À cette probité réelle et fondamentale, Franklin tenait aussi à joindre le profit social légitime qui en revient ; mais, en remarquant les petites adresses et les petites industries qu’il mettait à se rendre de plus en plus vertueux au-dedans et à être de plus en plus considéré au-dehors, on ne saurait jamais séparer chez lui l’apparence d’avec la réalité. […] Rien donc ne vint à la traverse de ses premiers projets d’amélioration si bien calculés pour l’état social et moral de ses compatriotes.
— D’une part, la doctrine naturaliste nous montre bien la formation des idées proprement dites dans la conscience une fois donnée, sous l’action du milieu extérieur et du milieu social, de la sélection naturelle et de la sélection sociale.
Le nihilisme dans Terres vierges est traité en phénomène social, sans plaidoyers et sans polémique, et ainsi, étant véritablement un romancier réaliste que ne trouble dans ses observations aucune thèse, qui ne s’applique qu’à recréer dans ses livres des hommes aussi vivants, individualises, différenciés que dans la vie réelle, Tourguénef formule dans ses livres de véritables observations psychologiques, étudie de véritables cas, avec une impartialité et une profondeur qui surprennent. […] Dans cette invasion d’idées adventices, il a perdu la condition première de toute vie sociale, l’aptitude à se tenir dans les rangs de ses compatriotes, l’instinct par lequel chaque individu se concerte avec d’autres pour un avantage dont une part lui reviendra.
À des degrés inférieurs, il est encore d’honorables places à saisir ; et, quoique le talent se laisse peu conseiller à l’avance, quoiqu’il appartienne à lui seul, dans ce fonds tant de fois remué, mais non pas épuisé, de l’observation naturelle et sociale, de découvrir de nouvelles formes et des aspects imprévus, qu’on nous permette d’exprimer ce seul vœu : c’est qu’il revienne enfin et qu’il s’attache désormais à étudier une nature humaine véritable, une nature saine et non corrompue, non raffinée ou viciée à plaisir, une nature ouverte aux vraies passions, aux vraies douleurs, sujette aux ridicules sincères, malade, quand elle l’est, des maladies générales, et naturelles encore, que tous comprennent, que tous reconnaissent et doivent éviter.
Dans l’exaltation où ils sont de leur importance sociale et de l’appui qu’ils apportent au pouvoir civil et politique, les catholiques, par l’organe de Veuillot, s’écrient à la fin de cette Épître outrecuidante à Villemain : « Si vous savez l’heure de notre défaite ou de notre avilissement, mettez en sûreté vos trésors.
S’il s’agissait de bien entendre et de goûter l’ancien français de Villehardouin, dont je suppose qu’on eût été séparé par quelque grande catastrophe sociale et quelque conquête, le plus sûr serait encore d’être Français, et, un peu d’étude aidant, on se trouverait aisément en avance à cet effet sur le plus docte des Germains. » Il semble que le résultat indiqué par ces considérations diverses, c’est qu’une École française , instituée à Athènes pour un certain nombre de jeunes architectes et de jeunes philologues , concilierait à la fois les intérêts de l’art et ceux de l’érudition.
Ceci est triste, si l’on veut, mais ceci est véritable ; dans les grandes convulsions sociales, l’homme est jeté hors de lui par sa passion dominante ; par elle, tout équilibre entre ses motifs est rompu, et sa liberté morale presque annulée.
Joseph la méprisa et par moments s’irrita contre elle ; par malheur, l’association romantique, formulée par la Restauration, était trop restreinte elle-même, trop artificielle et trop peu mêlée au mouvement profond de la société ; le Cénacle n’était après tout qu’un salon ; il s’est dissous après une certaine durée, pour se refondre, nous l’espérons, en quelque chose de plus social et de plus grand.
On sait que l’auteur des Batailles de la vie écrit alternativement un roman de passion et un roman d’« études sociales ».
De nos jours, le penseur et le savant vivent de l’enseignement, emploi social qui n’a presque rien de commun avec la science.
Quant aux écrits sociaux et philosophiques, où la forme est moins exigeante qu’en littérature, les ouvriers y déploient souvent une intelligence supérieure à celle de la plupart des lettrés.
Le cynisme prive de tous les charmes qu’elle répand dans la vie sociale à tous les degrés des liaisons et des intimités qu’elle procure, Le goût veut donc, comme la morale, que moins les mœurs sont pures, et plus on les déguise sous un langage exempt de leur souillure.
Si la plume de M. de Mirabeau ne lui a point acquis une grande célébrité, il a du moins mérité, par ses vertus sociales, l’estime de tous ceux qui l’ont connu.
Il serait facile d’en faire la démonstration par les faits sociaux et historiques de l’époque contemporaine ; ils se sont traduits notamment par l’incapacité politique du peuple ouvrier ; par rabaissement intellectuel des classes aisées ; par le romantisme plus ou moins accusé de toute la littérature française notable actuelle.
Les tendances générales nous semblent être : Le retour à la simplicité, à la tradition française qui compte autant avec l’avenir qu’avec le passé, au respect des formes syntaxiques ; l’abandon presque complet du vers-libre qui a pourtant donné de beaux poèmes ; le dédain des émotions factices ; le souci du fait social sans toutefois lui laisser la prédominance ; la Renaissance de la critique.
Mais le bon sens même, la divination des convenances sociales.
Cette discipline, si utile au point de vue social, je me demande parfois si elle ne nous donne pas quelque timidité.
Mais revenir à l’aristocratie, c’est ce qui est inconciliable avec la nature sociale de l’homme.
Ses idées sur la religion, au fond, n’ont rien de nouveau : pas même ses idées morales, politiques, sociales. […] Il s’agit de montrer que l’homme est un composé de grandeur et de bassesse : la grandeur, ce sont les aspirations, le rêve, l’illusion ; la bassesse, c’est la réalité, et toutes les réalités, sentiments, croyances, institutions, coutumes, arts, toute la vie morale, politique et sociale de l’homme. […] Toutes les remarques portent, et il n’y en a point qui ne donnent à penser longuement, quand il explique le mécanisme de l’amour-propre, ou qu’il montre l’imagination et les nerfs plus maîtres de nous que notre raison, quand il nous promène à travers le monde cherchant une morale fixe, des lois communes, quand il sonde l’institution sociale, le principe monarchique, pour ne trouver au fond, à l’origine, que la force, et qu’il autorise si superbement le respect traditionnel des lois, de la hiérarchie, de l’hérédité dynastique.
Que dire encore, à ce point de vue du rajeunissement possible de la poésie, des ressources sans nombre que lui offrent les applications de la science et ces découvertes qui transforment si prodigieusement autour de nous les conditions de l’existence humaine et de la vie sociale ? […] L’homme ne peut lier l’homme qu’au nom de l’intérêt, et le droit social, ainsi considéré, n’est que la règle des besoins. […] Il n’est question, d’un bout à l’autre du poème, que d’abstractions pures ; le procès fait au cœur par la raison, le déterminisme universel, l’unité et l’identité de la matière cosmique, la loi de la sélection et de la concurrence vitale, l’apparition de la justice, la vie sociale instinctive d’abord, réfléchie ensuite, le progrès de la cité par l’amour et par la science.
Par une érudition puissante elle m’environne pour un instant des croyances, des mœurs, des circonstances sociales et politiques où vivaient les admirateurs du poète qu’elle rend à la lumière. […] Je les admire quand ils parcourent en quelques semaines le vaste champ de l’intelligence, passant de l’histoire à la poésie, de la métaphysique à l’économie sociale, toujours à l’aise dans chaque sujet nouveau, toujours en apparence sur leur propre domaine. […] — Non ; le mouvement social n’étouffe point le sens littéraire : tout ce qui éveille l’intelligence d’une nation est moins pour la poésie un obstacle qu’un moyen.
Ce qui détermine l’effondrement de tout l’organisme social, c’est l’affaissement de la base-argent d’une part, la raréfaction des produits d’autre part. […] Enfin, comme aujourd’hui le problème d’ordre social se pose pour l’ensemble du monde, le problème d’ordre spirituel s’ouvre aussi pour ce total et c’est un afflux dans le piège dadaïste de tous les désemparés de la terre. […] Pierre Alibert souligne que la condamnation de Dada par Gleizes dans cet article d’Action doit être reliée à l’engagement social de Gleizes qui participe alors activement au mouvement Clarté.
» Peut-être y a-t-il une conclusion, même sociale, dans Madame Bovary : l’élimination des inadaptés, le triomphe d’Homais. […] Il est fait pour se couler aussi passivement que lui dans la vie sociale et pour s’adapter aussi exactement à sa mesure. […] L’apothéose sur laquelle finit le roman, nous la voyons en effet d’accord avec l’évolution politique et sociale de la France. […] Homais a, mieux encore que Caliban, de quoi faire un ordre social acceptable. […] On ne voit, dans ce Paris de 1848, ni le Lheureux fondateur de fortune, ni le Homais fondateur de dynastie qui recréent à Yonville de l’être social sur les ruines.
L’art, qui a pour condition essentielle la part sympathique que nous prenons aux peines ou aux plaisirs d’autrui, est une création sociale. […] Les instincts sympathiques et sociaux sont au fond de toutes les jouissances esthétiques de l’oreille. […] Le développement de tel ou tel art semble le plus souvent attaché à certaines mœurs et à un certain état social. […] Là encore on a une personnification, sous une forme étrange, non plus seulement des forces de la nature, mais des forces sociales unifiées, disciplinées, dirigées par un pouvoir invisible, et prêtes à se partager ou à se disputer le monde. […] Ceux qui ont pour objet la cité, la patrie, les corps sociaux, sont, de l’aveu de tous, devenus moins étroits et moins exclusifs : la patrie, aux yeux du penseur moderne, est la partie d’un tout, l’humanité.
Dans cette foule, deux hommes ont paru, d’un talent supérieur, original et contraire, populaires au même titre, serviteurs de la même cause, moralistes dans la comédie et dans le drame, défenseurs des sentiments naturels contre les institutions sociales, et qui, par la précision de leurs peintures, par la profondeur de leurs observations, par la suite et l’âpreté de leurs attaques, ont ranimé, avec d’autres vues et un autre style, l’ancien esprit militant de Swift et de Fielding. […] Si l’on préfère la bonté dévouée et les affections tendres, on prend en aversion l’arrogance et la dureté ; la cause de l’amour est aussi la cause de la haine, et le sarcasme, comme la sympathie, est la critique d’une forme sociale et d’un vice public. […] S’il hait l’aristocratie, c’est moins parce qu’elle opprime l’homme que parce qu’elle corrompt l’homme ; en déformant la vie sociale, elle déforme la vie privée ; en instituant des injustices, elle institue des vices ; après avoir accaparé l’État, elle empoisonne l’âme, et Thackeray retrouve sa trace dans la perversité et dans la sottise de toutes les classes et de tous les sentiments. […] Devant ce tableau frappant de vérité et de génie, on a besoin de se rappeler que cette inégalité blessante est la cause d’une liberté salutaire, que l’iniquité sociale produit la prospérité politique, qu’une classe de grands héréditaires est une classe d’hommes d’État héréditaires, qu’en un siècle et demi l’Angleterre a eu cent cinquante ans de bon gouvernement, qu’en un siècle et demi la France a eu cent vingt ans de mauvais gouvernement, que tout se paye et qu’on peut payer cher des chefs capables, une politique suivie, des élections libres, et la surveillance du gouvernement par la nation. […] C’est donc méconnaître l’homme que de le réduire, comme fait Thackeray et comme fait la littérature anglaise, à un assemblage de vertus ou de vices ; c’est n’apercevoir de lui que la surface extérieure et sociale ; c’est négliger le fond intime et naturel.
Et si nous comprenions leur emblème social, leur symbolisme supérieur, tant d’outils discrédités, les sonnantes truelles, et les fourches sournoises, et les râteaux bruissants nous paraîtraient d’une beauté aussi haute que les riches et claquants étendards des chevaleries évanouies. […] Mais ce qu’il faut y considérer, c’est l’illustration, en des pages palpitantes, d’une phase déterminée dans l’histoire de la tribu humaine, d’un événement social, décisif et contemporain : l’abandon général et quasi universel des campagnes, pour les cités factices et monstrueuses. De ce grand événement social, auquel nous assistons, le plus important qui soit en cette époque, Émile Verhaeren nous a donné de ténébreuses et lamentables peintures. […] Par-là, le naturisme se différencie de l’art pour l’Art qui est relatif aux sentiments du poète, et de l’Art Social qui est éphémère, asservi à l’esprit, aux instincts d’une époque ou d’une nation. […] À cause de leur extraordinaire destin, ils se placent au-dessus, sinon en dehors des conditions humaines, sociales et naturelles de la vie.
Hier, ils étaient des misérables, au plus bas degré de l’échelle sociale ; aujourd’hui, sans que l’on voie bien pourquoi, ils sont à la tête de la société. […] Poirier ; et c’est une œuvre vraie et agréable, mais destinée à vieillir et à paraître un peu surannée quand la noblesse aura presque disparu et sera devenue chose presque imperceptible dans la vie sociale. […] Elle a fini par devenir une gêne sociale. […] De but moral ou social, il n’en avait aucun ; de passion conduisant et poussant la plume, il n’en avait proprement aucune. […] Cette nuit historique, dans tous les sens du mot, où tu m’as résumé toute l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire !
La société a pour fondement le drap. « Car, comment sans habits pourrions-nous posséder la faculté maîtresse, le siége de l’âme, la vraie glande pinéale du corps social, je veux dire une bourse ? […] Le positivisme, appuyé sur toute l’expérience moderne, et allégé, depuis la mort de son fondateur, de ses fantaisies sociales et religieuses, a repris une nouvelle vie en se réduisant à marquer la liaison des groupes naturels et l’enchaînement des sciences établies. […] La philosophie qui a produit et conduit la révolution était simplement destructive, proclamant pour tout Évangile « que les mensonges sociaux doivent tomber, et que dans les matières spirituelles suprasensibles, il n’y a rien de croyable. » La théorie des droits de l’homme, empruntée à Rousseau, n’était « qu’un jeu logique, une pédanterie, à peu près aussi opportune qu’une théorie des verbes irréguliers. » Les mœurs en vogue étaient l’épicurisme de Faublas. […] Voilà véritablement la partie empestée, le centre de l’universelle gangrène sociale qui menace toutes les choses modernes d’une mort épouvantable. […] This is verily the plague-spot ; centre of the universal social gangrene, threatening all modern things with frightful death.
» Mais ce qu’il préférait à tout, c’étaient les livres de politique, de considérations sur le bien public et sur les matières sociales, « les choses d’un sens suivi et de génie », c’est-à-dire où l’auteur produisait avec vigueur ses propres pensées. […] En cessant d’être un homme d’État et un ministre possible, d’Argenson tournait de plus en plus aux idées de réforme sociale et de pure philanthropie.
Ici, où vous n’apprenez pas seulement la langue avec facilité et rapidité, mais où vous pouvez aussi voir sur quels éléments elle repose ; notre sol, notre climat, notre manière de vivre, nos mœurs, nos relations sociales, notre constitution, votre esprit emportera tout cela en Angleterre. » C’était à un Anglais qu’il parlait. […] Il lui présente, et avec raison, ce séjour comme un complément d’éducation littéraire et sociale dont le nouveau venu aura à profiter.
Cette quantité de détails sur le clergé, les couvents, les parlements, les charges de cour, qui formaient la trame sociale, et qui étaient un reste de la vie du moyen âge, on ne les connaît plus. […] Le Clerc est le premier à le reconnaître) que cette puissance de publicité devenue une fonction sociale ; ceci est aussi essentiellement moderne que le bateau à vapeur193.
Eynard me dira que c’est dans le sens chrétien qu’il parle ; je le sais ; mais je ne voudrais pas que, dans une vie comme celle qu’il nous expose si bien, l’expression même la plus rigoureuse parût choquer une nuance sociale, une nuance féminine. […] de Frégeville, après avoir franchement déclaré à son mari que le lien conjugal était rompu , et s’être vue l’objet de sa clémence, habite le Nord pendant quelques années, et ne revient en Suisse, puis à Paris, que vers 1801, à cette époque d’une renaissance sociale universelle.
Car toutes les branches de la famille des Rougon-Macquart poussent de tous côtés, à toutes hauteurs, et la série ne me donne pas même cette impression générale que produit la Comédie humaine de Balzac : les récits divergents ne concourent pas à former en moi l’idée d’un vaste ensemble social, où les diverses parties se tiennent et se raccordent. […] La pauvreté et la raideur des caractères individuels les inclinent à devenir des expressions symboliques909, et le roman tend à s’organiser en vaste allégorie, où plus ou moins confusément se déchiffre quelque conception philosophique, scientifique ou sociale, de mince valeur à l’ordinaire et de nulle originalité.
Son instinct le poussait vers de plus vastes entreprises ; il se préoccupait de l’évolution sociale ; il aimait l’atmosphère orageuse des réunions publiques ; il brûlait d’y prendre la parole et de conquérir les foules. […] Il publiait, à longs intervalles, des brochures sociales chez Vanier, puis j’appris brusquement sa mort survenue le 24 avril 1903, à son dernier domicile, rue Poulet, à Montmartre.
Ainsi depuis 1830, en notre siècle où les courants contraires se sont succédé avec rapidité, où les vagues d’idées ont été, pour ainsi dire, plus courtes, on compte en moins de cinquante ans trois de ces coalitions avec les forces de résistance ; l’une après la première explosion de socialisme qui menaça la société bourgeoise, c’est-à-dire au lendemain des journées de juin 1848 ; l’autre après la seconde grande levée du prolétariat, lors de la Commune de 1871 ; la troisième enfin qui a commencé de 1885 à 1890 et qui dure encore, causée par les craintes que le progrès des nouvelles théories sociales inspire aux détenteurs des derniers privilèges. […] Bossuet, dans ses Oraisons funèbres, représente comme des ennemis du Tout-Puissant, comme des rebelles à l’autorité divine, tous ceux-qui en Angleterre ont ébranlé et renversé le trône des Stuarts, tous ceux qui en France ont, au temps de la Fronde, réclamé tumultueusement des libertés ; Dieu apparaît ainsi comme le garant de l’ordre social, comme le protecteur particulier de la royauté de droit divin.
L’espèce de délit social dont l’auteur des Ruines et du Catéchisme de la loi naturelle s’est rendu coupable y est apprécié avec sévérité, mais sans virulence, comme il convient aujourd’hui que ces tristes livres ont fait leur temps et que l’intérêt général s’en est retiré. […] Mais la vraie date des Ruines est bien celle qui s’étend depuis la Constitution de 1791 jusqu’à la fête de l’Être suprême, et qui redescend de là à travers le Directoire : leur moment comprend tout l’interrègne social jusqu’au rétablissement des cultes et au Concordat.
Certes, comme livre littéraire, la Bible, vaste coupe de l’Orient, plus exubérante encore en poésie que Shakespeare, fraterniserait avec lui ; au point de vue social et religieux, elle l’abhorre. […] Il n’y a pas longues années qu’un économiste anglais, homme d’autorité, faisant, à côté des questions sociales, une excursion littéraire, affirmait dans une digression hautaine et sans perdre un instant l’aplomb, ceci : — Shakespeare ne peut vivre parce qu’il a surtout traité des sujets étrangers ou anciens, Hamlet, Othello, Roméo et Juliette, Macbeth, Lear, Jules César, Coriolan, Timon d’Athènes, etc., etc. ; or il n’y a de viable en littérature que les choses d’observation immédiate et les ouvrages faits sur des sujets contemporains. — Que dites-vous de la théorie ?
Je vois que c’est le peuple le plus rapace et le plus égoïste du monde ; celui où le partage des biens est le plus effroyablement inégal, et dont l’état social est le plus éloigné de l’esprit de l’Évangile, de cet Évangile qu’il professe si haut ; celui chez qui l’abîme est le plus profond entre la foi et les actes ; le peuple protestant par excellence, c’est-à-dire le plus entêté de ce mensonge de mettre de la raison dans les choses qui n’en comportent pas… Nous sommes, certes, un peuple bien malade ; mais, tout compte fait, nous avons infiniment moins d’hypocrisie dans notre catholicisme ou dans notre incroyance, dans nos mœurs, dans nos institutions, même dans notre cabotinage ou dans nos folies révolutionnaires.
Une phrase de votre lettre m’effraye un peu : “Il y a, dites-vous, des malfaiteurs dans l’ordre intellectuel comme dans l’ordre social” ; et vous renvoyez les premiers comme les seconds devant les juges.
Il y a là une incompatibilité dont on se rend mieux compte en se demandant si les hommes d’une extrême sociabilité sont des penseurs profonds ou originaux, s’ils font de grandes découvertes ; ou bien si leur grandeur ne se borne pas aux sphères où la sensibilité joue un rôle — la poésie, l’éloquence, l’influence sociale. » Voilà bien des questions posées et qu’aujourd’hui nul assurément ne peut tenter de résoudre.
le grouillement innombrable, là-bas, dans le marais social.
Son ami lui suggéra alors de donner pour passeport à son vilain brigand islandais quelque chose qui pût le mettre à la mode et le faire sympathiser avec le siècle, soit plaisanteries fines contre les marquises, soit amers sarcasmes contre les prêtres, soit ingénieuses allusions contre les nonnes, les capucins, et autres monstres de l’ordre social.
Il fallait donc que la révolution sociale se complétât pour que la révolution de l’art pût s’achever.
Voici, à titre d’exemple, le programme d’une ces jeunes revues63 : celle-ci « prétend refléter l’âme nouvelle de la jeunesse, ses préoccupations sociales sans s’inféoder à aucune politique, son souci d’art national, simple, vigoureux, méthodique, suivant le sens de l’esprit latin.
Il faudrait resserrer et analyser le système social et la politique naturelle.
Rousseau qu’il faut chercher le commencement de la couleur descriptive, bien que le Contrat social soit encore un bel exemple de style abstrait.
La nature ne le détache pas des hommes et de ce qu’il appelle, avec une queue de paon, le devoir social.
Il ne faut pas s’y tromper : le génie le plus individuel, le plus indépendant, le plus lui-même, a besoin de croyances générales autant que le génie le plus impersonnel, le plus vaste, le plus social.
Sommes-nous donc placés pour porter sur l’ordre social un de ces regards à la Burke, qui plongent jusqu’au cœur des choses et font dire le mot : Où en sommes-nous ?
Inspiration personnelle ou sociale, regret du cœur, perspective de la vie revue en se retournant de l’autre bord de l’horizon, sentiment de l’irréparable, d’abord amer et devenant plus triste à mesure qu’il est plus résigné, oui !
Elle est d’essence pédagogique et sociale. […] D’où vient qu’on a tant de peine à reconnaître ce que la négation a de subjectif, d’artificiellement tronqué, de relatif à l’esprit humain et surtout à la vie sociale ? […] Dans les deux cas on peut même dire, à la rigueur, que la proposition vise une fin sociale et pédagogique, puisque la première propagerait une vérité comme la seconde préviendrait une erreur. […] En ce sens, la négation a un caractère pédagogique et social. […] Si l’on cherche la raison de ce fait, on la trouve précisément dans l’élément affectif, social et, pour tout dire, pratique, qui donne sa forme spécifique à la négation.
Il est certain que nulle autre cause, — même sans parler de celles dont l’enchaînement tient la littérature dans une dépendance étroite, mais non pas absolue, de l’état social et politique, — n’a contribué davantage à pousser de nos jours le roman dans les voies du réalisme. […] Ils n’ont pas non plus manqué de disciples, et les « histoires naturelles et sociales » de M. […] Et cependant, pour ne toucher au passage qu’un seul point parmi tant d’autres, n’est-il pas vrai que c’est de l’apparition de Valentine et de Jacques que date l’introduction des questions sociales dans le cercle du roman ? […] Ce sera d’ailleurs ce que vous voudrez : un cas pathologique, ainsi la Cousine Bette ; un cas psychologique, ainsi le Père Goriot ; un milieu social, une condition, comme dans César Birotteau ; un type absolu comme dans Eugénie Grandet. […] L’ivresse partout ailleurs, n’est à vrai dire qu’un vice ou un malheur privé, mais, dans le monde que nous peint l’Assommoir, on peut dire qu’elle devient un malheur public et un danger social.
Ils mangent et boivent, bâtissent et défrichent, surtout pullulent : les peuplades éparses qui ont passé la mer sur des bateaux de cuir deviennent une forte nation compacte, trois cent mille familles, riche, pourvue de bétail, largement épanouie dans l’abondance de la vie corporelle, à demi assise dans la sécurité de la vie sociale, avec un roi, des assemblées respectées et fréquentes, avec de bonnes coutumes judiciaires ; chez elle, parmi les fougues et les violences du tempérament barbare, la vieille fidélité germanique maintient les hommes en société, pendant que la vieille indépendance germanique maintient l’homme debout. […] Les situations sociales font les situations politiques ; toujours les constitutions légales s’accommodent aux choses réelles, et la prépondérance acquise aboutit infailliblement aux droits écrits. […] Partout il y a des inférieurs et des supérieurs qui se sentent tels ; le mécanisme du pouvoir établi se dérangerait, qu’on le verrait bientôt se reformer de lui-même ; par-dessous la constitution légale s’étend la constitution sociale, et l’action humaine entre forcément dans un moule solide qui est tout prêt.
XXVII « Chez les peuples religieux, et en général dans les pays où le développement individuel est entravé par l’état social, l’architecture est l’art dominant. De même que la sculpture est l’art individuel et philosophique, l’architecture est un art social et religieux. […] La disproportion est le caractère de cette architecture, auquel la sculpture répond par la monstruosité ; mais l’incohérence, la bizarrerie des parties, disparaissent dans la puissance et la grandeur de la masse, de même que chez les peuples de l’Orient le génie individuel est absorbé par le génie social.
L’histoire des institutions sociales présente un des plus clairs exemples de cette loi. […] Herbert Spencer (1820-1903) est un philosophe anglais connu pour ses théories sur l’évolutionnisme social et souvent présenté comme l’un des pères de la sociologie. […] Il est l’auteur de La Statique sociale (1851), Principes de psychologie, (1855).
Les personnes qui, par leur position sociale, auraient pu hâter et favoriser ses débuts, refusèrent toujours de s’employer pour lui. […] Mais je crains fort que les discussions législatives ne rencontrent dans la politique sociale un embarras plutôt qu’un auxiliaire. […] Il y a deux solutions à cette énigme, une solution littéraire et une solution sociale. […] L’amour, tant que la vie intérieure et sociale n’en est pas troublée, mérite à peine d’être nommé. […] Sand, nous croyons devoir subordonner la question sociale à la question littéraire.