Cependant je pris la plume avec mes rivaux, et j’écrivis en toute humilité, mais avec tout l’effort de style dont j’étais capable, ma première composition. […] Ma description enfantine eut le prix, non de style, mais de candeur et de sincérité descriptives. […] Ces professeurs aimés me cultivèrent avec une tendre sollicitude, comme un enfant qui promettait au moins un amour instinctif pour les lettres : ils étaient idolâtres du beau dans le style.
Telle nature, tel style ; voilà, selon moi, un incontestable axiome de haute littérature. […] Le désert lui fournit son sujet, son immensité, ses couleurs, ses images, son style. […] L’uniformité du point de vue borné d’où ils envisagent les choses finit presque toujours par fausser même leur regard et leur esprit ; mathématiciens abstraits, mécaniciens de génie, industriels consommés, prodigieux artistes, hommes de lettres immortels par le style, comme J.
Son style est ampoulé, cela est vrai ; mais ainsi le voulait le goût de l’époque. […] Le style de ses œuvres est assez pur, mais hérissé de pointes et d’antithèses. […] Le style est d’une douceur, d’une noblesse, d’une élégance dont rien jusqu’à lui n’avait donné l’idée. […] Ses deux tragédies sont faibles de versification et de style, quoiqu’on y trouve du naturel et de l’esprit. […] Son style est ferme, élevé, nourri, pompeux même, propre, en un mot, à exprimer les passions violentes.
Mais si je n’ai pas reçu de la nature le style et l’éloquence de J. […] « Quand j’aurai chanté en moi-même et pour quelques âmes musicales comme la mienne, qui évaporent ainsi le trop-plein de leur calice avant l’heure des grands soleils, je passerai ma plume rêveuse à d’autres plus jeunes et plus véritablement doués que moi ; je chercherai dans les événements passés ou contemporains un sujet d’histoire, le plus vaste, le plus philosophique, le plus dramatique, le plus tragique de tous les sujets que je pourrai trouver dans le temps, et j’écrirai en prose, plus solide et plus usuelle, cette histoire, dans le style qui se rapprochera le plus, selon mes forces, du style métallique, nerveux, profond, pittoresque, palpitant de sensibilité, plein de sens, éclatant d’images, palpable de relief, sobre mais chaud de couleurs, jamais déclamatoire et toujours pensé ; autant dire, si je le peux, dans le style de Tacite ; de Tacite, ce philosophe, ce poète, ce sculpteur, ce peintre, cet homme d’État des historiens, homme plus grand que l’homme, toujours au niveau de ce qu’il raconte, toujours supérieur à ce qu’il juge, porte-voix de la Providence qui n’affaiblit pas l’accent de la conscience dont il est l’organe, qui ne laisse aucune vertu au-dessus de son admiration, aucun forfait au-dessous de sa colère ; Tacite, le grand justicier du monde romain, qui supplée seul la vengeance des dieux, quand cette justice dort !
Si vous lisez ses pièces imprimées (j’excepte, bien entendu, Lysistrata), vous verrez que ce dialogue est ce qu’on a fait, au théâtre, de plus approchant, par le mouvement et la syntaxe, du style de la conversation. […] Mais Manon parlait une langue décente et jolie ; Marguerite ne redoutait pas l’élégance du style, une élégance aujourd’hui un peu surannée ; et Sapho s’exprimait, en général, comme une fille intelligente qui s’est frottée à des écrivains et à des artistes. […] La bile ardente et le beau style passionné de M. […] L’artifice consiste encore à faire célébrer par les bourgeois eux-mêmes, en style livresque et d’une ironie énorme, l’ignominie du type dont ils s’avouent les représentants. « … Un bourgeois est mort… Nous ignorons son nom, qu’importe ?
Il n’a pas la magie de style d’un Jean-Jacques pour nous captiver par le récit de ses aventures d’enfance. […] Elle a volontairement le style peuple, j’entends le style vivant, énergique, pittoresque, familier. […] La rieuse fillette qu’elle a dû être reparaît de la sorte aux moments les plus graves : son style a des fossettes. […] Parce que Buffon a le style oratoire. […] Il y a, par exemple, pour la littérature comme pour l’ameublement, un style Louis XVI.
Ingres marquait quelques-unes de ses toiles du style antique, il avait publié de Properce une traduction en vers vraiment complète, et menée à fin avec une étude passionnée, il aurait mérité de voir attacher son nom à un des noms qui ne peuvent périr, et d’être appelé invariablement le traducteur de Properce, tandis qu’il ne peut être appelé qu’un amateur de Properce.
Tel est l’usage ; et c’est ainsi qu’à propos de l’École normale dans sa première nouveauté, j’ai été conduit à parler de la « ferveur de la création. » Enfin (et c’est là le seul côté sérieux de la discussion présente) ce docteur, grammairien improvisé, prend pour des fautes de langue ce qui n’est, à vrai dire, que le caractère et la marque d’an style ; il impute à la grammaire ce qui tient à la manière d’un écrivain.
Il a poussé un cri d’alarme, — des cris d’aigle, — comme s’il s’agissait de sauver le Capitole ; il a eu même des paroles légères pour « les étudiantes » (style du quartier Latin) ; ç’a été surtout, le dirai-je ?
Il suit du premier défaut que le style dans cette partie est trop tendu et trop continuellement magnifique.
Il part là-dessus avec une gravité de membre de l’Académie de médecine écrivant un rapport : « Une curieuse épidémie sévit depuis quelque temps sur les billets de cinq cents francs ; ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés d’un vague discrédit Le symptôme pathognomonique de la maladie est un épaississement accentué des tissus, avec complication de troubles dans le filigrane, etc… » Ou encore : « On vient de découvrir l’antisarcine ; comme son nom l’indique, ce médicament est destiné à combattre les effets du Francisque Sarcey qui sévit avec une si cruelle intensité sur la bourgeoisie moyenne. » Et alors il fait l’historique de la découverte ; il raconte que les études sur le virus sarcéyen ont démontré l’existence d’un microbe spécial qui a reçu le nom de Bacillus scenafairus (bacille de la scène à faire) ; que les premiers microbes ont été recueillis dans la bave d’un abonné du Temps, un malheureux qui « jetait du Scribe par les narines et délirait sur des airs du Caveau… et que son teint blafard (et Fulgence) désignait clairement comme un homme épris des choses du théâtre » ; que ces bacilles ont été recueillis, cultivés dans les « bouillons » du Temps et de la France, etc… Ce qui double encore l’effet de ces méthodiques extravagances, c’est le style, qui est d’un sérieux, d’une tenue et d’une impersonnalité effrayantes.
Il y a dans le style de M.
Il va sans dire que, dans ses ambassades les plus scabreuses, Ipocrito conserve toujours le même style : IPOCRITO.
Un jour, on cherchera des rapports d’idées ou de sentiments ; le lendemain, des analogies de structure ou de style.
Dans sa trente-sixième lettre, en 1633, il dit à la mère : « Je devrais craindre, par votre exemple, d’écrire d’un style trop élevé ».
Le style en est large, ingénu, et primitif.
C’est un des artifices qui jette le plus d’agrément dans le style.
Vous en verrez d’excellentes, chacune en leur genre, comme l’ode à la Fortune et l’ode à la Veuve, dont le caractère est absolument différent, quant aux idées, quant au style, quant à la nature même des stances et de la mesure ; et vous viendrez après cela nous tracer des règles.
Il faut voir cette grotesque expédition racontée comme il convient dans ces Souvenirs, avec un style qui ne poétise rien et qui dit le fait comme il fut.
On en fait une femme qui sourit et ne rudoie pas, — une femme qui ne rudoie pas ceux qui outragent la vérité sous toutes les espèces : la vérité dans les idées, dans l’art, dans le style !
Ce n’est plus l’Histoire de la Littérature anglaise, qui, nul dans l’idée générale sur laquelle il repose, n’en est pas moins un livre très intéressant dans sa partie littéraire, et d’un écrivain qui martèle son style, mais qui, à force de le marteler, le rend brillant et solide.
Il y a même en général de l’éloquence, du style, de l’harmonie, mais nulle philosophie et très peu de goût.
Mais, d’autre part, des surcharges de style, de fausses couleurs et quelques expressions douteuses renverraient l’ouvrage aux temps de décadence.
Gide ne s’est pas approprié le style flamboyant du vieux laird, mais c’est bien là un sujet qu’il eût volontiers traité. […] C’est une série de croquis pittoresques et psychologiques, dont le charme ironique et poignant réside surtout dans le style et le choix des détails. […] Maig le style est d’un lyrisme biblique. […] Mais l’idéologie d’André Gide ne vaut certes pas son style. […] » Ce n’est pas la mienne, et ce n’est pas pour des raisons politiques que je n’apprécie pas beaucoup, par exemple, le style de M.
Le style même perd peu à peu sa vie capricieuse et jolie, marche égal, somnolent, sur la grand’route grise et plate de la perfection académique. […] Cette personne complaisante ne refuse jamais à celui qu’elle aime un exercice de style. […] Le style semble imité de M. […] Ces fadaises sont contées dans le style qui leur convient, et avec les élégances nécessaires. […] Le style de ces « biographies » est un excellent modèle pour nos jeunes filles.
Même celles de Quinault, d’un style plus aisé, mais diffus et mou, ne sont pas toujours faciles à entendre. […] Même, la scène d’Hémon dans le tombeau d’Antigone fait un peu songer, par l’outrance fleurie du style et par le décor, à Roméo près de Juliette morte. […] Et il a déjà presque tout son style. […] Cela est même plus simple de style que, par exemple, le couplet d’Alceste jaloux au quatrième acte du Misanthrope. […] Et tout est de ce style et de cette force.
Ainsi la noble Rome, vénérable, avait disparu, aux yeux du spectateur intelligent, recouverte par le style architectural jésuitique des deux derniers siècles ; ainsi s’était amollie et édulcorée la très glorieuse peinture italienne ; ainsi s’était dressée, sous la même influence, la Poésie Française classique, œuvre de mort intellectuelle, et dont les lois examinées présentent une précise analogie avec les lois de l’Opéra et de la Sonate. […] Emil Giani, s’est tiré de toutes les difficultés d’exécution et de style ; et les deux solistes, Mlle Pauline Mailhac, du théâtre de Carlsruhe, et M. […] Elle seule rend vraiment compte du style wagnérien et du caractère littéraire de ses textes.
Lassay en a aussi, bien que ses billets écrits d’un style poli et pur soient courts. […] Lassay, je l’ai dit, n’est pas un écrivain ; son style est sans cachet, mais il parle en perfection cette langue pure, polie, incolore, exempte du moins de tout mélange, et parfaitement naturelle, que continuent de parler et d’écrire les personnes de goût de l’époque qui succède, le président Hénault, Mme de Tencin.
Les gens qui en manquent admirent votre savoir ; peu voient l’esprit et le bon esprit qu’il y a, et presque personne ne veut rendre justice au style français, parce que presque tous ont le sentiment que ce style est étranger à Genève, où l’on manque de goût et, à peu d’exceptions près, du talent d’écrire, que vous avez éminemment. — Le talent de bien écrire vient de l’âme ; ses formes se prennent dans la société.
J’ai vu des gens reprocher au style de Bayle d’être lourd, traînant, et de manquer aussi de politesse ; on le disait dès le temps de La Bruyère. […] Critiquant Basnage et son style trop peu approprié, il disait encore, revenant toujours à Bayle dont l’idée ne le quittait pas : « Je voudrais qu’on parlât sérieusement dans des ouvrages sérieux, et il faut être aussi grand maître que lui pour faire recevoir ce badinage. » Les livres pesants de Basnage, malgré la part d’estime qu’il leur accorde, lui servaient de repoussoir et le rejetaient de plus en plus vers ses premières amours, vers ce Bayle à qui il accordait toutes les sortes d’esprit : « Plus je lis cet ouvrage (l’Histoire des Juifs), moins je me trouve digne d’avoir commerce avec un homme si profond.
Cousin dans son style inimitable160, une réponse à quelqu’un de la société de Mme de Sablé qui, devant elle, avait exprimé de basses pensées sur l’amitié. […] On a de lui, vers cette même date et dans ce même style spirituel, mais plus aisé, une Dissertation sur la tragédie de Racine d’Alexandre, tout à l’avantage de Corneille, et qui montre bien les sentiments de ceux qui appartenaient à cette génération d’admirateurs, restés fidèles au Cid et à Cinna.
XXII Mais pour sortir du style figuré, qu’était-ce en réalité que cette harpe dont les poètes hébreux, et surtout David, accompagnait ses chants ? […] Il paraît que la langue hébraïque, quoique déjà très imagée et très savante, n’était pas encore arrivée à cette invention parfaite des vers, qui change les mots en notes, et qui fait chanter le style comme une musique à laquelle on bat la mesure avec une rigoureuse précision.
On passe de.Mahomet à Mélusine, de l’empereur Constant au roi Richard Cœur de Lion ; à côté du merveilleux Partenopeus de Blois de Denis Pyramus, qui nous conte en son style enjolivé les amours d’un beau chevalier et d’une fée inconnue (c’est Psyché, où les rôles seraient renversés), on rencontre la très simple et dramatique histoire de la châtelaine de Vergy, qui n’est que le récit d’une très humaine passion située en pleine réalité contemporaine, ou l’aimable chante-fable d’Aucassin et Nicolette, récit, en prose coupée de laisses chantées, des amours de deux enfants qui finissent par se rejoindre et s’épouser. […] Les poèmes sur Alexandre ne sont que des chansons de geste : les romans d’Eneas et de Troie ont l’esprit, le style, le mètre des romans bretons ; et si Benoît de Sainte-More a précédé Chrétien de Troyes de quelques années, il n’a rien mis dans son œuvre, qu’on ne retrouve plus expressif, mieux dégagé, plus complet dans les poèmes de son jeune contemporain.
Ce qui a plus de prix, c’est le naturel des sentiments, justement senti, curieusement développé par une intuition spontanée : à force de ne pas se guinder, à force de facilité à retrouver dans l’antiquité évangélique et biblique tout le détail de la vie contemporaine, nos découpeurs des Livres saints, sans art, sans goût, sans style, ont donné à quelques scènes un air de vérité aisée, qui est près de charmer, Il y a des coins de pastorale gracieuse dans le Vieux Testament, dans la Passion : mais surtout il y a quelques commencements heureux d’expression dramatique des caractères. […] Dans ce sujet si simple — un marchand fripon, dupé par un avocat fripon, que dupe à son tour un rustre fripon, auquel il avait donné secours pour duper encore le marchand — dans ce sujet si mince, il y a un tel jaillissement de gaieté, tant de finesse, tant d’exactitude dans l’expression des caractères, une si délicate et puissante intuition de la convenance dramatique et psychologique des sentiments, une vie si intense, et un style si dru, si vert, si mordant, ici une si exubérante fantaisie et là une si saisissante vérité, souvent un si délicieux mélange de la fantaisie au dehors et de la vérité au dedans, qu’en vérité la farce de maître Pierre Patelin est le chef-d’œuvre de notre ancien théâtre, et l’un des chefs-d’œuvre de l’ancienne littérature.
Rapprochez, par ouï-dire, des collèges de tout style en une telle communion, l’étude, qu’à leur milieu rien de discordant, moyen-âge, Tudorien, aéré de prairies à vaches et à cerfs, avec eaux vives, propres à l’entraînement : la Grande-Bretagne s’adonne à l’élevage athlétique de ses générations. […] Style, versification s’il y a cadence et c’est pourquoi toute prose d’écrivain fastueux, soustraite à ce laisser-aller en usage, ornementale, vaut en tant qu’un vers rompu, jouant avec ses timbres et encore les rimes dissimulées ; selon un thyrse plus complexe.
. — Style inspiré de son rôle. — Clytemnestre devant le peuple. — Révolte du Chœur. […] Ce qui met encore à part le rôle de Cassandre, c’est l’extraordinaire beauté de son style.
Lucrèce décrit la mélancolie, en plusieurs endroits de son poème, du même style dont il peint la peste. […] Le meilleur charme de l’Aventurière est encore son style ferme et franc, du meilleur cru de la langue, d’une éloquence pathétique et forte dans les grandes scènes et d’où le rire jaillit, aux endroits comiques, comme de source vive.
Lui, amateur des sources antiques, toujours en quête des saines et « bonnes disciplines », qui voudrait produire dans son style la « tranquillité modeste et hardie » de ses pensées ; lui qui, dans les belles pages de prose où il ébauche des projets d’ouvrages sévères, aspire et atteint à la concision latine, à la « nerveuse et succulente brièveté » d’un Salluste honnête homme et vertueux, on conçoit la colère à la Despréaux, et plus qu’à la Despréaux, qui dut le saisir en voyant un tel débordement de déclamations soi-disant philosophiques, de facéties galantes et de gentillesses libertines, découlant de la plume d’un bel esprit formé à l’école de Danton. […] Il réclame la punition énergique, exemplaire, des coupables ; il fait entendre de grandes vérités : « Souvenez-vous que rien n’est plus humain, plus indulgent, plus doux, que la sévère inflexibilité des lois justes ; que rien n’est plus cruel, plus impitoyable, que la clémence pour le crime ; qu’il n’est point d’autre liberté que l’asservissement aux lois. » Un caractère essentiel à noter dans ces articles de prose d’André Chénier, c’est que si le poète s’y marque par l’élévation et la chaleur du sentiment, par le désintéressement de la pensée et presque le détachement du succès, par une certaine ardeur enfin d’héroïsme et de sacrifice, il ne donne pourtant au style aucune couleur particulière.
Puis une trop belle syntaxe, une syntaxe à l’usage des vieux universitaires flegmatiques, une syntaxe d’oraison funèbre, sans une de ces audaces de tour, de ces sveltes élégances, de ces virevoltes nerveuses, dans lesquelles vibre la modernité du style contemporain… et encore des comparaisons non fondues dans la phrase, et toujours attachées par un comme, et qui me font l’effet de ces camélias faussement fleuris, et dont chaque bouton est accroché aux branches par une épingle… et toujours encore des phrases de gueuloir, et jamais d’harmonies en sourdine, accommodées à la douceur des choses qui se passent ou que les personnes se disent, etc. […] Puis dans cette préface, il pleut des larmes de famille : ce sont des éloges et des regrets en style lapidaire de tombe du Père-Lachaise.
Ces roideurs de style, ces passages qui sentent l’huile dans son beau livre, auraient disparu. […] N’écrivant que sous la pression d’une idée, son style serait toujours plein, vrai, naturel.
Et M. d’Argenson, qui est sans gêne dans son tête-à-tête et dont tous les jugements d’ailleurs ne sont pas articles de foi, note dans ce volume de l’abbé de Pons qu’il vient de lire « un petit traité De l’origine des âmes qui est, dit-il, une miniature de métaphysique. » L’abbé Trublet, autorité peu considérable en matière le goût, mais témoin exact des faits, nous dit de son côté : Je n’ai connu personne qui écrivît plus facilement que l’abbé de Pons, quoique d’un style très singulier et en apparence très recherché.
Ce poëme, que plusieurs ont lu tout entier manuscrit (5,000 vers, s’il vous plaît, auparavant 8,000, — 3,000 supprimés), ce poëme est beau, il renferme quatre ou cinq grands morceaux qui classeront Quinet parmi les poètes ; son style, comme vous le pensiez, y a gagné.
Comme style et talent d’écrivain, il y aurait à signaler plus d’un beau passage.
Mon style me paraissait à moi-même trop ambitieux et trop fleuri.
Ce serait pour nous une trop longue, quoique bien agréable tâche, de rechercher dans ces volumes et d’extraire tout ce qu’ils renferment d’idées et de sentiments par rapport à l’amour, à l’amitié, à la haute morale et à la profonde connaissance du cœur ; au spiritualisme panthéistique, véritable doctrine de notre philosophe ; à l’art, soit comme théorie, soit comme critique, soit enfin comme production et style.
Avant d’être un livre, cet exposé du xviiie siècle a été un cours ; dans sa préface, l’écrivain a très habilement posé la différence du style à la parole, les sacrifices que l’un exige, auprès des licences heureuses que l’autre se permet.
Je ne sais pas si la confusion et la mauvaise distribution n’ont pas fait tomber plus d’ouvrages que la pauvreté d’invention, le manque d’esprit, le mauvais style, et tous les défauts ensemble qu’on peut imaginer.
Augier, esprit solide et bourgeois, fait le vers en bon élève de Ponsard, qui serait nourri de Molière ; son style poétique a quelque chose de lourd, de pénible, rien du poète.
Si l’excès du moderne style munichois nous importune le jour, le soir c’est un enchantement, un conte des mille et une nuits.
La ville, comme à cette époque toutes les bourgades juives, était un amas de cases bâties sans style, et devait présenter cet aspect sec et pauvre qu’offrent les villages dans les pays sémitiques.
Mais le romantisme, qui n’admet plus le style noble, les règles de Boileau, la séparation des mots et des genres en castes nettement tranchées, bref, qui abolit l’ancien régime en matière littéraire, ne triomphe que dans les trente premières années de notre siècle.
Cette aïeule vit longtemps, traverse des époques très différentes et se confie dans le style de chacune de ces époques, déclamatoire et humanitaire aujourd’hui, rieuse et nonchalante hier.
« Tout ce que l’enfer peut vomir de plus faux — dit-il des Philippiques — y était exprimé dans les plus beaux vers, le style le plus poétique, et tout l’art et l’esprit qu’on peut imaginer. » Quand il arrive aux affreux passages où le Régent est accusé d’empoisonnement : « L’auteur — ajoute-t-il — y redouble d’énergie, de poésie, d’invocations, de beautés effrayantes, de portraits du jeune roi et de son innocence… d’adjurations à la nation de sauver une si chère victime, en un mot, de tout ce que l’art a de plus fort et de plus noir, de plus délicat, de plus touchant, de plus remuant et de plus pompeux… » Ce n’est pas tout.
C’est de plus un écrivain d’un style très clair, très cristallin, qui mettrait les turpitudes et les sottises sous le plus brillant cristal, pour qu’on les vît mieux.
Enfantin, ni au saint-simonisme ; elles appartiennent à la littérature chrétienne sans laquelle, même comme exposition d’idées, le saint-simonisme n’aurait jamais dit deux mots… Il serait tolérable peut-être que ces gens-là (s’ils le pouvaient) fissent leur affaire sans prendre niaisement notre dogme, nos formules, notre style, obligés à imiter notre manière d’être, pour nous répondre et nous parodier !
Gautier un tel phénomène d’expression et de style, que la gloire littéraire, ce talent du talent, n’est certes pas trop pour le payer.
Réflexions sur le style de Molière ; il ne songea jamais à versifier cette pièce. […] Rousseau, « est revêtu du style le plus bas et le plus ignoble qu’on puisse imaginer. […] Le style d’un seul auteur, Beaumarchais, rappelle parfois celui de cette pièce. […] Cependant plusieurs littérateurs, n’apercevant pas dans cette brochure toute l’économie de son style, ont pensé qu’il ne fallait l’attribuer qu’à quelque ami qui l’aurait composée sous ses yeux. […] Son plus sûr moyen était donc de chercher à déguiser son style : c’est le parti qu’il prit en cette occasion.
Nous assistons, dans un palais de style Renaissance, aux noces de Thésée, duc d’Athènes, avec Hippolyte, reine des Amazones. […] Le style même n’a point l’intempérance que vous pourriez supposer chez un si fervent adorateur de Victor Hugo. […] Le vent parle d’amour en un ravissant style. […] Et, pour le reste (je ne vous livre là qu’une impression), le style et la versification de M. […] L’effet comique est alors produit par le contraste entre la solennité du style et la vulgarité du sujet, ou inversement.
Mise soignée et même coquette ; pantalon gris, gilet blanc, simple cravate bleu ciel, d’ancien style. […] L’auteur de la Vie des comédiens, qui n’a jamais été ministre, est sage et sérieux, malgré l’enjouement aimable de son style. […] Ce livre, dont il serait superflu de louer le style, est délicieux et inquiétant. […] Le Louvre lui donna des leçons de style. […] J’ai cru, par là, rendre un hommage plus convenable à cette œuvre singulière que si j’avais tout bonnement complimenté l’auteur sur les réussites de style dont il est coutumier.
Au contraire, Voltaire, Diderot, le style souple, rapide et perçant du xviiie siècle, firent école de journalisme, engendrèrent une postérité de journalistes. […] Si le style n’est que l’ordre et le mouvement qu’on met dans ses pensées, le discours ainsi entendu peut bien être appelé le style même de la critique, puisque, entre les œuvres, il propage de l’ordre et du mouvement. […] Oui, je crains, par moments, que le maître, avec son magnifique style (il s’agit de Cousin !) […] Partout où il y a style, originalité, sincérité puissante et communicative, il y a création. […] On a même dit, non sans quelque fondement, qu’il se voulut et se fit un style.
Charles de Pomairols a étudié avec une rare et amoureuse pénétration la « spiritualité » du style de Lamartine. […] Nous sommes bien loin des vieilles pratiques traditionnelles : 1º Telle qu’une bergère au plus beau jour de fête… 2º Telle, aimable en son air, mais humble dans son style… Les classiques mettent d’un côté l’objet comparé, de l’autre côté l’objet auquel ils le comparent et une cloison entre les deux. […] Parlerai-je du style de Jocelyn ? […] Par la luxuriance continue, et la surabondance de l’expression, et l’hyperbole volontiers presque enfantine, ce style, plus encore que celui des Harmonies, se rapproche de l’antique poésie hindoue. […] Les lacunes, les négligences de style, les incorrections de langue y abondent, car les forces de l’artiste ne suffisent pas toujours à sa tâche ; mais les parties admirables qui s’y rencontrent sont de premier ordre. » VII.Le Fragment du livre primitif et les Recueillements.
Vallès n’a pas respiré depuis vingt-quatre heures l’air de la maison, qu’il la hait déjà, de cette violente et implacable haine dont son style au vitriol est comme corrodé. […] Il s’était donné cette instruction dans ses années de journalisme militant, et s’il n’eût pas écrit de ce style qui était le sien, trop éclatant d’imagination poétique, les lecteurs eussent reconnu dans la plupart de ses idées une solidité comparable à celle de ce Rivarol dont j’ai déjà cité le nom à propos de lui.
— Atteindre au plus de Beauté expressive possible, par le moyen lyrique, subordonnant le cadre aux exigences imprévues de l’image, et rechercher assidûment la surprise de style comme dans la libre prose avec, de plus, le souci d’un rythme particulier qui doit déterminer le caractère poétique déjà établi par le ton ou pour mieux dire le diapason élevé du langage… en somme, tout poème doit inclure d’abord l’idée, puis le rythme, ensuite l’harmonie de la cadence, la musique des mots, la magie de la forme. […] Et pour ceux de nos lecteurs qui ne se seraient pas initiés à « la surprise de style » de l’aimable poétesse, nous citerons ce sans doute gracieux petit fol Caprice, des Joies errantes : Une petite Folle Qui d’elle-même se rit Comme une folle ; Une petite folle aux clochettes de passion, Folle pour de bon ; Une façon plutôt bête de jouer son cœur À pigeon vole, Car, je vous demande, comment tout cela Pourrait devenir du bonheur. Que si l’on est étonné, après telle surprise de style, si bien en rapport avec la très particulière syntaxe de Mme Krysinska, on recommence la lecture de ces vers… on ne comprendra peut-être pas davantage, mais on aura le malin plaisir d’avoir vaincu la surprise, l’étonnement, au prix d’un exercice après tout pas plus ennuyeux qu’un autre. […] Mais, venons à un point plus important que toutes ces questions de métrique, je veux parler du style et de l’essence de l’œuvre poétique. Il me paraît que dans ce qu’on appelle les nouvelles écoles, lesquelles, soit dit en passant, n’ont rien rénové, n’étant que la conséquence immédiate des erreurs romantiques et parnassiennes, le style semble beaucoup plus répréhensible que le fond lui-même.
Avant lui, la fable n’était qu’une moralité ; tandis que Phèdre, par exemple, compose de dessein délibéré, avec des réflexions philosophiques, enfermé dans son cabinet, appliquant sa leçon à tous les hommes, disant en style sec que « le faible périt quand il veut imiter le puissant26 », La Fontaine vient de la cour ou de la ville, raconte sans songer ce qu’il a vu, et sa morale s’applique aux contemporains. […] Vous voyez qu’il est primitif, et qu’il n’a guère de style. […] 98 Il s’échauffe, il s’enroue, il s’élève au style sublime, il assène les insultes populacières, le tout pour un os, c’est-à-dire pour des gages. […] Ceux-ci ont un style plus limé, une fable mieux ajustée, un arrangement plus ingénieux et plus exact.
Au reste, je n’y ai point fait de corrections, même de style ; et je me suis contenté d’y ajouter de nombreuses notes qui en doublent à peu près l’étendue. […] On m’a reproché, sur tous les tons aussi, que je manquais de style ou de grammaire même ; et, à ce propos, comme voilà vingt ans qu’on me le dit, je ne suis pas si têtu que de ne pas commencer à le croire. Après quoi, plus encore que de style, on m’a reproché que je manquais d’idées ; et des prélats considérables, qui sont aussi de grands maladroits, se sont joints aux « correspondants » de l’Écho de Paris, pour s’émerveiller de la profondeur de mon ignorance. […] On le voit clair comme le jour dans le détail de son style où les comparaisons « pseudo-scientifiques » abondent, et, ce qui est plus grave, y servent à fonder des conclusions soi-disant historiques ou morales.
C’est que ce style est rayonnant.
Si en effet quelques traits de style et de pinceau, aux endroits particulièrement descriptifs et littéraires, dénotent plus de fermeté et d’habitude qu’il n’est naturel d’en accorder à une femme toute seule, dans un premier essai d’aussi longue haleine, une foule d’observations fines et profondes, de nuances intérieures, de sensations progressives ; l’analyse du cœur d’Indiana, de ses flétrissants ennuis, de son attente morne, fiévreuse et désespérée, pauvre esclave !
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !
Qu’il me prête de mauvais sentiments, je m’en arrange encore ; mais qu’il ne me prête pas son style !
Jules Lemaître Dans La Princesse lointaine, je me plaindrais seulement un peu des anachronismes de style.
Son style n’avait rien de la période grecque, mais se rapprochait beaucoup plus du tour des parabolistes hébreux, et surtout des sentences des docteurs juifs, ses contemporains, telles que nous les lisons dans le Pirké Aboth.
Au reste, le style de cette pièce est plein de verve et rachète, autant qu’il est possible, le défaut du sujet85.
Ce sont des Philosophes qui déclament contre l’imagination & la Poésie, qui réduisent le mérite des Vers au seul mérite de la pensée, qui ont substitué, dans le style, l’emphase au naturel, l’enflure au sentiment, l’entortillage à la clarté, la glace au pathétique….
Mais la diverse nourriture… Ce mot se prenait alors, même dans le style noble, pour synonyme d’éducation.
Lorsqu’il les écrivait de ce style ferme, clair et sensé, que nous aimons à retrouver sous sa plume comme la preuve de la solidité du génie occidental que les mœurs stupéfiantes de l’hypertrophique Orient n’ont pu émousser, il se constituait à l’avance, puisqu’il pensait à écrire l’histoire, une grande autorité comme historien.
D’ailleurs, elle est, de sa nature, quelque chose d’inférieur, et les choses inférieures ne méritent pas d’histoire… Certainement, si le diplomate est un observateur ou un écrivain de génie, il verra les choses et les dira comme le génie ; mais, alors, sa spécialité de diplomate sera débordée… La diplomatie ne sera pour rien dans sa supériorité d’aperçu et de style.
Plus fine que tous ces Français, cette Allemande, qui semblait naïve quand elle faisait dire à ce vieux campagnard de génie, Mirabeau l’Ancien, père de Mirabeau le Superbe, quand elle lui faisait dire, dans son style magnifiquement bourru : « Je me suis dit que Louis XIV serait un peu étonné s’il voyait la femme de son arrière-successeur en habit de paysanne et tablier, sans suite, ni page, ni personne, courant le palais et les terrasses, demandant au premier polisson de lui donner la main, que celui-ci lui prête seulement jusqu’au bas de l’escalier.
Plus fine que tous ces Français, cette Allemande, qui semblait naïve quand elle faisait dire à ce vieux campagnard de génie, Mirabeau l’Ancien, père de Mirabeau le Superbe, quand elle lui faisait dire dans son style, magnifiquement bourru : « Je me suis dit que Louis XIV serait un peu étonné, s’il voyait la femme de son arrière-successeur en habit de paysanne et tablier, sans suite, ni page, ni personne, courant le palais et les terrasses, demandant au premier polisson de lui donner la main, que celui-ci lui prête seulement jusqu’au bas de l’escalier.
… « L’Histoire — écrivait-il, dans ce style anglais et whig qui n’est qu’à lui, — l’Histoire, cette province de la littérature, est comme un terrain contesté placé sur la limite de deux territoires différents et sous la juridiction de deux pouvoirs hostiles, et, comme tous les terrains dans ces conditions d’existence, il est nécessairement mal défini, mal cultivé et mal administré.
que des rages de grands seigneurs, en style de laquais.
Il n’avait de langage et de style que la plume à la main, homme de lettres jusque-là que, quand vous lui ôtiez sa plume, il était désarmé de tout, et que son esprit valait alors son caractère.
Jules Simon ressemble à son style, c’est du vicaire savoyard, mais baveux où l’autre est coulant.
Certes, il y a là des accents superbes, un style étonnant, remuant et remué, et français à nous faire penser que nous avons là dans cet Italien un éloquent compatriote ; mais est-ce tout ?
C’est que, malgré son absence de manière très individuelle et d’originalité accentuée, Barthélemy Saint-Hilaire a une telle élévation naturelle, et, dans la pensée comme dans le style, une si large clarté tombant de si haut, que si ce n’est pas, cela, de l’originalité en soi, c’est quelque chose d’aussi rare que l’originalité, et peut-être de plus imposant.
Malheureusement, Hayem l’a énervé de métaphysique… C’est la métaphysique, et la plus mauvaise des métaphysiques, — la métaphysique moderne, qui donne l’égalité des choses apprises à la pensée et au style des hommes qui ont une valeur propre et qui devraient rester personnels, — c’est cette métaphysique générale qui noie tout, inféconde même quand elle a la prétention d’être positive, qui est le défaut capital du livre.
… L’auteur, — il ne s’est pas nommé, mais tout le monde l’a fait pour lui, parce que le style est une signature que l’on reconnaît toujours, et qui n’est pas comme l’autre à la portée des faussaires, — l’auteur est un de ces esprits qu’on peut repousser ou accepter, adorer ou maudire, mais qui ont du moins le mérite de l’outrance, et pour nous ce mérite doit être compté, même quand il est seul.
On se souvient de l’admirable étude de Théophile Gautier qui précède l’édition des Fleurs du Mal et où Gautier développe la beauté particulière et chatoyante du style aux époques de décadence. […] Jean Ajalbert fait preuve d’un style agile et artiste ; dans sa voie de romancier on peut prédire une interprétation très fine des humbles conçus en leurs sensations rares et leurs sentiments délicats ; — mais M. […] En cela il se ralliait au grand mouvement poétique où passèrent Poe et Baudelaire, dont le but fut de resserrer les attributs de la poésie, de ne lui permettre de chanter que des instants vraiment dignes d’un style d’apparat. […] Pour dire toutes ces choses ténues, il s’était forgé un style d’une extrême souplesse, sa phrase a l’allure d’un bel entrelacs. […] Et sa manière de hardiesse philosophique et de libre style, qui pourrait dire l’avoir reprise ?
Quand je dis que j’aurais désiré trouver un tel portrait idéal, je ne suis pas juste, car il y est, bien qu’un peu trop dispersé ; les chapitres xiii et xiv de l’Introduction, qui ont pour titre : Exposé sommaire de la doctrine médicale d’Hippocrate ; Remarques sur le caractère médical et le style d’Hippocrate ; ces chapitres ne sont autre chose que la description exacte, précise, définitive, de la forme de science et du genre de talent de l’Homère médical. […] Venant à définir le style si caractéristique du père auguste de la médecine, cette langue ionienne, chez lui si ferme et si sévère, bien qu’élégante toujours, ce style aphoristique en particulier auquel Hippocrate a donné vogue et qu’il semble avoir communiqué depuis à des moralistes eux-mêmes pour graver leurs pensées, il y reconnaît la marque primitive du maître, qui est demeurée sans égale, bien des choses qui, répétées depuis, n’ont plus été exprimées avec le même sens et la même grandeur.
Il résolut, vers l’âge de quarante ans, de construire un monument épique dans un style sans modèle dans l’antiquité, qu’on pourrait appeler un badinage immortel. […] Ces légèretés du style de l’Arioste, au reste, étaient dans les mœurs de son pays et de son temps. […] c’est-à-dire en style littéral, le seul qui rende l’intention et le génie local du poète : « Les femmes, les chevaliers, les combats, les amours, les galanteries, les aventures héroïques je chante, qui furent au temps où les Maures d’Afrique passèrent la mer et ravagèrent si cruellement la France, etc., etc.
Enfin, allant de ville en ville, “toujours pleurant, rimant toujours”, il voit à Masino son cher ami de Lisbonne, l’excellent abbé de Caluso ; il voit aussi les deux maîtres de ce style facile et souple qu’il s’efforçait d’atteindre, Parini à Milan et Cesarotti à Padoue ; il revient ensuite en Toscane, il y fait imprimer un nouveau choix de ses tragédies ; puis, incapable de supporter sa douleur, il veut se distraire en changeant de place et part soudain pour l’Angleterre. […] De tels documents veulent être cités avec une fidélité scrupuleuse ; ce ne sont pas des modèles de style ou de correction qu’on y cherche. […] Mais, n’étant point encore assez maître de la langue et de la rime, je m’y étais rompu les cornes ; et, craignant de ne pouvoir jamais y réussir, du moins pour le style et la versification, j’en avais à peu près abandonné l’idée.
Le style de l’Histoire des animaux est aussi abondant que les choses ; il est pur, coulant, et son plus grand ornement est la propriété des expressions et la clarté. […] À l’exception de Cuvier, les naturalistes français n’ont fait que des modèles de style, des hypothèses et des systèmes. […] X Nous ne donnons pour échantillon de son style que ces fragments sur les abeilles.
C’est un style moyen, à peine rimé et très discrètement allitéré, sans mots qui se détachent, un style de récit, Mais avec cela d’une précision et d’une concision parfaites. […] Sur le style de Tristan, se reporter à l’analyse d’André Miquel (voir note n°40) qui écrit dans la notice de sa traduction : « ce superbe morceau d’anthologie musicale est aussi le lieu d’une recherche textuelle constante, notamment à partir du moment où le délire d’Isolde passe à une exaltation supérieure et qui ne se démentira plus.
Le style des livres d’Audin, quand Audin est tout à fait éclos, ce style d’un carmin lumineux quand il écrit Luther ou Henri VIII, n’est pas plus la pâle forme littéraire de l’Essai que sa manière d’entendre l’histoire dans la Saint-Barthélemy n’est celle qu’il finit par dégager, lucide et vivante, du chaos sensible dans le quel elle plongea si longtemps… En se mesurant avec ce grand sujet vierge de la Saint-Barthélemy, qui n’avait encore inspiré que des déclamations ou des impostures, Audin eut plus d’instinct que de puissance, plus d’ailes pour aller à un beau et terrible sujet d’histoire que de serres pour le tenir et de regards pour le percer. […] S’il est permis de parler de style après avoir montré de si tristes défaillances dans la pensée, celui d’Audin avait tout ce qu’il fallait pour porter loin ses erreurs au moment où il écrivait son histoire.
Le poète au théâtre, ainsi que dans le roman, se montre poète, bien plus dans ses conceptions que dans son style. […] 3º Reste le style. […] En somme, la pâte de ce style est fort ordinaire et ne laisse rien soupçonner du puissant artiste qui devait naître. […] Ce roman, par sa conception et par son style, appartient à la convention, et pourtant il est sincère. […] Le style de M.
Un moment, dans les premières années de cette existence nouvelle à Weimar, il a l’idée de se plaindre de son esclavage ; un reste de misanthropie werthérienne s’est glissé sous sa plume, mais il a le bon esprit aussitôt de s’en repentir : « Que le style de ma dernière lettre ne vous fâche pas, écrit-il à Kestner (mars 1783). […] Poley, anciennement attachée à la légation de Prusse, qui appartient à l’Allemagne par la langue et à la France par un long séjour, à traduit cette correspondance comme il est à souhaiter qu’on fasse toujours pour ces sortes d’ouvrages : ce qui importe en effet, c’est bien moins d’éviter quelques incorrections de style que de conserver la parfaite exactitude et le caractère de l’original : et c’est à quoi M.
Jamais un Oriental, quel qu’il soit, n’a écrit de ce style. […] « Quant au style, j’ai moins sacrifié dans ce livre-là que dans l’autre à la rondeur de la phrase et à la période.
… « Si je vous vois un jour comme je le souhaite vivement, aurez-vous la patience et la courageuse franchise de m’apprendre ce qui est mal et ce qui est bien dans un style que je ne sais pas juger moi-même ? […] Tu nous aiderais à traduire Horace dans un style élégant et philosophique comme celui-ci : Cueillons le jour92.
En ces meilleurs passages, il faut bien cependant reconnaître que le sentiment et l’intention sont fort supérieurs à l’exécution et au style ; rarement le sonnet tout entier répond au vœu du poète et du lecteur. […] Le chancelier y déclare n’avoir jamais rencontré jusque-là en aucun auteur français pareille vivacité et distinction de style et une grâce aussi continue.
La vigueur de son imagination et la pureté de son style le distinguaient de tous ceux, excepté Politien, qui vivaient alors dans sa familiarité à Florence. […] Jeune encore, il fit briller, au milieu des ténèbres de la barbarie qui s’étaient étendues sur toute l’Italie, une simplicité de style, une pureté de langage, une versification heureuse et facile, un goût dans le choix des ornements, une abondance de sentiments et d’idées, qui firent encore une fois revivre la douceur et les grâces de Pétrarque. » Si l’on ajoute à ces témoignages respectables les considérations suivantes, que les deux grands écrivains dont on prétend établir la supériorité sur Laurent de Médicis employèrent principalement leurs talents dans un seul genre de composition, tandis qu’il exerça les siens dans une foule de genres différents ; que, dans le cours d’une longue vie consacrée aux lettres, ils eurent le loisir de corriger, de polir, de perfectionner leurs ouvrages, de manière à les mettre en état de supporter la critique la plus minutieuse, tandis que ceux de Laurent, presque tous composés à la hâte, et, pour ainsi dire, impromptu, n’eurent quelquefois pas l’avantage d’un second examen, on sera forcé de reconnaître que l’infériorité de sa réputation comme poëte ne doit pas être attribuée à la médiocrité de son génie, mais aux distractions de sa vie publique.
Il lui a dû peut-être l’acte le plus original de sa vie : c’est cette prudence qu’il sut garder jusque dans la furie bachique de son style, ne se liant avec les protestants que par la science, et n’attaquant dans les catholiques que les abus. […] » C’est la Renaissance qui dicte à Rabelais, encore tout ému de la lecture de Platon, ces belles paroles qu’il prête à Gargantua écrivant à son fils59, les premières peut-être qui aient été exprimées dans le grand style français, les premières beautés universelles de notre littérature : « Non doncques sans juste et équitable cause je rendz grâces à Dieu, mon conservateur, de ce qu’il m’ha donné pouvoir veoir mon anticquité chenue refleurir en ta jeunesse.
On trouvera difficilement dans Lohengrin quelque chose qui, comme vérité et caractérisation dramatiques, puisse être comparée aux doubles chœurs du troisième acte du Hollandais, ou au commencement de la scène entre le Hollandais et Senta au deuxième acte ; le motif même du Hollandais est dans le style de la troisième période, — le récit de Tannhaeuser en approche singulièrement. […] De même qu’il veut que le récitatif ait « une signification rythmique et mélodique et se relie d’une façon insensible à l’édifice plus vaste de la mélodie proprement dite », de même qu’il entend que la musique dramatique forme « un tout vaste et continu, empreint d’un style égal et pur », de même il s’efforce de ne point distinguer entre le chant et l’accompagnement, de ne pas avoir des formules spéciales pour l’un et des formules spéciales pour l’autre, et de les fondre ensemble de telle sorte que l’orchestre soit relevé « de la position subalterne » où il était réduit à jouer le rôle d’« une monstrueuse guitare ».
Cette scène, dans laquelle Tersky, pour les amener à son but, leur rappelle tous les bienfaits qu’ils ont reçus de leur chef, bienfaits dont l’énumération seule forme un tableau piquant de l’état de cette armée, de son indiscipline, de son exigence et de l’esprit d’égalité qui se combinait alors avec l’esprit militaire ; cette scène, dis-je, est d’une originalité remarquable, et d’une grande vérité locale ; mais elle ne pouvait être rendue qu’avec des expressions que notre style tragique repousse. […] En me conformant aux règles de notre théâtre pour les unités, pour le style tragique, pour la dignité de la tragédie, j’ai voulu rester fidèle au système allemand sur un article plus essentiel.
Quelle beauté d’éloquence et de style, quel tour original d’expression n’éclate point déjà dans notre Montaigne ! […] À lui, on peut le dire, appartient le premier modèle de perfection du style français, le plus ancien mélange de force élégante et d’irréprochable pureté, de naturel et d’éclat.
Les applications messianiques étaient libres, et constituaient des artifices de style bien plutôt qu’une sérieuse argumentation.
Il faut tenir compte ici de l’exagération du style de Luc.
Jésus, qui était exempt de presque tous les défauts de sa race, et dont la qualité dominante était justement une délicatesse infinie, fut amené malgré lui à se servir dans la polémique du style de tous 916.
Le style en est simple et noble ; les pensées en sont justes et pleines de raison ; les sentiments en sont vrais, élevés et profonds : on peut dans ces écrits rendre tout à la fois une idée juste de la portée et des directions de la marquise de Rambouillet, et des conversations qui avaient lieu dans son intimité.
Si on trouvait leurs lettres, on en tirerait de grands avantages… On apprendrait toute la politesse du style et la plus délicate manière de parler sur toute chose Elles ont su les affaires de tous les états du monde, toutes les intrigues des particuliers, soit de galanterie ou d’autres choses où leurs avis ont été nécessaires… C’étaient des personnes par les mains desquelles le secret de tout le monde avait à passer.
On m’a conté qu’elle n’était Française que parce qu’elle a épousé son mari, et qu’elle n’en a partagé le patriotisme que comme elle en a partagé le style ; car elle écrit aussi bien que M.
M. de Falloux a cru bien faire de nous raconter toute cette vie qui n’avait pas besoin d’être racontée, puisqu’elle n’avait d’autre intérêt que celui de ce talent, venu tard, et qui, sous le souffle de Dieu, que Mme Swetchine a tant aimé, s’est purifié de ses prétentions de style et de pensée par lesquelles il avait commencé !
Sainte-Beuve, qui était sans doute aux Antipodes quand la chose arriva, car non seulement nous avons discuté ces deux malheureux et coupables volumes dans lesquels Albert Blanc se permettait de couper et d’interrompre à sa convenance ces lettres charmantes ou magnifiques de Joseph de Maistre pour mettre, entre deux, ses énormités, à lui, Blanc, et des énormités saint-simoniennes, dans un style attaqué d’éléphantiasis, mais nous sommes allés jusqu’à soupçonner leur éditeur d’interpolation !
… Ce travailleur infatigable, mais à la suite ; ce premier, mais parmi les seconds ; cet instrument flexible, aiguisé, toujours prêt à la main qui le saisissait ; cette plume experte et à grand style, qui s’assimilait et traduisait presque avec majesté les inspirations de ses maîtres ; ce négociateur aux aptitudes et aux attitudes imposantes, mais qui, en somme, ne commanda nulle part en chef et ne gagna jamais en personne de grande bataille diplomatique, est-il réellement de stature d’Histoire ?
On m’a raconté (et je crois à cette anecdote) la manière frigide dont Prévost-Paradol préludait, à l’École normale, à ces exercices de style qu’il fait présentement au Journal des Débats.
Une âme plus ardente que celle de Fersen l’aurait écrite d’un style de plus d’indignation et de plus de flamme, et pour les esprits pensifs elle eût perdu de son éloquence.
Mais, nous devons le dire, nous souhaitons que celui-ci soit aussi ferme que celui-là est pur, et qu’il ressorte avec la même clarté d’idées et la même expérience de style, calme et simple, sur le même fond de renseignements et de lumière.
Il a une forme claire et pure, un style exercé, doux et ferme.
» Le sérieux de la mort communiqua aux éloges de la plume la plus légère qui ait jamais joué avec toutes choses la consistance du style lapidaire d’un tombeau.
Et elle a été écrite en style Alexandre Dumas, ce conteur aimé des esprits qui conçoivent le plaisir littéraire comme une tasse de chocolat prise sur le bout d’une table de café !
Et elle a été écrite en style Alexandre Dumas, ce conteur aimé des esprits qui conçoivent le plaisir littéraire comme une tasse de chocolat prise sur le bout d’une table de café !
On voudrait, sans être exigeant, quelque chose de plus ingénieux dans la transition, — dans la transition, tout le style, disait le sévère Boileau, qui condamnait La Bruyère !
» Le sérieux de la mort communiqua aux éloges de la plume la plus légère, qui ait jamais joué avec toutes choses, la consistance du style lapidaire d’un tombeau.
Il a été complètement et carrément révolutionnaire, non seulement de pensée, mais de style et même de ton, dans la Question du Divorce.
Eunuque spirituel, même quand il semble posséder le plus de qualités cérébrales, ayant les vaines rages de l’eunuque, le nègre appartient-il à une de ces races déchues comme il en est plusieurs dans la grande famille humaine, et que la Bible, ce livre de toute vérité, a désignées comme devant servir les autres et porter les fardeaux à leur place, ainsi qu’elle s’exprime dans son style imagé et réel ?
J’ai voulu tout d’abord donner un échantillon du style, navré et mécontent, d’un homme qui fut agréable et qui n’est plus présentement qu’un mélancolieux, drapé, moins la grâce du feuillage, en saule pleureur de l’orléanisme parlementaire.
Beaucoup d’érudition sans pédantisme, un style clair, mais nul point de vue ouvert, en profondeur ou en largeur, même sur le faux, et nulle chaleur d’âme (les matérialistes en ont quelquefois malgré eux) dans un sujet qui en demandait une immense.
chercha toujours dans le xviie siècle, en digne philosophe, ce qui n’y était pas, a écrit, en style oraculaire, cette phrase, qui, comme tous les oracles, ne signifie pas grand’chose : « Alceste est resté le secret du génie de Molière », et cette phrase, lancée par ce vaste et gesticulant étourdi de Cousin, et dont Gérard du Boulan a fait l’épigraphe de son livre, a probablement donné à cet écrivain, que je ne crois pas très connu encore, l’envie de deviner le secret — qui n’existe pas !
Il s’est pris d’admiration pour Milton, à part de son siècle et aussi à part des théories du nôtre, et de cela — de ces deux à-partés — il est sorti un livre droit et simple, grave et renseigné, très heureusement pensé par places, et partout écrit avec une ampleur un peu traînante et un peu lourde, mais de cette lourdeur, que je ne crains pas, qui tient à l’étoffé du style et que l’on pourrait comparer à celle d’une draperie de velours.
L’auteur de La Vie et la mort d’un clown a sur les romanciers du moment, qui ne tiendront qu’un moment, sur cette école de photographes qui se croient si plaisamment le dernier mot de l’art de peindre, l’avantage immense, et qui leur est inconnu, d’avoir de l’âme dans le talent et de la pensée dans le style.
Ce style gras et nidoreux, qui attaque les muqueuses, remplit de délectation les cuistres hirsutes des séminaires sulpitiens et ne déplaît pas invinciblement aux acides femelles de la dévotion recommandable. […] Qu’importent l’imitation du style, le gongorisme déclamatoire, la hâblerie méridionale et l’intermittente préciosité de la bucolique ? […] L’inqualifiable style de Ludine serait un affublement pour plaire à quelqu’un de ravagé. […] Il faut nécessairement qu’il y ait en lui ce qu’on appelle une idée, c’est-à-dire une pomme métaphysique cueillie sur l’arbre de la science du bien et du mal et déposée, pour y mûrir, sur la paille d’un style quelconque. […] Ces deux pièces, très différentes de style, de mouvement et d’inspiration, mais identiques d’accent et qu’il m’a été donné de lui entendre chanter plusieurs fois — Dieu sait avec quelles trépidations intérieures !
et notez que tout le livre est écrit dans ce style et dans ce sentiment insupportable : Cora, tu vas salir le bas de ton Pantalon, en touchant à ce vilain chien. […] Il faut l’aimer pour toutes les qualités de style, de fraîcheur, de charme, que ce livre révèle. […] Puis, dans un chapitre intitulé l’Art et la Sexualité, d’une violence de style et de pensée extraordinaire, M. […] Et quand, à propos de Napoléon, il profère des affirmations de ce genre : « C’est un charlatan », « Un grand homme à l’envers », « Une intelligence fumeuse et boursouflée », nous déplorerons ces incartades de langage et de style qui n’appartiennent nullement à un historien. […] Ce poète nous apprend donc que l’on peut posséder le culte de la sensibilité, sans avoir besoin de renoncer pour cela à celui du style ; il nous enseigne que les excès mêmes de ses émois ne doivent pas autoriser l’écrivain à négliger le respect qu’il doit à la logique, à l’intelligence, à la langue française.
Lorsque, au coup de sonnette, Elisa, la fidèle femme de chambre, était venue vous ouvrir, on pénétrait dans un salon dont l’encombrement luxueux n’indiquait pas un goût très sûr de la part de la maîtresse de la maison qui s’était conformée à celui d’une époque où l’on ne craignait pas de s’entourer d’un mobilier sans style et sans grâce. […] Et cette scandaleuse chronique où les fleurs du désir se mêlaient à la boue des vices, Elémir Bourges la rapportait d’une plume à la Saint-Simon, d’un style aux tours un peu archaïques, mais dont la puissance verbale annonçait un grand écrivain. […] Son style était d’une qualité médiocre et sa clarté n’allait pas sans platitude. C’était un bon style de journaliste et de vulgarisateur, capable de traduire intelligemment un texte et d’exposer agréablement une question littéraire, d’analyser un ouvrage et d’en définir le caractère. […] C’est une vaste pièce carrée dont les murs sont revêtus d’une boiserie ancienne, deux fenêtres, une bibliothèque, des placards entr’ouverts qui laissent voir des registres, un canapé de style Empire, une longue table encombrée, un bureau qui ne l’est pas moins.
Ces Mémoires qui annonçaient, sous Charles II, le style de Voltaire, eurent une influence incontestable. […] Avec Charles XII et le Siècle de Louis XIV, il commence à saisir les différences de style. […] Donnera-t-il, ce mouvement, un style à notre époque, un renouveau de mysticisme ? […] Un style, de la poésie, et ce décor, et cette atroce ironie du dernier tableau où Judith implore Holopherne dont elle a tranché la tête qui pourrit sur le gibet, il n’en faut pas plus pour être incompris. […] Il fait un parallèle entre ce que l’auteur a voulu exprimer et ce qu’il est arrivé à créer ; n’admettant que la critique contemporaine, il tente de définir la beauté de son époque et de codifier les règles du Style qui lui sont inhérentes.
XXVIII Le troisième acte sort du sujet, mais il en sort en un style de satire qui dut faire honte à Boileau le satirique. […] À l’exception du style, il n’en serait pas en ce temps-ci. […] À commencer du Cocu imaginaire, ses vers peuvent être regardés comme un modèle de style comique. […] (A.) — Quiconque lit doit sentir ces beautés, lesquelles mêmes, toutes grandes qu’elles sont, ne seraient rien sans le style.
41 » Il repousse cette conséquence, pourtant inévitable, de son système, que l’esprit serait l’esclave de la mémoire verbale ; celle-ci « offre ses expressions », mais « l’esprit les demande, les cherche, la raison les examine… ; l’esprit fait plus : il les crée lorsque la mémoire… ne lui en présente que d’insuffisantes… ; la mémoire n’est qu’un dictionnaire à l’usage de l’esprit…, un dépôt d’expressions où chaque esprit choisit celles qui peuvent le mieux rendre sa pensée » ; c’est pourquoi « chaque écrivain a son style, expression de son esprit »42. […] C’est par elle que nous faisons subir aux idées qu’elle conserve toutes les modifications qui les rendent si fécondes…, et que nous nous instruisons nous-mêmes, comme nos semblables nous instruisent par la parole extérieure. » Ainsi, « l’intelligence doit toute sa force et les immenses développements qu’elle acquiert quelquefois à l’empire que nous donne sur nos idées la parole intérieure77 » Comme à la méditation Cardaillac rattache des états moins actifs que la réflexion, tels que la rêverie et la récitation muette78, rien ne manque au tableau qu’il fait de l’extension de la parole intérieure ; on peut dire qu’il a tracé, bien qu’implicitement, la loi de la parole intérieure ; il a, sinon formulé, du moins compris qu’elle fait l’intérim de la parole extérieure émise ou entendue ; il eût pu dire, en style condillacien, que nous sommes toujours parole et que nous sommes parole intérieure quand nous ne sommes pas parole extérieure. […] IX intitulé : Réponse à quelques objections ; style moins sentencieux, développements plus abondants, polémiques fréquentes ; d’ailleurs, les mêmes formules, les mêmes raisonnements, les mêmes conclusions. Chose étrange, les observations psychologiques, plus fines et plus pénétrantes, ne sont plus d’accord avec les conclusions. — Enfin, l’Introduction d’un ouvrage postérieur, la Démonstration philosophique du principe constitutif de la société, contient une défense du système contre Damiron. — Entre 1802 et 1818, Bonald paraît avoir étendu ses lectures : dans les Recherches, il cite comme autorités les nominalistes, Hobbes, un mot de Leibnitz, mal compris, Bossuet (Traité de la connaiss. de Dieu), Haller, Cabanis, Dugald-Stewart. — Si le style de Bonald est précis, parfois même fort et brillant, l’enchaînement des phrases est chez lui très défectueux, le développement marche au hasard ; nulle part il n’a donné de sa doctrine un exposé méthodique et lucide.
Si grand qu’ait été son souci du style et quelle que soit la valeur de ce style, faire de Pascal un auteur littéraire, c’est se méprendre sur son intention dernière. […] C’est que l’œuvre de Voltaire (dont je vois l’immense importance sociale) appartient en grande partie, elle aussi, à l’introduction ; en littérature, La Henriade, les tragédies et comédies, les poèmes et poésies de genres divers, sont des formes vieillies ; certes, j’admire l’infatigable et universelle curiosité de Voltaire, la perspicacité de sa critique, les efforts qu’il fit pour comprendre Dante et Shakespeare, mais d’autre part je constate que, malgré tout son esprit et malgré la limpidité cristalline de son style, Voltaire ne s’est guère soucié de la beauté. […] De tout ce théâtre qui nous passionne, il ne restera que quelques œuvres de beauté durable ; sa valeur n’est bien souvent que relative ; elle est dans une intrigue habile et piquante, elle est dans les reparties spirituelles de style « rosse », elle est dans les idées qui passent, non dans les caractères qui demeurent.
Tout est réuni au hasard, d’une façon hétérogène, sans viser une unité quelconque ; un style historique bien déterminé passe pour suranné, lourdement provincial ; et quant à un style propre, l’époque ne l’a pas encore produit. […] Mais ces rampes d’escaliers sur lesquelles dégringolent tumultueusement des furies nues et des possédées, ces bibliothèques dont des têtes d’assassins coupées forment le socle et un pilastre, même cette table offrant l’aspect d’un livre gigantesque ouvert et porté par des gnomes, constituent un style pour des fébricitants ou des damnés. […] Un tableau représentant une victoire de l’armée française sur les troupes prussiennes toucherait et charmerait les philistins français, même s’il était peint dans le style des images d’Epinal. […] Il faut remarquer comme, ici, au milieu d’un style transcendantalement dépourvu de sens, la représentation d’un bain pris en commun revêt une forme nette. […] Le graphomane Charles Morice, du style détraqué et biscornu duquel cette citation donne une juste idée, admet que Mallarmé créera peut-être pourtant encore son « œuvre d’art inouïe ».
Dans les tragédies modernes, on aperçoit presque toujours, par le caractère du style, que l’auteur lui-même a éprouvé quelques-unes des douleurs qu’il représente.
La réflexion les domine ; mais je le crains bien, il n’est plus possible de conserver ce caractère jeune, ce cœur ouvert à l’amitié, cette âme, non encore blessée, qui colorait le style, quelque imparfait qu’il pût être, par des expressions sensibles et confiantes.
La réalité a pour symbole une planche partagée en cases sur laquelle le poète peut jouer le vulgaire jeu de dames ou le royal jeu d’échecs, selon qu’il ne possède que de simples morceaux de bois rond, ou des figures artistement taillées164 — Le besoin d’effacer en soi toute originalité pour se faire une surface unie a donné aux Français pour les termes généraux un goût contraire au vrai style comique.
Il lit même des dictionnaires de rimes et de synonyme, et entreprend de se faire « un dictionnaire de style poétique ( !)
C’est un enchantement que ce style, qui reste franc et aisé, tout en étant très composite.
C’est Voltaire qui, lisant Athalie, s’exclamait : « On a honte de faire des vers quand on en lit de pareils. » Pareillement, et malgré l’autorité de notre aimable Marcel Prévost, qui, tout en continuant avec un dévouement dont on lui sait gré ce qu’il appelle la tradition des gentils conteurs, adresse à sa clientèle spéciale des consultations pour les maladies morales secrètes, et enseigne aux nobles lectrices du Temps, pour moitié protestantes et pour moitié israélites, les principes de la galanterie nationale et honnête, en un style troublant qui fleure le pot-au-feu au patchouli, malgré l’exemple du jeune et courageux écrivain, n’osons-nous plus tenter ces petits divertissements psychologiques pour peu que nous venions de relire ou Stendhal ou Balzac ou Tolstoï.
Mais vouloir bannir le style exact et technique, qui seul peut exprimer certaines nuances délicates ou profondes de la pensée, c’est tomber dans un purisme aussi peu raisonnable.
Là, se fait sentir davantage ce genre d’éloquence qui est propre à Fénélon ; cette onction pénétrante, cette élocution persuasive, cette abondance de sentiment qui se répand de l’ame de l’Auteur, & qui passe dans la nôtre ; cette aménité de style qui flatte toujours l’oreille, & ne la fatigue jamais ; ces tournures nombreuses où se développent tous les secrets de l’harmonie périodique, & qui, pourtant, ne semblent être que les mouvemens naturels de sa phrase & les accens de sa pensée ; cette diction, toujours élégante & pure, qui s’éleve sans effort, qui se passionne sans affectation & sans recherche ; ces formes antiques qui sembleroient ne pas appartenir à notre langue, & qui l’enrichissent sans la dénaturer ; enfin cette facilité charmante, l’un des plus beaux caracteres du génie, qui produit de grandes choses sans travail, & qui s’épanche sans s’épuiser ».
Il n’y a rien de moins homme que ces Lettres, et je défierais bien le plus neuf en sensation, donnée par le style, de se faire illusion une minute sur le sexe de la main qui a écrit de si délicieuses frivolités !
Il a cité le docte Bayle, qui, pour diffamer Grégoire et la comtesse, invente un jésuite au douzième siècle, lequel affirme, dans un style de cuistre de tous les siècles, les trop grandes privautés de la comtesse et de Grégoire et la captation des biens de cette dévote par ce directeur… Il a cité le docte Voltaire, qui conclut la thèse de Bayle par cette incomparable impertinence, que « Grégoire aurait été un imbécile s’il n’avait pas employé le profane et le sacré pour dominer la comtesse Mathilde ».
si toutes les lettres que nous avons reçues avaient été dans ce sentiment et ce style, elles auraient évidemment confirmé la justesse de nos réflexions sur ce mal indéniable de la bâtardise, et nous aurions été heureux de la voir ainsi confirmée !
Elle avait bien des défauts et nous les reconnaissons… Pédante si l’on veut, quelquefois sans grâce et précieuse, esprit faux en philosophie, bas-bleu à ravir l’Angleterre de l’éclat enragé de son indigo, madame de Staël, par la distinction de sa pensée, par la subtilité de son observation sociale, par son style brillant d’aperçus, par ses goûts, ses préoccupations, ses passions même, tendait vers la plus haute aristocratie, vers la civilisation la plus raffinée.
Faux en métaphysique, si on peut dire qu’il y ait de la métaphysique dans ces bigarrures de philosophie sans étoffe ; — faux en morale, puisqu’il la fait naturelle ; — et faux en conception du rôle social de la femme, qui n’est plus qu’un rôle physiologique, car l’idéal est imposé par la nature au nom des lois physiologiques, lesquelles, pour Weill, doivent comprendre toutes les espèces de lois, il est faux encore, le plus souvent, par le style romanesco-philosophique, et, par-dessus tout cela, il n’est pas amusant !
., en cherchant à rivaliser de plasticité avec ces tableaux par le relief et par la couleur de leur style.
Il n’a pas, il est vrai, la correction de Tacite, cette perfection dans la langue écrite et profondément gouvernée du Romain, qui gouvernait son style comme il eût gouverné le monde.
Guizot, qui donnait le ton à cette époque, écrivait des livres raides et froids comme lui ; Guizot, le petit homme gris de style dans l’Histoire, comme dirait Carlyle lui-même, — mais qui ne disait pas : Moi, je m’en ris !
Il avait cependant une certaine force d’âme, comme il avait aussi une certaine force de style, mais tout cela dans d’assez communes proportions.
Ce lamartinien, ce chimérique du progrès, ce brahmine dont Lamartine fut le brahme en chef, s’est enivré avec du Victor Hugo et du Michelet, et jusqu’à son style porte la trace de cette double ivresse.
Les Contes de Perrault sont une grande œuvre parce qu’il y a réellement de l’invention, malgré le style, dans cet ouvrage, et que le vers du poète est vrai : Perrault, tout plat qu’il est, pétille de génie.
« Rien de certain, rien qui se démontre, la philosophie radicalement impuissante, la raison, sotte, Dieu donc et Dieu, c’est-à-dire Jésus-Christ », tel est le fond : mais la forme et plus que la forme, — car, au point de vue extérieur, cette forme, c’est Montaigne, Montaigne, c’est l’écorce du style de Pascal, — mais l’âme inouïe qui circule dans tout cela, qui passe à travers ce fond de si peu d’invention et cette forme de tant de mémoire, voilà le Pascal en propre, voilà l’originalité qu’on n’avait pas vue et qu’on ne reverra peut-être jamais !
que tous les gens d’esprit étaient malades et devaient l’être, en raison même de leur esprit, et il a fait, dans ce style charmant qu’il a, même en français, ronfler ce paradoxe comme le plus vibrant et le plus étincelant tambour de basque, sous le pouce de sa fantaisie !
On aurait pensé, dit superbement à cette occasion l’abbé Monnin, à qui l’admiration crée très souvent un style ; on aurait pensé que cet homme, qui entraînait tout dans sa sphère d’attraction avec une si intense harmonie, « avait un système comme les astres ».
Seulement, nous l’avons dit déjà, aucun de ces divers écrivains qui furent le même, n’a eu, relativement à ses facultés, un moment de talent aussi complet que l’auteur de l’Introduction à la Philosophie de l’histoire, quoiqu’il l’ait traitée galamment de blague dans un style délicieux !
De grisâtre qu’il était autrefois quand il éclatait le plus, le style de Guizot a passé au blanchâtre, et la dure austérité de la forme qui semblait impliquer l’austérité du fond, et qui était la prétention de Guizot, s’est fondue dans je ne sais quel ramollissement sentimental.
Quand, parmi les touches vivantes et palpitantes de son style, une réflexion ou une ironie lui échappe, comme, par exemple, « ces couteaux qui cherchent des gaines neuves », ou encore « ce viatique du blasphème et ces saintes huiles d’un sang frais », ce sont bien là des ironies ou des manières de dire de ces gens du peuple de 1514 en Espagne.
— annonçait, dans ces vers libres ou plutôt lâches, et où la langue s’effilochait comme un tissu usé dans chacun de ses fils, la femme qui, vingt ans plus tard, s’est essayée à se faire un rythme, et qui, en son coin solitaire, a participé, dans la mesure de ses forces de femme, à ce grand mouvement rénovateur du style poétique qui s’est produit avec tant de continuité et de fécondité parmi nous.
J’ai vu une fois Auguste Barbier, et à ses lunettes à pattes d’or, à son extinction absolue de tout style, à sa tenue de bourgeois effacé, je l’aurais pris pour un notaire.
Mais quelquefois n’a-t-on pas dit aussi que l’Évangile n’avait pas le style d’une belle prose ?
Le style du poète reste toujours aussi mélodieux de pureté que jamais, mais c’est moins la forme du poète qui est changée que son fond même… Cette coupe d’ivoire, incrustée d’argent, que j’ai tant admirée, je la vois bien encore ici, mais elle ne renferme ni les saveurs ni les senteurs d’autrefois.
Ce que j’y vois de mieux, c’est le style, de force à déborder, et qui est endigué.
Le peuple des lecteurs, par curiosité ou par faiblesse, veut tout connaître de ceux qu’un rang élevé expose à ses regards, Le philosophe observe comment on voit les objets sur le trône ; l’historien cherche dans les écrits d’un roi l’histoire de ses pensées ; le critique qui analyse, étudie le rapport secret qui est, d’un côté, entre le caractère, les principes, le gouvernement d’un prince, et de l’autre, son imagination, son style et la manière de peindre ses idées.
Son style ne sera donc qu’une traduction affaiblie de sa pensée.
De tout cela, le romantisme n’a cure ; il gémit et décrit ; il ne légifère que sur l’émancipation du style et sur la constitution du drame. […] Par instants, le style s’élève et s’affine ; un flot de poésie emporte l’auteur quand revient sous ses yeux un des paysages où il a grandi. […] Sans doute l’influence de Gogol était sensible dans le style du jeune écrivain, dans sa compréhension de la nature ; les Veillées du hameau avaient donné le modèle du genre. […] Le Russe se proposa d’écrire, lui aussi, la comédie humaine de son pays ; à cette vaste tâche, il apporta moins de patience, moins d’ensemble et de méthode que le romancier français, mais plus de cœur, plus de foi, et le don du style, l’éloquence pénétrante qui manqua à l’autre. […] De pareilles qualités, rehaussées par la magie du style, par une langue toujours exacte et parfois magnifique, assurent à Tourguénef une place éminente dans la littérature contemporaine.
L’histoire sainte est vénérable et divine par des endroits bien plus importans que le style ; on la rabaisse quand on y cherche de l’art, et l’élégance étudiée qu’on y veut mettre, lui ôteroit ce caractere si sensible de vérité qui fait sa plus grande force. […] Quoique cette comparaison ne soit pas choquante, comme beaucoup d’autres répanduës dans les discours de l’iliade, j’ai cru devoir la relever, pour faire sentir qu’Homere ne contraste pas assez le style de son propre recit, et celui des discours de ses acteurs : ce qui me paroît cependant indispensable, puisque les poëtes se disant inspirés par les muses, doivent avoir un langage particulier ; au lieu que les personnages étant des hommes ordinaires, doivent parler naturellement, selon leur caractére et leur situation. […] On en a trouvé en effet plus de vingt dans les trois premieres pages d’un livre estimé généralement pour le style. […] Nous n’employons pas ce mêlange, quoique nous en ayons les matériaux ; parceque nous croyons que le style en perdroit cette harmonie égale et soûtenue, en quoi consiste sa véritable beauté. […] Les unes laissent une ambiguité fatiguante dans la construction, et rendent en même tems le style dur et contraint.
Mais un rêve chanté en vers immortels, mais un roman tissu et raconté avec une telle prodigalité d’imagination, de piété, d’héroïsme, de tendresse, que le lecteur, oubliant les temps, les lieux, les mœurs, en suit du cœur les touchantes aventures avec autant d’intérêt que si c’était une histoire ; mais des scènes qui rachètent par le pathétique des situations et des sentiments l’inconséquence et l’étrangeté de la conception ; mais un charme comparable à l’enchantement de son Armide, charme qui découle de chaque strophe, qui vous enivre de mélodie comme le pavot d’Orient de ses visions, et qui vous livre sans résistance aux ravissantes rêveries de cet opium poétique ; mais un style surtout coloré de telles images, et chantant avec de telles harmonies, qu’on s’éblouit de sa splendeur, et qu’on se laisse volontairement bercer de sa musique, comme au roulis d’une gondole vénitienne pendant une nuit d’illumination à travers les façades de palais de la ville des merveilles. C’est ce style, c’est cette poésie, c’est ce vers jeune, étincelant, musical, trempé de soleil d’Orient, de sang héroïque, de larmes, de mélancolie, qui a fait vivre et qui fera vivre éternellement ce poème. […] Le Tasse se trompait ; on ne sent dans la Jérusalem conquise ni moins de force ni moins de style que dans la Jérusalem délivrée, mais on y sent moins de charme ; la fleur du génie est flétrie, le parfum s’est envolé avec elle ; c’est le parfum qui avait enivré le siècle, c’est encore le parfum que la postérité a voulu respirer.
Votre style, sans rien perdre de sa fertilité prodigieuse, est devenu presque évangélique. […] « “La brièveté expressive et un peu sèche du poète florentin, comparée à l’abondance élégante de Virgile, montre bien la différence du style de ces deux grands artistes peignant le même objet. […] Vous résumez toutes ses qualités de style dans sa perfection.
Ce n’est pas un homme de style, c’est l’homme des réalités. […] Quant à la forme du style de ce traité, elle est sans défaut ; et il n’y manque aucune perfection du style pensé ou raisonné : ordre, liaison, logique, clarté, conséquence du principe avec la conclusion, cela semble écrit par la logique elle-même.
Ils ont dépensé leurs plus belles années, leur plus beau style et leur meilleur esprit, à soutenir, à parer, à décorer, à fortifier la chose de ce monsieur ; ils ont fécondé sa terre, ils ont taillé sa vigne, ils ont mené paître ses troupeaux, ils ont supporté, pendant que le maître dormait, ou batifolait avec ses esclaves, la chaleur de la journée et la fraîcheur du matin ; ils n’ont pas osé être malades sans la permission de ce monsieur ; ils ont regardé dans les yeux de Trajan, pour savoir si Trajan était content ; ils ont été attentifs à sa moindre parole, ils ont interrogé son sourcil de Jupiter Olympien, ils ont flatté même sa cuisinière, la complice de sa toute-puissance ; ils ont ri de son rire, et pleuré de son chagrin ; ils ont sué, ils ont halé, ils ont râlé… et les voilà à la porte de cette maison qu’ils ont bâtie, à la porte de ces jardins qu’ils ont plantés ; et du jour au lendemain, pendant que ce sol qu’ils ont fécondé de leur esprit, de leur talent, de leur labeur, rapporte au maître un intérêt qui serait un capital pour les ouvriers de la vigne, nul ne s’informe du destin de ces ouvriers habiles, actifs, intelligents, dévoués, braves jusqu’à l’audace, hardis jusqu’à l’abnégation ! […] Voilà tout le secret du succès de la comédie de Marivaux ; elle est pour quelques-uns un regret, elle est pour tous de l’histoire ; elle a été un grand écueil pour ceux qui ont voulu imiter ce style à part, et qui avaient imaginé de faire parler les bourgeois de ce temps-ci, comme parlaient les grands seigneurs d’autrefois. […] — Et quoi de triomphant, dans ce style muqueux, morose et glaçant d’une main lourde et dolente ?
Mais sans examiner encore une conséquence si sévère, allons plus loin, et suivons toutes les ruses, ou, pour parler le style de Montaigne, toutes les allures de l’amour-propre. […] Ce n’est point à l’hôtel de Rambouillet que Descartes a découvert l’application de l’algèbre à la géométrie, ni à la cour de Charles II que Newton a trouvé la gravitation universelle ; et pour ce qui regarde la manière d’écrire, Malebranche qui vivait dans la retraite, et dont les délassements n’étaient que des jeux d’enfant, n’en est pas moins par son style le modèle des philosophes. […] Ils communiquent à l’âme un avilissement qui dégrade insensiblement les idées, et dont les écrits se ressentent à la longue : car le style prend la teinture du caractère.
Jouffroy sur les Lettres de Jacopo Ortis, inséré au Courrier Français en 1819, je trouve exprimé à nu, et avec une fermeté de style à la Salluste, ce sentiment d’opposition aux conquêtes et à la force militaire : « Un peuple ne doit tirer l’épée que pour défendre ou conquérir son indépendance. […] La lutte étroite, la joute de la pensée et du style ne lui va pas.
Quant au style, je ne m’en occupai pas ; j’étais sûr que les événements eux-mêmes m’inspireraient, malgré mon peu d’habitude de la prose, la clarté, l’ordre, la lumière, le naturel et même la seule éloquence de l’histoire, la sensibilité communicative qui mêle du cœur au récit. […] Le style et les réflexions seuls sont de moi.
Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) I Je veux défendre la société, chose sacrée et nécessaire quoique imparfaite, contre un ami, chose délicate, qui laisse emporter son génie aux fautes de Platon dans le style de Platon, et qui, en accusant la société, résumé de l’homme, fait de l’homme imaginaire l’antagoniste et la victime de la société. […] C’est ainsi enfin qu’un homme, de bien plus de talent vrai que tous ces faux monnayeurs de ce qu’ils appellent l’idée, et de bien plus de style que tous ces frappeurs de mensonges à l’effigie de la vérité ; c’est ainsi que Victor Hugo, jeté sur son île solitaire, et à qui les latitudes de l’espace, la liberté de l’étendue, la complaisance du vide, les ondulations de l’Océan, les orages, les bruits, les écumes, les senteurs âpres des vagues ont porté à la tête, agrandi les horizons, creusé les aperçus, donné souvent le sublime, quelquefois le vertige, attendri l’âme jusqu’à la sensibilité maladive du mal universel, et fait du cœur d’un poète le grand muscle sympathique universel de l’humanité souffrante ; c’est ainsi, disons-nous en fermant ce livre, que notre ami a pleuré ses larmes de colère sur son Patmos de l’Océan, et que ce saint Jean du peuple a cru écrire pour le peuple en écrivant en réalité contre lui !
C’est donc la méthode et le style de M. […] J’ai peur aussi que le prince ne s’entende pas toujours très bien dans ces pages dont on a fait grand bruit et que des badauds nous donnent déjà comme un morceau de style.
Ne sait-on pas que les Allemands seuls admirent Wagner, que la Revue Wagnérienne, — voyez son style, — est rédigée par des Prussiens ? […] On voit tous les jours, par les œuvres de Wagner données dans les plus grandes villes de l’Allemagne, combien, dans un théâtre dont l’unique objet n’est point l’Art, mais qui est forcé de compter avec un Public, il est impossible de conserver le style idéal.
Le style chromatique ne saurait aller plus loin. […] Il était de style rococo.
Le style le plus vif et le plus serré convient à nos récits. […] Aujourd’hui, les monologues conservent la même mesure des vers que le reste de la tragédie ; et ce style alors est supposé le langage commun : mais Corneille en a pris quelquefois occasion de faire des odes régulières, comme dans Polieucte et dans le Cid, où le personnage devient tout à coup un poète de profession, non seulement par la contrainte particulière qu’il s’impose, mais encore en s’abandonnant aux idées les plus poétiques, et même en affectant des refrains de ballade où il fallait toujours retomber ingénieusement.
Seulement, Béranger a le style de ses idées et Hugo n’a pas le style des siennes, et rien n’est plus déplaisant que le contraste de la platitude de ses idées avec la redondance de sa poésie… Rien de plus choquant que de voir ce diable de grand vers dont personne ne nie que Hugo ait la puissance, et qui ne devrait dire que des choses proportionnées à sa grandeur, ne débagouler que des choses ineptes et vulgaires sur l’une des plus grandes questions (si ce n’est la plus grande) qui puisse occuper l’humanité.
. — Les lettres qui lui sont adressées par le général Bernadotte à cette date et depuis, sont écrites encore du style républicain et sur le pied d’égalité.
Feydeau compose ses livres et ne les écrit pas au fur et à mesure, par feuilletons), le style qui, avec ses défauts, est si marqué et si expressif, n’ont pas obtenu l’attention qui était due ; on n’a pas rendu justice, non seulement à de très beaux tableaux très bien exécutés, tels que l’incendie et des paysages de marine, mais à des scènes dramatiques fort vigoureuses, à celles de la falaise entre Daniel et Louise, entre Daniel et Cabâss, à la scène de la dernière partie dans laquelle Daniel, comptant n’avoir affaire qu’à sa belle-mère, rencontre chez elle tous ses ennemis réunis et en a raison un à un, s’en débarrasse successivement, les culbute et les évince, jusqu’à ce qu’il ait réduit le débat à n’être que ce qu’il devait être d’abord, un duel à deux et sans témoins.
Ce monument élégant et simple consiste en une fable de marbre verticale, d’un style grec, portant au fronton des tablettes entrelacées dans une couronne, la plume du correcteur et de l’écrivain, les emblèmes philologiques ; au milieu, le médaillon de Dübner, que couronnent deux figures allégoriques : une Minerve représentant l’Iliade, un Ulysse représentant l’Odyssée.
., est à la fois une faute grossière de style, car il n’y a nulle analogie pour l’image entre filets, épurer et rendu coupable ; et un contresens formel, car il n’entre nullement ici dans la pensée de Lucrèce de dire que l’amour souffle le cœur ; le poète n’entend parler que des douleurs et des tortures que cause la passion.
En comparant le style des Paroles d’un Croyant avec celui de la Vision d’Hébal, on comprendra mieux la double nuance que je distingue.
Mais style et magie de l’art, facilité, souplesse et abondance pour tout dire, regard scrutateur pour beaucoup démêler, connaissance profonde de la foule, de la cohue, de l’homme vain, vide, glorieux, mendiant, vagabond, savant, sensuel ; intelligence inouïe de la forme, expression sans égale de la grâce, de la beauté matérielle et de la grandeur ; reproduction équivalente et indestructible d’un gigantesque monument ; gentillesse, babil, gazouillement de jeune fille et d’ondine, entrailles de louve et de mère, bouillonnement dans un cerveau viril de passions poussées au délire, l’auteur possède et manie à son gré tout cela.
Lycée, Jeux Floraux, Académie, il brillait partout ; il cumulait, comme cet héroïque lutteur, le laurier de Delphes, le chêne de Pergame et le pin de Corinthe ; il aurait volontiers laissé écrire au-dessous de sa statue : « Ceci est la belle image du beau Milon, qui sept fois vainquit à Pise, sans avoir, une seule fois, touché la terre du genou. » Or, le jour où son genou fléchit en effet, le jour où la palme (style du genre) lui échappa et où il fut évincé par un plus heureux, il ne sut plus se consoler, il resta dépaysé longtemps, l’esprit tendu, avec tout un attirail oratoire qui ne sert que dans ces sortes de joûtes, et qui, en se prolongeant, doit nuire au libre développement des forces naturelles.
De celui-là, qui échappe pour le moment à l’appréciation littéraire, mais qu’une curiosité respectueuse ne saurait, même à ce seul titre, s’empêcher de suivre en silence et d’observer, il me suffira de dire qu’il a eu cela de particulier et d’original, que, trempé encore plus expressément par la nature pour les luttes et pour les triomphes de l’orateur, il y a de plus en plus aguerri et assoupli sa parole : cette netteté, ce nerf, cette décision de pensée et d’expression qu’il a sans relâche développés et qu’il porte si hautement dans les discussions publiques, toutes ces qualités ardentes et fortes, il semble que ce soit plutôt l’orateur encore qui, chez lui, les communique et les confère ensuite à l’écrivain ; et si l’on pouvait en telle matière traiter un contemporain si présent comme on ferait un grand orateur de l’antiquité, on aurait droit de dire à la lettre que c’est sur le marbre de la tribune, et en y songeant le moins, qu’il a poli, qu’il a aiguisé son style.
On aurait tort pourtant : il y a dans Champavert un fonds réel, beaucoup d’esprit, de l’observation mordante, du style ; je renvoie les sceptiques à Passereau qui est un plaisant conte, bien que les soubrettes y sachent le grec et l’art poétique, les cochers de cabriolet l’espagnol, les officiers de carabiniers le moyen âge, bien qu’on y dise la garde bourgeoise au lieu de la garde nationale ; oui, malgré tout cela, Passereau est un joli conte.
Viardot a rendues avec un relief, avec un cachet de style qui porte en lui la garantie de sa propre fidélité, la plus considérable et la plus intéressante est la première intitulée : Tarass Boulba.
Son style ne cesse jamais d’être savant, pittoresque et viril ; mais son génie demeure trop étranger au progrès de la société romaine.
L’un sauva sa patrie par son éloquence oratoire et ses talents consulaires ; l’autre, dans ses commentaires, écrivit ce qu’il avait fait ; l’autre enfin, par le charme de son style, l’élévation philosophique dont ses lettres portent le caractère, se fit aimer comme un homme rempli de l’humanité la plus douce, malgré l’énergique horreur de l’assassinat qu’il commit.
Enfin, il se plaît souvent à exprimer des choses banales ou grossières sous une forme ultra-lyrique ou à mêler le style du « Parnasse » à celui des estaminets, et de là des contrastes d’un effet sûr.
Il lui explique, dans son langage de trompette, dans un style violent, pittoresque, grossier, naïf, ce que c’est qu’un combat, une charge de cavalerie ; ce que c’est que la gloire, les amitiés de régiment, etc.
Mais il faut tenir compte évidemment des exagérations de style qu’on s’est toujours permises dans les descriptions.
Dans les besognes écrites auxquelles la vie réduit ceux d’entre nous qui ne sont pas nés avec des rentes ou qui n’ont pas su les garder, nous n’ignorons pas ce qu’il faut, improprement d’ailleurs, entendre par simplicité : c’est le fameux « style coulant », Vous ne parlez pas de cette simplicité-là.
Encore, ce livre d’histoires s’inspire justement du style du plus heureux historien de langue française, le duc de Saint-Simon.
son style ?
Il se contente presque dans celle-ci d’un style coulant et naturel, qui n’ait rien de bas ni de choquant ; il exige de plus dans les vers une expression noble et choisie sans être recherchée, une harmonie facile, et où la contrainte ne se fasse point sentir ; il veut enfin que le poète soit précis sans être décharné, naturel et aisé sans être froid et lâche, vif et serré sans être obscur.
Vous verrez ce que l’affectation, les prétentions, l’orgueil, la visée au génie et à l’âme ont fait des idées et du style d’une femme, d’esprit probablement, au début ; qui eut bien peut-être une heure de simplicité et d’abandon dans toute sa vie ; qui sut sans aucun doute, comme les autres femmes de son monde, tourner joliment un billet, mais qui n’a plus le moindre gracieux monosyllabe à son service et qui ne parle plus qu’avec des phrases en tire-bouchon ou en queue de comète !
On sent le jet de l’écrivain dans ce style haché et hachant, rapide (c’est sa qualité), mais tendu, forcé, violent, audacieux et de parti pris, abracadabrant !
On le comprend ; il y a trop de ridicule égayant l’ennui et par trop d’ennui attristant le ridicule, dans ces romans anti-bourgeois, et d’un style bourgeois pourtant, où Dieu c’est l’idéal, et l’idéal un champ de pommes de terre, et la Providence l’affinité !
Le mot « aux étoiles » n’est donc pas l’hyperbole d’un écrivain isolé ; il est dans le style ordinaire de la critique et l’expression exacte d’une situation.
Parce que Guizot n’a pas d’imagination dans le style et qu’il a souvent des raideurs dans la pensée, il ne faut pas croire qu’il manque de coup d’œil littéraire.
Il semble même s’être attendu pour l’écrire, mais, tout en s’attendant, il a montré dans une grande quantité d’écrits de ces qualités de vue, de groupement et de style, qui pouvaient faire tout espère ?
Savant, renseigné, déjà rompu au style et à la manière de l’histoire, car il est l’auteur d’un travail estimé sur Colbert qui, sans être irréprochable pourtant, nous fait mieux connaître ce grand ministre que tout ce qu’on a publié jusqu’ici, il pouvait, tout comme un autre, et même mieux qu’un autre, faire une large battue dans le passé, nous donner quelque histoire de la civilisation à telle époque, et recommencer cette chasse aux fantômes et aux choses vagues qu’il faut refaire tous les vingt ans si l’on veut rester, soi et son œuvre, autrement qu’à l’état de date et de livre dépassé dans l’esprit des générations !
Si le style est l’homme, Lecoy de la Marche doit être un grisailleur de cette école historique rationaliste et ratiocinante, doctrinaire et morne, dont le fondateur fut Guizot.
Mais il a pourtant aussi sa perfection, ce livre de pureté dans le style et dans la pensée, d’attendrissement contenu, de reflets charmants et même d’intelligence chrétienne.
Mignet et Amédée Pichot ne sont pour rien, ces deux ouvrages écrits d’un style fort différent, — l’un, avec la tenue froide d’un membre de l’Académie, l’autre, avec l’égoïste flânerie d’un chroniqueur qui aurait dû oublier sa personnalité davantage, — ont cependant pour nous un intérêt très animé et très réel.
Ainsi, l’histoire de M. le vicomte de Meaux est bien moins l’Histoire des luttes religieuses au xvie siècle, qu’une thèse en forme sur la tolérance, cette tolérance qui, selon lui, a fini par sauver le Catholicisme en train de périr… Il faut avouer que si M. de Meaux n’a pas d’originalité dans le style, il en a, du moins, dans le point de vue.
., et que je soupçonne, au style, d’être de madame Michelet, nous apprend que ce livre posthume n’est que le fragment d’un livre plus grand dans la conception de son auteur.
Du cailletage, moins aimable que celui de Madame de Sévigné, cette perruche inouïe, qui a un style de génie dans sa petite tête de perruche !
Pour qui voit l’enchaînement des questions qui doivent logiquement emplir ce cintre immense, il est facile de reconnaître que l’esprit qui l’a projeté a, en conception première, une vigueur intellectuelle dont on n’a pas assez tenu compte, attiré et captivé qu’on était par le style et l’inspiration de l’orateur.
Il n’y a que des jouteurs contre le style, des lutteurs plus ou moins heureux contre la langue, des artistes à doigté et non pas à inspiration.
Les arts plastiques, qui sont la tyrannie de l’imagination et de la curiosité moderne, et qui ont pris parmi nous un développement qui tient de la rage, les arts plastiques ont profondément modifié la notion du style en le surchargeant d’ornementations et d’images, en le poussant aux reliefs et à la couleur, qui est un relief de plus… On voudrait écrire en rondes-bosses peintes, pour mieux entrer dans l’imagination.
Sous les mille arabesques du style, comme on dit maintenant et dont tant de gens sont capables avec de la bonne volonté, il y a dans le livre de M. de Beauvoir, comme au fond de la volute d’un coquillage, la perle, rayée ou malade, si l’on veut, mais la perle de la poésie, la goutte d’éther ou de lumière qui est peut-être une larme, teintée de rose par le sang de quelque souffrance, et qui est plus pour l’âme humaine que toute cette inerte poésie de camaïeu et de dessus de porte qu’on a déplacée et qu’on donne aujourd’hui pour des vers !
Il pourrait très bien aller, par exemple, de Boileau à Gresset, — les deux auteurs des deux Lutrins, — touchant, par la bonne humeur et le style, aux Épîtres du premier (V.
Mais à cela près de cette nappe de lumière qu’un homme de génie versa, comme un Dieu bienfaisant, sur la tête d’un homme de talent trop obscur, Henri Beyle n’aurait été, aux yeux des hommes de son temps, qu’un dilettante supérieur d’art et de style, et non l’homme qui, dans cette première moitié du xixe siècle, devait, après Balzac, marcher à la tête des artistes, des observateurs et des écrivains.
Il reprend son ouvrage en sous-œuvre et il le refait dans le fondement même… Et de ce qui était faible de langage et immoral de sentiment et de tendance, il tire un livre parsemé d’aperçus, vivant de drame, abondant, familier, terrible, à pleine main dans l’observation et dans la vie, profond lorsqu’il paraît trivial, sévèrement écrit, d’un style pur, et pourtant ardent, comme du fer passé dans la flamme ; beau livre, enfin, moral et chrétien, comme Diderot aurait pu l’écrire, s’il n’eût pas été l’athée Diderot !
Quant au style de l’auteur de Germaine, c’est du strass monté dans du Ruolz.
Francis Wey a écrit des livres renseignés et d’une érudition mordante, comme les Remarques sur la langue française, le style et la conviction littéraire ; ou l’Histoire des révolutions du langage en France ; mais ces études, qui l’ont posé comme homme de lettres devant le public d’une manière si carrée et si imposante, ont versé l’ombre de leur gravité sur un genre de littérature abordé par lui une ou deux fois, et que les pédants croient plus léger parce qu’il ne pèse plus le poids des livres, mais le poids du cœur qu’ils n’ont pas.
… Il fut un temps où l’on trouvait de mauvais goût la cathédrale gothique… C’était le temps absolu du style simple, comme le vantent les incapables d’enluminure… il a passé, et la nature et l’art, reprenant tous leurs droits, de nouveau se sont épanouis.
Cet art, outre une imagination très vive et prompte à s’enflammer, supposait encore en eux des études très longues ; il supposait une étude raisonnée de la langue et de tous ses signes, l’étude approfondie de tous les écrivains, et surtout de ceux qui avaient dans le style, le plus de fécondité et de souplesse ; la lecture assidue des poètes, parce que les poètes ébranlent plus fortement l’imagination, et qu’ils pouvaient servir à couvrir le petit nombre des idées par l’éclat des images ; le choix particulier de quelque grand orateur avec qui leur talent et leur âme avaient quelque rapport ; une mémoire prompte, et qui avait la disposition rapide de toutes ses richesses pour servir leur imagination ; l’exercice habituel de la parole, d’où devait naître l’habitude de lier rapidement des idées ; des méditations profondes sur tous les genres de sentiments et de passions ; beaucoup d’idées générales sur les vertus et les vices, et peut-être des morceaux d’éclat et prémédités, une étude réfléchie de l’histoire et de tous les grands événements, que l’éloquence pouvait ramener ; des formules d’exorde toutes prêtes et convenables aux lieux, aux temps, à l’âge de l’orateur ; peut-être un art technique de classer leurs idées sur tous les objets, pour les retrouver à chaque instant et sur le premier ordre ; peut-être un art de méditer et de prévoir d’avance tous les sujets possibles, par des divisions générales ou de situations, ou de passions, ou d’objets politiques, ou d’objets de morale, ou d’objets religieux, ou d’objets d’éloge et de censure ; peut-être enfin la facilité d’exciter en eux, par l’habitude, une espèce de sensibilité factice et rapide, en prononçant avec action des mots qui leur rappelaient des sentiments déjà éprouvés, à peu près comme les grands acteurs qui, hors du théâtre, froids et tranquilles, en prononçant certains sons, peuvent tout à coup frémir, s’indigner, s’attendrir, verser et arracher des larmes : et ne sait-on pas que l’action même et le progrès du discours entraîne l’orateur, l’échauffe, le pousse, et, par un mécanisme involontaire, lui communique une sensibilité qu’il n’avait point d’abord.
Et il a autre chose encore, un souffle assez véhément d’enthousiasme moral sous son style bourgeois. […] Non que le style de M. […] Ce style suffit évidemment pour plaire au public contemporain. […] Puis le style est par trop cruel, dans l’effronterie de sa banalité. […] Si l’on veut parler de littérature et de style, la chanson a certainement baissé d’un ton, et l’on voit aisément pourquoi.
Le roman est écrit dans ce style poétique qui est propre à M. […] Feuillet développe la partie nerveuse de son style au détriment de la partie musculaire. […] J’en dirai autant de la physionomie générale et du maintien de son style. […] Son style est bien à lui, un bon style, très passablement ferme, coloré et cependant « sobre, teinté seulement çà et là d’épithètes qui trahissent la pratique et le langage d’un autre art. […] Son style, qui est celui d’un vrai poète, sait peindre avec esprit et nuancer avec finesse sans subtilité.
Il rend l’idée dans un style aussi géométrique que possible, la présente de façon schématique, par crainte de la déformer à la lumière de l’imagination, et la dépouille de toute âme. […] On a dit tous les horizons dévoilés par la philosophie et le style de notre auteur. […] Notre poète a donc raison de renvoyer à d’autres les critiques tendant à prouver que son style ne peut être généralisé. Voici brièvement réunis les avantages d’un pareil style. […] Mithouard écrit d’abord une fantaisie endiablée dans le style des Odes funambulesques.
Et si Amiel se cultiva à l’allemande, il écrivit le Journal d’un style très français, solide et transparent. […] Voyez-les, l’été de cette même année 1853, en visite chez Amiel, qui est à Lancy : « Marc Monnier et Victor Cherbuliez, avec qui nous avons discouru de l’Allemagne, de Molière, de Shakespeare, du style des écrivains français, et joué beaucoup de parties de boules. […] Bergeret est offert au lecteur dans le style qui le moque le plus doucement et le plus savamment. […] Teste figure à l’état de tension un style humain qu’Amiel et Bergeret épousent dans sa détente. […] La possession de ces hommes et de ces femmes par Teste, la facilité avec laquelle il les déduit, les fait, voilà l’ordre mâle que le style humain d’Amiel équilibre par un ordre féminin.
Il faut cependant avoüer que la plûpart de ceux des deux premieres especes ne s’employent guere que dans le style familier. […] Il seroit à desirer, dans le style didactique sur-tout, dont le principal mérite consiste dans la netteté & la précision, qu’on pût se passer de ces expressions figurées, toûjours un peu énigmatiques. […] Ceci n’est qu’une conjecture ; mais le style des lois latines en est le fondement & la preuve ; ad divos adeunto castè (Cic. iij. […] C’est même le seul moyen direct que l’on ait dans plusieurs langues, & spécialement dans la nôtre, d’exprimer le commandement à la troisieme personne : le style des réglemens politiques en est la preuve. […] Le style des commentaires de César devoit avoir & a en effet de l’élégance, de la pureté & de la justesse ; celui de Caton (de R.
Sa cathédrale présente les styles les plus divers. […] Il a existé au xiiie siècle un Minnesinger appelé le Tannhäuser, dont les chansons, écrites souvent d’un style bizarre et pédantesque, offrent un singulier mélange de joie de vivre et de piété, de licence et de repentir. […] Il a puisé dans une traduction française de Pierre Alphonse, mais il est impossible de savoir si les changements considérables qu’on relève dans le détail sont de lui ou de son modèle ; on peut cependant remarquer que beaucoup d’entre eux rentrent dans le style habituel de l’auteur193. […] Au reste, bien que la prétendue lettre de l’espion turc porte la date de 1644 (du quatrième jour de la première lune), il est certain quelle n’a été écrite par Marana qu’en 1684 ou peu auparavant : le style et le ton suffisent à le prouver. […] Ces histoires sont tirées du Chamsah va-Quhquhah de Mirza Berkhordàr Turkman, qui a revêtu ses récits de toutes les formes bizarres et recherchées du style persan le plus fleuri.
Dupanloup, une onction et une politesse dont il ne se départira jamais Aussi, à l’inverse du puissant pamphlétaire qui déchire la question romaine avec une éloquence de sang, il préférera toujours le dédain, qui est une fine et discrète volupté et produit presque toujours un style délicat, à la colère, qui cherche indiscrètement à se communiquer, ne recule pas devant les déclamations et tombe dans le mauvais goût. […] Les influences dominantes étaient alors celles de Flaubert, qui poursuivait dans ses laborieux chefs-d’œuvre un certain idéal d’harmonie, de composition et de style ; des Goncourt, préoccupés surtout de la notation exacte et pittoresque de la sensation, et de M. […] Renan, ondoyant et divers comme lui, plus que lui, habile au jeu des idées, sceptique avec délices et une pointe de cynisme, que sauvait la grâce de son style. […] Balzac est un orateur, on ne saurait le nier ; mais cela n’empêche qu’il faille tout lui reprocher : « le manque d’esprit et de délicatesse, l’absence d’âme et de passion, l’abus des descriptions, la prédilection pour les corruptions sociales, un style à la fois laborieux et incolore ». […] Si le style n’est pas toujours irréprochable, la pensée est toujours d’une sincérité parfaite, car j’aimerais mieux labourer l’arpent de terre que le travail m’a donné que d’exprimer un mot que je ne penserais pas.
Forme de composition, forme de style, d’où cela est-il inspiré ? […] On ne peut s’empêcher, en le lisant même dans ce style familier et de tous les jours, de se reporter à l’hôtel Rambouillet en son plus beau temps ; nous sommes dans la préciosité jusqu’au cou.
., etc. » Les autres petits changements ne sont que de style. […] Une grande partie des qualités du style, chez tel auteur brillant, tient à un défaut du caractère.
Chateaubriand, sans avoir voyagé officiellement en Amérique avec ces appareils scientifiques, et Bernardin de Saint-Pierre, en passant seulement quelques jours à l’île Maurice, avaient rapporté, comme par hasard, de ces délicieux climats des trésors nouveaux de style, de mœurs et de sentiment qui ne périront jamais. […] La naissance de l’auteur, sa richesse, ses relations de famille avec les principaux représentants des différentes branches de la science dans les pays de l’ancien continent, et un certain appareil scientifique propre à appuyer auprès du vulgaire les pompes fastueuses de son style pour simuler le génie absent, en faisaient et en font encore tout le mérite.
Et d’ailleurs, en admettant les conditions les plus favorables au progrès de l’art du théâtre, la lecture offrirait toujours un aliment incomparablement plus riche à cause de sa variété infinie, à cause des profondeurs qui ne lui sont jamais interdites et à cause de cette délectation incomparable qu’est le style d’un récit. […] C’est précisément l’opposé du sincère labeur intellectuel qui expose, développe, analyse avec le rythme et la couleur d’un style qui est comme la marque individuelle, la signature même de l’écrivain.
De Pure diffère à cet égard de Somaise : « L’objet principal de leurs soins, c’est, dit-il, la recherche des bons mots et des expressions extraordinaires, pour conserver dans l’empire de la conversation, un juste tempérament entre le style rampant elle pompeux. » Mais ce but n’était pas condamnable. Au reste, il assure « qu’elles font solennellement vœu de pureté de style, d’extirpation des mauvais mots, de guerre immortelle aux pédants et aux provinciaux ».
Soudain Daudet s’interrompt disant : « Voyez-vous, c’est très malheureux… au fond vous m’avez troublé… oui vous, Flaubert et ma femme… Je n’ai pas de style, non, non, c’est positif. […] Je vais enfin m’appartenir, et me donner, pour les années qui me restent à vivre, à l’imagination, au style, à la poésie.
On fait une fois les Fleurs du mal, un chef-d’œuvre de réalité sauvage, un livre du plus grand style et d’une férocité magistrale, on le fait (quand on peut le faire), on ne le recommence plus. […] On lui sert des tragédies vulgaires, sans invention et sans style ; on lui dit : C’est du Corneille ; elle y va, et elle applaudit.
Songez que ces mêmes paroles que vous venez de prononcer et que nous insérerons dans nos registres, plus vous aurez pris de peine à les peser et à les choisir, plus elles vous condamneraient un jour si vos actions s’y trouvaient contraires, si vous ne preniez à tâche de joindre la pureté des mœurs et de la doctrine, la pureté du cœur et de l’esprit, à la pureté de style et du langage, qui ne sont rien, à bien prendre, sans l’autre. » Voilà le ton de M. de La Chambre parlant à La Fontaine. […] La Fontaine écrivant aux Vendôme, parle un peu leur style, et il n’y a peut-être pas autre chose.
On dirait, vraiment, que tout, dans la littérature poétique, doit être écrit dans le style de la Henriade. […] Cette maison, qui est la propriété de la Société des Amis de La Fontaine, qui a fait de cette maison, jolie du reste, agréable, d’un agréable style Renaissance, qui a fait de cette maison un musée, crie détresse vers les adorateurs de La Fontaine pour que sa maison ne soit pas tout à fait détruite, ne tombe pas en délabrement.
Et tout est devenu bloc en lui, même son style. […] Et, en effet, c’est le métaphysicien qu’il est encore, sans le vouloir, contre la métaphysique ; c’est le philosophe, qui, dans les premières années de sa vie intellectuelle, partit de Condillac pour aller à Hegel, où tout le monde philosophique allait alors, comme on va maintenant à Notre-Dame de Lourdes, puis qui revint à Condillac, dégoûté d’allemanderie, en véritable esprit français fait pour le léger et le clair, et qui, s’il a maintenant perdu la légèreté immatérielle de notre race, en a du moins gardé la clarté, sous les accumulations et les épaississements de son style et de sa manière.
ce n’est pas toutes ces gaîtés de l’œil, de l’oreille, de l’esprit et du style, mais c’est l’impression profonde qui sort de tous ces autres contes, si tristes au fond : La Cervelle d’or, qu’on dirait de Heine ; Les Deux Auberges, qu’on ne dirait de personne que d’un homme qui sait l’horreur de l’abandon ; La Sémillante, ce récit poignant et sombre, La Sémillante, — qui ne sémille plus, engloutie avec son vieux berger, « encapuchonné et lépreux », qui lève avec sa main sa lèvre, tombant sur sa bouche muette, pour raconter l’affreux naufrage ; — L’Île des Sanguinaires, enfin, le plus original de tous ces contes, non pas le plus terrible, — car ce gracieux Daudet se permet le terrible, comme vous venez de le voir ; — L’Île des Sanguinaires, où se trouve exprimée, toute seule, la mélancolie physique de la solitude. […] Pour intailler mieux dans leur ignominie, il a employé un mot beaucoup dit dans ce monde-là, il les a appelés : les Ratés… et l’emploi hardi de ce mot, qui se montre, je crois pour la première fois dans un livre de style, en fera peut-être la fortune.
On est au cœur de l’hiver ; l’opération peut rencontrer des difficultés très grandes, et Joubert n’est pas homme à se les dissimuler : elles sont présentées avec des alternatives de crainte, même d’accablement, puis tout à coup des reprises d’ardeur et d’espérance, dans des lettres charmantes et naïves (sauf quelques lauriers qu’il craint de voir changer en cyprès ; c’était le style du temps).
n’allons pas trop citer de l’abbé de Saint-Pierre : il a ce malheur des écrivains sans style, il ne supporte pas la citation.
Une autre fois, c’était Goethe : et si alors vous l’interrompiez brusquement dans sa lecture, il fallait entendre comme, tout plein de son auteur, il vous en parlait ; la source coulait d’elle-même ; les remarques les plus fines, les plus délicates de style se succédaient sur ses lèvres, et vous aviez une conférence improvisée.
Hugo, loin d’avoir en rien l’organisation grecque, est plutôt comme un Franc énergique et subtil, devenu vite habile et passé maître aux richesses latines de la décadence, un Goth revenu d’Espagne, qui s’est fait Romain, très-raffiné même en grammaire, savant au style du Bas-Empire et à toute l’ornementation byzantine .
Entre tant de richesses étrangères et modernes dont on est tour à tour tenté et séduit, elle seule donne au critique la vraie loi du goût, à l’écrivain les vrais secrets du style, les procédés sûrs et sévères qui servent de garantie à l’innovation même et à l’audace.
Aussi le bon Casanova, quand il rencontre sur le chemin de son récit toutes ces tendres aventures, s’y repose comme au premier jour, les développe avec un nouveau bonheur, et sur un ton de Boccace ou d’Arioste, en style de Pétrone et d’Apulée, sans ironie ni amertume de vieillard ; et, bien qu’il prétende en un endroit, épicurien qu’il est, que l’homme vieux a pour ennemi la nature entière, il n’a pas l’air de trop maudire sa vie ni d’en rien rejeter depuis le jour où son père, comme il dit, l’engendra dans une Vénitienne.
De vouloir moins prouver, d’être plus court, plus sobre et plus réduit de forme, surtout d’être parfait de style.
Cependant, sans parler de quelques critiques de style et de versification, qu’on trouve surtout chez Desmarets, et dont notre poète fit son profit, il y a parmi ces calomnies et ces injures quelques points bien touchés, encore que l’expression soit haineuse ou brutale.
Il a l’innocence du style.
Ferdinand Brunetière Tout diffère dans les Poèmes barbares et dans cette Légende des siècles, à laquelle on les a si souvent comparés : l’inspiration, le dessin, la facture, le caractère, l’effet, la forme et le fond, le style et l’idée.
Il s’était créé un style à part qui devait lui aliéner le commun des lecteurs, une langue qui s’adressait à tous les sens, pleine d’onomatopées, d’artifices typographiques, où les adverbes, des majuscules imprévues, se mettaient à chevaucher follement la phrase, où des incidentes répétées revenaient avec l’obsession du leitmotiv ; une langue musicale et orchestrée.
Autant, sous le rapport de l’exposition, j’ai modifié, à tort ou à raison, mes habitudes de style, autant, pour les idées fondamentales, j’ai peu varié depuis que je commençai de penser librement.
N’y a-t-il pas dans les écrits de Scarron ou de Cyrano de Bergerac des dislocations comiques de style et d’idées, des contrastes violents qui font rire, des bouffonneries énormes et truculentes ?
Après avoir cité quelques vers du style héroïque, il dit : Sur un ton si hardi sans être téméraire Racan pourrait chanter à défaut d’un Homère.
Comme critique, outre ses travaux sur le théâtre grec, il reste l’auteur d’une Physiologie des écrivains et des artistes ou essai de critique naturelle (Hachette, 1864), visant à remonter du style au corps de l’écrivain, puis au « climat physique et moral » qui enveloppe l’œuvre (p. 190), et du Romantisme des classiques (Calmann-Lévy, 1883), ouvrages qui ont fait date, et ont donné lieu à discussion.
De la part des grands écrivains, et il est inutile de citer ici d’illustres exemples qui sont dans toutes les mémoires, ces sortes de confidences ont un charme extrême ; le beau style donne la vie à tout ; de la part d’un simple passant, elles n’ont, nous le répétons, de valeur que leur sincérité.
C’est qu’elle permet à n’importe qui, doué de quelque style et de persévérance, de composer, avec des ressassements de toutes sortes, de fort bons vers, et même d’excellents vers et cela par milliers l’an.
« L’homme peut se courber vers la vertu, mais la vertu ne se courbe jamais vers l’homme. » Et tout est de ce style ou à peu près.
C’est la raison, sans doute, qui explique l’abandon familier de la notice d’Henry de la Madelène, lequel s’est contenté de nous raconter son héros dans un style rapide et quelquefois un peu saccadé, mais qui va de verve et rencontre çà et là des touches limpides.
Ce ne fut pas qu’une révolution dans le style, le rythme ou la rime ; ce fut une révolution jusqu’au fond des imaginations et des cœurs.
Mais les lettres de Réa Delcroix ont, elles, ce caractère qu’il est impossible de ne pas les croire torrentueusement sorties du cœur pour tomber sans ratures sur le papier, salamandres vivantes dans un style qui est une flamme !
Chacun de ces artistes a sans doute sa personnalité, qu’il affirmera en se faisant un style personnel. […] On l’a remarqué depuis longtemps : nous sommes incapables d’abstraction pure ; toute langue est faite de métaphores ; nous ne saurions parler autrement qu’en style figuré. […] Il est à l’art ce que le style figuré est à la poésie. […] Sensibles à l’attrait du style figuré et comprenant qu’il a une réelle valeur esthétique, certains artistes s’y enfoncent à plaisir. […] C’est ainsi qu’il se fait un style personnel, si reconnaissable qu’une simple ligne tracée par lui se différenciera, à première vue, d’une figure tracée par un peintre.
« Avec tout cela une certaine grandeur, je n’en disconviens pas, et du style. […] Ce style Empire avec sa raideur de lignes, et ce qu’il y a d’ingénument académique dans le détail de son ornementation, a vraiment, et tout compte fait, de la grandeur ; il me paraît même supérieur au style Louis XIV, qui a surtout de la « pompe ». […] Dirai-je que j’y aimerais, quelquefois, un style plus ramassé et plus fort ? […] Joignez qu’on y trouve assez souvent, dans la forme, quelque chose comme l’équivalent du style « burlesque » du dix-septième siècle. […] Une bonne partie de Boubouroche est écrite de ce style.
Logique et clarté, précision, beauté de l’ordonnance et netteté du style, toutes ces qualités étaient presque étrangères à nos écrivains du xvie siècle, et il vrai, malheureusement, que nous en faisons aujourd’hui bon marché. […] C’est aussi que l’intention en est plus subtile, et surtout plus complexe, que ne le donneraient à croire la simplicité de l’ordonnance, la lucidité du raisonnement, l’incomparable netteté du style. […] Mais Bayle écrit négligemment, trop vite, sans ordre ni méthode, avec la facilité des improvisateurs, et, comme il n’a d’ailleurs ni le don de l’invention verbale, ni le génie de l’expression, ou, si l’on veut encore, comme son style n’est pas à lui, mais à tous ses contemporains, il fatigue. […] Une traduction du grec — exquise d’ailleurs en son vieux style, supérieure même à son original — a fondé, comme on sait, l’immortalité d’Amyot, et Montaigne, avec sa manie de citer, ne sera-t-il pas toujours un peu suspect de n’avoir connu l’homme qu’à travers Plutarque ou Sénèque ? […] La lucidité de style, ou plutôt la transparence en est incomparable, et si jamais l’expression se calqua sur l’idée, c’est dans ces deux ou trois cents pages.
Vallès a raconté dans ce style, à la fois canaille et classique, déclamateur et gouailleur, qui est le sien, — mais quelle patte par moments, et quelle vigueur ! […] Le désaccord entre l’énergie du style de ces notations et l’insignifiance des événements notés est très frappant dans ces journaux intimes, et, à mon sens, très pathétique. […] Donnez-lui à traiter le sujet le plus banal, il trouvera le moyen d’être à la fois exact comme une plaque de kodak et d’employer une qualité de style qui rappelle aussitôt à votre souvenir les maîtres de la Renaissance. […] Ce style trop continûment élégant et distingué11 s’est, dans ces deux livres, tendu plus fortement et haussé jusqu’à l’expression directe. […] Jeune ou vieux, il faut avoir connu de ces découragements et de ces révoltes solitaires pour sortir de la rhétorique et entrer dans la virilité du style.
Il fait du style, le pauvre diable ; et quel style ! […] J’en sais aussi qui, avec un style différent, mais non moins odieux, étalent encore les prétentions et les ridicules de Desgenais. […] — Et le style ? […] etc… » Ces prouesses de style sont continuelles. […] Sans compter le style, qui porte la marque de deux vrais lettrés.
Mille foyers resplendissent à travers la plaine ; la vive lueur de chacun de ces feux éclaire cinquante guerriers assis à l’entour, et les chevaux qui broient l’orge blanche et l’avoine attendent auprès des chars que l’Aurore remonte sur le trône des cieux. » XVI On parle de nouveauté dans le style ; mais quelle nouveauté de style pourrait surpasser cette vérité pittoresque des feux d’un camp pendant la nuit, comparés aux lueurs de l’armée des astres brillant de tous côtés dans le firmament ? […] Didot et François, dans les maremmes d’Étrurie, peinture dont le style rappelle les plus beaux temps de l’art hellénique, représente cet épisode de l’Iliade.
Il ne chante le plus souvent que les angoisses de son cœur ; mais il le fait avec une telle intensité de pensée et de style que ses cris de douleur deviennent comme impersonnels, et se transforment ainsi en chefs-d’œuvre, où nous reconnaissons nos propres souffrances, nos secrètes convoitises, les passions de tous les siècles et de toute la terre. […] Il rompit avec toutes les formules surannées et la mesquine étiquette d’un style jusqu’alors prétendu « noble ». […] La mère du poète, dans le style des romans à la mode et des élégies du temps disait retrouver en ces pages « la flamme du foyer bien ardent qu’elle avait dans son cœur » ; le charme suranné de cet hommage est le plus pieux souvenir que je sache de l’aube romantique.
Dans tout le mémoire le style est simple, ferme, non sans couleur, et quand il est donné à l’auteur de faire en passant pour sa démonstration une peinture un peu vulgaire, il la fait avec une sorte de réalisme gracieux qu’on n’est pas tenté de lui reprocher. […] Les écrivains chrétiens, tout eu combattant le paganisme avec acharnement, tout en lançant l’anathème contre les mensonges de la mythologie, empruntèrent aux païens leurs habitudes de style et de composition, et l’on a dans leurs ouvrages le spectacle singulier d’une pensée neuve et forte, et de sentiments naïfs qui s’expriment sous une forme vieillie et usée36, celle du réalisme savant de la décadence romaine. […] Marivaux disait « que le style a un sexe et qu’on reconnaît les femmes à une phrase ». […] N’ayant pas l’intention de prêcher ni d’enseigner, ne songeant qu’au plaisir tout pur de la représentation artistique, la matière lui importe assez peu, ou plutôt il aura des prédilections instinctives pour tout sujet qui lui fournira de belles couleurs et qui lui paraîtra propice au déploiement des descriptions, ces draperies du style. […] Proudhon les caractérise ainsi, élogieusement : « Voilà la France rustique avec son humeur indécise et son esprit positif, sa langue simple, ses passions douces, son style sans emphase, sa pensée plus près de terre que des nues, ses mœurs également éloignées de la démocratie et de la démagogie, sa préférence déridée pour les façons communes, éloignée de toute exaltation idéaliste, heureuse quand elle peut conserver sa médiocrité honnête sous une autorité tempérée200. » Qu’est-ce que le sujet des Casseurs de pierres ?
Mais on le peut consacrer, en lui imposant le style. […] Puis il manque de concision dans le style et, déjà, dans la pensée : voilà son tort. […] Marcel Boulenger ; pour le style et toute élégance. […] Mais célébrons le défenseur énergique et avisé de la langue et du style français. […] votre style est la grâce même : il peut se permettre d’aller tout nu.
Le défaut d’eurythmie et l’empâtement de style de Delphine et de Corinne rend ces gros romans peu pernicieux. […] Didier, bien que s’exprimant en meilleur style, est plus terne. […] A cause du « style ». Mais la première condition d’un style est la convenance, la probité. Un grand style sur des idées petites, de grands ramages sur de petits moyens, voilà ce qui s’appelle emphase.
Nul n’usa d’un style plus solennel, plus grave, plus subtil. […] En ces divers ouvrages, Laurent Evrard m’apparaît avant tout, et c’est là son signe distinctif, comme un écrivain entièrement original, qui a des procédés de composition, de style, lui appartenant en propre et sans partage. […] On sent dans leur composition, dans leur style, quelque chose d’intérieurement indestructible. […] C’est bien à cette triple école que se forma le style de M. […] Aussi nous expose-t-il, d’un style sobre et concis, les vies de dix-sept voleurs ou scélérats de marque, tels que, par exemple, le capitaine Hild, Jonathan Wild, Ralph Buscæ, Gilderoy, Thomas Pureney, Jack Sheppard ou Deacon Brodie !
La recherche des idées, l’affectation du style, et aussi le mérite de la versification, sont les mêmes dans les deux ouvrages, la poésie, moins brillante et plus emphatique dans le second, abonde moins en images gracieuses qu’en pensées élevées ; mais déjà se laissent apercevoir la science des sentiments de l’homme, et le talent de les faire ressortir sous une forme dramatique, par les plus petites circonstances de la vie. […] De brillants développements, des images suivies avec art et prolongées avec complaisance, un style animé, élevé, pittoresque, tels sont les caractères qui distinguent l’œuvre du poëte de cette œuvre primitive à laquelle il n’a prêté que son coloris. […] Le style passionné qui y règne, même dans ceux qui évidemment ne s’adressent qu’à un ami, a jeté les commentateurs de Shakespeare dans un grand embarras. […] Cinquante ans après sa mort, Dryden avait déjà déclaré son idiome un peu « hors d’usage. » Au commencement du xviiie siècle, lord Shaftesbury se plaint de son style « grossier et barbare, de ses tournures et de son esprit tout à fait passé de mode » ; et Shakespeare fut alors, par cette raison, rejeté de plusieurs collections de poètes modernes. […] Dans l’imitation du style antique, les statuaires modernes n’éprouvent d’autre gêne que la difficulté d’atteindre à sa perfection : le plus fervent et le plus puissant adorateur de l’antiquité n’oserait, sur le théâtre le plus soumis, reproduire tout ce qu’il admire dans une tragédie de Sophocle.
Est-ce chez nos voisins de l’Est qu’ils auraient acquis un style plus distingué, plus ordonné, plus clair, habitué leur esprit à élire les mots de manière précise et pertinente ? […] Admirez en quel style sensuel et gras, il projette la folie d’une fête villageoise : Midi tomba sur la soûlerie. […] Georges Virrès accorde à son style le plus grand soin. […] Psukè, Le Juré, Jéricho, Ambidextre journaliste, Fatigue de vivre, La Joyeuse entrée de Charles le Téméraire reflètent diversement, en un style coloré et violent, toutes ces préoccupations philosophiques. […] Par sa conception de l’univers et son idéal mystique, Maeterlinck s’apparente aux races septentrionales, mais sa sensibilité persuasive, le parfum insinuant et, par instants, capiteux de son style, le sacrent non moins certainement latin.
De fait, ses romans, avec les incontestables qualités d’observateur qu’il y déploie, avec la verve d’un style incisif et rapide, quoique souvent incorrect, malgré leur manque d’unité d’ailleurs plus apparent que réel, sont des œuvres incomplètes, mais qui sortent de la banalité de l’habituelle production littéraire. […] Un tel écrivain n’a guère le choix de ses procédés littéraires : il est condamné à une abondance de style qui peut facilement devenir fastidieuse. […] Loin d’être “chef de l’école” par priorité ou par mérite, je puis à peine me reconnaître comme y appartenant, si le style du peu que j’ai fait en peinture venait à être comparé avec les ouvrages des autres peintres nommés préraphaélites. […] Les qualités de réalisme émotionnel mais extrêmement minutieux qui donnent le cachet au style nommé préraphaélite se trouvent principalement dans tous les tableaux de Holman Hunt, dans la plupart de ceux de Madox Brown, dans quelques morceaux de Hughes, et dans l’œuvre admirable de la jeunesse de Millais. C’est la camaraderie plutôt que la collaboration réelle du style qui a uni mon nom aux leurs dans des jours d’enthousiasme d’il y a vingt ans… « … L’idée que Ruskin a fondé par ses écrits l’école préraphaélite est une méprise que j’ai trouvée être presque universelle, mais qui n’en est pas moins pour cela une méprise absolue.
. — On peut remarquer dans cet Examen de la duchesse de Longueville, et en général dans toutes ses lettres manuscrites dont j’ai vu une quantité, un style suranné, et bien moins élégant qu’on ne l’attendrait ; beaucoup moins vif et précis, par exemple, que celui des divines lettres et réflexions de Mme de La Vallière, publiées en un volume par Mme de Genlis. […] Mais qu’on aille au fond et au bout de ces longueurs de phrases, la finesse se retrouvera. — Et puis le style de Mme de La Vallière a été lui-même légèrement corrigé dans ces dernières éditions.
La science était tenue d’être épigrammatique ou oratoire ; le détail technique ou cru aurait déplu à un public de gens du monde ; le beau style omettait ou faussait les petits faits significatifs qui donnent aux caractères anciens leur tour propre et leur relief original. — Quand même on aurait osé les noter, on n’en aurait pas démêlé le sens et la portée. […] Avec quelle colère et de quel élan vais-je me jeter contre la vieille barrière On s’en aperçoit au ton véhément, au style amer, à l’éloquence sombre de la doctrine nouvelle.
Le style seul est viril, la politique est chimérique, l’histoire est une histoire de famille, un piédestal à M. […] Ce n’est que le style des notes du Moniteur ; et si jamais je me rétablis, je crois pouvoir réfuter cet écrit de bien haut. » Ses derniers moments furent illuminés comme un soir de fête ; ils resplendirent pour elle de la gloire de la vie terrestre qui allait s’éteindre sur sa couche, et des espérances de sa vie immortelle qui allait éclore.
Mes vieux prêtres, dans leur lourde chape romane, m’apparaissaient comme des mages, ayant les paroles de l’éternité ; maintenant, ce qu’on me présentait, c’était une religion d’indienne et de calicot, une piété musquée, enrubannée, une dévotion de petites bougies et de petits pots de fleurs, une théologie de demoiselles, sans solidité, d’un style indéfinissable, composite comme le frontispice polychrome d’un livre d’Heures de chez Lebel. […] Ce style, dont je ne vis que plus tard les défauts, m’excitait vivement.
Au lever du rideau, on admire le décor, très bien compris, d’un style roman aussi exactement restitué que les costumes guerriers du premier acte, ce qui n’est pas peu dire. […] Le public ne paraît pas goûter la grande scène entre Frédéric et Ortrude, et je l’en excuse volontiers, car cet admirable duo le devait dérouter singulièrement : la mélodie n’a rien qui lui rappelle le style d’opéra, et l’orchestre développe sans interruption deux ou trois motifs essentiels.
Vanderem éditionalise, n’a pas caché, dans le style qui lui est particulier, à certifier que l’auteur du miroir des Lettres sentait le fagot, le fagot bolcheviste, naturellement. […] Il fait par ailleurs un éloge soutenu du roman, dont il salue le style et la délicatesse dans l’évocation de cette histoire sensuelle, manière témoignant d’un néo-réalisme conjoignant l’exactitude de l’observation au bon goût.
L’abbé Le Dieu, dans cet ouvrage, se soigne, et il écrit comme en vue du public ; son style a de la facilité, du développement, des parties heureuses : on sent l’homme qui a vécu avec Bossuet et qui en parle dignement, avec admiration, avec émotion.
— Le style, non pas étranger, mais un peu vieux, en est encore plus gaulois que français : « Du reste, mon parti était pris, et je regardais mon renvoi ou non-renvoi d’un œil très-philosophique ; je ne me serais trouvée, dans telle situation qu’il aurait plu à la Providence de me placer, jamais sans ces ressources que l’esprit et le talent donnent à chacun selon ses facultés naturelles, et je me sentais le courage de monter ou descendre, sans que par là mon cœur et mon âme en ressentissent de l’élévation ou ostentation, ou, en sens contraire, ni rabaissement, ni humiliation.
Cet estimable et savant ouvrage, qu’on dirait d’un Tillemont biographe, n’a contre lui que le style dans lequel il est écrit et qui est un peu revêche.
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !
Mais il y aurait surtout à insister sur ce premier ordre de comparaisons si spéciales et si neuves, tout à fait imprévues, de celles qu’on ne copie guère et qui qualifient, à proprement parler, l’originalité d’un style et d’un talent.
Il y a quelques défauts dans la forme, dans le style, et nous les dirons sincèrement.
En exprimant ce qu’on éprouve, on peut avoir un style poétique, recourir à des images pour fortifier des impressions ; mais la poésie proprement dite, c’est l’art de peindre par la parole tout ce qui frappe nos regards.
L’ardeur et la profondeur des sentiments, l’amour qui dessèche et qui, « sans la crainte de l’enfer, pousserait le malheureux rebuté à se donner la mort9, ) » les larmes sincères, l’invective, le vigoureux style oratoire digne de Machiavel, toute cette invention italienne nous choque et le choque par son trop de force.
Il y a de tout dans son style : analyse, synthèse, idée, sensation, hallucination, réalisme, romantisme ; c’est un monde grouillant, qui n’a pas toujours la beauté, qui du moins a souvent la vie.
L’Art d’écrire de Condillac est tout plein de passages expliqués, où l’auteur démontre par des analyses minutieuses à quoi tient la force ou la faiblesse d’un style.
« La simplification logique et géométrique est une conséquence de l’augmentation de force ; d’autre part, la perception de pareilles simplifications rend intense le sentiment de la force… Sommet de l’évolution : le grand style. » (Volonté de puissance, § 359.)
Ils sont pleins de tours et d’expressions qui ne sont pas dans le style des discours de Jésus, et qui, au contraire, rentrent très-bien dans le langage habituel de Jean.
C’est ainsi que je définirais au besoin son style de romancier.
Le style, généralement heureux, naturel, négligé, délicat sans rien de précieux, n’est pas exempt, en deux ou trois endroits, d’une apparence de recherche ou de papillotage, qui sent l’approche du xviiie siècle.
Il en trouve six, qui sont le sujet ou la fable, les mœurs, les sentiments, la diction ou le style, la musique et la décoration.
Dès lors cet homme, cet ancien ami, ce poète inimitable, dont le style naïf et marotique fait tant d’honneur aux fables des anciens et ajoute de grandes beautés aux originaux 6, n’est plus qu’un misérable écrivain licencieux, auteur de contes infâmes, un Crétin mitigé, tout plein d’ordures et d’impiétés, un fauteur de débauche digne du bourreau ; Furetière pousse l’animosité jusqu’à reproduire à la suite de son libelle la sentence de police portant suppression de ses contes, et l’accuse, comme je l’ai déjà dit, de spéculer sur sa propre turpitude, en vivant de la prostitution de sa femme.
Elle se trouve heureuse cependant qu’il soit comme cela. » Et Renée ajoute un mot qui donnera aux esprits qui sentent, dans le moindre détail de style, toute la manière d’un écrivain : « Elle aimait donc pour aimer, — simplement : elle avait autant de désintéressement qu’elle avait d’imagination, la pauvre femme !
Plus écrivain qu’il n’ait jamais été à aucune époque de sa vie, il n’en est pas moins resté ce qu’il était plus jeune ; il n’en a pas moins la vie dans le style et l’émotion qui est plus que la vie.
et il a la force dans le style, qui, de fort, sous sa plume, devient immanquablement de mauvais goût s’il ajoute quelque chose au jeu naturel de ses muscles et de sa robuste maigreur.
Comme écrivain, voici de son style : « La mort— dit-elle— a fauché la plupart de ces débris de l’Abbaye-au-Bois. » Il y a certainement du bas-bleu dans la femme qui écrit comme cela, qui a la tyrannie de ces images, mais elle a du bas-bleu en taille-douce, en nuances lilas, comme une femme de professeur qui a toujours vécu avec des professeurs et qui est teinte de ce qu’ils ont déteint sur elle.
, et il a la force dans le style, qui, de fort sous sa plume, devient immanquablement de mauvais goût, s’il ajoute quelque chose au jeu naturel de ses muscles et à sa robuste maigreur.
Qu’elle entre plus ou moins bien dans les combinaisons plus ou moins usées du théâtre, elle n’en a pas moins pour moi l’observation, l’imagination et le style avec lesquels, quand l’art du théâtre subsistait encore, on faisait la comédie autrefois !
Tout cela, si nous l’avions encore dans sa grâce originale, serait pour nous un modèle de goût et d’élégance, trésor de poésie, chef-d’œuvre de style embelli par la passion.
Le style en est simple, mais la poésie nouvelle, même après Homère : « Les cavales87 qui m’entraînent se sont élancées aussi loin que le cœur me poussait, puisqu’elles m’ont porté sur la voie glorieuse de la divinité, qui place l’homme éclairé au milieu de tous les mystères.
Je voudrois donc que dans le style didactique, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit d’enseigner, on usât avec beaucoup de circonspection des termes abstraits & des expressions figurées : par exemple, je ne voudrois pas que l’on dît en Logique l’idée renferme, ni lorsque l’on juge ou compare des idées, qu’on les unit, ou qu’on les sépare ; car idée n’est qu’un terme abstrait. […] Ce mot est encore en usage en ce sens parmi le peuple & dans le style du Palais : aucuns soûtiennent, &c. quidam affirmant, &c. ainsi aucune fois dans le vieux style, veut dire quelquefois, de tems en tems, plerumque, interdum, non nunquam. […] De, des, qui sont des prépositions extractives, servent aussi à faire des prépositions particulieres ; des Philosophes, ou d’anciens Philosophes ont crû qu’il y avoit des antipodes, c’est-à-dire, quelques-uns des Philosophes, ou un certain nombre d’anciens Philosophes, ou en vieux style, aucuns Philosophes. […] Dans le style didactique, ceux qui écrivent en Latin, lorsqu’ils veulent faire remarquer un mot, entant qu’il est un tel mot, se servent, les uns de l’article Grec τὸ, les autres de ly : τὸ adhuc est adverbium compositum (Perisonius, in sanct.
Quand on passe de l’un à l’autre, la nature du sujet, la conduite de l’action, la versification et le style, la mise en scène et les procédés dramatiques, en un mot, la forme et le fond, tout paraît changé. […] Et enfin, parmi ces œuvres enfantines, on en découvre quelques-unes qui, méprisables par le style, intéressent du moins par l’idée, par l’originalité de la fable. […] Destouches inventa la comédie pédagogique, écrite en style d’épître morale. […] Ce qui reste de Diderot dans le mélodrame, c’est le style imbécile et la psychologie simpliste ; mais cela ne veut pas dire qu’il ait inventé le mélodrame. […] On a été très dur pour le style de M.
Personne, mieux que lui, ne comprenait les grâces du style, les finesses du dialogue ; pour qu’il fût à l’aise dans un rôle, il fallait nécessairement que ce rôle fût écrit par une plume habile. […] Mais revenons à la comédie de M. de Boissy qui ne mourut pas ce jour-là, qui fut secouru à temps par une voisine charitable, et qui devint, trois ans plus tard, membre de l’Académie française à la place de Néricault-Destouches, un homme qui avait la verve comique, le style incisif, l’énergie et le talent. Cette comédie de Boissy, L’Homme du jour, écrite avec peu de soin, ou, si vous l’aimez mieux, peu de style, mérite cependant de rester au théâtre comme un tableau assez fidèle de cette belle société qui n’est plus. […] Cette fois, ce qui arrive à toutes les suites, l’esprit a beaucoup baissé, l’imagination s’est affaiblie, le style surtout est réduit à rien. […] quel plat style, quelle méchante intrigue, et comment le xviie siècle à son apogée a-t-il pu se complaire à la représentation d’une pareille œuvre, si insolemment jetée sur le même théâtre où les chefs-d’œuvre de Molière brillaient, chaque soir, dans l’éclat naïf de leur génie, de leur style et de leur nouveauté ?
On trouve dans le livre du Hollandais à Paris d’autres conversations bien intéressantes, entre autres celle de Jules Renard, le plus sincère des naturalistes, sur Flaubert et sur le style. […] Que le mode de la représentation, le style, pour dire son vrai nom, soit barbare ou raffiné, qu’il soit raffiné et barbare en même temps, pourvu qu’il soit véritablement individuel, le but de l’art est atteint et sa représentation est devenue nécessaire. […] Car j’attache très peu d’importance à tous ces petits artifices de style et de versification. […] L’évolution entière de la prose de notre siècle est renfermée dans ce grand modèle de style, que Chateaubriand nous a laissé en ses Mémoires d’outre-tombe. […] Et il se moquait de ses premiers succès, il ne voulait pas que sa renommée vécût aux frais d’un style et de formes que d’autres avaient préparés pour lui.
Si l’on veut en connaître tout l’intérêt, il faut le lire en entier ; si l’on veut en déguster le style, lisez seulement les parties purement descriptives de ce bel ouvrage. […] Parmi les hommes qui m’ont écouté, les uns ont applaudi la composition des trois drames suspendus à un même principe, comme trois tableaux à un même support ; les autres ont approuvé la manière dont se nouent les arguments aux preuves, les règles aux exemples, les corollaires aux propositions ; quelques-uns se sont attachés particulièrement à considérer les pages où se pressent les idées laconiques, serrées comme les combattants d’une épaisse phalange ; d’autres ont souri à la vue des couleurs chatoyantes ou sombres du style ; mais les cœurs ont-ils été attendris ? […] Il monte de la grammaire à l’œuvre, au lieu de descendre de l’inspiration au style ; il sait façonner tout dans un goût vulgaire et joli, et peut tout ciseler avec agrément, jusqu’à l’éloquence de la passion. — C’est l’HOMME DE LETTRES.
Lucien lut la lettre, accueillit le jeune homme, le caressa et lui conseilla d’être neuf par le sujet sans cesser jamais d’être classique par le style. […] Nous ne l’approuvons pas davantage dans le style. […] Indépendamment de la magnificence du style, vous voyez avec quelle diplomatie d’instinct le poète des oppositions combinées associe des regrets de république à des glorifications de conquête.
Un mot encore du style de Gabriel Sarrazin. C’est un style tissé de lumière chatoyante, quelque chose comme un arc-en-ciel vivant qui se déploie : On le sent tout frémissant des vibrations d’un cœur enthousiaste. […] C’est le style d’un vrai poète, qui, ayant pris dans l’étude des poètes anglais le goût du rêve et de la nuance, trouve notre vers trop rigide pour écrire en vers et qui, écrivant en prose, donne libre cours à son imagination très riche et à sa fantaisie très harmonieuse.
XVII À l’époque où madame Récamier le connut et lui permit de l’aimer, il avait déjà écrit une espèce de poème en prose, Antigone, sorte de Séthos ou de Télémaque dans le style de M. de Chateaubriand ; on parlait de lui à voix basse comme d’un génie inconnu et mystérieux qui couvait quelque grand dessein dans sa pensée ; il couvait, en effet, de beaux rêves, des rêves de Platon chrétien, rêves qui ne devaient jamais prendre assez de corps pour former des réalités ou pour organiser des doctrines. […] Il était un de ces hommes qu’on ne pouvait voir que vêtus ; la toilette était nécessaire à son génie ; aussi la draperie est-elle le défaut de son style, jamais le nu.
XVII Hugo, dans une œuvre d’un style égyptien mais souvent taillé en blocs comme les pyramides, a analysé Shakespeare ; il est difficile de mesurer et plus difficile de porter ces blocs ; ils sont jetés avec profusion et souvent sans symétrie et sans choix les uns sur les autres, mais il y en a beaucoup qui révèlent la pensée et la force d’un cyclope du style.
Création non moins inattendue que Tristan et Iseult, mais essentiellement familière, à la fois joyeuse et tendre, rabelaisienne par l’expansion comique, shakespearienne par la chaleur du sentiment et le charme fantasque : création wagnérienne, avant tout, par l’intime unité, la signification hardie, le libre style et l’accent. […] Jourdain (Walther) et Mme Caron (Eva), sont d’excellents chanteurs qui manquent encore du style wagnérien ; Mme Deschamps (Madeleine), MM.
Ou ne serait-ce point une pure illusion due au style gracieux, à l’imagination brillante du traducteur ? […] Cependant, en faveur de la pureté éminemment classique de son style et du naturel exquis avec lequel y sont tracés les divers caractères qui lui impriment la vie, nous le prierons au moins de vouloir bien mitiger son arrêt, et de comprendre ce chef-d’œuvre sous la dénomination de classico-romantique, en lui souhaitant pour sa propre gloire d’en produire un pareil. » VI Je reprends : Mon impression personnelle ne fut ni moins vive ni moins ravissante que celle du traducteur, la première fois que le poème dramatique de Sacountala tomba sous mes yeux.
Entrons en guerre, et laissons-le gaspiller un beau style, dégrader un talent sérieux en écrivant des historiettes assez insignifiantes, précédées de préfaces où l’on jette de grosses injures contre la jeune littérature, en vertu de cet axiome : « On n’aime jamais son héritier. » La jeune littérature s’en soucie peu, au reste ; l’insulte a glissé sur elle comme le javelot de Priam sur le bouclier de Pyrrhus. […] Quelques-uns croient avoir accompli toute leur mission lorsqu’ils ont savamment agencé des mots, assemblé de rayonnantes images et coloré leur style de toutes les nuances de l’arc-en-ciel.
Mais en même temps et en attendant que cette épopée encore à naître fut venue, Ramond, vers 1807, savait fort bien déterminer le caractère littéraire d’un siècle qui était le sien et qui a aussi sa force et son originalité : On le dépréciera tant qu’on voudra ce siècle, disait-il, mais il faut le suivre ; et, après tout, il a bien aussi ses titres de gloire : il présentera moins souvent peut-être l’application des bonnes études à des ouvrages de pure imagination, mais on verra plus souvent des travaux importants, enrichis du mérite littéraire… Nos plus savants hommes marchent au rang de nos meilleurs écrivains, et si le caractère de ce siècle tant calomnié est d’avoir consacré plus particulièrement aux sciences d’observation la force et l’agrément que l’expression de la pensée reçoit d’un bon style, on conviendra sans peine qu’une alliance aussi heureuse de l’agréable et de l’utile nous assure une place assez distinguée dans les fastes de la bonne littérature.
Selon lui, en effet, il n’y a plus dans la littérature actuelle que de la forme, la pensée est absente ou sacrifiée : en architecture, en peinture, en sculpture, on ne rencontre, selon lui, que le pastiche, l’imitation du passé, une imitation confuse et entrecroisée des différentes époques, des différentes manières antérieures : « Il en est de même, dit-il, en littérature : on accumule images sur images, hyperboles sur hyperboles, périphrases sur périphrases ; on jongle avec les mots, on saute à travers des cercles de périodes, on danse sur la corde roide des alexandrins, on porte à bras tendu cent kilos d’épithètesa, etc. » Et dans ce style qui n’évite pas les défauts qu’il blâme, l’auteur s’amuse à prouver que tous, plume en main, jouent à la phrase et manquent d’une idée, d’un but, d’une inspiration : « Où sont les écrivains ?
Ces roideurs de style, ces passages qui sentent l’huile dans son beau livre, auraient disparu.
En lisant cette belle histoire qui sans doute a ses défauts, ses redites et ses longueurs, mais où rien n’est oublié ; où toutes les sources contemporaines se sont versées dans un plein et vaste courant ; où se déploie, sous air de facilité, une si grande puissance de travail ; où tout est naturel, — naturellement pensé —, naturellement dit ; si magnifique partout de clarté et d’étendue, et qui offre dans le détail des touches de la plus heureuse finesse ; où le style même, auquel ni l’historien ni le lecteur ne songent, a par endroits des veines rapides et comme des venues d’autant plus charmantes ; — en achevant de lire cette histoire, à laquelle il ne manque plus qu’un ou deux volumes de complément et de surcroît, je dirai encore ce que diront à distance tous ceux qui la liront : c’est que, quelque regret qu’ait droit d’avoir l’historien dans l’ordre de ses convictions politiques, la postérité trouvera qu’il n’eût pu employer les années fécondes de son entière maturité à rien de mieux qu’à édifier un tel monument.
Est-ce à dire pourtant, comme je vois que l’a fait un de nos maîtres, que le style de Mme de Sévigné soit hasardé ?
Cette bizarrerie consistait à être accessibles à tous les goûts, à toutes les vues modernes, de science, d’art, d’inventions de toutes sortes, sans que le style littéraire parût la seule chose de prix à leurs yeux ; à être les moins exclusifs des esprits, à avoir de tous les côtés des jours ouverts sur la civilisation et la société actuelle et future.
Hetzel, la pensée de Gœthe, par suite des coupures, semble plus concise, plus taillée : elle est ramenée à ce qu’on croit devoir être le style d’un livre.
Les choses sont comme le style.
C’est moins dans l’action apparemment que dans le style, dans le dialogue, que cette ardeur de verve se faisait désirer.
Il ne saurait convenir, enfin, qu’une illustration de Don Quichotte fût d’un style qui s’appliquerait indifféremment au Roman comique de Scarron ; nos platitudes bourgeoises et burlesques n’ont rien à faire là, ou elles sont à l’instant corrigées et relevées par des lignes plus grandioses.
Ainsi l’on y vit l’effet des prières de la bonne mère abbesse de Port-Royal, grande tante de l’épouse, et de l’excellent ami que vous allez reconnaître, monsieur, à son style ordinaire auquel vous êtes fait102.
Marie-Joseph Chénier n’a pas craint d’appeler cet ouvrage a un monument de gloire littéraire où tous les charmes du style embellissent les idées philosophiques. » Il ne se pouvait de plus digne testament de cette féconde et illustre législature.
Villemain de cette manière et de cette nuance de style dont Mme de Staal nous offre la perfection ?
Ajoutez que la vie de ce grand railleur (comme son style) paraît se moquer fortement de ses opinions.
Scaramouche avait encore, dans le même style, une chanson de l’Âne : L’asinello innamorato, et une chanson du Chat : Il gatto castrato.
Et je ne vois pas les idées enchevêtrées d’un Ibsen (encore un que Tolstoï inclut dans les décadents) habillées d’un style plus aisé !
« L’Art chrétien est mort le jour où un pape s’est avisé de voiler les nudités de Michel-Ange, dans le Jugement dernier. » Charles Morice, qui dit cela, ne peut souffrir l’imagerie ni les divinités en carton-pâte du style Saint-Sulpice.
Chacun sait que Zola (Le Ventre de Paris) s’est délecté à décrire en style plantureux les puissants aromes des fromages et de la charcuterie ; et deux siècles plus tôt, Saint-Amand, avec un lyrisme rabelaisien, chantait aussi le fromage et « la crevaille ».
De là les défauts du style banal et des expressions usées.
Et quel style, quelle transparence, quelle modestie dans les paroles qui voilent le fond de la pensée.
Joubert, parlant de ces défauts, bien moins développés, mais déjà sensibles, chez Bernardin de Saint-Pierre, disait : Il y a dans le style de Bernardin de Saint-Pierre un prisme qui lasse les yeux.
C’est ce même prince de Ligne qui a dit d’elle ailleurs : « Sa prétendue galanterie ne fut jamais qu’un sentiment profond d’amitié, et peut-être distingué pour une ou deux personnes (je lui laisse son style de grand seigneur), et une coquetterie générale de femme et de reine pour plaire à tout le monde. » Cette impression ou cette conjecture, que je retrouve également chez d’autres bons observateurs qui ont approché de Marie-Antoinette, reste, je crois, la plus vraisemblable.
C’est une espèce de charte sous forme de contrat, et en style de notaire.
Elle n’est encore ici que la toute petite Révoil d’avant le mariage, la petite pensionnaire au corsage plat, aux bras plats, à l’esprit plat, au style plat, à toutes les platitudes, et on ne devinerait jamais que de ce vibrion — de cet insignifiant infusoire sortirait un jour cette organisation turbulente, imprécatoire et spumeuse qui a fait sur tout ce qui fut longtemps sacré parmi les hommes, la Religion, l’Église, la Papauté, les Rois, les anciennes Mœurs, ce qu’elle fit un soir sur la figure du capitaine d’Arpentigny… Tous les ouvrages de cette perdue d’esprit sont là pour l’attester.
Je ne conteste ni l’érudition ni le style de Huysmans, je dis que son œuvre ne nous émeut pas.
Le style avait pris partout je ne sais quel ton de panégyrique ; ce fut celui même des Mascaron, des Fléchier et des Bossuet, toutes les fois qu’ils parlaient de Louis XIV : et où n’en parlent-ils pas ?
C’est ainsi que ce mont Albain, où, selon la plaisanterie d’Horace159, les Muses avaient dicté de vieilles prédictions dont il trouvait le style fort barbare, voyait chaque année le retour de fêtes religieuses favorables du moins à l’inspiration poétique.
. — Perfection du style et du goût ; inspiration rare, hors celle du plaisir. — Charme puissant et longue durée de cette poésie.
Le style y est pour beaucoup, mais il y a encore d’autres raisons que je saurai peut-être vous dire en leur lien. […] Le style est limpide et pur, assez savant et assez familier pour que tout le monde puisse en faire son profit. […] Et si vous voulez monter plus haut encore dans la région de l’art, vous reconnaîtrez que le Dies iræ de Mozart, doit l’ampleur sublime de son style à la couleur sombre et large du texte latin. […] Ainsi, la pensée, dépouillée de toute la pompe du style, mise à nu, et passant, pour ainsi dire, sous la toise de la traduction en prose, n’aura de mérite que par elle-même et dans l’ordre purement philosophique. […] Il a donc, et il le savait mieux que tous ceux qui l’ont dit, des défauts essentiels : un style tourmenté et pénible, des expressions d’un goût faux, un manque sensible de proportion dans la composition de ses œuvres.
Il y a, comme vous savez, « un style de théâtre » ; ces gens-là paraissent l’ignorer profondément, et, chose étrange, ils n’en sont que plus vivants. […] Mais, comme le style est souvent admirable et les vers aussi beaux que ceux de Cinna ou de Polyeucte, nous avons aimé quand même la chrétienne Théodore, cette martyre à la robe, à la collerette et aux sentiments également empesés et fiers, cette orgueilleuse martyre du plus grand style Louis XIII. […] On sent qu’elle le sera un jour, qu’elle tiendra bon, car elle est pleine de choses, de choses vraies et humaines, et le style en est presque partout singulièrement solide et résistant. […] Telles sont les choses qu’Olivier devait dire, — dans le style de M. […] En ces temps-là, les poètes n’avaient pas de style personnel ; l’« écriture artiste » n’était pas inventée ; tous parlaient la même langue, employaient les mêmes tours, usaient du même vocabulaire.
Qu’ajouteraient à cela nos tortillements et nos convulsions de style ? […] Pas encore. « Le style de Molière, dit M. […] le « style de théâtre ! […] » (Elle n’a pas le style très sûr, la bonne Adrienne. […] Un mot sur le style de M.
Dans le style, quelques traces de phraséologie romantique (je crois que cette phraséologie n’est pas aussi complètement périmée en Allemagne qu’elle l’est en France) ; exemple : « Oh ! […] Le ciel, oui, mais l’enfer aussi, et c’est l’enfer qui me reste. » Ajoutez, çà et là, un peu d’emphase et de style interjectif à la Diderot : chose demeurée très allemande encore. […] J’ajoute que le texte danois peut avoir des qualités de style qui ont forcément disparu dans la traduction, et que, d’autre part, la satire des hypocrisies bourgeoises, bien vieille chez nous et bien émoussée, peut avoir encore, à Copenhague, un air d’audace et une saveur de nouveauté. […] Je me plaindrais seulement un peu des anachronismes de son style. […] Maurice Donnay, ses personnages, sa morale, sa philosophie, son style et son esprit différent notablement de ceux de l’archevêque de Cambrai.
La Tempête de Shakespeare et le merveilleux premier acte de Fantasio sont tout entiers, à très peu près, écrits dans ce style-là. […] Il y a un peu trop de ces coups de poing dans l’estomac, mêlés à des caresses de style et de rythme, dans le poème de M. […] Cela fait quelque chose d’extraordinairement inégal, de bizarre aussi, parce que l’auteur a l’air de quelqu’un qui, tour à tour, pratique très savamment l’art du style et se moque volontairement de l’art du style. […] Perraud, non plus que sur le style d’un notaire par la rédaction de ses actes. […] Hervieu, depuis ce temps, écrit même ses romans en style net et prompt, et au théâtre, sauf un ou deux propos un peu énigmatiques dans trois actes, il écrit la langue de Dumas fils.
Vous avez été toujours, Monsieur, un étonnement pour moi, par le bouleversement, que vous avez porté dans la conception que je m’étais faite du normalien, car je dois vous l’avouer, je voyais dans le normalien, un homme tout nourri des beautés et des délicatesses des littératures grecque et latine, et allant dans notre littérature, aux œuvres d’hommes, s’efforçant d’apporter, autant qu’il était en leur pouvoir, des qualités semblables, et tout d’abord une qualité de style, qui, dans toutes les littératures de tous les temps et de tous les pays, a été considérée comme la qualité maîtresse de l’art dramatique. […] Oui, Monsieur, vous ne semblez pas vous douter, mais pas vous douter du tout, que dans la scène de l’apport de l’argent, dans la scène du bas de la rue des Martyrs, il y a sous le dire de l’admirable Mlle Réjane, une langue qui, par sa concision, sa brièveté, le rejet de la phrase du livre, l’emploi de la parole parlée, la trouvaille de mots remuants, enfin un style théâtral qui fait de ces tirades, des choses plus dramatiques, que des tirades, où il y aurait sous la voix de l’actrice, de la prose de d’Ennery ou de Bouchardy. […] Or donc, le style, les caractères n’entrant point en ligne de compte dans votre critique, accordez-vous quelque valeur aux situations ?
Sainte-Beuve eut encore à faire des conférences de rhétorique et de style pour les sept ou huit élèves qui se préparaient à l’enseignement. […] Sainte-Beuve, concernant la vie du poète latin. — Je lis encore, sur un petit exemplaire des Commentaires de César, qui lui venait aussi de son maître, ce court jugement de collège, daté, signé et paraphé : « César, grand capitaine et grand littérateur, d’un génie aussi élevé que d’un courage ardent, a laissé des Commentaires célèbres par la pureté du style, par la sagesse de la narration, par la justesse des idées. — Boulogne, 23 juin 1818.
En analyse mathématique, il en doit être ainsi : le style y est quelque chose. Or, tout style (la vérité de l’idée étant donnée) est un choix entre plusieurs expressions ; c’est une décision prompte et nette, un coup d’État dans l’exécution.
Le grand homme de style qui régnait dans ce cœur et dans ce salon ne m’était pas favorable, bien que je sois le seul des poètes et des politiques de son siècle auquel il adresse de magnifiques éloges posthumes dans ses Mémoires destinés à la postérité. […] Ce livre de madame Lenormant est cependant une des plus excellentes biographies, en excellent esprit et en excellent style, qui pût consacrer cette mémoire fugitive d’une femme de grâce et d’une femme de renom.
Le professeur seul ne démordait pas de la page, admirant toujours, et avec raison, le divin style naturel de son poète, même quand les récits produisaient la satiété. […] Le professeur, toujours enthousiaste de son poète favori, s’efforçait en vain depuis quelques jours de rappeler notre attention par ses inflexions de voix étudiées sur les délicatesses de style des derniers chants.
VI Ces considérations ne sont aucunement, on l’a jugé dès le début, une étude théorique sur l’art wagnérien ; j’ai négligé la suite méthodique et quelques entiers développements qu’eussent exigés une théorie ; encore ai-je voulu laissera l’écriture le ton d’une improvisation, avec les laisser-aller du style ici dans les familiarités du parler, là (quand m’y entraîne le sujet, et j’en demande pardon) dans les excessivités du lyrisme ; mes lecteurs m’excuseront — et peut-être me sauront gré — de n’avoir pas donné à ces trente-six pages les quatre ou cinq mois de labeur nécessaires à la correction de mes grammaticalités. […] Et j’eus le bonheur d’un professeur admirable en ces trois ans à propager l’unique méthode d’institution littéraire, le commerce des trois ou quatre maîtres de style français, gens du dix-septième siècle.
La tension continue du style, la versification savante, variée, et cependant monotone par la recherche constante de l’effet, le ton souvent oratoire et souvent déclamatoire, font de la lecture de ces beaux vers une fatigue ; mais il faut savoir gré à l’auteur d’avoir eu des aspirations à un symbolisme grandiose. […] Si quelque Veuillot eût voulu faire la satire du matérialisme et de l’athéisme, et, pour cela, en faire la parodie, il n’eût eu qu’à écrire les Blasphèmes, qui, d’ailleurs, rappellent par beaucoup de traits le style de Louis Veuillot.
Sans doute, il y a Villon, François Villon, « né de Paris emprès Pontoise », vrai gibier de potence, mais vrai poète aussi, grand poète même, oserait-on dire ; et quelques-unes de ses Ballades ne sont assurément pas pour démentir ce que ce nom de poète, quand il est mérité, signifie de grâce et de force de style, de sincérité d’émotion, d’originalité de sentiment et d’idées. […] Les Décades ou le Prince du grand Italien sont écrits d’un autre style ; ils sont d’une autre valeur et d’une autre portée que les Mémoires de l’adroit serviteur du Téméraire et de Louis XI.
Ce Boucher que je viens de renfermer dans nos ruelles et chez les courtisanes, a fait au retour de Rome des tableaux qu’il faut voir ainsi que les dessins qu’il a composés, lorsqu’il est revenu de caprice à son premier style qu’il a pris en dédain, et tout cela à la porte d’une cuisine. […] Aussitôt qu’on s’est accommodé d’un certain style figuré, d’une certaine langue qu’on appelle poétique, aussitôt qu’on a fait parler des hommes en vers et en vers très-harmonieux, aussitôt qu’on s’est écarté de la vérité, qui sait où l’on s’arrêtera ?
Michelet, qui n’est pas un méchant, a brisé, émietté et dispersé le style unitaire de l’histoire, et il en a vautré la noblesse dans des indécences positives ou des familiarités insupportables comme toutes les familiarités. […] Rien de moins bourgeois que Mme de Staël ; elle avait bien des défauts et nous les reconnaissons… Pédante, si l’on veut, quelquefois sans grâce et précieuse, esprit faux en philosophie, bas-bleu, à ravir l’Angleterre de l’éclat enragé de son indigo, Mme de Staël, par la distinction de sa pensée, par la subtilité de son observation sociale, par son style brillant d’aperçus, par ses goûts, ses préoccupations, ses passions même, tendait vers la plus haute aristocratie, vers la civilisation la plus raffinée.
C’est à partir de cette soirée, qu’un mois passé, Poe, qui n’est pas retourné chez Legrand, voit arriver Jupiter, chargé d’une lettre qui n’est ni dans le style ordinaire, ni dans les habitudes épistolaires de son ami. […] Si on cherchait cet effet dans les mots, la couleur, le style, enfin tout ce qui constitue, sous la plume d’un grand artiste, la réalité visible du talent, on ne le trouverait pas davantage.
Ce dernier avait critiqué longuement Marivaux et avait parodié son style sous le nom de la Taupe dans le triste roman de Tanzaï.
Quand il parlait comme lorsqu’il écrivait, Fénelon se tenait plus volontiers à mi-côte et sur les collines : « Son style noble et léger, a-t-il dit de Pellisson, ressemblait à la démarche des divinités fabuleuses qui coulaient dans les airs sans poser le pied sur la terre. » On peut le dire de lui-même et en supprimant l’image de fabuleuses ; sa parole avait quelque chose de noble et de léger qui rappelle ces figures angéliques, amies de l’homme, et se tenant toujours à sa portée, qui pourraient s’enlever plus haut, qui ne le veulent pas, et qui aiment mieux, dès qu’il le faut, redescendre.
Le style net, coupé, courant, dégagé, était donc le plus grand des anachronismes : il y en avait d’autres encore.
Je sais qu’on doit être fort circonspect quand on signale les hardiesses de jeunesse dans le style de Bossuet, car il est de ceux qui ont été hardis longtemps et toujours ; je ne crois pourtant pas me tromper en surprenant la surabondance de l’âge en certains endroits.
C’est par des exemples qu’il y a ainsi moyen de rendre sensible à tous l’ensemble de mérites et de défauts qui fait le cachet du style académique de Vicq d’Azyr et qui tient à la date en même temps qu’à l’homme.
Ceux qui le rencontrèrent plus tard ne retrouvaient pas en lui l’auteur qu’ils s’étaient figuré, d’après ses premières Lettres d’un style si vif et même sémillant : Bailly plus littérateur que savant, a dit le comte d’Allonville en ses Mémoires, était grand, sec, tout d’une pièce.
« J’en suis fâché, observait Ramond ; il a changé le paysage : il n’y a point de platanes dans ces glaces de l’Apennin. » On aurait peu à dire de ces élégies de Ramond, sinon que ce n’est pas vulgaire ni commun ; mais il y a du vague, des intentions cherchées plutôt que trouvées, de grandes inexpériences de style et d’harmonie.
Cependant ç’a été un défaut de beaucoup d’auteurs : Buchanan a décrit une vieille avec toutes les figures de sa rhétorique ; Saint-Amant a fait une Chambre de débauché avec toute la naïveté de son style.
Si ce n’était faire tort à un écrit si solide que d’en présenter des extraits de pages, je détacherais celle qui marque le caractère de Montesquieu dans son livre de la grandeur et de la décadence des Romains… Je la donnerai pourtant, parce que nous sommes Français et que nous aimons les morceaux, mais je n’en donnerai que le commencement ; tout lecteur sérieux voudra lire la suite : Dans ce livre, il (Montesquieu) oublie presque les finesses de style, le soin de se faire valoir, la prétention de mettre en mots spirituels des idées profondes, de cacher des vérités claires sous des paradoxes apparents, d’être aussi bel esprit que grand homme.
Enfin, au nombre des ouvrages de toutes sortes qu’il laissait couler chaque année de sa plume facile, il eut la bonne idée, un jour, d’écrire ses mémoires, et s’il les écrivit de ce style médiocre et, pour tout dire, un peu plat, qui était le sien, il y mit tout son naturel aussi, sa naïveté d’impressions, sa curiosité, la variété de ses goûts et de ses humeurs.
Quant au fond de ses idées, on en tient peu compte avec lui, qui est un homme de parti pris, un écrivain tout de montre et de parade, et qui nous offre le plus singulier assemblage de toutes les prétentions et de toutes les boîtes à onguent de style mêlées on ne sait comment à d’heureuses et très heureuses finesses qu’on en voudrait détacher.
Il expose dans un style net, fin, élégant, un peu froid à la longue, ses théories et les objets de son culte.
ce savant éclairé, de plus de sagesse et d’étendue que de vigueur, manque aussi d’invention dans le style et de nouveauté dans le discours ; là non plus il n’est pas créateur ; il n’a pas le génie ni même le talent de l’expression ; il n’en a que la clarté, la netteté et l’élégance connue et prévue.
Mme de Gasparin, âme ardente, promeneuse naïve et originale, et qui se porte elle-même tout entière partout, est par trop occupée, en posant le pied à Corinthe, de rendre grâces en style biblique, et, en face du Parthénon, de discuter pour ou contre l’utilité des missionnaires.
Armand Lefebvre avait cette forme d’esprit exigeante ; il était un peu comme Tocqueville, et, sans avoir comme lui le style qui grave, il avait la pensée qui pénètre et qui creuse ; il pesait longtemps avant de conclure, il concentrait plus qu’il ne déployait ; et, dans la conversation même, si mes souvenirs sont bien fidèles, son œil pétillant et vif, son sourire fin, laissaient deviner plus encore que sa parole n’en disait ; son geste fréquent, moins décisif que consultatif, et qui semblait s’adresser à sa propre pensée, exprimait cette habitude de réflexion et comme de dialogue intérieur.
L’image et le style lui font défaut.
Ici, tous les mérites du poëte sont retrouvés : style pur, nobles images, douce chaleur, mélodie parfaite.
Il est aisé de remarquer comment chez Ronsard, abstraction faite de l’idée et du style, la simple pression du mètre, l’agencement tout mécanique du rythme enlèvent vigoureusement la strophe, et lui communiquent une sorte de rapidité impétueuse.
Les précieuses écrivaient des lettres ; la phrase de Mme de Montausier, ou de Mme de Sablé, ou de Mme de Maure, est encore un peu compassée, cérémonieuse, à longue queue : cependant avec elles, et surtout avec Voiture, qui a laissé échapper de délicieux billets, on sent que l’on marche vers l’excellent style, sans relief et sans couleur, mais d’un trait si juste et si fin, que Bussy et Mme de la Fayette emploieront.
Regardez cet original et puissant marquis de Mirabeau527 : je le nomme d’autant plus volontiers qu’il a des parties de grand écrivain, dans son style âpre, tourmenté, obscur, débordant d’imagination et de passion.
Une forte, fine psychologie, vécue et sentie, non livresque et scénique, d’où l’émotion sortait d’elle-même sans violences et sans ficelles, voilà le mérite éminent des trois œuvres principales976 qu’il a écrites, où par surcroît il a mis toutes les grâces de son esprit et sa forme exquise de style : Révoltée, d’abord, où des parties supérieures semblaient réaliser soudain le théâtre qu’on cherchait, expression intense et simple de la vie intérieure : le Député Leveau (1891), étude vraie encore, peut-être plus facile et plus grosse ; le Mariage blanc (1891), hypothèse psychologique d’une infinie délicatesse et d’une profondeur morale qui ont été méconnues.
La prose française fait là aussi sa gymnastique, et le style s’y montre prodigieux pour l’abondance, la liberté, la souplesse, la propriété à la fois et la verve.
Elle a raconté l’histoire de sa captivité et des événements arrivés au Temple depuis le jour où elle y entra jusqu’au jour où y mourut son frère, et elle l’a fait d’un style simple, correct, précis, sans un mot de trop, sans une phrase, comme il sied à un cœur profond et à un esprit juste parlant en toute sincérité des douleurs vraies, de ces douleurs véritablement ineffables et qui surpassent tout ce qu’on en peut dire.
La majesté sombre et terrible du sujet, tout le rôle d’Oroès, le style et le grand intérêt, la leçon terrible donnée aux rois et même à tous les hommes : voilà l’artifice théâtral dont le poète se sert pour triompher de tant d’obstacles.
Dans le fait, les beautés caractéristiques de la poésie de Pindare sont le sublime de la pensée, la hardiesse de la métaphore, la dignité du style, le mouvement de la composition, la magnificence du langage.
L’on aimerait leur discrète élégance et leur style un peu analogue à celui de la nef et du chœur, s’il se pouvait. […] C’est un parti pris… À mon avis, la vraie originalité du style, la meilleure et très bonne, est involontaire. […] Voilà l’écriture artiste : le style d’écrivains mal doués et qui n’ont pas de résignation. […] Poèmes cependant, sinon par le rythme non plus que par la rime, du moins par le style, assez tendu, rigoureux, concis, tout en formules travaillées, recherchées, obtenues. […] Elle l’affiche, parfois, d’une regrettable manière, en supposant qu’il faut à ses idées la singularité du style et de nouveaux modes d’expression.
Notez bien que ces jolies pièces de Symètha et de la Dryade sont infiniment supérieures par le style au poème d’Hèlèna, qui ne saurait être antérieur à 1821, et il serait bien singulier qu’elles eussent précédé de plusieurs années. […] Le poète, dans tout ce recueil, n’obtient à ses questions aucune réponse consolante. — Cette pièce des Destinées est du plus grand style et rappelle les mythes antiques, ce qu’on lit dans Eschyle, dans Hésiode, ce qu’on se figure de la poésie orphique, de celle des Musée et des Linus.
On lit dans Plaute dorsus pour dorsum, cevus pour œvum, arvus pour arvum, gutturem pour guttur, ipsus pour ipse, solæ pour soit, aliæ pour alii, au datif féminin du singulier ; on trouve dans Térence servibo pour serviam, potesse pour posse, poteretur pour potiretur, soit que la familiarité du style fit excuser chez ces comiques quelques négligences, soit qu’ils missent à dessein tel ou tel barbarisme grammatical dans la bouche de leurs personnages pour plus de vérité, pour faire rire. […] Aussi Chapelain lui répondit-il, non sans esprit, qu’il était un ingrat et que l’envie ne lui avait pris à lui-même de jeter les yeux sur ce bouquin que pour y observer un peu le langage et le style de nos ancêtres : « Et je m’y déterminai principalement, ajouta-t-il, par l’espérance que j’eus d’y rencontrer un fonds d’importance pour le traité des Origines de notre langue que ce dédaigneux a entrepris. » (De la Lecture des vieux romans, par Chapelain, dans la Continuatum des Mémoires de Sallengre, t.
La rhétorique était le vice de M. de Chateaubriand, dans la foi, dans le royalisme, dans les actes comme dans le style. […] On trouve ce caractère de sincérité et de renoncement aux vanités du style dans ses derniers billets à son amie.
L’invention, le style, les images ossianiques ne sont-ils pas restés dans toutes les langues de l’Europe, depuis l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et la France, une partie du trésor connu de l’intelligence ? […] Que l’on conjecture que Macpherson et ses amis, entraînés quelquefois eux-mêmes par le succès de leur découverte, aient poussé l’imitation un peu plus loin que la vérité, et qu’ils aient ajouté aux œuvres des bardes écossais quelques fragments de leur propre main dans le même style, cela est naturel, vraisemblable, admissible ; cela n’enlève rien à l’authenticité de l’œuvre historique ; une bonne imitation n’a jamais décrédité un excellent original.
Cependant, dans l’ensemble, son éloquence est sincère et chaude ; son style est d’une matière solide et d’un beau timbre. […] Les moyens s’approprient à la fin ; le style algébrique n’est plus de mise, il faut que par-dessus les valeurs intelligibles il recharge les valeurs sensibles : on s’achemine ainsi à une révolution dans la langue.
Je ne veux pas reconnaître le triste signe de la décadence, dans le premier monument de notre poésie où se révèle, par des vérités générales exprimées d’un style clair et piquant, l’instinct du grand art du xviie siècle. […] On admire dans ce poète des expressions vives pittoresques, trouvées ; un style en apparence plus difficile à comprendre, à la première lecture, que celui de Charles d’Orléans, parce qu’il est plus vrai, plus senti plus français.
Combien y a-t-il de spectateurs qui, devant un tableau de Raphaël, sachent ce qui en fait la beauté, et ne préféreraient, s’ils étaient francs, un tableau moderne, d’un style clair et d’un coloris éclatant ? […] Le bon Rollin y va plus naïvement encore et relève dans le Cantique de la Mer Rouge l’exorde, la suite des pensées, le plan, le style même.
La petite-fille de Boucher, femme galante… En effet, c’était un peu dans le sang du peintre des Grâces impures… * * * — Ô Jeunesse des écoles, jeunesse autrefois jeune, qui poussait de ses deux mains battantes le style à la gloire ! […] Le soir, dans l’impossibilité du travail, nous remontons tous deux, en fumant des pipes, à nos souvenirs de collège, alternant de la voix et de la mémoire : Jules contant le collège Bourbon, et ce terrible professeur de sixième, cet Herbette qui fit toute son enfance heureuse, malheureuse, le poussant sans miséricorde aux prix de grands concours, puis, plus tard, ce professeur de seconde, auquel il déplut pour faire autant de calembours que lui, et aussi mauvais, enfin cette bienheureuse classe de rhétorique, où il fila presque toute l’année, fabriquant en vers un incroyable drame d’Étienne-Marcel, sur la terrasse des Feuillants, averti de l’heure de la rentrée à la maison par la musique de la garde montante se rendant au Palais-Bourbon, et les rares fois où il se montrait au collège, passant la classe à illustrer Notre-Dame-de-Paris de dessins à la plume dans les marges : Edmond contant ce Caboche, cet excentrique professeur de troisième du collège Henri IV, qui donnait aux échappés de Villemeureux, à faire en thème latin le portrait de la duchesse de Bourgogne de Saint-Simon, cet intelligent, ce délicat, ce bénédictin un peu amer et sourieusement ironique, ce profil original d’universitaire, resté dans le fond de ses sympathies, comme un des premiers éveilleurs chez lui de la compréhension du beau style, de la belle langue française mouvementée et colorée, ce Caboche qui, un jour, à propos de je ne sais quel devoir, lui jeta cette curieuse prédiction : « Vous, monsieur de Goncourt, vous ferez du scandale !
Car cela, à quoi nous avons donné la netteté et le caractère, ne serait jamais sorti du savant, frappé du style et de l’osé de notre plume, — car il aurait eu, devant le papier, les timidités baveuses et les corrections un peu intimidées, qu’il nous a envoyées, en marge de nos épreuves. […] … Mon Dieu, on les donnera peut-être plus tard comme des morceaux de style dans les excerpta, mais moi, je ne sais pas, ce n’est plus de la littérature, c’est de la musique, c’est de la peinture… Vous voulez rendre des choses !
Les voyages, c’est la mise en style des choses mortes, des murailles, des morceaux de nature… Il est bien avéré, encore une fois, que l’homme qui écrit cela, n’a pas d’idées… Oui, oui, c’est une tactique, je la connais, avec cet éloge, ils font de moi, un larbin descriptif. » Et comme nous lui disons, qu’il serait bon pour lui de se reposer, de se défatiguer dans la fabrication de la poésie qu’il aime… dans la composition de sonnets : « Oh ! […] J’espère que ce travail méprisable sera l’engrenage, qui me rejettera dans le travail du style et de l’imagination.
Ce premier cri du cœur humain, qui éclate de colère, de douleur, de plénitude ; ce premier rugissement de la fibre du lion torturé dans le cœur humain par le sort aurait surpassé tout ce que l’art le plus exercé de la pensée et du style a pu enfanter jusqu’à nos jours ! […] Ainsi, scène, passion, style, tout est surhumain, et cependant la philosophie dépasse encore la scène, la description, la passion, le drame.
Ce naturel, il l’avait de son vivant dans sa personne : aujourd’hui il ne semble pas toujours l’avoir dans son style qui n’est que de la conversation écrite, ni dans ses lettres même ou dans les mots qu’on cite de lui, dans ce qui ne vit plus.
À mesure qu’on avance, et tandis que la délicatesse et la pureté des manières ou du langage se retirent de plus en plus dans le coin de Mme de Maintenon et vont par moments chercher un refuge à Saint-Cyr, Madame se tient à part à Saint-Cloud, puis encore à part au Palais-Royal, et de là, soit sur la fin de Louis XIV, soit sous la Régence, elle fait, la lance en arrêt, la plume sur l’oreille, de fréquentes et vaillantes sorties dans ce style brusque qui est à elle, qui a de la barbe au menton, de qui l’on ne sait trop, quand on l’a traduit de l’allemand en français, s’il tient de Luther ou de Rabelais, et qui en tout est certainement l’opposé de la langue des Caylus.
Ce qui aujourd’hui nous paraît surtout absent dans la traduction de Mme Dacier n’était point alors ce qui nuisait le plus à Homère, et, si elle avait mis à quelque degré dans son style de ces couleurs et de ces tons homériques que retrouvèrent plus tard, dans leur art studieux, André Chénier et Chateaubriand, il est à croire que de tels passages n’auraient point paru les moins gais à ces chevaliers à la mode dont nous avons des copies chez Regnard ou chez Dancourt, à ces jolies femmes de Marly que la duchesse de Bourgogne guidait au jeu et au plaisir, ou à ces esprits ingénieux et froids que Fontenelle initiait à la philosophie.
On conçoit d’ailleurs ces dissidences naturelles et cette sorte d’antipathie instinctive entre une école scientifique tout analytique et précise, et une autre qui ne se refusait ni l’éclat ni les couleurs ; mais d’Alembert se laissait emporter à ses préventions personnelles lorsqu’il disait à propos des systèmes de Bailly et de Buffon qu’il associait dans sa pensée : « Supplément de génie que toutes ces pauvretés ; vains et ridicules efforts de quelques charlatans qui, ne pouvant ajouter à la masse des connaissances une seule idée lumineuse et vraie, croient l’enrichir de leurs idées creuses… » Dans la familiarité de la correspondance et lorsqu’il n’est point retenu par le public, d’Alembert s’abandonne souvent ainsi à des injustices presque injurieuses, dites d’un style assez commun.
C’était le moment où Balzac, de quatre ans plus âgé que Voiture, atteignait par la publication de ses lettres (1624) à cette haute réputation d’éloquence et de beau style qu’il conserva et maintint pendant toute sa vie.
Il disait la même chose des mémoires de Gourville, sous prétexte que « le style de ce livre était trivial et n’avait rien du tout de cette politesse que Gourville s’était acquise par un grand usage du monde. » S’il s’était borné à dire que le premier éditeur (1724) avait pu les retoucher à tort çà et là, il aurait dit juste ; mais il allait bien plus loin, et il les déclarait hardiment un livre apocryphe.
Le fait est que dans les discours, dans les apologies, dans les lettres, dans ce qui se rapproche de la parole vive et parlée (où il devait exceller), le style de Rohan est bien meilleur que dans la narration, qui reste chargée sous sa plume et parfois assez obscure.
Mais l’élan ne se soutient pas ; le style fait défaut, et la pensée se fatigue à vouloir s’élever et à remplir un rythme incomplet, mais encore trop large pour elle.
Ceux qui sont à même de comparer les ouvrages de lui qui appartiennent à chacune des deux littératures, ont cru remarquer qu’il s’était fait une espèce de compensation dans sa manière de dire ; que sa phrase allemande avait gagné à son habitude du français d’être plus rompue et plus aisée qu’elle ne l’est d’habitude chez de purs Germains ; et que, dans sa dernière période toute française, son style épistolaire, en revanche, était un peu moins court et moins alerte que d’abord.
André d’Ormesson, qui écrit la vie de son père d’un style si sain et dans cet esprit de bon sens, dans un sentiment si vrai d’onction domestique, était assez lettré ; il avait étudié au collège du Cardinal-Lemoine et au collège de Navarre ; il a pris soin de donner la liste des auteurs classiques qu’il avait expliqués dans sa jeunesse ; il les revoyait de temps en temps pour s’en rafraîchir la mémoire, et aimait à en citer des passages jusqu’à la fin de sa vie.
Nous étions alors des raffinés en matière de style.
Quand un grain de passion politique ou universitaire s’y mêle, quand l’adversaire prête flanc par une surface prolongée, quand le journaliste professeur est à l’aise pour se déployer derrière ses lignes classiques et pour ajuster sûrement son monde, il s’en donne en homme d’esprit plein de malice ; et à ce jeu il se serait rompu à la longue ; le naturel aurait pris le dessus sur le concerté et le compassé ; ce qu’un adversaire des plus fins, mais irrévérent36, a appelé l’amidon de son style, ce que nous nommons tout uniment l’apprêt, aurait disparu.
Le style. — On dit qu’il y a dans cette lettre des locutions non françaises.
Il avait un frère également homme d’église, poëte et auteur dramatique. « Les deux Gresban au bien résonnant style », a dit Marot.
M. de Girardin n’a rien de la rhétorique ni du style appris, mais un tour vif, neuf, imprévu, cavalier, qui est à lui.
Je signalerai une prière qui est dans le chant du Malin et qui, à défaut d’originalité dans le style, se recommande par une véritable élévation de pensée.
On a tant abusé de nos jours du mot imagination, on l’a tellement transportée tout entière dans le détail, dans la trame du style, dans un éclat redoublé d’images et de métaphores, qu’on pourrait ne pas voir ce qu’il y a d’imagination véritable et d’invention dans cette suite de compositions de moyenne étendue, qui n’ont l’air de prétendre, la plupart, qu’à être d’exactes copies et des récits fidèles.
Ce manque habituel de vitalité dans le style, ce néant de l’expression a beau se déguiser à la représentation sous le jeu agréable des scènes, il éclate tout entier à la lecture.
L’histoire de Salluste, les lettres de Brutus28, les ouvrages de Cicéron, rappellent des souvenirs tout-puissants sur la pensée ; vous sentez la force de l’âme à travers la beauté du style ; vous voyez l’homme dans l’écrivain, la nation dans cet homme, et l’univers aux pieds de cette nation.
Comment espérer que des pensées, qu’un ouvrage, puissent captiver tellement l’intérêt, que l’inconvenance du style ne détourne pas l’attention du lecteur ?
En parlant du style, j’examinerai s’il n’est pas possible, s’il n’est pas même nécessaire à la marche ultérieure de la raison de faire concorder ce qui frappe l’imagination et ce qui persuade l’entendement.
Mais, s’il voulait tout ce qu’il faisait, il était singulièrement plus modéré en philosophie qu’en art : son style excessif, emporté, enveloppait une pensée sûrement pondérée.
Il ne craint ni le désordre ni les répétitions ; il n’a que des procédés primitifs et aucune « manière » dans son style.
c’était à cela, à cette œuvre dont le sujet ne s’avouait jamais, à ce style où l’Art, certes, était évident, mais où les mots, comme par une sorte de gageure, hélas !
Le trait général des œuvres religieuses est d’être particulières, c’est-à-dire d’avoir besoin, pour être comprises, d’un sens spécial que tout le monde n’a pas : croyances à part, sentiments à part, style à part, figures à part.
Il n’en aurait nul besoin, il ne faudrait ni fable, ni fiction, il suffirait d’un style droit, pur et naturel. » Quoiqu’elle n’ait rien dit de trop ici, il faut pourtant remarquer que homme à qui elle écrivait lui avait témoigné l’ambition d’être l’historien du roi.
Il oublie que la littérature finit où la pathologie commence, que l’analyse d’un caractère ne doit pas empiéter sur la dissection, qu’il est des types et des choses dont l’écrivain doit se garder, comme l’israélite du pourceau et comme le brame du paria : parce que ces choses et ces types ne sont ni de sa compétence ni de son ressort, qu’ils résistent à toutes les purifications de l’art et du style, et qu’il faut les renvoyer au lazaret dont ils dépendent, à la clinique qui les réclame et dont ils sont sujets exclusifs.
Les allusions fines ne portaient pas ; cette politique de la Restauration est oubliée, puis le style travaillé et artificiel gênait les auditeurs.
Ausanetz, Défita, Petitpied, avec leur vieux style, remportaient tous les écus du Palais, pendant que Patru n’y gagnait pas de quoi avoir une bonne soupe.
C’est là le sens et le résumé de ce que dit en style plus périodique le très habile Pellisson.
Nous y voyons pourtant le style de la maison dans les moments assez rares où on n’y rit pas.
Les hautes montagnes ont sur leur versant tous les climats, et les grands poëtes tous les styles.
Il est de ce beau temps des lettres françaises par la mesure, les images modérées et justes, par l’éclat doux et égal, par les beautés antiques pensées et senties de nouveau, par le style, où il a la noblesse du grand siècle sans en avoir l’étiquette.
Ceux-ci n’ont point de prétention à l’invention, ils n’en ont point à la composition, ils n’en ont point au style.
Ce rude travailleur en choses éphémères, ce bénédictin de robe… trop courte, avec ses vastes connaissances, son encyclopédisme littéraire, son amour des idées et de tout ce qui ressemblait à une idée, son besoin plus pressant que sûr de généraliser, son style fringant, piquant, brillant et trempé aux sources de tous les idiomes, Philarète Chasles, n’a pas laissé, en somme, un grand livre pense et voulu, construit avec art, ferme sur sa base, une œuvre centrale, enfin, qui eût donné exactement sa mesure et qui aurait empêché de la chercher confusément, ainsi qu’on le fait aujourd’hui, dans des travaux éparpillés, — disjecta membra poetæ .
Toutes les notions que l’écrivain y brode de son style — et les plus crânes, ma foi !
Ici, qu’on me passe une observation qui caractérisera le genre de talent de Vigny plus heureusement que toutes les analyses de style auxquelles je pourrais me livrer.
Quel est son style ?
Cela fait, il se livre à sa sensation ; il exprime comme s’il était seul ; il en jouit ; sa pensée atteint d’elle même au style le plus noble ; et, pour en peindre l’élan, l’ampleur et la magnificence, il faudrait la comparer à quelque eau impétueuse qui tout à la fois monte, bouillonne et resplendit.
Il est vrai que le plus grand nombre de ses poèmes sont écrits en « style direct », si l’on peut dire. […] Comme ils répandent des idées, ils ne vont pas être attentifs aux petites choses du style. […] Et puis, le style, — tandis que la réalité n’en a guère. […] Nul artiste n’est plus varié, plus apte aux inspirations les plus différentes ; mais son style caractérise toutes ses réussites. […] Les meubles, d’âge inégal et de différent style, font des contrastes singuliers et amusants.
Mettez-vous bien dans l’esprit que cela ne change rien à votre situation, et que votre courage et votre conduite à l’Assemblée étant royalistes, vous aviez toujours besoin d’une action quelconque pour sortir de cette ligne, et cette action ou cet écrit, vous êtes toujours libre de le faire, et vous avez une élévation de style, une candeur d’âme qui vous donnera toujours le moyen de convaincre quand vous le désirerez. […] Et en général, même quand il s’agit des meilleurs écrits de Camille Jordan, parlons moins de son style que de son langage soutenu, toujours noble, de sa parole même : elle a l’ampleur, l’abondance, le flumen ; elle se présente par de larges surfaces et se déroule d’un plein courant, comme il sied à ce qui tombe et s’épanche du haut d’une tribune : elle n’offre pas la nouveauté, l’imprévu, l’éclat, la finesse, qu’on aime à distinguer chez un écrivain proprement dit, les expressions créées, les alliances heureuses, la fleur du détail et ce qui accidente à chaque pas la route. […] Il y a une vie derrière ce style.
— Oui, oui, chez elle les passions sont générales… — Et puis Balzac a un style ! jette Sainte-Beuve, ça a l’air tordu, c’est un style cordé. […] Point de cheval, point de canot… Toute la journée, d’une voix tonitruante, et avec des coups de gueule de théâtre de boulevard, il nous a lu son premier roman, écrit en 1842, et qui n’a d’autre titre sur la couverture que : Fragments de style quelconque.
Ni plus ni moins que Dante da Maiano, Cino Sinibaldi et les autres « maîtres du doux style nouveau », comme parle Dante, se sentaient assurément fort au-dessus de lui dans l’estime publique. […] On conserve, du temps de Frédéric II, un recueil, il Novellino, ou Fleur du parler gentil, dont le style est déjà plein de grâce. […] Je l’ai vue dans Hésiode, et on l’emploie jusque dans le style le moins mystique des temps les plus modernes. […] Comme son ami Giotto, il peint avec prédilection saint François, et je ne doute pas, à son style, qu’il n’ait lu et relu avec amour le livre des Fioretti. […] En très beaux vers et dans un style d’une simplicité épique, le patricien toscan fait à son petit-fils l’histoire de leur maison.
Dans ce style de haute époque, à citer un fils de la sainte mère l’Église, un dominicain, dont la sœur (elle-même, femme-curé de qui je reçus le propos, alors qu’elle me soignait d’une maladie infantile) rapportait, à la plus grande satisfaction de son orgueil familial et confessionnel, que, du sol, tête levée, pour cracher en l’air, de toutes ses forces, de tout son héroïsme, sans crainte que ça lui retombe dessus, il baptisait les idolâtres grimpeurs que le spectacle de sa personne n’avait point décidé à descendre de leurs cocotiers : Je vous baptise si toutefois vous avez une âme. […] Il lui fallait remonter jusqu’au plus intime de l’appareil génital du géniteur, en devenir un morceau, mettons le testicule droit, puisque la trinité peut, doit s’interpréter comme l’ensemble tripartite, quant à l’apparence, d’un sexe mâle, une banane et deux mandarines, dirons-nous, le style oriental ne voulant de comparaisons que fruitières. […] Par cette taille de style Napoléon III, elle entendait me signifier que Gounod allait redevenir de mode. […] Un petit mâle qui a vu ou cru sa voracité originelle frustrée de la créature rassasiante, juge, au contraire de tout ce que peuvent prétendre les psychanalystes, miraculeuse la naissance du bébé femelle, dont le vagissement, comme s’il était déjà le soprano d’une amoureuse d’Opéra-comique ranime, au foyer, le principe qui s’y trouvait déficient… Oreste met le pied dans la trace du pied de sa sœur, Oreste prend son pied avec sa sœur (cette remarque familière ne vise certes point à introduire dans l’étude de ce cas mythologique une cocasserie de style belle Hélène), Oreste substitue l’inceste à l’inversion et il retrouve son équilibre.
X… fut appelé dernièrement par le directeur d’une revue dont le style est aussi gris que la couverture. […] Dans ces modestes fonctions, P… apportait un soin, une exactitude, une fidélité de renseignements et une recherche de style qui l’avaient fait surnommer le Tallemant des Réaux de la rue. — Courant dès le matin les quartiers de la ville, il relevait l’éphéméride quotidienne d’un arrondissement avec la rapidité et la sûreté de flair de ces bons chiens anglais qui battent en un quart d’heure une plaine de cent arpents sans laisser échapper une seule pièce de gibier. — Il excellait surtout dans les petits enfants écrasés, et ne connut pas de rival dans les homicides par imprudence. […] Si c’est un vaudeville, il se plaint du style. — Si c’est un drame, il dira que l’ouvrage manque de gaîté. […] L’œuvre achevée, chose ordinairement sans forme et sans fond, — mannequin d’idée, grotesquement vêtu de loques de style ramassé sous les piliers des halles littéraires, il s’étonnera que le fœtus ne marche pas tout seul, et il commencera à s’alarmer à propos, de l’indifférence coupable du siècle en matière de chef-d’œuvre— inédit ? […] S’il tentait de protester au nom du style et de la langue, Lassagne lui montrerait la sienne en lui répondant : Ô mon Dieur-je— et tout serait dit ; car, à l’heure où nous sommes, ces deux vocables triomphants suffisent pour répondre à tout.
Mme Gautier, qui a tous les dons, n’est pas seulement l’écrivain au style brillant et pur que nous admirons, le poète et le romancier que l’on sait, elle est aussi un sculpteur plein de fantaisie et de talent, et ce talent, elle le mit au service de la « cause ». […] Ces restrictions faites, il n’en demeure pas moins la Comédie humaine est une admirable série de romans documentaires, romans, du reste, de mérites assez inégaux et qui présentent certains défauts communs décomposition et de style sur lesquels Faguet s’explique très franchement et très justement. […] De ces diverses tares du style de Balzac, Faguet nous fournit des exemples probants qui réjouissent sa malice de grammairien, mais il n’en reconnaît pas moins qu’il arrive cependant que Balzac écrive aussi le mieux du monde. […] Les auteurs, qu’ils soient de génie ou de talent, ont tous un style, ou s’efforcent d’en avoir un. […] La même préface ajoute qu’en cette seconde édition on a changé au récit « quelques mots et quelques expressions en faveur des lecteurs difficiles auxquels le style simple et souvent grossier d’un marin aurait pu déplaire ».
Le style de toutes les parties du document est-il uniforme ? […] Le recteur de Giessen voit dans le style diffus des érudits allemands et dans l’âpreté de leurs polémiques un « effet de l’excessive préoccupation des petites choses », qu’ils ont contractée120. […] D’un même document on tire des faits d’écriture, de langue, de style, de doctrines, d’usages, d’événements. […] Travail de style, dira-t-on, et pourtant ce n’est pas ici seulement un procédé d’exposition, nécessaire pour se faire comprendre des lecteurs, c’est une précaution que l’auteur doit prendre avec lui-même. […] Le mépris de la rhétorique, des faux brillants et des fleurs en papier n’exclut pas le goût d’un style pur et ferme, savoureux et plein.
Jette-toi à ces plaisants épigrammes, à l’imitation d’un Martial, distille avec un style coulant et non scabreux ces pitoyables élégies, à l’exemple d’un Ovide, d’un Tibulle et d’un Properce, y entremêlant quelquefois de ces fables anciennes, non petit ornement de poésie. […] En outre, par un très subtil et très bel instinct des destinées du style, ce n’est pas seulement de termes savants, « mendiés » de l’antiquité, que Ronsard a renforci notre langue. […] En général, le style est haut, grand, ouvert, spacieux, la pensée s’y meut largement, à l’aise ; celui qui allait devenir un si noble poète était un poète déjà ; et c’est en somme sans trop d’infériorité que, au point de vue du verbe, sa grandeur naissante s’est confrontée à l’énormité shakespearienne. […] Tout le monde (et Victor Hugo, le premier, dans la Muse française, en mai 1820) a reproché à Lamartine la prolixité du langage, la surabondance des flottantes images, et un style qui ne sait plus qu’il y a des syntaxes. […] c’était à cela, à cette œuvre dont le sujet même ne s’avouait jamais, à ce style où l’art, certes, était évident mais où les mots, comme par une sorte de gageure hélas !
Or, combien que j’y reconnaisse une partie de ses défauts, et que je sois contraint de lui tenir quelquefois la main haute quand je suis en mauvaise humeur, qu’il me lâche ou qu’il s’échappe en ses fantaisies, néanmoins je ne laisse pas de l’aimer, d’en endurer, de l’estimer et de m’en bien et utilement servir, pource que d’ailleurs je reconnais que véritablement il aime ma personne, qu’il a intérêt que je vive, et désire avec passion la gloire, l’honneur et la grandeur de moi et de mon royaume ; aussi qu’il n’a rien de malin dans le cœur, a l’esprit fort industrieux et fertile en expédients, est grand ménager de mon bien ; homme fort laborieux et diligent, qui essaye de ne rien ignorer et de se rendre capable de toutes sortes d’affaires, de paix et de guerre ; qui écrit et parle assez bien, d’un style qui me plaît, pource qu’il sent son soldat et son homme d’État : bref, il faut que je vous confesse que, nonobstant toutes ses bizarreries et promptitudes, je ne trouve personne qui me console si puissamment que lui en tous mes chagrins, ennuis et fâcheries.
» Dans les dernières années de sa vie enfin, étant revenu habiter à Lausanne, sa conversation habituelle était en français, et il craint que les derniers volumes de son Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, composés durant cette époque, ne s’en ressentent : « La constante habitude, dit-il, de parler une langue et d’écrire dans une autre peut bien avoir infusé quelque mélange de gallicismes dans mon style. » Si ce sont là pour lui des inconvénients et peut-être des torts aux yeux des purs Bretons, que ce soit au moins à nos yeux une raison de nous occuper de lui et de lui rendre une justice plus particulière, comme à un auteur éminent qui a été en partie des nôtres.
Ils ont l’œil si clairvoyant qu’ils aperçoivent le faible de toutes les idées et de tous les styles, aucun prestige ne les éblouit, aucune renommée ne les abuse ; leur goût est un crible qui ne laisse passer que le pur froment ; c’est une de ces balances d’une sensibilité infinie qui ne pèsent que l’or.
— À cette heure où, entrant dans une veine de composition nouvelle, il prenait véritablement possession de tout son talent, et où, comme il le disait d’un mot, le rejeton était devenu un arbre (« fit surculus arbos »), Cowper rappelait, avec l’orgueil d’un auteur ayant conscience de son originalité, qu’il y avait treize ans qu’il n’avait point lu de poète anglais, et vingt ans qu’il n’en avait lu qu’un seul, et que, par là, il était naturellement à l’abri de cette pente à l’imitation que son goût vif et franc avait en horreur plus que toute chose : « L’imitation, même des meilleurs modèles, est mon aversion, disait-il ; c’est quelque chose de servile et de mécanique, un vrai tour de passe-passe qui a permis à tant de gens d’usurper le titre d’auteur, lesquels n’auraient point écrit du tout s’ils n’avaient composé sur le patron de quelque véritable original. » C’est ainsi qu’en se créant tout à fait à lui-même un style selon ses pensées et une forme en accord avec le fond, ce solitaire sensible et maladif, ingénieux et pénétrant, a été l’un des pères du réveil de la poésie anglaise.
Là, nous composions des lettres, ou plutôt des volumes, qui, pour être du style le plus pathétique, ne nous portaient pas moins à des rires immodérés, par le contraste de la tranquillité d’âme du comte de Frise avec la peinture des agitations que nous lui supposions, et le penchant que j’ai toujours eu à la gaieté.
Il sait à fond les langues, anciennes, les langues modernes, les philosophies et les littératures ; il a la clef de tous les styles.
Mirabeau, qui écrit à l’emporte-pièce, lui trouve en quelques endroits le style lâche ; le mot n’est pas poli ; nous le traduirons mieux en disant : c’est une suite, un enchaînement de raisons déduites avec largeur et un peu de complaisance, dans une langue riche, un peu traînante en effet, mais d’une belle plénitude morale, d’une élévation continue, et qui rencontre quelquefois des mouvements d’éloquence.
Aimer et chérir Molière, c’est être antipathique à toute manière dans le langage et dans l’expression ; c’est ne pas s’amuser et s’attarder aux grâces mignardes, aux finesses cherchées, aux coups de pinceau léchés, au marivaudage en aucun genre, au style miroitant et artificiel.
L’intelligence du style et de la couleur propre à chaque temps et à chaque œuvre est une conquête de notre âge ; ce qui n’empêche pas, dans la multiplicité, quelque confusion.
Le tissu de son style est comme une épigramme continuelle, une longue et fine ironie à fleur de peau.
La vérité, la vraie mesure sur le maréchal de Noailles, je n’ai pas le mérite de la trouver : je la rencontre tout exprimée chez un historien consciencieux, qui a beaucoup lu, beaucoup résumé, et dont le style piquant, un peu recherché, mais incisif, grave son objet.
Gautier corrige légèrement le style en deux ou trois endroits.
Une langue n’est pas l’œuvre d’un homme ni d’un jour ; une langue est l’œuvre d’un peuple et d’une longue série de siècles, et quand cette langue, comme la langue employée par Homère, présente à l’esprit et à l’oreille toutes les merveilles de la logique, de la grammaire, de la critique, du style, des couleurs, de la sonorité et du sens qui caractérisent la maturité d’une civilisation, vous pouvez conclure avec certitude qu’une telle langue n’est pas le patois grossier des montagnards ni des marins d’une péninsule encore barbare, mais qu’elle a été longtemps construite, parlée chantée, écrite, et qu’elle est vieille comme les rochers de l’Attique et répandue comme les flots de son Archipel.
Étudiez l’incomparable style de Bossuet ; prenez le Sermon sur la mort, et tous ces conseils s’éclairciront ; vous y verrez la métaphore brusque ou préparée, suivie ou abandonnée, plongée au milieu des termes propres ou de métaphores dissemblables, lâchée dès qu’elle ne serait plus qu’une curiosité ou un obstacle, avec une souplesse et une fortune merveilleuses, sans autre règle apparente que l’universelle et l’infaillible règle de donner à la pensée l’expression adéquate, transparente, qui n’y ajoute rien et n’en retranche rien : Multipliez vos jours, comme les cerfs que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez, dans cet espace qui paraît immense, honneurs, richesse, plaisir : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe, avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ?
Si l’on excepte Tibériade, bâtie par Antipas en l’honneur de Tibère (vers l’an 15) dans le style romain 192, la Galilée n’avait pas de grandes villes.
Aussi, tandis que la prédication de mœurs ne subit guère que des diversités de style, il faut que la prédication d’enseignement et de controverse, souple autant que l’ignorance, subtile autant que l’erreur, imite leur puissante versatilité, et les pousse, avec des armes sans cesse renouvelées, dans les bras de l’immuable vérité.
On fera tout d’abord une remarque sur ce style demi rustique, demi vieilli, que l’auteur, dans tout ce roman, a employé et distribué avec beaucoup d’art et de bonheur : c’est que, pour vouloir être ici plus naturel que dans La Mare au diable, l’artificiel commence.
Aussi, quoique aucun écrivain n’ait plus agi sur lui que Pascal, quoiqu’il l’ait étudié et quelquefois imité quant au style, qu’il l’ait célébré magnifiquement comme le plus étonnant génie et le plus fait pour confondre, « comme l’homme de la terre qui savait mettre la vérité dans un plus beau jour et raisonner avec le plus de force », il se sépare de lui à l’origine sur un point capital, et l’on peut dire qu’il tend à être le réformateur de Pascal bien plus encore que son élève.
À travers ce singulier style des premières lettres de Frédéric, la plus noble pensée se fait jour.
M. de Florian paraît avoir des lois somptuaires dans son style, et son sujet exigeait un peu de luxe. » Cet article de Rivarol était écrit au moment où Florian allait entrer à l’Académie, et ses amis se jetèrent à la traverse pour arrêter le coup qui aurait pu nuire.
D’Aguesseau nous offre avec plus de distinction et d’élégance ce qu’a Rollin, un style d’honnête homme, d’homme de bien, et qui, si on ne se laisse pas rebuter par quelque lieu-commun apparent, par quelque lenteur de pensée et de phrase, vous paie à la longue de votre patience par un certain effet moral auquel on n’était pas accoutumé.
L’art, le style, dans leurs aspects majestueux et sévères, ou dans leurs qualités exquises, lui échappent, et il est tenté de les confondre en tout avec le brillant de l’industrie.
Mais si, malgré la modération que nous nous étions imposée, il nous est échappé quelque expression qu’il désapprouve, nous le prions de nous la pardonner… Nous avons combattu ses idées, sans cesser d’admirer son style… Mirabeau était atteint ; il le désirait peut-être : il s’élança.
Aujourd’hui les défauts qui sautent aux yeux dans son style sont voisins des qualités qui charment et qui sourient.
Enfin, les Nouvelles de la reine de Navarre se présentent avec un portrait de l’auteur et un fac-similé de miniature, le tout d’un style grave, net, élégant.
On n’a pas découvert qu’Émile Augier fût autre chose qu’Émile Augier, c’est-à-dire un génie solide et clair, d’une probité littéraire égale à sa loyauté personnelle, un vrai Français, de style et d’âme, un maître depuis longtemps classique et qui dans sa retraite volontaire, son glorieux bonheur intime, goûta, de son vivant, la gloire incontestée et reçut le respect de la postérité.
Le génie du style, qui n’est qu’un danger de plus, ce génie d’Armide et d’Alcine, et de tous les sorciers et de toutes les fées, qu’on appelle le génie de l’expression, nous forcerait presque au rabâchage.
Dans ce livre métaphysico-théologique, la beauté du style qu’il s’y permet est adéquate à la beauté de la pensée, et le tout tremble d’une émotion adorable, que ceux qui n’aiment pas Dieu comme cette âme privilégiée comprendront, s’ils sont capables d’un autre amour.
Si le style est l’homme, comme l’a dit Buffon, il a dû mourir de la poitrine.
Après avoir suivi le genre des éloges chez les peuples barbares, ou ils n’étaient que l’expression guerrière de l’enthousiasme qu’inspirait la valeur ; chez les Égyptiens, où la religion les faisait servir à la morale ; chez les anciens Grecs, où ils furent employés tour à tour par la philosophie et la politique ; chez les premiers Romains, où ils furent consacrés d’abord à ce qu’ils nommaient vertu, c’est-à-dire, à l’amour de la liberté et de la patrie ; sous les empereurs, où ils ne devinrent qu’une étiquette d’esclaves, qui trop souvent parlaient à des tyrans ; enfin, chez les savants du seizième siècle, où ils ne furent, pour ainsi dire, qu’une affaire de style et un amas de sons harmonieux dans une langue étrangère qu’on voulait faire revivre ; il est temps de voir ce qu’ils ont été en France et dans notre langue même.
Les romans possèdent cette supériorité infinie sur la plupart des symbolistes qu’ils écrivent en bon style. […] Mais qu’ils se gardent de fondre en larmes, d’abuser du style exclamatif et de cultiver la pastorale dans la manière de Bernardin ou l’idylle dans le goût de Florian : les grâces fripées du xviiie siècle ne pourraient que les égarer. — Et qu’ils se gardent aussi de la Napoléonite préconisée par M. […] Le style incohérent dans lequel ils sont rédigés, les stupéfiantes balivernes qu’ils nous donnent pour de hauts mystères, l’inquiétude fébrile du décadent hystérique qui les conçut peuvent intéresser comme les indices d’un état d’âme à éviter et aussi comme des produits de l’époque hétéroclite où nous vivons. […] C’est d’un style assez médiocre, mais justement, à cause de sa veulerie, ce style convient aux sujets traités par M.
Aimer et chérir Molière, c’est être antipathique à toute manière dans le langage et l’expression ; c’est ne pas s’amuser et s’attarder aux grâces mignardes, aux finesses cherchées, aux coups de pinceau léchés, au marivaudage en aucun genre, au style miroitant et artificiel. […] Quelle verve brillante et quel éclat de style et de gaieté ! […] Voici même les vers qu’il était chargé de débiter : Je fais d’aussi beaux vers que ceux que je récite Et souvent leur style m’excite À donner à ma muse un glorieux emploi. […] On a décrit, dans le style judiciaire de pareils actes, les meubles en bois doré « à pieds d’aiglon feints de bronze » et recouverts d’étoffe verte ou aurore, le lit surmonté d’un dôme peint de « couleur d’azur », les guéridons, les tapisseries de Flandre et d’Auvergne, le linge en toile de Hollande, les serviettes de table en toile damassée, les tableaux, les miroirs, tout ce que l’auteur d’Élomire hypocondre reprochait avec tant d’envie à Molière : Ces meubles précieux, sous de si beaux lambris, Ces lustres éclatants, ces cabinets de prix, Ces miroirs, ces tableaux, cette tapisserie, Qui seule épuise l’art de la Savonnerie. […] Mais Molière (et c’est là sa grandeur suprême) est non seulement français, étroitement, purement français, par son horreur de toute hypocrisie, son amour de la vérité, de la netteté absolue dans les actions et dans les paroles, dans la vie et dans le style ; Molière est en outre profondément humain.
C’est surprenant qu’il ait été fait à l’étranger une traduction de ce livre de style et de dissection psychologique, de ce livre si peu intéressant pour le gros public français. […] Et je disais à Daudet : Oui, peut-être le mouvement littéraire, baptisé naturalisme est à sa fin, il a à peu près ses cinquante ans d’existence, et c’est la durée d’un mouvement littéraire en ces temps, et il fera sans nul doute place à un mouvement autre ; mais il faut pour cela, des hommes à idées, des trouveurs de nouvelles formules, et je déclare que dans ce moment-ci, je connais d’habiles ouvriers en style, des vrais maîtres en procédés de toutes les écritures, mais pas du tout d’ouvriers-inventeurs pour le mouvement devant arriver. […] Les décadents, quoiqu’ils descendent un peu de mon style, se sont tournés contre moi.
Debussy, son style sobre et neuf, ses ressources subtiles, ses tonalités discrètes et changeantes, sa continue et toujours surprenante perfection, comment aux harmonistes, aux mélodistes, elle ouvre un champ nouveau et celui-là immense, après les avoir délivrés du joug opprimant de Wagner. […] J’admire que dans la mollesse des pires exotismes, une sorte de spiritualité juvénile, un souci de style constant le sauvent de toute équivoque, et qu’on ne puisse dans son jeu surprendre même l’esquisse d’un mouvement douteux. […] J’y discerne un même souci de style au double sens du mot (langue et tenue), une même tendance à généraliser les conflits, à grandir les personnages sans attenter à leur complexité, une même ambition d’exalter le réel, sans que l’exaltation lui soit un masque, une même volonté de vie et de construction. […] Si pourtant, je le reconnais, Racine choisit de préférence les héros les plus excessifs, mais n’est-ce pas précisément pour échapper à l’élégie, à l’irrémédiable modération de ses moyens et de son style personnel ? Ce style, il avait trop de goût sans doute, pour consentir à le surcharger de placage, à le gonfler, à l’étirer, à l’essouffler ; donc, il l’accepte tel, — le subordonne : serviteur de la passion.
Là où nous avons vu hier Hamlet, nous voyons aujourd’hui Staberle 20, et là où demain doit nous ravir la Flûte enchantée, il faudra, après-demain, écouter les farces du plaisant à la mode. » IV Voici comment, en homme supérieur, il se jugeait lui-même : « Le style d’un écrivain est la contre-épreuve de son caractère ; si quelqu’un veut écrire clairement, il faut d’abord qu’il fasse clair dans son esprit, et si quelqu’un veut avoir un style grandiose, il faut d’abord qu’il ait une grande âme. » Goethe a parlé ensuite de ses adversaires, disant que cette race est immortelle.
Cependant on peut insister : en supposant qu’un peuple entier ait été poète, comment put-il inventer les artifices du style, ces épisodes, ces tours heureux, ce nombre poétique.... […] Cet ouvrage, qui semble porter l’empreinte d’une composition très rapide, est surtout remarquable par la chaleur et la poésie du style.
Mais qu’une sagesse stérile N’occupe jamais mes loisirs ; Que toujours ma muse fertile Imite, en variant son style, Le vol inconstant des Zéphyrs.
Il est à remarquer qu’en fait de style, à force de le vouloir limpide et naturel, Beyle semblait en exclure la poésie, la couleur, ces images et ces expressions de génie qui revêtent la passion et qui relèvent le langage des personnes dramatiques, même dans Shakespeare, — et je dirai mieux, surtout dans Shakespeare.
… Sans doute Voltaire data du jour où il avait reçu cette lettre l’affaiblissement de tête du président, et quand celui-ci fut mort (24 novembre 1770), il écrivit à Mme Du Deffand, moins d’un mois après : Je m’en étais douté il y a trente ans, que son âme n’était que molle, et point du tout sensible ; qu’il concentrait tout dans sa petite vanité ; qu’il avait l’esprit faible et le cœur dur ; qu’il était content pourvu que la reine trouvât son style meilleur que celui de Moncrif, et que deux femmes se le disputassent ; mais je ne le disais à personne.
Son style aime le panache, et ce panache ne lui messied pas, non plus qu’à la nation qu’il conduit et qu’il représente.
Il est seulement à regretter qu’il ait trop négligé son style : il est trop négligé et très incorrect ; mais sa manière rigoureuse d’argumenter récompense le lecteur des désagréments de sa diction.
Mais, avec le temps, et en perdant soi-même de sa roideur et de sa morgue juvénile, on a rendu plus de justice à ce naturel parfait, à cette langue qui ne demande qu’à être l’organe rapide du plus agréable bon sens, qui l’est si souvent chez lui, et à laquelle, après tous les essors aventureux et les fatigues de style, on est heureux de se retremper et de se rafraîchir comme à la source maternelle.
Sur une lecture qu’il fit à Bossuet d’un écrit composé par lui, Le Dieu, et où il commentait l’un des actes de l’assemblée du Clergé de 1700, il dira : « Il (M. de Meaux) y a remarqué quelques expressions de son style, qu’il dit qu’il faut déguiser ; il a approuvé tous les endroits de doctrine ; … il a gobé tous les éloges que je lui donne, sans parler d’en retrancher le moindre mot ; il veut, au contraire, que je diminue celui de M.
Le style manque à ce peintre de high life, comme disent nos voisins.
Caillot d’un extrait du procès-verbal de la séance du 3 octobre 1793 (vieux style), constatant que notre Comité ne connaissait aucuns suspects ; — au bas duquel on a certifié « que les deux citoyennes Boufflers, en particulier, n’avaient donné aucune preuve d’incivisme ; qu’au contraire elles avaient manifesté la plus parfaite soumission aux lois. » Une autre pièce, également à décharge, présentait d’une manière avantageuse leur conduite depuis leur rentrée, et nous prouve toute la bienveillance qu’elles inspiraient : « An II, 5 germinal (25 mars 1794). — Extrait d’un tableau d’observations (en conciance) envoyé ledit jour par le Comité de surveillance d’Auteuil au Directoire du district de Franciade (Saint-Denis).
C’était le temps où Ramond publiait ses Voyages au Mont-Perdu et aux Pyrénées, où Bernardin de Saint-Pierre écrivait les Harmonies ; il y avait dans l’air un certain style, de certaines formes de descriptions.
Fénelon, ami de Croisilles, ne put s’empêcher de lui dire que son frère avait un peu trop négligé le style dans sa narration, sur quoi Catinat répondait : « Je l’ai écrite naturellement et currente calamo, ayant été extraordinairement occupé depuis que l’armée a passé en Piémont.
Et Mallet du Pan, un ami de Malouet, complète la révélation en nous disant : « Ces morceaux postiches sont faciles à distinguer par le style et par leur virulence.
Si l’on cherche la raison de cet oubli bizarre, de cette inadvertance ironique de la renommée, on la trouvera en partie dans le caractère des débuts de M. de Sénancour, dans cette pensée trop continue à celle du xviiie siècle, quand tout poussait à une brusque réaction, dans ce style trop franc, trop réel, d’un pittoresque simple et prématuré, à une époque encore académique de descriptions et de périphrases ; de sorte que, pour le fond comme pour la forme, la mode et lui ne se rencontrèrent jamais ; — on la trouvera dans la censure impériale qui étouffa dès lors sa parole indépendante et suspecte d’idéologie, dans l’absence d’un public jeune, viril, enthousiaste ; ce public était occupé sur les champs de bataille, et, en fait de jeunesse, il n’y avait que les valétudinaires réformés, ou les fils de famille à quatre remplaçants, qui vécussent de régime littéraire.
Je serai bien aise que vous me fassiez toutes vos objections contre Lélia, et je suis bien contrariée que les fautes signalées dans votre lettre soient sur les bonnes pages (style d’imprimeur).
En réalité, je n’ai jamais pu me repentir de ce mot, dit une fois pour toutes, sur cet auteur qui n’avait que des boutades sans talent, sans style, et qui était surtout poëte par la vanité. — Mais il a eu du piquant dans ses Fables, dira-t-on. — Oui, peut-être, comme le chardon a des piquants. — Si j’avais à écrire un article sur lui, je ne pourrais m’empêcher de le commencer en ces termes : « Il faut avoir quelque esprit pour être parfaitement sot : Töpffer l’a dit et Viennet l’a prouvé. » Vers la fin sa vie, il me disait en me parlant des poëtes : « Je n’en reconnais que huit avant moi. — Et lesquels ?
Le style sent son dix-septième siècle du dernier goût et le meilleur monde d’alors.
Le véritable objet du style poétique doit être d’exciter, par des images tout à la fois nouvelles et vraies, l’intérêt des hommes pour les idées et les sentiments qu’ils éprouvaient à leur insu ; la poésie doit suivre, comme tout ce qui tient à la pensée, la marche philosophique du siècle.
Le style était neuf comme celui de Bernardin de Saint-Pierre.
Cela s’appelle, dans le style de l’Évangile, perdre son âme pour la sauver.
Le style de chancellerie s’appliquait à l’hymne comme au rituel, à une recette de pharmacie comme au panégyrique d’un Pharaon.
Le style de Retz est de la plus belle langue ; il est plein de feu, et l’esprit des choses y circule.
Il avait compris que « de tous les genres de poésie, c’était l’ode sûrement qui avait le plus droit de lui plaire, parce qu’elle avait plus de rapport avec l’élévation de ses idées et la hauteur de son style ».
Par penchant et par habitude, il était encore plus homme de presse qu’il ne l’avait été de consultation et de cabinet : « Comme écrivain, disait-il, entre m’adresser au public ou à un souverain, fût-il dix fois plus élevé que la colonne de la place Vendôme, je n’hésiterai jamais à préférer le public ; c’est lui qui est notre véritable maître. » En laissant dans l’ombre les côtés faibles et ce qui n’est pas du domaine du souvenir, et à le considérer dans son ensemble et sa forme d’esprit, je le trouve ainsi défini par moi-même dans une note écrite il n’y a pas moins de quinze ans : Fiévée, publiciste, moraliste, observateur, écrivain froid, aiguisé et mordant, très distingué ; une Pauline de Meulan en homme (moins la valeur morale) ; sans fraîcheur d’imagination, mais avec une sorte de grâce quelquefois à force d’esprit fin ; — de ces hommes secondaires qui ont de l’influence, conseillers nés mêlés à bien des choses, à trop de choses, meilleurs que leur réputation, échappant au mal trop grand et à la corruption extrême par l’amour de l’indépendance, une certaine modération relative de désirs, et de la paresse ; — travaillant aux journaux plutôt par goût que par besoin, aimant à avoir action sur l’opinion, même sans qu’on le sache ; — Machiavels modérés, dignes de ce nom pourtant par leur vue froide, ferme et fine ; assez libéraux dans leurs résultats plutôt que généreux dans leurs principes ; — sentant à merveille la société moderne, l’éducation moderne par la société, non par les livres ; n’ayant rien des anciens, ni les études classiques, ni le goût de la forme, de la beauté dans le style, ni la morale grandiose, ni le souci de la gloire, rien de cela, mais l’entente des choses, la vue nette, précise, positive, l’observation sensée, utile et piquante, le tour d’idées spirituel et applicable ; non l’amour du vrai, mais une certaine justesse et un plaisir à voir les choses comme elles sont et à en faire part ; un coup d’œil prompt et sûr à saisir en toute conjoncture la mesure du possible ; une facilité désintéressée à entrer dans l’esprit d’une situation et à en indiquer les inconvénients et les ressources ; gens précieux, avec qui tout gouvernement devrait aimer causer ou correspondre pour entendre leur avis après ou avant chaque crise.
Si Grimm disait aux Français bien des vérités dures sur la musique, il en disait d’autres très agréables sur la littérature ; la Voix ou le Génie, parlant de la France en style prophétique et en se supposant dans les temps reculés, s’exprimait ainsi : Ce peuple est gentil ; j’aime son esprit qui est léger, et ses mœurs qui sont douces, et j’en veux faire mon peuple, parce que je le veux, et il sera le premier, et il n’y aura point d’aussi joli peuple que lui.
Il parle en style figuré de ces sommes qu’il attendait pour payer ses créanciers ; il les désigne comme s’il s’agissait d’un livre sous le titre de la Vie du prince Eugène : Je suis à la fin de toutes mes lectures, et j’attends avec grande impatience la Vie du prince Eugène.
Les premières tragédies d’Arnault, Marius, Lucrèce, Cincinnatus, sont bien les contemporaines de la réforme que David avait introduite dans le style romain, et que Talma, de son côté, transportait au théâtre ; ce genre aujourd’hui nous paraît nu, roide et abstrait ; n’oublions pas qu’il a été relativement simple, et qu’il ne nous arrive, à la lecture, que dépouillé de tout ce qui le personnifiait à la scène et qui l’animait.
Ceux transcrits au cours des années 1911 et 1912 ont été traduits par Samako Niembélé, un interprète intelligent, parlant assez correctement le français et je pourrais dire qu’ils sont plutôt son œuvre que la mienne, si je n’avais essayé, par quelques mots changés çà et là, de donner à son style la vivacité et l’expression qu’il ne pouvait, malgré une connaissance assez avancée de notre langue, lui communiquer autant qu’il l’aurait souhaité.
Le silence n’en est pas troublé. » « Le martin-pêcheur, dit-elle encore, rase l’eau de son aile ; éclair bleuissant, il en suit le cours. » Le livre entier est de ce style, de ce pinceau, sans défaillance.
Cette sévérité de pensée et de style va bien à la sainteté majestueuse de Bossuet ; mais la tournure elliptique de la pensée et la finesse quintessenciée me porteraient plutôt à en attribuer l’honneur à Bourdaloue, l’impitoyable psychologue chrétien.
Taine lui-même trouve-t-il donc que son propre style, en comparaison de la langue d’Isocrate, n’est pas assez « haut en couleur », et que c’est la faute de la langue française ? D’ailleurs le style fleuri, auquel les langues du Midi semblent plus propres, ne doit pas être confondu avec le style poétique. […] Si les naturalistes ont tort de vouloir s’en tenir à la pure sensation, certains de leurs adversaires n’ont pas moins tort de transporter dans leurs œuvres la pensée abstraite avec le style didactique. Le style proprement didactique et technique est devenu presque incompatible avec la vraie poésie. […] Herbert Spencer (« Philosophie du style », Essais), dont M.
Sans doute l’enflure du style cornélien ne correspond plus à notre goût actuel, mais elle est corrigée par la franchise de l’accent et par la beauté morale des situations, sur laquelle la recherche du pittoresque n’empiète jamais. […] Un grand nombre de spectateurs sont aptes à distinguer entre eux, tant sous le rapport de la décoration et de l’ameublement que sous celui des costumes, les styles Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI ; mais combien peu sauraient établir des différences dans les modes diverses qui ont pu régner pendant le cours de ces grandes époques. […] Il suit de là que l’idée que nous avons du style d’une époque, que nous avons traversée, est générale et non particulière, et que, lorsqu’il s’agit de mise en scène, nous devons réaliser dans la décoration, dans l’ameublement et dans les costumes cette idée générale qui est seule intelligible pour notre esprit et qui, seule, est pour nous la vérité. […] Ce que l’on prend d’ailleurs souvent pour des restaurations ne sont que des caricatures décoratives : c’est ainsi qu’il y a quelques années on avait une tendance générale à jouer dans des décors de style pompéien les tragédies dont l’action nous reporte au-delà des temps historiques de la Grèce. […] L’éclairage plus que médiocre de nos scènes modernes n’admet pas l’abus du style polychrome.
* Avec des airs imposants d’observateur, de penseur et d’écrivain, et plus d’un bonheur dans ce triple emploi de son esprit, Tocqueville eût mieux observé, pensé avec plus de justesse, écrit d’un style plus original, s’il n’avait pas cru faire du Montesquieu. […] — l’imagination du style. […] Votre style est à l’image de votre conduite. […] II C’est de ce cœur dont je dirais volontiers, par une variante du mot de Buffon, que « le style, c’est le cœur même de l’écrivain », qu’est sorti le plus original des écrits de M. […] S’en trouvait-il un parmi eux auprès duquel j’étais deux fois mal noté pour avoir servi l’Empire, et pour persister à préférer au style flamboyant à la mode la langue du xvie siècle ?
Il faut bien que cette structure soit particulière, puisque entre tous les théâtres de l’antiquité et des temps modernes celui-ci se détache avec une forme distincte, et présente un style, une action, des personnages, une idée de la vie qu’on ne rencontre en aucun siècle et en aucun pays. […] Même il faudra que le drame, pour imiter et contenter la fécondité de leur nature, prenne tous les langages, le vers pompeux, surchargé, florissant d’images, et, tout à côté, la prose populacière ; bien plus, il faudra qu’il violente son style naturel et son cadre naturel ; qu’il mette des chants, des éclats de poésie dans les conversations des courtisans et dans les harangues des hommes-d’État ; qu’il amène sur la scène des féeries d’opéra15, « des gnomes, des nymphes de la terre et de la mer, avec leurs bosquets et leurs prairies ; qu’il force les dieux à descendre sur le théâtre, et l’enfer lui-même à livrer ses féeries. » Nul théâtre n’est si complexe ; c’est que jamais l’homme ne fut plus complet. […] La France éloquente et mondaine, dans le siècle qui a porté le plus loin l’art des bienséances et du discours, trouve pour écrire ses tragédies oratoires, et peindre ses passions de salon, le plus habile artisan de paroles, Racine, un courtisan, un homme du monde, le plus capable, par la délicatesse de son tact et par les ménagements de son style, de faire parler des hommes du monde et des courtisans.
Bernis lui conseille d’en mettre six autres encore à soigner le style de sa pièce et à la perfectionner.
Seulement, dans cet écrit si étroit et si simple d’idées, il y a de fortes pages, des mouvements vigoureux et suivis, d’éloquentes poussées d’indignation, un très beau talent de style : on y sent quelque chose du poète dans un grand nombre de comparaisons heureuses.
(Ce mot doux est sans doute ici un peu ironique, car Desfontaines vient de reprocher à Duclos le style haché et les brèves sentences.)
. — Il y a eu nécessairement bien des suppressions, et aussi de légères modifications de style ; mais, par une inadvertance singulière, on ne s’est pas aperçu, eu donnant la suite des lettres, qu’il y avait une lacune de juillet à septembre 1812, intervalle pendant lequel Horace Vernet avait eu le temps de faire le voyage de Paris et de retourner à Pétersbourg.
Saint-Réal a commencé et a écrit, dans ce genre spécieux de la nouvelle historique, un petit roman aussi faux dans son genre que les grands romans de Mlle de Scudéry, mais qui avait cela de plus insidieux d’être court, vraisemblable, insinuant, et de marcher d’un style sage et vif, qui n’eût pas craint la comparaison avec celui de Mme de La Fayette.
C’étaient des épigrammes du plus grand style que celles de Simonide en l’honneur des Trois cents et pour le tombeau de Léonidas.
Mais, avec David, il se fit une réaction en peinture, un retour au style proprement dit, un effort vers Rome et vers une Grèce de convention.
Le style de cette histoire est très-convenable ; il est généralement sain : la marque réfugiée ne s’y fait point ou presque point sentir61, et je reprocherais plutôt à l’auteur par moments quelque emphase, quelque recherche d’élégance convenue, trop conforme au goût régnant (le timon de l’État, les trophées de la victoire, les bannières de la philosophie, etc.).
Nulles poésies ne caractérisent plus brillamment le clair intervalle où elles sont nées, précisément par cet oubli où elles le laissent, par le désintéressement du fond, la fantaisie libre et courante, la curiosité du style, et ce trône merveilleux dressé à l’art pur.
assez fâcheusement et abondamment de s’y introduire ; mais on s’y laisse moins prendre qu’ailleurs ; on l’y sent tout aussitôt sous les déguisements et les emprunts qu’il tente ; on le rejette avec dégoût, ou plutôt il va naturellement au fond ; et, tandis que, sous l’écorce de la prose, bien des talents équivoques en qualité surnagent, tandis qu’ils atteignent à une contrefaçon assez difficile à démêler, et qu’avec le travail, l’instruction, l’imitation de ce qu’on lit, la répétition assez bien débitée de ce qu’on entend, avec tous ces mérites surchargés, on parvient souvent à une sorte de compilation de fond ou de style, décente, et qui fait fort honnëte contenance, en poésie la qualité fondamentale se dénote aussitôt, la substance des esprits s’y fait toucher dans le plus fin de l’étoffe ; aussi très-peu suffit pour qu’on ait rang, sinon parmi les grands, du moins entre les délicats, et qu’on soit, comme tel, distingué de la muse, de cette muse intérieure qui console : ce qui, j’en conviens, n’empêche pas d’être parfaitement ignoré du vulgaire, comme disent les poëtes, c’est-à-dire du public.
. — Et le talent aussi, l’imagination dans le style, n’est-ce donc pas une espèce de coursier de Mazeppa ?
En se rappelant les éloquents, les généreux récits du fils, on aime à y associer par comparaison les mérites qui recommandent ceux du père, la mesure insensible du ton, ce style d’un choix si épuré, d’une aristocratie si légitime, et toute cette physionomie, si rare de nos jours, qui caractérise dans les lettres la postérité, prête à s’éteindre, des Chesterfield, des Nivernais, des Bouflers173. » Prête à s’éteindre !
Un jeune homme nous lisait les plus beaux morceaux du Génie du Christianisme ; nous écoutions, ravis comme par un langage inconnu, ce merveilleux style.
Fénelon n’avait pas assez d’énergie dans l’imagination pour exercer sur ses pensées cette pression du style qui les incruste dans le rhythme et qui solidifie, pour ainsi dire, la parole et l’image en les jetant dans le moule des vers ; mais sa prose, aussi poétique que la poésie, si elle n’a pas toute la perfection, toute la cadence et l’harmonie de la strophe, en a cependant le charme.
L’un d’eux nous conte, avec une décision crue de style, la « ribole » de trois commères parisiennes qui, après une longue séance au cabaret, sont ramassées dans le ruisseau, ivres, noires de boue : on les croit mortes, et on les jette au charnier des Innocents où elles se réveillent le lendemain, la face couverte de terre, des vers dans les cheveux80.
On y démêle très aisément comment le style moderne de l’esprit français se dégage du moyen âge sous l’influence de l’Italie et de l’antiquité.
Anatole France, tout nourri de lettres grecques, se plaît à imiter dans l’expression des sentiments les plus modernes l’élégance du verbe antique, et que le style de M.
Et, après tout, cette histoire du dur dressage d’un enfant à son métier de prince et de général est fort intéressante en elle-même, et M. le duc d’Aumale nous la raconte avec beaucoup de vivacité et de charme et dans un style qui a en même temps de la tenue et de la grâce.
C’est alors que l’idée nous vint de publier, sous sa signature, des sonnets du style décadent le plus pur, idoines, dirait Tailhade, « à exaspérer le Mufle ».
Notre système d’éducation, sans que nous nous en doutions, est encore trait pour trait celle des jésuites : idée que l’on style l’homme par le dehors, oubli profond de l’âme qui vivifie, machinisme intellectuel.
Nos jolies imitations du style classique, nos pastiches de couleur exotique sont bien du Lucien.
Pour le style, jamais M.
Quand il écrit en français, il a le style bon, bien qu’un peu suranné, et il laisse volontiers aux mots leur acception toute latine.
C’est à dater de ce moment, je le crois, qu’on pourrait apercevoir non pas une diminution, mais une combinaison nouvelle dans le libéralisme de M. de Broglie : il tiendra désormais plus de compte de ce qu’on appelle dans le style politique l’élément gouvernemental.
Elle sait changer de ton dès qu’il le faut, et proportionner sa touche à ses personnages : « Mlle de Rambures avait le style de la famille des Nogent dont était madame sa mère : vive, hardie, et tout l’esprit qu’il faut pour plaire aux hommes sans être belle.
On peut dire également de la bonne édition des Mémoires de Mademoiselle que son style y est rendu dans toute la pureté de son incorrection naturelle.
Le style s’y anime convenablement des citations des anciens sans trop s’en surcharger.
Pourtant on lit dans sa lettre à Mlle de Lespinasse de belles paroles, entre autres celles-ci : « Je donne aux Muses le temps qui nous est prêté, aux Muses qui consolent du passé et rassurent sur l’avenir… » Et l’éditeur de Condorcet, en citant cette parole, ne s’aperçoit pas qu’il introduit à l’instant comme un rayon de lumière et de sérénité, un coin d’azur, au milieu de ce style gris et terne des encyclopédistes.
Volney fit un voyage savant, exact, positif, et l’écrivit avec des qualités de style rares, bien qu’incomplètes.
Les lettres que nous annonçons au public sont déjà recommandables, comme on le voit, par le nom des personnages qui les ont écrites, et dont nous possédons les originaux ; mais quand on apprendra qu’elles renferment tout ce qu’il y a de plus instructif à la fois, de plus original et de plus piquant ; quand on saura que la science, la politique, la littérature, y ont leur compte avec de nouveaux aperçus, quand on y verra le vieux philosophe Adanson, l’homme le plus scientifique et le plus profond qui fût jamais, s’enivrer des regards d’une Dervieux, et tourner le fuseau presque à ses pieds ; Noverre, déployer toutes les ressources de l’imagination la plus riche ; Mme Beaumarchais, effacer presque les Ninon et les Sévigné ; et cette brillante Sophie Arnould, parer tour à tour son style de tout ce que l’esprit a de folle gaieté, de tout ce que le cœur a de sentiments les plus exquis, révéler avec cet abandon séduisant toutes les petites indiscrétions du boudoir et nous initier aux mystères de l’alcôve, c’est alors surtout que nos lecteurs nous sauront gré de notre entreprise. 2 vol. in-8, 12 francs.
L’historien Augustin Thierry (1795-1856), Normalien, secrétaire de Saint-Simon, grand lecteur de Chateaubriand et de Walter Scott, défenseur de la Révolution de 1830, s’est penché sur l’histoire de l’Angleterre féodale (Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, 1825), avant se consacrer à la France mérovingienne dans un ouvrage qui, par son style mêlant érudition et imagination, eut un large succès en dehors du cercle des spécialistes (Récits des temps mérovingiens, 1840).
Une sorte de parti pris gigantesque, la mesure habituelle dépassée, le grand partout, ce qui est l’effarement des intelligences médiocres, le vrai démontré au besoin par l’invraisemblable, le procès fait à la destinée, à la société, à la loi, à la religion, au nom de l’Inconnu, abîme du mystérieux équilibre ; l’événement traité comme un rôle joué et, dans l’occasion, reproché à la Fatalité ou à la Providence ; la passion, personnage terrible, allant et venant chez l’homme ; l’audace et quelquefois l’insolence de la raison, les formes fières d’un style à l’aise dans tous les extrêmes, et en même temps une sagesse profonde, une douceur de géant, une bonté de monstre attendri, une aube ineffable dont on ne peut se rendre compte et qui éclaire tout ; tels sont les signes de ces œuvres suprêmes.
Vers le même temps, un autre, anglais aussi, mais de l’école écossaise, puritain de cette variété mécontente dont Knox est le chef, déclarait la poésie enfantillage, répudiait la beauté du style comme un obstacle interposé entre l’idée et le lecteur, ne voyait dans le monologue d’Hamlet qu’« un froid lyrisme », et dans l’adieu d’Othello aux drapeaux et aux camps qu’« une déclamation », assimilait les métaphores des poètes aux enluminures des livres, bonnes à amuser les bébés, et dédaignait particulièrement Shakespeare, comme « barbouillé d’un bout à l’autre de ces enluminures ».
C’est que le charme du style y est ; ôtez ce charme et vous verrez. ô belles, évitez le fond des bois et leur vaste silence ; poëtes, voilà ce qu’il faut savoir dire !
De style viril, combattant toutes décadences et avant tout créatrice, elle ne s’attachera qu’à étudier les idées des hommes vivants et leurs œuvres.
Dans sa Virginie de Leyva, ce n’est qu’un libertin par la pensée et un précieux dans le langage, et, dans son impossibilité d’être énergique, parce qu’il n’est pas passionné, il nous déteint l’indécente Religieuse de Diderot, ce vermillon obscène, et nous raconte, avec des chatteries de style comme il en a, même dans les sujets les plus graves, une histoire de la Gazette des Tribunaux d’Italie qui, pour faire balle dans nos âmes et y éveiller l’écho de haine qu’on y voudrait entendre, ne demandait qu’une poignante simplicité.
Tel est, sauf de très rares exceptions, le style ordinaire des Pensées d’août, qui déshonorerait de la prose.
On peut ne pas goûter leur style. […] C’est un style créé, — chose si rare, — individuel comme un son de voix, comme un regard. […] Qu’il ait reçu le don du style avec le don médical, et qu’il se raconte simplement et sincèrement, — c’est le cas pour l’Âme du chirurgien, — nous aurons là un document unique, un témoignage sans analogue sur cette espèce mentale, — je ne trouve pas d’autre formule — que constituent les médecins-nés. […] Il est bien remarquable qu’elle reproduise exactement la définition du style donnée par Buffon dans son célèbre discours : « Le style n’est que l’ordre et le mouvement que l’on met dans ses pensées. » Flaubert la citait avec enthousiasme. […] Ces succès au concours servaient aussi de réclame à des marchands de soupe avisés qui allaient racolant des boursiers intelligents pour les transformer, suivant le style de l’époque, en « bêtes à concours ».
Ce récit est en lui-même un pur chef-d’œuvre par la teneur, la contexture, la progression, par la concision éclatante du style, par la hardiesse de ce qui s’y trouve exprimé et par la hardiesse plus grande des sinistres sous-entendus. […] Weiss, et si j’ai quelque peine à entendre l’illustre critique quand il nous vante « la mollesse et la pureté délicieuse de sa versification », je conçois pourtant que l’on fasse grand cas de la gaieté et du style de l’auteur du Légataire. […] Comparez à cela, pour l’emportement, certaines pages de Maupassant, Vénus rustique ou Marroca, et, pour la science des choses et le raffinement pervers, pour la virtuosité du style, les audacieuses fantaisies de Catulle Mendès. […] — courts de pensée, courts d’invention, courts de poésie, courts de vérité, et la plupart courts de style. […] En réalité, le style du drame réclamait une mise en scène adoucie, un peu convenue, des costumes d’une propreté décente, et, dans la diction, la suppression presque complète de l’accent pseudo-rustique.
Voici une leçon de style admirable en même temps qu’une étude psychologique d’un singulier intérêt. […] Vous voyez à quelles minutieuses et très importantes études de style et de rythme convie et amène la lecture des manuscrits de Victor Hugo. Ils sont une bonne fortune pour l’étudiant en français, en style français, en « composition » française et en métrique française. […] Aurel vise au style concis, serré et un peu énigmatique. […] Ces réserves faites, je confesse que j’ai lu avec beaucoup de plaisir Le Livre des masques, La Culture des idées, Le Problème du style et le dernier écrit de M. de Gourmont : Épilogues.
Maurice Gandolphe l’a très bien marquée dans son livre, La Marche à la victoire, beau livre encore, d’un style adroitement rude et qui parfois, souvent même, obtient des effets de grande poésie. […] Son œuvre a l’inconvénient d’un style imparfait, souvent joli, plus souvent négligé, encombré de néologismes, de mots hasardeux : puis les phrases sont quelquefois molles et bavardes. […] Ses pages les plus parfumées de vérité belge sont fort bien écrites ; et, s’il se relâche, il abandonne tout ensemble sa vérité belge et son style français. […] L’auteur s’amuse à imiter ce style virginal. […] Je n’en ai pas dissimulé les tares ; mais le péché que Saint Hilaire de Poitiers condamne au treizième chapitre de son Traité des Psaumes, Rémy de Gourmont ne l’a point commis, le péché de mauvais style.
Jacquinet m’en a félicité, me reprochant un début trop orné, un peu de paraphrase dans l’exposition, mais en revanche reconnaissant en moi un sentiment très vif de l’œuvre que j’avais appréciée, du style dans la parole et des moments d’éloquence. […] Ici le contraste est parfait : Gandar et About, deux cerveaux disparates ; l’antithèse, pour qui les connaît, saute aux yeux et rit à l’esprit : l’un grave, consciencieux, religieux aux anciens, déférant aux modernes, se tenant dans sa voie et ne s’en laissant détourner par rien ; portant du sérieux et de l’affection en tout, de cet approfondissement attentif et pénétré, quelque peu étranger à la nature française, et que les Allemands qui se l’arrogent expriment très bien par le mot Gründlichkeit, réalisant encore l’idée du σπουδαῖος d’Aristote, l’homme vertueux et non léger ; un gros front énorme venant en surcroît au portrait163 : l’autre gai, vif, ironique, espiègle même, le nez au vent, la lèvre mordante, alerte à tout, frondant sans merci, à l’exemple de Lucien ne respectant ni les hommes ni les dieux : chez l’un l’École normale en plein exercice et développement de son professeur modèle, dans tout le large de la tradition régulière et directe ; chez l’autre cette même École en rupture de ban, en pleine dissipation et feu d’artifice d’homme d’esprit émancipé, lancé à corps perdu à travers le monde, mais d’un homme d’esprit, remarquez-le, dont c’est trop peu dire qu’il pétillé d’esprit, car sous sa forme satirique et légère il fait bien souvent pétiller et mousser le bon sens même, et toujours dans le meilleur des styles : toutes qualités par où il témoigne encore de son excellente nourriture et tient, bon gré mal gré, de sa mère.
André Chénier a pourtant fait voir, très judicieusement, et cette fois avec une vraie supériorité de critique, en quoi cette Ode laisse à désirer pour la composition, pour la pensée, et ce qu’aurait fait un Pindare : « Cette Ode, dit le commentateur poète, est bien écrite, pleine d’images et d’expressions heureuses, mais un peu froide et vide de choses, comme presque tout ce qu’a fait Malherbe ; car il faut avouer que le poète n’est guère recommandable que pour le style. […] Il a dressé quelques colonnes de haut style.
Le style avait subi de petites épurations dans ces éditions successives ; il y avait pourtant dans le texte bien d’autres points plus essentiels, ce me semble, à éclaircir, à corriger : on ne saurait imaginer la négligence avec laquelle presque tous les noms propres, cités chemin faisant dans ces Lettres, ont été défigurés ; quelques-uns étaient devenus méconnaissables. […] Ce négligé qui se retrouve dans son langage et sous sa plume la distingue encore des autres femmes d’esprit du moment, dont le style, avec tant de qualités parfaites de netteté et de précision, ne se sauvait pas de quelque sécheresse.
Votre style, souvent embarrassé de l’abondance de vues et de l’excès d’esprit de l’auteur, ressemblait dans le commencement à un fil d’or mal dévidé, qui se noue dans sa trame et qu’on regrette de ne pas trouver toujours sous la main. […] Votre style s’est épuré d’une façon remarquable, sans perdre rien de sa vérité et de son allure abandonnée.
Il écrivait bien des siècles après eux et dans un style fort différent. […] Il est le père du bon sens dans l’histoire ; mais de l’histoire, non ; il faut aller aux Indes, il faut aller à Moïse, pour trouver les historiens sans critique, les historiens primitifs et miraculeux, miraculeux de style comme de traditions ; l’époque critique naît longtemps après ; la raison éclaire, mais elle n’impressionne pas.
» * * * — Dans ce moment-ci, chez les écrivains littéraires, c’est une recherche, une sélection, une chinoiserie de style, qui tendent à rendre l’écriture impossible. […] Les grandes, les originales œuvres, dans quelque langue qu’elles existent, n’ont jamais été écrites en style académique.