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1230. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Flaubert une telle œuvre : le siècle a, depuis des années, besoin d’un grand artiste nouveau, il le réclame ; de désespoir il se montre parfois tout prêt à l’inventer.

1231. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Dans l’intervalle, une tradition généralement répandue le montre employé par le grand prieur de San-Juan à faire des recettes dans la Manche, pour des dîmes arriérées, et y soulevant des animosités locales qui le firent encore une fois emprisonner.

1232. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Pendant que M. de Senfft, à la veille de l’éclatant démenti de l’histoire, se montre ainsi à nous un peu la dupe des confidences de Fouché qui, évidemment (comme l’abbé de Pradt, et avec plus de malice), était entré dans ses vues, avait médit du pouvoir qu’il servait et ne s’était pas fait faute de gémir sur les folies du maître, il m’a paru curieux de citer une lettre de Napoléon adressée, vers ce temps, à son ministre de la police, et qui, dans sa sévérité encore indulgente, va droit au défaut de l’homme, rabat fort de cette haute idée trop complaisante et remet à son vrai point ce prétendu génie du duc d’Otrante, un génie avant tout d’ingérence audacieuse et d’intrigue.

1233. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

L’Ajax français ne s’en relèvera pas : ce maréchal, de plus de montre que de mérite, demeure criblé sous cette grêle d’épigrammes.

1234. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

J’ai lu tout ce qu’on nous en a dit et ce qu’on nous en montre ; cela ne donne nullement envie d’y avoir vécu.

1235. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Deux grandes pièces dans le volume donnent une plus haute idée du souffle et de la faculté du poëte dans les sujets extérieurs : le Fragment, qui nous montre les chrétiens aux lions, et surtout le morceau intitulé le Poëte, c’est-à-dire Homère.

1236. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

disait quelqu’un du Parnasse, qui depuis… Or je prie qu’on me montre des vers plus passionnés, plus satyriques, que ceux de la série Hercule et les Centaures.

1237. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Fages examine la société grecque, la société romaine, celle du Moyen Âge, puis du xviie  siècle et montre que dans ces sociétés l’unité morale n’a jamais été véritablement réalisée.

1238. (1890) L’avenir de la science « XII »

On a soin qu’elle soit tellement disposée à l’intérieur que l’œil seul se montre à la lucarne.

1239. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Ève, dans sa première fleur de jeunesse, est en face du serpent qui lui montre la pomme : elle la regarde, elle se retourne à demi vers Adam, elle a l’air de le consulter.

1240. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Il nous le montre beau, à vingt ans, assis au bord d’une prairie, à côté de sa maîtresse endormie, et protégeant, comme l’ange, son sommeil : Le voilà, jeune et beau, sous le ciel de la France… Portant sur la nature un cœur plein d’espérance, Aimant, aimé tous, ouvert comme une fleur ; Si candide et si frais que l’Ange d’innocence Baiserait sur son front la beauté de son cœur.

1241. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Du milieu de ses propres dangers, elle est tout occupée, dans sa bonté, de ceux des autres, et elle se montre attentive à ne compromettre personne inutilement dans sa cause.

1242. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Il prend l’homme au milieu de la nature, au sein de l’infini ; le considérant tour à tour par rapport à l’immensité du ciel et par rapport à l’atome, il le montre alternativement grand et petit, suspendu entre deux infinis, entre deux abîmes.

1243. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

En attendant qu’il se fît connaître par des travaux plus précis, un ouvrage de lui, Essai sur l’histoire de l’espèce humaine (1798), nous le montre sous sa forme encyclopédique et traçant une esquisse d’une histoire naturelle générale de l’humanité et de la société.

1244. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Geffroy m’assure que l’on montre encore à l’heure qu’il est, à Upsal, le crâne de Descartes.

1245. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Il enseigne dans la premiere la méthode de dire ce qu’on veut par signes et par gestes, et il montre dans la seconde partie l’utilité de ce langage muet.

1246. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Stapfer montre que Rabelais, le grand Rabelais, à qui les esprits qui contestent Sterne ne refusent pas le respect, n’est pas moins déraisonnable et inintelligible, à certaines pages de son Épopée, que Sterne à certaines pages décousues de son roman de Tristram Shandy ; mais il prouve à merveille que ni la valeur ni le vrai génie de Sterne et de Rabelais ne sont dans ces pages.

1247. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Écoutez-le, ou plutôt écoutez son sosie, Durtal101, s’abîmer en extase devant le sanctuaire : « Elle est un résumé du ciel et de la terre ; du ciel dont elle nous montre la phalange serrée des habitants, Prophètes, Patriarches, Anges et Saints éclairant avec leurs corps diaphanes l’intérieur de l’Église, chantant la gloire de la Mère et du Fils ; de la terre, car elle prêche la montée de l’âme, l’ascension de l’homme ; elle indique nettement, en effet, aux chrétiens, l’itinéraire de la vie parfaite     Et cette allégorie de la vie mystique, décelée par l’intérieur de la Cathédrale, se complète au dehors par l’aspect suppliant de l’édifice.

1248. (1887) Essais sur l’école romantique

J’ai senti un froid à plus d’un passage où se montre le trop —  ne quid nimis  — que Sainte-Beuve, dans une étude critique sur mes premiers écrits, appelait de son vrai nom : redondance. […] Babel se montre ; Babel, débris immense, qui coûta jadis à Dieu un moment de colère ; Babel, à présent déserte et sombre… L’édifice écroulé plongeait aux lieux profonds. […] Pour prouver que le poète est celui qui trouve ce que la foule ne trouve pas, celui qui a des yeux où la foule est aveugle, des sens où la foule ne sent rien, puis-je mieux faire que de citer quelques fragments d’une pièce admirable, dans laquelle M. de Lamartine, en développant, comme à dessein, une idée qui semble appartenir à tout le monde, montre par là que la foule est entourée de poésie, et que, loin qu’il n’y ait plus de sujets comme on se plaît à le dire, tout, jusqu’au brin d’herbe, peut inspirer un chant sublime à celui qui sait manier la lyre ? […] Au lieu de Mirabeau approfondi, pénétré, éclairé de cette lumière nouvelle qu’une investigation consciencieuse et élevée sait faire luire dans les sujets les plus épuisés et dans les caractères les plus connus, c’est Mirabeau matérialisé, plus laid, plus écumant que l’histoire ne nous le montre ! […] Nous le voyons écho inexact, quoique sonore comme il se définit quelque part, de ce qui se montre à la superficie de son époque, mais non pas observateur intelligent de ce qui se cache au fond ; nous le voyons dominé, mais non pas dominant ; lauréat, tantôt de la royauté et tantôt du peuple, mais jamais poète ni de l’un ni de l’autre, ce qui est bien autre chose.

1249. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Elle nous montre ainsi, à plusieurs époques différentes, l’existence réelle de cette union de tous les arts sur un tronc commun, union que nous avons déjà préjugée par la théorie. […] Cette union de la musique, de la gymnastique et du drame avec la poésie qui se montre ainsi chez les Juifs a subsisté même assez tard en quelques pays, jusqu’au sein des cérémonies austères du christianisme. […] Pour nous apprendre ce qu’est tel homme, telle chose, elle nous montre dans la nature d’autres objets qui possèdent d’une manière évidente pour nous la qualité qu’elle veut mettre en relief. […] La poésie ne se montre à l’état parfait qu’à certains endroits d’une œuvre où l’image et le rythme sont incorporés indissolublement l’un à l’autre. […] La tradition universelle, en consacrant les siècles de Périclès et d’Auguste, de Léon X et de Louis XIV, ne se montre guère favorable à cette opinion ; mais l’infirme-t-elle complètement ?

1250. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Persuadée qu’on n’agit que sur les opinions mixtes, Mme de Staël se montre surtout préoccupée dans cet écrit de convaincre les Français de sa ligne, les anciens royalistes constitutionnels, et de les rallier franchement à l’ordre de choses établi, pour qu’ils y influent et le tempèrent sans essayer de l’entraver : « Il est bien différent, leur dit-elle, de s’être opposé à une expérience aussi nouvelle que l’était celle de la république en France, alors qu’il y avait tant de chances contre son succès, tant de malheurs à supporter pour l’obtenir ; ou de vouloir, par une présomption d’un autre genre, faire couler autant de sang qu’on en a déjà versé, pour revenir au seul gouvernement qu’on juge possible, la monarchie. » De telles conclusions, on le sent, durent paraître trop républicaines à beaucoup de ceux à qui elles s’adressaient ; elles durent aussi le sembler trop peu aux purs conventionnels et aux républicains par conviction. […] Il exalte le premier écrit de Mme de Staël consacré à la gloire de Rousseau : « Depuis ce temps, les essais de Mme de Staël « ne paraissent pas avoir réuni le même nombre de suffrages. » Il se prend d’abord au système de perfectibilité ; il montre Mme de Staël s’exaltant pour la perfection successive et continue de l’esprit humain au milieu des plaintes qu’elle fait sur les peines du cœur et sur la corruption des temps, assez semblable en cela aux philosophes dont parle Voltaire, Qui criaient Tout est bien, d’une voix lamentable. […] Benjamin Constant a écrit que c’est peut-être dans les pages qu’elle a consacrées à son père que Mme de Staël se montre le plus elle-même : mais il en est ainsi toujours selon le livre qu’on lit d’elle ; c’est dans le volume le dernier ouvert qu’on croit à chaque fois la retrouver le plus. […] Chénier (Tableau de la Littérature), ont analysé et apprécié l’ouvrage, de manière à abréger notre tâche après eux : « Corinne, dit Chénier, c’est Delphine encore, mais perfectionnée, mais indépendante, laissant à ses facultés un plein essor, et toujours doublement inspirée par le talent et par l’amour. » Oui, mais la gloire elle-même pour Corinne n’est qu’une distraction éclatante, une plus vaste occasion de conquérir les cœurs : « En cherchant la gloire, dit-elle à Oswald, j’ai toujours espéré qu’elle me ferait aimer. » Le fond du livre nous montre cette lutte des puissances noblement ambitieuses ou sentimentales et du bonheur domestique, pensée perpétuelle de Mme de Staël.

1251. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Il faut donc que la poésie féminine soit comme l’autre face de la sexualité, qu’elle nous montre le désir de la femme d’être saisie, emportée comme une proie ; cette sorte d’effroi délicieux où la crainte se mêle au désir, parce que la volupté qu’elle devine la blessera. […] C’est la justification de la formule de Nietzsche : « Le non-vrai comme condition de vie. » L’œuvre poétique d’Hélène Picard nous montre une jeune femme, belle et sensuelle, cultivant avec ténacité le mensonge d’un amour aussi absolu que celui de Dante pour Béatrix, malgré la certitude que cet amour ne sera jamais ni partagé, ni réalisé sensuellement. […] Cette dernière image nous montre qu’Hélène Picard s’est assimilé la manière de Mme de Noailles ; mais savez-vous pourquoi vous m’êtes aussi cher ? […] Elle se sent seule, et la plainte qu’elle chante à la nature est d’une douce résignation : Nature où j’ai vécu le plus beau de mon heure, Nature d’aujourd’hui qui n’es plus ma demeure, Ne montre pas du doigt d’un hêtre les chemins Si jolis, si pareils à ceux de l’autre année, Laisse-moi, laisse-moi, solitaire obstinée, N’être que cette enfant qui pleure dans ses mains.

1252. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

On nous montre les tronçons d’un Lumbriculus régénérant chacun leur tête et vivant désormais comme autant d’individus indépendants, une Hydre dont les morceaux deviennent autant d’Hydres nouvelles, un oeuf d’Oursin dont les fragments développent des embryons complets : où donc était, nous dit-on, l’individualité de l’œuf ? […] Mais le fait que les deux théories s’accordent à affirmer la constante accumulation ou la perte constante d’une certaine espèce de matière, alors que, dans la détermination de ce qui se gagne et de ce qui se perd, elles n’ont plus grand’chose de commun, montre assez que le cadre de l’explication a été fourni a priori. […] Elle nous montre que, jusqu’à une certaine période de son développement, l’embryon de l’Oiseau se distingue à peine de celui du Reptile, et que l’individu développe à travers la vie embryonnaire en général une série de transformations comparables à celles par lesquelles on passerait, d’après l’évolutionnisme, d’une espèce à une autre espèce. […] L’histoire de la philosophie est là cependant, qui nous montre l’éternel conflit des systèmes, l’impossibilité de faire entrer définitivement le réel dans ces vêtements de confection que sont nos concepts tout faits, la nécessité de travailler sur mesure.

1253. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Cependant un premier mouvement naturel nous porte à accepter comme vraie toute affirmation contenue dans un document, ce qui est admettre implicitement qu’aucun auteur n’a menti ou ne s’est trompé ; et il faut que cette crédulité spontanée soit bien puissante, puisqu’elle persiste malgré l’expérience quotidienne qui nous montre des cas innombrables d’erreur et de mensonge. […] Le questionnaire des motifs d’erreur peut se dresser en partant de l’expérience qui nous montre les cas les plus habituels d’erreur. […] Mais l’expérience montre que de tous les procédés de connaissance historique le raisonnement est le plus difficile à manier correctement et celui qui a introduit les erreurs les plus graves. […] Et c’est un a priori consolant, mais non scientifique ; car l’observation des faits historiques ne montre pas que les choses se soient toujours passées de la façon la plus avantageuse aux hommes ou la plus rationnelle, ni que les institutions aient eu d’autre cause que les intérêts de ceux qui les établissaient ; elle donnerait plutôt l’impression inverse. […] Mais — même en prenant le mot au sens objectif que Spencer lui a donné (un accroissement de variété et de coordination des phénomènes sociaux) — l’étude des faits historiques ne montre pas un progrès universel et continu de l’humanité, elle montre des progrès partiels et intermittents, et elle ne fournit aucune raison de les attribuer à une cause permanente inhérente à l’ensemble de l’humanité plutôt qu’à une série d’accidents locaux215.

1254. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Ce qui distingue Villon d’entre tous les poètes de son temps, c’est que, outre le talent le plus personnel et le plus rare, il montre qu’il a une conscience ; il a été le péché, oui, il l’est souvent encore, sans doute, mais il sait ses torts et les avoue, s’en macère par l’humiliation ; son âme est comme une petite Madeleine dans le désert de l’ennui. […] L’esprit gaulois est sournois, subtil, agréable assez souvent, ingénieux quelquefois, tortillon, pointu ; il s’insinue, se glisse, a de l’audace, prudemment ; ce qu’il veut dire, il le donne à entendre plutôt qu’il ne l’exprime ; il s’avance, et se rétracte ; il offense, et s’excuse ; il évite, même dans la satire, la colère franche ; vous pensez qu’il montre les dents pour mordre ? […] Remi Belleau, aux vers chatoyants de pierres précieuses, se montre parfois pittoresque dans ses Bergeries que parfume la primevère, presque pas artificielle, du délicat poème d’Avril. […] Je défie qu’on rappelle une phrase de moi, même proférée entre gais camarades, qu’on montre, imprimée, une ligne de moi, qui ait manqué de respect à ce sain et violent poète. […] Il est plus populacier que populaire, plus boulevardier que parisien ; en même temps, il se souvient du Céramique où il promène les cocottes modernes, à moins qu’il ne montre les hétaïres athéniennes faisant le persil dans l’Allée des Acacias ; et il a, — chance admirable due à une sorte de petit génie, — l’honneur d’être, avec çà et là des tendresses et des plaintes issues de son propre cœur, un Henri Heine ou un Banville ne ressemblant que fort peu à Banville ou à Henri Heine.

1255. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Il y a des cas… certainement, et les dramatistes du dix-septième siècle savaient parfaitement ce qu’ils faisaient, il y a des cas où le texte lui-même montre que l’auteur songe à une mise en scène précise, nettement localisée, la veut et compte sur elle. […] J’ai réservé toute une grosse question où il se montre optimiste comme il a accoutumé de l’être et où, en souhaitant, certes, qu’il ait raison, je ne suis pas, jusqu’à preuves plus fortes, tout à fait de son avis. […] » Et il veut qu’on lui montre, comme des champs de bataille où triomphe l’honneur, les salles à manger où la table de famille est éclairée doucement par l’auréole de la lampe héréditaire. […] Donc et pourtant il y a quelques nouveautés littéraires dans l’Encyclopédie ; et voici les principales : D’abord, l’Encyclopédie, au cours de cette longue querelle entre les « anciens » et les « modernes » qui dure toujours, et qui toujours durera, se montre décidément moderne, sans audace, mais très nettement. […] Il montre son des Arcis las de la femme de trente-cinq ans et songeant aux fruits verts, et il nous montre Mme de La Pommeraye s’écriant : « Ah !

1256. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Il sépare l’humanité d’avec Jésus-Christ, ou plutôt il nous montre à fond l’une sans trop songer à rien autre ; et il se détache par là de son siècle. […] Boileau, tout aussi intéressé qu’il était dans la question, se montre plus fermement judicieux. […] Cela montre bien le peu que sont les hommes. » Boileau en effet ne conseillait pas à Molière d’abandonner ses camarades ni d’abdiquer la direction, ce que le chef de troupe aurait pu refuser par humanité, comme on a dit, et par beaucoup d’autres raisons ; il le pressait seulement de quitter les planches : c’était le vieux comédien obstiné qui chez Molière ne voulait pas.

1257. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

En effet, c’est cette écorce dont les circonvolutions augmentent l’étendue, et l’anatomie comparée montre que dans la série animale l’intelligence augmente avec les circonvolutions. […] On remarque cependant que la fonction s’épuise plus promptement que lorsque le cerveau est entier, ce qui montre que l’opération influe sur la quantité et non sur la qualité des manifestations de l’organe. […] J’ai montré par les expériences 6, 7 et 8, qu’une simple section transversale de la moelle, quoiqu’elle interrompe sa continuité, laisse subsister le pouvoir réflexe, l’excitabilité des nerfs, la contractilité et la nutrition des muscles, dans toutes les parties paralysées de la sensibilité et du mouvement… Chaque segment de la moelle est donc un véritable centre d’innervation… Ainsi on peut considérer le cordon médullaire comme constitué par une série de centres nerveux, à propriétés identiques, mais pourtant affectés à des fonctions différentes suivant les organes auxquels se rendent les nerfs qui en proviennent… Cela serait d’accord avec l’anatomie comparée, qui montre la moelle se segmentant peu à peu, à mesure qu’on descend des mammifères aux poissons, et de ceux-ci aux animaux plus inférieurs encore, les crustacés par exemple… » 150.

1258. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Léonide heureuse de sa voix à moitié retrouvée, me montre avec orgueil son dos, où il n’y a plus de peau par la morsure des taxia. […] Samedi 4 juillet Un blagueur de toute croyance, de toute conviction, de tout dévouement, et apportant dans son irrespect une ironie du ruisseau, l’ironie toute personnelle à la race parisienne, à l’homme né à Paris, ce blagueur, pendant que je le voyais dire ses voyouteries, me faisait revenir sous les yeux, la belle composition de Prud’hon, qui représente Cérès dans la recherche de sa fille, changeant en lézard, le jeune Stellion se moquant de l’avidité de la faim de la déesse, en train de courir la Terre et les Enfers : — car c’était curieux, il y avait dans la bouche du blagueur, la même déformation que montre celle de Stellion, dans l’estampe de Copia. […] Mme Parrocel montre les jolis restes d’une gracieuse, d’une éblouissante blonde, dont l’affectueuse parole est comme le murmure d’une prière.

1259. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Il admet pourtant, non pas dans la Législation primitive mais dans les Recherches philosophiques, que l’idée qui attend et demande son expression « ne se montre pas encore pleinement à l’esprit », mais se montre déjà ; il admet que parfois « on se souvient vaguement, faute d’un mot » que les esprits distraits et lents conçoivent souvent leurs pensées imparfaitement durant un certain temps avant d’en trouver l’expression, qu’un écolier intelligent « devine à peu près le sens d’un passage » avant de le bien comprendre. […] Sur cette thèse capitale, les formules abondent, et la plupart méritent d’être citées : « L’homme n’est connu à lui-même que par la parole. — L’esprit se révèle par les mots. — L’homme ne connaît les êtres intellectuels que par les paroles qui les nomment. — Il faut des paroles pour penser ses idées. — Les idées s’engendrent, se lient, se combinent, s’associent, à l’aide de leurs expressions. — La pensée se manifeste, se révèle à l’homme par l’expression, comme le soleil se montre à nous par la lumière. — Notre esprit se voit lui-même dans l’expression comme les yeux se voient dans un miroir49. — Si chaque idée n’avait pas son terme ou son expression propre qui la distingue des autres idées, il n’y aurait en nous qu’une faculté générale de concevoir, sans idée particulière d’aucun objet. — Le langage donne l’exercice à la faculté de penser. — Tous les jours, l’esprit de l’homme est tiré du néant par la parole. — L’entendement est la faculté de concevoir des idées d’objets intellectuels à l’occasion des mots, lesquels rendent ces idées sensibles à l’âme. — L’idée est innée en elle-même, acquise dans son expression. — Les idées innées sont en puissance dans l’esprit de l’homme : ce sont des idées que l’homme peut apercevoir dans son esprit sous certaines conditions ; ces conditions sont la connaissance des expressions qui nomment les idées. — Les idées attendent dans l’esprit qu’une expression vienne les distinguer. — La parole porte la lumière dans les ténèbres de l’entendement, et appelle chaque idée, qui répond : Me voilà !

1260. (1920) Action, n° 2, mars 1920

L’appel de Gide à une reprise des relations intellectuelles avec l’Allemagne montre, par ses précautions, que la germanophobie est encore très forte. […] Tout moyen âge nous montre cette sorte d’obstination passive qui sait vaincre les plus désespérantes besognes et qui, seule, sait réaliser le grand œuvre. […] Telles étaient les instructions, que chaque occupant de ces lieux reclus y avait ses attributs et son utile emploi, comme vous le montre une règle de ce temps : « Que l’un corrige le livre que l’autre a écrit ; qu’un troisième trace les ornements à l’encre rouge ; que celui-là se charge de la ponctuation, celui-ci des peintures ; que cet autre colle les feuilles et relie les livres avec des tablettes de bois.

1261. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Saint-Arnaud, dès les premiers mois de son installation, nous le montre à l’œuvre, positif, effectif, infatigable, allant en tout au résultat sans charlatanisme : Passionné pour la guerre et les combats, il préfère, aux bulletins qu’il pourrait rechercher, la poursuite d’un but utile au pays. […] Justice est rendue et au noble caractère du colonel Cavaignac, « droit et consciencieux, mais susceptible et impressionnable » (Saint-Arnaud jouit de ses qualités, qui sont nombreuses, en évitant de heurter ses défauts), et à Changarnier, « le Masséna africain », qui montre un moral de fer dans les dangers, et à Bedeau, « homme de vrai mérite qui, tandis que d’autres se jalousent, s’efface tant qu’il peut, ne médit de personne, juge tout le monde et gémit ».

1262. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche, redescendu dans les obstacles de la vie, traça ce sixième fragment sur Orphée perdant Eurydice que tout à l’heure il guidait sans oser la voir, et cet autre fragment où il nous montre la rencontre pudique d’Hermann et de Dorothée près du ruisseau, et de si aimables présages n’aboutissant qu’à des larmes ? […] Ainsi Hébal, décrivant en deux traits la guerre du Péloponèse, montre Sparte essayant de stéréotyper la civilisation héroïque.

1263. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

On montre un chien à un très jeune enfant, et on lui dit, dans le langage des nourrices, en imitant, tant bien que mal, l’aboiement de la bête : « C’est un oua-oua. » Ses yeux suivent le geste indicateur ; il voit le chien, entend le son, et, après quelques répétitions qui sont son apprentissage, les deux images, celle du chien et celle du son, se trouvent, d’après la loi d’association des images, associées à demeure dans son esprit. […] Un boulet semble avancer en ligne droite ; la théorie montre qu’il commence à descendre au sortir du canon.

1264. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Il n’y aurait que désordre et iniquité parmi les hommes si la peine cessait d’être administrée ou si elle l’était injustement ; mais, lorsque la peine à l’œil de feu se montre pour anéantir le crime, le peuple est sauvé si le juge a l’œil juste… etc., etc. » On voit par ce terrible et sublime passage du livre indien qu’il y avait des de Maistre, des Platon, des Bossuet en ce temps-là aux bords du Gange. […] Une force à la fois cachée et palpable se montre continuellement occupée à mettre à découvert le principe de la vie par des moyens violents.

1265. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Thiers se montre un demi-politique. […] Thiers donne à ce procès l’intérêt d’un grand drame ; il y est aussi juste qu’éloquent : juste envers Bonaparte, qui avait le droit de sévir contre un rival devenu un conjuré ; juste envers Moreau, qui avait failli à la patrie, à la reconnaissance et à lui-même ; juste envers la magistrature du pays, qui montre dans ce jugement des caractères dignes de Rome.

1266. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Élève tes vœux au-dessus des récompenses humaines ; que la vertu seule te montre le chemin de la véritable gloire, et t’y attire pour elle-même. […] Caton montre à ses jeunes amis que toutes les grandes âmes ont pressenti l’immortalité, et n’ont vu la véritable vie qu’au-delà du tombeau. » Il rappelle les arguments des philosophes socratiques, et toutes les meilleures preuves qui, dans les temps anciens, s’étaient offertes à la raison pour établir la sublime vérité enseignée par Platon et par son divin maître.

1267. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Je me rappelle même, non sans sourire, une circonstance étrange, qui montre à quel point le zèle religieux exalte le prosélytisme du cœur. […] tu souris au barbare insolent ; Tu lui vends les rayons de ton astre qu’il aime ; Avec un lâche orgueil, tu lui montres toi-même Ton sol partout empreint de tes nombreux héros, Ces vieux murs où leurs noms roulent en vains échos, Ces marbres mutilés par le fer du barbare, Ces bustes avec qui son orgueil te compare, Et de ces champs féconds les trésors superflus, Et ce ciel qui t’éclaire et ne te connaît plus !

1268. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

On le pria de transporter la scène ailleurs ; l’auteur obéit ; il s’enfuit jusqu’en Babylonie, dans les temps les plus reculés, sous le règne de Ninus II, et, pour le dire en passant, rien ne montre mieux le peu de souci qu’on avait alors de l’exactitude historique ; on pouvait conserver une pièce telle quelle en changeant le titre et les noms des personnages. […] Il est question dans la pièce de montre et de pistolet, engins qui avaient le tort de n’être pas inventés au quinzième siècle.

1269. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Notre siècle nous montre les mêmes efforts passionnés contre les inventeurs de formes ou de pensées nouvelles, les mêmes soumissions tardives à la force des choses. […] Celuy donc qui. voudra complaire Tant seulement au populaire, Celuy choisira les erreurs Des plus ignorants bateleurs… Et Jehan de la Taille, en tête des Corrivaux, fait cette profession de foi : « Vous y verrez non point une farce ni une moralité ; nous ne nous amusons point en chose ni si basse ni si sotte, et qui ne montre qu’une pure ignorance de nos vieux Françoys… Aussi avons-nous grand désir de bannir de ce royaulme telles badineries et sottises… » C’était dur pour les pauvres auteurs du moyen Age.

1270. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Sur votre montre, quand vous voyez la petite aiguille à midi après l’avoir vue à huit heures, vous inférez sans doute qu’elle s’est mue ; mais, regardez directement l’aiguille à secondes, vous la verrez se mouvoir. […] » — Une chose bien simple : c’est que le premier objet reparaît après avoir disparu ; le sein de la mère se montre de nouveau après s’être caché.

1271. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Et tout ce mouvement autour de vous fait l’effet d’une agitation automatique, et le coin de foyer qu’on entrevoit, vous montre, assis sur la banquette, des personnages en costumes, les bras tombants comme des marionnettes aux ficelles cassées. […] Soudain, il se met à nous réciter des lambeaux formidablement cocasses d’une tragédie ébauchée avec Bouilhet sur la découverte de la vaccine, dans les purs principes de Marmontel, où tout, jusqu’à « grêlée comme une écumoire » était en métaphores de huit vers : tragédie à laquelle il a travaillé pendant trois ans, et qui montre la persistance de bœuf de cet esprit, même dans les imaginations comiques, dignes d’un quart d’heure de blague.

1272. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Si une flotte dont on attend le retour montre, au coucher du soleil, les étages successifs de ses voiles surgissant une à une, comme un troupeau de moutons qui monte une colline au-dessus de la courbe de l’horizon, on songe aux canons qui ont grondé dans ses bordées, aux vaisseaux qui ont sombré sous les boulets des ennemis, aux morts et aux blessés qui ont jonché ses ponts sous la mitraille ; toutes les images de la guerre, de la mort pour la patrie, de la gloire et du deuil, assiègent la pensée. — Émotion ! […] « Quand Damayanti a reconnu Nala, enhardie par son amour, forte et craintive à la fois, rougissant et cachant son front pour dérober sa rougeur, elle saisit un pan du manteau de Nala, et, en déclarant ainsi son choix, elle montre que la femme doit s’appuyer sur l’homme. » Nala la soutient, la console et la glorifie.

1273. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

On ne lui montre qu’un monde, il en veut deux ; et il a raison d’en vouloir deux, car il y en a deux dans un. […] Parce que le livre est une œuvre d’art et de volonté, où l’auteur se propose un but, et où il se montre, non ce qu’il est, mais ce qu’il veut paraître.

1274. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Le poète tragique est comme le sculpteur en bronze ou en marbre : il ne montre que des statues ou des groupes en action. […] Elles sont interdites au poète tragique : il ne prend l’homme qu’en flagrant délit de passions brûlantes, et il n’en montre que les muscles torturés par la douleur comme ceux du Laocoon.

1275. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Brun, l’Ours, ne se montre pas content de la manière un peu légère dont le Lion a parlé.

1276. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Il y a un discours prononcé par lui à une distribution des prix du collège Charlemagne, en août 1840, qui est singulièrement touchant et qui nous montre le Jouffroy des dernières années, déjà languissant, abattu et à demi brisé, mais dans toute sa beauté sympathique et indulgente.

1277. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

C’est ce mélange de prudence, de calcul, et aussi de piété et d’attendrissement à la suite, qui caractérise ces scènes de Venise chez Villehardouin, et qui montre, sans qu’il le dise, la différence profonde qu’il y avait entre l’esprit de ce gouvernement politique et celui des croisés impétueux.

1278. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Si l’exemple d’Arago nous preuve que des esprits ingénieux et fins en matière de science ne sont souvent que robustes en littérature, il nous montre aussi qu’il y a une puissance réelle à ne parler que de ce qu’on sait à fond, et qu’il entre tout autre chose que le goût dans cette prise qu’on a sur les hommes.

1279. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Elle lui vient pourtant, discrète, courante, familière, et quelquefois trop familière : « Vous pouvez faire de moi, écrit-il au duc de Chaulnes, comme d’un mouchoir qu’on prend, qu’on laisse, qu’on chiffonne : je ne veux que votre cœur, et je ne veux le trouver qu’en Dieu. » J’aime mieux qu’il dise à Mme de Grammont : « Vous êtes une bonne montre, mais dont la corde est courte et qu’il faut remonter souvent.

1280. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Il montre ce Sauveur qui cherche avant tout la misère et la compassion, évitant de prendre la nature angélique qui l’en eût dispensé, sautant par-dessus en quelque sorte, et s’attachant à poursuivre, à appréhender la misérable nature humaine, précisément parce qu’elle est misérable, s’y attachant et courant après quoiqu’elle s’enfuît de lui, quoiqu’elle répugnât à être revêtue par lui ; voulant pour lui-même une vraie chair, un vrai sang humain, avec les qualités et les faiblesses du nôtre, et cela par quelle raison ?

1281. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Il y a cependant des détails assez agréables, et je n’en veux pour preuve que cette comparaison qui termine le premier chant, et qui nous montre la mère ayant déposé à contre-cœur le berceau flottant, et ne s’en éloignant qu’avec anxiété et avec lenteur : Telle que, dans l’horreur d’une forêt épaisse, Une biche craintive, et que la soif oppresse, Quitte à regret son faon depuis peu mis au jour, Quand pour chercher à boire aux fosses d’alentour, Ayant au moindre bruit les oreilles tendues, On la voit s’avancer à jambes suspendues, Faire un pas, et puis deux, et soudain revenir, Et de l’objet aimé montrant le souvenir, Montrer en même temps, par ses timides gestes, Le soupçon et l’effroi des images funestes Qui semblent l’agiter pour autrui seulement ; — Telle fut Jocabel en son éloignement.

1282. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Satisfait de savoir et de bien savoir, sans prétendre en informer l’univers, prêt toutefois à faire part à quiconque le consultait du vaste et tranquille trésor de ses connaissances, il était tout l’opposé du metteur en œuvre, qui tire aussitôt parti de ce qu’il sait et se hâte d’en faire montre, de celui dont le poète satirique a dit : Scire tuum nihil est, nisi te scire hoc sciat alter.

1283. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Cette pièce, adressée à l’archevêque de Tours, Victor Bouthillier, à la date d’octobre 1644, montre que Marolles avait mis du temps à songer à la réformation de l’abbaye dont il jouissait depuis quatorze ans.

1284. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Gaberel, est un songe allégorique sur la Révélation, qui nous montre Rousseau dans toute la ferveur de son enthousiasme religieux.

1285. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

C’est ainsi qu’il se montre d’une indulgence extrême pour tous ceux qu’il juge ou plutôt à l’occasion desquels il parle ; il est coulant à l’excès, même complaisant sur ce chapitre littéraire : nous-mêmes n’en avons-nous pas profité ?

1286. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Il se moque en passant d’une des belles descriptions du Génie du christianisme, description arrangée et symétrique, j’en conviens, dans laquelle l’auteur nous montre, pendant une traversée de l’Océan, le globe du soleil couchant qui apparaît entre les cordages du navire, — la lune, à l’opposite, qui se lève à l’orient, — et vers le nord, « formant un glorieux triangle avec l’astre du jour et celui de la nuit, une trombe brillante des couleurs du prisme… » M. 

1287. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

La femme cependant ne cessait d’être séduisante, et elle se montre à nous avec bien du charme en plus d’une page de ces Mémoires : le plus volontiers à cheval, en habit d’homme et de la meilleure grâce, changeant d’habit continuellement, la plus vaillante et la plus ravissante des amazones et des écuyères (elle avait même inventé une selle particulière à son usage) ; ou bien au bal, infatigable à la danse et s’y acharnant, changeant jusqu’à trois fois d’habit en une soirée, ne remettant jamais deux fois le même déguisement, « parce que j’avais pour règle, nous dit-elle, que si une fois il avait fait un grand effet, il n’en pouvait faire qu’un moindre à une seconde mise » ; et à d’autres jours, aux bals plus particuliers de la Cour, écrasant les plus superbes costumes par la magnificence des siens, ou d’autres fois affectant une simplicité soudaine qui n’était que la plus délicate des recherches.

1288. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Il n’y a d’un peu engageant vraiment que le début ; il y montre avec esprit (ce n’est pas ce qui y manque), et en se faisant plus neuf, plus ingénu qu’il ne l’a jamais été, ses étonnements, ses premiers faux pas dès son entrée dans la vie parisienne sous les auspices de M. 

1289. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Qu’on veuille songer à ce qu’on doit de reconnaissance à celui qui, dans une publication continue de vingt années, nous a initiés à ce degré, tous tant que nous sommes, à l’esprit et au détail politique, administratif, militaire, de la plus grande époque et la plus invoquée dans les entretiens de chaque jour ; qui, sans que nous soyons hommes d’État ni politiques de métier, nous a fait assister, par le dépouillement des pièces les plus secrètes et les plus sûres, aux conseils et aux débats diplomatiques d’où sont sorties les destinées de l’Europe et de la France pendant l’ère la plus mémorable ; qui, sans que nous soyons financiers, nous permet, avec un peu d’attention, de nous rendre compte des belles et simples créations modernes en ce genre ; sans que nous soyons administrateurs, nous montre par le dedans ce que c’est que le mécanisme et les rouages de tout cet ordre civil et social où nous vivons ; sans que nous soyons militaires, nous fait comprendre la série des mouvements les mieux combinés, et par où ils ont réussi, et par où ils ont échoué en venant se briser à des causes morales et générales plus fortes.

1290. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Viollet-Le-Duc montre que les Grecs, plus souples, plus avisés que les Romains, et surtout que les imitateurs des Romains, ne s’y soumettaient pas rigoureusement, et que cette symétrie, pour eux, cédait quelquefois à des raisons fines et d’un ordre supérieur.

1291. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

La critique a fort raisonné de nos jours et de tout temps sur la pensée fondamentale qui se montre ou se dérobe dans Don Quichotte, et il n’en pouvait être autrement ; c’était son droit.

1292. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Et reprenant de nouveau l’histoire de la Création et des époques primitives, tous ces récits dont Moïse est censé avoir recueilli les traditions, Bossuet nous montre le grand Ouvrier à l’œuvre, tantôt bienfaisant et clément, tantôt terrible et jaloux, toujours efficace, présent, vigilant, vivant : on n’en saurait prendre nulle part une idée plus forte, celle d’un Dieu qui tient le monde à chaque instant dans sa main, qui ne lui laisse pas le temps de s’engourdir, qui est toujours prêt à recommencer la création, à la retoucher, à secouer son monde.

1293. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Vuillart nous montre ce petit péché d’épigramme entièrement oublié et le Boileau des dernières années dans la stabilité complète de sa religion et de sa droiture.

1294. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

La gravure qui est en tête et qui représente le poète mourant couché dans un lit à longs rideaux, entouré de ses amis vêtus encore à la mode de 1811, et lui-même, dans cette chambre à coucher d’un ameublement moderne, tenant à la main sa lyre, — une vraie lyre (barbiton) ; — la vignette du titre où une femme, une muse en costume d’Empire, apprend l’art de pincer du luth à un petit Amour à la Prudhon ; les bouts-rimés et les quatrains qui s’entremêlent dans le volume aux pièces sérieuses, tout cela retarde et montre que le nouveau goût qui va naître et qui signalera proprement l’ère de la Restauration n’en est encore qu’à de vagues et craintifs essais.

1295. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Jomini eut de bonne heure cela de particulier d’être organisé pour concevoir et deviner les plans militaires de Napoléon ; on aurait dit que, par une sorte d’harmonie préétablie, sa montre avait été réglée sur celle du grand capitaine, dont il devait être le meilleur commentateur, le critique le plus perspicace et dont il semble, en vérité, qu’il aurait pu être le chef d’état-major accompli ; mais, pour un tel office, j’oublie qu’il joignait à ses qualités un défaut incompatible et incurable : c’était d’avoir en toute occurrence son avis, à lui, et de raisonner.

1296. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Vous voyez, messieurs (l’ouvrage est sous forme de discours), par le seul énoncé, que cette partie des devoirs académiques est diminuée considérablement, vos décrets ne laissant plus en France que des citoyens. » — Le monde me fait parfois l’effet d’une très-bonne montre ; on fait tout pour la gâter et la déranger ; mais, pour peu qu’on la laisse quelque temps dormir tranquille, elle revient d’elle-même au bon point.

1297. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Il nous y montre la vierge au départ du chevalier, Priant tout haut qu’il revienne vainqueur, Priant tout bas qu’il revienne fidèle161.

1298. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

La confiance d’un lien intime en a plus appris sur la nature morale, que tous les traités et tous les systèmes qui peignaient l’homme tel qu’il se montre à l’homme, et non tel qu’il est réellement.

1299. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Cependant une reine d’esprit naturel, dérivée de Marot, mais qui s’est teinte de fine émotion en traversant le domaine de Ronsard, circule encore dans la poésie : Passerat mêle la malice gauloise à la grâce sentimentale, et revêt le simple naturel des formes achevées de la poésie érudite ; dans son très petit domaine, il montre ce que peut le bon sens bourgeois appuyé sur la culture antique203.

1300. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Et le même Chapelain, dans ses lettres intimes qui nous découvrent sa véritable pensée, se montre essentiellement classique par toutes les préférences et par la direction générale de son esprit.

1301. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Il nous fait suivre la genèse naturelle des idées, le développement parallèle des signes, et nous montre dans le langage « un merveilleux instrument d’analyse », qui, par ses termes abstraits où se rassemblent des collections d’idées, par son mécanisme où s’expriment des séries de rapports, facilite de plus en plus la tâche de l’esprit536.

1302. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle dispute finement sur la différence du bon goût de la société et du bon goût de la littérature : elle montre que l’un est essentiellement négatif, et que l’autre est funeste, s’il ne contient un élément positif ; elle affranchit ainsi tout à fait l’art littéraire des convenances mondaines.

1303. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Mais rien aussi ne nous montre mieux à quel point la critique littéraire peut être une chose exquise et comme elle peut égaler en intérêt et quelquefois dépasser les œuvres mêmes sur lesquelles elle s’exerce.

1304. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Déjà le futur bourreau du petit Jack montre, dans le Credo de l’Amour, sa grosse moustache, son œil bleu et dur et sa face de mousquetaire malade.

1305. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Mais aujourd’hui elle se montre plus hardie : M. 

1306. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Toute son œuvre le montre trop faible de talent et d’esprit pour se hausser à un tel machiavélisme : je crois qu’il prenait de bonne foi ses héros pour des artistes, sur nature et dans son livre, et qu’il pensait leurs déclamations de brasserie et de mansarde.

1307. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Le théâtre italien de l’Hôtel de Bourgogne montre un goût tout particulier pour la peinture des coutumes locales : il donne des pièces sur les Promenades de Paris58, sur les Bains de la Porte Saint-Bernard59.

1308. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Cette grande loi de notre nature nous montre immédiatement de quelle manière notre idée du futur est produite.

1309. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Marie-Joseph Chénier a tracé la poétique de ces écrivains modérés et accomplis dans ces vers ou il se montre leur heureux disciple : C’est le bon sens, la raison qui fait tout, Vertu, génie, esprit, talent et goût.

1310. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Dargaud parle d’un autre portrait où « un rayon de soleil éclaire, dit-il assez singulièrement, des boucles de cheveux vivants et électriques dans la lumière. » Mais Walter Scott, réputé le plus exact des romanciers historiques, nous peignant Marie Stuart prisonnière dans le château de Loch Leven, nous montre, comme s’il les avait vues, les tresses épaisses d’un brun foncé (dark brown) qui s’échappaient à un certain moment de dessous le bonnet de la reine.

1311. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Elle s’y montre très frappée de la dignité de sa mère qui, aux paroles de diverse sorte qu’on adressait aux nobles captifs, n’opposait le plus souvent que le silence : Ma mère, comme à l’ordinaire, ne dit mot, écrit Madame à propos d’une nouvelle insultante qu’on leur annonçait, et elle n’eut pas même l’air d’entendre ; souvent son calme si méprisant et son maintien si digne en imposèrent : c’était rarement à elle qu’on osait adresser la parole.

1312. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

L’homme d’ailleurs se montre toujours, et il y a même des moments où l’on entrevoit le peintre.

1313. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Or on sait que l’esprit, le moi de tout homme, est constitué, comme le montre notamment M. 

1314. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Et sans comprendre la dégradation que la souffrance inflige aux misérables et qui supprime ironiquement ainsi la classe des infortunés digues de commisération, — songeant à la fois à un dehors qu’il a seul aperçu et à une âme qu’il imagine, il montre en Sonia souillée, simple et calme en sa religion, l’extrême cruauté du contraste cuire le viol de toute sa chair et les pimpances de toilette auxquelles l’astreint ce supplice lucratif.

1315. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Il met en cause mes œuvres ; qu’il montre les siennes.

1316. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

La théocratie des Juifs nous montre donc comment se fait l’élection des races royales.

1317. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Je défie qu’on me montre dans Mme Sand une seule de ces grandes images qu’on n’a pas vues encore.

1318. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Ce passage subit à un ton si différent montre que l’orateur est dans son naturel, qu’il a trouvé son genre, et que son sujet est d’accord avec son talent.

1319. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Il ne montre pas ce qui lui manque ; il ne l’oppose pas à celle des siècles qui précèdent ou qui suivent ; il la met sur le trône, prosterne devant elle le dix-huitième siècle, et pour toute définition nous dit : « Adorez. » Et cependant tout ne mérite pas d’y être adoré.

1320. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Arrivé au bon manuscrit, il montre par des raisons logiques que toutes ses parties se tiennent, qu’elles forment un cours complet de dialectique, que des ressemblances de style et diverses autres probabilités indiquent que cette dialectique est celle d’Abailard, citée dans la Théologie chrétienne par Abailard lui-même.

1321. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Il lui montre un puits scellé des sept sceaux. […] Il y chante ses gentilles capacités de buveur, et le montre devant sa tasse du matin au soir ; puis redoublant, sous la canicule, ses libations en l’honneur de Bacchus. […] Pourtant Rabelais ne montre pas tellement figure de sectaire. […] Lorsqu’il parle de nos chefs-d’œuvre du xviie  siècle, il se montre aussi prévenu que balourd. […] *** Euripide, après le récit du Messager, montre sur le théâtre Hippolyte expirant.

1322. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

L’expérience nous montre que, quand on est trop sage à vingt ans, on est généralement assez fou à soixante. […] L’expérience nous montre pareillement que les historiens deviennent de médiocres politiques. […] Il faut que l’orateur fasse figure d’homme habile, expérimenté, et qu’il ne se montre jamais à l’état d’apprenti, d’étranger, d’étudiant. […] Il existe bien des hommes chez qui la faculté dominante de leur caractère, refoulée par les circonstances de la vie, ou par leur volonté, n’apparaît que peu ou point dans leurs actions, dans leurs œuvres et aussi, comme le montre Freud, dans leur conscience. […] Et l’expérience nous montre que cette sympathie, cette création sont capables de trois formes : sympathie avec un artiste, sympathie avec une œuvre, sympathie avec un courant.

1323. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Burrhus nous offre le modèle de la véritable vertu qui sait en imposer au vice et se faire honorer dans la cour même la plus corrompue ; Agrippine nous retrace les folies et les malheurs de l’ambition ; Narcisse nous montre comment de vils flatteurs aplanissent aux princes la route du crime ; on frémit envoyant le sort du monde entre les mains d’un jeune homme dont l’éducation a d’abord comprimé les mauvaises inclinations, mais qui, séduit par le pouvoir suprême, commence à secouer le joug de ses instituteurs pour se livrer à des scélérats. […] Bajazet, avec moins de fureur, d’étalage et de fracas, montre bien plus de véritable grandeur ; il ne veut pas devoir le trône et la vie à un lâche mensonge. […] Cette belle ouverture d’Iphigénie est à Euripide tout entière : Racine même l’a beaucoup affaiblie par égard pour notre délicatesse ; car Euripide, avant de faire parler Agamemnon, nous le montre, dans sa tente, livré au trouble le plus affreux, commençant une lettre, la déchirant, bientôt arrosant de ses larmes le fatal écrit, etc. […] L’histoire des Juifs, d’ailleurs très authentique, a cela de commun avec l’épopée, que tout s’y fait par le ministère de Dieu : le ciel y entretient un commerce continuel avec la terre ; Dieu s’y montre, il y parle ; il a ses messagers, ses anges, ses ambassadeurs. […] Après Raisin, Quinault s’y distingua ; ensuite Montménil, Lanoue ; Monvel, dans ces derniers temps, l’a beaucoup fait valoir ; enfin Fleury l’a choisi, et s’y montre digne de ses devanciers : son masque est très bon ; son débit a beaucoup de finesse, de vérité, de noblesse ; un peu plus de naïveté ne nuirait pas : il serait peut-être plus plaisant s’il laissait plus apercevoir la manie du bon Ésope, qui semble avoir plus de plaisir à réciter ses fables qu’on n’en a à les écouter.

1324. (1881) Le roman expérimental

Le premier est Satan, comme dit Victor Hugo ; quant au second, malgré son respect chevaleresque de la femme, il montre une moralité douteuse. […] Des deux côtés, on montre la machine humaine en travail, pas davantage. […] D’ailleurs, Jeoffrin est admirablement posé ; l’analyse du romancier nous le montre tel qu’il doit être le meurtre n’est chez lui qu’un développement naturel. […] Pourquoi ne nous montre-t-il pas menant la même besogne dans tous les milieux, dans toutes les classes à la fois ? […] Voilà la vérité, un drame vrai montre brusquement au grand jour le vrai mécanisme de la vie.

1325. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

La réponse négative que vous y avez faite et le motif qui vous l’a inspirée sont, comme tout ce que vous faites, marqués au coin de la sagesse et de la vertu ; mais je vous avoue, mon aimable voisine, que les jugements que vous portez sur la conduite de la personne (Margency) me paraissent bien sévères ; et je ne puis vous dissimuler que, sachant combien sincèrement il vous était attaché, loin de voir dans son éloignement un signe de tiédeur, j’y ai bien plutôt vu des scrupules d’un cœur qui croit avoir à se défier de lui-même ; et le genre de vie qu’il choisit à sa retraite montre assez ce qui l’y a déterminé. […] Du moins elle lui resta inviolablement fidèle et attachée ; la dernière lettre qu’on ait d’elle, à la date du 24 août 1771, nous la montre n’ayant rien perdu de son enthousiasme ni de sa sensibilité : « Je voudrais pouvoir vous donner des preuves de tous ces sentiments, mais je connais si bien les vôtres que, pour vous servir à votre mode, je m’en tiens à vous être inutile… Mais non, j’ose croire que je ne suis pas inutile à votre bonheur : le premier, le seul pour un cœur tel que le vôtre, c’est de savoir qu’il en existe un bien vrai, bien sensible, sur lequel vous pouvez compter à la vie et à la mort ; et vous savez en moi ce cœur. » Elle lui adresse cette dernière lettre d’une terre où elle est, en Brenne, au sortir d’une maladie qui paraît avoir été assez grave : « Actuellement, lui dit-elle en finissant, je suis en pleine convalescence et je n’ai plus que des forces à reprendre.

1326. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

En conséquence, il détermine l’idéal de la comédie, et montre que Molière n’est pas comique, il détermine l’idée de la poésie, et fait voir que Molière n’est pas poète. […] Uranie leur dira-t-elle : Vous êtes des aveugles qui me priez de vous montrer le soleil ; allez-vous faire ouvrir les yeux, et vous n’aurez pas besoin que je vous le montre ?

1327. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Il y a très peu de cas où l’expérience nous montre ces sortes de couples. […] Notre expérience tout entière nous montre la force de la tendance qui nous porte à prendre des abstractions mentales, même négatives, pour des réalités substantielles ; et les possibilités permanentes de sensation que l’expérience garantit sont, par plusieurs de leurs propriétés, si extrêmement différentes des sensations actuelles, que, puisque nous sommes capables d’imaginer quelque chose qui dépasse la sensation, il y a une grande probabilité naturelle pour que nous supposions qu’elles sont ce quelque chose.

1328. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Il n’a pas eu le temps de raffiner, de ciseler et d’enluminer sa pensée ; il la montre toute nue. […] Les fenêtres sont fermées ; une lumière çà et là perce à travers un volet mal clos et montre un dahlia mort sur le rebord d’une croisée.

1329. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Il est déjà vêtu de sa capote de laine de pêcheur ; d’une main il s’appuie sur le trident et le harpon, instruments de pêche ; de l’autre il montre, par un geste inquiet, le nuage qui plombe dans le lointain sur la mer ; il sonde l’horizon d’un regard plein de pressentiments. […] Il dit que le coup de vent est là-bas sous ce nuage lointain, qu’il montre du geste à l’équipage, et qu’il faut s’attendre à de rudes lames en pleine mer. — Que disent les deux têtes de ces deux petits enfants sous leur capuchon ?

1330. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Il veut que la réaction de la France contre la France vienne d’elle-même, de la France ; et en cela il se montre à la hauteur des pensées d’en haut. […] Si je suis appelé, j’ai peine à croire que le voyage ne produira pas quelque chose de bon, plus ou moins. » Savary montre, dans cette entrevue, la rudesse, mais le bon sens d’un soldat.

1331. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Par la paix avec l’Autriche, il fixe ses victoires en les bornant, il annexe une partie de l’Italie, le Piémont, la Savoie, la Lombardie à la France ; il montre en lui à sa patrie fatiguée de guerres une ère de paix républicaine, un Washington de vingt-sept ans, maître de lui, plus fort de modération que d’élan, plus glorieux que sa gloire ! […] La correspondance diplomatique récemment publiée du comte de Maistre nous montre ses efforts obstinés et naturels alors pour ameuter la Russie, l’Angleterre et l’Autriche contre la France.

1332. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Il est rare que le génie soit isolé dans une famille ; il y montre presque toujours des germes avant d’y faire éclore un fruit consommé. […] Osera-t-on la révoquer en doute parce qu’elle échappe à nos sens et qu’elle ne se montre pas à nos regards ?

1333. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Montre-moi donc la cité. […] Virgile, qui lui doit sa plus touchante inspiration, après nous avoir attendris au récit de l’amour unique et fidèle d’Orphée, nous le montre dans cette autre vie que son génie religieux et poétique révéla, et le place au premier rang des âmes sages et heureuses qui ont emporté sur les rives, éternellement paisibles, de l’Élysée, les bénédictions de la terre.

1334. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Le 1er janvier, j’en entendis un en pleine voix, dans le jardin de mon ami, qui me dit qu’il ne se montre pas régulièrement chaque hiver dans ces contrées, et qu’on n’est sûr de l’y rencontrer que durant les saisons extrêmement rigoureuses. […] Il faisait sombre encore, de sorte que je pouvais à peine distinguer l’heure à ma montre ; mais j’estime qu’elles mirent à sortir ainsi trente minutes et plus.

1335. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

L’humanité ayant à sa disposition des forces infinies ne s’en montre pas économe. […] L’histoire de l’esprit humain nous montre toutes les idées naissant hors la loi et grandissant subrepticement.

1336. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Elle se montre dans les cantates, les oratorios, les chansons, soit qu’elles ressemblent à une sonnerie de clairon, comme le Chant du départ, soit qu’elles s’élèvent jusqu’à l’ode, soit qu’elles s’attendrissent en romances, soit qu’elles dégénèrent en chansonnettes de café-concert ou se transforment en lamentations, comme celles que le poète Rollinat exhalait dans les salons en s’accompagnant d’un violon plaintif. […] Ces raffinés ont laissé des traces de leur passage dans certaines particularités de langage ; ils ont parfois modifié la prononciation usuelle ; ainsi les courtisans du xvie  siècle se plaisaient à mettre une s là où le commun des mortels mettait une r ; ils disaient un pazoquet pour un perroquet ; une chaise pour une chaire, et, comme le montre ce dernier exemple, nous parlons encore à leur manière sans nous en douter.

1337. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

L’histoire nous montre que l’influence d’un grand homme est souvent plus bienfaisante dans un pays voisin, et même ennemi, que dans sa propre patrie. […] Chamberlain, surtout ses études sur Tristan : c’est là que l’esprit même de l’œuvre ce Wagner est condensé, qu’on nous le montre artiste, et non point préoccupé de systèmes, — toute théorie amoindrissant l’essor d’un génie si universel en ses conceptions, si ardent en ce qu’il réalisa d’elles.

1338. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Les anecdotes trop peu connues l’effarouchent, les documents vierges l’effrayent : une histoire, comme nous la comprenons du xviiie  siècle, développée à travers une longue série de lettres autographes et de pièces inédites servant à mettre en montre tous les côtés du siècle : une histoire, neuve, originale, sortant de la forme générale des histoires ordinaires, ne nous rapportera pas le vingtième d’une grosse compilation, où nous aurons à patauger des pages entières dans du connu et du ressassé. […] Et il nous montre la grandeur sur l’ongle de son pouce.

1339. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Il nous montre une tête de La Tour achetée, un sou, à un étalage par terre, et nous parle avec désespoir d’une esquisse de Watteau, donnée de la main à la main, à l’ami Saint pour lui faire plaisir, vendue depuis, 25 000 francs en Angleterre. […] Elle avait mis un corsage décolleté, au décolletage qui montre le tendre entre-deux des seins.

1340. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il cita les anciens rhéteurs, & fit, autant qu’il put, montre d’érudition grecque. […] le génie ne s’y montre presque nulle part : elle est uniquement l’ouvrage du travail : point de feu, point de poësie.

1341. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

La préface des Feuilles d’Automne, publiée en 1831, le montre hésitant, il avait noué des relations avec de jeunes et ardents républicains qui, pour l’attirer, le flattaient : ainsi la Biographie des contemporains de Rabbe, dit que « Hugo avait chanté les trois jours dans les plus beaux vers qu’ils avaient inspirés ». […] Les personnes qui s’arrêtent aux apparences, l’accuseront d’avoir varié, parce que tour à tour il fut bonapartiste, légitimiste, orléaniste, républicain ; mais une étude un peu attentive montre au contraire que sous tous ces régimes, il n’a jamais modifié sa conduite, que toujours, sans se laisser détourner par les avènements et les renversements de gouvernement, il poursuivit un seul objet, son intérêt personnel, que toujours il resta hugoïste, ce qui est pire qu’égoïste, disait cet impitoyable railleur de Heine, que Victor Hugo, incapable d’apprécier le génie, ne put jamais sentir.

1342. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

« Il arrête leur cours et montre leur profondeur à la lumière. […] « Est-ce toi qui depuis tes jours commandes à l’étoile du matin, qui montres à l’aurore le lieu où elle se lève ?

1343. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Et tous, comme ouvriers que l’on met à la tâche,         Fouillent ces flancs à plein museau, Et de l’ongle et des dents travaillent sans relâche,         Car chacun en veut un morceau ; Car il faut au chenil que chacun d’eux revienne         Avec un os demi rongé, Et que, trouvant au seuil son orgueilleuse chienne,         Jalouse et le poil allongé, Il lui montre sa gueule encor rouge, et qui grogne,         Son os dans les dents arrêté, Et lui crie, en jetant son quartier de charogne :         « Voici ma part de royauté !  […] XXV Sa correspondance, surtout celle qu’il entretenait avec Racine, son collègue en historiographie du règne, et avec Brossette, son ami et son éditeur, montre en lui l’homme tout à fait conforme au poète.

1344. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Ozanam, dans un long et savant volume, suit pas à pas le Dante dans sa théologie, dans son astronomie, dans sa science scolastique, et montre partout la concordance allégorique de la foi du Dante, de la science du temps et de l’invention surnaturelle du poète. […] Si l’homme, d’après les philosophes, est un abrégé de l’univers, il ne se montre jamais si puissant que lorsqu’il maîtrise cet univers intérieur, ce tumulte orageux de sentiments et de pensées qu’il porte en lui.

1345. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

« Ici le temps se montre à nous sous un rapport nouveau ; la moindre de ses fractions devient un tout complet, qui comprend tout, et dans lequel toutes choses se modifient, depuis la mort d’un insecte jusqu’à la naissance d’un monde : chaque minute est en soi une petite éternité. […] Cette triple splendeur est peut-être ce que la nature a de plus beau ; car, en nous donnant l’idée de la perpétuelle magnificence et de la toute-puissance de Dieu, elle nous montre aussi une image éclatante de sa glorieuse Trinité.

1346. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Pourquoi recourir à une hypothèse métaphysique, si ingénieuse soit-elle, sur la nature de l’espace, du temps et du mouvement, alors que l’intuition immédiate nous montre le mouvement dans la durée, et la durée en dehors de l’espace ? […] Que si maintenant quelque romancier hardi, déchirant la toile habilement tissée de notre moi conventionnel, nous montre sous cette logique apparente une absurdité fondamentale, sous cette juxtaposition d’états simples une pénétration infinie de mille impressions diverses qui ont déjà cessé d’être au moment où on les nomme, nous le louons de nous avoir mieux connus que nous ne nous connaissions nous-mêmes.

1347. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Massillon, dès ce temps-là, montre que, sans avoir vu les Childe-Harold et les René, et tant d’autres illustres dégoûtés à leur suite, il en savait sur leur mal aussi long que personne, et qu’il en avait appris le secret de Job et de Salomon, sinon de lui-même.

1348. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Il est bien vrai qu’il réserve toutes ses sympathies et ses couleurs pour les hautes prouesses et les nobles entreprises d’armes, et ceux qui les font ; il est bien vrai que dans la répression de la Jacquerie, par exemple, et après le tableau des horreurs auxquelles elle s’est livrée, il se réjouit des représailles et de la vengeance qu’en tirent partout les seigneurs, et qu’il nous montre à plaisir les chevaliers qui, en fin de compte, ont raison par le glaive de tous « ces vilains, noirs et petits, et très mal armés ».

1349. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Lassay nous fait bien connaître le caractère des généraux, les tâtonnements et les fautes, les qualités et les différences de tactique des deux armées ; enfin son récit a de la netteté et montre du jugement.

1350. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Elle se moque d’une de ces critiques qui porte à la fois sur la conduite d’Hélénus, d’Hector et de Diomède, qu’Homère donne pour sages et qui, au moment même, se seraient emportés comme des imprudents : « Voilà un beau coup de filet pour M. de La Motte, dit-elle assez gaiement, d’avoir pris en faute trois héros d’Homère tout à la fois. » Quand elle en vient au travestissement en vers qu’il a donné de l’Iliade, elle en fait ressortir tout le chétif et l’indignité ; elle montre très bien, par exemple, que les obsèques d’Hector, exposé sur un lit dans la cour du palais, avec l’entourage lugubre des chanteurs et les gémissements de tout un peuple de femmes qui y répondent, sont devenues chez M. de La Motte quelque chose de sec et de convenu : « On croit voir, dit-elle, un enterrement à sa paroisse. » Mais ces traits d’esprit, que Mme Dacier oppose à ceux de l’adversaire, se mêlent trop d’images, de comparaisons et de citations qui juraient avec le goût moderne.

1351. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Il le montre lorsqu’il en vient aux oiseaux, obligé d’entrer décidément dans les voies de la méthode, à laquelle il avait résisté tant qu’il avait pu.

1352. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Après avoir conseillé surtout l’étude de la botanique, comme propre à calmer l’âme et à lui ouvrir une source d’aimables et faciles jouissances, il montre le promeneur fatigué rentrant plus riche le soir dans sa pauvre chambre : « Oh !

1353. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Nicolas Cornet, les questions de la grâce et du libre arbitre qui agitaient alors l’Église sous les noms de jansénisme et de molinisme sont admirablement définies, et Bossuet, par la manière libre dont il les expose, montre à quel point il est dégagé des partis et combien il plane.

1354. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Elle nous le montre aussi au naturel dans sa conversation et dans sa personne : « On aurait dit que l’âge accroissait encore le feu de ses discours et de ses regards ; et jusqu’à ses derniers moments, ses proportions légères, son tempérament sec, la vivacité de ses mouvements, ont rappelé le peintre des montagnes. » En ce qui était des hommes, des personnages en scène, il les jugeait bien et les marquait en les jugeant ; sa conversation était gaie, piquante ; il avait de ces mots qui restent, du caustique, le trait prompt et continuel4.

1355. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Quelques-uns de ces caractères ne laissent pas d’étonner au premier abord : en effet Charron s’y montre plus sceptique dans l’exposé de certaines vérités naturelles qu’on ne s’y attendrait d’après son rôle public de théologien, et il nous est possible, sans trop de difficulté, de retrouver le lien qui unit ses ouvrages de religion et d’apologétique à celui qu’il composera bientôt à un point de vue tout philosophique, comme disciple de Montaigne, et sous le titre humain De la Sagesse.

1356. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Le mouvement de l’amour-propre nous est si naturel, que le plus souvent nous ne le sentons pas, et que nous croyons agir par d’autres principes. » La Rochefoucauld, de même, a dit avec plus de grandeur : « L’orgueil, comme lassé de ses artifices et de ses différentes métamorphoses, après avoir joué tout seul tous les personnages de la comédie humaine, se montre avec un visage naturel, et se découvre par sa fierté ; de sorte qu’à proprement parler, la fierté est l’éclat et la déclaration de l’orgueil. » Un des hommes qui ont le mieux connu les hommes et qui ont su le mieux démêler leur fibre secrète pour les gouverner, Napoléon, a fait un jour de La Rochefoucauld un vif et effrayant commentaire.

1357. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

» Ce distique lui valut une montre de cent cinquante francs.

1358. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Après la perte de la bataille de Kolin (le 18 juin), il se montre disposé à laisser agir dans ses intérêts cette sœur au courage viril, qui ne saurait rien lui conseiller que de digne.

1359. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Léon Dupuis, qui à table se prend particulièrement de conversation avec Mme Bovary, et à l’instant, dans un dialogue très bien mené, très naturel, et foncièrement ironique, l’auteur nous les montre allant au-devant l’un de l’autre par leurs côtés faux, leur goût de poésie vague, de romanesque, de romantique, tout cela servant de prétexte à la diablerie cachée ; ce n’est qu’un commencement, mais il y a de quoi déconcerter ceux qui croient à la poésie du cœur et qui ont pratiqué l’élégie sentimentale ; évidemment leurs procédés sont connus et imités et parodiés : c’est à dégoûter des dialogues d’amour pris au sérieux.

1360. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Ce que vous m’écrivez même de la sédition qui a failli plusieurs fois s’exciter à Angers est une preuve du bien que causait le seul nom et la seule autorité de cet incomparable ministre… Dix-huit mois environ après que cette lettre était écrite, le cardinal Mazarin, que d’Ormesson nous montre, la première fois qu’il le voit au conseil, « grand, de bonne mine, bel homme, le poil châtain, un œil vif et d’esprit, avec un grande douceur dans le visage », avait si bien fait son chemin et assuré son crédit auprès de la reine, qu’il avait la Cour à ses pieds. « Les pièces de médisance commençaient à courir (décembre 1644), et l’on se plaignait du gouvernement : on regrettait celui du cardinal de Richelieu.

1361. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Rigault répond aux uns et aux autres : il montre qu’on ne touche pas dans les classes à l’épicurisme d’Horace sans y mettre le correctif moral, et qu’on ne se rencontre pas face à face avec les Gracques sans avertir du danger des lois agraires : « On semble se persuader, dit-il, que nous n’admirons l’Antiquité qu’en ne la jugeant pas, et qu’à peine nous mettons le pied sur les ruines de Rome, nos habits deviennent des tuniques.

1362. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

L’Académie, aujourd’hui, se montre plus soucieuse, au moins pour ceux de ses membres qui sont en odeur de sainteté.

1363. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Je l’aime mieux, je l’avoue, dans ses retours de douceur que dans sa note la plus aiguë et la plus stridente ; je l’aime mieux quand il se montre à nous ému, ou même saignant, qu’ulcéré.

1364. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Un critique pur est entièrement à la merci de son examen, du moment qu’il y a apporté toutes les conditions d’exactitude et toutes les précautions nécessaires ; il trouve ce qu’il trouve, et il le dit tout net : le chimiste nous montre le résultat de son expérience, il n’y peut rien changer : Letronne, dans sesleçons, appliquait son esprit d’analyse à une question archéologique, biblique quand il avait bien prouvé l’impossibilité de telle ou telle solution qu’il combattait, quand il avait mis l’opinion de son adversaire en pièces et en morceaux, — en tout petits morceaux comme avec un canif, — il n’en demandait pas davantage, il se frottait les mains d’aise et il s’en allait content.

1365. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Le Béarnais a l’esprit léger, et l’on peut dire qu’avec la même ; facilité, que la reine Jeanne les avait pervertis, ils sont revenus à la religion, de leurs pères. » Il y a des assemblées de gentilshommes, des villes entières qui demandent le temps de la réflexion, un répit d’une quinzaine, d’une huitaine de jours ; Foucault le leur refuse et les fait capituler à heure dite, montre en main : « La ville d’Orthez a été la dernière à se convertir.

1366. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Quinet sur la philosophie de l’histoire et sur la formation de l’unité française en particulier, il est à la hauteur de la question ; et toutes les fois qu’il lui arrive ainsi de relever le gant, dans un sens ou dans un autre, il se montre de force à la réplique.

1367. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Ce point obtenu, il se montre coulant avec lui sur les indemnités et les éloges, il ne marchande pas ;  pourvu qu’il défasse le Dieu, ce lui est égal de surfaire l’homme.

1368. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

J’y trouve, heureusement rappelée par lui, une anecdote d’un beau caractère, et qui montre une fois de plus combien ces hommes d’État de la Grande-Bretagne sont la plupart imbus d’une forte et indélébile éducation classique.

1369. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Ce seul petit exemple nous montre que les restitutions de textes ont souvent besoin de discussion et de leur preuve à l’appui ; et l’on entrevoit dès lors l’infini de tout ce minutieux détail de révision et de commentaire.

1370. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Dans l’Antiquité, les peuples, tels que la poésie ou l’histoire nous les montre, les peuples des différentes cités et des petits États, dans leurs mouvements impétueux et leurs révolutions, se décidaient d’eux-mêmes au gré de leurs passions, et, à défaut de presse, par la voix de leurs orateurs ; ou bien, quand l’oracle avait parlé, aveuglément superstitieux qu’ils étaient, ils lui obéissaient en aveugles.

1371. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Enfin l’étincelle même du génie en ce qu’elle a d’essentiel, il ne l’a pas atteinte, et il ne nous la montre pas dans son analyse ; il n’a fait que nous étaler et nous déduire brin à brin, fibre à fibre, cellule par cellule, l’étoffe, l’organisme, le parenchyme (comme vous voudrez l’appeler) dans lequel cette âme, cette vie, cette étincelle, une fois qu’elle y est entrée, se joue, se diversifie librement (ou comme librement) et triomphe. — N’ai-je pas bien rendu l’objection, et reconnaissez-vous là l’argument des plus sages adversaires ?

1372. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Un second discours ou sermon « sur la vocation à la liberté et sur les obligations qu’elle impose », prononcé à Montauban le dimanche 9 octobre 1791, jour où la Constitution y fut proclamée, un vrai sermon encore, commençant par Mes frères, et finissant par Amen, nous le montre également dans l’exercice de son ministère pastoral ; et il serait difficile de deviner, en le lisant, ce qui devait éclater le lendemain, ce qui s’était déjà passé la veille.

1373. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Il nous le montre, vers la fin, devenu si défiant qu’on pouvait fort douter s’il croyait encore à la probité : ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il regardait les personnes vertueuses comme peu capables, et s’il fallait s’en remettre à quelqu’un, c’étaient les plus malhonnêtes sans hésitation, et les plus signalés au mépris, qu’il employait de préférence et sans réserve : l’excès de défiance l’avait mené ainsi, de degrés en degrés, à son contraire : « Cette défiance, ajoute Le Roy en terminant, justifiée malheureusement par un grand nombre de faits, avait donné dans les derniers temps de l’immoralité à son caractère et mis le comble à son apathie ; elle avait surtout fait des progrès rapides, depuis qu’on avait attenté à sa vie.

1374. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

si la personne atteinte d’un mal lent et mortel lui est particulièrement chère, il suit la mort dans ses progrès, il la voit venir à coup sûr, fatale, irrémédiable ; il sait le néant des illusions, des espérances ; il ne manque cependant à aucun des soins, à aucune des sollicitudes, tout en sachant et en se prédisant presque à heure fixe, et montre en main, le terme funèbre que tous ses soins ne reculeront pas.

1375. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

On dira que Mirabeau, il est vrai, était payé pour ne pas se fier à la justice des pères et pour compter sur leur tyrannie et leur délire ; mais où est-il ailleurs ce modèle de père de famille que l’antique Rome connaissait et subissait avec crainte, et jusqu’à la hache inclusivement ; que l’état patriarcal nous montre de loin dans sa candeur et sa blancheur plusieurs fois séculaire ; que la vénération du Moyen-Age avait retrouvé peut-être ; où est-il présentement, dans la familiarité et dans la facilité de nos mœurs, dans la promiscuité de nos habitudes ?

1376. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Au reste, ces pages de M. de La Mennais sont merveilleuses de jeunesse d’imagination, de transparence de couleur et, par moments, de philosophique tristesse : « D’Antibes à Gênes, la route côtoie presque toujours la mer, au sein de laquelle ses bords charmants découpent leurs formes sinueuses et variées, comme nos vies d’un instant dessinent leurs fragiles contours dans la durée immense, éternelle. » Et plus loin, en Toscane, il nous montre çà et là, « à demi caché sous des ronces et des herbes sèches, le squelette de quelque village, semblable à un mort que ses compagnons, dans leur fuite, n’auraient pu achever d’ensevelir. » Mais à peine avons-nous le pied dans les États romains, quelques prisonniers conduits par les sbires du pape, comme il dit, font contraste avec cette simplicité naïve de foi que l’auteur s’attribue encore par oubli, ou qui du moins ne devait pas tarder à s’évanouir.

1377. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Dans les Coéphores d’Eschyle, qui sont le même sujet, le chœur se montre plus excitant.

1378. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

J’excepte les premiers livres, dans lesquels il montre plus de timidité, se tient davantage à son petit récit, et n’est pas encore tout à fait à l’aise dans cette forme qui s’adaptait moins immédiatement à son esprit que l’élégie ou le conte.

1379. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Sa fameuse Macette, qui est la petite-fille de Patelin et l’aïeule de Tartufe, montre jusqu’où le génie de Regnier eût pu atteindre sans sa fin prématurée.

1380. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

On ne voit donc, dans la première époque de leur littérature, aucun ouvrage qui montre une profonde connaissance du cœur humain, qui peigne ni le secret des caractères, ni les diversités sans nombre de la nature morale.

1381. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Rousseau fait place à la nature pour elle-même : là il montre en face de l’homme, autour de l’homme, douce ou triste à ses sens ; il en fait le cadre et l’accompagnement des souffrances et des joies humaines, qui y ressortiront plus puissantes.

1382. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Cela montre seulement avec quelle douce inflexibilité cet homme savait pratiquer le respect de sa pensée.

1383. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Pierre Loti nous montre cette fois les aspects méchants de la terre.

1384. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Nous avons bien pour nos poids et mesures un étalon indépendant auquel on peut les comparer ; pour régler nos montres nous avons nos observations astronomiques, et c’est l’Observatoire de Greenwich qui est notre régulateur ; mais, en morale, il n’y a pas de critérium réel de cette espèce.

1385. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

On y pourrait joindre tout de suite L’Enlèvement d’une redoute, de Mérimée, qui montre aussi la gloire militaire par son revers sombre.

1386. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Pariset nous montre Pinel qui, en professant, « disposait malaisément de ses idées, qui les détachait péniblement et par efforts saccadés, comme pour en vaincre la cohérence et les déprendre l’une de l’autre ».

1387. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Lisons donc du pur Louis XIV, ou mieux écoutons le grand roi causer et raconter : langue excellente, tour net, exact et parfait, termes propres, bon goût suprême pour tout ce qui est extérieur et de montre, pour tout ce qui tient à la représentation royale.

1388. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Cette Convention, ainsi décapitée et privée des chefs qui faisaient sa terreur et sa force, n’est pourtant pas à mépriser ; Mallet du Pan n’a garde de s’y méprendre, et, en général, il pense que « c’est un mauvais conseil que le mépris de son ennemi. » — « Individuellement, dit-il, la Convention est composée de pygmées ; mais ces pygmées, toute les fois qu’ils agissent en masse, ont la force d’Hercule, — celle de la fièvre ardente. » Quant au peuple, au public en France, à la masse de la population, Mallet la connaît bien ; il ne lui prête ni ne lui ôte rien quand il la montre, au sortir du 9 Thermidor, n’ayant qu’un désir et qu’une passion, le repos et la paix, avec ou sans monarchie, et plutôt sans monarchie s’il est possible : Celle-ci (c’est-à-dire la monarchie), écrit-il à l’abbé de Pradt le 1er novembre 1794, n’a encore que des partisans timides.

1389. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Cet ensemble d’anecdotes sur la jeunesse de Patru nous le montre bien, dans la vérité primitive de son caractère, aimable, je le répète, liant et séduisant, un garçon d’esprit et de plaisir, honnête homme au milieu de ses distractions gauloises, désintéressé, déjà mal à l’aise et se méfiant de la fortune, ne se sentant pas assez de force pour la maîtriser et pour épouser courageusement la femme qu’il aime, du moment qu’elle devient veuve et qu’elle est libre.

1390. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Nous savons presque par cœur ces lettres charmantes qui ouvrent le recueil de toutes celles de Mme de Sévigné, et où elle nous montre si vivement son enjouement d’esprit jusque dans les plus grandes angoisses de son cœur.

1391. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Une brochure de lui publiée en 1833 (Extrait du dossier d’un prévenu, etc.) nous le montre, dans un travail pénible et embarrassé, essayant de maintenir une sorte d’union et de transaction entre les violents et les modérés du parti, de couvrir les dissidences profondes de doctrines, et, à cet effet, on le voit épuiser un art infini autour de cet odieux Robespierre, que les fanatiques mettaient toujours en avant.

1392. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

C’est lui qui est l’ambitieux, c’est lui qui est l’intrigant ; c’est lui qui erre de parti en parti à tort et à travers… » À lui donc tout le mal et tous les torts, à elle tout le bien et surtout le mérite du retour chrétien et du repentir ; car le philosophe éclectique, tant accusé, se montre simplement chrétien et sans aucune malignité d’analyse dans ces études toutes littéraires.

1393. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Il s’y met en scène sous le nom de Zelmis, et ne s’y montre pas à son désavantage : « Zelmis, comme vous savez, mesdames, est-il dit dans le récit, est un cavalier qui plaît d’abord : c’est assez de le voir une fois pour le remarquer, et sa bonne mine est si avantageuse qu’il ne faut pas chercher avec soin des endroits dans sa personne pour le trouver aimable ; il faut seulement se défendre de le trop aimer. » Ce Zelmis a rencontré à Bologne, dans une fête, une belle Provençale, une Arlésienne, mariée à un sieur de Prade, et qui, dans le roman, s’appelle Elvire.

1394. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

D’une main il nous eût confié sa montre, de l’autre main il nous l’eût retirée.

1395. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Lorsque Napoléon montre au général Rapp la prétendue étoile qui le guidait, en lui disant : « Voyez là-haut… Elle est là, devant vous, brillante ! 

1396. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

L’auteur s’y montre sensible aux grandes beautés de ce noble génie, et on ne peut l’accuser de ne l’avoir pas goûté.

1397. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Rien ne montre mieux que le livre de L’Angleterre politique la misère du journalisme qui se croit tout permis, et qui écrit l’histoire de la minute qui passe, et la misère, plus profonde encore, d’une pareille histoire !

1398. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

L’univers entier est pour lui un motif de joie, d’amour et d’étude. « Celui qui se renferme en lui-même, ajoute la même critique, pour rêver d’après ses goûts des types de perfection idéale… n’est certainement pas l’homme qui sait le mieux… tirer des campagnes et des buissons qui entourent sa demeure le contentement et les inspirations qu’ils pourraient fournir, — et ce n’est pas lui non plus qui sera le plus grand artiste. » Ceci nous montre tout ce qui sépare la riche émotivité de Ruskin, l’homme qui « découvre le côté frappant de chaque chose », de la sèche artificialité des Préraphaélites, de Rossetti et de Burne-Jones notamment, « rêvant d’après leur goût des types de perfection idéale ».

1399. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Elle lui montre qu’il est double comme sa destinée, qu’il y a en lui un animal et une intelligence… L’homme, se repliant sur lui-même, commença à prendre en pitié l’humanité, à méditer sur les amères dérisions de la vie.

1400. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Le mancenillier y montre ses petites pommes mortelles comme celles qui pendaient à l’arbre de science ; l’upa distille son suc laiteux plus corrosif que l’eau-forte. […] À un mot risqué elle répond par un franc éclat de rire qui montre ses dents blanches et ses gencives vermeilles. […] L’Exil des dieux de Banville peuple une vieille forêt druidique des dieux chassés de l’Olympe, et montre sous son aspect sérieux un thème poétique que Henri Heine, avec son scepticisme attendri et sa sensibilité moqueuse, avait traité plus légèrement. […] Tout auprès, sur le seuil de sa boutique, un coutelier montre un couteau à une jeune femme qui l’achète. […] Le fils montre à son père le devoir étroit, et le père se sacrifie à ce devoir pour ne plus déchoir dans la tendresse de son enfant.

1401. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Il nous montre la vie ne se maintenant à travers les révolutions du globe qu’à coups de révolutions anatomiques. […] Loin que le génie fût rare parmi les hommes anciens, tout montre au contraire qu’il y fleurissait avec abondance. […] Mais un examen plus attentif nous montre bientôt que cette division est très arbitraire. […] Tous les jours, au moment de sortir, je mets sur moi une montre, posée devant moi pendant que je travaille. […] Le même travail fait sur les viandes montre que quatre sous de boudin ou six sous de fraise de veau valent deux francs de gigot et trois francs de rognon.

1402. (1885) L’Art romantique

Ce qui est justement la marque principale du génie de Delacroix, c’est qu’il ne connaît pas la décadence ; il ne montre que le progrès. […] Mais il montre une prédilection très-marquée pour le militaire, pour le soldat, et je crois que cette affection dérive non seulement des vertus et des qualités qui passent forcément de l’âme du guerrier dans son attitude et sur son visage, mais aussi de la parure voyante dont sa profession le revêt. […] L’Intellect pur vise à la Vérité, le Goût nous montre la Beauté, et le Sens Moral nous enseigne le Devoir. […] Il ne nous le fait point apercevoir dans son imposante et réelle structure, mais, comme ménageant nos faibles sens, il nous le montre d’abord reflété dans quelque onde azurée ou reproduit par quelque nuage irisé. […] En revanche, mais par une tendance différente dont la source est pourtant la même, le poëte se montre toujours l’ami attendri de tout ce qui est faible, solitaire, contristé ; de tout ce qui est orphelin : attraction paternelle.

1403. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Ce volume de plans et d’ébauches montre à quel point l’idée de théâtre travaillait Diderot. […] Il s’y montre enfin bien au-dessus de tous les maçons de la Tour de Babel de l’Encyclopédie, dont il fut, comme on sait, le plus fort gâcheur… Dans le panorama de facultés dont Diderot, en ses livres, a donné le spectacle, et que nous avons fait passer devant vous, voici aujourd’hui le critique. […] Cette Correspondance, que les admirateurs de Diderot ne seront pas très heureux de voir publier s’ils tiennent à ce qu’il garde son prestige, cette Correspondance qui le réduit à sa plus simple expression et nous le montre dans la stricte vérité de sa nature, ne s’étend pas de Diderot à beaucoup de personnes, mais se borne simplement à deux : Falconet et mademoiselle Volland.

1404. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

C’est ainsi que, si Ghil reprend l’essentiel de la théorie de L’Instrumentation verbale telle qu’elle est en place à l’époque de « L’Avant-dire » de Mallarmé, il montre ensuite comment le projet, d’essence poétique, devient philosophique, métaphysique et bientôt éthique dans les décennies suivantes, donnant pleinement sens, en cela, à sa conception d’une Synthèse évolutive […] Il est alors, au fil de cette chronique des années 90, saisissant de retrouver certaines de ces intuitions dans les poétiques de l’époque : Ghil montre ainsi combien les derniers écrits de Mallarmé (le prélude et le finale d’Hérodiade en particulier) s’inspirent de sa propre « conviction d’une valeur émotive des timbres vocaux ». […] Ce dépassement amène alors à repenser la position du sujet dans l’œuvre : en insistant, ainsi qu’il le fait, sur le lien entre idéalisme et poésie égotiste, Ghil montre comment « L’Idée » symboliste n’est en réalité qu’un avatar du « Moi ». […] Le « Sonnet à Wagner » également montre qu’il tendit un temps à l’appliquer : là, la trame seulement mélodique partout ailleurs, devient harmonique, et il produit de remploi des mots en leur valeur émotive de timbres vocaux une saisissante et somptueuse impression  Rien d’étonnant à ce que sa nature impressionnable et réceptive ait continué à être en éveil d’apports nouveaux, et d’ailleurs si directement adaptables à son art. […] Mais Mauclair se rappelait-il aussi ce soir, où Mallarmé prétextant que le Livre était encore trop explicite pour le résultat « éblouissant, profond et bref »  rêvait d’une « sorte de montre dont le cadran porterait de simples signes diversement disposés et colorés. » Montre, qui tirée de la poche parlerait assez par ces signes, mobiles et que l’on pourrait manœuvrer de diverses manières, pour immédiatement suggérer toute une méditation sur l’homme et l’univers  au gré du « Moi » porteur du précieux petit instrument, Moulin à prière d’autre sorte !

1405. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

C’est une sorte de galerie, que nous continuerons jusqu’où nous pourrons, si Dieu nous prête vie, et si le grand public se montre aussi bienveillant à notre égard que le public particulier du Collège de France. […] Tout ce que la prudence de l’âge a pu m’apprendre, c’est de me contenter d’entr’ouvrir les doigts, — peut-être aussi afin que tout ne s’échappe pas d’un seul coup et que le plaisir dure plus longtemps. — Le mal, à mon avis, ne vient pas ordinairement des vérités que l’on montre, mais des vérités que l’on cache. […] Chacun connaît son jaloux naturel, Le montre au doigt, comme un fou solennel, Et ne croit pas, en sa bonne écriture Qu’il fasse mieux. […] Il est malaisé de savoir quelle était sa religion : le surnom de Fléau de Dieu, qu’il prenait lui-même, montre qu’il n’en croyait pas plusieurs (dieux). […] Toujours est-il que Rotrou, dans plusieurs passages de Saint Genest, comme dans Venceslas presque tout entier, se montre le digne émule de son ami.

1406. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Gaullieur montre qu’elle reçut en dot 100, 000 florins de Hollande et qu’à aucun moment les épouseurs ne manquèrent ; qu’elle en refusa même de maison souveraine, et que si elle se décida pour un précepteur suisse, c’est que sa sympathie pour le Saint-Preux l’emporta. […] Je vendrai, si quelque heureuse aventure ne me fait rencontrer quelque bonne âme, ma montre et tout ce qui pourra me procurer de quoi vivre, et j’irai comme Goldsmith, avec une viole et un orgue sur mon dos, de Londres en Suisse. […] Il prétend que Dieu, c’est-à-dire l’auteur de nous et de nos alentours, est mort avant d’avoir fini son ouvrage ; qu’il avait les plus beaux et vastes projets du monde et les plus grands moyens ; qu’il avait déjà mis en œuvre plusieurs des moyens, comme on élève des échafauds pour bâtir, et qu’au milieu de son travail il est mort ; que tout à présent se trouve fait dans un but qui n’existe plus, et que nous, en particulier, nous sentons destinés à quelque chose dont nous ne nous faisons aucune idée ; nous sommes comme des montres où il n’y aurait point de cadran, et dont les rouages, doués d’intelligence, tourneraient jusqu’à ce qu’ils se fussent usés, sans savoir pourquoi et se disant toujours : Puisque je tourne, j’ai donc un but. […] Une lettre de Benjamin Constant à Mme de Charrière, publiée par la Revue Suisse 186, a donné le récit de cette première rencontre, de ces premiers entretiens ; il ne s’y montre pas encore revenu de ses impressions antérieures : « 30 septembre 1794… Mon voyage de Coppet a assez bien réussi.

1407. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Joignez à cela la fougue et l’emportement du naturel poétique, et cette espèce d’afflux, de bouillonnement de toutes les forces et de tous les désirs qui se fait dans ces sortes de têtes lorsque, pour la première fois, le monde s’ouvre devant elles, et vous comprendrez l’Adonis, « le premier héritier de son invention. » En effet, c’est un premier cri ; dans ce cri, tout l’homme se montre. […] Du milieu de sa conception complexe et de sa demi-vision colorée, il arrache un fragment, quelque fibre palpitante, et vous le montre ; à vous, sur ce débris, de deviner le reste ; derrière le mot il y a tout un tableau, une attitude, un long raisonnement en raccourci, un amas d’idées fourmillantes ; vous les connaissez, ces sortes de mots abréviatifs et pleins : ce sont ceux que l’on crie dans la fougue de l’invention ou dans l’accès de la passion, termes d’argot et de mode qui font appel aux souvenirs locaux et à l’expérience personnelle220, petites phrases hachées et incorrectes qui expriment par leur irrégularité la brusquerie et les cassures du sentiment intérieur, mots triviaux, figures excessives221. […] Il accepte la nature et la trouve belle tout entière ; il la peint dans ses petitesses, dans ses difformités, dans ses faiblesses, dans ses excès, dans ses déréglements et dans ses fureurs ; il montre l’homme à table, au lit, au jeu, ivre, fou, malade ; il ajoute les coulisses à la scène. […] Il n’est point de caractère qui montre mieux la verve et l’immoralité de Shakspeare.

1408. (1864) Le roman contemporain

Dans l’avant-propos de ce roman, dont le sentiment général est honnête, mais où il y a beaucoup de scènes risquées, madame Sand montre de l’humeur contre ceux qui veulent que les romans prouvent quelque chose. […] Dumas fils nous la montre. […] Le parti vainqueur s’empare des rues et des places, et se montre seul au soleil ; le parti vaincu reste chez lui. […] Ce conventionnel, qui n’avait pas voté la mort du Roi, est obligé, au moment de la Restauration de 1815, de se retirer comme une bête fauve dans une espèce de tanière loin de toutes les habitations humaines, et l’on montre de loin sa demeure comme un repaire. […] Le combat qui semblait fini recommence, et ces deux armées rangées en bataille que l’Écriture nous montre dans notre cœur vont se livrer une lutte suprême.

1409. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Rien dans ce qu’il écrivit ne le montre angoissé par des problèmes religieux, et du catholicisme il n’a jamais parlé que pour en percevoir des analogies littéraires. […] « Le symbole d’une idée ou d’un concept de l’entendement, dit Kant, est une représentation analogique de l’objet, c’est-à-dire une représentation d’après les relations qu’entretient ce concept avec certaines conséquences, et qui sont les mêmes que celles qu’on attribue à l’objet lui-même avec ses propres conséquences, bien que les deux objets soient d’une nature absolument différente : ainsi les êtreorganisés, une montre ». […] Leur montre, d’ailleurs excellente, est réglée à l’heure le Boileau. […] Ce qui domine chez Mallarmé, ce ne sont ni les images actives, ni visuelles, ni tactiles, mais les images motrices, — et toute image tactile, visuelle, auditive, montre en lui une tendance à se mobiliser, à glisser vers l’image correspondante d’un autre sens, l’accent portant non sur les points de départ et d’arrivée, mais sur cette trajectoire même. […] Le morceau de Divagations : Autrefois, en marge d’un Baudelaire, montre curieusement comment des images, après la lecture, se groupent pour former ce paysage, peut-être suggéré par quelque page analogue de Gautier dans la Préface des Fleurs du Mal.

1410. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Jusqu’à la mousse du chemin, Tout se montre plein de colère. […] D’après nous et suivant la déclaration de Muchielli et le sieur Muffragi, maître d’hôtel, cet individu était nanti de plusieurs objets de valeur, et notamment d’une montre à cylindre à huit rubis, toute neuve, et dont l’individu lui-même a affirmé au brigadier Muchielli qu’il n’en avait pas. En effet le brigadier Muchielli étant présent à l’arrestation de cet individu nous fit la déclaration suivante : En s’adressant au maréchal-des-logis je crois que, d’après le récit de l’individu que nous avons entre nos mains, doit être porteur d’une montre en argent. Sur la déclaration du brigadier Muchielli, nous avons fouillé de nouveau cet individu, et en effet nous avons trouvé sur son corps couché à hauteur et envers de l’épaule gauche une montre en argent cylindre n° 4, en plus nous avons saisi un porte-monnaie contenant la somme de 16 Fr., avec toutes les pièces pour être déposées au parquet de M. le procureur impérial d’Ajaccio, bureau des pièces à conviction. […] C’est elle, mon bien, mon trésor, ma femme, Celle que je montre aux astres joyeux Comme la moitié douce de mon âme.

1411. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

L’expression de Quinte-Curce, pensare animi consulta  ; montre comment, appliqué à une opération qui semblait alors sans lien avec la matière, un mot s’est, par cela même, peu à peu dématérialisé. […] Dans ses livres, il se montre passionné et discoureur ; dans sa vie, il est revêche et muet. […] Ce qui va suivre est plus frappant encore : « L’empire de l’âme sur les organes corporels se montre principalement par rapport aux images tracées. dans notre cerveau. […] Exposé par un fabricant d’articles religieux, il montre que l’art nouveau a pénétré jusque dans les sacristies, jusque sur l’autel. […] Après tout, le Dante cela ne montre qu’un certain degré d’ignorance.

1412. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Un de vos compagnons, rabattant ses chausses, montre… son mépris à la tripière. […] Omaya supplie, proteste, montre son enfant, le petit Ivashita. […] Il paye le ruffian Boracchio pour que celui-ci se montre, la nuit, sur le balcon d’Héro, en compagnie de la servante Marguerite, dont il est l’amant. […] Mais le fanatisme de Paolo, dans l’état d’absolue pureté où l’on nous le montre, je vous affirme que je n’en sens pas en moi les plus petits commencements. […] Ou peut-être ont-ils eu le malheur de ne point recevoir ces enseignements… » Conclusion : Ce qu’on vous montre est-il aimable ?

1413. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Chargé de conduire à Fribourg la Merceret, femme de chambre de madame de Warens, il passe par Genève, voit son père à Nyon (pour la première fois, je crois, depuis huit ou neuf ans), et se rend de Fribourg à Lausanne, où, sous le nom de Vaussore, il montre la musique sans la savoir et donne même un concert (chez M. de Treytorens). […] Il réforme son costume : Je quittai, dit-il, la dorure et les bas blancs ; je pris une perruque ronde ; je posai l’épée ; je vendis ma montre en me disant avec une joie incroyable : Je n’aurai plus besoin de savoir l’heure qu’il est. […] Rousseau huron, Rousseau impoli, Rousseau sans épée et sans montre, et surtout Rousseau copiste de musique mit en l’air tout le Paris-élégant de ce temps-là. […] Thérèse détourne des lettres de madame d’Houdetot et les montre à madame d’Épinay. […] Et, si la matière mue nous montre une volonté, la matière mue selon de certaines lois nous montre une intelligence.

1414. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

On pourrait dire de l’Angleterre que c’est une montre qui se meut sur un pivot de diamant. […] Emerson met finement le doigt sur toutes les plaies religieuses de l’Angleterre ; il montre bien le caractère illogique de l’institution anglicane, la dépeint abandonnée par tous les esprits pensants et minée par le germanisme. […] Par derrière les faubourgs de la ville de la Perdition s’étendent les États de la Mort, marais fétide éternellement enveloppé d’un fog épais, percé par accident d’une lumière sale qui montre des ombres grisâtres courant en apparence les unes après les autres sur un sol de boue. […] Laurence fut pendant quelques jours un personnage, et tous les paysans des environs vinrent voir par curiosité le bambin qu’avait épargné ce moulin, qu’on montre encore, paraît-il, à Annamoe. […] Mais, cette réserve faite, il faut reconnaître que Sterne se montre dans ses lettres un très tendre père.

1415. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Le changement de ton est piquant et montre à plein combien cet homme était composé d’éléments disparates, plus piquant encore si l’on se souvient que ce même théoricien profond de la royauté aux abois s’est fait, dans ce début de la Révolution, le polémiste cynique et violent des Actes des Apôtres. […] Et ailleurs, avec quelle mélancolie il nous la montre âgée de trente ans, au lendemain de la Révolution, brisée d’avoir vu son père, M. de Montmorin, massacré aux journées de septembre, sa mère, sa sœur et son frère, guillotinés après un jugement hâtif : les souffrances ont amaigri et pâli ce visage encadré par la coiffure la mode du Directoire. […] Rien ne montre mieux combien cette puissance de se représenter à l’avance un « moi » idéal était souveraine chez Lamartine que l’anecdote rapportée par M.  […] Du nihiliste en effet, du Bazarof redoutable que Tourguéniev nous montre par exemple dans Pères et Enfants, il a l’ironie cruelle et l’infatigable force de négation. […] Les aiguilles de la montre sont là qui marchent, et, comme à travers une boîte en cristal, nous suivons l’intime rouage.

1416. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

C’est le revers de la médaille, mais à ce revers même il montre encore l’honneur : Un passe-droit, une injustice, ou trop peu de justice ou de grâce, vous donne quelquefois des regrets d’avoir sacrifié vos jours à la patrie : ah !

1417. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Il montre très bien qu’on lit peut-être encore les anciens, mais qu’on ne les étudie plus ; il le regrette.

1418. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Appliquant cette idée aux dernières époques historiques, il montre que le xvie  siècle, par exemple, fut un siècle de troubles et de divisions, d’abaissement de l’autorité royale et de rébellions à main armée, tellement que ces guerres et rivalités de princes et de grands seigneurs sous forme de religion étaient devenues le régime presque habituel : Comme il y avait beaucoup de chemins différents pour la fortune, et des moyens de se faire valoir, l’esprit et la hardiesse personnelle furent d’un grand usage, et il fut permis d’avoir le cœur haut et de le sentir.

1419. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Dans le Voyage de Chapelle et Bachaumont, on mange beaucoup ; on mange dès le Bourg-la-Reine, et ainsi à chaque étape ; on se gorge, on s’empiffre, ce sont les termes, et c’est le plaisir ; la gourmandise rabelaisienne s’y montre dans tout son plein.

1420. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

D’Argenson, tout philosophe qu’il est, se montre attentif à noter ces légères marques d’attention du maître, de même qu’il recueille les bonnes paroles échappées sur son compte au cardinal de Fleury.

1421. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Moi, je ne m’en suis pas mêlé, si ce n’est par un certain tour d’esprit qui me montre les choses du bon côté, quand il me serait permis de les regarder autrement. » Ce bonheur ne le quitta pas même tout à fait dans les circonstances les plus contraires : arrêté quand il allait sortir de France, en juillet 1789, il fut sauvé, par le plus grand des hasards, de la fureur populaire ; enfin, acquitté devant le tribunal du Châtelet, et redevenu libre à la veille de la ruine totale de l’ancienne société, il eut l’opportunité d’une mort naturelle et tranquille.

1422. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Mais il dut bientôt à la protection du duc de Choiseul de vivre plus rassuré, et alors il se livra avec une incroyable ardeur au plaisir de bâtir, de planter, de peupler ses environs, d’y établir des industries et des fabriques de montres, d’y introduire la joie, la santé et l’aisance.

1423. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

S’il hésite pourtant à dire qu’il a plus souvent qu’on ne le croit la plume à la main, il se montre bien au naturel et avec la dignité qui lui sied, dans la plénitude de ses pensées et de son rêve : Je ne vous cacherai point que je n’ai ni la santé, ni le génie, ni le goût qu’il faut avoir pour écrire ; que le public n’a point besoin de savoir ce que je pense, et que, si je le disais, ce serait ou sans effet, ou sans aucun avantage.

1424. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Guérin nous le montre comme il le voyait, sous son plus beau jour, et quelquefois dans sa fierté, mais sans la noirceur.

1425. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Apulée cependant, ne le surfaisons pas, est surtout un écrivain de style et à qui il n’est pas indifférent de faire montre de son talent.

1426. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

L’auteur s’y montre encore plus insensé que son héros. » — « Cet ouvrage obtient pourtant un grand succès. » — « Ouvrage détestable ! 

1427. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Il ne les obtint pas ; on craignait son trop de crédit et son esprit d’insinuation auprès du roi, et l’on fit entendre au monarque qu’il paraîtrait moins régner seul s’il appelait dans son Conseil un ministre de tant de montre.

1428. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Il nous montre, dans la vie des comédiens de campagne décrite par Scarron en son fameux Roman, la peinture fidèle de ce que devait être la destinée et la fortune de cette troupe ambulante de Molière ; il se demande s’il n’y a même pas de rapport, de reflet plus direct de l’un de ces groupes comiques à l’autre, et si Scarron, du temps qu’il était au Mans, n’a pas eu l’occasion d’y voir cette troupe de passage des Béjart avec son illustre capitaine.

1429. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Michel se montre d’un caractère heureux et bien fait ; il apprécie la distinction et le charme de sa conquête, — de sa demi-conquête.

1430. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

La faim se montre à Londres comme nulle part ailleurs, et s’y étale d’un air affreux, à belles dents.

1431. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

., etc. » Il vous montre, en un mot, Diaz tel qu’il était en cette première manière ; à force d’être exact, il le contrefait et le grime : voyez, jugez ensuite !

1432. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Madame Royale montre à son fils, avec la main droite, la mer et la ville de Lisbonne.

1433. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Cet Édouard, contre lequel Émile se montre si irrité et qu’il veut châtier, est son propre frère utérin, le fils légitime de sa mère, et l’abbé lui nomme alors cette mère pour la première fois. — « J’ai donc des parents, repris-je vivement avec un mouvement qui ressemblait à de la joie, mais qui dura moins de temps qu’il n’en fallut pour l’exprimer. » —    Ceci est beau, beau de nature ; car, au moment même où cette joie le traverse, une angoisse cruelle a saisi l’âme d’Émile : il avait déjà provoqué Édouard, déjà le duel est réglé, c’est le lendemain malin qu’il doit se battre, et il apprend que c’est contre un frère !

1434. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Pompéa s’y montre à la fois naturelle et habile, tendre, railleuse, sarcastique et passionnée tour à tour ; l’artifice, s’il y en a (et en pareil cas il y en a toujours) disparaît bientôt dans la franchise et une sorte de droiture violente.

1435. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Elle est dans la forme et presque dans le rythme des odes d’Horace lorsqu’il célèbre Auguste au retour de quelque victoire : elle a pour sujet et pour thème le retour de Cromwell de son expédition d’Irlande en cette mémorable année 1649, qui fut le 93 de l’Angleterre ; elle prédit les exploits de l’année suivante et nous montre Cromwell empressé d’accomplir son destin, bien qu’encore soumis aux lois.

1436. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Naturellement elle aurait dû le plaindre ; mais la passion de Mme Roland, doublée et cuirassée de cette vertu dont elle se montre si fière, et encore exaltée par les orages d’alentour, ne songe qu’à l’héroïsme et sort tout à fait de la gamme naturelle.

1437. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Victime lui-même de la persécution et de la calomnie, Buzot se montre d’une extrême injustice pour tous ses adversaires et les confond dans une commune et banale injure : ce sont d’inévitables représailles ; et il serait encore plus élevé d’intelligence que de cœur, celui qui saurait s’en abstenir.

1438. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Puis elle écrit le jour même à sa mère (10 mai 1774) et se montre à elle dans la vérité de son trouble et de sa sollicitude : « Mon Dieu, qu’allons-nous devenir ?

1439. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Le IXe livre, qui montre Agamemnon résigné à tout céder à Achille, semble néanmoins prématuré et anticipe trop sur le dénoûment ; il vient sans préparation ; il a l’air d’une addition postérieure qu’on n’aura pas voulu laisser en dehors, « et qui n’est nullement en harmonie avec ce grand courant de l’Achilléide qui coule depuis le XIe livre jusqu’au XXIIe. » M. 

1440. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

La difficulté n’est pas là, dans cette indifférence motivée et réfléchie : elle est dans l’indifférence apparente et de premier mouvement, lorsqu’on est atteint en face, piqué, insulté à bout portant, et qu’un puissant vous montre le poing.

1441. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Le second petit tableau nous montre la pauvre Marguerite seulette dans sa maison, ignorant encore son malheur et se disant à elle-même ses espérances et ses craintes.

1442. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Théophile Gautier y aurait trouvé de nouveaux détails naïfs sur les mœurs et les habitudes du poëte suranné, des doléances de ménage mêlées à des extraits littéraires ; il en aurait pu tirer de nouvelles preuves piquantes de ce paganisme poétique que professait le xvie  siècle, et dont lui-même il se montre si épris.

1443. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

A relire plus froidement aujourd’hui cette première moitié de son théâtre, on pourrait remarquer que, s’il se montre évidemment de la postérité de Racine par les soins achevés du style, il tiendrait plutôt de l’école dramatique de Voltaire par certaines préoccupations philosophiques et certaines allusions aux circonstances.

1444. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Si elle se montre un peu vaine et glorieuse quand le roi danse un soir avec elle, ou quand il lui adresse un compliment à Saint-Cyr après Esther, quelle autre de son sexe eût été plus philosophe en sa place ?

1445. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Elle était plus forte, plus grande, plus passionnément douée que ce premier aspect ne la montre ; il y avait de puissants ressorts, de nobles tumultes dans cette nature, que toutes les affections vraies et toutes les questions sérieuses saisissaient vivement ; comme l’époque qu’elle représente pour sa part et qu’elle décore, elle cachait sous le brillant de la surface, sous l’adoucissement des nuances, plus d’une lutte et d’un orage.

1446. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Cela établi, on est en mesure d’expliquer les sensations de bruit, et leurs diversités innombrables ; sans entrer dans le détail de chacune d’elles, l’acoustique montre leur mode général de formation.

1447. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

On montre seulement dans l’île de Chio, près de la ville, un banc de pierre semblable à un cirque, et ombragé par un platane qui s’est renouvelé, depuis trois mille ans, par ses rejetons, qu’on appelle l’École d’Homère.

1448. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Il faut qu’il soit moraliste, sinon de cœur, au moins d’esprit : car, s’il caresse les perversités dont l’histoire est pleine, s’il donne toujours raison à la fortune, s’il exalte le vainqueur coupable et qu’il écrase le vaincu innocent, s’il foule aux pieds les victimes, s’il ajoute la sanction de sa propre immoralité et l’autorité de son amnistie à tous les scandales d’iniquité qui attristent les annales des peuples, l’historien n’est plus un juge ; c’est un complice abject ou intéressé de la fortune, qui montre sans cesse le droit violé par la force, et la vertu déjouée par le succès.

1449. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Après que le roi païen a convoqué ses émirs et fait annoncer la guerre jusqu’aux bornes fantastiques de son mystérieux empire, le poète nous montre les chrétiens offrant leur vie à Dieu, qui par un de ses anges la reçoit et leur promet sa récompense : après la bataille, où tous périssent, l’ange bénit leur sacrifice et confirme leur gloire.

1450. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

La querelle du Cid ne nous montre que l’exaspération de rivaux jaloux et impuissants.

1451. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Sully Prudhomme a fait un poème sur la Justice : il la cherche dans l’univers, qui lui montre partout la lutte, la haine, la faim ; il ne la trouve enfin que dans la conscience de l’homme.

1452. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Mais, au fond, cela ne fait guère honneur à l’humanité ; cela montre combien nous sommes faibles et vaniteux.

1453. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Et par cela même qu’il a pris deux objets de comparaison, il montre assez qu’il ne sacrifiera pas une de ses deux images à l’autre, et qu’il n’en prolongera aucune jusque dans l’objet spirituel, ce qui est la condition du symbole ; car nécessairement l’autre image deviendrait un hors-d’œuvre, et ne pourrait que nuire à l’effet.

1454. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Il est assurément le prédicateur de nos jours qui, aux yeux de ceux qui observent et admirent plus encore qu’ils ne croient, se montre à la plus grande hauteur de talent.

1455. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Le talent, enfin, qui nous montre tout cela, est supérieur, est-il besoin de le dire ?

1456. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Le trait final est aussi le plus perfide et le plus humiliant ; on l’y montre comme s’attachant à tout prix à la célébrité de M. de Voltaire : « C’est lui qui la rend l’objet de l’attention du public et le sujet des conversations particulières ; c’est à lui qu’elle devra de vivre dans les siècles à venir, et, en attendant, elle lui doit ce qui fait vivre dans le siècle présent. » Pour compléter la satire, il faut joindre à ce portrait de Mme du Châtelet, par Mme Du Deffand, les lettres de Mme de Staal (de Launay) à la même Mme Du Deffand, où nous est représentée si au naturel, mais si en laid, l’arrivée de Mme du Châtelet et de Voltaire, un soir chez la duchesse du Maine, au château d’Anet : « Ils apparaissent sur le minuit comme deux spectres, avec une odeur de corps embaumés. » Ils défraient la société par leurs airs et leurs ridicules, ils l’irritent par leurs singularités ; travaillant tout le jour, lui à l’histoire, elle à Newton, ils ne veulent ni jouer, ni se promener : « Ce sont bien des non-valeurs dans une société où leurs doctes écrits ne sont d’aucun rapport. » Mme du Châtelet surtout ne peut trouver un lieu assez recueilli, une chambre assez silencieuse pour ses méditations : Mme du Châtelet est d’hier à son troisième logement, écrit Mme de Staal ; elle ne pouvait plus supporter celui qu’elle avait choisi ; il y avait du bruit, de la fumée sans feu, il me semble que c’est son emblème.

1457. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

On ne voit pas qu’il ait été occupé des femmes dans les années où il écrit, et le peu qu’il en dit nous montre un homme revenu : « Les femmes ne peuvent comprendre, dit-il, qu’il y ait des hommes désintéressés à leur égard. » Il semble que, brisé avant l’âge par les maladies, il se soit retranché sur ce point jusqu’aux regrets stériles : « Ceux qui ne sont plus en état de plaire aux femmes et qui le savent, s’en corrigent. » Sans être insensible aux lumières de son temps et sans y fermer les yeux, il était loin de s’en exagérer l’importance, et il se préoccupait du perfectionnement moral intérieur, bien plus que de cette perfectibilité générale à laquelle il est si commode de croire et de s’abandonner.

1458. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

On considérait ses quatre-vingt mille hommes de troupes comme une montre de parade, et comme une manie grandiose de caporal.

1459. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Il les justifie du reproche de vouloir matérialiser la société ; il y montre les travailleurs comme n’étant pas simplement une classe dans la société, mais la société même : « Le travail, dit-il, dont l’ingénieux Franklin fit toute la science du bonhomme Richard, sera le dernier réformateur de la vieille Europe.

1460. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Il s’y montre en son haut rang, au centre du groupe des illustres poètes du siècle, calme, équitable, certain, puissamment établi dans son genre qu’il a graduellement élargi, n’enviant celui de personne, distribuant sobrement la sentence, classant même ceux qui sont au-dessus de lui… « his dantem jura Catonem » ; le « maître du chœur », comme dit Montaigne ; un de ces hommes à qui est déférée l’autorité et dont chaque mot porte.

1461. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Et la montre inconsciente de sa puissante et robuste santé près de son fils mourant, fait mal.

1462. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

La température française, se montre trop inclémente aux arbustes rares, pour que je recommence.

1463. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Mais comme la nature ne nous montre nulle part ce modèle ni total ni partiel, comme elle produit tous ces ouvrages viciés ; comme les plus parfaits qui sortent de son attelier ont été assujettis à des conditions, des fonctions, des besoins qui les ont encore déformés, comme par la seule nécessité sauvage de se conserver et de se reproduire, ils se sont éloignés de plus en plus de la vérité, du modèle premier, de l’image intellectuelle, en sorte qu’il n’y a point, qu’il n’y eut jamais, et qu’il ne peut jamais y avoir ni un tout, ni par conséquent une seule partie d’un tout qui n’ait souffert ; scais-tu, mon ami, ce que tes plus anciens prédécesseurs ont fait.

1464. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Les personnes les moins attentives remarquent, en voïant la statuë dont je parle, que cet esclave qui se courbe et qui se montre dans la posture convenable pour aiguiser le fer qu’il tient, afin de paroître uniquement occupé de ce travail, est néanmoins distrait, et qu’il donne son attention, non pas à ce qu’il semble faire, mais à ce qu’il entend.

1465. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

De quels sourires, de quelles ironies brûlantes il marquait à l’épaule, avant de les livrer aux flammes, ces effrontés qui étalent leur propre cœur en montre dans une ode ou dans une élégie ; ces innovateurs sacrilèges, échappés de la tradition, qui, au lieu d’écrire : « Voilà ce qu’éprouve Pierre ou Jacques » écrivent : « Voilà ce que j’éprouve moi-même ! 

1466. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Dans une introduction encore plus spirituelle qu’érudite, où il montre une aisance de généralisation qui est la grâce de la métaphysique, l’auteur de l’Histoire de la Comédie détermine, en maître, les conditions d’une pareille histoire, et il en indique les résultats.

1467. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

À toutes les pages de ses Mémoires, il se montre l’ennemi de ce gouvernement qu’il appelle le règne par soi-même et qui est la seule ressource que les fautes et les malheurs de plusieurs générations laissent à un peuple.

1468. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

., qui déshonorerait Stendhal si nous n’avions pas sa correspondance, à lui, pour le dessouiller de l’admiration de Mérimée… Stendhal, lui aussi, de milieu et d’éducation, était un athée ; mais sa correspondance tout entière nous le montre comme un homme dont le cœur battait pour les plus grandes choses et eût battu pour Dieu, s’il avait été d’un autre temps.

1469. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Dans les Walpole, il est vrai, le talent de Macaulay commence d’apparaître, mais ce n’est pas dans Robert, sujet politique et plaidoirie whig, qu’il se montre, c’est dans Horace, sujet humain et littéraire, qui allait aux instincts et au genre de sagacité de ce grand critique littéraire en puissance, mais seulement en puissance, car il y est resté !

1470. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Enfin, si la puissance des choses appuyées ne s’y montre pas, il y a le charme des choses qui s’y glissent, comme les sourires et les larmes.

1471. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

On ne discute point un accent ; on le sent ou on ne le sent pas… Je vous montre un chêne, — un vrai chêne.

1472. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

marquise, quel dommage que vous ayez employé l’épithète qui ne veut rien dire : « beauté surprenante », ou plutôt l’épithète qui montre jusqu’à l’évidence que c’était là un amour de littérature, qui reste dans l’esprit et ne passe pas dans le cœur !

1473. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Il se passionne et il montre sa passion.

1474. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Vivès montre plus d’une fois, dans la distribution des devoirs entre le mari et la femme, une partialité exorbitante et cynique. […] Notre judicieux auteur se montre, ici, étrangement peu homme du monde, et oublie totalement qu’il est Espagnol. […] Molière ne nous montre point le dévot pur ; il ne le pouvait, étant un excellent poète dramatique et qui n’aimait point les abstractions. […] » L’anecdote montre du moins que, dans ses libéralités de la rue, il allait assez volontiers jusqu’au louis ; et cela n’est pas si commun. […] Les souterrains du château. — Golaud y conduit Pelléas et lui montre un gouffre.

1475. (1898) Essai sur Goethe

Cela montre comment les défauts ne sont que des vertus déplacées. […] À peine y est-il rentré, qu’il est repris par ses préoccupations habituelles : une lettre écrite à Johann Gottfried Rœderer, le 21 septembre, nous montre qu’il a l’esprit assez libre pour songer à Shakespeare et à l’art allemand. […] Vous la connaissez bien : c’est celle qui plaît toujours ; comme une fleur elle se montre au monde : sa belle figure, en se développant, est devenue un modèle : accomplie à présent, elle l’est et le représente. […] Cette dernière œuvre — un petit drame larmoyant, en un acte, qui fut écrit en trois jours — a du moins un intérêt : elle nous montre jusqu’à quel degré peut descendre le poète le mieux doué. […] Alphonse II, en particulier, ne rappelait en rien le prince humanitaire [sic], sentencieux, modéré, qui donne à Tasse de sages conseils, s’applique à lui rendre la vie agréable, cherche à le guérir de sa misanthropie, montre dans ses propos autant de justesse d’esprit que d’élévation d’âme.

1476. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

La vie privée de Claude montre ce que le mépris des parents, secondé d’une mauvaise éducation, peut sur l’esprit et le caractère d’un enfant valétudinaire. […] Sénèque, aussi sincère et plus modeste, nous fait l’aveu ingénu qu’il a connu trop tard la route du vrai bonheur (Epître VIII) et que, las de s’égarer, il la montre aux autres. […]  : elle se pare, elle sort la nuit de son palais ; elle se montre au milieu de la joie tumultueuse d’un festin et de l’ivresse du prince et de ses convives. […] On court au palais ; la foule remplit les appartements de l’empereur, elle crie qu’il se montre ; mais des soldats la menacent du glaive, et la dispersent à coups de fouet. […] Dans cette circonstance légère, je le vois se présenter au percusseur, et il ne me montre pas moins de courage que lorsqu’il verse son sang dans un bain.

1477. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Vous auriez donné le gouvernement de la, Grèce à M. de Lentulus ou à quelque autre général qui aurait empêché les nouveaux Grecs de faire autant de sottises que leurs ancêtres.  » Voltaire se montre assez favorable au gouvernement populaire dans son article Démocratie du Dictionnaire philosophique ; car il ne s’est jamais piqué de ne point se contredire, ou il ne s’est jamais assez surveillé pour ne point tomber dans les contradictions ; mais encore, même en cet article, il a peu confiance : « Le véritable vice d’une république civilisée est dans la fable turque du dragon à plusieurs têtes et du dragon à plusieurs queues. […] Pour lors le commerce ne corrompt pas la constitution, et la constitution ne prive pas la société des avantages du commerce.  » Ailleurs Montesquieu examine la solution par le partage et s’en montre peu partisan. […] Ailleurs il fait la distinction classique entre les inégalités naturelles et les inégalités sociales, montre que les secondes sont des dérivations et des aggravations des premières, et qu’elles aboutissent enfin toutes à la seule ou presque seule inégalité de richesse, qui marque le terme extrême de la corruption de la cité : « Je conçois dans l’espèce humaine deux sortes d’inégalités : l’une que j’appellerai naturelle ou physique, parce qu’elle est établie par la nature et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps et des qualités de l’esprit et de l’âme ; l’autre qu’on peut appeler inégalité morale ou politique parce qu’elle dépend d’une sorte de convention et qu’elle est établie ou du moins autorisée par le consentement des hommes. […] Ce qui le montre, c’est qu’il a déployé la même passion dans l’affaire de Morangiès, où il n’y avait ni mort d’homme ni passion religieuse, que dans les affaires Calas, Sirven et La Barre. « A qui diable en a-t-il ?  […] Ajoutons, pour être complet, que, dans l’Esprit des Lois comme dans les Lettres Persanes, Montesquieu se montre inquiet relativement aux biens de mainmorte et donne des avis pressants pour combattre ce fléau : « Les familles particulières peuvent périr ; ainsi les biens n’y ont pas une destination perpétuelle.

1478. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Méténier, dans ses livres : La Chair, La Grâce, La Croix, Bohème bourgeoise, montre un réalisme net et cruel qui n’est pas sans mérite. […] Encore ne sont-elles point tout à fait pareilles de ce côté-là ; leur pitié elle-même diffère : celle de Dickens est plus active, d’abord, plus confiante dans la générosité de nos bons instincts, et, si elle nous montre le mal, elle ne nous dit point qu’il soit inguérissable. […] La vie, comme il la montre, ne laisse rien dans l’esprit. […] Case se montre à nous dans ces deux romans comme un des bons disciples de Balzac. […] Elle a paru dans Le Rappel des 7 et 8 juillet 1884, et, s’il y a eu réminiscence (dont je doute), ce n’est point, la date le montre, chez M. 

1479. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

L’auteur, en racontant cette crise, montre une réserve dont nous devons lui savoir gré. […] La justice humaine, telle qu’il nous la montre, n’est pas moins altérée de sang que Han d’Islande, ou Habibrah. […] L’art est partout et ne se montre nulle part. […] Elle se montre aussi sage que bonne, et ce dénouement fait honneur au bon sens de M.  […] L’amant d’Agnès, tel que nous le montre M. 

1480. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Je ferai remarquer de plus que l’avertissement de Lamennais sur « les formes simples » de suffrage et l’influence des coteries, qu’il faudrait trouver un moyen d’éviter, montre que non seulement il connaît le suffrage universel à l’avance avec son caractère essentiel, mais qu’à l’avance aussi, il en connaît les défauts. Lamennais se montre parfois d’une clairvoyance inattendue dont il faut tenir compte quand on parle de lui. […] Le prêtre, le patricien sacerdotal antique ne communique pas son dieu à la foule, il le lui montre. […] Elle le trompe sur le temps qu’il faut aux grandes évolutions historiques pour s’accomplir : elle présente en un raccourci spécieux des monceaux d’années et de siècles ; elle montre l’humanité marchant droit, ce qui est douteux, et marchant vite, ce qui est faux, d’un point très précis à un point très fixe. […] Sans doute, on sent bien qu’elle élimine trop le hasard de l’histoire, et qu’elle la montre trop comme un organisme régulier et assuré ; mais si elle écarte le hasard de l’histoire, c’est pour y mettre de l’intelligence, et cela au moins apprend sinon à la comprendre, du moins à comprendre ; cela est un très beau, et par conséquent très salutaire exercice de l’esprit.

1481. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Campistron, qui croyait lui-même avoir égalé Racine, osa citer à haute voix son Andronic, si souvent reproduit sur la scene, & son Alcibiade qui s’y montre de tems à autre. Le Génie lui conseilla de ne parler que de Tyridate qui ne s’y montre presque jamais. […] Il s’y montre Historien élégant & Philosophe raisonnable. […] Faites choix d’un héros propre à m’intéresser, En valeur éclatant, en vertus magnifique ; Qu’en lui, jusqu’aux défauts, tout se montre héroïque.

1482. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Le voilà qui arrive en rampant derrière une haie, et qui montre petit à petit le bout de ses cornes. […] Courtin avait déjà abandonnée, mais qui n’avait pas encore eu le temps de mourir, voulant réparer ses torts envers son neveu, le recommanda à tous ses amis, et lui donna cinq mille roubles, son dernier argent, sans doute, plus une montre de Lepée, avec son chiffre dans une guirlande d’amours. […] Que la jeunesse se montre inhabile à produire, passe encore ; mais c’est toujours un spectacle pénible que celui de la vieillesse impuissante et débile, surtout quand elle ne sait pas mesurer le moment où ses forces l’abandonnent.

1483. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

» et il ouvre avec une clef un tableau, dont le panneau extérieur montre une église de village dans la neige, et dont le panneau secret, peint par Courbet, pour Kalil-Bey, représente un ventre et un bas-ventre de femme. […] Il me le montre, prenant goût aux études, et pouvant seulement être gardé par le collège, alors qu’il a connu les Géorgiques de Virgile et les Idylles de Théocrite. […] Rico est de tous les paysagistes de la terre, le paysagiste spirituel, et dans ces terrasses toutes fleuries descendant à l’eau, avec derrière elles les pins parasols et les cyprès, et dans les lointains violacés, où les maisons des villes du Midi font des taches blanches parmi les jardins à la chaude verdure, Rico se montre le seul artiste qui sache être un féerique décorateur, dans de la vraie et sérieuse peinture.

1484. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Doré me montre don Quichotte et Sancho devisant ou cheminant sur une plaine sèche et nue au milieu des ardeurs du midi, puis le long d’un ruisseau plein d’ombre et de fraîcheur, puis entre des gorges de montagnes escarpées et sauvages. […] Je connais peu de scènes plus passionnées, mais en même temps moins sentimentales, que la scène de feinte folie où il se montre si dur pour la pauvre Ophélia : go to a nunnery. […] Elle l’entraîne là où il n’avait jamais compté aller ; elle se montre à lui sous un visage nouveau, elle lui révèle, à sa grande surprise, qu’il ne savait pas quelle elle était et ce quelle pouvait donner lorsqu’il l’a adoptée. […] Si je restais à Paris, et que je te visse aux prises avec des nécessités urgentes, je n’hésiterais pas à mettre ma montre en gage pour toi, ou à faire les démarches les plus ennuyeuses auprès des usuriers de ma connaissance. […] Or la gaieté de Sterne nous semble presque toujours intempestive ; il montre ses trente-deux dents alors qu’il faudrait se contenter de sourire, souvent même alors qu’il n’a aucune raison sérieuse de déployer tant de gaieté.

1485. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Cet ouvrage incomparable montre comment le sens précis du divin — tel que le développe le catholicisme — éclaire et renforce le diagnostic des déterminantes humaines. […] Confier cette politique (dont tout dépend) au produit du suffrage universel ou du plébiscite, c’est confier la montre au bûcheron. Il peut se rencontrer, par fortune, un bûcheron qui ait quelques notions d’horlogerie ; mais, même s’il a ces notions, sa hache ne lui permet pas de les appliquer aux rouages délicats de la montre. […] L’Avenir de la Science nous montre, dans Renan, un gobeur éperdu de tout ce qui se présente sous le signe du rationnel. […] symétriques, cela montre l’anarchie et la misère intellectuelle de tout un temps.

1486. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

N’y faisons pas attention et ne nous privons pas pour cela du plaisir d’aller voir ce que l’on montre derrière la toile. […] Mais, justement, l’auteur nous montre, avec une puissance d’assimilation vraiment surprenante, comment les spirituelles traductions et les précieux commentaires de M.  […] Mais Timour lui montre le Sud-Ouest, et dit : « C’est là !  […] Le désert est immense, comme la mer dont il a les tempêtes ; il montre que l’homme n’est qu’une plume, un rien… Vous le voyez, c’est un prédicateur, presque un ascète, et, au rebours de la plupart des moralistes, il fait ce qu’il dit. […] Le livre est suivi d’un volumineux dossier de pièces justificatives, qui montre avec quel soin M. 

1487. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Tous nos « chers maîtres » sont là, depuis le docteur Péan (superbe avec son habit de cérémonie, sa grosse chaîne de montre et sa décoration de commandeur), jusqu’à M.  […] Veber nous montre le snob malin et pratique, le snob « rosse », chercheur d’eau trouble, pilleur d’épaves, coureur de dots. […] Il démasque les clubmen les mieux voilés de gouailleuse indifférence et montre comment ils peuvent être secoués, eux aussi, par les passions tragiques qui donnent l’envie de mourir et le désir de tuer. […] par exemple, jusque-là … » Et elle-même plie la jambe, et montre avec sa main la place de son jarret. […] Qu’on lui montre les chevaliers de la Table-Ronde, en quête du mystérieux Graal !

1488. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Le rude et ardent historien des annales humaines nous montre là toute la tendresse de ce cœur indigné et généreux qui résout ses colères contre le fort et le violent en larmes de pitié sainte, pour tous les petits quels qu’ils soient ; et ce qui ressort pour moi de cette lecture, c’est comme une insufflation de la force réelle, c’est-à-dire de la bonté intelligente. […] D’abord, on voit ce type de vertu, divine sur la montagne avec le tentateur qui lui montre les royaumes de la terre, et, comme dans l’Évangile, le Sauveur répond simplement : « Satan, ne me tente point ; c’est inutile. » Au second chant, Satan voit passer les martyrs dans leur gloire, et, renonçant à perdre le Christianisme par la terreur des supplices, il espère que les prêtres du Christ succomberont aux séductions de l’orgueil. […] Déjà une appréciation plus philosophique de l’histoire nous montre qu’aucune grande intelligence n’a été vraiment funeste au progrès de l’humanité, mais qu’au contraire toutes ont été des instruments plus ou moins directs que la Providence a suscités à ce progrès, même celles qui, relativement aux contemporains et relativement à leurs propres idées sur le progrès, semblaient agir en un sens contraire ; ce qui est applicable aux hommes politiques du passé l’est aussi aux hommes philosophiques, et conséquemment aux poètes et aux artistes. […] Montre-toi et fais-moi sentir ta supériorité… Moi, je veux de la puissance, donne-m’en ou montre-m’en le chemin. […] Oui messieurs de l’avenir les hommes de 1830 étaient aussi mauvais, aussi bons, aussi fous, aussi sages, aussi intelligents et aussi stupides, aussi romanesques et aussi positifs, aussi prodigues et aussi âpres au gain que Balzac vous les montre.

1489. (1895) Hommes et livres

Bourgeois nous présente un Alberoni jeune, qu’on ne connaissait pas encore ; la miniature du séminaire Alberoni, qu’il reproduit, montre un abbé joufflu aux yeux vifs, à la bouche sensuelle : une laideur intelligente, sans distinction ni finesse. […] Il montre que l’agent de Parme, intéressé ou désintéressé, était contraint, par la misère de sa cour, de courir après les pensions et les profits. […] Si l’on ne réussit guère à résoudre la question, c’est que la donnée principale échappait : comme nous le montre La Chaussée, quand il prend Mlle Gaussin pour type de l’amour ingénu, cette bonne Gaussin qui, de sa vie, ne refusa à personne, comme on sait, ce qui ne lui coûtait rien à donner. […] On le montre rarement : car la nature est bonne et le spectacle de la vertu est doux ; l’homme sensible est dans toutes les pièces. […] Il n’y a pas de dessous ; tout est à fleur de peau, on ne me montre rien de profond, rien même d’intérieur.

1490. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

« Donnez-moi cinq cents guinées de rente, mon cher oncle, et je vous délivre. » Morose signe la donation avec ravissement ; et son neveu lui montre qu’Épicœne est un jeune garçon déguisé. […] Mais il n’y a là qu’une apparence, et les dangereuses forces primitives subsistent indomptées et indépendantes sous l’ordre qui semble les contenir ; qu’un grand danger se montre, qu’une révolution éclate, elles feront éruption et explosion, presque aussi terriblement qu’aux premiers jours.

1491. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

elle a cassé ma montre, que je lui avais laissée au cou ! […] ma pauvre montre d’argent !

1492. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Tandis que Taine se travaille à voir en eux les produits du moment, du milieu et de la race ; il nous les montre surtout comme des producteurs d’une certaine espèce de beauté où nous ne saurons jamais au juste ce qui revient à la race, au milieu et au moment. […] Dans Mademoiselle Jaufre, qui est peut-être son meilleur ouvrage, il développe une sorte de corollaire du mot de saint Paul sur la « loi » qui « fait le péché », et, nous contant l’histoire d’une fille élevée selon la nature par un père à théories, il montre comment, à cette âme primitive, c’est le péché qui révèle la loi. — L’inspiration de la Confession d’un amant est plus chrétienne encore, et il s’y ajoute le tolstoïsme filtré de MM. de Vogüé et Desjardins.

1493. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Mais, même dans ce cas, la conscience suppose une force qui intervient dans le cours des idées : alors même qu’elle le détourne, elle montre encore son pouvoir. […] V Action constructive de l’imagination L’analyse que nous avons faite des opérations intellectuelles nous montre que penser, c’est avoir conscience de percevoir ou imaginer, c’est avoir conscience de ses représentations et de leurs liaisons.

1494. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Au reste, nous traduisons perpétuellement le temps en espace, comme le montre l’expression même : un espace de temps, et réciproquement nous traduisons l’espace en temps, comme lorsque nous désignons une distance par deux heures de marche. […] Les sons réguliers d’une cloche ou le tic-tac d’une montre permettent de mesurer approximativement le temps sans recourir à l’espace.

1495. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Ses portraits sont tracés avec la plus exacte vérité : mais comme c’est le visage réel de l’homme, & jamais la charge de ce visage qu’il montre, il ne fait point éclater le rire. […] Elle s’y montre à découvert en plus d’un endroit ; & l’on ne peut prendre à cette lecture un plaisir innocent.

1496. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Le tyran imbécile écoute et aime ces hommes vils et funestes, le tyran habile s’en sert et les méprise ; le roi qui sait l’être, les chasse et les punit, et la vérité se montre alors. […] Il semble qu’à mesure que l’homme d’esprit s’éclipse, l’homme de qualité se montre, et paraisse exiger la déférence dont l’homme d’esprit avait commencé par dispenser.

1497. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Tel, le Rhône entre dans le lac de Genève, paraît y mêler ses eaux, et montre à sa sortie qu’il avait conservé son indépendance. […] Ernest Seillière montre comment les ambitions nationales s’attribuent des missions divines : l’« impérialisme » se fait ordinairement « mysticisme ».

1498. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

De l’homme, le positivisme ne nous montre que le squelette : tibias, fémurs, bassin, cage thoracique, tout s’y agence parfaitement, mais ce squelette a le défaut de ne pas marcher ; M.  […] Puisque le drame est par définition un conflit fatal (de deux volontés, ou d’une volonté avec les choses, ou d’un caractère avec une situation), il est évident que le conflit sera d’autant plus dramatique qu’il sera mieux débarrassé des circonstances accessoires, des hasards, de tout ce qui ne le montre pas directement en action57.

1499. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Je vous remercie des nouvelles marques d’amitié et d’intérêt que vous voulez bien me donner… Dans les lettres suivantes adressées à Choiseul, Bernis le remercie de certaines formes qu’il a apportées en annonçant sa disgrâce à la cour de Rome ; il lui parle ensuite de quelques affaires particulières qu’il a à cœur, et pour lesquelles M. de Choiseul se montre empressé à l’obliger.

1500. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Mais le lieu commun est grandement traité ; il y est même rehaussé vers la fin ; et, allant au-delà d’Horace, Maynard, pour détacher son ami des ambitions périssables, montre que ce ne sont pas seulement les hommes, ni les cités, ni les empires qui doivent finir ; ce ne sont là que de petits débris : ce ciel physique lui-même, ce théâtre de tant de splendeurs, dit-il, finira, et il aura son jour de ruine :             Le grand astre qui l’embellit             Fera sa tombe de son lit.

1501. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Je laisse donc tous ces usages et ces abus qu’on a faits du nom de Sully au xviiie  siècle, tous ces Sully accommodés à la Turgot, à la Necker, à la Bernardin de Saint-Pierre, pour revenir à l’homme tel qu’il se montre à nous dans l’histoire et dans ses Mémoires.

1502. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Lorsque Horace nous montre le sage qui sait vivre de peu et qui est content si la salière de ses pères brille sur sa petite table (« cui paternum splendet in mensa tenui salinum »), Daru ne nous nomme pas cette salière, il ne la fait pas luire de sa propreté nette et brillante, il se contente de parler en général de table frugale et de simple mets.

1503. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Un sentiment de bonheur circule dans ces descriptions aimables ou savantes, et montre Cowper sous son jour le plus riant : « Si j’avais le choix d’un bien terrestre, que pourrais-je souhaiter que je ne possède ici ?

1504. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

douce, simple, m’aimant uniquement, crédule sur ma conduite qui était un peu irrégulière, mais dont la crédulité était aidée par le soin extrême que je prenais à l’entretenir, et par l’amitié tendre et véritable que je lui portais. » Mme Du Deffand est très bien traitée dans ces Mémoires, et s’y montre presque sans ombre, sous ses premières et charmantes couleurs ; mais la personne évidemment que le président a le plus aimée est Mme de Castelmoron, « qui a été pendant quarante ans, dit-il, l’objet principal de sa vie. » La page qui lui est consacrée est dictée par le cœur ; il y règne un ton d’affection profonde, et même d’affection pure : « Tout est fini pour moi, écrit le vieillard après nous avoir fait assister à la mort de cette amie ; il ne me reste plus qu’à mourir. » On raconte que dans les derniers instants de la vie du président et lorsqu’il n’avait plus bien sa tête, Mme Du Deffand, qui était dans sa chambre avec quelques amis, lui demanda, pour le tirer de son assoupissement, s’il se souvenait de Mme de Castelmoron : Ce nom réveilla le président, qui répondit qu’il se la rappelait fort bien.

1505. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il ne visait, vous aurait-il répondu, qu’à être un demi-savant, un galant homme qui a du goût pour les belles choses : « Nous autres polis, aurait-il dit d’un ton câlin, ne saurions prétendre à plus d’honneur » ; et il était homme à répliquer, comme La Monnoye, qui, un jour, complimenté sur sa science, en faisait bon marché, en même temps que montre, et avec ce grain de libertinage cher aux érudits, s’appliquait les vers d’un Baiser de Jean Second : Non hoc suaviolum dare, Lux mea, sed dare tantum     Est desiderium flebile suavioli.

1506. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Quoi qu’il en soit, telle se montre à nous, par sa correspondance, la vraie marquise de Créqui dans ses relations avec la famille Necker, de 1782 à 1789.

1507. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Le Dieu, au contraire, en s’attachant aux actions de Bossuet (et à part les mémoires écrits pour la montre), n’a fait que compromettre, sans le vouloir, cette haute figure ; il lui eût fallu pour pâture d’observation un moins noble maître.

1508. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

… » Comme Voltaire l’avait dénoncé d’emblée aux puissances et signalé comme un calomniateur de Louis XIV, de Louis XV et du roi de Prusse, La Beaumelle le rappelait à l’ordre et lui faisait toucher son inconséquence : « Apprenez qu’il est inouï que le même homme ait sans cesse réclamé la liberté de la presse, et sans cesse ait tâché de la ravir à ses confrères15. » Il y a même une lettre assez éloquente, la xiiie , dans laquelle l’auteur suppose un baron allemand de ses amis, qui s’indigne de l’espèce de défi porté par Voltaire, dans son enthousiasme pour le règne de Louis XIV : « Je défie qu’on me montre aucune monarchie sur la terre, dans laquelle les lois, la justice distributive, les droits de l’humanité, aient été moins foulés aux pieds… que pendant les cinquante-cinq années que Louis XIV régna par lui-même. » La réponse est d’un homme qui a souffert dans la personne de ses pères et qui sort d’une race odieusement violentée dans sa conscience, opprimée depuis près de quatre-vingts ans16 et traquée.

1509. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Je dissimulerais mon impression si je ne disais que, tel qu’il se dessine dans ce premier volume de son Journal, d’Argenson paraît plus ambitieux qu’on ne le jugerait d’après l’ensemble de sa carrière, et qu’il s’y montre aussi moins bonhomme, plus brutal et plus désagréable de nature qu’on ne se le figurait d’après ses écrits jusqu’ici publiés et tous plus ou moins arrangés ou morcelés à dessein.

1510. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Il résulte du premier qu’en décembre 1839, Mm Edling reconnaît que Mme Swetchine « dévie un peu pour elle de la ligne ni roide qu’elle suit », et qu’en janvier 1840, elle se montre plus satisfaite.

1511. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Merlin nous montre, entre autres, un gros personnage du pays, dom Colignon, curé de Valmunster, « qui y était tout à la fois seigneur haut justicier et foncier, représentant de l’abbaye de Metlach, décimateur et curé. » Chez lui, quand il y avait du monde, régnait un très bon ton et de la décence : « J’y vis pour la première fois M. l’abbé Grégoire, jeune curé, depuis évêque et député à l’Assemblée constituante et à la Convention.

1512. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Son fils, Emmanuel, un jeune homme charmant, se montre, au premier coup d’œil, touché de la beauté d’Aurélie, comme elle-même est touchée de ses attentions.

1513. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Je commence par le président Hénault, qui vivait dans sa société particulière, et qui nous le montre sous son vrai jour : — ah !

1514. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

A la vérité l’intérêt qu’il vous montre augmenterait, s’il était possible, l’opinion qu’on a de sa magnanimité et de sa bienfaisance, et les personnes comme vous ont des droits naturels sur une âme comme la sienne.

1515. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il a commencé à nous ouvrir son trésor, y compris celui de son érudition, dans deux volumes, où il est un peu question de tout et où il a tenu à faire montre d’abord de ce qui concerne l’antiquité ; mais l’antiquité n’est pas précisément ce qu’on lui demande, et, si instruit qu’il soit, il n’est pas là non plus dans son domaine : on l’attendait avec impatience sur les époques modernes, et aujourd’hui il vient nous en offrir un avant-goût en extrayant de son tome troisième des lettres de Henri IV, de la reine Marguerite, de Du Plessis-Mornay, et aussi de Montaigne.

1516. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Il s’ouvre avec la matinée ; l’on est dans la maison de Chimène ; elle apprend la victoire que Rodrigue vient de remporter durant la nuit sur les Maures, débarqués et rembarqués presque aussitôt : « Leur abord fut bien prompt, leur fuite encor plus prompte, Trois heures de combat laissent à nos guerriers Une victoire entière et deux rois prisonniers. » Trois heures de combat… Toujours la montre en main !

1517. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Catinat, gêné d’abord par ses instructions, plus gêné encore par son allure naturelle et par le fond de son tempérament, se montre plus que jamais le général embarrassé qu’on a précédemment entrevu ; il tâtonne, il est incertain ; il ne connaît pas bien cet échiquier nouveau, étendu, qui n’est plus celui du Piémont et des frontières ; toujours en retard de coup d’œil sur l’ennemi, à force de prévision éparse et inquiète il n’a nulle invention, tandis que celui qu’il a en face de lui en est rempli et abonde en conceptions hardies et neuves.

1518. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Le poète, durant toute la jeunesse de La Mennais, ne se montre pas ; il nous présente de son état intérieur des analyses expressives : il ne trouve de lui-même ni tableau ni couleurs.

1519. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.

1520. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Il est question de cette double lecture dans les lettres qui suivent : elle m’y loue plus que je ne le méritais, et elle se montre plus sévère pour elle qu’il n’était juste.

1521. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

En combien d’endroits de ses lettres Cicéron se montre préoccupé de ce je ne sais quoi si réel et si indéfinissable, soit que, du fond de la Cilicie, il écrive à un de ses amis plus heureux, qui vit, comme il dit, à la lumière : « Urbem, urbem, mi Rufe, cole et in ista luce vive 39, » soit qu’il écrive à cet autre qui se plaignait de lui, et qui tout d’un coup, en arrivant à Rome, change de ton : « Il a suffi du seul aspect de la ville pour te rendre ta première urbanité, adspectus videlicet urbis tibi tuam pristinam urbanitatem reddidit 40 ! 

1522. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Mais ici le développement se montre dans chaque lettre, abondant, naïf, continu ; on suit à vue d’œil l’âme, le talent, la raison, qui s’empressent d’éclore et de se former.

1523. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Car, là où Bertrand veut être surtout pittoresque, Burns se montre en outre cordial, moral, chrétien, patriote.

1524. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

On agrandit les événements par des images violentes ; on dit d’un richard qui s’enrichit, « qu’il pleut dans son escarcelle » ; on dit des pèlerins alléchés par la vue d’une huître « qu’ils l’avalent des yeux. » On insiste, on redouble, on s’acharne ; on ne se contente pas de dire qu’un avare entasse et compte ; on le montre « passant les nuits et les jours à compter, calculer, supputer sans relâche, calculant, supputant, comptant comme à la tâche. » On revient vingt fois sur le même objet, avec vingt expressions différentes ; un seul mot est impuissant à manifester la sensation intérieure ; tout le dictionnaire y passe ; toutes les images grossissantes ou appétissantes défilent coup sur coup pour l’exprimer.

1525. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« À l’aspect attendrissant du convolvulus, qui entoure de ses fleurs pâles quelque aune décrépit, il croit voir une jeune fille presser de ses bras d’albâtre son vieux père mourant ; l’ulex épineux, couvert de ses papillons d’or, qui présente un asile assuré aux petits des oiseaux, lui montre une puissance protectrice du faible ; dans les thyms et le calamens, qui embellissent généreusement un sol ingrat de leur verdure parfumée, il reconnaît le symbole de l’amour de la patrie.

1526. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Si une flotte dont on attend le retour montre au coucher du soleil les étages successifs de ses voiles surgissant une à une, comme un troupeau de moutons qui monte une colline au-dessus de la courbe de l’horizon, on songe aux canons qui ont grondé dans ses bordées, aux vaisseaux qui ont sombré sous les boulets des ennemis, aux morts et aux blessés qui ont jonché ses ponts sous la mitraille, toutes les images de la guerre, de la mort pour la patrie, de la gloire et du deuil assiégent la pensée. — Émotion !

1527. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Au point de vue politique, Montesquieu se montre fort admirateur de la constitution anglaise, où il voit un chef-d’œuvre d’agencement.

1528. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Il nous montre les peupliers « élancés » et les appelle « hôtes murmurants de la falaise ».

1529. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Le cosmopolitisme, qui vous montre l’immensité et la variété du monde, vous en fait sentir, presque dans le même moment, la monotonie et l’inutilité ; la planète paraît moindre à qui la connaît mieux : voyez où l’exotisme, qui est le cosmopolitisme pittoresque, a conduit Pierre Loti.

1530. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Dans son Résumé général de l’Histoire des Romains, morceau d’une gravité, d’une majesté toute romaines, et d’une plénitude et d’une fermeté de pensée et de forme qui égalent Victor Duruy aux plus grands, après avoir confessé que la philosophie de l’histoire, cette prophétie du passé, ne permet pas les prévisions certaines, il ajoute : « Non, l’histoire ne peut annoncer quel sera le jour de demain ; mais elle est le dépôt de l’expérience universelle ; elle invite la politique à y prendre des leçons, et elle montre le lien qui rattache le présent au passé, le châtiment à la faute.

1531. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

C’est la rage, Monsieur, qui est en ce moment l’objet de vos études ; vous en cherchez l’organisme microscopique, vous le trouverez ; l’humanité vous devra la suppression d’un mal horrible, et aussi d’une triste anomalie, je veux parler de la défiance qui se mêle toujours un peu pour nous aux caresses de l’animal dans lequel la nature nous montre le mieux son sourire bienveillant.

1532. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Ainsi la Chine idyllique, telle que les écrivains de notre xviiie  siècle la dépeignent souvent, pourrait bien, comme leur fameux état de nature, n’avoir été qu’une aimable création de leur fantaisie ; ainsi, pour quantité de Français, la Suisse demeure aujourd’hui un pays simple et patriarcal où l’on fabrique des montres et des fromages ; ainsi encore, avant 1870, la France croyait à l’existence d’une Allemagne sentimentale, rêveuse, pacifique, où la petite fleur bleue de l’idéal fleurissait dans les cœurs comme le myosotis au bord des ruisseaux.

1533. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Un autre marbre le montre raccordant les bras et les jambes, le torse et la tête d’un corps qu’il a sculpté par fragments.

1534. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

. — Nous la perdîmes dans l’affaire des Colonies, mais le scélérat qui nous l’enleva (il se montre moins emporté en d’autres endroits contre Brissot) ne put la recueillir, parce que le peuple, tout léger qu’il est, a cependant un tact qui ne peut s’attacher à cette sournoise hypocrisie ; elle est donc allée à Robespierre, mais tellement décrue, qu’on peut dire qu’il n’a peut-être pas recueilli le quart de nos partisans.

1535. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Cette correspondance dans laquelle Rousseau n’entra qu’à son corps défendant, et où, du premier au dernier jour, chaque billet lui fut comme arraché, a pourtant cela de remarquable et d’intéressant, qu’elle est suivie, qu’elle forme un tout complet, qu’elle n’était pas destinée au public, qu’elle nous montre Jean-Jacques au naturel depuis le lendemain de La Nouvelle Héloïse jusqu’au moment où sa raison s’altéra irrémédiablement.

1536. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Cette situation d’âme est même si visiblement déplorable, qu’elle s’offre à nous sans danger, je le crois, tant l’idée de maladie y est inhérente, et tant il s’y montre pêle-mêle de délire, de fureur et de malheur.

1537. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Francueil d’abord se montre sous un jour flatteur : cet amour entre Mme d’Épinay et lui est bien l’amour à la française, tel qu’il peut exister dans une société polie, raffinée, un amour sans violent orage et sans coup de tonnerre, sans fureur à la Phèdre et à la Lespinasse, mais avec charme, jeunesse et tendresse.

1538. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Une lettre de Montesquieu, du mois de mars 1748, nous montre Mme Geoffrin, à cette date, réunissant très bonne compagnie chez elle, et centre déjà de ce cercle qui devait, durant vingt-cinq ans, se continuer et s’agrandir.

1539. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Ce qui montre que, si elle ne frappait pas, comme on dit, d’estoc et de taille, si elle se servait le moins possible de la pointe, elle aimait assez à frapper du plat de la lame, comme elle faisait volontiers de son bâton.

1540. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Une lettre de Mme de Buffon à Biron, écrite quelques jours après le 10 août et la chute de la monarchie, et que MM. de Goncourt ont publiée dans leur Histoire de Marie-Antoinette (2e édition, p. 331), montre à nu la légèreté, la faiblesse, l’imprévoyance et les illusions de ce parti d’Orléans, dont ils étaient si complètement l’un et l’autre.

1541. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

À tout instant, des expressions heureuses, trouvées, ce qu’on peut appeler l’imagination dans le style, s’y montre et s’y joue, ni plus ni moins que si l’auteur était chez soi et s’animait, chemin faisant, de sa propre pensée.

1542. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

On y distingue dans la première scène du premier acte un morceau assez beau et sensé dans la bouche de Brutus, qui montre les Romains déchus de la liberté par leurs mœurs et méritant désormais la servitude.

1543. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Après vingt ans d’absence ou de négligence, en rentrant dans l’héritage paternel, il a à défendre ses intérêts, à regagner ce qu’il a perdu par la mauvaise foi du paysan ; ses voisins ont empiété tant qu’ils ont pu sur lui et lui ont rogné ses terres ; ses fermiers le paient mal, ses marchands de bois ne le paient pas du tout ; il chicane, il menace, il montre qu’il n’est pas homme « à se laisser manger la laine sur le dos » ; enfin, aux champs comme ailleurs, et plus qu’ailleurs, il retrouve la même espèce humaine qui obéit à ses intérêts, à ses cupidités, tant qu’elle peut et aussi longtemps qu’on la laisse faire.

1544. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Il nous montre le Sénat, « pendant que les armées consternaient tout », tenant à terre ceux qu’il trouvait abattus.

1545. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Cette seconde partie de ses Mémoires, qui le montre s’occupant des affaires d’intérêt public et du ménage politique de la Pennsylvanie, s’étend jusqu’à l’époque de sa première mission en Angleterre (1757), lorsque, âgé déjà de cinquante et un ans, il est chargé par ses compatriotes d’aller y plaider leurs intérêts contre les descendants de Penn, qui abusaient de leurs droits.

1546. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Pour excuser l’amour-propre de Montaigne, Grimm trouve une raison pleine d’observation et de finesse ; remarquant que l’amour-propre est moins fâcheux quand il se montre sans dissimulation et avec bonhomie, il ajoute : « Loin d’exclure la sensibilité pour les autres, il en est souvent la marque et la mesure la plus certaine.

1547. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker pour ses ministères, se réconcilieraient avec lui, s’ils lisaient ce piquant essai où un homme réputé grave se montre aussi fin persifleur que pouvait l’être Rulhière.

1548. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

L’art est ainsi une condensation de la réalité ; il nous montre toujours la machine humaine sous une plus haute pression.

1549. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

L’émotion produite par un roman dépend du décor où il se passe, des personnages qu’il montre, des actes que ceux-ci commettent ou subissent ; elle dépend encore de l’intensité avec laquelle sont rendus évidents ces personnages, ces actes et ces décors.

1550. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Cette dénomination a été donnée en souvenir de cette mode des « combles » qui sévit jadis en France… dans un milieu où l’on se montre assez accommodant quant à la qualité de l’esprit.

1551. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Il nous avait annoncé il est vrai, pour plus tard, un autre volume sur Rivarol et sur son temps, et nous l’avons eu, mais ce volume, qui est une biographie très bien faite, dans laquelle M. de Lescure a prouvé la noblesse très ancienne de Rivarol, et le titre nullement apocryphe de comte porté par lui montre l’homme et non l’écrivain.

1552. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Rien n’y montre cette forte adhésion de toutes les puissances de l’âme qui est le caractère de la foi.

1553. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

C’est un rationaliste ; c’est un hégélien plus ou moins ; c’est l’ennemi du surnaturel ; c’est le critique qui montre comment cela pousse dans l’humanité, mais n’est jamais la vérité en soi, indéfectible, absolue, comme nous y croyons, nous.

1554. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Dieu, « qui voit dans la nuit une fourmi noire sur une table noire », y voit le resplendissement des Saints dans les ténèbres de leurs vies les plus cachées ; mais le monde imbécile et distrait ne voit rien, si on ne lui montre pas tout… Voilà pourquoi il faut lui montrer les Saints dans des histoires dignes de leurs vies et de leurs âmes.

1555. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

C’est à cette croyance naïve que s’oppose la bio-sociologie, qui nous montre que les corps sociaux, pas plus que les individus, ne peuvent être conçus comme in-solidaires, que tout agrégat humain est en rapport nécessaire avec un plus vaste agrégat qui est l’humanité, et que dans la vie sociale comme dans la vie naturelle, la partie est liée au tout, en un mot que tout est lié.

1556. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

viens, avance, montre à l’extrémité de la tombe la semelle empourprée de tes pieds ; et dévoilant l’éclat de ta royale tiare, viens, ô père, ô tutélaire Darius, afin d’entendre nos nouveaux, nos derniers malheurs ; et apparais-nous comme le maître du monde.

1557. (1902) Propos littéraires. Première série

Bourget creusait dans le premier, je crois, de ses romans, il la montre avec netteté dans ce qu’elle a de douloureux et de tragique. […] Zola nous le montre quatre fois, à intervalles sagement ménagés, comme il nous a montré trois ou quatre fois aussi Napoléon III dans La Débâcle. […] Je ne me trompais sans doute pas dans ce rapprochement ; car voici, aux premières pages de son livre, un éloge de la littérature indienne, qui montre assez que M.  […] Il trouva un mot bien joli pour les caractériser d’ensemble : « Ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante ; et ce qui ne vaut pas la peine d’être regardé, on le peint. » Il montre très nettement par des exemples bien analysés la tare secrète de cet art et les limites qu’il est dédaigneux de dépasser parce qu’il est impuissant à les atteindre : « Entre le tableau de M.  […] « Ce Salon de 1876, comme les précédents, se montre à nous comme une collection de tableaux de genre.

1558. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Il appela jadis Marie Bashkirtseff Notre-Dame du Sleeping, et dans le même lieu son icone à lui se montre maintenant en bonne place. […] Bertrand nous montre comment Salammbô surmonte le roman historique en l’absorbant dans une œuvre plus historique encore, surhistorique pourrait-on dire. […] Molière montre les pères et les tuteurs bafoués et dupés par leurs enfants amoureux. « Mais cela, c’est la tradition du théâtre. […] Lanson nous le montre tenant pour Gorgibus contre ses filles. […] Il place même parmi les mauvais maîtres du passé son compatriote Montaigne (ce qui montre qu’il ne faudrait pas l’accuser de fanatisme local).

1559. (1774) Correspondance générale

Je suis entre deux puissances dont l’une me montre le bien et l’autre m’incline vers le mal. […] Une troisième, qui montre une femme assise qui enveloppe d’un pan de sa robe des fleurs d’hiver, semble avoir été projetée pour la Russie. […] Je suis tenté de lui faire présent de ma montre, qu’en penses-tu ? […] Écoute, si je donne ma montre à mon conducteur, elle le saura ; et d’ailleurs elle me sert si peu, et j’ai pensé en faire présent à M. de Nariskin. […] La première moitié est écrite par Fenouillot de Falbaire, et l’autre moitié par Diderot, qui s’y montre dans tout son déshabillé philosophique.

1560. (1896) Les Jeunes, études et portraits

On n’y dissimule pas les difficultés de la lutte ; mais on y montre du moins que la lutte est possible et quel en est le prix. […] Il les anime ces masses populaires en quelques scènes d’un puissant relief ; il nous les montre violentes, terribles, soit qu’il s’agisse d’« exécuter » un faux frère ou de tenir la police en échec dans l’échauffourée du Père-Lachaise. […] Paul Margueritte, intitulée : Après le divorce 12, nous montre deux époux qui, après avoir demandé et obtenu le divorce, comprennent qu’ils n’ont pas cessé de s’aimer, songent à se reprendre, reculent devant cette solution inattendue. […] Lavedan se réduisent à celle-ci : c’est que l’aristocratie n’est pas tout entière telle qu’on nous la montre dans le Prince d’Aurec. […] Bossuet, dans une page éloquente, nous montre les générations nouvelles poussant du coude celles dont elles vont prendre, la place.

1561. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

C’est un fait important à constater, puisqu’il nous montre que les progrès de l’art dramatique sont loin d’exiger un luxe disproportionné de mise en scène, et que souvent c’est en s’effaçant modestement que la mise en scène mérite le nom d’art. […] C’est pourquoi les débuts sont si souvent trompeurs ; on y fait montre de qualités charmantes et même supérieures, mais le véritable comédien ne se révèle que le jour où, abandonné de ses maîtres, seul vis-à-vis de lui-même, il aborde la création d’un rôle. C’est là que la faculté maîtresse se dévoile ou se montre décidément absente. […] cette étoile à droite de cet arbre  — Non, celle-là qui se montre à peine et qui brille comme une larme… » Toute cette scène, comme on le voit, est fortement empreinte d’un naturalisme plein de mélancolie. […] Cet exemple montre qu’il faut lire avec la plus grande attention l’œuvre que l’on doit mettre en scène et déterminer la nature de l’inspiration de l’auteur.

1562. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Avec une gravité et une simplicité soutenues, il montre aux puritains que les lois de la nature, de la raison et de la société sont, comme la loi de l’Écriture, d’institution divine, que toutes également sont dignes de respect et d’obéissance, qu’il ne faut pas sacrifier la parole intérieure, par laquelle Dieu touche notre intelligence, à la parole extérieure, par laquelle Dieu touche nos sens ; qu’ainsi la constitution civile de l’Église et l’ordonnance visible des cérémonies peuvent être conformes à la volonté de Dieu, même lorsqu’elles ne sont point justifiées par un texte palpable de la Bible, et que l’autorité des magistrats, comme le raisonnement des hommes, ne dépasse pas ses droits en établissant certaines uniformités et certaines disciplines sur lesquelles l’Écriture s’est tue pour laisser décider la raison. « Car si la force naturelle de l’esprit de l’homme peut par l’expérience et l’étude atteindre à une telle maturité, que dans les choses humaines les hommes puissent faire quelque fond sur leur jugement, n’avons-nous pas raison de penser que, même dans les choses divines, le même esprit muni des aides nécessaires, exercé dans l’Écriture avec une diligence égale, et assisté par la grâce du Dieu tout-puissant, pourra acquérir une telle perfection de savoir que les hommes auront une juste cause, toutes les fois qu’une chose appartenant à la foi et à la religion sera mise en doute, pour incliner volontiers leur esprit vers l’opinion que des hommes si graves, si sages, si instruits en ces matières, déclareront la plus solide366 ?  […] Car nous n’en sommes pas convaincus si nous jetons l’œil sur nos personnes seulement, et que nous ne pensions pas aussi bien à Dieu, lequel est la seule règle à laquelle il nous faut ordonner et compasser ce jugement… (Et alors) ce qui avait belle montre de vertu se découvrira n’être que fragilité. […] Cette récrimination publique et authentique montre tout le détail de l’organisation et de l’oppression cléricales. […] Un homme secourable, Évangéliste, lui montre le droit chemin.

1563. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Shakespeare se montre indulgent et dit avec raison : « Quiconque pense est en contact avec les générations anciennes et les générations futures comme s’il les embrassait »… À Hambourg, station chez un alchimiste. […] Gabriele d’Annunzio nous montre, avec des gestes éperdus, le Triomphe de la mort. « Heureux les morts ! […] Charles de Rouvre montre, sans réticences, la condition qui est faite par nos mœurs et par nos règlements à la femme qui veut s’émanciper par son travail. […] Edward C…, avocat de la reine, homme considérable et charmant, très initié aux élégances parisiennes, orateur lorsqu’il parle anglais et causeur exquis dès qu’il emploie notre langue, me montre en détail l’installation de ce club, principal rendez-vous du parti conservateur. […] Quoi qu’il arrive, la nation russe restera ce qu’elle a été ; son histoire nous montre avec quelle suite, quelle constance elle a marché ; elle ne s’arrêtera pas.

1564. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Sa biographie écrite par son fils nous le montre naissant d’une vieille famille du Rouergue qui avait su durer. […] La France issue de la Révolution, telle que la Comédie humaine nous la montre, ne souffre pas d’un manque d’énergie, elle souffre des abus d’une énergie mal réglée. […] Des castes distinctes dont les cloisons ne soient cependant pas à étanches mais à écluses, afin que le recrutement et le déclassement de l’aristocratie soient à la fois assurés et mesurés, et que les classes moyennes soient sans cesse anoblis dans leurs aînés ; et les classes nobles arroturées 20 dans leurs cadets, telle est la constitution que l’histoire nous montre comme la plus propice au bon équilibre des sociétés. […] Si elle avait été une simple dame, elle n’en aurait eu qu’une… »‌ En prononçant cette phrase, le gardien qui montre cette relique ne répète pas un simple boniment de musée. […] Il nous montre la dame du Venusberg se rendant à la cuisine pour tremper une soupe au chevalier Tannhaeuser.

1565. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Il nous montre les dangers sociaux qui peuvent advenir de l’extension d’une telle caste : appauvrissement de la race, corruption morale, accroissement de la criminalité. […] Moréas abuse des coupes libres, d’une rythmique imprévue, savante et riche en tournures, elle se compose du Pèlerin passionné, des Étrennes de Doulce, d’Autant en emporte le Vent ; dans l’autre, le poète nous montre des soucis plus sérieux de classicisme, sa poétique est moins indépendante, ses vers plus réguliers, nous y lirons des églogues comme Ériphyle, et toute une suite de gracieuses sylves. […] Ce que nous montre Proudhon, c’est donc, à mon avis, bien moins la psychologie de Napoléon que, dans sa terrifiante réalité et dans son horreur barbare, le portrait de l’homme de guerre moderne, de celui que M. 

1566. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Cela est assez vraisemblable, à en juger par la vivacité furibonde qu’il montre à ce sujet dans ses lettres : Si ce Gazetier (c’est ainsi qu’il l’appelle toujours) n’était soutenu de l’Éminence en tant que nebulo hebdomadarius (ces mots de polisson, de fripon à la semaine, reviennent sans cesse sous la plume de Gui Patin, il est vrai que c’est en latin qu’il les dit), nous lui ferions un procès criminel, au bout duquel il y aurait un tombereau, un bourreau, et tout au moins une amende honorable : mais il faut obéir au temps.

1567. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Louis XI, encore Dauphin, dans ses traverses et ses brouilles avec son père, envoie-t-il une lettre circulaire à tout le clergé du royaume pour demander des prières, Duclos ajoute : « Il faisait ordinairement des vœux lorsqu’il se croyait sans ressource du côté des hommes. » Louis XI, Dauphin, se réfugie-t-il en Bourgogne, en se confiant pour l’y conduire au prince d’Orange et au maréchal de Bourgogne, c’est-à-dire à ses deux plus grands ennemis, Duclos dit : « Le Dauphin préféra des ennemis généreux à des amis suspects. » Pendant son séjour à la cour de Bourgogne, le Dauphin montre-t-il le plus violent dépit de ce que son père a nommé d’autres officiers en Dauphiné, Duclos dira : « Il était aussi jaloux de son autorité que s’il ne fût jamais sorti de son devoir. » Si minutieuses que puissent sembler ces remarques, j’ose assurer que, pour les divers livres que j’ai examinés, la part d’originalité de Duclos, dans sa rédaction de l’Histoire de Louis XI, se réduit à peu près à de tels ornements et assaisonnements de narration.

1568. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

» Ici, dans une petite dissertation très juste et très bien déduite, Marivaux montre que pour la nuance de pensée de La Rochefoucauld, il n’y avait pourtant pas d’autre expression possible, et que les équivalents proposés n’y répondent pas : Cet esprit, simplement trompé par le cœur, ne me dit pas qu’il est souvent trompé comme un sot, ne me dit pas même qu’il se laisse tromper.

1569. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Son optimisme ici et cette espèce de béatitude que nous lui avons vue en quelques moments expire ; et avec cela il ne désespère jamais, il n’abdique pas son idée d’avenir et ne laisse pas échapper ce qu’il estime le fil conducteur : J’ai vu la plupart de mes concitoyens très alarmés aux moindres dangers qui à tout moment menacent l’édifice de notre Révolution ; ils ne peuvent se persuader qu’elle soit dirigée par la Providence, et ils ne savent pas que cette Providence laisse aller le cours des accessoires qui servent de voile à son œuvre, mais que quand les obstacles et les désordres arrivent jusqu’auprès de son œuvre, c’est alors qu’elle agit et qu’elle montre à la fois ses intentions et sa puissance ; aussi, malgré les secousses que notre Révolution a subies et qu’elle subira encore, il est bien sûr qu’il y a eu quelque chose en elle qui ne sera jamais renversé.

1570. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il se montre très favorable au grand Frédéric, rien de mieux ; mais non seulement il admire ses écrits, il admire encore (juin 1754) l’apologie de sa politique : « Quel homme !

1571. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Au milieu de la rigueur nécessaire, il s’y montre assez humain, bon politique, observateur éclairé et curieux des cerveaux en délire, nullement présomptueux : « Quand on a, dit-il, à ramener un peuple qui a la tête renversée, on ne peut répondre de rien que tout ne soit consommé. » Témoin des phénomènes physiologiques les plus bizarres, des tremblements convulsifs des prophètes et prophétesses, il est un de ceux dont la science invoquera un jour le témoignage : J’ai vu dans ce genre des choses que je n’aurais jamais crues si elles ne s’étaient passées sous mes yeux : une ville entière, dont toutes les femmes et les filles, sans exception, paraissaient possédées du diable.

1572. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Mme de Tracy nous en est un exemple, et elle nous montre combien les pensées d’au-delà sont une ressource pour alimenter la vie du cœur.

1573. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il ne se montre pas tel, en effet, dans l’habitude de la vie, et le diabolique en lui ne dominait pas.

1574. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

L’humanité se montre chez lui bien naïvement aussi, dans l’anecdote suivante ; il aurait pu faire la Fille du régiment, comme il a fait le Chien du régiment ; il aimait mieux pourtant n’avoir pas à traiter ce nouveau sujet de tableau : « Dis à Jazet14 que je lui rapporte une vigoureuse collection de sujets.

1575. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

La Comédie, de la Mort, qui parut en 1838, nous montre de plus en plus développée dans le poète à qui le préjugé n’accorde guère que la palme de la description, une pensée intime et amère d’ennui, de dégoût consommé, la réflexion désespérée et fixe d’un néant final universel.

1576. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Je ne crois rien m’exagérer, mais ce récit naturel, qui d’une part nous montre des populations exaspérées, fanatisées, sauvages, des chefs et des gouverneurs timides et obligés de hurler avec la populace, de peur de la voir se déchaîner ; qui, d’autre part, nous fait entrevoir des âmes humaines comme il s’en rencontre partout, des cœurs pétris d’un meilleur limon et qui s’attendrissent au spectacle des peines et des souffrances de leurs semblables ; ce récit, sans y viser, a quelque chose de pathétique et de tout à fait virgilien : « Au coucher de la lune, l’obscurité devint profonde ; les guérillas perdirent toute trace de chemin et nous surveillèrent de plus près.

1577. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Quand on écrit la biographie de certains poètes, on peut dire que l’on montre l’envers de leur poésie ; il y a disparate de ton : ici, dans cette longue odyssée domestique, on a simplement vu le fond même et l’étoffe dont la poésie de Mme Valmore est faite, et à quel degré, dans cette vie d’oiseau perpétuellement sur la branche, — sur une branche sèche et dépouillée, — près de son nid en deuil, toute pareille à la Philomèle de Virgile, elle a été un chantre sincère.

1578. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Mais il reste toujours cette contradiction piquante qui exprime bien la confusion du temps et qui montre un maître de la précédente école un peu étonné et tout lier de son disciple émancipé.

1579. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Il y a des degrés encore après Homère et Virgile, remarque Du Bellay, qui nous rend en ceci comme un écho de Cicéron : « Nam in poetis, non Homero soli locus est (ut de Græcis loquar), aut Archilocho, aut Sophocli, aut Pindaro, sed horum vel secundis, vel etiam infra secundos 106. » À chaque pas, avec Du Bellay, on a affaire à des citations des Anciens, directes et manifestes ; mais il y a aussi, à tout moment, les citations latentes et sous-entendues, comme celle qu’on vient de lire ; et encore, lorsque plus loin, parlant des divers goûts et des prédilections singulières des poètes, il nous les montre, les uns « aimant les fraîches ombres des forêts, les clairs ruisselets murmurant parmi les prés », et les autres « se délectant du secret des chambres et doctes études » : à ces mots, tout ami des Anciens sent les réminiscences venir de toutes parts et se réveiller en foule dans sa pensée ; ainsi, par exemple, ces passages du Dialogue des Orateurs : « Malo securum et secretum Virgilii secessum… Nemora vero, et luci, et secretum ipsum… tantam mihi afferunt voluptatem 107. » On a, en lisant ce discours de Du Bellay, le retentissement et le murmure de ces nombreux passages dont lui-même était rempli.

1580. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

L’auteur, qui ne se montre pas seulement ici un homme sentimental, comme il l’était dans ses élégies, mais qui sait le monde, qui a le ton de la raillerie, l’aperçu exquis des ridicules, des travers, des médisances, et tout ce bon goût rapide et chatouilleux que donne, hélas !

1581. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Il en est de la poésie amoureuse comme de Vénus quand elle se montre aux yeux d’Énée, naufragé près de Carthage et à la veille de voir Didon : elle prend les traits d’une mortelle, d’une simple chasseresse ; elle ressemble à une jeune fille de Sparte, et s’exprime sans art d’abord, avec un naturel parfait.

1582. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Magnin ne se montre pas trop empressé de dire : Ceci est bon, et ceci est mauvais.

1583. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Le Clerc rappelle très-bien et cite l’agréable plaisanterie de l’abbé Barthélemy, où, sous le titre d’Essai d’une nouvelle Histoire romaine, il montre qu’il ne croit à peu près rien des premiers siècles de l’ancienne.

1584. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Tel nous le montre son Discours ou Tableau de la Littérature française au xviiie  siècle, ouvrage conçu durant ces années et qui parut pour la première fois en 1809.

1585. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

J’ai regret de le dire, mais l’homme de parti se montre à chaque ligne dans cette Lettre.

1586. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Joinville nous les fait voir et toucher, il nous les montre en action, dans les faits particuliers : saint Louis jugeant à Vincennes ou dans son jardin du palais, ou bien punissant six bourgeois de Paris qui, pour s’être arrêtés à mander des fruits dans une île, avaient retardé et mis en péril toute la flotte ; saint Louis prisonnier des Sarrasins, qu’il domine par sa sérénité ; saint Louis refusant de quitter sa nef à demi bridée, pour partager le sort de ses gens ; saint Louis portant les cadavres de ses soldats, « sans se boucher le nez, et les autres le bouchaient », autant de tableaux expressifs, saisissants de réalité familière, et que Joinville a rendus populaires.

1587. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

L’Epinette du jeune prince conquérant, le royaume de Bonne Renommée, œuvre de Simon Bougoing, donne une idée suffisante de cette poésie des valets de chambre ou secrétaires du couple royal, et montre en eux les héritiers directs des Meschinot et des Molinet.

1588. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

On voyait les manufactures d’étoffes, les fabriques de montres qu’il avait créées, et dont il employait sa popularité européenne à placer les produits.

1589. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Feuillet lui-même nous montre, par l’exemple du vertueux docteur Tallevaut, qu’une doctrine vaut exactement ce que vaut l’âme qui l’embrasse : alors pourquoi rendre la philosophie du bonhomme responsable des crimes de Sabine ?

1590. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Ils sentent que ni les calculs de la prudence, ni le courage, ni la rapidité et la vigueur de la décision ne suffisent ici et que, faisant l’histoire, ils la font avec quelqu’un qui ne se montre pas, qui est peut-être contre eux, et qu’ils collaborent avec un grand inconnu.

1591. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Est-ce dans Le Médecin volant qu’on nous le montre ainsi ?

1592. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Ce titre montre excellemment quelle était la nature de ses ambitions.

1593. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Et puisque c’est d’aspirer en quelque sorte à cette direction qu’il fait montre, lorsqu’il s’applique à exercer une influence, à faire vibrer une corde, ne serait-ce que la moins essentielle du cœur, il nous doit donc un certain compte des raisons qu’il a de vouloir y réussir, comme il se devait de se demander quelle graine il allait semer qui méritât d’être féconde.

1594. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Cadet Simian est la providence des jours sombres ; on vient frapper à sa porte toutes les fois que la vie se montre à Maillane par ses côtés austères.

1595. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Mais où se montre de la façon la plus éclatante et la plus singulière la prédominance tyrannique de la conception réaliste chère à toute cette époque, c’est peut-être dans le caractère que prend alors le socialisme.

1596. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

La presse de Leipzig montre une ardeur surprenante en faveur de Wagner.

1597. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Alors le baron, qui a monté tout ce guet-apens, montre à l’amphitryon, assis dans le désert de son raoût, une lettre que vient de lui écrire un feld-maréchal en personne, et, dans cette lettre, plus infamante et plus brutale qu’une volée de schlague, ce guerrier bavarois demande à son ami Berghausen de quel front un vil histrion ose inviter à ses noces les Sérénités et les Grâces de l’Almanach de Gotha.

1598. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Doué d’une grande facilité de travail, d’une vaste mémoire, en possession des langues anciennes et de la plupart des langues modernes, il lit les auteurs et les livres d’un bout à l’autre ; il s’instruit en les contrôlant ; il est impartial pour ceux mêmes envers qui il se montre sévère.

1599. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

En l’écrivant, il se revoit en idée et il se montre à nous chez Mme Geoffrin, comme il y était par le passé : Me voilà donc tel que toujours, l’abbé, le petit abbé, votre petite chose.

1600. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

J’ai dit que Camille, dans un endroit du Vieux Cordelier, a un mouvement d’élévation véritable ; c’est dans le numéro 5, quand il fait bon marché de sa vie et qu’il se montre prêt à la sacrifier pour la cause de l’humanité enfin et de la justice, c’est quand, s’adressant à ses collègues de la Convention, il s’écrie : Ô mes collègues, je vous dirai comme Brutus à Cicéron : Nous craignons trop la mort, et l’exil et la pauvreté.

1601. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

La Chronique de Paris nous le montre, dans les derniers mois de 1792, s’élevant avec une sorte de fermeté contre les idées d’anarchie, contre « les idées immorales et destructives de tout ordre social qu’on travaille sourdement à accréditer parmi le peuple » (18 septembre).

1602. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Il est temps de le dire, Mme de Girardin comme femme, et là où elle se montre de sa personne, paraît bien supérieure, jusqu’ici, à ce qu’elle a été comme auteur.

1603. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Elle montre que, comme il est difficile de supprimer tout à fait la galanterie et l’amour, le mieux peut-être serait encore d’en revenir à cette erreur si commune qu’une vieille coutume a rendue légitime, et qui s’appelle mariage.

1604. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

À quelques égards, dans ces Conversations, Mlle de Scudéry se montre à nous comme le Nicole des femmes, avec plus de finesse peut-être, mais aussi avec un fond de pédantisme et de raideur que l’ingénieux théologien n’a pas.

1605. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Dans une lettre où elle s’excuse de ne pouvoir leur présenter deux jeunes Zurichois, elle nous les montre ne pouvant se contraindre dans leurs propos, travaillant le matin dans leur cabinet, puis causant tout le reste du jour : Le matin est consacré à l’étude, et ils ont une si grande liberté de penser, qu’ils ne peuvent se résoudre à rencontrer un visage inconnu dans les maisons qu’ils fréquentent ; car qui dit liberté de penser, sous-entend un désir violent de parler ; j’en vois quelques-uns, et heureusement leurs mœurs, qui sont très honnêtes, corrigent l’impression de leurs principes, sans quoi il vaudrait mieux renoncer à ce genre de société.

1606. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Maury place hardiment Bossuet à la tête de tous les autres orateurs sacrés, même dans le genre du sermon ; il le montre à la fois le précurseur en date et le maître de Bourdaloue et de Massillon.

1607. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Enfin nous retrouvons la détente secrète dont j’ai déjà parlé, et qui montre qu’on ne gagne rien sur son caractère en vieillissant.

1608. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Ici Voltaire, tandis qu’il mène en Suisse une vie de grand seigneur et d’homme en apparence tout occupé des seuls plaisirs de l’esprit, se montre, dans ses lettres à d’Alembert, l’organisateur ardent de tout ce qui est du ressort et de l’intérêt de la cause commune.

1609. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Mais le xviiie  siècle, dans son ambition, ne se contente point de si peu ; Sieyès, dans un de ses rares moments d’épanchement, disait : « La politique est une science que je crois avoir achevée. » Et quant à la morale, plus d’un philosophe du temps eût été plus loin et eût dit : « Je crois l’avoir à la fois achevée et inventée. » Piqué par les reproches du Génie et enhardi par sa présence, le voyageur s’ouvre donc à lui ; il veut savoir « par quels mobiles s’élèvent et s’abaissent les empires ; de quelles causes naissent la prospérité et les malheurs des nations ; sur quels principes enfin doivent s’établir la paix des sociétés et le bonheur des hommes. » Ici les ruines de Palmyre s’oublient : le Génie enlève le voyageur dans les airs, lui montre la terre sous ses pieds, lui déroule l’immensité des lieux et des temps, et commence à sa manière toute une histoire de l’humanité et du principe des choses, de l’origine des sociétés, le tout sous forme abstraite et en style analytique, avec un mélange de versets dans le genre du Coran.

1610. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Bastian ajoute ensuite que « l’attention et la volition appartiennent l’une et l’autre à la catégorie des sensations actives », expression étrange, qui montre comment on est obligé de rétablir d’un côté l’activité qu’on nie de l’autre.

1611. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Si je suis ému par la vue d’une douleur représentée, comme dans le tableau de la Veuve du soldat, c’est que cette parfaite représentation me montre qu’une âme a été comprise et pénétrée par une autre âme, qu’un lien de société morale s’est établi, malgré les barrières physiques, entre le génie et la douleur avec laquelle il sympathise : il y a donc là une union, une société d’âmes réalisée et vivante sous mes yeux, qui m’appelle moi-même à en faire partie, et où j’entre en effet de toutes les forces de ma pensée et de mon cœur.

1612. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Là, dans l’ombre de quatre ou cinq monuments démesurés où resplendissent en marbre et en bronze des inconnus royaux, on vous montre sur un petit socle une figurine et sous cette figurine ce nom : WILLIAM SHAKESPEARE.

1613. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Celui qui les dédaigne et les supprime comme indignes de lui, montre par là même qu’il est bien peu philosophe.

1614. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Ils ont tous deux connu la nature, avec cette différence que le premier d’un style plein et uniforme, montre tout à la fois ce qu’elle a de plus beau et de plus noble, de plus naïf et de plus simple ; il en fait la peinture ou l’histoire.

1615. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

La comparaison n’est pas flatteuse pour l’auteur de Madame Bovary, M. de Boufflers nous montre comment écrivait « un honnête homme ».

1616. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

La scène montre à droite le sommet d’un vieux château ; au-dessous, des rochers.

1617. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Il fait noir comme dans un four ; Le ciel s’est habillé ce soir en scaramouche, Et je ne vois pas une étoile Qui montre le bout de son nez.

1618. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Peinture enlevée avec une vigueur un peu cynique, je ne le nie pas, brutal débridement de plaie qui montre le fond, et fait honneur au carabin.

1619. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Tu me montres une assemblée qui crie, et il y a simplement un chien qui aboie.

1620. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Ce gouvernement direct et permanent de tous par tous, qu’on nous montre dans certaines sociétés primitives, n’était possible que grâce à l’étroitesse des clans.

1621. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Tu montres Dieu fait homme ; tu élèves l’homme jusqu’à Dieu. »

1622. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Mais ce n’est pas ainsi que la nature nous instruit ; elle ne nous montre d’abord que le physique. […] ensorte que nous habitons, à la vérité, un pays réel & physique : mais nous y parlons, si j’ose le dire, le langage du pays des abstractions, & nous disons, j’ai faim, j’ai envie, j’ai pitié, j’ai peur, j’ai dessein, &c. comme nous disons j’ai une montre. […] Si l’on nous montre deux portraits de la même personne, & qu’il y en ait un qui nous rappelle avec plus d’exactitude & de vérité l’image de cette personne, nous disons que le portrait est parlant, qu’il est parfait, c’est-à-dire qu’il est tel qu’il doit être. […] On peut remonter de l’individu jusqu’au genre suprème, Medor, chien, animal, être ; c’est la méthode par laquelle la nature nous instruit ; car elle ne nous montre d’abord que des êtres particuliers. […] Ce ajoute à l’idée de le, en ce qu’il montre, pour ainsi dire, l’objet à l’imagination, & suppose que cet objet est déjà connu, ou qu’on en a parlé auparavant.

1623. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Rien ne montre mieux que ses livres la différence qu’il y a d’une religion à une théologie. […] Voilà bien où se montre et éclate le pur scolastique. […] Il est l’homme de Pascal qui « en juge par sa montre » et qui se moque de ceux qui jugent par leur goût. […] C’est bien lui qui montre, de l’ancienne constitution française ramenée à son véritable esprit, quel gouvernement pondéré, souple, fort, aisé et libéral pouvait sortir. […] Elle voit et montre très bien la bonne volonté et l’ignorance redoutable des hommes de 1789, leur présomption singulière, leur insouciance ou leur mépris à l’endroit des constitutions des peuples libres, Angleterre et Amérique, qui auraient pu les guider.

1624. (1922) Gustave Flaubert

Une lettre de Flaubert, en 1852, nous la montre essayant de vendre en Angleterre, pour vivre, les autographes que lui ont laissés tant de personnes illustres. […] Celle de Flaubert avec Louise Colet le montre fourvoyé dans une vie sentimentale qui ne lui convient pas. […] À défaut de volonté, il y aurait pourtant en elle assez de passion, de spontanéité nerveuse, d’égoïsme sombre, pour pousser un homme au crime. « As-tu tes pistolets », nous montre qu’elle ferait de Rodolphe un meurtrier ; « À ton étude !  […] L’œuvre de Flaubert en a tiré un double bénéfice : elle montre sa force intérieure par la nombreuse postérité qu’elle engendre, elle garde la gloire de n’avoir pas été égalée par cette postérité. […] » Il lui montre son cœur.

1625. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Ramon montre que les sentiers par lesquels l’Aimant cherche son Aimé sont longs et périlleux, pleins de difficultés, de soupirs et de larmes, mais illuminés d’amour. […] » Et dans cet ordre d’idées non plus religieuses mais profanes, Menendez Pelayo nous montre le poète catalan Ausias March, chez qui M.  […] Elle montre de riches palais de marbre et de mosaïques, de beaux minarets que la croix domine. […] Car, ici, il ne s’agit plus de sectes artistiques ; on nous montre l’œuvre d’un mort, en nous disant consciencieusement, franchement : « Voyez et jugez. […] — Aura-t-il le courage de sauver sa maîtresse — si une fois de Malandran se montre le visage — en courroux ?

1626. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Coppée nous montre, par un exemple charmant et déplorable, que l’habileté sans l’inspiration ne saurait s’élever à ces hauteurs où… (laissons-le finir sa phrase). […] Chaque passion, chaque impression, chaque phrase, pourrait-on dire, a visiblement trois mille ans de plus qu’un vers d’Homère et vingt-quatre siècles de plus qu’un vers de Sophocle, et montre à qui sait voir, comme un signe involontaire et indélébile, l’affinement de son époque. […] Jacquinet a fait précéder les Oraisons funèbres d’une Introduction très substantielle où il nous montre, entre autres choses, que Bossuet a toujours été aussi sincère que le pouvaient permettre les conditions mêmes et les convenances du genre. « Voyez, je vous prie, ajoute M.  […] Comme il prétend peindre la réalité et qu’il est persuadé qu’elle est ignoble, il nous la montre telle, avec les scrupules d’une âme délicate à sa façon, qui ne veut pas nous tromper et qui nous fait bonne mesure. […] S’il est vrai que la nature « ne tient pas », à ce que dit le vieux Prospero (et elle le montre assez !)

1627. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Le coup d’œil le plus superficiel sur l’état du monde nous montre que, dans tous les domaines, nous sommes en pleine réaction. […] Sous l’œil des Barbares montre la difficulté qu’a un jeune homme à se connaître, à se développer et à se défendre. […] Le succès de nos publications nous montre la réalité de cette idée. […] La chair a démêlé les fonctions de l’esprit et l’esprit se montre plus volontiers indulgent aux pratiques de la chair. […] pour cela je ne suis pas entêté… Qu’on me montre des vers à rime pauvre ou même sans rime qui soient beaux, et j’y applaudirai.

1628. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Homère ici se montre aussi expérimenté en effervescence populaire et aussi contempteur de l’anarchie qu’un homme qui aurait traversé les factions de la multitude et de la soldatesque dans les dissensions civiles de sa patrie. […] Voulez-vous connaître l’origine, le costume, le caractère, la géographie, les mœurs des nations qui peuplaient alors les confins de l’Asie et de l’Europe : le poète vous les montre du doigt, vous les décrit et vous les raconte, peuplade par peuplade, et pour ainsi dire homme par homme, dans cette double revue passée sous vos yeux dans la plaine de Troie !

1629. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Si Saint-Evremond eût osé suivre sa pensée ou se fier à ses impressions, il ne se serait pas avisé de dire que le grand peut manquer là où se montre le beau. […] Phèdre, avilie par un amour à la fois incestueux et adultère, montre, en tuant Hippolyte par la calomnie, combien elle se méprise elle-même.

1630. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

L’artiste est d’autant plus grand qu’il nous fait deviner plus de choses sous chaque mot qu’il prononce, sous chaque objet qu’il nous montre. […] Balzac, dans une de ses nouvelles, a montré un peintre aux prises avec le dessin, et Zola, dans son roman, nous montre le sien désespéré devant la couleur, qui, depuis Delacroix est le tourment des peintres.

1631. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

L’organe qui se montre le plus constant est celui qu’on choisit de préférence dans la classification des variétés. […] Chez les plantes à sexes séparés, les fleurs mâles contiennent souvent un rudiment de pistil, et Kœlreuter a trouvé qu’en croisant ces fleurs mâles avec une espèce hermaphrodite, le rudiment du pistil prenait un grand accroissement chez la postérité hybride, ce qui montre que le pistil parfait et le pistil rudimentaire sont exactement de la même nature.

1632. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Que les leçons inculquées à la mémoire motrice se répètent automatiquement, c’est ce que montre l’expérience journalière ; mais l’observation des cas pathologiques établit que l’automatisme s’étend ici beaucoup plus loin que nous ne pensons. […] Le schème moteur, soulignant ses intonations, suivant, de détour en détour, la courbe de sa pensée, montre à notre pensée le chemin.

1633. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Elle montre en effet que l’âme du grand mystique ne s’arrête pas à l’extase comme au terme d’un voyage. […] Mais il y a des risques qu’il faut courir : une activité d’ordre supérieur, qui a besoin d’une activité plus basse, devra la susciter ou en tout cas la laisser faire, quitte à se défendre s’il en est besoin ; l’expérience montre que si, de deux tendances contraires mais complémentaires, l’une a grandi au point de vouloir prendre toute la place, l’autre s’en trouvera bien pour peu qu’elle ait su se conserver : son tour reviendra, et elle bénéficiera alors de tout ce qui a été fait sans elle, qui n’a même été mené vigoureusement que contre elle.

1634. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Ce qu’il nous offre, c’est la dernière pressée, d’où ruisselle, comme en un spasme, l’intuition intellectuelle ; le coup de hache suprême par quoi le fond de nous s’entrouvre soudain et se montre béant d’infini54. […] Quand on lui parle de cela, il se fâche, raisonne, argumente, nie, crie et veut qu’on lui montre.

1635. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Bossuet ne se montre nulle part avec la même physionomie ; il prend pour ainsi dire celle de char que sujet. […] Quand on regarde cette suite formidable d’ouvrages, le nombre et la nature des preuves tirées des aveux mêmes du protestantisme ; la faiblesse des adversaires, trahie par leurs emportements mêmes ; l’impartialité et le calme de Bossuet dans la plus grande ardeur du débat, on se demande comment, ayant eu raison sur tous les points, et de tous ses adversaires ; raison dans ce qu’il établit comme dans ce qu’il réfute ; raison quand il montre la part des passions, de l’orgueil, de la vanité, de l’ambition, de l’amour du pouvoir, dans les changements qui avaient modifié tant de confessions si opposées entre elles et si contradictoires en elles-mêmes ; raison en tous points et contre tous ; on se demande comment l’événement lui a donné tort ; car, pour ne voir dans cette lutte de dix années qu’un tournoi théologique, je ne puis m’y résigner. […] Dans cette admirable polémique Bossuet montre rarement la personne.

1636. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Art comique et tragique librement mêlé, glissant d’un plan à l’autre et ménager de l’antithèse, où la douleur fond dans la joie, le sourire dans les pleurs, où la vie se montre diverse, mais tissée dans la même soie, par le miracle d’une poésie qui unifie les sentiments sans les fausser. […] Autre notion du temps, qui court moins vite à notre montre. […] On nous donnait hier, à l’Atelier, l’Huon de Bordeaux d’Alexandre Arnoux ; cet ouvrage fort, exquis et divers nous montre ce qu’on peut attendre d’un retour à la vérité dramatique, en repartant du point où le réalisme bourgeois rompit tout à coup le contact.

1637. (1923) Paul Valéry

Il montre Mallarmé étudiant « la page, unité visuelle..., l’efficace des distributions de blanc et de noir, l’intensité comparée des types… Il introduit une lecture superficielle, qu’il enchaîne à la lecture linéaire ; c’était enrichir le domaine littéraire d’une deuxième dimension. » Un Coup de Dés, nous dit Mallarmé, avait été conçu « sous l’influence de la musique entendue au concert. » Architecture et musique figurent aux deux extrémités de l’art, extrémité du matériel et du simultané, extrémité de l’immatériel et du successif. […] Le poète ne nous accorde pas plus de confidences sur sa destinée personnelle que ne le faisait un poète parnassien (et Mallarmé nous montre comment le Parnasse a pu évoluer en symbolisme). […] L’expérience nous montre que depuis ces vingt-cinq siècles aucun autodidacte, aucun esprit ignorant les travaux de ses prédécesseurs, n’a pu faire œuvre philosophique valable.

1638. (1940) Quatre études pp. -154

La poésie vient de naître, elle n’a pas encore ses accents décisifs, elle balbutie encore, on retrouve encore dans son langage des expressions qui ne lui appartiennent pas en propre et qu’elle emprunte au passé : et déjà, le poète apparaît comme un inadapté, comme un homme qui ne ressemble pas à tous les autres, comme un être d’exception que la foule montre du doigt. […] Il est de Montesquieu : le Rica des Lettres persanes est allé visiter une grande bibliothèque dans un couvent de dervis ; on lui montre les livres des interprètes des Écritures, les livres ascétiques ou de dévotion, les livres d’histoire ; après quoi son guide le mène dans un autre cabinet, et lui explique : « Ce sont ici des poètes, c’est-à-dire ces auteurs dont le métier est de mettre des entraves au bon sens, et d’accabler la raison sous les agréments, comme on ensevelissait autrefois les femmes sous leurs ornements et leurs parures34… » Ils en veulent venir, ces rationaux, à la suppression de la poésie. […] Helvétius consacre tout un chapitre à prouver cette proposition : « De la supériorité des gens passionnés sur les gens sensés » ; et il donne à un autre le titre que voici : « On devient stupide dès qu’on cesse d’être passionné. » Il y montre que « l’absence totale de passions, si elle pouvait exister, produirait en nous le parfait abrutissement ; et qu’on approche d’autant plus de ce terme qu’on est moins passionné ». — Qui voudrait être rangé dans la classe des stupides ? […] Lorsque Maillet montre que la terre telle que nous la voyons aujourd’hui ne s’est pas formée ex-abrupto, mais qu’elle est le produit d’une évolution séculaire, qui a fait que les mers océanes se sont peu à peu retirées et résorbées pour laisser apparaître les continents, ses Entretiens d’un philosophe indien (1748) sont tout imprégnés du principe de continuité. — Lorsque Buffon, dans ses Preuves de la théorie de la Terre (1749), parle d’un état fluide qu’ont traversé les planètes au sortir du soleil, avant leur passage à l’état solide, « Je suis ici de l’avis de M. 

1639. (1903) Le problème de l’avenir latin

Nulle part ne se montre une personnalité virile, d’esprit autochtone, de libre envergure, d’authentique génie. […] Le plaisir suprême pour le Gaulois de bonne situation sociale c’est de se prouver bel esprit. « Exceller dans ces jeux d’esprit — constate M.G.Bloch, le plus récent des historiens de cette époque — était comme un brevet de noblesse. » « Jamais l’instruction littéraire ne fut appréciée plus haut — affirme à son tour Fustel de Coulanges — jamais on n’estima tant l’art de bien parler et de bien écrire… jamais il n’y eut tant d’habiles versificateurs, et si peu de poètes… On n’écrit que pour faire montre de son talent. » Mais un trait infiniment plus curieux et plus symptomatique se découvre dans la civilisation gallo-romaine : c’est le triomphe du rhéteur dans cette société à la fois si jeune et si caduque.‌ […] Ce qui montre mieux encore l’impossibilité pour le Romain de s’acclimater dans le Nord germanique, c’est que, victorieux même, il ne parvient à rien de stable. […] En dépit des héroïsmes, des victoires prodigieuses, de la plus colossale activité qu’il soit possible de concevoir, elle montre peu de puissance dans les réalisations, de continuité dans l’énergie, d’intelligence méthodique. […] Elle se montre, comme on le dit familièrement d’un individu, « au-dessous de la situation ».

1640. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Je la cite après eux, non parce qu’elle explique sa vie, comme ils prétendent, mais parce qu’elle montre mieux qu’une autre l’idée singulièrement trouble que cet homme d’esprit avait de lui-même : « Il y a deux races en ce monde, depuis Abel et Caïn ; deux races adverses et ennemies : l’une qui est faite pour croire, pour respecter, pour aimer, pour adorer, pour porter humblement et vaillamment les jougs du devoir ; l’autre, incrédule, haïsseuse, impie, qui blasphème et qui raille, et qui ne se soumet qu’à la force, pour laquelle elle se sent moins de haine que pour le devoir au fond, révoltée contre la société, c’est-à-dire contre l’homme autant que contre Dieu. […] En vérité, je ne crois pas que, dans aucun livre, la passion humaine ait été déshonorée, flétrie, convaincue d’impuissance, éructée et vomie autant que dans celui-là qui n’étale point de prédication morale et qui, néanmoins, en est une terrifiante, de cela seul qu’il ne farde pas l’horrible détresse des Ilotes de l’amour charnel, mais qu’il les montre, au contraire, dans toutes les phases possibles de leur ivresse de désespérés. […] Jamais, peut-être, le bourgeois n’avait été montré plus répugnant, plus abominable qu’il ne montre les auteurs de ses jours. […] Tenez, ô aimable auteur, vous avez écrit dans Vingtras, page 11, une phrase magique qui vous déshabille sur pied et qui vous montre à nu dans un clin d’œil. […] Tous ses monstres parisiens, il ne nous les montre pas en moraliste, mais en amoureux et en amoureux jaloux qui les porterait dans son cœur et qui les étalerait comme ses trésors avec une crainte horrible d’en être dépouillé.

1641. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

« Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible, comparé à cette sainte prostitution de l’âme qui se donne tout entière, poésie et charité, à l’imprévu qui se montre, à l’inconnu qui passe. » Il a cherché dans ces foules des images de sa stérilité. […] De même que les toiles africaines de Fromentin sont peintes dans son atelier de Paris, de même Un Été dans le Sahara et Une Année dans le Sahel sont construits sur une fiction : des lettres à Armand Du Mesnil, écrites après le voyage, et que la comparaison avec les carnets nous montre pleines de transpositions et d’inventions. […] Terminant sa belle étude des Rubens de la cathédrale d’Anvers, il montre à l’occasion de la Mise en Croix à quel point Rubens est un lyrique, à quel point cette Mise en Croix participe des caractères de l’ode, « depuis les lignes jaillissantes qui la traversent, l’idée qui s’éclaire à mesure qu’elle arrive à son sommet, jusqu’à l’inimitable tête de Christ, qui est la note culminante et expressive du poème, la note étincelante au moins quant à l’idée contenue, c’est-à-dire la strophe suprême ». […] L’emportement qu’on lui suppose est une façon de sentir plutôt qu’un désordre dans la façon de peindre. » Et par une analyse raisonnable et précise, il montre que la maîtrise de Rubens, vue dans son principe élémentaire, a pour secret le mouvement de cette main, la qualité et le rythme de ce mouvement. […] « Ayant entrevu, de bonne heure l’absolu, je n’ai pas eu l’effronterie indiscrète de l’individualité. » Dans le mythe de la République, Platon montre les âmes qui, pour retourner sur terre, se choisissent une destinée.

1642. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Les Reliques vivantes, la Montre, Ça fait du bruit ! […] Puis les employés étaient passés, soufflant dans leurs doigts, mangeant leur pain d’un son en marchant ; des jeunes gens efflanqués, aux habits trop courts, aux yeux battus, tout brouillés de sommeil, des petits vieux qui roulaient sur leurs pieds, la face blême, usée par les longues heures du bureau, regardant leur montre, réglant leur marche à quelques secondes près. […] Il se montre avec lui familier, bourru, grossier, mais il se ferait tuer pour lui sans croire le moins du monde qu’il accomplit un acte d’héroïsme. […] Nigra montre une grande joie (vraie ou affectée, je ne saurais dire), du refus de l’Autriche à l’invitation d’envoyer ses plénipotentiaires à la conférence. […] Le capitaine, qui tenait sa montre à la main, l’enfonça sous les revers de sa large capote et réunit ses hommes : les frères se placèrent en rang.

1643. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Tout ce qu’il nous montre a été vu et bien vu par lui ; c’est pour moi plus un poète qu’un romancier, plus un peintre peut-être aussi qu’un poète ; pour être juste, il faudrait, je crois, lui décerner ces trois qualités à la fois, mais, attendons l’avenir qui ne peut manquer de consacrer par le succès, son talent fait d’émotion et de simplicité. […] Il consulta sa montre, la colla à son oreille, croyant qu’elle ne marchait pas, mais elle tictaquait régulièrement. […] Dans la salle des concerts, transformée en vestiaire, des groupes s’impatientaient à regarder leurs montres, boutonner leurs gants, rajuster leurs cravates blanches sous des faces tirées, des bâillements d’ennui, de mauvaise humeur et de faim. […] Serait-ce assez de Molière lui-même pour se prendre corps à corps avec ce pitre géant, avec celle monstrueuse queue-rouge qui montre au pauvre la richesse d’autrui en lui criant : « Déshérité, voilà ton héritage ! […] Le succès constaté, qu’il nous soit permis de regretter qu’un écrivain de sa taille montre dans son œuvre de regrettables inégalités, et surtout une sorte de recherche de l’effet quand même, par de gros moyens, parfois indignes de son talent.

1644. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

C’est celui dont Fénelon, quelques années plus tard, a usé dans un sermon classique — Pour la fête de l’Épiphanie, — où il montre la catholicité passant l’immensité des mers, et s’en allant réparer au loin, dans les contrées de l’extrême Orient, les pertes que lui avaient infligées les victoires de Luther et de Calvin. […] Ils ont tous deux le même dessein et la même suite : l’un prépare la voie à la perfection que l’autre montre à découvert, l’un pose le fondement et l’autre achève l’édifice, en un mot l’un prédit ce que l’autre fait voir accompli. […] Si cette idée se retrouve partout dans l’Histoire des variations ; si c’est elle peut-être qui en fait l’âme diffuse ; si Bossuet n’y perd pas une occasion de la remettre en lumière, ne pourrons-nous donc pas dire avec raison qu’il se montre toujours, là, comme ailleurs, le philosophe ou le théologien de la Providence et le ministre, pour ainsi parler, des vues de son Dieu sur le monde ? […] Il n’a plus besoin de démontrer, il montre. […] Entrez ici : la foule des beaux-arts, Enfants du goût, se montre à nos regards.

1645. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

se montre hospitalier à la réalité, mais entendons-nous : à la réalité exceptionnelle, excentrique — et brillante. […] Champfleury ne montre nul souci. […] Flaubert est avare de ses personnages, il nous les montre rarement, par intervalles, comme si cette exhibition le contrariait. […] l’auteur de cette œuvre-là, en travaillant d’après nature et d’après sa nature, montre l’intelligence et se rapproche des grands artistes passés, dont les niais lui reprochent de déserter la tradition, bien plus que ceux qui disent la continuer « parce qu’ils traitent les mêmes sujets » ! […] Féval se montre dur pour Erckmann-Chatrian, il est impitoyable à Jules de La Madelène et à Ferdinand Fabre : il ne les nomme pas !

1646. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Un idéalisme subjectif s’enferme dans des symboles éclatants et montre en chaque aspect de la nature autant d’âmes passionnées. […] Ce dualisme inné, Mithouard nous le montre chez Verlaine, à la fois cynique et religieux, homo duplex, auteur de Sagesse et de Parallèlement ; — chez Hello, ce « Breton dans l’Infini », ce Pascal du xixe  siècle qui possède comme l’autre une extraordinaire aptitude à considérer les extrêmes, les contrastes supérieurs, l’idée pure de la passion, la grandeur et la misère de l’homme ; — chez saint François d’Assise, mystique et naturaliste, dont l’humilité synthétise deux amours exclusifs, celui du Christ et celui des créatures. […] La valeur, cette solidité de l’apparence, nous permit de façonner des images avec simplement du blanc et du noir » ; et l’on nous montre l’art de la gravure se développant parallèlement à ceux de la cathédrale et de la musique, avec même délicatesse, même science de la matière employée. […] Une œuvre antique manifeste le bonheur de ses proportions, une œuvre occidentale montre une solidité. […] S’il montre les dangers d’un romantisme échevelé, qui risque de briser l’harmonie entre notre sensibilité et notre intelligence, s’il nous met en garde contre les plaisirs dissolvants de Venise et de Grenade, il n’oublie pas à quel point ce demeurent pour nous deux villes d’importance, « des lieux éminemment favorables à la méditation ».

1647. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Il montre ce que le christianisme offre de touchant pour le cœur et de satisfaisant pour l’esprit dans ses mystères et dans ses dogmes ; ce que l’esprit lui doit de jouissances, ce que la société lui doit d’institutions utiles et de bienfaits. […] Sa théorie laisse peu de place aux libertés politiques et civiles, il est vrai, et il se montre bien plus préoccupé des dangers de l’absence du pouvoir que de ceux des excès de pouvoir ; mais cette préoccupation se comprend lorsque l’on songe aux temps que la France venait de traverser. […] Fiévée une note impériale, qui montre, au lieu de la raconter, comme nous l’avons fait jusqu’ici, la situation générale de la littérature sous l’empire, et celle de la presse périodique en particulier21. […] Cette lettre, document curieux de l’histoire de ce temps, montre à la fois quelle servitude les frères de l’empereur subissaient sur le trône, et de quelle renommée jouissait M. de Bonald par son talent et son caractère45.L’enfant que Louis Bonaparte, alors roi de Hollande, voulait ainsi confier à M. de Bonald, ce génie profondément monarchique et catholique, était le frère cadet de celui dont l’empereur avait pleuré si amèrement la perte, et il devait vingt ans plus tard, périr lui-même dans l’insurrection de Rimini, tentée, après la révolution de 1830, contre le saint-siége, en laissant un dernier frère réservé à bien des vicissitudes, et dont le fmx et le reflux des révolutions a tour à tour brisé et servi la destinée, qui n’est point encore fermée.

1648. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Si l’on reste dans les généralités, on passe pour superficiel ou pour injuste ; si l’on entre au cœur de son sujet, on se trouve en présence de personnages, de mœurs, de peintures qui souillent de leur seul contact et de leur seul voisinage les imaginations honnêtes ou timorées ; on touche à des choses si périlleuses, si malsaines, qu’il s’en exhale un je ne sais quoi de dissolvant et de délétère, même pour ceux à qui on ne les montre que comme objet de dégoût. […] Ces filles, qui sont elles-mêmes des montres de dépravation et de vanité stupides, il les marie bêtement à deux hommes affreux, le fameux Nucingen et l’ignoble comte de Restaud. […] — le Colonel Chabert nous montre, au début, une étude d’avoué peinte de main de maître ; l’entrée de ce vieux débris de la grande armée, sa conversation avec l’avoué Derville, sont saisissantes ; mais, dès que le colonel se retrouve avec sa veuve, remariée à un grand personnage de la Restauration, nous retombons dans les confidences d’oreiller, et le conte devient insupportable. […] Aujourd’hui l’orgueil humain nous montre, dans le livre des Contemplations, comment les poëtes finissent, et, cette fois, la démonstration est plus concluante : jamais la littérature chrétienne ne reçut de ses adversaires un plus puissant secours ; jamais la littérature moderne ne reçut de ses grands hommes une plus douloureuse leçon. […] N’est-ce pas lui encore qu’il retrouve et qu’il aime à retrouver dans ces tableaux qu’il nous montre comme cicerone et où il figure comme personnage ?

1649. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

L’une de ces amies de pension, madame de L***, raconte de ce temps une petite anecdote oubliée de madame Sophie Gay elle-même, et qui montre comme dès lors elle avait l’esprit vif. […] Une délicieuse miniature d’Isabey, qui était aussi son ami, et que nous avons sous les yeux, doit représenter madame Sophie Gay à peu près vers cette époque, si l’on s’en rapporte à la mode du costume, et montre qu’elle n’avait à redouter aucun voisinage. […] Je ne me souviens pas d’avoir, pendant cette longue période de travail, passé le pont des Arts, ni jamais acheté d’eau. » Sans doute Raphaël exagère un peu l’économie, mais la correspondance de Balzac avec sa sœur montre que le roman ne diffère pas beaucoup de la réalité. […] Le mancenillier y montre ses petites pommes mortelles comme celles qui pendaient à l’arbre de science ; l’upa y distille son suc laiteux plus corrosif que l’eau-forte. […] C’est le côté que le public connaît le plus et celui par lequel il se montre le plus souvent à ce balcon du lundi, d’où l’écrivain salue ses lecteurs ; mais J.

1650. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

L’histoire montre, au contraire, que dans tous les temps les doctrines médicales ont été en rapport avec les idées physiologiques, et qu’à chaque progrès accompli dans la science de la vie à l’état normal a correspondu un progrès équivalent dans la pathologie. […] Nous verrons plus tard que le sucre, au contraire, se montre en plus forte proportion environ trois ou quatre heures après l’ingestion des aliments, c’est-à-dire au moment où la digestion intestinale est en pleine activité. […] Le sucre, dans cet état physiologique, reste entre le foie et le poumon profondément caché, et ne se montre pas à l’extérieur. […]   Ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’un tiers environ de l’albumine ait disparu en traversant le foie, ainsi que le montre le tableau précédent. […] Si l’animal est en digestion, la quantité de sucre versée par le foie est trop considérable pour être détruite tout entière dans le poumon, il en passe alors une partie dans le sang artériel et même dans le système veineux de la grande circulation, où l’on peut le retrouver ; mais dans l’état de santé, ce sucre, généralisé dans tout l’appareil circulatoire, ne se montre cependant pas dans les urines.

1651. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Une de ses plus jolies histoires du temps de la Fronde est celle de M. de Beaufort, pour qui les Parisiens, et particulièrement toutes les femmes, avaient une dévotion singulière : il nous le montre, un jour qu’il jouait à la paume dans un tripot du Marais, visité comme en procession par plus de deux mille femmes tant de la Halle que d’ailleurs.

1652. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Il l’y montre avec toutes ses grâces dans l’esprit et dans la personne, avec sa douceur charmante dans l’humeur et son soin continuel de plaire, en un mot, le plus aimable des hommes, et tel qu’on voit le Conti de Saint-Simon ; puis il ajoute d’une manière neuve et très judicieusement, au moins selon toute vraisemblance : Mais je suis persuadé qu’il est à la place du monde qui lui convient le mieux, et, s’il en occupe quelque jour une plus considérable, il perdra de sa réputation et diminuera l’opinion qu’on a de lui ; car il est bien éloigné d’avoir les qualités nécessaires pour commander une armée ou pour gouverner un État : il ne connaît ni les hommes ni les affaires, et n’en juge jamais par lui-même ; il n’a point d’opinion qui lui soit propre… ; il ne saisit point la vérité52 ; on lui ôte ses sentiments et ses pensées, et souvent il n’a que celles qu’on lui a données, qu’il s’approprie si bien et qu’il explique avec tant de grâce et de netteté qu’il n’y a que les gens qui ont de bons yeux et qui l’approfondissent avec soin qui n’y soient pas trompés : on peut même dire qu’il les embellit.

1653. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Le confluent du Rhône et de l’Arve se montre à droite au-dessous des bois de La Bâtie.

1654. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Une lettre fort belle, de ce temps, écrite par lui d’Amérique à un jeune homme que travaillait le mal du siècle, le mal de Werther ou de Rem, nous le montre déjà mur et tel qu’à cet égard il sera toute sa vie : « Vous vivez, mon cher ami, si je ne me trompe, dans un monde de chimères : je ne vous en fais pas un crime ; j’y ai vécu longtemps moi-même, et en dépit de tous mes efforts je m’y trouve encore ramené bien des fois.

1655. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Ce volume contient, je le reconnais tout de suite, quelques lettres où se montre, de la part de Tocqueville, une grande vivacité (que j’approuve du reste) contre la révolution de 1852.

1656. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Benoist s’est donné pleine carrière : c’est à l’endroit des Géorgiques (livre I, 322) où le poète, décrivant une tempête dévastatrice des moissons, montre les épais nuages qui viennent de la mer : Collectæ ex alto nubes.

1657. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Mon sort désormais est lié au sien ; je ne l’abandonnerai jamais, à moins que lui-même ne me montre loin de lui le lieu où Dieu m’appelle… » Dès ce moment la pensée d’entrer plus avant dans les ordres et d’être prêtre, cette pensée qui, depuis 1809, le tenait en échec et en effroi, lui est revenue et s’est fortifiée en lui.

1658. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mais la réalité, nous la voyons, et la beauté morale de sa nature s’y montre à nu en toute sincérité : « (8 août 1847)… Mon bon frère, ton ami Devrez80, qui, va partir pour nos chères Flandres, se charge avec plaisir de nos t’adresses et d’un petit paquet pour toi.

1659. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Hymne humain, pacifique, inaltérable, il nous montre combien dès lors, dans la fumée de l’engagement libéral, l’horizon de Béranger était le même, aussi vaste et aussi à découvert que son regard l’embrasse aujourd’hui.

1660. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Le style s’y montre en beaucoup d’endroits ce qu’il sera plus tard ; mais les idées théoriques, trop peu dégagées, ne le soutiennent pas encore ; il y a excès de crudité dans les formes.

1661. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

On montre au voyageur, dans une des rues de Saumur, la maison d’Eugénie Grandet ; à Douai probablement, on désigne déjà la maison Claës.

1662. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Diane montre pour les maux des humains toute la pitié qui est compatible avec son essence divine ; mais il y a néanmoins dans ses paroles je ne sais quelle empreinte d’une sérénité céleste… Il faudra bien convenir ici que les Anciens ont quelquefois deviné les sentiments chrétiens, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus aimant, de plus pur et de plus sublime dans l’âme. » En adhérant aux observations exquises de l’excellent critique, j’avouerai pourtant qu’une chose m’a frappé, au contraire, en lisant ce morceau, en assistant à cette intervention compatissante de la plus chaste des divinités : c’est combien on est loin encore du christianisme, je veux dire du Dieu fait homme et mort pour tous.

1663. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

L’examen à peu près psychologique, auquel s’applique le héros au début du livre sixième, nous montre la droiture lumineuse, l’élévation sereine des idées, compatibles avec les conséquences pratiques les plus arides et les plus amères.

1664. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Des hommes demi-nus ou vêtus de peaux de bêtes sont assemblés sous un grand chêne ; au milieu d’eux, un vieillard vénérable se lève, et leur parle « le langage de la nature et de la raison » ; il leur propose de s’unir, et leur explique à quoi ils s’obligent par cet engagement mutuel ; il leur montre l’accord de l’intérêt public et de l’intérêt privé, et finit en leur faisant sentir les beautés de la vertu435.

1665. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

La maladie dégage l’événement interne et le montre tel qu’il est, à l’état de simulacre coloré, intense, précis et situé.

1666. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Comme il avait toujours vécu sous l’autorité de son père, son nom ne se montre que rarement dans les pages de l’histoire : mais les mémoires littéraires attestent que, par ses talents naturels et par ses connaissances acquises, il ne dérogeait pas à cette ardeur pour les études, à cet attachement pour les hommes d’un savoir éminent qui avaient été l’apanage constant de sa famille.

1667. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Dans des affaires si ardues, il se montre tellement habile, qu’il fait naître d’incroyables espérances auxquelles il répondra pleinement.

1668. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Et Boileau leur dit à tous qu’ils font bien, console leurs disgrâces, célèbre leurs triomphes, leur montre l’idéal, c’est-à-dire la nature, et leur souffle le courage de s’y tenir.

1669. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Il convient de faire une place au roi354, qui dans ses Mémoires et dans ses Lettres, se montre à son avantage, avec son sens droit et ferme, son application soutenue aux affaires, sa science délicate du commandement : une intelligence solide et moyenne, sans hauteur philosophique, sans puissance poétique, beaucoup de sérieux, de dignité, de simplicité, une exquise mesure de ton et une exacte justesse de langage, voilà les qualités par lesquelles Louis XIV a pesé sur la littérature, et salutairement pesé.

1670. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

L’ennemi pour lui, c’est la morale de l’Évangile, que le jansénisme montre dans sa dureté : c’est Pascal, dont la forte logique l’impose avec le dogme.

1671. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

L’histoire nous montre assez quels ambitieux le sacerdoce a produits.

1672. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

— Il flétrit Louis XV  Il entend, dans la nuit, les esprits du mal encourager les panthères, les serpents, les plantes vénéneuses, les prêtres et les rois  Il nous ouvre un mausolée royal et nous montre la poignée de cendre qu’il contient  Il fait tous ses compliments à Mlle Louise Michel pour sa conduite après la Commune… Puis, viennent des paysages.

1673. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Qui montre le chemin.

1674. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Des deux principales causes qu’il a signalées, les guerres loin de Rome qui habituent les soldats à ne considérer plus que leurs chefs « et à voir de plus loin la ville », et la substitution d’un faux peuple romain au vrai peuple détruit par les guerres civiles et étrangères, Bossuet avait touché à la première, et où Bossuet a touché il montre le chemin.

1675. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Reid)  Plus de vigueur d’esprit montre bientôt le peu de fondement de cette nouvelle tentative ; on s’attaque à l’instrument même : de là un grand, terrible, sublime scepticisme (Kant, Jouffroy, Pascal)  Enfin, la vue complète de l’esprit humain, la considération de l’humanité aspirant au vrai et s’enrichissant indéfiniment par l’élimination de l’erreur, amène le dogmatisme critique, qui ne redoute plus le scepticisme, car il l’a traversé, il sait ce qu’il vaut, et, bien différent du dogmatisme des premiers âges, qui n’avait pas entrevu les motifs du doute, il est assez fort pour vivre face à face avec son ennemi.

1676. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Mais on n’est acharné que quand on montre une volonté maligne d’anéantir l’objet de sa haine.

1677. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

En un mot, elle oblige l'Homme à se regarder comme ennemi de lui-même, au moment qu'il se montre le plus l'ami des autres Hommes, si ses motifs ne sont pas aussi nobles que ses actions.

1678. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Comment croire à l’épée de Damoclès, quand elle montre tout du long sa ficelle qui plie et ne rompt pas ?

1679. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Une autre lettre toute familière de Mme de Pompadour, adressée à Pâris-Duverney, qui lui en avait suggéré l’idée première à elle-même, nous la montre poursuivant l’exécution de ce noble projet avec sollicitude : Le 15 août 1755.

1680. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

C’est Boissy d’Anglas qui nous le montre ainsi, et Chateaubriand achève le portrait en ajoutant : « Mais, à la première phrase qui sortait de sa bouche, on sentait l’homme d’un vieux nom et le magistrat supérieur. » Sa conversation était riche, nourrie, abondante ; il savait tout, ou du moins il savait beaucoup de tout, et cela sortait à flots avec une vivacité et une profusion qui rendait sa parole aussi piquante qu’instructive.

1681. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

M. de Chateaubriand, dès 1814, est impatient, et il s’étonne, il se pique que tout d’abord on ne vienne pas à lui comme à l’homme nécessaire : « J’avais été mis si fort à l’écart, dit-il, que je songeais à me retirer en Suisse. » Et il montre Louis XVIII comme jaloux et déjà dégoûté de lui, et Monsieur (le comte d’Artois) comme n’ayant jamais rien lu du Génie du christianisme.

1682. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Pas un historien de cette série ne montre du doigt la divine filiation des prodiges humains, cette logique appliquée de la Providence ; pas un ne fait voir comment le progrès engendre le progrès.

1683. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Mais il en reste toujours assez dans la traduction pour faire sentir que Milton, quoique chrétien, n’avoit pas sur cet article la même délicatesse que montre Virgile dans le cinquiéme Livre de son Enéide.

1684. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Seulement la pauvre alouette ne chantait jamais. » Il montre Cosette qui travaille, et qui regarde jouer les enfants de Thénardier, Cosette qui tremble quand on lui parle, Cosette à qui la marâtre commande d’aller, la nuit, puiser de l’eau dans la forêt, et qui a peur des branches, de l’ombre, du silence, Cosette qui rencontre dans les bois Jean Valjean, un étranger cependant, et qui a tout de suite confiance, Cosette, à qui l’inconnu, entré avec elle dans l’auberge, donne une poupée, et qui n’ose pas croire d’abord à la joie, et puis s’abandonne au rêve de ses six ans, saisit la poupée, et l’endort avec des gestes et un recueillement maternels.

1685. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Elle peut accroître indéfiniment le nombre des extrémités, rétrécir indéfiniment les intervalles ; mais toujours l’intervalle lui échappe, ne lui montre que ses extrémités.

1686. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Seulement, dans des régions diverses de l’expérience, je crois apercevoir des groupes différents de faits, dont chacun, sans nous donner la connaissance désirée, nous montre une direction où la trouver.

1687. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Rien ne montre mieux l’horizon poétique ouvert de toutes parts au poëte thébain, et les feux de génie qui sillonnaient le ciel de la Grèce.

1688. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Il ne nous déplaît pas, d’ailleurs, de laisser de nous cette idée ; elle est farouche et hautaine, et, à travers un certain mauvais goût de rapin, montre un assez aimable mépris de l’opinion et du ridicule. […] Aurélia, ou le Rêve et la vie montre la raison froide assise au chevet de la fièvre chaude, l’hallucination s’analysant elle-même par un suprême effort philosophique. — Nous avons retrouvé les derniers feuillets de cet étrange travail, sans exemple peut-être, dans les poches du mort. […] ” « Je vis la scène brutale des buveurs dans la cave d’Auerbach ; le moment choisi, comme étant la quintessence de la scène entière, était celui où le vin renversé jaillit en flammes et où la bestialité des buveurs se montre de diverses manières. […] La vérité a ce privilège lorsqu’elle se montre dans sa saine nudité, au milieu de nos vaines apparences et de nos mensonges spécieux ; on la trouve indécente et l’on veut la faire rentrer dans son puits.

1689. (1897) Aspects pp. -215

— choie la plupart des individus moulés sur le type courant, très fort chez lui qui est marqué pour l’évolution lui montre jusqu’à l’évidence : que les divers éléments du corps social sont solidaires au même titre que les organes d’un animal ou d’une plante entre eux. […] On vous concède qu’Untel a toutes les vertus, qu’il cause bien, que, dans ses rapports avec ses cadets et ses confrères, il se montre d’une aménité parfaite… Cela ne suffit pas pour excuser ses mauvais vers ou sa mauvaise prose. […] Flamand, il aime sa race, il en montre les qualités sans en pallier les défauts. […] Dans son Magasin d’auréoles, il nous montre un prêtre catholique absurde, un sectaire protestant fouaillé avec verve, un Cartouche assimilé à Ravachol. […] La préoccupation que montre M. 

1690. (1802) Études sur Molière pp. -355

Une fille vient au monde, Magnifico, tenant à la somme convenue, montre au Docteur le fils d’un de ses cousins, né le même jour, et fait ensuite élever sa fille, Diane, sous le nom de Fédéric. […] Enfin, cette duchesse de Tyrol arrive déguisée en homme : elle veut garder l’incognito ; Delmire partage avec elle son lit ; le roi les surprend, devient furieux ; la princesse, loin de s’excuser, lui reproche sa jalousie, et lui dit : « Si vous voulez vous contenter de mon serment, pour seule preuve de mon innocence, je suis prête à vous donner la main ; mais si vous exigez une justification, ne comptez plus sur mon cœur. » Le prince hésite, il est prêt à croire son amante sur sa parole ; mais bientôt il exige des preuves ; pour toute réponse on lui montre le seing de son prétendu rival ; il abhorre sa malheureuse jalousie, se déteste lui-même, lève le bras pour se tuer, la princesse s’écrie que ses jours ne sont plus à lui, elle lui pardonne et l’épouse. […] Je suis fâché qu’en prononçant ces vers : Et que ceux dont partout on montre au doigt le front, Font leurs femmes souvent ce qu’on voit qu’elles sont ; Il est bien difficile enfin d’être fidèle À de certains maris faits d’un certain modèle, elle les ait dédiés avec tant d’affectation à Orgon, qu’elle doit aimer, qu’elle doit estimer, qui n’a rien de difforme, et qui ne mérite pas d’être traité avec mépris en présence de sa fille. […] Premièrement, Molière n’a pas voulu que ce vers fût adressé directement à Loyal, puisqu’il n’y répond pas, lui qui, dans le reste de la scène, se montre si chatouilleux. […] Enfin, Harpagon se montre plus avare qu’Euclion, en voulant se mettre en dépense pour faire écrire en lettres d’or, sur la cheminée de sa salle à manger, cette sentence qui l’a charmé : Il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger  ; en souhaitant que Valère eût laissé noyer Élise, plutôt que d’avoir dérobé sa chère cassette.

1691. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Au contraire, la souplesse d’une narration qui se modèle exactement sur la réalité nous permet de suivre les événements à mesure qu’ils se produisent dans un enchaînement naturel plutôt que logique, et nous montre l’histoire en train de se faire ; c’est ce qui nous a paru caractéristique de la manière de M.  […] C’est pourquoi il s’en montre en maintes rencontres si préoccupé et si inquiet. […] L’auteur des Notes sur l’Angleterre et de l’Histoire de la Littérature anglaise se montre suffisamment épris de la vie anglaise et du génie anglais. […] Quand cette notion s’empare de l’entendement, il n’y a qu’à se prosterner… » Il avait soin d’ajouter que l’humanité ne se montre nulle part plus noble que dans cette méditation de l’infini, inspiratrice de tout ce qui se fait de grand dans le monde. […] Proal, en la reproduisant et en la prenant à son compte, montre à son tour qu’il ne parvient pas à se dégager entièrement lui-même du préjugé sentimental qu’il travaille à combattre.

1692. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Il nous montre quelles étaient, à cet âge, les tendances d’esprit d’Émile Zola. […] Zola, comment une famille, un petit groupe d’êtres se comporte dans une société, en s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus, qui paraissent, au premier coup d’œil, profondément dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres.

1693. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Ce fut là un des plus beaux résultats de la politique de Louis XIV ; et le dépit qu’en montre Saint-Simon, si entêté de titres et de rangs, prouve tout à la fois et la nécessité et la difficulté de ce changement. […] La pièce achevée, le roi la montre à Boileau.

1694. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Ce principe est si général et si naturel qu’il se montre à tout moment dans les moindres actes de la justice humaine. […] Le christianisme nous montre une bien autre balance.

1695. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

…………………………………………………………………………………… « Sérieusement, il faut que l’improvisation se montre bien rétive ou bien épuisée pour qu’un romancier ait recours à de pareils expédients ; que George Sand y prenne garde, on rencontre encore dans ses productions quelques détails charmants, quelques scènes vivement senties ; mais sa pensée a perdu la vieille et noble habitude de la clarté et de la distinction. […] Cette fois, il y a une lettre ; elle doit exister, qu’on la montre : elle date de plus de deux ans.

1696. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Or une expérimentation des plus faciles montre que la sensation buccale est, pour les voyelles, purement musculaire et extrêmement faible ; le tactum n’est vif et distinct que pour les consonnes. […] Un jour, on lui montre un tout petit enfant qui, la veille, n’était pas là.

1697. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

J’avais tort de parler des Indiens de Chateaubriand : ce sont tout au plus ceux de Gustave Aymard… Partout, en ce moment, on nous montre des échantillons des peuples « estranges ». […] Je dois dire pourtant que l’homme qui montre « des singes du Soudan et des serpents du désert libyen » n’est pas ennuyeux. […] C’est que vous avez des classes avec un premier banc pour la parade et la montre, un premier banc imperturbable et seriné comme un perroquet, et vingt autres bancs qui ne savent rien de rien ! […] Le poète nous montre M. de Rothschild, dès l’aurore, mettant ses manches vertes et s’asseyant à son bureau de palissandre : Il fait le compte, ô ciel !

1698. (1932) Les idées politiques de la France

Le libéralisme politique, traité comme Monsieur Dimanche par Don Juan, se montre satisfait : le citoyen libéral d’aujourd’hui, c’est le Citoyen contre les pouvoirs, mais qui traverse entre leurs clous. […] Le jeune clergé est le clergé de paroisse, né du peuple, qui vit dans le peuple, qui demeure souvent isolé et mal vu s’il se montre réactionnaire, s’il se met au service des « gros ». […] Première raison : à droite, une société de pensée sera plus ou moins une ombre ou timide ou fantaisiste de la grande société de pensée qu’est l’Église catholique (la condamnation de l’Action française montre quel sort attend à droite une société de pensée qui n’est pas assez catholique pour éviter les censures et qui l’est trop pour n’être pas grièvement blessée par elles). […] Comme l’a montre de Man, le syndicalisme a substitué peu à peu au marxisme idéologique un réalisme ouvrier, soit la vie et la psychologie du travailleur, senties de l’intérieur, professionnellement.

1699. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Qui étale la grandeur, montre la vanité. […] C’est un Candaule qui montre sa femme toute nue à son ami Gigès ; c’est cette femme, qui par modestie, ne laisse à Gigès que le choix de tuer son mari, d’épouser la veuve, ou de périr. […] Augustin réfute dans sa cité de Dieu ; mais cela même montre évidemment qu’on ne croyoit pas que les simulacres eussent rien en eux de divin, puisqu’il falloit qu’un magicien les animât ; & il me semble qu’il arrivoit bien rarement qu’un magicien fût assez habile pour donner une ame à une statue pour la faire parler. […] C’est elle qui fait le charme de la conversation ; car elle présente sans cesse à l’esprit ce que les hommes aiment le mieux, des objets nouveaux ; elle peint vivement ce que les esprits froids dessinent à peine, elle emploie les circonstances les plus frappantes, elle allegue des exemples, & quand ce talent se montre avec la sobriété qui convient à tous les talens, il se concilie l’empire de la société.

1700. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Séjour à Pézenas ; on y montre encore son fauteuil. […] Un des registres de la mairie le montre, à la date du 23 avril, venant demander au corps de ville, pour lui, pour le sieur Du Fresne et leurs camarades, la permission de monter sur le théâtre et d’y représenter leurs comédies13. […] Cette action montre clairement que ce n’était point une basse jalousie, mais bien de perfides conseils qui avaient porté Boursault à attaquer Molière, et ce tort de son esprit est plus que suffisamment racheté par ce mouvement d’une âme généreuse. […] Le même biographe a bâti sur la perte de ce manuscrit un de ces contes dont il ne se montre pas avare. […] Ses beaux talents y manifeste, Et chacun, selon son emploi, Se montre digne d’être au Roi.

1701. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

La curiosité des érudits peut s’amuser quelquefois à galvaniser un squelette, à ressusciter Fumars, le fabuliste, à réchauffer la vie de Sénancourt défunt, ou à remettre sur ses pieds le spectre shakespearien de l’auteur de Tyr et Sidon 19 : il est clair que, dans le musée des réputations, le public n’ira pas ouvrir les caisses qu’on n’a point déballées et qu’il ne regardera que les figures qu’on lui montre. […] Autrement, dit-il, il pourrait avoir le sort de ceux dont les actions, oubliées des écrivains, restent cachées dans le grand amas de décombres où vont se perdre les souvenirs de la fragilité humaine. » Cervantès nous montre le plus modeste et le plus désintéressé des chevaliers errants, promettant à son fidèle coursier, dès leur première sortie en quête d’aventures, que leurs communs exploits, peints sur bois, gravés dans le bronze, sculptés en marbre, vivront éternellement dans la mémoire des âges futurs. […] Homme qui tiens une plume, tâche de bien écrire, et ne tâche pas d’avoir un style ; mais sois un homme et montre-toi tel que tu es : c’est le conseil le plus sage. […] Qu’il puisse y avoir des gens de lettres pour écrire des énormités pareilles et un public lettré pour les lire sans scandale, peut-être sans étonnement, cela montre bien le vide et le chaos des intelligences au temps où nous sommes. […] On l’admire quand elle est bien faite, on la montre aux curieux avec une satisfaction d’artiste ; puis on brouille les cartes, et on s’amuse à en construire une autre.

1702. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Quand il tient une femelle, cet amour qui n’est plus l’amour, il brise, il dévore tout, parmi les bêtes comme parmi les hommes. » A cause de cela, on nous le montre surtout dans ses conséquences. […] Mais, d’ailleurs, dans ce drame en trois scènes, rien qui ressemble à un caractère, et pas la moindre trace d’observation morale : Guise est un ogre sans nuances ; Saint-Mégrin ressemble à tous les amants héroïques et romanesques ; et la duchesse, à part cette minute de lâcheté qui ne s’accorde peut-être pas parfaitement avec l’énergie superbe qu’elle montre partout ailleurs, ressemble à toutes les femmes amoureuses, vertueuses et persécutées. […] (Elle montre le Volga). […] tel qu’on nous le montre, il n’est pas possible qu’il lui reste assez de vertu pour se tuer. […] Elle nous en montre un qui ne paye pas de mine et qui a l’air d’un noyé très avancé sous son veston à carreaux.

1703. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Houssaye nous la montre comme éventrée et agonisante en 1815, comme rajeunie et pleine d’une sève puissante et d’un sang généreux dès 1820, et il conclut qu’il n’y a jamais lieu de désespérer d’un tel peuple « qui, depuis dix siècles, est allé de résurrections en résurrections ». […] Rien ne montre mieux le pouvoir de fascination dont elle était douée. — Pour ce qui est de la biographie posthume de Jeanne, je voudrais que M.  […] À cet égard, il faudra lire avec attention d’abord un portrait de Michelet où Mme Quinet se montre, une fois de plus, excellent écrivain. […] Comme il montre bien que le menteur, après tout, c’est celui que l’on croit qui ne ment pas ! […] Il montre que Gaspard Hauser n’en était pas au premier essai de blessures faites par lui-même sur lui-même dans le dessein d’attirer sur lui l’attention et l’intérêt.

1704. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

C’était la montre de petite mère qui continuait à marcher, oubliée dans la robe jetée sur une chaise au pied du lit. […] Le fait se reproduit tous les jours, et tous les jours, au moment de cette révélation accoutumée les visiteurs tirent leurs lorgnettes, font des remarques et reprennent un peu de la vie qui les abandonnait dans cet entraînement à l’admiration ; au bout de quelques instants, pourtant, les phalanges commencent à s’ébranler, pour aller s’extasier plus loin ; mais le guide, qui a ménagé ses effets, montre négligemment le groupe des musiciens et dit à demi voix : — « Ici le peintre a fait lui-même son portrait. » Aussitôt toutes les brebis désagrégées se rapprochent, on se pousse : — C’est bien lui qui est habillé de blanc ? […] Elle eut alors sous les yeux les tristes reliques du mort — sa montre, sa croix, quelques objets familiers, une boucle de cheveux noirs, un bout de linge taché de sang. […] Même grâce attendrie, même charme d’émotion voilée ; seulement, cette fois, ce sont de jeunes visages que nous montre M.  […] On montre, à divers endroits de la côte, l’emplacement de cette cité fabuleuse, et les pécheurs vous en font d’étranges récits.

1705. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

que ce rôle nous agrée, en ce qu’il montre bien et prouve d’une manière éclatante que nous ne subissons pas l’empire des femmes, de la nôtre surtout, et que nous sommes des hommes forts ! […] Mais que l’on combatte une opinion qui comme parti n’a jamais existé, cela montre bien que c’est l’opinion que l’on combat, la manière de voir et rien de plus, et que l’on a pour principe que personne dans tout le pays n’a le droit de penser autrement que vous, et que tout homme dans le pays a le devoir strict de penser exactement comme vous pensez. […] Il se montre effrayé pour l’avenir de la nation du célibat ecclésiastique et des biens de mainmorte et il se répand en plaisanteries sur les dogmes de la religion même chrétienne. […] Elle montre précisément le fond de la pensée de l’Assemblée constituante. […] C’est elle qui nous montre, dans les nuits éloignées et troubles du moyen âge, la douce lueur de l’étoile du matin vers laquelle on prie et les flammes sinistres des bûchers autour desquels on tue.

1706. (1923) Nouvelles études et autres figures

Et il ajoute, car il faut nous expliquer pourquoi l’affreux polype, la bête sans os, se ronge les membres : « C’est que le soleil ne lui montre aucune proie à saisir. […] Il vint loger à Londres dans une chambre garnie dont la tapisserie représentait des treilles chargées de grappes, et Hogg, son méphistophélique ami et son meilleur peintre, nous l’y montre « pareil à un renard aux yeux étincelants et sans repos au milieu des raisins verts ». […] Il nous montre le Cyclope à l’œuvre, de quelle manière il forge son acier, son airain, ses foudres, où il va chercher les rayons de grêle, de feu, de nuage, de vent rapide qu’il mêle à leur trempe comme les divins forgerons de l’Etna virgilien, et tout ce qu’il y ajoute d’éclairs effrayants, de bruit et d’épouvante, fulgores nunc terrificos, sonitumque metumque . […] Il est curieux de constater que, dès le début du dix-neuvième siècle, l’anticléricalisme de ces idéologues, également antimilitaristes et humanitaires, se montre favorable à l’Allemagne et, comme nous dirions aujourd’hui, pro-allemand.

1707. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Mais à l’instant la terre s’entr’ouvre, l’Ombre de son père en sort et le rappelle à la raison, à la constance, à la vertu, lui montre une sœur chérie qui lui reste, et l’invite aux beaux-arts, à la poésie noblement consolatrice. […] Une élégie de Flins, dédiée à Fontanes101, nous le montre, en 1782, comme ayant terminé déjà son poëme de l’Astronomie, qui ne fut publié qu’en 1788 ou 89, et comme poursuivant un poëme en six chants sur la Nature, qui ne devait point s’achever. […] Pour revenir au Mémorial, l’ensemble de la rédaction de Fontanes dans cette feuille nous montre un esprit dès lors aussi mûr en tout que distingué, qui ne reviendra plus sur ses impressions, et qui, dans la science de la vie, est maître de ses résultats.

1708. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Chaque jour ne nous montre-t-il pas ce spectacle assez banal : une jeune fille dont le vague cherche un sens à la vie, et qui soudain le découvre dans l’ardeur du premier baiser ? […] On connaît l’affabulation de ce récit : Emma Kosilis, unique dans l’œuvre de Renan, qui par les nuances du détail créant la progression de l’intérêt, nous montre le merveilleux conteur qu’eût pu devenir, s’il s’en était mêlé, le savant exégète des origines ; il nous marque aussi bien la psychologie amoureuse d’une Bretonne passionnée. […] A vrai dire je ne sais pas d’exemple plus saisissant de retour en arrière, ni qui montre mieux ce phénomène singulier : un écrivain de notre race, vivant parmi nous, et que nous pouvons coudoyer, sautant à pieds joints par-dessus deux mille années de culture, pour nous faire respirer une âme tout imprégnée des senteurs de Lesbos !

1709. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Il faut donc que le statuaire, que le peintre, de même que le chanteur, parcoure un vaste diapason, qu’il montre, la vertu tour à tour lumineuse et assombrie, dans toute l’étendue de l’échelle sociale, depuis l’esclave jusqu’au prince, depuis la plèbe jusqu’au sénat. […] Un portrait peint montre visiblement si une femme est belle ou laide, mais le romancier a des moyens bien supérieurs à ceux du peintre. […] Il marche d’un pas assuré dans l’art, il montre avec orgueil d’où il est parti, où il est arrivé, ressemblant en ceci à ce riche manufacturier qui avait accroché à son plafond les sabots qui l’avaient amené à Paris.

1710. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Les deux vues se trouvent chez Aristote, qui nous montre dans le mouvement de l’univers une aspiration des choses à la perfection divine et par conséquent une ascension vers Dieu, tandis qu’il le décrit ailleurs comme l’effet d’un contact de Dieu avec la première sphère et comme descendant, par conséquent, de Dieu aux choses. […] Elle nous montre l’interdépendance du physique et du moral, la nécessité d’un certain substratum cérébral pour l’état psychologique, rien de plus. […] Plus la physique progresse, plus elle montre l’impossibilité de se représenter les propriétés de l’éther ou de l’électricité, base probable de tous les corps, sur le modèle des propriétés de la matière que nous apercevons.

1711. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Ni les circonstances de la vie, ni celles de la personne n’ont aucune identité ; il en résulte qu’à quelques égards elle se montre dans le cours du roman tout autre qu’il ne l’a annoncée.

1712. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Vous apprenez à tous à ne jamais se décourager, et l’esprit en vous se montre de plus en plus triomphant dans les luttes avec le corps. » — À cette date (7 mai 1869), M. 

1713. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

La différence est à la vue comme dans les noms. » Le sonnet de Du Bellay est la contrepartie du mot de Courier : il montre que la poésie, à qui sait la cueillir, est partout, et que les lieux les plus humbles, sous la vérité de l’impression, ne le cèdent en rien aux plus beaux, mais gardent d’autant mieux leur physionomie attachante.

1714. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Dans sa Correspondance avec Bancal, Mme Roland se montre mainte fois injuste.

1715. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Le Roy ; le baron d’Holbach, au ton moqueur et discordant, près de sa moitié au fin sourire ; l’abbé Galiani, trésor dans les jours pluvieux, meuble si indispensable que tout le monde voudrait en avoir un à la campagne, si on en faisait chez les tabletiers ; l’incomparable portrait d’Uranie, de cette belle et auguste madame Legendre, la plus vertueuse des coquettes, la plus désespérante des femmes qui disent : Je vous aime ; — un franc parler sur les personnages célèbres ; Voltaire, ce méchant et extraordinaire enfant des Délices, qui a beau critiquer, railler, se démener, et qui verra toujours au-dessus de lui une douzaine d’hommes de la nation, qui, sans s’élever sur la pointe du pied, le passeront de la tête, car il n’est que le second dans tous les genres ; Rousseau, cet être incohérent, excessif, tournant perpétuellement autour d’une capucinière où il se fourrera un beau matin, et sans cesse ballotté de l’athéisme au baptême des cloches ; — c’en est assez, je crois, pour indiquer que Diderot, homme, moraliste, peintre et critique, se montre à nu dans cette Correspondance, si heureusement conservée, si à propos offerte à l’admiration empressée de nos contemporains.

1716. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

La correspondance, fort sensée, habile, éloquente de son confident à Londres, de M. de Marcellus, souvent égale à celle de M. de Chateaubriand, moins passionnée, moins aventureuse, plus honnête, montre dans ce jeune diplomate un futur ministre, très capable de comprendre l’Europe, s’il n’était pas encore capable de la diriger.

1717. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Valjean se montre à propos, porte le seau de l’enfant, et rentre à l’auberge des Thénardier.

1718. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Nous risquerions de calomnier même les larmes ; l’homme sensible en cache plus qu’il n’en montre.

1719. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Les passions politiques que l’histoire nous montre si énergiques chez les anciens, si dégradées et si perfides au moyen âge, si actives et si profondes dans les temps modernes, sont le principal ressort de plusieurs pièces romantiques.

1720. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Le fameux morceau de la Première Philippique, où Démosthène montre les badauds d’Athènes allant aux nouvelles sur la place publique et se communiquant tous les « racontars » sur les projets et la santé de Philippe, c’est ce qu’il y a « de plus simple, de plus naturel et de moins enflé » ; et cependant « qui est-ce qui n’en sent point le sublime ? 

1721. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Que tu décrives tout un kiss Avec un tel Ne quid nimis Que pourrait te lire une miss, Ou qu’à Ponchon lorsqu’il balance Son demi-sans-faux-col par l’anse, Tu donnes le prix d’excellence ; Que tu racontes, en tes Jeux, Non lassé par cinq corps neigeux, Le page six fois courageux, Ou sertisses des confidences En de fins rondels, et cadences Des mots sur de vieux airs de danses ; Que tu nous montres Pierrot, vif.

1722. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Dans les littératures du Midi, ce même caractère individuel et de localité se montre sous d’autres formes.

1723. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

François de Sales ne lève qu’un coin du voile ; il ne nous montre des égarements humains que ce qui peut nous en donner ou le regret ou la crainte ; et toutefois telle est la force de ses peintures, qu’elles ne laissent jamais l’esprit incertain ni languissant.

1724. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Il y avait d’autant plus de mérite alors à refuser l’allégeance à cet empereur des orateurs, qu’il courait déjà de main en main, au milieu d’une grande attente, des fragments de son Prince, « et probablement pas les pires pièces, dit judicieusement Goulu, puisqu’il les a proposées comme échantillons, et une montre, pour débiter mieux sa marchandise15. » C’est en 1628 que le général des feuillants faisait cette guerre à Balzac.

1725. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Il induit l’écrivain à des fautes pour lesquelles il se montre ensuite sévère, comme la bourgeoisie réglée d’autrefois applaudissait le comédien et en même temps l’excluait de l’Église. « Damne-toi, pourvu que tu m’amuses ! 

1726. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Aussi Wagner nous montre-t-il sur le théâtre tout autre chose que ce qu’il voyait dans son rêve.

1727. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Elle montre que la forme typique sort des phases successives du développement de l’animal.

1728. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Une autre scène de la même pièce, éclatante de splendeur tragique, nous montre sa femme Évadné qui se précipite dans ce bûcher, comme une veuve indienne, en chantant un hymne enthousiaste à l’époux rejoint par-delà la mort.

1729. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il s’y montre un disciple affaibli de Racine dans Bajazet et de Voltaire dans Zaïre.

1730. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Sieyès voudrait tout d’abord une langue simple, philosophique, sans prestige : La langue la plus raisonnable, dit-il, devrait être celle qui se montre le moins, qui laisse passer, pour ainsi dire, le coup d’œil de l’entendement et lui permet de ne s’occuper que des choses ; et point du tout cette langue coquette qui cherche à s’attirer les regards ; ou, si vous aimez mieux, la langue, ne devant être que le serviteur des idées, ne peut point vouloir représenter à la place de son maître.

1731. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

La pathologie montre la possibilité de cette séparation81.

1732. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Je suis effleuré, à tout instant, du frôlement de son bras sortant de son lit, pendant que dans sa bouche avortent et se brisent des paroles qu’on ne comprend pas… Par la fenêtre ouverte, par-dessus le noir des grands arbres, entre et s’allonge, sur le parquet, la blanche clarté électrique d’une lune de ballade… Il y a de sinistres silences, où s’entend seul le bruit de la montre à répétition de notre père, avec laquelle, de temps en temps, je tâte le pouls de son dernier né… Malgré trois prises de bromure de potassium, avalées dans le quart d’un verre d’eau, il ne peut dormir une minute, et sa tête s’agite sur son oreiller dans un mouvement incessant de droite à gauche, bruissante de toute la sonorité inintelligente d’un cerveau paralysé, et jetant par les deux coins de la bouche, des ébauches de phrases, des tronçons de mots, des syllabes informulées, prononcées d’abord avec violence, et qui finissent par mourir comme des soupirs… Dans le lointain j’entends distinctement un chien qui hurle à la mort… Ah !

1733. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Il montre en effet une telle impartialité entre les deux églises, il emprunte si souvent ses exemples à l’église catholique, on sait en outre qu’il s’intéresse si vivement à la question la plus pressante de l’église catholique au temps où nous sommes, que l’on ne peut pas considérer son livre comme plus protestant que catholique.

1734. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Schiller nous montre Jeanne d’Arc dénoncée par son père comme sorcière, au milieu même de la fête destinée au couronnement de Charles VII, qu’elle a replacé sur le trône de France.

1735. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

C’est un passage merveilleux et sinistre que celui de d’Aubigné où il montre les flots de la Seine et les flots de la mer irrités, se dressant de toute leur fureur contre ces amas de cadavres que nos discordes civiles jettent en eux et jusqu’aux flots de la mer.

1736. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Mais ceci montre, par un dernier trait, à quel point des curiosités sans grandeur avaient réduit son esprit en miettes.

1737. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

… » Et toute cette tirade contre l’hypocrisie possible de notre temps, refaite cent fois par tous les sacripants littéraires qui se font une vertu à eux du vice de Tartuffe et très indigne, d’ailleurs, d’un écrivain qui se connaît en choses sociales et qui n’a pas le droit de conclure contre les doctrines vertueuses de l’absence de nos vertus, montre mieux que tout le reste à quel point d’anxiété l’auteur de Madame la comtesse Du Barry en est arrivé, le malheureux !

1738. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Et cela montre qu’il n’y a pas de réalisme absolu ; qu’il n’y a pas, dans le roman, de portrait entièrement vrai ; que les œuvres de cet ordre restent, pour une large part, des œuvres d’imagination.

1739. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Elle nous montre que la vie de l’âme ou, si vous aimez mieux, la vie de la conscience, est liée à la vie du corps, qu’il y a solidarité entre elles, rien de plus.

1740. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

On y montre des châteaux qu’elle a bâtis, & où elle daigne reparoître de temps à autre sous différentes formes.

1741. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Ici, comme partout ailleurs, je montre pour la religion chrétienne un respect que nulle épreuve n’a troublé ni diminué, parce qu’il est emprunté à mes convictions les plus intimes et à la philosophie elle-même. […] Il ne coupe pas les ailes au génie, mais il le protège contre les attraits des principes extrêmes dont l’histoire montre la fragilité. […] Le drame romantique embrasse l’homme tout entier : il ne montre pas seulement dans ses personnages leurs grands côtés, mais leurs côtés subalternes ; de là ce mélange de l’héroïque et du comique, du noble et du bas, des scènes burlesques succédant aux scènes les plus relevées et en redoublant l’effet. […] La troisième époque, qui représente le rapport du fini et de l’infini, n’est pas moins fertile en grands hommes, mais elle les montre moins brillants que ceux de la Grèce et de Rome, c’est-à-dire moins individuels, mais plus substantiels en quelque sorte et plus identifiés avec les choses. […] Aussi l’ordre qui partout se montre dans l’ouvrage de Brucker laisse trop souvent subsister une confusion véritable masquée par l’appareil géométrique du wolfianisme, par des classifications, des divisions et des subdivisions qui simulent un plan, mais qui ne contiennent pas le plan véritable.

1742. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Car, leur poésie n’ayant de la poésie que le dehors, il devait suffire, pour la déposséder de sa popularité, que la prose apparût ; et cela, non pas même comme il suffit que la vérité se montre pour que l’empire de la fiction s’évanouisse, mais comme il suffit que l’oreille humaine entende enfin les accents d’une langue virile pour prendre aussitôt en dégoût le bavardage et le caquetage. […] En un autre endroit, ce seront les variantes d’une même pensée, sur laquelle Pascal, avec ce scrupule d’écrivain qu’on lui connaît, est revenu plusieurs fois : 1º « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. » — 2º « Rien ne montre mieux la vanité des hommes que de considérer quelles causes et quels effets de l’amour ; car tout l’univers est changé ; le nez de Cléopâtre. » — 3º « Vanité. […] Ce qui du moins est certain, c’est que Dufresne fournit la province longtemps avant Molière, et qu’aucun acte antérieur à 1648 ne nous les montre associés dans une même entreprise. […] Car on n’explique pas le génie, mais on explique le talent, et, en l’expliquant, on montre en quoi, par où, comment le génie est inexplicable. […] Voltaire le premier se montre inhabile aux œuvres de longue haleine.

1743. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

LE soleil, qui dans Paris ne se montre qu’avec réserve, nous faisoit beau jeu, quand je trouvai le Jardin des Tuileries rempli de personnes de tout sexe & de tout âge, qui profitoient de la sérénité du jour, en attendant qu’il vînt à changer. […] Tandis, par exemple, que la Hollande donne dans les excès d’une propreté qui rend ses habitans ridiculement esclaves & minutieux, l’Italie se montre dans un jour défavorable, relativement à cet objet. […] D’ailleurs la nature ne nous montre-t-elle pas à tout instant de semblables disparates ! […] Paroît-on rampant, l’on est écrasé ; se montre-on avec hauteur, on est humilié ! […] Je finis par une réflexion qui se présentoit tout naturellement ; c’est que bientôt on n’oseroit plus écrire à raison de la précipitation avec laquelle on juge un livre, sitôt qu’il vient à paroître, & de l’acharnement qu’on montre pour la critique ; pour moi je préjume, dis-je, d’un ton assuré, que d’après cela le moment viendra où l’on cessera d’écrire, & où le luxe & la mollesse plongeront les hommes dans l’ivresse des sens.

1744. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Un homme politique, engagé dans la politique, ne montre fatalement qu’une des faces de sa personnalité, la plus laide, ses appétits. […] Le maniérisme n’y est point fatigant ; il se montre, au contraire, presque toujours joli, d’une grâce parfois exquise, d’un goût très sûr ; et il n’y a pas « trop de lys », ainsi qu’on pouvait le craindre d’un homme qui en abusait tant, dans la vie. […] Avec l’Enquête sur la question sociale, publiée, aujourd’hui, il nous montre, par de vivants et aigus portraits — des portraits peints par eux-mêmes — ce que c’est qu’un capitaliste et un prolétaire, et ça ne nous semble guère plus consolant. […] voilà ce que Yeldis devrait dire… Mais elle ne dit rien, elle sourit et montre la route. […] La passion qui, dans La Princesse Maleine, et dans Pelléas, balbutie de petites plaintes, discute, crie, hurle et veut dans Monna Vanna… Monna Vanna est une œuvre pleine, forte, qui n’a plus les douceurs évanouies de la fresque et de la tapisserie, et qui montre la rudesse des reliefs.

1745. (1888) Portraits de maîtres

La correspondance de Lamartine nous le montre tout entier dans ces précieuses années déformation spirituelle. […] Dolorida nous montre une Hermione espagnole qui, jalouse de son époux infidèle, l’empoisonne et va le rejoindre dans la mort. […] Ce Bonaparte, Michelet nous le montre commençant par ne rien comprendre à l’Italie qu’il ne délivre que pour l’asservir, et devant ainsi successivement convertir les sympathies des peuples étrangers en haines inexpiables, préparer Leipsig et Waterloo, au lendemain du jour où, comme dit la chanson aux ailes d’ode. […] En 4831 Edgar Quinet nous montre déjà cette Allemagne avide de nous arracher l’Alsace et la Lorraine, aspirant à l’unité sous l’hégémonie de la Prusse. […] Il nous le montre révélant à Jacques Bonhomme la mission de la France, rapprochant les armées, réconciliant le riche et le pauvre, éteignant les bûchers, délivrant les victimes, puis, lui-même proscrit, traversant les longs exils et l’ingratitude des hommes plus longue encore, mais ne désespérant jamais, jamais ne fléchissant, portant et proclamant partout l’horreur du sophisme, la passion de la tolérance, la foi dans la résurrection des peuples au tombeau, contraint de descendre dans la solitude ténébreuse, mais dans ces abîmes mêmes inaccessible au découragement, et attestant dans l’oublieuse nuit la victoire future de la lumière.

1746. (1925) Comment on devient écrivain

M. de Buffon regarda sa montre et demanda ses chevaux.‌ […] Que nous montre-t-on, en effet ? […] Ce n’étaient ni des plumes de phénix, ni des plumes de faisan, mais un plumage qui n’avait pas son pareil… Cela ne contente point encore, et il faut que l’archange montre ses lettres-patentes qu’il tenait du père Éternel. […] Cette facilité explique qu’il y ait tant de mauvais sermons, mais n’explique pas qu’il y en ait si peu de bons, et qu’un esprit mieux doué ne s’y montre pas tout à coup supérieur. […] Dans son remarquable ouvrage, la Bible et Bossuet, le père de La Broise montre par une série d’exemples jusqu’à quel point le grand orateur a poussé cet effort de littéralité : « Bossuet, dit-il, cherche à rendre fidèlement la phrase de l’auteur sacré, lors même qu’elle est obscure et hardie.

1747. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Il nous montre le monde sortant des mains de Dieu par un effet de sa Toute-puissance ; l’homme né pour être juste & heureux, frappé de malédiction ; son Libérateur promis & annoncé dans tous les siécles aux Patriarches & aux Prophêtes ; sa venue dans ce monde au tems marqué ; sa Religion prêchée & reçue dans tout l’univers ; les Empires qui s’élévent & qui tombent successivement. […] Il est vrai que c’est plûtôt un panégyrique qu’une histoire ; il ne montre son héros que par les beaux côtés, il l’excuse en tout & il en fait presque un saint.

1748. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

J’ai trouvé qu’une surface gazonnée de trois pieds sur quatre, qui avait été exposée pendant de longues années aux mêmes conditions de vie, nourrissait vingt espèces de plantes, appartenant à dix-huit genres et à huit ordres, ce qui montre combien ces plantes différaient les unes des autres. […] Il est supposable d’ailleurs que ces lignées généalogiques directes doivent s’éteindre les unes après les autres par suite de l’extension des lignées généalogiques ramifiées, comme le montre la figure ; car de deux choses l’une : ou ces espèces ont une organisation invariable dont l’inflexibilité ne peut se prêter à des conditions de vie changeantes, et par conséquent elles doivent disparaître devant des organisations plus flexibles ; ou bien elles ont présenté des variations moins avantageuses qui n’ont pas été élues, et ce désavantage doit également tendre à les détruire.

1749. (1883) Le roman naturaliste

Flaubert nous montre Salomé qui danse : « Ses bras arrondis, nous dit-il appelaient quelqu’un qui s’enfuyait toujours. […] Zola, quand il le voudra, puisqu’il ne les connaît pas ; et voilà, si sa critique était un peu plus heureusement avisée, les œuvres et les noms auxquels il devrait s’attaquer. « Tout ce qu’il y a de plus fou et de plus riche », mais, qu’il nous le montre donc une fois dans les nouvelles de Mérimée, dans Carmen ou dans Colomba ; et nous nous engageons, nous, par échange de bons procédés, à lui montrer, dans les romans de Balzac, « toute la fantaisie d’or des poètes » ! […] Enfin, c’est encore ainsi que s’est introduite dans le roman la question d’argent, et naturellement, avec elle, tout ce que l’acquisition de la fortune, ou le soin de la conserver seulement, exigent de patience et d’efforts, d’arithmétique et d’algèbre, de calculs et de combinaisons, de chicanes et de procès, de défaites subies et de batailles gagnées… « Il ne les a pas logés, tous ses beaux jeunes gens sans le sou, dans des mansardes de convention, tendues de perse, à fenêtres festonnées de pois de senteur, et donnant sur des jardins ; il ne leur fait pas manger des mets simples, apprêtés par les mains de la nature ; il ne les habille pas de vêtements sans luxe, mais propres et commodes ; il les met en pension bourgeoise chez la maman Vauquer ou les accroupit dans l’angle d’un toit, les accoude aux tables grasses des gargotes infimes, les affuble d’habits noirs aux coutures grises, et ne craint pas de les envoyer au mont-de-piété, s’ils ont encore, chose rare, la montre de leur père. » C’est à Théophile Gautier que j’emprunte ces lignes. […] Mais où se montre déjà l’originalité de Flaubert, c’est quand, au lieu d’emprunter l’image aux solitudes américaines, comme Chateaubriand, ou à la nature tropicale, comme Bernardin de Saint Pierre avant Chateaubriand, il l’emprunte à la nature tempérée, moyenne et, si j’ose dire, banale, qui nous environne de toutes parts. […] Observez comme ici déjà l’auteur se montre à côté de ses personnages. « Plus garotté qu’un Scythe ! 

1750. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Cette admiration naïve montre de quels taudis on sortait. […] « Si mon faible corps manque ou défaille,  — ma volonté est qu’elle garde toujours mon cœur. —  Et quand ce corps sera rendu à la terré, je lui lègue mon ombre lassée pour la servir encore272… » Amour infini et pur comme celui de Pétrarque, elle en est digne ; au milieu de tous ces vers étudiés ou imités, un admirable portrait se détache, le plus simple et le plus vrai qu’on puisse imaginer, œuvre du cœur cette fois et non de la mémoire, qui, à travers la madone chevaleresque, fait apparaître l’épouse anglaise, et par-delà la galanterie féodale montre le bonheur domestique. […] Le toit, le plancher et les murs étaient tout d’or,  — mais couverts de poussière et de rouille antique,  — et cachés dans l’obscurité, de sorte que personne n’en pouvait voir — la couleur ; car la lumière joyeuse du jour — ne se déployait jamais dans cette demeure,  — mais seulement une douteuse apparence de clarté pâle,  — comme est une lampe dont la vie s’évanouit,  — ou comme la lune enveloppée dans la nuit nuageuse — se montre au voyageur qui marche plein de crainte et de morne effroi. […] Et pour cela il faut, « par des rejets et des exclusions convenables », extraire la condition cherchée de l’amas de faits où elle gît enfouie, construire la table des cas où l’effet est absent, la table des cas où l’effet est présent, la table des cas où l’effet se montre avec des degrés divers, afin d’isoler et de mettre au jour la condition qui le produit360.

1751. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Et puis, circulant par toute cette grossière débauche, un courant clair de mysticisme rafraîchissant… En Demolder se confondent merveilleusement la nature sensuelle et le caractère religieux de la race flamande : Ainsi, écrit Désiré Horrent32, Demolder, par ce mélange de piété et de jovialité, montre qu’il appartient à la race des Flamands du littoral qui, en quittant les messes et les processions, se ruent aux folies et aux saouleries des kermesses, à la race de ces marins et de ces pêcheurs dans les prunelles desquels le ciel et la mer reflètent leur songe d’infini. […] La littérature belge ne se montre point prodigue de romans psychologiques, mais des œuvres telles que celles d’Edmond Glesener et de Paul André, autorisent toutes les espérances. […] Il assouplit son art aux thèmes les plus variés, fait montre d’une grande dextérité. […] Ils chantent encore la tendre société des lampes : La lampe est une calme amie Qui nous console et nous conseille Chaque soir de la vie ; La lampe est une sœur Qui nous montre son cœur Comme un soleil67 Et puis, passent les femmes en mantes : Les Mantes !

1752. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Dans la suite on s’est écarté de cette signification propre d’avoir, et on a joint ce verbe par métaphore et par abus, à un supin, à un participe ou adjectif ; ce sont des termes abstraits dont on parle come de choses réelles : (…), j’ai aimé, (…) ; aimé est alors un supin, un nom qui marque le sentiment que le verbe signifie ; je posséde le sentiment d’aimer, come un autre posséde sa montre. […] C’est lorsque dans les descriptions on peint les faits dont on parle, come si ce qu’on dit étoit actuèlement devant les yeux ; on montre, pour ainsi dire, ce qu’on ne fait que raconter ; on done en quelque sorte l’original pour la copie, les objets pour les tableaux : vous en trouverez un bel exemple dans le récit de la mort d’Hyppolite. […] C’est un avantage que les enfans des grans ont au dessus des enfans des autres homes ; ils voient un plus grand nombre d’objets, et il y a plus de choix dans ce qu’on leur montre ; ainsi ils ont plus d’idées exemplaires, et c’est de ces idées que se forme le gout. […] Une montre nous dit qu’il y a un ouvrier qui l’a faite, l’idée qu’elle fait naitre en moi de cet ouvrier, quelque indéterminée qu’elle soit, n’est point l’idée d’un être abstrait, elle est l’idée d’un être réel qui doit avoir de l’intelligence et de l’adresse : ainsi l’univers nous aprend qu’il y a un créateur qui l’a tiré du néant, qui le conserve, qu’il doit avoir des perfections infinies, et qu’il exige de nous de la reconoissance et des adorations.

1753. (1913) Poètes et critiques

Bouchor nous montre le vieux Lear en présence de ses trois filles, d’une part Regane et Goneril, jouant la comédie de la tendresse, d’autre part Cordelia, dont la pudeur de sentiment silencieuse paraît au roi sécheresse et froideur. […] Giraud est celle où il nous montre toute l’influence de Hegel sur l’esprit et les œuvres d’Hippolyte Taine. […] Victor Giraud, n’admet, en matière d’art, cette théorie de « la bienfaisance du caractère » envisagée comme un principe essentiel qui « assigne à chaque œuvre son rang dans l’échelle » ; il nous montre du doigt à quelles puériles conclusions peut aboutir une philosophie de l’art dans laquelle s’introduirait par ce biais « toute la morale ». […] Une fausse doctrine s’est introduite dans la vie, c’est un « fétu de paille » dans la montre : « rien ne marche plus ; mais enlevez cette paille, et subitement, tout se remet à marcher ».

1754. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Toujours ruminant un article ou poursuivant quelque projet, il n’a aucune notion du temps, arrive en retard, tire sa montre, s’excuse et se désole. […] Il suivait son maître en soupirant et, devant les plus beaux Raphaëls, il gémissait en regardant sa montre  : « Midi. […] La façon dont je fis la connaissance de Maupassant vers 1890 mérite d’être raconté, parce qu’elle montre le côté généreux d’un caractère que l’on a trop souvent accusé d’égoïsme. […] Le livre de son valet de chambre nous le montre vivant familièrement et prenant son domestique pour confident de ses projets amoureux ou littéraires. […] Cette lettre montre par quel effort de sincérité et de conscience un écrivain peut ennoblir un genre de travail qui n’est cependant pas du grand art littéraire.

1755. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Le Discours sur la Critique montre à quel degré le jeune écrivain en avait déjà le génie pour toute la partie du style et des convenances.

1756. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Mercure, d’autre part, est nommé avocat d’office de Folie, et il fera son devoir en conscience, « bien que ce soit chose bien dure à Mercure, dit-il, de moyenner déplaisir à Vénus. » Le discours d’Apollon est un discours d’avocat, un peu long, éloquent toutefois ; il peint Amour par tous ses bienfaits et le montre dans le sens le plus noble, le plus social, et comme lien d’harmonie dans l’univers et entre les hommes.

1757. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Une lettre de notre voyageur, que nous avons sous les yeux, nous le montre au naturel, tel qu’il était en ces années d’hilarité et d’insouciance, tel qu’il eut l’heureux privilége de rester toujours.

1758. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Ce serait pourtant se tromper beaucoup que de le juger un artiste si désintéressé ; et l’Hermès nous le montre aussi pleinement et aussi chaudement de son siècle, à sa manière, que pouvaient l’être Haynal ou Diderot.

1759. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

XII Vous voyez donc que ressusciter l’Italie antique, à quelque date que vous la preniez de son histoire, est un mot qui n’a aucun sens : Ni sens historique, puisque l’histoire ne vous montre, depuis l’ancienne Rome, tyrannie sanguinaire du monde, aucune Italie une et agglomérée ; ni sens politique, puisqu’il y a eu depuis la chute de l’empire romain autant de politiques diverses et contraires qu’il y a eu de fragments de nationalités distinctes et opposées l’une à l’autre ; ni sens national, puisqu’il y a eu, depuis l’extinction de Rome, trente ou quarante nationalités vivant comme des polypes d’une vie propre et individuelle dans l’élément général italien.

1760. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Dans ces plaisirs naïfs que j’excite moi-même, Je leur montre à s’aimer entre eux comme on les aime ; Et, sans trop me hâter, dans leur folle saison, Je sème, en quelques mots, le grain de la raison.

1761. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

L’hirondelle aussi rase quelquefois le sol, et c’est alors justement qu’elle montre le mieux qu’elle a des ailes !

1762. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Aussi tout le temps que la Restauration règne en France, l’Autriche, irritée d’avoir perdu notre alliance exclusive, se montre-t-elle partout et en toute occasion l’alliée la plus difficile, la plus susceptible, la plus envieuse, disons le mot, la plus hostile contre nous : colère d’une puissance qui ne nous pardonne pas de caresser d’autres alliances que la sienne.

1763. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Mais l’imagination des lecteurs voit toujours le crime ou la vertu d’une seule pièce ; elle s’irrite quand on lui montre dans un monstre une parcelle de vertu, et dans un homme de bien un atome de faiblesse.

1764. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Elle commence par nous montrer la place où cet événement va se passer, un site, un paysage, une ville, une maison, un palais, un temple, un champ de bataille, une assemblée publique, un peuple en ébullition ou en silence, mêlé ou attentif à un événement : puis elle nous montre un personnage qui arrive sur cette scène pour y figurer au premier plan, son visage, son attitude, sa démarche, sa physionomie calme ou convulsive, son costume même et jusqu’à l’ombre que son corps projette à côté ou derrière lui sur la place ou sur la foule au milieu de laquelle il apparaît.

1765. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

perdue, si Dieu ne se montre ; mais il ne manque pas, mais quelque chose d’inattendu vient d’en haut. » VIII 1840 sonne et la rembrunit encore, les Notes courent comme des pas de la vie entraînés sur une pente inclinée.

1766. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

— Tiens, ma fille, dit-elle à sa nièce en s’interrompant, ouvre donc le coffre de bois, et montre à l’étranger les trois dernières zampognes qu’ils ont fabriquées ainsi avant la mort de mon pauvre mari.

1767. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Dieulx seroient incertains où se montre Valoys ?

1768. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Il a peut-être plus de sensibilité qu’il n’en montre : il est capable d’affection ; mais il craint extrêmement le ridicule ; il pose pour l’homme fort et détaché.

1769. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Ailleurs, s’adressant à son luth il lui fait hommage de sa renommée : Par, toy je play, et par toy je suis lu ; C’est toy qui fais que Ronsard soit eslu Harpeur françois et quand on te rencontre, Qu’avec le doigt par la rue on le montre.

1770. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Taine l’a eue pour la première fois en écrivant son étude sur Racine, étude qui montre bien à quel point un professeur de lettres peut rester insensible à la poésie, à la beauté et savoir le français sans le comprendre.

1771. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

En l’adjurant avec certaines formules, dans sa mystérieuse chapelle de Saint-Yves de la Vérité, contre un ennemi dont on est victime, en lui disant : « Tu étais juste de ton vivant, montre que tu l’es encore », on est sûr que l’ennemi mourra dans l’année.

1772. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Un style clair, qui vaut surtout par la logique, la précision des lignes, l’enchaînement serré des idées, qui n’admet guère que des épithètes abstraites et générales ; un théâtre où les personnages sont comme détachés de leur milieu et se meuvent dans un cadre vague, indéterminé, où ils se présentent presque comme de purs esprits dont les pensées et les sentiments méritent seuls l’attention ; des tragédies simples ; d’une structure rigide et géométrique, d’une sobriété de mise en scène qui montre qu’elles s’adressent à l’âme, non aux sens ; une littérature qui se concentre tout entière dans l’étude, de l’homme civilisé, qui ne daigne ou ne sait pas voir le reste de l’univers, qui ne connaît pas la campagne, qui soumet l’imagination, « la folle du logis », aux commandements de la raison, qui marche à pas comptés, d’une allure méthodique et posée.

1773. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

. — Cette étude montre que Wagner a repris l’idée du théâtre grec ; elle compare le théâtre de Bayreuth aux théâtres anciens et modernes ; 5° Observations sur Parsifal : explication de passages douteux ; 6° Un dialogue de fin d’année, au sujet du nouveau calendrier wagnérien ; enfin les communications nouvelles, etc.

1774. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Elle arbore à son frontispice le drapeau noir de la Peste et elle ne nous montre que des cas de rougeole et de coqueluche.

1775. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

Il n’est pas vrai, comme le soutiennent certains fatalistes, que le motif qui l’emporte à la fin ait été, dès le commencement de la délibération, le plus fort, d’une force encore cachée ; qu’il ait gouverné la délibération et l’action finale comme le ressort invisible d’une montre gouverne le mouvement visible de l’aiguille.

1776. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

L’homme à la cage écarte le paquet d’épinards qui bouche d’ordinaire la gargouille, et pendant que le traqueur y place sa troublette, lui, passe dans la rainure du conduit la baguette de fer que suit le nez du chien, et le bout du filet s’agite et le traqueur l’élève en l’air, et montre un rat qui sautille, en disant : « Un gaspardo. » Il a été pris une vingtaine de rats en deux heures.

1777. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

L’étonnement qu’il montre en entrant dans l’intérieur du sérail, fait voir qu’il s’est passé quelque chose d’important dans son absence, et qu’il ne peut savoir.

1778. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Mais, réellement et la main sur le front, est-ce là de l’histoire qu’il nous montre avec la prétention de la démontrer ?

1779. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

C’est ainsi, par exemple, que s’il peint un lapin de clapier, il n’oublie pas « l’urine qui jaunit les pattes de derrière », et que s’il fait saigner un cochon, il montre coquettement Désirée, rouge de plaisir, tapant sur le ventre ballonné de ce cochon pendant qu’on l’égorge.

1780. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Après avoir, comme Childe-Harold et comme René, promené ça et là sa noire misanthropie, Daniel (c’est Daniel sans autre nom, Daniel, toujours comme René et comme Childe-Harold) rencontre au bord des mers une jeune fille qu’il décrit pendant tout le roman et qu’il ne nous montre pas une seule fois avec ce trait qui grave une image dans notre âme ; et, cette jeune fille, il se met à l’aimer dès la première vue avec la passion de l’épigraphe du livre, une de ces passions qui font deux êtres l’un à l’autre de par la nature et de droit divin, plus légitimes par conséquent que les lois et les conventions !

1781. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

On a de la peine à imaginer une dimension nouvelle si l’on part d’un Espace à trois dimensions, puisque l’expérience ne nous en montre pas une quatrième.

1782. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Cette histoire des idées humaines montre jusqu’à l’évidence l’erreur de ceux qui attribuant, selon le préjugé vulgaire, une haute sagesse aux anciens, ont cru que Minos, Thésée, Lycurgue, Romulus et les autres rois de Rome, donnèrent à leurs peuples des lois universelles.

1783. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Il n’y a pas d’homme absolument franc, il n’y a pas d’auteur de Confessions ou de Mémoires absolument sincère, comme il n’y a pas de romancier absolument réaliste ; mais on donne le nom d’homme franc à celui qui craint moins que la plupart des autres de dire aux hommes quelques-unes de leurs vérités ; on appelle écrivain sincère celui qui se montre plus soucieux qu’on ne l’est en général d’exprimer dans ses écrits un peu de son âme, de même que l’on classe parmi les réalistes les romanciers les moins timides, les plus audacieux en face de la réalité cruelle et brutale. […] Le philosophe qui voit les choses non du fond de son individualité égoïste, mais à un point de vue humanitaire ou social, se montre non sans raison scandalisé du culte que le pur littérateur professe pour le livre. […] « Le monde, nous affirme aussi Mme de Sévigné, n’a point de longues injustices. » Lorsque cette vérité est exprimée non plus par un poète ou par une femme d’esprit, mais par un philosophe habitué à se faire des objections, il est rare qu’il se montre aussi catégorique ; certaines formules prudentes d’atténuation et de réserve laissent alors presque toujours une petite place à l’exception et au doute. […] L’imagination humaine, attendrie par ces tristes spectacles, se montre d’une générosité magnifique ; elle rêve, devant ces beaux jeunes arbres couchés par la tempête, une cime montant jusqu’aux cieux et des branches couvrant la terre de leur ombre. […] L’exemple de Gringore n’est qu’un cas particulier du divin pouvoir d’idéalisation qui, d’une manière générale, appartient au génie, et qui, métamorphosant hommes et choses, nous montre le monde non tel qu’il est, mais tel que l’artiste l’a vu et l’a peint.

1784. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Rien ne montre mieux la force des idées et comment elles usent les obstacles accumulés par la nature ou par les hommes. […] Il nous montre, sans s’émouvoir, les gens qui ont vécu là, ces personnages passionnés et têtus, enfermés dans une foi étroite, incapables de rien voir au-delà des bornes qui murent leur horizon. […] toutes ces jolies choses, il nous les montre avec une complaisance cruelle, afin, semble-t-il, de nous faire oublier qu’il nous enlève notre plus chère illusion : celle d’être libres. […] Qu’on nous montre, au lieu des petitesses de la « grande vie », de petites vies et de grandes âmes. […] Il montre combien elle est dangereuse.

1785. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

La Bruyère, au contraire, ne découvre que des vérités de détail ; il montre le ridicule d’une mode, l’odieux d’un vice, l’injustice d’une opinion, et, comme il le dit lui-même, la vanité de tous les attachements de l’homme. […] Birotteau lâche à chaque minute des phrases de parfumeur et de niais ; Pillerault est une dupe politique ; Popinot vit dans la crasse et montre les habitudes d’un automate judiciaire. […] Ils défendent qu’on montre l’animal et le fou qui sont dans l’homme, les hurlements de la bête de proie, le radotage du maniaque, la convoitise de l’amour, les saccades de la douleur. […] Sa correspondance, à son entrée dans le monde, montre un jeune homme de belle humeur, beau diseur, gracieux complimenteur, n’ayant aucune des singularités et des violentes saillies qui marquent ordinairement un artiste. […] « Vivre d’accord avec les dieux ; et celui-là vit d’accord avec eux qui leur montre une âme contente de leurs décrets ».

1786. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

La supériorité de leur raison leur montre les suffrages des hommes sensibles, nés & à naître, & ils placent la récompense de leurs travaux dans l’amélioration des projets pour le bien public. […] Qu’on me montre dans l’univers un art qui apporte aux citoyens plus de jouissances fines, délicates & multipliées, & qui donne moins à ceux qui le cultivent. […] Ce morçeau est supérieurement écrit ; mais il est trop beau, puisqu’il me montre plus Racine, que la plaintive & désolée Monime.

1787. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Pourquoi le drame de Marion de Lorme 3, qui nous montre également une courtisane, nous émeut-il cent fois moins, malgré le prestige et l’éclat de la poésie ? […] monsieur Gerdret, le poète des Insomnies appartient beaucoup trop à l’école du bon sens, mais en revanche l’ex-fonctionnaire en montre bien peu ! […] Voilà pourquoi le romantisme, — soit dit en passant, — qui avait les cheveux si longs, nous montre aujourd’hui un crâne si chauve : C’est là que l’attendaient les classiques, ils n’ont pas voulu d’autre vengeance.

1788. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Avez-vous observé que lorsqu’une femme du monde se montre coiffée d’un chapeau ridicule, ses meilleures amies ne manquent jamais de se récrier à l’envi sur le goût exquis qui préside au choix de ses toilettes ? […] Janin se montre un peu plus traitable envers le 3e acte de l’œuvre du laquais de Rossini. […] » La méchanceté, suffisamment transparente, se montre à travers un verre, tout en prenant garde de casser les vitres !

1789. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Il reconnaît à tous les types, à toutes les idées, à toutes les natures le droit d’exister, et content d’avoir atteint la source d’où coulent les beautés et les défauts, il montre simplement, comment, telle source étant donnée, tels défauts, telles beautés devaient naturellement suivre. […] Niobé, au milieu de ses Biles expirantes sous les flèches vengeresses de Diane, montre encore sur son visage où paraît une secrète et profonde douleur, l’inaltérable sérénité de la beauté plastique409.

1790. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

En les décomposant, il montre leur laideur réelle et leur ôte leur beauté fictive. […] Quand il veut peindre l’aurore, il nous montre « les balayeurs dans les rues, les recors » et les cris de la halle.

1791. (1904) Zangwill pp. 7-90

Foibles gens, dit le père, il faut que je vous montre Ce que ma force peut en semblable rencontre. […] Car il est à la fois philosophe et peintre, et il ne nous montre jamais les causes générales sans les petits faits sensibles qui les manifestent, ni les petits faits sensibles sans les causes générales qui les ont produits.

1792. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Il montre contre nous une petite colère, de ce que nous ayons défendu sa pureté, et travaille, avec une animation tout à fait amusante, à nous en faire dédire… Puis il esquisse, d’après des souvenirs, recueillis dans les familles, un Louis XVI véridique, envoyant à ses courtisans, au petit lever des boulettes de la crasse de ses pieds… Renan là-dessus élève une petite voix flûtée pour dire qu’il ne faut pas être si sévère à rencontre « de ces gens-là : les rois ! […] Sa mère, née en 1794, et qui garde la vitalité des gens de ce temps, sous ses traits de vieille femme, montre les restes d’une beauté passée, alliée à une sévère dignité.

1793. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

La politique obstinée s’y montre à chaque instant. […] L’art moderne, tout au rebours, vous montre avec une joie féroce les plaies, le sang, les cadavres ; à l’Opéra même, il vous montre pour toute réjouissance, au premier acte, une juive qu’on va brûler ; au second acte, un soldat qu’on tue ; à l’acte suivant, un roi qu’on enterre, et, enfin, une réunion d’inquisiteurs qui font égorger trois malheureux. […] Entre autres délassements de ce noble esprit, il y avait un comédien qui le faisait rire aux éclats, mais de ce gros rire de dix-huit ans, qui ne se montre qu’à de rares intervalles, et qui devient plus rare à mesure que vous vieillissez davantage ; ce comédien-là, c’était Odry. […] Je veux parler de l’Histoire des Croisades, ce grand livre où l’Orient se montre enfin dans toute sa majesté, dans tout son éclat. […] Cet homme était véritablement un de ceux dont la presse française s’honore à bon droit, et qu’elle montre avec une égale confiance à ses amis et à ses ennemis.

1794. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Il y a là plus qu’un grand talent, une âme blessée qui se montre tout éplorée et avec laquelle on vit.

1795. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Ce n’est pas seulement parce qu’il joue sur les noms de ses maîtresses, parce qu’étant un jour amoureux d’une certaine Tryphéra, il dit qu’elle est une Scylla, à peu près comme si mademoiselle de Scudery disait que la princesse de Tendre a un cœur de roche 133 ; il ne s’en tient pas à ces gentillesses : il est telle épigramme sur Héliodora où il nous montre Amour et elle jouant à la paume avec son cœur, et il la supplie de ne pas le laisser tomber, mais de se prêter au jeu et de renvoyer la balle.

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