisa, sur un mode très chaste, et où un acte serait la mise en scène complète d’une condamnation à la cour d’assises, et où l’avocat, dans sa défense, raconterait toute la vie de l’accusée : une exposition tout à fait originale, et qui n’a point encore été tentée au théâtre.

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