Supposez, par exemple, qu’on veuille seulement lire tout ce qui a trait à l’école romantique et notez que ce n’est guère dépasser les limites d’un demi-siècle.
Cette excessive prolixité n’est pas le seul défaut qu’on puisse leur reprocher : il regne dans la plupart un ton de singularité qui fait disparoître le mérite des traits d’esprit qui s’y montrent de temps en temps.
qu’elle ne soit semée de traits peu mesurés ?
Autant il est sévere à proscrire les inutilités, autant il se montre attentif à circonstancier les grands événemens, à recueillir scrupuleusement les détails qui ont rapport aux traits instructifs & intéressans.
Il est vrai que la Langue seroit restée dans une barbarie ridicule, si son style avoit servi de modele à ceux qui l'ont suivi ; mais on trouve dans ses Ouvrages une verve qui étonne, & des traits d'esprit, qui, revêtus d'expressions moins baroques, feroient honneur aux meilleurs Poëtes de ce Siecle.
Il fait aimer le premier, par l'adresse avec laquelle il présente, d'un côté, la douceur & la politesse ingénieuse de ses mœurs, & de l'autre, les divers agrémens de son style ; il fait admirer Montesquieu, en le représentant sous les traits précieux qui caractérisent l'Homme bienfaisant, le Moraliste profond, le Philosophe conséquent, & le Législateur des Nations.
A la tête de ce petit Poëme, est un Avertissement où l'Auteur s'exprime ainsi : « Une fausse Philosophie, née de l'indépendance & de la présomption, leve aujourd'hui un front audacieux, s'arme de mille traits empoisonnés qu'elle ose lancer contre la Religion ; elle la poursuit avec une fureur qui n'a point d'exemple.
Le plus grand défaut qu’on puisse reprocher à l’Abbé Trublet, c’est d’appuyer trop long-temps sur une même pensée, de la retourner en trop de façons différentes ; défaut qui prouve au moins l’injustice des traits lancés contre sa stérilité & son peu d’imagination.
Préface Les essais qui forment ce livre sont consacrés à six écrivains de nationalités diverses, introduits, accueillis et devenus célèbres en France pendant ces cinquante dernières années et qui marquent ainsi un des traits particuliers de l’histoire de notre littérature : l’influence qu’y ont exercée des auteurs étrangers de race, de langue, de tournure d’esprit à tout ce que l’on considère comme le propre du génie gallo-latin.
Plus ils faisoient d’efforts pour repousser les traits de la satyre, plus elle les en accabloit.
Le trait qui termine la prière du monarque d’Ilion est du plus haut sublime dans le genre pathétique.
Donc, pour nous, le premier trait du dessin a existé dans l’idée éternelle de Dieu, et la première statue que vit le monde, fut cette fameuse argile animée du souffle du Créateur.
Les Lettres galantes du Chevalier d’Her** sont moins remarquables par quelques traits délicats & fins que par les fadeurs monotones & les plaisanteries entortillées qui les caractérisent.
Si le trait de l’épigramme n’est pas vif, si le sujet n’en est pas tel qu’on l’écoutât avec plaisir, quand même il seroit raconté en prose, l’épigramme, quoique bien versifiée et rimée richement, ne sera retenuë de personne.
Il n’y entre qu’une image des plus simples, celle de l’amour qui décoche ses traits sur Medée.
Ils différaient même du dix-septième siècle par un trait capital : ils étaient lyriques. […] Mais le lyrisme est le trait essentiel du talent de M. […] Le timbre de la voix, une inflexion, un trait, une odeur, et le désir s’empare de l’homme, ou le déserte. […] Suarès a quelques traits communs avec Barbey d’Aurevilly. […] Mais un trait original par où M.
Le trait est sanglant. […] D’un trait vous avez marqué les défauts, les grands défauts de la trilogie dantesque ; je n’y veux pas contredire. […] Je ne voudrais pas pousser la chose à outrance : mais quelques traits généraux de comparaison, je les trouverais bien dans le site, dans la physionomie, dans l’activité propre aux deux villes. […] Mais, entre le regard lent de ses grands yeux à fleur de tête, son front haut, modelé avec délicatesse, où se marquaient durement de noirs sourcils, et les autres traits du visage, il y avait désaccord. […] Poussé par le désir de se rendre secourable à ceux qui souffrent (c’est un des grands traits dominants dans la vie de Gœthe), il veut devenir, comme l’Allighieri, savant en médecine.
. — Un autre trait de l’humour est l’oubli du public. […] Il note au vol toutes les nuances, toutes les bizarreries de sa conception ; tant pis pour nous si la nôtre n’y atteint pas. — Un dernier trait de l’humour est l’irruption d’une jovialité violente, enfouie sous un monceau de tristesses. […] Nous touchons ici le trait anglais et étroit de cette conception allemande et si large. […] Elles signifient que l’artiste démêle et exprime mieux que personne les traits saillants et durables du monde qui l’entoure, en sorte qu’on peut extraire de son œuvre une théorie de l’homme et de la nature, en même temps qu’une peinture de sa race et de son temps. […] Ces hommes sont les véritables héros de l’Angleterre ; ils manifestent en haut relief les caractères originels et les plus nobles traits de l’Angleterre, la piété pratique, le gouvernement de la conscience, la volonté virile, l’énergie indomptable.
Je mets des épithètes gracieuses sur tes traits, mais est-ce une raison ? […] Les traits étaient méconnaissables détendus, ridés. […] Hector, qui me regardait, lut mes émotions sur mes traits. […] Le dernier trait est charmant et laisse bien au personnage le caractère que lui a donné l’évangile de la Passion. […] Il fallait bien forcer un peu les traits pour vous rendre mieux reconnaissable ce monstre : le jeune homme de lettres en cette fin de siècle.
Cela même devient un trait caractéristique de l’esprit du temps. […] Il est encore un trait commun à l’imagination arabe qu’on y retrouve également. […] Quelquefois la réprimande est si vive, qu’il faut la rappeler comme un trait distinctif de la liberté du temps. […] C’est même un trait remarquable que ce concours de deux influences qui souvent se contrarient. […] C’est un trait distinctif du temps.
Des paysages francs, naturels, des scènes prises sur le fait, une grande vérité de traits et un grand art d’expression dédommagent de l’action un peu absente, et recommandent, à première vue, cette étude qui est, du moins, une haute et noble tentative.
Michelet, ailleurs, a durement parlé de Louis XVI, on peut dire qu’il lui a fait réparation ici en la personne du duc de Bourgogne, cette ébauche et cette épreuve anticipée du même caractère, et une épreuve bien plus soignée, bien plus fine de traits assurément.
Nul érudit ne connaît mieux qu’elle, et plus à fond, cet Orient de jadis et d’aujourd’hui : pas un détail de costume, pas un trait de mœurs en ces pages de lumière polychrome qui ne soit conforme à ce qui fut, à ce qui est réellement.
Il n’a rien inventé, il est vrai, mais il a su se rendre propres les découvertes des autres, en y ajoutant des traits de lumiere qui n’ont pas peu servi à les faire valoir.
Elle a fait éclater, dans l’événement * malheureux, qui a donné lieu à la Voix du Pauvre, ce qu’on a éprouvé dans tous les temps de sa part, des traits héroïques de courage & de sentiment, qu’on attendoit en vain de la verbeuse & stérile humanité.
On y trouve en revanche des traits de force & de lumiere, des leçons de morale, des regles de goût qu’on peut adopter sans craindre de s’égarer.
Ses Eglogues sur-tout lui donnent un nouveau trait de ressemblance avec le Chantre de Mantoue, & peuvent trouver place à côté des Bucoliques.
Mais le trait, lancé contre l’auteur des Entretiens, étoit entré trop avant dans son cœur pour l’en arracher.
Mais les poètes ne se continrent pas toujours dans ces bornes : les chœurs furent composés ensuite, ou de personnages satiriques, ou de personnages qui recevaient des traits de satire qui rejaillissaient indirectement sur les principaux citoyens.
Ici nous proposons d’ouvrir un nouveau sentier à la critique ; nous chercherons dans les sentiments d’une mère païenne, peinte par un auteur moderne, les traits chrétiens que cet auteur a pu répandre dans son tableau, sans s’en apercevoir lui-même.
Déjà l’Océan se creuse pour engloutir les matelots ; déjà les vagues, élevant leur triste voix entre les rochers, semblent commencer les chants funèbres ; tout à coup un trait de lumière perce la tempête : l’Étoile des mers, Marie, patronne des mariniers, paraît au milieu de la nue.
… Dans l’esprit humain et dans l’Histoire, qui est la glace de l’esprit humain, mais une glace où les traits restent au lieu de passer, rien n’est isolé, tout se tient, tout s’enchaîne, et le devoir de l’historien est de montrer ces enchaînements, ces jointures, ces articulations, qui constituent l’ensemble de l’Histoire et de son unité.
Je ne frustrerai point Gabriel Legouvé de certains grands traits de pathétique et de nuances déjà sensible de mélancolie moderne. […] En revêtant les traits de Samson le poète se rehausse et se transfigure. […] Son livre qui va nous aider à fixer quelques traits, de cette remarquable figure, est surtout anecdotique et biographique. […] Pourtant c’est un des traits les plus généraux de l’existence humaine. […] Mais que cet ange est plus sympathique sous les traits d’une femme victime de sa compassion !
Sans doute ces traits jusqu’au bout resteront ceux de la physionomie de Maupassant. […] Maupassant a tous les traits qui caractérisent la race ; il n’en a point d’autres. […] C’est dans ses études sur l’histoire de notre littérature que nous irons chercher les traits qui caractérisent son talent. […] Au besoin il insiste, accentue le trait, force la note. […] Quels sont les traits caractéristiques de notre siècle ?
Ils marquent seulement les faits individuels ou sociaux d’un trait si fort qu’ils en deviennent inoubliables. […] Vous ne trouverez pas le même trait chez les personnages du roman anglais de la même époque, ni plus tard chez les Russes. […] Et ce dernier trait, abominable : « Une attaque d’apoplexie nous en a délivrés. » On ne saurait pousser plus loin l’expression de la haine. […] Les romancières ne réussissent pleinement — en y ajoutant d’ailleurs, ce qui est précieux, des traits dont seules elles sont capables — à faire vivre que des femmes. […] C’est fin, consciencieux, décidé, d’un trait toujours parfaitement net — avec une partie de sécheresse.
V L’individu connut son prix, lorsque l’Esprit absolu se saisit lui-même et se révéla dans un homme, qui enseigna à ses frères ou plutôt leur montra comment ils pouvaient aussi s’unir avec Dieu196, et l’importance infinie conquise par la personne humaine est le trait le plus profond et le plus général du changement survenu alors dans la conscience du monde, puis dans l’art dramatique, cette représentation idéale que l’Humanité se donne à elle-même du drame divin développé par elle dans l’histoire. […] IX Shakespeare est trop grand pour que l’on puisse définir son génie par un trait. Mais, s’il est un trait de son génie qui soit plus remarquable que les autres, n’est-ce pas la libéralité avec laquelle il prodigue à ses moindres personnages mille dons naturels, dont la profusion éclatante les rend très supérieurs au rôle spécial qu’ils ont à remplir ? […] Un esprit élevé, une âme pénétrée du sentiment de la vertu, à la vue d’un monde qui, loin de réaliser son idéal, ne lui offre que le spectacle du vice et de la folie, s’élève contre lui avec indignation, le raille avec finesse et l’accable des traits de sa mordante ironie. […] Cette imperturbable assurance dans la vérité de ses opinions est encore relevée d’une manière tout à fait heureuse par les plus beaux traits de caractère.
Du curé, du notaire, amis de la famille, Pieux hommes de bien, dont j’ai rêvé les traits, Morts pourtant sans savoir que jamais je naîtrais. […] C’est à un souvenir de ce moment que se rapporte la pièce de vers suivante, dans laquelle on a tâché de rassembler quelques impressions déjà anciennes, et de reproduire, quoique bien faiblement, quelques mots échappés au poète, en les entourant de traits qui peuvent le peindre. — À lui, au sein des mers brillantes où ils ne lui parviendront pas, nous les lui envoyons, ces vers, comme un vœu d’ami dans le voyage. » Un jour, c’était au temps des oisives années, Aux dernières saisons, de poésie ornées Et d’art, avant l’orage où tout s’est dispersé, Et dont le vaste flot, quoique rapetissé, Avec les rois déchus, les trônes à la nage. […] » Et l’autre berger reprend : « Oui, vous l’avez entendu dire, et ç’a été en effet un bruit fort répandu ; mais nos vers et nos chansons, au milieu des traits de Mars, ne comptent pas plus, ô Lycidas ! […] Les anciens grammairiens, chez qui on serait tenté de chercher une biographie positive du poète, y ont mêlé trop d’inepties et de fables ; mais, de quelques traits pourtant qu’ils nous ont transmis et qui s’accordent bien avec le ton de l’âme et la couleur du talent, résulte assez naturellement pour nous un Virgile timide, modeste, rougissant, comparé à une vierge, parce qu’il se troublait aisément, s’embarrassait tout d’abord, et ne se développait qu’avec lenteur ; charmant et du plus doux commerce quand il s’était rassuré ; lecteur exquis (comme Racine), surtout pour les vers, avec des insinuations et des nuances dans la voix ; un vrai dupeur d’oreilles quand il récitait d’autres vers que les siens. […] « Et, dans tout ceci, je n’imagine rien ; je ne fais qu’user et profiter de traits qui nous ont été transmis, mais en les interprétant comme je crois qu’il convient le mieux.
Vers l’ouest et le sud-ouest le regard s’étend librement sur une vaste prairie à travers laquelle, à la distance d’un bon trait d’arbalète, l’Ilm coule en replis silencieux. […] » Et parce que le même trait se trouve dans Homère, il faut que Shakespeare le doive à Homère ! […] Et ainsi toujours des légendes sans nombre, qui toutes ont trait à la moralité et à la convenance. […] — Je ne raconte pas ce trait pour m’en glorifier ; mais cet acte est tout à fait dans ma nature. […] Goethe dit : « Je me rappelle un trait des commencements de mon séjour à Weimar.
Or, le magnus seclorum nascitur ordo n’est qu’un des traits gentiment hyperboliques d’une pièce de circonstance, d’un « compliment » de bienvenue au nouveau-né d’un riche protecteur, Asinius Pollio. […] Il a des détours et des recherches qui sont un délice ; il a le trait et il a la couleur. […] Il dit de Voltaire : « Voltaire a, comme le singe, les mouvements charmants et les traits hideux. » Il dit de Platon : « Platon se perd dans le vide, mais on voit le jeu de ses ailes, on en entend le bruit. » Il nous apprend que « Xénophon écrit avec une plume de cygne, Platon avec une plume d’or et Thucidyde avec un stylet d’airain ». […] Rassemblons ces traits. […] Le trait me semble rare.
L’idée la plus pure, encore une fois, contient toujours quelque représentation sensible, est toujours accompagnée de quelque mouvement et de quelque effort ; dans la méditation, cet effort se manifeste sur le visage même par la tension et l’immobilité des traits. […] On pourrait croire qu’on aura ainsi un dessin grossier et confus ; au contraire, les traits communs, les traits de famille, se renforcent si bien que les autres disparaissent, et l’image obtenue est très nette : c’est le type de la famille. […] Galton a combiné ainsi les traits de six femmes romaines, qui lui ont donné un type d’une beauté singulière et un charmant profil générique. […] Son utilité consiste à remplacer les objets par des images qui les représentent dans leurs traits principaux et qui en sont pour notre esprit, selon l’expression de Taine, les substituts.
VIII La tonte des brebis, le lavage des agneaux dans le bassin d’eau courante ; la dernière gerbe qui arrivait dans l’aire sur le dernier char de la moisson, festonné de bleuets, de pavots, de guirlandes de chêne ; la dernière gerbe battue, dont on apportait le grain dans une écuelle au maître du château pour la répandre sous ses pas et pour qu’il remplît à son tour l’écuelle vide de petites monnaies pour les batteurs ; la visite des étables, où les bœufs, les vaches, les taureaux, liés aux mangeoires par de grosses cordes, étalaient leurs flancs luisants et leurs litières dorées, témoignages des soins et de la propreté des bouviers ; les écuries des chevaux de trait, tapissées de harnais aux boucles de cuivre aussi éclatantes que l’or, le bruit de leurs mâchoires qui moulaient l’orge, la fève ou l’avoine entre leurs dents, délicieuse musique des râteliers bien garnis aux heures où le laboureur détèle trois fois par jour ses attelages ; les mugissements lointains des bœufs de labour répercutés d’une colline à l’autre, le matin avant que le soleil se lève ; les cris intermittents de l’enfant qui les chatouille de la pointe de l’aiguillon ; les claquements du fouet du charretier qui revient à vide de la ville où il a déchargé ses sacs de blé ; le roucoulement perpétuel des pigeons sur le toit du colombier ou sur la paille des basses-cours, ou ils disputent l’épi mal vidé aux poules ou aux passereaux ; les fêtes champêtres au château, fêtes qui marquaient pour les serviteurs et pour les mercenaires des hameaux voisins la fin de chaque travail essentiel de l’année ; les danses dans la grande salle délabrée quand la pluie ou le froid s’opposait aux danses sur les pelouses des parterres ; les préférences naissantes, les inclinations devinées, avouées, combattues, ajournées, triomphantes enfin entre les jeunes serviteurs de la ferme et les jeunes servantes de la maison ; les aveux, les fiançailles, les noces, les joies des épousées devenant la joie et l’entretien de toute la tribu ; enfin ces repos et ces silences complets des dimanches d’été succédant aux bruits de la semaine, silences délassants pendant lesquels on n’entendait plus autour du château et jusqu’au fond des bois que le bourdonnement des abeilles sur le sainfoin autour des ruches et le ruminement assoupissant des bœufs couchés sur les grasses litières dans les étables ; toutes ces scènes de la vie privée, quoique vulgaire, rurale, domestique, n’étaient-elles pas aussi riches de véritable poésie épique ou descriptive que les scènes de la vie publique dans l’Iliade, que les tentes des héros, les conseils des chefs, les champs de bataille d’Ilion ? […] Si je le lisais à la servante de la basse-cour Geneviève, qui prend la poignée de grains dans son tablier et qui la jette en nuage poudreux aux poules ; si je le lisais au vieux Jacques, le berger qui trait ses chèvres descendues de la montagne et qui cause avec ses chiens couchés au soleil à ses pieds, Geneviève et Jacques s’y reconnaîtraient ; ils prendraient, en s’y reconnaissant, autant d’intérêt qu’un roi ou qu’une reine à cette histoire. […] Après avoir bien attaché par des câbles les agrès du navire, ils remplissent des coupes de vin et font des libations aux dieux. » XVII Minerve, sous les traits de Mentor, conduit d’abord le fils d’Ulysse chez Nestor, le plus sage et le plus vertueux des Grecs revenus de l’expédition de Thrace. […] La poire vieillit auprès de la poire, la pomme auprès de la pomme, la grappe auprès de la grappe, et la figue auprès de la figue. » — « Tenez, ajoutait mon oncle en nous montrant du doigt sa vigne nouvellement plantée : là fut aussi plantée une vigne. » Nous nous attendrîmes à ces beaux vers où Homère, se représentant lui-même sous les traits du chanteur Démodocus, chante à Ulysse, qu’il ne connaît pas, ses propres exploits sous les murs d’Ilion. […] Cependant vos traits et votre stature ne sont point d’un pauvre esclave ; au contraire, vous avez l’apparence d’un roi ; vous ressemblez à l’homme riche qui, lorsqu’il s’est baigné, qu’il a mangé, se repose paresseusement dans son jardin.
Car on a beau être historien par la tête et par les entrailles, on a beau avoir une plume solide et brillante, on a beau chercher dans la force de son mépris le trait qui doit rester comme une condamnation et une flétrissure immortelles, il est à coup sûr des temps, des choses et des personnages, qui désarment toujours un peu l’historien et qui l’affaiblissent. […] Quand une fois il nous a montré toutes les plaies dont elle était morte, l’historien nous met au courant de cette Constitution de l’an III, qui régnera jusqu’au moment où commencera de souffler ce vent que l’on n’apaisera plus et qui doit emporter toutes les constitutions, les unes après les autres ; puis il nous frappe en effigie ces têtes molles qui répugnent à la ferme précision des médailles, ces traits brouillés de sang, blafards de peur, des maîtres nouveaux de la France : Barras, La Révellière-Lépeaux, Rewbell, Le Tourneur et Carnot. […] Il y a l’entente bien plus profonde du grand homme qui commence à poindre, et dont Μ. de Cassagnac a très bien saisi et rendu le trait caractéristique, à ce moment de son action. En 1797, le trait principal de la figure de Bonaparte, qui se détache, dans sa jeune beauté de tête de Méduse, sur le bouclier de la Victoire, c’est le silence et l’impénétrabilité. […] La force, et la force simple, spontanée, naturelle, belle et formidable dans sa nudité comme Hercule, est le trait saillant, habituel, consubstantiel et ineffaçable, du talent de Granier de Cassagnac.
Il garde pour dernier trait le mot le plus fort, et marque la symétrie des idées par la symétrie des phrases. […] Si loin qu’il aille, quelque objet qu’il touche, il ne voit partout dans l’univers que le nom et les traits de Stella. […] Il s’arrête, après avoir raconté un beau trait de chasteté, pour conseiller aux dames d’être pudiques. […] L’art est venu, voilà le grand trait du siècle, le trait qui distingue ce poëme de tous les récits semblables entassés par le moyen âge. […] Ce qui les frappe, ce ne sont plus les traits généraux des choses ; ce qu’ils tâchent d’exprimer, ce n’est plus la nature intime des choses.
Il allume du feu et trait convenablement ses brebis. […] Il semblait mélancolique et las, mais il n’avait point perdu ses anciennes grâces, ni la beauté de ses traits. […] C’était un homme entre deux âges, à la barbe grisonnante, aux traits alourdis. […] Elles passent, droites, les traits figés, la poitrine en saillie, le pied sûr. […] Malgré son grand âge, l’admirable artiste gardait toujours dans les traits de son visage la marque sévère du génie.
Ce dernier trait suffit. […] Presque tous ressemblent, par quelque trait, à l’Écornifleur. […] Reconnaissons ici le trait caractéristique du véritable romancier. […] Par quels traits spécifiques se distinguait la France ? […] Benda l’a marqué en quelques traits ironiques ?
Est-ce à dire qu’un autre observateur et un autre peintre placé à côté du premier, mais à un point de vue différent, ne présenterait pas une autre peinture qui aurait d’autres couleurs, et peut-être aussi quelques autres traits de dessin ? […] Est-ce que par lui nous ne connaissons pas (mais je dis connaître comme si nous les avions vus), et dans les traits mêmes de leur physionomie et dans les moindres nuances, tous ces personnages, et les plus marquants et les secondaires, et ceux qui ne font que passer et figurer ? […] Mais je ne parle que de portraits et il y a bien autre chose chez lui, il y a le drame et la scène, les groupes et les entrelacements sans fin des personnages, il y a l’action ; et c’est ainsi qu’il est arrivé à ces grandes fresques historiques parmi lesquelles il est impossible de ne pas signaler les deux plus capitales, celle de la mort de Monseigneur et du bouleversement d’intérêts et d’espérances qui s’opère à vue d’œil cette nuit-là dans tout ce peuple de princes et de courtisans, et cette autre scène non moins merveilleuse du lit de justice au Parlement sous la Régence pour la dégradation des bâtards, le plus beau jour de la vie de Saint-Simon et où il savoure à longs traits sa vengeance. […] Il a le nez un peu en l’air et assez mutin, la bouche maligne et d’où le trait n’a pas de peine à partir.
C’est commettre une grande erreur historique et politique que de croire à l’existence de traits intellectuels stables et universels, dans les peuples, qui, de tout temps ont été composites et changeants. […] Il serait facile de multiplier les exemples de ce genre, de rappeler tout ce que nous avons dit et ce qui est notoire sur la diversité des individus qui composent une nation, dans un même pays, de faire remarquer combien les immenses migrations des races indo-européennes, mongoles, ou sémitiques ont peu contribué, en somme, à oblitérer les quelques traits généraux qu’on leur reconnaît. […] Pour l’une, il conviendra accumule les détails de ton et de manières qu’elle est accoutumée à trouver dans son entourage ; pour les autres, il sera nécessaire d’exagérer certains traits d’existence luxueuse et perverse qu’ils se sont habitués, par haine de caste et par envie, à associer avec le type du noble. […] Ce sont là autant de présomptions favorables ; mais la preuve des théories que nous venons d’exposer est ailleurs ; elle est dans le cours même de l’histoire générale des lettres et des arts, dont on ne peut venir à bout, sans leur aide, d’expliquer les anomalies et les grands traits.
« Le solitaire succombe, il aime la divinité cachée sous les traits de la danseuse céleste ; une fille est née de cette union ; l’Apsara, en remontant au ciel, la laisse endormie à la porte de l’antre, sur un lit de mousse et de fleurs. » Canoua, en allant se baigner dans le fleuve, aperçoit l’enfant endormi sur la rive ; mille oiseaux de la forêt volaient et tourbillonnaient sur sa tête, agitant leurs ailes pour rafraîchir et ombrager le front de la divine enfant. […] Que le ciel écarte de son flanc le trait du chasseur ! […] Qu’est-ce que l’existence fugitive de ce frêle animal, comparée à la pointe acérée de tes traits ? […] Ma chère, quel peut donc être cet étranger qui, tant par ses traits profondément empreints d’une majesté calme, que par ses discours où règne la politesse la plus aimable, se montre digne d’occuper le plus haut rang ?
Il n’est pas permis de soupçonner les intentions des hommes qui se font mutuellement du bien. » Il y a aussi dans sa manière quelques traits de force et d’énergie. […] Lémontey admirait fort ces traits et plusieurs autres qui prouvent également l’écrivain aguerri.
.), me plaisent moins que ceux qui seront retracés chemin faisant et avec des traits plus naturels, sans que l’auteur ait l’air de se mettre exprès à son chevalet. […] À un certain endroit un pont, d’une seule arche se présente, jeté sur le gave, à quatre-vingt-dix pieds environ au-dessus du torrent : « Ce pont lui-même, antique et dégradé, revêtu de lierre qui pend de sa voûte en rustiques festons, a pris en quelque sorte l’uniforme de la nature, et a cessé d’être dans ce sauvage tableau un objet étranger. » L’uniforme de la nature est un de ces traits maniérés ou affectés qui se rencontrent quelquefois chez Ramond, mais qui ne sauraient compromettre le juste effet des ensembles.
La société m’importune, la solitude m’accable… Je me précipite sur cette terre qui devrait s’entrouvrir pour m’engloutir à jamais… Je me traîne vers cette colline d’où l’on aperçoit votre maison, je reste là les yeux fixés sur cette retraite que je n’habiterai jamais avec vous. » Et cette maison, cette retraite tant convoitée, tant regardée, et qui lui paraît offrir de si enviables perspectives de bonheur, il n’en retrace pour lui ni pour nous aucun trait distinct et reconnaissable, il ne nous la montre pas. […] Je ne sais ce que mes traits exprimèrent, mais je n’avais jamais éprouvé de contraction si violente.
Ce furent des curieux de tout temps que les de Luynes ; non que je veuille remonter, pour retrouver en lui ce trait caractéristique, au chef même de leur race, à l’auteur de leur illustration historique, et insister sur les talents ornithologiques par lesquels il gagna, dit-on, la faveur de Louis XIII. […] Cependant, quand il s’agit de Louis XIV et de l’importance qu’avaient alors ces grâces d’entrées, ces permissions de suivre, ces faveurs singulières si fort recherchées du courtisan, il y a lieu de s’arrêter avec M. de Luynes, et de les relever comme des traits de mœurs qui ont leur signification et leur physionomie.
Qu’est-ce, auprès de ces systèmes profonds, rigoureux, enchaînés, et d’une vérité éternelle, qui occupent la pensée d’un Newton ou d’un Laplace, que nos faibles observations passagères, nos remarques d’esprits fins et légers, sans suite, où le fil casse à chaque instant, nos aperçus rapides et fugitifs, ce que nous appelons traits d’esprit, saillies, reflets, étincelles aussitôt nées, aussitôt évanouies ? […] Bertrand, dans l’excellent discours qu’il a prononcé sur la tombe de son illustre confrère, a relevé avec raison ce trait caractéristique.
La critique littéraire, par ses progrès mêmes et en marquant de traits de plus en plus distincts et individuels le caractère des talents originaux, a dégoûté des copies ambitieuses et a découragé les émules. […] Le père interroge les suivantes ; on lui répond : « C’est la sœur de Chrysis. » Ce fut un trait de lumière.
Il entre dans l’esprit de ce ministère des prophètes, et l’on sent qu’il était digne d’en être un lui-même par le souffle de l’inspiration et par l’ardeur ; il définit en larges traits cette espèce d’école et de communauté de voyants, véritable institution monastique et cénobitique, qui maintenait à grand-peine et à grand renfort de menaces la pureté de la foi parmi les tribus fidèles. […] Après avoir exposé à si grands traits la constitution et le génie des Romains, Bossuet revient comme en arrière et se met à énumérer une série des faits principaux depuis Romulus.
Le caractère général de la littérature est le même dans tous les pays du Nord ; mais les traits distinctifs du genre allemand tiennent à la situation politique et religieuse de l’Allemagne. […] On a voulu blâmer l’auteur de Werther de supposer au héros de son roman une autre peine que celle de l’amour, de laisser voir dans son âme la vive douleur d’une humiliation, et le ressentiment profond contre l’orgueil des rangs, qui a causé cette humiliation ; c’est, selon moi, l’un des plus beaux traits de génie de l’ouvrage.