Dans les sens les plus nécessaires à la vie et les plus primitifs, comme ceux du goût, de l’odorat, du toucher, de la température, il n’y a rien d’indifférent, tout est agréable ou pénible. […] Un germe de beauté n’existe pas seulement, comme on l’admet d’ordinaire, dans les plaisirs de la vue et de l’ouïe ; il se retrouve jusque dans le toucher et le contact, dans la saveur, dans l’odeur.
Daudet est très amusant et touche au plus haut comique, quand il portraiture le littérateur, le fabricateur d’opérettes. […] Puis il revient à moi, et me crie que le grand Gavarni, l’immense Gavarni, le Gavarni qui touche à Michel-Ange est dans ses premières œuvres, mais qu’au sortir du Charivari, ce n’est plus qu’un procédé, qu’une manière… Il continue, dans une espèce de bagout à la Chenavard, à dire des choses qu’on ne dirait pas à un porteur de bandes.
— C’était un grand écrivain dont le talent, si français, touche au génie par la clarté, la force et la franchise supérieures. […] La Pierre de touche et le Gendre de M.
Ce peu de lignes, qui sont tout le savoir humain sur la comédie et son histoire, ont-elles été touchées et rompues par cette vaste dissertation que du Méril a publiée sous le titre d’Histoire de la Comédie, ou bien cette Histoire, qui veut être nouvelle, a-t-elle ajouté à ces lignes, pauvres et solitaires, quelques lignes de plus ? […] Mais, malgré ce défaut, disons-le en finissant, le livre d’Édelestand du Méril est d’une telle imposance que personne n’y touchera volontiers, soit pour le critiquer, soit pour le refaire.
Et cependant, ne nous y trompons pas, ni le talent qui est suprême en ces Mémoires, — qui va jusqu’au génie, quand il ne s’agit que de peindre, mais qui n’y va pas, quand il s’agit de juger, — ni le sujet de ce récit, grand, varié, et pour nous, les démocrates du xixe siècle, déjà merveilleux comme une lointaine épopée, ni les hasards d’une publication qui a aiguisé le goût public et l’a fait attendre avant de le satisfaire, ni même, ce que nous ne comptions pas tout d’abord, la rareté des livres sur le siècle de Louis XIV, rareté étonnante et qui vient de la peur qu’inspirait Voltaire, lequel l’avait pris pour sa part de lion et faisait trembler d’y toucher les superstitieux de son génie, ne peuvent suffisamment expliquer l’amour que Saint-Simon, presque inconnu, presque dédaigné au xviiie siècle, a trouvé tout à coup parmi nous. […] Lemontey, au xviiie siècle, et de notre temps l’auteur de Ménages et Finances de Voltaire, qui ne craint pas d’être scandaleux, voilà les seuls hommes à notre connaissance qui aient touché pour ne pas la frapper d’une injure la mémoire du cardinal Dubois.
Tous les secs doivent périr par les lettres, et ils ont tort de toucher à cette hache. […] Les lettres, c’est intellectuellement la pierre de touche de toute supériorité humaine, et si un homme est supérieur dans ses lettres, c’est qu’il l’est partout, et si inférieur, c’est que réellement il l’est au plus profond de sa substance.
Un homme qui avait autant de respect que moi pour le bon et grand homme dont la vertu toucha à la sainteté, Louis Veuillot, à propos des Fragments signalés dernièrement à l’attention publique, a parlé du noble courroux de l’auteur de ces fragments contre les incrédules et les révolutionnaires. […] On a marché, depuis les lettres que voici, et l’avenir très prochain qu’on touche dira vers quoi on a marché.
C’est elle, la réalité vivante, qu’il s’agit de toucher et de fortifier. […] On touche au moment où la religion elle-même se dépasse en se réalisant d’une manière parfaite. « Personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie. » C’est là que le christianisme veut nous amener.
Nulle part il n’a touché de plus près la vérité. […] On pourrait ôter le carré, le losange, le rectangle et toutes les divisions sans la toucher. » Par ce raisonnement vous avez ramené la science à l’étude du sujet nu, et vous lui avez donné pour objet un être qui n’existe pas.
En recueillant ses remarques sur le cœur, sur les femmes, et sur les sujets qui touchent aux passions, il s’est surtout inquiété d’être dans le vrai et de ne point dépasser dans son expression la mesure de ses propres jugements : « Je me suis rarement inquiété, dit-il, de savoir si d’autres m’avaient devancé, ni jusqu’où ils avaient pénétré : ma crainte était plutôt de m’égarer que de montrer comme nouvelle une voie déjà parcourue.
Molière touche à Bossuet dans la main en lui disant : Ah !
Mais rien ne nous a plus touché, comme grandeur, élévation et bénédiction au sein de l’amertume, que l’hymne que voici : AU SOLEIL.
Cœurs ulcérés, comme il aurait voulu vous retremper au sein d’une nature active, aimante et pleine de voix et de parfums ; vous ravir dans des musiques bénies parmi des anges de lumière et de bonté ; vous enchanter ici-bas par des images pudiques et des apparitions gracieuses auxquelles pourtant vous n’auriez pas dû trop toucher, de peur de les flétrir et de vous dégoûter avant le temps !
Cet art, dont j’aurais voulu animer et revêtir quelques-uns des Portraits ici rassemblés, me sera peut-être une excuse et m’a du moins été un dédommagement pour les inconvénients d’un genre qui touche à tant de sensibilités vivantes ; car l’art vit en partie des difficultés même et des délicatesses de son sujet.
Ce style plaît, et touche fortement, parce qu’il est à la mode, et parce qu’on sort à peine de la grande rhétorique, des périodes artistement combinées, majestueusement développées, de la phrase ample et oratoire que Rousseau et Chateaubriand avaient su plier à l’expression du pathétique et du pittoresque, et que les plus illustres romantiques ont si adroitement, si puissamment maniée.
Ce colosse, cet homme redoutable et retardataire, prolongateur des haines, pacificateur sur ses vieux jours, mais pacificateur par la crainte et la compression, qui eût dit que le jeune Empereur, jadis son élève favori, oserait y toucher ?
J’étais obligé, toutefois, de m’en tenir à ce qui touchait immédiatement mon sujet, à ce qui en était, du moins, très rapproché, sans m’étendre à l’ensemble de la tradition comique de l’Italie.
La morale et la science ont leurs domaines propres qui se touchent mais ne se pénètrent pas.
Cette dame (madame Scarron) a parlé de vous avec une tendresse et une estime extraordinaires ; elle dit que personne n’a jamais tant touché son goût, qu’il n’y a rien de si aimable ni de si assorti que votre esprit et votre personne. » Cette lettre est rapportée ici pour montrer l’union et la conformité de mœurs et d’esprit qui existaient entre madame Scarron, madame de Sévigné, sa fille, et leur société.
Et puis, pourquoi n’en serait-il pas d’une littérature dans son ensemble, et en particulier de l’œuvre d’un poëte, comme de ces belles vieilles villes d’Espagne, par exemple, où vous trouvez tout : fraîches promenades d’orangers le long d’une rivière ; larges places ouvertes au grand soleil pour les fêtes ; rues étroites, tortueuses, quelquefois obscures, où se lient les unes aux autres mille maisons de toute forme, de tout âge, hautes, basses, noires, blanches, peintes, sculptées ; labyrinthes d’édifices dressés côte à côte, pêle-mêle, palais, hospices, couvents, casernes, tous divers, tous portant leur destination écrite dans leur architecture ; marchés pleins de peuple et de bruit ; cimetières où les vivants se taisent comme les morts ; ici, le théâtre avec ses clinquants, sa fanfare et ses oripeaux ; là-bas, le vieux gibet permanent, dont la pierre est vermoulue, dont le fer est rouillé, avec quelque squelette qui craque au vent ; au centre, la grande cathédrale gothique avec ses hautes flèches tailladées en scies, sa large tour du bourdon, ses cinq portails brodés de bas-reliefs, sa frise à jour comme une collerette, ses solides arcs-boutants si frêles à l’œil ; et puis, ses cavités profondes, sa forêt de piliers a chapiteaux bizarres, ses chapelles ardentes, ses myriades de saints et de châsses, ses colonnettes en gerbes, ses rosaces, ses ogives, ses lancettes qui se touchent à l’abside et en font comme une cage de vitraux, son maître-autel aux mille cierges ; merveilleux édifice, imposant par sa masse, curieux par ses détails, beau à deux lieues et beau à deux pas ; — et enfin, à l’autre bout de la ville, cachée dans les sycomores et les palmiers, la mosquée orientale, aux dômes de cuivre et d’étain, aux portes peintes, aux parois vernissées, avec son jour d’en haut, ses grêles arcades, ses cassolettes qui fument jour et nuit, ses versets du Koran sur chaque porte, ses sanctuaires éblouissants, et la mosaïque de son pavé et la mosaïque de ses murailles ; épanouie au soleil comme une large fleur pleine de parfums ?
Comment arrive-t-il que des princes, décriés par leur barbarie, soient touchés de l’amour des lettres ?
Le chef de cette bande étoit Mellin de Saint-Gelais, qui, pour avoir quelque chose de plus que les autres, avoit acquis beaucoup de réputation envers les grands, principalement auprès du roi, s’efforçoit, par envie, de troubler l’eau pégasine à ce nouvel Apollon, ayant l’ame touchée de tant d’envie & de présomption que d’oser blasonner & de reprendre les œuvres dudit Ronsard aux yeux de sa majesté, pour le rendre odieux. » Ces plaintes sont terminées par ce conseil.
Il n’a répandu quelque chaleur dans ses inventions qu’aux endroits mêmes où il cesse d’être philosophe pour devenir chrétien : aussitôt qu’il a touché à la religion, source de toute poésie, la source a abondamment coulé.
Une partie des vers leur échapperoit, et ce qu’ils auroient perdu les empêcheroit souvent d’être touchez de ce qu’ils entendroient.
Ainsi qu’il est plusieurs personnes, qui pour être trop sensibles à la musique, s’en tiennent aux agrémens du chant, comme à la richesse des accords, et qui éxigent d’un compositeur qu’il sacrifie tout à ces beautez, il est aussi des hommes tellement insensibles à la musique, et dont l’oreille, pour me servir de cette expression, est tellement éloignée du coeur, que les chants les plus naturels ne les touchent pas.
Il dit que les simphonies touchent, quoiqu’elles ne soient que de simples imitations d’un bruit inarticulé, et s’il faut parler ainsi, des sons qui n’ont qu’une demi-vie, que la moitié de leur être.
Quand un écrivain comme Ambroise-Firmin Didot, qui pouvait mettre dans un écrit la plénitude et l’agrément sans lesquels toute l’érudition de la terre ne vaut pas une pincée de cendres de papyrus, ne produit, en réalité, qu’une œuvre d’érudition, maniable seulement aux savants et aux esprits spéciaux, tant elle est hérissée de citations et de textes, il court grand risque d’être traité, malgré le mérite de ses renseignements, comme le porc-épic de sa propre science… On n’y touchera pas !
Je n’ai donc rien à dire, sur ce point, à l’infortuné Baschet ; mais je suis plus en droit, et je me sens plus en courage, de lui faire un autre reproche : c’est de n’avoir pas su, puisqu’il touchait à ce sujet scabreux du mariage de Louis XIII, quelle riche mine de comique il avait là sous la main !
L’idée du Blessé est l’étude plus ou moins dramatique de cette maladie sociale que Chateaubriand a peinte dans René, avec une largeur de touche et une idéalité d’expression qui font des quelques pages de ce petit livre un chef-d’œuvre qu’on lira toujours.
Il est très difficile à la Critique, qui a toujours la main un peu rude, de toucher à ce livre, si peu livre, et qui n’a de livre que le petit arrangement (lequel n’a pas dû infiniment coûter) de ce monsieur Paria Korigan, à qui on feint de s’adresser pour offrir au public cette enfilade de récits, et pour qu’entre eux il y eût un lien dont ils auraient pu très bien se passer.
et qui, s’ils étaient républicains, penseraient à autre chose, mais ne seraient plus alors ces paysans que Cladel et moi nous adorons, et qu’il nous a peints d’une touche de flamme, avec tous les enthousiasmes et les bonheurs de l’adoration.
J’ai foi dans cette parole de Quinet : « C’est trop peu de lutter chaque jour, pour préparer le nouvel avenir, il faut encore travailler à découvrir l’esprit qui renouvellera toutes choses, dans ce monde dont nous touchons le seuil. » 1.
D’ailleurs, ce n’est là qu’un point touché de ma comparaison. […] Il a touché juste. […] Du moment que l’on touche aux régions de la pure lumière, à l’entrée du paradis terrestre, Virgile s’en retourne aux limbes d’où il est venu. […] voici que notre voyage parmi la race perdue touche à sa fin ; voici que nous touchons au seuil des régions lumineuses. […] Elle touchait au surnaturel ; elle sentait la mort à distance ; elle pleurait les maux à venir.
Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. […] Il fait cela sans y toucher, avec un naturel, avec un tact, et une infaillibilité si extraordinaires qu’ils arrachent des cris d’admiration. […] C’est l’inconscient qui touché, tout à coup, affleure. […] Mais à peine eus-je touché le premier bouton de ma bottine, ma poitrine s’enfla, remplie d’une présence inconnue, divine, des sanglots me secouèrent, des larmes ruisselèrent de mes yeux. […] On voit, on touche, on respire le tout d’un spectacle, le tout d’un sentiment, d’une pensée.
Pour tout ce qui ne touche ni à l’ordre intérieur, ni à la sécurité extérieure, les citoyens doivent posséder toutes les libertés imaginables. […] Et d’autre part, touché par « l’immense influence » d’Auguste Comte, il est sur le point de se rallier à la haute discipline positiviste. […] Jules Lemaître au préambule de son livre. « J’ai vu de près des réalités que je n’avais aperçues que de loin ; j’ai touché du doigt les conséquences de certaines idées de Rousseau ». […] Il était touché par les désordres prochains, non pas ému. […] Mais les intérêts auxquels l’une et l’autre ont égard sont de ceux qui ne touchent pas les esprits religieux possédés par la manie révolutionnaire.
Aujourd’hui, par exemple, il y a des pierres de touche : Verlaine, Mallarmé, Rodin, Monet, Nietzsche. […] Il suffisait pour être libéré de plusieurs maux, tels que la paralysie et l’épilepsie, de toucher sa soutane ou son surplis. […] Ce qui touche d’abord la sensibilité n’est pas toujours de l’art ; ce qui ne touche que la sensibilité n’est jamais de l’art. Ce qui ne touche que l’intelligence n’est pas de l’art non plus. […] Aujourd’hui l’aristocratie intellectuelle se peut juger d’après la même pierre de touche.
Je touchai en quelque sorte son incessante présence. […] Elle se disait : « Voilà le bonheur ; il va fondre sur moi comme un grand fleuve ; et pas une goutte n’a seulement touché mes lèvres ! […] Si tu réussis à la voler, tant mieux pour toi ; mais les abeilles sont à la garde de Dieu ; il n’y a que l’ours qui touche à leur miel. […] Du reste, il faut le dire, il ne touche à nous autres de Sviatoïé que quand il ne peut pas faire autrement. […] Le vieillard en fut touché.
À Cologne, le poète est médiocrement touché des efforts modernes pour l’achèvement de l’antique cathédrale, et les trois mages dont les reliques, comme on sait, habitent le sanctuaire lui inspirent une série de réflexions médiocrement canoniques. […] Tous deux probablement éprouveraient à la vue l’un de l’autre cette sympathique hilarité, dont Cicéron a touché quelques mots. […] Je viens tout à l’heure d’en toucher un mot. […] Il se trouva libre et put user de son indépendance en étudiant des hommes dont le mérite était moins rebelle à sa bonne volonté de faire briller tout ce qu’il touche. […] Aussi ne vint-il pas se faire émouvoir fortement par la magnificence simple, naïve des grandes œuvres, ni même se laisser toucher par la naïveté des petits poèmes ; je veux dire par la naïveté antique.
L’épine dorsale faisait toucher à l’œil chacun de ses nœuds. […] Elle touchait de tous les côtés, un vrai tableau dans un cadre. […] Cependant défilent devant lui peints d’une touche magistrale, les types les plus frappants de la société pétersbourgeoise. […] Les remords de la coupable, le suicide, tout est peint de main de maître, et bien à plaindre sont les cœurs qui n’en seront point touchés. […] Non seulement Vitalis fut touché, mais encore il fut inquiété.
Mais j’ai fait des expériences, j’ai vu de près des réalités que je n’avais aperçues que de loin ; j’ai touché du doigt les conséquences de certaines idées de Rousseau. […] Au mois d’avril 1738, il va à Genève pour toucher enfin sa part de la succession de sa mère. […] , car ils ne touchent point à la question. […] La belle saison ne me rendit point mes forces, et je passai toute l’année 1758 dans un état qui me fit croire que je touchais à la fin de ma carrière. […] Quelques indélicatesses de touche viennent le gâter un peu.
Tolstoï à ceux qu’il pourrait toucher. […] Elle l’était généralement pour tout ce qui touchait « au château », qu’elle avait en horreur. […] On est convenu d’appeler autrement, en littérature, l’emportement lyrique qui touche aux nuages. […] Ils touchent au génie. […] Je suis très touché, pour ma part, du soin que vous avez mis à me citer ; mais il est entendu que vous en êtes parfaitement dispensé.
Rebell dire : « Je veux jouir de la vie telle qu’elle m’a été donnée, selon toute sa richesse, toute sa beauté, toute sa liberté, toute son élégance ; je suis un aristocrate. » Cela ne signifie pas qu’insensible à toutes les souffrances naturelles il dédaigne le peuple (comme le bourgeois-type qui hait au-dessus de lui et méprise au-dessous) ; il l’aime au contraire, mais d’un amour trop raisonnable et trop élevé pour que le peuple en soit touché. […] Barrès en a fait une prière qui ne se dit pas sur l’Acropole, mais dans les salons, et cela prend, le long de l’Ennemi des Lois, par exemple, un air innocent et pieux qui a ravi une génération bien décidée à mettre des gants blancs pour toucher à la vie. […] Il n’y a pas d’idées qu’il ne puisse comprendre et s’assimiler aussitôt ; il les revêt immédiatement avec une élégance suprême ; elles semblent toutes mesurées à sa taille : il y a là un sortilège singulier ; on dirait qu’il possède, comme la marraine de Cendrillon, le don de transformer les choses en objets immédiatement utilisables ; il a touché à tout et tiré parti de tout ce qu’il a touché. […] Alfred Vallette en est devenu, par la suite, le fondateur réel, puisque toutes les pierres au-dessus de la première ont été touchées par ses seules mains, et puisque seul il y représente, depuis le premier couple marteau, le principe de continuité, qui est le principe même de la vie. […] L’humanité est pareille à un filet nerveux, c’est-à-dire discontinu, formé d’une série de petites étoiles dont les chevelures, dans un mouvement incessant, touchent les chevelures voisines, au hasard pendant le sommeil et, dans la veille, selon des volontés, dont le caprice fait les dissemblances humaines ; si l’on coupe un morceau central du nerf, les cheveux s’allongent au-dessus de la blessure, parce qu’ils sentent le besoin de toucher d’autres cheveux : de petits égoïsmes vitaux sont juxtaposés dans l’infini.
Nous touchons ici au point le plus intime de ce roman. […] Quelles cordes profondes il remue en nous, qu’avec sa magie de style Renan n’a jamais touchées ! […] Le livre rare exige que les mains le touchent délicatement. […] Quel art de toucher les cordes les plus intimes de l’âme ! […] La gaieté du bon vivant y est sans cesse touchée de mélancolie.
Ce dernier est touchant, cela s’entend, mais après tout, le banal touche toujours, et il est très fâcheux que M. […] Et il sait combien les larmes de l’Univers, me touchèrent. […] Il est si éloquent que tout ce qu’il touche devient irréel. […] Et c’est là ce qu’on pourrait regarder, sans trop approfondir, comme la marque ou la pierre de touche de la plus fine critique. […] Mais avec quelle touche légère et sûre, M.
L’amour et l’honneur, les plus personnelles des passions, à peine touchées par l’art antique, font dans notre monde chrétien l’intérêt fondamental de la plupart des tragédies. […] Or la tragédie sort par là de sa véritable nature, et touche aux confins du comique. […] Mais ici je touche au point le plus délicat du problème moral de la comédie, et à l’essence même de cet art. […] L’amour de Roméo et de Juliette me touche, sans doute, bien davantage que la rivalité des Capulet et des Montaigu ; la personne de Wallenstein m’intéresse plus encore que son entreprise, bien que l’ambition de ce héros poursuive un grand but : cependant il faut que cet ambitieux et que ces amants se brisent contre la puissance générale et solide, malgré laquelle ils veulent parvenir à leurs fins particulières ; Wallenstein ira sombrer contre le roc de l’autorité impériale, et j’ai vu Juliette et Roméo périr dans leur résistance active à la volonté de leurs familles. — Ce caractère classique et substantiel, l’action comique ne le réclame pas aussi impérieusement que l’action tragique, puisque, dans la comédie, c’est la personnalité de l’homme qui doit conserver la haute main.
Ce sont de vieux romans au complet qu’ils rebaptisent d’une étiquette toute fraîche et dont ils ne traînent pas à toucher les revenus, en lieu et place des auteurs défunts. […] Ce que deviennent ensuite ces rocambolades, l’impression morale qui doit en rester, le bien ou le mal qu’elles sont susceptibles de produire, la part plus ou moins forte qu’elles risquent d’avoir à la perversion des consciences et du goût publie : voilà des points qui ne les touchent guère. […] Des pseudo-feuilletonistes, qui ne connaissent même pas le sujet du feuilleton au bas duquel ils mettent leur signature, mais qui en tirent profit comme de leur bien propre, après avoir donné une bouchée de pain aux pauvres diables dont ils ont exploité la plume, vous passerez sans doute quelque jour aux auteurs dramatiques par procuration, à ceux qui, sans avoir écrit une seule réplique de la pièce, imposent leur nom sur l’affiche et touchent les droits d’auteur, quitte à en rendre une partie, la plus petite possible, à l’auteur véritable et une autre, plus forte, au directeur dont la complicité leur permet cette friponnerie. […] L’écrivain qui veut la toucher n’a pas le choix : il doit être divin ou ignoble.
. — Ils étaient cependant les maîtres absolus de ce monde en proie à leur caprices ; il en étaient les arbitres, les héros, les demi-dieux, les gardes-du-corps ; ils touchaient, de très près, les Princes Lorrains, les Rohan, les Foix, les Châtillon, les Montmorency — ces dieux ! […] Tant qu’elle a touché le bois de son théâtre, mademoiselle Mars s’est sentie vivre ; elle vivait dans le passé, elle vivait dans le présent. — C’était elle encore ! […] Afin que leur joie eût un long souvenir dans l’âme des pauvres gens, le roi et la reine avaient constitué une pension de douze cents livres sur la tête de chaque enfant, venu au monde le même jour que la princesse royale, et cette pension de douze cents livres, qui avait été la fortune de son enfance et de sa jeunesse, mademoiselle Mars l’a touchée jusqu’à la fin de ses jours. […] Peut-être on devrait reconnaître au fond de cette obstination à toucher cette faible somme, qu’elle devait trouver si chèrement payée, maintenant qu’elle était riche et âgée, une certaine reconnaissance envers ce roi et cette reine, si misérablement traînés à l’échafaud !
Il est impossible de donner ici une analyse, même sommaire, de ce système ; je n’en relève que quelques points essentiels, qui touchent directement à notre problème. […] Croce se fait de l’intuition et de l’expression a quelque chose de mystique ; c’est par là qu’il rejoint Boileau le bon rationaliste, car les extrêmes se touchent. […] Tu tires, sans toucher ; tu imagines, sans créer ; tu parles, sans convaincre ; et je devrais m’excuser d’être plus heureux que toi ! […] Benedetto Croce, pourtant si bienveillant pour son ami, y a touché, en passant, d’une façon très juste (La Critica, vol.
L’esprit humain, ainsi inquiété dans la possession des croyances qui touchent de plus près son être, dédaigne quelque temps toute connaissance que le sens intime ne peut lui attester ; mais dès qu’il sera rassuré, il sortira du monde intérieur avec des forces nouvelles pour reprendre l’étude des faits historiques : en continuant de chercher le vrai il ne négligera plus le vraisemblable, et la philosophie, comparant et rectifiant l’un par l’autre le sens individuel et le sens commun, embrassera dans l’étude de l’homme celle de l’humanité tout entière. […] Ce caractère est surtout sensible dans tout ce qui touche le droit naturel. […] Les principaux de l’ordre héroïque furent appelés rois de la cité, et administrèrent les affaires communes, en ce qui touchait la guerre et la religion. […] Il paraît que son fils Gennaro Vico rassembla les notes qu’il avait pu dicter depuis l’édition de 1730, et les intercala à la suite des passages auxquels elles se rapportaient le mieux, sans entreprendre de les fondre avec le texte auquel il n’osait toucher.
Pour changer ma comparaison, c’est un instrument musical, délicat, compliqué, qui ne pouvait être touché que par un artiste, et qui se dérange ou se brise sous des nains grossières et maladroites ! […] La comtesse de Tripoli, touchée de ce dévouement et de ce malheur, se rendit à bord, et donna sa bague au chevalier, qui expira, dit-on, en la voyant. […] si tu touchais d’un rayon de sa lumière les yeux d’un aveugle, il retournerait clairvoyant à sa demeure. […] Ces deux choses se touchent. […] Ainsi se touchent les diverses parties du tableau que nous avons à retracer.
En même temps, André Chénier touche à un défaut trop réel chez Malherbe, la stérilité d’invention et d’idées : Au lieu, dit-il, de cet insupportable amas de fastidieuse galanterie dont il assassine cette pauvre reine, un poète fécond et véritablement lyrique, en parlant à une princesse du nom de Médicis, n’aurait pas oublié de s’étendre sur les louanges de cette famille illustre qui a ressuscité les lettres et les arts en Italie, et de là en Europe. […] Il est des lecteurs simples et à l’âme droite qui, touchés à première vue de ces paysages et de ces tableaux innocents et les ayant pris au sérieux, ont regretté que l’impression en fût ainsi détruite vers la fin et comme tournée en raillerie : ils voudraient retrancher les quatre derniers vers.
Robertson, qui l’attendait avec quelque crainte au règne de Julien, le félicite d’avoir si bien touché et caractérisé, dans ce fameux exemple, ce mélange bizarre de fanatisme païen et de fatuité philosophique associés aux qualités d’un héros et d’un esprit supérieur. […] Ironie, causticité rentrée, pénétration compréhensive, explication déliée et naturelle de beaucoup de faits qu’il réduit à paraître simples, d’extraordinaires qu’ils avaient semblé, ce sont ses qualités, dont quelques-unes touchent à des défauts.
Après s’être vus à Paris et s’être fait toutes sortes de bonnes grâces, Balzac fut le premier à attaquer de lettres Voiture : Monsieur, bien que la moitié de la France nous sépare l’un de l’autre, vous êtes aussi présent à mon esprit que les objets qui touchent mes yeux, et vous avez part à toutes mes pensées et à tous mes songes. […] Ici, en portant la guerre au cœur du pays ennemi, il touchait le côté faible, le point vulnérable et irritable de Costar.
Cet amour-propre chatouilleux qu’il avait pour lui l’avertissait de ce qu’il fallait ménager et toucher à point chez les autres ; il était poli, il était adroit et insinuant ; il était coquet d’esprit ; il savait plaire. […] Je vous remercie mille-fois du plaisir que vous me faites de vouloir vous prêter à mes désirs, et si le ciel pouvait être touché par nos vœux, je le prierais de répandre sur votre personne les bénédictions les plus précieuses.
. — « Je hais le jeu comme la fièvre, et le commerce des femmes comme je n’ose pas dire ; celles qui pourraient me toucher, ne voudraient seulement pas jeter un regard sur moi. » Vauvenargues avait toujours pris l’amour au sérieux : « Pour moi, je n’ai jamais été amoureux, que je ne crusse l’être pour toute ma vie ; et, si je le redevenais, j’aurais encore la même persuasion. » C’est pour cela qu’il recommençait rarement. […] J’aimerais la santé, la force, un enjouement naturel, les richesses, l’indépendance, et une société douce ; mais comme tous ces biens sont loin de moi, et que les autres me touchent fort peu, tous mes désirs se concentrent, et forment une humeur sombre que j’essaye d’adoucir par toute sorte de moyens.
M. de Marolles a traduit les poètes romains en notre langue française, avec une naïve expression, rendant pensée pour pensée autant qu’il l’a pu faire pour ce qui est de ceux qui ont gardé étroitement les lois de la pudeur ; et pour les autres il a touché si adroitement aux endroits périlleux qu’on peut dire qu’il les a purifiés. […] Il faut l’entendre parler de cette source de curiosité aimable : « J’ai parfaitement aimé ces choses-là, dit-il, et je les aime encore… Ceux qui ont été une fois touchés de cette sorte d’affection ne la sauraient presque abandonner, tant elle a de charmes par son admirable variété. » Il avait la mémoire présente de tout ce qu’il possédait en ce genre : on pouvait lui montrer une pièce quelconque ou antique ou moderne, il disait à l’instant s’il l’avait ou non parmi les siennes, et, dans ce dernier cas, il indiquait l’endroit juste où elle était classée : « Ce serait peut-être malaisé à croire d’un nombre aussi prodigieux que l’est celui des estampes que j’ai assemblées, si je ne l’avais éprouvé plusieurs fois.