Les écoles politiques du xixe siècle ont ce caractère général d’être plutôt des partis que des écoles : nées des événements et mêlées aux événements, elles n’ont guère cette impartialité abstraite qui caractérise la science ; et par la même raison, elles ont laissé ou laisseront peu de ces ouvrages mémorables et éternels, qui survivent aux passions d’un temps. […] Destutt de Tracy, qui est un excellent économiste, comprend très-bien le caractère des sociétés modernes, sociétés laborieuses, industrielles, commerçantes, qui ont besoin d’ordre et de liberté, et non de lois somptuaires.
De là vient, sans doute, cette indépendance à l’égard de l’autorité, caractère particulier des temps où nous vivons. […] Chez ces mêmes Grecs, le respect pour les lois prit ensuite le caractère du respect pour la royauté qui n’était plus.
Il ne voit pas, en disant cela, qu’il fausse l’espèce de caractère qu’il lui accorde. […] Le fond de son caractère est un composé de petites passions mesquines, de vanité blessée, d’ambition inassouvie ; et, pour finir ce portrait insolent pour la fille de France, qu’il calomnie en la peignant, par une insolence qui atteigne jusqu’au Carmel où elle va entrer et jusqu’à l’Église dont elle va devenir l’édification et la gloire, l’odieux singe de Michelet ajoute : « La dernière des filles de France à la cour, elle sera dans un monastère la première des carmélites de la chrétienté !
Il y appréciait tout naturellement d’abord son auteur, le plus grand peintre d’histoire, et cet examen le conduisait à marquer la différence de la société moderne à l’ancienne, l’amoindrissement qu’il n’hésitait pas à y voir dans les caractères et dans les âmes.
Ses cris sont tout virils ; le soupir élégiaque, si fréquent dans la poésie féminine, ne l’est point dans la sienne… Madame Ackermann a trouvé, en poésie, des accents qui lui sont propres pour exprimer le dernier état de l’âme humaine aux prises avec l’inconnu : c’est là le caractère éminent de son œuvre.
Haraucourt, n’ayant pas pris de parti entre les différents Don Juan qui ont précédé le sien, la construction du drame s’en trouve un peu incohérente et le caractère du héros sans assez de netteté.
Il a voulu seulement sur ce fond constant, éternel, et qui pourra servir bien souvent encore, tracer quelques caractères intéressants et jeter quelques beaux discours d’une brillante facture et d’une langue riche… Je serais donc content des « beaux discours », n’était qu’il y en a de trop et qu’ils sont trop longs.
Le caractère pathétique du christianisme accroît encore puissamment le charme de la tragédie de Zaïre.
Les ruines changent de caractère en Égypte : souvent elles offrent dans un petit espace diverses sortes d’architecture et de souvenirs.
C’est le caractère de l’existence de Mozart : ce n’est pas un musicien, c’est la musique incarnée dans une organisation mortelle. […] C’est l’immortel caractère de ce monument musical : on y sent à la fois bouillonner le vice, prier l’innocence, défier le ciel, foudroyer le crime, éclater la justice divine, rayonner l’immortalité rémunératrice à travers les fausses joies et les faux triomphes d’un scélérat de plaisir. […] « Tel est ce morceau incroyable qui, par la multiplicité des épisodes, par la variété des caractères, par l’infinie délicatesse des détails, par la grandeur du plan et la puissance des effets, ne peut être comparé qu’au Jugement dernier de Michel-Ange. […] Lord Byron, le plus grand poète des temps modernes, a voulu rendre en poésie ce caractère de Don Juan, que Mozart a rendu en musique ; mais quelle différence entre la verve moqueuse, ironique, impie ou cynique du poète anglais, et la foi dans l’art sincère, convaincue, communicative et religieuse du musicien de Salzbourg ! […] Le caractère de sa musique devenait de plus en plus religieux ; il préférait l’écho du sanctuaire aux applaudissements des théâtres : ses chants montaient d’avance à son Dieu.
Dans toute la légende et la mythologie ou n’aurait guère pu trouver un caractère aussi apte que celui-ci à être le héros d’un drame moderne. […] Mais peut-être pénétrerons-nous plus avant dans ses caractères essentiels, si nous recherchons ses affinités avec le langage du Ring plus cachées, que si nous nous contentons de constater les différences qui sautent aux yeux. […] C’est un parfait modèle d’accentuation puissante ; chaque mot essentiel est mis en relief par l’allitération ; et le choix de consonnes initiales dures, telles que gr, tr, k, ou de préfixes indiquant la destruction, telles que zer, ver, donne à la période entière un caractère incomparable de fureur et de hainebi. […] Il n’en ressortirait du reste aucun principe nouveau, et mon but est pleinement atteint si j’ai fait saisir au lecteur le caractère de la langue dans Tristan, et surtout, le merveilleux agencement des rapports réciproques entre musique et paroles. […] Mais précisément cette comparaison ferait ressortir les profondes différences entre ces deux œuvres et montrerait les caractères distinctifs de Tristan.
Une autre conception de la psychologie physiologique vient continuer encore ce caractère collectif de notre sensibilité : c’est la doctrine de l’évolution et des effets de l’hérédité accumulés dans l’individu. […] Dans notre état actuel, tout notre corps jouit ou souffre à la fois, et ainsi le cerveau reçoit des milliards d’excitations en une seule seconde ; tous nos plaisirs et toutes nos peines étant des émotions composées, des agglomérations de plaisirs et de peines, le caractère agréable ou pénible du résultat dépend de la proportion des éléments. […] Plus tard seulement, quand le sentiment de la « résistance » mécanique aura perdu par l’habitude tout caractère douloureux pour devenir presque indifférent à la sensibilité, la pensée se développera, la pensée en apparence indifférente elle-même, qui est pourtant inséparable de la sensibilité et de la motilité. […] Se sentir vivre, jouir, c’est se sentir continuellement forcé de sortir de l’état présent, qui doit être par conséquent une douleur toujours renaissante. » Schopenhauer n’a pas eu à faire de grands efforts d’invention pour imaginer sa théorie sur le caractère négatif du plaisir, qui, selon lui, ne serait senti qu’indirectement par l’intermédiaire de la douleur, et sur le caractère positif de la peine, seule sentie directement en elle-même. « L’effort vital » toujours « pénible », dont parlait Kant, est devenu chez Schopenhauer le « vouloir vivre », dont le perpétuel travail est un perpétuel échec et une perpétuelle souffrance.
L’acteur devra substituer à sa tête, au moyen d’un masque l’enfermant, l’effigie du personnage, laquelle n’aura pas, comme à l’antique, caractère de pleurs ou de rire (ce qui n’est pas un caractère), mais caractère du personnage : l’Avare, l’Hésitant, l’Avide entassant les crimes… Et si le caractère éternel du personnage est inclus au masque, il y a un moyen simple, parallèle au kaléidoscope et surtout au gyroscope, de mettre en lumière, un à un ou plusieurs ensemble, les moments, accidentels. […] De plus, des gens ont vu dans Ubu une œuvre « écrite en vieux français » parce qu’on s’amusa à l’imprimer avec des caractères anciens, et cru « phynance » une orthographe du XVIe siècle.
X En Espagne, l’héroïsme et la poésie se touchent par le grandiose du caractère et par l’orientalisme de l’imagination. […] Ces Amériques espagnoles ressemblent à ces colonies grecques de l’Asie, devenues libres par la distance, mais restées grecques par la vigueur des caractères et par l’élégance du génie natal. […] Je connaissais de jeunesse le caractère hésitant, repentant, puis récidivant, extemporané enfin, pour me servir du mot latin, de Charles-Albert. […] Une impatience juvénile de vivre, de voir, de sentir, de me plonger dans une mer d’impressions tout à la fois redoutées et attrayantes, était le fond de mon caractère d’alors : du feu qui couvait encore, qui craignait et qui aspirait le vent ; un cœur de jeune fille entre l’âge où l’on rêve et l’âge où l’on aime. […] Mais moi j’étais encore sous l’illusion de son caractère et de son génie ; c’était pour moi un Sophocle et un Tacite !
Les lieux nous entrent dans l’âme par les yeux et s’incorporent à nos sensations, et ces sensations deviennent des caractères. […] Là, tout prend un caractère sauvage, âpre et presque sinistre. […] Cette ferveur ascétique était le caractère dominant de son visage ; ses yeux bleus et vifs étant presque toujours perdus dans des regards qui ne voyaient de l’horizon que le ciel ; quelquefois ils étaient si visiblement retournés en sens inverse de la vision ordinaire qu’ils semblaient regarder en dedans plus qu’en dehors. […] Son goût raffiné tenait un peu de la douce et exquise mollesse de son caractère. Ce caractère était gracieusement exprimé sur sa physionomie.
Et quand nous considérons le nombre à l’état d’achèvement, cette jonction est un fait accompli : les points sont devenus des lignes, les divisions se sont effacées, l’ensemble présente tous les caractères de la continuité. […] D’autre part, on conçoit que les choses matérielles, extérieures les unes aux autres et extérieures à nous, empruntent ce double caractère à l’homogénéité d’un milieu qui établisse des intervalles entre elles et en fixe les contours : mais les faits de conscience, même successifs, se pénètrent, et dans le plus simple d’entre eux peut se réfléchir l’âme entière. […] Or l’extériorité est le caractère propre des choses qui occupent de l’espace, tandis que les faits de conscience ne sont point essentiellement extérieurs, les uns aux autres, et ne le deviennent que par un déroulement dans le temps, considéré comme un milieu homogène. […] Mais le caractère symbolique de cette représentation devient de plus en plus frappant à mesure que nous pénétrons davantage dans les profondeurs de la conscience : le moi intérieur, celui qui sent et se passionne, celui qui délibère et se décide, est une force dont les états et modifications se pénètrent intimement, et subissent une altération profonde dès qu’on les sépare les uns des autres pour les dérouler dans l’espace. […] Non seulement le langage nous fait croire à l’invariabilité de nos sensations, mais il nous trompera parfois sur le caractère de la sensation éprouvée.
Au lieu de réfléchir et de se demander si tel vice ou tel [caractère, si telle tradition, tel arbitraire ou telle violence n’avait point, en somme, sa raison d’être non pas dans une nécessité physique inéluctable, mais dans un plus grand bien dont ces maux relatifs seraient la condition, ils préférèrent s’emporter et décrire avec amertume et cruauté ce qu’ils étaient incapables de comprendre. […] Elle exclut ou elle rejette au second plan tout ce qui, dans la nature, ne porte point les caractères d’ordre, d’harmonie et de beauté qui sont les caractères essentiels de l’activité vivante. […] Le premier caractère de l’esprit classique français est d’abord d’être scrupuleux sur la matière de son art. […] À les en croire, tous les caractères physiques ou moraux transmis par l’hérédité et fortifiés par l’habitude, quelle qu’en soit la nature, qu’ils soient bons ou mauvais pour l’organisme, qu’ils produisent, avec l’équilibre de la santé, une augmentation des forces, ou qu’ils amènent la dégénérescence, la maladie et la mort, — tout cela, pêle-mêle, rentre pour eux sous le concept de la race.
La pensée, nourrie par l’étude, prépare à l’action politique ; l’action politique donne un corps à la pensée, exerce le caractère, enseigne par l’expérience les choses humaines et construit en nous le suprême résultat d’une longue vie, la philosophie (ce que les anciens appelaient la sagesse). […] Là il préparait ou revoyait ses harangues, enlevant avec la plume les imperfections de la parole ; il dictait les règles des différents genres d’éloquence, il composait ses deux poèmes épiques, il commentait la philosophie grecque de Platon, il la dépouillait de ses rêveries sophistiques, il la fortifiait par cette sévérité logique et expérimentale, caractère de la haute et sévère raison des Romains. […] Les miens, et par mon affection pour eux et par l’excellence de leur caractère, me sont plus chers que la vie : eh bien ! […] Cependant il rend bientôt à Épicure son véritable caractère, en prouvant que la vertu (et par exemple l’amitié) est la véritable volupté. […] C’est la vertu instinctive du caractère.
Il avait compté être protégé, mais non exploité par eux ; son caractère noble se révolta à cette dernière idée. […] une vie misérable, un galetas au cinquième et l’hiver, tout se réunissait cette fois contre notre pauvre ami, qui, par caractère encore, n’était que trop disposé à s’exagérer sa situation. […] Quoique d’un caractère inflexible et d’airain, il est, si on ne l’atteint pas au fond, doux, tolérant, facile à vivre, surtout inoffensif ; ceux qui le connaissent veulent bien l’aimer, ou du moins s’intéresser à lui ; tout ce qu’ils lui peuvent reprocher, c’est d’être excessivement timide, peu parleur et triste. […] Ceci en est la seconde partie, qui se distingue de Joseph Delorme par l’accent et par un certain caractère d’élévation ou de pureté. […] Votre cœur vierge ne s’est pas laissé aller tout d’abord aux trompeuses mollesses ; et vos rêveries y ont gagné avec l’âge un caractère religieux, austère et primitif, et presque accablant pour notre infirme humanité d’aujourd’hui ; quand vous avez eu assez pleuré, vous vous êtes retiré à Pathmos avec votre aigle, et vous avez vu clair dans les plus effrayants symboles.
Tenons-nous en aux causes apparentes et aux caractères particuliers de la conversion de Louis Veuillot. […] C’est pourquoi sa conversion a tous les caractères du plus fervent enthousiasme. […] Sa foi est intrépide, va jusqu’à lui donner l’apparence de sentiments qui sont peu dans son caractère. […] Cet homme, qui n’est pas un philosophe, n’a que des sentiments d’un caractère universel. […] Toutefois, certains articles de son projet impliquent que l’État a le devoir de reconnaître, sinon la vérité de la doctrine catholique, du moins le caractère vénérable et bienfaisant de cette doctrine et de lui assurer le respect public.
C’est que la tête de la femme n’est pas faite pour plaire par son caractère, mais seulement par une certaine rectitude de lignes, qui ne doit pas être trop individualisée. […] Rouveyre diffère des autres par la diversité de sa déformation qui, au lieu de tourner autour du geste du dessinateur, tourne autour du caractère qu’il a deviné chez le modèle. […] Puis, la persévérance est dans mon caractère. […] La preuve de la non-liberté de la volonté est dans l’existence même des personnalités, des caractères. Si nous étions libres, nous n’aurions ni personnalité, ni caractère, nous tournerions au hasard.
Le souvenir de la leçon, en tant qu’apprise par cœur, a tous les caractères d’une habitude. […] Au contraire, le souvenir de telle lecture particulière, la seconde ou la troisième par exemple, n’a aucun des caractères de l’habitude. […] Elle n’a retenu du passé que les mouvements intelligemment coordonnés qui en représentent l’effort accumulé ; elle retrouve ces efforts passés, non pas dans des images-souvenirs qui les rappellent, mais dans l’ordre rigoureux et le caractère systématique avec lesquels les mouvements actuels s’accomplissent. […] En se conservant dans la mémoire, en se reproduisant dans la conscience, ne vont-elles pas dénaturer le caractère pratique de la vie, mêlant le rêve à la réalité ? […] Beaucoup plus nombreux sont ceux de cécité verbale, c’est-à-dire d’une perte de la reconnaissance visuelle limitée aux caractères de l’alphabet.
Pour ceux qui connaissent son caractère de droiture, d’énergie et de franchise, ou qui ont apprécié la haute portée de son talent, c’était un besoin de manifester les sentiments d’estime et d’affection qu’ils lui portent : ceux qui partagent ses principes politiques ont dû lui savoir gré de cette généreuse ardeur toujours prompte à relever les provocations ou à venger les injures qui s’adressent à la cause de Juillet ; les hommes de cœur, enfin, qui, sans être attirés vers lui par une communauté d’opinion aussi étroite, ont pris en dégoût les honteuses palinodies qui font le scandale de notre temps, n’ont pu refuser quelque marque de sympathie à un écrivain dont la foi politique, éclairée et persévérante, va jusqu’au sacrifice de la vie.
L’art de l’auteur nous permet de retrouver leur véritable caractère derrière les phrases qu’ils écrivent.
On a mieux aimé compter sur cette indulgence que de pratiquer des suppressions qui eussent changé le caractère de petites pièces marquées au coin d’une inspiration toute spontanée.
C’est une grande figure, froide, imbécile, sans action, sans passion, sans mouvement, sans caractère, ne prenant pas le moindre intérêt à ce qui se passe.
Ce morceau pour le caractère noble et voluptueux de la femme, la vérité des chairs et l’effet, est digne de Carle Vanloo, lorsqu’il ne s’était pas fait une couleur outrée.
Je conserve au Pigmalion son expression et son caractère ; mais je le place à gauche : il a entrevu dans sa statue les premiers signes de vie.
. — Son caractère passionné. — Ses amours précoces. — Sa vie excessive. — Son caractère militant. — Sa révolte contre l’opinion. — English Bards and Scottish Reviewers. […] — Comparaison du Manfred de Byron, et du Faust de Gœthe. — Conception de la légende et de la vie dans Gœthe. — Caractère symbolique et philosophique de son épopée. — En quoi Byron lui est inférieur. — En quoi Byron lui est supérieur. — Conception du caractère et de l’action dans Byron. — Caractère dramatique de son poëme. — Opposition entre le poëte de l’univers et le poëte de la personne. […] Une âme de poëte dans une tête de docteur, toutes deux impropres à l’action et faisant mauvais ménage, la discorde au dedans, la faiblesse au dehors ; bref, le caractère manque ; c’est un caractère d’Allemand. […] C’est ici le sens vrai du poëme, et c’est à cela qu’aboutissent ce caractère et ce génie.
Ces exagérations pourtant, en ce qu’elles ont de trop réel, nous les poursuivrons aussi, nous les dénoncerons dans la tournure même de son talent, dans l’absolu de son caractère ; nous en mettrons, s’il se peut, à nu la racine. […] « Voyez le ministre des autels qui s’avance le premier : « Je connais dit-il, toute l’autorité que mon caractère va me donner sur les peuples ; mais vous ne gémirez point de m’en avoir revêtu. […] Il célèbre dès le début l’éducation morale par opposition à l’éducation scientifique : — Laisser mûrir le caractère sous le toit paternel, — ne pas répandre l’enfance au dehors. […] Sous la question, toute civile et politique en apparence qu’elle était devenue, il découvre le caractère religieux, le sens théologique si vérifié par ce qui s’est produit à nos yeux depuis quarante ans, et lors de la grande réaction de 1800, et dans ce mouvement actuel, persistant et encore inépuisé des esprits. […] Comme diplomate pratique, il n’est pas difficile de se figurer son caractère : « Le comte de Maistre est le seul homme qui dise tout haut ce qu’il pense, et sans qu’il y ait jamais Imprudence », ainsi s’exprimait un collègue qui avait traité avec lui.
Vie et caractère de Shakspeare. — Sa famille. — Sa jeunesse. — Son mariage. — Il devient acteur. — Son Adonis. — Ses sonnets. — Ses amours. — Son humeur. — Sa conversation. — Ses tristesses. — En quoi consiste le naturel producteur et sympathique. — Sa prudence. — Sa fortune. — Sa retraite. […] Il n’est point de caractère qui montre mieux la verve et l’immoralité de Shakspeare. […] Si enfin Shakspeare rencontre un caractère héroïque, digne de Corneille, romain, celui de la mère de Coriolan, il expliquera par la passion ce que Corneille eût expliqué par l’héroïsme. […] Mon ambition est d’avoir un habit bariolé comme lui308. » Un instant après, il revient à ses dissertations mélancoliques, peintures éclatantes, dont la vivacité, explique son caractère et trahit Shakspeare, qui se cache sous son nom. […] De là cette psychologie involontaire et cette pénétration terrible qui, apercevant en un instant tous les effets d’une situation et tous les détails d’un caractère, les concentre dans chaque réplique du personnage, et donne à sa figure un relief et une couleur qui font illusion.
On vient de réimprimer chez nous le Chemin le plus court, livre auquel le procès en séparation avec la femme de l’auteur donne un caractère fort piquant. […] Mon compatriote qui le connaît beaucoup, me dit infiniment de bien de son esprit, de son talent et de son caractère. […] Casimir Delavigne passe ici pour un de ces honorables caractères qui font reporter sur l’homme, toute l’estime que certaines opinions littéraires refusent à son talent. […] Les amis de M. de Maynard ont observé une singularité de son caractère qui mérite d’être rapportée. […] Ce que j’ai écrit n’a jamais eu de caractère sérieux, et ma plume n’a effleuré que les épidermes.
Mais nous aurons une sympathie ardente pour tout ce qui est jeune, pour tout ce qui a le caractère de la sincérité ou porte l’empreinte de la force. […] Mais pour cela ils doivent se mêler au monde, l’inspirer du caractère polémique des idées modernes, s’associer à notre trouble, et ne pas juger de la maladie universelle comme le poète ancien contemplant la tempête du rivage. […] Oui, la comédie de caractères, c’est possible mais la comédie de mœurs n’a jamais été plus vivace, et ce que sa sœur aînée avait en élévation, elle l’aura en largeur et en profondeur. […] Chénier ; la Chaumière indienne. — Caractère révolutionnaire de la littérature contemporaine. — Les comédies de MM. […] La nature de la femme et le caractère de son talent présentent, pour ainsi dire, deux contrastes antipodesques.
Vous aimez les sentiments exaltés, et, quoique vous n’ayez pas, du moins je le crois, un caractère passionné, comme votre âme est pure, elle jouit de tout ce qui est noble avec délices44. […] Ce n’est pas qu’il n’y ait quelque analogie entre ces trois poëtes, mais elle existe beaucoup plus dans le sujet général de leurs vers que dans le caractère de leur talent. […] Baggesen était personnellement un caractère plein de saillie, d’imprévu, et d’une bizarrerie qui ne devait pas déplaire ; il avait parfois dans l’esprit une gaieté très-originale qui contrastait avec ses tourments perpétuels et ses mésaventures réelles ou imaginaires. […] Et moi, qui ne suis qu’un humble mortel, n’en ferai-je pas autant pour les caractères de cette belle langue révélée ? […] Il fait assez bon marché en Charlemagne des vues générales d’administration et de politique, et ne paraît l’apprécier, en définitive, que comme un grand caractère et une volonté énergique appliqués avec intelligence à des cas journaliers de gouvernement.
Charbonnel a expliqué cela, en analysant une doctrine à laquelle il reconnaît « la grandeur et aussi le caractère absolu de l’héroïsme ». […] Sans user jamais du procédé (légitime aussi) de la déformation, il particularise très facilement un personnage d’allures même illusoires ; pour cela il lui suffit de choisir dans une série de faits illogiques ceux dont le groupement peut déterminer un caractère extérieur qui se superpose, sans le cacher, au caractère intérieur d’un homme. […] Quant aux caractères propres, différentiels de sa poésie, ce sont, il me semble, la spontanéité et l’inattendu. […] Aurier avait, comme romancier, un don assez rare et sans lequel le meilleur roman n’est qu’un recueil de morceaux choisis : il savait ériger en vie un personnage, lui attribuer un caractère absolu et dévoiler logiquement, au cours d’un volume, les phases de ce caractère, non par de vagues analyses, mais par la mise en scène de faits systématiquement choisis pour leur valeur révélatrice : tel, dans Vieux, M. […] Ils en eurent tous les caractères : l’originalité, la fécondité, la diversité.
L’auteur de ce roman a longtemps vécu en Italie et y a beaucoup aimé le séjour de Rome, l’impression majestueuse et sévère des ruines, le profil encore conservé des caractères antiques sous la frivolité des mœurs et l’épicuréisme des sentiments.
Les personnes qui, selon la règle classique, tiennent à ce que le comique découle des caractères, et non des situations ou des mots, ne trouvent pas toujours leur compte aux petits poèmes de M.
Les climats diversifient les caractères de cette beauté physique.
Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent, comme on sait, un tout autre but, tendent à déduire des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois organiques ou historiques les émotions qu’elle suscite et les idées qu’elle exprime.
Il me vient une idée que peut-être Sa Majesté Impériale ne dédaignera pas : la plupart de ceux qui entrent dans les écoles publiques écrivent si mal, ceux dont le caractère d’écriture était passable, l’ont si bien perdu quand ils en sortent, et il y a si peu d’hommes, même parmi les plus éclairés, qui sachent bien lire, talent toujours si agréable, souvent si nécessaire, que j’estime qu’un maître de lecture et d’écriture ne s’associeraient pas inutilement au professeur de dessin.
Une femme a ses enfans égorgés à ses pieds, et elle est assise, tranquille dans la position et avec le caractère d’une vierge qui médite sur les événemens de la vie.
Les caractères des personnages sont, en général, bien soutenus ; les situations presque toujours intéressantes. […] Ils prirent des costumes en rapport avec leur caractère et leur physique. […] Ses plans sont variés, ses caractères sont suivis, bien développés, vigoureusement tracés. […] — Colletet et de Saint-Sorlin. — Caractère de ce dernier. — Ses vers sur la violette […] C’est lui qui en avait tracé les caractères et donné le sujet.
Ou bien, sont-ce les manières, le caractère et l’humeur de son mari qui l’offensent, même hors de l’alcôve ? […] On a dit qu’il démentait par là son caractère. […] Brieux ne lui ait fait fausser tour à tour le caractère et le personnage des trois malheureuses sœurs. […] la situation initiale, de réalité moyenne, est engendrée par les caractères et se développe ensuite le plus uniment du monde et presque sans aucune intrusion du hasard. […] La conception des personnages et l’invention de tous les détails sont donc entièrement « commandées » par le dessein même de la pièce, qui prend, de là, un caractère un peu didactique.
Le caractère ambigu des Martyrs ne vient-il pas en partie de ce que les types classiques d’Eudore et de Cymodocée y passent comme des ombres superficielles, et de ce que le caractère de Velléda nous fait imaginer ce qu’aurait pu être le livre si un personnage romantique de femme en avait fait le centre ? […] Il nous faut faire un effort pour en retrouver le caractère direct et créé. […] Elle implique de grands partis pris, des caractères vigoureusement poussés en avant, pleins de puissance, de substance et de suc. […] C’est que la mise en contact avec l’argent est un excellent réactif pour nous rendre sensible un caractère, pour nous le faire voir en clair et à plein. […] Seulement « Balzac a fait deux choses : il a agrandi le roman de caractères et il a fondé le roman de mœurs !
Contraste bizarre de l’imagination la plus délicate unie au caractère le plus intraitable ! […] Chaste plutôt, d’un sang lent et lourd, caractère engourdi dans un corps agile. […] D’année en année, sa nature s’efféminait, son caractère tombait en enfance. […] Une noire méchanceté devint le fond de son caractère. […] La charge était inamovible ; elle avait le caractère d’un sacrement officiel.
De tous les chapitres de cet ouvrage, il n’en, est point sur lequel je m’attende à autant de critiques que sur celui-ci ; les autres passions ayant un but déterminé, affectent à peu près de la même manière tous les caractères qui les éprouvent.
Quelque puérile que paraisse à l’auteur l’habitude de faire des corrections érigée en système, il est très loin d’avoir fui, ce qui serait aussi un système non moins fâcheux, les corrections qui lui ont paru importantes ; mais il a fallu pour cela qu’elles se présentassent naturellement, invinciblement, comme d’elles-mêmes, et en quelque sorte avec le caractère de l’inspiration.
Caractère du vrai Dieu.
Tufière énorme, qui cachait sous les rides bilieuses du front de l’érudit l’orgueil d’une naissance chimérique, plus intraitable encore que son orgueil de savant, Joseph Scaliger, dans les mains d’un écrivain moraliste et d’une certaine vigueur de pinceau, serait une figure et un caractère.
Suite de la littérature diplomatique I La nature, qui prédestinait l’Angleterre à cette importance, lui avait donné un caractère qui a ses défauts sans doute, mais qui a la prédestination des grandeurs. […] La Russie sera certainement un jour une alliance très puissante et très fidèle, par attrait de caractère et par conformité d’intérêt, pour la France. […] Quel est l’allié du cabinet de Berlin qui n’ait pas eu à maudire le caractère de ce cabinet à quatre faces, dans ces derniers temps ? […] Le trône unique de la maison de Savoie sera continuellement contesté par l’Italie, éternellement menacé par tout le monde ; ce ne sera qu’une dictature imposée aux peuples d’Italie par des baïonnettes, au lieu d’une liberté fédérale laissant à chaque nationalité italienne son caractère, sa noblesse et sa dignité.
Y en a-t-il plusieurs également bonnes, selon les lieux et les temps, les âges et les caractères des peuples ? […] Ces formes diverses et successives de gouvernement ne sont ni absolument bonnes, ni absolument mauvaises en elles-mêmes : elles sont relativement bonnes ou mauvaises, selon qu’elles servent plus ou moins bien la souveraineté qu’elles sont chargées d’exprimer et de servir ; tout dépend de l’âge, du caractère, des mœurs, des habitudes, du nombre, du site, du climat, des limites, de la géographie même des peuples qui adoptent telle ou telle de ces formes de gouvernement. […] Ces trois caractères de la loi, la règle, la justice, la moralité, sont donc les degrés successifs par lesquels la société politique se fonde et s’élève d’abord par l’ordre, se légitime ensuite par la justice, s’accomplit enfin par la moralité. […] Voilà les trois caractères de la loi !
Pour cela, comme pour les chagrins domestiques, ce n’est pas la vieillesse qu’il faut accuser, mais seulement le caractère des vieillards. […] L’Espagne, sorte d’Afrique européenne et d’avant-garde du catholicisme contre l’islamisme, devait être absolue comme son caractère oriental, inexorable comme sa théocratie militante. […] L’Angleterre, emprisonnée dans une île sans proportion avec la grandeur de son intelligence, de son caractère et de son activité, devait, pour favoriser son expansion extérieure et pour conserver sa fierté au-dedans, se façonner un gouvernement nouveau dans le monde. […] XXXVI La France seule, par la diversité de son sol, de ses races, de ses caractères, de ses aptitudes, devait se plier, selon les heures de sa vie nationale, à toutes les formes de gouvernement.
Il importe, en effet, que toutes nos tendances, tous nos désirs tendent à se réaliser, et pour cela, tant que leur réalisation n’est pas accomplie, à se poser en idéal, à s’imposer comme principes de conduite, à revêtir le caractère obligatoire de la morale. […] Les rites pour préparer le café à la manière de la famille, le changement de toilette conforme aux usages, le repas de la veille de Noël, des procédés de manufacture spéciaux acquièrent ainsi une sorte de valeur morale et de caractère obligatoire. […] La fin acceptée, les moyens prennent un caractère d’obligation. […] Et nous pouvons nous instruire en cette affaire sur la formation de l’esprit social, sa complexité nécessaire, les divergences essentielles, les luttes possibles de ses principaux éléments, les troubles dont son évolution s’accompagne, les crises qui le menacent sans cesse, le caractère excessif et dangereux des « vertus ».
Mais il n’y a pas ici de roman, parce qu’il n’y a pas d’action, d’événements, de passions en lutte, de caractères, et que la synthèse de la vie n’y introduit pas la concentration de son ensemble tout puissant ; parce qu’on n’y trouve, en définitive, qu’une description psychique et physiologique d’un cas d’organisation très particulier. […] Pour ce qui est de leur Trinitaire, qui tortionne si vilainement la pauvre diablesse d’âme de leur Madame Gervaisais, ce n’est guères plus qu’une caricature outrageante pour le catholicisme, — ou plutôt tout le livre est une caricature outrageante, et qui n’a demandé, pour la tracer, ni grandeur de talent ni grandeur de caractère. […] Cette scène, effrayante comme un tour de force merveilleusement accompli, et qui fait se demander par quoi va continuer et finir un roman qui commence ainsi, n’est suivie d’aucune autre qui montre, en le développant, le caractère de cette fille singulière et gâtée, qui philosophe en caleçon, au bain, avec un homme, et qui a dix-sept ans !!! Ce caractère, annoncé avec cette audace, et qui méritait d’être creusé, ne l’est point.
Elles ont l’une et l’autre ce caractère d’originalité que l’Académie ne cherche pas, mais qu’elle n’est pas fâchée de rencontrer. […] Mais ce serait mal répondre au caractère d’une telle loi, à la nature des idées qu’elle fait naître et qu’elle remue, que de ne pas dire quelques mots de l’état des choses qui l’a rendue nécessaire et des intérêts élevés auxquels elle pourvoit. […] La littérature, Messieurs (et par ce mot j’entends toute la culture des choses de l’esprit, se manifestant par l’impression ou par la représentation dramatique), a pris de nos jours un caractère qu’il ne faudrait ni dénigrer ni préconiser outre mesure.
L’une de celles qui me troublent le plus l’esprit vient du mélange d’histoire proprement dite avec la philosophie historique ; je n’aperçois pas encore comment mêler ces deux choses (et il faut pourtant qu’elles le soient, car on pourrait dire que la première est la toile, et la seconde la couleur, et qu’il est nécessaire d’avoir à la fois les deux pour faire le tableau) ; je crains que l’une ne nuise à l’autre, et que je ne manque de l’art infini qui serait nécessaire pour bien choisir les faits qui doivent, pour ainsi dire, soutenir les idées ; en raconter assez pour que le lecteur soit conduit naturellement d’une réflexion à une autre par l’intérêt du récit, et n’en pas trop dire, afin que le caractère de l’ouvrage demeure visible. […] Molé sur le caractère de Chateaubriand, cette dissection impartiale et irrécusable qui a tant irrité ceux que la vérité trop vraie offense. […] Malgré ce qui nous sépare, je me flatte qu’il y a bien des points où nous nous rapprochons, car vous êtes un des caractères que j’honore le plus.
C’étaient, on le conçoit, des tiraillements à n’en pas finir… Le prince de Schwartzenberg, brave militaire, d’un caractère doux, liant, modeste, n’était pas l’homme capable de donner l’impulsion à une machine si compliquée ; il se laissait mener par Radetzky et Languenau : l’empereur Alexandre consultait Moreau et Jomini, sans compter Barclay, Wolkonsky, Diebitsch et Toll ; le roi de Prusse avait aussi ses conseillers, et Barclay, influencé par Diebitsch, n’était jamais de l’avis de personne… Mettre d’accord tant d’intérêts et d’avis différents était chose impossible. […] J’en ai connu de tels, même dans l’ordre civil, témoin le vieux Monnard, caractère antique, longtemps professeur à l’Académie de Lausanne où j’eus l’honneur un moment d’être son collègue, mort professeur à l’Université de Bonn, traducteur et continuateur de l’illustre historien Jean de Muller. […] Cet homme d’étude, qui, dans sa jeunesse, avait été précepteur du comte Tanneguy Duchâtel (les Suisses sont volontiers précepteurs dans leur jeunesse), n’avait pas varié une minute au fond du cœur ni faibli dans sa première et vieille trempe helvétique ; et quand je pense à cet homme de bien, vétéran des universités, ancien membre de la Diète aux heures difficiles, si modeste de vie, mais intègre et grand par le caractère, je me le figure toujours sous les traits d’un soldat suisse dans les combats, inébranlable dans la mêlée comme à Sempach, la pique ou la hallebarde à la main.