Ce nous est un vif regret de trouver çà et là un peu de politique ; mais, en revanche, les vers énergiques abondent, et la vie ne manque pas.
N’allons pas trop loin cependant ; il est certain que les révolutions politiques ont jeté sur le pavé des villes un certain nombre de gens sans énergie, mais non pas sans ambition. […] Comme application à la politique, c’est, du reste, tellement innocent que le puéril n’en est pas loin : car, lorsqu’on joue si volontiers avec les instruments de mort, on n’en fait pas grand usage. […] Janin et il y aurait bien de la mauvaise volonté à ne pas faire attention à un homme qui possède là ce que nos plus grands écrivains, nos plus illustres politiques, ont peine à exciter autour d’eux, à savoir l’attention. […] Sainte-Beuve autrefois et qu’il poursuit encore, il y eut place pour les qualités les plus nobles, et la renommée individuelle en se sacrifiant y gagne à coup sûr, mais il n’en fut pas de même pour la politique du parti. […] Ce fut même peut-être un bonheur pour le juge littéraire que de se voir débarrassé des devoirs d’une politique sans succès.
Bruant… Ils font de la politique… J’estime la muse de Victor Meusy.
C’est à qui lui proposera un plan nouveau, un système inédit, la philosophie, la politique, la religion de l’avenir. […] Dans ces pages privilégiées, pas un mot de politique ni d’utopie. […] Même dans ses lettres, elle n’aimait guère la discussion, elle ne la prolongeait pas volontiers, au moins dans l’ordre de ses idées sociales et politiques. […] C’est surtout l’avocat politique qui est infatigable en elle. […] Tant d’événements n’ont pas été perdus pour elle, ni en politique, ni en philosophie sociale.
Les autres Ouvrages de Languet consistent en des morceaux d’Histoire, & des Traités de Politique, assez médiocrement écrits, qui furent cependant recherchés dans leur nouveauté, faute de mieux.
La Requête du Curé de Fontenoy, & le Testament politique de M. de Voltaire, sont ce qu’il a fait de plus piquant.
Arnaud, [Henri] Evêque d’Angers, frere du précédent, né à Paris en 1597, mort en 1692, n’est connu dans les Lettres que par cinq volumes de négociations qui font juger qu’il étoit aussi propre à agir en bon politique, qu’à écrire en bon Historien.
Ses Ouvrages polémiques sur la Morale, la Politique, la Controverse, ont été estimés dans leur temps ; mais leur mérite a disparu avec les causes qui les ont produits.
Sans son fameux Livre de la Puissance ecclésiastique & Politique, on pourroit ignorer qu'il a été Syndic de la Faculté de Théologie, Grand-Maître du Collége du Cardinal le Moine, & qu'il a fait quelques autres Ouvrages, aujourd'hui entiérement inconnus.
Bellegarde, [Jean-Baptiste Morvan de] Abbé, né dans le Diocese de Nantes en 1648, mort en 1734, Ecrivain sécond en Théologie, en Morale, en Politique & en Littérature.
Cette politique est plus profonde que celle de l’avare. […] Le gouvernement l’a déchargé des affaires politiques, et le clergé des affaires religieuses. […] Ces pauvres bonnes gens ne sont guère politiques ; ils sont faits pour être mangés et le prouvent surabondamment par leurs actions. […] Il est politique comme le Giton de La Bruyère, mais toujours sot et brutal. […] Le parvenu se croit expert et vainqueur en toutes choses, en matière de femmes comme en fait de politique ; il est jusqu’au ventre en la litière ; mais il a beau faire, on devine son père l’âne.
Beaux-arts, politique, histoire, voyages, langues, éducation, botanique, géographie, harmonies du globe, l’auteur traite de tout, et toujours il est original. […] Ses vues politiques embrassent le globe entier, qu’il réunit par le commerce, par l’intérêt et par l’amour. […] Lainé au-dessus de tous les hommes politiques que je connus dans les différentes phases de ma longue carrière publique. […] Je répondis à son agent que j’avais étudié les lois de la nature, mais que j’ignorais celles de la politique. […] » Elle ajoutait que les idées d’humanité, de vertu, de religion, adoptées par tous les peuples, n’étaient que des inventions de la politique de leurs princes.
Ses Poëmes, ses Comédies, ses Poésies diverses, ses Observations, ses Mémoires, ses Histoires, ses Testamens politiques, ses Dialogues, ses Lettres, ses Romans, ses Nouvelles, ses Contes, ses Calendriers, Ouvrages presque tous infectés de l’esprit de satire & du poison de la haine, peuvent être comparés à ces nuées d’infectes éphémères, qui piquent un moment & ne vivent qu’un jour.
Baudry) fit, sur la demande de quelques chansonniers, la musique de leurs chansons, puis, trouvant que ses collaborateurs ne lui donnaient pas assez d’ouvrage, il se mit à manier la rime, s’essaya dans la chanson satirique, politique et mondaine, et remporta un très bon succès.
Francis-Vielé-Griffin Les vers de Damedor ne valent ni plus ni moins que la moitié des vers des Châtiments ; la satire politique en vers est presque toujours insupportable et difficilement littéraire.
Il seroit à souhaiter que la politique fût appuyée sur des principes invariables ; ce seroit le vrai moyen d’obliger les Princes à suivre les loix de la justice & de l’équité.
La politique et le souffle enflammé des passions régnantes l’enlevèrent trop tôt à ce culte exclusif des lettres ; mais dans la dernière partie de sa vie il avait cherché une consolation dans l’amour des arts proprement dits, et il était devenu un connaisseur fin en peinture. […] Il avait vu de trop près la politique ; il l’avait touchée et maniée dans ses secrets ressorts, il en savait les vanités, les corruptions et les turpitudes ; désappointé et désabusé, il passa les dernières années de sa vie dans une sorte d’exil, sevré du commerce des amis qui lui étaient chers.
XXVIII Je ferai aux hommes politiques de l’École doctrinaire et métaphysique un reproche qui étonnera au premier abord ceux qui les connaissent : c’est d’avoir trop peu d’amour-propre. […] XXIX (Après une séance de la Chambre des Pairs :) Qui n’a pas vu une armée de braves en complète déroute, ou une assemblée politique qui se croyait sage, mise hors de soi par quelque discours passionné, ne sait pas à quel point il reste vrai que l’homme au fond n’est qu’un animal et un enfant : — (Ô éternelle enfance du cœur humain !)
Comme la royauté mettait sa justice au service du dogmatisme catholique, et par politique dénonçait les victimes comme des factieux à ses alliés protestants, Calvin se crut obligé de protester dans la fameuse lettre à François Ier. […] Par cette méthode, Calvin inaugure la controverse et l’apologétique modernes : et ainsi il y, a quelque chose de lui dans les Pensées et dans le Discours sur l’Histoire Universelle et dans la Politique tirée de l’Histoire sainte.
Cette incursion dans la politique est loin de desservir le Symbolisme dans l’esprit des foules, mais heureusement pour elle, la doctrine a des motifs plus sérieux de retenir l’attention des gens éclairés. […] Oui, dans ce Paris de 1891, au ciel inclément, dans ce Paris, dévasté de cyclones, où l’on gèle en mai ; et où l’excès de la sécheresse, en juin, force la municipalité à substituer, dans plusieurs arrondissements, l’eau de Seine à l’eau potable ; dans ce Paris, où les troubles atmosphériques semblent expliquer l’effervescence des esprits ; dans ce Paris, désemparé, en proie à la fièvre et aux orages politiques, aux rues barrées d’agents et encombrées de tumultueuses manifestations démagogiques ou chauvines, de cortèges de grèves incessants (garçons de cafés, employés d’omnibus et de chemin de fer) ; dans ce Paris, où l’année a commencé par l’exécution de Michel Eyraud et où chaque soir des camelots hurlent un crime retentissant (Assassinats de Cholet et de la petite Neut, affaires Bemicat, Souffrain, Doré et Berlant, Pezon, Sorré, de Moor.
Le messianisme, tout politique chez les Juifs orthodoxes, devenait chez elles tout social. […] Quelquefois le maître, plus versé dans les choses du ciel que dans celles de la terre, enseignait une économie politique plus singulière encore.
Ce qui regarde l’ordre politique n’appartient point à la théologie. […] Je ne pourrais donc approuver la politique qui regarderait le clergé avec la même indifférence que les autres corporations, et qui permettrait à chacun d’être prêtre, bon ou mauvais prêtre, comme il est permis, dans les contrées assez bien policées, pour que chaque citoyen puisse sans obstacle tirer parti de son talent, d’être bon ou mauvais tailleur, bon ou mauvais cordonnier.
La grande politique et la morale se tiennent et s’entrelacent. […] Il y fut l’homme de toute sa vie, l’homme qu’il était au confessionnal, à la tête de son diocèse ou de l’État, dans son opposition respectueuse aux mesures politiques de la cour de Rome, enfin partout, même sur les champs de bataille, c’est-à-dire le champion du droit strict et de la justice armée.
Il avait la netteté positive et profonde des esprits italiens, qui sont, pour moi (preuve l’ancienne Rome et la cour pontificale romaine), les premiers politiques du monde. […] L’abbé Galiani fit les délices d’une société charmante qui les lui rendit, et quand, par suite d’une indiscrétion diplomatique, car ce pétulant intellectuel, cette tête à feu et à fusées, ne pouvait pas être la tirelire à serrure des petits secrets politiques qu’il faut garder, il fut forcé de quitter cette société qui était devenue la patrie de son esprit, il la quitta comme on quitte une maîtresse aimée, et la Correspondance que voici atteste à chaque page ce sentiment presque élégiaque dans une nature si peu tournée à l’élégie, mais dont l’esprit souffre de regret comme un cœur !
En Égypte, où la politique était liée à la religion, on se proposait surtout de faire régner la morale dans toutes les classes de citoyens : dans la Grèce, composée de républiques libres et guerrières, on s’attachait à élever les âmes et à nourrir le mépris des dangers et de la mort. […] Platon, qui ne se mêla jamais des affaires publiques, ne parut point dans Athènes au rang des orateurs ; mais dans cet éloge funèbre, composé en l’honneur des guerriers, il voulut disputer le mérite de l’éloquence à Périclès, comme dans ses autres ouvrages il lutte avec Pythagore pour la philosophie, avec Lycurgue et Solon pour la politique, avec Homère pour l’imagination ; souvent sublime, et presque toujours poète, orateur, philosophe et législateur.
Le vent souffle à l’économie politique et la nation se met à disserter sur les grains ? […] C’est beaucoup ; et, quoiqu’il parlât ainsi dans un temps où sa parole ne pouvait être encore soupçonnée ni d’allusion politique ni de flatterie rétrospective, c’était trop. […] L’un et l’autre s’efforcent de prendre pied dans la politique. […] C’est un événement politique que le Mariage de Figaro : s’il touche à la littérature, ce n’est que par occasion. […] L’impulsion est donnée : le règne de la littérature est fini ; c’est le règne de la politique et du politicien qui commence.
Barclay, [Jean] né à Pont-à-Mousson en 1582, mort à Rome en 1621, n’est guere connu à présent que par son Argenis, quoiqu’il ait fait des Ouvrages de controverse, de morale, d’histoire & de politique.
A l’âge de 22 ans, il publia l’Histoire naturelle & politique du Royaume de Stam, qu’il composa à Siam même, où il avoit été conduit fort jeune par des Missionnaires de la Congrégation de S.
L’étude des intérêts des différentes Puissances de l’Europe, la connoissance qu’il avoit des Hommes en général, & du caractere de chaque Nation en particulier, le rendirent un des plus célebres Politiques de son temps.
Ces démonstrations publiques et politiques du clergé le compromettent de plus en plus.
Malheureusement pour lui, le milieu dans lequel il se trouva plongé dès son arrivée à Paris l’entraîna vers les tristes voies de la politique, qui fit de lui le rédacteur en chef et l’inspirateur du Père Duchêne pendant les journées sanglantes de la Commune.
Les Mathématiques, l’Histoire naturelle & civile, les Langues, la Politique, la Morale, la Poésie, exercerent tour à tour sa plume, également foible dans tous les genres.
Un Auteur qui en avoit eu besoin autrefois, est plus croyable que personne sur les sentimens que la Religion, l’humanité & la politique prescrivent à l’égard des Disciples.
Cette pièce, qui donne le degré de chaleur de ses opinions politiques d’alors, est curieuse dans sa vie morale : on peut la rapprocher de celle des Destinées qui a pour titre les Oracles et qui semble une leçon à l’adresse de tous les rois : Et nunc, reges, intelligite. Le poète ne se montre pas plus favorable dans un cas que dans l’autre aux assemblées politiques ni aux cortès d’aucun temps ; mais en dernier lieu il est évident que toute sa foi royaliste s’était retirée de lui. […] Quoique bien novice et inexpérimenté alors en matière d’histoire et en jugement politique, quoique mal édifié sur la vraie grandeur de Richelieu, j’en savais assez déjà pour relever dans cet ingénieux roman la fausseté de la couleur, le travestissement des caractères, les anachronismes de ton perpétuels : non, quoi que de complaisants amis pussent dire, non, ce n’était pas là du Walter Scott français ; M. de Vigny n’eut jamais, pour réussir à pareil rôle, la première des conditions, le sentiment et la vue de la réalité, — j’entends aussi cette seconde vue qui s’applique au passé. […] Dans ce livre, M. de Vigny essaya de tracer comme l’Évangile littéraire moderne : il y posa l’antithèse perpétuelle du poète et du politique, de l’homme de pensée et de l’homme de pouvoir ; celui-ci n’était que le pharisien : il assigna au premier sa mission toute sainte, toute désintéressée, toute pure. […] Le Christ demande à son père le prix de sa venue : il pose les éternels problèmes du bien et du mal, de la vérité et du doute, de la vie et de la mort, de la Providence et du Hasard, tous les pourquoi possibles, en philosophie naturelle, en philosophie morale, en politique : Et si les nations sont des femmes guidées Par les étoiles d’or des divines idées, Ou de folles enfants sans lampe dans la nuit, Se heurtant et pleurant, et que rien ne conduit ?
Émile de Girardin en politique, Mme Émile de Girardin en sel attique, donnaient à ce journal un double succès d’enthousiasme. […] C’était un de ces moments où les partis politiques, exaspérés par la lutte, se demandent s’ils peuvent en conscience répondre aux partis contraires par les armes qu’on emploie contre eux, et profiter de leur victoire pour tuer ceux qui les tuent. […] Mais Hugo, Girardin, moi, nous étions des orateurs politiques accoutumés à ces sortes de discussion ; Balzac y était neuf, il pouvait se croire seul et abandonné ; il n’écouta que sa conscience et parla en homme de bien quand même. […] C’est Dieu qui juge, son jugement n’est pas remis à nos passions ; vous le savez, vous qui avez proclamé et décrété vous-mêmes, le 1er juin, l’abolition de l’échafaud politique, décréterez-vous aujourd’hui la légitimité de la vengeance populaire ? […] Bon ou mauvais, le système représentatif exige d’immenses talents, les grands écrivains seront nécessairement recherchés dans les crises politiques ; ne réunissent-ils pas à la science, l’esprit d’observation et la profonde connaissance du cœur humain ?
Nous causons avec Francis de l’armée, et il me dit qu’il n’y a plus de démissions à cause de la politique : la légitimité ayant été tuée par la mort du comte de Chambord, l’impérialisme par la mort du prince impérial, l’orléanisme par la veulerie des princes d’Orléans. […] Mercredi 12 janvier Duval, ce voleur faisant du vol, une opinion politique, ce voleur plaidant carrément devant un tribunal, que le vol est une restitution légitime du superflu de ceux qui ont trop, au profit de ceux qui n’ont pas assez, et soutenu par un public d’amis et de disciples, qui, à un moment donné, a manqué culbuter le tribunal. Ce n’est au fond que l’exagération des doctrines politiques de ceux qui nous gouvernent. […] J’étais dans le moment sur le pont, et j’ai vu l’autre disparaître… C’était très curieux. » Mardi 24 mai Ce soir, au dîner de Brébant, Perrot de l’Instruction publique affirmait, que les jeunes gens qu’il voyait, ne lisaient plus les journaux, n’avaient plus d’opinion politique, tant ils étaient écœurés par les blagues et le charlatanisme des hommes politiques du moment, et il signalait comme un danger, cette génération nouvelle complètement désintéressée de la politique.
Une mère demande pardon que sa fille n’en ait pas encore : « Mais cela viendra bientôt, me dit-elle, car à présent c’est une honte, elle est droite et mince comme un jonc. » Les aperçus politiques se mêlent à ces jolies peintures. La littérature même du prince y trouve son compte ; lorsqu’il lira plus tard le Cours de La Harpe et qu’il y fera des annotations, souvent très fines et très justes, il reprendra le célèbre professeur sur le chapitre des Grecs : Si vous aviez vu, monsieur de La Harpe, et étudié les Grecs d’aujourd’hui comme moi, qui ai eu des affaires de politique à traiter avec eux, vous sauriez qu’ils ressemblent aux anciens. […] La jeunesse des diplomates aimait à se grouper autour de lui, à l’écouter, à le prendre pour introducteur et pour guide, à faire écho à ses saillies qu’on se redisait : « Le Congrès ne marche pas, il danse… Le tissu de la politique est tout brodé de fêtes. » On le consultait sur la broderie.
Sans s’occuper précisément de politique, elle avait du sens, et, lorsque son cœur l’avertissait, elle entendait certaines choses avec promptitude. […] À Rennes (1598), quand le roi, qui songeait sérieusement à épouser Gabrielle, et qui, depuis quelque temps, voulait s’en ouvrir à Sully sans l’oser, s’arma à la fin de courage, et, emmenant son serviteur dans un jardin, le retint à causer durant près de trois heures d’horloge, on assiste à une conversation à la fois politique et des plus plaisantes. […] Quelques-uns toutefois se hasardèrent à lui faire entendre qu’au fond de cette perte il y avait une énorme difficulté politique de moins ; lui-même il sentait qu’il échappait à une faute.
Lassay, qui ne revint point avec eux, aurait bien voulu désarmer pour son compte le mécontentement du roi, qui à son égard datait de plus loin47 : dans une lettre sérieuse, assez politique, et où il mêle des vues sur les armées, sur les finances et l’administration des États de la maison d’Autriche, il loue délicatement Louis XIV et son gouvernement : « Comme on ne juge bien des choses que par comparaison, écrit-il, en vérité il faut sortir de France pour connaître parfaitement la puissance du roi. » On voit, par le désordre qu’il décrit, que l’Autriche n’avait pas eu alors ses Louvois et ses Colbert. […] Après être resté quelque temps à Vienne à observer les intrigues politiques et, qui sait ? […] Puis, après ces devis d’embellissements et profitant du cadre trouvé, il en revenait au roman : « Vivre en paix dans un beau séjour avec une personne qui ne vit que pour vous, y avoir une compagnie de gens qui vous conviennent, est une vie qui n’est propre qu’à un fainéant comme moi. » Ce dernier mot était un trait indirect à l’adresse de M. de Torcy, en qui il entrevoyait pour le moment un rival, mais trop occupé, selon lui, et trop destiné à la politique pour être longtemps et parfaitement amoureux.
Le politique en lui et l’homme d’État (car il en était un) contribuait en ce moment à soutenir et à enhardir le capitaine. […] La politique de Venise convenait à Rohan, général plein de réflexions et de vues, et qui, en fait de république, se devait mieux accommoder d’une aristocratie que de conseils bourgeois ou populaires. […] [NdA] Ne pas confondre cette réponse avec une autre prétendue lettre du duc de Rohan au même prince de Condé, qu’on a jointe à ses Discours politiques et qui n’est pas de lui, comme Bayle l’a démontré, mais de M. de La Valette.
Nettement, un excellent sur le Père Ventura, un très-malin sur les Portraits politiques de M. de La Guéronnière. Quand un grain de passion politique ou universitaire s’y mêle, quand l’adversaire prête flanc par une surface prolongée, quand le journaliste professeur est à l’aise pour se déployer derrière ses lignes classiques et pour ajuster sûrement son monde, il s’en donne en homme d’esprit plein de malice ; et à ce jeu il se serait rompu à la longue ; le naturel aurait pris le dessus sur le concerté et le compassé ; ce qu’un adversaire des plus fins, mais irrévérent36, a appelé l’amidon de son style, ce que nous nommons tout uniment l’apprêt, aurait disparu. […] En politique, il était centre gauche, partisan de ces doctrines libérales honnêtes, qui sont le résultat assez naturel des études classiques : il ne les épousait pas systématiquement ni avec trop de passion ; il n’était pas homme non plus à les modifier, à les rétracter ou à les suspendre d’après l’expérience positive de la vie.
Ce qui frappe, au milieu du rôle politique assumé par Mme de Staël et de tous les généreux sacrifices qu’elle a faits à ses sentiments et à ses convictions, c’est qu’elle reste femme, bien femme, ce qui n’est pas un trait désagréable, mais plutôt une expression intéressante de physionomie. […] Il lui arrivait d’écrire en 1809 : « Je me trouve parfaitement d’accord sur les principes politiques avec Mme de Staël, passablement sur les sentiments qui les accompagnent, excepté que dans tous ses jugements elle est trop souvent haineuse et méprisante. […] Dans la poésie la plus vantée, elle ne retrouvait pas d’idée, et dans la conversation point de sentiment. » Car elle voulait du sentiment aussi et avant tout, mêlé aux idées, avec des éclairs de gaieté fugitive, quantité de rapports fins, subtils, déliés, des anecdotes d’une application spirituelle et imprévue, de soudains essors et comme des flammes vers les plus hauts sommets ; mieux que des aperçus, des considérations politiques et historiques, fortement exprimées, mais sans s’y appesantir ; des images même, qui peut-être n’auraient point paru des images en plein soleil, mais qui en faisaient l’effet dans un salon ; puis tout à coup (car c’était une femme toujours) un soupir romanesque jeté en passant, et quelque perspective lointaine vaguement ouverte sur la destinée, les peines du cœur, les mystères de la vie ; un coin mélancolique à l’horizon.
Examinons le fait sans aucune prévention et en nous gardant d’y mêler aucune arrière-pensée politique étrangère. […] Craufurd devait passer par Londres, et il avait les communications libres avec les ministres anglais ; lui écrire, c’était donc s’adresser par son intermédiaire aux hommes d’État qui dirigeaient la politique de l’Angleterre, et percer sur un point le blocus diplomatique exact que la Coalition formait autour de la France. […] Laissons ces mots mystiques de conversion et de croyant qui ne sont pas à l’usage des esprits vraiment politiques, ni même tout uniment des esprits sensés.
Le Play et celles des autres philosophes politiques, lors même qu’ils ont l’air de se rapprocher, consiste dans le point de départ, dans la méthode et aussi dans l’inspiration. […] » — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ? […] Notre avenir politique, comme nation, est sans doute lié et subordonné à l’apprentissage pratique que nous ferons, tous, de la tolérance, cette vertu la plus contraire à notre défaut.
Trois de ces Mémoires me paraissent se distinguer dans la foule : ceux de Mme de Rémusat943, qui a pour ainsi dire donné le branle, une femme intelligente, curieuse, un peu commère ; ceux de Marbot944, un soldat, très brave et pas du tout paladin, qui nous donne la note très juste et très réelle de l’héroïsme militaire du temps, mélange curieux de naturelle énergie, d’amour-propre excité et d’ambition d’avancer ; ceux enfin de Pasquier945, un honnête homme sans raideur, excellent serviteur de tous les régimes pour des motifs légitimes, fidèle à ses maîtres sans servilité, à sa fortune sans cynisme, et très clairvoyant spectateur de toute l’intrigue politique ou policière qui se machinait derrière le majestueux tapage des batailles946. […] Stuart Mill : Logique, Principes d’économie politique, Auguste Comte et le positivisme. — Herbert Spencer : Premiers principes ; les Bases de la Morale évolutionniste ; Introduction à la science sociale ; Justice. — Bain : la Science de l’éducation. […] Fustel de Coulanges (1830-1889), professeur à la Faculté des Lettres de Paris : la Cité antique, in-18, 1861, Hachette ; Recherches sur quelques problèmes d’histoire, in-8, 1885 ; Nouvelles recherches sur quelques problèmes d’histoire, in-8 ; Histoire des institutions politiques de l’ancienne France, Hachette, 5 vol. in-8 ; le t. 1 est de 1875 ; a été refaite ensuite en 3 volumes, 1888 et suiv.), etc.
En dépit de Voltaire qui les tenait pour dûment esclaves, de la politique qui prescrivait, dans l’intérêt des colonies, « de ne pas affaiblir l’état d’humiliation attaché à leur espèce94 », la France, persuadée par Buffon, y reconnaissait des hommes, et, dès la quatrième séance des états généraux, un La Rochefoucauld invitait l’assemblée à prendre en considération la liberté des noirs. […] » On ôterait à Buffon le meilleur de sa gloire si l’on doutait que le grand seigneur libéral, qui porta le premier à la tribune politique de la France la question des noirs, eût lu ce sévère et énergique appel à l’humanité. […] Discret sur les choses établies, respectant les croyances d’autrui, se contentant de conseiller aux hommes un meilleur emploi de leur santé, de leur argent et de leur vie, sévère pour les riches, parce que tous les exemples bons ou mauvais viennent d’eux, exhortant l’Europe à la paix, non pas en politique, mais en sage, il recommande à tous un genre de vie formé sur le modèle du sien, dans l’ordre, la dignité et le travail.
Les allusions fines ne portaient pas ; cette politique de la Restauration est oubliée, puis le style travaillé et artificiel gênait les auditeurs. […] S’améliorer, pour la classe laborieuse, ce n’est pas, selon moi, avoir telle ou telle idée politique, incliner vers tel ou tel point de vue social (j’admets à cet égard bien des dissidences), c’est tout simplement comprendre qu’on s’est trompé en comptant sur d’autres voies que celle du travail régulier ; c’est rentrer dans cette voie en désirant tout ce qui peut la raffermir et la féconder. Quand la majeure partie d’une population en est là, et que les violents sont avertis peu à peu de s’isoler de la masse et de s’en séparer, je dis que la masse s’améliore, et c’est le moment pour les politiques prévoyants d’agir sur elle par des moyens honnêtes, moraux, sympathiques.
En revanche, il est arrivé au cardinal Mazarin, après sa mort, plusieurs bonnes fortunes, et c’est de nos jours particulièrement que sa réputation de grand politique a trouvé des appréciateurs attentifs, compétents, et des vengeurs. […] Ravenel publiait, pour la Société de l’histoire de France, des Lettres de Mazarin, écrites, pendant sa retraite hors de France, à la reine, à la princesse Palatine, à d’autres personnes de sa confidence, et qui prouvent du moins que, dans un temps où il se rencontrait si peu de cœurs français parmi tant de factieux, il était encore le plus français de tous dans les vues de sa politique et de son ambition toute sensée. […] Les politiques ne s’arrêtent pas, ou, si l’on veut, ne s’arrêtaient pas alors à ces bagatelles qui gênent les hommes d’honneur dans le train ordinaire de la vie.
» Allant même sur le terrain des adversaires incrédules, pour les réfuter et les combattre en politique : Il n’y a point à balancer, ose-t-il leur dire, entre de faux systèmes de philosophie et de faux systèmes de religion. […] Enfin il n’eut point à souffrir dans sa conscience de ces revirements politiques successifs qui brisent toujours plus ou moins l’unité d’une belle vie. […] On trouvera dans les Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques, au tome II (2e série, p. 261), des Observations sur le droit civil français considéré dans ses rapports avec l’état économique de la société, par M.
L’ambition, l’amour, l’avarice, les haines, particulièrement les haines politiques, les jalousies, les rivalités, les luttes locales, tout ce qui fait la vie agitée et violente, éloigne prodigieusement de l’idée même de lire quelque chose, Millevoye, dans sa jeunesse, était commis de librairie. […] Qu’un homme lise, c’est une marque qu’il n’est pas bien ambitieux, qu’il n’est pas tourmenté par « le fléau des hommes et des dieux », qu’il n’a pas de passions politiques, auquel cas il ne lirait que des journaux, qu’il n’aime pas dîner en ville, qu’il n’a pas la passion de bâtir, qu’il n’a pas la passion des voyages, qu’il n’a pas l’inquiétude de changer de place ; même, remarquez qu’il n’aime pas à causer. […] On connaît assez l’homme qui en politique est toujours de l’opposition.
Cela était nécessaire, parce qu’il eut, sept siècles durant, de très-bonnes armées et de très-bons politiques, et que ses adversaires furent moins braves, ou moins disciplinés, ou moins habiles que lui. […] L’axiome fataliste se réduit à un fait d’histoire politique et à un groupe d’habitudes morales ; on l’entend, et dès lors on peut le discuter, le vérifier, le prouver, le réfuter et le limiter. […] Ayant considéré le génie d’un poëte, d’un politique, d’un savant, j’ai trouvé que ce nom m’apparaissait lorsque j’apercevais l’action principale de leur vie, avec les facultés et les inclinations qui les y portaient.
Il n’est pas l’Auteur du Testament politique du Cardinal de Richelieu, quoi qu’en dise l’Historien du Siecle de Louis XIV : il a fait seulement quelques bons Ouvrages de controverse, qui n’étoient pas des titres pour être reçus de l’Académie.
L'idée générale du Gouvernement Chinois, les Réflexions politiques sur les plus grands Princes, la Lettre sur les transactions du Regne d'Elisabeth, & sur-tout ses Traductions des Essais de Pope sur l'Homme & sur la Critique, ne peuvent être que des Productions d'un esprit pénétrant, étendu, lumineux, & cultivé.
La politique offrait un terrain trop brûlant encore pour qu’on osât y poser le pied. […] Que de notions d’histoire, d’archéologie, de politique, que de leçons de goût ne recueille-t-il pas sans autre peine que celle d’ouvrir son journal ! […] Ceux qui aiment la politique, le parcourent ; ceux que la politique effraye, le dévorent, et dans ce partage de sympathies son lot n’est certes pas à dédaigner. […] La chanson politique de Pierre Dupont contient plus d’utopie que de satire, plus de tendresse que de haine. […] Sa foi politique, il l’a fait passer en lui ; mais quel n’est pas son étonnement, quand il voit que la foi politique de son Maximilien est ébranlée.
C’est comme dans la politique ! […] Le livre est aussi parisien, dramatique et amusant, que politique, bien que la politique ne soit mise qu’au second plan. […] — capable des plus grands crimes politiques, parce que ses notions de droit humain différaient entièrement des nôtres. […] La France, devenue industrielle sous Louis-Philippe, n’était pas redevenue politique ; Ne sachant pas se gouverner elle-même, elle se jeta dans l’inconnu. […] Il paraît que tourner la loi c’est l’A B C de la politique.
Comment naissent, croissent et meurent les littératures, les religions, les arts, les sociétés politiques ? […] Il résolut d’étudier à fond des cas particuliers de croissance littéraire, artistique ou politique. […] D’où hypertrophie de l’instinct égoïste ; incapacité et instabilité politiques ; retard du développement commercial et industriel. […] Elle votera de belles et bonnes lois réactionnaires, laissera l’ordre social et politique existant sous Louis-Philippe subsister indéfiniment et, qui sait ? […] le jour où tu auras fait une belle œuvre d’art, tu auras plus prouvé ton amour de la justice et du droit qu’en écrivant vingt volumes d’économie politique.