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1954. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Une voix secrète me disait : « Tu n’es plus catholique, ton habit est un mensonge : quitte-le. » J’étais chrétien cependant ; car tous les papiers que j’ai de ce temps me donnent, très clairement exprimé, le sentiment que j’ai plus tard essayé de rendre dans la Vie de Jésus, je veux dire un goût vif pour l’idéal évangélique et pour le caractère du fondateur du christianisme.

1955. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

L’ombre qui les masquait sur leurs sièges ne quittait pas leurs visages empreints du mystère des charges secrètes.

1956. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Voilà un mot que ne dit pas Jupiter » ; — et où Géronte c’est l’Océan. « Sembler fou, dit l’Océan à Prométhée, c’est le secret du sage. » Mot profond comme la mer.

1957. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Son bonheur même a l’air d’une calamité ; Car le sombre secret de sa fertilité N’est pas le don du sol, l’heureux bienfait d’un astre : Cette fécondité naît encor d’un désastre.

1958. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Si, par malheur, une atteinte un peu forte Le fait clocher d’un ou d’autre côté, Comportez-vous de manière et de sorte Que ce secret ne soit point éventé.

1959. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Les gymnosophistes de l’Inde, ou les hiérophantes de l’Égypte, dans le secret du sanctuaire, se mirent à perfectionner ensemble les premiers rudiments du langage.

1960. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Je sais, et Balzac le savait aussi, ce qui sépare l’auteur des Contes drolatiques de l’énorme Modèle et du Maître dont il a essayé une fois de retrouver quelques-uns des secrets perdus.

1961. (1929) La société des grands esprits

L’homme a, comme on dit, de la défense : il supplée par son intelligence à sa faiblesse physique, jusqu’à dominer la nature en lui arrachant ses secrets. […] C’est parce qu’il croit au silence des espaces qu’il juge vain d’approfondir Copernic : car Copernic n’arracherait pas leur secret à ces espaces muets et ne nous apprendrait rien sur Dieu, qui seul importe. […] Pour Hermann et Dorothée, il travaille en secret et ne fait lire à Schiller qu’un texte définitif. […] Boutet de Monvel, qui avoue pourtant la censure, la police secrète et le cabinet noir. […] Ceux-ci vantent assez volontiers la limpidité, la simplicité, l’élégance de la pensée française ; mais c’est pour mieux lui refuser l’originalité et la profondeur, dont on n’ignore pas que la Germanie a le secret.

1962. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

C’est que toutes ces figures expriment les rapports secrets de la parole avec la pensée ; c’est que la métaphore est le procédé naturel de fructification ou d’enrichissement du langage ; et c’est enfin qu’une hyperbole ou une litote, qui différencient du tout au tout la nuance d’un même sentiment ou d’une même idée, ne sont pas seulement de la rhétorique : elles sont de la psychologie. […] L’un et l’autre en effet, Cassaigne et Godeau, ce qu’ils louent dans la poésie de Malherbe et dans la prose de Balzac, ce sont les mêmes mérites presque dans les mêmes termes ; c’est le versificateur et c’est le rhéteur, également versés dans les secrets de l’art et du métier ; ce sont les industrieux et savants artisans de syllabes et de mots ; ce sont les maîtres, ou plutôt encore les instituteurs de ceux qui les ont suivis, et non pas tant enfin les exemples mêmes ou les modèles qu’ils ont donnés que les leçons qui s’y trouvent implicitement contenues. […] J’ajouterai que, dans les dernières années du xviiie  siècle, une raison puissante, secrète, et intérieure, équilibra l’influence de ce naturalisme, surtout au point de vue littéraire, et vint en entraver le développement. « Ce n’est peut-être sans une raison profonde, a dit quelqu’un, qu’au moment où le catholicisme a reçu son premier grand ébranlement, au xvie  siècle, l’humanisme a pris naissance, comme par une sorte de contrepoids. […] Si nous nous assurons de l’exacte chronologie de leurs œuvres, des circonstances de leur composition ; si nous cherchons dans leurs origines, dans l’histoire de leur vie, jusque dans celle de leur hygiène, le secret de leur vraie pensée, si nous ne nous lassons pas d’interroger sur eux les Mémoires, les Lettres, les souvenirs de leurs contemporains, c’est pour cela, uniquement pour cela. […] Supprimez d’un seul coup toute la poésie en vers, ce sera plus expéditif ; sinon parlez avec estime de ceux qui en ont possédé les secrets.

1963. (1908) Après le naturalisme

Les plus puissantes facultés reculent devant l’encyclopédisme actuel — bien loin encore d’être final — et surtout devant l’incommensurable besogne de pénétrer les secrets qui demeurent encore cachés. […] Le point d’honneur, la raison d’état, la souveraineté des institutions, le culte de la puissance des dieux, qui suscitent à la collectivité tant d’attitudes et de résolutions contraires au sentiment secret de chaque sujet pris isolément, sont engendrés par la création absurde d’une personnalité et nous y voyons le jeu de l’agrégation molléculaire qui forme les corps bruts.

1964. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

À titre de grand seigneur et d’homme célèbre, le scandale qu’il donnait criait plus haut que tout autre : il était a public sinner ; un jour un ecclésiastique obscur lui envoya une prière qu’il avait trouvée dans les papiers de sa femme, charmante et pieuse personne, morte récemment, et qui en secret avait demandé à Dieu la conversion du grand pécheur. […] De là deux misères : on souffre, et l’on est tenté, quand on est sûr du secret, de jeter bas la vilaine machine étouffante.

1965. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Parce que la maison de Bourbon retrouva pour agrandir le domaine royal le secret qu’avaient si admirablement pratiqué les premiers Capétiens. […] Elle consiste à se corriger de ses défauts, et parmi ses défauts à se corriger justement de ceux qu’on aime, de ce défaut favori qui est presque toujours le fond même de notre nature, le principe secret de nos actions.

1966. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

» et il ouvre avec une clef un tableau, dont le panneau extérieur montre une église de village dans la neige, et dont le panneau secret, peint par Courbet, pour Kalil-Bey, représente un ventre et un bas-ventre de femme. […] Le roi Rhompsonitos possédait, caché dans un souterrain, un trésor dont il croyait avoir seul le secret de l’ouverture.

1967. (1886) Le naturalisme

C’est comme le dissecteur qui travaille dans les parties les plus délicates, les plus secrètes de l’organisme, nécessaires pour la vie ; ou comme le chirurgien qui opère sur des tissus qu’il ne voit pas, pleins de veines, d’artères et de nerfs. […] On dira qu’il déchire le voile de la vie privée, qu’il viole les secrets du foyer, et tout le monde se considérera comme offensé. […] Non content de cela, lui et ses disciples, renseignent à l’envie le public et lui révèlent les secrets du métier.

1968. (1896) Études et portraits littéraires

On connaît le chapitre de ses Philosophes classiques où Taine trouve le secret de faire tenir au large dans une demi-ligne toute l’histoire de Rome, « d’enfermer douze cents ans et la moitié du monde antique dans le creux de sa main ». […] Décrivant à merveille les organes, leurs points d’attache, leurs appartenances, ils ont fait de la géographie, disait Claude Bernard, qui répétait volontiers aussi le mot de son maître Méry : « Ce sont des commissionnaires qui courent les rues ; les maisons leur sont fermées, et ce qui s’y passe est un secret pour eux. » À peine meilleur, du reste, a été le succès des physiologistes. […] Il dénonce les dessous honteux, les tares secrètes. […] s’il pouvait enseigner à nos collégiens le secret de ses sortilèges !

1969. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Nous ignorons ses motifs, à plus longue vue que les nôtres, sans doute ; les cabinets à une seule tête sont les plus sûrs des secrets d’État.

1970. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Pour les enfants des citoyens moins estimables, et même pour ceux des autres qui auraient quelque difformité, ils les cacheront, comme il convient, dans quelque endroit secret et qu’il sera interdit de révéler.

1971. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

XXIII Les religieuses nous ayant présentées à une brave fille, ancienne gouvernante du château qui connaissait tous les secrets et toutes les bonnes œuvres de madame de Lamartine, celle-ci nous présenta à son tour au mari et à la femme du paysan de Milly, qui en gouvernent actuellement les vignes, la basse-cour et les chiens.

1972. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

que de secrets de l’amour et de la douleur !

1973. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Ils sont les langues de la pensée, toujours promptes et adroites, les messagers parleurs du muet désir, hiéroglyphes et livres où l’on peut déchiffrer les secrets du cœur, — vifs et purs miroirs où transparaît tout ce qu’enferment les profondeurs de la poitrine275 », etc., etc.

1974. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Il semblait qu’on vint de retrouver le grand secret perdu ; et cela était vrai, on avait retrouvé la poésie.

1975. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Brouardel, dans son livre, Le Secret médical, faisait passer avant tout le devoir de silence spécial au médecin, tout en invoquant — lui aussi — certains moyens de tourner la loi pour la respecter.

1976. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Donnez à tous ces personnages un cœur si tendre, si tendre qu’ils tombent en pâmoison à la première émotion vive ; prêtez-leur avec prodigalité un talent merveilleux pour jouer de la flûte, composer de petits vers galants et débiter des madrigaux comme celui-ci : Si je dis qu’elle est la plus belle Des bergères de ce hameau, Je n’aurai rien dit de nouveau : Ce n’est un secret que pour elle.

1977. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Jamais, si ce n’est dans les trop rapides esquisses de Cicéron et de Quintilien, elle ne retraçait la marche et les progrès de l’art ; jamais elle ne demandait à l’histoire politique et à la biographie le secret de la grandeur et de la décadence du génie littéraire.

1978. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Les surhommes et les diplomates cachent leurs emportements, lui, ne contenait jamais sa colère, mais tout de même il tenait secret quelque chose.

1979. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Oui, Celle-là (serais-tu perdu en une salle, spectateur très étranger, Ami) pour peu que tu déposes avec soumission, à ses pieds d’inconsciente révélatrice, ainsi que les roses qu’enlève et jette en la visibilité de régions supérieures un jeu de ses chaussons de satin pâle et vertigineux, la Fleur de ion poétique instinct n’attendant de rien autre la mise en évidence et sous le vrai jour des mille imaginations latentes : alors, par un commerce dont son sourire paraît verser le secret, sans tarder elle te livre à travers le voile dernier qui toujours reste, la nudité de tes concepts et silencieusement écrira ta vision à la façon d’un Signe, qu’elle est.

1980. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Heureusement, élevé par sa mère, Philippe II évita, comme dit expressivement Forneron, l’influence paternelle et « les savants secrets d’une dépravation péniblement acquise ».

1981. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

… Est-ce seulement, comme dans la santé humaine, la crise mystérieuse qui sauve tout et dont personne ne sait le secret ?

1982. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Quelle parenté secrète peut bien lier cette défectuosité physique à ce rétrécissement moral ?

1983. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Nous risquons alors de faire fausse route si nous cherchons le secret de l’effet produit dans ce que nous voyons et entendons, dans la scène extérieure qui se joue entre les personnages, et non pas dans la comédie intérieure que cette scène ne fait que réfracter.

1984. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Pour cela, ne faudrait-il pas avoir le secret de l’ordre universel ?

1985. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

J’ai pu seulement publier quelques recettes pour teindre les mosaïques et d’autres secrets de l’art, écrits dans le huitième siècle, où, parmi un fort grossier latin, se trouvent quelques mélanges de langue vulgaire, mais non pas encore la langue vulgaire effective. » (Muratori, Dissertat. […] Il est dit que Gerbert, devenu pape, et tenant à Rome les clefs de Saint-Pierre, possédait encore ces secrets merveilleux, qu’il avait appris en Espagne des sages d’Orient.

1986. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il me paraît certain aussi que la locution « être dans la bouteille », dans le sens de « être dans le secret », vient aussi d’un mot de Sosie qui, lorsque Mercure lui raconte plat par plat le déjeuner que Sosie a fait, tout seul, le matin, s’écrie : Cette preuve sans pareille En sa faveur conclut bien ; Et l’on n’y peut dire rien, S’il n’était dans la bouteille. […] Transformer tout en or, faire vivre éternellement, guérir par des paroles, se faire aimer de qui l’on veut, savoir tous les secrets de l’avenir, faire descendre, comme on veut, du ciel sur des métaux des impressions de bonheur, commander aux démons, se faire des armées invisibles et des soldats invulnérables : tout cela est charmant, sans doute ; et il y a des gens qui n’ont aucune peine à en comprendre la possibilité, cela leur est le plus aisé du monde à concevoir. […] » Ce serait aller infiniment trop loin ; mais on n’exagérerait pas beaucoup à dire que Molière est un Sancho qui a pour Don Quichotte une secrète estime, qu’il lui arrive de laisser percer. […] Cela est commode aux vieillards à qui il faut une passion parce qu’ils sont hommes. — -Il y a des gens qui sont mal logés, mal couchés, mal habillés, qui essuient les rigueurs des saisons, qui se privent eux-mêmes de la société des hommes et passent leurs jours dans la solitude ; qui souffrent du présent, du passé et de l’avenir, dont la vie est comme une pénitence continuelle et qui ont ainsi trouvé le secret d’aller à leur perte par le chemin le plus pénible : ce sont les avares. — Il y a des âmes sales, pétries de boue et d’ordure, éprises du gain et de l’intérêt, comme les belles âmes le sont de la gloire et de la vertu, capables d’une seule volupté qui est celle d’acquérir ou de ne point perdre, curieuses et avides du denier dix, uniquement occupées de leurs débiteurs, toujours inquiètes sur le rabais ou sur le décri des monnaies, enfoncés et comme abîmés dans les contrats, les titres et les parchemins. […] Elle est si honnête et si bonne qu’elle ne croit pas au mal au-delà de certaines limites et que, devant la crainte exprimée par Cléante que Tartuffe n’abuse des secrets contenus dans la cassette, Damis dit : Quoi !

1987. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

The rites, by some supposed to be of the Menadic sort, or perhaps with an Eleusinian or Cabiric character, are held strictly secret. […] That Nature is more than some boundless volume of such recipes, or huge, well-nigh inexhaustible domestic cookery-book, of which the whole secret will in this manner one day evolve itself.

1988. (1933) De mon temps…

D’année en année il s’élevait plus ample, plus grave, plus pathétique, tantôt hymne extasié à la beauté du monde, à ses éblouissements de midi, à ses splendeurs du soir, tantôt appel impérieux d’une âme insatiable vers le bonheur et vers l’amour, tantôt incantation magique pour retenir tout ce qui fuit et arrêter tout ce qui passe, tantôt confidence inquiète d’un cœur secret, tantôt défi hautain aux puissances destructrices qui s’acharnent à ruiner ce qui n’est pas éternel et qui commencent en nous-mêmes leur œuvre de néant. […] Aussi lui passait-on ses boutades et même ses insolences, parce qu’elles n’étaient que le masque de ses secrètes qualités de cœur.

1989. (1932) Les idées politiques de la France

La devise de ce parti, celui de Ledru-Rollin et de la Réforme, pourrait être : les droits du peuple pour principe, les sociétés secrètes pour base, la conquête du pouvoir pour but. […] Ébranlées par la réaction thermidorienne, refoulées dans le néant par la police de l’Empire, les sociétés de pensée ont reparu dès 1815 sous forme de sociétés secrètes. […] Les comités socialistes procéderaient plutôt des sociétés secrètes de la monarchie de Juillet, des unions corporatives et des coalitions d’ouvriers, des groupes d’études prolétariennes et de la première Internationale.

1990. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Son vœu secret, dès lors, son ambition, eût été d’atteindre aussi à servir un jour le sentiment et la moralité populaire dans ce cadre parlant de la littérature en estampes.

1991. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Personne ne peut trouver à redire, quand toutes les maisons sont rassemblées sur la même place, autour de la scène ; et l’on ne s’étonne pas, quand de simples bourgeois descendent dans la rue pour causer, comme quand des rois ou des reines sortent de leur chambre pour dire leurs secrets.

1992. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Laissez-nous espérer dans les phénomènes de la pensée quelque généralisation qui les rattache, par exemple, à ceux de la vie, que l’histoire nous livre en partie au moins son secret.

1993. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Par exemple, dans la comédie de la douleur, l’expression est presque toujours exagérée et hors de proportion avec les causes : le visage n’est point pâle, la peau conserve sa couleur normale, il n’y a pas d’harmonie dans la mimique, certaines contractions ou certains relâchements des muscles font défaut ; le pouls, tâté par le médecin, trahit le secret ; une surprise imprévue, une distraction subite fait disparaître tout d’un coup la mimique de la douleur ; enfin et surtout, l’expression est presque toujours centrifuge, elle manque presque absolument de ces formes concentriques qui accompagnent la douleur sincère : tout, comme on dit, reste en dehors.

1994. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Prétendre que cette auto-détermination, pour laquelle l’avenir même n’a plus de secret, exclut la liberté, c’est la plus étrange des erreurs, puisque la vraie liberté consiste à être déterminé par soi-même, en tant qu’être raisonnable, non à être indéterminé et indifférent, comme un corps en équilibre instable qui attend que le moindre souffle extérieur le fasse pencher d’un côté ou de l’autre.

1995. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Au contraire, elle mettait en nous la volonté entêtée et presque colère de faire une dizaine de pièces coup sur coup, et cette fois sans aucune concession aux ingénieuses ficelles, au secret, à tout ce charpentage moderne dont n’a jamais usé l’ancien, le classique répertoire.

1996. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Puis, il nous entretenait du jeune Demidoff, en train de faire du sport politique, et qui, dans une de ses dernières missions secrètes à Paris, soit à propos de Skobeleff, soit à propos de la lettre de Hugo au czar, avait reçu son brevet de commandeur de la Légion d’honneur, des mains de Mme Adam, brevet que Chanzy n’avait pu emporter.

1997. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Une langueur secrète s’emparait de mon être.

1998. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Malheur à celui qui aime à nourrir une affliction secrète !

1999. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

La nature, disoit-il, semble lui avoir revelé tous ses secrets, du moins pour ce qui regarde les mœurs & les caractères des hommes.

2000. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Le monde naturel, visible, si vivant et si riche en ces belles contrées, s’ouvrait à lui dans ses secrets, comme le monde de l’espace et des nombres.

2001. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Mais il en est d’autres qui sont maladives et portent le trouble dans toute notre conduite ; ce sont les hallucinations dites psychiques ; dans ce cas, le malade aliène et rapporte à autrui des pensées qui sont à lui71 ; il entend par la pensée, il écoute des « voix secrètes, intérieures » ; on lui parle « à la muette » ; il voit « invisiblement ».

2002. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

les mêmes raisons ne subsistent plus ; les nœuds qui me liaient sont brisés, les yeux auxquels je voulais plaire sont fermés ; rien ne me plaît davantage que d’être dégagé de tous liens et libre… Je me lève à minuit, je sors à la pointe du jour, j’étudie dans la campagne comme dans ma chambre, je lis, j’écris, je rêve ; je parcours tout le jour des montagnes pelées, des vallées humides, des cavernes secrètes ; je marche souvent sur les deux bords de la Sorgues seul avec mes soucis.

2003. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Cependant le canon gronde, les hommes jonchent les champs de bataille, le sang demandé par le Piémont lui est prodigué avec largesse, l’Allemagne s’aigrit, la confédération germanique se concerte et se compte, la Prusse hésite entre sa nature prussienne et sa nature allemande, l’Angleterre se concerte entre deux pensées contraires, la Russie regarde et se réjouit en secret de l’affaiblissement des puissances qui la limitent à l’Occident et à l’Orient.

2004. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Histoire secrète de la Révolution, p. 11.

2005. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Mais les dons de la nature, en soi, sont un mystère, toujours secret ; aussi pouvons nous, seulement, apprécier ce génie avec certitude par la considération de ses actes.

2006. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Remémorons les premiers actes ; le premier acte en majeure partie musical (l’éclosion d’une adolescence, les rappels d’anciennes émotions), avec les addendas de faits positifs et de secrets de forge dévoilés ; le second acte très incertain, incessamment et au cours de chaque scène oscillant entre la symphonie et le spectacle, des efforts à tout rendre à l’orchestre et des chutes soudaines (par exemple, lorsque c’est par des mots qu’est dénouée une scène musicale), enfin la très noble magnificence de cette mort d’âme exprimée dans la mort du bon Fafner, une des stupéfiantes pages de l’œuvre de Wagner ; depuis longtemps je désirais interpréter cette scène ; qu’on me le permette.

2007. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Supposez, au contraire, que le danger de la foudre menaçât journellement tous les individus : la sensation de l’électricité, — que les animaux inférieurs possèdent en germe au même degré que la sensation de la lumière ou de la chaleur, et qui doit exister distinctement chez la torpille ou le gymnote, — se serait développée davantage ; nous sentirions autour de nous les moindres changements de l’état électrique, les plus faibles courants positifs ou négatifs ; nous pourrions saisir au passage les secrets du fil télégraphique, prendre sur le fait les dépêches qui le traversent sans avoir besoin, comme dans la guerre avec l’Allemagne, de les détourner vers quelque appareil récepteur.

2008. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Cela suppose qu’il y a, dans ces sensations mêmes, une affinité secrète avec l’extension, par conséquent un caractère extensif que n’ont pas les autres.

2009. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Les coups de fortune, les travestissements, les révélations subites, les secrets de famille, les ténébreuses intrigues, d’acharnées et gratuites inimitiés, déterminent sans cesse le cours de l’action, sans que la suite même de ces incidents parvienne à s’ordonner logiquement.

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