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1612. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Ma pensée est captive en ce vaste univers : Lançons-nous dans le vague, et qu’au bruit de mes vers Jaillissent au hasard sur la terre éblouie Des torrens de lumière et des flots d’harmonie.

1613. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Ne le perdez pas, ce talent ; c’est, après mon père, la dernière voix de la vertu sur la terre. […] Nous allons après-demain, mon père et moi, passer deux jours à Lausanne pour tirer un parti quelconque de nos droits féodaux, qui seront reçus, dans l’achat de quelques terres, à peu près au taux des assignats ; mais enfin mon père, qui n’aime point à se déplacer, le fait quand il s’agit de l’intérêt de sa famille. […] défendant ses fils et son talent au péril de son bonheur, de sa sécurité, de sa vie, est un moment touchée de ce qu’un jeune homme d’une nature chevaleresque sacrifie tout au plaisir de la voir140. — J’estime avant tout sur cette terre le dévouement, l’élévation et la générosité. — Je voudrais qu’on pût y joindre l’absence totale de faiblesses d’imagination ; mais de toutes les faiblesses, celles qui souillent la plus à mes yeux, ce sont celles du calcul ou de la pusillanimité ! […] Cet homme n’est pas tout à fait sur la terre. — Je veux vous dire adieu. […] Sur un fragment de lettre de Mme de Staël, qui n’a ni commencement ni fin, mais qui doit se rapporter à ces derniers temps de Coppet, on lit : « … Je ne pouvais guère, moi, être plus malheureuse sur cette terre, et il fallait un million de chances pour que ce résultat eût lieu ; mais tel qu’il est jusqu’à ce jour, je n’ai point encore manqué de respect à l’Auteur de la destinée, et je dis comme Job : Pourquoi n’accepterais-je pas les maux de la main de Celui dont j’ai reçu les biens… ? 

1614. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Il s’arracha avec douleur à la chère colonie qui devait passer un second hiver sur cette terre illustre. […] Il a fait la plus profonde étude des vicissitudes de ma carrière sur cette terre et des situations diverses de mon âme, et il a eu le talent de voir ce que je n’avais pas dit et ce qu’on ne pouvait lire, pour ainsi dire, qu’entre les lignes. […] Je sais bien qu’on a trois volumes, l’Histoire littéraire de la France avant le xiie  siècle (1839-1840) ; mais ces trois volumes n’étaient qu’une introduction, une première assise, une sorte de coupe architecturale dessinant de profonds et laborieux fondements ; la langue et la littérature française sortaient à peine de terre à la fin du troisième volume. […] Mal en prend à ceux qui vont chasser sur ses terres sans avoir un permis en bonne forme. […] Cependant il s’est trouvé que bientôt après M. de Chateaubriand, qui avait vu l’Amérique, a écrit éloquemment dans ce genre ; Mme de Staël paraît avoir aussi senti l’étendue de nos pertes, mais la société a détourné ses idées ; l’intention de jouer un rôle absorbe toutes celles de M. de Chateaubriand ; le dénouement rendra les miennes inutiles : c’est ainsi que dans tous les genres tout reste à recommencer sur la terre. » 78.

1615. (1927) André Gide pp. 8-126

La Maison, ce n’est pas vous, mon père… Vous, vous avez construit toute la terre, et la Maison et ce qui n’est pas la Maison. […] Le digne pasteur enseigne à Gertrude que ces petites voix émanent de créatures vivantes dont il semble que l’unique fonction soit de sentir et d’exprimer l’éparse joie de la nature. « Est-ce que vraiment, disait-elle, la terre est aussi belle que le disent les oiseaux ? […] Il me paraît que la plupart de nos possessions sur cette terre sont moins faites pour augmenter notre joie, que nos regrets de devoir un jour les quitter. » Quel dommage de quitter tout cela ! […] Ce cardinal ne pratiquait en aucune façon le détachement des biens de la terre. […] Lorsqu’il se contente de répudier les familles, les foyers, tous les obstacles à l’affranchissement et aux expériences vagabondes, on peut observer qu’au fond il s’exprime à peu près comme l’Evangile et recommande quelque chose d’analogue à l’ascétisme chrétien : « Si tu voulais, si tu savais, Myrtil, en cet instant, sans plus de femme ni d’enfants, tu serais seul devant Dieu sur la terre… A travers indistinctement toute chose, j’ai éperdument adoré. » Et cela n’a jamais été bien inquiétant, parce que la contagion de ce renoncement n’est pas à craindre.

1616. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

* * * — Un paysage d’opéra, de féerie, une forêt pour un duo d’amour, un bois de volupté et de triomphe : les feuilles semblent sur le bleu du ciel se dessiner immortellement vertes et glorieuses comme les feuilles d’une couronne de poète ; un jour lustré saute dans les branches ; un bourdonnement de verger chante dans les arbres, et par terre il neige des parfums. […] 18 avril C’est aujourd’hui le mariage civil d’un cousin… J’arrive à la mairie dans une de ces voitures de noces, banal carrosse de gala, où l’on cherche par terre, machinalement, un bouton de chemise du marié et des pétales de fleurs d’oranger d’un bouquet de mariée. […] Nous nous sommes assis dans ce cabinet, garni de rideaux de mousseline tamponnés, y faisant le jour blanc et discret d’un cabinet de bain, et nos regards ont été aux tapisseries mythologiques du plafond, comme dans une invocation à notre xviiie  siècle chéri… puis ainsi que dans les grandes émotions de la vie, nous sommes tombés dans une de ces profondes et bêtes attentions machinales, allant du bout du nez d’un buste en terre cuite à sa gaine. […] La curiosité est devenue une valeur plus sûre que la rente, que la terre, que l’immeuble. […] * * * Samedi 2 septembre La loge de Got : un divan qui fait le tour de la pièce couvert en algérienne, une grande natte par terre, trois étagères, une sorte de panoplie faite avec des sabres, des épées.

1617. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Mais les directions mises en demeure ont refusé net une exhumation qui eût laissé le mort par terre. […] Si le multiple et l’infini Shakespeare est tous les personnages de ses drames, les personnages des drames de Diderot sont tous Diderot, l’éternel Diderot, monotone et ennuyeux ; car en fait d’ennui Diderot a précédé Gœthe, le plus grand ennui qui ait jamais, depuis le commencement du monde, fait bâiller les hommes sur la terre… Le critique Geoffroy écrivait, en 1811 : « On a sifflé le Père de famille. […] mes amis, si nous allons jamais à Lampedouse fonder, loin de la terre, au milieu des flots de la mer, un petit peuple d’heureux, ce seront là nos, prédicateurs ! […] J’ai marché, a dit l’Erreur, et la face de la terre a été renouvelée. […] La salamandre qui s’appelait Diderot, et qui vivait dans le feu de l’esprit, dans le feu du cœur, dans le feu des sens, dans le feu de l’enthousiasme, dans le feu de la gaîté et dans le feu des larmes, dans tous les feux que l’homme, d’essence immortelle, puisse allumer sur la terre avec la torche sublime de ses facultés, s’y est consumée… Et Gœthe, cette gélatine figée, vit toujours.

1618. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Ils le gorgent d’oracles idiots ; le flattant par le merveilleux comme les démagogues par des caresses et des déclarations d’amour ; lui faisant croire tous les matins qu’il va être vainqueur de la terre et qu’il est le mignon des dieux tout-puissants. […] Comme tout à l’heure les athées proprement dits étaient frappés par la présence du mal sur la terre, maintenant nos négateurs de la Providence sont frappés du triomphe très fréquent de l’injustice dans la société. […] Du reste l’argument tiré du mal sur la terre ne vaudrait que si nous étions absolument sûrs que tout pour l’homme finît ici-bas. […] C’est en vérité « vendre pour un peu d’or ce que l’âme a de plus précieux ; car tout l’or qui est sur la terre et dans la terre ne mérite pas d’être mis en balance avec la vertu ». […] Si l’on veut ramener sur la terre, pour ainsi parler, cette idée du souverain bien et l’appliquer aux choses pratiques, on voit que ce souverain bien et ce beau suprême considérés humainement, c’est la justice.

1619. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Et puis Thésée nous a éloignés, parce que lui seul et ses successeurs doivent savoir l’endroit où la terre a pris Œdipe. […] Le secret à quoi est attachée la prospérité d’Athènes consiste en ceci : Œdipe reposera en terre attique ; mais personne ne saura à quel endroit, sauf le roi d’Athènes. […] Chaque habitant de Colone peut marquer d’une pierre l’endroit où la terre l’a dévoré et le garde. […] La terre a moins de rois que le ciel n’a de dieux. […] Engoncée, emmaillotée dans son pédantisme, entêtée de son Platon et de son Zénon, si elle voit des hommes dans la lune, elle méprise ceux dont les pieds foulent la terre.

1620. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Sur des tréteaux multiples, brillamment décorés, on pouvait voir représentés la Terre, le Ciel et l’Enfer, tout l’univers temporel et spirituel, la triple Église selon le dogme catholique. […] À la fois mystique et sanglant, si différent que soit son caractère original de celui de nos vieux mystères, il est bâti sur les mêmes principes, inséparable de sa terre et de sa foi. […] SGANARELLE Mets-les à terre. […] Celui-ci inventa une sorte de réalisme synthétique, très proche du symbole, dont la Noblesse de la Terre est l’exemple le plus parfait. […] Tout l’homme, toute la terre, mais l’enfer et le ciel en plus.

1621. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Il y a une complication de destinée qu’il est impossible de débrouiller, et avec laquelle on roule en souffrant, sans jamais prendre terre pour regarder autour de soi. […] Je conçois que la perte de Cabanis, qui aurait été dans tous les temps une juste cause d’affliction pour ses amis, vous ait été doublement sensible, dans un moment où les hommes de cette espèce semblent disparaître de la terre. […] Adonné à la famille comme un Racine qui se serait retiré un peu trop tôt, converti, vers 1810, aux idées religieuses et à la pratique chrétienne, père, époux, ami, il se livrait de bonne foi aux sentiments humains régularisés, aux habitudes naturelles et pures ; il y plongeait comme en pleine terre. […] C’était la terre de M. de Grouchy. […] Paray-le-Frésil, près de Moulins, terre de M. de Tracy.

1622. (1887) George Sand

Ceux qui persistent à traîner sur la terre l’inutile fardeau d’une existence sans amour sont des âmes faibles qui n’ont pas su trouver en elles l’énergie d’une résolution suprême. […] Le bonheur n’est point de la terre, et se figurer qu’on l’y trouvera est le plus sûr moyen de perdre la jouissance des biens que Dieu y a mis à notre portée. […] Quand, indignés après les lois de septembre, nous étions prêts encore à renverser le sanctuaire réservé, Leroux vint, éloquent, ingénieux, sublime, nous promettre le règne du ciel sur cette même terre que nous maudissions. […] On la voit d’ici, et dans quel costume négligé je la surpris, cette bonne travailleuse de la terre ! […] D’autres fois, c’était la botanique qui la possédait : « Ce que j’aimerais, ce serait de m’y livrer absolument ; ce serait pour moi le paradis sur la terre. » N’était-ce pas encore un travail de ce genre que ces excursions annuelles qu’elle entreprenait à travers la France ?

1623. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Or comme lorsque nous disons le soleil, la terre, la mer, cet homme, ce cheval, cette pierre, &c. notre propre expérience & le concours des motifs les plus légitimes nous persuadent qu’il y a hors de nous un objet réel qui est soleil, un autre qui est terre, &c. […] Terre labourée. […] La conjonction & s’unit aussi avec l’article, la terra e’l cielo, la terre & le ciel. […] Ensuite sous animaux je fais autant de classes particulieres, que j’ai observé de différences entre les animaux ; les uns marchent, les autres volent, d’autres rampent ; les uns vivent sur la terre & mourroient dans l’eau ; les autres au contraire vivent dans l’eau & mourroient sur la terre. […] Elément est donc le nom générique de quatre especes, qui sont le feu, l’air, l’eau, la terre : la terre se prend aussi pour le globe terrestre.

1624. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

J’aurai besoin d’eux devant l’ennemi, car on ne fait rien tout seul : je vais m’attacher à les bien connaître. » Le 15 janvier 1837, il touche pour la première fois la terre d’Afrique. […] Il ne songe plus à quitter cette terre d’Afrique ; « plus il y réussit, plus il y est enchaîné » ; c’est une bonne école ; il se fait petit à petit général : « Je m’aperçois avec plaisir qu’en face des circonstances les plus difficiles je prends un calme et un sang-froid que je n’avais pas autrefois : je me sens commander, je m’écoute, je me trouve de l’aplomb, et tout marche. […] Le 10 août, mauvais jour, nous nous sommes défendus pendant cinq heures pied à pied contre un saut aérien d’où personne ne serait redescendu par terre à l’état complet.

1625. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Rien de tout cela n’est avéré ; ce sont de ces bruits qui s’élèvent des apparences autour des hommes ou des femmes célèbres ; la tombe même ne dit pas tout après leur mort : le ciel sait plus de secrets encore que la terre. […] C’était une de ces impressions telles qu’on devait en éprouver quand les êtres surnaturels, les visions, ce qu’on appelle les anges, apparaissaient encore aux regards des habitants de la terre. […] Mais quelle n’a pas dû être l’impression de cette femme idolâtrée sur les yeux de la France et de l’Europe, quand elle apparut, à seize ans, au milieu de Paris encore souillé de sang et muet de terreur, comme une Iris messagère des dieux apaisés, venant rapporter leur sourire à la terre ?

1626. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Les jésuites appropriaient, avec un art consommé, la religion au temps, au pays, aux usages, aux vices même tolérés du prince et du peuple ; ils négociaient, comme des diplomates accrédités à la fois au ciel et sur la terre, entre le Christ et le monde. […] La captivité de son peuple cependant trouble sa joie pendant son triomphe : Esther, disais-je, Esther dans la pourpre est assise ; La moitié de la terre à son sceptre est soumise, Et de Jérusalem l’herbe cache les murs ! […] Que peuvent contre lui tous les rois de la terre ?

1627. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Il est d’une haute importance d’étudier avec soin les divers traités publiés sur quelques-unes de nos plantes cultivées, telles que la Jacinthe, la Pomme de terre, même le Dahlia, etc. […] Les sauvages de la Terre de Feu eux-mêmes attachent à leurs animaux domestiques une si grande valeur, qu’en temps de disette ils tuent et dévorent leurs vieilles femmes plutôt que leurs Chiens, comme leur étant d’une moins grande utilité. […] À cet égard, le mode de clôture des terres joue un grand rôle.

1628. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

L’art d’employer l’air, l’eau, la terre ou la pesanteur et le feu, est l’art d’épargner le temps et les bras de l’homme qui en fait ses domestiques. […] La physique expérimentale est une imitation en petit des grands phénomènes de la nature, un essai de ses principaux agents, l’air, l’eau, la terre, le feu, la lumière, les solides, les fluides, le mouvement. […] S’il célèbre la puissance de l’harmonie, il s’élève dans les cieux où elle apaisera le courroux des dieux ; il descend sur la terre où elle tempérera les passions des hommes ; il se précipite aux enfers où elle accroîtra le supplice des méchants.

1629. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Il y a une bien forte peinture de la mêlée à ce moment : Là eut grand froissis et grand boutis, et maints hommes renversés par terre. […] Mais le sentiment moderne chevaleresque était plus sincère dans ses imprudences, et il n’attendait pas pour honorer l’ennemi qu’il fût par terre ; c’est ce qui donnait le droit au prince de Galles de dire à son « cher Sire » captif qu’il ne « raillait » pas.

1630. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Il songea un moment à la vie active, aux voyages, à l’expatriation sur la terre d’Égypte, qui n’était pas abandonnée encore : un membre de la grande expédition, qui en était revenu deux ans auparavant , le détourna de cette idée. […] Pour qu’il surgisse et que son jour commence, La terre exprès tourne les éléments ; Le temps n’est rien ; lenteurs, avortements, Par où la vie à lui seul se prépare, Ne coûtent pas à la nature avare.

1631. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

C’est le pauvre fils de Marie, C’est l’époux de la terre en deuil, Qui pose la lampe de vie Dans le mystère du cercueil ! […] Non, je n’ai pu comprendre et votre âme et la terre Que de loin, quand les ans sont venus tout finir ; Et mon cœur n’a fleuri qu’autour d’un souvenir, Comme autour des tombeaux l’églantier solitaire !

1632. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

L’infortuné qui, par le concours de quelques calomnies propagées, est tout à coup généralement accusé, serait presque aussi lui-même dans la situation d’un vrai coupable, s’il ne trouvait quelques secours dans ces écrits qui l’aident à se reconnaître, qui lui font croire à ses pareils, et lui donnent l’assurance que, dans quelques lieux de la terre, il a existé des êtres qui s’attendriraient sur lui, et le plaindraient avec affection, s’il pouvait s’adresser à eux. […] Que deviendrait l’être estimable que tant d’ennemis persécutent, si l’on voulait encore lui ôter l’espérance la plus religieuse qui soit sur la terre, les progrès futurs de l’espèce humaine ?

1633. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Le public y monte, et les constructeurs lui disent de regarder, non pas au ciel et dans les espaces, mais devant lui, autour de lui, du côté de la terre, pour connaître enfin le pays qu’il habite. […] On se garde bien de me parler d’argent, de me donner des chiffres, de me raconter un mariage, un procès, l’administration d’une terre ; j’ignore la situation d’un curé, d’un seigneur rural, d’un prieur résident, d’un régisseur, d’un intendant.

1634. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Tous aussitôt poussent des cris d’allégresse, s’embrassent, s’empressent autour de lui et le choisissent pour magistrat ; de toutes parts on danse sous les ormeaux, et la félicité désormais est établie sur la terre  Je n’exagère pas. […] De là en lui un fonds persistant de brutalité, de férocité, d’instincts violents et destructeurs, auxquels s’ajoutent, s’il est Français, la gaieté, le rire, et le plus étrange besoin de gambader, de polissonner au milieu des dégâts qu’il fait ; on le verra à l’œuvre. — En second lieu, dès l’origine, sa condition l’a jeté nu et dépourvu sur une terre ingrate où la subsistance est difficile, où, sous peine de mort, il est tenu de faire des provisions et des épargnes.

1635. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Au temps où les croisés venaient de prendre Jérusalem, quand tout l’Occident frémissait au bruit des merveilles qui s’étaient accomplies en Terre Sainte, quand on écoutait avidement toutes les rumeurs des combats d’outre-mer, un trouvère lettré, et tout brûlant lui-même des passions de son temps, s’avisa que ce serait une belle chanson à réciter devant les nobles et les bourgeois, que celle où tous les exploits de Godefroy de Bouillon seraient relatés au vrai : il compila dans les chroniques latines la Chanson d’Antioche, quelque vingt-cinq ans après les événements. […] Ne lui demandez pas ce que c’est que ces pays d’où l’on ne revient pas, ces ponts tranchants comme l’épée, ces chevaliers qui emmènent les femmes ou les filles, et retiennent tous ceux qui entrent en leurs châteaux, cette loi de ces étranges lieux, que si l’un une fois en sort, tout le monde en sort ; ce sont terres féodales et coutumes singulières ; s’il ne croit pas à leur réalité — comme il se peut faire. — ce sont fictions pures, dont il s’amuse et nous veut amuser.

1636. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Voilà, en somme, l’esprit des farces : un bon sens tout terre à terre, un manque essentiel de confiance, de charité, de tendresse, une moralité réduite à peu près à la honte d’être dupe, avec une instinctive sympathie pour les dupeurs en tout genre.

1637. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Les deux villes anglaises, au ras d’un souvenir s’effacent, avec leurs reliquaires de savoir, flèches, enfin ; par une perspective, me laissant, dira-t-on, terre à terre : n’importe, si le sol est le nôtre et que j’y découvre ce noble pécule.

1638. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

L’homme, dans l’antiquité païenne, offre une double lacune il y a en lui, pour ainsi dire, des terres incultes et en friche, et il ne connaît pas tout son prix. […] De là, une science nouvelle de l’homme, qui devait découvrir et mettre en culture toutes ces terres inconnues de l’antiquité païenne, quoique peut-être soupçonnées de ses sages agrandir notre nature ou plutôt lui restituer sa grandeur, en un mot, compléter l’ordre des vérités philosophiques, et fonder tout un ordre nouveau de vérités morales.

1639. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Plus attaché à la terre que Fénelon, plus attentif à ses propres sensations, les impressions de son enfance écoulée sur les rivages du lac de Genève, les souvenirs des beautés alpestres, le mettent plus habituellement en présence de la nature, et il se plaît dans la solitude qui nous fait contracter des amitiés avec la fleur du buisson. […] Il lui suffit de quelques pages pour peindre le lieu de la scène, ce petit coin de terre dont le lecteur se souvient comme du pays natal, ces deux familles qui l’habitent, les douces bêtes qui complètent leur domestique.

1640. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Je crois pourtant nécessaire de ne point passer outre sans ajouter qu’elle développe chez ceux qui s’y complaisent le goût d’une certaine simplicité de manières et de langage, la propension au ton moral et aux vertus bourgeoises, l’habitude d’exprimer ses sentiments intimes sans apprêt et sans crainte du détail terre à terre.

1641. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Ainsi envisagé, sous ses diverses faces, le xviiie  siècle apparaît semblable à la petite statue que le philosophe Babouc présenta au génie Ituriel, pour lui faire entendre ce qu’il pensait de la ville de Persépolis : elle était composée « des terres et des pierres les plus précieuses et les plus viles. » Si l’on représentait par un de ces graphiques, qui sont aujourd’hui d’usage courant, les différentes vertus et le niveau moyen que le xviiie  siècle a atteints dans chacune d’elles, c’est une ligne montant très haut et descendant très bas qu’on obtiendrait de la sorte. […] Un jeune homme, presque un enfant, Vivien, a fait serment de ne jamais reculer devant les Sarrasins, fût-ce d’un pied de terre.

1642. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Nous ne prétendons pas dire qu’elle soulage tous les maux : le tableau de la vie ne nous en présente que trop qui ne sont pas soulagés ; mais nous soutenons que l’esprit de la Religion les adoucit, & que si cet esprit étoit suivi, ils disparoîtroient tous de la surface de la terre. […] La Religion est austere & gênante ; c'est avouer qu'on est incapable de porter le joug des vertus qu'elle commande : elle est nuisible ; c'est fermer les yeux aux avantages les plus sensibles, les plus indispensables qu'elle procure à la société : ses devoirs excluent ceux du Citoyen ; c'est la calomnier manifestement, puisque le premier de ses préceptes est de remplir les obligations de son état : elle favorise le despotisme & l'autorité arbitraire des Princes ; c'est méconnoître son esprit, puisqu'elle déclare, dans les termes les plus énergiques, que les Souverains seront jugés, au Tribunal de Dieu, plus sévérement que les autres Hommes, & qu'ils paieront avec usure l'impunité dont ils ont joui sur la terre : la foi qu'elle exige contredit & humilie la raison ; c'est insulter à l'expérience & à la raison même, que de regarder comme humiliant un joug qui soutient cette raison toujours vacillante, toujours inquiete quand elle est abandonnée à elle seule, ainsi que les ennemis de la Foi en sont eux-mêmes convenus*.

1643. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

L’Étrangère partie, la duchesse brise à terre la tasse où elle a bu, comme elle y casserait l’écuelle d’une pestiférée. « Qu’on ouvre toutes les portes ! […] Elle essaye de l’effrayer avec son mari qui le tuera, lui dit-elle, « comme un petit lapin », s’il le voit rôder sur ses terres.

1644. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

À terre, au pied de la table, est un carton de gravures et de dessins, marqué à ses armes ; on a là tout un trophée. […] Dans ce moment, je sais que je chasse en quelque sorte sur ses terres ; mais ce n’est pas sans lui en avoir demandé l’agrément.

1645. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Elle lui avait pardonné son injure, mais à condition de s’en ressouvenir et de la lui rappeler toujours : « Levez-vous, comte, je ne veux point vous tuer à terre, lui écrivait-elle quand il faisait semblant de se mettre à genoux : ou reprenez votre épée pour recommencer notre combat… » En pleine paix, en pleine amitié, un mot, une saillie soudaine de cette innocente railleuse, laissait deviner son ancienne rancune, et montrait bien qu’elle se sentait désormais sur lui tous les avantages. […] Le duc de Saint-Aignan avait perdu son fils, et Louis XIV lui avait fait je ne sais quelle faveur pour le consoler : J’ai su si bon gré au roi, écrit Bussy au duc, de la manière dont Sa Majesté vous a consolé, que ce maître-là m’a paru digne du service de toute la terre.

1646. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Avec les vingt-quatre milliards anglais dépensés en coups de canon, on eût changé la face de la terre, ébauché partout la civilisation, et supprimé dans le monde entier l’ignorance et la misère. […] C’est un globe où est ébauché un à peu près de la terre au quinzième siècle.

1647. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Tout le monde conçoit sans peine que, si les hommes chargés d’exprimer le beau se conformaient aux règles des professeurs-jurés, le beau lui-même disparaîtrait de la terre, puisque tous les types, toutes les idées, toutes les sensations se confondraient dans une vaste unité, monotone et impersonnelle, immense comme l’ennui et le néant. […] Les chevaux entraînent le char vers la terre.

1648. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

On aurait tort, sur ce début, de juger l’abbé de Pons un de ces guerroyeurs qui n’ont de plaisir qu’à frapper, qui n’entrent en lice que pour jeter les gens par terre, et à qui l’on peut opposer ce beau mot de Montesquieu, devise et louange de la vraie critique : « Ceux qui nous avertissent sont les compagnons de nos travaux. » Le gentil abbé se dessine mieux et avec son vrai caractère dans sa Lettre à Du Fresny.

1649. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Condorcet, dans son bel éloge de Franklin, où perce toutefois une velléité de réticence, n’a pu s’empêcher de dire de ce dernier : « Il croyait à une morale fondée sur la nature de l’homme, indépendante de toutes les opinions spéculatives, antérieure à toutes les conventions ; il pensait que nos âmes reçoivent dans une autre vie la récompense de leurs vertus et de leurs fautes ; il croyait à l’existence d’un Dieu bienfaisant et juste, à qui il rendait dans le secret de sa conscience un hommage libre et pur. » Tel fut aussi Jefferson, tel Washington ; tels ont dû être, en effet, sur cette terre d’Amérique, en présence de cette vaste nature à demi défrichée, au sein d’une société récente, probe, industrieuse, où les sectes contraires se neutralisaient, tels ont dû être ces grands et stables personnages, nourris à l’aise, au large, sous un ciel aéré, loin du bagage des traditions, hors des encombrements de l’histoire, et dont pour quelques-uns, comme pour Washington, par exemple, l’éducation première s’était bornée à la lecture, l’écriture et l’arithmétique élémentaire, à laquelle plus tard il avait ajouté l’arpentage.

1650. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Ainsi que me le faisait remarquer un ami, homme d’esprit, Robert a recueilli d’abord en lui les figures que lui offrait la nature, et de même que les âmes ne perdent pas dans les feux du purgatoire leur individualité, mais seulement les souillures de la terre, avant de s’élever au séjour des heureux, ainsi ces figures ont été purifiées dans les flammes brûlantes du génie de l’artiste, pour entrer radieuses dans le ciel de l’art, où règnent encore la vie éternelle et l’éternelle beauté, où Vénus et Marie ne perdent jamais leurs adorateurs, où Roméo et Juliette ne meurent jamais, où Hélène reste toujours jeune, où Hécube au moins ne vieillit plus davantage. » Voilà de la critique certainement éloquente, et je crois, très judicieuse.

1651. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

Je savais cependant très bien que je n’étais pas éloigné ; je me souvenais très distinctement de tout ce qui m’était arrivé ; mais, entre le moment qui avait précédé et celui qui avait suivi mon attaque, il y avait un intervalle immense en durée, une distance comme celle de la terre au soleil.

1652. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

En 1883, il publia les Flamandes, pages où sont recueillies les impressions de la terre natale, puis contribua, par de saines études dans l’Art moderne, la Jeune Belgique, la Société nouvelle, la Wallonie, à la renaissance des lettres belges.

1653. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Descaves est un romancier issu du naturalisme, du naturalisme de Médan, puisqu’il s’en sépara avec éclat après la Terre.

1654. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Voici ces deux vers : Ce sera le meilleur lion, Pour ses amis, qui soit sur terre.

1655. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Elle en tomba dans le désespoir, elle se trouva mal ; la fureur succéda à la défaillance ; elle poussa des cris ; elle s’arracha les cheveux, elle se roula par terre ; elle tenait un couteau, incertaine si elle s’en frapperait ou son tableau.

1656. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Sur le devant, un vigoureux israélite tout nud enfonce la pique dans la tête de Goliath qu’on voit énorme, renversée, effroyable, les cheveux épars sur la terre.

1657. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

La premiere idée qui lui vint à la vûë de la statuë de ce heros grec, dont la renommée avoit porté la gloire aux extrémitez de la terre, ne fut point l’idée des fautes qu’Alexandre avoit faites dans ses expeditions.

1658. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

le compte des médecines qu’on a prises vérifié par un Purgon de cour ou un monsieur Fleurant, respectueux sujet en toutes ses parties, — mais c’est le journal de toute la vie, heure par heure, écrit non de la main d’un tiers, mais de la main même du Roi, — du Roi qui n’a pas passé un seul jour de son règne sans noter pieusement (pieusement envers lui-même) tout ce qu’il a fait dans la journée, et qui, mettant à le noter une exactitude qu’aucune circonstance, aucun événement n’a pu ni interrompre ni troubler, s’est peint, sans le savoir, avec une naïveté et une transparence qui envoient promener du coup tous les Tacites de la terre et se passent très bien de leurs profondeurs !

1659. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « De Cormenin (Timon) » pp. 179-190

… « Semblables — dit-il — à ces anciens chevaliers raidement enjambés sur leurs palefrois, si pendant qu’ils chevauchaient quelque malin page tirait à l’ΑVΕΝTURE la crinière du noble animal, le voilà qui se cabrait et jetait à terre le magnifique seigneur (même vol.). » Comment de tirer de côté la crinière d’un cheval peut-il faire cabrer ce cheval quand un homme est dessus ?

1660. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Pour lui, Villemain est un colosse ; Castille une haute autorité ; et il s’abrite, en se courbant presque jusqu’à terre, sous cette grande parole d’About, — sans inconvénient pour cette fois : — « Les beaux ouvrages sont soumis à la Critique. » Enfin, ce lauréat de l’Académie d’Arras (c’est de M. 

1661. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Cela lui apprit tard la fatuité : « Le plus beau jeune homme de la terre — dit-il — « n’a jamais que vingt-quatre heures d’avance sur moi. » Du reste, il n’avait jamais aimé les femmes, et il avait pour elles un mépris qu’il ne pensait pas à recouvrir d’ironie.

1662. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Enfin il finit par cet idiotisme de toutes les sectes du progrès, quelque nom qu’elles portent, l’affirmation de l’actualité ou de l’éventualité du royaume des deux sur la terre.

1663. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Par l’aube éternelle guidée, Entrevoyant d’autres beautés, L’âme, au sort commun décidée, S’acclimate aux vives clartés Et se fait à la grande idée, Voit la terre avec d’autres yeux, Se prépare au voyage étrange, Laisse à tout d’intimes adieux, S’observe, s’écoute, se range, Se tourne souvent vers les cieux ; Se concentre dans elle-même Laissant déborder par moments Dans l’amitié de ceux qu’elle aime Les précurseurs épanchements De la fin prochaine et suprême !

1664. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Vous ne pourrez pas certainement compter le nombre de fois qu’on y rencontre ces mots sacramentels « de sommets et de hauts lieux » qui vont devenir la caractéristique d’une telle poésie à perte de vue et de terre : Venez (dit-il) vers ces hauts lieux mondes de lumière ?

1665. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Cette manière, que l’on croyait enterrée à cent pieds sous terre avec les frivolités et les parfilages du dix-huitième siècle, pourrait donc reparaître au dix-neuvième avec des choses de moins, il est vrai, mais aussi avec quelque chose de plus !

1666. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

D’un autre côté, les événements qui font en ce moment fermenter cette vieille terre, qu’on croyait épuisée, et qui se remue comme si elle était immortelle, donnent à un livre de voyage en ce pays un intérêt de hauteur d’histoire.

1667. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Conclusion Pourquoi les idées égalitaires, telles que nous les avons définies, apparaissent-elles de préférence, à deux reprises, dans la civilisation occidentale, — se révélant une première fois, encore voilées et comme environnées de nuages, à la société gréco-romaine vieillissante, — une seconde fois, plus proches de la terre et plus prêtes à l’action, à nos jeunes sociétés modernes ?

1668. (1895) Hommes et livres

Il aurait labouré la terre, qu’il n’aurait pas été plus humble, plus détaché, plus pur. […] Lisez l’éloge de la France, où l’amour de la terre française revêt une douceur virgilienne. […] Il vient d’aïeux qui tous, de père en fils, chaque jour, dès l’aube jusqu’à la nuit, se sont courbés sur la terre ingrate. […] Le bœuf de labour remet sa tête sous le joug et dans la terre lourde trace le sillon pour de nouvelles semailles. […] soupire-t-il à chaque coup que les guerres et les traités portent à sa terre natale.

1669. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

La Terre, par exemple, n’est pas tant l’œuvre d’un réaliste exact que d’un idéaliste perverti. […] L’Eldorado ou une terre aride où rien ne peut germer ? […] Paraît la Terre, avec un parti-pris d’ordures qu’à tort ou à raison je croyais voulu. […] Mais Zola n’a pas en vain baptisé Jésus-Christ un héros de la Terre. […] Richepin a qualifié Blondel : un Saint-Simon paysan, tant ses paysans fleurent la terre.

1670. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Ils frappent la terre du pied, disant qu’ils vont en faire jaillir des légions de poètes, et les poètes ne jaillissent pas. […] Une philosophie est née qui, en prenant pour méthode ou en se proposant pour fin l’indifférence systématique, légitime ces instincts terre à terre ; et si la littérature qui les exprime a besoin d’une poétique qui la consacre, cette philosophie la lui donne. […] Cette odeur lui en rappelle une autre : celle-ci n’est point sans ressemblance avec une troisième ; le tout forme un délicieux mélange, et adieu le reste de la terre ! […] Cette fois, il alla jusqu’en Laponie ; il ne s’arrêta qu’au cap Nord, quand la terre lui manqua. […] Là, Nérine se figure le joueur marié, la femme délaissée, le mari sombre, la maison vide de tout, sauf d’usuriers, les terres en décret, le lit à l’encan.

1671. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Nous avons tous rencontré, si nous avons séjourné à la campagne, des paysans laborieux, loyaux, profondément attachés à la terre, à leur terre, par suite à leur village, à leur coin de pays. […] Soyons fiers d’être du même sang, de la même terre que les officiers et gardons-nous de toucher à celles de nos institutions militaires qui nous les ont donnés ! […] Le premier homme qui, ayant eu un enfant d’une femme, est parti en chasse ou a cultivé un coin de terre, pour nourrir cet enfant et cette femme, a, du même geste, fondé la famille, la propriété et la classe. […] Sa femme portait des bas de laine tricotés de ses mains et piochait la terre à côté de lui. […] Là-bas, un Français est étendu de son long, le visage contre la terre.

1672. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Saint Benoît est comme arraché à la terre par cette vision extatique. […] la personne du saint moine, avec tous les accessoires matériels, est d’un naturel parfait, car elle reste sur la terre ; tandis que sa figure, où reluit son âme, est tout idéale et déjà dans le ciel. […] Le plus âgé, un genou en terre, lit ces mots gravés sur la pierre : Et in Arcadia ego, et moi aussi j’ai vécu en Arcadie. […] L’homme de la sensation et du désir tend à son bien propre sous la loi de l’intérêt, comme la pierre est poussée vers le centre de la terre, sous la loi de la gravitation, comme l’aiguille aimantée se tourne vers le nord. […] Ainsi, nul regard au-delà de cette terre : nul recours à un juge tout-puissant, tout juste et tout bon, contre les jeux du sort et les imperfections de la justice humaine.

1673. (1922) Gustave Flaubert

L’éducation sentimentale d’Henry, la seule des deux qui aboutisse, se fait dans l’expérience de la terre, l’aventure, le voyage. […] Le Juif Errant était un personnage fort idoine à devenir le centre d’une œuvre cyclique sur l’humanité, sur l’histoire et la terre entières. […] la terre est grande, j’épuiserai tous les chemins, je viderai tous les horizons ; puissé-je périr en doublant le Cap, mourir du choléra à Calcutta ou de la peste à Constantinople !  […] Çà et là, tout autour d’elle dans les feuilles ou par terre, des taches lumineuses tremblaient, comme si des colibris, en volant, eussent éparpillé leurs plumes. […] Les fruits des pays de toute la terre débordaient dans des corbeilles faites de leurs feuilles !

1674. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

. — Les premières de ces rubriques n’ont suivi que de peu d’années le premier article qu’ait écrit Gobineau, lequel, parut le 25 août 1838, dans une revue « France et Europe » et est intitulé Poètes Persans : Moulana, Djelaleddin, Roumi : l’orientaliste qu’il fut tout jeune portait déjà aussi dans son cerveau à cette époque l’ample ouvrage qui conduisait sa pensée à travers les siècles et toutes les races de la terre, mais il ne dédaignait pas de s’intéresser au mouvement littéraire de son temps, et pour l’étudier, juger les hommes et les œuvres, il apportait cette sorte d’ardeur intellectuelle, cette curiosité et cette perspicacité implacable qui sont les caractéristiques de son génie. […] Nul, sans doute, n’a pu lire sans quelque plaisir le morceau suivant : Regrettez-vous le temps, où le ciel sur la terre Marchait et respirait dans un peuple de dieux ! […] Bientôt, l’étonnement devient stupeur ; on se trouve errant au milieu d’un pêle-mêle qui n’a non plus d’ensemble ni de but, qu’un magasin de curiosités, vous avez la mémoire encore fraîche et le cœur ébranlé des anathèmes les plus audacieux contre toutes les puissances du ciel et de la terre, votre lèvre murmure ces vers méprisants : Vous me demanderez si j’aime ma patrie : Oui ! […] Il veut faire sur la terre un paradis, et il n’entend pas que l’on s’accommode plus longtemps à la souffrance. […] Il en faut pour tout le monde, et la terre produit assez de roses, de myrtes et de petits pois pour que tout le monde en ait sa suffisance.

1675. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Ghil : MATERNITÉ ……………………………………………… Par les Futaies, — coraux sonores aux ondes de l’air viens élargir l’aise de nos poumons d’un Électrisme-négatif, — et vers la terre et ses germes multiples où nous résumons nos immortalités, appesantir le Germe d’eux le pareil, que porte à son évolu terme d’Homme ton ventre lourd-veineux                                    et placentaire ! […] » Certes, l’évolution de Mistral va causer une révolution littéraire ; mais n’oublions pas que nous sommes d’une terre classique où la tradition exerce une profonde influence. […] Des baisers rythmant le vol de nos âmes Nous emporterons les échos à Dieu, En les prolongeant, ainsi qu’un adieu, Vers la Terre aimée où nous nous aimâmes. Les pleurs répandus, les baisers vibrants, Uniront les cieux aux mondes souffrants Comme l’arc-en-ciel aux heures d’alarmes… — Terre, nous gardons ton culte béni, Car nous retrouvons, peuplant l’Infini, L’air de nos baisers et l’or de nos larmes. […] Ne me considérant pas comme « un ange exilé sur la terre » ni comme un dédaigneux des vagues humanités juché au sommet de la « Tour d’Ivoire ».

1676. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Combien j’ai de regret à devoir me séparer de vous, personne sur la terre ne pourrait le comprendre. […] Ne pourrait-il pas, en manière d’épisode, imaginer qu’il est à bord du vaisseau maudit, et qu’il intercepte les lettres écrites par les matelots à leurs amis restés à terre ?  […] C’est parce que nous tournons avec la terre que nous ne sentons pas la terre tourner ; nous ne comprenons pas le mécanisme intérieur de notre société contemporaine parce que nous sommes nous-mêmes un de ses rouages. […] Pourtant, si Inglesant fut choqué du sens terre à terre qu’il donnait à la doctrine de Platon, il n’en fut pas moins, cette fois encore, tiré de ses rêveries : « Comment sais-je, en vérité, si cette vie divine que j’ai en moi est autre chose qu’une simple opinion, ou seulement s’il y a une vie divine ?  […] La plupart des lettres de 1852 et de 1858 sont écrites de la terre de Spaskoïe, dans le gouvernement d’Orel.

1677. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — La Terre Éternelle, roman philosophique et lyrique, 1900 P.  […] — Voix de la Terre et du Temps, C.  […] Librairie Théâtrale, 1898. — Les Morfondus, Ollendorff, 1898. — Terre Promise, roman, Revue Blanche, 1898. — L’Affaire Boreau, un acte (coll. […] Œuvres. — Terres de Lumière, (impressions de voyage), Ollendorff, in-18, 1904. — Claire Maret, roman, Ollendorff, in-18, 1905.

1678. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Mais lui, qu’a-t-il fait toute sa vie que prendre des légendes pour des réalités, des brouillards pour des terres fermes, des nuages pour des rivages ?

1679. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

j’aurai passé près d’elle inaperçu, Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire ; Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre, N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.

1680. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

. — « Tu ne subis point la vieillesse », — dit à la cigale le poëte de Téos, — « frêle enfant de la terre, toi qui aimes les chansons. » Et dans un autre feuilleton encore : « Les rides, si jamais elles viennent, iront à sa petite figure spirituelle et impertinente comme les craquelures à la porcelaine. » Ces charmants hasards de plume valent pour moi de plus grands traits, et je ne veux pas que le feuilleton, sous prétexte qu’il devient livre et qu’il se fait plus grave, me les ôte et me les supprime.

1681. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Mais le sir Ralph de la quatrième partie ne ressemble plus à celui-ci, que nous croyons apprécier et comprendre ; le sir Ralph qui démasque, après des années de silence, son amour pour Indiana épuisée, qui prête à cet amour le langage fortuné des amants adolescents et des plus harmonieux poètes, le sir Ralph dont la langue se délie, dont l’enveloppe se subtilise et s’illumine ; le sir Ralph de la traversée, celui de la cataracte, celui de la chaumière de Bernica, peut bien être le sir Ralph de notre connaissance, transporté et comme transfiguré dans une existence supérieure à l’homme, de même que l’Indiana, de plus en plus fraîche et rajeunie, à mesure qu’on avance, peut bien être notre Indiana retournée parmi les anges ; mais à coup sûr ce ne sont pas les mêmes et identiques personnages humains, tels qu’on peut les rencontrer sur cette terre, après ce qu’ils ont souffert et dévoré. 

1682. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Le vœu ici est le même que dans la VIIIe idylle de Théocrite, quand le berger Daphnis chante ce couplet qu’on ne saurait oublier, et où il ne souhaite ni la terre de Pélops, ni les richesses, ni la gloire, mais de tenir entre ses bras l’objet aimé, en contemplant la mer de Sicile.

1683. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Les mœurs, les habitudes, les connaissances philosophiques, les succès militaires, tout semble, chez les Grecs, ne devoir être que passager ; c’est la semence que le vent emportera dans tous les lieux de la terre, et qui ne restera point où elle est née.

1684. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

L’imagination des hommes du Nord s’élance au-delà de cette terre dont ils habitent les confins ; elle s’élance à travers les nuages qui bordent leur horizon, et semblent représenter l’obscur passage de la vie à l’éternité.

1685. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

C’est fait avec rien, dirait Flambeau, et comme il ajouterait : « Ça fiche tout par terre ».

1686. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

. — Dire que toutes choses varient autour du moi intact, c’est dire que les étoiles tournent autour de la terre, que la berge se meut si nous suivons la dérive du fleuve.

1687. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Mettez-le par terre.

1688. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

D’un langage doucereux & compatissant, elle a passé avec rapidité à l’emportement & à la déclamation ; ses lumieres sont devenues des torches ardentes, prêtes à porter par-tout l’incendie ; la divine Tolérance s’est changée en Furie inexorable, pour renverser tout ce qu’on avoit respecté jusqu’alors : les vérités les plus saintes, les principes les plus sacrés, les devoirs les plus indispensables, le Ciel, la Terre, l’Autel, le Trône, tout auroit éprouvé ses ravages, si les hommes eussent été aussi prompts à pratiquer ses maximes, qu’elle étoit ardente à les débiter.

1689. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

La faim, aux animaux, ne faisoit point la guerre ; Le bled, pour se donner, sans peine ouvrant la terre, N’attendoit pas qu’un bœuf, pressé par l’aiguillon, Traçât, d’un pas tardif, un pénible sillon ; La Vigne offroit par tout des grappes toujours pleines, Et des ruisseaux de lait serpentoient dans les plaines.

1690. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Ses chants célébreront sans cesse les gloires et les infortunes de son pays, les austérités et les ravissements de son culte, afin que ses aïeux et ses contemporains recueillent quelque chose de son génie et de son âme, et que, dans la postérité, les autres peuples ne disent pas de lui : « Celui-là chantait dans une terre barbare ».

1691. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Quatrième faculté d’une Université Faculté de théologie99 Le prêtre, bon ou mauvais, est toujours un sujet équivoque, un être suspendu entre le ciel et la terre, semblable à cette figure100 que le physicien fait monter ou descendre à discrétion, selon que la bulle d’air qu’elle contient est plus ou moins dilatée.

1692. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Comme des matelots qui viennent de mettre pied à terre, après avoir vû, pour me servir de l’expression d’un ancien, la mort dans chaque flot qui s’approchoit d’eux, sont dégoûtez pour un temps de s’exposer aux perils de la mer, de même un bon poëte qui sçait combien il lui en a coûté pour terminer sa tragédie, n’entreprend pas si volontiers d’en faire une autre.

1693. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Cuvier sur les états antérieurs de la terre que nous habitons, sont une heureuse préparation à l’histoire géologique du globe, qui elle-même est le commencement tout naturel de l’histoire du genre humain.

1694. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Elle ne soulève pas tous ces poids et les laisse à terre.

1695. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

C’était un temps où l’on ne faisait pas quatre pas dans un menuet sans saluer jusqu’à terre, et où Louis XIV tirait son chapeau aux filles de chambre.

1696. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

Ils ont dit aussi, et parfois admirablement, les agonies et les déchirements de la mère, de la mère qui a le plus souffert certainement sur la terre, après celle qu’on appelle la Mère de Douleur.

1697. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

Ils ont dit aussi, et parfois admirablement, les agonies et les déchirements de la mère, de la mère qui a le plus souffert certainement sur la terre, après celle qu’on appelle la Mère de Douleur.

1698. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Démocrate qui n’agite pas l’Histoire, c’est un de ces indifférents de la terre dont parle Shakespeare ; mais l’indifférence qui reçoit tout, c’est le papier blanc sur lequel on peut écrire des paroles de vérité.

1699. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Polémiste d’habitude ardente, talent incorrect, mais vigoureux, Crétineau-Joly, qui est, je crois, du Bocage, cette ancienne terre de guerre civile, a la rudesse des paysans de son pays, qui valent bien ceux du Danube.

1700. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

Pour donner une idée de l’exiguïté de sa taille et du peu de hauteur de sa stature, on raconte qu’un jour une duchesse de ce temps matérialiste, qui n’estimait que la matière et à laquelle il s’était permis de faire une déclaration d’amour, le prit d’à genoux où il s’était mis, et, l’enlevant de terre comme un enfant coupable, l’assit d’autorité sur le marbre d’une cheminée qui était haute et sonna pour dire au domestique : « Descendez monsieur ! 

1701. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

La Belgique, cette terre spongieuse de toute sottise d’incrédulité, appelle souvent ce singulier missionnaire et boit avidement ses prédications albumineuses, car l’éloquence de M. 

1702. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Le monde ancien finit à cette croix qui s’élève ; le monde moderne y commence ; et ce qu’on a appelé le Moyen Âge n’est que la jeunesse du monde chrétien, qui ne finira plus sur la terre.

1703. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Si politiquement, socialement, on ne peut juger la Justice dans cette noble et respectueuse terre de France, il n’en est point ainsi en ce qui touche aux choses purement spéculatives de la pensée, et, sur ce terrain-là, on a le droit de juger les jugements entachés d’erreur ou de faiblesse.

1704. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Elle était la fille légitime de l’Église, qui, pour le chrétien, est Dieu sur la terre, et elle fut la plus grande et la plus puissante de toutes les monarchies du monde tout le temps qu’elle eut le profond respect de sa mère… Pour Maurice de Bonald, le mal qui prit la monarchie et dont elle est absolument morte, si Dieu ne la ressuscite pas par des moyens présentement inconnus à toute prévoyance humaine, n’est pas d’hier.

1705. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

De race phocéenne et de pays profondément catholique, il bénéficie, dans son talent, de son pays et de sa race, et peut-être, pour cette raison, serait-il difficile à qui ne serait pas de la même terre que lui, — à moi, par exemple, chouette grise de l’Ouest et goéland rauque d’une mer verte, — de préciser avec exactitude à quels endroits du poème en question expire la poésie que M. 

1706. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

La sienne, à lui, est, obscure et secrète comme un chiffre qui n’a point de clef ; trente personnes peut-être dans Paris ont le sens de cette gaîté logogriphique, mais, à partir de la banlieue, tous les hommes d’esprit de la terre peuvent se mettre à plusieurs pour comprendre, ils ne seront pas plus heureux que les bourgeois de Hambourg qui se cotisaient pour entendre les mots de Rivarol !

1707. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Le poète légendaire doit tenir de la nourrice, de la vieille fileuse, du mendiant, ces trois immenses poètes sans le savoir, venus en pleine terre de toute civilisation imparfaite.

1708. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

C’est un Goethe, sans l’ennui de Goethe, le Jupiter Olympien de l’ennui solennel et suprême, qui l’a fait tomber cinquante ans comme une pluie d’or sur l’Allemagne ; sur l’Allemagne, cette Danaé de l’ennui heureuse, qui se jetait par terre pour le ramasser !

1709. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Mlle Henriette Gérard est la fille de petits bourgeois de campagne assez riches de terre et d’orgueil pour ne pas vouloir que leur fille épouse un employé de mairie à six cents francs, par cela seul qu’il lui plaît et qu’il est à peu près joli garçon.

1710. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Il fallut tout le talent de Cicéron pour empêcher Sextus Ebutius de garder la terre de Cecina, parce qu’il manquait une lettre à la formule.

1711. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Il y passe en revue les puissances les plus respectables de la terre, & leur insulte avec rage. […] Aussitôt ils faisissent l’évêque avec indignation, l’obligent à se mettre à génoux, & jettent son bonnet par terre. […] Il a été le mieux partagé de tous les peuples de la terre, dans la distribution des graces de la providence. […] Elles sont subordonnées les unes aux autres ; mais il y en a trois principales : la divinité du feu, la divinité de l’eau & celle de la terre. […] On ne parloit de lui que comme d’un monstre dont il falloit purger la terre(*).

1712. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Il cherchait à vendre sa terre et à quitter le voisinage, comme pour rompre les relations. […] Du moins elle lui resta inviolablement fidèle et attachée ; la dernière lettre qu’on ait d’elle, à la date du 24 août 1771, nous la montre n’ayant rien perdu de son enthousiasme ni de sa sensibilité : « Je voudrais pouvoir vous donner des preuves de tous ces sentiments, mais je connais si bien les vôtres que, pour vous servir à votre mode, je m’en tiens à vous être inutile… Mais non, j’ose croire que je ne suis pas inutile à votre bonheur : le premier, le seul pour un cœur tel que le vôtre, c’est de savoir qu’il en existe un bien vrai, bien sensible, sur lequel vous pouvez compter à la vie et à la mort ; et vous savez en moi ce cœur. » Elle lui adresse cette dernière lettre d’une terre où elle est, en Brenne, au sortir d’une maladie qui paraît avoir été assez grave : « Actuellement, lui dit-elle en finissant, je suis en pleine convalescence et je n’ai plus que des forces à reprendre. […] Le comte d’Ars avait une grande fortune territoriale, et, suivant la coutume de Saintonge, les filles étaient admises à partager même les terres nobles, presque également avec leurs frères.

1713. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Ses pieds posaient à terre avec le poids et la fermeté d’une statue de bronze. […] Peu à peu je me suis mis à mépriser la terre ; elle n’a que neuf mille lieues de tour. — Fi donc ! […] Alors vous aurez délivré la première race d’hommes de la terre pour attester à l’avenir la reconnaissance du monde envers l’Italie, alma parens , et votre œuvre subsistera, parce que l’Italie entière aura sa place dans cette nouvelle ligue des Achéens.

1714. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

C’était l’amour délirant extravasé sur la terre. […] « — Écoute, me dit-il, nous sommes dans un grand moment ; nous avons maintenant un tremblement de terre, ou nous allons en avoir un. » « Il me fit asseoir sur son lit pour m’expliquer quels signes le lui faisaient savoir. […] Le jour suivant, mon maître fit part à la cour de ses observations, et une dame dit à l’oreille de sa voisine : “Goethe extravague” ; mais le duc et les autres messieurs ont cru Goethe, et on apprit bientôt qu’il avait vu juste, car quelques semaines plus tard arriva la nouvelle que, cette même nuit, une partie de Messine avait été détruite par un tremblement de terre. » * * * Lundi, 17 novembre 1823.

1715. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Que la violence de cette situation mette tout un peuple à la gêne, et que les spectateurs soient troublés, incertains, éperdus, comme ces gens qui, dans un tremblement de terre, voient les murs de leurs maisons vaciller et sentent la terre se dérober sous leurs pieds. » Voilà pour Diderot l’idéal d’une comédie sérieuse. […] Que Bret s’y entend bien mieux que Racine, lui dont le Faux Généreux fait dire à Diderot : « Voilà qui plaira à toute la terre et dans tous les temps !

1716. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Elle y verra une petite maison ornée, une basse-cour, un jardin, des terres pour l’entretien de la maison. […] Elles sont aussi vieilles et aussi vivaces que l’inégalité, laquelle date du jour où il y a eu deux hommes sur la terre. […] Toutes ces figures qui simulent l’emportement et l’enthousiasme sont, aux yeux des connaisseurs, des ailes de cire qui ne l’enlèvent pas de terre.

1717. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Que si votre religion est pour un petit nombre, que si elle exclut les pauvres et les humbles, elle n’est pas la vraie ; bien plus, elle est barbare et immorale, puisqu’elle bannit du royaume du ciel ceux qui sont déjà déshérités des joies de la terre. […] Il devient tout à fait urgent, ce me semble, d’élargir le tourbillon de l’humanité : autrement des individus pourraient atteindre le ciel quand la masse se traînerait encore sur terre. […] Il faudrait attendre pour cela le prochain tremblement de terre.

1718. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Sur ce ciel, les grands arbres noirs, non feuillés encore, mais à la ramure infinie en éventail, et pareils à ces fougères gigantesques du monde antédiluvien, qu’on découvre calcinées au fond des mines ; et sous cette obscurité toute cloutée de feu, des souffles énormes balançant, et faisant gémir ces arbres couleur de charbon, comme les arbres d’une planète autre que la terre, d’une planète en deuil. […] Se tenir derrière un homme qui met de la terre de bruyère sous des arbustes verts, qui creuse des cuvettes monumentales à des rhododendrons, — être pris par ce travail bête, — et tout ce qui vous appelle d’intelligent dans votre cabinet de travail : lectures, notes, corrections d’épreuves, laisser tout cela. […] Grelet, qui déjeunait avec nous, a parlé du corps des femmes japonaises, de l’exquise délicatesse de leur buste et de leur gorge, mais signalait chez toutes l’absence des hanches et du reste, et l’inclinaison en dedans de leurs jambes et de leurs pieds, par l’habitude qu’elles ont de se traîner à terre.

1719. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Tout cela vaut mieux que la terre froide et prématurée, ou que le sourire pernicieux de l’entremetteuse. […] En fait, la différence de l’homme le plus humble au plus relevé des animaux est cent fois plus considérable que celle de ce même animal au ver de terre ou à l’étoile de mer. […] Jules Méline, dans un ouvrage remarquable, le Retour à la Terre, a vu le mal et indiqué le remède. […] Il remplace le plaisir de l’esprit par celui de l’oreille, la réflexion ou l’observation par une sorte de lamento, tiré de la courte durée de notre passage sur la terre, de la fragilité des entreprises et de la brièveté des amours. […] Il ne songe pas que ce signe peut abriter des bourdes beaucoup plus saisissantes encore que le signe du surnaturel, et que le terre à terre n’est pas une garantie.

1720. (1881) Le naturalisme au théatre

Le voilà par terre à son tour, culbuté par la passion même qu’il a montrée dans la lutte. […] Voilà le dieu par terre. […] A quoi veut-il donc que je m’attaque, à la terre ou au ciel ? […] Elles sont rares les femmes d’ouvriers qui montent dans les lits des grands de la terre. […] Bertrand dort aujourd’hui dans la terre, empoisonné.

1721. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Quand les vapeurs de la vallée s’élèvent devant moi, qu’au-dessus de ma tête le soleil lance d’aplomb ses feux sur l’impénétrable voûte de l’obscure forêt, et que seulement quelques rayons épars se glissent au fond du sanctuaire ; que couché sur la terre dans les hautes herbes, près d’un ruisseau, je découvre dans l’épaisseur du gazon mille petites plantes inconnues ; que mon cœur sent de plus près l’existence de ce petit monde qui fourmille parmi les herbes, de cette multitude innombrable de vermisseaux et d’insectes de toutes les formes, que je sens la présence du Tout-Puissant qui nous a créés à son image, et le souffle du Tout-Aimant qui nous porte et nous soutient flottants sur une mer d’éternelles délices ; mon ami, quand le monde infini commence ainsi à poindre devant mes yeux et que je réfléchis le ciel dans mon cœur comme l’image d’une bien-aimée, alors je soupire et m’écrie en moi-même : « Ah ! […] Ma sœur vous salue, mes demoiselles vous saluent, mes dieux vous saluent, nommément le beau Pâris à ma droite et la Vénus d’or de l’autre côté, et Mercure, le messager, qui se réjouit des courriers rapides, et qui attacha hier à mes pieds ses belles et divines semelles d’or, qui le portent avec le souffle du vent à travers la mer stérile et la terre sans limites56.

1722. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Mais nous sommes occupés ailleurs, nous pensons, nous rêvons, nous causons, nous lisons, et pendant tout ce temps nous négligeons le reste ; à l’égard des autres sensations, nous sommes comme endormis et en rêve ; l’ascendant de quelque image ou sensation dominatrice les retient à l’état naissant ; si, au bout d’une minute, nous essayons de les rappeler par le souvenir, elles ne renaissent pas ; elles sont comme des graines jetées à poignées, mais qui n’ont pas germé ; une seule, plus heureuse, a accaparé pour soi la place et les sucs de la terre. — Il n’est pas même nécessaire que ces sensations destinées à l’effacement soient faibles ; elles peuvent être fortes ; il suffit qu’elles soient moins fortes que la privilégiée ; un coup de fusil, l’éclair d’un canon, une douloureuse blessure échappent maintes fois à l’attention dans l’emportement de la bataille, et, n’ayant point été remarqués, ne peuvent renaître ; tel soldat s’aperçoit tout d’un coup qu’il saigne, sans pouvoir rappeler le coup qu’il a reçu. — Neuf fois sur dix, et peut-être quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, la sensation perd ainsi son aptitude à renaître, parce qu’il n’y a pas d’attention sans distraction, et que la prédominance portée sur une impression est la prédominance retirée à toutes les autres. […] « Je descendis54 le même jour, dit sir Henry Holland, dans deux mines très profondes des montagnes du Hartz, et je restai plusieurs heures sous terre dans chacune des deux.

1723. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

L’Italie est la terre privilégiée, la terre des héros, magna parens virum.

1724. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

« Cependant si l’on enlevait de la surface de la terre tous les êtres sentants, le feu n’aurait plus aucun attribut ressemblant à la douleur. Et de même si tous les êtres sentants étaient enlevés à la fois de la surface de la terre, le feu n’aurait plus d’attributs ressemblant à la lumière et à la couleur ; parce que la lumière et la couleur sont des modifications de l’être sentant, causées par quelque chose d’externe, mais qui ne ressemble pas plus à leur cause que la peine causée par un instrument ne ressemble à cet instrument. » L’erreur radicale de ceux qui pensent que nous percevons les choses comme elles sont, consiste à prendre une métaphore pour un fait, et à croire que la perception ressemble à un miroir dans lequel les objets se réfléchissent.

1725. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Quand le roi de Danemark vint en voyage à Paris (décembre 1768), Chamfort en tirait occasion de faire une épigramme bien connue contre le duc de Duras qu’on avait chargé d’amuser le monarque ; mais il savait très bien louer ce dernier, et c’est de lui que sont ces vers qu’on récitait en plein théâtre, et dont voici le trait final : Un roi qu’on aime et qu’on révère A des sujets en tous climats : Il a beau parcourir la terre, Il est toujours dans ses États. […] Entre toutes ces raisons qu’il allait chercher si loin pour garder le silence, il disait encore : C’est que s’il y a un homme sur la terre qui ait le droit de vivre pour lui, c’est moi, après les méchancetés qu’on m’a faites à chaque succès que j’ai obtenu.

1726. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

En face du peloton, à l’ombre des arbres, les coudes sur la terre et les mains au menton, de grands voyous hors d’âge, mystérieux comme des sphinx, le regard immobile, voilé et dormant, regardaient la troupe travailler, ainsi que des voleurs étudieraient une porte à crocheter, — semblant vouloir voler la charge en douze temps pour des journées futures. […] — Mais c’est entre M*** et M***, même que nous avons vu par terre des gouttes de sang. — De sang, Messieurs, c’est trop curieux.

1727. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Je l’avais laissé dans le jardin, quand je suis rentré, tout heureux, tout animé des espérances remuées entre Édouard et moi ; je l’ai trouvé, son chapeau de paille sur les yeux, assis dans une immobilité effrayante, le regard fixé à terre… Je lui ai parlé, il ne m’a pas répondu… Oh ! […] Dans quelques jours, dans quelques heures va entrer dans ma vie si remplie de cette affection, et qui, je puis le dire, était mon seul et unique bonheur, va entrer l’épouvantable solitude du vieil homme sur la terre.

1728. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Est-ce que la pauvre fille, la dernière des personnes qui me soit sérieusement attachée, est-ce que je vais la perdre, et rester tout seul, tout seul sur la terre, sans une affection, sans un dévouement. […] Vendredi 28 décembre Hier, chez Bing, le marchand de japonaiseries, je voyais une longue femme, très pâle, empaquetée dans un water-proof interminable, tout remuer, tout déplacer, et de temps en temps, mettre un objet par terre en disant : « Ce sera pour ma sœur. » Je ne reconnaissais pas la femme, mais j’avais le sentiment que c’était une femme connue de moi et du public.

1729. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

On peut définir la poésie la fantaisie la plus haute dans les limites non du bon sens terre à terre, mais du sens droit et de l’analogie universelle.

1730. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Ce breuvage vanté par le peuple rimeur, Le nectar que l’on sert au maître du tonnerre Et dont nous enivrons tous les dieux de la terre, C’est la louange, Iris. […] Les animaux pourraient nous apprendre que nous sommes insensés, que nous sommes le seul animal sur la terre qui devienne fou.

1731. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

C’est précisément l’idée contraire d’une alliance radieuse entre la Justice et la Grâce, que l’Église a, dans tous les temps, érigée et maintenue incommutablement contre tous les Proudhon et les Michelet de la terre, depuis Pélage jusqu’à Jansénius ! […] Ils ont marché par toute la terre pour évangéliser les nations, et, quand il l’a fallu, ils sont morts pour la vérité qu’ils apportaient au monde.

1732. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Nourries dans l’intérieur de leur ville, occupées de soins peu laborieux, nées sans doute avec cette souplesse d’esprit qui semble avoir toujours été le partage de leur sexe, elles avoient bien de l’avantage sur des hommes qui ne savoient que se battre ou cultiver la terre. […] Leurs fabliaux étoient des Romans en vers rimés, écrits en langue Romance, langue bien défectueuse, & qui pourtant a produit la nôtre, comme la terre produit l’or, & l’épine la rose.

1733. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Barbier a voulu nous montrer à quelles conséquences dernières, en politique, en morale, en art, descend, malgré quelques élans brisés, une société sans croyances, une terre qui n’a pas de cieux ; il pousse à l’extrémité cette idée de néant, il décharne son squelette, il le traîne encore saignant au milieu de la salle du festin, et l’inaugure dans les blasphèmes pour nous mieux effrayer.

1734. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

On le désarma, on le descendit de cheval, on le coucha doucement par terre.

1735. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Plus tard, quand on voulut fonder la vogue d’Apollonius de Tyane et prouver que sa vie avait été le voyage d’un dieu sur la terre, on ne crut pouvoir y réussir qu’en inventant pour lui un vaste cycle de miracles 736.

1736. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

C’est pourquoi je te dis qu’au jour du jugement la terre de Sodome sera traitée moins rigoureusement que toi 912. » — « La reine de Saba, ajoutait-il, se lèvera au jour du jugement contre les hommes de cette génération, et les condamnera, parce qu’elle est venue des extrémités du monde pour entendre la sagesse de Salomon ; or il y a ici plus que Salomon.

1737. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Les Grecs & les Romains sont les deux peuples de la terre qui ont le mieux entendu cette partie, qui ont le plus montré de délicatesse d’oreilles, en mesurant les syllabes brèves & longues, & les combinant ensemble pour le rithme & le métre.

1738. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

de sentir de nouveau cette terre sous nos pieds.

1739. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Un jour César Daly perdra-t-il, sur la toute-puissance de cet art qui est une véritable religion pour sa pensée, les illusions de tous ceux qui pensent que l’absolu peut se réaliser sur la terre ?

1740. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Il est vrai qu’il était né sur la terre des granits et des chênes.

1741. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Ce n’est, en effet, que quand elles sont par terre, qu’on peut juger de la grandeur des sociétés, comme de celle des hommes : « Je ne le croyais pas si grand ! 

1742. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Ce Doudan, qui s’appelait Ximénès et qui n’était pas cardinal, — l’aurait-il été que ce n’eût pas été comme Ximénès, mais comme Bembo, — ce Ximénès Doudan sortait de terre, comme une taupe, ou de Douai, cette taupinière, et serait resté un petit professeur perdu quelque part sans les de Broglie, qui le prirent chez eux comme précepteur, et qui tombèrent bientôt sous le charme de cet esprit à qui les bégueules de la politique ne résistaient pas et qui, plus fort que Don Juan qui ne séduisait que les femmes, accomplissait ce tour de force et de souplesse de séduire des doctrinaires… Joubert avait été l’ami de Chateaubriand.

1743. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Si on avait prévu la Sainte, on aurait été plus insolent encore… La Sainteté, en effet, c’est par là que devait finir cet incomparable amour, qui passa, sans s’éteindre, de la terre au ciel.

1744. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Il meurt de son baiser à la terre.

1745. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Il manque même de haine philosophique, quoique de Rémusat doive avoir, tapies quelque part, les haines de sa philosophie, et quoique le scepticisme du temps et la glace de son tempérament aient bien diminué cette rage contre l’Église qu’ont tous, au fond du cœur, les philosophes, et que Cousin, lâche, mais indiscret, révélait en la couvrant de ce mot, dit justement à propos d’Abélard : « Il avait déposé dans les esprits de son temps le doute salutaire et provisoire, qui préparait l’esprit à des solutions meilleures que celles de la foi. » Charles de Rémusat n’a jamais eu de ces imprudentes et impudentes paroles d’un homme dont l’espérance trahit l’hypocrisie, mais à quelque coin, dans cet esprit moyen, dans cette âme de sagesse bourgeoise, il y a toujours, prête à se glisser au dehors, l’hostilité contre toutes les grandes choses que nous croyons… Comme Abélard, le héros de toute sa vie, comme Bacon, qu’il a aussi commenté, de Rémusat s’est toujours plus ou moins vanté d’être un écrivain de libre examen et de libre pensée, un philosophe contre la théologie, un adversaire de l’autorité sur tous les terrains, en religion comme en politique, — et comme l’Église est l’autorité constituée de Dieu sur la terre et qu’elle a le privilège divin « que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre Elle », de Rémusat, qui est une de ces portes-là, — non pas une porte cochère, aux cuivres insolemment luisants et aux gonds tournant à grand bruit, mais une petite porte, discrète et presque cachée à l’angle et sous les lierres prudents de son mur, — de Rémusat entend bien prévaloir contre l’Église et lui prouver que son privilège divin n’est qu’une prétention !

1746. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Âme cramponnée à la vie comme le chêne est attaché à la terre, sensibilité qui n’a rien de panthéistique, et pour qui l’univers tout entier a moins d’importance que les battements de son propre cœur !

1747. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

Et voilà comment les sottises des hommes de talent ne tombent jamais par terre et peuvent toujours germer dans les têtes qui viennent après eux !

1748. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Il était une équation superbe entre l’âme humaine et l’Absolu, à laquelle ceux qui ne sont pas au courant de la mathématique de l’Absolu et de l’âme ne comprennent et ne comprendront jamais rien, l’ai entendu quelquefois dire aux abjects de ce temps abject, qui ne regardent que la terre où ils mettent leurs pieds de devant comme ils y mettent leurs pieds de derrière, que le naturel divin de Lamartine n’était pas du naturel.

1749. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Mais les Mémoires d’une femme de chambre, c’est-à-dire de la femelle de ce genre d’animal dont on a dit le mot resté proverbe : « Pour un valet de chambre, il n’y a pas de héros » (et, vous le savez, la femelle de toutes les espèces est, en fait d’observation, de finesse et de tact, bien au-dessus de tous les mâles de la terre, même dans cette espèce supérieure de messieurs les valets !) 

1750. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

On sait qu’il était né dans cette ville où la plus étonnante des institutions avait créé une nature nouvelle ; où l’on était citoyen avant que d’être homme ; où le sexe le plus faible était grand ; où la loi n’avait laissé de besoins que ceux de la nature ; de passions que celle du bien public ; où les femmes n’étaient épouses et mères que pour l’État ; où il y avait des terres et point d’inégalité ; des monnaies et point de richesse ; où le peuple était souverain quoiqu’il y eût deux rois ; où les rois absolus dans les armées, étaient ailleurs soumis à une magistrature terrible ; où un sénat de vieillards servait de contrepoids au peuple et de conseil au prince ; où enfin tous les pouvoirs étaient balancés, et toutes vertus extrêmes.

1751. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Enfin, de douze mille francs qu’il avait par mois, il en employait onze à secourir des malheureux ; et, dans sa dernière maladie, peu de temps avant d’expirer, voulant honorer encore une fois l’infortune qu’il laissait sur la terre, il ordonna qu’on vendît ses pierreries pour la soulager.

1752. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Ces grandes vues d’un ministère qui s’occupe de projets d’humanité et du bonheur des nations, et qui veut tirer le plus grand parti possible et de la terre et des hommes, lui étaient entièrement inconnues : il ne paraît pas même qu’il en eût le talent.

1753. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Messieurs, Un peuple a tellement brillé par son esprit au-dessus des autres peuples de la terre, qu’ils semblent tous n’avoir reçu que de lui seul la connaissance des belles-lettres, et ne les avoir cultivées que d’après ses leçons. […] On proscrivit la comédie ancienne ; on publia qu’elle était pernicieuse à la prospérité du peuple, elle qui, pourtant, l’avait éclairé tandis qu’il fondait son gouvernement, et qu’il battait sur terre et sur mer les armées du grand roi de Perse. […] Dirigé par ce guide éternel vers la vérité qu’il sent toujours, et vers le génie d’invention qu’il ne méconnut jamais, je sus discerner dans Aristophane, qu’il avait applaudi, un bel ordre de règles très différentes de celles qu’observent les auteurs modernes ; et j’y trouvai la cause du plaisir que procuraient ses pièces au peuple le plus spirituel de la terre. […] Le premier mot de Trygée, de retour sur la terre, est un mordant sarcasme contre ses concitoyens. […] il condamne toutes nos expressions élevées, et prétend que nous parlions toujours terre à terre !

1754. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Une folle espérance a traversé la terre. […] Il ne tient pas le pauvre par le fait de lavoir chez, lui, sur sa terre, de père en fils. […] Je hais les maisons à plus d’un étage… Quel plaisir autrefois de me rouler dans les hautes herbes que j’aurais voulu brouter comme mes vaches, de courir pieds nus sur les sentiers unis, le long des haies, d’enfoncer mes jambes en rechaussant les verts turquies dans la terre profonde et fraîche ! […] La justice doit être réalisée sur la terre d’une manière absolue : « La vraie constitution de la société a pour fondement la justice considérée tout à la fois comme puissance de l’âme et notion de l’entendement ; ce principe animique et intelligible est immanent à la nature humaine… » Car « l’humanité, Rousseau l’a dit, est vertueuse par nature ; il lui suffit, pour produire les actes de sa vertu, d’être libre ». […] « Entrer en son auteur, s’y installer, le produire sous ses aspects divers, le faire vivre, se mouvoir et parler, comme il a dû faire ; le suivre en son intérieur et dans ses mœurs domestiques aussi avant que l’on peut ; le rattacher par tous les côtés à cette terre, à ces habitudes de chaque jour dont les grands hommes ne dépendent pas moins que les autres… », voilà ce que Sainte-Beuve trouve utile, fécond, solide et ce qu’il pratiquera toute sa vie.

1755. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Le général avait un frère, de qui j’ai tout oublié, dont je sais seulement qu’il voyageait, je ne sais pas comment ni à quel titre, par toute la terre. […] Des femmes gauloises, des soldats fugitifs arrivent, réclamant les foyers, les terres, les labours. […] Un oracle druidique l’avait annoncé : « Pour que Rome soit vaincue, il faut qu’un Dieu s’incarne sur la terre et ressuscite du tombeau. […] — Je ne pourrai pas marcher longtemps sur la terre, répond-elle. […] D’ailleurs, le peu de temps que j’ai encore à passer sur la terre ne vaut pas la peine d’être marchandé… » Pauvre Juliette !

1756. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Puisses-tu rencontrer, soit en paix, soit en guerre, Toute chose contraire, et sur mer et sur terre ! […] … De toute la vertu sur la terre épandue Tout le prix à vos Dieux, toute la gloire est due ! […] ……………………………………………………… Ces pratiques nuisaient à mes desseins de guerre Et pouvaient m’empêcher de conquérir la terre. […] Et bourgeois également, si je puis ainsi dire, le petit chat d’Agnès, et le ruban, et les chemises de nuit… Tout cela nous rend, exprime, ressuscite pour nous une façon de vivre très différente, si je ne me trompe, de celle dont le Menteur même nous donnait l’idée, plus voisine de la réalité, plus terre à terre, plus enfoncée dans la matière. […] Il ne m’était pas difficile d’ouvrir la terre dans le lieu où je me trouvais : c’était une campagne couverte de sable.

1757. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Cela fait par terre une flaque, où vient boire une des colombes familières du temple d’Apollon. […] L’Œuvre : le Chariot de terre cuite, cinq actes, d’après la pièce du théâtre indien attribuée au roi Soudraka, par M.  […] Je suis donc fort incapable de vous dire ce qui, dans le Chariot de terre cuite, tel qu’il fut représenté l’autre jour au théâtre de l’Œuvre, revient au bon roi Soudraka et ce qui revient à M.  […] et que diable faisons-nous sur la terre, je vous prie ? […] J’ajouterai à ton comté de Soula d’autres terres et d’autres châteaux, et je te marierai à la plus jolie de mes filles d’honneur, qui est riche et qui a du goût pour toi.

1758. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

L’une pourtant habitait la terre d’Hellade ; l’autre venait d’Asie… » Le poète donne pour raison de la victoire des Athéniens la supériorité de citoyens libres sur les sujets d’un despote, et surtout l’intervention des divinités justes. […] j’étais donc né pour la désolation de cette terre de mes pères ! […] Jean fait valoir ses terres, marche dix heures par jour dans ses guérets, mange de la soupe le matin et du saucisson à l’ail. […] Il recommence ses divagations du deuxième acte sur les millions captifs dans la terre, dans les forêts, et qui attendent de lui la délivrance. […] … Et je te jette à terre !

1759. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Celle de Musset est aussi spirituelle, mais plus terre à terre. […] C’est un langage, lui aussi, détaché de la terre, et qui est comme celui des nuages, des rayons et des oiseaux. […] — Dans la Terre promise, il ne fut pas admis. […] Voyez si notre France est la terre bénie ! […] — Et c’est là le plus beau poème de la terre.

1760. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Ainsi le personnage de Polyeucte exige du poëte et du comédien une ascension spirituelle et un enthousiasme beaucoup plus vif que tel personnage vulgaire épris d’une vulgaire créature de la terre, ou même qu’un héros purement politique. […] Si jamais homme sur la terre a ressemblé à la Divinité, ce fut César. […] Mais une faculté qui n’est certes pas féminine, et qu’il possède à un degré éminent, est de saisir les parcelles du beau égarées sur la terre, de suivre le beau à la piste partout où il a pu se glisser à travers les trivialités de la nature déchue. […] Mais ce n’est guère que dans les jardins du temps passé que vous trouverez ces délicieuses surprises ; car des trois matières excellentes qui s’offrent à l’imagination pour remplir le rêve sculptural, bronze, terre cuite et marbre, la dernière seule, dans notre âge, jouit fort injustement, selon nous, d’une popularité presque exclusive. […] Fussiez-vous le plus insouciant des hommes, le plus malheureux ou le plus vil, mendiant ou banquier, le fantôme de pierre s’empare de vous pendant quelques minutes, et vous commande, au nom du passé, de penser aux choses qui ne sont pas de la terre.

1761. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Pourquoi, épris de Beauté autant qu’altéré de Vérité, s’il se tourne dans son angoisse vers cette Église dont ses devanciers avaient coutume de recevoir la lumière et la vie, ne rencontre-t-il plus qu’étroites règles et dures conventions destituées des grâces vitales qui, jadis, agenouillaient la terre autour des bras en croix du prêtre ? […] Il ne connaît pas plus, à parler vrai, les mœurs du Lion et de la Fourmi que celles du Pot de terre et du Pot de fer ; il connaît aussi bien les unes que les autres, n’ayant jamais observé le Lion et le Pot de terre que dans son imagination. […] prolifique monstre qui peuples la terre de démons, l’enfer d’hommes et le ciel d’esclaves !  […] Il a le sentiment de la vie des choses : « J’ai entendu des sons amis sortir de plus d’une langue qui n’était pas humaine. » Il croit aux correspondances et devine Swedenborg : « Ô terre heureuse, réalité de ciel !  […] Si Balzac était allé jusqu’à la fiction pure, il y eût exalté jusqu’à une Religion de l’Art son idéal de vérité humaine : dans des œuvres comme Séraphîta — sublime réponse à ceux qui l’accusaient de « considérer l’homme comme une créature finie » — il effleure ce suprême domaine, cette terre promise où il n’entrera pas.

1762. (1903) Propos de théâtre. Première série

Veux-tu dans un seul nom embrasser le ciel et la terre ? […] Elle a donné ensuite Le Chariot de terre cuite, que, ma foi, je préfère, pour mon compte, même à Çakountala, Le Chariot de terre cuite, qui vraiment est un petit drame très vivant, très « humain », où je trouve enfin une peinture vive et assez forte d’une passion profonde, ce qui est rare dans le théâtre indien. […] Les ténèbres tortueuses se glissent, pareilles à des faisceaux de roseaux noirs, et voilent les bornes du ciel ; à l’horizon la terre semble plongée dans l’eau. […] Loyal par terre d’un grand coup de poing dans les épaules ; toutes choses peu plaisantes de soi et absolument contraires au texte, étudié même superficiellement. […] « Ô mon souverain roi… Ce Dieu maître absolu de la terre et des cieux… » — Il y a, encore, un goût nouveau du spectacle.

1763. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Ma tante est allée dans ses terres avec Paul, voilà pourquoi Paul ne t’écrit pas. […] J’avais oublié la musique… La musique dispose à la vie, à la gaieté, aux larmes, à l’amour, enfin, à tout ce qui agite, contente et tourmente, tandis que le dessin est un travail qui vous enlève de la terre et vous rend indifférent à tout, excepté à votre art. […] Puis quand tout ce monde a eu bu et dansé, on a parlé de donations de terres, mais quelqu’un leur a montré le poing et l’incident a été clos. […] Au fond, je suis ravie ; cela est arrivé vers quatre heures et à ce moment là même je venais d’être saisie d’une idée de composition en terre… C’est une inspiration du ciel et qui me plonge dans un sentiment de bonheur inexprimable. […] Je prends à peine le temps de faire un croquis au crayon et me jette sur la terre glaise.

1764. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Il est en toutes choses une première fleur, une première et large moisson ; ces heureux mortels y portent la main et couchent à terre en une fois des milliers de gerbes ; après eux, autour d’eux, les autres s’évertuent, épient et glanent. […] Mais, en arrivant devant les Bons-Hommes, le religieux demanda à être mis à terre et prit sa besace au fond du bateau ; ce n’était qu’un moine mendiant. […] Il fut décidé qu’on accorderait un peu de terre, mais que le corps s’en irait directement et sans être présenté à l’église. […] Avant qu’un peu de terre, etc., dans l’Épître à Racine.

1765. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

(Pourtant) aucun gentilhomme n’a autant fait pour les habitants de ses terres que M. le marquis de Marnezia… Les excès en tout genre augmentent ; j’ai des plaintes perpétuelles sur l’abus que les milices nationales font de leurs armes, et je ne puis y remédier. » D’après une phrase prononcée à l’Assemblée nationale, la maréchaussée croit qu’elle va être dissoute et ne veut pas se faire d’ennemis. « Les bailliages sont aussi timides que la maréchaussée ; je leur renvoie sans cesse des affaires, et aucun coupable n’est puni… » — « Aucune nation ne jouit d’une liberté si indéfinie et si funeste aux honnêtes gens ; il est absolument contraire aux droits de l’homme de se voir perpétuellement dans le cas d’être égorgé par des scélérats qui confondent toute la journée la liberté et la licence. » — En d’autres termes, les passions, pour s’autoriser, ont recours à la théorie, et la théorie, pour s’appliquer, a recours aux passions.

1766. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Richepin, je voudrais réveiller le souvenir d’un roman de lui, très ferme, très curieux en son originalité réussie, le Cadet, un roman de la terre et de la propriété, qui n’est peut-être pas considéré par tous à sa vraie valeur.

1767. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Il n’est pas sûr que la Terre ne manque pas sa destinée, comme cela est probablement arrivé à des mondes innombrables ; il est même possible que notre temps soit un jour considéré comme le point culminant après lequel l’humanité n’aura fait que déchoir ; mais l’univers ne connaît pas le découragement ; il recommencera sans fin l’œuvre avortée ; chaque échec le laisse jeune, alerte, plein d’illusions.

1768. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Même dans sa forme naïve et populaire, elle est le seul chemin par lequel des âmes grossières, courbées vers la terre par les nécessités pratiques, puissent s’élever à l’idéal.

1769. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

Tels sont le mugissement de la terre quand Pluton sort des enfers, le siflement des airs, quand Apollon inspire la pythie, le bruit que fait une ombre en sortant de son tombeau, et le frémissement du feüillage des chênes de Dodone.

1770. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

que ceux qui tiennent que le soleil est fixe et immuable, … etc. mais ce n’est point la faute de Monsieur Despreaux si Monsieur Perrault l’entend mal, et c’est encore moins sa faute s’il plaît à d’autres censeurs de se figurer que par ces mots, si le soleil est fixe ou tourne sur son axe, il ait voulu opposer le systême de Copernic avec le systême de Ptolomée, qui suppose que c’est le soleil qui tourne au tour de la terre.

1771. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

C’est un livre qui rappelle les romans qu’on écrivait il y a soixante ans, et auxquels le terre n’est pas légère, car elle pèse assez sur eux pour qu’ils n’en sortent pas, et qu’ils soient parfaitement oubliés… Afin de ne pas imiter Mme Sand, l’auteur d’Indiana et de Valentine, ces décrépites à la vieillesse affreuse, et qui aura prochainement le même sert, Mme Craven a sauté par-dessus jusqu’à Mme de Montolieu.

1772. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Lord Byron qui, comme quelques-uns de ses héros, est resté par bien des côtés un mystère, après ce livre, continuera d’en être un… Il semblait cependant qu’une femme, une nature de femme, ne devait pas être entièrement incapable de comprendre quelque chose à cette âme de lord Byron, à cette âme violente et douce, égoïste et magnanime, contradictoire comme toutes les femmes de la terre, et qui avait les deux sexes comme Tirésias.

1773. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Et même en supposant que ces choses hétérodoxes vinssent de l’ignorance de la dame, il resterait toujours à lui dire, à cette aimable dame qui veut ramener le Christ sur la terre, c’est-à-dire convertir le monde, ce qu’un des derniers curés de Sainte-Clotilde disait un jour en chaire, avec une onction si plaisamment spirituelle, à des ouailles trop échauffées aussi du zèle des conversions : « Mesdames, je vous en supplie, laissez-nous notre besogne.

1774. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Or, ces mots, qui sont la grande affaire de Fournier, croyez-vous qu’il y en ait beaucoup qui restent à terre sous sa massue, ou qu’il nous en tire d’autres de l’obscurité qui doivent briller désormais comme les escarboucles de l’histoire ?

1775. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

— la guerre pour l’honneur, et l’Église, l’Église, la raison divine sur la terre, blâmait ce luxe de la gloire pour la gloire, trouvait que c’était trop, et, à travers les glaives, étendait sa main.

1776. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Michelet l’a pensé comme nous ; Michelet n’a pas toujours feuilleté l’Histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie que, sur cette vieille terre du Vaudeville et de la Galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations.

1777. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Pour ces âmes poétiques et généreuses de Chénier et de Lamartine, la Révolution, c’était la Vérité et la Justice prises toutes les deux au ciel par la terre.

1778. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Jusqu’ici, tous ceux qui ont parlé (en France, du moins,) de l’Amérique, l’ont fait avec les sentiments qu’inspirent aux âmes vulgaires deux choses qui mettent à terre beaucoup de genoux : — la force matérielle et la réussite… Ils ont adoré le Taureau d’or.

1779. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

— que je proclamerais aux yeux de toute la terre ce qu’il y a de plus humiliant pour la vanité en échange d’un seul regard d’affection ?

1780. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Le Catholicisme l’aurait enlevé à la Philosophie, et comme Hercule étouffait Antée en l’arrachant à la terre, la religion aurait étouffé le philosophe dans le ciel !

1781. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Soury ne voit, lui, qu’un fou parfaitement caractérisé, délirant pendant tout le temps de sa mission sur la terre, et qui serait mort dans l’idiotisme absolu et la vie végétative, « si les juifs, MAL INSPIRÉS, avaient préféré voir mettre Barrabas en croix ».

1782. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

II Au reste, cette invention des deux Églises, qui n’est pas neuve et qui n’est pas de lui, convient parfaitement à un homme qui a passé sa vie entre deux idées, comme on reste assis par terre entre deux selles.

1783. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Pendant que la philosophie s’embrouille sans conclure ou… se tait, pendant que sur cette question des esprits, de tradition comme Dieu et comme la chute de l’homme par toute la terre, le panthéisme, l’éclectisme et le rationalisme nient l’histoire et ferment les yeux aux faits contemporains, le catholicisme se lève et vient dresser devant la science embarrassée le problème éternel qu’il a toujours résolu, lui, de, la même manière, à toutes les époques de son histoire.

1784. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Grâce au silence qu’on étend respectueusement sur elle, elle restera sinon beaucoup plus haut que terre, au moins comme une oblique étoile qui fait, au raz de l’horizon, trembler sa lueur !

1785. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Mettez telle épithète que vous voudrez à Virgile, à Shakespeare, à Dante, à Corneille, qu’on appelle aussi parfois le bonhomme, à la condition d’ajouter son nom immédiatement après, vous serez obligé, pour vous faire entendre, d’écrire leur nom à tous derrière leur épithète, tandis qu’en parlant de La Fontaine, vous n’avez qu’à dire : « le bonhomme », et la Gloire ne pourra s’y méprendre ; car toute la terre aura compris.

1786. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Malot), femme à sa manière et de l’espèce la plus méprisable, retourne à sa vile coquine de maîtresse, n’avons-nous pas vu, — et bien ailleurs encore, l’esclavage insensé d’un cœur lâche, empoisonné pour jamais par cette première passion que notre vie a bue, comme une éponge, et dont on peut dire avec la chanson grecque : « J’ai craché sur la terre, et elle est tout empoisonnée ? 

1787. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Cette insolente et lugubre farce ne pouvait être jouée qu’en Angleterre, le pays de la mystification immense, la terre du hoax !

1788. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Ils vont devant eux, ventre à terre, sautent de côté, se cabrent, se renversent, se retournent de tête à queue, mais ils se retournent !

1789. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

L’auréole des idées morales éblouit : on ne distingue plus ce qui les rattache à la terre.

1790. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Du moins, s’il faut célébrer toujours ceux qui ont été grands, réveillons quelquefois la cendre de ceux qui ont été utiles. » Il s’élève ensuite avec une éloquence pleine de vigueur contre le fléau de la guerre, « contre cette rage destructive qui change, dit-il, en bêtes féroces des hommes nés pour vivre en frères ; contre ces déprédations atroces ; contre ces cruautés qui font de la terre un séjour de brigandage, un horrible et vaste tombeau.

1791. (1802) Études sur Molière pp. -355

À quoi le révérend père répondait par un prudent hom hom, qui, flattant ou piquant tour à tour les deux adversaires, les animait l’un contre l’autre ; et les deux philosophes, déjà bien échauffés, bien enroués, redoublaient d’efforts pour séduire leur juge, lorsqu’il demanda qu’on le mît à terre devant le couvent des Bons-Hommes, et alla modestement prendre sa besace sous les jambes du batelier. […] Euclion, pauvre citoyen d’Athènes, trouve sous le foyer de sa cheminée un pot de terre rempli d’or, loin de s’en servir pour ses besoins les plus urgents, il s’abandonne à l’avarice la plus outrée, et laisse languir dans le célibat Phédrie, sa fille unique, à qui Lyconide fait violence pendant les fêtes de Cérès. […] Vous en voyez encore qui, en s’écriant, après le vol de leur trésor, je suis mort, je suis enterré , se croient obligés de se rouler à terre : c’est beaucoup s’ils ne s’enterrent effectivement dans le trou du souffleur ; mais la gaîté vient fort heureusement à leur secours, puisqu’en reprochant au public de leur rire au nez, ils parodient ce rire prétendu, comme si la situation leur permettait cette ridicule plaisanterie. […] Je félicitais un jour madame Bellecour sur la manière dont elle riait dans son rôle de Nicole ; je dois ce succès, me répondit-elle, plutôt à la nature qu’à mon talent ; vous êtes trop modeste, lui dis-je, il faut beaucoup d’art pour graduer vos éclats de rire jusqu’au moment où vous êtes forcée de les étouffer et de vous jeter à terre ; à peine nos Nicole ont-elles fait semblant de rire, qu’elles se roulent sur les planches. […] Molière, chargé de choisir un sujet propre à amener des divertissements qui tinssent du miracle, prend dans la fable de Psyché l’instant le plus favorable pour mettre à contribution le ciel, la terre et les enfers.

1792. (1913) Poètes et critiques

Ce jour-là, des renommées s’écroulent, comme une muraille de terre et de plâtre s’effondre, d’elle-même, aux heures de l’inondation. […] Dans sa Roumanie contemporaine, il a exprimé, avec une verve vraiment heureuse, la renaissante activité de cette nation et les aspects originaux de cette terre. […] La terre suédoise. […] Sa timidité est celle des orgueilleux qui n’ont pas toujours le courage de leur orgueil… Sa passion pour sa terre et pour ses traditions est très noble. […] Il énumère les fléaux, dont un suffit pour assiéger et ruiner la sympathie entre deux cœurs qui rêvaient de s’unir par une tendresse éternelle : elle devient « momentanée ainsi qu’un son, rapide comme une ombre, brève comme un songe, fugitive comme dans la nuit ténébreuse l’éclair, qui, d’un seul trait capricieux, découvre ciel et terre en même temps, et, avant qu’un homme ait eu le temps de dire : Regardez !

1793. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Dans l’un et l’autre cas, n’ayons aucun scrupule de montrer au peuple cette bastille à jeter par terre et déchaînons-le. […] Seulement, l’auteur de la Terre qui meurt l’applique, cette rare faculté, à sa contrée d’origine, son Anjou. […] Ce cimetière de Pise fut fondé au douzième siècle par un archevêque qui fit venir de Palestine la terre qu’encadrent aujourd’hui les murs de la cour carrée commencée par Giovanni Pisano en 1278 et achevée en 1283, à la veille du désastre définitif. […] Qu’un tremblement de terre abîmât dans un gouffre cette Florence qui n’est pourtant pas bien vieille, — car son histoire date vraiment du début du douzième siècle — et la civilisation latine, autant dire la civilisation tout court, aurait subi la plus irréparable des pertes. […] Le resserrement de Florence a fait d’elle un des chefs-d’œuvre de la nature politique, une réussite quasi sans pareille dans l’histoire moderne et qui la rapproche des cités antiques, Athènes et la Rome d’avant l’Empire, où l’unité des morts et des vivants donnait un caractère de personne à l’organisme collectif élaboré sur un tout petit coin de terre.

1794. (1929) La société des grands esprits

Juge de toute chose, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur, gloire et rebut de l’univers ». […] On jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais ». […] Autant que le permettaient les anciens régimes, ce prince de l’esprit sut traiter d’égal à égal avec ceux de la terre. […] Ce n’était pas un savant sans mérite : son expédition géodésique en Laponie avait démontré que la terre n’est pas une sphère parfaite, et s’aplatit légèrement au pôle. […] Considérant ce qu’était alors l’Italie musicale, il n’avait pas tort, et en tout cas il a profondément senti le charme poétique de cette terre bénie, que malgré tout il ne quitta pas sans regret.

1795. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Et tes parents, et tous ceux que tu as délivrés du purgatoire, et tous ceux que tu as secourus sur la terre accourront te remercier. […] Je ne leur reprocherai pas non plus le terre à terre de leur sagesse, mais seulement l’assurance un peu agaçante dont elles l’étaient quelquefois, et l’excès de leur caquet dur et dru… Montons d’un degré, et continuons, parmi les personnages dits « sympathiques », de chercher la bonté. […] Les plus beaux sont de La Bruyère : « Il faut des saisies de terre », etc… « Il y a des misères qui saisissent le cœur », etc… « L’on voit certains animaux farouches », etc… « Petits hommes, hauts de six pieds », etc… « Faut-il opter ? […] Il reste vrai, quels que doivent être nos lendemains, qu’il n’y a jamais eu moins de sang répandu en vingt-cinq ans sur la terre de France. […] La décoration consistera en revêtements et remplissages de faïences, terres cuites, mosaïques, etc.

1796. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Le sol, plus âprement disputé, reconquis lopin par lopin, une motte de terre après une autre, est consacré à jamais. […] Armé d’un sécateur, il taille ses arbustes ; il ratisse et il bêche ; il peint ses tuteurs ; il étend le fumier sur la terre et songe à ses légumes. […] Il a pris le suc de la terre ; il s’en est nourri, fortifié. […] Le soleil que nous voyons éclaire l’eau, l’air et la terre d’un même rayon. […] C’est la lune qui reçoit sa lumière du soleil et qui vient sur la terre la réfléchir dans un bourbier ! 

1797. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Et, dès lors, il faudrait bien encore supposer une évolution quelque part — soit dans une Pensée créatrice où les idées des diverses espèces se seraient engendrées les unes les autres exactement comme le transformisme veut que les espèces elles-mêmes se soient engendrées sur la terre, — soit dans un plan d’organisation vitale immanent à la nature, qui s’expliciterait peu à peu, où les rapports de filiation logique et chronologique entre les formes pures seraient précisément ceux que le transformisme nous présente comme des rapports de filiation réelle entre des individus vivants, — soit enfin dans quelque cause inconnue de la vie, qui développerait ses effets comme si les uns engendraient les autres. […] Ainsi, rien ne prouve que la Taupe soit devenue aveugle parce qu’elle a pris l’habitude de vivre sous terre : c’est peut-être parce que les yeux de la Taupe étaient en voie de s’atrophier qu’elle a dû se condamner à la vie souterraine 39. […] Dès lors, la création de l’appareil visuel ne s’explique pas plus par l’assemblage de ses éléments anatomiques que le percement d’un canal ne s’expliquerait par un apport de terre qui en aurait fait les rives. La thèse mécanistique consisterait à dire que la terre a été apportée charretée par charretée ; le finalisme ajouterait que la terre n’a été pas déposée au hasard, que les charretiers ont suivi un plan.

1798. (1923) Paul Valéry

La raison qui a fait admettre au poète tel mot, tel vers, elle contient encore toute vive la part de hasard d’où furent arrachés ce mot ou ce vers, comme la plante qu’on emporte avec de la terre à ses racines. […] Après ce poème discours, passez au poème final de la Légende des Siècles, Abîme, où parlent tour à tour l’homme, la terre, les planètes, le soleil, les constellations, la Voie Lactée, et enfin Dieu. […] Et toute la Jeune Parque n’est en effet qu’un songe de soi, — mais songer à soi, se songer, c’est poser le pied sur une terre trouble et inconsistante. […] Il semble qu’un soleil se lève, qu’une terre se dessine, et que de vastes épaisseurs d’êtres, de souvenirs, de durée, se découvrent. […] Admire comme elle vibre, Et, comme une lente fibre Qui divise le moment, Départage sans mystère L’attirance de la terre Et le poids du firmament.

1799. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Les chapitres sur Marseille sont à la fois plein d’amour et de réflexion : on n’a jamais mieux rendu, ni d’un trait plus approprié, la beauté de ligne et de lumière de ce golfe de Marseille, cette végétation rare et pâle, si odorante de près, la silhouette et les échancrures des rivages, la Tour Saint-Jean qui les termine, « au couchant, enfin, la Méditerranée qui pousse dans les terres des lames argentées ; la Méditerranée avec les îles de Pomègue et de Ratoneau, avec le château d’If, avec ses flots tantôt calmes ou agités, éclatants ou sombres, et son horizon immense où l’œil revient et erre sans cesse en décrivant des arcs de cercle éternels. » L’histoire civile de Marseille, avec ses vicissitudes et ses revirements, s’y résume très à fond ; son génie s’y révèle à nu, raconté avec feu par le plus avisé de ses enfants. […] Penser fortement, clairement, au fond de son cabinet, est bien bea sans contredit ; mais penser aussi fortement, aussi clairement, au milieu des boulets, est l’exercice le plus complet des facultés humaines. » Thomas, si l’on s’en souvient, en son Éloge de Duguay-Trouin et dans une page qu’on dit éloquente, a décrit les difficultés et les dangers des combats de mer, plus terribles que ceux de terre ; mais ici que le Thomas est loin ! […] C’est un terrain où l’on n’a qu’à toucher comme à fleur de terre pour que les sources jaillissent à chaque pas, se diversifiant en mille sens avec abondance et limpidité.

1800. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Ayant recommencé à parler de cette grande roue des siècles qui fait paraître, mourir et renaître chacun à son tour sur le théâtre du monde, « si tant est que la terre ne tourne, dit-il (car il n’a garde d’en être tout à fait aussi sûr que Copernic et Galilée), au moins faut-il avouer que non-seulement les cieux, mais toutes choses, se virent et tournent à l’environ d’icelle. » Et citant Velleius Paterculus, lequel est avec Sénèque un vrai penseur moderne entre les anciens, il en vient à admirer la conjonction merveilleuse qui se fait à de certains moments, et la conspiration active de tous les esprits inventeurs et producteurs éclatant à la fois ; mais cela ne dure que peu ; la lumière, si pleine tout à l’heure, ne tarde pas à pâlir, l’éclipse recommence, l’éternel conflit de la civilisation et de la barbarie se perpétue : c’est toujours Castor et Pollux qui reparaissent sur la terre l’un après l’autre, ou plutôt c’est Atrée et Thyeste qui régnent successivement en frères peu amis. […] Une lettre de lui à Peiresc, du 20 juillet 1634 (Correspondance de Peiresc, tome X, manuscrits de la Bibliothèque du Roi), nous trahit le secret de toutes les démarches, sollicitations et suppliques trop peu dignes auxquelles la nécessité et la peur de manquer poussaient Naudé en terre étrangère : il subit l’air du pays.

1801. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Il avait jeté sa mèche tout allumée par terre, et se déchirait la figure, en pleurant à chaudes larmes ; ce que faisaient aussi les autres bombardiers. […] « Aussitôt le capitaine Manaldi vint avec vingt hommes armés, et me trouva à genoux devant Dieu le Père entouré de ses anges, et un crucifix ressuscitant victorieux, que j’avais figurés sur le mur, avec un peu de charbon que j’avais trouvé dans la terre. […] Le cimetière y est plein de terre apportée de Jérusalem.

1802. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Soyez donc mes cautions auprès de Criton, mais d’une manière toute contraire à celle dont il a voulu être la mienne auprès de mes juges ; car il a répondu pour moi que je ne m’en irais point ; vous, au contraire, répondez pour moi que je ne serai pas plutôt mort que je m’en irai ; afin que le pauvre Criton prenne les choses plus doucement, et qu’en voyant brûler mon corps ou le mettre en terre, il ne s’afflige pas sur moi, comme si je souffrais de grands maux, et qu’il ne dise pas à mes funérailles qu’il expose Socrate, qu’il l’emporte, qu’il l’enterre ; car il faut que tu saches, mon cher Criton, lui dit-il, que parler improprement, ce n’est pas seulement une faute envers les choses, mais c’est un mal que l’on fait aux âmes. […] Considérons ce qu’elle peut devenir, lorsque, se livrant tout entière à cette poursuite, elle s’élève par ce noble élan du fond des flots qui la couvrent aujourd’hui, et qu’elle se débarrasse des cailloux et des coquillages qu’amasse autour d’elle la vase dont elle se nourrit, croûte épaisse et grossière de terre et de sable10. » Puis, dans cette sage conciliation que Platon a tentée entre le sensualisme ionien et l’idéalisme de Mégare, il employait la douce ironie qu’il avait apprise de Socrate, à se moquer « de ces hommes semés par Cadmus, de ces vrais fils de la terre, qui soutiennent hardiment que tout ce qu’ils ne peuvent pas palper n’existe en aucune manière ; de ces terribles gens qui voudraient saisir l’âme, la justice, la sagesse, ou leurs contraires, comme ils saisissent à pleines mains les pierres et les arbres qu’ils rencontrent, et qui n’ont que du mépris, et n’en veulent pas entendre davantage, quand on vient leur dire qu’il y a quelque chose d’incorporel11 ».

1803. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

(Vous savez que cela se passe en des terres exotiques.) […] Il y a seulement deux cents ans, le peuple grattait la terre, servait les trois ordres (tiers-état compris), et ne connaissait d’autre littérature que quelques vagues complaintes patoises. […] Si on ne peut pas l’enlever en plein ciel — où elle nous suivra mûrement — il faut consentir à ramper à terre avec elle.

1804. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

. — Le vaisseau de la République m’emporte : de l’Océan aérien, je ne reviendrai que victorieux ; je ne marcherai sur la terre que sur les débris de l’ancien régime. […] Hugo sortant de terre formidablement armé. […] D’après l’Église, il enseigne qu’il est la seconde personne de la Trinité, fils de Dieu le Père, qu’il est descendu sur la terre pour racheter par sa mort le péché d’Adam.

1805. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

C’est qu’ils ne reconnoissoient pas leur propre goût dans le Marc-Aurele et dans tous les ouvrages de sculpture et d’architecture qui étoient hors de terre long-temps avant Raphaël. […] Il y sortoit de dessous terre, pour ainsi dire, des hommes illustres à jamais dans leurs professions, et qui tous valoient mieux que les maîtres qui les avoient enseignez : des hommes sans précurseur, et qui étoient les éleves de leur propre génie. […] Ce ne fut que sous Gallien que les barbares commencerent d’avoir quelques établissemens permanens sur les terres de l’empire, et que les tyrans se cantonnerent dans les provinces.

1806. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Rose restée cent ans en bouton, sa gloire n’a fleuri dans toute l’ampleur de sa corolle que vers la fin du siècle dernier, mais depuis qu’elle ombrage la terre, depuis que, comme l’a dit Emerson, je crois, tout le monde intellectuel s’est shakespearisé, les critiques en masse se sont abattus sur le grand mûrier des bords de l’Avon pour en déchiqueter les feuilles gigantesques sous leurs analyses. […] Pour ne citer qu’un seul exemple du sans-souci habituel de Shakespeare pour le terre à terre et la fidélité de l’Histoire, Coriolan, dans le drame de ce nom, n’est pas le Romain de Tite-Live ; mais, quel qu’il soit, c’est un homme, une colère, une vengeance, une force vivante qui emporte tout dans son tourbillon, puis qui se fond tout à coup dans d’inexprimables tendresses ; et c’est bien autrement beau que si c’était romain, cela !

1807. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Je vous retirerai donc d’entre les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous ramènerai dans votre terre (Ézéchiel, XXXVI, 2448). […] … Ceux qui t’ont bâtie t’ont rendue parfaite en beauté  (Ézéchiel, XXVII, 4) ; … tous les navires de la mer et leurs mariniers ont été avec toi pour trafiquer et pour faire ton commerce (XXVII, 9) ; … tu as rassasié plusieurs peuples et tu as enrichi les rois de la terre (XXVII, 33) ; … tu es un sujet d’étonnement (36). […] Car D’Annunzio n’a aucun besoin de concentration ; non content de mener de front un hymne à la terre, un roman et une tragédie, il conçoit ses œuvres par séries entières.

1808. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Ainsi, pour parler du tour du soleil, elle écrira : Quand Phébus a son cerne fait en terre. […] Quelquefois, en attachant mes yeux sur toi, j’allais jusqu’à former des désirs aussi insensés que coupables : tantôt j’aurais voulu être avec toi la seule créature vivante sur la terre ; tantôt, sentant une divinité qui m’arrêtait dans mes horribles transports, j’aurais désiré que cette divinité se fût anéantie, pourvu que, serrée dans tes bras, j’eusse roulé d’abîme en abîme avec les débris de Dieu et du monde !

1809. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Son idée fixe était l’année 15, et elle assignait à cette date prochaine la catastrophe et le renouvellement de la terre. […] « Dites aux peuples étonnés que les Français ont été châtiés par leur gloire même ; dites aux hommes sans avenir que la poussière qui s’élève retombe pour être rendue à la terre des sépulcres !

1810. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Ils y verront par quelles séries d’événements et de dégoût de la monarchie d’Orléans et du gouvernement à suffrage restreint dit parlementaire, je fus induit à composer cette Histoire des Girondins si violemment et souvent si injustement accusée, et dans quel esprit je la juge, je la justifie ou je la condamne aujourd’hui où l’âge qui apaise tout et où la mort qui n’a plus d’ambition sur la terre laissent parler la conscience de l’écrivain et de l’homme politique, comme la postérité parlera de lui si elle daigne en parler, car nos œuvres et nos livres meurent souvent avant nous. […] Il me répondit avec beaucoup de bonté qu’il était étonné que son nom, depuis si longtemps égaré et enseveli dans le coin de terre où il desservait une humble paroisse, fût parvenu jusqu’à moi ; que, son âge et ses infirmités l’empêchant de se déplacer lui-même, il me recevrait dans son pauvre presbytère et me dirait tout ce que sa mémoire lui rappelait de ces tragiques événements.

1811. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

« La terre des allées, détrempée par la pluie, empêchait les chevaux d’avancer ; la voiture versa ; le buste en plâtre d’Homère sauta par la portière et se brisa : mauvais augure pour le poëme des Martyrs, dont je m’occupais alors. […] Cyrus, le libérateur des Hébreux, le glorieux époux de Marie-Louise, sortant de son palais avec son enfant, héritier de la terre, sur ses bras, et le bourreau du genre humain, se heurtèrent face à face sous le même style, comme le oui et le non, comme la foi et l’apostasie sur la même bouche ; il voulut faire oublier, par l’audace sans péril de cet attentat de plume, qu’il avait été l’émigré pardonné, l’envoyé de confiance à Rome et à Sion de cet usurpateur, le protégé confidentiel de ce Cyrus, restaurateur des autels.

1812. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Son père était le dernier de sa race, et elle semblait jetée à plaisir sur la terre pour n’y pas trouver un coin où se caser. […] Assister à la messe encore une dernière fois, quoique morte ; entendre ces paroles consolantes, ces chants qui sauvent ; être là sous le drap mortuaire, au milieu de l’assemblée des fidèles, famille qu’elle avait tant aimée, tout entendre sans être vue, pendant que tous penseraient à elle, prieraient pour elle, seraient occupés d’elle ; communier encore une fois avec les personnes pieuses avant de descendre sous la terre, quelle joie !

1813. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Richard Wagner est essentiellement et supérieurement de sa terre et de sa race. […] C’est dans la Revue Populaire de Paris de 1867 qu’on peut lire les deux articles où Tissot épancha son admiration : « Le second acte, dit-il, dans l’article du 1er juin, est un sublime hosannah d’amour : on retient son souffle ; immobile comme une statue, on écoute dans une magnifique extase ces voix qui ne sont pas de la terre et qui parlent une langue inconnue… » Il y a pourtant dans cet article autre chose que des mots : « L’opéra, dit-il, resplendit de toutes les beautés du drame… Le but que Wagner a toujours poursuivi, c’est de faire monter l’opéra au drame.

1814. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Nigauds, vous cachez sous un peu de terre les graines qui vous déplaisent : elles germeront. […] Et il trouve la raison de cette loi dans le sens du mouvement de la terre.

1815. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

La terre ne tourne pas moins pendant la nuit que pendant le jour. […] Supposez qu’une boîte à musique, capable de jouer plusieurs airs, tombe à terre pendant qu’elle en joue un et que le cylindre garni de pointes se mette à rouler avec une très grande rapidité, de manière à briser ou à altérer ses pointes : un air entier pourra disparaître sans que les autres soient atteints, Tous les mouvements réflexes qui répondent à l’association des mots grecs entre eux et avec les mots français correspondants peuvent se trouver paralysés, tandis que les systèmes de réflexes répondant au français, appris dès l’enfance et solidement imprimés dans le cerveau, peuvent résister à la commotion.

1816. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

C’est un monument, élevé au serin chéri, par une grande dame du temps, et où le pauvre oiseau, dont le squelette se voit dans le soubassement, est admirablement modelé en terre cuite, et représenté mort, les pattes raidies. […] Alors le gagnant lui dit : « Je vous joue tout ce que vous avez perdu, contre votre maison de terre ferme et les fresques, qu’elle contient ».

1817. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

La nation est plus grande que nature ; les obstacles disparaissent, on ne voit que le but, on ne proclame que des principes ; ils sont vrais et divins comme les théories : on ne foule pas la terre, on marche sur les nues. […] La fausse montagne, volcan sans flamme et sans lave, n’eut que les bruits creux du tremblement de terre sur un sol qui ne voulait pas trembler.

1818. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d’une fuite éternelle, … » plus heureux que Pascal, dont on a reconnu les fortes paroles, ils ont, eux, trouvé « le terme où s’attacher », le roc inébranlable dans l’océan de nos perplexités, et ce roc ou ce terme, c’est la « Science. » Ils savent que deux et deux font quatre, que la terre tourne autour du soleil, que les pierres vont au fond de l’eau, que le coke est le produit de la distillation de la houille, que la peste et le choléra sont d’origine microbienne, quoi encore ? […] On a cru pouvoir dire que notre croyance « à la réalité d’une chose effective cachée sous les apparences » n’était pas plus indestructible que « celle du mouvement de la sphère céleste autour de la terre. » On a dit encore que le raisonnement de Spencer « revenait au fond à supposer l’absolu », qu’on lui déniait.

1819. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Rien de plus naturel, du reste, que l’admiration de Villemain pour Pindare, un des poètes les mieux faits pour plaire à toutes les Académies de la terre et à leurs secrétaires perpétuels. […] Ainsi, quand il a la bonté de constater dans les Prophètes le plus beau lyrisme qui ait jamais brillé sur la terre, il l’impute à l’amour de la patrie, à la pureté des mœurs, à la pratique des vertus les plus hautes, mais il se tait sur l’inspiration divine.

1820. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Il n’y avait plus d’idées à mettre par terre, — elles y étaient toutes… Dans cette table rase de tout, bombait seulement sur la platitude infinie la petite chose malpropre de M.  […] depuis, beaucoup de vie encore dans ce vieux chêne de poète, mais, franchement, lorsque lis en cette Légende des Siècles, où je trouve des pièces comme L’Abîme, Le Ver de terre, L’Élégie des fléaux, À l’Homme, et bien d’autres qui rappellent les plus purs amphigouris des premières Légendes, et pas une pièce comme Booz, Éviradnus et Le Petit Roi de Galice, il m’est impossible de ne pas voir dans le Victor Hugo de ces secondes Légendes une diminution de la vitalité poétique.

1821. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Elle a, depuis un an, acheté en Italie, près du lac Majeur, une terre où elle va passer les dernières semaines de l’automne ; elle y a retrouvé cette Italie, son premier amour, qu’elle avait connue si belle, mais enchaînée ; elle l’a retrouvée libre, reconnaissante et saluant en elle la proche parente et comme l’ambassadrice de l’empereur des Français.

1822. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Poète qui n’a été qu’un type éclatant de bien des âmes plus obscures de son âge, qui en a exprimé les essors et les chutes, les grandeurs et les misères, son nom ne mourra pas, Gardons-le particulièrement gravé, nous à qui il a laissé le soin de vieillir, et qui pouvions dire l’autre jour avec vérité en revenant de ses funérailles : « Notre jeunesse depuis des années était morte, mais nous venons de la mettre en terre avec lui. » Admirons, continuons d’aimer et d’honorer dans sa meilleure part l’âme profonde ou légère qu’il a exhalée dans ses chants ; mais tirons-en aussi cette conséquence de l’infirmité inhérente à notre être, et de ne nous enorgueillir jamais des dons que l’humaine nature a reçus.

1823. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

« Mais, s’écrieraient-ils, vous présentez la vérité sous forme bien paradoxale ; votre style, à vous-même, est trop pensé ; vous frappez à tout coup ; vous parlez Quintilien, mais en traits à la Sénèque. » Et moi je l’en louerai et je lui dirai : « Vous nous réveillez sur ces vieilles questions ; vous avez trouvé moyen de nous promener dans la terre de la patrie par des chemins imprévus.

1824. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Je suis bien loin de croire les personnes qui prétendent que mes vers sont d’un ton supérieur au sien ; je me contenterai d’aller immédiatement après lui. » Tantôt il est en fureur et en rage contre les éternels ennemis qu’on lui connaît, contre l’abbé Desfontaines ; il intrigue en tout sens, il remue ciel et terre pour le faire condamner, par-devant le lieutenant de police M. 

1825. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Ces sœurs qu’à nos chagrins le génie accorda, Clémentine, Imogen, Clarisse ou Miranda, Ces êtres fabuleux qu’adopte la misère, Et qui, sans exister, peuplent pourtant la terre, Semblaient, tous confondus sous un nom gracieux, Me dicter un roman qui m’approchait des cieux.

1826. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

aux hommes de lettres ; et les personnages titrés, en les admettant à leur intimité, n’en demeuraient pas moins persuadés que ces hommes n’étaient point formés comme eux des éléments choisis de la terre (from porcelain clay of earth).

1827. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Le moi qui profiterait de cette facilité trop fréquemment et avec trop d’amour, le moi qui se livrerait à la vie du dehors autrement que pour comprendre et regarder, le moi qui s’adonnerait à une pratique assidue de la nature et à de trop longues communications avec le monde matériel ; qui, franchissant le pont-levis dès le matin, s’égarerait dans ses pâturages et ses terres pour les amender, visiterait ses mines et ses canaux, dessécherait ses marais, transplanterait des troupeaux lointains pour s’enrichir de leurs toisons, croiserait des races, apprivoiserait une végétation agreste, assainirait un climat fangeux, et qui ne rentrerait au logis qu’à la nuit close, ce moi-là, selon les psychologistes, courrait grand risque d’oublier qu’il n’est pas dans les conditions essentielles de sa nature ; qu’il n’y a au fond et dans la réalité rien de commun entre cette matière et lui ; qu’il n’arrive à elle que moyennant un pont tremblant et fragile, sur la foi d’un laisser-passer arbitraire ; et qu’il ne doit pas s’attarder dans la plaine ni sur les monts, de peur des distractions trompeuses et des pièges sans nombre.

1828. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

L’Irlande est désormais la question vitale pour l’Angleterre ; l’Irlande opprimée et martyrisée depuis des siècles, l’Irlande traitée en conquête, pressurée sans relâche par le Saxon, par le Normand, par Jacques Ier, par Cromwell, par Guillaume d’Orange ; l’Irlande, cette noble et sainte Pologne de l’Océan, inépuisable en douleur comme en espérance ; l’inextinguible Irlande, un moment voisine de l’émancipation à la fin du dernier siècle, se lève aujourd’hui en armes pour regagner ses droits, pour faire sa révolution étouffée en 98 ; elle ne connaît plus Guillaume IV, ni ses officiers, ni ses prélats, ni le parlement britannique ; elle n’obéit qu’à son O’Connell, qui chargé de plaider pour elle à Westminster, s’y montre moins à l’aise, il faut le dire, que sur la terre nationale, au milieu de son peuple.

1829. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

dit Boulba doucement ; et il inclina vers la terre sa tête grise. » C’est ici que le bourreau commence son œuvre de torture ; l’auteur a le bon goût de nous en épargner les atroces détails successifs ; il ne peut cependant tout nous supprimer, et c’est graduellement qu’il nous amène au cri final qui arrache une larme ; toute cette page est à citer : « Ostap, nous dit-il, supportait les tourments et les tortures avec un courage de géant.

1830. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Turgot l’a professé sous le gouvernement arbitraire, mais modéré du dernier règne ; et Condorcet, dans la proscription où l’avait jeté la sanguinaire tyrannie qui devait le faire désespérer de la république, Condorcet, au comble de l’infortune, écrivait encore en faveur de la perfectibilité de l’espèce humaine, tant les esprits penseurs ont attaché d’importance à ce système, qui promet aux hommes sur cette terre quelques-uns des bienfaits d’une vie immortelle, un avenir sans bornes, une continuité sans interruption7.

1831. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

L’aspect du ciel et de la terre, à toutes les heures du jour et de la nuit, réveille dans notre esprit diverses pensées ; et l’homme qui se laisse aller à ce que la nature lui inspire, éprouve une suite d’impressions toujours pures, toujours élevées, toujours analogues aux grandes idées morales et religieuses qui unissent l’homme avec l’avenir.

1832. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Aussi, pendant la plus grande vogue de la poésie courtoise, voit-on se maintenir ou apparaître des genres plus vulgaires, dont l’avantage est de raffermir au contact de la terre et de la vie les esprits étourdis de leur ascension dans les régions éthérées de la dévotion sentimentale.

1833. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Cinq ou six fois en une trentaine d’années, le flot de l’invasion française s’étale sur la terre italienne, et se retire sur le sol français : vers 1525, la pénétration de l’esprit, de la civilisation d’Italie dans notre esprit, notre civilisation, est chose faite, et notre race a fécondé tous les germes qu’elle portait en elle159.

1834. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

J’ai eu, sans la chercher, une impression de cette espèce, m’étant donné la tâche de parcourir d’affilée cinq ou six volumes de chroniques parisiennes, cependant que des feuillages frissonnaient sur ma tête et que la Terre vivait autour de moi son éternelle vie.

1835. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Ils s’assoient à terre, convenant entre eux de ce qu’ils diront si les vieillards rentrent à l’improviste.

1836. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

A mesure que le pouvoir se sécularisait et passait en des mains incrédules, le peuple juif vivait de moins en moins pour la terre et se laissait de plus en plus absorber par le travail étrange qui s’opérait en son sein.

1837. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Un moment, même, il semble lui promettre « les clefs du royaume du ciel », et lui accorder le droit de prononcer sur la terre des décisions toujours ratifiées dans l’éternité 460.

1838. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Après bien des agitations, bien des mouvements contradictoires, le flot pousse sur la terre de vérité cet esprit inquiet et troublé, épave enfin sauvée peut-être.

1839. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Chez le ver de terre, la tête n’a pas beaucoup plus de génie que les autres segments de l’animal ; chez l’homme, la tête est un Bonaparte qui plie tout le reste sous son joug.

1840. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Ce n’est pas à dire que les vérités scientifiques ne puissent entrer dans la littérature, mais c’est à la condition qu’elles se mêlent à des vérités humaines et qu’elles touchent à l’homme par quelques côtés, soit en lui exposant l’histoire de la terre, son domicile et son séjour, soit en lui décrivant le spectacle des astres, symbole et image du monde invisible dont son âme ressent l’éternel besoin, soit en lui peignant les mœurs des animaux, qui sont une image des mœurs humaines.

1841. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Le françois fait signe à ceux qu’il veut appeller de s’approcher de lui, en levant la main droite dont les doigts sont tournez en haut, et en la ramenant plusieurs fois vers son corps, au lieu que l’italien, pour faire le même mouvement, baisse la main droite dont les doigts sont tournez vers la terre.

1842. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Que deviendrions-nous sur cette terre d’exil, Seigneur !

1843. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Chamfort expira le 13 avril 1793, non pas sur un grabat, comme l’ont dit quelques personnes mal instruites ou mal intentionnées, mais dans le modeste asile où ses malheurs l’avaient relégué La terreur était alors si générale, que ce fut un acte de courage que de l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure : et celui qui, au temps de sa faveur dans le monde, avait vu se presser autour de lui tant d’hommes se disant ses amis, semblait moins se rendre au champ de repos qu’à la terre de l’exil.

1844. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Elle dépasse en pédantisme de toute sorte, toutes les plus fortes pédantes de l’Angleterre, cette terre natale des bas-bleus, qui les a vomis sur le monde et à qui je voudrais les faire ravaler !

1845. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Les autres, moins persuadés que le Céleste Empire soit céleste, ont fait du peuple-phénomène qui l’habite une nation de la date de beaucoup d’autres dans la chronologie asiatique, malgré ses prétentions exorbitantes à l’antiquité ; ni plus grand, ni plus fier, ni plus sage que tous les idolâtres de la terre, que toutes les races tombées et dispersées aux quatre vents de la colère de Dieu, abominablement corrompu, — ce qui lui donne ce petit air vieux qui nous fait croire à sa vieillesse, car la corruption vieillit le multiple visage des peuples comme la chétive figure de l’homme, — laid jusqu’à la plus bouffonne laideur, et, si l’on s’en rapporte aux œuvres qui sortent des mains patientes et industrieuses de ce peuple stationnaire, encagé dans son immuable empire du Milieu, ces œuvres de prisonnier qui s’ennuie et qui apparaissent comme des prodiges à notre fougue occidentale, ayant l’intérieur de la tête aussi étrangement dessiné que le dehors, le cerveau conformé comme l’angle facial !

1846. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Imagination militaire, ce qui veut toujours un peu dire imagination chevaleresque, il s’est profondément pénétré de la personnalité de ce peuple arabe, — le seul peuple réellement poétique qu’il y ait maintenant sur la terre, et dont la description ressemble aune page de la Bible oubliée dans des feuillets de ce Khoran qui ne sera bientôt plus pour l’humanité qu’un livre oublié, — une poésie chantée !

1847. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

., avec la tuméfaction à la tête de l’orgueil, — car l’orgueil est hydrocéphale, — que l’esprit humain va de ce côté ; que l’avenir, ô bonheur du ciel mis sur la terre !

1848. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Il y avait encore cette disposition contradictoire et indisciplinée de l’esprit d’une nation qui aime à se moquer de tout pouvoir établi, et qui fait de la France le pays de la terre le plus facilement anarchique.

1849. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Seul, le sublime écolier d’Harrow, dont la violente fantaisie avait bu l’ennui dans cette coupe correcte, et gardé en sa nature profonde l’impression et le ressentiment de cet ennui, puisé dans cette poésie sans âme, a osé dire le secret de beaucoup d’esprits qui se taisaient, — lâches comme toujours, devant deux mille ans de gloire consacrée et d’idolâtrie, — et sa vérité à lui, sur un poète, au fond, médiocre d’inspiration et de génie, mais adoré et gardé par tous les médiocres de la terre : et les médiocres d’imagination, et les médiocres de passion, et les médiocres de cœur.

1850. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Pourquoi ce qui fut facile au grand poète du Paradis perdu, qui prit son mâle parti de l’obscurité, ne serait-il pas facile à un mystique qui est sur la terre exclusivement le poète de Dieu ?

1851. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

La force y fait tout : l’État et la famille ; une force de brigands, qui se changent peu à peu et se drapent en législateurs et en sages, mais qui, même alors, n’en est pas moins la force des brigands de caverne, lesquels ont laissé leur empreinte sur cette terre, belle comme un butin, depuis les vaincus de Thésée jusqu’aux Pallikares !

1852. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

et il continue, avec cette légèreté qui jette la dernière pelletée de terre sur la tête de toutes les questions : « Quelques points controversés avaient été décidés d’après les opinions des meilleurs juristes, et l’on s’était écarté de la ligne de la succession ; c’était tout, mais c’était assez. » Oui, c’était tout !

1853. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

« Ce fut le 5 juin 1666 — nous dit Renée — que cette belle âme, honneur de son siècle, quitta la terre.

1854. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Adam, le millionnaire, a sauvé Μ. de La Rochetravers d’une ruine certaine, en lui achetant sans discuter, au plus haut prix, son hôtel à Paris et sa terre de Bourgogne.

1855. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Mais cette gloire qui sort de l’obscurité et de l’obstacle, peu à peu, comme un chêne sort de terre, et sur le gland duquel, les racines et les premières pousses, des troupeaux de bêtes ont passé, cette gloire, qui fut celle de Joseph de Maistre, ce génie de trempe immortelle qui pouvait attendre et qui attendit, je ne crois point que Crétineau-Joly l’ait jamais, et peut-être n’était-il pas fait pour elle.

1856. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Il avait renoncé de bonne heure au plaisir de les rencontrer sur la terre plate de la politique, pour ne plus avoir affaire à eux que là où ils étaient moins dégoûtants et moins malpropres, — dans la tenue obligée de gens du monde et sur le parquet des salons.

1857. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

En vain, cette femme, plus jeune que son âge, parle-t-elle à chaque instant, dans toutes ses lettres, comme Mademoiselle de Lespinasse, bouillante de ses trente ans contenus et impatients, parlerait à M. de Guibert : « J’irai jusqu’à vous, tant que terre pourra me porter, et, là, je mourrai dans vos bras, de joie, de plaisir et d’amour ! 

1858. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Donoso Cortès, du pays du Cid et de sainte Thérèse, Donoso Cortès qui a mis toutes les sciences de la terre aux pieds de la théologie, y fait vis-à-vis et contraste au naturaliste Franklin !

1859. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Pelletan fourvoyer le sien dans de misérables théories, comme on regretterait de voir la graine de l’encens tomber par terre, au lieu d’aller s’embraser sur les trépieds d’or des tabernacles.

1860. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Parmi ses supériorités, c’est là sa maîtresse supériorité, et elle était en lui si profondément organique, elle avait poussé si naturellement dans la pleine terre de son esprit, qu’il l’avait toujours même sans écrire, même quand il parlait ; car il était encore plus orateur qu’écrivain, il l’était infiniment plus !

1861. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

En présence de l’être plein et immuable, — qui est le matérialisme absolu, — Mélissus pose la terre comme un principe distinct, qui est l’incompréhensibilité absolue.

1862. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Dieu l’eût sans doute sauvée pour la justification de ses promesses ; mais la gloire des grands hommes est de se servir de leur liberté et de leur intelligence de manière à économiser l’action directe de Dieu sur la terre et à lui ménager l’effet des grands coups de sa providence.

1863. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

L’auteur, qui a de l’âme, du reste, à défier tous les railleurs de la terre, n’a pas craint de revenir à un genre vieilli et condamné par une critique superficielle.

1864. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Le poème, c’est l’histoire du déchirement de cette âme entre son serment et son amour ; c’est l’affliction désespérée de l’idéale et malheureuse Armelle ; et le dénouement de cette histoire c’est l’entrée au cloître de la jeune fille qui, après cet époux impossible sur terre et qu’elle adore, n’a plus que Dieu, cet époux après tous les autres : — Celui-là qui ne se refuse jamais à la main qui se tend vers lui !

1865. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Les personnages nécessaires et importants de ce long récit ne seraient pas nombreux, si, dans cette mêlée historique et panthéistique, tous les êtres ne devenaient pas personnages ; si tous les peuples de la terre, les oiseaux des airs, les fleurs des champs, ne parlaient pas et ne jouaient pas leur bout de rôle, au gré du poète.

1866. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Les paperasses poétiques du vieux reître, qu’il emportait, comme Camoëns son poème, non à la nage, dans les mers furieuses, mais à travers le feu des guerres et des partis, s’étaient finalement englouties dans la terre la plus prosaïque qui ait jamais existé, à Genève, dans le cabinet de la famille qui a donné le jour à Tronchin.

1867. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

L’athéisme, cette teigne du temps, aurait-il desséché sa noble tête de poète et condamné son génie à la stérilité des terres maudites ?

1868. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Le livre de l’Amour, — ce chef-d’œuvre de pointillé dans l’observation et de grâce inattendue dans le bien dire, que Sterne aurait admiré, et où les nuances, qui ondoient, chatoient, se fondent et s’évanouissent comme des lueurs d’opale dans le merveilleux observateur du Sentimental Journey, sont nettement fixées sous le regard par un procédé supérieur d’analyse sans rien perdre de leur ténuité et de leurs qualités presque immatérielles, — ce livre d’un agrafeur de nuances (ces mots-là sont faits pour lui seul), ce livre qui a tout dit et fait le tour du cœur, de ce muscle qui renferme l’infini, comme on fait le tour de la terre, de cette misérable petite chose que Voltaire appelait « un globule terraqué », nous ne croyons pas que Paulin Limayrac l’admire et l’aime mieux que nous.

1869. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

, la poignée de terre, dernier don des amis, qui servit à couvrir ses restes.

1870. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Quand le monde romain et païen se mourait, c’était le monde physique qui finissait, le plus puissant monde physique qui eût jamais écrasé de son poids la terre, et il avait encore la force de rejeter, de son ventre épuisé, des arrière-faix comme Messaline.

1871. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Tout à coup, 1830 éclata, et quelques jours après qu’on eut bu à cette coupe de Circé révolutionnaire, le journaliste Brucker, transformé en… farouche et en garde national, demandait, à Vincennes, la tête de M. de Peyronnet, avec lequel, par parenthèse, il s’est lié plus tard ; cette tête poétique qui fait de beaux vers et qui, en envoyant son portrait à son ennemi mortel devenu son ami jusqu’à la mort, écrivait ce quatrain tourné avec la grâce qui n’empêche pas d’être un homme d’État, en terre de France :   J’entends encor l’hymne infernal, (Il faut bien dire que c’était La Marseillaise pour ceux qui ne la reconnaîtraient pas à l’épithète).

1872. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Ses amis ont eu la bonté d’apprendre au monde que le talent de l’auteur de Tolla faisait sortir de terre les testaments et les donations, et que, comme Burke et Chatham, il avait trouvé des duchesses de Marlborough qui, par fanatisme d’admiration, avaient versé sur sa tête la corne d’abondance de toute une fortune !

1873. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée, esprit excessivement cultivé, talent venu en pot, bien plus qu’en pleine terre, n’a-t-il pas commencé par s’inspirer du théâtre espagnol et à mêler du Musset et du Lesage dans l’imitation qu’il en a faite ?

1874. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Ce n’est pas moi qui aurais fait allusion aux infortunes conjugales de l’amphitryon. » Un aéronaute opérant sa descente dans un pays inconnu, avant de toucher terre, demande à un paysan : « Où suis-je ?  […] L’air déconcerté et me saluant jusqu’à terre, il me commence une phrase inintelligible et reste au beau milieu en me regardant avec une piteuse figure qui avait l’air de demander l’aumône. […] Entre ce qui est épuisé et ce qui n’est pas encore développé, il y a un mal inconnu qui pèse de diverses manières sur toutes les existences… C’est la fin de l’aspiration au romantique de 1840 se brisant aux réalités bourgeoises, aux roueries de la spéculation, aux facilités menteuses de la vie terre à terre… » En effet, c’est bien toute une époque que Flaubert a voulu dépeindre dans l’Education sentimentale. […] qui, sans s’être prosternés dans la poussière sacrée des chemins d’Athènes, sans avoir vu, dans la lumière pourpre des soirs, passer les grandes ombres dont le défilé solennel anime les cimes de l’Hymette et les plaines de la mer de Salamine, sans avoir vu cette terre d’Hellas où les Dieux, les Dieux éternels vivent encore, vivent à jamais dans leur gloire et dans leur beauté, sans être sortis de la boue de leur ville ténébreuse, se sont permis de peindre les héros, se sont permis de faire parler les filles de Sparte et d’Argos, se sont permis de corriger Euripide et d’apprendre à vivre à Sophocle !  […] Et, par conséquent : … Qu’ils viennent tous, qu’ils viennent de partout : Du fond de tous les coins de la terre, du bout De ces pays obscurs et funèbres qui plongent

1875. (1890) Nouvelles questions de critique

Fais-moi avoir le joyeux paradis, dame des cieux, reine de la terre. » Là-dessus, pour ne pas embarrasser ces quelques pages d’un excès de citations, n’est-ce pas M.  […] Mais ce n’est pas seulement le domaine de la littérature, c’est encore celui de l’esprit humain qu’à étendu l’auteur de la Théorie de la terre et des époques de la nature. […] En écrivant sa Théorie de la terre, et plus tard en la complétait par ses Époques de la nature, c’est lui qui nous a révélé quel accident c’était à la surface du globe que l’existence de l’humanité. […] « Il raconte que la terre est descendue du soleil, dit encore M.  […] Pour peindre « la terre monstrueuse », avant l’histoire et avant l’homme, quelles métaphores n’a-t-il pas trouvées ?

1876. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Ou bien, on les dirait partis pour défricher des terres inconnues. […] S’ils vont très loin et s’ils vont (comme on dit) au diable, dans l’aventure intuitive, le fond de leur âme, c’est le désir paysan de posséder la terre. […] » Il se jette à terre et colle son oreille sur le pavé, il reconnaît le galop de César. […] Et elles ne pouvaient pas ne point jaillir d’une terre qu’avaient ensemencée les os de tant de chrétiens. […] Je vous plains… J’irai jusque-là que je vous demanderai si les spectacles de la terre vous suffisent.

1877. (1902) Propos littéraires. Première série

Il n’avait pas du tout cette grâce mélancolique que les poètes de la convention donnent toujours aux êtres qui doivent passer peu de temps sur la terre. […] Il a trouvé une terre fraichement remuée, « l’horrible terre », qu’aussi bien il soit toujours, avec beaucoup de fleurs dessus, languissantes, déjà mourantes, épousant la mort de cette petite fleur tendre de l’humanité… *** Entrons dans la grotte d’Isturitz. […] Il explique qu’il a créé à quelque distance dans les terres tout un village chrétien, où tous les indigènes professent et pratiquent le culte catholique. […] — C’est l’égoïste la plus renforcée qui ait jamais existé sur la terre. […] Ce n’est en somme qu’avec cette terre qui a été notre nourrice que nous pouvons converser familièrement.

1878. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Il y a une belle pièce « La Terre nue », et d’autres vraiment pavées de mots pittoresques (pour me servir d’un adjectif éculé, mais qu’on a à peine remplacé!) […] Il pouvait avoir vingt-cinq ans peut-être : petit homme encore près de la terre, le geste court, une tête l’onde, le visage un peu rougeaud, touchant d’une naïveté qui s’émerveille. […] Zola, un prosateur vulgaire et terre à terre, allons donc ! […] Toutes les Frontières seraient délimitées par plusieurs zones dangereuses : multiples enveloppements de matières explosibles mises secrètement en terre, et dont les Pouvoirs seuls connaîtraient les emplacements. […] Cette œuvre devait être théâtrale — mais résolument, vu sa complexité, écrite pour le livre  et ne compter moins de cinquante pièces : Synthèse de la Vie moderne, évocations de l’Histoire de l’Humanité et Anticipations, construction philosophique où résumer leur « Vision de la Terre ».

1879. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Pendant que le gouvernement impérial s’affermissait, il cultivait sa terre de Lagrange et attendait la liberté publique. […] Nous prenons place parmi les nations de la terre, et nous avons un caractère à établir. […] Mais il vaut mieux que ce soit avec vous qu’il marche, et lui-même l’aimerait mieux ; et puis, vous pourrez un peu le retenir… » Quand Bonaparte lui fit ce fameux cadeau de terre qui l’engloutit, le message arriva à l’assemblée aux mains de Daunou, alors président. […] Pour moi je le bénirai dans cette terre où je suis captive, etc. » (Tobie, chap. 

1880. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Un jour, Delany, son biographe, l’ayant trouvé qui causait avec l’archevêque King, vit l’archevêque en larmes, et Swift qui s’enfuyait le visage bouleversé. « Vous venez de voir, dit le prélat, le plus malheureux homme de la terre ; mais sur la cause de son malheur, vous ne devez jamais faire une question. » Esther Johnson mourut ; quelles furent les angoisses de Swift, de quels spectres il fut poursuivi, dans quelles horreurs le souvenir de deux femmes minées lentement et tuées par sa faute le plongea et l’enchaîna, rien que sa fin peut le dire. « Il est temps pour moi d’en finir avec le monde… ; mais je mourrai ici dans la rage comme un rat empoisonné dans son trou965… » L’excès du travail et des émotions l’avait rendu malade dès sa jeunesse : il avait des vertiges ; il n’entendait plus. […] Wood et sa bande de fondeurs et de chaudronniers battent monnaie jusqu’à ce qu’il n’y ait plus dans le royaume une vieille bouilloire de reste, qu’ils en battent avec du vieux cuir, de la terre à pipe ou de la boue de la rue, et appellent leur drogue du nom qu’il leur plaira, guinée ou liard, nous n’avons pas à nous inquiéter de savoir comment lui et sa troupe de complices jugent à propos de s’employer ; mais j’espère et j’ai confiance que tous, jusqu’au dernier homme, nous sommes bien déterminés à ne point avoir affaire avec lui ni avec sa marchandise971. » Swift s’emporte, ne répond pas. […] Une secte s’était établie, posant en principe que le monde était une garde-robe d’habits ; « car qu’est-ce qu’on appelle terre, sinon un pourpoint bariolé de vert, et qu’est-ce que la mer, sinon un gilet couleur d’eau ? […] Leurs mamelles pendaient entre leurs pieds de devant, et souvent, lorsqu’elles marchaient, touchaient presque à terre.

1881. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

. — Bernard Palissy, Discours admirables de l’art de terre, édit. […] Palissy [Cf. l’article indiqué de Lamartine, et Henri Martin, dans son Histoire de France] ; — et que les chefs-d’œuvre de l’art de terre ne méritent pas tant d’enthousiasme ; — s’il peut y avoir infiniment d’art, mais il n’y a pas de grand art où il n’y a pas de grand dessein ; — et il n’y en a pas dans un pot. — Intérêt littéraire de la distinction. — Vie et aventures de Bernard Palissy. — La page fameuse de l’Art de terre [Édit. […] 2º Le Pamphlet ; — et qu’il n’en faut exagérer ni le mérite, qui est tout à fait secondaire, ni la hardiesse, ni les conséquences. — La Satire n’a point « donné la France à Henri IV », puisqu’elle a paru en 1594, et que la guerre civile n’a été pacifiée qu’en 1598 ; — il n’y a point de hardiesse : 1º à se mettre cinq pour écrire un livre, et nous savons assez que la division des risques est le principe même de l’assurance ; — il n’y en a pas non plus : 2º à garder l’anonyme ; — et 3º à avoir publié un pamphlet de cette nature neuf mois après la conversion, et trois mois après la rentrée d’Henri IV à Paris. — Toute la bravoure des auteurs ne consiste donc qu’à avoir royalement injurié des gens à terre et que d’ailleurs ils n’avaient pas eux-mêmes renversés. — Les auteurs de la Ménippée : Pierre le Roy, Gillot, Nicolas Rapin, Jean Passerat, Florent Crestien et Pierre Pithou : — et qu’ils n’ont pas fait preuve en se coalisant d’un talent qu’aucun d’eux ne possédait personnellement. — Il y a d’ailleurs dans quelques passages de la Satire une certaine verve de caricature ; — de satire même ; — et presque d’éloquence [Cf. la Harangue, souvent citée, du lieutenant civil Dreux d’Aubray]. — Mais on n’y trouve pas ombre d’élévation ni de noblesse ; — ce sont des bourgeois furieux d’être gênés dans leurs plaisirs ; — ce sont aussi de grands ennemis des Jésuites ; — et ils ont sans doute aimé leur patrie ; — mais la Satire Ménippée n’en est pas moins à rayer du nombre des « grands monuments de l’esprit français ».

1882. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Pourquoi ravir à la terre son plus bel ornement ? […] M. de Lamartine avait appelé l’Italie la terre des morts. […] Est-ce que les ossements ensevelis sous la terre, épouvantent l’héritier de César ? […] Dieu se met à la fenêtre et parle à saint Pierre de tout ce qu’il voit sur la terre. […] Michelet, Jeanne d’Arc n’est pas seulement une créature douée au plus haut point de toutes les vertus évangéliques : c’est le Christ même, le Christ transfiguré, non plus pour quitter la terre et remonter au ciel, mais pour quitter le ciel et redescendre sur la terre.

1883. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Voilà les plus vaillans hommes que la terre ait portez : mais s’ils étoient vaillans, ils combattoient aussi contre des ennemis très vaillans, contre des centaures des montagnes dont la défaite leur a acquis un renom immortel. […] Voilà les plus vaillans hommes que la terre ait portez. ne semble-t-il pas que le bon Nestor insulte à ceux qu’il veut calmer. […] Voilà les plus grands poëtes que la terre ait portez ; vous n’êtes que des pigmées auprès de ces géants. […] comme lorsque le maître du tonnerre se prépare à inonder la terre d’un déluge de pluye, ou à la couvrir de gresle, ou de morceaux de neige qui la dérobent aux yeux des mortels, ou qu’il est prêt à souffler les guerres funestes ; on voit les éclairs se suivre sans relâche et traverser les airs. […] le maître du tonnerre, au lieu, du mari de Junon la bien coëffée, se prépare à inonder la terre d’un déluge de pluye, au lieu de préparant une grande pluye, la couvrir de grêle : il faut avoüer que là Me D a manqué son coup ; couvrir la terre de grêle est une expression trop foible : ou de monceaux de neige qui la dérobent aux yeux des mortels, au lieu de la neige qui blanchit quelquefois les campagnes.

1884. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Je me trompe peut-être, mais j’espère, à cette heure, qu’un vent rafraîchissant va souffler, et que, pour peu que les esprits s’apaisent, cette terre française est encore assez riche, généreuse et pleine de suc nourricier pour faire pousser et lever une génération, une moisson d’hommes, une légion nouvelle de penseurs. […] » Tous les esprits de la terre ne sont malheureusement pas des Saint-Évremond, et à côté des dévots il y a des despotes. […] Partout ailleurs il semble, en effet, que le génie de Molière soit retenu à terre, enchaîné par certaines préoccupations d’une sagesse bourgeoise, ennemi de l’idéal et se moquant de toute chimère, comme Sancho peut railler Don Quichotte. […] Il est mort, ce Grand Réformateur de tout le genre humain, ce Peintre des Mœurs, cet Introducteur des Plaisirs, des Ris et des Jeux, ce Frondeur des vices, ce redoutable Fléau de tous les turlupins ; et pour tout renfermer en un seul mot, ce Morne de la terre qui a si souvent diverti les dieux. […] Il est mort, ce grand homme, mais il est mort trop tôt pour lui, trop tôt pour les siens, trop tôt pour ses camarades, trop tôt pour les grands divertissements de son Prince, trop tôt pour les Libraires, Musiciens, Danseurs et Peintres, et trop tôt enfin pour toute la Terre.

1885. (1893) Alfred de Musset

L’eau, la terre et les vents, tout s’emplit d’harmonies. […] Je ne crains plus rien, n’espère plus rien ; j’ai fini sur la terre. […] Non, ma belle fiancée, tu ne te coucheras pas dans cette froide terre sans qu’elle sache qui elle a porté. […] Les larmes de ses yeux fécondent la terre, et il tient à la main la palme des martyrs. […] Plus je me débats contre ma misère, Plus s’éveille en moi l’instinct du malheur ; Et, dès que je veux faire un pas sur terre, Je sens tout à coup s’arrêter mon cœur.

1886. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

On demandait au peintre G… son opinion sur un de ses confrères qui passe pour avoir des terres dans le royaume des pauvres d’esprit. […] Les comètes mêmes, particulièrement soupçonnées d’avoir de méchants desseins et de vouloir s’approcher souvent un peu trop près de la terre, ont prouvé jusqu’à la dernière évidence que le ciel n’est pas plus pur que le fond de leur cœur. […] La terre de feu veut devenir une glacière, et va se peupler d’ours blancs. […] La saison est terminée et une partie de l’aristocratie est rentrée dans ses terres. […] Après une maladie dont l’issue, malheureusement trop certaine, n’était cependant pas aussi prochainement attendue, mademoiselle Rachel vient de mourir dans un petit coin de la terre française, qui est le vestibule de l’Italie

1887. (1925) Proses datées

Le brigantin rencontra aux îles de la Chandeleur une violente bourrasque qui le rejeta vers la baie des Apalaches, et le fit s’échouer sur une ligne de brisants, à une portée de fusil de l’île aux Chiens, sans qu’il fût, pendant trois jours, possible de prendre terre. […] Il savait quelques mots d’espagnol et, après de longs pourparlers, il consentit à conduire les naufragés à la terre ferme, qui n’était pas éloignée mais comme sa pirogue était petite, il devait faire plusieurs trajets et M.  […] Après une pénible navigation de douze heures, ils touchèrent terre. […] Tous deux ont un air de si tranquille sécurité que je n’ai pas hésité à leur confier ce beau fragment de terre émaillée que je leur redemande parfois pour en admirer la magnifique couleur de turquoise morte. […] La coupole est ouverte au sommet pour que la pluie du ciel puisse arroser la tombe, formée d’une longue caisse de marbre rectangulaire pleine de terre, d’une terre aussi desséchée que celle que nous foulons en sortant et sur laquelle nos pas résonnent durement, tandis qu’au ciel durement bleu les dômes surchauffés des turbés voisins se gonflent comme s’ils allaient éclater dans la chaleur silencieuse.

1888. (1896) Les Jeunes, études et portraits

C’est à travers cet enfer médical que va nous guider le brave Canelon, marin naufragé que la tempête et sa mauvaise fortune ont fait échouer sur cette terre d’horreur. […] Certaines époques d’ignorance et de misère sont particulièrement fertiles en légendes : la légende fleurit sur la terre douloureuse du moyen âge. […] … je l’ai trouvée… Je ne crois pas qu’il y ait sur la terre une femme plus belle… » La mort est tout près. […] Il aime la terre italienne. […] Il en est des produits de l’intelligence comme de ceux de la terre : c’est après des périodes infertiles que les champs se couvrent des plus belles moissons.

1889. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Leber et Brunet, on peut répondre sans hésiter : Non, les hommes de la Satyre Ménippée n’étaient point des hommes du lendemain235, et cette œuvre de leur part ne fut point une attaque tardive, ni le coup de pied à ce qui était à terre. […] Si Lucrèce nous rend avec une saveur amère les angoisses des mortels, nul aussi n’a peint plus fermement et plus fièrement que lui la majesté sacrée de la nature, le calme et la sérénité du sage ; à ce titre auguste, le pieux Virgile lui-même, en un passage célèbre, le proclame heureux : Félix qui potuit rerum , etc… Quoi qu’il en soit cependant de l’énigme que le poëte nous propose, et si tant est qu’il y ait vraiment énigme dans son œuvre, c’était aux expressions de trouble et de douleur que s’attachait surtout notre ami ; le livre III, où il est traité à fond de l’âme humaine et de la mort, avait attiré particulièrement son attention ; dans son exemplaire, chaque trait saillant des admirables peintures de la fin est surchargé de coups de crayon et de notes marginales, et il s’arrêtait avec réflexion sur cette dernière et fatale pensée, comme devant l’inévitable perspective : « Que nous ayons vécu peu de jours, ou que nous ayons poussé au-delà d’un siècle, une fois morts, nous n’en sommes pas moins morts pour une éternité ; et celui-là ne sera pas couché moins longtemps désormais, qui a terminé sa vie aujourd’hui même, et celui qui est tombé depuis bien des mois et bien des ans : Mors aeterna tamen nihilominus illa manebit ; Nec minus ille diu jam non erit, ex hodierno Lumine qui finem vitaï fecit, et ille Mensibus atque annis qui multis occidit ante. » Notre ami était donc en train d’attacher ses travaux à des sujets et à des noms déjà éprouvés, et les moins périssables de tous sur cette terre fragile ; il voguait à plein courant dans la vie de l’intelligence ; des pensées plus douces de cœur et d’avenir s’y ajoutaient tout bas, lorsque tout d’un coup il fut saisi d’une indisposition violente, sans siège local bien déterminé, et c’est alors, durant une fièvre orageuse, qu’en deux jours, sans que la science et l’amitié consternées pussent se rendre compte ni avoir prévu, sans aucune cause appréciable suffisante, la vie subitement lui fit faute ; et le vendredi 19 septembre 1845, vers six heures du soir, il était mort quand il ne semblait qu’endormi.

1890. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

L’homme a trois noms : on l’appelle celui qui est fait de terre (homo), celui qui meurt (marta), celui qui pense (manu)183. La lime est « celle qui mesure », le soleil est « celui qui enfante », la terre est « celle qu’on laboure ».

1891. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Quand il vit sa propre vie menacée par les séditions croissantes à Paris, il abandonna enfin le timon qui ne gouvernait déjà plus qu’au gré des tempêtes, et il se réfugia avec sa femme et sa fille dans son château de Coppet, à l’abri de la révolution, sur une terre étrangère. […] L’on pourrait tout au plus s’en décourager pour la France ; mais si ce pays avait le malheur de ne savoir posséder le plus noble des biens, il ne faudrait pas pour cela le proscrire sur la terre.

1892. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

C’est un lieu commun théologique, que le problème du mal est en corrélation avec le dogme de la Providence, qui en fournit la solution : J. de Maistre prend un malin plaisir à exagérer atrocement le règne du mal sur la terre. […] Après un rude hiver et trois mois de fâcheux temps, pendant lesquels on n’a pu faire charrois ni labours, l’année s’ouvre enfin, les travaux reprennent leur cours. » Ses paysans, ses vignerons, amoureux de la terre, laborieux, rudes et simples, ont une sorte de grâce robuste qui évoque l’image des laboureurs attiques de la Paix : et lui-même s’est composé son personnage à demi idéal de vigneron tourangeau, tracassier, processif et bonhomme, d’une façon qui rappelle le talent des logo-graphes athéniens à dessiner les figures de leurs clients.

1893. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Garde une foi modeste en ce mystère D’amour par quoi je suis ta chair et ta raison… Qu’il te soit accordé, dans l’exil de la terre. D’être l’agneau sans cris qui donne sa toison, D’être l’enfant vêtu de lin et d’innocence, D’oublier ton pauvre amour-propre et ton essence, Enfin, de devenir un peu semblable à moi…, Et, pour récompenser ton zèle en ces devoirs Si doux qu’ils sont encor d’ineffables délices, Je te ferai goûter sur terre mes prémices, La paix du cœur, l’amour d’être pauvre, et mes soirs Mystiques, quand l’esprit s’ouvre aux calmes espoirs »..

1894. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Si cette réponse odieusement terre à terre ne vous suffît pas, je me permets de vous renvoyer à un livre récent de M. 

1895. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Je sais que la douleur est la noblesse unique Où, ne mordront jamais la terre et les enfers, Et qu’il faut pour tresser ma couronne mystique Imposer tous les temps et tous les univers. […] Voilà que j’ai touché l’automne des idées, Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

1896. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Est-ce qu’il peut, ce page de génie, capable de tourner la tête de toutes les demoiselles des Trois Cousines de la terre, devenir jamais fort et profond ? […] Les bras de ce géant sont si longs, qu’ils ont embrassé le xixe  siècle comme l’Océan embrasse la Terre, et que rien de ce siècle ne reste à personne.

1897. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

C’est pourquoi notre bâtiment de dedans ne vous apparaîtra point, parce qu’il y a un chérubin à notre porte qui en défend l’entrée avec une épée de feu, c’est-à-dire un anathème de notre mère l’Église… Le chevalier de Sévigné n’entra dans ce cloître, dans cette terre promise, qu’après sa mort37 ; il eut la faveur d’y être enterré.

1898. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Voilà comme il le traite les jours où le malappris s’avise de venir chasser sur ses terres.

1899. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Je reviendrai donc vers mes amis, c’est mon désir, avant d’y être forcé par un excès de malaise et de fatigue… Il ne faut pas, j’en conviens, s’exposer trop à laisser ses os en terre étrangère.

1900. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

L’Hermès aurait exposé le système de la terre, sa formation, l’apparition des animaux et de l’homme, la vie de l’homme primitif avant la constitution des sociétés, le développement des sociétés, politique, moral, religieux, scientifique : en somme, le cinquième livre de Lucrèce, refait, agrandi, développé au moyen de l’Histoire naturelle de Buffon.

1901. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Incapable de maîtriser son essor, il ne peut effleurer la terre du pied sans rebondir aussitôt jusqu’au ciel et se perdre dans la poussière dorée d’un rayon lumineux.

1902. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Vous faites le ciel désert et la terre muette.

1903. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

En considérant la vie de Jean-Jacques, par exemple, quand nous le voyons balbutier et rougir de timidité, souffrir atrocement pendant son séjour aux Charmettes d’une maladie à demi imaginaire, embrasser la terre au moment où, chassé de France, il franchit la frontière suisse, fondre en larmes à tout propos, nous avons une preuve de plus qu’une de ses facultés dominantes et probablement sa faculté maîtresse était bien, comme ses ouvrages nous l’avaient déjà révélé, une sensibilité excessive, et nous redisons sans hésiter le mot que lui adressait le marquis de Mirabeau : « Vous avez l’âme écorchée. » — Tantôt, au contraire, nous découvrons une contradiction entre ce qu’un homme a fait et ce qu’il a dit ou écrit.

1904. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

La France y est malade de nervosisme : elle passe par des alternatives épuisantes de surexcitation et de dépression fébriles ; elle a comme des accès d’épilepsie ; les cerveaux se détraquent aisément ; la folie envahit les palais des puissants de la terre comme les logis des artistes ou des écrivains.

1905. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Il y a les causes majeures, l’attraction du soleil et de la lune ; tout ce qui en dépend peut être expliqué et prédit avec certitude pour une partie quelconque, même inexplorée, de la surface de la terre.

1906. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Quoiqu’ils nous paraissent inférieurs à ceux de l’Angleterre, cette terre classique de la psychologie expérimentale, cependant, comme ils leur ressemblent à beaucoup d’égards, on pouvait souhaiter de voir ces deux courants de recherches, distincts l’un de l’autre, se rencontrer, se mêler et se confondre.

1907. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

L’Allemagne, il ne le cache pas, est une des terres qu’il aime et une des nations qu’il admire.

1908. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Lorsqu’on leur demande comment le cerveau, qui est un organe matériel, peut produire la pensée, c’est-à-dire un phénomène essentiellement immatériel, ils répondent modestement que le comment des choses nous échappe, que nous ne savons pas plus comment le cerveau pense que nous ne savons comment le soleil attire la terre, comment une bille en pousse une autre.

1909. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Le premier pas de la sagesse de nos jours a été de rapporter tout à la culture de la terre ; le second pas qui lui reste à faire, c’est de sentir l’importance de l’éducation publique ou de la culture de l’homme.

1910. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Cet homme n’a vu ni le massacre des innocents par Le Brun, ni le même massacre par Rubens, ni la descente de croix d’Annibal Carrache, ni st Paul prêchant à Athènes par Le Sueur, ni je ne sais quel apôtre ou disciple se déchirant les vêtements sur la poitrine à l’aspect d’un sacrifice païen, ni la Magdeleine essuyant les pieds du sauveur de ses beaux cheveux ; ni la même sainte si voluptueusement étendue à terre dans sa caverne, par Le Corrège, ni une foule de saintes familles plus touchantes, plus belles, plus simples, plus nobles, plus intéressantes les unes que les autres, ni ma vierge du Barroche, tenant sur ses genoux l’enfant Jésus debout et tout nu.

1911. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

En verité, pour braver un consentement si general, pour donner le démenti à tant de siecles passez, et même au nôtre, il faut croire que le monde ne fait que sortir de l’enfance, et que nous sommes la premiere generation d’hommes raisonnables que la terre ait encore portée.

1912. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Ô province, terre bénie des tendresses et des embrassades littéraires !

1913. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Il lui arrive cependant, comme à tout grand poète, d’atteindre à cette partie de l’art et il dira : Et la terre et le fleuve et leur flotte et le port Sont des champs de carnage où triomphe la mort.

1914. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

… Analysez donc cet empire singulier, inachevé et vieux déjà, vous ne trouverez en bas que les hordes des Ivans dont les tentes, fichées dans la terre, ne se lèvent plus et sont des villes, et en haut des individualités européennes qui, par le cerveau de Pierre Ier ou de Catherine II, ont pensé un gouvernement comme l’aurait pensé Montesquieu.

1915. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Ici, le sublime Élégiaque fit monter l’Élégie désolée, cette douleur de la terre, sur les ailes ouvertes de l’aigle lyrique, qui pour la première fois l’emporta jusqu’au ciel !

1916. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Assurément M. de Chalambert est au fond trop historien, il a trop l’instinct de ce qu’il fait pour ne pas avoir compris que ce qui importait plus peut-être que les actes même de la Ligue, c’était son origine, sa nécessité, son droit d’existence, c’étaient enfin les précédents de ce fait nouveau qui se produisait pour la première fois en 1584, contre l’hérédité monarchique dans le pays, naturellement et politiquement, le plus monarchique de la terre.

1917. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Le cœur de l’orgueilleux et voluptueux genre humain cloué avec amour à la croix des esclaves sur laquelle meurt un Dieu, les douze bateliers de Judée prenant la terre entière dans leur miraculeux filet, cette histoire, qui n’avait besoin que d’être racontée, depuis saint Paul jusqu’à Bossuet, pour que ceux qui n’étaient pas chrétiens le devinssent, —  Credo quia absurdum et impossibile !

1918. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

C’est ainsi qu’il a créé, au milieu de toutes les contradictions de l’être humain, la plus divine des harmonies, et qu’en nous donnant des saints comme François de Sales, Barthélemy des Martyrs, sainte Thérèse, sainte Brigitte, sainte Catherine de Sienne, François-Xavier, Louis de Gonzague, Stanislas Kotska, Philippe de Néri, Jean de Dieu, Angèle de Brescia et tant d’autres, il a réalisé, pendant un moment sur la terre, une vraie transposition du ciel !

1919. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Depuis qu’un poète, d’un vrai génie, sans doute, mais dont la grandeur a été mesurée, a laissé tomber contre la Critique, peut-être pour se venger de l’exactitude de sa mesure, le mot courroucé d’impuissance, bien des gens l’ont ramassé par terre, où ils auraient dû le laisser, et ils s’en sont fait une arme contre elle.

1920. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Les Grecs de la Sicile, de la Calabre et de la Campanie, leur donnèrent leurs divinités, leurs fables, leur alphabet et les caractères de leurs lettres ; les Étrusques, leurs superstitions, leurs augures et leurs combats de gladiateurs ; Athènes, Sparte et la Crète, leurs lois des Douze Tables ; des artistes Toscans et Samnites, leurs temples grossiers et leurs dieux de bois ou de terre cuite ; les peuples et les rois qu’ils vainquirent tour à tour, la forme de leurs armes et la manière d’attaquer et de se défendre.

1921. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

« J’aimerais mieux, dit-il, labourer l’arpent de terre que le travail m’a donné, que d’imprimer un mot que je ne penserais pas. » De là un impérieux besoin d’avoir raison. […] Parti en exploration à travers la société contemporaine, il a découvert un pays de formation récente, reconnu « une terre nouvelle qui manquait à la topographie parisienne ». […] Il n’a pas la fantaisie : il ne peut s’enlever de terre. […] Elle crève, la poche à fiel ; ils se répandent à terre, les papiers qui gonflaient le portefeuille de Bixiou ; et ce qu’on y trouve, ce sont des lettres de fillette à son père, des ordonnances de médecin, une mèche de cheveux : cheveux de Céline, coupés le 13 mai. […] Pendant qu’il est occupé à décrire la mort d’un grand de la terre, il songe : « Que le misérable qui meurt à l’hôpital sans asile ni famille, et n’ayant d’autre nom que le numéro de son chevet, accepte la mort comme une délivrance…, cela se comprend.

1922. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Mais vous n’avez pas beaucoup souffert ; vous avez toujours continué à vous dire le peuple le plus spirituel de la terre, le flambeau des nations ! […] Baudelaire, qui « s’est bâti un kiosque bizarre à l’extrémité d’une langue de terre réputée inhabitable à la pointe du Kamtchatka romantique », jusqu’à l’abbé Gratry, qu’il qualifie de Michelet de l’Église, personne n’y échappe. […] Mais les deux époux n’en restent pas moins séparés, malgré la réconciliation apparente ; madame Lavretzky reprend bientôt à Paris sa vie habituelle, et son mari cultive ses terres en Russie. […] Dans ma jeunesse, je voulais escalader le ciel et y trouver Dieu, puis j’ai rêvé le bien du genre humain, celui de la patrie, puis je me suis résigné à m’arranger une vie d’intérieur, et voilà qu’une vile taupinière m’a jeté par terre ; que dis-je ? […] » Si « l’infection du réalisme et de la photographie » s’est installée sur la terre, c’est selon lui, pour qu’il reste des portraits ressemblants de ces hommes.

1923. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Oui, il y avait sur notre terre deux forces adverses, l’une qu’on a nommé l’esprit gaulois, l’autre qu’il faut nommer l’esprit frank. […] Il n’existe pas, sur la terre des vivants, un seul être qui serait en droit d’adresser à Auguste Vacquerie un reproche. […] et dans l’œuvre de Léon Dierx on se sent dépaysé comme on le serait dans une contrée qui, sans cesser de ressembler à la terre, serait pourtant l’infini. […] Et la médaille austère Que trouve un laboureur         Sous terre, Révèle un empereur. […] Il y a cette redoutable netteté de notre langue, il y a cette terrible précision de la langue française, qui ne s’oppose pas au rêve, mais qui exige que ce rêve ait touché terre avant de s’élancer en plein ciel.

1924. (1890) Dramaturges et romanciers

Tous ses personnages appartiennent à ces classes flottantes de la société, suspendues entre ciel et terre, si nombreuses dans notre moderne civilisation, flibustiers de terre ferme, forbans des rues et des boulevards, trappeurs des savanes immenses de la crédulité et de la bêtise. […] Toutes les fleurs de la terre seront cueillies pour l’ornement du vice, et la vertu devra se contenter des herbes maussades qui sont l’emblème de la patience, de la routine et de l’ennui ! […] L’amour révèle la beauté, mais ce n’est pas lui qui l’a créée ; la beauté est un don gratuit des dieux à la terre. […] Peu importe qu’il n’égale pas les splendeurs créées par ses devanciers, pourvu qu’il découvre à son tour des terres nouvelles. […] On sent qu’il a poussé dans l’esprit de l’auteur comme une sorte de plante de terre chaude, par les procédés ingénieux d’une savante horticulture littéraire.

1925. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Les généralités scientifiques doivent remonter des particularités aux principes ; et les principes sont d’autant plus stables qu’ils s’appuient sur des détails plus profonds, de même qu’un pieu est d’autant plus solide qu’il est enfoncé plus avant dans la terre. […] On peut dire, pour se représenter le ’phénomène à l’esprit, que les corps tombent comme s’il y avait une force d’attraction qui les sollicite vers le centre de la terre, quasi esset attractio. […] Les corps et les êtres qui sont à la surface de notre terre expriment le rapport harmonieux des conditions cosmiques de notre planète et de notre atmosphère avec les êtres et les phénomènes dont elles permettent l’existence. […] Dans le milieu cosmique extérieur, les variations de température constituent les saisons qui ne sont en réalité caractérisées que par la variation des manifestations de la vie animale ou végétale à la surface de la terre. […] En parlant dans le même sens, un géologue ou un minéralogiste pourraient dire que la physique et la chimie ne sont que des démembrements de la géologie et de la minéralogie qui comprennent la connaissance générale de la terre et des minéraux.

1926. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il eut par la suite plus d’un imitateur ; mais s’il attaquait un adversaire alors plein de vie et redoutable, Les Héros de roman, dont Boileau ne prépara la publication qu’en 1710, n’étaient plus guère qu’un coup porté à un ennemi à terre. […] Le portier fit pendant quelque temps la meilleure contenance, mais à la fin, contraint de céder au nombre, il jeta son épée à terre en criant miséricorde. […] C’était un fort bel esprit, que le Roi même honorait de son estime, et dont toute la terre a ouï parler. […] Ayant un jour loué une brouette pour se faire rouler au spectacle, pressé d’arriver et contrarié de la marche du conducteur, trop lent pour son impatience, il mit pied à terre et vint l’aider à pousser la voiture. […] Le religieux pria qu’on le mît à terre.

1927. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Un matin, en effet, il était venu trouver Piron et, après quelque préambule, lui avait déclaré que, de tous côtés, on lui coupait les vivres, qu’il n’y avait plus de nouveautés, qu’il ne savait plus, en sa qualité de critique, à qui se prendre ni où tirer un coup de fusil ; qu’il lui demandait de ne pas trouver mauvais qu’il chassât quelquefois sur ses terres. […] « Il passait cependant pour un bonhomme, nous dit Condorcet, parce qu’il était paresseux, et que, n’ayant aucune dignité dans le caractère, il n’offensait pas l’amour-propre des gens du monde. » Le lendemain donc, le dîner a lieu ; en voici la relation et le bulletin tout au long, car c’est une victoire, et Piron entonne son propre Te Deum : « Chantez tous ma gloire et commencez ainsi le psaume : Je chante le vainqueur du vainqueur de la terre, Binbin qui mit à bas l’invincible Voltaire. […] Une escalade en fit l’affaire : il fut emporté, profané, ravagé, mis sens dessus dessous, à ras de terre, et ne fut plus qu’un emplacement où le conquérant fit ériger sa statue.

1928. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Sieyès en sortira destitué et consolé par une munificence nationale honorifique de la terre de Crosne, récompense de ses silences et compensation de ses chimères. […] Il était mort à l’âge de quarante-sept ans, après avoir gouverné son pays, pendant plus de vingt années, avec autant de pouvoir qu’on en peut exercer dans une monarchie absolue ; et cependant il vivait dans un pays libre, il ne jouissait pas de la faveur de son roi, il avait à conquérir les suffrages de l’assemblée la plus indépendante de la terre ! […] Il usa et abusa des forces de l’Angleterre, mais elle était le second pays de la terre quand il mourut, et le premier huit ans après sa mort.

1929. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Virgile nous fait compatir aux terreurs de la nature, à l’approche des grandes tempêtes ; au plaisir de la terre rafraîchie, quand Jupiter y fait descendre les pluies printanières ; aux travaux de l’abeille ; aux souffrances de la vigne, dont le fer abat les branches luxuriantes ; aux jeunes taureaux rendant leurs âmes innocentes auprès de la crèche pleine d’herbes ; à l’oiseau pour qui les airs mêmes ne sont plus un sûr asile, et que la peste atteint jusque dans la nue. […] Mais c’est pour mon courage une illustre matière ; Je vois d’un œil content trembler la terre entière, Afin que par moi seul les mortels secourus, S’ils sont libres, le soient de la main de Porus11. […] Alexandre imite cet enthousiasme sublime de l’amour heureux dans ces paroles à Cléofile, moins connue que Chimène : Par des faits tout nouveaux je m’en vais vous apprendre Tout ce que peut l’amour dans le cœur d’Alexandre : Maintenant que mon bras, engagé sous vos lois, Doit soutenir mon nom et le vôtre à la fois, J’irai rendre fameux, par l’éclat de la guerre, Des peuples inconnus au reste de la terre, Et vous faire dresser des autels en des lieux Où leurs sauvages mains en refusent aux dieux13.

1930. (1925) La fin de l’art

Tandis qu’une mine d’or, une ligne de chemin de fer, une usine d’irrigation travaillent, produisent pour l’humanité tout entière qui a besoin d’or, besoin de transports, besoin du blé que produit la terre fécondée. […] La pipe On a trouvé dans des tombeaux romains, celtiques, barbares des pipes en bronze, en fer, en terre et toutes semblables aux nôtres, à celles d’un sou. […] On peut dire de la terre, de la France même, ce qu’on a dit de l’art.

1931. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

C’est l’unité qu’il cherche lui aussi, comme tous les philosophes, mais non cette unité mesquine, factice, étroite, du petit système intolérant et exclusif : il creuse assez profond pour trouver l’Unité vraie, celle qui, dans l’immensité de son sein, nourrit en paix les contraires eux-mêmes, comme la terre porte ses pôles, unis par les milliers de lieues qui les séparent. » Joseph Serre, Au Large, p. 107. […] Il s’éleva, un vent furieux et puissant à renverser les montagnes, à briser les rochers devant lui, mais l’Éternel ne fut pas dans ce vent ; après le vent ce fut un tremblement de terre, mais l’Éternel ne fut pas dans ce tremblement de terre ; alors ce fut le feu ; mais l’Éternel n’était pas dans ce feu.

1932. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Qui pouvait les attacher si fortement à leurs chaumières, à leurs granges, à leurs troupeaux, à quelques terres usurpées sur leurs voisins ? […] Sévère en juge autrement ; il ne peut s’empêcher d’admirer ce noble enthousiasme qui élève un homme au-dessus de la nature et de l’humanité, qui lui fait dédaigner ce qu’il y a de plus enchanteur et de plus précieux sur la terre. […] Il ne faut sans doute persécuter personne pour les opinions religieuses, tant qu’elles ne sont point manifestées et ne troublent point l’ordre public : la loi ne peut avoir d’empire sur les consciences ; elle n’a droit que sur les actes extérieurs : les théologiens n’ont jamais pu soutenir le contraire sans outrager et contredire l’Évangile ; mais il n’est pas moins vrai qu’il est très heureux pour une république que tous les citoyens soient réunis par le même culte comme par la même constitution, qu’ils aient tous le même dieu comme le même chef, que leur morale soit sanctionnée par les mêmes dogmes, et qu’ils soient tous persuadés que leur religion n’est pas une mode, un usage du pays, mais l’expression de la volonté divine, mais une loi universelle et sacrée, émanée du ciel pour le bonheur et le salut de la terre. […] C’est le ton qui convient à un courtisan qui ne connaît d’autre temple que la cour, d’autre religion que le culte du prince ; mais cette distinction entre le service de Dieu et le service du monarque est en elle-même insensée, absurde et contradictoire : car le service du monarque est appuyé et fondé sur le service de Dieu ; le monarque est sacré pour les peuples, parce qu’il est pour eux l’image de Dieu sur la terre ; s’ils ne servent pas bien Dieu, ils serviront mal le monarque. […] C’est en vain que Corneille eût réuni la majesté du raisonnement et la force des vers ; si ses raisonnements et ses vers avaient été dénués de l’agrément du sujet, ils eussent produit le même effet que de bon grain semé dans une mauvaise terre.

1933. (1908) Après le naturalisme

Ne voilà-t-il pas les fondements de la Vie et si l’erreur les vicie, ne sera-t-il pas, cet homme, condamné à vivre sur terre une vie mauvaise, à côté de la vraie vie de justice et de vérité qui seule accorde les véritables joies. […] Nous reprenons aujourd’hui contact avec la terre dont nous avaient détachés les religions et les systèmes métaphysiques. […] Au surplus, il y sera beaucoup aidé ; rien à la surface de la terre ne restant ignoré, grâce aux communications établies partout et devenues presque instantanées. […] Le moyen était bon de la mettre en valeur, et, ne l’oublions pas, il concordait trop avec leur arrière-pensée que tout était bien ainsi réglé sur cette terre, puisqu’ils se trouvaient les bénéficiaires d’une grande partie des jouissances temporelles.

1934. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il en a une qui ordonne l’oubli des injures et une autre qui veut qu’on se venge, il en a une qui prescrit de ne point s’attacher aux biens de la terre, et une autre qui lui impose d’en acquérir le plus qu’il pourra. […] Il semble que si un être doit arriver quelque part à un état social très supérieur — peut-être cela s’est-il produit, mais nous n’en savons rien — ce ne sera pas l’homme et ce ne sera pas sur cette terre.

1935. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Cette ville de Bayreuth, où est enterré Jean-Paulbe ressemble, au premier coup d’œil, à une des petites cités industrielles qui se trouvent au nord de l’Angleterre, sur cette langue de terre qui voisine l’Ecosse et qu’on appelle le border : de hautes cheminées d’usine, de la fumée dans le ciel et de la brume, pour tout horizon des bois sombres sur des collines basses. […] Et me voici arrivé au sommet du Nébo, d’où l’œil découvre la vraie terre promise du « motif de réminiscence » : le domaine de l’Opéra.

1936. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Si le piédestal n’est pas de granit, la statue tombera le nez en terre. […] Lorsqu’après plus de soixante ans on voit cet attardé reprendre par terre, où elles étaient tombées, toutes les impiétés de Voltaire, on ne craint pas, malgré le talent dont il abuse, de lui dire sur la tête qu’il est un esprit inférieur.

1937. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

si jamais on aima sur la terre.

1938. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Bossuet n’est que le plus magnifique des vaisseaux de haut bord, voguant à toutes voiles, naviguant à fleur d’eau ; et les tempêtes elles-mêmes, en le précipitant jusqu’aux abîmes, ou en le portant tout d’un coup jusqu’au ciel, ne le lanceront dans aucun Océan inconnu, ne lui feront découvrir aucune nouvelle terre.

1939. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Il a remarqué aussi que, pour l’agriculture, ce qui a été considéré politiquement comme une des conquêtes de 1789, l’extrême division des propriétés, due à la loi des successions et au partage égal entre les enfants, a eu en certaines contrées des effets funestes pour la meilleure exploitation des terres, et peut-être pour la condition des petits propriétaires eux-mêmes.

1940. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Son espérance blessée, mais patiente, s’est réfugiée aux perspectives d’un avenir social, terre promise que tant de voix de poëtes aiment à saluer.

1941. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Son père, procureur du Roi à Hesdin, assista à sa profession ; la veille, il lui avoit donné les avis salutaires qu’un père respectable pouvoit donner à un fils : il lui tint ce propos entre autres, en présence de la Communauté de Saint-Wandrille, si je ne me trompe, que s’il manquoit de son vivant aux engagements qu’il étoit parfaitement libre de contracter ou de ne pas contracter, il le chercheroit par toute la terre pour lui brûler la cervelle.

1942. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Mais bientôt cette dernière diversion cessa ; et dès lors, durant les mois et les semaines du rapide déclin, il n’y aurait plus à noter que les délicatesses de son âme toujours ouverte et sensible à tout, les soins tendrement ingénieux d’une admirable épouse, la sollicitude unanime de tout ce qui l’approchait, jusqu’à ce qu’enfin à son tour, accompagné de la cité tout entière qui lui faisait cortége, ce qui restait de lui sur la terre s’achemina, le 11 juin, vers cette dernière allée de grands hêtres qui mènent au Champ du repos .

1943. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Et là encore, en présence de tous ces gens d’esprit qui sortaient à chaque instant de terre, dont quelques-uns sortaient même de l’Université, non sans y avoir essuyé auparavant vos hauteurs et vos refus, et qui, armés désormais en guerre, ne vous laissaient paix ni trêve, ne vous épargnaient pas chaque matin les vérités piquantes et parfois les conseils sensés, vous aviez votre grand mot pour toute réponse : « Nous sommes forts ; nous avons pour nous les gros bataillons du suffrage universel ; ces plumes, plus ou moins fines et légères, s’y brisent, et ne les effleurent même pas ; quelques piqûres, quelques escarmouches tout au plus, qu’est-ce que cela nous fait ?

1944. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

« La figure était couleur de terre, les lèvres boursouflées et sèches, la langue ridée ; la peau rugueuse…, les yeux agrandis et liquoreux qui brûlaient d’un éclat fébrile dans cette tête de squelette hérissée de poils.

1945. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Il remet cet homme sur pied, en pleine réalité, il le rattache par tous les côtés à la terre, selon son expression ; il suit dans son origine, dans son éducation, dans ses fréquentations, dans toute sa vie intime et domestique, la formation, les agrandissements, les abaissements du caractère et de l’esprit.

1946. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

L’impression qui se dégage de ses livres est plus forte que toutes les professions de foi de l’écrivain. « L’homme, lisons-nous dans l’Imitation, s’élève au-dessus de la terre sur deux ailes : la simplicité et la pureté. » Ces deux ailes manquent étrangement à l’auteur d’Une vieille maîtresse.

1947. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Il en est d’elle comme du ciel pour la terre, il est dessous et dessus, tout autour.

1948. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Vous devez vous attendre aussi à vous voir bannir de notre terre d’anarchie et d’ignorance, et il manquera à votre exil le triomphe que

1949. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Après les grandes rêveries de Lamartine et de Musset devant la femme, après leurs généreuses confusions du monde et de la divinité au sein de l’amante, le poète de la Bonne Chanson nous a ramenés sur la terre, dans la tiède atmosphère des vivants, parmi des fleurs familières et mortelles.

1950. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Alors il pria la face contre terre.

1951. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

« Une nuit qu’il était couché dans la garde-robe de son maître avec le sieur de la Fosse, il lui dît à plusieurs reprises : Notre maître est un ladre verd, et le plus ingrat mortel qu’il y ait sur la surface de la terre.

1952. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Nous apprenons, à l’acte suivant, que Clara Vignot doit ses cinq cent mille francs, et la terre de Boisceny, dont son fils porte le nom, à ce personnage élégiaque.

1953. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Il était venu un matin à l’Arsenal pour voir des canons ; elle sortait pour aller à la messe aux Célestins : Il me reconnut, dit-elle, à ma livrée, mit pied à terre et me mena à la messe, et l’entendit avec moi.

1954. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

La terre est leur lit redoutable.

1955. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

« Le cerveau et le crâne sont étroits et pointus quand l’animal fouilleur doit se servir de son front et de son museau pour creuser la terre ; larges, au contraire, quand il lui faut pour se nourrir, pour voir et pour entendre, une large bouche, de vastes yeux, de vastes oreilles, entraînant le reste du crâne dans le sens bilatéral, développés en arrière, hérissés de crêtes osseuses, lorsque les exigences de l’équilibre ou celles du mouvement nécessitent elles-mêmes une telle forme. » Ajoutons, d’ailleurs, qu’il est difficile de comprendre à priori, comme le fait remarquer avec justesse M. 

1956. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Interdire tel ou tel système anatomique au nom d’une doctrine philosophique, ce serait raisonner comme les théologiens du moyen âge, qui condamnaient le mouvement de la terre au nom de la révélation.

1957. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

L’Amour, descendu sur la terre pour fuir une correction maternelle, s’attache successivement à différents types, destinés, dans la pensée de l’auteur, à attester la dépravation des sentiments et l’avilissement des cœurs de son siècle : une pédante, Polymathie-Armande ; une prude, Archelaïde-Arsinoë ; une coquette, Polyphile-Célimène ; Landore, une sotte ; Polione, une courtisane, etc., etc.

1958. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

L’auteur, qui n’écrit pas l’histoire d’un siècle, quoiqu’il en traverse plusieurs, mais qui, comme on dit maintenant, écrit celle d’une, idée, s’arrête à cet édit de Nantes qui forme une histoire de cette idée, en réalisant par Henri IV, que du moins il ne grandit pas, la politique de ce Michel de l’Hôpital, grandi outre mesure et qui doit éprouver de grands malaises de modestie, dans le fond de sa tombe, s’il peut s’y douter d’avoir sur terre un tel historien.

1959. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Un critique très fin (M. de Feletz) n’a-t-il pas prétendu, avec de très piquantes raisons à l’appui de sa prétention, que celui-là que toute la terre appelle le bonhomme avait naturellement la scélératesse des plus ténébreuses combinaisons, et qu’importe, du reste, pour le résultat !

1960. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Cette Correspondance de Madame Récamier fait descendre la Déesse de son nuage et la met à pied sur la terre.

1961. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Un critique très-fin (M. de Feletz) n’a-t-il pas prétendu, avec de très-piquantes raisons à l’appui de sa prétention, que celui-là, que toute la terre appelle le bonhomme, avait littérairement la scélératesse des plus ténébreuses combinaisons ; et qu’importe, du reste, pour le résultat !

1962. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

» Et il relut les passages suivants : L’harmonie admirable qui règne sur la terre et dans les cieux force la raison à reconnaître une intelligence suprême qui a tout disposé avec une souveraine sagesse.

1963. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Ils arrachaient l’homme à la terre et le jetaient en pleine métaphysique. » On voit ici que M. 

1964. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Mais les diverses langues des habitans de la terre sont bien éloignées de cette utile régularité : il y en a cependant qui en approchent plus que les autres. […] Les Romains qui furent laboureurs dès qu’ils furent en société politique, regarderent la terre & ses parties comme autant de meres qui nourrissoient les hommes. […] Duché & Comté n’ont pas des différences si marquées ni si certaines dans les deux genres ; mais il est vraissemblable qu’ils les ont eues, & peut-être au masculin exprimoient-ils le titre, & au féminin, la terre qui en étoit décorée. […] De-là la possibilité & l’origine des différentes langues qui ont été, qui sont, & qui seront parlees sur la terre. […] Il y a dans les diverses langues de la terre mille variétés semblables, suites naturelles de la liberté de l’usage, décidé quelquefois par le génie propre de chaque idiome, & quelquefois par le simple hasard ou le pur caprice.

1965. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

— On parlait un jour de fermage, d’aménagement de terres ; il disait qu’il allait partir pour les siennes : Ballanche lui demanda s’il s’y entendait : « Comment si je m’y entends, mon cher ami ! […] Il me faisait l’effet de Robinson Crusoé lorsqu’il veut faire des vases de terre à l’épreuve du feu, et qu’il s’aperçoit tout-à-coup que le vernis leur est venu à force de chaleur, par la fonte du gravier qui était mêlé à l’argile et qui a sué à travers les pores : c’est ainsi qu’un jour le vernis s’est trouvé venu à son style et à sa parole par l’excès de chaleur qu’il y mettait. » — En effet, en 1829, on disait du style de Guizot qu’il était pâteux. […] Quelqu’un a raconté qu’il était dans sa terre, qu’il avait demandé un port d’armes, un permis de chasse, et qu’on le lui avait refusé. […] Il ne voulait pas perdre ni laisser tomber à terre une seule des miettes de son esprit.

1966. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Or aujourd’hui que périssent et s’écroulent les religions spiritualistes, c’est à nous de ressusciter de nouvelles pompes poétiques, de célébrer, par de nouvelles paraboles et de nouvelles métaphores, la religion future : le culte de la terre et de la vie. […] Il nous suffit que le vrai Dieu, le Dieu Soleil Répande sur la terre rude en tous les âges La lumière des faulx parmi les champs vermeils, Dicte aux hommes futurs la loi des labourages, Sous les vignes tordues accroche des raisins, Mette des cris d’agneaux au fond des bergeries, Fasse monter les blés et tourner les moulins, Et luire les pains clairs dans les boulangeries… Je pense que de pareils poèmes méritent la plus belle fortune. […] Dans un accès de désespoir, il quitte sa famille, sa terre, il veut changer de destin, il laisse la villa sans maître. […] Au fond de nous-mêmes, nous rêvons d’être des Ancêtres, nous voudrions que quelque chose datât de notre présence sur la terre.

1967. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Mais la Grèce antique, déjà fort civilisée, et tard venue dans l’humaine évolution, a été la terre privilégiée des lettres. […] Et, comme mon vénérable conseiller ajoutait, en façon d’argument a posteriori, que son crayon tomberait à terre, s’il l’en laissait libre, et comme effectivement son crayon tomba, je reconnus avec certitude que l’ordre des choses dans l’univers devait être immuable, pour rendre possibles, à chaque moment, de telles prévisions. […] Le soleil fut loué de tourner immuablement autour de la terre, puis la terre autour du soleil, en attendant qu’on se remette à faire tourner de nouveau le soleil, ce qui, raisonnablement, ne saurait tarder. […] Voilà pourquoi le soleil a tourné autour de la terre, et pourquoi c’est lui maintenant qui reste immobile. […] « Il y a plus de choses au ciel et sur la terre que n’en explique notre philosophie » : cette fameuse phrase de Shakespeare a été répétée à M. 

1968. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

On dit bien qu’un vrai dessinateur doit être capable de croquer au vol, avant qu’il ait touché terre, le couvreur qui tombe du toit. […] Sans doute, c’est le paysan de France que l’artiste a voulu représenter, mais c’est aussi l’homme de tous les temps courbé vers la terre, l’immortel Adam ». […] Mais quel délire, quel sursaut d’orgueil quand le grès prend enfin le ton voulu, quand l’émail blanc recouvre enfin la terre opaque de son vernis translucide ! […] L’art religieux, qui prétend représenter les choses du ciel, est-il inférieur ou supérieur à l’art purement esthétique, qui s’en tient aux choses de la terre ? […] La terre est vaste.

1969. (1910) Rousseau contre Molière

Tantôt George Dandin se plaint de son infortune à ses beau-père et belle-mère, et à Angélique elle-même, et à toute la terre ; tantôt il reconnaît, déclare et proclame qu’elle est naturelle, méritée et qu’il n’y a rien à dire : « Tu l’as voulu, George Dandin Ah ! […] Mon nom qu’incessamment toute la terre adore Etouffe ici les bruits qui pouvaient éclater. […] Molière pourrait seulement répondre qu’on lui en demande plus qu’il ne faut ; peut-être aussi que, par certaines exagérations, on ramène les auteurs à un degré assez bas et qu’à force de n’être pas satisfait des plus hautes cimes où ils s’élèvent, non seulement on les décourage de s’y hausser, mais on les encourage à rester très terre à terre. […] De quoi se mêle-t-il d’être vertueux et de vouloir ramener la vertu sur la terre ? […] Leur dignité est d’être ignorées, leur gloire est dans l’estime de leur mari… Toute fille lettrée restera fille toute sa vie, quand il n’y aura que des hommes sensés sur la terre.

1970. (1774) Correspondance générale

Vous n’avez pas encore, comme Miltiade, battu sur mer et sur terre le grand monarque de l’Asie ; vous n’avez ni les vertus guerrières, ni les vertus civiles de Cimon. […] Dès qu’ils ont tourné des regards menaçants contre la majesté du ciel, ils ne manqueront pas le moment d’après de les diriger contre la souveraineté de la terre. […] Pour elle, il lui est impossible d’aller autrement que par terre ; elle a cinquante-cinq ans ; elle commence à devenir vieillotte ; sa santé a beaucoup souffert de la continuité de ses travaux. […] » Je ne mourrai pas sans avoir imprimé sur la terre quelques traces que le temps n’effacera pas ! […] Histoire des navigations aux terres australes.

1971. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Deux idées avaient soulevé le moyen âge hors de l’informe barbarie : l’une religieuse, qui avait dressé les gigantesques cathédrales et arraché du sol les populations pour les pousser sur la Terre sainte ; l’autre séculière, qui avait bâti les forteresses féodales et planté l’homme de cœur debout et armé sur son domaine ; l’une qui avait produit le héros aventureux, l’autre qui avait produit le moine mystique ; l’une qui est la croyance en Dieu, l’autre qui est la croyance en soi. […] Null passe-temps plus joli : il s’agit d’une rose que l’amant veut cueillir, on devine bien laquelle ; les peintures du mois de mai, des bosquets, de la terre parée, des haies reverdies, foisonnent et fleuronnent. […] j’ai été son purgatoire sur terre, c’est pourquoi j’espère que son âme est dans la gloire ! 

1972. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

« Saint-Germain, remarque-t-il, offrait à Louis XIV une ville toute faite et que sa position entretenait par elle-même. » Il l’abandonna pour Versailles, le « plus triste et le plus ingrat de tous lieux, sans vue, sans bois, sans eau, sans terre, parce que tout y est sable mouvant ou marécage ; il se plut à y tyranniser la nature, à la dompter à force d’art et de trésors. […] « Sans bois » : il en fit planter, qui font de Versailles un des plus beaux lieux du monde. « Sans eau » : il en fit venir par-dessus les montagnes, en suscitant les inventions de la science. « Sans terre » : il répandit la terre et la végétation sur ce sable mouvant et sur ces marécages.

1973. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

On ne sait quel amour instinctif des collines de Florence empêchait Machiavel d’abandonner cette terre ingrate ; cet amour lui coûta l’aisance et le repos. […] Les Génois, aussi bien que les Pisans, ne sont pas des Italiens de Rome ; ce sont des Liguriens, des Vénètes, des Étrusques, des Esclavons, des pirates de terre ferme devenus des peuples.

1974. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Des écorces de bouleaux pâlissaient çà et là, des clartés molles coulaient par terre ; des cimes, des couronnes de ramures fines et poussiéreuses, paraissaient des bouquets de marabouts. […] MM. de Goncourt écriront donc : « Elle se mit à regarder, dans l’obscurité pieuse, des agenouillements de femmes, leur châle sur la tête…, des vautrements de paysans enfonçant de leurs coudes la paille des chaises…, un prosternement général…, des prières de jupes de soie et de jupes d’indienne côte à côte couchant presque leurs génuflexions par terre…40 » — Ils écriront, toujours dans le même système : « Cette sculpture des poses, des lassitudes, des absorptions… Le tableau la frappa surtout des confessions élancées de femmes qui, debout…41 » — «… Des adorations d’hommes et de femmes à quatre pattes…42 » — « Et je ne voyais qu’une sauvage et toute brute idolâtrie, un peu de la ruée de l’Inde sous une idole de Jaggernat43. » — « Un mur de colère, gâché de couleurs redoutables, plaquait au fond l’avalanche et le précipitement des damnés…44 » — « Sur l’escalier se faisait l’ascension lente et balancée, la montée sculpturale des Romaines…45 » — « Leurs femmes étaient là… immobilisées… dans un arrêt qui hanchait 46. » Notons, pour finir, l’emploi presque continuel, dans le récit, de l’imparfait au lieu du passé défini, l’imparfait ayant quelque chose d’indéterminé et prolongeant l’action pour nous permettre de la mieux voir et de la suivre.

1975. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

À cet horizon, où le ciel et la terre se confondent, l’homme était dieu et le dieu était homme. […] La terre tournait avant Copernic, bien qu’on la crût immobile.

1976. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Niera-t-on aussi la possibilité de prévoir une éclipse de soleil, parce que ce serait se donner d’avance toutes les conditions, y compris l’intercalation de la lune entre le soleil et la terre, qui ne sera donnée qu’au moment même de l’éclipse ? […] Mais la même éclipse ne revient pas plus que la même action ; jamais le soleil, ni la terre, ni la lune ne sont aux mêmes points de l’espace dans des conditions absolument identiques.

1977. (1914) Boulevard et coulisses

De tous les points de la terre on venait y ramasser de l’or. […] Ce fut comme une grande lame de fond qui balaya tout, ou comme un énorme festin interrompu soudain par un tremblement de terre.

1978. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Richer, malgré la foiblesse de sa poésie, qui est toujours terre à terre & d’une imagination d’ailleurs peu riante, Richer a plus approché de la Fontaine que tous ses prédécesseurs ; il a donné, comme lui, douze livres de fables.

1979. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

C’est ainsi que l’avare combinera tout en vue du gain, et que le faux dévot, en affectant de ne regarder que le ciel, manœuvrera le plus habilement possible sur la terre. […] Et si la terre était un être vivant, comme le voulait la mythologie, elle aimerait peut-être, tout en se reposant, rêver à ces explosions brusques où tout à coup elle se ressaisit dans ce qu’elle a de plus profond.

1980. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

De même pour l’immortalité et pour l’avenir des destinées humaines : rendant compte, dans son Éloge de Buffon, des Époques de la nature et rappelant l’hypothèse finale du grand naturaliste lorsqu’il peint la lune déjà refroidie et lorsqu’il menace la terre de la perte de sa chaleur et de la destruction de ses habitants : Je demande, s’écrie-t-il, si cette image lugubre et sombre, si cette fin de tout souvenir, de toute pensée, si cet éternel silence n’offrent pas quelque chose d’effrayant à l’esprit ; je demande si le désir des succès et des triomphes, si le dévouement à l’étude, si le zèle du patriotisme, si la vertu même, qui s’appuie si souvent sur l’amour de la gloire, si toutes ces passions, dont les vœux sont sans limites, n’ont pas besoin d’un avenir sans bornes ?

1981. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

si ton amour enseveli ne me dit pas qu’il m’entend, quelle voix puis-je attendre de la terre ?

1982. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

La société m’importune, la solitude m’accable… Je me précipite sur cette terre qui devrait s’entrouvrir pour m’engloutir à jamais… Je me traîne vers cette colline d’où l’on aperçoit votre maison, je reste là les yeux fixés sur cette retraite que je n’habiterai jamais avec vous. » Et cette maison, cette retraite tant convoitée, tant regardée, et qui lui paraît offrir de si enviables perspectives de bonheur, il n’en retrace pour lui ni pour nous aucun trait distinct et reconnaissable, il ne nous la montre pas.

1983. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Ma destinée à moi, tout entière, consiste peut-être à faire qu’il reste quelque trace sur cette terre de votre noble existence.

1984. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Le 24 décembre 1813, « jour de funeste mémoire », les coalisés passent le Rhin ; l’Empire est envahi : il faut recommencer une campagne d’hiver et en terre de France.

1985. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Le pauvre volontaire, en se traînant, s’arrête où il se trouve, s’affaisse sur la terre et meurt.

1986. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

« L’homme de goût, disait Rivarol, a reçu vingt blessures avant d’en faire une. » Quant à M. de Laprade, qui n’aime pas les gens de goût, sa plus grande peur est du côté de la raillerie ; il lui assigne une origine mystique, diabolique : « Le doute et la raillerie, dit-il, sont aussi anciens sur la terre que les premières paroles du serpent. » Il trace de l’ironie une histoire emphatique et qui n’est pas gaie du tout.

1987. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Je ne sais comment cela se fait, mais je ne vois autour de moi, depuis quelques jours, que Contes de Perrault ; j’en ai sous les yeux de toutes les formes et de toutes les dimensions ; il en sort de terre à cette époque de l’année.

1988. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Galilée a été traité avec égard dans son martyre ; il n’a pas été plongé dans un cachot, il n’a pas été soumis à la question rigoureuse ni à la torture pour avoir soutenu et prouvé que la terre tourne : que demandez-vous de mieux ?

1989. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Comment, moi, pour qui la civilisation et la barbarie sont des choses d’importance, comment aurais-je pu haïr une nation qui est une des plus civilisées de la terre, et à qui je dois une si grande part de mon propre développement ?

1990. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Notre-Dame Que ce soit sous terre et sans voix !

1991. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Colbert m’écrivit, de son propre mouvement, que le roi trouverait bon que j’exemptasse de logement la terre de Négrepelisse, qui était la seule que possédât M. de Turenne, qui avait bien mérité cette distinction.

1992. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Rien ne régale, ni les trésors que la terre renferme en son sein, ni ceux que la mer recèle en ses abîmes.

1993. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Elles sont adressées à M. de Préfontaine, frère de l’abbé Le Roi, et qui avait été secrétaire des commandements de Mademoiselle de Montpensier : alors retire du monde, il habitait dans sa terre de Fresne, près Montoire, dans le Vendômois.

1994. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Sur l’observation de Rochambeau, que le péril était surtout pour les quartiers de gauche et que le prince Henri ne pouvait guère s’éloigner de la Saxe, le comte de Clermont répondit : « Il faut toujours remuer de la terre, cela en imposera à l’ennemi. » — « Je partis donc pour ma destination, nous dit Rochambeau, après une réponse aussi lumineuse. » Mais bientôt l’attaque rapide se dessina vers les quartiers de gauche, où les princes de Brunswick portaient leur effort.

1995. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Mille petits pots, en terre rouge ou brune, ne seront que des petits pots, quelques-uns avec des bonshommes dessus : le mille et unième sera précieux pour l’histoire de l’art ou des religions, complétera pour nous le sens d’un mythe, nous fera mieux connaître l’âme des anciens hommes.

1996. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

(Cette commodité ne garantit d’ailleurs pas la justesse : il fut longtemps de clarté indiscutable que le soleil tournait autour de la terre.)

1997. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Idéaliste, c’est-à-dire ne distinguant pas l’esprit et la matière, Jésus, la bouche armée de son glaive à deux tranchants, selon l’image de l’Apocalypse, ne rassura jamais complètement les puissances de la terre.

1998. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

La conclusion et le but où il en fallait venir est que, le cardinal Mazarin étant incompatible avec cet âge d’or et ce règne de la Justice sur la terre, « il sera incessamment poursuivi jusques à ce qu’il soit mis entre les mains de la justice pour être publiquement et exemplairement exécuté ».

1999. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Il montre dans l’ensemble de sa conduite un exemple de plus de cette fermeté inébranlable et douce, de cette inflexible douceur 47 qui caractérise la lutte de certaines natures ecclésiastiques contre les potentats de la terre.

2000. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Sans cette représentation d’identité, il serait effectivement taillé en pièces par la hache toujours retombante des résistances extérieures : il serait coupé en mille petits morceaux discontinus, comme le ver de terre dont on divise les tronçons sur le sol.

2001. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

C’est alors qu’il s’écriait : France, ô belle contrée, ô terre généreuse, Que les dieux complaisants firent pour être heureuse… alors qu’il déroulait, à la suite de cet exorde, toutes les richesses de notre sol, depuis le blé jusqu’à la vigne, tous les utiles ornements de nos contrées, depuis les forêts jusqu’aux fleuves, tous ces dons visibles, tous ces biens manifestes que l’Abondance, comme la nymphe antique, lui semblait verser d’une main sans lassitude et d’une coupe inépuisable.

2002. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

On conçoit bien comment les pantomimes pouvoient venir à bout de décrire intelligiblement une action, et de donner à entendre par le geste les mots pris dans le sens propre, comme le ciel, la terre, un homme, etc.

2003. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Elle a tout cela aussi, Mme Louise Colet, — mais elle a de plus l’insolence et la provocation — la provocation lâche et fanfaronne d’une femme qui sait bien qu’en cette terre de France, une jupe peut se permettre tout, sans aucun danger… De son vivant, elle l’avait appris et elle dut le savoir mieux que personne.

2004. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

L’air manque, la vue se trouble ; on n’est plus en pays humain, on n’aperçoit d’abord qu’un entassement d’abstractions formidables, solitude métaphysique où il ne semble pas qu’un esprit vivant puisse habiter ; à travers l’Être et le Néant, le Devenir, la Limite et l’Essence, on roule, la poitrine oppressée, ne sachant si jamais on retrouvera le sol uni et la terre.

2005. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Les Athéniens étaient très touchés de voir la vieille Hécube couchée tout de son long ventre à terre sur le théâtre ; peut-être les Français seraient-ils tentés de rire de cette attitude. […] Dircé ordonne à son amant de fuir une terre empestée l’amant se dévoue à la mort pour rester auprès de Dircé. […] Les malheurs de l’imagination, quelque douloureux qu’ils puissent être, leur paraissaient tenir de trop près à l’extravagance pour mériter une place dans la tragédie ; ils croyaient que la route la plus sûre pour aller au cœur des hommes raisonnables, était la peinture des catastrophes terribles qui renversent quelquefois la fortune des grands de la terre. […] Il est vrai qu’une si grande reine, qui a remporté sur la terre des victoires si éclatantes, et fait de si magnifiques jardins en l’air, devait être au-dessus de ces terreurs paniques, et ne pas tant se laisser abattre par de vains songes, par un vain bruit, par des diseurs de bonne aventure, soi-disant prêtres, et par des jongleurs égyptiens. […] Argant, qui, étant parti pour acheter un marquisat, revient avec trois métairies : pays gras, terre à blé.

2006. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il fait aimer à chacun son rôle sur la terre ; il ne veut pas d’une timidité inquiète qui ferait craindre à l’homme de s’engager dans la vie. […] « Son discours, dit-il, bien loin de couler avec cette douceur agréable, avec cette égalité tempérée que nous admirons dans les orateurs, paraît inégal et sans suite à ceux qui ne l’ont pas assez pénétré ; et les délicats de la terre, qui ont, disent-ils, les oreilles fines, sont offensés de la dureté de son style irrégulier. […] Se borne-t-il du moins à protester en termes généraux, comme il sied à un homme aussi au-dessus du mensonge que le ciel est au-dessus de la terre ? […] Laissez sur la terre quelques chrétiens qui ne rendent pas impossibles les décisions inviolables sur les questions de la foi. » Quelques controverses sans éclat terminent la vie théologique de Bossuet.

2007. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Mais plus stables encore sont les racines, solidement plantées dans la terre, qui les soutiennent du bas. […] La charité subsisterait chez celui qui la possède, lors même qu’il n’y aurait plus d’autre vivant sur la terre. […] On a dit qu’il avait ramené la philosophie du ciel sur la terre. […] C’est cette couche épaisse de terre végétale qui recouvre aujourd’hui le roc de la nature originelle.

2008. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

II Je viens de poser mon pied à terre ; j’éprouve une sensation de pression, et je juge qu’elle est située dans mon pied gauche, qu’elle est assez forte au milieu, légère au talon, presque nulle aux cinq doigts. […] Je viens de poser mon pied à terre, j’éprouve une sensation de pression, et je constate en même temps l’endroit de cette sensation ; elle est dans mon pied gauche, assez forte au milieu, légère au talon, presque nulle aux cinq doigts. […] Un jour, il prit le chat, qu’il connaissait bien par le toucher, le regarda fixement et longtemps, le posa par terre et dit : “À présent, Minet, je te reconnaîtrai une autre fois.”

2009. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Elle y passera quinze jours pour être comme suspendue entre le ciel et la terre ; elle ne veut pas penser, ni parler, ni répondre, ni écouter ; elle est fatiguée de dire bonjour et bonsoir ; elle a tous les jours la fièvre, et le repos la guérit ; il lui faut donc du repos ; je l’irai voir quelquefois. […] Une sensibilité extrême et pleine de larmes reparaissait par instants tout à coup à travers cette raison continue, comme une source qui jaillit d’une terre unie.

2010. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Copernic, voyant qu’il était impossible d’expliquer les mouvemens des corps célestes, si l’on supposait que ces corps tournent autour de la terre immobile, fit tourner la terre avec eux autour du soleil ; de même Kant, au lieu de faire tourner l’homme autour des objets, fit tourner les objets autour de l’homme.

2011. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Après avoir traversé le canal qui sépare l’île de la terre ferme et marché longtemps, nos voyageurs arrivent à un « plateau situé vers le sommet d’une montagne presque inaccessible, couverte, de la base à la cime, de bois entremêlés d’immenses quartiers de roche. […] Edgar Poe, ce génie du rêve, n’était assurément pas fait pour la terre épaisse de la brutale réalité, de l’industrie prospère et de la matière triomphante.

2012. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Tout se passait donc au mieux pour Renart : le roi penchait à la paix, et Ysengrin, tout dolent, ne sachant plus comment s’en tirer avec sa colère, restait assis à terre entre deux bancs, sa queue entre les jambes, lorsqu’un coup de théâtre vient tout changer.

2013. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Il a couru après d’une course précipitée, sautant les montagnes, c’est-à-dire les ordres des anges, il a couru comme un géant à grands pas et démesurés, passant en un moment du ciel en la terre… Là il a atteint cette fugitive nature ; il l’a saisie, il l’a appréhendée au corps et en l’âme.

2014. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Avec elles on a le tuf des jugements ; ce tuf est recouvert à peine d’une terre très maigre ; c’est stérile.

2015. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

à plus forte raison à des officiers, qui ne doivent pas quitter leurs troupes, et moins encore des troupes de cavalerie. » — « J’ai cru, lui répondit Villars, que Votre Majesté me pardonnerait de vouloir apprendre le métier, de l’infanterie, surtout quand la cavalerie n’a rien à faire. » C’est encore à ce siège, et pour une autre action de Villars, que le roi dit de lui : « Il semble, dès que l’on tire en quelque endroit, que ce petit garçon sorte de terre pour s’y trouver. » Le maréchal de Bellefonds, ne pouvant aider son jeune parent que de ses conseils, lui donna du moins celui-ci, dont Villars profita : c’était d’apprendre le métier de partisan, et d’aller souvent faire des partis avec ceux qui passaient pour entendre le mieux ce genre d’entreprise ; car, faute d’avoir ainsi pratiqué le détail de la guerre, et de cette guerre légère de harcèlement et d’escarmouches, bien des officiers généraux, quoique braves, se trouvent ensuite fort embarrassés quand ils commandent des corps détachés dans le voisinage d’une armée ennemie.

2016. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Il acheta la terre du Plessis-Rideau en Touraine vers 1650, et obtint d’en changer le nom en celui de des Rêaux, qui devint désormais le sien.

2017. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

j’ai quelque regret d’assister à ces menus détails, je ne blâme point qu’on s’y livre, et même il le faut bien, puisqu’on les exige aujourd’hui et qu’une étude n’est pas censée complète sans cela : mais je regrette qu’ils soient devenus possibles ; je regrette qu’on n’ait pas brûlé, une bonne fois, tous ces brouillons, aussitôt employés, que tous ces copeaux tombés à terre n’aient pas été jetés au feu.

2018. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Croissez, comme j’ai vu ce palmier de Latone, Alors qu’ayant des yeux je traversai les flots ; Car jadis, abordant à la sainte Délos, Je vis près d’Apollon, à son autel de pierre, Un palmier, don du ciel, merveille de la terre : Vous croîtrez comme lui… Après avoir tenté inutilement de l’acclimater à Berne, le trésorier de Bonstetten permit à son fils de se rendre en Hollande à l’université de Leyde, mais sous la condition expresse qu’il n’y étudierait pas la philosophie : il craignait que ce regard aux choses du dedans ne nuisît à l’observation des faits du dehors ; mais Bonstetten était assez éveillé pour suffire aux deux sortes de vue.

2019. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Il y a donc des branches de littérature française qui sont chez elles et en pleine terre, tout en étant à l’étranger.

2020. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Ç’a été un bouleversement général, un tremblement de terre, une catastrophe presque physique, ce n’est point une défaite.

2021. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

La bêche en main dès l’aurore avec tout son monde, il travailla à élever un épaulement en terre gazonnée contre le vent du sud-est qui brûlait toute végétation ; et, fort de cet abri, il transplanta ensuite quelques arbres, surtout un chêne, cet ombrage si désiré, et le seul élève de toute cette plantation qui vive encore.

2022. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Bref, Mâtho, toujours poussé par les épaules, après avoir traversé en tremblant des scènes de fantasmagorie bizarre dignes de la franc-maçonnerie, se saisit du voile impossible appelé Zaïmph, que Spendius a osé décrocher le premier et qu’il a jeté à terre.

2023. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

On raconte que la poésie idyllique ou bucolique, comme on l’a entendue depuis, fut inventée en Sicile par un berger poète, Daphnis : c’est le beau bouvier Daphnis qui, chez Théocrite, remporte le prix du chant et gagne contre Ménalque la flûte à neuf tuyaux ; c’est lui qui chante ce ravissant couplet où se résume tout le thème, où respire toute la félicité et la douceur du genre : « Que ce ne soit point la terre de Pélops, que ce ne soient point des talents d’or que j’aie à cœur de posséder, ni, au jeu de la course, d’aller plus vite que les vents !

2024. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

On sait cette énumération grandiose des victoires et conquêtes d’Auguste, qui se termine par ces simples mots : « … Les Indes recherchent son alliance ; ses armes se font sentir aux Rhètes ou Grisons… ; la Pannonie le reconnaît ; la Germanie le redoute, et le Weser reçoit ses lois : victorieux par mer et par terre, il ferme le temple de Janus : tout l’univers vit en paix sous sa puissance, et Jésus-Christ vient au monde. » Ici Bossuet arrive à sa région propre : on dirait qu’il va prendre l’essor, ou du moins l’aile s’entr’ouvre et se fait sentir ; mais il se réserve ; il attendra, pour se déployer, la seconde partie.

2025. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Elle est ici, Monsieur, d’une très-bonne odeur comme les vingt dernières années de sa vie : car c’est depuis tout ce temps-là qu’il avait renoncé si absolument à ce qu’il avait fait pour le théâtre dans sa jeunesse, que nulle puissance de la terre n’avait été capable de l’y faire retourner, quelque pressantes sollicitations qu’on lui en ait faites.

2026. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Brutus est le mortel qui survit par hasard ; César le dieu sur terre… Ah !

2027. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Je leur dis alors que mon discours leur ayant fait quelque plaisir, il auroit fait plaisir à toute la terre, si elle avoit pu m’entendre ; qu’il me sembloit qu’il ne seroit pas mal à propos que l’Académie ouvrît ses portes aux jours de réception, et qu’elle se fit voir dans ces sortes de cérémonies, lorsqu’elle est parée… Ce que je dis parut raisonnable, et d’ailleurs la plupart s’maginèrent que cette pensée m’avoit été inspirée par M.

2028. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Chez Euripide, le vieillard a vu Agamemnon dans tout le désordre d’une nuit de douleur ; il l’a vu allumer un flambeau, écrire une lettre et l’effacer, y imprimer le cachet et le rompre, jeter à terre ses tablettes et verser un torrent de larmes.

2029. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Les Italiens auraient de la dignité, si la plus sombre tristesse formait leur caractère ; mais quand les successeurs des Romains, privés de tout éclat national, de toute liberté politique, sont encore un des peuples les plus gais de la terre, ils ne peuvent avoir aucune élévation naturelle.

2030. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Disgracié en 1568, il se relira à sa terre du Vignay, où il mourut en 1573.

2031. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Sa Théorie de l’impôt le fil mettre à Vincennes en 1760, puis exiler dans ses terres.

2032. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Après la Terre (1887).

2033. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Distribuez en partis toute cette foule d’ennemis de Mazarin, en factions tous ces partis, en rivalités personnelles toutes ces factions : voilà des formes à l’infini, voilà « le pays où il y aura toujours à découvrir des terres inconnues. » La première édition des Maximes commençait par une longue et subtile analyse de l’amour-propre C’était plus qu’un portrait chargé, où beaucoup de traits portent à faux ; c’était une sorte d’accusation où se trahissait une main passionnée.

2034. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Le goût d’une pomme ; sa résistance dans ma bouche, la solidité de la terre qui me porte, etc. : association synchronique.

2035. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Une dame faisait un jour reproche à Sterne des nudités qui se trouvent dans son Tristram Shandy ; au même moment, un enfant de trois ans jouait à terre et se montrait en toute innocence : « Voyez !

2036. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Le capitaine entend de grands bruits du côté de la haute mer comme si une grosse flotte arrivait à force de rames, et la terre, d’un autre côté, lui paraît tout en feu.

2037. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Elle était aumônière à un degré qu’on ne sait pas, et qu’il est difficile d’approfondir ; ceux qui étaient le plus au fait de ses charités et de ses œuvres en découvrent chaque jour qui sortent de dessous terre, et qu’on n’avait pas connues.

2038. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

En vérité, c’est un charme que de se transporter sur cette terre des anges : on ne voudrait plus en sortir.

2039. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Une perte en résulte, un rendement moindre, comme si le propriétaire d’une terre s’obstinait à ensemencer ses champs les plus incultes au détriment des plus fertiles et des plus riches.

2040. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Ainsi ces romans sont imbus de condoléance, depuis la scène où une petite enfant raconte à des parents endurcis pour leur fille, l’histoire de l’abandon de sa mère jusqu’à tous les actes évangélique de l’idiot, jusqu’à l’inoubliable entrevue de Raskolnikoff et de Sonia, irrités tous deux l’un contre l’autre, chargés des pires souillures et égaux dans le douloureux abandon de tout orgueil, qui tombent agenouillés l’un devant l’autre et pleurent sur leur souffrance et sur celle qui, diffuse dans la nuit du monde, fait sourdre de toute chair en toute terre, le même murmure de lamentations, et la même pluie lente de larmes.

2041. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Le peintre Cyprien n’est à l’aise que devant certains spectacles douloureux et minables ; il préfère « la tristesse des giroflées séchant dans un pot, au rire ensoleillé des roses ouvertes en pleine terre » ; à la Vénus de Médicis, « le trottin, le petit trognon pâle, au nez un peu canaille, dont les reins branlent sur des hanches qui bougent » ; formule son idéal de paysage en ces termes : « Il avouait d’exultantes allégresses, alors qu’assis sur le talus des remparts, il plongeait au loin… Dans cette campagne, dont l’épiderme meurtri se bossèle comme de hideuses croûtes, dans ces roules écorchées où des traînées de plâtre semblent la farine détachée d’une peau malade, il voyait une plaintive accordance avec les douleurs du malheureux, rentrant de sa fabrique éreinté, suant, moulu, trébuchant sur les gravats, glissant dans les ornières, traînant les pieds, étranglé par des quintes de toux, courbé sous le cinglement de la pluie, sous le fouet du vent, tirant résigné sur son brûle-gueule. » Et sur ce dolent idéal, des Esseintes renchérit encore : « Il ne s’intéressait réellement qu’aux œuvres mal portantes, minées et irritées par la fièvre » « … se disant que parmi tous ces volumes qu’il venait de ranger, les œuvres de Barbey d’Aurevilly étaient encore les seules dont les idées et le style présentassent ces faisandages, ces taches morbides, ces épidermes talés, et cegoût blet, qu’il aimait tant à savourer parmi les écrivains décadents ».

2042. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Pourquoi immole-t-on les étrangers dans la terre barbare où son frère la rencontre ?

2043. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

mais parce qu’il a montré comme représentant de la cause de Dieu un imbécile et particulièrement parce que, tout en raisonnant, Sganarelle tombe par terre et que Don Juan lui dit : « Voilà ton raisonnement qui se casse le nez ».

2044. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Du temps de Dante, l’enfer était sous terre, et à présent, il est dessus.

2045. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

La scène de cette grande pièce en un volume est le château de Manteigney, appartenant au dernier descendant de la grande famille de ce nom, lequel, pour fumer sa vieille terre, comme on disait autrefois, a épousé la fille de Larreau.

2046. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Mais ce que j’ose reprocher nettement à Hippolyte Babou, c’est de n’avoir pas, avec deux ou trois phrases négatives, nettement mis à terre le faisceau de faits que Nicolardot a cités.

2047. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Je suis debout, il est à terre, c’est chose faite… Il râle, le Bang sort en sifflant de sa blessure, le flot noir rejaillit sur moi, véritable rosée du meurtre, plus douce pour moi que la pluie de Zeus au calice des plantes en travail. […] répandez votre rosée Et que la terre enfante son Sauveur ! […]                           La neige au loin couvrait la terre. […] Et quand vous serez grands, vous vous direz : Notre père était un ivrogne, un crapuleux ivrogne ; mais il avait si fort le sentiment de son indignité qu’il aurait voulu avoir toute la terre comme spectatrice de sa contrition. » Il n’y a que les Marseillais pour « blaguer » les Marseillais. […] (Elle frappe la terre de ton bâton).

2048. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

C’est dans cette tragédie de Phaéton que l’on trouve le très-singulier portrait suivant des Destinées : Ces juges souverains de la terre et de l’onde, Ont toujours dans leurs mains le gouvernail du monde. […] Nos maux sont différents, de même que nos biens, Ce sexe a ses plaisirs, et le nôtre a les siens ; Encore qu’ils semblent nés pour se faire la guerre, Nous ne le sommes pas pour dépeupler la terre. […] Il ne savait point l’art d’aller faire la guerre, Plutôt pour ravager, que pour sauver la terre. […] « Il est, disait-il, de la main d’un poëte héroïque, et celui que j’ai fait est de la main d’un poëte satirique. » Voici celui de Boileau : L’enragé qu’il était, né roi d’une province Qu’il pouvait gouverner en bon et sage prince, S’en alla follement, et pensant être dieu, Courir comme un bandit qui n’a ni feu ni lieu, Et traînant avec soi les horreurs de la guerre, De sa vaste folie emplit toute la terre. […] C’est ce roi dont le nom remplit la terre et l’onde, A qui le ciel promet la conquête du monde ; Dont la gloire et les ans ont le même progrès, Et qui compte par eux le nombre de ses faits.

2049. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Ce n’est pas une femme, c’est une forme drapée qui s’affaisse, « la tête en arrière, blême, roidie, les lèvres ouvertes, et ses cheveux dénoués, pendant jusqu’à terre ». […] Ils se replièrent donc, ils s’en allèrent chercher, loin des terres souverainement occupées, des îlots écartés où ils pussent vivre indépendants, à l’abri de l’imitation. […] D’après lui, le gouvernement des peuples repose sur des principes immuables, dont la garde appartient à l’Église, qui représente Dieu sur la terre. […] C’est le moment de citer un fragment de lettre intime, où l’on verra quelle est la sollicitude incessante de ce tendre et vigoureux génie pour les ouvriers de la terre. […] Ils aiment la terre avec rage, c’est vrai ; mais quel homme, s’il n’avait pas au cœur cette passion sauvage, pourrait subir, toute une vie, cette lutte harassante avec le sol pour quarante sous par jour ?

2050. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Que de haine et de mépris pour le par terre, applaudissant la Phèdre de Pradon, et sifflant la Phèdre de Racine ; en revanche, quelle éternelle louange à ce roi Louis XIV, qui, de son camp de Flandre, signe l’ordre de laisser représenter Tartuffe, dont il a vu chez lui les trois premiers actes. […] Dites-moi, de nos jours, dans quel royaume de la terre, prince absolu ou roi constitutionnel, un poète comique oserait mettre au jour, une chose à ce point hardie et contraire à toutes les bienséances ? […] C’était bon pour vous, sire, dans les jardins de Versailles, au murmure de vos mille jets d’eau, entouré des plus vaillants capitaines, des plus grandes et des plus belles personnes de la terre ; c’était bon pour vous qui étiez le roi, qui étiez le maître, qui aviez vos jours de médecine, réglés comme vos jours de concert ; vous, majesté, la santé la plus florissante du royaume de France, et pour qui la France entière chantait le Domine salvum, à toute heure de la nuit et du jour ! […] Méfiez-vous de cette abondance stérile et de ce naturel du terre à terre, et songez, quand vous écrivez, non pas au lecteur de rencontre, qui vous lit au hasard, en attendant sa Belle ou l’ouverture de la Bourse, mais au lecteur honnête homme, amoureux de la forme et bon juge du style ; à cet homme dont la voix compte, et dont le jugement est un arrêt, il faut plaire avant de plaire à tout autre ; il faut qu’il vous estime et qu’il vous aime ; il faut qu’il croie en votre esprit, qu’il se fie à votre goût et qu’il honore votre bon sens.

2051. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Agile et sinueuse, la conversation est pour lui comme le vol pour un oiseau : d’idées en idées, il voyage, alerte, excité par l’élan des autres, avec des bonds, des circuits, des retours imprévus, au plus bas, au plus haut, à rase terre ou sur les cimes, sans s’enfoncer dans les trous, ni s’empêtrer dans les broussailles, ni demander aux mille objets qu’il effleure autre chose que la diversité et la gaieté de leurs aspects. […] J’en prends une au hasard, un duel entre deux princes du sang, le comte d’Artois et le duc de Bourbon ; celui-ci étant l’offensé, l’autre, son supérieur, était tenu de lui offrir une rencontre269. « Dès que M. le comte d’Artois l’a vu, il a sauté à terre, et, allant droit à lui, il lui a dit d’un air souriant : — Monsieur, le public prétend que nous nous cherchons.

2052. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Le Dieu des Sermons, c’est ce Dieu de la chapelle Sixtine, que Michel-Ange fait descendre sur la terre pour tirer la première femme des flancs d’Adam endormi. […] Il est sur la terre ; il a vécu dans un lieu et dans un temps ; les hommes l’ont vu et entendu.

2053. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Pauvre salle de spectacle, où jamais comédie ne fut jouée, et qui pourtant, s’élevant de terre et se parant de sculptures, dut prendre tant de place dans les rêves du bâtisseur de cette maison au temps jadis. […] Ce captif dans ce trou, ce grand méconnu, parfois se console, en racontant que les derniers Clermont-Tonnerre, réfugiés dans un petit bois qui leur reste près de Saint-Mihiel, ont là, dépouillé le noble, presque l’homme, et que ces Clermont-Tonnerre, dont un aïeul, au dire de Mme de Sévigné, vendait cinq millions une terre de vingt-deux villages, aujourd’hui vêtus de peaux de bêtes, vivent dans ce bois, peuplent avec des bûcheronnes, — en train de revenir une race sauvage au xixe  siècle, et parlant déjà une langue à eux, une langue qui recule au patois, au bégayement des peuples.

2054. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Vacquerie en déclarant que dans l’exil, Hugo avait toujours marché derrière le drapeau rouge toutes les fois qu’on portait en terre une des victimes du coup d’État, et la presse radicale en réclamant le droit à la rue pour l’étendard de la Commune et en rappelant qu’en 1871 le proscrit de l’Empire avait ouvert sa maison de Bruxelles aux vaincus de Paris, tous semblaient à l’envie convier les révolutionnaires à s’assembler autour du cercueil de Victor Hugo, comme centre de ralliement des partis républicains. […] Le vieux Goetheb, que Hugo appelle dédaigneusement « le poète de l’indifférence », l’âme remplie d’un sublime enthousiasme, écoutait raisonner ces deux puissants génies. — Hugo, indifférent à la philosophie et à la science, consacrait son « immense génie » qui « embrassait dans son immensité le visible et l’invisible, l’idéal et le réel, les monstres de la mer et les créatures de la terre… » à basculer la « balance hémistiche » et à rimer nombril et avril, juif et suif, gouine et baragouine, Marengo et lumbago.

2055. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Sire, lui répond-il, que vous plaît-il d’entendre partant d’affirmatives et de négatives, desquelles je ne saurais conclure autre chose, sinon que vous désirez bien être marié, mais que vous ne trouvez point de femmes en terre qui vous soient propres ?

2056. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Alla-t-il passer, dès 1704, les vacances d’automne dans les terres et les châteaux où on l’invitait ?

2057. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Dans l’épilogue qui termine le chant VIe et que je veux citer pour exemple du ton, l’auteur se représente comme ayant passé la nuit à méditer sur ces astres sans nombre et sur tout ce qu’ils soulèvent de mystères, jusqu’au moment où l’aube naissante les fait déjà pâlir et quand, à côté de lui, l’insecte s’éveille au premier rayon du soleil : Ainsi m’abandonnant à ces graves pensées, J’oubliais les clartés dans les Cieux effacées : Vénus avait pâli devant l’astre du jour Dont la terre en silence attendait le retour ; Avide explorateur durant la nuit obscure, J’assistais au réveil de toute la nature : L’horizon s’enflammait, le calice des fleurs Exhalait ses parfums, revêtait ses couleurs ; Deux insectes posés sur la coupe charmante S’enivraient de plaisir, et leur aile brillante Par ses doux battements renvoyait tous les feux De ce soleil nouveau qui se levait pour eux ; Et je disais : « Devant le Créateur des mondes « Rien n’est grand, n’est petit sous ces voûtes profondes, « Et dans cet univers, dans cette immensité « Où s’abîme l’esprit et l’œil épouvanté, « Des astres éternels à l’insecte éphémère « Tout n’est qu’attraction, feu, merveille, mystère. » Ce sont là des vers français qui me font l’effet de ce qu’étaient les bons vers latins du chancelier de L’Hôpital et de ces doctes hommes politiques du xvie  siècle s’occupant, se délassant avec gravité encore, dans leur maison des champs, comme faisait M. 

2058. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

D’un jardin anglais ou du verger d’Alcinoüs il avait fait une pièce de terre labourable : il fut réputé excellent.

2059. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Nous mettons un genou en terre devant celles qui n’ont jamais failli ; mais quand à Mlle de La Vallière ou à Mme de Longueville on ose comparer Mme de Maintenon, avec les calculs sans fin de sa prudence mondaine et les scrupules tardifs d’une piété qui vient toujours à l’appui de sa fortune, nous protestons de toute la puissance de notre âme.

2060. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Voici un sonnet touchant, mélancolique, qu’il avait rejeté et que la postérité a accueilli ; il l’adressait à sa dame en lui envoyant un bouquet, une après-midi : Je vous envoie un bouquet que ma main Vient de trier de ces fleurs épanies ; Qui ne les eût à ce vespre cueillies, Chutes à terre elles fussent demain.

2061. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Pour plus de sûreté, et se méfiant même d’une troupe de cavaliers qui avait été vue à Versoix en ce temps-là, il passa le lac et traversa la Suisse par les terres de Berne ; il se rendit à l’armée du duc de Weimar, qui assiégeait Rhinfeld.

2062. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Les joncs sifflaient à ras de terre, et les feuilles des hêtres bruissaient en un frisson rapide, tandis que les cimes, se balançant toujours, continuaient leur grand murmure.

2063. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Rouget de Lisle, ce Tyrtée de la France, comme on l’avait surnommé, et qui avait eu dans sa vie un éclair d’inspiration sublime, n’avait reçu qu’une fois cette visite du génie, ce don de l’à-propos ; à partir du jour où il eut fait, presque sans le savoir, la Marseillaise, et où elle s’était élancée de son sein, effrénée et légère, courant le monde d’une aile enflammée, il était resté, lui, étonné, ébloui, et tout à fait décontenancé ; on aurait dit qu’il n’était plus que la dépouille laissée à terre de son immortelle chanson.

2064. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Sans originalité native, sans besoin d’invention pour son compte ni chez autrui, plus jaloux de maintenir le goût que de découvrir les talents nouveaux, et enclin même à railler outre mesure les essais qui ne rentraient pas dans les formes connues, il était habile et ferme sur la défensive, prompt à châtier quiconque chassait sans permission sur les terres du domaine classique.

2065. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Baudelaire a trouvé moyen de se bâtir, à l’extrémité d’une langue de terre réputée inhabitable et par-delà les confins du romantisme connu, un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux, où on lit de l’Edgar Poe, où l’on récite des sonnets exquis, ou l’on s’enivre avec le haschich pour en raisonner après, où l’on prend de l’opium et mille drogues abominables dans des tasses d’une porcelaine achevée.

2066. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Dès les premiers pas que la jeune reine fit en Espagne, elle était donc tombée dans les filets d’une cabale, qui espérait se faire d’elle un point d’appui et de défense près du roi ; et, chose étrange et peu digne de la prudence de Louis XIV, on avait complètement négligé de placer auprès d’elle une personne prudente, une bonne tête pour la guider dans les commencements : « Entre nous, écrivait quelques mois après Mme de Villars à Mme de Coulanges, ce que je ne comprends pas, c’est qu’on ne lui ait pas cherché par mer et par terre, et au poids de l’or, quelque femme d’esprit et de mérite, et de prudence, pour servir à cette princesse de consolation et de conseil.

2067. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

, sa mission sur la terre et déclare que, pour lui, le temps d’agir, de sauver et de régénérer le monde, est venu.

2068. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Je jugeai donc à propos de descendre de cheval, et je n’eus pas plutôt mis pied à terre que le cheval, sans hésiter, se jeta dans le penchant du précipice et descendit jusques au fond, en sorte que je fus obligé de faire à pied une lieue de chemin dans la neige.

2069. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Le Saint-Simonisme rendit à l’esprit français d’alors cet éminent service d’implanter dans le camp de la Révolution et dû progrès quelques-unes des pensées élevées de M. de Maistre, et de les y naturaliser en bonne terre et d’une manière vivante.

2070. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Ce pays-ci en effet, dans sa vie publique, va tellement par sauts et par bonds, les vainqueurs du jour y sont tellement vainqueurs, et les vaincus y sont tellement vaincus et battus, qu’au lendemain de la seconde rentrée il n’y avait eu d’action, d’influence et de zèle que de la part de l’opinion triomphante ; elle avait eu partout le champ libre, et personne ne lui avait disputé le haut ni le bas du pavé ; les opposants étaient comme rentrés sous terre et avaient disparu.

2071. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Ce n’est pas sans bien des précautions qu’il risque sa remontrance : « Quoiqu’il n’y ait que bien peu de temps que nous nous connaissions, depuis que vous avez acheté ce champ proche du mien, et qu’il n’y ait guère rien eu jamais de plus entre nous, cependant, soit votre mérite, soit le voisinage, que je fais bien entrer pour quelque chose dans l’amitié, m’oblige à vous dire tout hardiment et en ami que vous me paraissez faire au-delà de votre âge et plus que votre état de fortune ne l’exige… » Et en effet, ce Ménédème à qui il s’adresse paraît avoir soixante ans et plus ; il a un fonds de terre excellent, des esclaves en nombre, et il fait la besogne d’eux tous comme s’il était seul.

2072. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

En mettant le pied en Espagne, lui-même il reconnut aussitôt son vrai climat et sa vraie terre.

2073. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Byron l’a dit dans une parole célèbre : « Les mots sont des choses, et une petite goutte d’encre tombant, comme une rosée, sur une pensée, la féconde et produit ce qui fait penser ensuite des milliers, peut-être des millions d’hommes. » Et vous-même, sous l’empire des faits, sous le coup de l’évidence, vous l’avez dit, et aussi énergiquement que Byron : « La puissance des mots est immense ; il n’en est peut-être pas de plus grande sur la terre.

2074. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Malheureusement les propos tenus par plusieurs ministres du roi dans les Cours ont fait croire le contraire. » Dans de telles conjonctures, Marie-Antoinette, on le conçoit, ne réussit à rien tirer de bien net des ministres qui sont et doivent être plus Français qu’elle, et qui ne se décident point sur des impressions et d’après des convenances de famille : « Pour le roi personnellement, il est bien attaché à l’alliance, et autant que je puisse le désirer ; mais, pour un moment aussi intéressant, je n’ai pas cru devoir me borner à en parler au roi : j’ai vu MM. de Maurepas et de Vergennes ; ils m’ont fort bien répondu sur l’alliance et m’y paraissent véritablement attachés ; mais ils ont tant de peur d’une guerre de terre, que quand je les ai poussés jusqu’au point où le roi de Prusse aurait commencé les hostilités, je n’en ai pu avoir de réponse bien nette. (25 mars 1778.) » Novice qu’elle est dans ces sortes d’affaires, elle ne démêle pas très distinctement les motifs qui font agir nos ministres et les intérêts véritables qu’elle aurait dû comprendre comme eux, ce qui lui aurait permis d’agir de concert vers le seul résultat possible.

2075. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Édouard Lefebvre de Béhaine ne saurait être mieux placé qu’à Berlin pour étudier et approfondir cette histoire de la coalition des forces morales sous lesquelles nous avons succombé en 1814 et ; 1815 : les millions de l’Angleterre, le froid même de la Russie, auraient été impuissants peut-être à nous détruire, s’ils n’avaient eu pour auxiliaires des caractères comme ceux de Stein, de Gneisenau, de Scharnhorst, toute une génération enfin de politiques, de militaires, de diplomates, légistes, poëtes, qui sortirent comme de terre sur tous les points de l’Allemagne après Austerlitz et Iéna, surtout après Moscou.

2076. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Il avait une sœur naturelle, légitimée, fille d’Auguste II et d’une danseuse, la princesse de Holstein ; séparée de son mari, elle avait longtemps vécu à Venise, et c’était lui qui, en un jour de belle humeur et de bienveillance, l’avait fait venir à Paris, il l’avait même installée à sa terre des Pipes (ou Piples), il avait fait donner un régiment à son fils.

2077. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Je leur dis alors que, mon discours leur ayant fait quelque plaisir, il auroit fait plaisir à toute la terre, si elle avoit pu m’entendre ; qu’il me sembloit qu’il ne seroit pas mal à propos que l’Académie ouvrît ses portes aux jours de réception, et qu’elle se fît voir dans ces sortes de cérémonies lorsqu’elle est parée… Ce que je dis parut raisonnable, et d’ailleurs la plupart s’imaginèrent que cette pensée m’avoit été inspirée par M. 

2078. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Depuis Newton, l’on ne fait plus de système nouveau sur l’origine des couleurs, ni sur les forces qui font mouvoir la terre.

2079. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Nous ne regardons pas bien haut ni bien loin : nous sommes plus positivistes que mystiques et métaphysiciens ; nos pensées ne quittent pas la terre, et vont à l’action, aux effets réels, sensibles, et que l’analyse atteint.

2080. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Un grand nombre des phénomènes de la nature semblent appeler la comparaison avec l’acte par lequel se perpétue la race humaine ; je ne sais guère de plus beaux vers que ceux où Virgile symbolise le Printemps par l’accouplement de Jupiter et de la Terre, et certes les traits du tableau ne sont point timides.

2081. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Nos ancêtres revivent en nous, mais s’ils vivaient encore par eux-mêmes il n’y aurait point de place pour nous sur la terre.

2082. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Lebègue, sorte de mystagogue, nourri à l’école de Plotin, qui nous entraînait, éperdus à sa suite, au milieu d’un vol d’anges, dans son ascension au septième ciel et nous la finissions avec Gabriel Séailles, positiviste, qui nous reculbutait sur terre et nous montrait le bonheur dans l’édification de la Salente socialiste.

2083. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

C’est un rêveur qui, dans son rêve unique, met le sang de ses veines et son souvenir vivant de la terre.

2084. (1886) De la littérature comparée

La réconciliation est complète entre l’homme et l’argile d’où il est sorti, l’idéal est descendu des régions inaccessibles où l’avait maintenu la foi naïve de nos premiers poètes, il est maintenant sur la terre, à portée de tous et dans toutes les choses sensibles.

2085. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Madame de La Sablière eut le malheur de remarquer que l’astrolabe sert à mesurer la hauteur des astres et non à reconnaître si la terre tourne ou est fixe ; et que parallaxe est du féminin.

2086. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Nul historien n’exprime aussi vivement que lui le sentiment profond de la misère des grands et des rois, des puissants et des heureux de la terre.

2087. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Dans celui qu’il fit de Haller, un des morceaux les plus admirés était l’endroit où il montrait Haller et son ami le poète Gessner herborisant ensemble dans les hautes montagnes, et Gessner, épuisé de fatigue, se couchant à terre et succombant au sommeil au milieu d’une atmosphère glacée : M. de Haller, disait-il, vit avec inquiétude son ami livré à un sommeil que le froid aurait pu rendre funeste.

2088. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Dans une des lettres nouvelles, on le voit, après un voyage en Nivernais, qui a été des plus fatigants, arriver à une terre appelée les Bordes ; il faut entendre comme il en décrit les délices : « On y mange quatre fois par jour ; on y dort vingt heures, et il n’y a pas de lit que le Sommeil n’ait fait de ses propres mains. » Et il entre alors dans tous les détails sur les avantages du lieu, et sur certains agréments de garde-robe qu’il décrit au long à sa belle-sœur avec un enthousiasme, avec une sorte de verve lyrique que je me garderai de citer ; nous sommes devenus trop petite bouche pour cela.

2089. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Il partit donc, et débarqua en Angleterre le 1er mai 1798 ; il s’y sentit à l’instant sur une terre forte et où régnait un esprit public puissant.

2090. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Ce voyage du jeune homme avait sans doute pour but de le perfectionner dans la jurisprudence, dont l’Italie était encore censée la terre classique.

2091. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

D’autre part, je n’ai pas voulu me mêler des changements et des réformes projetées par les premiers révolutionnaires, parce que je me suis aperçu qu’on voulait former un nouveau ciel et une nouvelle terre, et qu’on avait l’ambition de faire un peuple de philosophes, lorsqu’on n’eut dû s’occuper qu’à faire un peuple d’heureux.

2092. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Un législateur isolerait ses institutions de tout ce qui peut les naturaliser sur la terre, s’il n’observait avec soin les rapports naturels qui lient toujours plus ou moins le présent au passé et l’avenir au présent, et qui font qu’un peuple, à moins qu’il ne soit exterminé, ou qu’il ne tombe dans une dégradation pire que l’anéantissement, ne cesse jamais, jusqu’à un certain point, de se ressembler à lui-même.

2093. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Regnard, pour attacher sa vie et jeter plus sûrement cette ancre dont il a parlé et qui devait le retenir doucement au rivage, avait acheté la charge de lieutenant des eaux et forêts et des chasses de Dourdan, à onze lieues de Paris, et en même temps il acheta, dans le voisinage de cette petite ville, la terre de Grillon, dont le château est situé dans un vallon agréable entre deux forêts.

2094. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

C’est du sentiment universel et confus de cette haine, longtemps couvée et échauffée, que naquit un jour et sortit comme de terre le faux Démétrius.

2095. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Tous les jours l’homme qui bêche (celui qui travaille sur les couvertures des livres de Lemerre) soulevait de terre des paniers de tessons de bouteilles rejetés des palais des maîtres, et de ce verre cassé faisait des volumes de vers.

2096. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Il y a bien des années que, comparant les oiseaux des îles Galapagos, soit les uns avec les autres, soit avec ceux de la terre ferme américaine, je fus vivement frappé du vague et de l’arbitraire de toutes les distinctions entre les espèces et les variétés.

2097. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

On voudrait le plus souvent que ces livres-ci fussent placés par les auteurs en terre étrangère et donnés comme des relations de voyage.

2098. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Il a l’œil du chasseur à l’affût, l’oreille du laquais et de l’espion, et la prestesse de plume de Figaro écrivant, un genou en terre, sa chanson sur son autre genou !

2099. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Cependant l’âge de l’épopée touche à sa fin… Une religion spiritualiste se glisse au cœur de la société antique… Elle enseigne à l’homme qu’il a deux vies à vivre, l’une passagère, l’autre immortelle ; l’une de la terre, l’autre du ciel.

2100. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Nul mouvement, nul bruit ; les agitations des sommets n’arrivent point jusqu’à la terre.

2101. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Laromiguière ; bientôt ils parurent secs et bornés, et l’on s’engagea avec une curiosité inquiète dans la mine ténébreuse d’où Kant ébranlait toute la terre habitable. — Kant sembla profond, mais rebutant et scolastique.

2102. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Nul talent ne lui manqua davantage que celui d’improviser : si l’on excepte une ou deux occasions où il fut assez heureusement inspiré par ses affections vindicatives, tout ce qu’il a dit sans préparation n’a été que le plus insensé verbiage que l’on ait entendu sur la terre, depuis que des paroles et des phrases y sont proférées par des hommes et par des oiseaux : personne autant que lui n’a contribué à effacer parmi nous jusqu’à l’idée de la véritable éloquence des tribunes. […] Dans ce grave discours encyclopédique, un certain souffle d’espérance circule : « Les orages mêmes que nous venons de traverser, ce vaste ébranlement, ces désastres dont le souvenir doit être interdit à la vengeance, et ne doit pas être perdu pour l’instruction, deviendront sans doute aussi une grande époque dans l’histoire de l’esprit humain. » L’enthousiasme n’y est plus retranché, proscrit, comme nous l’avons vu en d’autres endroits de Daunou ; il dit de la philosophie, en indiquant ses relations et son alliance avec les beaux-arts : « Elle sentira tout le prix de l’enthousiasme qu’ils propagent et sans lequel il ne s’est opéré rien d’utile et de grand sur la terre. […] Nous repousserons la Terreur qui t’opprima, comme le royalisme qui te proscrivit, et nous maintiendrons cette Constitution de l’an iii, qui fut le constant objet de ton dévouement, de tes vœux, de tes espérances ; nous saurons, à ton exemple, résister aux factions, braver les périls, et ne connaître sur la terre d’autres puissances irrésistibles que celles devant qui seulement a pu fléchir ton âme républicaine : la loi, la vertu, la nécessité et la mort. » Daunou me paraît représenter très-bien l’éloquence d’alors, celle de l’an in dans son meilleur ton, caractère romain, style latin (conciones), marche un peu lourde, très-grave du moins, ferme, nombreuse, un rare éclat, mais qui frappe d’autant plus, un air stoïque : des Latins, si l’on veut, qui ont eu leur Condillac, mais qui sont d’un bon siècle encore.

2103. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Que les ténèbres hideuses sur leur char rouillé s’enveloppent de tempêtes, se ceignent de nuages de poix, et étouffent la terre de brouillards qui ne s’évanouissent jamais ! […] que la terre est belle et que la vie est douce ! […] Mais, tandis qu’il nous explique son cas, son cornet à piston qu’il a posé à terre se met à jouer tout seul la Marche persécutrice. […] Pendant qu’elle passe dans sa chambre, Desforges entre dans le salon, voit sur la table le coffret à bijoux et le petit sac de voyage, et son portrait à lui Desforges par terre et en petits morceaux. […] Mettez ce bois à terre, et reposez-vous : quand il brûlera, il pleurera de vous avoir fatigué… Si vous voulez vous asseoir, moi, pendant ce temps, je vais porter ce bois.

2104. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Elle vivait dans un château voisin d’une de nos terres, mécontente et retirée, n’ayant que son esprit pour ressource, et analysant tout avec son esprit100. […] Je vais ventre à terre ; en vingt heures je fais soixante et neuf lieues. […] « Mais, pour vendre la peau de l’ours, Il faut l’avoir couché par terre. » « Il est une heure et je finis : presque point de phrases. […] J’ai écrit il y a longtemps au malheureux Knecht (un ami) : Je passerai comme une ombre sur la terre entre le malheur et l’ennui !

2105. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Pourtant, elle est si loin que depuis des mille ans                           Qu’elle va froide et solitaire, Le suprême rayon échappé de ses flancs                           N’a pas encor touché la terre. […] Quand il entra pour la première fois dans les théâtres de Paris, c’était un garçon bizarre, rêveur et tendre, qui avait beaucoup vagabondé et pâti, et, tour à tour, fréquenté les petites gens et vécu tout près de la terre, dans la solitude. […] Le coq-à-l’âne est un tremblement de terre dans un cerveau, si j’ose m’exprimer ainsi. […] » Mais Simone, qui s’est relevée, inquiète de l’absence de son mari, a entendu les derniers mots, a vu mettre le châle, a vu Marthe se jeter sur les mains de Jacques pour les baiser… Et elle est tombée par terre doucement, morte, comme une légère fleur fauchée.

2106. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Mais, pendant l’expédition, survint une dépêche de la Cour, par laquelle Joyeuse apprenait que le vent avait tourné et que Henri III refaisait la guerre au roi de Navarre et à ceux de son bord : s’adressant à Rosny qui était présent quand le paquet arriva, il lui dit en riant qu’il espérait bien que cela ne changerait rien à son projet, et qu’il ne serait pas assez fou pour s’embarquer avec le roi de Navarre et perdre de gaieté de cœur sa belle terre de Rosny.

2107. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

D’anciens officiers retirés de plusieurs services dans des terres voisines de celles de mon père entretenaient ma passion.

2108. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Selon Gibbon, les Géorgiques de Virgile ont eu un grand à-propos sous Auguste, un but politique et patriotique mêlé à leur charme : il s’agissait d’apprivoiser aux travaux de la paix et d’attacher à la culture des champs des soldats vétérans devenus possesseurs de terres, et qui, avec leurs habitudes de licence, avaient quelque peine à s’y enchaîner : « Qu’y avait-il de plus assorti à la douce politique d’Auguste, que d’employer les chants harmonieux de son ami (son ami est une expression un peu jeune et un peu tendre) pour les réconcilier à leur nouvel état ?

2109. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

L’ami de La Chalotais allait chaque année reprendre pied sur sa terre celtique, et il ne s’en tenait que plus ferme ensuite dans les salons.

2110. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Beyle n’y est plus cependant sur son terrain ; on l’y sent un peu novice sur cette terre gauloise ; quand il se met à parler antiquités ou art gothique, on s’aperçoit qu’il vient, l’année précédente, de faire un tour de France avec M. 

2111. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Voltaire, adressant à sa nièce Mme Denis une lettre en vers et en prose qu’on intitule son Voyage à Berlin, disait : « N’allez pas vous imaginer que je veuille égaler Chapelle, qui s’est fait, je ne sais comment, tant de réputation pour avoir été de Paris à Montpellier et en terre papale, et en avoir rendu compte à un gourmand. » Le cadre n’y fait trop rien, et c’est par d’heureux détails que le joli Voyage réussit.

2112. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Je ne vois point ce pays-là des mêmes yeux ; j’y crois démêler des agréments qui peuvent toucher l’esprit ; je n’y vois point ce qui vous choque : j’y vois, au contraire, le centre du goût, du monde, de la politesse, le cœur, la tête de l’État, où tout aboutit et fermente, d’où le bien et le mal se répandent partout ; j’y vois le séjour des passions, où tout respire, où tout est animé, où tout est dans le mouvement, et, au bout de tout cela, le spectacle le plus orné, le plus varié, le plus vif que l’on trouve sur la terre.

2113. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Sa santé délicate l’avertit cependant de ne pas trop s’écarter des travaux commencés, s’il veut les mener à bonne fin ; il fait donc, un matin, le vœu formel, en présence de Dieu, et en implorant son aide, de se livrer dorénavant sans distraction à l’achèvement, de son commentaire d’Athénée ; il en prend l’engagement devant celui qui incline à son gré le ciel et la terre, comme si cet Athénée de plus ou de moins pouvait être pesé dans la souveraine balance !

2114. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Vous êtes peut-être le seul qui, avec moi, ait pensé à ce jour ; aussi vous dois-je bien des témoignages de gratitude pour une attention aussi bienveillante ; elle a accru le sentiment qui me fait remercier Dieu de m’avoir mis sur cette terre que tant d’autres ont eu le droit de maudire.

2115. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Turgot est au pouvoir, la vertu respire ; « les gens de bien, cette graine timide qui n’ose se montrer, peuvent maintenant sortir de terre, prendre racine et porter des fruits. » Toute cette école vertueuse et cordiale, les Sedaine, les Thomas, les Ducis, les de Belloy, se croient presque sur leur terrain à Versailles : on les voit d’ici se réjouir et se féliciter.

2116. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Tous ont changé depuis et ont dû changer : l’un irrité et emporté, dans sa fièvre d’impatience, a passé d’un bond à la démocratie extrême ; l’autre, tout vertueux, sans ambition et sans colère, est arrivé par une douce pente aux honneurs mérités de l’épiscopat, vérifiant ainsi en sa personne le mot du Maître : « Heureux les doux parce qu’ils posséderont la terre ! 

2117. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Bivouac français ; un jeune tambour qui commence à battre, un vieux grognard, le menton appuyé sur son fusil ; derrière lui, un officier assis à terre, étudiant sa carte.

2118. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Il appliquait en toute occasion ce mot qui lui était échappé, parlant à son ancien gouverneur, « que dorénavant il voudrait, s’il lui était possible, négocier et traiter d’affaires sous terre. » On ne savait jamais au juste, en effet, quand on traitait avec lui, où l’on en était ni où l’atteindre.

2119. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

J’admire comme, dans la bouche du plus grand fou de la terre, Cervantes a trouvé le moyen de se faire connaître l’homme le plus entendu et le plus grand connaisseur qu’on se puisse imaginer… Quevedo paraît un auteur fort ingénieux ; mais je l’estime plus d’avoir voulu brûler tous ses livres quand il lisait Don Quichotte, que de les avoir su faire. » Racine et Boileau lisaient Don Quichotte pour se divertir ; ils en parlent dans leurs lettres comme d’un sujet qui leur est familier et qui est entré dans la conversation des honnêtes gens.

2120. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Catinat, averti aussitôt par M. de Boufflers du succès de l’entreprise, se hâta de le rejoindre ; il conduisait lui-même un corps de troupes, et en traversant les terres de Madame de Savoie, il s’attacha, selon son habitude, à réparer les désordres inévitables qu’on avait causés en pays ami, mais qui cette fois étaient bien légers.

2121. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Ainsi encore elle dira très bien en parlant de la pesanteur de la chaleur et de la lourdeur accablante de midi : « Le silence du gros du jour en juin50 », — « le gros de l’été ;  » mais, quand elle montre les travailleurs se reposant étendus à terre et les faucheurs couchés de leur grand long, je me demande s’il n’y a pas un peu abus.

2122. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Pourquoi l’aller construire en pleine terre, quand on n’a pas les moyens de le lancer et que même le bassin de mer ou l’on pourrait en faire l’essai est absent ?

2123. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Il se comporta assez ridiculement dans sa terre ; entre autres traits de folie, il portait chape dans sa paroisse et se faisait dire l’office des morts couvert d’un drap mortuaire, pour l’expiation de ses péchés.

2124. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Devant moi, sur la rive en face, des ligues d’arbres, à la verdure jaune et chaude encore de soleil, trempent et baignent dans la chaleur et la poussière des tons du soir, dans ces glacis d’or qui enveloppent la terre avant le crépuscule.

2125. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Il se vit, au retour, dans l’obligation de vendre au roi sa terre de Châteauroux en Berry (1736).

2126. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

La nullité même de la princesse de Bénévent (de cette belle Indienne si ignorante et, paraît-il, si sotte, qu’avait épousée M. de Talleyrand) n’échappa point à la colère de l’empereur ; elle fut exclue des invitations de la cour, vit exiler à Bourg-en-Bresse le duc de San-Carlos, objet de ses tendres préférences, et alla bientôt après cacher son ennui pendant quelques mois dans une terre qu’elle possédait en Artois25. » La chronique légère de tous les règnes, depuis la cour des Valois jusqu’à celle de Marie-Antoinette, est connue : il n’en est pas ainsi encore de celle du premier Empire.

2127. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Jacques Jasmin (Jaquou Jansemin) est né en 97 ou 98 ; l’autre siècle, vieux et cassé, n’avait plus, dit-il, qu’une couple d’années à passer sur la terre, quand, au coin d’une vieille rue, dans une masure peuplée de plus d’un rat, le jeudi gras, à l’heure où l’on fait sauter les crêpes, d’un père bossu, d’une mère boiteuse, naquit un enfant, un petit drôle, et ce drôle, c’était lui.

2128. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Les vers d’adieu à cette campagne, qu’il eut le regret de vendre, étaient d’un plus lointain et plus intime pressentiment : c’était la vie même avec tout ce qu’elle a de cher et d’embelli qu’il saluait une dernière fois. « Il faudra quitter cette terre, cette maison,… ces ombrages que tu cultives », a dit Horace.

2129. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

, il était jeune encore, il était plus jeune que jamais ; la source longtemps recélée jaillit de terre dans toute sa fraîcheur.

2130. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Mme de Sévigné, à son tour, aimait beaucoup les champs ; elle allait faire de longs séjours à Livry chez l’abbé de Coulanges, ou à sa terre des Rochers en Bretagne ; et il est piquant de connaître sous quels traits elle a vu et a peint la nature.

2131. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Il a logé le miracle en terre infidèle, chez les mécréants qui adorent Mahomet et Tervagant, dans le grand cadre de la croisade.

2132. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Quand toutes les pensées de l’homme se rabattent vers la terre, le plaisir prend une valeur infinie.

2133. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Thierry se contentait de regarder les races : Michelet sentit qu’aux races il fallait donner « une bonne, forte base, la terre » qui les porte et les nourrit834.

2134. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Cette syllabe animée un moment, voilà l’homme ; et vous venez lui dire qu’il n’a qu’à le vouloir pour saisir l’ensemble des choses écoulées sur cette terre, dont la plupart se sont évanouies sans laisser de monuments ni de traces d’elles-mêmes, et dont les autres n’ont laissé que des monuments si incomplets et si tronqués !

2135. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Ce que vous m’avez dit est vrai ; mais pourquoi sommes-nous sur terre, et surtout pourquoi vieillit-on ?

2136. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Il était temps, à la fin, que le feu du ciel tombât et prît à toute cette paille sèche pour renouveler la terre.

2137. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Tout le Rousseau naturel est là avec sa rêverie, son idéal, sa réalité ; et cette pièce de six blancs elle-même, qui vient après le rossignol, n’est pas de trop pour nous ramener à la terre et nous faire sentir toute l’humble jouissance que la pauvreté recèle en soi quand elle est jointe avec la poésie et avec la jeunesse.

2138. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Il se plaît à louer, à encourager en lui le défenseur de l’humanité, de la tolérance, celui qui défriche et repeuple la terre presque déserte de Ferney, comme lui-même il a peuplé les sables du Brandebourg ; en un mot, il reconnaît et il embrasse dans le grand poète pratique son collaborateur en œuvre sociale et en civilisation.

2139. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

C’est là la véritable épitaphe de Florian, de cet homme heureux, de ce talent facile et riant, que tout favorisa à souhait dès son entrée dans le monde et dans la vie, mais qui ne put empêcher un jour l’inévitable douleur, l’antique douleur de Job, qui se renouvelle sans cesse sur la terre, de se faire sentir à lui, et de lui noyer tout le cœur dans une seule goutte d’amertume.

2140. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Moins encore en raison des difficultés qu’on rencontrait dans son genre d’esprit que par l’incommodité que causait sa vertu, d’Aguesseau fut exilé deux fois dans sa terre de Fresnes.

2141. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Regardons à terre : les pauvres gens que nous y voyons épandus, la tête penchante après leur besogne, qui ne savent ni Aristote ni Caton, ni exemple ni précepte, de ceux-là tire nature tous les jours des effets de constance et de patience plus purs et plus roides que ne sont ceux que nous étudions si curieusement en l’école.

2142. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Monseigneur, dans ses chasses à la forêt de Sénart, fait à d’Antin l’honneur de s’arrêter plus d’une fois à sa terre de Petit-Bourg, et Louis XIV (faveur insigne !)

2143. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Elle ne pense qu’à élever ses enfants selon les vrais principes, à concilier l’amour et la vertu, la nature et le devoir ; à faire dans ses terres des actes de bienfaisance dont elle ne manque pas d’écrire aussitôt le récit, afin de jouir de ses propres larmes, — des larmes du sentiment.

2144. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Énonçant les motifs, réels ou non, qu’il avait eus pour entrer dans la discussion, il alla droit, avant tout, à l’adversaire, et le frappant de l’épée au visage, selon le conseil de César, il le raillait sur cette prétention au patriotisme, au désintéressement et au bien public, de laquelle Beaumarchais aimait (et assez sincèrement, je le crois) à recouvrir ses propres affaires et ses spéculations d’intérêt : Tels furent mes motifs, s’écriait-il déjà en orateur, en maître puissant dans la réplique et dans l’invective ; et peut-être ne sont-ils pas dignes du siècle où tout se fait pour l’honneur, pour la gloire, et rien pour l’argent ; où les chevaliers d’industrie, les charlatans, les baladins, les proxénètes n’eurent jamais d’autre ambition que la gloire sans la moindre considération de profit ; où le trafic à la ville, l’agiotage à la Cour, l’intrigue qui vit d’exactions et de prodigalités, n’ont d’autre but que l’honneur sans aucune vue d’intérêt ; où l’on arme pour l’Amérique trente vaisseaux chargés de fournitures avariées, de munitions éventées, de vieux fusils que l’on revend pour neufs, le tout pour la gloire de contribuer à rendre libre un des mondes, et nullement pour les retours de cette expédition désintéressée… ; où l’on profane les chefs-d’œuvre d’un grand homme (allusion à l’édition de Voltaire par Beaumarchais), en leur associant tous les juvenilia, tous les senilia, toutes les rêveries qui, dans sa longue carrière, lui sont échappées ; le tout pour la gloire et nullement pour le profit d’être l’éditeur de cette collection monstrueuse ; où pour faire un peu de bruit, et, par conséquent, par amour de la gloire et haine du profit, on change le Théâtre-Français en tréteaux, et la scène comique en école de mauvaises mœurs ; on déchire, on insulte, on outrage tous les ordres de l’État, toutes les classes de citoyens, toutes les lois, toutes les règles, toutes les bienséances… Voilà donc Mirabeau devenu le vengeur des bienséances et des bonnes mœurs contre Beaumarchais, et Figaro passant mal son temps entre les mains du puissant athlète, qui le retourne et l’enlève de terre au premier choc.

2145. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

C’est ainsi que, dans son Histoire des navigations aux terres australes (1756), il tracera le plan d’un voyage de circumnavigation qui inspirera Bougainville.

2146. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Il était encore à Rome, et dans les derniers temps de son séjour, il avait envie d’une douzaine de petites figures de terre cuite qu’on avait récemment découvertes dans un tombeau de marbre ; mais on en demandait un prix exagéré.

2147. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Il parle ensuite des savoureuses heures de sa jeunesse, des heures, où couché sur l’herbe, il écoutait les bruits de la terre, et des heures passées à l’affût dans une observation rêveuse de la nature qu’on ne peut rendre.

2148. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

L’alexandrin s’allonge et s’accourcit selon que l’idée a besoin d’ampleur ou de resserrement et le rejet, comme un rejeton de rosier planté en bonne terre, pousse et verdoie selon sa vie propre : l’allitération et les assonances internes ou finales rejoignent les deux vies et les parent de leurs feuillages.

2149. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Jamais, ou bien rarement, il s’est aventuré sur la terre commune, celle où l’être humain, dépouillé des oripeaux de la convention sociale, nu et désarmé, lutte, souffre et meurt.

2150. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Je prétens que la raison principale pour laquelle les arts n’ont pu dans aucun siècle, chez aucune nation atteindre au degré de perfection qu’ils ont eue chez les grecs ; c’est que c’est le seul endroit de la terre où ils ont été soumis au tâtonnement ; c’est que, grâce aux modèles qu’ils nous ont laissés, nous n’avons jamais pu, comme eux, arriver successivement et lentement à la beauté de ces modèles ; c’est que nous nous en sommes rendus plus ou moins servilement imitateurs, portraitistes, et que nous n’avons jamais eu que d’emprunt, sourdement, obscurément le modèle idéal, la ligne vraie ; c’est que si ces modèles avaient été anéantis, il y a tout à présumer qu’obligés comme eux à nous traîner d’après une nature difforme, imparfaite, viciée, nous serions arrivé comme eux à un modèle original et premier, à une ligne vraie qui aurait été bien plus nôtre, qu’elle ne l’est et ne peut l’être : et pour trancher le mot, c’est que les chefs-d’œuvre des anciens me semblent faits pour attester à jamais la sublimité des artistes passés, et perpétuer à toute éternité la médiocrité des artistes à venir.

2151. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Ce malheureux blessé à mort d’un coup d’épée à travers le corps est assis à terre, et il a encore la force de se soûtenir sur le bras droit.

2152. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

L’idéal tend alors à ne faire qu’un avec le réel ; c’est pourquoi les hommes ont l’impression que les temps sont tout proches où il deviendra la réalité elle-même et où le royaume de Dieu se réalisera sur cette terre.

2153. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

La simplicité rampe sur la terre, et devient de la bassesse ou de la platitude.

2154. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Mais elles n’en sont pas moins des pastels ravissants de chasteté d’attitude, de regards baissés, de rougeurs d’aurore, de beauté bien à elles, de beauté vraie, à éteindre et à effacer toutes les parures, tous les diamants, tous les maquillages de la terre !

2155. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Dans l’impossibilité où je suis de citer tout ce qui me frappe au milieu de ce fouillis de richesses, j’indiquerai au moins le chapitre où l’auteur montre, avec une audacieuse justesse, que sans l’Église le Christianisme aurait fait le mal et l’erreur du monde et qu’il ne serait plus que l’épouvante de l’Histoire ; et celui-là encore qu’il intitule : « Coexistence des pouvoirs d’ordre, de juridiction et d’infaillibilité », dans lequel il prouve d’une manière si piquante que Jésus-Christ, étant et restant dans sa forme humaine sur la terre, n’en serait pas moins tenu d’instituer son Église telle qu’il l’a instituée et telle qu’elle est à cette heure.

2156. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Il est vrai qu’il y ajoutait des rations d’eau-de-vie à rouler par terre tout un régiment de postillons désarçonnés !

2157. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

C’est l’hôte passager d’une terre vingt fois fracassée, le jouet fragile des forces souterraines qui font bouillonner des tempêtes de lave sous ses pieds.

2158. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Ils savaient que la chaleur fond le plomb, et qu’une pierre abandonnée à elle-même tombe vers la terre ; nous savons que toute résolution est précédée par la vue d’un motif, que tout souvenir est précédé et suscité par une idée associée, que l’attention rend le souvenir plus sûr et plus prompt.

2159. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il y en a un qu’il racontait souvent et que Mariéton rappelle dans sa Terre provençale ; «  Un jour, sur le pont de Trinquetaille, étant avec Mistral, Roumanille, Aubanel et Anselme Mathieu, il avait juré d’embrasser la mariée qui s’en revenait d’Arles avec son cortège fatigué, et ainsi fit-il. […] Il fit sa première halte d’intelligence dans la vieille cité phocéenne, qui lui redonna un instant l’illusion de la terre natale. […] L’évêque lui disait  : « Vous avez été un grand sur la terre. […] C’est ainsi que la terre elle-même suit les destinées de la poésie.‌ […] C’est depuis cette époque et grâce à lui que l’on vient des quatre coins de la terre voir l’Italie à Avignon, la Grèce à Arles, l’antiquité à Orange.‌

2160. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

L’observation n’existe pas chez M. de Musset, ou, si elle existe, il suffit d’une bouffée d’air ou de poésie pour qu’elle s’envole hors de portée : on dirait un de ces ballons qui ont bien un homme à leur base, mais qui, entraînés par le vent loin de la terre, et des regards, ne laissent plus distinguer que la voile brillante et légère qui les soutient à travers l’espace. […] Vous qui songez aux morts sur la terre étendus, Donnez un souvenir à ceux qui sont perdus          Sous les eaux de la mer profonde. […] voix de la terre ou des étoiles, appel furtif d’une âme en peine, plainte d’un oiseau blessé, murmure d’amour ou de tristesse, que voulait-il ? […] Donnez un but aux générations que l’on destitue de toute loi morale sur la terre, de toute espérance dans le ciel, vous en faites des révolutionnaires ; ôtez-leur ce but, vous en faites des rêveurs. […] Tous, ou presque tous, quelles que soient d’ailleurs les préoccupations ou les attaches qui nous ramènent à la terre, nous connaissons de ces moments pleins de trouble, de frisson et de délices, où notre âme, se dégageant des liens matériels qui la retiennent captive, se sent tout à coup des ailes, s’élève d’un vol vers les régions célestes, et va s’y retremper, s’y plonger, s’y absorber dans l’idée de l’infini et de Dieu.

2161. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

En revanche, vers le même temps (et ceci complète le chevalier), Mlle de Scudery observait de son bord que « les plus honnêtes femmes du monde, quand elles sont un grand nombre ensemble (c’est-à-dire plus de trois), et qu’il n’y a point d’homme, ne disent presque jamais rien qui vaille, et s’ennuyent plus que si elles étoient seules. » Au contraire, « il y a je ne sais quoi, que je ne sais comment exprimer (avouait d’assez bonne grâce cette estimable fille), qui fait qu’un honnête homme réjouit et divertit plus une compagnie de dames que la plus aimable femme de la terre ne sauroit faire25. » Quand on sent si vivement des deux côtés l’avantage d’un commerce mutuel, on est bien près de s’entendre ou plutôt on s’est déjà entendu, et la science de l’honnête homme a fait bien des pas. […] Le chevalier ne commence à poindre dans les Lettres de Balzac qu’en l’année 1646 ; c’est bien à lui que ce grand complimenteur écrivait : « La solitude est véritablement une belle chose ; mais il y auroit plaisir d’avoir un ami fait comme vous, à qui l’on pût dire quelquefois que c’est une belle chose27. » Et encore : « Si je vous dis que votre laquais m’a trouvé malade, et que votre lettre ma guéri, je ne suis ni poëte qui invente, ni orateur qui exagère ; je suis moi-même mon historien qui vous rend fidèle compte de ce qui se passe dans ma chambre28. » Le chevalier, dans cette lettre, est traité comme un brave et comme un philosophe tout ensemble ; il avait servi avec honneur sur terre et sur mer29.

2162. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Cinq fois par semaine, chez le duc de Choiseul, à dix heures du soir, le maître d’hôtel vient jeter un coup d’œil dans les salons, dans l’immense galerie pleine, et, au juger, fait mettre cinquante, soixante, quatre-vingts couverts197 ; bientôt, sur cet exemple, toutes les riches maisons se font gloire de tenir table ouverte à tous venants  Naturellement, les parvenus, les financiers qui achètent ou se donnent un nom de terre, tous ces traitants et fils de traitants qui, depuis Law, frayent avec la noblesse, copient ses façons. […] Superbement vêtu, beau, galant, d’une politesse exquise, le moindre de ses sourires était une grâce. « Son visage toujours riant inspirait la confiance ; il avait la vraie physionomie de l’homme destiné à représenter. » Telle est aussi l’attitude et l’occupation des principaux seigneurs laïques, chez eux, en été, lorsque le goût de la chasse et l’attrait de la belle saison les ramènent sur leurs terres.

2163. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Jonson n’a pas creusé assez avant, et ses constructions sont incomplètes ; il a bâti à fleur de terre, et il n’a bâti qu’un étage. […] Joignez-y encore sa noblesse morale, son âpreté, sa puissante colère grondante, exaspérée et acharnée contre les vices, sa volonté roidie par l’orgueil et la conscience, « sa main armée et résolue à dépouiller, à mettre nues, comme au jour de leur naissance, les folies débraillées de son siècle, à imprimer sur leurs flancs éhontés les sillons de son fouet d’acier122  » ; par-dessus tout le dédain des basses complaisances, le mépris affiché « pour les esprits éreintés qui trottent d’un pied écloppé aux gages du vulgaire », l’enthousiasme, l’amour profond « de la Muse bienheureuse, âme de la science et reine des âmes, qui, portée sur les ailes de son immortelle pensée, repousse la terre d’un pied dédaigneux, et va heurter la porte du ciel123. » Voilà les forces qu’il a portées dans le drame et dans la comédie ; elles étaient assez grandes pour lui faire une grande place et une place à part.

2164. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Par exemple, je récite de mémoire le début de Rolla : Regrettez-vous Io temps où le ciel sur la terre Marchait et respirait clans un peuple de dieux ? […] Voilà deux vers qui commencent par le même hémistiche : Regrettez-vous le temps… Comment se fait-il que je termine le second en ajoutant : où nos vieilles romances, au lieu de le terminer comme le premier en ajoutant : où le ciel sur la terre ?

2165. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Virgile né près de Mantouë de parens obscurs, fut chassé de sa maison & d’un petit champ, son unique patrimoine, par la distribution qu’on fit aux soldats vétérans d’Auguste, des terres du Mantouan & du Cremonois. […] Dans le voyage de Caton en Afrique, tous les serpens de la terre, comme s’ils s’étoient donné rendez-vous, sont rassemblés sur son passage.

2166. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

« On doit considérer les faunes souterraines, dit-il, comme autant de petites ramifications de la faune géographiquement circonscrite des contrées environnantes, qui, ayant pénétré peu à peu sous terre, se sont accommodées aux circonstances locales à mesure qu’elles s’étendaient dans une obscurité de plus en plus complète. […] Quelle que puisse être la cause de chaque légère différence produite dans la postérité de communs parents, nous pouvons être certains que cette cause existe pour chacune d’elles ; et c’est l’accumulation constante par sélection naturelle de ces différences, lorsqu’elles sont avantageuses à l’individu, qui donne naissance aux plus importantes modifications de structure, auxquelles les innombrables êtres répandus à la surface de la terre doivent les moyens de lutter les uns contre les autres, de manière que les mieux adaptés à leur situation particulière puissent survivre.

2167. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

(Dans la démocratie il peut y avoir autant de Nérons qu’il y a d’orateurs qui flattent le populaire ; il y en a plusieurs à la fois, et tous les jours il en sort de nouveaux de dessous terre.) » Et Roederer insistait sur la force de cette expression suboriuntur, viennent de dessous les autres et de plus bas 53.

2168. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle trouvait en France, aux choses les plus naturelles et les plus usuelles, un autre goût et un goût moindre qu’en Allemagne : Le lait et le beurre, disait-elle après cinquante ans de séjour, ne sont pas aussi bons que chez nous ; ils n’ont pas de saveur et sont comme de l’eau ; les choux ne sont pas bons non plus, car la terre n’est pas grasse, mais légère et sablonneuse, de sorte que les légumes n’ont pas de force et que le bétail ne peut donner de bon lait.

2169. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

En voici une, par exemple : Le rossignol et le ver luisant Un rossignol qui, tout le long du jour, avait réjoui le village de son chant et n’avait suspendu ses notes ni au crépuscule ni même lorsque la soirée fut finie, commença à ressentir autant qu’il le pouvait les appels aigus de la faim ; lorsque, regardant avidement à l’entour, il avisa tout à coup au loin sur la terre quelque chose qui brillait dans l’ombre, et il reconnut le ver luisant à son étincelle.

2170. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Sans parler de sa mère, femme forte, de vieille roche, l’inspiratrice et l’âme des résistances, et sur laquelle nous aurons tout à l’heure à revenir ; sans parler de sa femme, de cette fille de Sully, beauté toute jolie et mignonne, épouse des plus légères, mais fidèle politiquement et auxiliaire active et dévouée, Rohan avait pour second son frère : ce cadet, Benjamin de Rohan, connu sous le nom de Soubise, était l’homme de mer, l’amiral des Églises, de même que Rohan en était le généralissime sur terre et dans les montagnes.

2171. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Il devait y être préparé par ses conversations avec Bolingbroke, qu’il avait beaucoup vu à Paris et à sa terre de la Source, près d’Orléans ; mais l’impression qu’il reçut de ce spectacle nouveau, moins encore de la chose politique et du jeu de la constitution que du groupe philosophique et librement penseur qu’il y rencontra, paraît avoir surpassé son attente ; elle fut sur lui profonde et indélébile.

2172. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

C’est là où Son Éminence écoute les dames, les prélats et les puissants de la terre, qui sont tous debout en différents coins, tandis que le cardinal occupe le milieu de la cheminée avec ceux qu’il entretient.

2173. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Après avoir dompté et décapité les grands, maté les protestants comme parti dans l’État, déconcerté et abattu les factions dans la famille royale, tenant tête par toute l’Europe à la maison d’Autriche, faisant échec à sa prédominance par plusieurs armées à la fois sur terre et sur mer, il eut l’esprit de comprendre qu’il y avait quelque chose à faire pour la langue française, pour la polir, l’orner, l’autoriser, la rendre la plus parfaite des langues modernes, lui transporter cet empire, cet ascendant universel qu’avait eu autrefois la langue latine et que, depuis, d’autres langues avaient paru usurper passagèrement plutôt qu’elles ne l’avaient possédé.

2174. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

. » Et avec cette antithèse de bon ange et de mauvais génie, avec cette métaphore qu’il paraît prendre tout à fait au pied de la lettre, le magistrat brise le rêve de bonheur des deux jeunes gens ; et la jeune fille, acceptant à l’instant cette solution extrême et s’y résignant, ne pense plus qu’à aller au plus vite chercher son père, qui vit retiré depuis des années dans une terre en Dauphiné, et qu’elle se reproche d’avoir méconnu jusque-là dans son ingratitude, comme si, ignorant tout, elle était en rien coupable.

2175. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Il ne saurait donc être exact de dire avec l’historien d’Auteuil, Feuardent, que Mme de Boufflers mourut pendant la Terreur dans la terre de DesAlleurs appartenant à sa bru, près de Rouen : elle survécut à l’époque sanglante ; mais de combien de temps ?

2176. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Si l’Angleterre avait eu un gouvernement oppressif, ce pays, ainsi que son peuple, serait le dernier de l’univers : mauvais climat, mauvaise terre, productions par conséquent qui n’ont aucun goût ; il n’y a que la bonté de son gouvernement qui en a fait un pays habitable.

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