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1810. (1886) Le naturalisme

Pour ne pas mourir littéralement de faim, il occupa d’humbles emplois et tint pour un grand bonheur de pouvoir entrer dans la maison de librairie de M.  […] De Madame Bovary à Pot-Bouille, l’école ne fait que répéter avec un accent fatidique que l’on trouve dans le devoir seul la tranquillité et le bonheur. […] Par bonheur, ou plutôt grâce à l’instinct qui guide le génie, Galdos fit un pas en arrière pour fuir cette impasse sans issue possible.

1811. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Et en le nommant ainsi je voudrais éviter, quoique cela soit bien difficile, de nommer et d’indiquer l’Église spirituelle ; je voudrais séparer tous ces esprits, toutes ces âmes respectables et intérieures, tous ces croyants qui ne vivent que du suc intime du christianisme et dont la vie est soumise à des préceptes de douceur et de charité ; — et ce n’est pas ici un hommage d’apparat que je leur rends : j’ai le bonheur d’en compter plusieurs pour amis, et à travers les dissidences de la pensée, je n’ai jamais cessé de sympathiser avec eux par le cœur ; — mais il faut bien le dire, des circonstances récentes, des déterminations politiques qui étaient peut-être nécessaires, ont donné aux hommes actifs et d’humeur ingérante, aux meneurs politiques qui dirigent le parti, des encouragements et des espérances qui, dans leur exaltation bruyante et leur redoublement fiévreux, sont faits pour inspirer des craintes, — non pas de l’effroi, — et pour inquiéter du moins ceux de mon âge, qui, se souvenant des misérables luttes du passé, voudraient en prévenir le retour.

1812. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Mais il a échappé par bonheur au pédantisme stérile : la passion religieuse emplit son œuvre — celle qui compte — et la fait sincère, intense et vivante.

1813. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Ce fut en l’an 1619, après avoir quitté Francfort, où il avait assisté au couronnement de l’empereur, que, s’étant retiré sur les frontières de la Bavière, dans une solitude où il se tenait tout le jour enfermé seul avec lui-même, « n’ayant d’ailleurs par bonheur, dit-il, aucuns soins ni passion qui le troublassent19 », il arriva, de pensée en pensée, à mettre son esprit tout nu, et à se dépouiller en quelque sorte de lui-même.

1814. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

On peut avec du talent traiter heureusement une situation ; c’est un bonheur échu à bon nombre d’auteurs du second ordre.

1815. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

 » Le septième volume de l’édition de cet ouvrage, que j’ai sous les yeux, est intitulé : la Théorie du Bonheur, ou l’Art de se rendre heureux mis à la portée de tous les Hommes, faisant suite au Comte de Valmont.

1816. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Elle avait la peinture et la statuaire, elle avait Cornélius, Kaulbach et Schwanthaler ; mais Glück manquait encore à son bonheur : on le lui donne.

1817. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Celle-là remonte, pour sa part, aux plus anciens âges de l’humanité, toutes les civilisations eurent des poètes qui parlèrent de la question interdite, de ce doute qui tue le bonheur avec la foi.

1818. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Avec quelle révolte il constatera ce lent, ce meurtrier empoisonnement de leur commun bonheur !

1819. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Victor Hugo l’avaient appliquée souvent avec bonheur.

1820. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

La pièce a du fond et elle enseigne les cœurs Sous une richissime Américaine qui cherche le bonheur.

1821. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

… Expression d’un ravissement presque adamique à propos d’un bonheur modeste…

1822. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

XV Car la question poignante d’un livre qui pouvait être si dramatique et si terrible est de savoir si l’âme et le génie peuvent vivre, dans leur double intensité, au fond de ce système nerveux endiablé, comme disait Voltaire, d’une comédienne qui aime son art comme tout être de génie aime le sien, et qui lui demande ses émotions, son bonheur et sa gloire.

1823. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

ne pratique pas, mais contre laquelle, du moins, il ne vomit plus ici le flot d’impiétés ordinaire… En ce roman de Quatre-vingt-treize, le royalisme de ses premières années, qui repousse dans Hugo, a porté bonheur à son talent.

1824. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Gabriele d’Annunzio a traduit ainsi, avec un rare bonheur : « Fra il tedio de la vita et la paura de la morte ». […] qu’il est fâcheux que la mode défende le bonheur honnête et qu’il soit de bon goût de ne pas mêler l’amour à l’hymen. […] Il aime, « Se faisant du bonheur avec la moindre chose », à voir se baigner dans une goutte d’eau « Un scarabée au corselet d’azur », à regarder longtemps « Une abeille en maraude au cœur d’une fleur rose ». […] Tels de ses poèmes, dont Baudelaire s’est souvenu, donnent le frisson que l’on aurait tout le long des reins à traverser, de nuit, sous une lune mauvaise effiloquée entre les cyprès comme des lambeaux de suaire, un pâle et livide camposanto dont les morts et les mortes, levant de dessous les marbres leurs têtes où baille hideusement le trou d’« un rire sans gencives », nous conteraient le bonheur et l’orgueil humain coulés en pourriture et le ver grouillant dans l’ombre. […] Leconte de Lisle, non pas impassiblement, car il ne fut jamais impassible, mais en une fureur domptée, a su la désespérance du bonheur et l’inutilité d’être né.

1825. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

A un autre point de vue, ou plutôt en d’autres termes, si le drame est, selon la définition aristotélicienne, le passage du bonheur au malheur ou du malheur au bonheur, il n’y a dans Bérénice point de passage du tout, puisque Titus est dans la même situation d’esprit et le même état d’âme au commencement et à la fin de la pièce. […] Elle commence par la joie triomphale et le bonheur débordant ; elle continue par le désespoir et par un désespoir qui est sur le point d’aller jusqu’au suicide ; elle finit par la résignation dans une profonde douleur ; et certes, maintenant, voilà un drame, voilà de l’action. […] Je montais à sept heures du soir vers la poste, où j’allais chercher le bonheur de ma soirée. […] Mohr ces trésors de haine que presque tous les obligés emmagasinent contre leurs bienfaiteurs ; mais enfin point écrasé, point étouffé, point battu et pouvant lire et écrire, ce qui est, pour celui qui a la vocation d’homme de lettres, le fond du bonheur. […] Dès lors il n’y eut presque plus que du bonheur pour Frédéric Hebbel, ce qui ne prouve pas qu’il y ait une Providence ; — je n’ai pas dit non plus : ce qui prouve qu’il n’y en ait pas.

1826. (1933) De mon temps…

D’année en année il s’élevait plus ample, plus grave, plus pathétique, tantôt hymne extasié à la beauté du monde, à ses éblouissements de midi, à ses splendeurs du soir, tantôt appel impérieux d’une âme insatiable vers le bonheur et vers l’amour, tantôt incantation magique pour retenir tout ce qui fuit et arrêter tout ce qui passe, tantôt confidence inquiète d’un cœur secret, tantôt défi hautain aux puissances destructrices qui s’acharnent à ruiner ce qui n’est pas éternel et qui commencent en nous-mêmes leur œuvre de néant. […] Elle évoqua les heures qu’il avait passées auprès d’elle à la Panne, dernier sol libre de la Belgique envahie, et le tragique accident où, dans la gare de Rouen, un mouvement imprudent et un faux pas malencontreux avaient précipité sous les roues du wagon celui qui n’avait pas eu le bonheur, lui, le poète des Aubes, de voir se lever sur sa patrie délivrée le jour de la Victoire et de la Liberté…   Ce fut à Bruxelles que je fis la connaissance d’Emile Verhaeren, en 1890 ou 1891.

1827. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Ainsi, les héros qui s’immolent pour leur patrie sont sûrs de notre admiration, parce que, au jugement de la raison, le bonheur de tout un peuple est préférable à celui d’un homme, et que rien n’est plus grand que de pouvoir se porter ce jugement contre soi-même et agir en conséquence. […] La douce illusion d’une espérance vaine Ne les fait point tomber du faîte du bonheur : Aucun d’eux, comme moi, n’a perdu votre cœur ;                                Comme eux, à votre humeur sévère                                Je ne suis point accoutumé.

1828. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Mais en attendant cette réforme, dont nos neveux auront peut-être le bonheur de jouir, je ne balance point à croire que l’éducation des collèges, telle qu’elle est, est sujette à beaucoup plus d’inconvénients qu’une éducation privée, ou il est beaucoup plus facile de se procurer les diverses connaissances dont je viens de faire le détail. […] On dit, par exemple, tout conspire à mon bonheur ; tout conjure ma perte : voilà conspirer qui se prend en bonne part, et conjurer en mauvaise ; et on serait peut-être tenté d’abord d’en faire une espèce de règle.

1829. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

C’est-à-dire, répliqua le chevalier de Saint-Louis, qu’avec quelques écus on achete la science du droit, & qu’on a le bonheur de la posséder, dès qu’on a pris la robe & le bonnet de docteur. […] quelle joie ne ressent-on pas, dit le mathématicien, si l’on a le bonheur de réussir ? […] Plein de cette idée, j’aborde un savantasse qui perd sa vie dans les in-folio, pour n’y prendre que ce que tout le monde a dit, & pour faire de son esprit une seconde édition qui n’est ni corrigée, ni augmentée, car il a le bonheur de prendre les choses comme il les trouve, & de les répéter avec la plus grande fidélité ; homme excellent pour les citations, mais sans action, sans génie, & par conséquent bien capable d’ennuyer… Avec un original de cette espece, je ne pouvois mieux discourir que sur des mots. […] Il y a des morceaux sublimes, comme le chapitre qui roule sur le bonheur, il y en a de médiocres, d’autres qui sont trop recherchés, & je crois même qu’il a été calqué sur un ouvrage de Warburthon, auteur anglais, qui a traité le même sujet.

1830. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Il paraît que pour les autres esprits il y a un bonheur inouï à contempler en peinture des êtres qui n’existent pas, tels que les soldats d’artistes, par exemple. […] Scribe, Vernet, Dumas fils, Paul de Kock, Biard, Mme Bonheur, etc., seront balayés ; seulement, que les académiciens, que les romantiques et autres se persuadent qu’ils les suivront malgré leurs excellences de forme, car ils sont gens « à gilet de velours et ventre de son ». […] Je me suis senti un dégoût profond pour les Hamlet, les Océanides, les Saint Augustin, les Apothéoses, les Cimbres, les Idylles, les Fille de Tintoret, les Françoise de Rimini, les Pilori, les Rêve de Bonheur, que sais-je.

1831. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Il lui dut un bonheur domestique constant et vécut avec elle dans une parfaite fidélité.

1832. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

ô bonheur !

1833. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Mais c’est aussi par là qu’ils diffèrent profondément de Byron et de tous les poètes que j’appellerais volontiers Byroniens, qui, n’ayant pas admis ce monde de convention, ce monde du passé, dont les deux termes étaient inégalité et malheur sur la terre, égalité et bonheur dans le ciel, ne peuvent pas se reposer dans une froide contemplation des misères de la terre, les étudier seulement pour les peindre, ou les fuir pour se réfugier dans une sorte de stoïcisme divin.

1834. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Le bonheur dans la vie présente, l’harmonie, par la volonté de Dieu, dans une nouvelle vie, l’accord final des désirs et des actes sur la terre, mais seulement chez une humanité future, enchantent les esprits et les plient à la loi sociale.

1835. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Est-ce la peine vraiment, dans un si pauvre système, de se passionner pour le beau et le vrai, d’y sacrifier son repos et son bonheur ?

1836. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Mais c’est un biographe du premier siècle, un artiste divin qui, indépendamment des renseignements qu’il a puisés aux sources plus anciennes, nous montre le caractère du fondateur avec un bonheur de trait, une inspiration d’ensemble, un relief que n’ont pas les deux autres synoptiques.

1837. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Mais ces observations critiques ayant été faites par des auteurs qui avoient intérêt de décrier les Poëmes en prose, parce qu’ils en ont fait en vers, la saine partie de la nation ne s’y est pas arrêtée ; & il est à souhaiter pour la consolation des Rois & pour le bonheur des peuples, que le Télémaque soit le bréviaire des Souverains.

1838. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Les individus les plus vigoureux ou ceux qui ont lutté avec le plus de bonheur contre les conditions physiques locales laisseront généralement la plus nombreuse progéniture.

1839. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Ce qui nous a intéressés, c’est moins ce qu’on nous a raconté d’autrui que ce qu’on nous a fait entrevoir de nous, tout un monde confus de choses vagues qui auraient voulu être, et qui, par bonheur pour nous, n’ont pas été.

1840. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

C’est le drame assez fréquent dans l’ordre religieux, beaucoup plus rare chez les poètes, du croyant, qui coupe une à une les racines toujours renaissantes de sa foi-Scherer, par exemple-; du poète né, qui veut tuer en soi le poète, et qui, pour notre bonheur, ne réussit jamais qu’imparfaitement dans ses tentatives de suicide. […] Et inversement, par bonheur… XII.

1841. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Incapables de pénétrer jusqu’à l’homme intérieur, elles notent avec une insatiable curiosité, quelquefois d’ailleurs avec un certain bonheur d’expression, le détail matériel, visible et tangible. […] D’autres encore ne veulent, ne peuvent voir en lui qu’un chrétien sincère et convaincu, plus humble qu’un petit enfant, s’efforçant de communiquer à ses semblables la paix qu’il goûte lui-même dans la possession des vérités éternelles, et « devenant théologien dans l’intérêt de ceux qui n’ont pas eu le bonheur de faire les mêmes expériences que lui65 ». […] Ce fut même à titre de client des Pâris qu’il eut le bonheur d’échapper à cette fièvre de l’or que Law inocula deux ans à la nation tout entière. […] Les épithètes consacrées : « beau soir d’été », « croissant argenté », « bords riants », « cimes élancées », y font tache, et plus d’une expression convenue, plus d’un son y choquent l’oreille désagréablement ; mais l’ensemble y est, et l’accent, l’accent de cette mélancolie que le poète serait si malheureux d’échanger contre ce que le vulgaire appelle le bonheur.

1842. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ce n’est pas là, sans doute, une image de bonheur. […] Les Bretons, qui, par leur caractère national et le bonheur de leur position insulaire, s’étaient plus longtemps défendus contre le joug de Rome et la tyrannie de ses mœurs, finirent par étudier l’éloquence latine. […] Mais ce bonheur ne devait pas être durable. […] Cette contrée, si florissante au milieu du douzième siècle, va recevoir en son sein toutes les horreurs d’une guerre de fanatisme et de pillage, elle va cruellement expier tout ce qu’elle a eu de paix et de bonheur ; elle va souffrir au-delà des autres pays de l’Europe. […] Quand un enfant avait le bonheur de naître fils de gentilhomme, et que cet enfant était vif, allègre, on le tirait à sept ans des mains des femmes ; il n’avait guère autre chose à faire que de courir et de s’exercer au saut et à la lutte.

1843. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Il eut le bonheur de trouver dans M. 

1844. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — De plus, toutes nos sensations un peu étranges ou vives, notamment celles de plaisir ou de douleur, l’évoquent, et souvent nous oublions presque complètement et pendant un temps assez long le monde extérieur, pour nous rappeler un morceau agréable ou intéressant de notre vie, pour imaginer et espérer quelque grand bonheur, pour observer à distance, dans le passé ou dans l’avenir, une série de nos émotions. — Mais ce nous-mêmes, auquel, par un retour perpétuel, nous rattachons chacun de nos événements incessants, est beaucoup plus étendu que chacun d’eux.

1845. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

« Mais je ne crois pas que ces oiseaux chantent de tristesse, ni les cygnes non plus ; je crois plutôt qu’étant consacrés à Apollon, ils sont devins, et que, prévoyant le bonheur dont on jouit au sortir de la vie, ils chantent et se réjouissent ce jour-là plus qu’ils n’ont jamais fait.

1846. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

L’histoire de nos révolutions démontre en lui la persistance du rêve de justice et de bonheur universels qui inspira soit la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, soit la fête de la Fédération.

1847. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Un bonheur pareil allait, déjà, échoir à Mozart lorsque ce maître, trop tôt créé, mourut.

1848. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Le voilà devant lui, à nouveau, ce monde, et tel qu’il était en la Symphonie Pastorale ; tout lui paraît illuminé par son bonheur intime ; c’est comme s’il écoutait les sons même de l’Apparence, qui gracieux ou rudes, se mènent, devant lui, dans une danse rythmée.

1849. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Si les caractères ont quelque peu varié de l’état sauvage au nôtre, c’est surtout grâce aux mobiles que les religions dédaignent : l’orgueil, l’amour de la vie, l’amour des jouissances, l’amour sensuel même, l’intérêt, l’égoïsme individuel, l’égoïsme patriotique ; et dans ce lent travail de formation de lui-même, auquel l’ont si peu aidé ses prêtres, l’homme, en paraissant et en croyant les écouter, ne s’est défait que de ce qui lui nuisait, et n’a recherché qu’une somme supérieure de bonheur, se pliant mieux à la vie naturelle et sociale et suivant ces commandements véritables, que personne ne lui formulait, mais que les climats, la chasse, la guerre, ses sens, toute sa chair, lui ont impérieusement imposés.

1850. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Les fantasmagories de son imagination insatisfaite, les sourds élans de son âme vers des bonheurs plus profonds, les gouttes de joie qu’elle parvient à exprimer de la sécheresse de sa vie, culminent en cette scène d’amour où l’ineffable est presque dit : « La lune toute ronde et couleur de pourpre se levait à ras de terre au fond de la prairie.

1851. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Ce fut un malheur pour notre génie immédiat, ce fut peut-être un bonheur pour notre génie futur.

1852. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Edgar Poe est un poète pathologique qui peut exprimer des phénomènes très particuliers à l’organisation humaine, mais les sentiments qui sont la substance invisible, le mérite de l’homme ou son crime, son bonheur ou son infortune, et qui vibrent dans l’humanité depuis Priam aux pieds d’Achille jusqu’à la dernière des mères qui sanglote et qui veille auprès d’un berceau, depuis l’amour criminel de Phèdre jusqu’au pieux amour de Pauline, ne vibrent pas dans son génie.

1853. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Tout dans cet excellent portrait, les chairs, les ajustements, le fond, est traité avec le même bonheur.

1854. (1739) Vie de Molière

Les fêtes que Louis XIV donna dans sa jeunesse, méritent d’entrer dans l’histoire de ce monarque, non-seulement par les magnificences singulières, mais encore par le bonheur qu’il eut d’avoir des hommes célèbres en tous genres, qui contribuaient en même temps à ses plaisirs, à la politesse, et à la gloire de la nation.

1855. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Je ne chante ni l’espérance, Ni la gloire, ni le bonheur Hélas, pas même la souffrance, La bouche garde le silence Pour écouter parler le cœur. […] J’ai dit tout à l’heure que l’amour avait fait bien des poètes, mais il a fait encore plus de simples rêveurs préoccupés d’imaginer des scènes de bonheur, ou, s’ils sont d’esprit plus pratique, soucieux de trouver des moyens de les réaliser. […] Aussi les grands inventeurs n’échappent-ils guère à cette loi, surtout ceux qui innovent le plus, qui n’ont pas le bonheur d’arriver au moment où l’invention est déjà préparée, où le monde, où l’esprit de l’inventeur lui-même sont tout prêts à la recevoir.

1856. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Mais si l’ignorant est mauvais juge en matière d’œuvre classique, si le petit boutiquier ou la femme du monde qui lisent avec bonheur l’article quotidien du pamphlétaire du jour ne peuvent guère que trouver les Provinciales assommantes et ne sont pourtant pas plus reçus à formuler ce jugement qu’un adjudant n’est admis au Conseil supérieur de la Guerre, il arrive quelquefois que le savant n’est pas très bon juge en matière d’œuvres actuelles, et qu’il manque devant elles de spontanéité, de flair, de tout cet esprit de finesse qui ne s’apprend pas. […] Le personnel des bureaux s’indigne volontiers d’être gouverné par un personnel d’avocats, d’hommes politiques incompétents, qui se partagent au petit bonheur des portefeuilles auxquels tout le monde est bon, et que flanque un personnel, non moins suffisant ni moins insuffisant, de gens de cabinet. […] Voyez-le s’esbattre autour des vers où Virgile a peint les amours de Vulcain et de Vénus, donner pour fond à sa lecture ou à sa mémoire, à cette Vénus qui « n’est pas si belle toute nue, et vifve, et haletante, comme elle est icy chez Virgile », le monde sensuel et voluptueux de ses pensées et de sa chair, tirer de la beauté littéraire toute la promesse de bonheur ou tout l’extrait de plaisir.

1857. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Volney tenait de d’Holbach une anecdote qui ne peint pas moins Delille que Diderot, deux figures si diverses27 : « On venait de vanter le bonheur de la campagne devant Diderot ; sa tête se monte, il veut aller passer du temps à la campagne : où ira-t-il ?

1858. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

L’idylle qui en est le tableau se rapporte au séjour de Théocrite dans l’île de Cos ; c’est un souvenir de ses années de jeunesse et de florissant bonheur qu’il veut consacrer, et qu’il dédie à ses amis, à ses hôtes.

1859. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Il compare encore ce grand phénomène aux formations géologiques : « Ce ne sont pas, dit-il, des amas çà et là disséminés par l’action turbulente et saccadée de mille courants variables, mais ce sont des dépôts lents et uniformes produits par l’action également lente et uniforme de vastes mers et de grands lacs. » Il cherche et retrouve la filiation jusque dans le désordre apparent ; il la dégage et la démontre souvent avec bonheur à travers tous les déguisements qui la masquent, et les irrégularités qui sautent aux yeux.

1860. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Quel bonheur d’avoir l’esprit au large, et de sentir le beau sans la permission de la logique !

1861. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Je dois de plus faire observer que jamais je n’ai eu le bonheur de voir un de ces pressentiments s’accomplir, quoique souvent les miens fussent aussi soudains, aussi clairs, aussi inexplicables en apparence qu’on peut le souhaiter.

1862. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

La pompe fut digne du peuple romain et du premier des poètes vivants ; le Capitole revit les jours antiques ; le procès-verbal de la cérémonie, que nous avons sous les yeux, porte : « Pétrarque a mérité le titre de grand poète et de grand historien, et, en conséquence, tant par l’autorité du roi Robert de Naples que par celle du sénat et du peuple romain, on lui a décerné le droit de porter la couronne de laurier, de hêtre ou de myrte, à son choix ; enfin on le déclare citoyen romain, en récompense de l’amour qu’il a constamment manifesté pour Rome, le peuple, la république, etc. » Cette gloire officielle ne fit rien à son bonheur et déchaîna contre lui plus d’envie.

1863. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Il était ou il semblait heureux, mais déjà le bonheur était devenu pour lui impossible.

1864. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Le cruel amour, envieux de mon bonheur, me fit paraître plus belle que toutes les autres belles de la cour aux yeux du duc d’Albanie.

1865. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Mais pour prêter à cet acte solennel un plus grand poids, pour qu’on ne pût attribuer ce refus à une influence étrangère, mais à la volonté spontanée et propre du Saint-Père lui-même, et pour que ce refus pût amener chez l’Empereur la conviction que l’unique et véritable impossibilité de manquer à ses devoirs sacrés et non des inspirations étrangères empêchaient Pie VII d’accéder à ses désirs, on jugea que c’était le moment de compenser le nom définitif donné aux prétentions impériales, par le bonheur qu’il ressentirait en m’arrachant lui-même du ministère.

1866. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Ils purent donc encore être heureux, comme le sont généralement les esclaves dans cette contrée, et continuer à nourrir l’un pour l’autre ce tendre attachement, source de leurs infortunes, mais aussi en définitive de leur bonheur.

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